BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVI
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 1. — Janvier-Février 1944
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS - Ve —
RÉGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
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ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
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sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
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directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
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TIRAGES A PART
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outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
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au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
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BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2" Série. — Tome XVI
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
ANNÉE 1944
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS- Ve
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1944. — N° 1
340e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
27 janvier 1944
PRÉSIDENCE DE M. Ach. URBAIN
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur Ed. Bourdelle est nommé Assesseur au Directeur du
Muséum, pour 1944 (Arrêté ministériel du 7 décembre 1943).
M. Edouard Fischer-Piette est nommé Professeur titulaire de la
Chaire de Malacologie du Muséum (Arrêté ministériel du 14 décembre
1943).
M. J. Trochain, Assistant au Laboratoire d’Agronomie coloniale du
Muséum est nommé, à titre provisoire, Maître de Conférences de Bota-
nique coloniale à la Faculté des Sciences de l’Université de Montpellier
(Arrêté ministériel du 3 janvier 1944).
M. le Dr Rochon-Duvigneaud, est nommé Associé du Muséum sur la
proposition de MM. les Professeurs Bourdelle, Urbain, Becquerel et
Millot (Décision de l’Assemblée des Professeurs du 16 décembre 1943).
M. Glasser, sur la proposition de M. le Professeur Orcel et M. Che-
nault, sur la proposition de M. le Professeur Guillaumin, ont été nom-
més Correspondants du Muséum (Décision de l’Assemblée des Professeurs
du 16 décembre 1943).
M. Thévenin est nommé Attaché au Muséum (Chaire de Zoologie :
Mammifères et Oiseaux) sur la proposition de M. le Professeur Bourdelle
(Décision de l’Assemblée des Professeurs du 16 décembre 1943).
M. le Président a le regret de faire part de trois décès :
M. le Professeur E.-L. Bouvier, Membre de l’Institut, Professeur hono-
raire au Muséum (décédé le 14 janvier 1944) ;
— 6 —
M. le Professeur P. Allorge, titulaire de la Chaire de Cryptogamie au
Muséum (décédé le 22 janvier 1944) ;
M. A. Moine, Secrétaire honoraire du Muséum (décédé le 4 janvier
1944).
DONS D’OUVRAGES
Dr Jacques Pellegrin, Petit atlas des Poissons (III, Poissons des eaux
douces, espèces françaises), 55 pp., 12 pl., Boubée et Cle éd., Paris, 1943.
Renaud Paulian. Les Coléoptères (Formes, mœurs, rôle), 396 pp.,
164 figs., 14 pl. [in Bibliothèque scientifique). Payot éd., Paris, 1943.
Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur
E.-L. Bouvier, Membre de l'Institut, Professeur
HONORAIRE AU MUSÉUM, A MAISON S-LaFFITTE, LE 17 JAN-
VIER 1944.
Par M. le Dr René Jeannel,
Professeur au Muséum.
Voici bientôt 40 ans que je suis attaché à Bouvier par une respec-
tueuse amitié, d’abord comme disciple, puis comme son successeur
au Muséum. Cela me vaut l’honneur de prendre la parole au nom de
mes -collègues du Muséum, afin de retracer brièvement devant vous
la carrière de ce maître vénéré.
Il avait 88 ans. Né à Saint-Laurent, dans le Jura, il fit ses études
à l’Ecole normale primaire de Lons-le-Saulnier, et à l’âge de 20 ans,
enseignait déjà comme instituteur-adjoint à Clairvaux, près de son
pays natal. Après avoir occupé successivement divers postes dans
l’enseignement primaire, il avait 26 ans, en 1882, lorsqu’il fut
distingué par Edm. Perrier, qui le fit venir à Paris, comme boursier
du Muséum. Depuis lors, toute la carrière de Bouvier s’est déroulée
au Muséum.
Tout enfant, dans son village, il avait commencé d’aimer l’histoire
naturelle sous l’influence de maîtres d’école intelligents, vers qui,
disait-il, sa pensée reconnaissante se plaisait à remonter quand une
découverte intéressante venait embellir ses travaux. S’il a été donné
à ces vieux maîtres d’assister à la brillante ascension de leur élève, ils
ont assurément trouvé la juste récompense de leur dévouement.
Docteur ès-sciences en 1887, Bouvier fut d’abord chef de travaux
puis sous-directeur des Hautes-Etudes dans le laboratoire de Zoo-
logie comparative du Muséum, sous la direction d’Edm. Perrier.
Puis, professeur agrégé à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, il
devint, en 1893, suppléant du cours de Cryptogamie à la même
Ecole, qui n’était pas encore Faculté.
C’est en 1895 que Bouvier fut nommé professeur au Muséum,
dans la chaire des Animaux articulés. Il y était le successeur de
Lamarck, de Latreille, d’AuDouiN, d’Henri Milne-Edwards et
d’Emile Blanchard.
En 1902, il fut élu membre de l’Académie des Sciences, qui lui a
décerné, en 1942, le grand prix Albert de Monaco.
Bulletin du Muséum, 2« série, t. XVI, n° 1, 1944.
— 8 —
Avant de parler de son œuvre, laissez-moi vous dire quelques mots
de l’homme.
Nous tous qui l’avons connu, nous avons admiré cette ardeur
juvénile qu’il a conservée, on peut le dire, jusqu’à sa mort. Ce qui
frappait dans son caractère, c’était une grande distinction, faite
d’une politesse innée, dont il ne s’est jamais départi, et puis de la
réserve du parfait chrétien qu’il a été.
Avec cela, très libéral, très bon, très droit, d’un désintéressement
absolu et d’un dévouement sans borne pour ses amis, d’une infati-
gable persévérance à atteindre la réalisation de tout ce qui lui parais-
sait juste et utile au bien général.
Il fut pendant toute sa vie un grand enthousiaste. Il avait reçu
d’Edm. Perrier, disait-il, son entrain, sa foi dans le travail, sa
confiance dans les recherches méthodiques d’ Anatomie comparative.
Et dans sa gratitude pour ses maîtres, il unissait Edm. Perrier et
Alph. Milne-Edwards, qui le fit profiter de sa vaste connaissance
des Crustacés et l’associa à ses travaux pendant dix années de colla-
boration intime. •
Son enthousiasme éclate dans tous ses travaux.
Dès ses premières recherches, qui le conduisirent à sa thèse sur le
Système nerveux , la morphologie générale et la classification des Gasté-
ropodes Prosobr anches, œuvre aujourd’hui classique, il s’est trouvé
pris par les doctrines évolutionnistes alors naissantes.
Son ardeur de néophyte ne tarda pas à faire de lui un des plus fins
anatomistes, et cette réputation lui fit confier par Al. Agassiz la
tâche de disséquer l’un des trois seuls exemplaires connus de Pleuro-
tomaires. Bouvier se plaisait à raconter l’émotion que lui causèrent
ces recherches sur l’anatomie de ce curieux et rarissime Mollusque que
tous les zoologistes d’alors attendaient avec intérêt.
La plupart des objets de ses recherches ont été des groupes d’ani-
maux peu connus, de position incertaine, dont il s’est plu à découvrir
les affinités et l’histoire.
Il fut l’un des premier à se consacrer à l’histoire naturelle des
Péripates, animaux ambigus, à la frontière des Annélides et des
Arthropodes.
Sa collaboration avec Alph. Milne-Edwards, qui s’est tranduite
par une série de nombreuses notes et mémoires parus entre 1890 et
1900, mit entre ses mains des collections de Crustacés Décapodes
abyssaux telles que peu de zoologistes en eurent de semblables à leur
disposition. Ce furent celles des dragages de Simpson et d’Al.
Agassiz dans la mer des Antilles, à bord du Bibb, du Hassler, du
Drake ; ce furent encore les campagnes françaises du Travailleur et
du Talisman , et aussi celles du prince de Monaco avec Y Hirondelle et
la Princesse- Alice, ou encore de Chevreux à bord du Melita.
Ses études sur les faunes abyssales l’ont mis au rang des maîtres
9 —
en carcinologie. Elles l’on conduit aussi à de fécondes recherches sur
les Pycnogonides, étranges Arachnides des grands fonds marins.
Ayant dans les attributions de sa chaire du Muséum tous les
Articulés, Bouvier ne pouvait manquer de s’attaquer à d’autres
groupes que des Crustacés marins. Il s’est intéressé aux Insectes.
D’abord il fut séduit par l’évolution des mœurs des Hyménoptères,
aussi variables, pensait-il, que les caractères morphologiques. Depuis
son premier mémoire sur les habitudes des Bembex, il a fait maintes
fois porter son enseignement magistral sur l’éthologie des Hymé-
noptères et en a tiré des livres, s’adressant au grand public, dont
certains, comme Le communisme chez les Insectes , eurent un grand
retentissement. Dans un autre ordre d’idées, près de dix années de
travail lui ont fait produire une monographie des Lépidoptères
Saturnioïdes en 4 volumes, qui restera un excellent ouvrage de systé-
matique.
Je passe sur bien des travaux de grande envergure, comme la
Monographie des Atyidae, Crevettes répandues dans le monde entier.
Ces toutes dernières années, Bouvier a publié encore une autre
grosse monographie, celle-ci des Crustacés marcheurs ; et cette
œuvre était à peine terminée que déjà il formait des plans pour un
autre travail, d’importance telle qu’il allait devoir lui consacrer au
moins cinq années de recherches.
Car Bouvier n’a jamais douté de ses forces ; il a eu la grande
chance de garder, jusqu’à ses derniers jours, la complète lucidité de
sa belle intelligence et la même ardeur au travail.
Pendant 35 ans Bouvier fut professeur au Muséum et y laissera
un souvenir impérissable. Il y a opéré une profonde transformation de
la chaire d’Entomologie.
Dès ses débuts, il a compris la place qu’il fallait donner aux ento-
mologistes amateurs, dans une science où tous les meilleurs travaux
étaient dus à des Léon Dufour, J.-H. Fabre, E. Simon, H. Brôle-
mann, L. Bedel et tant d’autres. Il ouvrit donc largement à tous un
laboratoire qui avait été, avant lui, inexorablement fermé, et il sut
s’entourer de mécènes, comme le banquier Boullet ou le Dr Mar-
mottan.
Le résultat : accroissement rapide, par des dons multiples, de
collections qui sont aujourd’hui les plus riches du monde, et dévelop-
pement des recherches entomologiques de tous ordres, aussi bien en
France que dans les colonies. Bouvier a su s’attirer la reconnaissance
de tous les entomologistes français et la Société entomologique de
France a créé pour lui le titre de Président honoraire à vie*
Bouvier s’était marié jeune, peu de temps après son arrivée à
Paris. Tous ceux qui ont connu Madame Bouvier ont gardé le sou-
— 10 —
venir de sa simplicité souriante et de sa bienveillante bonté. Très
instruite, formée comme son mari pour l’enseignement, elle fut pour
lui la compagne accomplie.
Près d’elle, Bouvier devait trouver tout ce qu’il fallait pour une
vie heureuse, éclairée par les succès et les honneurs. Mais il fut torturé
par des deuils cruels. Deux de ses filles lui furent enlevées successive-
ment par le même mal, à l’âge de 20 ans passés, et il trembla long-
temps pour la troisième. Il eut la force de surmonter sa grande dou-
leur. Sans doute trouva-t-il un réconfort dans la religion et dans une
vie ascétique et toute de labeur.
Peu de mois avant la guerre, nous étions nombreux ici même, pour
accompagner Madame Bouvier à sa dernière demeure.
Resté seul, Bouvier avait encore la suprême consolation de pou-
voir faire de longs séjours dans le Jura, chez sa fille, Madame Pain-
destre, et de se consacrer à l’instruction de ses petits-fils sur lesquels
il avait reporté toute son affection. Mais la guerre l’a privé de cette
ultime joie d’avoir ses petits-enfants près de lui, pendant les der-
nières années de sa vie. »
Tous les Professeurs du Muséum, et je puis dire aussi tous les
entomologistes de France et de l’étranger, se joignent à moi pour
exprimer leur sympathie émue à Madame Paindestre et à ses
enfants.
La perte cruelle qu’ils viennent de faire sera ressentie par le monde
savant tout entier.
— 11 —
Allocution prononcée aux obsèques de M, le Professeur
P, ALLORGE, PARIS, 25 JANVIER 1944,
Par M. le Professeur Ach. Urbain.
Directeur du Muséum.
Madame,
Mesdames, Messieurs,
Une fois encore le Muséum vient d’être cruellement éprouvé ; un
de ses membres, parmi les meilleurs, le Professeur Allorge vient
de disparaître, enlevé brusquement à l’affection des siens, de ses
collègues, de ses amis et de ses élèves.
Monsieur le Professeur Pierre Allorge est né à Paris, le 12 avril
1891. Licencié ès-sciences en 1912, docteur ès-science naturelles
en 1922, il fut délégué de 1917 à 1919 dans les fonctions de Prépara-
teur de Botanique à la Faculté des Sciences de Paris, Assistant
en 1922, puis Sous-Directeur de la Chaire de Cryptogamie du
Muséum en 1926, il en devint le Professeur en 1932.
Attiré dès sa jeunesse vers les sciences naturelles, il était déjà
familiarisé avec la flore vasculaire de la France et la Géologie du
Bassin Parisien lorsqu’il aborda la Faculté des Sciences. Aussi, dès
après sa licence il n’eut qu’un désir, celui d’entreprendre des recher-
ches. Il commença celles-ci dans les laboratoires de la Sorbonne et
d’Avon-Fontainebleau, que dirigeait alors Gaston Bonnier. Puis,
après la guerre de 1914-1918, il fréquenta le laboratoire de Crypto-
gamie du Muséum où il s’initia à la systématique et à la biologie des
Muscinées, grâce aux conseils du Professeur Mangin et de ses colla-
borateurs : le Docteur F. Camus et J. Cardot. C’est au Muséum, dans
ce laboratoire où il ne tarda pas à être attaché d’une façon définitive,
que Pierre Allorge entrepris la majorité de ses travaux qui peuvent
être classés parmi les meilleurs de nos botanistes actuels. Ces travaux
ont porté principalement sur les Algues d’eau douce, les Muscinées
et sur la Phytogéographie générale.
Dans leur ensemble, c’est dans un sens surtout systématique et
biogéographique qu’il mena ses recherches. Systématique et bio-
géographie étaient pour Allorge deux disciplines étroitement
solidaires : « L’on ne peut faire, disait-il, d’études biogéographiques
sérieuses sans base systématique solide, il faut bien reconnaître
aussi qu’une bonne systématique ne peut se concevoir sans connais-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
12 —
sances biogéographiques étendues. » C’est dans cet esprit qu’il a
toujours travaillé.
En Algologie, Allorge a donné une vive impulsion à cette science
qui était en sommeil depuis de si longues années.
Seul, ou en compagnie de son fidèle collègue et ami Marcel Denis,
il a exploré un nombre considérable de stations aquatiques, notam-
ment les tourbières à Sphagnum, les lacs des Alpes et du Massif
Central, les étangs des Landes et de Sologne ainsi que les eaux du
Bassin de la Seine dans lesquelles il effectua régulièrement des
pêches planctoniques pendant plusieurs années consécutives en vue
d’étudier la variation saisonnière du Phytoplancton.
Au cours de ses voyages dans la Péninsule Ibérique, aux Antilles
et aux Açores, il n’a cessé de réunir un important matériel algolo-
gique. Plus de quinze cents échantillons d’algues provenant de ses
récoltes, sont venus enrichir les collections du Laboratoire et ont
été étudiés par lui-même, par ses élèves et ses collaborateurs.
Afin de permettre la diffusion de ces travaux, il créa en 1925, avec
G. Hamel, la Revue Algologique, qui connut de suite un gros succès.
En Bryologie, Allorge a apporté des contributions intéressantes
à la flore Muscinale de France (Alpes, Pyrénées, Normandie et Bassin
de Paris). Ses voyages en Espagne et au Portugal lui ont fourni d’im-
portantes récoltes qui lui ont permis de mettre en évidence la valeur
de la bryoflore ibérique. L’intérêt de cette flore l’a incité à publier,
avec la collaboration de Madame Allorge, sous le nom de Bryotheca
iberica un exsiccata des Mousses, Sphaignes et Hépatiques de la
Péninsule. Celui-ci est un modèle du genre pour le soin apporté à sa
présentation et pour la foule de renseignements que l’on y trouve.
Au cours d’une mission faite à la Martinique et à la Guadeloupe,
en 1936, Allorge rapporta plusieurs centaines de Muscinées dont
beaucoup d’espèces nouvelles. En 1937, il effectua un autre impor-
tant voyage aux Açores, avec comme seule collaboratrice, Madame
Allorge. Toutes les îles de cet archipel, sauf une, furent visitées.
Le résultat en fut la publication d’un Exsiccata des Mousses des
Açores, qui apporta une très importante contribution à la réparti-
tion des Muscinées atlantiques.
Au point de vue de la Phytogéographie générale, Allorge a été
un des premiers en France à faire l’étude des associations végétales
en elles-mêmes et dans leurs rapports avec le milieu. Dans sa thèse
sur les « Associations végétales du Vexin français » il a fait un exposé
du but et des méthodes de la Phytosociologie. Cette thèse est un
travail magistral qui a fait école et a été ensuite suivi par un grand
nombre de phytosociologues français et étrangers.
Il a publié, en outre, de nombreux mémoires ou notes sur la végé-
tation d’autres territoires. Dans ces travaux il a particulièrement
insisté sur l’analyse des groupements végétaux des lacs et tourbières.
13 —
C’est, en effet, dans ces types de stations que coexistent les végétaux
sur lesquels il a pu acquérir des connaissances systématiques éten-
dues en ce qui concerne la Flore de l’Europe Occidentale et Méditer-
ranéenne : les Algues, les Muscinées et les Plantes vasculaires. Il a
montré ainsi que par la netteté des successions végétales qui s’y
laissent observer, les lacs et les tourbières réalisent les conditions les
meilleures pour l’étude dynamique de la végétation.
Telle est l’œuvre très sommairement résumée d’ALLORGE qui fut
et restera un grand botaniste, cette œuvre sera, j’en suis persuadé,
..continuée par ses collaborateurs et ses élèves.
Sa santé était ébranlée depuis plusieurs années ; malgré ses souf-
frances physiques, il n’en continuait pas moins avec le même enthou-
siasme, avec la même volonté, à poursuivre ses recherches scienti-
fiques et à diriger son laboratoire.
Excellent collègue, ami très sûr, d’une grande bonté, Pierre
Allorge savait se faire aimer de tous ceux qui l’entouraient.
Madame, vous qui fûtes non seulement la meilleure des compagnes
mais aussi la collaboratrice de tous les instants de notre regretté
Collègue, permettez-moi de vous exprimer la part très grande que
nous prenons à votre douleur.
Mon cher Allorge, au nom des Professeurs du Muséum, de vos
amis et de vos collaborateurs, je vous adresse un suprême adieu.
Paris, 25 janvier 1944.
è
LISTE DES ASSOCIÉS ET CORRESPONDANTS
DU
MOSÉOM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
NOMMÉS EN 1943
ASSOCIÉ DU MUSÉUM
Rochon-Duvigneaud (Dr A.), présenté par MM. les Professeurs
E. Bourdelle, Àch. Urbain, J. Becquerel, R. Jeannel et
J. Millot.
Le Dr Rochon-Duvigneaud, ophtalmologiste honoraire des Hôpitaux de
Paris, membre de l’Académie de Médecine, est l'un des spécialistes français
les plus en vue de tout ce qui a trait à l’Anatomie du globe oculaire et à la
physiologie de la vision dans la série des Vertébrés. Ses travaux relatifs à
la rétine des Mammifères et des Oiseaux ont apporté de notables éclair-
cissements sur la structure et les fonctions de cette membrane, en parti-
culier sur la signification des bâtonnets et des cônes et sur la double fovea
des Oiseaux. L’utilisation de la méthode de l’image transsclérale et l’adap-
tation de cette méthode à l’étude du champ visuel dans différentes espèces
ont permis au Dr Rochon-Duvigneaud de déterminer les corrélations
morphologiques et structurales du globe oculaire avec la valeur des
champs binoculaires et monoculaires de la vision dans nombre d’espèces.
D’importantes monographies sur le globe oculaire et sur la vision chez les
Cétacés, la Taupe, la Musaraigne, la Chouette chevêche, etc., ajoutent
encore à une œuvre scientifique des plus remarquables, maintenant con-
crétisée dans un ouvrage de grande envergure, Les Yeux et la Vision des
Vertébrés qui vient de paraître et qui honore grandement son auteur.
Le Muséum a toujours été, pour le Dr Rochon-Duvigneaud, un centre
de prédilection pour ses recherches et il fréquente depuis longtemps ceux
de ses laboratoires et de ses services susceptibles de lui fournir les maté-
riaux indispensables à ses travaux ainsi que les moyens de les utiliser.
Dès 1927, le Muséum a déjà voulu s’attacher le Dr Rochon-Duvi-
gneaud en le comprenant parmi ses correspondants. *En lui attribuant
aujourd'hui le titre d’Associé, il tient à témoigner au savant et au natura-
liste la haute estime en laquelle il le tient.
(Ed. Bourdelle .)
— 15 —
CORRESPONDANTS DU MUSÉUM
Chenault (R.)j présenté par M. le Professeur A. Guillaumin.
Reprenant la tradition de son père, le célèbre introducteur et multi-
plicateur d’arbustes nouveaux, M. Raymond Chenault continue, par
ses dons, d’accroître les collections de végétaux vivants du Muséum tant
au Jardin alpin qu'à Chèvreloup.
(A. Guillaumin.)
Glasser (Ed.), présenté par M. le Professeur J. Orcel.
Ingénieur au Corps des Mines, Directeur Général de la Compagnie
Générale des Eaux, ancien Président de la Société Française de Minéralogie,
M. Glasser est bien connu par ses études sur les gites métallifères de la
Nouvelle-Calédonie, en particulier sur ceux de nickel et de chrome. Son
mémoire paru dans les Annales des Mines de 1904 est classique.
Amateur de minéralogie fort éclairé, il collabore activement depuis
plusieurs années avec le Laboratoire de Minéralogie du Muséum, faisant
bénéficier les chercheurs qui y travaillent, des matériaux de sa collection.
Il contribue d'autre part très efficacement au classement et à l’identifica-
tion des minéraux rares ou peu connus existant dans la collection de
Minéralogie du Muséum, et poursuit à leur sujet les recherches bibliogra-
phiques indispensables.
(J. Orcel.)
ATTACHÉ AU MUSÉUM
Thévenin (R.), présenté par M. le Professeur Ed. Bourdelle.
M. Thévenin René, Naturaliste d’une grande culture générale, s'est
depuis longtemps manifesté par une active collaboration au journal
Sciences et Voyages et la publication d’un certain nombre d'ouvrages
parmi lesquels il faut signaler l’article : Faune dans V Afrique Noire d'Aben-
sour et Thévenin, et les Migrations animales. La préparation de ces
ouvrages et d'un certain nombre d’autres consacrés aux Carnivores, en
particulier aux Viverridés, et aux Mustélidés, a permis à M. Thévenin et
lui permettent encore tous les jours de s’intéresser au matériel des collec-
tions de Mammifères du Muséum et d’en perfectionner le classement. La
collaboration bénévole ainsi apportée au Laboratoire des Mammifères et
des Oiseaux justifie pleinement l’attribution à M. Thévenin du titre
d 'Attaché au Muséum.
(Ed. Bourdelle.)
TRAVAUX FAITS DANS LES LABORATOIRES
DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
PENDANT L'ANNÉE 1943
Cette liste, où ne figurent que les Notes et Mémoires effectivement publiés
en 4943, ne donne qu’une vue incomplète de l’activité scientifique des labo-
ratoires. De nombreux travaux déjà terminés ont en effet été retardés dans
leur publication par les circonstances présentes et seront mentionnés dans
le fascicule I du Bulletin du Muséum de 1945.
Anatomie comparée.
J. Millot, Professeur. — Les Araignées, mangeuses de Vertébrés. Bull.
Soc. zool. France, t. LXVIII, n° 1, 1943.
— Sur l’anatomie et l’histophysiologie de Koenenia mirabilis Grassi
(Arachn. Palpigradi). Rev. Franc, entom., t. IX, 1943.
— Notes complémentaires sur l’anatomie, l’histologie et la répartition
géographique en France de Koenenia mirabilis Grassi (Arachn.
Palpigradi). Rev. Franc, entom., t. IX, 1943.
— et R. Paulian. — Valeur fonctionnelle des poumons des Scorpions.
Bull. Soc. zool. France , t. LXVIII, n° 4, 1943.
H. Neuville, Sous-Directeur honoraire. — • Du normal au pathogène;
Rev. médic. France, nov.-déc. 1943.
M. Friant, Sous-Directeur. — Le cerveau de l'Okapi. C. R. Acad. Sciences,
1943.
— Le télencéphale des Tapiridés. Anat. Anz., t. XCIV, n° 1-3, 1943.
— Catalogue raisonné et descriptif des Collections d’Ostéologie du Service
d’Anatomie comparée du Muséum national d’Histoire naturelle.
„ Mammifères. Fasc. IL Insectivora. Sous-fasc. I : Erinaceidæ.
Paris, Masson, 1943.
— Le néopallium cérébral du Pécari (Dicotyles). C. R. Acad. Sciences,
1943.
J. Anthony, Assistant. — L’antagonisme pariéto-occipital chez le Chry-
sothrix sciurea L. Bull. Mus., 2e sér, t. XV, n° 4, 1943.
— La signification de la scissure retrocalcarine dans l'étude de l’antago-
nisme pariéto-occipital chez les Singes Platyrhiniens. Bull. Mus.,
2e sér., t. XV, n° 4, 1943.
— L'évolution des plis de passage pariéto-occipitaux de Gratiolet chez
les Singes Plathyriniens. Bull. Mus., 2e sér., t. XV, n° 5, 1943.
— Evolution du complexe calcarin des Primates. — Mammalia, t. VII,
n° 3-4, sept.-déc. 1943,
Ethnologie des Hommes actuels et des Hommes fossiles
(Musée de l’Homme).
H. V. Vallois, Professeur. — Les ossements humains de Koerhuisbeek
près Deventer, Hollande. Nederl. Akad. Wet., Verh., Amsterdam,
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2
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' 1943, p. 499.
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Acad. Vêtér., t. XIV, 1943, p. 116.
— Tuberculose et Ostéopathie hypertrophiante chez un Tapir américain
(Tapirus terrestris L.). Bull. Acad. Vétér., t. XIV, 1943, p. 132.
Ach. Urbain et Ed. Dechambre, Sous-Directeur. — Reproduction de la
Grue antigone à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Bull. Mus.,
t. XV, n» 5, 1943, p. 264.
Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Roth. — Septicémie à bacille du rouget chez
une perruche (Paloeornis torquata L.). Bull. Acad. Vétér., t. XVI,
1943, p. 136.
— 20
Ed. Dechambre, Sous-Directeur de la Ménagerie. — A propos d'une défor-
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Vétér., t. XVI, n° 1, 1943, p. 24.
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p. 85.
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milieu liquide pour faciliter leur numération. C. R. Soc. Biol.,
t. 136, 1942, p. 795.
— Quelques applications de la sulfamidothérapie. Cahiers Mèd. Vétér.,
t. XII, 1943, p. 52.
P. Roth. — Les antagonistes de la Thyroxine dans la métamorphose des
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stérone et le Benzoate d’Oestradiol (action comparée de ces trois
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133, fig., 1943.>,
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— A propos d’un Poisson « nouveau » Neopercis Le Danoisi Cadenat de la
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— Sur les affinités de quelques Anthropoïdes fossiles et leurs relations
avec la lignée humaine. C. R. A. S., Paris, t. 216, p. 593-594,
1 tabl.
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i ' , - -
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Bull. Mus. Hist. Nat., 2e sér., t. XV, p. 32-55, 1943.
— Sur le Lutétien de Feucherolles (Seine-et-Oise). C. R. somm. S. G. F.,
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— La limite méridionale des transgressions éocènes dans le bassin de
Paris. C. R. Ac. Sc., t. 216, p. 350-351, 1943.
— Essai d’interprétation de quelques failles complètes du bassin de Paris.
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Raymond Furon, Sous-Directeur. — La Paléontologie (La Science des
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1943 (Payot, édit.).
— Formulaire technique du Géologue, 1 vol. Bibliothèque « Savoir en
histoire naturelle », 213 p., 81 fig., Paris, 1943 (Lechevalier, édit.).
— Manuel de Préhistoire générale (2e édit, revue et augmentée). 1 vol.
in-8° Bibliothèque scientifique, 428 pages, 161 fig., 8 pl. hors-texte,
Paris, 1943 (Payot, éditeur).
— L’Iran. Démographie et géographie économique en rapport avec la
structure géologique. Bull. Assoc. Géogr. franç., n° 151, 1943, p. 1-7.
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et minières coloniales, Paris, 1943, 1 fasc. in-8°, 48 p. - *
Robert Soyer, Assistant (Fondation du Département de la Seine). —
Chemin de fer Métropolitain. Prolongeaient de la ligne n° 7 de la
rue Pierre-Curie à la Mairie d'Ivry. Profil en long et coupes géolo-
giques. Publication Service technique Métropolitain. ~
Pierre Marie, Boursier du C. N. R. S. — Rectification et remarque rela-
tives au Tertiaire de l’Aquitaine. C. R. som. S. G. F., p. 95-96, 1943.
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type de stannite qu’elles renferment. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66,
1943.
A. Lacroix, Professeur honoraire. — - Les gisements de phlogopite de Ma-
dagascar et les pyroxénites qui les renferment. Ann. Géol. du Sera.
Min. Tananarive, fasc. 9, 1941, 121 p., 13 pl. (arrivé à Paris 1943).
— Les péridotites de la Nouvelle-Calédonie, leurs serpentines et leurs gîtes
de nickel et de cobalt. Mèm. Ac. 5c., t. 66, 1942, 136 p., 13 pl.
Mlle S. Caillère, Sous-Directeur, — Contribution à l’étude de l'hydro-
magnésite et de quelques autres hydrocarbonates magnésiens ;
l’hydrogiobertite, l 'hydrodolomite et la giorgiosite. Bull. Soc.
franç. Minér., t. 66, 1943.
P. Gaubert, Sous-Directeur honoraire. — Anneaux mobiles produits dans
des gouttes liquides anisotropes de para-azoxyanisol par des subs-
tances organiques possédant le pouvoir rotatoire. Bull. Soc. franç.
Minér., t. 66, 1943.
X. Doucet, Assistant. — Sur l'existence d’un gîte de wolfram à Chatelus^
le-Marcheix (Creuse). Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943.
Mme E. Jeremine, Maître de recherches au C. N. R. S. — Phénomènes de
recristallisation et d’écrasement dans les roches gabbroïques du
Pallet (Loire-Infér.). Bull. Soc. franç. Minér,, t. 66, 1943.
H. Erhart, Chargé de recherches au C. N. R. S. — Les latérites du moyen
Niger et leurs significations paléoclimatiques, C. R. Ac. Sc., t. 217,
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— Sur la nature et l'origine des sols du delta central nigérien. C. R. Ac.
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• — Sur les terres à nodules calcaires et à pisolites ferrugineux du delta
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R. Delavault, Boursier au C. N. R. S. — Action de l'acide fluorhydrique
sur la muscovite. C. Rs, Ac. Sc., t. 215, 1942, p. 582.
— - Formation et symétrie des figures de corrosion des micas. Su* la pos-
sibilité d'une structure dans la muscovite. Bull. Soc. franç. Minér.,
t. 66, 1943.
U. Dropsy, Aide-technique du C. N. R. S%— Sur des sables de la côte de -
Mauritanie. Bull. Soc. franç. Minér., t. 66, 1943.
Physique appliquée.
Y. Le Grand, Sous-Directeur du Laboratoire. — Sur l’aberration sphé-
rique de l’œil. C. R. Acad. Sc., t. 215, 1942, p. 547.
— Etudes sur la vision nocturne. Rev. d’opt., t. 21, 1942, p. 71.
— et G. Colange. — Sur certaines illusions d’optique atmosphérique.
Cahiers de Physique, 2e sér., n° 10, 1942, p. 66.
Chimie appliquée aux Corps organiques.
C. Sanniê, Professeur. — Les facteurs vitaminiques B autres que Blt
B2, PP. Exposés annuels de Biochimie Médicale, 1943.
M. Frèrejacque, Sous-Directeur du Laboratoire. — Présence de d-ara-
bitol dans Boletus bovinus. C. R. Acad. Sciences, 1943.
Mme C. Sosa-Bourdouil, Assitant. — Sur quelques anomalies carpel-
laires de Soja hispida. Bull. Soc. Bot. Fr., t. 90, 1943, p. 85.
— Sur l’hérédité des fleurs doubles dans Matthiola. Bull. Soc. bot. Fr.,
t. 90, 1943.
— Effets de la castration sur le chimisme de la fleur. Bull. Muséum Nat.
Hist. Natur., 1943.
— et A. Sosa. — Quelques considérations sur le dosage de l’acide ascor-
bique chez les végétaux. Bull. Soc. Chim. biol., t. 25, 1943, p. 146.
R. Tixier et A. Tixier-Durivault. — Le pigment du Polypier d’un
Octocoralliaire : Heliopora coerulea (Pall.). II. Ester métyllique.
Bull. Soc. Chim. biol., t. XXV, 1943, p. 98.
V. Chorine, P. Grabar, R. Tixier et O. Crougue. — Ultrafiltration de
Spirochacta Hispanica. Détermination des diamètres des formes
visibles et des formes infravisibles. Ann. Inst. Past., t. 69, 1943,
p. 662.
A. Sosa, Attaché. — Sur l’action inhibitrice de l’acide métaphosphorique
dans l’oxydation de la vitamine C. C. R. Ac. Sc., t. 216, 1943,
p. 545.
— Effet Raman et chélation. Farmac. Nuev., t. 8.
— et M. Delepine. — Dédoublement optique du dl-p-méthoxy-phényl-1
butanol 3 et identification du stéréo-isomère 1 avec une substance
d’origine végétale : le méthylbétuligénol. Farmac. Nuev., t. 8.
V. Plouvier. — Sur la présence de rutoside dans les fleurs de quelques
Magnolias. C. R. Ac. Sc., t. 216, 1943, p. 459.
— • Sur l’étude biochimique de quelques Conifères. Bull. Sc. pharmacol.,
1943.
Physiologie générale.
M. Fontaine, Professeur. — Des facteurs physiologiques déterminant le3
migrations reproductrices des Cyclostomes et Poissons potamo-
toques. Bull. Institut Océan., n° 848, 1943.
— Activités endocriniennes et sensibilités aux avitaminoses de divers
types humains. Bull. Soc. Anthropol.
33 —
— et 0. Callamand. — Les aspects physiologiques d’une « vie cyclique »
de l’Anguille d’Europe ( Anguilla anguilla L.). Bull. Muséum,
2e sér., t. XV, 1943, p. 373.
Pêches et Productions coloniales d’origine Animale.
P. Budker, Assistant. — Les Possibilités de la Pêche sur la Côte Occiden-
tale d’Afrique. C. R. Acad. Sc. coloniales, 1943, V, p. 353-366.
P. Chabanaud, Directeur honoraire à l'Ecole pratique des Hautes Etudes.
— Notules ichthyologiques. XIX. Morphologie macroscopique de
l'organe nasal d ’Oxystomus serpens (L.). Bull. Muséum, 15, 1943,
p. 79-81, 3 fig.
— Caractères ostéologiques et répartition géographique de Téléostéens
vivants et fossiles, appartenant à la famille des Soleidæ. C. R.
Sommaires Soc. Biogéogr., 20, 1943, p. 39-42.
— Aperçus relatifs aux Serpents venimeux des colonies françaises. C. R’
Acad. Sc. coloniales, 1943, p. 375-395.
— Notules ichthyologiques. XX. L’habitat du Soléidé Pegusa lascaris
(Risso) ne serait-il pas circumafricain ? — XXI. Le genre Dexillus
Chabanaud. — XXII. Nouveaux genres de la famille des Soleidæ.
Bull. Muséum, XV, 1943, p. 289-293.
— Le frein de la thoracoptérygie et les caractères adaptatifs des Poissons
de l'ordre des Scomboidea. Bull. Soc. Zool. France.
— Les Poissons du gisement précolombien d'Anse-Belleville (Martinique).
Note préliminaire, contenant la description d’une forme présumée
inédite. Bull. Soc. Zool. France.
— Description d'un nouveau Blenniidé, originaire du golfe de Californie.
Bull. Muséum, 15, 1943.
R. Ph. Dollfus, Directeur Adjoint à l'Ecole pratique des Hautes Etudes.
— Sur un Copépode (gen. Demoleus. C. Heller) parasite d’Hexan-
chus. Bull. Inst. Océanog. Monaco, n° 851, 1943, p. 1-10.
— Steropus madidus (Fabricius), nouvel hôte du Gordien Gordionus
violaceus (W. Baird). Bull. Soc. Entomologique de France, t. XLVIII,
1943, séance du 23-6-1943.
— Theodor Pintner (1857-1942). Notice nécrologique. Ann. Parasitol.
humaine et comparée.
— Hyperparasitisme et Castration parasitaire par Sporozoaire chez un
Cestode. C. R. Aacad. Sc., séance du 13 sept. 1943.
— et J. Carayon. — Pseudione Hyndmani (Spence Bâte et J.-O. West-
wood) chez Anapagurus lævis W. Thompson. Discussion de la
spécificité parasitaire de ce Pseudione. Bull. Mus., t. XIV, p. 445-
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— et Camille Desportes. — Sur le genre Rictularia Froelich 1802 (Né-
matodes. Spiruroidea) . Ann. Parasitol. humaine et comparée.
— Tamerlania gallica n. sp. Ann. Parasitol. humaine et comparée.
J. Carayon, Préparateur à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, Boursier
du Muséum. — Sur les Epicarides du Bassin d'Arcachon. lre note.
Bull. Soc. Zool. France, t. LXVII, paru le 28 avril 1943, p. 174-
180.
— - Sur les Epicarides du Bassin d’Arcachon. 2e note. Ibid., t. LXVIII»
1943, p. 43-48.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
3
34
— et A. Bayard. — Captures précoces de Diptères dans la région pari-
sienne. Deux espèces nouvelles pour la France. Bull. Soc. Entom.
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Entomologie agricole coloniale.
P. Vayssière, Professeur. — Leçon inaugurale de la Chaire d’Entomologie
agricole coloniale. — Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., XV, 2e sér., n° 2,
p. 58.
— La protection de nos cultures contre les insectes exotiques ; la police
sanitaire des centres d'importation. — La Science et la Vie, mars
1943.
— - Les insectes destructeurs des bois dans les habitations. Institut tech-
nique du Bâtiment, 15 juin 1943, série H, n° 8.
— L'œuvre scientifique de Paul Marchal. Annales Institut Nat. Agrono-
mique, t. XXXIII.
— Le Charançon du Riz et les légumes secs. C. R. Acad. Agric. Fr.,
20 oct. 1943.
— Les multiplications de Sauterelles en France en 1943. C. R. Acad.
Agric. Fr., 3 nov. 1943.
P. Lepesme, Assistant du Laboratoire d’Entomologie agricole coloniale de
l’Ecole pratique des Hautes Etudes, J. Bourgogne, E. Caraischi,
J. Ghesquière, R. Paulian et A. Villiers. — Les Insectes des
Palmiers.
— Les Coléoptères des denrées alimentaires et des produits industriels
entreposés.
Laboratoire Maritime de Dinard.
E. Fischer-Piette, Directeur- Ad joint du Laboratoire. — Louis Germain
(1878-1942), Bull, labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 1-5, 1943.
— Remarques biologiques sur un estuaire. Ibid., p. 44-48, 1943.
H. Bertrand, Chef des Travaux à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes.
— Récoltes de Crustacés Malacostracés et de Pycnogonides dans
la rivière du Trieux. Bull. Labor. marit. Dinard , fasc. XXV,
p. 6-18, 1 carte, 1943.
— Observations diverses (Faune). Ibid., p. 26-36, 1943.
— Captures et élevages de larves de Coléoptères aquatiques (9e note).
Ann. Soc. Entom. France , vol. CXI, 1942, p. 68-74, fig. 1-8 (paru
en 1943).
— A propos de l’éclosion de l'œuf chez les Chrysomélides. Revue Zool.
agricole et appliquée, t. XLII, n° 1-2, p. 10-11, 1943.
P. Chauchard. — La teneur en oxygène dissous dans les eaux de la Rance
canalisée. Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 48-59, avec
graph. et tableau, 1943.
P.-H. Fischer. — Observations sur les conditions de vie de Balanus
balanoides dans quelques stations boréales et arctiques. Bull.
Labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 65-72, 1943.
35
F. Rullier. — Observations sur Mercierella enigmatica Fauvel dans la
Rance canalisée. Bulh Labor. marit. Pinard, fasc. XXV, p. 36-44,
1 fig., 1943.
R. Lami. — Dragages algologiques dans la région de Paimpol et du Trieux.
Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. XXV, p. 19-36, 1943.
— Notules d’Algologie marine (suite). IX. Sur l’écologie et la répartition
dans la Manche de Laminaria ochroleuca De la Pylaie. Ibid., p. 75-
90, 1 pl., 1943.
J.-M. Tdrmel. — Remarques sur la végétation de la plage de Longchamp.
Bull. Labor. Marit. Dinard, fasc. XXV, p. 59-65, 4 fig., 1943.
Agronomie coloniale.
Publication de la Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture tropicale,
t. XXIII, 1943, 368 p.
Aug. Chevalier, Professeur. — L’Agriculture coloniale. Origines et évo-
lution : Coll. Que Sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1942,
in-12, 128 p.
— et Franck Emmanuel. — Le Tabac, Ibid., 1942, in-12, 128 p.
— et Pierre Senay. — Le Coton, Ibid., 1942, in-12, 128 p.
— et J. Le Bras. — Le Caoutchouc. Ibid., 1943, in-12, 128 p.
— et D. Normand. — Forêts vierges et Bois coloniaux. Ibid., 1943,
in-12, 128 p.
Aug. Chevalier. — Le Café. Ibid., 1943, in-12, 124 p.
— Explorations botaniques à la recherche de nouvelles plantes à caout-
chouc dans la période 1898-1914 et description d’une plante
laticifère : Vilbouchevitchia atro-purpurea gen. et sp. nov., Boissiera,
t. VII, p. 248-257, Genève, 1943 (travaux dédiés au Prof. B.-P.-G.
Hochreutiner). "
— Découverte d’une nouvelle station de Daboecia cantabrica dans la
Vendée par M. et H. Botton, Bull. Soc. Bot. Fr., t. 89, 1942,
p. 239-240.
— Peut-on cultiver des plantes à caoutchouc en France, C. R. Acad.,
Agric. Fr., n° 4, 1943, p. 120-124.
— Le Café de nos colonies, in Jeannel : Office de la Recherche scientifique
coloniale, Conférences de mai-juillet 1943 : Quelques problèmes
scientifiques coloniaux, Editions de l’Office, 1943, p. 41-55.
— Le Café, son histoire et son avenir, Discours prononcé le 25 octobre
1943 à la séance annuelle des cinq Académies de l’Institut de
France, Firmin Didot, édit., 1943, br. in-4°, 19 p.
— Préface à l’ouvrage de A. Haudricourt et L. Hédin : L’Homme et
les plantes cultivées.
— Préface à l’ouvrage de M. Anne : Quelques grands amis de la terre
normande.
— Chesnais, Haudricourt et Peltier. — Anomalies florales provo-
quées par un Puceron chez Chrysanthemum Parthenium, Bull. Mus.
Hist. nat., 2* sér., t. XV, 1943 p. 444-446.
Travaux de M. Aug. Chevalier parus dans la Revue de Botanique appliquée
et d’ Agriculture tropicale en 1943 :
"V
— 36 — *
Historique de la Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture tropicale,
t. XXIII, p. 1-6.
Les sources de documentation en Agronomie coloniale, t. XXIII, p. 6-11,
81-96.
Subdivision et composition actuelle du genre Citrus, t. XXIII, p. 11-15.
L'origine géographique des Aurantiacées (Agrumes) cultivées et les
étapes de leur amélioration, spécialement en Indochine, t. XXIII,
p. 15-25.
Trois plantes de la Réunion produisant des succédanés du café, t. XXIII,
p. 32-35.
Les Sapotacées à graines oléagineuses et leur avenir en culture : I. Le
Karité ou Arbre à beurre ; II. Sapotacées de la forêt dense de
l’Ouest-africain ; III. Spotacées de l'Indochine et de l’Indo-Malai-
sie ; IY. Sapotacées des régions arides, t. XXIII, p. 97-159.
Les plantes coloniales utiles que l’on peut cultiver en France, t. XXIII,
p. 177-196.
Notes sur le Houblon, t. XXIII, p. 225-242.
La sélection du Palmier à huile, t. XXIII, p. 249-255 (d'après Ferrand).
Laitues, Chicorées et Pissenlits. Origine des formes cultivées, t. XXIII,
p. 273-281.
A propos de la nomenclature de quelques Sapotacées africaines, t. XXIII,
p. 282-285.
Sur quatre genres de Sapotacées de l'Afrique occidentale, t. XXIII,
p. 286-294.
Absinthes et Armoises cultivées, t. XXIII, p. 308-316.
Taxonomie, biogéographie et sélection des Elaeis, t. XXIII, p. 295-307.
Notes sur l’Anis vert et l’Anis étoilé ou Badiane, t. XXIII, p. 317-326.
Plantes fourragères cultivées ou expérimentées en Allemagne encore
inconnues ou rares en France, t. XXIII, p. 326-332.
Ce que devrait être la production agricole coloniale de la France dans
l’après-guerre, t. XXIII, p. 332-343 (d'après R. Dumont).
Une utilisation originale des graines de Plantains, t. XXIII, p. 343-346.
— et André Haudricourt. — Une Labiée adventice et cultivée qui se
répand, t. XXIII, p. 243-246.
J.-F. Leroy, Assistant. — Les Piments, Rev. Bot. Appl. et d’Agr. trop.,
t. XXIII, 1943, p. 196-218.
André. Haudricourt, Boursier du C. N. R. S. et L. Hédin. — L’Homme
et les plantes cultivées, Gallimard, 1943, in-8°, 240 p.
— Solanum sarrachoides Sendt. adventice en France, Bull. Soc. Bot. Fr.,
t. 90, 1943, p. 89-90.
— La culture du Kok-Saghyz, Rev. Bot. Appl. et d’Agr. trop., t. XXIII,
p. 165-166 (d'après A. Demangeot et J. Le Conte).
— La classification des Avoines cultivées en France. Ibid., p. 166-167
(d’après R. Friedberg).
F. Chesnais, Boursier du Muséum. — Recherches sur l'anatomie du genre
Hoplestigma Pierre, Bull. Mus. Hist. nat., 2e sér., t. XV, 1943,
p. 226-230.
— Anatomie du système végétatif du genre Heberhardtia H. Lee. Ibid.
i
37 —
— Sur la formation de la cicatrite des graines de Sapotacées, Bull. Soc.
Bot. Fr. , t. 90, 1943, 5 p., 1 fig.
M. Peltier, Boursier du Muséum. — Anomalies florales des Moutardes
causées par les Brevicoryne Brassicæ. Rev. Bot. Appl. et d’Agr.
trop., t. XXIII, 1943, p. 246-249.
— Zoocécidies foliaires sur le genre Manilkara. Bull. Soc. Bot. Fr ., t. 90,
1943, 4 p., 1 fig.
P. Henry, Boursier de l’Institut de Recherches pour les Huiles de Palme.
— Anatomie des feuilles de VElaeis guineensis, Rev. Bot. appl. et
d’Agr. trop., t. XXIII, 1943, p. 219-225.
V
38 —
L'Évolution de la chaire D’Ethnologie du Muséum
National D’Histoire Naturelle
(Leçon inaugurale faite au Muséum le 27 mai 1943}.
Par Henri Vallois,
Professeur.
C’est une respectable tradition que de commencer une leçon
inaugurale en remerciant ceux aux votes desquels on doit sa chaire.
Mes premières pqroles seront donc pour exprimer ma reconnaissance
aux Professeurs du Muséum et aux Membres de l’Académie des
Sciences qui ont bien voulu me faire confiance et me désigner pour
la chaire d’Ethnologie. Et je tiens aussi à remercier tout particu-
lièrement M. le professeur Carcopino, alors Ministre de l’Education
nationale qui, en signant ma nomination, m’a permis de me
consacrer définitivement à une science à laquelle je m’étais voué
depuis déjà nombre d’années.
Il est encore deux professeurs du Muséum, tout récemment dis-
parus, dont je désire à cette occasion prononcer les noms : MM. Raoul
Anthony et Marcellin Boule. Il y a plus de 30 ans que le premier
m’accueillait dans son laboratoire, comme j’arrivais à Paris, jeune
licencié frais émoulu de la Faculté des Sciences, attiré par le prestige
qui s’attache à la maison de Cuvier. C’est R. Anthony qui m’a
poussé dans la voie, alors toute nouvelle pour moi, de l’anthropologie.
Nos relations, qui étaient d’abord celles de maître à élève, sont très
vite devenues, malgré ou peut-être à cause de la très grande diffé-
rence de nos caractères, celles d’ami à ami. Un autre prononcera
ici son éloge dans quelques mois. Mais je dois dire la vive peine que
j’ai à ne pas le voir parmi ceux dont j’ai maintenant l’honneur d’être
le Collègue.
Et c’est aussi avec un profond sentiment de regret que j’évoque
la mémoire de celui qui fut mon autre maître au Muséum, le profes-
seur Marcellin Boule. C’est beaucoup plus tard que je l’avais connu,
à un moment où, déjà nettement orienté vers l’anthropologie,
j’avais voulu approfondir la paléontologie humaine. M. Boule m’a
dirigé dans cette science dont il était le maître incontesté ; il m’a
pris comme collaborateur dans l’Institut qu’il dirigeait. Les nombreux
contacts que j’ai eu avec lui m’ont permis d’apprécier à toute sa
valeur cette profonde et puissante intelligence, aux sages avis de
laquelle je n’ai jamais eu recours en vain.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
La chaire d’ Ethnologie du Muséum a ce rare privilège de provenir
directement d’un des trois enseignements qui furent créés en 1635,
lors de l’organisation définitive du « Jardin royal des Plantes médi-
cinales ». Seize professeurs s’y sont succédés jusqu’en 1941. Durant
les 306 ans que représente ce laps de temps, elle a changé plusieurs
fois de nom, et ses titulaires se sont appelés tour à tour : Démonstra-
teur et Opérateur des opérations pharmaceutiques, • — Professeur
en Anatomie et en Chirurgie, — Professeur d’ Anatomie humaine,
— Professeur d’ Histoire naturelle de l’Homme, — Professeur d’ An-
thropologie, — et, finalement, Professeur d’ Ethnologie des Hommes
actuels et des Hommes fossiles. Son orientation, on le voit, s’est
modifiée mais, très vite, elle a eu l’étude de l’Homme comme objet
et, depuis, elle ne s’en est jamais départie. On peut sans peine,
dans son évolution, distinguer deux grandes périodes que séparerait
la date de 1838. Avant celle-ci, l’Homme y était étudié surtout à
un point de vue pratique et dans sa structure anatomique. Après
1838, l’Homme y est étudié d’une façon beaucoup plus générale et
le développement de la chaire se lie directement à celui de l’anthro-
pologie et de l’ethnographie en France. On comprendra que je ne
m’étende pas beaucoup sur la première période ; la seconde, au
contraire, me retiendra, puisqu’elle me permettra de vous montrer
comment s’est progressivement constituée la conception actuelle
de la chaire d’ Ethnologie.
Lors de sa création, en 1635, l’enseignement qui est à l’origine
de celle-ci portait un nom qui ne laissait pas prévoir son futur
développement. Son titulaire était en effet qualifié de « Démonstra-
teur et Opérateur des Opérations pharmaceutiques ». Mais il semble
que, très vite, cet enseignement ait dévié vers l’anatomie humaine.
Bien qu’une preuve directe n’ait pu en être fournie, certains auteurs
ont en effet écrit qu’une ordonnance royale, postérieure de quelques
mois à peine à la création du poste, spécifiait déjà qu’au lieu d’en-
seigner les opérations pharmaceutiques, son titulaire « ferait la
démonstration oculaire et manuelle de toutes et chacune des opéra-
tions de chirurgie, de quelque nature qu’elles puissent être ». Le
fait a été controuvé. Il n’en reste pas moins qu’en 1718 le titre de
« Professeur en Anatomie et Chirurgie » était officiellement donné à
celui qui l’occupait. Il devait subsister jusqu’en 1793.
Le premier démonstrateur du nouvel enseignement fut Marin
Cureau de La Chambre. Il était Docteur en Médecine de la Faculté
de Montpellier, titre que devaient porter après lui et jusqu’à aujour-
d’hui quatre de ses successeurs. Il est assez piquant du reste de
constater que, d’une façon constante, tous les titulaires de l’enseigne-
40
ment inauguré par Marin Cureau de La Chambre furent Docteurs
en Médecine. Bien que nous soyons dans un Muséum d’ Histoire
naturelle, un seul jusqu’ici avait eu le titre de Docteur-ès-Sciences
naturelles : De Quatrefages. Encore l’obtint-il après le Doctorat
en Médecine et avoir exercé la pratique médicale pendant un certain
temps. L’ethnologie ne serait-elle donc qu’une branche de la Médecine
rattachée par erreur aux Sciences naturelles ? Malgré l’apparence,
il y aurait quelque paradoxe à le soutenir.
Marin Cureau de La Chambre conserva son poste 34 ans ; si
aucune trace ne nous reste de son enseignement, du moins nous
a-t-il laissé quelques écrits dont l’un sur « les inondations du Nil »
et un second sur « l’amour par inclination » nous montrent qu’il ne
dédaignait pas de sortir du sujet de sa chaire. Mais un autre travail
sur les « Caractères des passions » est illustré d’une figure représentant
un vieux savant qui mesure un buste devant une tablette chargée
d’autres bustes dont un de Nègre. Ainsi, déjà, l’anthropologie inté-
ressait ce premier précurseur de la chaire.
François Cureau devait succéder à Marin ; puis vinrent, jusqu’en
1777 : Guichard et Maurice Duverney, Hunauld, Winslow,
Ferrein et Petit. La plupart de ces noms sont bien connus des
anatomistes. C’est que, très vite, l’enseignement du troisième
démonstrateur du Jardin royal avait constitué une véritable école
qui concurrençait, et souvent victorieusement, les cours de la
Faculté de Médecine. On s’y pressait pour entendre les professeurs.
Dionis, qui suppléa François Cureau pendant 8 ans et y exposa la
découverte, alors toute nouvelle, de la circulation du sang, avait
jusqu’à 500 auditeurs. Au cours de Duverney, on compta une année
140 étrangers, et 40 Ecossais n’étaient venus à Paris que pour
l’entendre. Il n’était pas jusqu’aux comédiens qui assistaient à ce
cours pour prendre des leçons de diction !
Le plus grand nombre de ces savants ont laissé des traces de leurs
recherches. Une ouverture de notre péritoine, en arrière de l’estomac,
porte encore de nos jours le noms de Winslow. Certains amas de
tubes de notre rein portent celui de Ferrein. Vicq d’AzvR, qui
suppléa quelque temps Petit, a donné son nom à une des couches de
notre écorce cérébrale. Enfin il ne faut pas oublier que les deux
traités d’anatomie humaine qui eurent le plus de succès durant
100 ans, furent ceux de deux des démonstrateurs de la chaire :
Dionis et Winslow. L’un et l’autre de ces ouvrages eurent de
nombreuses éditions et furent traduits en plusieurs langues.
En 1777, A. Portal était nommé professeur. Il devait le rester
jusqu’en 1832, soit 55 ans. Il a, par là, établi pour cette chaire un
record de durée qui n’a pas été dépassé et ne le sera sans doute pas
non plus dans l’avenir. C’est sous Portal qu’en 1793, lors de la
réorganisation du Muséum d’ Histoire naturelle, son enseignement
— 41
fut définitivement appelé « Chaire d’ Anatomie humaine ». Son suc-
cesseur ne fut cependant pas un anatomiste. Flourens, qui prit la
chaire en 1832, était surtout physiologiste et quitta l’anatomie six
ans plus tard, lorsque la Physiologie comparée fut devenue libre.
Jusque là, on le voit, l’enseignement réalisé dans le troisième des
postes de démonstrateur du Jardin royal avait bien comme sujet
d’étude l’Homme, mais au point de vue à peu près exclusif de l’ana-
tomie, et sans considérations d’ordre général. L’ethnologie, si elle
avait pu y être enseignée, ne l’avait été que d’une façon tout à fait
épisodique. C’est au point qu’en 1800 et 1801, il y eut au Muséum
un cours d’ « Histoire naturelle de l’Homme », mais ce ne fut pas
Portal qui le fit. C’est Lacépède, titulaire de la chaire d’ Erpé-
tologie.
En 1838, les choses* se présentaient différemment. Sous l’influence,
semble-t-il, d’un mémoire récemment publié par Wiliam Edwards, le
frère aîné d’Henri Milne-Edwards, l’intérêt commençait à se porter
vers l’histoire des races humaines. On comprenait de plus en plus que
l’étude de l’homme n’aurait qu’à gagner si elle était faite dans le
cadre général de la zoologie. Déjà, en 1832, au moment où la chaire
de Portal s’était trouvée libre, les Professeurs du Muséum avaient
spécifié qu’il fallait que « cet enseignement, qu’ils considéraient
« comme le pivot sur lequel roule l’ensemble de l’enseignement zoolo-
« gique, soit entièrement dégagé de toute application médicale et
« chirurgicale ». Flourens, l’année suivante, intitulait son cours,
avec l’approbation de ses collègues « Cours d’ Anatomie et Histoire
naturelle de l’Homme ». Ce n’est qu’à son départ que le titre devenait
officiellement celui de la chaire, en consacrant par là la nouvelle
orientation.
C’est Etienne Serres qui succéda à Flourens. Il avait alors
51 ans. Médecin comme tous ses précédesseurs, il était déjà membre
de l’Académie des Sciences et de celle de Médecine. Avec lui, la
chaire devait nettement s’engager dans la voie qu’elle n’a plus
quitté. Mais ce ne fut d’abord que d’une manière timide. Spécialisé
de longue date dans l’anatomie comparée, Serres continuait à
donner à cette science la majeure partie de ses efforts. Le seul travail
notable qu’il ait publié sur l’Histoire naturelle de l’Homme date de
1853, 15 ans après sa nomination à la chaire et deux ans seulement
avant le moment où il devait la quitter pour prendre celle d’ Anatomie
comparée. Si les idées qu’il y expose sont maintenant quelque peu
désuètes, il faut cependant retenir que c’est dans ce travail qu’il
créa le terme de « Paléontologie humaine ». C’est là aussi qu’il exposa
une conception qui, depuis lui, a fait fortune : que les événements
dont une nation a été le théâtre auraient leur source principale
dans la nature physique et morale des races qui les ont accomplis.
Par là Serres s’est montré, sans le savoir, le précurseur de l’an-
— 42 —
thropo-sociologie et de la thèse que devait, l’année suivante, soutenir
Gobineau.
Un autre mérite de Serres est le développement qu’il a donné aux
collections du Laboratoire dont il avait la charge. Plus ou moins
mélangées jusque là à celles d’anatomie comparée, elles étaient
encore très restreintes mais, au moment de l’arrivée de Serres, un
rapport du Muséum déclarait que « le nouveau professeur serait tenu
« de continuer la collection déjà commencée et de proposer à l’admi-
« nistration les moyens les plus convenables pour l’entretien et l’ac-
« croissement de cette collection ». Serres s’y adonna avec beaucoup
d’énergie. Il fit reproduire sur vélins différents types de races
humaines ; il réunit la première série connue de daguerréotypes de
races. Il fit préparer de nombreux moulages 5 il rassembla des
crânes et des squelettes. Il fit pratiquer des fbuilles dans les sépul-
tures préhistoriques. A son départ, les séries du Laboratoire compre-
naient 3.500 objets de toute nature dont 860 crânes environ. C’était
la plus belle collection anthropologique de l’époque. C’est sans doute
son existence qui détermina l’Assemblée des Professeurs à changer
à nouveau le titre de la chaire. En 1855, elle prenait le nom de Chaire
d’ Anthropologie 5 elle l’a gardé jusqu’en 1936.
Deux compétiteurs se présentaient : Gratiolet et de Quatre-
fages 5 c’est le second qui l’emporta. Il s’y consacra jusqu’à sa mort
en 1892. C’est sans conteste à lui que la chaire d’ Anthropologie doit
la réputation qu’elle a acquise en France et à l’étranger.
Jean de Quatrefages de Bréau était né dans le Gard, au pied
du Mont Aigoual, près de la petite ville de Valleraugue où son buste
se dresse aujourd’hui. Il ne semblait pas d’abord devoir se destiner
aux sciences naturelles car, étudiant à Strasbourg, il y passait, en
1829 et 1830 deux thèses de Doctorat ès-sciences mathématiques
intitulées, la première « Théorie d’un coup de canon », la seconde
« Du mouvement des aérolithes considérés comme des masses dissé-
minées dans l’espace par l’impulsion de volcans lunaires. » Il n’avait
encore que 20 ans. Mais en même temps, il étudiait la médecine et,
sitôt docteur en cette discipline, se rendait à Toulouse pour exercer
la pratique médicale. C’est là qu’il commença à se passionner pour
les sciences naturelles. Très vite, il leur consacrait toute la partie de
son temps qu’il pouvait dérober à ses exigences professionnelles.
Finalement, en 1840, il abandonnait Toulouse et se rendait à Paris
où il passait, à 7 jours d’intervalle, sa licence et son doctorat ès-
sciences naturelles.
Les recherches de Quatrefages portèrent dès lors sur la zoologie
des Invertébrés et elles furent de valeur puisqu’en 1852, il était
nommé membre de l’Académie des Sciences. Aucune cependant ne
touchait, même de loin, à l’anthropologie. On doit donc d’autant plus
»
admirer la maîtrise avec laquelle, dès sa nomination au Muséum, ce
savant pût s’adapter à son nouvel enseignement. Il s’y imposa
comme peu ont su le faire.
La charge que prenait de Quatrefages était cependant lourde.
Non seulement le nouveau titre de la chaire impliquait définitive-
ment sa future orientation, mais les conditions matérielles du service
qui lui était légué par Serres étaient très défectueuses. Les collec-
tions étaient entassées dans les petits bâtiments qui s’étendaient
alors entre la maison de Cuvier et la cour de la baleine. Elles étaient
très en désordre. Le laboratoire était réduit à un ancien atelier
abandonné par les employés du moulage, mal clos et mal chauffé.
Dédaigneux de l’anthropologie, l’aide-naturaliste du laboratoire
concentrait les quelques efforts qu’il était susceptible de fournir à
disséquer des serpents : c’était là, disait Serres ironiquement, le
rameau erpétologique de l’anthropologie.
De Quatrefages tenta en vain d’améliorer tout cela. Il ne put y
réussir et ce n’est qu’en 1872 que son futur successeur, Hamy, qui
venait d’être nommé aide-naturaliste, assisté lui-même de celui qui,
à son tour devait lui succéder, le Dr Verneau, qui venait d’être
nommé préparateur, pût définitivement organiser les collections,
grâce à l’attribution à l’anthropologie d’une partie du logement de
Cuvier. Mais le laboratoire proprement dit ne fut vraiment en état de
fonctionner que lorsque l’anthropologie eut à sa disposition les
nouveaux locaux de la rue de Buffon. Jusque là, de Quatrefages
en fut réduit à travailler chez lui.
Professeur d’anthropologie, et le premier semble-t-il en Europe à
porter ce titre; de Quatrefages eut à cœur de définir la science qu’il
avait à enseigner. L’anthropologie, dit-il, n’est qu’une branche
de la zoologie et de la mammalogie en particulier ; c’est Y Histoire
naturelle de l'Homme et des groupes humains. L’anatomie et la phy-
siologie en constituent les bases, mais elle doit s’appuyer aussi sur
les manifestations de l’intelligence, sur les mœurs, les industries et les
arts, sur les langues et les croyances religieuses. Ainsi de Quatre-
fages comprenait l’anthropologie dans son sens le plus vaste, et
ceci correspondait bien à la conception qui était alors générale :
c’était dans le même esprit que Broca fondait en 1859 une société
d’anthropologie qui embrassait la totalité des caractères par lesquels
se distinguent les groupes humains et que, quinze ans plus tard, le
même savant créait une Ecole d’anthropologie qui comprenait des
cours d’anatomie et de physiologie, de sociologie, d’ethnographie et
de linguistique. L’anthropologie, c’était alors pour tous l’ Histoire
naturelle de l’Homme. Le mot a par la suite dévié de ce sens et peut-
être eut-il été plus sage de conserver à la chaire son titre primitif ?
On ne pouvait cependant prévoir les confusions qu’il entraînerait.
Ainsi compris, le domaine de l’anthropologie était extrêmement
— 44 —
vaste. Il ne pouvait, à lui seul, être embrassé par un seul homme et
de Quatrefages dut se limiter. Gêné d’autre part par la quasi-
absence de laboratoire, il se donna avant tout aux questions
générales : l’origine de l’Homme, la place de l’Homme dans la
nature, les grandes lois de l’évolution et des transformations des races,
tels étaient les sujets qu’il devait traiter avec prédilection. Natura-
liste avant tout, il s’efforçait d’appliquer à l’homme les lois qui
régissent les autres organismes animaux et végétaux. Il étudiait
l’influence des milieux sur le squelette, les muscles, le cerveau et les
différentes parties du corps. Il indiquait comment les variations
ainsi produites avaient pu donner naissance à des races. Faisant acte
de précurseur dans la science qu’il enseignait, il montrait qu’un
anthropologiste doit être avant tout un zoologiste. Appliquant ses
idées à l’étude des origines humaines, il défendait avec grand
talent deux thèses auxquelles il a attaché son nom, celle de l’unité
de l’espèce humaine, et celle, corrélative à ses yeux, du règne humain :
l’Homme aurait formé dans la nature un règne spécial, qui doit
être ajouté aux trois règnes animal, végétal et minéral définis
par Linné.
On était alors à cette époque où l’Histoire naturelle allait être
renouvelée par la publication du livre de Darwin. Ses profondes
connaissances zoologiques rendaient de Quatrefages particulière-
ment apte à comprendre les nouvelles théories. Il “ne les accepta
cependant pas mais par un paradoxe curieux, lui qui a été en France
un des chefs de l’école antitransformiste, a été en même temps un de
ceux qui ont le plus contribué à faire connaître chez nous les idées
de Darwin. Et quand l’illustre savant fut présenté pour être membre
de l’Académie des Sciences, il défendit avec la plus grande énergie
sa candidature.
A côté de ses études générales, de Quatrefages a encore considéré
plus spécialement certaines races, notamment les Polynésiens dont il
a approfondi les migrations, et les races les plus inférieures en civili-
sation ; mais ces travaux l’intéressaient moins et il les abandonna
rapidement. Ceci n’empêche que, sous son professorat, les collec-
tions s’accrurent d’une façon notable. J’ai dit qu’en 1855, elles com-
prenaient 3.500 objets. Un recensement fait à l’occasion de l’expo-
sition universelle de 1867 montre qu’elles s’étaient alors élevées à
4.200 dont 1.500 crânes environ. En 1892, à la mort de Quatre-
fages, le nombre total des objets atteignait 22.000, dont 9.650 dans
les collections publiques. La très grande majorité de ces pièces appar-
tenait à l’anthropologie, mais d’importantes séries préhistoriques
s’y étaient jointes. L’ethnographie par contre n’y était pas repré-
sentée ; c’est, qu’entre temps, en 1877, était né le Musée du Trocadéro
dont je parlerai plus loin.
*
45
Lorsque de Quatrefages mourut, en 1892, Hamy, qui était son
aide-naturaliste depuis 20 ans, devint sans discussion son successeur.
Agé alors de 50 ans, il était déjà membre de l’Académie des Inscrip-
tions et Belles- Lettres et avait derrière lui une brillante carrière. Lui
aussi avait commencé par la médecine, mais concuremment à ses
études médicales, il avait étudié l’anthropologie et la préhistoire et,
dès qu’il eut passé sa thèse, en 1868, il avait été pris par Broca
comme préparateur du Laboratoire d’ Anthropologie de l’Ecole des
Hautes Etudes. L’année suivante il publiait un livre, Précis de
Paléontologie humaine, qui était une remarquable mise au point de
nos connaissances sur les Hommes fossiles.
En 1872, de Quatrefages prenait Hamy comme aide-naturaliste.
J’ai dit plus haut comment aussitôt, avec l’aide du Dr Verneau,
celui-ci se consacra à l’aménagement des collections et réussit en
six mois une œuvre devant laquelle avait reculé son maître. Au début,
il se donna presque exclusivement à l’anthropologie. C’est à ce titre
qu’il entreprit, en 1870, l’ouvrage monumental des Crania ethnica.
Basé essentiellement sur les riches matériaux des séries anthropolo-
giques du Muséum, cette œuvre lui prit 10 ans de travail. Elle a
été publiée en collaboration avec de Quatrefages mais celui-ci
reconnaît lui-même dans la préface qu’à peu de choses près, sa
réalisation est toute entière due à Hamy. Il est inutile de souligner
l’importance de ce livre, œuvre classique que, maintenant encore,
les anthropologistes du monde entier consultent avec profit.
En 1876, Hamy avait inauguré des conférences pratiques où il
exposait aux voyageurs les desiderata de la science anthropologique
pour les pays qu’ils allaient visiter. En même temps qu’il leur
enseignait les éléments de la technique, il leur indiquait l’état de nos
connaissances anthropologiques sur ce pays, suggérait les recherches
qu’ils pourraient y faire, spécifiait la nature des objets à recueillir.
Cette manière de faire valut au Musée de notables acquisitions.
Parallèlement aux dons, de plus en plus nombreux à mesure que la
réputation du laboratoire allait croissant, elles augmentaient dans
d’énormes proportions les collections anthropologiques. Un recense-
ment fait par Hamy en 1907 indique plus de 49.000 objets. En 50 ans,
les richesses du laboratoire avaient plus que décuplé !
En 1898, les collections furent transférées dans la monumentale
galerie qui venait d’être construite près de la place Valhubert. Là,
elles disposaient de beaucoup plus de place et leurs belles séries
anthropologiques et préhistoriques pouvaient être mieux mises en
valeur. Mais il y avait aussi des inconvénients qui furent plus d’une
fois soulignés par Hamy. D’abord l’éloignement de la galerie du
laboratoire d’anthropologie, ce qui rendait le travail très difficile.
Puis, dans son nouveau local, l’anthropologie faisait figure de parent
pauvre à côté des deux belles salles dévolues à l’anatomie comparée
et à la paléontologie : presque toutes les collections étaient disposées
autour d’un balcon, en séries linéaires qui ne permettaient pas de
faire ressortir leurs diverses affinités. Il n’y avait pas de place pour
présenter des pièces horizontales ; pas ou pour ainsi dire pas de sur-
faces murales pour exposer des panneaux verticaux. S’il y avait un
progrès incontestable par rapport aux anciens locaux de la cour de
la baleine, on était loin encore d’une solution satisfaisante.
Quand fut effectué ce transfert, Hamy dirigeait du reste la majeure
partie de son activité d’un autre côté. Frappé, dès son entrée au
Muséum, de ce que seules l’anthropologie et la préhistoire étaient
représentées dans les collections du Laboratoire, il avait voulu déve-
lopper parallèlement l’ethnographie. C’est grâce à ses efforts et à
son infatigable persévérance que fut fondé en 1879, avec l’appui de
son maître de Quatrefages, le Musée d’ethnographie dit du Tro-
cadéro dont il devenait aussitôt le directeur. Je reviendrai plus loin
sur l’origine et l’histoire de ce Musée dont, en dépit de difficultés
sans nombre, Hamy sut assurer le splendide développement.
La nécessité d’étudier les collections qui affluaient dans le nouveau
Musée détourna peu à peu Hamy des recherches anthropologiques.
Progressivement, ses travaux se dirigeaient vers l’ethnographie.
C’est dans cet esprit qu’il fonda, en 1882, une Revue d' Ethnographie,
qui parut jusqu’en 1889. Elle devait fusionner à cette date avec les
Matériaux pour VHistoire générale et naturelle de V' Homme , dirigés
par le préhistorien Cartailhac, et la Revue d1 Anthropologie, dirigée
par Topinard : de cette union sortit le périodique U Anthropologie,
dont Hamy était un des trois directeurs.
Agé seulement de 66 ans, encore en pleine activité intellectuelle,
Hamy disparut brusquement le 18 novembre 1908. La liste de ses
travaux se montait alors à plus de 1.200, qui touchaient à toutes les
branchés de l’ethnologie et s’étendaient même à des sciences voisines,
principalement l’histoire de la géographie et celle du Muséum.
L’énorme labeur de ce savant avait largement ajouté au prestige que
possédait déjà la chaire d’anthropologie.
En 1909, René Verne au lui succédait. Elève et ami d’Ernest
Hamy, j’ai dit qu’il était entré presque en même temps que lui au
Muséum en 1873 ; il est resté professeur jusqu’à sa retraite, en 1928 :
il a donc été attaché au laboratoire d’anthropologie pendant 54 ans.
Le souvenir de ce maître, qui ne s’est éteint qu’il y a cinq ans, est
certainement présent à la mémoire de beaucoup d’entre vous. Les
circonstances ont fait que sa vie et ses travaux n’ont pu être retracés
dans cet amphithéâtre. Vous me permettrez de développer un peu
plus longuement ce qui a trait à sa personne.
Né le 23 avril 1852 à La Chapelle-sur-Loire, en Touraine, René
Verneau venait faire à Paris en 1869, ses études de médecine ;
— 47 —
externe des hôpitaux l’année suivante, il préparait déjà le concours
d’internat quand un événement survint qui allait l’orienter dans une
voie nouvelle.
Dès le début de ses études médicales, M. Verneau avait suivi le
cours libre que professait alors Hamy à la Sorbonne, sur l’anthropo-
logie préhistorique. Séduit par cette science nouvelle, il se fit pré-
senter à Broca qui l’accueillit dans son laboratoire. Il suivit aussi les
leçons de de Quatrefages au Muséum d’Histoire naturelle. Ce
savant remarqua son jeune auditeur et l’assiduité avec laquelle il
prenait des notes. La place de préparateur dans son laboratoire étant
devenue libre en 1873, il l’offrit à Verneau qui accepta sans hésiter.
Nommé le 24 octobre de la même année, celui-ci faisait par là, son
entrée dans le grand établissement scientifique où il devait rester
jusqu’à 75 ans. Le 1er juin 1892, il était nommé assistant. En 1907,
Hamy lui abandonnait la direction du Musée d’ Ethnographie du
Trocadéro. Le 30 avril 1909 enfin, il succédait à celui-ci dans la
chaire d’ Anthropologie du Muséum. Il a occupé celle-ci jusqu’à sa
retraite en 1927 et, conjointement pendant toute cette période, il a
dirigé le Musée du Trocadéro.
Mais ces fonctions ne sont pas les seules qu’a accomplies ce savant.
Sa profonde érudition, l’aisance de son élocution l’avaient désigné à
maintes reprises pour occuper des postes où il pouvait exposer les
diverses disciplines qui ressortent de l’anthropologie. Nommé
en 1879 professeur d’anthropologie à l’association polytechnique,
il contribua largement par ses premiers cours à répandre dans le
grand public les connaissances, alors toutes nouvelles, sur l’origine,
le passé et le présent de l’humanité. En 1892, le Conseil municipal de
Paris créa un enseignement populaire supérieur. Une chaire avait été
réservée à l’anthropologie, qui fut attribuée à M. Verneau. Pendant
10 ans, il l’occupa avec un succès qui témoigne de l’intérêt qu’il avait
suscité chez ses auditeurs : certains jours, il lui arriva d’en avoir
plus de 2.000 !
En 1892 également, il avait été nommé professeur à l’Ecole
coloniale et y inaugurait un enseignement sur l’anthropologie et
l’ethnographie des colonies françaises.
En 1905, il avait été chargé de conférences sur la paléontologie
humaine à l’Ecole d’ Anthropologie de Paris. En 1922 enfin, il avait
été nommé professeur d’ Anthropologie préhistorique à l’ Institut
de Paléontologie humaine et, malgré son âge, il a assuré régulière-
ment cette fonction jusqu’à sa mort.
Comme pour ses deux prédécesseurs, l’activité scientifique de
M. Verneau s’est portée vers toutes les branches de l’anthropologie,
mais avec une prédilection manifeste pour l’anthropologie physique.
La liste de ses publications se monte à plus de 300. Certaines sont des
ouvrages de vulgarisation car M. Verneau était de ceux qui
estiment que le rôle du professeur n’est pas seulement d’approfondir
et de chercher à résoudre les problèmes de la science 5 il doit en faire
connaître au grand public les données essentielles. A ce point de
vue, son rôle dans la divulgation en France de l’anthropologie a été
très grand.
Le premier mémoire de M. Verne au est sa thèse sur les caractères
raciaux du bassin. Couronnée par la Faculté de Médecine et la
Société d’anthropologie de Paris, cette œuvre de début, qui lui avait
coûté deux ans de recherches, montrait déjà les qualités de méthode
et de clarté qui marquent tous ses ouvrages. C’était le premier
travail complet publié sur l’anthropologie de cette partie du sque-
lette. Le meilleur éloge qu’on puisse en faire est de constater, qu’a-
près 68 ans, ses conclusions sont restées classiques.
Peu après sa nomination au Muséum, M. Verneau avait été
envoyé en mission aux îles Canaries. Il y séjournait en 1877 et 1878,
puis de 1884 à 1887. Durant ces cinq ans, il visitait toutes les îles,
dépouillait les documents historiques sur leur peuplement, explorait
les grottes funéraires et fouillait les tumulus, étudiait les vestiges
archéologiques laissés par les anciens Guanches, notait les mœurs
et les coutumes des habitants actuels, collectait pour le Muséum
d’importantes séries de squelettes et de documents ethnographiques.
Il a ainsi accumulé une masse de matériaux grâce auxquels, dans une
série de mémoires, il a analysé d’une façon magistrale, le problème
de l’origine des Guanches. Reprenant l’hypothèse émise par de
Quatrefages et Hamy, il a démontré l’étroite ressemblance entre
les vrais Guanches et les Hommes de Cro-Magnon de l’âge de la
Pierre taillée. Certes il y a eu, par la suite, apport d’autres races, mais
le fait de la persistance aux Canaries d’un très vieux stock paléoli-
thique est une notion fondamentale auxquelles ses recherches sont
les premières à avoir fourni une base solide.
Malgré l’importance des résultats auxquels il était ainsi arrivé,
M. Verneau estimait que la question n’était pas encore épuisée. Dès
que sa retraite l’eut dégagé des obligations de sa chaire au Muséum,
et bien qu’il fut alors âgé de 75 ans, il retournait aux Canaries pour
étudier les nombreuses séries ostéologiques recueillies depuis ses
deux voyages. Son plus vif désir était de pouvoir, malgré sa santé
défaillante, terminer la large synthèse qu’il voulait écrire sur un
problème auquel il n’avait cessé de penser durant 60 ans. Huit jours
avant sa mort, il travaillait encore au mémoire qu’il lui avait con-
sacré et dont il avait rédigé près de 300 pages.
Un autre groupe de recherches a contribué à rendre célèbre le nom
de M. Verneau, celui sur les Hommes fossiles des grottes de Menton.
Chargé par le Ministère de l’Instruction publique, en 1892, d’exami-
ner les squelettes paléolithiques trouvés dans la Barma Grande, il les
rattachait à la race de Cro-Magnon. Quand, en 1902, les belles fouilles
— 49
du Prince de Monaco exhumèrent, dans une grotte voisine, de nou-
veaux squelettes, c’est à M. Verneau qu’en fut confiée l’étude.
Celle-ci lui permit de constater, sur deux sujets, des caractéristiques
négritiques assez prononcées pour qu’il se crût autorisé à décrire
une forme nouvelle, la « race de Grimaldi ». A la suite de recherches
poursuivies en Italie, en Suisse, et dans la vallée du Rhône, il con-
cluait que ce type existe encore au Néolithique et qu’il a joué un
rôle dans le peuplement ancien de l’Europe occidentale. Le nom de
M. Verneau est resté attaché à cette importante découverte.
Il serait trop long de résumer les nombreuses autres recherches de
M. Verneau. J’indiquerai seulement que tout un groupe concerne
l’étude des races néolithiques de la France. D’autres envisagent les
races des colonies françaises et des pays avoisinants, toutes contrées
dont il a examiné de nombreuses séries : Négrilles, Noirs de l’Afrique
occidentale et de la région du Tchad, Marocains, Ethiopiens, Mal-
gaches, Birmans, Indochinois, etc. C’est au cours de ces études,
entre autres, qu’il a, le premier, signalé l’existence en Indochine
d’un élément indonésien. Il faut aussi faire une place à part à ses
belles recherches sur les anciens Patagons, auxquels il a consacré un
gros volume, et à ses études sur l’ethnographie de divers peuples de
l’Afrique et de l’Amérique, et sur l’archéologie préhistorique de
plusieurs régions.
Pour terminer ce court exposé d’une œuvre qui fut nombreuse
et diverse, je mentionnerai le volumineux traité sur les Races et
Coutumes de V Humanité, que publia M. Verneau à 79 ans et qui a
déjà dû être plusieurs fois réimprimé, ainsi que l’importante contri-
bution, près de 3.600 articles, qu’il donnait l’année suivante au
Dictionnaire Larousse.
Enfin, en 1894, il avait succédé à Hamy comme rédacteur de la
revue U Anthropologie. En collaboration avec le professeur Boule,
il dirigea jusqu’en 1930 cet important périodique dans lequel il était
chargé de l’anthropologie physique et de l’ethnographie. Durant les
36 ans dont il en a été le rédacteur en chef, il y a écrit plusieurs
centaines d’analyses critiques et de nouvelles, et publié près de
cinquante mémoires.
Dirigeant à la fois le Musée du Trocadéro et le Laboratoire d’ An-
thropologie du Muséum, M. Verneau avait à s’occuper des collec-
tions. Nous avons vu que, dès 1873, il avait aidé Hamy à classer le
vieux fond des galeries de la cour de la baleine. En 1898, il prit une
part importante au rangement des séries anthropologiques de la
nouvelle galerie de la place Valhubert. Dès qu’il fut professeur, il
s’efforça de développer les collections dont il avait la garde. Mais si,
au Muséum même, il put le faire en toute facilité, l’accroissement
des collections ethnographiques se heurta à des obstacles contre
lesquels il dut souvent lutter. A maintes reprises, dans ses conversa-
BuUetin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
4
tions et dans ses articles, il s’éleva contre les entraves qui bridaient
l’expansion du beau Musée fondé par Hamy.
Durant ses dernières années, M. Verneau eut plus particulière-
ment à souffrir de la maladie à laquelle il devait succomber. Sa
volonté était cependant plus forte que le mal et, en dépit de la dou-
leur, il continuait à travailler. Ce savant qui, depuis le moment où il
était entré au Collège, n’avait pour ainsi dire pas pris une minute de
repos, qui à 85 ans, écrivait d’une plume aussi alerte que jamais,
les chapitres de son mémoire sur les Guanches, ne devait être arrêté
que par la mort.
En 1928, le professeur Rivet succédait à M. Verneau. Je n’ai
pas à vous tracer le portrait de celui qui, pendant treize ans, s’est
dépensé sans compter pour cette chaire, et à la tenace volonté duquel
elle doit les profondes transformations qu’elle a subies. Je n’ai pas
non plus à vous parler d’une œuvre scientifique' dont il faut espérer
que le cours est loin d’être terminé. Ce que je désire vous montrer,
c’est l’impulsion qu’a imprimé M. Rivet à la chaire d’anthropologie
du Muséum, et ses répercussions sur l’évolution de l’Ethnologie à
Paris.
Quelques mois à peine avant la nomination de M. Rivet, un fait
nouveau et très important venait de se produire : le Musée d’Ethno-
graphie du Trocadéro avait été rattaché au Muséum d’ Histoire
naturelle, et plus spécialement à la chaire d’anthropologie. J’ai déjà,
à plusieurs reprises, mentionné ce musée qui, bien que dirigé auto-
matiquement par le professeur d’anthropologie, était néanmoins
indépendant du Muséum. Je retracerai maintenant son histoire.
L’origine du Musée d’Ethnographie a été longuement exposée par
Hamy. Un fait avait péniblement étonné ce savant : c’est, qu’alors
qu’un grand nombre de musées de province avaient des salles con-
sacrées à l’ethnographie, qu’à l’étranger de larges et beaux musées
lui étaient dévolus, il n’y avait rien de pareil à Paris. Les collections
rapportées par les voyageurs étaient dispersées soit dans le Musée
de la Marine, soit dans celui de Saint-Germain, ou encore à la Biblio-
thèque nationale, dans celle de l’Arsenal, au Musée algérien, ou dans
différents laboratoires du Muséum. A plusieurs reprises, on avait
essayé de les réunir en un Musée unique. Toutes ces tentatives avaient
échoué. La chose était d’autant plus regrettable qu’avec l’extension
de nos colonies et la multiplication des missions en pays étranger,
le nombre de collections ethnographiques apportées en France
croissait cKaque année ; les caisses s’accumulaient dans les magasins
du Ministère de l’Instruction publique sans qu’on sût que faire de
leur contenu. Le besoin s’imposait d’un organisme dont ce serait le
rôle de les recevoir.
Hamy s’y employa de toutes ses forces. En 1877, un arrêté minis-
51
tériel décidait enfin la création d’un Musée d’Ethnographie. Mais où
placer celui-ci ? La commission nommée à cet effet hésita longtemps.
La galerie des machines qui s’élevait alors au Champ de Mars
paraissait indiquée. Mais son aménagement aurait coûté trop cher.
On se décida finalement, malgré l’avis des architectes compétents,
pour le Trocadéro, dont le nouveau Musée occuperait les salles et
galeries de la partie centrale.
Dans les délais prévus, Hamy se mit à l’œuvre. En 1880, le Musée
était inauguré ; dépendant directement du Ministère, il disposait
d’un crédit matériel de 8.500 francs et son personnel comprenait
deux conservateurs, cinq gardiens et un mouleur. Les collections
se montaient déjà à 6.000 pièces.
Sous l’énergique impulsion d’HAMY, leur accroissement fut rapide.
Peu après la mort de ce savant, en 1910, il y avait 75.000 pièces ; en
1920, M. Verne au en dénombrait plus de 100.000. De splendides
séries furent offertes au Musée, qui le classaient très vite parmi les
plus riches du monde. Mais si, de ce côté, ses deux directeurs suc-
cessifs avaient la joie de voir leurs efforts récompensés par l’afflux
des dons, ils eurent, en contre-partie, à soutenir une lutte très dure
contre les obstacles administratifs et financiers.
Le palais du Trocadéro n’avait pas été créé pour être un Musée.
Mal éclairé et mal chauffé, il ne se prêtait guère à l’exposition des
collections. Très vite, les salles furent envahies, et on dut mettre des
vitrines sur les paliers privés de lumière Puis, on déborda sur la
galerie demi-circulaire placée en avant de la salle des fêtes et on y
plaça les collections d’Asie. Mais les baies de cette galerie n’étaient
pas vitrées : malgré les demandes réitérées des conservateurs, on ne
put obtenir la pose de fenêtres. Les objets se détériorèrent à tel point
qu’en 1890 il fallut se décider à supprimer les collections qui y
étaient contenues : elles furent transférées au Musée Guimet et dans
divers musées de province, mesure regrettable qui fit que, dès lors,
l’ethnographie de l’Asie a été exclue du Musée ! Le seul agrandisse-
ment qu’en 40 ans put obtenir celui-ci fut l’aménagement de deux
nouvelles salles dans les combles du palais. Il était bien insuffisant
puisque les collections, elles, étaient devenues plus de 15 fois plus
nombreuses.
Une situation plus tragique encore venait de l’exiguité des crédits.
Non seulement la dotation annuelle primitive de 8.500 francs n’avait
pas été augmentée, mais elle était progressivement tombée à
3.500 francs, dont 200 francs seulement pour l’accroissement des
collections ! Pour organiser et entretenir leur Musée, Hamy et
Verneau furent obligés de faire des prodiges, comme par exemple
d’utiliser les planches des caisses dans lesquelles parvenaient .les
objets, pour fabriquer sur place les vitrines qui pourraient les
recevoir. De tels meubles improvisés ne préservaient guère les col-
lections de la poussière et des insectes. Le défaut de personnel était
aussi manifeste, et les travaux d’étiquetage des objets, de leur net-
toyage périodique, de surveillance des plus périssables, étaient
impossibles à effectuer. Une Société des Amis du Musée du Tro-
cadéro avait, sous l’inspiration du professeur Verneau, été fondée
en 1914 ; mais, si elle a apporté quelque aide pour l’accroissement
des collections, elle ne pouvait remédier à l’accumulation de celles-ci
dans des vitrines trop étroites, à l’absence de bureaux et de salles de
travail, bref à tous les inconvénients résultant de l’abandon dans
lequel le Ministère laissait le Musée.
Une réorganisation, voire une refonte totale, s’imposait. C’est à
cette tâche urgente que se consacra d’abord M. Rivet. Il put le
faire avec d’autant plus de force que le rattachement du Musée au
Muséum d’Histoire naturelle lui permettait de s’appuyer sur l’auto-
rité de ce grand organisme scientifique. Il sut montrer à ceux qui en
étaient responsables la nécessité d’une transformation nécessaire au
prestige* de notre pays, et obtenir d’eux les crédits indispensables.
Une forte subvention votée par le Parlement sur le projet d’outillage
national de 1931, l’aide effective du Musée des Colonies, l’appui
financier de la Société des Amis du Musée du Trocadéro réorganisée,
l’assistance directe du Muséum qui consentit de nombreux sacrifices
pour le nouveau Musée, venaient s’ajouter à ceux-ci. Grâce à tous
ces concours, grâce aussi à l’aide désintéressée de collaborateurs dont
il avait su susciter l’enthousiasme, M. Rivet réussit, là où Hamy
avait fini par se décourager et où les efforts de Verneau étaient
toujours restés vains.
Vous savez quel fut le résultat de cette première entreprise. En
moins de quatre ans, le Musée d’Ethnographie était totalement
transformé ; des salles nouvelles étaient ouvertes, des vitrines
modernes remplaçaient les vieux meubles désuets ; des ateliers, une
bibliothèque, une phototèque, étaient instaurés. Une réorganisation
complète des collections était entreprise, leur placement dans les
vitrines fait suivant les conceptions les plus modernes, et le classe-
ment des objets établi suivant une technique rigoureusement
définie. Le chauffage et l’éclairage étaient installés. Six techniciens
ou gardiens nouveaux étaient affectés au Musée. Les crédits enfin
permettaient à celui-ci de tenir son rang et d’organiser des expédi-
tions qui devaient être pour lui une source sans pareille d’enrichisse-
ment. En 1935, le Musée était non seulement devenu un des établisse-
ment les plus populaires de Paris, mais le plus moderne et le plus au
point de tous les Musées d’Ethnographie du monde. 150.000 objets
s’y trouvaient réunis, dont 30.000 déjà avaient été remis en état et
pourvus d’une fiche individuelle.
Cette complète réorganisation ne suffisait cependant pas. Partie
intégrale de la chaire d’Anthropologie du Muséum, le Musée d’Ethno-
— 53 —
graphie était très éloigné du laboratoire de la rue de Buffon. On a vu
d’autre part, que les collections ostéologiques et archéologiques de
celui-ci étaient elles-mêmes à distance de ce laboratoire, état de
choses dont Hamy s’était plaint à maintes reprises. La concentration
de l’Ethnologie dans un même local représentait la solution idéale.
Elle semblait irréalisable lorsque l’Exposition internationale de 1937
offrit une occasion inattendue : la démolition du vieux palais du
Trocadéro et son remplacement par de nouveaux bâtiments, mieux
adaptés à leur destination.
Ceci impliquait la destruction du Musée auquel M. Rivet et ses
collaborateurs venaient de consacrer tant d’efforts. Le sacrifice
était lourd. Mais en échange, on obtenait de nouveaux locaux, corres-
pondant étroitement au but qu’on attendait d’eux et suffisamment
vastes pour loger non seulement ce qui avait été le Musée d’ Ethno-
graphie, mais encore le laboratoire et les collections d’anthropologie
et de préhistoire. C’est de cette réunion que naquit le Musée de
V Homme, organisme de synthèse qui groupait pour la première fois
en un même bloc les trois grandes disciplines que l’on réunit mainte-
nant sous le nom de Sciences de l’Homme : l’Anthropologie physique,
l’Ethnographie et la Préhistoire. Cette réunion répondait à ce qui
avait toujoùrs été l’esprit de la chaire. Pour qu’aucun doute ne sub-
siste, le nom de celle-ci était une nouvelle fois changé et elle devenait
Chaire d' Ethnologie des Hommes actuels et des Hommes fossiles. Mais
pas plus que le précédent, ce nouveau titre ne modifiait sa destina-
tion : elle restait ce qu’elle était effectivement depuis Serres, une
chaire d 'Histoire naturelle de l'Homme.
Je ne veux pas insister sur un passé tout récent, sur le travail
énorme qu’a représenté l’installation du nouveau Musée, sur la
richesse de ses collections, qui comprennent plus de 200.000 objets
dont le classement et l’étude se poursuivent sans arrêt, sur l’impor-
tance de ses laboratoires et des services techniques et scientifiques qui
leur sont annexés. Il me semble plus indiqué de jeter un coup d’œil
sur la réalisation qu’il représente et sur sa valeur dans le cadre
global de l’ethnologie.
La conception réalisée par le Musée de l’Homme a été parfois
critiquée. On lui areproché de grouper artificiellement dans une même
maison des sciences totalement différentes. On a déclaré que, si
l’appartenance de l’anthropologie proprement dite aux sciences
naturelles ne pouvait faire de doute, il en était autrement de l’eth-
nographie, qui relève plus des sciences morales, comme de la pré-
histoire, dont le nom même indique qu’elle se place à la base des
sciences historiques : la réunion de ces trois disciplines sous le cou-
vert des sciences naturelles ne pourrait se faire qu’au détriment des
deux dernières. S’appuyant sur ce raisonnement, on a proposé de
— 54 —
dissocier l’œuvre de synthèse qui venait d’être si laborieusement
réalisée.
Une telle conception peut-elle se soutenir ? Bien qu’elle n’ait
jamais eu que peu d’adeptes, elle mérite d’être examinée car c’est de
son acceptation ou de son rejet que dépendra l’évolution ultérieure
de la chaire.
Je noterai d’abord l’artifice qu’il y a à vouloir séparer complète-
ment des sciences sous prétexte qu’elles appartiennent à des groupes
généraux différents. Chacun sait l’arbitraire de nos classifications
et qu’il est des disciplines qui, par leur nature même, sont en quelque
sorte intermédiaires entre des catégories voisines. La géographie, qui
est chez nous du domaine de la Faculté des Lettres, est, dans d’au-
tres pays, de celui de la Faculté des Sciences. La psychologie animale
relève autant du zoologiste que du philosophe et les géologues, qui
sont des naturalistes, disputent la minéralogie aux physiciens.
Vouloir dissocier les trois sciences qui étudient les groupes humains
sous le seul prétexte que l’une est une science naturelle, la seconde
une science morale, la troisième une science historique, est illogique
car- ce sont là trois faces d’une même entité qu’elles se partagent.
D’ailleurs la base même de l’argumentation invoquée est-elle
exacte ? Jusqu’à quel point le fait de la race n’agit-il pas sur les
mœurs ? Et une très importante partie de la préhistoire n’est-elle pas
du domaine direct de la géologie et de la paléontologie ? Avant de
tirer des conclusions, il faudrait prouver les affirmations émises
à priori. Cela n’a pas encore été fait.
Toute l’histoire de l’ethnologie est d’ailleurs une réponse aux
critiques ainsi formulées. Non seulement la chaire du Muséum s’est
vouée, dès qu’elle s’est dégagée des applications médicales, à l’étude
de l’Homme dans ses diverses manifestations, mais il en est de même
des organismes parallèles existant en France : l’Ecole d’Anthropolo-
gie de Paris étudie côte à côte l’anthropologie physique, l’ethnogra-
phie et la préhistoire ; les deux grandes sociétés que sont celle d’ An-
thropologie de Paris et l’Institut français d’ Anthropologie ont les
mêmes objectifs, et les diverses revues françaises dédiées à l’Anthro-
pologie traitent, elles aussi, de l’Homme sous toutes ses faces. Cette
juxtaposition se retrouve en maints pays étrangers où les Musées
d’anthropologie, d’ethnographie et de préhistoire sont jumelés, où
les mêmes congrès et les mêmes sociétés savantes discutent parallèle-
ment des trois disciplines, où les mêmes périodiques acceptent des
mémoires relevant des unes et des autres.
Il suffit du reste de considérer le Musée de l’Homme pour se rendre
compte à quel degré, du point de vue pratique, l’union ainsi effectuée
a été profitable à toutes : la communauté des services techniques, la
concentration en une seule bibliothèque et une seule photothèque
de tous les matériaux de documentation, simplifient à la fois le
j.
— 55 —
travail de muséologie et la recherche scientifique. Leur dissociation
ferait beaucoup plus perdre à chacune des sciences qu’elle ne leur
ferait gagner. Et la faveur dont jouit auprès du public le Musée de
l’Homme, dans la formule selon laquelle il a été réalisé par le pro-
fesseur Rivet, constitue déjà, à elle seule, le meilleur des referendums.
A tous ces arguments, faut-il encore ajouter que la séparation
demandée par quelques-uns ne serait pas une nouveauté, mais un
retour à ce qui s’était passé entre 1877 et 1928, période où nous avons
vu que le Musée d’ Ethnographie était indépendant du Laboratoire
d’ Anthropologie ? J’ai signalé les difficultés de tout ordre qui avaient
alors entravé son fonctionnement. C’est son rattachement au
Muséum d’Histoire naturelle qui a été à l’origine de son admirable
développement. Après les résultats qu’il a donné, revenir à l’état de
choses antérieur serait un véritable non-sens.
Il paraît donc logique de maintenir la chaire d’Ethnologie dans la
direction qu’elle a toujours suivie jusqu’ici. Mais, pour que cette
direction reste conforme à son programme, il faut que chacune des
disciplines qu’elle embrasse puisse se développer librement, et qu’il
y ait entre elles équilibre. Or, la concentration réalisée au Musée de
l’Homme est récente et les tragiques événements de 1939 ont empêché
certains aervices de s’étendre comme ils l’auraient dû. Si les moyens
d’action donnés à l’ethnographie et l’énergique impulsion qu’elle a
subie, assurent pour de longues années son essor, si la préhistoire,
longtemps négligée elle aussi, a pris maintenant, dans le nouvel
organisme, l’autonomie qu’elle mérite, l’anthropologie physique n’a
pas une place en rapport avec son importance primordiale. Le fait
est d’autant plus regrettable que les collections du Musée de
l’Homme en cette matière comptent parmi les plus belles du monde
et que le rôle de l’ancien Laboratoire d’ Anthropologie du Muséum y
a toujours été de premier plan.
Tout en coordonnant les efforts accomplis dans les divers labora-
toires de la Chaire et en assurant entre eux la liaison nécessaire, la
tâche immédiate du professeur d’Ethnologie doit donc être, semble-
t-il, de rendre ici à l’anthropologie physique la place qu’elle doit avoir
parmi les Sciences de l’Homme. Ainsi sera réalisé un équilibre grâce
auquel le Musée de l’Homme pourra mieux prétendre au but que
s’était proposé son fondateur : être un organisme où races et peuples
sont étudiés parallèlement, dans leur structure physique et dans
leurs manifestations intellectuelles. *
— 56
Rapport sur la Mortalité et la Natalité enregis-
trées au Parc zoologique du bois de Vincennes en 1943.
Par Ach. Urbain, P. Bullier et J. Nouvel.
A. — MORTALITÉ
I. — Mammifères.
Le nombre total de mammifères morts pendant l’année est de 74,
il comprend 47 adultes et 27 jeunes animaux nés au Parc. La répar-
tition de la mortalité dans le temps est exprimée par le graphique
ci-dessous, qui accuse un maximum en avril.
JFMAMJJASOND
Portions pleines : mortalité adultes.
Portions claires : mortalité jeunes.
La liste des morts, établie selon l’ordre zoologique, est la sui-
vante :
Ordre des Primates.
v
Famille des Anthropoïdés.
1 Chimpanzé (Pan satyrus (L.)).
Famille des Cercopithécidés.
1 Cercopithèque de Brazza, ( Cercopithecus neglectus Schlegel).
Bulletin du Muséum, 2e Bérie, t. XVI, n° 1, 1944.
57
1 Cercopithèque mône ( Cercopithecus mono (Schreber)).
1 Cercopithèque moustac ( Cercopithecus cephus (L.)).
1 Magot (Macaca sylvanus (L.)).
Famille des Papioldés.
4 Babouins (Papio papio Desm.).
Ordre des Carnivores.
Famille des Canidés.
1 Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides (Gray)).
Famille des Félidés.
3 Lions (F élis leo L.).
1 Guépard (Acinonyx jubatus (Schreber)).
1 Tigre (F élis tigris L.).
1 Puma ( Puma concolor (L.)).
Famille des Ursidés.
2 Ours bruns ( Ursus arctos L.).
Ordre des Ongulés.
Famille des Suidés.
1 Sanglier d’Europe (Sus scrofa L.).
4 Sangliers d’Indo-Chine (Sus cristatus Wagner).
1 Phacochère ( Phacochserus æthiopicus Pallas).
Famille des Bovidés.
3
1 Bison d’Amérique ( Bison bison L.).
1 Gayal (Bibos frontalis Lambert).
6 Chèvres naines d’Afrique.
1 Mouflon de Corse (Ovis musimon (Pallas)).
1 Mouflon à manchettes (Ammotragus lervia (Pallas)).
1 Guib harnaché (Tragelaphus scriptus (Pallas)).
1 Gnou à queue blanche ( Connochætes gnu Zimm.).
2 Gazelles cervicapres ( Antilope cervicapra Pallas).
3 Gazelles de Perse ( Gazella subgutturosa Guld).
1 Cobe defassa ( Kobus defassa (Ruppel)).
Famille des Camélidés.
4 Lama (Lama glama glama (L.)).
1 Vigogne (Lama glama vicugna (Molina)).
1 Alpaca (Lama glama pacos Gray).
Famille des Cervidés.
1 Daim ( Dama dama (L.)).
1 Muntjac (Muntiacus muntjac Zimm.).
— 58 —
Si l’on classe maintenant ces 47 animaux selon la cause de leur
mort, les quelques rubriques principales suivantes se détachent :
Contusions graves : 14 cas : 1 Babouin, 1 Ours brun, 1 Sanglier
d’Europe, 1 Gayal, 4 Chèvres naines, 1 Mouflon de Corse, 1 Mouflon
à manchettes, 1 Guib harnaché, 1 Gervicapre et une Vigogne.
Tuberculose : 13 cas : 3 Cercopithèques, 2 Lions, 1 Tigre, 3 San-
gliers d’Indo-chine, 1 Phacochère, 1 Bison d’Amérique, 1 Gnou à
queue blanche, 1 Cobe defassa.
Autres maladies microbiennes ou virulentes : 3 cas : 2 Babouins, de
Pseudotuberculose; 1 Lionceau, de typhus des carnassiers de ména-
gerie.
Maladies parasitaires : 2 cas (1 Babouin, distomes, 1 Puma, asca-
ridose et teniasis).
Affections diverses : 15 cas comprenant :
6 altérations de l’appareil digestif : 1 carie dentaire avec nécrose
du maxillaire (Magot), 2 indigestions gastriques (Chèvre naine et
Gazelle de Perse), 1 entérite (Sanglier d’Indochine), 1 nécrose du
foie (Guépard), 1 péritonite (Chèvre naine).
3 lésions du système nerveux : 1 Hémorragie méningée (Chim-
panzé), 1 Kyste de l’encéphale (Lama), 1 Paraplégie (Chien viverrin).
2 lésions de l’appareil circulatoire : 1 myocardite chronique
(Alpaca), 1 rupture d’anévrisme de l’artère iliaque interne (Gazelle
de Perse).
1 affection de l’appareil respiratoire : pleurésie (Ours brun).
1 affection de l’appareil génital : metro-péritonite (Gazelle cervi-
capre).
La mortalité des jeunes intéresse les espèces suivantes : 1 Babouin
( Papio papio Desm.), 5 lionceaux ( Felis leo L.), 6 Sangliers d’Europe
(Sus scrofa L.), 5 Sangliers d’Indochine ( Sus cristaius Wagner),
3 chèvres naines, 1 Mouflon de Corse ( Ovis musimon (Pallas)), 1 Mou-
flon à manchettes ( Ammotragus lervia (Pallas)), 1 Gazelle cervicapre
(Antilope cervicapra Pallas), 1 Lama (Lama glama glama (L.)),
2 Daims (Dama dama (L.)), et un Cerf axis (Axis axis (Erxleb)).
Elle peut être considérée comme fortuite pour les espèces qui ne
figurent dans cette liste que pour une unité, pour les autres, elle
relève de causes que nous n’avons pas toujours pu déterminer.
Les jeunes daims au sevrage s’alimentent difficilement dans le
troupeau, il importera d’isoler les femelles suitées à cette période.
Il en est de même pour les chèvres naines.
La mortalité des jeunes sangliers d’Europe et d’Indochine ne
relève ici ni de cause microbienne, ni de cause parasitaire, il s’agit
probablement, là encore, d’une cause alimentaire : avitaminose
ou carence minérale.
La mortalité des lionceaux a été constatée dès la naissance, ou
quelques semaines plus tard, soit que les mères aient abandonné
leurs petits, soit pour d’autres causes indéterminées.
II. — Oiseaux.
Le nombre total d’oiseaux morts est plus élevé que celui des
mammifères ; il atteint 90 unités dont 77 adultes et 13 jeunes.
Sa répartition dans l’année accuse un maximum en août (12),
JFMAMJJASOND
Traits pleins : mortalité adultes ; traits clairs : mortalité jeunes.
mais celui-ci, encadré des chiffres les plus faibles en juin (6), sep-
tembre (6) et octobre (5), est probablement fortuit ; c’est alors le
chiffre 10 atteint en mars et avril, qui semble devoir être pris comme
maximum saisonnier.
Voici par ordre zoologique la liste de ces 90 oiseaux :
Ordre des S^ruthioniformes.
Famille des Struthionidés.
2 Autruches (Struthio camelus camelus L.).
Ordre des Steganopodes.
Famille des Phalacrocoracidés.
6 Cormorans ( Phalacrocorax carbo carbo L.).
— 60 —
Famille des Pélécanidés.
3 Pélicans ( Pelecanus roseus Gmelin).
Ordre des Ardéiformes.
Famille des Plataléidés.
1 Ibis à tête noire ( Threskiornis melanocephala (Latham)).
1 Ibis falcinelle ( Plegadis falcinellus falcinellus (L.)).
Famille des Ciconiidés.
1 Jabiru du Sénégal (Ephippiorhynchus senegalensis (Shaw)).
1 Marabout ( Leptoptilos crumeniferus (Lesson)),
1 Tantale asiatique (Ibis cinereus (Rafiles)).
Famille des Ardéidés.
2 Hérons cendrés (Ardea cinerea cinerea L.). »
2 Aigrettes garzettes (Egretta garzetta garzetta (L.)).
1 Héron garde bœufs (Bubulcus ibis ibis (L.)).
Ordre des Ansériformes.
Famille des Anatidès.
10 Cygnes blancs (Cygnus olor (Gmelin)).
1 Cygne noir (Chenopsis atrata (Latham)).
2 Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus cygnus (L.)).
3 Oies empereur (Philacte canagica (Sewast)).
1 Oie hybride.
1 Oie céréopse (Cereopsis Nooæ-Hollandiæ Latham).
1 Oie d'Egypte (Alopochen ægyptiaca (L.)).
2 Bernaches nonettes (Branta leucopsis (Bechstein)).
1 Tadorne (Tadorna tadorna (L.)).
1 Péposaca (Metopiana peposaca (Vieillot)).
4 Canards sauvages (Anas platyrhynchos platyrhynchos L.).
1 Sarcelle d’été (Anas querquedula L.).
2 Sarcelles d’hiver (Anas crecca crecca L.).
1 Sarcelle formose ou Sarcelle élégante (Anas formosa Georgi).
1 Canard carolin (Aix sponsa (L.)).
1 Siffleur du Chili (Mareca sibilatrix (Poeppig)).
Famille des Phènicoptêridés.
2 Flammants roses (Phoenicopterus antiquorum Temminck).
1 Flammant rouge (Phoenicopterus ruber L.).
Ordre des Lariformes.
Famille des Laridés.
1 Mouette rieuse (Larus ridibundus L.).
1 Goéland argenté ( Larus argentatus argentatus Pontop.)
»
Ordre des Ralliformes.
Famille des Rallidès.
1 Poule d'eau ( Gallinula chloropus chloropus (L.)).
1 Poule sultane du Maroc (Porphyrio porphyrio (L.)).
Famille des Baléar-icidés.
5 Grues de Numidie (Anthropoïdes virgo (L.)).
1 Grue à cou blanc ( Grus vipio Pallas).
5 Grues antigones (Grus antigone antigone (L.)).
1 Grue couronnée (Balearica pavonina pavonina (L.)).
Ordre des Galliformes.
Famille des Phasianidês.
1 Faisan hoki (Crossoptilon auritum (Pallas)).
2 Faisans dorés (Chrysolophus pictus (L.)).
1 Faisan argenté (Gennæus nycthemerus nycthemerus (L.)).
2 Paons bleus (Pavo cristatus L.).
1 Paon blan (Pavo cristatus L. var. : albus).
1 Pintade huppée (Guttera Edouardi barbata Ghigi).
1 Pintade du Maroc (Numida meleagris Sabyi Hartert).
1 Pintade sp.
1 Dindon sauvage (Meleagris gallopavo L.).
Ordre des Columbiformes.
Famille des Columbidès.
1 Tourterelle à collier (Streptopelia decaocto decaocto (Frivald)).
2 Gouras couronnes (Goura cristata cristata (Pallas)).
Ordre des Psittaciiformes.
Famille des Psittaciidés.
1 Cacatoès des Moluques (Kakatoe moluccencis (Gmelin)).
1 Jaco (Psittacus erithacus erithacus L.).
Ordre des Coraciiformes.
Famille des Bucèrotidès.
Calao d'Abyssinie (Bucorvus abyssinicus (Boddaert)).
Si l’on classe maintenant ces oiseaux selon la cause de leur mort,
on observe la répartition suivante :
Traumatisme grave ou fracture : 19 cas : 1 Marabout, 1 Héron
cendré, 1 Cygne blanc, 1 Cygne musicien, 1 Canard sauvage, 1 Canard
carolin, 2 Flammants, 1 goéland, 3 grues de Numidie, 1 Grue à cou
blanc, 1 Grue antigone, 1 Faisan hoki, 2 Faisans dorés, 1 Paon
blanc, 1 Tourterelle.
Tuberculose : 14 cas : 2 Pélicans, 2 Aigrettes garzettes, 1 Héron
garde-Bœufs, 1 Poule sultane, 2 Grues de Numidie, 1 Pintade
huppée, 1 Pintade sp., 4 Cormorans.
Aspergillose : 6 cas : 1 Cormoran, 1 Oie empereur, 1 Oie céréopse,
1 Sarcelle d’hiver, 1 Grue antigone, 1 Goura couronné.
Autres maladies infectieuses ou virulentes : 7 cas : 5 Cygnes blancs
(Protéose), 1 Poule d’eau (Rouget), 1 Paon bleu (Diphtérie aviaire).
Maladies parasitaires : 2 cas : 1 Grue couronnée, 1 Pintade du
Maroc. '
Affections diverses : 42 cas, comprenant :
9 myocardites : 1 Tantale asiatique, 1 Cygne noir, 2 Oies empereur,
1 Canard sauvage, 1 Sarcelle formose, 1 Sarcelle d’été, 1 Tadorne
et 1 Jaco.
14 cas d’inflammation catarrhale ou congestive de V intestin dont la
cause est restée inconnue : 2 Autruches, 1 Cormoran, 1 Pélican, 1 Ibis
à tête noire, 1 Ibis falcinelle, 1 Jabiru du Sénégal, 1 Cygne blanc,
1 Canard sauvage, 1 Sarcelle d’hiver, 1 Flammant, 2 Grues antigones,
1 Calao d’Abyssinie.
8 cas d’inflammation aiguë ou chronique du péritoine : 1 Cygne
blanc, 1 Oie hybride, 1 Sifïleur du Chili, 1 Canard sauvage, 1 Pépo-
saca, 1 Paon bleu, 1 Dindon sauvage, 1 Goura couronné.
2 Abcès du foie : 1 Mouette, 1 Grue antigone.
4 morts accidentelles au cours de l’élevage : 1 Héron cendré, 1 Oie
d’Egypte, 2 Bernaches nonettes.
1 noyade accidentelle : 1 Faisan argenté.
4 sujets non autopsiés : 2 Cygnes blancs, 1 Cygne musicien, 1 Caca-
toès des Moluques.
Ce rapport montre en tout premier lieu le rôle important des
traumatismes divers et des fractures, comme cause de mort dans les
collections vivantes d’animaux sauvages.
Ces accidents surviennent, dans la plupart des cas, du fait même
des animaux, sans que la responsabilité du personnel qui les soigne
puisse être invoquée.
La seconde cause de mort qui joue un rôle important est la Tuber-
culose, qui frappe aussi bien les oiseaux que les mammifères.
Enfin l’étude des maladies microbiennes et parasitaires et l’intérêt
qui s’attache à la connaissance de la durée moyenne de vie en capti-
vité, montrent l’importance de l’identification des animaux à l’aide
de bagues ou de marques ; malheureusement celles-ci résistent
parfois imparfaitement au temps et avec elles disparaissent les ren-
seignements particuliers que l’on pouvait avoir sur l’animal qui les
p ortait.
63
B. — NATALITÉ
Au cours de cette même année nous avons enregistré
101 naissances se décomposant comme suit : Mammifères : 75 ;
Oiseaux : 26. * ,
Ces chiffres, comparés à ceux des années précédant la guerre,
sont satisfaisants. En effet les chiffres moyens du temps de paix
sont : Mammifères : 70 ; Oiseaux : 23. Nous avons donc en 1943 un
excédent sur la moyenne de 7 % pour les mammifères et de 7,6 %
pour les oiseaux.
Si nous comparons les chiffres des naissances de 1939 à 1943, nous
pouvons, sur un diagramme, constater une augmentation constante
depuis 1940, année ou les naissances sont tombées à 0 pour les
oiseaux et une vingtaine pour les mammifères. Ces chiffres sont les
suivants :
Pour les Mammifères : 1939 : 57 ; 1940 : 21 ; 1941 : 39 ; 1942 : 51 ;
1943 : 75.
Pour les Oiseaux : 1939 : 1 ; 1940 : 0 ; 1941 : 18 ; 1942 : 18 ; 1943 :
26.
Ajoutons que ces chiffres ne comportent que les naissances d’ani-
maux ayant vécu au moins huit jours. Voici la liste de ces nais-
sances.
64
I. — Mammifères.
Obdre des Primates,
Famille des Papioidés.
9 Cynocéphales babouins (Papio papio Desm.). Ces animaux sont
particulièrement bien acclimatés, ce qui explique l’augmentation
constante du nombre des naissances. Les jeunes sont suffisamment
vigoureux pour vivre l’hiver à l’extérieur sous le climat parisien.
Ils naissent en toute saison.
Ordre des Carnivores.
Famille des Félidés.
2 Lionceaux (Felis leo L.). Ces animaux sont nés de lionnes nouvelle-
ment importées.
Ordre des Ongulés.
Sous-ordre des Artiodactyles ruminants.
Famille des Bovidés.
3 Nylgauts , 1 £ 2 Ç (Boselaphus tragocamelus Pallas).
3 Antilopes cervi câpres Ç ( Antilope cervicapra Pallas).
1 Cob de Bufîon Ç ( Adenota ko b (Erxleben)).
5 Chèvres naines du Sénégal (espèce domestique).
5 Mouflons à manchettes 2 3 $ (Ammotragus lervia (Pallas)).
6 Mouflons de Corse 3 3 $ ( Ovis musimon (Pallas)).
1 Buffle de l'Inde $ ( Bubalus bubalis L.).
2 Buffles de Roumanie 1 1 Ç (espèce domestique).
Famille des Cervidés.
5 Daims 2 3 $ ( Dama dama L.).
2 Cerfs rusas 1 1 $ (Rusa unicolor Kerr).
3 Cerfs axis 1 2 $ (Axis axis (Erxleben)).
3 Cerfs d'Eld 3 Ç (Rucervus Eldi Guthric).
1 Cervule muntjac $ (Muntiacus muntjac Zimmermann).
Famille des Camélidés.
1 Dromadaire $ ( Camelus dromedarius L.).
1 Lama $ (Lama glama glama (L.)).
3 Guanacos 1 2 Ç (Lama glama huanacus (Molina)).
1 Vigogne (Lama glama vicugna (Molina)).
SoUS-ORDRE DES ARTIODACTYLES NON RUMINANTS.
Famille des Suidés.
9 Sangliers d'Europe (Sus scrofa L.).
8 Sanglier d’Indo-Malaisie (Sus cristatus Wagner).
y
— 65
II. — Oiseaux.
Sous-classe des Ratites.
Ordre des Struthioniformes.
Famille des Struthionidés.
Nous avons enregistré, comme tous les ans, des pontes chez les Autru-
ches ( Struthio camelus camelus L.). Nous ne possédons pas de couveuse
permettant de les faire incuber.
Famille des Casuaridés.
Un couple d’Emeus (Dromiceius Novæ-Hollandiæ Latham) a produit
7 œufs qui après une durée d'incubation de 59 jours ont donné 3 poussins,
sur ces 3 sujets l'un est mort dès la naissance.
Sous-Classe des Carinates.
Ordre des Galliformes.
Famille des Phasianidés.
2 Paons bleus (Pavo cristatus L.}.
1 Paon blanc ( Pavo cristatus L.) variété albine.
Ordre des Ansériformes.
Famille des Anatidês.
3 Cygnes muets [Cygnus olor (Gmelin)). s,
5 Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus cygnus (L.)).
3 Oies céréopses ( Cereopsis Novæ-Hollandiæ Latham).
3 Oies empereur (Philacte canagica (Sewast)).
5 Oies d'Egypte (Alopochen ægyptiaca (L.)).
1 Bernache nonette ( Branla leucopsis (Bechstein)).
Les naissances ainsi constatées en 1943, en augmentation très
sensible sur les années précédentes, seraient dues à une meilleure
surveillance des accouplements facilitée par la diminution de l’effectif
et à l’alimentation en graines germées riches en vitamine E, appliquée
à tout l’effectif des mammifères herbivores et des oiseaux.
En résumé les naissances enregistrées en 1943 compensent numé-
riquement pour les mammifères la mortalité observée pendant cette
même période ; mais les espèces qui se reproduisent appartiennent
presque toutes à l’ordre des Ongulés, dont l’effectif augmente donc
par rapport à celui des autres ordres. Pour les oiseaux : la balance
est très défavorable, puisque 90 morts ne sont remplacés que par
26 naissances, celles-ci appartenant à part les Emeus à quelques
espèces des ordres des Galliformes et des Anseriformes.
Laboratoire d’ Ethologie des animaux sauvages, Parc zoologique
du bois de Vincennes,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
«
5
Essai de biometrie sur la Chauve-Souris Murine.
Par P. Laurent.
L’observation d’une importante colonie de Murins, résidant
dans la grotte des Fées près des Baux-dé-Provence 1, nous a laissé
mettre en doute l’existence de l’espèce Myotis oxygnathus Mon-
ticelli, ramenée au rang sous-spécifique par Trouessart 2, et
dont l’extension serait « probably coincident with that of M. Capac-
cinii and Pipistrellus Kuhli 3 », intéressant ainsi d’ailleurs assez
peu la faune française 4, d’où la récente littérature en rapporte
cependant une station, située également dans la France méridio-
nale 6 : nous n’avons malheureusement pas pu la visiter au cours
de nos récentes missions de baguage.
En effet, les chiffres des mensurations exécutées sur l’avant-
bras et le cinquième métacarpien d’un grand nombre de Chauves-
Souris adultes 6 de cette colonie englobent largement ceux qu’a
publiés Miller pour M. oxygnathus (figures 1 et 4) ; et il y a de
l’un à l’autre ce passage insensible qu’avait déjà relevé Cabrera
sur 86 Murins de diverses provenances espagnoles, et qui lui avaient
également fait mettre en doute le b\en fondé de la forme de Mon-
ticelli 7 ; toutefois deux Murins de Velletri ont donné à Miller
pour le total de leur troisième doigt des chiffres inférieurs à ceux
que nous avons relevés sur nos 138 sujets de la grotte des Fées
(figure 3), et les collections du Muséum National d’ Histoire Natu-
relle de Paris ne contiennent rigoureusement aucun individu des
provenances énumérées par le Catalogue of Mammals of Western
Europe, qui nous en eût permis la comparaison : ce qui d’ailleurs
n’aurait pas éclairé définitivement cette question, puisque son
auteur admet la coexistence géographique des deux formes 8.
Mais si l’on devait dépasser l’autorité de Miller jusqu’ici incon-
testée et remonter aux sources, c’est-à-dire au type et aux cotypes
1. Bulletin du Muséum, 2e s., t. XIII, n° 6, 1941, pp. 513-516.
2. Faune des Mammifères d’Europe, 1910, pp. 32-33.
3. G.-S. Miller. Catalogue of the Mammals of Western Europe, 1912, p. 202.
4. Didier et Rode. Faune des Mammifères de France, 1935, p. 131.
5. La grotte de Peyroche [Biosp. 447], Ardèche, où Jeannel l’aurait trouvée
isolée, tandis qu’il l 'aurait rencontrée mélangée à M. myotis dans les Pyrénées Espa-
gnoles (Faune Cavernicole de la France, 1926, p. 57).
6. Qui d’ailleurs étaient toutes (à l’exception de quelques des Ç nourrices appar-
tenant à la même wochenstube (ibid., p. 515).
7. Mamiferos de Espana, 1914, pp. 96-97.
8. Ibid., pp. 197-201 : Finalborgo (Ligurie), Rome, Cagliari (Sardaigne).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1943.
— 67
de Monticelli actuellement hors de notre portée, on devrait se
demander si le savant mammalogiste américain a bien eu con-
naissance de ces pièces, car :
1° aucune des provenances originales, Matera, Girgenti, Staf-
farde, ne figure dans les listes d’origine du Catalogue , à l’exception
de celle du type ;
2° les dimensions rapportées pour celui-ci ne sont pas identiques 1,
ce qui est plutôt étonnant, comme si cette Chauve-Souris, conservée
au Musée de Naples, et que Monticelli prêta à son collègue d’outre
Atlantique 2 n’eût pas en réalité fait l’objet de son examen. On se
doit de croire en effet que Miller, au relevé de dimensions diffé-
rentes de celles publiées par le naturaliste Italien sur la même
pièce, n’eut pas manqué de le signaler, et qu’il n’aurait pas publié
les siennes sans remarque. Il est d’ailleurs évident que si le crâne
avait été examiné, ses dimensions eussent également été figurées,
aussi le Catalogue of Mammals of Western Europe n’est-il pas fondé à
donner pour Myotis oxygnathus Monticelli des chiffres qui sont
certainement celles de Chauves-Souris murines recueillies en Europe
méditerranéenne, mais que rien ne prouve avoir convenu à cette
forme localisée par son auteur, si elle existe vraiment, à la seule
Italie et dont la diagnose repose sur des caractères exclusivement
morphologiques (étroitesse du museau, forme de l’oreille, taille d’une
prémolaire 3, couleur de la robe) ; tandis que les dimensions du
type et de ses co-types, ayant l’amplitude de Myotis myotis Bor-
khausen ne sauraient justifier le terme différentiel de smaller et
l’extension géographique qui en résulte.
Sans donc infirmer définitivement l’existence de la forme M. ou
M. m. oxygnathus Monticelli 4 et puisque Cabrera, qui l’avait
aussi suspectée, n’a pu mettre en évidence, à défaut, le mélange
supposé des deux formes en Espagne 6, l’étude biométrique de la
colonie de la grotte des Fées, située dans les limites géographiques
du mélange, eût pu donner la preuve de celui-ci. Mais nos men-
surations, qui ont porté sur ces 138 Murins adultes, dont l’âge
1. Dimensions du type, d’après Miller (ibid, p. 199), tête et corps, 63; Oreille, 23 ;
Tragus, 10,8 ; Avant-bras, 59 ; — d’après Monticelli, tête et corps, 70 ; oreille, 24 ;
tragus, 9 ; avant-bras, 57 (Ann. Accad. O. Costa aspiranti naluralisti, III, 26-xi-1885,
p. 82). \ ‘
2. Note on the Vespertilio oxygnathus of Monticelli, Ann. Mus. Zool. Univ. Napoli
III, 3, 23, IV, 1909, pp. 1-2.
3. Il n’est pas inutile ici de confronter Monticelli : « I premolari superiori sono
più grandi (ibid., p. 82) et Miller «the teeth are not peculiar except their small size »
(ibid., p. 202), contradiction qui vient à l’appui de nos doutes : Miller n’a pas dû
examiner le type.
6- Possible seulement lorsque nous disposerons à la fois du type, des co-types et
d’une notable série comparative de Chauves-souris de même provenance.
5. Parce qu’ayant mesuré l’avant-bras de 86 sujets, il n’en avait pas reproduit
schématiquement les résultats, ni même donné la liste des chiffres qui nous eût permis
de l’établir après lui.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
5.
*
[cRcKcdeo fangurnsm
Ftg. 1 à 4. — Représentation graphique des mensurations effectuées sur 138 des Murins
adultes de la grotte des Fées (en blanc) et par Milleh sur 7 Myotis oxygnathus de
diverses provenances (en grisé).
— 69 —
avait été soigneusement vérifié par l’examen de la livrée et de
l’ossification des épiphyses métacarpiennes et phalangiennes, tout
en nous montrant, après Cabrera, que les plus grands sujets sont
régulièrement les plus âgés — souvent même des individus séniles,
à la denture abrasée et à la robe jaunâtre — nous fournissant la
preuve de l’extrême homogénéité de cette population.
Les représentations des dimensions linéaires les plus courantes
et les plus faciles à prendre directement (avant-bras, fig. 1, 3e méta-
carpien, fig. 2) ou par simple addition (total du 3e doigt, fig. 3, du
5e, fig. 4), sans être superposables, sont si comparables entre elles
par l’amplitude et le sens de leurs variations que celles-ci ne sau-
raient qu’être que strictement individuelles, à l’intérieur même
des limites de variation actuellement connues et publiées pour
M. myotis Borkhausen, l’ancien Vespertilio murinus L. des auteurs.
Le mélange de deux formes, l’une plus petite, l’autre plus grande,
eut donné l’aspect d’un polygone de fréquence bimodal dont on
ne peut même soupçonner l’ébauche, car il est évident que tous
les individus mesurés se répartissent autour d’une moyenne — qui
n’est peut-être d’ailleurs que la moyenne de la colonie étudiée, et
non de l’espèce, — et que plus on mesurera, plus le clocher de la
moyenne sera aigu ; l’aplatissement relatif de la figure 3 prouve
seulement que c’est sur le troisième doigt qu’on a constaté la plus
grande amplitude de variation, mais qu’on peut s’attendre à le
voir ressembler aux trois autres figures proportionnellement aux
mesures effectuées
Enfin on ne manquera pas d’être frappé — ce qui n’est peut-
être qu’une coïncidence — que la dimension chaque fois présentée
par le plus grand nombre de sujets1 ait été rapportée par Miller
pour M. oxygnathus, comme s’il eut, parmi les 7 Chauves-Souris
dont il rapporte les mensurations, mesuré au moins une fois, un
individu, qui loin de s’éloigner par sa taille de l’espèce typique,
eût exactement correspondu à la moyenne d’une colonie typique
de celle-ci.
La colonie de la grotte des Fées parmi laquelle eussent pu se
confondre tous les M. oxygnathus de Miller (et même, au seul
regard de leurs dimensions, tous ceux de Monticelli), est donc
parfaitement homogène, et, comme aucune autre colonie n’a été
semblablement étudiée en France, rien ne permet d’affirmer ou
de soupçonner que la forme oxygnathus y soit représentée avec les
dimensions que lui a assignée Miller ; il est donc beaucoup plus
raisonnable de limiter à l’Italie l’extension d’une forme dont les
seuls caractères différentiels restent de l’ordre d’une morphologie
des plus douteuses.
Laboratoire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux ) du Muséum.
1. Pour l’avant-bras, 58 mm., pour le 3e doigt, total 97 mm., pour le 5e, total’
76 mm.
«
— 70
Catalogue des Types de Gastéropodes marins
CONSERVÉS AU LABORATOIRE DE MALACOLOGIE.
IV. — Fusidae, Buccïnïdae.
Par E. Fischer-Piette et J. Beïgbeder *.
Génre Fusus Bruguière 1792.
Fusus australis Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool. II,
p. 495, pl. 34 fxg. 9-14.
La coquille figurée. Long. 77 mm. Port du Roi Georges. Et trois
paratypes, de 77 ; 76 ; 72 mm., même provenance.
[Fusus conulus Risso. Voir Euthria ].
Meyeria decorata Locard 1897, Exp. Travailleur Talisman, I>
p. 337, pl. 16, fig. 31-34.
Holôtype. Long. 20 mm. (tronqué). Açores 5 un paratype, long.
19 mm. ; Açores ; et le type de la var. ecaudata, long. 19 mm.
Cette espèce est synonyme de Fusus Grimaldii Dautz et H. Fis-
cher (Voir Dautzenberg, Camp. Monaco, fasc. 72, 1927, p. 76).
[Fusus dilatatus Qoy et Gaimard. Voir Siphonalia ].
Murex fortis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 195,
pl. 7, fig. 100.
Un exemplaire. Long. 21 mm. Ce n’est pas la coquille figurée
pl. 7, mais elle est figurée sur la pl. 43 inédite (voir Th. Monod,
inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931).
Cet exemplaire est un Fusus syracusanus Lamk., et on peut très
bien admettre que la figure de la planche 7 représente aussi cette
espèce.
[Fusus fragilis Risso. Voir Aporrhais .]
[Fusus glaber Risso. Voir Columbella .]
[Fusus lineatus Quoy et Gaimard. Voir Euthria .]
Fusus Rissoianus Locard 1891, Coq. mar. côtes Fr., p. 106
(sans figure).
1. Suite des notes parues dans le t. XV de ce Bulletin. Pour la façon dont a été
conçu ce catalogue, et pour le sens donné aux mots holotype, syntype, paratype, voir
t. XV, p. 203. Nous rappelons que ce catalogue comporte l’identification des types
de Savigny et de Risso.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 1, 1944.
Parmi les 8 exemplaires étiquetés sous ce nom dans la collection
Locard, 4 peuvent être considérés comme les syntypes de l’espèce :
ce sont 3 coquilles de Cette (28 5 33 j 40 mm.) et 1 du golfe de Fos
(45 mm.).
[Fusus rufus Hombron et Jacquinot. Voir Euthria.]
Fusus sectus Locard 1897, Exp. Travailleur-Talisman, I, p. 331,
pl. 17, fig. 1-4.
Holotype. Long. 25 mm. Dragage 72, Ouest du Sahara.
Fusus turris Valenciennes 1833, Coq. univalves, Voy. de Hum-
boldt et Bonpland, p. 287 (sans figure).
Deux individus d’Acapulco, marqués comme types, ont 180 et
173 mm. de long, donc plus que n’indique Valenciennes (près de
six pouces, soit environ 160 mm.).
[Fusus vittatus Quoy et Gaimard. Voir Euthria .]
[Fusus ZELANDicus Quoy et Gaimard. Voir Siphonalia.]
Genre Meyeria Dunker et Metzger 1878.
[Meyeria decorata Locard 1897. Voir Fusus.]
Genre Fasciolaria Lamarck 1801.
Fasciolaria Savignyi Tapparone-Canefri 1875, Muricidi Mar
Rosso, Ann. Mus. Civ. Genovay Vil, p. 612. Figuré par Savigny,
Expéd. d’Egypte, Coq. pl. 4, fig. 14).
Holotype (Collection Savigny). Long. 30 mm. Cette espèce s’iden-
tifie à Fasciolaria lignaria L.
Fasciolaria sulcata Lesson 1842, Revue zoologique , p. 212 (sans
figure).
Un paratype. Long. 30 mm. Acapulco.
Genre Peristemia Môrch 1852.
Turbinella clathrata Valenciennes 1841, in Kiener, Coq. viv.,
p. 46, pl. 18, fig. 4.
Holotype. Long. 27 mm.
— 72
Turbinella iricolor Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle
Sud, p. 112 ; pl. 25, fig: 25-27.
Holotype. Long. 25 mm. Détroit de Torrès.
Turbinella maculata Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle
Sud, p. 113 ; pl. 25, fig. 32-33.
Holotype. Long. 32 mm. Mangareva.
Turbinella tigrina Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud,
p. 113, pl. 25, fig. 30-31.
Holotype. Long. 21 mm. Amboine.
Genre Neptunea Bolten 1798.
Neptunia antiquata Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman,
I, p. 356, pl. 17, fig. 18-19.
Holotype. Long. 83,5 mm. Dragage n° 9 du Travailleur.
Neptunia ecaudis Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman,
I, p. 368, pl. 18, fig. 5-6.
Holotype. Long. 27 mm. Dragage n° 2 du Travailleur.
Neptunia Nicolloni Locard 1891, U Echange, Revue linnêenne ,
n° 77, p. 34 (sans figure).
Six exemplaires, collection Locard, long. 69 à 74 mm., provenances
Belle-Isle, Saint-Nazaire, Ile d’Yeu.
Neptunia peregra Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I,
p. 371, pl. 18, fig. 8-11.
Holotype. Long. 29 mm. Et un paratype de 24,5 mm. Dragage
n° 2 du Travailleur.
Neptunia pupoidea Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman,
I, p. 363, pl. 17, fig. 26-28.
Holotype. Long. 22,5 mm. Dragage n° 2 du Travailleur. Et nom-
breux paratypes.
Neptunia torra Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I,
p. 361, pl. 17, fig. 26-28.
Deux exemplaires, l’un de 41 mm., mentionné p. 362, l’autre de
38 mm. qui est la coquille figurée. Dragage n° 9 du Talisman. Et de
nombreux paratypes.
Genre Siphonalia A. Adams 1863.
Purpura baccata Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud,
p. 87, pl. 22, fig. 9-10.
Holotype. Long. 18 mm. Provenance : Ternate.
Fusus dilatatus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool.,
Il, p. 498, pl. 34, fig. 15-16.
Holotype. Long 75 mm. Provenance : Nouvelle-Zélande. Et 7 para-
types, de même provenance, mesurant : 120 ; 102 ; 84 ; 76 ; 58 ; 55 j
38 mm.
Fusus zelandicus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool.,
II, p. 500, pl. 34, fig. 4-5.
Deux paratypes, long. 36 et 27 mm., Nouvelle-Zélande.
Genre Pisania Bivona 1832.
Purpura variegata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p, 167
(sans figure).
Quatre exemplaires de 23, 22, 21 et 20 mm. Ce sont des Pisania
maculosa Lamk. La figure de la planche inédite n° 32 (voir Th.
Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931)
représente cette même espèce.
Genre Euthria Gray 1850.
Purpura alba Risso 1826, Hist. Nat. Eur. mérid., IV, p. 167
(sans figure).
Un échantillon, que sa longueur (43 mm.) désigne comme étant
celui que mentionne le texte (45 mm.). C’est un Euthria cornea L.
roulé. La figure de la planche inédite n° 32 (voir Th. Monod, inven-
taire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931) représente
également un exemplaire roulé de Euthria cornea L.
Euthria cerealis Rochebrune et Mabille 1889, Miss. sc. Cap
Horn, Mollusques, p. 60, pl. 2, fig. 4. .
Nombreux échantillons provenant de la Mission du Cap Horn.
— 74 —
Fusus conulus Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IY, p. 207
(sans figure).
Deux exemplaires. Long. 37,5 et 36,5 mm. Ce sont des jeunes de
Euthria cornea L. La figure de la planche inédite n° 48 (voir Th.
Monod, inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931)
représente cette même espèce.
Euthria g racilis Locard 1891, Bull. Soc. Malac. Fr., VII, p. 215
(sans figure).
Parmi les 3 échantillons étiquetés sous ce nom dans la collection
Locard, deux présentent les dimensions indiquées dans le texte
23,5 mm. Nice ; 25 mm., Marseille), et peuvent être considérés
comme les syntypes de l’espèce.
Fusus lineatus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool. II,
p. 501, pl. 34, fig. 6-8.
La coquille figurée. Long. 30 mm. Nouvelle-Zélande. Et quatre
paratypes, de 27, 26, 25, 22 mm., même provenance.
Euthria major Locard 1891, Bull. Soc. malac. Fr., VII, p. 209
(sans figure).
Cette espèce est fondée sur des citations d’autres auteurs, et sur
la collection Locard qui en referme de nombreux exemplaires
mesurant de 29 à 66 mm.
Fusus rufus Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 107,
pl. 25, fig. 1-3.
Holotype. Long. 29 mm. Provenance ; Magellan. Et deux para-
types, de 24 mm. chacun, même provenance.
Euthria saharica Locard 1897, Exp. sc. Travailleur-Talisman, I,
p. 326, pl. 16, fig. 17-20.
Holotype. Long. 45 mm. Et un para type de 34 mm. Dragage
n° 71 du Talisman.
Fusus vittatus Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool. IL
p. 504, pl. 34, fig. 18-19.
La coquille figurée. Long. 20 mm. Nouvelle-Zélande Et deux
paratypes, de 17 et 14 mm., même provenance.
Genre Cantharus Bolten 1798.
Buccinum bolivianum Souleyet 1852, Voy. Bonite, p. 610, pl. 41,
fig. 22-24.
Deux syntypes, mesurant tous deux 7 mm. Provenance : Bolivie.
Murex haneti Petit de la Saussaye 1856, Journ. Conchyl., V»
p. 90, pl. 2, fig. 7-8.
— 75 —
Un paratype, long. 37 mm., provenance Brésil, mentionné par
Poirier (Révis. Murex Mus., p. 187). Le type est dans la collection
du Journal de Conchyliologie.
Purpura reticulata Risso 1826, Hist. Nat. Eur. mérid., IV,
p. 167 (sans figure).
Cinq échantillons, de 22, 18, 18, 17 et 16 mm. Ce sont des Can-
tharus Orbignyi Payr.
Murex sulcatus Gmelin 1790 (non Born), Syst. Nat. éd. XIII,
p. 3549.
Espèce fondée uniquement sur « Le Tafon » d’AüANSoN (1757,
Hist. Nat. Sénégal, p. 133 ; pl. 9, fig. 25). Cinq échantillons ont été
retrouvés dans la collection d’Adanson. La coquille figurée n’est pas
parmi eux.
Genre Buccinum Linné 1767.
Buccinum affinis Lesson 1842, Revue Zoologique, p. 237 (sans
figure).
Holotype. Longueur 38 mm.
Tritonium Bayani Jousseaume 1883, Bull. Soc. Zool. Fr., p. 191,
pl. 10, fig. 5.
Holotype. Long. 129 mm. Provenance : Japon.
[Buccinum bolivianum Souleyet. Voir Cantharus .]
[Buccinum cancellatum Quoy et Gaimard. Voir Phos ].
[Buccinum Charcoti Lamy. Voir Harpovoluta .]
[Buccinum Delalandei Kiener. Voir Cominella .]
[Buccinum floridanum Lesson. Voir Nassa ].
[Buccinum globosum Quoy et Gaimard. Voir Nassa].
[Buccinum miga Bruguière. Voir Nassa.]
[Buccinum miran Bruguière. Voir Bullia.]
Buccinum Monterosatoi Locard 1887, Contrib. Faune malac.
Fr., X, Monogr. Buccinidae, p. 109, pl. fig. 15.
Quatre exemplaires, collect. Locard, long. 47 et 46 mm. (Mar-
tigues), et 41 et 38 mm. (Saint-Henri, B. d. R.).
[Buccinum muricatum Quoy et Gaimard. Voir Nassa].
[Buccinum nifat Bruguière. Voir Clavatula.]
[Buccinum Quoyi Kiener. Voir Cominella.]
[Buccinum senegalicum Gmelin. Voir Cassis.]
[Buccinum soni Bruguière. Voir Chauvetia.]
Buccinum tulipa Lesson 1842, Revue Zoologique, p. 238 (sans
figure).
Holotype. Long. 20 mm. Provenance : Acapulco.
Genre Cominella Gray 1850.
Buccinum Délai, andei Kiener 1834, Coq. Viv., p. 15, pl. 5, fig. 14.
Holotype. Long. 36 mm. Provenance : Le Cap. Et deux paratypes,
de 31 et 27 mm., même provenance.
Buccinum Quoyi Kiener 1834, Coq. viv., p. 16, pl. 5, fig. 13.
Holotype. Long. 41 mm. Provenance : Nouvelle-Zélande.
Genre Clea A. Adams 1855 (Sous-genre Canidia H. Adams
1862).
Canidia harmandiana Rochebrune 1881, Bull. Soc. Philom.,
29 oct., p. 60 (sans figure).
Holotype. Long. 16 mm. Et quatre paratypes, de 15, 14, 13 et
12 mm.
Melania helena (Meder) Philippi 1847, Abbild. Beschr. Conch.,
p. 20-170, pl. 4, fig. 4.
Cinq échantillons, Mr Meder 1842, Java, probablement para-
types. Long. 20,49, 18, 17 mm.
Canidia stomatodonta Rochebrune 1881, Bull. Soc. Philom.,
29 oct., p. 61 (sans figure).
Holotype. Long. 19 mm.
Genre Eburna Lamarck 1822.
♦
Eburna immaculata Jousseaume 1883, Bull. Soc. Zool. Fr.,
p. 192, pl. 10, fig. 2.
Holotype. Long. 33 mm.
77
Genre Phos Montfort 1810.
Buccinum cancellatum Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe,
Zool., II, p. 449, pl. 32, fig. 30-31.
Cinq exemplaires de Vanikoro. Parmi eux, deux mesurent 20 mm,,
et paraissent correspondre, l’un à la fig. 30 et l’autre à la fig. 31.
Les autres exemplaires ont : 21,5 ; 18 ; 16 mm.
Genre Donovania Bucq.„ Dautz. et Dollf. 1882. Voir Chauvetia.
Genre Lachesis Risso 1826. Voir Chauvetia.
Genre Chauvetia Monterosato 1884.
Donovania Bourguignati Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr.,
p. 72 (sans figure).
Holotype. Long. 7 mm. Provenance : Cette.
Donovania Dautzenbergi Pallary 1926, Explic. pl. Savigny,
Mém. Inst. Egypte, XI, p. 71 (Figuré par Savigny, Expéd. d’Egypte,
Coquilles, pl. 4, fig. 20).
Holotype : l’exemplaire de Savigny, sur la figuration duquel est
fondée l’espèce de Pallary. Long. 5,5 mm.
Buccinum soni Bruguière 1789, Encycl. méth., Vers. I, p. 283.
Espèce fondée sur « Le Soni » d’ADANSON (1757, Hist. nat. Sénégal,
p. 151, pl. 10, fig. 6), dont 8 exemplaires ont été retrouvés et étudiés
par E. Fischer-Piette (1942, Les Moll. d’Adanson, p. 247, pl. 8,
fig. 11-14).
Chauvetia Turqueti Vélain 1876, C. R. Ac. Sc. ; Arch. Zool.
exp. gén., VI, p. 107, pl. 2, fig. 18-19.
Holotype. Long. 4 mm. Provenance : Ile Saint-Paul.
Genre Savatieria Rochebrune et Mabille 1885.
Savatieria frigida Rochebrune et Mabille, 1889, Miss. Scient.
Cap Horn, Mollusques, p. 65, pl. 2, fig. 5.
Deux échantillons de la Baie Orange. L’un a les dimensions indi-
quées dans le texte (7 mm.), l’autre celles de la figure (6 mm.).
(A suivre.)
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
Contribution a la Flore de la Nouvelle-Calédonie
LXXXIV. — PLANTES DE COLLECTEURS DIVERS (suite).
Par A. Guillaumin.
Agation Pancheri Brong. — Houaïlou (Vieillard).,
A Vieillardii Brong. — Balade ( Vieillard 112 pro parte).
Calophyllum caledonicum Vieill. et Planch. et Tr. — Pouébo, Wagap
( Vieillard 174).
Sida rhombifalia L. — Nouméa ( Vieillard 140 a).
Hugonia Deplanchei Vieill. ex Guillaum. — Sans localité ( Pancher
606).
H. neo-caledonica Vieill. ex Guillaum. — Sans localité (Vieillard 16).
Tristellateia australasica A. Rich. — Ponérihouen (Vieillard 2195).
Celastrus paniculata Willd. var. Balansæ Loes. — Nouméa
(Deplanche 92 in Vieillard 3076).
Acronychia lævis Forst. — Wagap (Vieillard 285).
Murraya exotica DC. — Gatope (Vieillard 312).
Acacia spirorbis Labill. — Balade, Touho, Canala, Nouméa (Vieil-
lard 412).
Eugenia ericoides Guillaum. — Sans étiquette.
E. ploumensis Dânik. — Canala (Vieillard 782).
Casearia Melistaurum Spreng. — Balade (Vieillard 873, 874).
Melodinus Balansæ Baill. — Pouébo (Deplanche 65 in Vieillard 2978).
M. phyllireoides Labill. — Wagap (Deplanche 69 bis in Vieillard
2976), Gatope (Vieillard 2977, 945 ?), Gomonen ( Vieillard ),
Paaba (Deplanche 88).
Rauwolfia semperflorens Schltr. — M’bée (Deplanche 63), Canala
(Vieillard), Poume (Vieillard 915), Poume, Tanlé (Deplanche 458),
Cap Tonnerre (Vieillard 196).
R. viridis Guillaum. — Gatope, Témala (Vieillard 2971).
Psychotria collina Labill. — Sans localité (Vieillard 696).
P. deverdiana Guillaum. — Gatope (Vieillard 3050).
P. nummularioides Guillaum. — Lifou (Deplanche 29), « Feto ».
T apeinosperma wagapense Mez ? • — Balade (Vieillard 1035). Inflo-
rescence atteinte de phyllomanie.
Leptostylis filipes Benth. — Cap Tonnerre (Deplanche 209). C’est
à tort que Bachni indique en Nouvelle-Calédonie le Plancho-
nella antheridifera White et Francis, Busna ou Lane-Poodle Ta
découvert est en Nouvelle-Guinée.
Bulletin du Muséum, 2e 6érie, t. XVI, n° 1, 1944.
79 —
Podochrosia Balansæ Baill. — Sans localité ( Vieillard 2975 in Pan-
cher), Wagap ( Vieillard 2948).
Cerhera Odollam Gaertn. — Très commun ( Deplanche 55 in Vieillard
962), Gatope ( Vieillard ).
C. obtusifolia von Heurck et Müll. Arg. — Gatope ( Deplanche 240),
Gomonen ( Vieillard ).
Cerberiopsis Candelabrum Yieill. ex Panch. et Seb. — Wagap
[Vieillard 971).
Ochrosia miana Baill. • — Canala ( Vieillard 2954), Balade ( Vieillard
969).
O. parviflora Hemsl. — Nouméa, Gatope, etc. ( Vieillard 1073),
Balade ( Veillard 967), Tanlé [Deplanche 130), Mouac, Tanlé
Deplanche 100).
Alyxia affinis v. Heurck et Müll. Arg. — Sans localité [Vieillard
11, 949 pro parte).
A. breviflora v. Heurck et Müll. Arg. — Sans localité [Vieillard
314), Balade [Vieillard 953, 933 = 951), Tanlé [Vieillard 124).
A. brevipes Schltr. — Gatope [Vieillard 954 pro parte), Lifou [De-
planche).
A. caletioides Guillaum. — Sans localité [Pancher).
A. Johnsoniæ S. Moore — Sans localité [Deplanche 32), Nouméa
[Vieillard 2961), Canala [Vieillard 2962 et sans n°), Wagap [Vieil-
lard 2963), Pouébo [Deplanche 31 in Vieillard 959), Gatope [Vieil-
lard 2961, 2965), Wagap, Gatope [Vieillard 2961).
A. leucogyne v. Heurck et Müll. Arg. — Wagap [Vieillard 944),
île Grand Tupiti [Vieillard 958, Deplanche in Vieillard 944).
A. Microbuxus Guillaum. • — Gatope [Vieillard 2967, pro parte 2969,
Deplanche 429 in Vieillard 2969), Gomonen ( Vieillard ), Tupiti
[Deplanche 429 in Vieillard 2969).
A. nummularia S. Moore. — Wagap [Vieillard 2964), Gatope
[Vieillard 2965).
A. podocarpa v. Heurck et Müll. Arg. — Nouméa [Vieillard 959),
Pouébo [Deplanche 454).
A. rosmarinifolia Guillaum. — Gatope [Vieillard 2966 pro parte,
2967 pro parte, 2970), Gomonen [Vieillard 2970).
A. torqueata Guillaum. — Canala, Gatope [Vieillard 2968), Gatope
[Vieillard 2966 pro parte).
Alstonia Balansæ Guillaum. — Sans localité [Vieillard 758).
A. cfr. A. Balansæ Guillaum. ? — Gatope [Vieillard 2947).
A. coriacea Panch. ex Guillaum. (nomen) S. Moore (descript.) ? —
Canala [Vieillard 708).
A. filipes Schltr. ex Guillaum. — M’bée [Vieillard 930), Balade
[Vieillard 926), Poume [Deplanche 462).
A. Legouixiæ v. Heurck et Müll. Arg. — Sans localité [Pancher in
Vieillard 2943), Ounia [Vieillard 918), Wagap [Vieillard 920).
— 80
A. lanceolata V. Heurck et Müll. -Arg. — Balade ( Vieillard 928).
A. Lenormandii v. Heurck et Müll. Arg. — Nouvelle-Calédonie
[Vieillard 2956).
A. linearifolia Guillaum. - — Poume ( Vieillard 202), Poume, Gomonen
[Vieillard 221), Cap Tonnerre, Néhoué [Vieillard 2950, Deplanche
466 in Vieillard 2950 et in Mus. néocal. 115).
A. plumosa Labill. — Sans localité [Vieillard 929), Wagap ( Vieillard )>
Balade [Vieillard 916, 923, 970).
A. quaternala v. Heurck et Müll. Arg. ■ — Sans localité [Vieillard 324).
Canala [Vieillard 2942), Wagap [Vieillard), Pouébo [Deplanche 157,
459, 456 = 452 in Vieillard 2944), Diaoué [Vieillard 932).
Pagiantha cerifera Mgf. — Canala [Vieillard 972), Balade [Vieil-
lard, 967), Hienghène [Vieillard 2957), Schio [Deplanche! 4).
Ervatamia orientalis Turrill — Sans localité [Vieillard 763).
Personsia cfr. P. affinis Baill. ? — Sans localité ( Pancher ).
P. angustifolia Baill. — Balade [Vieillard 984 bis).
L’échantillon : Balade [Vieillard 982) sans fleurs dans l’herbier
de Paris y est rapporté par Bâillon à cette espèce ; en réalité c’est
une Asclépiadacée ainsi que le montre l’échantillon de Caen qui
est fleuri.
P. Balansæ Baill.
C’est par suite d’un lapsus que l’échantillon : Dumbéa [Le Rat
2623) a été indiqué comme « Marsdenia » Balansæ, c’est « Par-
sonsia » Balansæ qu’il faut lire.
P. brachiala Baill. ex Guillaum. — Sans localité [Pancher 29, Vieil-
lard 2984 ?, Deplanche 474 in Vieillard 2984), Balade [Vieillard
944).
P. cfr. P. brachiata Baill. ex Guillaum. — Sans localité [Vieillard 979,
Deplanche 72), Balade [Vieillard 936, 938), Gatope [Vieillard
2992).
Le type du P. brachycarpa de Bâillon : Poume [Balansa 3283) est
en fruit ; les échantillons de Caen ont quelques fleurs et montrent
évidemment qu’il s’agit non d’une Apocynacée mais d’une Asclé-
piadacée du genre Marsdenia, ce sera le Marsdenia bracycarpa.
Guillaum. nom. nov. — Wagap [Vieillard 3002), Canala [Vieil-
lard 3002).
P. calophylla Baill. ex Guillaum. • — Canala [Vieillard 2981), Wagap
[Vieillard 2982), Balade [Vieillard 942).
P. carnea Panch. ex Guillaum. — Sans localité [Vieillard 975, 979),
Mont Mou [Deplanche 73 in Vieillard 2993), Néhoué [Deplanche
472 in Vieillard 3005), Canala [Vieillard 2987), Deplanche 71 in
Vieillard 2985).
P. cfr. P. carnea Panch. ex Baill. — Sans localité [Pancher 270 in
Vieillard 2994), Balade [Vieillard 940).
P. catalpæcarpa Baill. - — Sans localité ( Deplanche 72 in Vieillard
935), Sommet d’Arama ( Delpanche 72 in Vieillard 935, Deplanche
150).
P corymbifera Baill. ex Guillaum. — Balade ( Vieillard 941).
P. edulis Guillaum. • — Nouméa ( Vieillard 2983).
P. Francii Guillaum. — Wagap ( Vieillard 3001).
P. glaucescens Baill. ex Guillaum. ? — Poila ( Vieillard 985), île des
Pins ( Pancher 268 ?).
P. populifolia Baill. — Canala ( Vieillard 939).
P. rigida Baill. — Paulotche ( Vieillard 2986).
P. scabra Guillaum. — Sans localité ( Vieillard 943).
P. sp. nov. ? Canala {Vieillard 972), Gatope ( Vieillard 2989).
P. sp. nov. ? — .Tanlé ( Deplanche 43 et 473 in Vieillard 2988).
P. sp. nov. ? — Sans localité {Deplanche 227), Canala {Deplanche 228).
Marsdenia Balansæ Baill. — Sans localité {Vieillard 382), Poila
{Vieillard 973).
M. Billardieri Dcne. — Sans localité {Vieillard 983), Yaté {Vieillard
983), Gomonen {Deplanche 68 in Vieillard 984).
M. ! lyonsioides Schltr. ?? — Poila {Vieillard 985).
M. microstoma Schltr. — Canala {Vieillard), Tanlé {Deplanche 128,
468 in Vieillard 984 bis pro parte et 120 in Mus. néocal.), Gomonen
{Deplanche 68 in Vieillard 984), Gatope {Vieillard 984 bis, 2992 pro
parte, 3004). Gatope, Néhoué {Vieillard 3004).
M. oubatchensis Schltr. — Nouméa {Vieillard 981), Gatope {Deplan-
che 470 in Vieillard 982 pro parte).
M. Pseudo-Parsonsia Guillaumin sp. nov.
Sarmentosus, ramis gracilibus, flexuosis, cito glabris, foliis linearibus
vel angustissime ellipticis (3,5-7 cm. X 0,8 — 0,3 cm.), apice acutis, rariu ,
rotundatis, basi rotundatis, rigide membranaceis , glabris, nervis inconspicui s
petiolo circa 5 mm. longo, primum sparse puberulo. Umbellæ axillares,
paucifloræ, pedunculo puberulo, pedicéllis æquilongo, circa 3 mm. longo, calyce
segmentis ovatis, 1 mm. longis, apicem versus, sparse ciliolulatis, corolla
urceolata, 3 mm. longa, lobis ovatis, tubo fere æquilongis, extra glabra, intus
fauce dense rigide barbata, infra sparsius molliter pilosa, coronæ foliolis
dimidio superiore liberis, lanceolatis membranaceisque, stigmatis apicem
superantibus, infra incrassatis, dorso antherarum adnatis, appendice hyalino
apice truncato erecto, pollinis oblongis, retinaculo cylindrico dimidio bre-
viore, caudiculis brevissimis, stigmate actue umbonato.
Montagnes {Vieillard 988), Balade {Vieillard 982), Balade, Gatope
Vieillard 982), sommet d’Arama {Deplanche 149 et 471 in Vieillard
988).
L’échantillon: Balade {Vieillard 982), sans fleurs dans l’herbier de
Paris, y est rapporté par Bâillon à son Parsonsia angustifolia et
cité {Bull. Soc. Linn. Paris I, p. 776) comme l’un des types de son
espèce.
— 82
Secamone insularis Schltr. — Nouméa ( Deplanche 70 in Vieillard 981),
Wagap ( Vieillard 2998), Wagap, Arama ( Vieillard 2998), Bondé
[Vieillard 986), Poume ( Deplanche 467 in Vieillard 2997), Gatope
[Vieillard 986).
— Var. angusla Schltr. — Wagap [Vieillard 2996), Tanlé [Deplanche
135), Poume [Delanche 467 in Vieillard 2997).
Sarcostemma australis R. Br. — Gatope [Vieillard 976).
Sarcolohus lifuensis Guillaum. — Yaté [Vieillard 974), Lifou [Vieil-
lard 974).
Tylophora micrantha Guillaum. sp. nov.
Sarmentosus, ramis minutissime puberulis, foliis ovatis (3-4,5 X 2-3 cm.),
apice rotundatis, basi rotundatis truncatis vel subcordatis, glabris, mem-
branaceis, triplinerviis, petiolo gracili, 1,5-2 cm. longo. Inflorescentiae
axillares, paniculatim umbellatae, parce ramosæ, multifloræ, ad 3 cm.
longæ, floribus minutis, pedicello tereti, circa 2 mm. longo, calycis segmen-
tis ovatis, obtusis, 0,5 mm. longis, corollae lobis lanceolatis 1 mm. longis,
intus rigide pilosis, extra glabris, tubo 2 -plo breviore, glaberrimo, coronae
foliis tubo staminum alte adnatis, carnosis, lanceolatis, staminibus aequi-
longis, antheris quadratis, appendice hyalina rotundata brevi, polliniis
obovoideis, translatorribus brevissimis, glandula lineari, brevi, stigmatis
capite umbonato.
Balade [Vieillard 987).
Remarquable par ses fleurs minuscules, sa corolle à poils
raides formant brosse en dedans et la grande longueur des pièces
de la coronule. Diffère des Tylophora typiques par ses pollinies
atténuées vers le caudicule qui est extrêmement court et s’en
distingue mal.
T. anisotomoides
T. tapeinogyne
T. insulincola
T. micrantha
T. tapeinogyne Schltr. ■ — Sans localité [Deplanche 62 in Vieillard
2993, Pancher 271).
Hoya neo-caledonica Schltr. • — Sans localité [Vieillard 975), Balade,
Canala [Vieillard). *
Mitrasacme nudicaulis Reinw. < — Nouvelle-Calédonie [Vieillard
2332).
*M. polymorpha R. Br. — Lifou [Deplanche j.).
Correspond à la forme très velue qu’on a appelée M. cinerascens.
Geniostoma Balansæanum Baill. — Mont Koghi [Pancher 543).
G. densiflora Baill. — Paulotche près Gatope [Vieillard 3006).
G. Deplanchei Vieill. — Nouméa [Vieillard 3014), île des Pins [Pancher
623).
G. fœtens Baill. — Nouvelle-Calédonie [Vieillard 2470), Lifou [De-
planche 59 in Vieillard 3015).
Corolle glabre, pièces de la coronule plus courtes que
les anthères
Corolle velue en dedans, pièces de la coronule aussi
longues que les anthères
C. glaucescens Schltr. ■ — Pouébo ( Deplanche in Vieillard 3015).
G. oleifolium S. Moore — Baie de Tupiti ( Deplanche 476 bis, in
Vieillard 3016).
G. oleifolium S. Moore ? — Wagap ( Vieillard 3018, 3019, 3019 bis),
Tupiti ( Deplanche 476 bis), Tupiti, Poume ( Vieillard 212, 3016),
Touho ( Vieillard 3017,) M’bée ( Vieillard 704).
G . Pancheri Baill. — Sans étiquette, Nouvelle-Calédonie (. Deplanche
18 in Vieillard 3009), Canala ( Vieillard 3020), Balade ( Vieillard
701), Poume ( Pancher 130).
G. Vieillardii Baill. • — ■ Pouébo ( Deplanche 476 in Vieillard 3013 et
131 in Mus. néocal.).
G. sp. cfr. G. Vieillardii Baill. — Nouvelle-Calédonie ( Deplanche 17
pro parte in Vieillard 3021).
Fagræa Schlechteri Gilg et Ben. — Canala ( Vieillard 963), Balade
( Vieillard 963).
Nymphoides indicum O. Ktze.
Il semble qu’il y ait 2 types, l’un à grandes feuilles atteignant
15 cm. de diamètre : Paita ( Balansa 1378), Gatope ( Vieillard 3022),
l’autre à petite feuilles de 2-6 cm. de diamètre : Nouvelle-Calédonie
(. Deplanche 76, Vieillard 991, Védel), Canala ( Pancher 590), Wagap
( Vieillard 991) « Warrenedo ».
La petite forme serait spéciale aux mares, fossés et cultures irri-
guées tandis que la grande ne se trouverait que dans les mares.
Erythræa spicata L. — Nouméa ( Vieillard 76), Wagap ( Vieillard 990).
*Cordia Cumingiana Vidal — Wagap ( Vieillard 3033).
C. Myxa L. — Wagap ( Vieillard 1022), Pati, Pouébo (Deplanche).
C. subcordata Lam. — Balade (Vieillard 1023), île des Pins (Pancher
in Vieillard).
Ipomæa Baiatas Lam. • — Balade (Vieillard 1009).
I. biloba Forsk. — Balade, Gatope (Vieillard 1015).
I. Bona-Nox L. — Nouvelle-Calédonie (Vieillard 1016), Gatope
(Vieillard 3029).
I. campanulata L. ■ — Nouvelle-Calédonie (Vieillard 1010).
I. congesta R. Br. • — Port boisé (Vieillard 3030).
I. digiiala L. - — La Conception (Pancher 622).
I. palmata Forsk. — Gatope (Vieillard 1008).
Jacquemontia paniculaia Hallier f. — Nouméa (Deplanche 482 in
Vieillard 1014), Gatope (Vieillard 1014).
Polymeria pusilla R. Br. — Nouméa, Gatope (Vieillard 1017).
Solanum auriculatum Ait. — Boulari (Pancher).
S. sp. voisin de S. austro-caledonicum Seem. mais probablement dis-
tinct. — Nouvelle-Calédonie (Vieillard 3036, Védel), Néhoué
(Deplanche 143 in Mus. néocal. et un Vieillard 1025), Balade
(Vieillard 1025).
*S. Deplanchei Guillaum. sp. nov.
Frutex 1 m. altus, ramis gracilibus virgatis, fere omnino inermibus,
glaberrimis, foliis ovatis (1,5-2, 5 cm. X 0,5-1 cm.), apice rotunatis vel
obtusis, basi æquilater rotundatis, glaberrimis , membranaceo rigidis, nervis
immersis, petiolo brevi (2-5 cm. longo), glaberrimo. Flores albi, ad ramulo-
rum apicem, 1-2-3 -ni, pedicello 1 cm. longo, capillari, ad apicem incrassato
erecto, calyce cupulato, fere ad medium fisso, lobis 5, triangularibus, breviter
acuminatis, glabris, circa 0,5 cm., longis, corolla ad medium fissa, lobis
ovato-triangularibus, 4 mm. longis, intus glabris, extra stellato-pilosis,
staminibus 5, fertilibus, antheris linearibus, 4 mm. longis, fîlamentis bre-
vissimis, corollæ tubi 3» infima parte insertis, ovario minimo, globoso,
glaberrimo, stylo sigmoideo, glaberrimo, antheras superante, stigmate vix
incrassato.
Néhoué ( Deplanche 484 in Vieillard 3040 et 142 pro parte in Mus.
néocal.)
Uarai ( Pancher in Vieillard 1032).
En partie confondu par les collecteurs avec le S. Pancheri Guil-
laum. mais fleurs du type 5 et feuilles différentes.
*S. linearisepalum Guillaum. nov. sp.
Frutex 1 m. altus , ramis nigris, glabris vel pilis stellatis aliquis tantum
sparsis, foliis ovatis (usque ad 10 cm. X 5 cm.), apice obtusis vel breviter
acuminatis, basi =j= inæqualiter rotundatis, junioribus ad basin Costa tantum
sparsissime stellato-pilosis, petiolo 1-2 cm. longo, supra stelluto piloso
Racemi terminales, usque ad 5 cm. longi, pedicellis glabris, usque ad 1,5 cm
longis, floribus albis, calyce fere usque ab basin fisso, lobis 5, linearibus, ad
3 mm. longis, glabris, corolla extra in alabastro deinde medio tantum dense
puberula, lobis 5, triangularibus, ad medium fissa, 10-11 cm. longa, stami-
nibus 5 fertilibus, fîlamentis brevibus, glabris, antheris obclavatis, glabris
5 mm. longis, ovario globoso, glaberrimo, stylo recto, ad basin sparsissime
stellato piloso, antheras superante. Fructus globosi, 1 cm. diam.
Balade ( Lahaie 1355), Tanlé (Deplanche 77, 423 et in Vieillard 3038,
Pancher 141).
Bien caractérisé par la forme des lobes du calice.
S. nigrum L. — Gatope ( Vieillard 3044), Lifou (Deplanche 230).
S. noumeanum Bitter — Nouméa (Vieillard 25), Koé (Brousmiche
120)?, Balade (Vieillard 3034) ?
S. pseuderanthemoides Schltr. — Nouméa (Vieillard 3042).
S. sp. aff. S. pseuderanthemoides Schltr. — Nouméa (Vieillard 3043).
S. Vieillardii Bitter — Lifou (Vieillard 3025).
Physalis minima h. — Gatope (Vieillard 1024).
Duboisia myoporoides R. Br. • — Balade, Wagap (Vieillard 1031).
Coronanthera barbaia C. B. Clarke — Wagap (Vieillard 2827).
C. sericea C. B. Clarke — Balade (Vieillard 872).
Depanthus glaber S. Moore — Wagap (Vieillard 3235).
Periomphale ! Pancheri Baill. ? — Balade (Vieillard 871).
85 —
Pandorea austro-caledonica Bur. — M’bée ( Vieillard 1005).
Diplanthera Deplanchei F. Muell. — Nouvelle-Calédonie ( Pancher
253), Nouméa ( Pancher in Vieillard 3024), Wagap {Vieillard 1036),
Kokingone près Wagap ( Vieillard 3023).
D. sessilifolia Vieill. ex Guillaum. — Poindalou près Gatope ( Vieil-
lard 3026).
Dolichandrone spathacea K. Schum. — Hienghébane {Deplanche in
Vieillard 1001).
Utricularia cyanea R. Br. — Baie du Sud {Pancher).
Hemigraphis reptans T. Anders. • — Nouméa {Vieillard 63), Lifou
{Deplanche 61) « Kouamezé ».
Graptophyllum pictum Grifï. — Wagap {Vieillard).
Pseuderanthemum incisum R. Ben. — Nouméa {Vieillard 3047).
P. majus Guillaum. — Touho près Gatope {Vieillard 2080).
P. tuberculatum Radlk. — Lifou {Deplanche 16 in Vieillard 3049).
P. variabïle Radlk. — Canala {Vieillard 3052'), Gatope {Vieillard
1044, 3053), Gomonen près Gatope {Vieillard 3053).
Justicia pinensis S. Moore — Wagap {Vieillard 1042).
J. sp., cfr. J. pinensis S. Moore — Wagap {Vieillard 3048).
Dicliptera cœrulea Schinz et Guillaum. — Canala {Deplanche 83),
Lifou {Deplanche in Vieillard 3054).
Myoporum crassifolium Forst. — Baie de Tupiti {Deplanche 476 bis),
Poume {Deplanche 61), île des Pins {Vieillard 48).
M. tenuifolium Forst. — Pouébo {Vieillard 3070), île des Pins
{Deplanche 5, 312 in Vieillard 1051).
Ocimum Basilicum L. var. purpurascens Benth. • — Lifou {Vieillard).
Plectranthus parçiflorus Wildd. — Nouméa {Vieillard 1056).
Coleus scutellarioides Benth. — Sans localité {Vieillard 3071), Canala
{Deplanche 85 in Vieillard 3071).
Salvia occidentalis Sw. — Canala {Deplanche 88 in Vieillard 3072).
Leucas decemdentata Sm. = L. flaccida R. Br. — Lifou {Vieillard
3073).
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE. — IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 25-1-1944
Autorisation S. 4
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 5
Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur E.-L. Bouvier, Membre
de l’Institut, Professeur honoraire au Muséum, à Maisons-Laffitte, le 17 jan-
vier 1944, par M. le Dr René Jeannel, Professeur au Muséum 7
Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Allorge, Paris,
25 janvier 1944, par M. le Professeur Ach. Urbain, Directeur du Muséum. 11
Liste des Associés, Correspondants et Attachés nommés en 1943 . . 14
Travaux faits dans les Laboratoires pendant l’année 1943 16
Communications :
H. Vallois. L’évolution de la chaire d’Ethnologie du Muséum national
d’Histoire naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 27 mai 1943).. 38
Ach. Urbain, P. Bullier et J. Nouvel. Rapport sur la Mortalité et la
Natalité enregistrées au Parc zoologique du Bois de Vincennes en 1943. . . 56
P. Laurent. Essai de Biométrie sur la Chauve-Souris Murine 66
E. Fischer-Piette et J. Beigbeder. Catalogue des Types de Gastéropodes
marins conservés au Laboratoire de Malacologie. — IV. Fusidae, Bucci-
nidae 70
A. Guillaumin. Contribution à la Flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXIV.
Plantes de collecteurs divers (suite) 78
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY- S AI NT-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.) .
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, 80 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systematicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.).
Revue française d’Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr.,
Etranger, 70 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Pinard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ;suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ;
abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.).
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur M. N., Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr.,
Étranger, 80 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique ).
(Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr.. Étranger,
80 et 100 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
BULLETIN
' y '
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série — Tome XVI
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM *
N° 2. — Mars-Avril 1944
V
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS-V® 1
RÉGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d 'Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des .tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
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TIRAGES A PART
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( Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
j. Supplément pour couverture spéciale : 25 ex . 18 francs.
par 25 ex. en sus 12 francs.
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au fil, ce qui nécèssite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves,
•s Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE l’abonnement ANNUEL :
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BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1944. — N° 2
34R RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
30 mars 1944
PRÉSIDENCE DE M. Ach. URBAIN
DIRECTEUR DU MUSÉUM
et
A. GUILLAUMIN
PROFESSEUR AU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
Par Arrêté ministériel du 22 février 1944, la délégation de Maître de
dessin accordée à MM. Hissard et Reboussin, a été renouvelée pour
l’année 1944.
M. J. -F. Le Roy est nommé, à titre provisoire, Assistant au Labo-
ratoire d 'Agronomie coloniale en remplacement de M. Trochain, appelé
à d’autres fonctions.
M. Poujade et Mlle Jouin ont été nommés Attachés au Muséum, au
titre du Musée de l’Homme, par Arrêtés du Directeur du Muséum en
date du 20 mars 1944.
M. le Président a le regret de faire part du décès de M. Paul Ber-
trand, Professeur d’Anatomie Comparée des Végétaux vivants et fossiles
(décédé le 24 février 1944).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
7
Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur
P. Bertrand, paris 28 février 1944.
Par M. le Professeur Ach. Urbain.
Directeur du Muséum.
Madame,
Mesdames, Messieurs,
Le Muséum continue à être douloureusement éprouvé ; il y a
quelques semaines nous conduisions, en effet, à sa dernière demeure
le Professeur Allorge et voici qu’aujourd’hui, c’est un autre de
nos collègues, le Professeur Paul Bertrand qui disparaît brutale-
ment, en pleine activité scientifique.
Monsieur le Professeur Paul Bertrand est né à Loos-les-Lille
(Nord) le 10 juillet 1879. Il fit toutes ses études à la Faculté des
Sciences de Lille, où il prépara de 1899 à 1903 sa licence ès-sciences,
puis ensuite sa thèse de doctorat. Ses travaux furent dirigés et
guidés par son père, le Professeur Charles-Eugène Bertrand qui
fut un des fondateurs de l’Anatomie Comparée des Végétaux
vivants et fossiles. Monsieur Paul Bertrand eut aussi comme
maîtres M. Charles Barrois, sous la direction duquel il commença
ses recherches houillères et notre Collègue, le Professeur R. Fosse,
qui l’initia aux techniques de la Chimie et contribua à développer
sa culture générale.
Monsieur Paul Bertrand fut successivement préparateur du
Musée Houiller de Lille en 1906, Docteur ès-Sciences naturelles
en 1909, Maître de Conférences de Paléontologie et Conservateur
du Musée Houiller de l’Université de Lille en 1910, Professeur
titulaire de Paléobotanique à la Faculté des Sciences de Lille en
1919 et enfin, Professeur au Muséum en 1938. Plusieurs fois lau-
réat de l’Institut, il était chevalier de la Légion d’Honneur depuis
1933.
La création en 1906, près de l’Université de Lille, d’un Musée
houiller, dont il fut l’organisateur, devait décider de l’orientation
des travaux de Paul Bertrand vers la Paléobotanique. C’est de
cette époque, en effet, que datent ses premiers travaux sur les
plantes fossiles. En 1909, il présenta comme thèse de doctorat
ès-sciences un important mémoire sur la fronde des Zygop-
téridés dans lequel il a mis en évidence ses caractères très parti-
culiers. Dans ce mémoire et dans ceux qui ont suivi, Bertrand a
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
montré que les Zygoptéridés et d’autres genres qu’on leur rattache,
présentent des particularités de structure que l’on ne rencontre
nulle part chez les plantes actuelles. Devant ces structures si par-
ticulières, beaucoup d’auteurs, surtout en Angleterre, se deman-
daient si on n’avait pas là, ou bien les fameuses formes de passage
entre les Fougères et les Phanérogames, ou bien les formes ances-
trales communes à ces deux groupes. A la suite de ses études con-
duites avec rigueur, Paul Bertrand a montré qu’il fallait étudier
ces plantes pour elles-mêmes et il a pu conclure que toutes étaient
de vraies Fougères.
Ses recherches sur l’anatomie des Cladoxylées du Dévonien et
du Carbonifère inférieurs, poursuivies de 1907 à 1935, offrent aussi
un grand intérêt scientifique. C’est grâce à elles que ces plantes
primitives ont pu être rangées dans les Fougères où elles forment
une classe spéciale à côté des Zygoptéridés.
Paul Bertrand s’est occupé aussi des Algues fossiles (Pila et
Reinschia) qui entrent dans la formation des bogheads ou char-
bons de gelées d’algues du permien d’Autun et de l’Australie.
Complétant les travaux de Renault et de son père, il a montré
les conditions biologiques dans lesquelles vivaient ces algues et
comment elles se sont multipliées jusqu’à former de volumineux
dépôts de charbons.
M. Paul Bertrand a consacré d’importants travaux aux végé-
taux houillers conservés à l’état d’empreintes. Il a publié dans
les Annales de la Société Géologique du Nord divers mémoires
accompagnés de planches sur les Plantes du bassin houiller du
Pas-de-Calais et du Nord de la France. En 1930, il a publié aussi,
en collaboration avec Corsin, un Atlas des plantes du bassin houil-
ler de la Sarre et de la Lorraine,
Enfin, il faut mentionner ses travaux de Paléontologie strati-
graphique consacrés aux principaux bassins houillers de France,
de Belgique, de la Sarre, du Maroc, puis ses investigations sur les
flores houillères des Etats-Unis poursuivies en 1933, lors du
16e Congrès International de Géologie. A la suite de cette explo-
ration, une corrélation précise a été établie entre la série houillère
de Pensylvanie et celle des gisements français. La plupart des
travaux de Paul Bertrand se sont poursuivis non seulement au
Laboratoire, mais aussi sur le terrain. Il a visité les collections
et les Instituts paléobotaniques du monde entier, plus particu-
lièrement d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique et de Tchéco-
slovaquie. En relation avec les savants d’Europe et d’Amérique
spécialisés dans l’étude des plantes fossiles, M. Paul Bertrand a
acquis parmi eux une juste notoriété. Aussi fut-il choisi comme
Vice-Président de la section de Paléobotanique aux Congrès Inter-
— 90 —
nationaux de Botanique de Cambridge en 1930 et d’Amsterdam
en 1935.
A cette œuvre scientifique si importante, Paul Bertrand a
ajouté une œuvre muséographique qu’il s’efforçait d’étendre à
notre établissement. C’est lui, en effet, qui avait organisé le Musée
Houiller de Lille où il avait constitué des collections paléobota-
niques remarquables. Enfin, avec la collaboration de ses élèves,
il avait organisé aussi le stand des Plantes de la Houille dans la
salle de l’Evolution des Plantes au Palais de la Découverte. Mj
D’une haute conscience professionnelle, très affable, d’une grande
bonté, Paul Bertrand sera regretté de tous ceux qui l’ont connu
ou approché.
Madame, au nom des Professeurs du Muséum, du Muséum tout
entier auquel votre mari était si attaché, permettez-moi de vous
adresser, ainsi qu’à votre famille, l’expression de mes condoléances-
les plus émues.
Paris, 28 février 1944.
91
COMMUNICATIONS
Néoformations cutanées et osseuses de la tête
CHEZ LES GlRÀFES
Par Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Bullier.
La tête des girafes porte au-dessus et un peu en avant des oreilles,
deux protubérances tronconiques, longues de 20 cm. environ, qui
sont constituées par une masse osseuse recouverte de peau et
coiffée à son extrémité d’une couronne de poils foncés. Malgré
l’absence d’étui corné, ces organes sont couramment dénommés
cornes ou cornillons.
Une troisième protubérance, située dans l’axe de la tête, appro-
ximativement au niveau de l’angle interne de l’oeil, donne à la
ligne du chanfrein à laquelle elle s’unit insensiblement la forme
caractéristique du profil des girafes. Le poil, ras sur toute la tête,
est un peu plus rude et un peu plus long au niveau de cette protu-
bérance frontale.
A ces caractères essentiels on peut ajouter ceux énoncés par
Brehm 1 qui écrit que « le mâle se différencie de la femelle par un
développement extraordinaire du cou et de la nuque » et que « le
crâne des vieux mâles peut être entièrement recouvert de néofor-
mations osseuses en forme de mamelons ou de fausses cornes ».
L’apparition de néoformations au niveau de la région frontale
et des cornillons a été d’autre part observée par Antonius 2 sur
une girafe mâle âgée de 11 ans. Pour cet auteur ces néoformations
débutent par de simples épaississements cutanés, sous lesquels se
développent plus tard de véritables exostoses. Une touffe de poils
clairs, semblant être rapportée sur le pelage primitif se développe
au niveau de chaque aspérité et, simultanément, la teinte générale
de la robe se modifie, elle devient plus foncée.
Au Parc Zoologique du Bois de Vincennes, il existe actuellement
1. Brehm : Brehms Tierleben. Bibliographisches Institut, Leipzig u. Wien, 1916,
t. 13, p. 151.
2. Otto Antonius, Bilder aus dem früheren und jetzigen Schônbrünner Tierbes-
tand, III, Girafïen. Der Zoologische Garten, 1939, t. 11, p. 135.
Bulletin du Muséum, 2e sérient. XVI, n° 2, 1944.
92 —
V
une girafe mâle importée en juin 1936 des territoires du'Tchad et
âgée d’environ 11 ans, sur la tête de laquelle nous avons remar-
Fig. 1. — Jeune mâle, les comillons ne sont pas encore soudés au crâne, les incisives
ne sont pas rasées, les canines sont celles de la première dentition.
Relief frontal très réduit, pas d’exostoses.
qué en avril dernier, l’apparition d’aspérités localisées à la région
frontale et à la base des cornillons.
Ces néoformations sont comparables à celles décrites par Anto-
Nius, mais nous n’avons pas constaté à leur niveau la poussée de
JD o
Fig. 2. — Mâle âgé de 15 ans, la soudure des cornillons est parfaite, les symphyses"ne
sont plus perceptibles, les incisives et les canines sont dans le prolongement du
maxillaire inférieur, leur table est rasée.
La protubérance frontale est développée et couverte d’exostoses ainsi que les cor-
nillons.
Bulletin du Muséum
2e Série, T. XVI, fasc. 2
Cl. Buliier Photo Parc Zooîogique
Girafe male âgée de 10 ans
du Parc Zoologique du Bois de Vincennes
Phototypie Mémin, Arcueil (Seine)
— 93 —
poils clairs, quoique les néoformations osseuses soient déjà bien
développées sous la peau.
A la suite de cette constatation nous avons examiné les girafes
des collections du Muséum National d’Histoire Naturelle 1 : à la
galerie de Mammalogie, où sont conservés les sujets naturalisés ;
seul, un mâle adulte présente des néoformations semblables à
celles que nous venons de décrire.
Les crânes conservés dans les collections du laboratoire d’ Ana-
tomie comparée sont à ce point de vue plus intéressants, après
avoir écarté les pièces manifestement trop jeunes, nous avons
examiné 16 crânes dont nous résumons ci-dessous les caractères :
r
Crâne N° 1858-9. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne,
exostoses peu accusées.
Crâne N° 1880-764. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne ,
exostoses peu accusées.
Crâne N° 1919-125. Femelle, d’âge inconnu, Protubérance frontale :
très faible, pas d’exostoses.
Crâne N° 1920-35. Mâle, 8 ans, Protubérance frontale : peu développée,
exostoses : peu développées, localisées au sommet des cornillons.
Crâne N° 1920-130. Mâle, 15 ans, Protubérance frontale : très déve-
loppée. exostoses : très développées, tant au niveau des cornillons que
de la protubérance frontale et descendant à 6 cm. de l’extrémité des
sus-naseaux (figure 2).
Crâne N° 1925-386. Sexe et âge inconnus, Protubérance frontale •*
moyenne, pas d 'exostoses.
Crâne N° 1928-307. Sexe et âge inconnus, Protubérance frontale : très
faible, pas d 'exostoses.
Crâne N° 1934-62. Femelle, d’âge inconnu, Protubérance frontale :
très faible, pas d 'exostoses.
Crâne N° 1934-63. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : déve-
loppée, pas d’exostoses
Crâne N? 1934-64. Mâle, âgé, Protubérance frontale : développée, ainsi
que la base des cornillons, exostoses : à la base des cornillons, aans le pro-
longement de la protubérance frontale selon l’axe de la tête et au niveau
ae l’aicade sourcilière droite.
Crâne N° 1934-65. Femelle, âgée, Protubérance frontale : très faible,
pas d’exostoses.
Crâr e N° 1934-66. Mâle, jeune, Protubérance frontale : très faible,
pas d’exostoses (figure 1).
Crâne N° 19354-41. Mâle, adulte, Protubérance frontale : développée,
exostoses ; très abondaxites recouvrant la protubérance frontale et toute
la surface des cornillons, surtout accusées à leur base, léger développe-
ment aux aicades orbitaires.
1. Nous devons à l’extrême obligeance de Messieurs les Professeurs Bourdelle
et Millot, d’avoir pu examiner ces pièces, nous tenons à les en remercier ici très
vivement.
— -94 —
Crâne N° A-7977. Mâle, d’âge inconnu, Protubérance frontale : moyenne,
exostoses : légères, localisées à la protubérance f ’ontale.
Crâne N° A-14-074. Femelle, d’âge inconnu, Protubérance frontale :
moyenne, portant à son sommet une' légère exostose.
Crâne N° A-14-383 ou 1913-523. Sexe et âge inconnus, Protubérance
Fig. 3. — Cette pièce ne porte aucune indication de sexe ni d’âge, mais sa grande
taille permet de l’attribuer à un mâle, d’autre part la soudure des comblons aux
os du crâne n’est plus perceptible, les incisives sont situées dans le plan du maxil-
laire inférieur et usées jusqu’au collet, ce crâne est donc celui d’un sujet très âgé.
La protubérance frontale est développée, les comblons sont épaissis à leur base
et le développement des exostoses atteint sur cette pièce un degré que nous n’avons
noté sur aucune autre.
frontale : très développée, ainsi que la base des cornillons, exostoses :
sur les cornillons, entre ceux-ci et îa protubérance frontale et dans l’axe
de la tête sur la ligne du chanfrein, une saillie isolée sur la joue gauche,
et de gros développements en choux-fleur au-dessus des orbites (figure 3).
L’examen de ces pièces nous permet d’admettre que la protu-
bérance frontale est peu développée chez les femelles, qu’elle est
notablement plus développée chez les mâles, et que son déve-
loppement dépend de l’âge de ceux-ci, enfin, que les néoforma-
tions osseuses, exceptionnelles chez les femelles, sont fréquentes
chez les mâles et que leur développement dépend de l’âge de ces
animaux.
En résumé, l’apparition à partir de l’âge de dix ans de néofor-
mations cutanées et osseuses sur la région frontale et sur les cor-
nillons des girafes mâles a été constatée à plusieurs reprises dans
les parcs zoologiques 1. Ce phénomène s’accompagne généralement
1. L’un de nous a pu constater ces exostoses sur un vieux mâle de girafe tué dans
la région de Bousso (Tchad).
— 95 —
d’une modification de la teinte générale du pelàge, qui devient
plus foncée.
L’examen des pièces conservées dans les collections du Muséum
confirme l’influence du sexe et de l’âge sur ce phénomène qui est
probablement un phénomène sexuel secondaire, et qui mérite
à ce titre d’être rapproché de ce que l’on sait des mœurs de cette
espèce dont les mâles, à la période du rut, se livrent, à coups de
tête„ de violents combats.
Laboratoire d’Ethologie des" animaux sauvages, Parc Zoologique
du bois de Vincennes.
96
Notes critiques sur quelques Turdidés de la faune
ÉTHIOPIENNE
Par M. J. Berlioz.
Au cours d’une récente révision de la collection de Turdidés
du Muséum, j’ai été amené à faire quelques remarques inédites
sur plusieurs espèces de cette famille représentatives de l’avifaune
éthiopienne. Les études systématiques de cette faune ont été déjà
poussées très loin : en ce qui concerne entre autres l’Afrique occi-
dentale et l’Afrique équatoriale françaises, les deux ouvrages
récents de G.-L. Bâtes ( Handbook of the Birds of West Africa,
1930) et de D. Bannerman ( The Birds of tropical West Africa,
5 vol., 1930-1939) témoignent d’une qualité documentaire et d’une
importance telles que toutes additions et modifications, si légères
soient-elles, ne sauraient être considérées comme négligeables
pour la valeur exceptionnelle de leurs informations. C’est donc à
ce titre surtout que ces remarques me paraissent devoir être con-
signées ici :
1° Thamnolœa cinnamomeiventris (Lafr.) et subspp.
Cette espèce de Turdidé, sporadiquement distribuée dans quel-
ques régions rocheuses à végétation clairsemée, à travers toute
l’Afrique tropicale, est connue actuellement comme représentée en
Afrique occidentale française par deux sous-espèces distinctes ,
l’une et l’autre décrites récemment par Bâtes :
Th. cinn. Bambarae, 1928, loc. typ. : Kulikoro, en aval de Bamako
(Soudan français) ;
Th. cinn. cavernicola, 1933, loc. typ. : Fiko, falaises de Bandia-
gara, à l’est de Mopti (Soudan français).
C’est évidemment toutefois par inadvertance que Bâtes, puis
Bannerman, dans leurs ouvrages respectifs, ont cru devoir attri-
buer la découverte locale de cet oiseau en A. O. F. au premier de
ces auteurs. Le Muséum de Paris possédait en effet depuis long-
temps quelques dépouilles de cette espèce provenant du Soudan
français et trois d’entre elles du moins avaient été nettement signa-
lées déjà par A. Menegaux dans La Revue franç. d'Orn., 1918,
p. 188, sous les noms de Thamnolœa albiscapulata (Rüpp.) et Th.
subrufipennis Rchw., deux dénominations que l’on considère main-
tenant comme devant être restreintes aux sous-espèces orientales
de Thamnolœa cinnamomeiventris. Ces trois Oiseaux, 1 $ et 2 ÇÇ,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
— 97 —
proviennent de Sognafi et de Koulouba, deux localités situées
aux environs immédiats de Bamako (en juin 1913, Mission Fabien
Giraud) : ils sont donc pratiquement topotypiques du Th. cinn.
Bambarae de Bâtes, race décrite elle-même comme fort peu dif-
férente du Th. cinn. subrufipennis Rchw. et connue seulement de
cette région du Haut-Niger.
Or il est intéressant de signaler en outre l’existence dans les
collections du Muséum d’un quatrième spécimen, qui avait été
récolté antérieurement même à la Mission F. Giraud par notre
collègue, le Dr. Bouet, et dans une région encore beaucoup plus
occidentale : il s’agit d’une $ provenant des falaises au nord de
Satadougou (frontière Sénégal-Soudan), en octobre 1911. Ce spé-
cimen, le premier en date connu pour la faune de l’A. O. F., apporte
donc une confirmation curieuse à l’hypothèse envisagée plus tard
fort exactement par Bâtes, à savoir que l’extension occidentale
de l’espèce devait suivre l’extension de l’habitat rocheux auquel
elle paraît strictement attachée, bien au-delà de Bamako, jusque
dans le bassin du Haut-Sénégal, où persiste ce même biotope.
Ces spécimens de Bambarae, comparés à un couple et $ de
Th. cinn. cavernicola topotypiques, aimablement donné au Muséum
de Paris par Bâtes lui-même, confirment la distinction essentielle
envisagée pour les mâles de ces deux sous-espèces, à savoir l’éten-
due de la plage blanche du pli de l’aile plus considérable chez caver-
nicola que chez Bambarae ; par contre les femelles se montrent
peu distinctes les unes des autres. Il paraît probable, d’après les
descriptions, que vis-à-vis de la sous-espèce subrufipennis (dont
le Muséum de Paris ne possède malheureusement pas d’exemplaire),
les différences ne sont guère plus accentuées, si même constantes
dans l’étude comparative de séries de spécimens. La sous-espèce
albiscapulata, d’Abyssinie, est au contraire mieux caractérisée,
du fait surtout de l’andromorphisme apparent du plumage des
femelles, d’une couleur foncière noir lustré comme chez le mâle,
mais sans plages scapulaires blanches.
Le spécimen du Dr. Bouet et ceux mentionnés en 1918 par
A. Menegaux marquent donc bien la découverte de l’espèce en
Afrique occidentale. Mais l’insuffisance du matériel de compa-
raison existant à cette époque au Muséum de Paris n’avait certes
pu induire l’auteur français à envisager les distinctions subspéci-
fiques légères que les séries récoltées par Bâtes lors de ses voyages
récents ont permis de définir plus nettement.
2° Myrmecocichla nigra (Vieill.).
Cet autre Turdidé humicole, du groupe des Traquets-fourmi-
liers, est un type non moins caractéristique de l’avifaune éthio-
pienne et bien connu dans toute la zone des savanes et des savanes
boisées de l’Afrique centrale. Mais son extension en Afrique occi-
dentale paraît avoir été méconnue de Bâtes et de Banneeman,
qui l’un et l’autre lui assignent pour limite occidentale de disper-
sion le Cameroun et la Nigeria.
Or le Dr. Maclaud, dans son classique petit ouvrage : Notes
sur les Mammifères et les Oiseaux de l'Afrique occidentale , 1906,
p. 121, avait pourtant bien mentionné déjà cette espèce parmi
les récoltes faites par lui au Fouta-Djalon (Haute-Guinée fran-
çaise), en l’assimilant, il est vrai, un peu imprudemment au « Tra-
quet trac-trac » de Levaillant. Mais, si les termes assez ambigus
de son texte peuvent laisser place, par confusion possible, à quel-
que doute sur l’identité réelle de l’Oiseau mentionné, les spécimens
envoyés par lui en 1900 et conservés au Muséum de Paris révèlent
bien au contraire indiscutablement l’exactitude de cette identi-
fication. De ces cinq spécimens, 4 <$<$ et 1 Ç, un seul, ce dernier,
porte mention d’une localité précise : Mt. Soumbalako.
En outre, l’existence de cette espèce dans l’Ouest Africain ne
devait pas tarder à être confirmée par l’envoi au Muséum de Paris
en 1902, donc peu de temps après les récoltes de Maclaud, d’un
autre spécimen, adulte, recueilli dans la région de Kouroussa
(Haute-Guinée) par M. Pobéguin.
Cette espèce possède un plumage entièrement d’un noir pro-
fond, avec les épaulettes blanches, chez le mâle, — entièrement
d’un brun foncé, un peu noirâtre en dessus, chez la femelle. Or
nos six spécimens de l’ouest africain se montrent absolument
semblables, sexe à sexe, par la coloration à leurs homologues plus
orientaux auxquels nous avons pu les comparer (7 et 3 ad.,
provenant de Brazzaville, de Loango, de la Haute- Kemo et de
l’Ouganda), mais avec des proportions seulement très légèrement
plus fortes, l’aile tout au moins étant en moyenne de 5 à 7 milli-
mètres plus longue, avec la rémige la plus externe un peu plus
développée chez les spécimens occidentaux.
Bien que cette différence soit constante dans la petite série
comparative envisagée ici, elle me paraît néanmoins trop insigni-
fiante et demanderait d’ailleurs à être étayée d’un matériel d’étude
plus considérable pour justifier éventuellement une distinction
subspécifique nominale entre les populations respectives des deux
aires de distribution géographique de l’espèce : les savanes orien-
tales et centrales d’une part, la savane guinéenne d’autre part.
3° Les Turdidés de la collection Botta (1839).
Paul-Emile Botta, voyageur-naturaliste du Muséum de Paris,
rapporta en 1839 d’un voyage en Mer Rouge une petite collection
d’Oiseaux, que d’invraisemblables négligences survenues ulté-
rieurement ont fait passer pendant fort longtemps pour avoir été
99 —
réunie en Ethiopie et dans le Sennaar, portion du Soudan anglo-
égyptien située à l’est du Nil. Cette assertion toute gratuite fut
entre autres sanctionnée par Seebohm en 1880, qui, en traitant la
famille des Turdidés dans le « Catalogue of Birds in the British
Muséum », vol. Y, décrivit deux espèces prétendues nouvelles, du
Sennaar : « Saxicola lugentoides » et « Saxicola sennaarensis », d’après
des types faisant partie de cette collection Botta, et réunit sous
un même vocable spéôifique le « Saxicola Bottae », décrit par Bona-
parte en 1854 d’après d’autres spécimens de la même collection
(mais sans indication précise de localité), avec des Oiseaux prove-
nant authentiquement d’Ethiopie.
Ce n’est guère qu’au cours de ces deux dernières décades que
l’Ornithologiste anglais P.-L. Sclater, à la suite d’une étude appro-
fondie de l’avifaune du Soudan anglo-égyptien, pays où aucune
des formes nouvelles obtenues par Botta n’avait été, et pour
cause, retrouvée ultérieurement, eut le scrupule de rechercher les
détails de l’itinéraire suivi par ce voyageur. Grâce aux archives
françaises, à la « Relation d’un Voyage dans l’Yemen, entrepris
en 1837 pour le Muséum d’ Histoire naturelle de Paris par
P.-E. Botta », publiée à Paris en 1841, et à l’étude comparative
des documents ornithologiques, Sclater (Bull. Brit. Orn. Club,
vol. XLIX, 1928, p. 17), puis plus récemment Bâtes [id., vol. LVÏI,
1937, p. 100), ont pu établir fermement qu’aucun des spécimens
de Botta n’avait été recueilli sur le continent africain et que toute
sa collection provenait d’une région alors peu connue de l’Arabie
sud-occidentale, — où une ample documentation, réunie récem-
ment et étudiée par Bâtes, a effectivement permis de retrouver
toutes les formes aviennes rapportées par Botta.
Les affinités très étroites existant, on le sait, entre les popula-
tions aviennes habitant respectivement les régions situées à l’est
et à l’ouest du détroit de Bab-el-Mandeb et de la Mer Rouge pou-
vaient à la rigueur laisser dans l’imprécision l’origine d’une bonne
partie des récoltes de Botta. Néanmoins, en recherchant plus
attentivement dans les anciennes collections ornithologiques du
Muséum de Paris ce qui reste des documents rapportés par ce
voyageur, j’ai pu retrouver les spécimens suivants de Turdidés,
auxquels il convient de restituer la nomenclature exacte résultant
des études publiées en ces dernières années sur les Oiseaux du
Soudan et ceux de l’Arabie par les auteurs précités :
Œnanthe (= Saxicola , olim) Bottai Bottai (Bp.), les deux spéci-
mens-types de Bonaparte, montés (race arabique d’une espèce
propre aux montagnes de l’Arabie et de l’Ethiopie) ;
Œnanthe lugens lugentoides (Seeb.), les deux spécimens-types
de Seebohm, montés (race arabique d’une espèce propre aux mon-
tagnes de l’Arabie, de l’Ethiopie et de l’Afrique orientale) ;
— 100 —
Œnanthe chrysopygia (De Fil.) (= Saxicola senrumrensis Seeb.),
le type de Seebohm, monté, et un autre spécimen, en peau (migra-
teur de l’Asie occidentale, hivernant en Arabie et dans l’Inde,
mais non signalé encore avec certitude en Afrique, et c’est sans
doute cette seule confusion géographique qui a induit Seebohm
à le redécrire comme « espèce nouvelle », du Sennaar) ;
Œnanthe leucopyga leucopyga (Brehm), un spécimen, monté, et
quatre autres, en peau (race sédentaire tant en Afrique nord-est
qu’en Arabie) ;
enfin Cercotrichas podobe melanoptera (Hempr. et Ehr.), un
spécimen, en peau.
Or ce dernier spécimen est particulièrement intéressant à rete-
nir, du fait qu’il représente une sous-espèce connue depuis long-
temps comme strictement confinée à l’Arabie et plus nettement
différente de toutes les races africaines de la même espèce (la cou-
leur de la face inférieure des ailes est noirâtre et non rousse) que
ne le sont sans doute respectivement entre elles les différentes
races d ’Œnanthe. Il constitue donc une preuve de plus, — - si besoin
en était, — de l’origine arabique, et non point soudanaise, des
récoltes de Botta.
Laboratoire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) du Muséum.
101
Synopsis ostéologique et Synonymie des Poissons
de la Famille des Serrivoméridés (Apodes anguil-
LI FORMES),
Par Léon Bertin.
La présente note fait partie d’une série d’études préliminaires
ayant pour but la réalisation d’une Monographie des Poissons
Apodes (Anatomie, Systématique, Biologie). Son intérêt particulier
est une mise au point, rendue nécessaire, de la classification des
Serrivoméridés à la suite des travaux anatomiques récents de Parr
(1932), Trewavas (1932), Beebe et Crâne (1936-37), Bertin
(1940-41).
Plus que dans tout autre groupe, les caractères ostéologiques ont
une importance prédominante chez les Apodes. Ces animaux, en
effet, ne constituent un tout en apparence homogène que par conver-
gence. Leur corps serpentiforme, ainsi que la disparition de leurs
nageoires pelviennes et l’atrophie à peu près générale de leurs
écailles, sont des caractères acquis par des Télostéens d’origines très
diverses. Force est, pour les classer, de mettre en évidence leur poly-
phylétisme et de retracer leur phylogénie par la considération d’or-
ganes internes au premier rang desquels sont les pièces osseuses.
Dans l’ordre des Apodes, la famille des Serrivoméridés est définie
par l’ensemble des caractères ostéologiques suivants : Frontaux
d'une part, pariétaux de Vautre, fusionnés ou non sur la ligne médiane.
Supraoccipital absent. Epiotiques et ptérotiques formant ailes en
arrière du crâne où ils sont accompagnés par les branches postérieures
des hyomandibulaires. Sphénoiiques formant ailes latérales. Palato-
ptérygoïdes bien développés. Hyomandibulaires et quadrates formant
avec la mandibule un angle d'environ 120°. Ethmo-vomer dépassant
les maxillaires de moins de la moitié de leur longueur. Mandibule
atteignant ou dépassant l'extrémité de l' ethmo-vomer. Squelettes viscéral
et operculaire complets. Sept ou huit paires de rayons branchiosièges
dépassant ou non vers l'avant la partie de l'arc hyoïde sur laquelle ils
s'insèrent. Ceinture scapulaire et pectorales plus ou moins réduites.
Vertèbres au nombre de 140-170.
Extérieurement, les Serrivoméridés sont des Poissons anguilli-
formes, sans écailles, dont la queue se termine progressivement en
pointe (sans filament caudal) et dont le museau, constitué en bec,
fait au moins le tiers et au plus les deux-tiers de la longueur de la
tête. Les nageoires pectorales sont rudimentaires ou nulles. La dorsale
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
— 103
■commence en arrière, au-dessus ou très peu en avant du premier rayon
anal qui est lui-même au quart de la longueur totale du corps. Les
membranes branchiales confluent sous la gorge. (Les yeux sont petits
et avoisinent les narines. La ligne latérale est déporuvue de pores
ou n’en possède que de très fins.
Trois groupes de caractères méritent une étude préalable :
1° Denture (fig. 1). — La famille des Serrivoméridés et son genre-
type Serrivomer tirent leur nom de la crête en dents de scie qui longe
le vomer chez certaines espèces. D’une manière générale, cependant,
la denture des Serrivoméridés est soumise à trop de variations pour
qu’on puisse la considérer comme prédominante sur d’autres carac-
tères ostéologiques. L’étude que j’ai faite récemment du genre
Stemonidium en donne la preuve, puisque ce Poisson, dont toute
l’architecture squelettique est celle d’un Serrivoméridé, possède
exceptionnellement une denture en lime de Nemichthyidé. On
notera d’ailleurs que tous les jeunes Serrivoméridés ont aussi une
denture en lime qui ne se différencie que tardivement. Le cas de
Stemonidum n’est qu’une survivance, chez l’adulte, de caractères
infantiles (néoténie). Enfin, même chez les genres à crête vomérienne,
celle-ci peut être très différemment constituée selon les espèces. J’ai
distingué en 1929, en collaboration avec Roule, deux types de den-
tures qui ont été repris et précisés par Beebe et Crâne (1936).
a) Type brevidentatus ainsi défini : dents de la crête vomérienne au
nombre de 20-30 et 2 fois plus hautes que larges ; dents maxillaires
et mandibulaires sur 3-6 rangs et peu différentes les unes des autres.
b) Type longidentatus caractérisé de la façon suivante : dents de la
crête vomérienne au nonqibre de 50-80 et 3-4 fois plus hautes que
larges ; dents maxillaires et mandibulaires sur 3-5 rangs dont un, du
côté interne, est formé de dents beaucoup plus longues que les
autres.
2° Rayons branchiostèges (fig. 2). — Beebe et Crâne ont attiré
l’attention sur le nombre et la disposition des rayons branchio-
stèges. Mon étude du genre Stemonidium (1941) et celle en cours des
espèces indo-pacifiques de Serrivomer me conduisent à de nouvelles
précisions.
Dans là série des rayons branchiostèges, deux ont une constance
telle qu’ils peuvent servir de repères. C’est d’abord le premier rayon
ou rayon inférieur qui, seul, s’attache à l’hypophyal. Il peut être
rudimentaire sans jamais disparaître en totalité. C’est ensuite
l’antepénultième qui s’insère toujours sur le cératohyal, un peu au-
dessous du coude de celui-ci, et le dépasse toujours un peu vers
l’avant. Entre ces deux rayons peuvent en exister 3 ou 4 autres bien
développés. Au-dessus de l’antepénultième en existe toujours 2 qui
sont grêles et très rapprochés l’un et l’autre. On a l’impression qu’ils
proviennent du dédoublement d’un seul.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944. 8
104
Fig. 2. — Partie de l’arc hyoïde (hypophyal et cératohyal) et rayons branchiostèges
de Serrivomer beani (A), S. brevidenlatus (B), S. parabeani (Cj, Sternonidium hypomelas
(D) Platuronides danae (E), P. aculus (F). ■ — Squelette operculaire de Serrivorner
beani (G) et S. brevidentatus (H). — iop interopercule ; op, opercule ; pop, préopercule;
sop, sous-opercule.
— 105 —
Le nombre total est 7 ou 8 selon les individus. Il n’y a pas lieu
d’en tenir compte dans la systématique des Serrivoméridés. Par
contre, certains rayons peuvent dépasser ou non vers l’avant la
partie de l’arc hyoïde (hypophyal ou cératohyal) sur laquelle ils
s’insèrent. Plusieurs dispositions en résultent qui caractérisent les
diverses espèces et sont assez précoces pour permettre de les identi-
fier même à l’état larvaire (leptocéphales).
3° Squelette operculaire (fig. 2). - — Chez les Serrivoméridés, le
squelette operculaire est assez bien développé. L’opercule est articulé
à l’hyomandibulaire et présente, soit la forme d’un demi-cercle
(cas général), soit celle d’un soc de charrue ( Serrivomer beani). Le^
préopercule est généralement une plaquette quadrilatère émarginée
à ses extrémités inférieure et supérieure. Il est plus petit ou de même
taille (S. beani) que l’opercule. L’interopercule et le sous-opercule
sont des languettes longeant respectivement le préopercule et
l’opercule et ne possédant rien de particulier au point de vue de la
systématique.
Synopsis des genres de Serrivoméridés.
A. Pariétaux unis par une suture. Dents plus ou moins fortes et inégales ;
1-2 rangées de dents très fortes sur la partie postérieure de Fethmo-
vomer. Au moins 150 vertèbres. Dorsale commençant en arrière du
premier rayon anal.
B. Frontaux unis par une suture. Dents vomériennes postérieures
aplaties, coupantes, disposées en alternance sur deux rangs et
formant au plafond de la bouche une crête dentelée, longue et
ininterrompue. Les deux premiers arcs branchiaux complets ; le
dernier comprenant un pharyn go bran chiai et un cératobranchiaL
Rayons postérieurs des nageoires anale et dorsale ne formant pas,,
avec la caudale, une palette natatoire élargie. Serrivomer Gill et
Ryder.
BB. Frontaux soudés sur la ligne médiane. Dents vomériennes posté-
rieures coniques ou aplaties mais ne formant jamais une crête
dentelée à la fois longue et ininterrompue. Les deux premiers arcs
branchiaux dépourvus de basibranchial ; le dernier réduit au céra-
tobranchial. Rayons postérieurs des nageoires anale et dorsale très
rapprochés les uns des autres et plus ou moins dressés au point de
constituer, avec la caudale rudimentaire, une palette natatoire
losangique Platuronides Roule et Bertin.
AA. Pariétaux et frontaux respectivement soudés sur la ligne médiane.
Toutes les dents fines et en quinconce. Environ 140 vertèbres. Dorsale
commençant au-dessus ou en avant du premier rayon anal. Les deux
premiers arcs branchiaux dépourvus de basibranchial ; le dernier com-
prenant un pharyn gobranchial et un cératobranchiaL Rayons posté-
rieurs des nageoires anale et dorsale ne formant pas, avec la caudale,
une palette natatoire élargie Stemonidium Gilbert.
106 —
Liste et Synonymie des Espèces de Serrivoméridés.
Serrivomer Gill et Ryder. — Serrivomer Gill et Ryder, 1883 ; — Paraser-
rivomer Roule et Angel, 1933.
Serrivomer beani Gill et Ryder. — Serrivomer beanii Gill et Ryder, 1883
(84) ; Goode et Bean, 1895 (96) ; Barnard, 1925 ; Beebe et Crâne, 1936 ;
■ — Nemichthys infans, non Günther, Vaillant, 1888 ; — Nemichthys
richardi Vaillant, 1888 ; — Avocettina richardi Jordan et Davis, 1888
(92) ; — Serrivomer richardii Goode et Bean, 1895 (96) ; — Serrivomer
sector longidentatus Roule et Bertin, 1929 (en partie) ; Parr, 1934 ; —
Nemichthys sp. Borodin, 1931 ; — Gavialiceps microps Borodin, 1931 ; —
Serrivomer sector Parr, 1932 ; — Serrivomer inc. sed. Parr, 1932.
Serrivomer garmani nov. sp. — Espèce très commune parmi les matériaux
du Dana (1928-30) provenant du Pacifique et de l’Océan Indien. Iden-
tique à S. beani par la disposition des rayons branchiostèges ; identique
à S. parabeani par la forme et les dimensions de l’opercule. La descrip-
tion complète en sera faite dans un travail ultérieur. Je la dédie à la
mémoire de S. Garman dont l’espèce S. sector était la seule connue jus-
qu’ici dans la région indo-pacifique.
Serrivomer parabeani Bertin. — Serrivomer sector longidentatus Roule et
Bertin, 1929 (en partie) ; ■ — Paraserrivomer hasta Roule et Angel,
1933 ; — Serrivomer parabeani Bertin, 1940.
Serrivomer sector Garman. — Serrivomer sector Garman, 1899; Brauer,
1906 ; Lloyd, 1909 ; Weber et Beaufort, 1916 ; Townsend et Nichols,
1925 ; — Serrivomer sector longitentatus Roule et Bertin, 1929 (en par-
tie) ; — Serrivomer beanii Gilbert, 1903 (05).
Serrivomer brevidentatus Roule et Bertin. — Serrivomer sector brevi-
dentatus Roule et Bertin, 1929; — Serrivomer beani Jrewavas, 1932 ;
— Serrivomer sp. Beebe, 1933.
Platuronides Roule et Bertin, 1924.
Platuronides danæ Roule et Bertin. — Platuronides danse Roule et
Bertin, 1924, 1929 ; Parr, 1932 ; Beebe et Crâne, 1937.
Platuronides ophiocephalus Parr., — Platuronides ophiocephalus Parr,
1932 ; Beebe et Crâne, 1937.
Platuronides acutus Parr. — Platuronides acutus Parr, 1932; Beebe et
Crâne, 1937.
Stemonidium Gilbert, 1905,
Stemonidium hypomelas Gilbert, 1903 (05) ; Bertin, 1941.
Synopsis des Espèces de Serrivomer.
A. Sept ou huit rayons branchiostèges dont au moins quatre dépassent
en avant la partie de l’arc hyoïde sur laquelle ils s’insèrent. Denture
du type longidentatus.
107
B. Premier rayon branchiostège (l’inférieur) dépassant en avant
l’hypophyal sur lequel il s’insère.
C. Opercule triangulaire ou mieux en soc de charrue et à peu près
égal au préopercule. Atlantique. . . S. beani Gill et Ryder.
CC. Opercule demi-circulaire et plus grand que le préopercule.
Pacifique et Océan Indien S. garmani nov. sp.
BB. Premier rayon branchiostège plus ou moins rudimentaire et ne
dépassant pas en avant l’hypophyal sur lequel il s'insère. Opercule
demi-circulaire et plus grand que le préopercule. Atlantique.
• S. parabeani Bertin.
AA. Sept ou huit rayons branchiostèges dont un seul, celui qui s’insère
au coude du cératohyal, dépasse légèrement cet os vers l’avant. Opercule
demi-circulaire et plus grand que le préopercule.
D. Denture du type longidentatus. Nombre de rayons anaux supérieur
à 150. Pacifique et Océan Indien S. SèCtor Garman.
DD. Denture du type brevidentatus. Nombre de rayons anaux infé-
rieur à 150. Atlantique S. brevidentatus Roule et Bertin.
Synopsis des Espèces de Platuronides.
A. Narine antérieure tubulaire. Dents vomériennes peu nombreuses (une
quinzaine), coniques et disposées sur un seul rang. Pas de crête vomé-
rienne analogue à celle des Serrwomer. Dents maxillaires et mandibu-
laires sur 1-2 rangs. Maxillaires atteignant presque l’extrémité du
museau. Atlantique P. danae Roule et Bertin.
AA. Narine antérieure non tubulaire. Dents vomériennes très nombreuses ;
les antérieures coniques et disposées sur 2-6. rangs; les postérieures
plus ou moins aplaties et disposées en alternance sur 2 rangs. Crête
vomérienne qui en résulte n’ayant jamais l’ampleur ni la continuité de
celle des Serrivomer.
B. Dents vomériennes antérieures sur 2 rangs. Crête vomérienne
discontinue mais occupant les trois-quarts postérieurs du vomer et
comprenant 6-8 groupes de 4-6 dents chacun. Dents maxillaires
et mandibulaires sur 2 rangs. Maxillaires atteignant le sixième
antérieur du museau. Largeur maxima du crâne (entre les saillies
sphénotiques) à peine plus grande que la distance interorbitaire.
Atlantique P. ophiocephalus Parr.
BB. Dents vomériennes antérieures sur 4-6 rangs. Crête vomérienne
continue mais n’occupant que le quart postérieur du vomer et com-
prenant seulement une quinzaine de dents peu développées. Dents
maxillaires et mandibulaires sur 4-6 rangs. Maxillaires atteignant
au plus le tiers antérieur du museau. Largeur maxima du crâne
visiblement plus grande que la distance interorbitaire. Atlantique.
\ P. acutus Parr.
— 108 —
BIBLIOGRAPHIE
(Réduite aux travaux anatomiques) .
Beebe (W.) et Crâne (J.). Deep-sea Fishes of the Bermuda Ocanographic
Expéditions. Family Serrivomeridæ. Genus Serrivomer (Zoologica,
New-York, 1936, XX, p. 53-102). — Genusf Platuronides [Idem, 1937,
XXII, p. 331-348).
Bertin (L.). Remaniement dans ia classification des Poissons Apodes
appartenant à la famille des Serrivoméridés ( C . R. Âc. Sc. Paris, 1940,
CCXI, p. 76-78).
Bertin (L.). Description anatomique du genre Stemonidium, type peu
connu des Serrivoméridés, et définition de cette famille de Poissons
Apodes [Bull. Muséum, Paris, 1941, (2), XIII, p. 524-531, f. 1-3).
■ Parr (A.-E.) Deep-sea Ecls, exclusive of larval forms [Bull. Bingham
Océan. Coll., New Haven, Con., U. S, A., 1932, III (5), p. 2-10).
Roule (L.) et Bertin (L.). Les Poissons Apodes appartenant au sous-ordre
des Némichthydif ormes [Dana Exped. 1920-1922, Océan. Rep., Copen-
hague, 1929, n° 4, p. 34-52, f. 16-31).
Trewavas (E.). A contribution to the classification of the Fishes of the
order Apodes, based on the Osteology of some rare Eels [Proc. Zool.
Soc., London, 1932, p. 639-659).
109
Contribution a létude des Isopodes terrestres
du Sud-Ouest de la France
Par J. -J. Legranu.
Cette note représente le résultat de chasses effectuées en été 1942
et 1943 dans les départements de la Dordogne, du Lot-et-Garonne,
dans le Sud du département de la Vendée et le Nord de la Charente
maritime. Cette région n’avait jamais été prospectée au point de
vue des Isopodes terrestres. La liste des espèces capturées, bien que
sans doute incomplète, apporte cependant assez d’éléments pour
aider à l’étude, actuellement en cours, de la faune de France des
Oniscoïdes. C’est la parution prochaine de cette Faune qui m’incite
à publier dès maintenant le résultat de mes chasses.
I. — LISTE DES ESPÈCES
Ligiidæ.
1. Ligidium hypnorum Cuv. — Dordogne : Saint- Julien-de-Lam-
pon, les Eyzies, Chancelade, Mussidan. — - Plaute-Vienne : Limoges.
— Vendée : Mervent, Vouvant, Peyré-sur- Vendée.
Trichoniscinæ.
2. Trichoniscus provisorius Rac. — Dordogne : Beaumont-du-
Périgord, les Eyzies, Pombonne près Bergerac, Mussidan, Saint*
Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien^ Lalinde, Bayac, les Eyzies,
Chancelade, Brantôme. — Lot-et-Garonne : Le Ray et près Villeréal,
Villeneuve-sur-Lot. — Vendée : Peyré-sur- Vendée.
3. Trichoniscus elisabethae Herold. — Villeneuve-sur-Lot.
4. Trichoniscus elisabethæ race cœlebs Verhœff. - — Très commun
dans les 4 départements.
5. Trichoniscus pygmeus Sars. — Dordogne : Brantôme, les Eyzies.
— Lot-et-Garonne : le Bayet, Villeneuve-sur-Lot. — Haute-Vienne :
Limoges.
6. Trichoniscoïdes sarci meridionalis Legrand. — Dordogne :
Brantôme, Chancelade, les Eyzies, Saint-Cyprien, Pombonne,
Beaumont du Périgod. — Lot-et-Garonne : le Rayet, Villeneuve-sur-
Lot.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
7. Trichoniscoïdes cadurcensis furcillatus Legrand. — Lot-et-
Garonne : le Rayet.
8. Oritoniscus flavus B. L. et variété rufa Legrand. — Dordogne :
Brantôme, Chancelade, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien,
Lalinde, Bayac, Beaumont du Périgord, Pombonne, Mussidan. —
Lot-et-Garonne : Le Rayet, Fumel, Villeneuve-sur-Lot, Agen, Penne,
Port-Sainte-Marie. — Vendée : Mervent, Peyré-sur- Vendée.
9. Oritoniscus vandeli Legrand. - — • Villeneuve-sur-Lot.
10. Phymatoniscus helenæ Vandel var. ocellatus Legrand. — Con-
fluent du Brimont et de la Garonne (Sud d’Agen).
Haplophthalminæ.
11. Haplophthalmus perezi Legrand. — Dordogne : Brantôme,
Chancelade, Lalinde, les Eyzies, Beaumont du Périgord, Pombonne.
— Lot-et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. — Vendée :
Peyré-sur- Vendée. — Haute-Vienne : Limoges.
12. Haplophthalmus danicus B. L. • — Dordogne : Chancelade,
Brantôme, Saint-Cyprien, Pombonne, Beaumont du Périgord, les
Eyzies. — Lot et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot. —
Vendée : Damvix.
13. Haplophthalmus teissieri Legrand. • — Lot-et-Garonne : Ville-
neuve-sur-Lot. — Vendée : Peyrésur- Vendée.
14 . H elenonis eus prenanti Legrand. — Lot-et-Garonne : Ville-
neuve-sur-Lot.
Oniscidæ.
15. Oniscus asellus Linné. — Dordogne (très commun) : Brantôme,
Chancelade, Les Eyzies, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien,
Lalinde, Bayac, Sarlat et causse au nord de cette ville, Pombonne,
Musidan. • — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Fumel, Penne, Ville-
neuve-sur-Lot, Agen. • — Vendée : Mervent, Fontenay-le-Comte,
Peyré-sur- Vendée. — - Charente maritime : Courçon, Marans. —
Haute-Vienne : Limoges.
16. Philoscia muscorum Scopoli et variété rufa Legrand. — Très
commune dans les quatre départements.
17. Philoscia affinis Verhœff et variété trifasciata Verh. — Dor-
dogne : Les Eyzies, Saipt-Julien-de-Lampon. — Lot-et-Garonne i
Villeneuve-sur-Lot. - — Vendée : forêt de Mervent, Vouvant.
18. Chætophiloscia elongata Dollfus. • — • Dordogne : Les Eyzies,
Pombonne. ■ — ■ Lot-et-Garonne : Villeneuve-sur-Lot. — Vendée t
Mervent, Maillezais. ■ — Charente maritime : Marans.
— 111 —
P ORCELIilONIDÆ.
19. Porcellio (Euporcellio) scaber Latreille. — Dordogne : La*
linde. — Lot-et-Garonne : Le Rayet. • — • Vendée : Mervent. - — Cha-
rente maritime : Courçon (forêt de Benon), Marans, rivage du Per-
thuis breton : variété maritima Dollfus.
20. Porcellio (E.) pictus Brandt. • — Dordogne : Pombonne, La-
linde, Saint-Julien-de-Lampon, Les Eyzies. — Lot-et-Garonne : Le
Rayet. ■ — Vendée : Mervent. — Charente maritime : Courçon
(forêt de Benon).
21. Porcellio (E.) dilatatus Brandt. — Lot-et-Garonne : Le Rayet,
Villeneuve-sur-Lot. — Vendée Mervent.
22. Porcellio (E.) monticola Lereboullet. - — Dordogne : Saint-
Julien-de-Lampon, les Eyzies, Chancelade, Pombonne. — Lot-et-
Garonne : Villeneuve-sur-Lot.
23. Porcellio (Mesoporcellio) lævis Latreille. ■ — Dordogne :
Brantôme. — Lot-et-Garonne : Le Rayet, Villeneuve-sur-Lot.
23. Porcellio (Meso.) gallicus Dollfus. — Dordogne : Brantôme,
Chancelade, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Cyprien, Lalinde, Bayac,
Pombonne, Musidan, Beaumont du Périgord. — Lot-et-Garonne :
Le Rayet, Fumel, Villeneuve-sur-Lot, Penne, Agen, Port-Sainte-
Marie. — Vendée : Mervent, Peyré-sur-Vendée, Vouvant, Fontenay-
le-Comte, Maillezais, Damvix. • — Charente maritime : Courçon,
Marans.
24 Metoponorthus pruinosus Brandt. — Dordogne : Les Eyzies,
Saint-Julien-de-Lampon. • — Lot-et-Garonne : Villeneuve-sur-Lot,
le Rayet. — Vendée : Mervent. — Charente maritime : Courçon.
25. Platyarthrus Hoffmannseggii Brandt. — Dordogne : Sarlat et
causse au nord de cette ville. • — • Lot-et-Garonne : Villeréal. —
Vendée : Peyré-sur-Vendée.
26. Cylisticus convexus B. L. — Lot-et-Garonne : le Rayet. —
Dordogne : Brantôme.
Armadili.idiidæ.
28. Armadillidium vulgare Latreille. — Dordogne : Brantôme, les
Eyzies, Beaumont du Périgord. — Lot-et-Garonne : Le Rayet,
Villeneuve-sur-Lot. • — Vendée : Mervent, Peyré-sur-Vendée. —
Charente maritime : Courçon, Marans.
29. Armadillidium (Pseudosphærium) nasatum B. L. — Très
commun dans les quatre départements ; variété rufum Legrand :
Pombonne (Dordogne).
— 112
30. Eluma purpurascens B. L. — Dordogne : Bayac, Bergerac, les
Eyzies, Brantôme. — Vendée : Mervent, Vouvant.
Eubelidæl
31. Sphærobathytropa ribauti Verhoefï. — Dordogne : Chancelade.
II. — REMARQUES SUR LA DISTRIBUTION
GÉOGRAPHIQUE DE CERTAINES ESPÈCES
Ligidium hypnorum. — Cette espèce de l’Europe centrale a envahi
une grande partie de la France. Encore très abondante dans le
Massif central (Vandel 1939), elle manque dans les Pyrénées. Elle
dépasse sensiblement la ligne Brive-Figeac que Vandel ( ibid .) avait
désignée comme limite sud-ouest puisqu’elle présente encore de
nombreuses colonies en Dordogne le long des affluents et sous-
affluents de la Garonne : Dordogne, Vezère, Corrèze, Isle, Beauronne
de Périgueux, Beauronne de Mussidan, Grempse. Il est à remarquer
que cette espèce avance d’autant moins vers l’ouest que ces cours
d’eau sont plus méridionaux. Je ne l’ai pas trouvée en Lot-et-
Garonne.
La limite sud-ouest de son aire de répartition, autant qu’on
puisse l’assigner strictement à. une espèce amnicole qui doit voyager
le long des cours d’eau et même être transportée par les crues,
traverse le département de la Dordogne suivant une ligne S.-E.-
N.-O. qui va de Saint- Julien de Lampon à Mussidan en passant par
les Eyzies. Le prolongement N.-O. de cette ligne doit couper le cours
de la Charente en un point plus ou moins proche de l’Océan Atlan-
tique, et va rejoindre les stations de Vendée où j’ai trouvé en abon-
dance cette espèce, au bord de la Vendée et de ses affluents.
Oritoniscus flavus. — Ce grand Trichoniscide présente une écologie
identique à celle de Ligidium, hypnorum et semble remplacer cette
espèce dans toute la partie méridionale de la France, depuis le Lot-
et-Garonne jusqu’aux Pyrénées. A l’inverse de Ligidium hypnorum
qui descend du Massif central, Oritoniscus flavus remonte vers le
Massif central le long des affluents précités de la Garonne : Vandel
(ibid.) l’a rencontrée jusqu’au Sancy et au Lioran, sources de la
Dordogne et de la Gère. La limite N.-E. de son aire de répartition
semble être (Vandel, ibid.) la bordure Est du Massif central ; la
limite Nord semble être constituée par les Monts du Limousin : je
ne l’ai pas trouvée à Limoges au bord de la Vienne. Sa limite N.-O.
semble beaucoup plus avancée vers le Nord : Cette espèce a du
pénétrer par le seuil du Poitou pour envahir une grande partie de la
Vendée. Je l’ai trouvée en abondance en compagnie de Ligidium
hypnorum sur les bords de la Vendée et de ses affluents.
— 113 —
La Vendée et la moitié N.-E. du département de la Dordogne
paraissent donc être la zone de contact de ces 2 espèces. Au Nord de
cette zone, seule subsiste Ligidium hypnorum, espèce septentrionale,
au Sud de cette zone, on ne. rencontre plus qu ’Oritoniscus flavus,
espèce pyrénéenne.
Oritoniscus vandeli. — Cette espèce que j’ai décrite de Viïïeneuve-
sur-Lot, (1942), a été trouvée par Vandel (1942, paru en mars 1943)
dans le Lot et l’Aveyron dans des conditions écologiques analogues :
domaine épigé, tufs humides. Vandel a assimilé cette espèce à
Oritoniscus virei Cari *= cebenicus Racovitza. Je crois cependant
qu’il s’agit de deux formes voisines mais différentes : les dessins
de l’exôpodite du 1er pléopode mâle donnés par ces deux auteurs
diffèrent nettement de ceux donnés par Vandel et moi-même :
l’expodite d’O. virei , découpé en 2 lobes par une échancrure du bord
distal, présente un lobe externe plus large que l’interne, caractère
inversé chez O. vandeli. De même les dessins de l’endopodite du
2e pléopode donnés par Racovitza et Carl diffèrent, à la fois par la
forme et la taille de l’article distal, de ceux de Vandel et des miens :
Egal aux 3 /4 de l’article basal et nettement effilé à son extrémité
d’après les deux premiers auteurs, l’article distal est plus long que le
basal et spatulé à son extrémité chez O. vandeli. Enfin le caractère
sexuel secondaire du 7e péréiopode ainsi que les brosses d’écailles
des 2- premiers péréiopodes n’ont pas été figurés par Racovitza et
Carl au sujet d’O. virei.
Etant donné la grande ressemblance de ces 2 espèces, une nouvelle
exploration des grottes où a été trouvé O. virei est nécessaire.
Le caractère sexuel secondaire du 7e péréiopode mâle, bosse' assez
peu marquée, fait d’O. vandeli un terme de passage entre le 2e et le
3^ groupe créé par Vandel (1942) pour classer le genre Oritoniscus.
Trichoniscus elisabethæ. — La capture de cette espèce à Ville-
neuve-sur-Lot est encore un témoignage de cette propagation des
espèces du Massif central le long des affluents de droite de la Garonne.
T. elisabethae est en effet commun dans les Cévennes (Vandel
1933).
Trichoniscoïdes sarci meridionalis. — Cette espèce est très com-
mune dans la Dordogne et le Lot-et-Garonne, aussi bien dans le
domaine épigé que dans les grottes. Sa faible pigmentation et le
caractère de premier pléopode du £ font de cette forme une sous-
espèce géographique de T. sarci Patience. Les deux formes parais-
sent en effet géographiquement séparées : T. sarci n’a été trouvé
qu’à Vimereux par Vandel (1925) et je ne l’ai encore jamais ren-
contré dans le Bassin de Paris. L’abondance des représentants du
genre Trichoniscoïdes dans le S. Q. (T. sarci meridionalis r T. cadur-
— 114
censis Vandel, T. cadurcensis furcillatus Legrand) étend largement
vers le Sud l’aire de répartition de ce genre septentrional. Sa limite
S. 0. paraît être la vallée de la Garonne, du moins pour le domaine
épigé car T. modestus peuple les grottes pyrénéennes. Sur la rive
gauche de la Garonne, au Sud d’Agen, je n’ai trouvé dans les condi-
tions écologiques épigées où abonde ordinairement Trichoniscoïdes
sarci meridionalis, que Phymatoniscus helenæ Vandel variété ocellatus
Legrand. Il est donc possible que les deux genres Trichoniscoïdes
et Phymatoniscus se * substituent l’un à l’autre, dans le domaine
épigé, de part et d’autre de la Garonne : jusqu’ici aucune autre
station aussi septentrionale n’a été signalée pour le genre pyrénéen
Phymatoniscus.
Haplophthalmus perezi. Cette espèce diffère d ’H. mengei Zad._
par de nombreux caractères : côte a plus courte chez H. perezi y
carpos du 7e péréiopode du £ à 4 soies sternales subégales, alors que
chez mengei l’une d’elles dépasse nettement les autres ; propodos à
3 groupes de soies sternales, 2 seulement chez mengei ; enfin et sur-
tout : meros du 7e péréiopode du $ présentant une forte bosse
sternale qui manque chez mengei.
La présence d ’H. perezi à Corbeil (Seine-et-Oise), d’où je l’ai décrit
(1942), paraît, sinon accidentelle, du moins très voisine de la limite
Nord de sa répartition. Dans le Sud-Ouest, où je l’ai par contre
trouvé en grande abondance, H. mengei paraît manquer totalement.
La présence de cette dernière espèce à Toulouse (Vandel 1940)
et dans le Nord de l’Espagne (Arcangeli 1924) demanderait à être
confirmée.
Philoscia affinis. — Cette espèce méridionale et méditerranéenne
ne se rencontre que de façon sporadique dans la Dordogne et le Lot-
et-Garonne. Elle est beaucoup plus abondante dans la forêt de
Vouvant (Vendée).
Chætophiloscia elongata. — Cette espèce, également méridionale et
méditerranéenne se rencontre de même de façon sporadique dans
la Dordogne et le Lot-et-Garonne. Elle paraît plus commune en
Charente maritime et en Vendée. Il est probable que le climat
maritime permet une extension vers le Nord de son aire de réparti-
tion : Dollfus (1899) l’a en effet signalée au Croisic (Loire- Inférieure).
Porcellio (Meso.) gallicus. — Cette espèce est ubiquiste dans les
quatre départements (sauf peut-être au bord de la mer, région que je
n’ai pu explorer). Si on compare le Bassin de Paris et le S. O. de la
France, on est frappé par l’inversion de fréquence des 2 espèces :
Porcellio (Eu.) scaber et P. (Meso) gallicus : dans le Bassin de Paris
P. scaber est ubiquiste, P. gallicus très rare (forêts). Dans la Vendée
et la Charente maritime P. gallicus est ubiquiste avec prédominence
— 115 —
dans les forêts surtout siliceuses ; P. scaber est déjà beaucoup moins
abondant : forêts calcaires et jardins. En Dordogne et Lot-et-Ga-
ronne P. gallicus est absolument ubiquiste, P. scaber très sporadique
{troncs d’arbres).
Eluma purpurascens. — Cette espèce nettement sylvicole est très
commune dans la Dordogne ; Vandel (1939) l’a récoltée à Brive 5
elle s’avance beaucoup plus loin vers l’Est : Châteauroux (Indre) ;
elle a été recueillie par Budde Lund (1885) et Dollfus (1899) à
Sainte-Georges-de-Didonne et Angoulême (Charente) ; je l’ai enfin
trouvée en abondance dans la forêt de Mervent (Vendée). L’aire de
dispersion de cette espèce paraît donc délimitée : à l’Est par le
Massif Central au Sud par la Dordogne. Quant à sa limite Nord,
elle demanderait à être précisée (vallée inférieure de la Loire ?).
Dollfus (1899) et Arcangeli (1935), basant leur hypothèse sur
des captures sporadiques en France, Espagne et Portugal, ont admis
être en présence d’une espèce importée des archipels atlantiques
(Açores, Madère, Canaries) où elle est très commune. Vandel (1939)
a repris cette hypothèse des importations successives et indépen-
dantes les unes des autres. Or cette hypothèse ne tient pas compte :
■a ) de la large dispersion de cette espèce à l’intérieur des terres (en
France du moins et en Espagne) ; b) de l’abondance des individus
indiquant une excellente acclimatation (au moins en Dordogne et
en Vendée); c) de l’habitat sylvicole assez rare pour une espèce
importée récemment.
Ces trois constatations semblent mieux s’harmoniser avec l’hypo-
thèse d’une espèce relique de la faune atlantidienne, répartie à la
fin du tertiaire ou au début du quaternaire sur un territoire englo-
bant les archipels atlantiques et réuni aux côtes espagnoles et por-
tugaises.
Conclusion. — La faune de la Dordogne et du Lot-et-Garonne
est intermédiaire entre la faune banale de la France moyenne et la
faune toulousaine (Vandel 1940) : Les éléments vraiment méditer-
ranéens ( Platyarthrus costulatus , Metoponorthus sexfasciatus, M.
melanurus, Lucasius pallidus ), déjà rares à Toulouse, font défaut.
D’autres moins stricts subsistent : Chætop kilos cia elongata , Philoscia
afjinis. Les influences pyrénéennes sont beaucoup plus faibles :
Oritoniscus flavus , Sphærobathytropa ribauti, Phymatoniscus helenæ ,
cette dernière espèce ne dépassant pas le sud du Lot-et-Garonne.
Par contre d’autres influences se font sentir : influence du Massif
Central d’où descendent Oritoniscus vandeli, Trichoniscus elisabethæ ;
influence de l’Océan atlantique : Eluma purpurascens ; enfin l’in-
fluence septentrionale est plus marquée : abondance dans le domaine
êpigé du genre T richonis coides, pénétration en Dordogne de Ligi-
dium hypnorum, abondance d ’Oniscus asellus.
116 —
La Vendée et la Charente maritime ne représentent qu’un pro-
longement vers le Nord de cette région eit les influences méditerra-
néennes et pyrénéennes venues par le seuil du Poitou sont encore pins
affaiblies.
Vandel (1940) a défini la faune méridionale en prenant pour type
la faune toulousaine : a) par l’abondance de certaines formes telles
que Trichoniscus provisorius beaucoup plus rares dans la France
moyenne. — On peut y ajouter Haplophthfalmus perezi et Porcellia
(Mesoporcellio) gallicus ; b) par l’existence de formes méditerra-
néennes à grande dispersion telles de Philoscia affinis, Chætophiloscia
elongata ; c ) par l’absence de certaines espèces de l’Europe occiden-
tale telles que Ligidium hypnorum et Oniscus asellus. Les deux
premiers termes de cette définition sont valables pour le Lot-et-
Garonne, la Dordogne, la Charente maritime et la Vendée. Le
dernier terme n’est plus valable que pour le Lot-et-Garonne, si on
excepte d’ailleurs le cas d ’ Oniscus asellus. L’étude précédente montre
que si on ne veut pas être obligé de créer toute une série d’intermé-
diaires entre la faune méditerranéenne et la faune de la France
moyenne, il faut étendre le terme de faune méridionale au bassin
hydrographique de la Garonne (Pyrénées exceptées) et à la Vendée.
Les deux premiers termes de la définition donnée par Vandel
peuvent être conservés pour définir cette faune, mais son caractère
principal est d’être une zone de contact de nombreuses faunes :
faune méditerranéenne, pyrénéenne, atlantique et septentrionale.
Laboratoire de Zoologie, Sorbonne.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
1935. Arcangeli (A.). Boll. d. Zool. gen. agrar. d. R. Istit. super, agrar .
Portici XXIX.
1885. Budde Lund (G.). Crustacea Isopoda terrestria per Famiiias et
généra et species descripta. Hauniæ.
1908. Carl (J.). Feuille J. Natur. IVe série, 39e année.
1899. Dollfus (A.). Feuille J. Natur., IIIe série, 29e année.
1942. Legrand (J -J ) Bull Soe. Zool. Fr., LXVII.
1942. Legrand (J. -J.). Bull. d. Muséum, 2e s., t. XIV, n° 6.
1943. Legrand (J.-J.). Bull. d. Muséum, 2e s., t. XV, n° 2.
1908. Racovitza (E. G.). Archiv Zool. Expér. (IV), IX, pp. 239-415.
1934. Vandel (A.), Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, t. LXVI, 1er trim.
1939. Vandel (A.). Arch. Zool. Expér. et Gén., LXXX. Notes et revue,.
n° 3.
1940. Vandel (A.). Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, LXXV.
1941. Vandel (A.). Bull. Soc. Zool. France, LXVI.
1942. Vandel (A.). Bull. Soc. Zool. France, LXVII.
117
Les Types dTnsectes de Mulsant au Muséum de Paris
Par Renaud Paulian
E. Mulsant compte parmi les entomologistes français les plus
notoires du milieu du siècle dernier. Son œuvre monumentale ;
Histoire Naturelle des Punaises de France, Histoire Naturelle des
Coléoptères de France, Lettres à Julie sur l’entomologie, Opus-
cules entomologiques, Species des Coccinellides, etc. \ sa colla-
boration avec Cl. Rey, Godart, Guillebeau, ont contribué non
seulement au développement de la connaissance de la faune fran-
çaise, mais encore au développement de l’intérêt pbur l’entomolo-
gie. Il reste une des belles figures de cette remarquable pléiade de
naturalistes lyonnais du xixe siècle.
Or, à sa mort, les collections sur lesquelles il avait travaillé,
passèrent à son, fils, lui-même entomologiste amateur. Victor
Mulsant, pendant de longues années Supérieur de l’Institution
mariste de Saint-Chamond (Loire), laissa l’ensemble de ses col-
lections à cette Institution.
Soigneusement rangées dans d’excellents cadres en bois, mais
ayant subi des déménagements au cours des deux guerres, lorsque
l’Institution servit d’ Hôpital, les collections entomologiques avaient
sensiblement souffert. Aussi, lorsqu’à une demande de renseigne-
ments, le Père Supérieur de l’Institution proposa, dans un esprit
de rare désintéressement scientifique, de laisser le Muséum retirer
de ces collections les exemplaires ayant une valeur historique,
typiques, estimant qu’ils seraient plus à l’abri et mieux à leur
place dans notre Collection Nationale, nous n’hésitâmes pas à nous
rendre à Saint-Chamond pour nous rendre compte de ce qui sub-
sistait encore et, de notre point de vue, pouvait être sauvé.
La collection E. Mulsant, bien distincte de la collection
V. Mulsant (cette dernière sans intérêt), avait été rangée,
vers 1893-1895 par les soins du P. Friocourt et du P. Bonon,
dans les cadres d’un meuble spécialement fabriqué pour l’Insti-
tution. D’après les indications qu’a bien voulu nous fournir le
P. Giovanotti, et conformément à ce que nous avons pu vérifier
par recoupement, rien d’étranger n’y avait été incorporé.
En dehors des matériaux français, renfermant les types de Mul-
1. Et nous ne parlons pas de son Histoire des Oiseaux-Mouches, publiée en colla-
boration avec Verreaux.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
J
sant, de Mulsant et Rey, Mulsant et Godart, Mulsant et
Guillebeau, cette collection contenait quelques matériaux de
Madère, provenant, d’après la préparation, des chasses de Wol-
laston et pouvant être considérés comme cotypiques ; quelques
espèces françaises de Cl. Rey, que l’on doit aussi considérer comme
cotypiques, étant donné les rapports constants existant entre les
deux naturalistes ; enfin des récoltes du P. Montrouzier, mis-
sionnaire mariste aux îles du Pacifique, et provenant de l’île Wood-
lark. Étant donné l’étiquetage de ces espèces, certaines doivent
être considérées comme des cotypes de cet auteur.
Au cours de notre séjour à Saint-Chamond nous avons pu pré-
lever dans la collection Mulsant tous les matériaux typiques
qui y existaient encore. Il nous a alors semblé qu’il serait utile
d’en publier la liste, à un triple point de vue.
1. D’une part pour faire connaître l’enrichissement des collec-
tions d’Entomologie.
2. Ensuite pour éviter des recherches, dorénavant inutiles,
dans les restes de la collection Mulsant et en établir en somme
le bilan.
3. Enfin pour attirer l’attention sur le geste de l’Institution
Sainte-Marie, de Saint-Chamond. Il serait à souhaiter que d’autres
Institutions, et des particuliers, acceptent aussi généreusement
de se dessaisir de matériaux d’une haute valeur historique, faisant
en somme partie du patrimoine scientifique national. Ils en assu-
reraient ainsi la pérennité.
Dans la lis e qui suit nous avons indiqué d’un T les exemplaires
typiques uniques ; lorsqu’il y en avait plusieurs, étant donné que
Mulsant ne désignait jamais ces types, nous ne pouvons les con-
sidérer que comme des Ex-typis ; enfin les matériaux des autres
auteurs ne sont représentés que par des cotypes.
Hémiptères
Euconia marginipennis Mulsant et Rey.
Sternodontus obtusus Mulsant et Rey.
Derula flavoguttata Mulsant et Rey.
Sehirus luctuosus Mulsant et Rey.
Canthopliorus maculipes Mulsant et Rey.
Gnathoconus concolor Mulsant et Rey.
Sciocoris angustipennis Mulsant et Rey et S. auritus Mulsant et Rey.
Aeliodes lineolata Mulsant et Rey.
Eysarcoris epistomalis Mulsant et Rey.
Pentatoma pinicola Mulsant et Rey.
Nezara Millierei Mulsant et Rey.
Sudalus brevicornis Mulsant et Rey.
Berytus gracilis Mulsant et Rey.
— 119 —
Harpactor lividigaster Mulsant et Rey.
Pirates ambiguus Mulsant et Rey.
Prostemma fuscipennis Mulsant et Rey.
Coléoptères
Cymindis maderae Wollaston, cotype.
Olisthopus maderensis Wollaston, cotype.
Hydraena rugosa Mulsant, H. producta Mulsant.
Limnebius papposus Mulsant.
Ochthebius crenulatus Mulsant.
Stenus major Mulsant et Rey.
Philonthus tenuicornis Rey, cotype.
Helophorus aroernicus Mulsant, H. intermedius Mulsant.
Laccobius pallidus Mulsant.
Lucanus cervus var. Fabianii Mulsant et var. Pontbrianti Mulsant, T.
Bolbelasmus gallicus Mulsant.
Trypocopris vernalis subsp. epistomalis Mulsant.
Gymnopleurus obtusus Mulsant, T.
Chironitis Melibaeus Mulsant.
Oniticellus Revelierei Mulsant, T.
Aphodius (Calamosternus) ferrugineus Mulsant.
Ataenius simplicipes Mulsant, T.
Psammobius basalis Mulsant, T.
Rhyssemus Godarti Mulsant, R. verrucosus Mulsant, T, R. sulcigaster
Mulsant.
Rhizotrogus marginipes Mulsant, R. vicinus Mulsant, R. pygidialis Mul-
sant.
Anoxia scutellaris Mulsant.
Anisoplia villica Mulsant.
Pelochares emarginatus Mulsant et Rey.
BothriopTiorus atomus Mulsant, T.
Ryrrhus quadrifasciatus Mulsant et Rey, R. similaris Mulsant.
Ampédus ruficeps Mulsant et Godart.
Cardiophorus versicolor Mulsant et Guillebeau.
Athous pallens var. melanoderes Mulsant et Guillebeau, A. castanescens
Mulsant et Guillebeau, A. jrigidus Mulsant et GuiVebeau, A. herbigra
dus Mulsant et Guillebeau, A. escorialensis Mulsant et Guillebeau,
A. pallens Mulsant et Rey, A. silvaticus Mulsant et Guillebeau,
A. Godarti Mulsant et Guillebeau, A. fuscicornis Mulsant et Guille-
beau.
N eotrichophorus Guillebeaui Mulsant et Godart.
Cylindromorphus gallicus Mulsant et Rey.
Cyphon depressus Mulsant et Rey.
Homalisus Victoris Mulsant, T, H. Mercki Mulsant, T.
Malthodes nigriceps Mulsant et Rey, M. meridianus Mulsant et Rey.
Danacea ambiguus Mulsant, D. longiceps Mulsant.
Dermestes gulo Mulsant et Godart.
Attagenus piceus var. stygialis Mulsant et var. julvipes Mulsant et Rey.
Ttogoderma fusicorne Mulsant et Rey.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
9
120 —
Dryophilus longicollis Mulsant.
Ernobius parens Mulsant, E. consimilis Mulsant.
Lasioderma apicatum Mulsant et Rey.
Mesothus ferrugineus Mulsant.
Stagetus byrrhoides Mulsant.
Dorcatoma punctulata Mulsant et Rey.
Cœnocara subglobosa Mulsant et Rey.
Orchesia luteipalpis Mulsant et Rey.
Abdera scutellaris Mulsant.
Scraptia minuta Mulsant et Rey.
Anaspis varians Mulsant et Rey, A. Chevrolati Mulsant* A. latiu&cula
Mulsant et Rey, A. monilicornis Mulsant.
Pentaria sericaria Mulsant.
Mordella Gacogqei Mulsant.
Mordellistena lilliputiana Mulsant, M. stenidea Mulsant et Rey, M. pul-
chella Mulsant, M. inaequalis Mulsant, M. subtruncata Mulsant, M. épis-
ternalis Mulsant, M. Perrisi Mulsant, M. pulchella Mulsant.
Œdemera podagraride var. sericans Mulsant.
Salpingus aeratus Mulsant, T.
Rabocerus virescens Mulsant, T. 1
Lagria atripes Mulsant et Rey, L. nudipennis Mulsant et Rey.
Hymenorus JDoublieri Mulsant.
Mycetochara maurina Mulsant.
Asida sabulosa var. insidiosa Mulsant.
JJendarus coarcticollis Mulsant.
Pedinus meridianus Mulsant et Rey, P. punctatostriatus Mulsant et
Rey.
Bioplanes meridionalis Mulsant et Rey.
Allophylax littoralis Mulsant et Rey.
Phaleria Revelierei Mulsant et Rey.
Pentaphylus melanophthalmus Mulsant.
Melasia Perroudi Mulsant et Guillebeau.
Belopus proeerus Mulsant.
Helops Cerberus Mulsant, H. agonus Mulsant, U. robustus Mulsant.
Cylindronotus Foudrasi Mulsant, C. dryadophilus Mulsant, C- pellucidus
Mulsant.
Prinobius Myardi Mulsant.
Leptura Fontenayi Mulsant.
Corlodera spinosula Mulsant.
Cænoptera Kiesenwetteri Mulsant et Rey.
Leptidea brevipennis Mulsant.
Oxypleurus Nodieri Mulsant.
Drymochares Truquii Mulsant.
Clytus lama Mulsant.
Parmena pubescens var. Solieri Mulsant.
JDorcadion molitor var. JJonzeli Mulsant, fuliginator varr. méridionale
Mulsant, mendax Mulsant, monticala Mulsant, navaricum Mulsant.
Morimus funereus Mulsant.
Exocentrus adspersus Mulsant, E. punctipennis Mulsant.
Po gonochaerus Perroudi Mulsant, P. scutellaris Mulsant.
Beroplia Troberti Mulsant, D. Foudrasi Mulsant.
Niphona picticornis Mulsant.
Albana M-griseum Mulsant.
Agapanthia latipennis Mulsant.
Menesia bipunotata var. quadripustulata Mulsant.
Phytœcia jourdani Mulsant, P. vulnerata Mulsant.
Enotes lifuensis Montrouzier, cotypes.
Dihammus fasciatus Montrouzier, cotype, D. Lessoni Montrouzier, cotype,
Penthea undata Montrouzier, cotype.
Bruchus ulicis Mulsant et Rey.
Bruchidius canaliculatus Mulsant et Rey.
Tropideres curtirostris Mulsant et Rey.
Rkaphitropis maculosus Mulsant et Rey.
Laboratoire d,’ Entomologie du Muséum.
Nouveaux Acanthaspiditae d'Afrique Orientale
[hem. reduviidae]
Par André Villiers.
(Note présentée par M. Marc André).
Acanthaspis elongata, n. sp. — Type : une $ provenant d’Abys-
sinie (coll. Noualhier )> Muséum de Paris).
Long. 16,5 mm. — Aptère, corps très allongé et étroit. Noir,
luisant, chaque fémur avec un assez large anneau préapical orangé
'(%• !)•
Tête très longue et étroite, à lobe postérieur régulièrement rétréci
en arrière, sans séparation nette entre les tempes et le cou. Yeux
un peu plus larges que la moitié de l’espace qui les sépare. Ocelles
petits, à peine aussi larges que la moitié de l’espace qui les sépare,
très légèrement surélevés. Pronotum très étroit, à lobe antérieur
deux fois plus long que le postérieur, fortement sillonné en long
au milieu et sur toute sa longueur, fortement et irrégulièrement ridé
avec des bandes sinueuses déprimées et presque lisses. Lobe pos-
térieur très fortement ridé en travers, de peu plus large que le lobe
antérieur, ses angles saillants en une longue pointe conique. Écusson
plus long que large, fortement ridé en travers, prolongé en
arrière en une robuste pointe dressée verticalement. Moignons
alaires courts, ovalaires, un peu moins longs que l’écusson. Pattes
longues et grêles, les tibias antérieurs avec une fosse spongieuse
ovalaire égale au cinquième de la longueur du tibia. Abdomen
ovalaire, les tergites très densément et finement ridés en travers,,
les sternites convexes, avec de petites rides transverses espacées
et peu profondes, les trois premiers sternites carénés au milieu.
Acanthaspis Arambourgi, n. sp. — Type : une $ du Kenya,
West-Suk dans la province du Turkana (Mission de l’Omo )> Muséum
de Paris).
Long. 15-16 mm. — Noir avec une petite tache transverse jau-
nâtre près de l’apex de chacun des segments du connexivum.
Tête assez courte avec les tempes longuement prolongées en
arrière, concaves, puis brusquement étranglées en un cou distinct.
Lobe antérieur très profondément sillonné en long au milieu. Yeux
très gros et saillants, aussi larges ou presque que l’espace qui les
sépare. Ocelles gros, bien plus larges que l’espace qui les sépare,
situés sur une proéminence du lobe postérieur. Pronotum entière-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
ment couvert d’une pubescence rase grisâtre ; lobe antérieur sans
sillon longitudinal médian, très superficiellement sculpté ; lobe
postérieur un peu plus court mais bien plus large que le lobe anté-
rieur, ridé en travers, ses angles postérieurs légèrement coniques
mais non saillants. Écusson bien plus large que long, terminé par
une robuste apophyse obliquement dressée, subconique à l’apex
Fig. 1. — Acanthaspis elongata, n. sp., femelle.
Fig. 2. - — Cerilochus rugosus, n. sp., femelle.
Moignons^alaires pubescents, plus courts que l’écusson. Pattes
robustes, les tibias antérieurs avec une fosse spongieuse égale au
quart de la longueur du tibia. Abdomen large, tergites avec leur
marge postérieure couverte d’une assez longue pubescence dorée,
une dépression médiane fortement ridée en travers et, sur les côtés,
de petites rides transverses, superficielles et espacées. Face ven-
trale lisse et éparsément pubescente.
Cerilochus ochraceipes, n. sp. — Type : un d’Afrique orientale
anglaise, entre la rivière Tana et le cours septentrional du Guasa
— 124 —
Nyéro, entre 1.200 et 2.000 m. d’altitude (G. Vasse )> Muséum de
Paris).
Long. 22 mm. — Noir, luisant, avec seulement les tarses et
l’apex des tibias d’un jaune ochracé, les deuxième et troisième
articles des antennes brunâtres, la oorie des élytres avec une très
large tacbe ronde testacée <et l’apex de la membrane blanchâtre.
Tête très large avec les yeux extrêmement gros, presque aussi
larges que l’espace qui les sépare. Lobe postérieur de la tête très
court ; tempes brèves et rectilignes; ocelles très gros, saillants,
surélevés, un peu plus proches des yeux qu’ils ne le sont entre eux.
Premier article des antennes n’atteignant pas le niveau de l’extré-
mité de la tête, cinq fois plus court que le deuxième article. Rostre
court et robuste, articles I et II subégaux.
Pronotum large à lobe antérieur nettement rebordé en avant,
faiblement convexe, superficiellement sculpté, sillonné longitu-
dinalement au milieu sur sa moitié postérieure. Angles antérieurs
saillants en une grosse protubérance arrondie. Lobe postérieur du
pronotum un peu moins de deux fois plus large que l’antérieur,
sillonné en long au milieu sur sa moitié antérieure, ce sillon ridé
en travers. Côtés du disque déprimés longitudinalement au niveau
des angles antérieurs de l’écusson. Angles postérieurs très large-
ment arrondis. Écusson transverse, prolongé en une très courte
pointe conique. Pattes courtes et épaisses ; fémurs antérieurs avec
quatre épines, une apicale interne, les trois autres alignées vers
l’extérieur ; fémurs intermédiaires avec une seule épine. Tibias
antérieurs et intermédiaires fortement épaissis, portant à l’apex
de leur face interne une fossette spongieuse ovalaire un peu plus
longue que le tiers du tibia.
h Abdomen aplati ventralement sur sa moitié antérieure. Tout le
corps et les pattes sont hérissés de longues soies rousses qui sont
particulièrement denses sur les hanches, les fémurs et à l’apex
des tibias.
Cerilochus rugosus, n. sp. - — Type et paratype, deux Ç de
l’Afrique orientale anglaise : Amala River (G. Rabault )> Muséum
de Paris).
Long. : 29 mm. — Très luisant. .Noir avec une large tache arron-
die testacée au milieu de la corie de chaque élytre, l’apex de la
membrane blanchâtre, le deuxième article des antennes roux, les
trois derniers segments du connexivum largement tachés de rouge
orangé, les pattes jaunes sauf l’extrême base des fémurs antérieurs,
les deux tiers basilaires des fémurs intermédiaires et les trois
quarts basilaiies des fémurs postérieurs qui sont noirs. Pubescence
dressée rousse, dense sous les fémurs et à l’apex des tibias (fig. 2).
Yeux très gros, presque aussi larges que l’espace qui les sépare.
— 125 —
Ocelles très gros, situés aussi loin l’un de l’autre quie des yeux.
Tempes droites et obliques. Deuxième article des antennes presque
six fois plus long que le premier, celui-ci plus court que la partie
préoculaire de la tête. Premier et deuxième articles du rostre très
épais, égaux en longueur.
Lobe antérieur du pronotum fortement transverse, superficielle-
ment sculpté, avec une forte et large dépression longitudinale au
milieu de sa base. Lobe postérieur deux fois plus large que l’anté-
rieur, fortement ridé en travers, déprimé latéralement et portant
un sillon longitudinal médian s’étendant sur les trois quarts anté-
rieurs de sa longueur. Fémurs antérieurs avec cinq épines, une
externe et quatre internes alignées. Fémurs intermédiaires avec
quatre épines. Tibias antérieurs et intermédiaires avec, à l’apex
de leur face interne une fossette spongieuse ovalaire occupant le
tiers de la longueur des tibias.
Avec ces deux espèces nouvelles le genre Cerilochus comprend
onze espèces africaines. Elles peuvent se distinguer à l’aide du
tableau suivant 1 :
1. Pronotum concolore h . . 2
— Pronotum bicolore : 7
2. Tête et pronotum noirs. Élytres noirs avec une tache claire sur la
carie 3
■ — Tête et pronotum rougeâtre ochracé. Élytres uniformément
noir. Long. 23,5 mm. (Mashonaland). . bicolor Dist.
3. Fémurs concolores, noirs ou bruns. . 4
— Fémurs noirs et jaunes 5
4. Face ventrale de l'abdomen et pattes noires avec seulement l’apex
des tibias roussâtres. Long. 27 mm. (Afrique orientale)., histrio Dist.
— Pattes brun de poix. Abdomen brun de poix avec le disque du
métasternum et le milieu de la base de l’abdomen brun ochracé.
Long. 17 mm. (Transvaal) parvus Dist.
5. Connexivum noir 6
— Connexivum taché de rouge orangé rugosus, n. sp.
6. Apex des fémurs, tibias et tarses en totalité jaune orangé. Long.
28-32 mm. (Afrique orientale) Dohrni Stal
— Pattes noires avec seulement l’apèx des tibias et les tarses jaune
d’ocre ochracé ipes, n. sp.
7. Lobe antérieur du pronotum noir, lobe postérieur clair 8
— Lobe antérieur du pronotum rougeâtre, lobe postérieur noir.
Long. 19 mm. (Transvaal) Waterbergensis Dist.
8. Fémurs antérieurs et intermédiaires épineux en dessous 9
— Fémurs inermes. Noir, lobe postérieur du pronotum et corie des
.1. Ce tableau fait surtout état de la coloration car plusieurs espècces me sont
inconnues et les descriptions de Distant ne mentionnent pas les ■caractères morpho-
logiques importants : épines des fémurs, fosse spongieuse, dimension des lobes
du pronotum, importance des ocelles, etc...
élytres jaune d’ocre. Long. 22-23 mm. (Afrique occidentale et
centrale) Inermipes Stâl
9. Corie des élytres, sauf l’angle apical d’un jaune très r>â1<v T nu
postérieur du pronotum ochracé
— Corie des élytres avec l’angle apical et une tache discale noire.
Le reste de la corie, le lobe postérieur du pronotum et la base
des fémurs jaune orangé. Long. 25 mm. (Cameroun, Fernando-
Poo) Conradti Var.
10. Fémurs uniformément noirs, tibias antérieurs et intermédiaires
en majeure partie jaunes. Long. 25-27 mm. (Du Nigéria au Nyassa).
nero Stâl 1
— Base des fémurs jaune. Long. 25,5 mm. (Congo) Karschi Bredd.
Fig. 3. — Platymeris nigripes, n. sp., femelle.
Platymeris (s. str.) nigripes, n. sp. — Type : une Ç provenant
de Najir dans le Jubaland (H. Cliffobd )> coll. Ch. Alluaud y
Muséum de Paris).
Long. 42 mm. — Noir, peu luisant, les pattes et les côtés du
1. C. cameronensis Varela est synonyme de nero Stal.
127
pronotum hérissés de poils roussâtres. Deuxième article des antennes
brun de poix. Corie de chaque élytre avec une large tache arrondie
jaune clair. Apex des tibias et tarses orangés (fig. 3).
Pronotum étroit avec ses angles postérieurs bien marqués, sub-
coniques mais non épineux, sa base régulièrement arrondie d’un
angle à l’autre, non tronquée au milieu et le disque du lobe posté-
rieur peu convexe et superficiellement ridé en travers.
Cette espèce est très voisine de P. erebus Distant qui se dis-
tingue de P. nigripes, n. sp. par son pronotum bien plus large, à
angles postérieurs épineux et lobe postérieur lisse, ainsi que par
les taches de la corie des élytres qui sont petites et d’un jaune
ochracé.
Laboratoire d’ Entomologie du Muséum.
128 —
Quelques Ectoparasites des animaux sauvages
du Parc Zoologique du Bois de V inc en nés
(Première note).
Par J. Nouvel et E. Séguy.
Nous rapportons ici, selon l’ordre zoologique, la liste de quel-
ques ectoparasites recueillis sur les animaux du Parc Zoologique
du Bois de Viricennes.
I. Acariens.
Nous avons recueilli deux variétés du Psoropte commun ( Pso~
roptes equi (Hering) 1938) — ( Psoroptes communis (Fürst.)).
La première : Psoroptes equi var. : bovis (Gerlach), 1857, a pour
hôte habituel le bœuf domestique, elle a de plus été signalée chez,
diverses espèces de Buffles par Roll et Mégnin 1.
Nous l’avons recueillie au niveau de plaques cutanées plus ou
moins dépilées, crouteuses et prurigineuses, sur un Buffle de Rou-
manie né au parc.
La seconde Psoroptes equi var. : caprae Pesas = (P. conglensis
Mense), 1889, est l’agent d’une otite parasitaire de la Chèvre domes-
tique. Ugo Caparini l’a signalée chez une Gazelle 1.
Nous l’avons recueillie dans l’oreille d’une Gazelle dorcas . ( Gazella
dorcas L.) atteinte d’otaeariase.
Nous ne pouvons fournir aucune précision sur l’origine de ces
acariens, qui ont pour hôtes habituels des animaux domestiques
européens et qui vraisemblablement n’ont parasité les animaux
sur lesquels nous les avons recueillis que peu de temps avant leur
mise en évidence.
II. ■ — Mallophages.
Les espèces de cet ordre que nous avons recueillies et identifiées
sont :
1. — Menopon meleagridis (Panzer). (= Menopon stramineum
Nitzsch ap. Giebel, = Menopon biseriatum Piaget, = Eomena-
canthus stramineus Eichler.). Ce parasite a pour hôte habituel le
1. In Raillet, Traité de zoologie médicale et agricole, Asselin et Houzeau, édit.,
Paris, 1895, p. 670.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
Dindon et pour hôtes occasionnels actuellement connus - la poule,
la pintade, le pigeon, le Kamichi de Derby ( Chauna chavaria (L.)),
le Paon spicifère {Pava spicifer — P-avo mutions L.), >le Faisan 4e
chasse (Phasianus colchicus L.) et le Faisan de Cuvier (« Gallo-
phasis Cuvieri » = Gennaeus Horsfieldi (Gray) ? subsp. ou hybrid J.
Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’un Dindon sauvage (■ Melea -
gris gallopavo gallopavo L.).
2. — Colpooephalum hirtum Rudow. Les hôtes de ce mallo-
phage antérieurement signalés sont le Rhytïeère à bec plissé ( Buce -
ros ruficollis — Rhytidoceros plicatus (Forster)) et le Buceros cassi-
dix — Cranorrhinus cassidix (T emminck) .
Nous l’avons recueilli, pour la première fois, sur une troisième
espèce de la famille des Bucérotidés : Un Calao d’Abyssinie ( Bucor -
vus abyssinicus (Boddaert)) importé depuis plus de 8 ans.
3. — Colpocephalum productum Nitzsch ap. Burmesiter =
(Colpooephalum vittatum Giebel). Nous avons recueilli ce Colpo-
cephale sur son hôte habituel : Un Calao d’Abyssinie ( Bucorvus
abyssinicus (Boddaert)) en captivité depuis plus de 8 ans.
4. — Colpocephalum subaequale Nitzsch. Cette espèce parasite
habituellement le Grand Corbeau ( Corvus corax (L.)) et le Corbeau
Freux ( Corvus frugüeus (LJ), elle a été rétrouvée occasionnelle-
ment chez la Corneille noire ( Corvus corone LJ et chez le Choucas
(Coloeus monedula (L.)).
Nous l’avons recueillie sur le cadavre d’un Grand Corbeau ( Cor-
vus corax (LJ) qui nous avait été envoyé quelques années plus tôt
d’Angleterre.
5. — Goniodes meleagridis (Linné), dont les hôtes habituels
sont le Dindon et la Pintade et qui a été signalé occasionnellement
sur le Kamichi de Derby ( Palamedea chavaria = Chauna chavaria
(LJ) et sur le Paon spicifère (Pavo spicifer = Pavo muticus LJ.
Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’un Dindon sauvage,
( Meleagris gallopavo gallopavo LJ.
G • — Oxylipeurus polytrapezius (Nitzsch), parasite normal du
Dindon domestique, qui a été trouvé occasionnellement sur le
Dindon de l’Arizona ( Meleagris gallopavo merriani Nelson).
Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’un Dindon sauvage du
Mexique (Meleagris gallopavo gallopavo LJ.
7. — Esthiopterum gruis (LJ = (Lipeurus ebraeus Nitzsch
— Bipeurus maximus Rudow).. Ce parasite a pour hôte régulier la
Grue cendrée (Grus grus (Linné)) ; il a été signalé occasionnelle-
ment sur la Grue couronnée (Balearica pavonina (LJ).
Nous l’avons recueilli sur le cadavre d’une Grue antigone ( Grus
130
antigone antigone (L.)). Un couple de Grues cendrées vivait
dans un parc voisin de celui de cette Grue antigone, ce parasi-
tisme ne doit cependant pas être considéré comme accidentel,
des indivus à différents stades de leur développement ayant été
recueillis sur l’oiseau parasité. La Grue antigone est donc un nou-
vel hôte d’j Esthiopterum gruis.
8. — ■ Trichodectes climax Nitzsch = (T. caprae Gurlt = T.
climacium Nitzsch — T. truncatus Piaget = T. peregrinus Tas-
chenberg = T. major Piaget.) est un parasite habituel de la chèvre
domestique. Sous le nom de T. peregrinus il a été trouvé sur un
Marabout d’Afrique ( Mycteria crumenifera — Leptoptilos crume-
niferus (Lesson)).
Nous avons recueilli cette espèce sur les poils de lh région dor-
sale et inguinale de plusieurs individus d’un troupeau de Chèvres
naines du Sénégal (espèce domestique d’Afrique occidentale et
équatoriale).
III. — Anoploures.
Dans cet ordre nous avons recueilli :
1. Pedicinus longiceps Piaget, qui a pour hôte type le Budeng
de Sumatra ( Semnopithecus pruinosus Desm.) = ( Pygathrix
cristata (Raffles)) et qui a été aussi signalé chez le Macaque de
Bufîon ( Macaca irus (F. Cuvier)) et chez le Macaque de Sumatra
( Macaca fascicularis (Raffles)).
Nous avons recueilli de très nombreux spécimens de cette espèce,
sur le cadavre d’un Macaque rhésus, quelques jours après son
importation. L’espèce Macaca rhésus apparaît donc comme un
nouvel hôte du Pedicinus longiceps.
2. Polyplax spinulosa (Burmeister). Cette espèce a pour hôte
régulier le Rat surmulot ( Rattus norvegicus (Berkenhout)), ses
hôtes occasionnels actuellement connus sont : le Rat noir ( Rattus
rattus rattus (L.)), le Rat d’Alexandrie ( Rattus rattus Alexandrinus
(Is. Geoff.)), une Musaraigne ( Sorex araneus L.) et deux Campa-
gnols ( Microtus californicus Peale et Phenacomys longicaudus
True).
Nous l’avons recueillie sur le cadavre d’vfn Rat ( Rattus norvé-
giens (Berkenhout)) capturé dans le Parc Zoologique. Cette espèce
mérijte d’être signalée en tant que vecteur éventuel du Typhus
murin.
3. Linognathus stenopsis (Burmeister), est un anoploure para-
site habituel de la chèvre domestique, il a pour hôte occasionnels
le Mouton domestique, la chèvre égyptienne et le Chamois ( Rupi -
capra rupicapra L.).
131 —
Nous l’avons successivement recueilli sur la Chèvre naine du
Sénégal et sur la Gazelle dorcas ( Gazella dorcas L.). Il n’a pas
encore été signalé à notre connaissance sur ce dernier hôte.
4. — Haematomyzus elephantis Piaget est un parasite des
Eléphants d’Asie (Elephas maximus L.) et d’Afrique ( Loxodonta
af ricana Blumenb.).
Nous l’avons recueilli sur un Eléphant d’Asie âgé de deux à
trois ans, dans les quelques semaines qui ont suivi son importa-
tion. La guérison de cette phtiriase fut aisée et d’autres Eléphants
qui vivaient avec le sujet parasité n’ont pas été contaminés.
IV. — Aphaniptères.
Dans cet ordre nous citerons pour mémoire Ctenopsyllus segnis
(Schônheer) recueilli sur un Rat ( Rattus norvegicus (Berkenhout)),
et Ctenocephalus felis Bouché recueilli sur un Chat sauvage (F élis
sylvestris Schreb.).
En résumé nous avons recueilli et identifié 2 Acariens, 8 Mallo-
phages, 4 Anoploures et 2 Aphaniptères. Ces résultats montrent
que les animaux sauvages des Parcs Zoologiques peuvent accueillir
certains parasites des animaux domestiques, mais qu’ils peuvent
aussi conserver, et parfois fort longtemps, des parasites qu’ils
importent de leur pays d’origine.
Enfin nous apportons dans cette première note une contribution
à la connaissance de « l’aire zoologique de répartition » des espèces
parasites : d’une part nous ajoutons quatre hôtes nouveaux à la
liste de ceux déjà connus pour ces parasites. Ce sont : le Calao
d’Abyssinie pour Colpocephalum hirtum ; la Grue antigone pour
Esthiopterum gruis ; le Macaque rhésus pour Pedicinus longiceps
et la Gazelle dorcas pour Linognathus stenopsis.
D’autre part, nous remarquons que le kamichi de Derby a été
deux fois signalé comme hôte de parasites habituellement ren-
contrés chez le Dindon, la Pintade, et le Paon spicifère (Menopon
meleagridis et Goniodes meleagridis ) et que nous avons retrouvé
chez la Gazelle dorcas deux parasites habituels de la Chèvre (Pso-
roptes equi var. : caprae et Linognathus stenopsis), ce qui établit
un lien, dont la valeur est encore imprécise, entre des espèces que
la morphologie et la - systématique ont nettement éloignées.
Laboratoire d’Ethologie des animaux sauvages et Laboratoire
d’ Entomologie du Muséum.
Les Mollusques de France de la collection Locard.
Mollusques terrestres (4e note). Famille Helicidae (suite).
Par Gustave Cherbonnier.
Monaeha incarnata (Muller, 1758)*.
1. — Hélix incarnata Muller, 1758. Ain : La Faucille, Mïribel. Haute-
Savoie : Evian. Hérault : Montpellier. Isère : La Grande-Char-
treuse, Grenoble. Meurthe-et-Moselle : Mànonvîlle. Moselle :
Metz Nord : Dunkerque.. Oise : Mouy. Rhône : Couzon, Lyon.
Savoie : Gorges du Fier, Seyssel. Seine- Inférieure ; Orival. Seine-
et-Oise : Montmorency. Territoire de Belfort. Allemagne.
Suède [V-25J.
2. - — Hélix opimata Locard, 1893. Ain : L’Aumusse [V-25].
3. — Hélix permira Bourguignat,. 1894. Ain : Guloz, Nantua. Côte-d’Or,
Isère : La Grande-Chartreuse. Rhône : Lyon [V-25].
4. — • Hélix tholiformis Bourguignat, 1894., Ain : Gex, Nantua. Haute-
Savoie : Thonon. Isère La Grande-Chartreuse, Grenoble, Saint-
Geoire. Rhône : Le Mont-d’Oi Lyonnais. Var : Saint-Raphael. Suède.
Suisse [V-25].
5. — Hélix veprium Bourguignat, 1882. Alpes-Maritimes. : Cannes
[V-25].
Sous-Genre Zenobiella Gude et Woodward, 1931.
[Zenobia Gray, 1821 (pars) (non Oken, 1815 ; non Risse, 1826) Zenobia
Moquin-Tandon, 1855- (pars)]..
Monaeha (Zenobiella) subrufescens (Miller, 18.22).
Hélix fusca Montagu, 1807. Calvados- : Caen. Finistère : Morlaix.
Landes : Dax. Pas-de-Calais [V-25]L
Genre Euomphalia Westerîund, 1889.
[Fruticicola Martens; 1860! (pars) ; auteurs divers].
Euomphalia strigella (Drapamaud,, 1801).
1. — Hélix strigella Draparnaud, 1801. Ain : Belley, Montagne de
Parvès. Isère : Grenoble, Sassenage. Rhône : Lyon. Seine : Envi-
rons de Paris. Seine-et-Marne : Fontainebleau [V-25].
2. — Hélix buxetorum Bourguignat, 1878. Allier : Bressolles, Toulon.
Lot-et-Garonne : Agen. Puy-de-Dôme : Clermont-Ferrand [V-25],
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
— 133
3. — Hélix Ceyssoni Bourguignat, 1882. Le Puy-de-Dôme [V-25].
4. — Hélix lepidophora Bourguignat, 1878. Haute-Savoie : Gorges du
Fier. Puy-de-Dôme : Clermont-Ferrand [Y-25].
5. — Hélix nemaluna Bourguignat» 1878. Puy-de-Dôme : Clermont-
Ferrand. Pyrénées-Orientales i Pratz de Molle [V-25].
6. • — • Hélix Russinica Bourguignat, 1878. Aude : Axât. Bouches-du-
Rhône : Les Martigues. Haute-Garonne : Toulouse, Villefranche-
Lauraguais. Pyrénées-Orientales : Perpignan, La Preste. Espagne
[V-25].
7. — Hélix separica Boui guignât, 1878. Ain : Le Colombier, Miribel,
Montagne de Parvès. Aveyron : Estaing. Drôme : Crest. Isère :
Grenoble, Vizille. Pyrénées-Orientales : Perpignan. Rhône : Le
Mont-d’Or Lyonnais» Saint-Eons, Lyon [V-25].
8. — Hélix vellavorum Bourguignat, 1882. Isère : Uriage [V-25].
Genre Ciliella Mousson, 1872.
[Lepinota Westerlund, 1889].
Ciliella ciliata (Venetz, 1820).
Hélix ciliata Venetz, 1820. Alpes-Maritimes : Menton. Hautes-Alpes :
Guillestre. Pyrénées-Orientales : Collioures. Var : Fréjus, Rians,
Sainte-Baume. Vaucluse r Orange [V-25],
Genre Hygromia Rîsso, 1826.
[Hygromanes Herrmannsen, 1847 ; Hygromane Moquin-Tandon, 1855
(pars) ; Sciaphila Westerlund, 1902 ; Fruticicola Gude et Woodward,
1921].
Hygromia einctella (Draparnaud, 1801).
Hélix einctella Draparnaud, 18:01. Ain : Fernex. Alpes-Maritimes î
Cannes, Menton, Nice. Garix Hérault : Montpellier. Loire : Saint-
Pierre-de-Bœuf. Rhône : Brignais, Lyon, Oullins., Saint-Genis-Laval.
Var : Draguignan. Vaucluse : Avignon [V-25].
Hygromia limbata (Draparnaud, 1805).
1. — Hélix limbata Draparnaud, 1805. Allier. Aude. Quillan. Avey-
ron : Estaing. Basses-Pyrénées : Cambo, Salies-de-Béarn. Calva-
dos : Feugrolles, Dives. Charente : Angoulême. Charente-Mari-
time : La Rochelle. Finistère : Ouessant. Gironde : Bordeaux.
Haute-Garonne : Luchon, Toulouse, Saint-Simon, Villemur. Hautes-
Pyrénées : Tarbes. Hérault : Montpellier. Landes : Dax. Loire-
Inférieure : Clisson, Nantes, Saint-Nazaire. Lot-et-Garonne :
Agen, Port-Sainte-Marie. Maine-et-Loire : Cholet. Morbihan :
Quiberon. Pyrénées-Orientales : La Preste. Seine-Inférieure :
Rouen. Seine-et-Oise : Montmorency. Tarn : Castres. Var : Toulon.
Vendée : Saint- Jean-de-Mont [V-25].
2. — Hélix hylonomya Bourguignat, 1882. Aude. Basses-Pyrénées :
Eaux-Bonnes, Salies-de-Béarn. Calvados : Cabourg. Charente :
134
Angoulême. Haute-Garonne : Luchon, Saint-Simon, Toulouse»
Hérault : Montpellier. Hautes-Pyrénées : Barèges, Gavarnie,
Cauterets, Lourdes, Tarbes. Landes : Dax. Lot-et-Garonne : Agen.
Loire-Inférieure : Nantes. Morbihan : Quiberon. Pyrénées-
Orientales : La Preste. Seine-et-Oise : Meudon [VI-1].
3. — Hélix odeca Bourguignat, 1882. Aveyron : Estaing. Basses-
Pyrénées : Salies-de-Béarn. Charente : Angoulême, Puymoyen.
Calvados : Feugrolles. Gironde : Bordeaux. Haute-Garonne :
Luchon, Toulouse. Hérault': Montpellier. Landes : Dax. Loire-
Inférieure : Saint-Nazaire. Vienne : Poitiers [VI-1].
4. — Hélix sublimbata Bourguignat, 1882. Basses-Pyrénées : Caute-
rets. Charente : Angoulême. Gironde : Bordeaux. Haute-Garonne :
Luchon. Hautes-Pyrénées : Barèges, Lourdes. Hérault : Mont-
pellier. Loire-Inférieure : Nantes, Saint-Nazaire [VI-1].
Genre Pyrenaearia P. Hesse, 1921.
Pyrenaearia carascalensis (de Férussac, 1821).
1. — Hélix carascalensis de Férussac, 1821. Basses-Pyrénées : Eaux-
Bonnes, Pic du Midi. Hautes-Pyrénées [VI-1].
2. — Hélix carascalopsis Fagot, 1881. Basses-Pyrénées : Eaux-Chaudes.
Hautes-Pyrénées : Gavarnie, Lac de Gaube, Lac d’Uredon, Lac
d’Ondet. Haute-Garonne : Fort de Véna^que [VI-1].
3. — - Hélix esserana Bourguignat, 1888. Basses-Pyrénées : Eaux-
Chaudes [VI-1].
4. — Hélix Esterlei Bourguignat, 1894. Basses-Pyrénées : Pic du
Midi [VI-1].
4. — Hélix Oppidi Fagot, 1885. Basses-Pyrénées : Fort d’Urdos
[VI-1].
6. — Hélix subvelascoi Bourguignat, 1894. Basses-Pyrénées : Pic du
Midi. Hautes-Pyrénées : Cirque de Gavarnie à 2.000 mètres [VI-1].
7. — - Hélix transfuga Fagot, 1885. Basses-Pyrénées : Vallée d’Aspe
[VI-1].
8. — Hélix velascoi Bourguignat, 1882. Espagne* [VI-1].
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
135 —
Floraisons observées dans les Serres du Muséum
PENDANT L’ANNÉE 1943.
N . .
(autres que celles déjà signalées dans les listes précédentes) 1.
Par A. Guillaumin et E. Manguin.
Monocotylédones.
Aloe macrocarpa Tod.
A. obscur a Mill.
A. striata Haw. var. cyanea Hort. (J. B. Palerme, f. 134, 1923).
Archontophoenix Alexandrae Wendl. et Drude.
Bilbergia Canterae André.
X Brassocattleya Chassaingiana Chassaing ( Brassocattleya Thorns-
tonii X Cattleya Percwaliana) .
Bromelia Balansae Mez [Guillaum. det.].
B. fastuosa Lindl. (A. Chevalier, 1923).
Calathea Gigas Gagnep. [Gagnepain det.]. Avait déjà fleuri en
octobre et novembre 1903).
Cary ota urens L.
Chamaedorea lepidota H. Wendl. (Donné par Marnier, f. 57, 1941)
[Guillaumin det.].
Cochlioda Noezliana Rolfe.
Didymosperma caudatum Drude et Wendl. var. tonkinense
— D. tonkinensis Becc. ex Gagnepain. ■ — Annam : Cua-Tong
{R. P. Cadière f. 342, 1934).
Gasteria fasciata Haw. — Afrique du sud : Port Elizabeth (Hum-
bert, f. 115, 1934, 580/31 [Guillaumin det.].
Guzmannia Peacockii Mez.
Lomatophyllum citreum Guillaum. sp. nov. — Madagascar (Boi-
leau, f. 227, 1939 2).
Paphiopedilum villosum Pfitz.
Spatantheum Orbignyanum Schott.
Tillandsia complanata Benth.
Zantedeschia Rehmannii Engl. = Richardia Rehmannii N. E. Br.
1. Voir les années précédentes le Bulletin du Muséum ù partir de 1920.
2. Voir Bull. Mus., 1943, p. 448.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
10
— 136
Dicotylédones.
Ardisia Cadierei Guillaum. sp. nov. ■— Cochinchine 1 (R. P. Cadière ,
n° 58, f. 1, 1940).
Bégonia ingoloensis De Wildm 1 2.
Bassia verrucosa Lindl.
Bougainvillea glabra Choisy var. Sanderiana form. Crimson Lake.
Cylindrophyllum calamiforme Schwant.
Echeveria Derenbergii J. -A. Purpus.
Eugenia Selloi Hort. ex Berg. = E. edulis Kiaersk., non Vell. nec
Benth. et Hook. f. [Guillaumin det.].
Euphorbia edulis Lour.
Euphorbia splendens Boj. sensu lato (en y comprenant E. incana
H. Poiss. et autres formes ou espèces) - — Madagascar ( Boiteau ,
f. 227, 1939).
Kalanchoe humilis Britten = K. Figuereidoi Croiz. ( Croizat , f. 269,
1938) lre floraison en France [Hamet det.].
K. Lindmarrie (1913) = K. Humbertii Guillaum. (1939) [Hamet
det.] .
Lobivia densispina Werd.
Mamillaria compressa DG.
M. uncinata Zucc.
Opuntia Colvillei Brit. et Rose = O. megacarpa Griffiths.
O. pisciformis Small. v
O. puberula Pfeifï 3.
Sarracenia flaoa L.
Senecio stapeliaeformis Phillips.
Sterculia discolor F. Muell.
Thea sinensis L.
1. Voir Bull. Mus., 1943, p. 448.
2. Reçu de Ch. Chevalier (f. 290, 1935) sous le nom de B. angolensis, nom qui n’est
relevé dans aucun Index et ne figure pas dans les Bégonias de cet auteur (1938) bien
qu’il le mentionne dans la clef (Bull, hort., 15 sept. 1935, p. 276). A. G.
3. N’est relvé dans aucun Index ni dans Britton et Rose (Cactaceae) mais figure
sur le Catalogue de la Collection de plantes grasses du Jardin botanique de Monaco
de A. GasTAUD, p. 40. A. G.
/'
— 137 —
La Collection de modèles réduits d’instruments
AGRICOLES ET HORTICOLES DU MUSÉUM
A PROPOS D’UNE LETTRE INÉDITE DE A. THOUIN
. y
Par A. Guillajjmin et Y. ChaVdun.
On sait que André Thouin, professeur de Culture au Muséum
de 1793 à 1824 après y avoir été Jardinier en chef dès 1764, à Page
de 17 ans, accompagnait les troupes françaises dans la Campagne
d’Italie de 1796-1797 comme commissaire 1 chargé, avec Berthe-
iemy et Moitte, de rechercher et rapporter au Muséum les plantes
exotiques confisquées dans ce pays comme cela avait déjà eu lieu
en France et en Belgique, dans les couvents 2, les résidences prin-
cières 3 et les propriétés des émigrés ou des condamnés.
C’est de Modène, le 4 pluviôse an Y, qu’il adressa au C. Gaulle,
dessinateur de la Commission des Sciences et Arts en Italie, alors à
Plaisance, la lettre reproduite ci-après :
A Modène, ce 4 Pluviôse de l’an V de la République française.
Nous sommes arrivés ici, cher Citoyen, depuis deux jours et nous
nous disposons à en partir après-demain pour nous rendre à Bologne
où nous prendrons langue auprès du Général en chef sur notre desti-
nation ultérieure et la vôtre. J’ai bien regretté de ne pas vous avoir avec
nous à San Bénéditto, vous y ussiez été occupé d’une manière très
utile à la chose publique. II s’y trouve des outils, des instrumens, des
machines et des fabriques relatives à l’agriculture et à l’économie rurale
que je ne connait pas. J’en ai fait des descriptions fort étendues mais
je sens qu’il faudrait des figures exactes pour leur intelligence. Ce que
je regrette le plus est la figure du moulin et du pressoir au moyen des-
quels on tire de l’huile des pépins qui se trouvent dans le marc de raisin.
Il se pourrait qu’il s’en trouve à Plaisance ou dans son voisinage. Je
vous invite donc, Citoyen, à tâcher d’en découvrir un et de le dessiner
avec beaucoup d’exactitude sur une plus grande échelle que celle de
nos dessins ordinaires.
Chemin faisant n’oublier pas de faire des croquis de tout ce qui paraî-
1. A. Thouin avait déjà rempli une fonction analogue auprès des armées du Nord
et de Sambre-et-Meuse.
2. En particulier aux Chartreux de Paris. C’est ainsi que fut transportée au Muséum
la fameuse collection des Poiriers (cfr. Bois (D.) in Bull. Mus., XXII, p. 221, 1926 ;
Guillaumin (A.) in Bull. Soc. nat. Hort. France, sér. 5, II, p. 174, 1929.
3. Le Petit Trianon, Bellevue, Versailles, Chaville, Bagatelle, la Pépinière
du Roule, le Petit Luxembourg.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
138 —
tra singulier en fait d’outils, d’instrumens, de machines et d'ustensiles
d'agriculture et d 'Economie rurale.
Les Citoyens Gerby et Marin auxquels je vous prie de faire mes
amitiés pourraient vous aider dans ce travail, ils charmeraient le
désœuvrement et l’ennuy de leur position. Si vous trouvez à dessiner
une habitation de laboureur avec un petit plan de sa division inté-
rieure, cela me ferait grand plaisir. Il faudrait en choisir une parmi
celles qui sont les plus caractéristiques et les plus pittoresques.
Une coiffure à l’antique avec des épingles à grosses têtes telle que
nous en avons vû à Milan ne serait pas indifférente pour la collection
de nos dessins ; enfin Citoyen, je me repose sur vous du soin d’employer
votre crayon d’une manière utile et agréable.
Salut et amitié franche.
Signé : Thouin.
Nous avons pour ainsi dire assisté aux derniers combats qui viennent
de couvrir de gloire l’Armée d’Italie 1 ; placés aux premières loges, pen-
dant cinq jours consécutifs nous avons entendu la musique de ce spec-
tacle ; elle est un peu plus grave que celle du mieleux théâtre de Milan
et produit plus d’effet sur le morale et le physique des hommes. On assure
que les Français ont fait 34 mille prisonniers de guerre, pris 40 canons
de campagne et de positions, 300 chariots d’approvisionnement destinés
à Mantoue, plus de 1.500 bons chevaux de charois et de cavallerie et
enfin que l’Armée autrichyenne et défîaite sans qu’il en vestige.
Faite mes amitiés au bon et honnête Pourvoyeur de nouvelles de la
Commission, le C. Couturier, engager le à nous faire passer à Bologne
les papiers qu'il aura reçu de France. Il nous rendra un grand service
car nous sommes dans une ignorance complète de tout ce qui se passe
à Paris. Salutations amicales au brave Wicard et à tous vos compa-
gnons.
Cette lettre est intéressante à plusieurs points de vue : d’abord
parce qu’elle fait connaître que dès 1797, l’extraction de l’huile
de pépins de raisin, dont on a tant parlé au cours de la précédente
guerre et de celle-ci, était alors chose courante en Italie, ensuite
parce qu’on voit A. Thouin se préoccuper de garder des dessins
des instruments agricoles et horticoles nouveaux pour lui et d’en
prendre des descriptions fort étendues qui entrèrent pour une
bonne part dans les 6 volumes de notes qu’il rapporta de son voyage
s’il faut en croire O. Leclerc.
Or, le cours de A. Thouin au Muséum porta de 1799 à 1824 sur
la culture et la naturalisation des végétaux mais il ne le publia
jamais. C’est son neveu, Oscar Leclerc, dit Leclerc-Thouin,
d’abord son Aide-naturaliste au Muséum, puis professeur d’Agri-
culture au Conservatoire national des Arts et métiers et Secrétaire
perpétuel de la Société d’Agriculture (l’actuelle Académie d’Agri-
1. Il s’agit de la victoire de Rivoli, remportée le 14 janvier 1797.
culture) qui l’édita en 1827 et en fit un nouveau tirage en 1845.
L’ouvrage consiste en 3 volumes in-8° et un atlas in 4° oblong
de 65 planches gravées « représentant tous les Outils, Instruments,
Ustensiles, Machines et Fabriques diverses de grande et petite
culture dont les modèles composent la collection formée au Jardin
du Roi et les Exemples de travaux ou d’opérations de Culture
dessinées pour la plupart d’après nature, dans l’Ecole pratique de
cet établissement, etc... ».
La page de garde porte une mention qui paraît manuscrite mais
est, en fait, lithographiée
Dédicace
Aux Elèves cultivateurs
leur ami.
A. Thouin.
En 1827, André Thouin était, en effet, mort depuis 3 ans.
Ces modèles ont été exécutés du vivant et sous la direction de
A. Thouin lui mêmç et non d’après les planches ainsi qu’on l’a
prétendu. D’ailleurs Leclerc dit expressément1 que si la 2e partie
du cours de son oncle avait lieu dans les différents carrés du Jardin
, et particulièrement dans l’Ecole de Culture, la lre se donnait dans
la salle où étaient réunis les modèles d’instruments aratoires, d’ou-
tils et de fabriques diverses. Deleuze ( Histoire et descriptions du
Muséum royal II, p. 383) précise que c’était la plus grande pièce
du rez-de-chaussée du Cabinet, autrement dit des Vieilles Galeries
récemment démolies.
Bon nombre, sinon tous ont été exécutés par Lasseigne « méca-
niste du Muséum 2 * » qui était un véritable artiste. La plupart sont
en bois de cormier ainsi que le précise une inscription sur le culti-
vateur-houe à buttoir, à cheval ; les pièces métalliques éont effec-
tivement en métal et le tout fonctionne parfaitement. La réduc-
tion est parfois indiquée comme c’est le cas pour le cultivateur-
houe, daté de 1817, qui est à l’échelle de 2 pouces par pied.
Ces objets sont restés longtemps entassés en vrac dans une
remise des serres où certains ont été brisés et où d’autres ont dû
disparaître, depuis, ils ont été apportés au Laboratoire de Culture
où, après un sérieux nettoyage, ils ont été mis en sûreté dans des
vitrines ou au-dessus pour ceux qui sont trop encombrants.
En voici la liste avec l’indication des figures du Cours de Culture
auxquelles ces modèles se rapportent.
Araire de France, PI. 23 7 (la plus ancienne connue).
Araire de Galice, PI. 23 8.
1. Yol. I, p. xxvi.
2. Lasseigne (Claude, Goéric), né le 14 janvier 1766, décédé le 26 novembre 1847,
chef de l’atelier de Menuiserie du Jardin du Roi depuis le 22 septembre 1798.
— 140
Avant-train à 2 roues pour charrue, PI. 24 1.
Bard à coffre triangulaire, PI. 17 6.
Bard ordinaire (civière), PI. 17.
•Boufïadou limousin (ustensile à dépouiller les châtaignes de leur enve-
loppe).
Brouette à civière, PI. 17 L
Brouette à claire-voie (de Liège), PI. 17 2.
— à coffre, PI. 173.
Caisse portative à châssis, PL 15 (x).
— • tronquée à claire-voie pour transporter des plantes à grande dis-
tance, PL 154.
Charrette à eau, PL 22 7.
— à claire-voie, Pl. 22 3.
— à tonneau pour arroser le gazon, Pl. 22 8.
— et à rouleau pour gazon, Pl. 22 6.
— guimbarde ou à foin, Pl. 22 4.
Charriot à 2 chevaux pour transport de gros bétail.
Charrue à avant-train.
— à écobuer, Pl. 26 3.
et découper le gazon, Pl. 26 L
— de la Vendée donnée par M. ... (1809).
Chevrette à cordeau.
Civière à claire-voie, PL 17 4.
Cultivateur-houe-buttoir à cheval. Pl. 25 3A.
Diable en croix, Pl. 17.
Diable ordinaire, PL 18 L
— à 4 roues perfectionné, Pl. 183.
— à traverses, Pl. 18 1.
Echelle à 3 branches, Pl. 11 3.
— double ordinaire, Pl. 11 4.
— à roues, Pl. 11 5.
Echelle d’élagucur à 4 roues perfectionnée.
— ordinaire, PL 111.
— à arc-boutant, Pl. 11 2.
Echelle à tailler les quenouilles (type Lassaigne), 1806, Pl. 11 8.
Fléau à manivelle inventé par Ray de Planazu, Pl. 29 2A.
Galère à cheval, PL 18 8.
— à une roue.
— à mains, Pl. 18 5.
Grue à 3 pieds pour encaissage de grosses plantes, Pl. 21.
— à roues (type Lassaigne), PL 21.
Iîaquet (pour transport de tonneaux de vin).
Herse carrée, PL 28 2.
Herse en fer à cylindre, Pl. 27 2A.
Hoyaux indiens (Pérou) petit et grand modèle, Pl. 1 17 et 18.
Manche de fauchon de Cambrai pour couper le blé, Pl. 6 18.
Pressoir et moulin à huile (type méridional).
1. Les serres portatives sont actuellement connues sous le nom de Serres Ward,
celui-ci passant pour en avoir été l’inventeur en Angleterre vers 1836. On a ainsi la
preuve qu’elles existaient déjà dans les toutes premières années du xixe siècle.
141
Ravale ordinaire, PI. 194.
Rouleau carthaginois (pour battre les gerbes de céréales), Pl. 28 3.
- — en bois à bras.
Sarcloir à cheval, Pl. 28 4.
Semoir à bœufs.
Semoir de Lithuanie, PL 28 a.
Serre chinoise, Pl. 36.
Teillère à chanvre.
Théâtre (guérite portative à auricules ou œillets) pour prolonger la flo-
raison.
Tombereau à bascule, Pl. 22®.
Tombereau carré.
— à coffre triangulaire ou Camion Peyronnet, Pl. 222.
Trépied à hottes (pour faciliter le chargement des hottes), Pl. 10 u.
Trillo d’Espagne (pour dépiquer le blé), PL 14 9.
Van mécanique (Tarare), Pl. 29 b
Les objets en vraie grandeur auraient été remis au Conservatoire
national des Arts et Métiers.
En plus de ces modèles se trouve celui d’un bloc de bois propre
à fournir des oreilles de charrue dont il est question dans le Mémoire
de Jefferson (Ann. Mus. Hist. Nat., I, p. 322, pl. XXII). Il porte
l’inscription : « bloc de bois propre à fournir des oreilles de charrue,
taillé d’après les principes de Thomas Jefferson, Président des
Etats-Unis, envoyé par l’auteur en 1801 au Professeur Thouin.
Voir description Annales du Muséum d’ Histoire naturelle, p. 322 ».
Laboratoire de Culture du Muséum.
142 —
Anatomie du système végétatif du genre
Eberhardtia./L Lec.
Par F. Chesnais.
Le genre Eberhardtia fut créé en 1920 par H. Lecomte 1 pour
des Sapotacées d’Indochine envoyées par Eberhardt au Muséum.
H. Lecomte en distingua deux espèces : E. tonkinensis H. Lec.
et E. Krempfii H. Lec. et il en rapprocha une plante de Balansa :
Planchonella aurata Pierre ex. Dub. dont il fit une troisième
espèce : E. aurata H. Lec. ; récemment, le Prof. Aug. Chevalier
a rétabli l’ancien nom générique Planchonella pour les trois espèces
à’ Eberhardtia de Lecomte qui ne forment plus qu’une seule espèce :
Planchonella aurata Pierre ex. Dub. 2. D’après Lecomte, ces plantes,
par l’organisation générale de leurs fleurs se rangent dans les Sidé-
roxylées , aux voisinage des Bumelia mais la présence d’appendices
latéraux sur les pétales les rendent proches de Mimusopées telles
que les genres Le Monniera H. Lec. et Lecomtedoxa Dub. ; dans
cette difficulté à faire entrer ce gertre dans telle ou telle subdivi-
sion des Sapotacées réside tout son intérêt systématique. Sur les
conseils et les encouragements de M. le Prof. Aug. Chevalier,
nous en avons entrepris l’étude anatomique; nos recherches ont
porté sur E. tonkinensis H. Lec.
I. Rameau.
a) Ecorce. — Un rameau de 7 mm. de diam. présente une écorce
de 0,7 mm. de large ; le bois forme un anneau de 1,2 mm. de large.
L’épiderme cutinisé et lenticellé, à cellules à paroi extérieure con-
vexe porte des poils à deux branches ou en navette de petite taille
(long. 12 pi) et de courts poils simples et malformés de 3 à 7 [x. Il
n’y a pas de formations subéro-phellodermiques. L’écorce se divise
en deux parties : 1° sous l’épiderme vient une assise de cellules
parenchymateuses, rectangulaires, de 20 fx de long et 15 ^x de large,
puis des cellules de collenchyme de 20 à 40 [x de long, constituant
un tissu homogène d’une épaisseur de 100 [x.; 2° sous ce tissu vient
un parenchyme cortical hétérogène, à cellules contenant des mâcles
d’oxalate de calcium en oursins, réparties entre de grandes lacunes
1. Bull. Mus., 1920, XXVI, 345.
2. Les Sapotacées à graines oléagineuses et leur avenir en culture, Rev. Bot. appli-
quée, 1943, pp. 97-159.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
— 143 —
(long. 100 à 200 g), dont les parois sont sclérifiées bien que peu
épaisses (3 à 4 [i.) et portent des perforations de petite taille, en
forme de tiret ou longuement elliptiques ; les perforations des
deux faces d’une paroi se croisent sous un angle variable mais aigu
(long. 4 à 10 g). Sous ce parenchyme hétérogène viennent deux à
trois assises de parenchyme hopiogène formé de cellules aplaties.
Des laticifères sont disséminés dans l’écorce ; ils sont polygonaux
et entourés de 6 à 7 cellules de parenchyme de taille plus petite.
Sous l’écorce vient une gaine sclérifiée périlibérienne formée de
fibres à lumière étroite de 15-20 g de diam. et de cellules scléreuses
de 30 g de diam. aux parois ponctuées (diam., d’une ponctuation :
2 g) ; cette gaine sclérifiée de 80 g de large est interrompue par
des travées radiales de grandes cellules (50 g X 20 g), unisériées,
à parois légèrement sclérifiées, dont les cloisons internes peuvent
disparaître.
b) Liber. — L’anneau libérien a 80 g de large ; les rayons médul-
laires libériens sont formés de grandes cellules irrégulières, aplaties,
de 40 g X 20 g, disposées en files unisériées qui se prolongent au
travers la gaine scléreuse par les grandes cellules à parois sclérifiées
déjà décrites ; les bandes de tissu libérien, bisériées ou multisé-
riées ont 30 g à 100 g de large ; les cellules libériennes ont 15 g de
long et 8 g de large ; il existe quelques fibres sclérifiées intra-libé-
riennes et quelques laticifères intra-libériens. L’assise génératrice
libéro-ligneuse n’a rien de particulier.
c) Bois. — Les bandes de parenchyme ligneux et de fibres »
bisériées ou plurisériées ont de 20 à 80 g de large ; les cellules de
parenchyme ligneux sont peu abondantes et disséminées parmi
les fibres ; celles-ci sont de faible diamètre (10-20 g) ; les vaisseaux
sont disposés en files radiales unisériées encadrées entre deux
rayons médullaires ; ces files peuvent être continues sur 300 à 400 g
de long ; les parois vasculaires sont minces et les vaisseaux ont une
forme généralement aplatie (dim. moy. 50 g X 30 g). On compte
90 à 120 vaisseaux par mm2. Les rayons médullaires sont unisé-
riés et formés de cellules allongées de 20 g X 8 g ; en coupe tangen-
tielle, les rayons médullaires sont hétérogènes, d’une hauteur de
200 à 1.000 g et d’une largeur réduite à une seule cellule (20 g)
sur presque toute leur longueur ; la majorité des cellules qui les
composent sont allongées (80 g) mais vers la moitié de la hauteur
du rayon la longueur des cellules diminue (30 g) donnant des cel-
lules de petite taille et peu nombreuses (2 à 5 par rayon) ; elles
peuvent se diviser longitudinalement ou obliquement et latérale-
ment pour donner un rayon bisérié ; les parois des rayons portent
des perforations très fines (2 g). Sur les coupes longitudinales, les
cellules de parenchyme ligneux sont disposées en file de quatre de
— 144 —
600 jx de long ; les éléments terminaux sont effilés à l’extrémité, les
cellules intermédiaires sont rectangulaires (150 [x X 20 fx) ; les
fibres ont également 600 [x de long et 20 fx de diam. Les vaisseaux
de 60 [x de diam. sont fermés par des cloisons obliques de 170 à
200 [x de long isolant des tronçons de forme trapézoïdale ornés
d’ouvertures ovalaires de 10 jx de diam. ou de perforations en forme
de tirets horizontaux ou obliques et parallèles de 5 jx X 1 ^ ayant
un aspect aréolé et des ouvertures croisées.
d) Parenchyme médullaire. — Les cellules de parenchyme médul-
laire sont polygonales à 5-7 côtés ; de petite taille au voisinage
du bois (diam. 20 [x), elles s’accroissent progressivement vers le
centre (diam. 80 à 100 p) ; entre ces grandes cellules existent des
cellules de plus petite taille, quadrangulaires ou pentagonales, de
30-50 [x de diam., les cellules les plus externes ont des parois rec-
tilignes, épaisses de 8 ;x; les cellules internes ont des parois plus
minces, forées de perforations étroites. Dans la zone médullaire
voisine du bois existent des laticifères en petit nombre de 50 à 60 [x
de diam. Sur les coupes longitudinales, les laticifères sont consti-
tués d’articles de 60 à 100 [x de long et de 50 [x de large.
II. Feuille.
i
1° Pétiole, a) Coupes initiales ou de la base du pétiole. — Les
coupes initiales ont une forme sub-trapézoïdale ; la grande base
située à la face supérieure à 4,5 mm. de longueur, la petite base
2 mm. ; la largeur axiale est de 4 mm. Le contour, irrégulier pré-
sente de nombreuses vallécules de 0,3 mm. à 0,5 mm. de pro-
fondeur. L’arc cribro-vasculaire principal a une forme cordée dont
la pointe arrondie est tournée vers la face inférieure, pouvant
s’inscrire dans un triangle équilatéral de 3 mm. de côté ; ses bords
supérieurs, à peu de distance de l’axe de symétrie se recourbent
en crochet vers le parenchyme de l’intérieur de l’arc ; en certains
cas, l’arc, continu vers la face inférieure est divisé en trois tron-
çons à la face supérieure ; le liber est continu ; à l’intérieur de ce
premier anneau libéro-ligneux existe un deuxième arc cribro-vas-
culaire, étalé horizontalement de 2 mm. de long formé de 4 à 5 arcs
élémentaires, sub- circulaires aux extrémités et en croissant dans
la partie moyenne à liber tourné vers la face inférieure ; il existe
enfin un troisième arc, parallèle au second, compris entre ce
dernier et les bords supérieurs de l’arc externe et constitué de
petits massifs libéro-ligneux disposés sans ordre et en nombre
indéfini, à liber tourné vers la face supérieure ; en outre, dans les
angles de l’arc externe, il apparaît souvent un massif libéro-ligneux
en forme d’arc très ouvert à liber tourné vers la face inférieure. La
structure du pétiole est la suivante : 1° épiderme avec poils en
— 145 —
navette ; 2° collenchyme ; 3° parenchyme à grandes cellules et à
lacunes à parois sclérifiées ; 4° arc cribo-vasculaire externe qui
limite vers la face supérieure du pétiole entre le deuxième arc et
son bord supérieur un parenchyme à petites cellules ’ et entre le
deuxième arc et son bord inférieur un parenchyme hétérogène
à grandes cellules entre des lacunes à parois sclérifiées. Des lati-
cifères sont disséminées sur toute la surface de la coupe. On trouve
dans les cellules de parenchyme et de collenchyme de l’oxalate de
calcium en oursin
b) Coupes médianes ou du milieu du pétiole. — La forme du
pétiole se modifie pour donner une section trapézoïdale, parfois
asymétrique, dont la petite base de 2,5 mm. est située à la partie
supérieure ; la grande base a 4 mm. ; la largeur axiale est de 4 mm.
L’arc cribro-vasculaire principal de la forme cordée prend une
forme sub-trapézoïdale dont la petite base de 2 mm. est située à
la face supérieure, la grande base a 2,5 mm. ; en outre, la petite
base s’infléchit légèrement vers le centre ; l’arc secondaire a fusionné
ses arcs élémentaires en un arc unique, largement ouvert dont les
extrémités sont fréquemment retournées en crochet ; le troisième
arc est mieux dessiné, les petits massifs libéro-ligneux se disposent
sur une même ligne mais restent distincts. La structure du pétiole
diffère de la coupe précédente par l’apparition d’une gaine continue
de fibres périlibériennes autour de l’arc cribro-vasculaire principal
et par un grand développement des lacunes à parois sclérifiées dans
le parenchyme de l’intérieur de l’arc principal. Les laticifères sont
toujours abondants.
c) Coupes caractéristiques ou du sommet du pétiole. — Les dimen-
sions du pétiole diminuent (petite base 2 mm., grande base 3 mm.,
largeur axiale 3,5 mm.), mais la forme reste trapézoïdale ; le limbe
s’amorce par deux courtes ailes obliques puis horizontales. L’arc
cribro-vasculaire principal se réduit en largeur et infléchit encore
sa partie supérieure qui finit par se séparer du reste de l’arc à cha-
cune de ses extrémités ; l’arc secondaire ne se modifie pas mais
des fibres sclérifiées intra-libériennes apparaissent sur toute sa
longueur ; l’arc tertiaire reste à l’état d’ébauche formée de 6 à
7 faisceaux non coalescents ; trois à quatre faisceaux surnumé-
raires, circulaires à bois interne, liber périphérique et auréole con-
centriques de fibres, apparaissent entre les bords des deux arcs
résultant de la scission de l’arc principal, et le long d’une ligne
joignant ces bords à l’amorce du limbe. Les laticifères sont encore
très abondants.
En résumé, le système . vasculaire du pétiole est composé de
trois arcs : 1° arc principal continu ; 2° arc secondaire a liber tourné
la
immXi
mim
^Miii 'i>
MH
vers la face inférieure du pétiole ; 3° arc tertiaire à liber tourné
vers la face supérieure du pétiole ; cette disposition relative du
liber des deux derniers arcs fait penser qu’ils représentent les deux
branches non jointes d’un arc que l’on peut supposer continu,
emboîté dans l’arc principal.
Eberhardtia lonkinensis H. Lee. — 1, coupe schématique d’un rameau ( X 2,5) ;
2, coupe demi-schématique d’un rameau (portion limitée parle rectangle dans 1) :
a) épiderme ; b, collenchyme ; c, parenchyme cortical hétérogène ; d, gaine sclé-
rifiée périlibérienne ; e, liber ; /, bois ; g, parenchyme médullaire ; l, laticifères
( X 40) ; 3, coupe transversale du bois d’un rameau ( X 150) ; 4, coupe longitu-
dinale tangentielle du bois d’un rameau ( X 150) ; 5, coupe initiale du pétiole
( X 6,5) ; 6, coupe médiane ( X 6,5) ; 7, coupe caractéristique ( X 6,5) : l, laticifères ;
8, coupe transversale du limbe ( x 150) ; 9, stomate grossi ( X 300) ; 10, épiderme
supérieur vu de face ( X 300) ; 11, épiderme inférieur vu de face ( X 300).
2° Limbe. — Le limbe est épais de 0,2 mm. Sous l’épiderme
supérieur très cutinisé, à cellules de 10 p de haut et de 15-17 p de
large viennent trois assises de cellules palissadiques de 10 p de
— 147 —
large ; les deux assises supérieures ont 30 p de haut, l’assise infé-
rieure 20 à 25 p ; ces cellules contiennent presque toutes de petits
nodules de latex ; puis vient un tissu lacuneux épais de 60-70 p à
cellules cylindriques de 10 p de diam., rangées horizontalement et
contenant peu de latex ; l’épiderme inférieur cutinisé, à cellules
de 20 p de long et 10-15 p de large porte des stomates de 26 p de
haut, saillants à la surface de l’épiderme de 13 à 17 p ; les cellules
stomatiques ont leur paroi externe cutinisée et terminée en pointe
obtuse et portent, au niveau de l’ostiole une zone d’épaississement
bien marquée. Dans l’épaisseur du limbe, en dehors des piliers
fibreux qui soutiennent les faisceaux libéro-ligneux, il n’y a que
de rares petits massifs de fibres de 15 p de diam., à paroi peu épaisse
{2 p), disposés sur la ligne de démarcation des tissus palissadiques
et lacuneux. L’épiderme inférieur porte des poils abondants.
3° Epidermes, a) E. supérieur. — Les cellules ont un contour
onduleux, 4-6 lobé et une forme irrégulière, fréquemment allongée
{25 p X 10-15 p). Il n’y a pas de stomates.
b) E. inférieur. — Les cellules ont un contour moins irrégulier ;
elles se groupent généralement radialement par 4-5 autour de
l’insertion d’un poil ; elles ont alors une forme sub-triangulaire
et une longueur de 20 p ; les stomates sont de forme sub-cir-
culaire (grand diam. 28-30 p : petit diam. 26-28 p), le rapport
D /grand diam.\ 28-30 p . . ., . , . , . T
— - : — — = — ■ ■ ■ — ^ 1, est sensiblement égal a 1. Les
d \ petit diam. j 26-28 p
poils ont une base étroite, circulaire, de 6 p de diam., un pédicelle
court (10 p), qui se ramifie en deux branches terminées en pointe ;
le pédicelle est à membrane épaisse mais les parois des branches
sont minces ; les branches sont de longueur totale très variable
allant de 25 à 300 p sur 10-30 p de largeur au niveau du pédicelle.
Par le parenchyme cortical hétérogène de ses rameaux, les paren-
chymes hétérogènes et la complexité du système vasculaire de ses
pétioles, ses épidermes foliaires à stomates saillants et arrondis, le
genre Eberhardtia apparaît comme étant bien caractérisé dans la
famille des Sapotacées ; les affinités qui le lient à d’autres genres
doivent être subordonnées à ses caractéristiques anatomiques.
Laboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum.
— 148 —
Mu SCI NÉ ES DE LA TOURBIÈRE DE SOMMAN (HAUTE SAVOIE}
i Par Mme S. Jovet-Ast.
La tourbière de Somman située au-dessus et au N. -N. E. de
Mieussy, à 1.400 m. d’altitude, dans le cirque de Somman dont
l’ émissaire est tributaire du Gifïre, semble résulter du comblement
d’un lac. A. Guinet y signala le Sphagnum acutifolium et C. Sar-
rassat (1939) : Leptoscyphus anomalus Mitt., Lepidozia setacea
Mitt., Calypogeia Neesiana Massai, et Carr., Aulacomnium palustre
Schv., Hypnum revolvens Sw., Hypnum scorpioides L 2. Sur les listes
de M. Guinochet relatives à cette tourbière ne figurent que des
Phanérogames, des Algues et 4 Sphaignes : aucune mention n’est
faite de Mousses et d’ Hépatiques. Il me semble que rien d’autre
n’ait été publié sur les Muscinées de cette tourbière.
Remarquable par sa végétation phanérogamique (Pinus mon-
tana Mill. subsp. uncinata Ram., Andromeda polifolia L., Oxycoccos
quadripetala Gilibert, etc...), la tourbière de Somman ne pouvait
manquer de posséder quelques Muscinées intéressantes. Voici la
liste des espèces récoltées par mon mari et par moi, le 10 sep-
tembre 1943 dans les différentes stations qui constituent cette
remarquable localité : dépressions très humides, bombements de
sphaignes, surfaces presque aplanies et desséchées où abondent
les Cladonia, berges des trous d’eau et ruisselets, débris ligneux
en décomposition et souches pourrissantes.
Sphaignes.
Sphagnum Russowii Warnst. — Touffes pures remarquables
par leur coloris : d’un beau vert franc, avec sommet des rameaux
jaune et rosé.
Sphagnum acutifolium Ehrh. pp. - — - Très abondant dans toute
la tourbière, forme des bombements, seul ou au contact du Sph.
magellanicum ou du Sph , cymbifolium ; plus ou moins recouvert
1. Orthographes diverses : Somman, in « Guide du touriste, du naturaliste et de
l’archéologue — La Haute-Savoie » par Marc Le Roux, Paris, Masson, éd., ss. d. ; — 1
Sommant : plan directeur au 1 /20.000e, feuille de Samoëns, n° 5, tirage de mai 1942 ;
— Sommans, orthographe adoptée par A. Guinet, C. Sarrassat et M. Guinochet.
2. Nous avons retrouvé ces espèces, mais non le rare Cinclidium slygium Sw. que
C. Sarrassat signale : « dans les tourbières de la région du Praz de Lys et très pro-
bablement dans la tourbière de Sommans ».
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
— 149
par Mylia anomala, piqueté de brins isolés de Polytrichum stric-
tion, quelquefois même de Dicranodontium longirostre, Calliergon
stramineum, Aulacomnium palustre, parcouru par les filaments
de Cephalozia media et Cladopodiella fluitans.
Sphagnum Dusenii Jens. 1. — Robuste, vert clair au sommet
des rameaux, jaune grisâtre à la base, très semblable à la var.
falcalum Jens. qui est la forme non submergée à rameaux falci-
formes. Les échantillons recueillis formaient une touffe très pure.
Cependant, parmi nos récoltes, j’ai retrouvé dans les Sphagnum
acutifolium, quelques brins de Sph. Dusenii. Ce Sphagnum de la
section cuspidata est très rare en France. Jusqu’à présent, on ne
l’a signalé que dans la Hautç-Saône et dans les Vosges :
Haute-Saône : 1° Tourbière de la Pile entre Saint-Germain et
Lantenot à 320 m. d’altitude (Hillier, 1905 ; Dismier, 1906).
2° Etang des Monts Revaux (A. Coppey, 1908).
3° Etang d’Ailloncourt le long de la route de Lure à Luxeuil
(A. Coppey, 1908).
Vosges : Lac de Lispach à 904 m. d’altitude (Henry et Lemas-
son, 1911). Somman semble donc, pour cette espèce, la cinquième
localité française.
Sphagnum Dusenii existe, d’après Warnstorf :
1° dans la province subarctique de l’Europe (Suède, Norvège,
Finlande), de l’Asie (Sibérie), de l’Amérique (Labrador...)-;
2° dans le territoire de l’Europe centrale : provinces atlantique
(Belgique), subatlantiqùe (Danemark, Poméranie), sarmatique
(Prusse, Russie, Brandebourg), des montagnes moyennes de l’Eu-
rope et des territoires alpins ;
3° dans le territoire de l’Amérique septentrionale atlantique.
Sphagnum Dusenii, très hygrophile, est l’une des espèces consi-
dérées comme dominant presque exclusivement les sphagneta des
grands « Hochmoore » de la zone holarctique (cf. : H. Gams, p. 354).
Il ne croît pas à des altitudes très fortes en France. Dans les
Vosges, Henry le considère comme caractéristique de la zone
moyenne, zone n’atteignant pas la limite des Hêtres rabougris
(1.100 m.). En Haute-Savoie, il existe donc à une altitude nette-
ment supérieure. D’après Warnstorf, il atteint 1.850 m. dans les
territoires alpins.
Sphagnum molluscum Bruch. — Seul ou mêlé au Sphagnum
magellanicum.
Sphagnum subsecundum (Nees) Lîmpr. — • Généralement en
masses assez pures.
1. Détermination vérifiée par Pierre Allorge.
1
Sphagnum cymbifolium Ehrh. — Quelquefois mêlé au Spha-
gnum acutifolium.
Sphagnum magellanicum Bid. = Sphagnum medium Limpr. —
Abondant, pur ou mêlé au Sph. acutifolium ou, plus souvent, au
Sph. molluscum.
Mousses.
Dicranum scoparium (L.) Hedw. — Sur petite souche avec
Lophozia incisa ; sur la tourbe avec Drepanocladus revolvens ; en
touffe sur souche pourrissante avec Radula complanata et Drepa-
nocladus uncinatus ; avec Sphagnum molluscum sur la tourbe plus
ou moins desséchée mêlée de feuilles mortes et d’aiguilles de Pin.
Dicranodoritium longirostre (Stark.) Schimp. — • Abondant.
Bombements de sphaignes, parmi Mylia anomala, Sphagnum acu-
tifolium et Polytrichum strictum ; trouvé également, entremêlé de
Georgia pellucida, sur humus brun rouge sec contenant des débris
de feuilles.
Fissidens osmundoides Hedw. — Trouvé en une seule place
dans la tourbière, avec Campylium stellatum, Conocephalum coni-
cum et Aneura pinguis, sur une couche d’humus contenant des
fragments de bois pourri et recouvrant un morceau de bois placé
en travers d’un ruisselet.
Mnium rostratum Schrad. — Rampant entre les thalles de Mar-
chanda polymorpha.
Mnium punctatum Hedw. — Sur souche pourrissante avec Sca-
pania helvedca.
Aulacomnium palustre (L.) Schwaegr. — Dans les touffes de
Sphagnum acutifolium , et entre les brins de Mylia anomala.
Georgia pellucida (L.) Rabenh. — Sur humus sec ; pur ou mêlé
de Dicranodondum longirostre.
Polytrichum funiperinum Willd. ssp. strictum Banks. — • Fruc-
tifié, très abondant, sortant des touffes de Sphagnum acutifolium
ou de Sph. magellanicum.
Climacium dendroides (Dill., L.) Web. et Mohr. — • Avec Mar-
chanda polymorpha.
Eurynchium striatum (Schreb.) Schimp. • — - Fructifié ; sur humus
brun avec Lophozia incisa.
Eurhynchium Stokesii (Turn.) Bryol. eur. • — Forme ayant de
très nombreuses paraphylles sur la tige et tous les rameaux.
Campylium stellatum (Hedw.) Lange et Jens. - — - Dans un ruis-
selet, sur bois pourrissant humifère.
151
Drepanocladus uncinatus (Hedw.). Warnst. — Sur la terre avec
Barbilophozia lycopodioides et Scapania undulata j et sur souche
pourrissante.
Drepanocladus fluitans (Hedw.) Warnst. gr. rotae Ren. var.
falcifolium Ren. avec Barbilophozia lycopodioides et Scapania
undulata et sur souche avec Scapania helvetica.
Drepanocladus revolvens (Sw.) Warnst. — Abondant, 2 stations
bien différentes : belles touffes sur humus frais avec Marchantia
polymorpha et, station plus sèche, entre les tiges d’Andromède
avec Dicranum scoparium.
Scorpidium scorpioides (Hedw.) Limpr. — Forme une masse
serrée sur brindilles et aiguilles de Pin.
Calliergon stramineum (Dicks.) Kindb. — • Dans les touffes de
Sphagnum acutifolium; avec Sph. cymbifolium et Sph. acutifo-
lium au voisinage de Barbilophozia lycopodioides et de Scapania
undulata ; et même plus ou moins mêlé à eux sur souche pourris-
sante ; une forme rabougrie, en masse compacte, pure, a été récol-
tée sur sol très humide.
Pleurozium Schreberi Willd. — Sur tourbe plus ou moins dessé-
chée avec Sphagnum acutifolium dépérissant et Polytrichum funi-
perinum ssp. strictum rabougri.
Hépatiques.
Lepidozia setacea (Web.) Mitt. — • Vit sur des Sphaignes dessé-
chées, en compagnie de Sph. acutifolium, Mylia anomala , Cepha-
lozia media. Ses tiges lâchement feuillées rappellent la var. flagel-
lacea Warnst.
Calypogeia Neesiana (Mass, et Car.) K. M. • — Sur l’humus avec
Lophozia incisa, ou parmi des débris de Sphagnum acutifolium
rampant près du Dicranodontium, longirostre, ou luttant avec quel-
ques Cephalozia.
Calypogeia sphagnicola (Arn. et Perss.) Warnst. et Loeske. — •
Trouvé en deux endroits dans la tourbière, mais, chaque fois, peu
abondant.
Barbilophozia lycopodioides (Wallr.) Lské. - — Récolté en bor-
dure de la tourbière sur la terre, sous une souche pourrissante pres-
que arrachée. Très bel exemplaire au voisinage de Sph. acutifolium
et Sph. cymbifolium, accompagné de Scapania undulata, Callier-
gon stramineum, Drepanocladus uncinatus, Drepanocladus fluitans
gr. rotae var. falcifolium.
Lophozia incisa (Schrad.) Dum. — Avec périanthes. Sur humus
brunâtre grossier (feuilles, racines) avec Eurhynchium striatum et
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
11
* — 152 —
Calypogeia Neesiana ; sur une souche en bordure de la tourbière
avec quelques brins de Tritomaria quinquedentata et de Dicranum
scoparium.
Lophozia ventricosa (Dicks.) Dum. — Propagulifère dans une
touffe de Dicranum scoparium ; avec des périanthes parmi les
Sphagnum acutifolium et Mylia anomala croissant sur la tourbe
mêlée de branchages et d’aiguilles de Pin.
Mylia anomala (Hook.) Gray. — Abondant sur les bombements
de Sphagnum acutifolium, recouvrant parfois les plaques dessé-
chées de cette sphaigne. Vit aussi sur l’humus brunâtre où n’exis-
tent pas de sphaignes vivantes mais où croissent encore Dicra-
nodontium longirostre et Polytrichum juniperinum ssp. strictum.
Karl Müller ne décrit pas les oléocorps de cette espèce. Je les ai
observés le lendemain de la récolte : ils existent dans toutes les
cellules et tendent à se localiser vers la paroi cellulaire ; chaque
cellule contient 10-16 oléocorps, ceux-ci sont assez petits et sphé-
riques, composés de 4 granules, ou beaucoup plus gros ovales, à
8-13 granules. Trois semaines après la récolte, tous les oléocorps
avaient disparu. (
Tritomaria quinquedentata (Huds.) Buch. — Très rare dans nos
récoltes. Considéré par Meylan comme très rare sur le bois ; cepen-
dant, à Somman, il croissait sur une souche avec Lophozia incisa.
Scapania helvetica Gottsche. — Ce Scapania de la section Cur-
tae, subsection immarginatae (H. Buch), vivait sur l’écorce d’une
souche au voisinage de Radula complanata, mêlé aux Mnium punc-
tatum, Drepanocladus uncinatus, Calliergon stramineum et Drepa-
nocladus fluitans. Les spécimens recueillis sont propagulifères et
possèdent quelques périanthes. Les oléocorps, examinés plus d’un
mois après la récolte, au nombre de 3-5 par cellule, mesurant 5 [a
de diamètre, apparaissaient sphériques et très réfringents. Karl
Müller (p. 361) indique les mêmes caractères. Donc les oléocorps
se conservent intacts assez longtemps. En 1928, Hans Buch écri-
vait que le Scapania helvetica n’était connu avec sûreté que dans
les montagnes de l’Europe centrale, d’Italie et de Suisse. Cette
espèce moptagnarde, connue actuellement dans les Pyrénées (près
de Cauterets, vallée d’Aure, Haute- Ariège), en Alsace, assez fré-
quente en Suisse entre 1.200 et 2.000 m. d’après Meylan, n’a, à
ma connaissance, été signalée dans les Alpes françaises, que dans
le bassin supérieur de l’Arve par Cullmann.
Scapania undulata (L.) Dum. — Mêlé à Barbilophozia lycopo-
dioides et formant avec lui, sur la terre, une grande plaque verte.
Cephalozîa bicuspidata (L.) Dum. — Rampant sur des feuilles
sèches, des brindilles, ou entre les tiges de Lophozia incisa. Très
abondant.
153 —
Cephalozia connivens (Dicks.) Spr. — Rampe entre les brins de
Sphagnum acutifolium. Husnot et Boulay ne le signalent pas
dans les Alpes, mais Meylan indique qu’il croît en Suisse en de
très nombreuses localités jusqu’au-dessus de 2.000 m.
Cephalozia media Lindb. — Sur la tourbe au voisinage des
Sphaignes avec Lepidozia setacèa et Mylia anomala.
Cladopodiella fluitans (N.) Buch. - — Assez répandue dans la
tourbière parmi les sphaignes.
Radula complanata (L.) Dum. — Sur souche de résineux, au
voisinage du Scapania helvetica.
Riccardia latifrons (Lindb.) Lindb. — Dans les parties humides
en compagnie de Mylia anomala .
Riccardia pinguis (L.) Gray. — Sur humus brun foncé conte-
nant des fragments de bois pourri, avec Fissidens osmundoides et
Conocephalum conicum.
Conocephalum conicum (L.) Dum. — Avec le précédent ; peu
abondant.
Marchanda polymorpha L. — Avec chapeaux Ç ; sur humus
frais contenant en surface aiguilles de Pin et débris de Carex.
Nous avons donc récolté dans la tourbière de Somman 44 Mus-
cinées dont 7 sphaignes, 18 mousses et 19 hépatiques. M. Guino-
chet signalait 4 espèces de sphaignes : Sph. medium (= Sph. magel-
lanicum), Sph. subsecundum, Sph. intermedium, Sph. cuspidatum.
Si ces deux dernières manquent à nos récoltés, nous en avons re-
reconnu cinq autres. Parmi les mousses, quelques-unes sont plus
particulièrement montagnardes comme Fissidens osmundoides,
Dicranodontium longirostre, Drepanocladus fluitans gr. rotae var.
falcifolium. La tourbière de Somman présente à la fois des hépa-
tiques hygrophiles indifférentes à l’altitude, comme certaines
hépatiques de plaine qui peuvent atteindre 2.000 m. telle Cepha-
lozia connivens, et d’autres qui préfèrent des stations situées entre
1.000 et 2.000 m., ainsi Lophozia incisa et Barbilophozia lycopo-
dioides.
J’ai pu étudier les oléocorps de deux espèces, constater la rapide
disparition de ceux du Mylia anomala, et, au contraire, la persis-
tance assez longue de ceux du Scapania helvetica.
Remarquons la présence, dans cette tourbière, de deux espèces
particulièrement rares en France : Scapania helvetica et Sphagnum
Dusenii ; si, dans les Alpes françaises, le premier a déjà été indi-
qué (Bassin supérieur de l’Arve), le Sphagnum Dusenii y semble
bien nouveau.
Laboratoire de Cryptogamie du Muséum.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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1904.
Buch (Hans). — Die Scapanien Nordeuropas und Sibiriens, II, syste-
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Warnstorf (C.). • — Sphagnologia Universalis. Das Pflanzenreich, Leip-
zig, 1911.
155
Quelques observations sur les Genres ■. Carditopsis,
Ervcinella et Triodonta.
Par J. Roger et G. Lefebvre.
Une révision, actuellement en cours, des faunes dites « redo-
niennes », nous a permis d’observer dans le gisement de Gourbes-
ville (Manche) 25 à 30 valves et quelques exemplaires bivalves
d’un Lamellibranche de taille minime mais fort intéressant.
Les dimensions oscillent pour le d. a. p. entre 2,03 mm. et 1,54
et pour le d. u. p. de 2,03 à 1,59. La moyenne d’une série de mesures
donne 1,80 pour le d. a. p. et 1,86 pour le d. u. p. Il s’agit donc
d’une coquille un peu plus haute que large, mais à ce point de vue
elle présente d’assez larges variations, puisque le rapport d. a. p,
sur d. u. p. oscille entre 94 et 106 avec moyenne de 96,7. Le con-
tour subtrigone est légèrement oblique vers l’avant, cette région
étant plus développée que la partie postérieure. L’inéquilatéialité
de la coquille étant d’ailleurs passablement variable. Au sommet
la prodissoconque, arrondie, assez peu saillante, non limitée par
un bourrelet saillant, s’observe nettement chez tous les exemplaires.
La surface externe moyennement et régulièrement convexe est
ornée de 20 à 25 cordons concentriques, arrondis, réguliers, séparés
par des sillons étroits et assez profonds. Souvent des sillons plus
importants isolent des groupes de 4 à 5 cordons. On n’observe
aucune trace d’ornementation radiale.
Il n’existe aucun indice de ligament externe, mais à chaque
valve une fossette large, située légèrement en arrière du crochet,
contenait un cartilage interne. Le plateau cardinal est relative-
ment large et robuste. Il est à remarquer que le test de cette coquille
est passablement épais et par suite il ne peut s’agir de jeunes indi-
vidus.
A la valve droite la dent située en avant de la fossette est forte,
élargie à la base, bien saillante, ce qui lui donne un aspect de dent
de Spondylus. La partie inférieure de cette dent se continue par
une lamelle antérieure nette et effilée à son extrémité distale. En
arrière de la fossette on trouve une seconde dent \un peu moins
forte,, nettement* oblique vers l’arrière, son sommet s’abaisse et
disparaît sous le bord cardinal. Du côté antérieur une seconde
lamelle latérale, située immédiatement au bord de la coquille, est
séparée de la première lamelle latérale antérieure par un profond
sillon. Le bord postérieur élargi a tendance à former une dent
latérale beaucoup moins nette.
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVI, n° 2, 1944.
— 156 —
A la valve gauche la fossette plus large est bordée en avant d’une
dent allongée en forme de goutte et bien oblique. A l’arrière se
trouve une dent encore plus oblique, sensiblement de même forme
et de même force. Dans l’intervalle très large qui sépare ces deux
dents on observe deux crêtes très aigues, l’une en avant est sen-
siblement rectiligne, l’autre en arrière est oblique et un peu courbe.
Deux lamelles latérales postérieures étroites mais bien nettes,
laissent entre elles un sillon pour le logement de la latérale posté-
rieure de la valve droite. La plus ventrale de ces deux lamelles
est en continuité avec la dent postérieure. Une lamelle latérale
antérieure, venant se loger dans le sillon latéral correspondant de
la valve droite, est nettement en continuité avec la dent cardinale
antérieure. L’appareil cardinal peut s’interpréter de la façon sui-
vante :
1° A la valve droite existent les deux lamelles L. A. I et L. A. III,
la première donnant la dent cardinale 1. La dent située en arrière
de la fossette est une latérale L. P. I. Il existe en outre une latérale
L. P. III moins nette.
2° A la valve gauche la lamelle antérieure unique L. A. II donne
la cardinale 2. A l’arrière se trouvent deux lamelles L. P. II et
L P. IV et c’est l’extrémité épaissie de la première qui prend l’as-
pect d’une dent cardinale. Les deux crêtes décrites ci-dessus ne
sont pas des dents mais limitent simplement le cartilage interne.
Entre ces crêtes et les dents 2 et L. P. II viennent se loger respec-
tivement les dents 1 et L. P. I de la valve droite. Cette interpré-
tation est entièrement d’accord avec celle donnée par Cossmann
et Peyrot pour des formes congénériques du Néogène d’Aqui-
taine 1, en ce qui concerne la valve droite. Au sujet de la valve
gauche notons qu’il est peu vraisemblable de considérer, comme le
font les deux auteurs cités, la crête antérieure comme une bifur-
cation de la dent cardinale 2, il s’agit beaucoup plus simplement
d’une production limitant le cartilage, analogue à celles qu’on
observe chez d’autres Bivalves.
Sur la face interne les empreintes musculaires sont difficilement
observables, très superficielles, ovoïdes, un peu arquées et réunies
par une impression palléale continue. Le bord palléal interne est
denté sur une faible largeur.
Dans la littérature l’espèce la plus proche signalée est Erycinella
pygmaea Wood (= ovalis Wood non Conrao ?) du Crag et du
Pléistocène d’Angleterre 2. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’elle est
indiquée par Dollfus dans une liste sur la faune de Gourbesville 3.
1. 1914. Conchyl. Néog. d’Aquitaine , II, p. 14, fig. 3.
2. 1853. S.-V. Wood. Mollusca of the Crag, II, p. 171, pl. XV, fig. 10 et 1872, Suppl.,
p. 136.
3. 1905. Dollfus. Faune malac. Gourbesville, p. 364.
157 —
La première question intéressante qui se pose est celle de la posi-
tion systématique de ces coquilles. La seconde est celle de leur
répartition.
S’il est relativement facile de mettre un nom d’espèce sur un
fossile il est déjà plus délicat de parvenir à la notion de genre et
surtout, de fixer la position des unités taxinomiques étudiés, dans
le continu des êtres vivants. Pour les fossiles de Gourbesville envi-
sagés ici trois termes génériques se disputent la priorité : Erycinella
Conrad 1845 (Foss. of fhe médial Tert. of U. S. A., p. 16, pl. VIII,
fig. 3 ; Wood 1853, Crag Moll., p. 170 ; Chenu 1862, Manuel Conch.,
II, p. 134 ; Dall 1903, Tert. Fauna Florida, p. 1.436). - — Trio-
donta V. Koenen 1893 (Norddeuts. Unter.-Olig., p. 1209). - — - Cardi-
iopsis E. Smith 1881, Zool. coll. « Alert », p. 43 ; Dall 1903, loc. cit.,
p. 1.437 ; 1914 Cossmann et Peyrot, Conch. Néog. Aquit. II,
p. 14).
Par la forme, l’ornementation et la charnière nos exemplaires
de Gourbesville sont très semblables non seulement à la forme
du Crag d’Angleterre mais aussi à celle du Miocène supérieur de
Virginie nommée £.> ovalis Conrad et génotype du genre Eryci-
nella. S’agit-il d’une seule espèce ? Il est difficile d’en décider sans
examen direct des échantillons, cependant d’après les dessins des
auteurs et leurs descriptions il nous paraît très vraisemblable qu’il
en soit ainsi. Les deux Carditopsis du Miocène d’Aquitaine
(C. inopinata Coss. et Peyr. du Burdigalien et C. koeneni Coss.
et Peyr. de l’Aquitanien) sont encore très comparables à nos
exemplaires par la charnière et la forme, mais présentent une orne-
mentation radiale. C. bernardi Dall (loc. cit., p. 1.428, pl. LUI,
fig. 10) du Pliocène de Costa-Rica est également, pourvue de côtes
— 158 —
radiales et de toute façon nous paraît plus proche du genre Con-
cylocardia. Sur les formes de l’Oligocène de Lattorf ( Triodonta
clara v. Koenen et Tr. deleta v. Koenen) il est plus difficile de
conclure, mais elles portent une ornementation radiale, la char-
nière cependant parait bien voisine. Trois espèces actuelles rap-
portées au genre Cardiiopsis (C. flabellum Reeve qui est le géno-
type, C. smithi Dall et C. alfredensis Bartsch) sont ornées de
côtes radiales. Autant qu’on puisse en juger d’après les figures et
la description les charnières concordent avec celles des formes de
Gourbesville.
De cette rapide discussion il résulte que depuis l’Oligocène existe
un seul genre, avec des variations dans l’ornementation, mais une
constitution constante de la charnière ; ce caractère étant d’ordre
générique et non spécifique. Le terme de Triodonta ayant été
préemployé (Bory de Saint-Vincent 1824, Schumacher 1817,
Gray 1851, etc...) il reste donc à savoir si ce genre doit s’appeler
Cardiiopsis ou Erycinella. C’est une pure question de synonymie,
sans intérêt scientifique majeur. Le premier terme traduit mieux
les affinités, le second a l’avantage de la priorité mais évoque un
rapprochement erroné avec les Erycina. Il est beaucoup plus inté-
ressant de fixer la répartition de ce genre,
Wood ( loc . cit.,) comparait son E. pygmaea à Goodallia miliaris
Lmk. du Lutétien du Bassin de Paris. Cette espèce pour laquelle
Cossmann a créé un genre Microstagon 1 est bien différente. C’est
donc à l’Oligocène que commence l’histoire du genre Erycinella,
avec les deux espèces de Lattorf. A l’Aquitanien et au Burdigalien
il est représenté dans le Bassin d’Aquitaine (Cardiiopsis inopinata
et C. koeneni). Le Miocène supérieur de Virginie donne E. ovalis,
la forme de Gourbesville se situe au même niveau probablement.
Dans le Pliocène et jusque dans le Pléistocène d’Angleterre se
trouve E. pygmaea. Actuellement, C. flabellum est du Pérou et du
Chili, C. smithi des Bermudes, C- alfredensis de Port Alfred en
Afrique du Sud. D’après Wood (loc. cit.) Conrad connaissait une
forme actuelle congénérique de E. ooalis vivant dans le golfe du
Mexique, rien dans la littérature ne permet de savoir exactement
de quelle espèce il s’agit.
Cette double répartition géographique et stratigraphique donne
donc l’impression d’une migration de l’hémisphère nord à l’hémis-
phère sud au cours du Quaternaire. Cependant une autre interpré-
tation est possible. L’aire de ce genre n’était-elle pas continue au
Tertiaire et ne s’est-elle pas réduite par la suite ? La première
interprétation est basée sur un fait négatif, pas de trouvailles
paléontologiques dans les régions où vivent les Carditopsis actuelles.
1. 1913. Cat. Eocène, app. n° 5, p. 92.
— 159
La seconde suppose des recherches dans les formations du Néo-
gène et du Pléistocène d’Afrique du Sud, du Pérou et du Chili.
Elle mérite au moins d’être avancée car génératrice de nouveaux
travaux. Remarquons que la même question peut se poser au sujet
de nombreux autres groupes à plus grande échelle : migration ou
réduction d’aire ? Citons à ce sujet les Astartidae, les Trigonies,
etc... 1. A priori on pourrait entrevoir une troisième solution :
l’apparition indépendante et à différentes époques des espèces là
où on les trouve. Cette conception choque l’idée de continuité
présente partout dans la nature et est en contradiction avec pres-
que toutes les observations paléontologiques. De toute façon la
répartition actuelle et passée des Erycinella offre des ressemblances
avec celle des formes appartenant aux genres Cardilella Smith,
Condylocardia Bernard, etc...
Les trois genres Gondylocardia, Cardilella et Cardilopsis (ou
Erycinella) appartiennent à la famille des Condylocardiidae, qui
commence son évolution à partir du Lutétien du Bassin de Paris.
Cette famille possède elle-même des affinités avec les Crassatellidae,
les Astartidae et les Carditidae. De façon élémentaire on distingue
les quatre familles comme suit :
ornementation ( ligament externe : famille des Astartidae
concentrique ( ligament interne : famille des* Crassatellidae
ornementation
radiale -
La réalité est jdus complexe. Nous avons vu que les formes
réunies dans les Condylocardiidae avaient une ornementation
radiale ou concentrique suivant les espèces. Un premier examen
de Pteromeris (de la famille des Carditidae ) de Gourbesville montre
clairement le passage, au cours du développement, de T ornemen-
tation concentrique à l’ornementation radiale, passage qui s’opère
plus ou moins rapidement suivant les individus. La méthode à
suivre pour débrouiller les rapports de ces groupes génériques est
donc à baser sur l’ontogénie. Cela est encore plus vrai pour la
charnière dont le tableau donné ci-dessus ne tient pas compte.
Cependant l’architecture du plateau cardinal fournit les carac-
tères génériques les plus solides. Donc l’étude commencée par
nous sur ce, sujet s’inspirera de la méthode dont trois notes remar-
quables de Bernard tracent les bases 2.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
1. R. Abrard, 1941. Répartition géographique actuelle et fossile du genre Astarte
Sowerby, C. R. som. Soc. Biogêo g., 153-154, pp. 37-41,
2. 1895. B. S. G. F., XXIII, p. 104, 1896, B. S. G. F., XXIV, p. 54 et p. 412.
ligament externe : famille des Carditidae
ligament interne : famille des Condylocardiidae
— 160 —
Sur le comportement du tissu musculaire
( dans la métamorphose expérimentale des Batraciens
Par Paul Roth.
D’après les conclusions que W. Schulze (1) a tirées de ses études,
les tissus dérivés du mésoderme, sauf le tissu rénal, ne réagiraient
pas lors de la métamorphose expérimentale provoquée chez les
têtards thyréo-privés par l’implantation de fragments de glandes
thyroïdes de mammifères. En est-il de même quand la métamor-
phose est provoquée, non par une importation de thyroïde étran-
gère, mais par des bains continus de thyroxine synthétique 1 ou
par l’ingestion d’extrait total de glande thyroïde 2, la propre glande
des sujets restant en place ?
Dans ces deux conditions expérimentales, les conclusions de
W. Schulze se vérifient exactement quant au comportement du
tissu rénal qui s 'hypertrophie considérablement et du tissu ger-
minatif qui poursuit son développement normal, mais il n’en est
pas de même pour deux autres tissus dérivés, eux aussi, du feuillet
mésodermique : Les tissus osseux et musculaire. Romeïs (2) a mis
en lumière le développement atypique de l’apophyse coracoïde et
de l’humérus, lors de la métamorphose expérimentale des têtards
de grenouille par l’ingestion de thyroïde. Ce dernier se. raccourcit
et, j’ai moi-même (3) montré que, quand la métamorphose est
provoquée par une forte dose de thyroxine, par l’ingestion d’ex-
trait total de thyroïde ou de fragments de thyroïde humaine atteinte
d’une forme grave de la maladie de Basedow, il se produisait aussi
un développement atypique du fémur qui se raccourcit et s’épaissit
tout comme l’humérus.
J’ai fait remarquer que, dans ce cas, les muscles, obligés de
prendre leurs points d’insertion sur un fémur raccourci, font « le
pont », donnant aux cuisses des animaux chez qui se produit ce
phénomène un aspect « en boule » très caractéristique.
Quant au tissu musculaire, il est bien développé et souvent
hypertrophié, surtout quand l’agent accélérateur a été administré
à une forte dose, mais l’aspect de la fibre musculaire ne peut se
rapprocher de l’aspect présenté par la fibre musculaire d’un animal
métamorphosé naturellement qu’autant que l’animal était plus
1. Thyroxine « Roche » des Etablissements Hoffmann La Roche.
2. Thyroïde de mouton en poudre des Etablissements Carrion.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 2, 1944.
— 161
près de cette métamorphose au moment de l’expérience, ainsi que
je vais le montrer.
Les images présentées par la coupe longitudinale du muscle
strié d’une petite grenouille métamorphosée naturellement, mon-
trent des fibres d’un aspect classique : noyaux fusiformes, relative-
ment clairs, ne comportant qu’un petit nucléole. Ils sont souvent
en position excentrique, mais non toujours, car on sait que cette
position des noyaux n’est pas de règle dans le tissu musculaire des
Batraciens.
Fig. 1. — Fibre musculaire d’un têtard^âgé de deux jours ; Fig. 2. — Id., parvenu
au stade C ; Fig. 3. — Id., parvenu au stade D ; Fig. 4. — Id., parvenu au stade F ;
Fig. 5. — Id., parvenu au stade G.
(Coloration au Glychémalum-Eosine, après fixation par le Bain acétique. — Objectif
à immersion Leitz 1/15 X, ocul. 8).
L’aspect des fibres musculaires striées d’un têtard âgé de deux
jours est bien différent : Les noyaux ne sont pas fusiformes mais
presque ronds, ils ne sont pas clairs, mais, au contraire, chargés de
volumineux grains de chromatine et possèdent un très gros nu-
cléole.
On retrouve cet aspect, mais déjà atténué, en examinant les
fibres musculaires de têtards parvenus aux stades B et C de leur
développement (2e et 3e de Kollmann) (4). Les noyaux sont tou-
— 162
jours presque ronds, mais si le nucléole reste gros, les grains de
chromatine ont diminué de volume.
Si le têtard est parvenu au stade D de son développement (4e de
Kollmann) on voit les noyaux s’allonger un peu et s’éclaircir.
Au stade E et surtout aux stades F et G précédant la métamor-
phose (5e, 6e et 7e de Kollmann) les noyaux s’allongent encore
davantage, deviennent de plus en plus clairs et commencent à se
situer en position excentrique, se rapprochant ainsi de l’aspect
des noyaux de la fibre musculaire du têtard parvenu au terme de
son développement et de la métamorphose.
Examinant maintenant l’aspect des fibres musculaires striées
des têtards dont la 'métamorphose a été artificiellement accélérée,
nous constatons que :
1° Les fibres musculaires striées d’un têtard âgé de deux jours
et métamorphosé en dix-neuf jours par l’action d’un bain continu
de thyroxine au 1 /50.000.000e (dose moyenne), ne diffèrent de
celles du témoin, âgé également de deux jours, que par un léger
allongement des noyaux et une légère diminution du volume des
nucléoles, les grains de chromatine restant gros.
2° Les fibres musculaires striées d’un têtard pris au stade C
(3e de Kollmann) et métamorphosé en onze jours par l’action
d’un bain continu de thyroxine au 1 /4.000.000e (dose forte), ne
diffèrent pas essentiellement de celles des témoins, mais celles
d’un têtard de même âge métamorphosé en huit jours par l’action
de la thyroïde de mouton en poudre, montrent des noyaux plus
allongés, dont le protoplasma est très éclairci, mais dont les nucléoles
sont encore assez volumineux. Dans ce cas, il faut encore noter
l’hypertrophie considérable du système musculaire.
En somme, la réaction du tissu musculaire (qui ne figure pas
dans les « sensibles locales de Champy et Radu (5) est une hyper-
trophie plus ou moins grande en fonction de la dose de l’agent
accélérateur et de l’âge des sujets. Les différences que l’on trouve
entre l’aspect des fibres musculaires des animaux métamorphosés
expérimentalement et l’aspect de celles des témoins, sont fonction
de l’âge des sujets et de la rapidité de leur métamorphose, cette
dernière étant elle-même fonction de la dose de l’agent accéléra-
teur.
Cependant si la métamorphose a été provoquée, non par un
bain continu de thyroxine, mais par l’ingestion d’un extrait total
de glande thyroïde, l’aspect des fibres musculaires indique une
réaction évolutive très nette. On ne trouve de réactions semblables
dans le tissu musculaire des têtards que quand la dose administrée
a été assez faible (1 /100.000.000e par exemple) pour que le temps
— 163 —
de métamorphose permette un développement plus normal des
éléments histologiques.
La thyroïde des sujets, laissée en place, ne peut être une cause
d’erreur. On sait, depuis les travaux de Courrier (6), que l’inges-
tion de thyroïde a pour conséquence, chez les petits mammifères
Fig. 6. — Fibre musculaire d’un têtard métamorphosé naturellement ; Fig. 7. — Id.,
âgé de deux jours métamorphosé en dix-neuf jours par un bain de thyroxine au
1 /50.000.000e ; Fig. 8. — Fibre musculaire d’un têtard pris au stade C et méta-
morphosé par la thyroxine au 1 /4.000.000e ; Fig. 9. • — Fibre musculaire d’un
têtard parvenu au stade C et métamorphosé par l’ingestion d’extrait de thyroïde
de mouton.
(Coloration au Glychémalun-Eosine, après fixation par le Bouin acétique. — Objectif
à immersion Leitz 1/15 X ocul. 8).
de laboratoire, la mise en repos de la glande des sujets ayant subi
ce traitement. Or, Etkin (7), a observé que les mêmes phénomènes
se produisaient chez les têtards, et, j’ai pu, moi-même, le cons-
tater.
Cependant, si les têtards sont mis en expérience au stade de la
prémétamorphose, « la métamorphose, dit Etkin (8), se déroule
I
164
suivant le rythme que lui confère la thyroïde de l’animal et, non
selon le rythle de la thyroxine », ce qui serait le cas si la méta-
morphose expérimentale avait été tentée sur des animaux par-
venus aux stades F et G (6e et 7e de Kollmann) au moment où la
thyroïde des têtards entre vraiment en action. J’ai, d’ailleurs anté-
rieurement montré (9) le peu de résultat qu’on obtient avec des
animaux parvenus au stade de la prémétamorphose. C’est pour-
quoi je n’ai pas cru devoir faire figurer de fibres musculaires d’ani-
maux métamorphosés expérimentalement dans ces conditions.
Laboratoire d’Ethologie des Animaux sauvages du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
1. Schulze (W.). Arch. /. msk. n. Entw. mech. CI, 1924, p. 338-380).
2. Romeis (B.). Arch. f. mik. n. Entw. mech. CI, 1924, p. 382-437).
3. Roth (P.). Bull. Soc. Zool. Fr., LXVII, 1942, p. 128.
4. Kollmann (M.). C. R. Soc. de Biol., t. 82, 1919, p. 1009.
5. Champy (Ch.) et Radu (L.). C. R. Assoc. Anat., 1931-32, p. 115.
6. Courrier (R.). Arch. Franco-Belges de Chirurgie, t. 32, 1930, n° 1,
C. R. Soc. de Biol., t. 91, 1924, p. 1274.
7. Etkin (W.). Physiol. Zool., t. Y, 1932, p. 275-300.
8. — Journ. Exp. Zool., t. 71, 1935, p. 317-340.
9. Roth (P.). Bull, du Muséum, 2e s., t. 11, 1939, n° 1, p. 99.
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE, IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832).
Autorisation S. 4
9-5-1944
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 87
Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Bertrand, à Paris,
le 28 féyrier 1944 par M. le Professeur Ach. Urbain, directeur du Muséum. . 88
Communications :
Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Bullier. Néoformations cutanées et osseuses de
la tête chez les Girafes '. 91
J. Berlioz. Notes critiques sur quelques Turdidés de la faune éthiopienne 96
L. Bertin. Synopsis ostéologique et Synonymie des Poissons de la Famille des
Serrivoméridés (Apodés Anguilliformes) 101
J. J. Legrand. Contribution à l 'étude des Isopodes terrestres du Sud-Ouest
de la France 109
R. Paulian. Les types d’insectes de Mulsant au Muséum de Paris : 117
A. Villiers. Nouveaux Acanlhaspiditae d’Afrique orientale [Hem. Reduviidae \ . . 122
J. Nouvel et E. Séguy. Quelques ectoparasites des animaux sauvages du Parc
Zoologique du Bois de Vincennes (lre note) 128
G. Cherbonnier. Les Mollusques de France de la collection Locard. Mollusques
terrestres (4e note). Famille Helicidae (suite) 132
A. Guillaumin et E. Manguin. Floraisons observées dans les serres du Muséum
pendant l’année 1943 135
A. Guillaumin et V. Chaudun. La collection de modèles réduits d’instruments
agricoles et horticoles du Muséum. A propos d’une lettre inédite de A. Thouin. 137
F. Chesnais. Anatomie du système végétatif du genre Heberhardtia H. Lee 142
S. Jovet-Ast. Muscinées de la tourbière de Somman (Haute-Savoie) 148
J. Roger et G. Lefebvre. Quelques observations sur les genres : Carditopsis,
Erycinella et Triodonta 155
P. Roth. Sur le cçunportement du tissu musculaire dans la métamorphose expé-
rimentale des Batraciens 160
ÉDITIONS
MUSÉUM NATIONAL D’HtSTOIRE NATURELLE
36, RUE GEO FFRO Y-SAI NT* HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum' national d’Histoire naturelle (commencé en 1895)»
(Un vol. par an, 80 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histùire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933). ^
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
. Notulæ Systematicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr.,
Etranger, 70 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ;suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l'Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A-
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ;
abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.).
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
garnie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 fr.). ^
Revue Bryologique et Lichènologique, (Directeur M. N., Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874; abonnement France, 60 fr.,
Étranger, 80 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr.. Étranger,
80 et 100 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
• BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVI
\ ■
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
No 3. — Mai 1944
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
P A RIS- V*
RÉGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d 'Histoire naturelle.
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Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
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avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
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ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
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mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
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numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
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au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
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BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1944. — N° 3.
342e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
25 mai 1944
PRÉSIDENCE DE M. Ed. BOURDELLE
ASSESSEUR DU DIRECTEUR
ACTES ADMINISTRATIFS
Par arrêté ministériel en date du 17 mai 1944, la Ménagerie des
reptiles est rattachée à la grande Ménagerie des Mammifères et des
oiseaux.
M. le Professeur A. Chevalier, Membre de l’Institut, est maintenu
dans ses fonctions jusqu’au 30 septembre 1945 (Arrêté ministériel du
27 avril 1944).
M. Paul Budker est nommé Assistant à la Chaire des Pêches et Pro-
ductions coloniales d’origine animale (Arrêté ministériel du 27 mars 1944),
M. Falck est nommé Aide-technique au Musée de l’Homme, en rem-
placement de M. Fedorovsky démissionnaire (Arrêté ministériel du
8 avril 1944).
DONS D’OUVRAGES
Dr René Jeannel, Les Fossiles vivants des cavernes, 321 pp.,
120 figs., 12 pl. (in L’avenir de la Science) N. R. F., Gallimard, éd.,
Paris, 1944.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
12
COMMUNICATIONS
Sur les Cryptes sensorielles de Stegostoma varium (Seba)
Par Paul Budker.
En procédant au classement de la collection du Laboratoire,
j’ai trouvé un exemplaire de Stegostoma varium (Seba), Sélacien
appartenant à la famille des Orectolobidae, sur lequel j’ai pu étu-
dier les cryptes sensorielles, la morphologie des spiculés jumelés
et leur répartition.
Le spécimen étudié, en provenance de Pondichéry (Indes Fran-
çaises) est un fœtus $ à terme, de 265 mm. de longueur totale :
sa cicatricule est encore parfaitement indiquée,
La répartition des cryptes sensorielles sur ce Stegostoma s’éta-
blit ainsi (fig. 1) :
1° Une rangée parasagittale, débutant dans la région occipitale
et s’étendant, en une ligne à peu près régulière constituée par des
couples isolés assez proches l’un de l’autre, jusqu’à la caudale.
Dans toute sa partie antérieure, cette rangée se situe dorsalement
par rapport à la ligne latérale ; mais un peu en arrière des pel-
viennes, elle dessine un infléchissement marqué vers la région
ventrale. La ligne latérale élle-même est d’ailleurs difficilement
décelable.
2° Une rangée mandibulaire, constituée par un groupe de cryptes
sensorielles situées en arrière du spiracle, groupe qui se continue
par une ligne irrégulière descendant, un peu en avant de la lre fente
branchiale, vers la région ventrale, où elle amorce une courbe
dirigée oralement, mais s’arrêtant très loin de la mandibule (fig. 1
et 2).
3° Une rangée ombilicale, formée de quelques cryptes peu nom-
breuses situées de part et d’autre de la cicatricule (fig. 2).
Pas plus sur le spécimen particulièrement étudié et figuré, que
sur les autres exemplaires à ma disposition, je n’ai trouvé de cryptes
sensorielles sur l’avant de l’orifice des canaux endolymphatiques.
Chez cette espèce, les spiculés normaux sont de forme allongée,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
^V;:V <
Stegostoma variurn ; r. p. : rangée parasagittale ; r. mand. : rangée mandibulaire; e. p. : spiculés prin
e. il}. : spiculés différencies de la carène médiane. ( Les carènes latérales ne sont pas figurées sur
168 —
lancéolée, avec un apex effilé. Le scutum porte trois crêtes longi-
tudinales : une centrale — » la plus accusée, saillante — , les deux
autres, sensiblement parallèles à celle-ci, se situant latéralement,
au bord même du spiculé.
Quant aux spiculés jumelés des cryptes sensorielles *, ils pré-
sentent l’aspect suivant :
Le spiculé antérieur, arrondi, à scutum légèrement bombé et
7î. niand.
Fig, 2. — Stegostoma varium ; cic. : cicatricule ; R. omb. : rangée ombilicale
R. mand. : rangée mandibulaire.
portant quatre à six crêtes longitudinales peu saillantes, s’appuie
largement sur le spiculé postérieur, qu’il recouvre suivant le type
de chevauchement net observé chez Ginglymostoma cirratum
(G. Petit et P. Budker, 1935 ; P. Budker, 1938).
Le spiculé postérieur, ^allongé, lancéolé, rappellerait, dans l’en-
1. L’exemplaire en ma possession étant simplement conservé en alcool, et ce depuis
de nombreuses années, il ne m’a pas été possible de procéder à une étude histolo-
gique complète de l’organe sensoriel.
169
semble, la forme générale des spiculés ordinaires, si ce n’est que
la crête médiane est ici très fortement 'développée, et forme une
saillie très proéminente. Cette crête aboutit,' oralement, à un méplat
sur lequel vient s’appuyer l’apex de la dent antérieure. Chacun
des spiculés constituant le couple protecteur de l’organe sensoriel
est nettement plus volumineux que les spiculés ordinaires, de sorte-
que le repérage des cryptes sensorielles se fait très aisément à l’oeil
nu (fig. 3).
Cette rapide description s’applique à toutes les cryptes senso-
rielles de l’exemplaire étudié, qu’elles appartiennent à la rangée
pqrasagittale, à, la rangée mandibulaire ou à la rangée ombilicale.
On peut cependant remarquer, dans la région céphalique, une
Fig. 3. — Stegostoma varium ; Aspect des spiculés jumelés.
tendance à une juxtaposition, dans le plan transversal, des deux
éléments du couple, comparable à ce que j’ai déjà observé, avec
G. Petit, chez Ginglymostoma cirratum (G. Petit et P. Budker,
1936 ; P. Budker, 1938). Mais ce n’est là qu’une simple tendance,
l’amorce d’un glissement qui, d’une façon générale, n’aboutit pas
à la rotation de 90° si remarquable chez Ginglymostoma. Toute-
fois, l’un* des premiers couples de la rangée parasagittale gauche
présente assez nettement ce caractère (fig. 4). Mais c’est là un cas
isolé, que je n’ai retrouvé ni sur l’exemplaire du Laboratoire des
Pêches, ni sur les trois spécimens de Stegostoma du Laboratoire
d’Ichthyologie du Muséum aimablement mis à ma disposition
par M. Bertin. L’un de ces spécimens, d’ailleurs (un fœtus de
200 mm.) m’a permis de constater que les spiculés jumelés appa-
raissent bien avant les spiculés ordinaires. La peau de ce fœtus
est absolument nue, sauf les spiculés jumelés et les « écailles pri-
maires » constituant les carènes longitudinales dont il est néces-
saire de signaler maintenant la présence.
Sous le nom de Stegostoma carinatum, Blyth a décrit et figuré,
en 1847, comme espèce nouvelle, un S. variüm de « nearly 4 feet » ;
il se basait, pour établir sa distinction spécifique, sur le fait que
son exemplaire était « remarkable for a sérié of ridges studded
with enlarged scales » (p. 725). De plus, il indique la coloration
comme étant « brown, spotted ail over on the upper surface with
moderately large but unequally sized black spots ». Sa figure repro-
duit nettement ces caractères, ainsi que les rangées de « enlarged
scales » constituant les carènes longitudinales. Cependant on compte,
sur la fig. 1 cinq fentes branchiales bien séparées, alors que chez
Fig. 4. — Stegostoma varium ; cryptes sensorielles de la région céphalique ; les spi-
culés jumelés montrent une nette tendance au chevauchement latéral.
cette espèce (comme chez tous les Orectolobidae, d’ailleurs), la 4e
et la 5e sont confondues.
En réalité, le S. carinatum de Blyth n’est autre que le S. varium
adulte, et les différences considérables observées dans le système
de coloration du jeune et de l’adulte sont extrêmement fréquentes
chez les Squales (p. ex. Galeocerdo arcticus, Ginglymostoma cirra-
tum, etc...).. Le Laboratoire d’Ichthyologie du Muséum possède
un S. varium, monté, de 2 m. de long environ, qui répond exacte-
ment à la description de Blyth ; c’est ce dernier cependant, qui
— 171 —
a le premier signalé et décrit les « ridges », les carènes longitudinales
munies de gros spiculés différenciés que les auteurs ont dans
l’ensemble négligées dans leurs descriptions du genre. Cetté obser-
vation, d’ailleurs,, se rapporte aux « écailles primaires » des Séla-
ciens, et j’aurai ultérieurement l’occasion d’y revenir, car ces for-
mations cutanées font l’objet d’un travail actuellement en cours,
où sont également étudiées les « écailles primaires » de l’extrémité
de la caudale, parfaitement visibles.
Sur mon exemplaire de 265 mm., on repère à première vue une
carène longitudinale, composée d’écailles placoïdes (les « enlarged
scales » de Blyth) arrondies, à scutum bombé, portant 4 crêtes, et
dont la forme générale se rapprocherait de celle du spiculé anté-
rieur des cryptes sensorielles, quoique beaucoup plus volumineuses.
Ces spiculés, très remarquables, dessinent une carène (fig. 1) qui,
partant de la région occipitale, remonte jusqu’au bord antérieur
de la première dorsale, qu’ils garnissent jusqu’à quelque distance
de son extrémité ; ils reprennent, après la première dorsale, jus-
qu’à la seconde dorsale, où ils s’interrompent dans les mêmes
conditions pour continuer ensuite jusqu’à la caudale. Une sem-
blable disposition a été signalée et décrite par G. Petit et H. Pous-
sé l chez Hemiscyllium ocellatum (Bonn.), (1941).
Or, l’une des premières cryptes sensorielles de la rangée para-
sagittale droite, située précisément à toucher cette carène médiane
présente une différenciation qui la distingue de ses congénères :
le spiculé postérieur rappelle, par sa forme générale plus arrondie,
son aplatissement (sauf la crête centrale toujours très développée),
Fig. 6. — Stegostoma varium ; Spiculés jumelés aberrants (région médiane).
les gros spiculés garnissant la carène médiane, dont il procède
incontestablement (fig. 6).
*
♦ *
Remakqües. — Le Stegostoma étudié dans la présente note est
le troisième représentant de la famille des Orectolobidae sur lequel
est décrite la répartition des cryptes sensorielles ; les deux précé-
dents étant : Ginglymostoma cirratum (G. Petit et P. BudKeb,
1936), et Hemiscyllium ocellatum (G. Petit et H. Poussel, 1941).
Ghez ces trois genres, la répartition, la morphologie externe et
le nombre des cryptes sensorielles offrent une remarquable simi-
litude. Les Orectolobidae constituent d’ailleurs une famille très
homogène de Squales benthiques ou semi-benthiques. Et l’on ne
peut manquer d’être frappé de l’analogie existant entre leurs cryptes
sensorielles, disposées en une seule rangée para-sagittale, et la
répartition de ces organes chez des espèces notoirement benthiques,
telles que Rhina squatina, Rhinobatusi Rhynchobatus (P. Budker,
1938) ; chez celles-ci les cryptes sensorielles sont ordonnées suivant
une ligne longitudinale parallèle au canal latéral, et dorsalement
par rapport à lui. La ressemblance avec ce que l’on peut observer
chez les Orectolobidae est très nette.
D’autre part, si l’on considère les individus de la famille des
Carcharinidae que j’ai précédemment étudiés avec G. Petit (1936)
on constate que ceux-ci, appartenant à des espèces franchement
pélagiques, présentent un ensemble de cryptes sensorielles très
développé qui atteint son maximum chez Paragaleus Gruveli.
Sans aller jusqu’à établir une rigoureuse corrélation entre l’étho-
logie des Sélaciens et la répartition de leurs cryptes sensorielles,
les présentes observations semblent indiquer que ce rapport existe
dans une certaine mesure.
BIBLIOGRAPHIE
1847. Blyth (E.). — Journ. Asiatie A oc. Bèngdl; Zoological Pept, Mr
Blyth’s Report. YoL XVI, Part II, 1847, pp. 725-726, pl. XXV,
fig. 1 , a, b.
1935. Petit (G.) et BüdRêr (P.), *— Sur la différenciation dé dents
Cutanées, liée à la présence dè cryptes sensorielles, chez quelques
Sélaciens. C. R. Aù. St.-, Paris, 21 octobre 1935, pp. 737-740»
1936. Petit (G.) et BüdKêr (P.). — Contribution à l’étude de la diffé-
renciation des dents cutanées, liée à la présence de cryptes
sensorielles, chez quelques espèces de Sélaciens. Bull. Inst.
Océan., Monaco, n° 695, 25 avril 1936, pp. 1-46, fig. 1-14.
1938. Budker (P.). Les cryptes sensorielles et les denticules cutanés
des Plagiostomes. Ann » Inst. Océan., N. S., t. XVIIÏ, fasc. 3,
1938, pp. '207-288, fig. 1-40, pl. I.
1941. Petit (G.) et Poussel (Hélène). — Sur les dents cutanées jume-
lées d’Hemiscyllium ocellatum (Bonn.). Bull. Mus. Hist. Nat.
de Marseille, n° 1, janvier 1941, pp. 41-47, 1 fig.
Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale
du Muséum.
Oniscoïdes récoltés par M. R. Heim de Balsac
DANS LES TERRIERS ET LES NIDS
Par L. Paulian de Félice
Dans une récente note MM. M. Vachon et J.-M. Démangé ont
étudié les Myriapodes récoltés par M. R. Heim de Balsac dans
les terriers 1 ; ils ont pu tirer de cette étude quelques conclusions
qui s’appliquent également aux Oniscoïdes que nous avons pu
examiner ; aussi nous a-t-il paru utile de donner une liste des espèces
observées aux environs de Buré (M.-et-M.).
Fort peu de terriers et de nids parmi tous ceux qui ont été exa-
minés ont livré des Isopodes. Ils se répartissent comme suit :
Taupe (Talpa europaea) [nids en hiver]. — • Porcellio scaber Latr.
(4 fois), Armadillidium pictum Br., A. bulgare Latr., Ligidium hypno-
rum Cuv., Trichoniscus sp.
Campagnol roussatre ( Cletrionomys glareolus) [hiver]. — Porcellio
scaber Latr. (2 fois), Trichoniscus sp.
Campagnol des champs (Microtus arvalis) [hiver]. — Porcellionides
pruinosus Br.
Campagnol [hiver]. — Porcellio scaber Latr.
Blaireau (Meles meles) [hiver]. — Porcellionides pruinosus Br.
Pie (Pica caudata). — Porcellio scaber Latr.
Etourneau (Sturnus sturnus). — Porcellio scaber Latr.
Buse (Buteo oulgaris) [été]. — Porcellio scaber Latr.
Sauf dans un terrier d ' Evotomys glareolus , il n’a jamais été trouvé
qu’une seule espèce par nid. D’autre part la totalité des exemplaires
récoltés sont des juvéniles, très loin de la taille adulte, mais cepen-
dant déjà assez éloignés de leur éclosion.
Les espèces récoltées sont toutes très communes dans les régions
de France où les recherches ont été poursuivies ; toutes sont abon-
dantes dans le domaine épigée et aucune ne peut être considérée
comme pholéophile. D’autre part, sur les six espèces récoltées,
trois sont anthropophiles et ont été largement dispersées par le
commerce des hommes. Mais il est notable que l’anthropophilie
ne provoque pas nécessairement la pholéophilie. En effet Y Arma-
dillidium vulgare Latr. qui est un anthropophile très nettement
caractérisé ainsi que nous avons eu l’occasion de le faire ressortir
précédemment 2 n’a été observé qu’une seule fois ; et pourtant
1. Bull. Muséum, 2e sér., XV, 4, 1943, p. 186-189.
2. L. Paulian de Félice. Bull. Soe. Sc. Nat. Maroc, XIX, 1939, p. 213.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
c’est en France une espèce surabondante sous les débris végétaux.
Il ne faudrait pas conclure évidemment de cette capture unique
que F A bulgare est plus anthropophile que xénophile mais il con-
vient de l’opposer à la fréquence de Porcellio scaber Latr. rencon-
trés chez six des huit hôtes étudiés, et dominant chez deux d’entre
eux. Le Porcellionides pruinosus Brdt. lui-même a été rencontré
deux fois. Le parallélisme entre anthropophilie et xénophilie au
sens large, a déjà été signalée pour les nidicoles 1.
Nous pouvons donc considérer que les Oniscoïdes des terriers
et des nids, sont uniquement des individus jeunes d’espèces très
plastiques, à tendances xénophiles très larges, qui ont dû s’y réfu-
gier, peut-être à la recherche de ces conditions thermiques parti-
culières sur lesquelles Heim de Balsac a attiré l’attention 2 mais
n’y montrent pas de caractères adaptatifs spéciaux.
Ces conclusions valables pour les récoltes étudiées ont sans
doute une plus grande portée. Falcoz ne cite pas d’Oniscoïdes
des terriers et des nids dans sa thèse ; les Oniscoïdes observés au
Maroc dans les terriers de Gerboises paraissent localisés aux entrées
et se retrouvent dans toutes les stations également protégées ;
dans les terriers de Tachyoryctes d’Afrique Orientale, les Onis-
coïdes observés 3 s’ils appartiennent à des espèces jusqu’ici incon-
nues dans le domaine épigée s’y retrouveront certainement et ne
présentent pas de caractères spéciaux.
En conclusion les Oniscoïdes ne montrent pas de tendance à
la xénophilie, sauf lorsque l’hôte est une Fourmi ou un Termite.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
1. H. Kemper. Zeits. Hyg. Zool., 1938, p. 227 sqq.
2. C. R. Ac. Sciences Paris, CCVII, 1938, p. 644.
3. Mém. Muséum (sous presse).
- — 176 —
Envahissement progressif de la région de Bayonne -
BIARRITZ PAR LA COCHENILLE AUSTRALIENNE :
ÎCERYA PÜRCHASI MaSK.
Par A. -G. Parrot.
Note présentée par M. J.-R. Steffan.
Icerya purchasi Mâsk. est une Cochenille originaire d’Australie.
Elle s’est répandue d’une îaoon intense dans toutes les régions de
culture de l’Oranger, notamment en Afrique du Nord et du Sud,
en Amérique et dans la péninsule italienne. Elle est heureusement
beaucoup plus rare en France où elle est signalée sur tout le pour-
tour de la Méditerranée, particulièrement en Provence d’où s’est
faite l’infestation, et dans la région bordelaise.
Depuis longtemps l’Homme a lutté contre elle, d’abord en
Amérique, puis en Europe, en utilisant son ennemi le plus redou-
table, une Coccinelle, australienne elle aussi : Novius cardinalis,
importée puis élevée en Europe. Grâce à ce Coléoptère on a pu
sauver d’un désastre certain* les cultures d’Oranger. Cependant
le parasite semble être protégé par la Fourmi d’Argentine, Iri-
domyrmex humilis, malheureusement acclimatée en Provence,
depuis 1910 au moins.
Contrairement à certaines Cochenilles qui sont parfois localisées
sur une seule plante, V Icerya purchasi s’installe sur les espèces les
plus diverses. A Biarritz où j’observe sa progression sans cesse
croissante depuis 1938, elle est surtout localisée sur les Mimosas,
particulièrement sur V Acacia dealbata Link... Le Mimosa à phyl-
lodes allongés (Acacia retinondes Schl.) n’en est pas exempt et le
Mimosa du Japon ( Alhizzia Julibrissin Dur. ou Wild.), quoiqu’assez
rare dans cette région, est lui-même envahi par l’insecte. Cepen-
dant les dégâts causés sur ces Légumineuses n’entraînent pas for-
cément leur perte. Il n’en est malheureusement pas de même pour
les haies ou les arbustes isolés de Pittosporum Tpbira Ait, ou Pit-
tosporum undulatum Vent, qui sont, depuis 4 ans, recouverts en
permanence d’une multitude de femelles garnies de leur ovisac.
J’ai vu, dans une villa de l’Avenue de la Reine Nathalie à Biarritz,
un Pittosporum undulatum de 5 mètres de hauteur se dessécher en
l’espace de 3 années. Les différents Tamarix de Biarritz (T. gallica
L. et T. anglica Webb.) sont eux aussi la proie de l’insecte qu
les épuise dans un laps de temps assez court.
Les autres espèces où j’ai pu observer ce parasite semblent le
supporter beaucoup mieux. Il s’agit en premier lieu des quelques
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
— 177 —
Orangers et Citronniers ( Citrus aurantium L., C. trifoliata L.,
C. Limonum Risso et Poit.) parfois cultivées dans quelques pro-
priétés de Biarritz. Les « Acacias » (. Robinia pseudo-Acacia L.,
R. viscosa Vent., R. hispida L.) sont attaqués aux aussi mais de
façon beaucoup moindre. Les baies de Fusain ( Evonymus europeus
L., E. Japonicus Thunb.), celles de Troëne ( Ligustrum Japonicum
Thunb., L. Lucidum Ait., L. ovalifolium Hassk.), celles d ’Aucuba
Japonica Thunb. et les variétés panachées sont aussi sérieusement
atteintes. Certains Lilas ( Syringa vulgaris L.) se tachent de blanc.
Les Lierres ( Hedera hélix L. H. Colchica C. Koch.), Forsythia sus-
pensa Vahl., Fraxinus excelsior L., Carpinus Retulus* 1, Corylus
Avellana * L., Quercus pedunculata Ëhrh., les Rosiers, les rejets
tendres de Platanus orientalis L.*, Laurus nohilis L., Tilia tomentosa
Moench. *, Æsculus Hippocastanum L. *, Buxus sempervirens L. *,
les Hortensias, Baccharis halimifolia L. *, Ruscus aculeatus L. * ,
Deutzia scabra Thunb., sont beaucoup plus rarement atteints.
Pendant l’hiver 1942, j’ai observé une superbe femelle, garnie
d’un ovisac de 16 mm. de long, fixée sur un rameau de Cupres-
sus sempervirens L. (Villa Portalis, Avenue Serrano à Biarritz).
Telles sont, parmi les arbres, arbustes, arbrisseaux et plantes grim-
pantes, les espèces sur lesquelles vit, à Biarritz, Icerya purchasi.
Les plantes herbacées sont elles aussi parfois attaquées. J’ai
observé, l’année dernière, de nombreux pieds d 'Erigeron Cana-
dense L., E. crispus Pour., Taraxacum officinale Weber. *, Plan-
tago media L., P. coronopus L., Hieracium Pilosella L., absolument
recouverts de femelles pourvues de leur ovisac. Il s’agissait, en
général, de plantes basses situées sous des arbustes déjà infestés.
On comprend alors que les jeunes larves sortant de l’ovisac puissent
tomber à terre, puis remonter le long des tiges herbacées et s’y
installer à demeure.
D’une façon identique les mousses elles-mêmes sont aussi
attaquées. J’ai remarqué plusieurs femelles sur Hypnum murae
Hedw. * et H. serpens L. *. Enfin, le Scolopendrium oulgare Sm.
peut être parasité lui aussi.
Depuis cette année le Topinambour ( Helianthus tuberosus L.)
le grand Soleil (H. annuus L.) sont attaqués à leur tour.
Enfin, j’ai observé quelques plants de Pomme de terre dont les
feuilles étaient garnies de jeunes larves installées le long des ner-
vures principales de la face inférieure.
Il resterait à savoir comme Y Icerya purchasi a été introduit, à
Biarritz. Il faudrait de même déterminer la date de cette intro-
duction. Malheureusement je n’ai aucune donnée sur ces deux
points. Ce que je puis affirmer cependant, c’est que, depuis 1938,
1. L’astérisque indique des plantes-hôtes sur lesquelles, à ma connaissance, Icerya
purchasi n’avait pas encore été signalée.
— 178 —
date à laquelle mes fonctions m’appelèrent dans cette région,
l’insecte à progressé d’une façon continue. Confiné au début à la
marge littorale (Plateau du Phare), il est maintenant installé en
plein cœur de Biarritz et déborde même largement vers le N. et
l’W. de cette localité. Sa présence à Anglet et à Bayonne n’est
encore que très rare ; mais l’époque n’est pas loin où il gagnera
de nouveau du terrain dans cette direction.
Les effets destructeurs de Y Icery a purchasi sont extrêmement
rapides. Il lèse les tissus tendres (nervures médianes des feuilles
à la face ventrale, rejets, hampes florales...) mais s’attaque aussi
bien aux troncs et aux branches maîtresses des .arbres les plus
vôlumineux (plaques denses sur les Pittosporum, les Tamarix, les
Baccharis.. ). Son rostre ventral, quoique minuscule, possède deux
paires de longues soies rétractiles qui perforent tous les tissus et
fixent intimement le parasite à son hôte. La réaction de celui-ci
paraît inexistante. Les tissus perforés montrent, en coupe trans-
versale, dans le cas d’une nervure foliaire, par exemple, une auréole
colorée en rose ou en jaune indiquant peut-être le résultat d’une
digestion du contenu cellulaire. Les femelles et les larves secrétent
un produit sucré, en gouttelettes claires qui prennent par la suite
une consistance cireuse. Ces exsudats sont alors visités par une
foule d’insectes : Fourmis, Mouches, Abeilles, Guêpes..., qui sem-
blent se délecter de ce liquide d’un goût d’ailleurs excellent.
Que ces visiteurs emportent, malgré eux, des larves jeunes,
c’est un fait que j’ai observé plusieurs fois. Chez moi, lorsque j’étu-
diais ce curieux insecte, j’ai vu une Mouche domestique, après son
repas de gouttelettes sucrées, s’envoler lourdement munie de
3 larves accrochées à ses pattes postérieures. C’est sans doute à
ce transport bénévole que je dus, quelques jours plus tard, d’ob-
server sur un Cereus Peruvianus de mon appartement 3 larves
installées et parfaitement fixées sur la chair tendre de cet hôte
nouveau. Dans la nature ce phénomène de transport doit s’effec-
tuer en grand, mais dans un rayon de dispersion peu important.
C’est pourquoi ce n’est pas à lui qu’il faut penser dans la région
biarrote. Il est plutôt à présumer, comme c’est le cas pour un très
grand nombre d’espèces de Cochenilles, que le vent d’Ouest, domi-
nant et souvent violent, est le responsable de l’active progression
du parasite. Localisé en 1938, le long du littoral, il gagna le centre
de la ville, puis la périphérie orientale et septentrionale, ses jeunes
larves étant littéralement « soufflées » dès leur sortie de l’ovisac
et avant leur fixation. Y
Ainsi, il est certain que l’insecte continuera sa progression dans
ce sens et qu’elle ne sera mise en échec qu’en créant au fur et à
mesure de nouveaux foyers de multiplication de la coccinelle
prédatrice.
Laboratoire d’Entomologie agricole coloniale du Muséum.
OCTOLASIUM CâLARENSIS N. SP.
Un nouvel Oligochète français
Ké-
Par Andrée Tétry.
Un aimable correspondant a bien voulu m’envoyer de Callas
(Var) quelques Lumbriciens récoltés dans son jardin au mois de
novembre 1938. Cette petite collection comprenait Octolasium
complanatum A. Dugès, Allolobophora chlorotica Savigny et onze
individus d’une nouvelle espèce appartenant au genre Octolasium.
A. chlorotica est une espèce banale très commune notamment dans
les jardins ; je parlerai plus loin de Y O. complanatum.
Voici la description technique de la nouvelle espèce d’après
les individus fixés (fig. 1) : longueur 65 à 110 mm. ; diamètre du
corps au niveau du clitellum 4 mm. ; diamètre de l’extrémité pos-
térieure 2 mm. ; nombre de segments 180 à 200. La coloration est
terne, grise, uniformément répartie sur les faces dorsale et ventrale ;
seuls les quinze premiers segments sont blanchâtres. La face dor-
sale, claire du clitellum tranche sur les anneaux voisins plus fon-
cés. Le corps est cylindrique légèrement aplati au niveau du cli-
tellum. La tête est épilobe fermé ; le prostomium entame d’envi-
ron 1/2 le premier segment. Les soies sont distantes sur toute la
surface du corps ; leurs distances respectives s’expriment par les
relations suivantes ab )> cd, ab = bc, dd <( 1 /2 u (les soies sont dési-
gnées par les lettres a, b, c, d; a représente la soie la plus ventrale,
d, la plus dorsale, & et c les soies intermédiaires ; les intervalles
séparant deux soies sont nommés par les lettres des soies qui les
délimitent, aa, ab, bc, cd, dd ; u désigne la longueur de la circon-
férence du corps). Les soies a ou b des segments 16, 17, 18, 19, 22
ou de l’un d’entre eux sont entourées d’une petite zone glandu-
laire blanchâtre. Les pores dorsaux sont invisibles sauf sur le cli-
tellum où ils apparaissent nettement. Les pores mâles du 15e,
situés entre les soies & et c ont la forme d’une fente longitudinale ;
les champs glandulaires blancs qui les entourent sont légèrement
renflés et ne débordent pas sur les segments adjacents. Le clitel-
lum occupe les segments 27, 28 — 35, 36 (= 8 à 10 anneaux) ; il a
une forme de selle ; les anneaux sont très apparents sur toute sa
surface. Les crêtes de puberté de forme ovalaire très nette, s’éten-
dent sur les segments 32 — 35 (= 4) ; parfois l’ovàle mord un peu
sur le 31e segment.
Le dissépiment 4 / 5 est le premier développé ; les cloisons 5 /6
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
I
— 180 —
à 8/9 sont fortement épaissies ; les suivantes sont très minces.
Les organes génitaux comprennent, deux paires de testicules et
d’entonnoirs vibratiles dans les segments 10 et 11 ; une paire
d’ovaires est située dans le 13e segment ; il y a une capsule sémi-
nale. Les vésicules séminales au noipbre de deux paires sont fixées
A B
Fig. 1 — Octolasium calarensis n. sp. X 3\
A, vue de profil ; B, face ventrale au niveau du clitellum ; C, face dorsale de l’ex-
trémité antérieure montrant le prostomipm ; 15, pore mâle ; 28-35, clitellum ; Cr,
crêtes de puberté ; a, h, c, d, soies ventrales et dorsales ; M, mamelons blanchâtres ;
p, prostomium.
aux cloisons 10/11 et 11 /12 ; la seconde paire est très volumineuse.
Les trois paires de spermathèques sont placées dans les anneaux
9, 10 et 11 ; les deux premières sont sphériques et sensiblement
de même taille ; la dernière paire ovale est beaucoup plus grosse
que les précédentes ; les pores de ces spermathèques débouchent
à l’extérieur dans les intersegments 8 /9, 9 /10, 10 /Il à peu près
au niveau de la soie d.
— 181
L’organisation interne (2 paires de testicules, 2 paires d’enton-
noirs vibratiles, une capsule séminale, 2 paires de vésicules sémi-
nales permet de rattacher cet individu au genre Octolasium qui
paraît être assez peu homogène ; en effet ce genre comprend quatre
types de structure différente. Un premier type est composé d’es-
pèces (O. herriandrium, Cognetti ; Damianii Cognetli) ayant une
paire de testicules, une paire d’entonnoirs vibratiles, une capsule
séminale, deux paires de vésicules séminales dans les segments
10 et 12, Un second type (O. montanum Gern.) renferme les indi-
vidus possédant deux paires de testicules, deux paires d’enton-
noirs vibratiles, une capsule séminale, deux paires de vésicules
séminales dans les segments 11 et 12. Un troisième type compre-
nant la majeure partie des Octolasium, notamment O. camplanatum
groupe les individus à deux paires de testicules, deux paires d’en-
tonnoirs vibratiles, une capsule séminale, quatre paires de vési-
cules séminales (segments 9 à 12), Enfin le quatrième type réunit
les Vers ( Octolasium exaeystis Rosa, O. mima Rosa) à deux paires
de testicules, deux paires d’entonnoirs vibratiles, absence de cap-
sule séminale, quatre paires de vésicules séminales (segments 9
à 12).
U’espèçe décrite ei-dessus rentre dans la seconde catégorie qui
ne comptait jusqu’à présent qu’un seul représentant, Octolasium
montanum Cernosvitov 1, des Karpathes et de Roumanie. La nou-
velle espèce présente outre les caractères généraux déjà mention-
nés, quelques ressemblances avec O. montanum (soies distantes les
unes des autres, nombre èt situation des pores, des spermathèques),
mais elle en diffère totalement par la place du chtellum et des
crêtes de puberté. Voici d’ailleurs les traits essentiels des deux
espèces :
O. montanum Cern. O. de Callas
Longueur .....'.
Epaisseur
Nombre de segments ......
Clitellum. ;
■•Crêtes de puberté . ,
Soies
Vésicules séminales. .......
Spermathèques . . . .. .. . .
Parcs des spermathèques. . .
150 à 205 mm.
10 à 12 mm.
131 à 158,
25-29, 30
26-28, 20 1 /2
distantes
10/11, 11/12
8, 9, 11
8/9, 9/10, 10/11
65 à 110 mm.
4 mm.
180 à 200
27, 28-35, 36:
32-35
distantes
10/11, 11/12
9, 10, 11
9/9, 9/10, 10/11
La nouvelle forme mérite donc le statut d’espèce ; je la nomme
Octolasium calarensis d’après le nom médiéval de la paroisse de
Callas.
1. Pop, dans un travail (Zool. Jahrb. Syst., 76, 1944, 397) paru pendant l’im-
pression de cette note, considère O. montanum Cern. comme une variété Montana
Cern. de Dendrobaena platyura Fitzinger.
— 182 —
Le genre Octolasium renferme environ une quinzaine d’espèces
(plusieurs espèces autrefois autonomes ont été mises en syno-
nymie avec O. complanatum) dont la distribution géographique
est assez curieuse. Deux espèces O. cyaneum Savigny et O. lacteum
Orley sont cosmopolites et largement répandues dans toute l’Eu-
rope, Algérie, Amérique du Nord et du Sud, Australie, Indes ; la
seconde est nettement plus ubiquiste que la première. O. compla-
natum A. Dugès englobe plusieurs espèces primitivement indépen-
dantes (O. transpadanum Rosa, O. lissaense Michaelsen, O. croa-
ticum Rosa, O. nivale Bretscher, O. complanatum var. argoviense
Bretscher ; très fréquente dans les pays méditerranéens, elle est
notée en Espagne, Portugal, sud de la France, Italie, Jugoslavie,
Autriche, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Transcaucasie,
Sicile, îles Baléares, Algérie, Maroc, Syrie, Corfou, Crète. Toutes
les autres espèces ont une distribution restreinte tout au moins dans
l’état actuel des recherches : O. Damianii Cog., O. hemandrium Cog.,
O. mima Rosa sont signalées en Italie (Ligurie, Toscane, Emilie,
Venise, Trieste...), 0. exacystis Rosa a été trouvé à Siebenbürger,
O. hortensis Bretscher en Suisse, O. rebeli Rosa 1 est originaire de
Bulgarie, O. rectum Ribaucourt a été récolté en Suisse puis en
Bulgarie ; O. frivaldszkyi Ôrley provient de Hongrie ; O. dobro-
geànum Pop 1,0. Racovitzai Pop, O. Gradinescu Pop sont mention-
nés en Roumanie.
La distribution du genre Octolasium est nettement périméditer-
ranéenne ; deux espèces seulement ont gagné des biotopes plus
septentrionaux.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Cernosvitov (L.). — Die Oligochaetenfauna der Karpathen. II. Die
Lumbriciden und ihre Verbreitung. Zool. Jahrb. Syst., 62, 1932, 535.
Cernosvitov (L.). — Monographie der tschechoslovakischen Lumbri-
ciden. Praha, 1935, 86 p.
Pop (V.). — Neue Lumbriciden aus Rumanien. Bull. Soc. Sciences de
Cluj, 9, 1938, 134.
Tétry (MUe A.). — Les Lumbriciens actuellement connus en France
et leur distribution. Bail. Soc. Zool. France, LXIX, 1939, 32.
1. Dans le travail déjà cité, Pop retire les espèces rebeli et dobrogeanum du genre
Octolasium.
— 183 —
Les Alcyon aires du muséum ■. I. Famille des Alcyoniidae.
i. Genre Lobularia (suite) x.
Par A. Tixier-Durivault.
9. Lobularia elegantissima (May).
Synonymie : 1899. Alcyonium elegantissimum, W. May. Jena. Zeitschr.
f. Naturw., vol. XXXIII, p. 106, pi. 1, fig. 13.
Non 1914. Aie. pachyclados, J. Lüttschwager. Arch. Naturg., Abt.
A, Heft 10, p. 21.
Non 1922. Aie. pachyclados, H. Lüttschwager. Phil. Journ. Science,
vol. XX, p. 523.
Diagnose : Colonie : molle, dressée, à pied court. Lobes subdi-
visés en lobules digités, non serrés.
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme à col court, large et à masses
terminales armées de proéminences régulières et volumineuses.
Dans la portion lobulaire sclérites plus petits. Spiculés corticaux
elliptiques ou en bâtonnets à contours irréguliers.
Polypes : sur tous les lobes et les lobules, gros, pressés les uns
contre les autres, dépourvus de couronne anthocadiale. Tentacules
plurilobés à rares sclérites cylindriques.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Localité : 1 exemplaire de Suez (M. Vaillant, 1864).
Distribution : Suez.
10. Lobularia elongata N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule deux à trois fois
plus élevé que le pied. Surface lobulaire composée de lobes dressés,
serrés les uns contre les autres et arrondis à leur sommet.
Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,12 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme haltères à col haut et^^errues peu nombreuses.
Sclérites corticaux possédant un rétrécissement étiré et des protu-
bérances globuleuses. Spiculés de la région lobulaire peu différents
de ceux du pied.
Polypes : sur les lobes, de taille moyenne, assez rapprochés les
uns des autres.
Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre.
Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (Achat Portier, 1844).
Cette espèce ressemble à L. globulifera par la taille de ses haltères
1. Voir lre note dans Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., t. XV, n° 6, 1943, p. 437.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
— 184 —
mais en diffère par bien d’autres caractères et en particulier par la
forme conique de ses verrues.
11. Lobularia exigua N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule à peine plus élevé
que le pied. Surface lobulaire formée de lobes subdivisés en petits
lobules serrés.
Spiculés : de petite taille (0,07 à 0,08 mm. de long). Haltères de
la base du cœnenchyme à nombreuses proéminences irrégulières.
Sclérites de la portion lobulaire très différents, petits, transpa-
rents, présentant de rares protubérances. Spiculés corticaux à
contours plus ou moins sinueux et à quelques tubercules arrondis.
Polypes : sur les lobules, petits, peu rapprochés les uns des autres.
Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre.
Localité : 6 exempl. de la Mer Rouge (Don de M. Clôt Bey, 1850).
Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par la taille de ses
haltères mais s’en éloigne par ses sclérites corticaux et par la forme
irrégulière des verrues de ses haltères.
12. Lobularia foliacea N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, molle, douce au toucher, à
pied très bas. Capitule composé de lobes et de lobules terminés
par une dépression centrale.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme double-sphères à col plus ou moins élevé et
à têtes hérissées de protubérances volumineuses et foliacées. Sclé-
rites de la région lobulaire de taille moindre. Spiculés corticaux
ténus, à contours irréguliers.
Polypes : sur le pied, les lobes et les lobules, très nombreux, de
taille moyenne. Abondants sclérites anthocodiaux ; tentacules
coniques à fins spiculés.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Baie de Nhatrang (Indochine)
(M. Krempf, 1916).
Cette espèce., voisine de L. Krempfi , en diffère cependant par la
forme foliacée dea verrues de ses haltères et par les contours irré-
guliers de ses spiculés corticaux.
13. Lobularia Germaini Tix.-Dur.
Synonymie : 1937. Alcyonium digitulatum, G. Stiasny (pars). Révi-
sion des Collections H. Michelin. II. Catalogue raisonné des Alcyonides,
Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat.,
s. 2, t. IX, n° 6, p. 392.
1942. Lob. Germaini, A. Tixier-Durivault. Bull. Mus. Nat. Hist.
Nat., s. 2, t. XV, n° 3, p. 123, 5 fig.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule à peine plus élevé
— 185 —
que le pied. Surface lobulaire bien développée, formée de petits
lobes groupés composés eux-mêmes de lobules dressés, aplatis et
sinueux à leur sommet.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Haltères
de la base du cœnenchyme à verrues irrégulières et à contours
plus ou moins festonnés. Sclérites de la portion lobulaire très diffé-
rents, petits, à protubérances arrondies peu nombreuses. Spiculés
corticaux à conto rs lisses ou ondulés, présentant ] arfois une
zone centrale claire.
Polypes : sur tous les lobes et les lobules, petits, assez espacés.
Coloration : de la colonie à sec : brun jaün'tre.
Lo alité : 7 exemplaires de la Mer Rouge (3 de la Collection
Michelin et 4 donnés par M. Clôt Bey, 1850).
14. Lobularia globulifera (Klzgr).
Synonymie : 1872. Lob. sphærophora, A. Targioni-Tozzetti. Atti.
d. Soc. Ital. Scienze naturali, vol. XY, p. 455.
1877. Alcyonium globuliferum, C.-B. Klunzinger. Die Korall. d.
Roth. Meeres, Berlin, vol. I, p. 23, pl. 1, fig. 2.
1914. Aie. globuliferum, J. Lüttschwager. Arch. Naturg., Abt. A,
Heft 10, p. 23.
1922. Aie. globuliferum, H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science,
vol. XX, p. 532.
1931. Lob. globuliferum, J.-A. Thomson et L.-M.-I. Dean. Siboga-
Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 40.
Diagnose : Colonie : charnue, douce au toucher, encroûtante,
à capitule quatre fois plus important que le pied. Surface lobu-
laire cérébriforme, composée de lobes dressés, courts, aplatis super-
ficiellement.
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme haltères à col long et à têtes recouvertes de
verrues sphériques. Sclérites corticaux particuliers, en forme de
double-sphères présentant' des masses terminales granuleuses reliées
par un rétrécissement lisse et clair. Spiculés de la portion lobulaire
semblables à ceux du pied. Sclérites jeunes peu abondants.
Polypes : sur toute la surface terminale des lobules, relativement
grands, très rapprochés les uns des autres, possédant une couronne
anthocodiale. Tentacules légèrement pinnulés, à spiculés très abon-
dants dans la portion médiane, plus rares aux sommets des pin-
nules. Sclérites tentaculaires en double-sphères ayant une zone
médiane claire.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge (M. Klunzinger, 1878).
Distribution : Mer Rouge, Rotti Reef (Mer de Timor).
15. Lobularia graciîis N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à pied bas. Capitule formé de
lobes groupés en paquets, pressés les uns contre les autres.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
13
186 —
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Haltères
de la base du cœnenchyme à col étiré et à têtes garnies de verrues
irrégulières. Dans la portion lobulaire sclérites de formes analogues
Spiculés corticaux en bâtonnets à contours irréguliers.
Polypes : gros et rares sur le pied, plus petits et très nombreux
sur le capitule.
Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre.
Localité : 8 exempl. delà Mer Rouge (Don de M. Clôt Bey, 1850).
Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par le col allongé
de ses spiculés et en diffère par la forme irrégulière et le petit nombre
des verrues de ses haltères ainsi que par ses bâtonnets corticaux
irréguliers.
16. Lobularia Hicksoni N. Sp.
Synonymie : 1937. Alcyonium sphærophorum et Aie. brachyclados,
G. Stiasny. Révision dès Collections II. Michelin. II. Catalogue rai-
sonné des Alcyonides, Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull.
Mus. Nat. Hist. Nat., t. IX, n° 6, p. 392.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule trois à quatre fois
plus élevé que le pied. Surface lobulaire épanouie, composée de
lobes dressés subdivisés en lobules digités, assez espacés, aplatis
latéralement.
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,10 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme haltères à nombreuses protubérances : les
plus gros de ces sclérites ont un rétrécissement court, les plus petits
possèdent un col long. Dans la portion lobulaire spiculés de taille
moindre présentant un étranglement étiré, des têtes moins volu-
mineuses et moins verruqueuses. Sclérites corticaux presque trans-
parents à protubérances arrondies et à contours irréguliers.
Polypes : sur tous les lobules, assez gros et assez espacés.
Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre.
Localité : 5 exemplaires de la Mer Rouge (2 de la Collection
Michelin et 3 donnés par M. Clôt Bey, 1850).
Cette espèce diffère de L. pachyclados par son aspect extérieur,
ses spiculés corticaux, le nombre et la taille de ses polypes et s’en
rapproche par le col bas des haltères de son cœnenchyme basal.
17. Lobularia irregularis N. Sp:
Synonymie : 1937.' Alcyonium globuliferum et Aie. digitulatum,
G. Stiasny (pars). Révision des Collections II. Michelin. II. Catalogue
raisonné des Alcyonides, Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull.
Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX, n° 6, p. 392.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule trois à quatre fois
plus élevé que le pied. Surface lobulaire formée de lobes dressés
composés de lobules arrondis souvent subdivisés.
Spiculés : de taille moyenne (0,07 à 0,09 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme présentant un col bas et deux
— 187
têtes recouvertes de verrues à contours sinueux. Spiculés de la
portion lobulaire très différents, plus petits, finement granuleux,
a protubérances rares et irrégulières.. Spiculés corticaux ténus,
lisses, à contours plus ou moins festonnés.
Polypes : sur tous les lobules, nombreux et petits.
Coloration : de la colonie à sec : gris jaunâtre.
Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (Collection Michelin).
Cette espèce se rapproche de L. Germaini par la forme irrégu-
lière des verrues de ses haltères et s’en réloigne par ses polypes et
les contours arrondis de ses lobules.
18. Lobularia Klunzingeri (Thoms. Simp.).
• Synonymie : 1909. Alcyonium Klunzingeri, J.-A. Thomson et
J.-J. Simpson. Alcyonarians Investigator, vol. II, p. 2, fig. 1.
Non 1922. Aie. pachyclados, H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science ,
vol. XX, p. 523.
Diagnose : Colonie : charnue, rugueuse au toucher, encroûtante,
à pied surbaissé. Capitule composé de lobes tantôt isolés, tantôt
groupés, à contours et à sommets arrondis,* souvent allongés trans-
versalement.
Spiculés : de taille moyenne (0,07 à 0,09 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme haltères à col moyen et à têtes hérissées de
nombreuses protubérances allongées. Sclérites de la région lobu-
laire de formes semblables. Spiculés corticaux plus petits.
Polypes : gros, espacés sur le pied, très rapprochés sur les lobes.
Rétractés ils occupent de profonds alvéoles. Sclérites anthocodiaux
abondants, à verrues arrondies. Tentacules à nombreuses pinnules
grêlés et à spiculés en bâtonnets situés sur la zone médiane.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Localité : 1 exemplaire des Mers de l’Inde (M. Armange, 1852).
Distribution : Grande Ile Coco (Iles Andaman), Mers de l’Inde.
19. Lobularia Krempfi (Hick.).
Synonymie : 1919. Alcyonium Krempfi. S. -J. Hickson. Bull. Soc.
Zool. Fr., vol. XLIY, p. 411.
1919. Aie. Krempfi, A. Krempf. Bull. Soc. Zool. Fr., vol. XLIY, p. 424.
1941. Aie. Krempfi, A. Tixier-Durivault. Bull. Mus. Nat. Hist.
Nat., s. 2, t. *XIII, n° 2, p. 104.
Diagnose : Colonie : encroûtante, charnue, dure au toucher, à
pied très bas. Capitule volumineux à lobes distincts, inégaux,
arrondis, souvent subdivisés à leur sommet.
Spiculés : de taille moyenne (0,07 à 0,10 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme à masses terminales armées de
gros tubercules coniques serrés les uns contre les autres. Sclérites
jeunes plus petits. Dans la portion lobulaire haltères de taille
moindre. Spiculés corticaux en bâtonnets.
188 —
Polypes : sur tout le capitule, différents d’une colonie à l’autre.
Ils sont généralement dépourvus de couronne anthocodiale. Ten-
tacules plurilobés ou pluridigités présentant parfois des spiculés
elliptiques et lisses.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc laiteux.
Localité : 3 exemplaires des Iles Seychelles (M. L. Rousseau,
1843), et 18 exemplaires de la Baie de Nhatrang (Indochine)
(M. Krempf, 1916).
Distribution : Baie de Nhatrang, Iles Seychelles.
20. Lobularia Kükenthali Tix.-Dur.
Synonymie : 1937. Alcyonium digitulatum. G. Stiasny (pars). Révi-
sion des Collections H. Michelin. II. Catalogue raisonné des Alcyonides,
Gorgonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat.,
s. 2, t. IX, n° 6, p. 592.
1942. Lob. Kükenthali, A. Tixier Durivattlt. Bull. Mus. Nat. Hi'tt.
Nat., s. 2, t. XIY, n° 2, p. 138, 5 fig.
Diagnose : Colonie : encroûtante à capitule à peine plus -élevé
que le pied. Surface lobulaire restreinte composée de petits lobes
rapprochés les uns des autres, irréguliers et partiellement subdivisés.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme double-sphères à nombreuses protubérances
irrégulières accolées les unes aux autres. Dans la portion lobulaire
sclérites différents, à verrues peu nombreuses et peu proéminentes.
Spiculés corticaux à contours sinueux ou à zone centrale claire.
Polypes : sur tout le capitule, petits, assez rapprochés les uns
des autres.
Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge (Collection Michelin).
21. Lobularia laciniosa N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à pied bas. Capitule formé de
lobes dressés, hauts, minces, aplatis latéralement.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme à col court et à masses termi-
nales recouvertes de nombreuses verrues irrégulières. Haltères de
la portion lobulaire beaucoup moins volumineux, à rares protu-
bérances arrondies. Sclérites corticaux à zone centrale claire.
Polypes : sur tous les lobes, de taille moyenne, peu espacés les
uns des autres.
Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre.
Localité: 4 exempl. de la Mer Rouge (Don de M. Clôt Bey, 1850).
Cette espèce se rapproche de L. Germaini par sa forme extérieure
et en diffère par le nombre de ses verrues et la zone centrale claire
de ses spiculés corticaux.
— 189 —
22. Lobularia latissima N. Sp.
Diagnose : Colonie : molle, encroûtante, à capitule deux à trois
fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire composée de lobes
dressés, élevés, subdivisés en un nombre variable de lobules arrondis.
• Spiculés : de taille moyenne (0,06 à 0,10 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme haltères à col large et à grandes verrues
coniques à sommet aplati. Sclérites de la portion lobulaire de formes
analogues. Spiculés corticaux transparents, presque lisses et à con-
tours sinueux.
Polypes : abondants sur les lobules,, rares sur les lobes, assez
gros, dépourvus de couronne anthocodiale. Tentacules non divi-
sés, terminés par un bouquet de 6 à 8 pinnules. Sclérites tentaculaires
petits, lisses, ou à zone centrale claire.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc rosé.
Localité : 1 exemplaire de la Baie de Nhatrang (Indochine)
(M. Krempf, 1916).
Cette espèce se rapproche un peu par la taille de ses spiculés de
L. Krempfi mais s’en éloigne par ses lobes dressés, le petit nombre
et la grosse taille des verrues coniques de ses haltères basales.
23. Lobularia Letourneuxi N. Sp.
Diagnose : Colonie : arborescente, molle, à pied stérile. Lobes
divisés en lobules ramifiés en branches cylindriques secondaires
et tertiaires.
Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,08 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme à protubérances massives et à
col bas. Sclérites de l'a portion lobulaire nettement différents :
rares, transparents, irréguliers. Petits spiculés corticaux présen-
tant une zone centrale claire.
Polypes : espacés sur les lobes, nombreux, épanouis et gros sur
les rameaux secondaires et tertiaires. Couronne anthocodiale par-
tielle, tentacules festonnés possédant de petits sclérites sur les
extrémités des pinnules.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : brun jaunâtre.
Localité : 3 exemplaires de Suez (M. Letourneux, 1878). Cette
espèce, voisine de L. elegantissima par ses lobes dressés, en demeure
différente par ses petites verrues arrondies et ses spiculés corti-
caux à zone centrale claire.
24. Lobularia lineaia N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule deux fois plus élevé
que le pied. Surface lobulaire bien développée composée de petits
lobes groupés, formés de lobules dressés, courts, aplatis à leur
sommet.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Dans la
190
base du cœnenchyme double-sphères à col plus ou moins large et
à verrues peu nombreuses caractérisées par leurs contours régu-
liers. Sclérites de la portion lobulaire différents, petits, transpa-
rents, à protubérances arrondies. Spiculés corticaux en baguettes
irrégulières ou cylindriques.
Polypes : sur- toute la surface des lobules, de taille moyenne,
serrés les uns contre les autres.
Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge.
Cette espèce se rapproche de L. elegantissima par les contours
rectilignes de ses spiculés et s’en éloigne par ses lobes arrondis et
la forme irrégulière ou cylindrique des verrues de ses haltères.
25. Lobularia madagascarensis N. Sp.
Dianose : Colonie : encroûtante, dure, rugueuse au toucher.
Capitule à gros lobes irréguliers, bas et arrondis, rarement subdi-
visés en lobules.
Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,12 mm. de long). Haltères
de la base du cœnenchyme volumineux, à col bas et large et à
masses terminales hérissées d’abondantes protubérances ' pressées
les unes contre les autres. Double-sphères du capitule beaucoup
moins verruqueuses. Sclérites corticaux plus petits, lisses ou à rares
tubercules arrondis.
Polypes : parsemés à la base du capitule, serrés à son sommet,
de taille moyenne, couverts de spiculés anthocodiaux volumi-
neux. Tentacules à deux doubles rangées de pinnules. Sclérites en
bâtonnets sur la face externe des tentacules.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Localité : 2 exemplaires (l’un d’Antsirane, Madagascar, M. Decary,
1919 ; l’autre de l’ Ile Anjouan, M. Lavanchie, 1905).
Cette espèce se rapproche de L. pachyclados par la taille de ses
spiculés mais en diffère par la forme conique de ses verrues et celle
de ses spiculés corticaux.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
y ■
— 191 —
Ëryoneicus ? Sahel almae n. sp.
Crustacé déc apode du sénonien du Liban
Par J. Roger.
Dans le calcaire marneux à grains fins du Sénonien de Sahel-
Alma (au N. de Beyrouth), si riche en restes remarquables de Pois-
sons, Céphalopodes et Crustacés, se trouve, parmi un abondant
matériel rapporté par M. le prof. Arambourg, l’empreinte et la
contre-empreinte d’un très intéressant Malacostracé. L’animal est
écrasé dorso-ventralement dans la roche et s’est clivé sensible-
ment suivant le milieu du corps. En outre le tégument très mince,
peu calcifié, donne à cette trace un aspect assez surprenant et rend
son étude passablement difficile. ^
Fig. 1. — Ëryoneicus ? Sahel-Almae n. Fig. 2. — Contre empreinte
sp. Gr. nat. En haut à gauche détail du même,
de l’antennule.
Description (fig. 1-2). — La forme générale est trapue. Le céphalo-
thorax atteint une longueur de 14,5 mm., sa largeur est difficilement
déterminable car les limites précises de la carapace ne se voient pas.
Des rectes de celle-ci indiquent cependant une dimension nettement
supérieure à la longueur. Il faut tenir compte d’un élaigissement pos-
sible déterminé par l’aplatissement du céphalo-thorax qui devait être
globuleux. Le pléon est large et court (16 mm. de largeur et 14,5 mm.
de longueur). Les pléonites ont des plèvres bien développées pointues à
l’extrémité, peut-être même pourvues de plusieurs épines. Le piemier
segment abdominal a ses bords engagés sous la carapace. Le telson est
basé mais il paraît bien s’atténuer rapidement en pointe vers l’extré-
mité. On trouve encore la trace d’un tubercule situé au milieu de chaque
pléonite.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
I
— 192
L’ensemble du tégument préserte un aspect écailleux qui est dû cer-
tainement, en partie, à un plissotement après la mort de l’animal.
Les appendices sont convenablement conservés. Les antennules (Al)
possèdent un fort pédoncule. L’existence de deux fouets inégaux, paraît
bien établie (fig. 1). Ils sont relativement longs. Les antennes (A2) uni-
ramées sont plus robustes, leur pédoncule est plus fort, le fouet est sen-
siblement de même longueur que celui des Al.
Les 5 paires de péréiopodes sont longues, sensiblement égales, cepen-
dant la première paire, qui est incomplète sur notre spécimen, surpassait
certainement un peu les suivantes. Les premiers articles, jusqu’au méro-
podite compris, sont larges. Leur tégument très mince s’étant replié
pendant la fossilisation il se produit une apparence d’exopodite pour
certains des péréiopodes, il s’agit certainement de portions parallèles
des articles situées dans des plans différents. La seconde et la troisième
paires de péréiopodes, dont l’extrémité est observable, se terminent par
une pince dont l’article mobile, bien crochu et relativement peu allongé,
est extérieur. Il est très vraisemblable que la première paire de péréio-
podes avait aussi une pince mais elle n’est pas conservée. L’existence
d’une simple griffe terminale ne peut être affirmée pour la 4e paire, mais
elle est certaine pour la 5e.
Les appendices abdominaux ne sont pas observables avec certitude.
Seuls les uropodes sont conservés, d’ailleurs incomplètement. Ils étaient
très minces, plus ou moins membraneux. Il n’est pas possible de déter-
miner si l’exopodite présente une diérèse. Il semble bien exister les traces
de quelques-unes des soies qui ornaient le bord des uropodes.
Place dans la classification. — Ce Malacostracé Décapode doit
être rapporté à la famille des Eryonidae, par sa forme trapue,
l’absence très probable de rostre (s’il existe il est très rudimentaire),
l’existence de pinces à au moins trois paires de périopodes, le tégu-
ment coriace et peu calcifié, le telson terminé (vraisemblablement),
en pointe. Il est très regrettable que la carapace ne soit pas assez
bien conservée pour montrer les sillons, carènes, saillies, auxquels
les carcinologistes attachent une aussi grande importance. Parmi
les représentants fossiles de cette famille aucun genre ne concorde
de façon satisfaisante avec notre échantillon. Presque tous ont en
effet des antennes courtes, un telson beaucoup plus rapidement
atténué en pointe. Seul Palaeopentacheles v. Knebel, 1907, rap-
pelle notre forme par ses antennes, mais ses pattes antérieures
sont beaucoup plus fortes et plus longues que les autres, les articles
des pinces antérieures sont longs et munis de crochets. Le genre
Coleia, Broderip, 1835, a aussi quelques ressemblances par la
largeur du pléon mais beaucoup d’autres caractères sont diver-
gents : antennes plus courtes, taille relative des pattes, etc... Aucun
des genres actuels ne concorde parfaitement avec notre échan-
tillon car tous ont des appendices plus grêles, des pinces plus longues
et le plus souvent la longueur de la carapace l’emporte sur la lar-
geur. Cependant le 'genre Eryoneicus Bâte, 1882, a un céphalo-
— 193 —
thorax globuleux, très large, les péréiopodes antérieurs sont plus
développés que les autres mais relativement moins exagérément
grêles que dans les autres genres ( Polycheles ou Willemoesia) .
C’est donc en définitive de ce genre que je proposerai de rap-
procher cet Eryonidae du Liban. La grande minceur des tégu-
ments pourrait laisser supposer qu’il s’agit du dernier stade avant
l’état adulte d’une espèce d 'Eryonidae. La connaissance de ces
stades jeunes dans la nature actuelle est encore bien incomplète.
Eryoneicus est d’ailleurs considéré comme étant une forme lar-
vaire de Willemoesia par Balss (in Kukenthal et Krumbach,
Hdb. d. Zoologie, p. 1004). On trouvera la discussion de cette ques-
tion dans E.-L. Bouvier (Crustacés des campagnes des yachts
Hirondelle et Princesse- Alice. Campagnes scientifiques Albert /er,
fasc. L, 1917, p. 55 ss.). Aucune des autres formes de Crustacés
de Sahel-Alma ne semble pouvoir admettre E, . sahel-almae comme
stade larvaire. La conservation de notre exemplaire n’étant pas
parfaite et en outre les données relatives aux Eryonidae du Cré-
tacé étant très pauvres 1, il me paraît prudent de le présenter
comme une espèce nouvelle sans créer pour elle de nouveau genre,
en attendant la découverte de matériaux plus abondants. Remar-
quons simplement que par plus d’un caractère : développement
des plèvres abdominales, taille des antennes, etc..., la forme liba-
naise est plus proche des Eryonidae actuels que des fossiles. Le
rattachement possible au genre Eryoneicus entraîne des consé-
quences aux points de vue évolutif et bionomique, que nous allons
examiner en conclusion.
Conclusion. — Bien développée dans le Jurassique, supérieur
surtout, la famille des Eryonidae n’est plus représentée dans le
Crétacé inférieur que par deux Eryon (Eryon neocomiensis Hoh-
negger (MS) Woodward, 1881 ( Geol . Magaz., Déc. 2, VIII, p. 530,
pl. XIV, fig. 1) du Néocomien de Silésie et Eryon sp. v. Straelen,
1936 {Bull. Musée R. Belgique, XII, p. 1, pl. I, fig. 1) du Néoco-
mien à Céphalopodes de Feradzo, près Châtel-Saint-Denis (Suisse).
Dans le Crétacé supérieur elle était inconnue, la lacune entre cette
période et l’époque actuelle est donc en partie comblée par E. sahel
almae du Sénonien du Liban. J’ai cru devoir rapporter cette forme
sénonienne au genre Eryoneicus qui n’avait pas encore été, à ma
connaissance, signalé à l’état fossile. Ce qu’il importe de remar-
quer ce sont les caractères modernes qu’elle présente. Il est inté-
ressant de mettre en comparaison les caractères archaïques d’autres
formes comme Aeger libanensis n. sp. 2 d’un gisement voisin mais
1. Voir ci-dessous.
2. Description d’une espèce nouvelle de Crustacé décapode (Aeger libanensis)
du Crétacé supérieur de Hadjoula (Liban). Note qui sera présentée ultérieurement.
/
— 194 ^
cénomamien. La même réunion de formes aux caractères modernes
et de formes anciennes se retrouve pour les Céphalopodes du Cré-
tacé supérieur du Liban. Le milieu marin de cette région s.emble
se comporter pendant cette période comme un refuge conservateur
et comme un creuset novateur. Il serait donc du plus grand intérêt
de fixer les conditions de milieu qui y régnaient. Eryoneicus sahel
almae nous donne une indication qu’il y aura lieu de considérer
dans une discussion de cet ordre. Le genre Eryoneicus est actuelle-
ment constitué par des espèces « pélagiques et bathypélagiques qui
doivent être considérées comme des Eryonidés adaptés à la vie
entre deux eaux » 1. E. sahel almae n’était donc pas un être ben-
thonique mais nectonique oü même planctonique.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
1. Bouvier, 1917, Crustacés décapodes (Macroures marcheurs) provenant des
campagnes des yachts Hirondelle et Princesse Alice. Résultats des campagnes scien-
tifiques Albert Ier, fasc. L, p. 55.
— 195
Notes sur le Lutétien de Rennemoulin (Seine et-Oise)
Par L. Morellet.
Le contact du Lutétien avec son substratum sparnacien n’est
nulle part visible, mais il est indiqué d’une façon très nette par
un niveau aquifère, qui, sur les deux rives du Rû-de-Gally, suit
sensiblement la courbe de 100 m., jalonné par des sources nom-
breuses (sources de Saint-Nicolas et de la mairie, sources qui ali-
mentent l’étang, fontaine de la ferme de la Faisanderie, etc.) et
révélé par une végétation particulière ( Tussilago , Rumex, etc.).
En l’absence d’exploitations et d’affleurements à nu, il n’est pas
possible de relever une coupe, même sommaire, du calcaire gros-
sier. Le seul fait notable est que, vers la courbe de 110 m., existe
un niveau pétri de fossiles, qui ont conservé leur test. Arrachées
lors du labourage, avec des fragments d’un calcaire sableux, de
nombreuses coquilles s’observent dans les champs, principalement
aux environs de la ferme de la Faisanderie, sur la rive gauche du
ruisseau Oisement. Avec quelques débris d’Algues calcaires (Mau-
pasia, Clypeina) , cette couche, riche en Milioles. m’a fourni : Cuir
tellus grignohensis Desh. R1, Sphenia rostrata Lk. C, Miltha saxo-
rum (Lk.) TC, Ampullina parisiensis (d’Orb.) TC, Hydrobia sp.
TC, Bayania lactea (Lk.) AR, Mesalia fasciata (Lk.) AR, Ceri-
thiurn denticulatum Lk. AC, Cerithium tiara Lk. C, Potamides lapi-
dum (Lk.) TC, Potamides cristatus (Lk.) TC, avec sa variété cate-
nata Desh. R, Potamides interruptus (Lk.) R, Batülaria echidnoides
(Lk.) AR, Batillaria calcitrapoides (Lk.) C, Murex calcitrapoides
Lk. AC, Tritonidea copolygona Pezant R, Sycum pirus (Sol.) AC,
Voluta musicalis Lk. R.
Cette faune lagunaire est analogue à celle des assises supérieures
du Lutétien de la Ferme de l’Orme 2. Elle doit cependant être plus
ancienne ; en effet son gisement, qui n’est séparé de la base de
l’étage que par une dizaine de mètres, est par ailleurs surmonté
par au moins 10 m. de calcaire grossier, dont des blocs se rencon-
trent encore à la courbe de 120 m. Aux environs de Rennemoulin
le régime lagunaire se serait donc établi plus tôt que dans la région
de la Ferme de l’Orme.
- Laboratoire de Géologie du Muséum.
1. R = rare, AR = assez rare, AC = assez commun, C = commun, TC = très
commun.
2. R. Abrard, Le Lutétien du bassin de Paris, 1925, p. 144.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 3, 1944.
196 —
Hybrides nouveaux de composées-cynarocéphales
(suite) A
Par J. Arènes.
II. Sect. Jacea Wahlbg.
Sous-Sect. Eu-Jaceae Boiss.
Les importants travaux, pour la plupart en langue allemande,
publiés de 1901 à 1918 par Hayek (1901, 1913-15, 1918), Gugler
(1904, 1907) et Wagner (1910) ont signalé en Europe centrale ou
orientale et décrit un nombre assez élevé d’hybrides pour la seule
sous-section Eu-Jaceae Boiss. du genre Centaurea ; aucune de ces
combinaisons n’avait été jusqu’en 1934 2 signalée en France et si
certains auteurs français ont mentionné quatre d’entre elles au
cours d’observations critiques, ce fut seulement pour exprimer
leur scepticisme quand à la nature hybride de ces plantes. J. Bri-
quet dans sa Monographie des Centaurées des Alpes-Maritimes
(1902, p. 82) « doute fort de l’origine croisée » de C. extranea Beck
(C. Jacea X nigrescens) et de (C. amara X transalpina) Hausskn. ;
P. Fournier note dans la Flore complétive de la Plaine française
(1928, p. 295) qu’ « on a signalé des C. Jacea X nigra, C. amara
X Jacea évidemment discutables » ; Briquet et Cavillier enfin
(in Burnat, Fl. des Alpes-Maritimes ; 1931, VII, p. 117) contes-
tent l’identité de C. pratensis Thuill. et de C. Jacea X nigra, ce qui
se justifie partiellement puisque C. pratensis auct. ( sensu latissimo)
est un mixtum compositum réunissant des types purs tels que
C. pratensis Thuill. ( sensu strictiss.), C. microptilon Gren., C. ma -
croptilon Borb., C. serotina Bor., C. Carpetana Boiss., C. Debeauxii
G. et G. et des hybrides de la forme C. Jacea ^ C. nigra, G. Jacea
C. nemoralis et autres. Ces auteurs qui contestent l’existence
de C. Jacea X nigra ajoutent à propos de cette plante : « il est
évident que le produit d’un métissage entre deux groupes ne sau-
rait différer de formes autonomes intermédiaires entre ces deux
groupes » ; il suffit d’étudier ,même sommairement, pollen et akènes
pour constater que, cette affirmation ne se justifiant pas, produits
de croisements (toutes réserves étant faites sur le terme adopté
1. Cf. Bulletin Muséum, t. XV, 1943, p. 455.
2. J. Arènes, Cynarocéphales de France, fasc. I, 1934 : nos 46 et 47 [x C. Gers-
tlaueri (Erdn.) Gugler] ; centuries récoltées dans la Gironde par Jeanjean et pri-
mitivement distribuées sous le nom de C. pratensis Thuill.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 3, 1944.
— 197 —
de « métissage ») et types purs se séparent très nettement par les
caractères dés organes précités. Il faut noter d’ailleurs que les
matériaux d’herbiers se prêtent ordinairement très mal à une étude
dans ce domaine ; la plupart du temps, les akènes font défaut, le
pollen ne peut être examiné parce que les fleurs ont été détruites
par les insectes ; les parts sont en général insuffisantes ; enfin, si
le spécialiste note soigneusement au moment de la récolte la pro-
ximité dans la station de plantes du même genre et dont la pré-
sence pourra confirmer et préciser une origine .croisée, les étiquettes
d’herbiers, trop sommaires, n’apportent jamais aucun renseigne-
ment de cet ordre. De tels documents ne peuvent permettre l’étude
méthodique, minutieuse, complète, qui peut être réalisée sur des
récoltes fraîches et abondantes ; ceci explique pour une très large
part les contestations formulées au sujet des' hybrides de la sous-
section Eu-Jaceae. Ces produits cependant • — si toutefois l’analyse
a été conduite avec tout le soin désirable notamment pour l’examen
du pollen et des akènes — ne sont pas plus contestables que les
nombreux hybrides admis par tous dans les genres également très
polymorphes Carduus, Cirsium, Salix, Mentha, Rubus, Rosa, dans
d’autres sections de Centaurées [Acrolophus (C. diffusa X macu-
losa, C. diffusa X rhenana, C. maculosa X polycephala, C. diffusa
X paniculata)], Acrocentron (S. Scabiosa X collina) ou entre sec-
tions du même genre (près de 50 hybrides indiscutables pour la
France).
Sur les bases établies en 1901 dans les Centaurées des Alpes-
Maritimes, J. Briquet ne pouvait évidemment admettre ni hybrides,
ni métis au sein de la sous-section puisqu’il y ramenait au rang de
simples variétés d’une seule espèce C. Jacea — 22 var. ! — toutes
les formes françaises ou étrangères antérieurement décrites. Par
contre, en 1931, Briquet et Cavillier admettant les sous-espèces
dans leur groupe Jacea auraient dû logiquement reconnaître comme
métis un certain nombre de produits de croisements : ceux de la
forme générale C. Jacea C. nigra, C. Jacea T~*~ C. nigrescens et
C. angustifolia C. nigrescens par exemple. Loin de prendre cette
position, ces deux auteurs ont, ainsi que je l’ai dit plus haut, nié,
sinon l’existence de ces plantes,' du rtioins la possibilité de les iden-
tifier ; or, le groupe Eu-Jaceae ne comporte pas que des formes à
pollen parfait, pur, bien régulier, à akènes chez lesquels la fertilité
est de règle constante ; j’ai examiné attentivement à ce double
point de vue des parts empruntées à plus de 1.200 souches de Cen-
taurées françaises de ce groupe et j’ai dû mettre à part certains
types caractérisés à la fois par l’impureté et l’irrégularité de leur
pollen et par la stérilité au moins partielle, souvent totale, de leurs
akènes ; ultérieurement, j’ai rattaché ces types à des combinai-
sons • — dont certaines parfaitement connues en Europe Centrale
— 198 —
— de la forme générale C. Jaceae C. nigra, C. Jacea C. nigres-
cens, C. angustifolia C. nigra, C. angustifolia C. nigrescens,
C. angustifolia ^ C. Jacea, C. pratensis C. nigra, combinaisons
bien distinctes des formes pures de passage par les caractères de
leur pollen et de leurs akènes et en conséquence, parfaitement
identifiables ; stériles à des degrés divers, ce sont des hybrides —
et non des métis • — et les C. Jacea, C. angustifolia, C. pratensis,
C. nigrescens, C. nigra dont elles dérivent doivent être considérées
comme espèces distinctes, ce que nombre d’auteurs se sont refusés
ou se refusent encore à admettre. Aussi bien la monographie de
Briquet que la Flore des Alpes-Maritimes sont muettes sur cette
question capitale du pollen et des akènes chez les produits de
croisements, les auteurs ayant vraisemblablement admis, à tort,
pour conséquence de l’absence dans le groupe d’espèces distinctes
et par suite d’hybrides, la perfection et la régularité constante du
pollen, la fertilité permanente des akènes. D’ailleurs, ces mêmes
auteurs qui ont admis les possibilités d’hybridation ou de métis-
sage dans les sections Acrolophus [+ C. digenea (Ry) Br. et Cav.]
et Acrocentron (X C. silvatica Pourr.) ont rejeté ces mêmes possi-
bilités dans la sous-section Eu-Jaceae et il y a là une singulière
contradiction. Invoquant en effet dans cette dernière sous-section
la multiplicité des formes de passage entre C. Jacea, C. angus-
tifolia, C. pratensis, C. nigrescens et C. nigra, ils ont contesté
X C. Gerstlaueri (Fl. des Alpes-Mar., VII, p. 117) et X C . eoctranea
(Cent. Alpes-Mar., p. 82) alors que, dans la section Acrolophus où
les C. paniculata, C. leucophaea et C. maculosa sont aussi reliées
par de nombreuses formes ambiguës, ils ont accepté (Fl. Alpes-
Mar., VII, p. 167) + D. digenea que, fidèles à leurs conceptions de
la page 117 du même ouvrage et en raison des connexions mul-
tiples entre les sous-espèces du groupe spécifique paniculata, ils
auraient dû logiquement considérer comme forme ordinaire de
transition entre les deux sous-espèces eu-paniculata et maculosa.
Ces deux positions contradictoires adoptées en deux cas cependant
très similaires ne peuvent pas plus se justifier que le rejet global,
à priori, des hybrides dans la sous-section Eu-Jaceae.'
Les caractères des parents se manifestent à des degrés variables
chez ces hybrides mais, très souvent, avec prédominance en faveur
de l’un des parents. On pourra toujours les distinguer des formes
pures par leur port et leur morphologie foliaire et surtout par la
conformation de leurs appendices, par l’organisation du pollen et
des akènes.
Appendices. — Leur examen et celui du péricline exigent la
connaissance parfaite de ces organes chez les types purs et une étude
comparative avec les parents présumés. Sans entrer ici dans les
v
détails — précisés dans les Cynarocéphales de France 1 — - des
variations de ces organes dans la sous-Section, je rappellerai que
les appendices peuvent être entiers, incisés, lacérés, frangés ou
ciliés, que le péricline peut être du type entier ou semi-fimbrié
ou fimbrié (Série Vulgares J. Ar. : C. Jacea, C. angustifolia ) ou du
type cilié (série Ciliatae J. Ar. : C. pratensis, C. nigrescens, C. nigra ) /
j’attirerai en outre l’attention sur certains caractères constants
des appendices.
1. Combinaisons dérivées du groupe spécifique C. nigrescens •'
Grex X Laxisquamae J. Ar 1, Folioles du péricline étroites, ± allon-
gées, ± visibles entre les appendices, ceux-ci ordinairement glabres
sur les deux faces, ceux de la série la plus interne entiers et tou-
jours (au moins en partie et sur quelques calathides) séparés des
suivants eux-mêmes ± espacés, ceux des 3-4 séries moyennes
ciliés, fimbriés, lacérés, incisés ou entiers ; cils courts ou très courts
ordinairement moins longs que la largeur du disque ; franges des
appendices non ciliés courtes ou très courtes. Akènes ordinaire-
ment sans aigrette oû munis d’une aigrette très courte, partielle-
ment avortés, les stériles ± nombreux.
2. Combinaisons dérivées du groupe spécifique C. nigra : Grex
X Microchaetae J. Ar. — • Appendices des 1-3 séries externes tou-
jours ± abondamment ciliés. Appendices non ciliés glabres inté-
rieurement, ± pubescents extérieurement et au moins dans la
partie inférieure ; franges finement plumeuses. Disque des appen-
dices ciliés glabre intérieurement, ± pubescent extérieurement ;
cils finement plumeux, ± sinueux, 2-4 fois plus longs que la lar-
geur du disque, quelques-uns bifurqués ou rameux. Akènes rare-
ment dépourvus d’aigrette, au moins partiellement couronnés
d’une aigrette rudimentaire à soies inégales, courte ou très courte,
en partie avortés,. les stériles ± nombreux.
3. Combinaisons dérivées des Centaurées de la série Vulgares
par croisement entre elles ou avec C. pratensis : Grex X Vulga-
roides J. Ar. — - Appendices glabres intérieurement, glabres ou
rt pubescents extérieurement, ceux des 2-3 séries internes ordi-
nairement — - mais non toujours — indistincts, ceux de la série la
plus interne entiers mais jamais détachés des suivants,, ceux des
3-4 séries moyennes ciliés, fimbriés, lacérés, incisés ou entiers,
ceux des 1-? séries externes ciliés ou non ; cils élargis à la base,
glabres ou finement plumeux, 1-2 fois plus longs que la largeur du
1. Bulletin n° 4 (1938-1939). J. Arènes : les Centaurées françaises de la sous-
section Eu-Jaceae Boiss. ; monographie de 47 pages dactylographiées, distribuée
avec les fascicules V et VI des Cynarocéphales de France et dont un exemplaire a été
déposé avec les fascicules II à VI de cet exciccata au Laboratoire de Phanérogamie
du Muséum.
— 200 —
disque, simples, jamais rameux ni bifurqués. Akènes ordinaire-
ment sans aigrette, en partie avortés, les stériles ± nombreux.
Pollen. — Chez les types purs, les grains de pollen d’un jaune
pâle ou blanchâtres sont ellipsoïdaux assez homogènes (moins de
20 % d’imperfections), à trois plis longitudinaux, à exine verru-
queuse ; dimensions 1 : longueur 48-52 p,, largeur 24-28 p. Chez les
hybrides récents, le pollen est imparfait (20 à 80 % d’imperfec-
tions : proportions variables de grains vides et déformés ; forme
ou dimensions très variables : grains sphériques ou subsphériques
(18-35 p de diamètre) ; grains ellipsoïdaux ± déformés (24-35 p
sur 39-52 p) ; grains normaux en ± faible proportion. Chez les
hybrides fixés de longue date, le pollen est assez régulier mais plus
largement ellipsoïdal (26-34 p de large sur 34-52 p de long) avec
quelques grains sphériques, subsphériques ou ellipsoïdaux nor-
maux (moins de 20 %).
Akènes. — Leur examen devra porter :
1° Sur le degré de fertilité établi pour l’ensemble des akènes
provenant de plusieurs calathides normalement évoluées et pré-
levées sur une même souche. A noter à ce point de vue que la sté-
rilité totale de certaines calathides est due à la piqûre d’insectes
dont les larves se développent aux dépens des ovaires et des akènes.
2° Sur le degré de pubescence et sa variabilité. Chez les types
purs les akènes sont habituellement pubescents ; cependant ils
sont glabres ou glabrescents à maturité chez C. angustifolia ssp.
fimbriata (Gug,) J. Ar. (= C. serotina Bor.), chez C. nigra ssp.
Debeauxi (Gr. et G.) Gugl., tandis qu’ils sont poilus chez C. pra-
tensis ssp. pratensis (Thuill.) Grem. D’où peut résulter chez l’hy-
bride, suivant l’influence ± affirmée de tel ou tel type pur, un
degré de pubescence, de glabrescence ou de pilosité de l’akène
très variable.
3° Sur l’aigrette. — Selon certains auteurs (cf. Ry : C. nigres-
cens ; Briq. et Cav. : var. plur.) les akènes périphériques sont à peu
près régulièrement dépourvus d’aigrette. On ne pourra faire dans
ces conditions d’observations concluantes que sur un ensemble
d’akènes centraux. On devra noter avec soin :
a) l’absence totale d’aigrette qui pourra caractériser certaines
combinaisons dérivées des groupes spécifiques C. Jacea et C. angus-
tifolia ordinairement sans aigrette.
b) le degré de présence, lès combinaisons dérivées du groupe
spécifique C. nigra présentant en général, sur tout ou partie des
akènes, des aigrettes de grandeur très variable.
1. Pollen bien développé, prélevé dans les anthères sur des calathides épanouies.
— 201
c) l’atrophie partielle de l’aigrette et l’inégalité ± accusée des
soies sur un même akène, caractères particulièrement accentués
chez les combinaisons résultant de croisements entre formes aigret-
tées et formes non aigrettées.
Les hybrides (ou métis) de Centaurées sont à rechercher dans
toutes les stations ou cohabitent deux espèces ou sous-espèces dis-
tinctes. Les possibilités de croisement sont d’autant plus grandes
que toutes les Centaurées sont très visitées des insectes et qu’il y a
fréquemment dans les terrains vagues, én raison de l’étroite juxta-
position de souches appartenant à des espèces ou sous-espèces dis-
tinctes, intrication de tiges et de rameaux issus de ces souches,
rapprochement de calathides qui favorise la pollinisation croisée.
Je reste persuadé, en dépit des arguments qu’on a pu présenter
contre, qu’une étude approfondie des caractères, sur les hases
posées ci-dessus, permettra l’identification d’autres combinaisons.
Grex X Laxisquamae 'J. Ar.
in Cent. S.-Sect. Eu-Jaceae, 1939, p. 39.
X Centaurea extranea Beck, Fl. Nied. Osterr. II, p. 1263.
Var. genebrensis J. Ar. loc. cit., p. 40 et in Cyn. de Fr., n° 240 ;
nom. nud. — C. Jacea ssp. eu-Jacea C. nigrescens ssp. nigres-
cens var. dubia (Sut.) Gug. — C. Jacea L. t: C. dubia Sut.- — C. Jacea
L. C. transalpina Schl.
A typo differt : foliis caulinis superioribus ovatis, mediis inferioribusque
lanceolatis 8-17 cm. longis in petiolum 1-4 cm. longum extenuatis, ramis
erecto-patentibus, calathidiis 18-21 mm. longis periclinio 8-9 mm. lato,
appendicibus parois, inferioribus ciliatis fimbriatis lacer isoe, internissimis
semper integris, appendicum disco triangulari ad suborbicularem apice
applicato vel extus 4= arcuato.
Habit. — Col du Mont Genèvre (leg. G. Didier, août 1936 ; comb.
médians et super- Jacea) ; bosquets herbeux du Queyras (leg.
J. Milliat, août 1937 ; comb. super-dubia ) ; à rechercher dans l’aire
naturelle de la var. dubia : Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes,
Vosges ?, et partout où cette variété a pu être introduite (Aisne !,
Normandie, etc... ?).
Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Herb. G. Di-
dier. - — Herb. J. Milliat, n° 842. — Cynar. de France, n° 240. —
Herbar. norm. Cynar., nos 1019-1037-1916.
La var. eu-extranea J. Ar., loc. cit., p. 41 [( C . Jacea L. X nigres-
cens Willd.) Hay. in Cent. Osterr. Ung., p. 139 = ( C . Jacea ssp.
eu-Jacea C. nigrescens ssp. nigrescens var. typica ) J. Ar., loc. *
cit.], n’est pas française : Allemagne, Autriche, Roumanie. La
var. Pernhofferi (Hay.) J. Ar., loc. cit. [(C. Jacea L. X rotundifolia
Bartl.) Hay., loc. cit., p. 136 = (C. Jacea ssp. eu-Jacea C. nigres-
— 202
cens ssp. nigrescens var. rotundifolia (Bartl. et Wendl.) J. Ar.,
loc. cit.] est à rechercher dans les Alpes-Maritimes et peut-être
ailleurs en France.
Y .
X Centaurea Haussmanni Hay, Cent* Osterr. Ung., p. 142. - —
Yar. p s eudo- Haussmanni J. Ar., loc. cit., p. 41 — [(C. angus-
tifolia ssp. integra var. typica^: C. nigrescens ssp. nigrescens var.
dubia (Sut.)] J. Ar. — C. amara L. C. dubia Sut.
A typo differt : ramis patentibus vel erecto-patentibus , foliis caulinis
superioribus ovatis oblongisve, mediis ^ late oblongis, inferioribus lan-
ceolatis 8-17 cm. longis in petiolum 1-4 cm. longum extenuatis, calathidiis
16-18 mm. altis, periclinio 8-9 mm. diametro, appendicibus parais, infe-
rioribus ciliatis lacerisve, mediis fimbriatis lacero-incisis vel integris,
internissimis semper integris, appendicum disco triangulari ad subor-
bicularem apice applicato vel extus ^ arcuato.
Habit. — Hautes- Alpes ; combe du Queyras ; talus herbeux
(leg. J. Milliat, août 1937 ; comb. super-dubia ) ; à rechercher
dans les régions où la var. dubia (introduite) peut cohabiter avec
la ssp. integra var. typica ( = C. amara L.) : Alpes, Est, Bassin
Parisien, etc... /
Exsicc. (Types). — Herb. J. Milliat : n° 844. ■ — Herhar. norm.
Cynar., n° 2102 ; n° 972 [Hay., Cent, exsicc. crit., n° 156 (comb.
super -integra)\.
La var. eu-Haussmanni J. Ar., loc. cit., p. 41 [(C. bracteata
Scop. X dubia Sut.) Hay in Cent. Osterr. Ung., p. 142 == (C. angus-
tifolia ssp. integra var. bracteata C. nigrescens ssp. nigrescens
var. dubia ) J. Ar., loc. cit., p. 41] .est à rechercher dans les Alpes-
Maritimes.
(A suivre.)
i
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 15-5-1944
Autorisation S. 4.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 165
Communications :
P. Budker. Sur les cryptes sensorielles de Stegosloma va ium (Seba) 166
L. Paulian de Félice. Oniscoïdes récoltés par M. R. Heim de Balsac dans le3
terriers et les nids 174
A.-G. Parrot. Envahissement progressif de la région de Bayonne-Biarritz par
la Cochenille australienne : Icerya purchasi Mask 176
A. Tétry. Octolasium Calarensis n. sp. Un nouvel Oligochète Français 179
A. Tixier-D'urivault. Les Alcyonnaires du Muséum : I. Famille des Alcyo-
niidae. 1. Genre Lobularia (suite) 183
J. Roger. Eyroneicus ? Sahel almae n. sp., Crustacé Décapode du Sénonien du
Liban 191
L. Morellet. Notes sur le Lutétien de Rennemoulin (Seine-et-Oise) 195
J. Arènes. Hybrides nouveaux de Composées-cynarocéphales (suite) 196
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Muséum, national d’Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, 80 ir.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d'Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr.,
Etranger, 70 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Placîe du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du- numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres dô la
Société des Amis du Musée de l'Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d'Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ;
abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.).
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 fr.).
Revue Bryologique et Lichènologique. (Directeur M. N., Laboratoire
de Cryptogamie; paraît depuis 1874; abonnement France, 60 fr..
Étranger, 80 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique ).
(Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger,
80 et 100 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
/
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVI
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
, . à . . . . •
N° 4. — Juin 1944
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
— P A R 1 S - V ' ‘
RÉGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l'aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d'une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Us
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
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directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Us peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
(Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs.
par 25 ex. en sus 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Le s demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
( PRIX UE D’ABONNEMENT ANNUEL :
France et Etranger : 80 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1944. - N° 4
343e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
29 juin 1944
PRÉSIDENCE DE M. Ach. URBAIN
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. Jean-Marie Pekes est nommé Sous-Directeur du Laboratoire de
Malacologie du Muséum à dater du 1er mai 1944 (Arrêté ministériel du
24 mai 1944).
M. P. Budker est titularisé dans les fonctions d’Assistant au Muséum
(Arrêté ministériel du 26 mai 1944).
M. Steffan est titularisé dans les fonctions d’Assistant au Muséum
(Arrêté ministériel du 26 mai 1944).
M. Maxime Denis est nommé Attaché au Muséum [Laboratoire de
Malacologie] sur la proposition de M. le Professeur Fischer (Décision de
l’Assemblée des Professeurs du 19 juin 1944).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944. '
14
— 204 —
La Chaire de Physiologie générale du Muséum
National D’histoire Naturelle
(Leçon inaugurale faite au Muséum le 8 mai 1944)
Par M. Fontaine,
Professeur
• L '
Monsieur le Directeur,
Mes chers Maîtres, mes chèrs Collègues,
C’est avec le sentiment très réel des responsabilités dès maintenant
miennes, que je prends aujourd’hui possession de la Chaire que vous
m’avez confiée, la plus ancienne chaire de Physiologie française. En
désignant au choix du Ministre, pour un héritage aussi glorieux, un
jeune physiologiste de moins de quarante ans, vous avez, mes chers
collègues, beaucoup plus fait confiance à l’avenir que sanctionné
les résultats du passé. De cette marque d’estime, dont je sens tout le
prix, je vous exprime d’abord toute ma reconnaissance.
Pour plusieurs d’entre vous, Messieurs, attachés à des disciplines
très différentes, je n’étais cependant qu’un chercheur comme bien
d’autres, et je n’aurais certainement pas obtenu le même succès si
je n’avais bénéficié, M. le Professeur Fage, de la confiance que vous
témoignent vos collègues. Quand vous suiviez mes recherches, dans
un laboratoire voisin du vôtre, j’étais bien loin de penser que vous
songiez à faire de moi l’un de vos jeunes collègues. Vous avez été
successivement l'instigateur de cette candidature, puis l’un de ses
plus sûrs garants près de l’Assemblée. Je n’oublierai jamais que je
me dois de mériter votre confiance.
Je veux exprimer aussi ma profonde gratitude aux Membres de
l’Académie des Sciences qui confirmèrent le choix du Muséum, et,
en particulier, à mes Maîtres, les Professeurs Portier et Lapicque,
qui, après avoir assuré ma formation de physiologiste, contribuèrent
puissamment, de toute leur autorité, à cette orientation capitale de
ma carrière universitaire.
* •
Mesdames, Messieurs,
C’est souvent en vertu d’une longue tradition que le nouveau
titulaire d’une chaire rappelle les principales étapes de sa carrière.
Bulletin du Muséum, 29 série, -t. XVI, n° 6, 1944.
Cette tradition ne me semblerait cependant pas s’imposer si elle ne
devait me permettre de dire tout ce que je dois à mes Parents, à
mes Maîtres, à mes Amis.
Restée veuve alors que j’étais encore un enfant, ma mère m’apprit
l’amour du travail, et fut pour moi l’exemple du devoir. De mon
père, mort pour la France, tout jugement personnel n’apparaîtrait
que le simple reflet d’une piété filiale naturelle, mais aveugle. Une
seule phrase, extraite de sa dernière citation, en fixera les traits :
« Il incarnait, au plus haut degré, l’esprit de devoir et de sacrifice. »
Dans la tenace énergie que je veux mettre à bien remplir la tâche qui
m’est confiée, la volonté de mériter d’être son fils ne sera pas étran-
gère.
En 1925, enthousiasmé par le cours de Physiologie comparée de
la Sorbonne, je résolus d’aller frapper timidement aux portes du
laboratoire du Professeur Portier. J’ai trouvé là plus qu’un patron,
un père spirituel, et je sais que son éloignement passager ne l’empêche
pas d’être, en pensée, parmi nous, ce soir. En m’associant à sa vie
scientifique, en faisant avec moi, depuis tant d’années, commerce
de ses idées de physiologiste, de médecin, de nâturaliste, M. Portier
m’a conduit à connaître, à comprendre, à aimer passionnément cette
physiologie qui ne s’inspire pas seulement des expériences du labo-
ratoire, mais plus souvent encore, du spectacle de la vie des êtres
libres, dans leurs torrents ou leurs forêts, dans lés océans ou sur les
cîmes. Il est de ces patrons qui fécondent les esprits sans les asservir,
qui sèment les idées sans en fixer le développement, et je ne dirai
jamais assez tout ce que je dois à son inépuisable culture, conséquence
d’une inépuisable curiosité scientifique. C’est sur ses conseils et
grâce à son appui que j’ai pu me rendre à Fribourg en 1930, au labo-
ratoire du Professeur Dhéré. L’orientation de mes travaux ulté-
rieurs a été profondément influencée par la vaste érudition de ce
Maître et la perfection de ses techniques.
A mon retour en France, l’Université m’accueillait, d’abord
comme préparateur temporaire, sur la proposition du Professeur
Bohn, puis comme assistant, à la demande du Professeur Millot.
Ma bien vive gratitude leur est acquise, non seulement pour la sécu-
rité matérielle qui m’était désormais assurée, mais surtout pour la
possibilité qui me fut ainsi donnée d’accéder à l’enseignement, dont
je dirai les vertus dans la recherche scientifique elle-même. Chargé
du cours de Physiologie comparée, à laFaculté des Sciences, j’ai connu
la satisfaction profonde de sentir un auditoire attentif, intéressé,
parfois même passionné par cette science encore jeune, en marche
dans un monde immense, pour une grande part encore inexploré.
Maître de Conférences à la Faculté de Pharmacie, j’ai trouvé là de
jeunes élèves plus nombreux, moins pondérés peut-être, mais dont
— 206 —
le juvénile dynamisme est rapidement captivé par l’inéluctable
attrait des grands problèmes biologiques. A l’actif des Maîtres
qui m’ont chargé de ces enseignements, des étudiants qui leur ont
accordé vie, j’inscris une dette de reconnaissance.
Toutefois, si l’enseignement apporte au chercheur un incontes-
table bénéfice, c’est à la condition de ne pas prendre un développe-
ment tel qu’il en vienne à paralyser la recherche elle-même. J’ai
connu, ces dernières années, une époque où de multiples fonctions
d’enseignement me firent redouter ce danger. Si j’ai pu ne pas
abandonner un seul instant le travail de laboratoire, dans cet Institut
océanographique qui m’accueille si libéralement depuis près de
vingt ans, c’est à des collaborateurs dévoués que je le dois. A ces
collaborateurs de longue date, qui subordonnèrent souvent leur
propre curiosité scientifique à la mienne, je garde une vive gratitude.
Je ne puis vraiment vous remercier tous, amis présents ou loin-
tains, à qui je dois tant. Toutefois, je tiens à m’acquitter encore
d’un pressant et très actuel devoir : Veuillez m’excuser de vous
recevoir ce soir dans un cadre trop étroit pour votre sympathie.
Cet amphithéâtre, aux dimensions trop modestes aujourd’hui, est
cependant l’amphithéâtre d’une chaire très grande par son passé.
«
C’est dans une chaire de physiologie comparée créée en 1837 pour
Frédéric Cuvier, qu’il faut chercher l’origine de la chaire actuelle
de Physiologie générale. Frédéric Cuvier, frère de l’illustre Georges
Cuvier, d’abord apprenti chez un horloger de son pays natal,
vint à Paris rejoindre son frère en 1797, alors qu’il était âgé de
24 ans. On ne pouvait vivre dans l’intimité du grand Cuvier sans
devenir naturaliste, c’est ce qu’il advint de Frédéric. Celui-ci fut
bientôt chargé par Georges Cuvier d’établir avec Duvernoy le
catalogue de la collection d’Anatomie comparée. Puis, en 1804,
il fut appelé à la direction de la Ménagerie, et c’est là qu’il accomplit
l’étape la plus longue et la plus importante de sa carrière scientifique.
Flourens n’a pas^té toujours très bienveillant pour l’œuvre scienti-
fique de F. Cuvier. « Il laisse, a-t-il écrit dans l’éloge de son prédé-
cesseur, des observations éparses plutôt qu’un corps de doctrine,
et des matériaux plutôt qu’un ouvrage. » Cependant, le premier
titulaire de cette chaire, accumulant patiemment des observations
sur les mœurs, sur le comportement des animaux, avait su distinguer
nettement l’instinct de l’intelligence, ce qui était alors une espèce
de révolution, et avait affirmé vigoureusement, contre les doc-
trines alors classiques, contre Descartes et Buffon, que l’intelli-
gence n’est pas le monopole de l’Homme. C’est là, pensons-nous, de
la psychologie animale. C’est d’ailleurs une chaire de psychologie
{.207 -
comparée dont Fr. Cuvier demandait la création en 1836. Mais,
pour un tel titre, l’esprit contemporain n’était pas mûr. La psycho-
logie, la science de l’âme, appliquée aux bêtes, quel scandale !
F. Cuvier n’eut pas de succès, et des transactions conduisirent à la
création d’une chaire de physiologie comparée, qui, dans l’esprit
de son premier titulaire, devait comprendre ce que nous nommons
aujourd’hui « l’éthologie ». Malheureusement, Fr. Cuvier mourut
l’année qui suivit la création de cette chaire. L’Assemblée du Muséum,
très rapidement, lui trouva, dans son sein même, un successeur,
Flourens.
Marie- Jean-Pierre Flourens, professeur d’ Anatomie humaine au
Muséum, était déjà l’auteur de découvertes capitales en physiologie,
et fut, à l’unanimité, désigné pour occuper cette chaire. Il avait, en
effet, réalisé l’analyse fonctionnelle des grandes divisions du système
nerveux central. Opérant, sur le Pigeon, la destruction successive
des diverses parties de l’encéphale, puis observant les perturbations
qui en résultent, Flourens en avait révélé les fonctions essentielles
et variées. « Le seul fait d’avoir imaginé de telles expériences, disait
Georges Cuvier en 1824, dans un rapport à l’Académie des Sciences,
était un trait de génie digne d’admiration. »
Flourens devait encore localiser étroitement le centre respiratoire,
découvrir les mouvements forcés qui suivent les lésions des canaux
semi-circulaires, et, dans une direction toute différente, imaginer ces
ingénieuses expériences sur la croissance des os, qui démontrèrent
le rôle capital du périoste, expériences dont la chirurgie devait tirer
les applications les plus fécondes. Cependant, ces éclatantes décou-
vertes ne doivent pas nous faire oublier qu’il poursuivait également
l’œuvre de son prédécesseur, consacrant une étude spéciale à
l’un des critères de l’instinct qui avait échappé à Cuvier, l’imper-
fectibilité. II ne cessa jamais, en effet, d’être naturaliste, de s’inté-
resser à la psychologie animale, comme le montre le titre d’un de
ses derniers ouvrages : « Psychologie comparée », publié en 1864.
C’est en 1866 que Flourens, atteint par la maladie, doit se retirer
définitivement à la campagne, et il est alors suppléé par son prépara-
teur, un autre nom qui devait devenir illustre, Vulpian. Flourens
disparaît en 1867, depuis longtemps comblé de tous les honneurs,
secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, membre de l’Aca-
dé.mie française, pair de France, enfin, en 1848.
C’est Paul Bert qui est alors chargé à titre de suppléant du cours
de physiologie. Le maintien de la chaire est longuement discuté,
quand, en décembre 1868, un décret impérial transfère la chaire de
physiologie générale de la Sorbonne, et son titulaire, Claude Ber-
nard, au Muséum ; la chaire de physiologie comparée du Muséum
perd son qualificatif, et devient à la Sorbonne une chaire de Physio-
logie,
— 208
Ce transfert fut essentiellement dicté par des raisons d’ordre
spatial. L’Empereur, en 1854, avait créé pour Claude Bernard
une chaire de physiologie générale à la Sorbonne, mais la place
manquant pour y édifier les vastes laboratoires demandés par
l’illustre physiologiste, il fut décidé de la transporter au Muséum,
où, pensait-on, un véritable Institut physiologique, tel qu’en possé-
daient alors l’Allemagne et la Russie, pourrait être édifié. En réalité,
ce beau projet ne fut jamais réalisé. On avait fait à Claude Bernard
des promesses dont il caressait le rêve dans son cours inaugural.
L’Empereur ne voulait plus voir, disait-on, la France en retard sur
l’Allemagne. Pourtant, quand Claude Bernard lui présenta son
devis, un devis de 400.000 francs, l’Empereur s’indigna : « La
Physiologie coûte donc aussi cher que l’artillerie ! » Claude Bernard
obtint à peine le dixième du crédit sollicité : il put édifier simplement
une construction légère avec un outillage sommaire.
C’est en 1870 que Claude Bernard prend effectivement possession
de la chaire. Il est alors dans le plein éclat de sa gloire. Membre de
l’Académie des Sciences, membre de l’Académie française, sénateur,
il exprime constamment son désespoir de n’avoir plus le temps de
travailler comme aux heures vibrantes de sa jeunesse. « Je courbe
sous le poids des honneurs et des douleurs académiques », écrit-il
alors.
Rappeler les découvertes de Claude Bernard serait faire l’histoire
de la physiologie et nous entraînerait bien loin sans rien vous appren-
dre que vous ne sachiez déjà. Mais, tout habitués que nous sommes
maintenant, dès notre entrée dans la recherche, à travailler dans l’es-
prit, avec les méthodes du Maître, nous devons nous défier d’oublier
que ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une discipline naturelle,
est, en réalité, l’héritage de son génie. Dans votre belle leçon inaugu-
rale, Monsieur le Professeur Lapicque, vous vous demandiez si
la jeune génération des expérimentateurs se rendait un compte
exact de ce que nous, physiologistes, nous lui devons. Ej\ effet,
au fur et à mesure que se succèdent les générations, on peut craindre
que l’œuvre bernardienne ne se fonde à leurs yeux dans le substrat
naturel, anonyme, de la physiologie ; tel le phare, guidant les marins
depuis des siècles, ne leur apparaît plus, comme les rochers eux-
mêmes, qu’un relief naturel du paysage. Pour ma part, je ne man-
querai pas de rappeler aux jeunes que ce phare, au sens baudelai-
rien du mot, n’a pas toujours existé, et je leur montrerai qu’un siècle
encore après Claude Bernard, ce sont toujours ces mêmes rayons
qui éclairent notre marche.
Ce qui paraît en effet le plus étonnant dans cette œuvre unique,
c’est moins le nombre, la variété, l’ampleur des découvertes, que
l’admirable prescience qui conduisit Claude Bernard aux portes
mêmes des acquisitions les plus actuelles. Il exprime déjà clairement
— 209 —
la conception du rôle des sécrétions internes, voit d’emblée la portée
jgénérale de sa fameuse expérience du foie lavé - — à l’origine de la
méthode de culture des organes actuellement si bien affinée - — et ses
découvertes sur les commandes nerveuses régulatrices des fonctions
le conduisent à présumer l’importance de cette « forteresse de la per-
sonnalité », le complexe neuro-endocrino- sympathique. On pourrait
multiplier ces exemples. Mais surtout, Claude Bernard eut le grand
mérite d’introduire en physiologie la notion de déterminisme. Ce
déterminisme, qui nous semble évident aujourd’hui, du moins à
l’échelle moléculaire, représentait à l’époque de Claude Bernard
une idée neuve et qui devait se révéler étonnamment féconde. On
peut d’ailleurs se demander si l’introduction de cette méthode de
travail ne fut pas d’abord une réaction de Claude Bernard contre
l’état d’esprit de son premier et illustre maître, Magendie, qui avait
en horreur toute doctrine, tout système, et qui disait : « Je suis un
chiffonnier, avec un crochet à la main, et je ramasse tout ce que je
trouve. » Quoiqu’il en soit, en affirmant que tous les phénomènes
de la vie sont strictement déterminés par les conditions physico-
chimiques, qu’ils s’enchaînent suivant des lois précises, identiques à
celles régissant la physique et la chimie, Claude Bernard apportait
à la physiologie la méthode de travail qui est toujours demeurée la
sienne. Au regard d’admirateurs fervents, le Maître est apparu par-
fois comme une véritable divinité du déterminisme, avec tout ce
que cette manière de voir comporte d’universel et d’absolu. Il ne fut
cependant pas sans souligner lui-même les difficultés qui pouvaient
surgir sur la route nouvellement ouverte, et il n’hésita pas à faire
appel, dans certains cas, à une entité désignée notamment sous le
nom de « force législatrice », et qui devait être refoulée dans l’invio-
lable royaume des causes premières. Sans doute, de ce royaume, nous
assistons au lent effritement. Claude Bernard aurait-il donc manqué
de prescience en assignant des frontières à sa féconde conception ?
Il apparaît qu’il n’en est rien, à la lumière des illustres travaux du
Prince Louis de Broglie, selon lesquels il semble impossible- de
subordonner à un déterminisme rigoureux la succession des phéno-
mènes se déroulant à l’écheile de l’électron. Toutefois, cette restric-
tion n’atteint pas actuellement le déterminisme en tant que méthode
de recherche physiologique, car, à l’échelle moléculaire déjà, tout se
passe comme s’il y avait déterminisme par suite d’un effet statistique
qui résulte de la multiplicité des électrons en jeu, et, pour nous,
physiologistes, le déterminisme bernardien reste la pièce motrice
maîtresse de toute recherche expérimentale.
Claude Bernard apportait donc au Muséum son immense prestige.
Quelle place à tenu le Muséum dans la vie et dans l’œuvre de Claude
Bernard ? Il serait vain de nier que sa maison préférée ait toujours
été le Collège de France, son cher Collège où il avait « passé, risqué,
— 210 —
sacrifié sa vie », mais où il avait vu sourdre aussi cette cascade
d’étonnantes découvertes. Pourtant, s’il parut rarement aux
Assemblées du Muséum, ce n’est pas, mes chers collègues, qu’il se
désintéressât de sa nouvelle fonction. Dans sa correspondance, il
aime à s’entretenir du Jardin des Plantes, de « son laboratoire gardé
par les loups », de ses projets de cours qu’il veut très différents de
ceux qu’il professe au Collège. En effet, c’est là qu’il va donner ces
leçons célèbres sur les phénomènes de la vie communs aux animaux
et aux végétaux. Et, si commence, dans la vie scientifique de
Claude Bernard, à partir de sa nomination au Muséum, une
seconde étape au cours de laquelle le Maître embrasse les deux
règnes de la nature vivante, ce n’est peut-être pas là simple coïn-
cidence. Nous apprenons par sa correspondance privée que Claude
Bernard se plut à fréquenter le Jardin, les serres, et, sans doute,
plus ou moins à son insu, le commerce d’un règne qui jusqu’alors ne
lui était pas familier, élargit son horizon, le guida vers le sommet
d’où le Maître plana sur l’ensemble du monde vivant, jetant alors
les bases solides d’une physiologie générale.
La mort de Claude Bernard survint le 10 février 1878, alors qu’il
n’était âgé que de 65 ans. Comme si sa Succession dût être trop lourde
à porter pour un physiologiste, quel qu’il fût, la chaire fut scindée,
en deux : l’une, de pathologie générale qui échut à Bouley, l’autre,
qui, gardant le titre de Physiologie générale, fut confiée à Charles
Rouget. *
Charles Rouget, comme Flourens, était venu vers la Physio-
logie par les voies anatomiques. Il me suffira de citer ses recherches
sur la physiologie comparée des organes génitaux chez les Mammi-
fères, sur la contraction musculaire, étudiée chez les Vertébrés aussi
bien que sur la Vorticelle, ses travaux sur l’organe électrique de la
Torpille, pour montrer que Rouget explora des domaines très variés
du règne animal, et qu’il fut un physiologiste naturaliste. Permettez-
moi de rappeler par ailleurs qu’étudiant avec Balbiani les animaux
marins des côtes de l’Atlantique, Rouget eut le mérite de révéler
aux naturalistes le petit port breton de Roscoff, où Lacaze-Duthiers
devait fonder bientôt ce laboratoire devenu maintenant un si bel
Institut de Biologie et Physiologie marines qu’il me semble naturel
de faire à Charles Rouget, de cette découverte biogéographique,
un titre de gloire.
Rouget ne conserva pas longtemps sa chaire de physiologie au
Muséum, et, dès 1886, se fit suppléer par son assistant, Nestor
Gréhant, qui, en 1893, devait lui succéder. Gréhant était l’élève
de Claude Bernard qu’il avait suivi à la Sorbonne, au Collège de
France, au Muséum. Il travaillait alors déjà depuis plus de vingt ans
dans ce laboratoire, et pendant, seize années encore, il poursuivit
avec une sereine constance des recherches pour la plupart orientées
— 211 —
vers la physiologie de la respiration, et dont les résultats sont
demeurés classiques. L’oxyde de carbone, surtout, retint longuement
l’attention de Gréhant. Il l’étudia, non seulement du point de vue
biochimique et physiologique, mais aussi du point de vue de l’hy-
giène. Je rappellerai d’autre part ses recherches sur l’origine de
l’urée, sur l’alcool, mais je désire surtout faire revivre un instant
parmi nous Nestor Gréhant, par les lignes charmantes que lui
consacra Dastre : « C’était un homme d’un caractère aimable et
doux, d’une affabilité et d’une courtoisie parfaites, qui eussent
découragé l’inimitié. Ces qualités étaient empreintes sur sa physio-
nomie douce et régulière, encadrée, au temps de sa jeunesse, d’une
longue chevelure blonde et bouclée, dont les rides de la vieillesse
n’avaient pas altéré l’expression : sa voix elle-même chantait la
douceur et la bon é de cette âme ingénue : on ne pouvait pas ne pas
l’aimer. »
Cependant, à sa mort, le maintien de cette chaire, illustrée par
Cl. Bernard, fut longuement discuté. Finalement, le Conseil du
Muséum demanda qu’elle soit orientée vers la physiologie comparée,
et l’Assemblée des Professeurs, soucieuse toutefois de ne pas perdre
le riche héritage de Claude Bernard, décida de lui donner le titre
de « Physiologie générale et comparée ». C’est Louis Lapicque qui
fut désigné pour occuper cette chaire en 1911, et nul mieux que lui-
même ne devait démontrer l’étroite symbiose de ces deux disciplines.
Pas un biologiste n’ignore aujourd’hui la chronaxie, pierre angulaire
de cette nouvelle théorie du système nerveux qui marque une étape
capitale de nos connaissances. Les premières recherches du Professeur
Lapicque dans ce .domaine rentrent dans le cadre de la physiologie
comparée. En effet, il étudie la loi d’excitation électrique aussi bien
chez des Invertébrés que chez des Vertébrés. Il compare des nerfs
et des fibres musculaires de vitesse très différente prélevés dans des
groupes zoologiques fort éloignés. Mais bientôt se dégagent des
lois générales. L’excitabilité végétale n’échappe pas au regard péné-
trant du Maître, et se range sous les mêmes lois que l’excitabilité
animale. La chronaxie est rattachée à des propriétés physico-chi-
miques du cytoplame lui-même : le professeur Lapicque fait alors
œuvre de physiologie générale. Mais n’êtes-vous pas entré, mon cher
Maître, dans le temple de la physiologie générale par les portiques
de la physiologie comparée ?
Il faut croire que cette route était la bonne, puisqu’elle vous a
conduit à une si belle œuvre, consacrée par l’ampleur, la qualité,
l’autorité de votre école. Vous avez fait d’innombrables élèves,
innombrables car vos élèves directs ont eux-mêmes essaimé, innom-
brables car le rayonnement de votre nouvelle conception a franchi
toutes les frontières, innombrables enfin car le prestige personnel
du Maître égalait celui de la théorie nouvelle. Et pourtant, quand on
étudie dans le détail toute votre œuvre scientifique, n’a-t-on pas le
droit d’éprouver quelque ressentiment à l’égard de. cette chronaxie
qui, par sa réussite brillante, estompe ses sœurs moins adulées,
moins favorisées par le destin, et pourtant si riches, elles aussi, d’en-
seignement ? Autour de cette vedette, à qui vos travaux personnels
et ceux de Madame Lapicque .continuent de garder une éclatante
jeunesse, rappellerai-je vos recherches,. poursuivies encore actuelle-
ment, sur la relation du poids de l’encéphale à celui du corps, celles
sur l’étude anthropologique des races noires, vos travaux sur le
métabolisme, les résultats d’intérêt non seulement théorique, mais
immédiatement pratique concernant les rations alimentaires, la
valeur nutritive des algues, l’étude des sols. D’ailleurs, dans toute
votre œuvre, vous êtes resté en contact étroit avec la nature. Vous
avez protesté à diverses reprises « contre l’idée qu’on pourrait étudier
les propriétés de la matière vivante en général, sans avoir soigneuse-
ment défini à quel être on emprunte un échantillon d’une telle
matière. » Cette curiosité zoologique vous a conduit à soumettre à
votre scalpel tout le monde vivant, et, comme vous le notez vous-
même : « On augmente ses chances de saisir une explication nouvelle,
par cela seul qu’on ne se cantonne pas à demeure dans un territoire
limité. » . 4 jn
Alors que la gloire de Claude Bernard et le besoin d’espace en
rapport avec son rayonnement intellectuel avaient été les facteurs
de son transfert de la Sorbonne au Muséum, l’ascension rapide de
Lapicque vers la solution de grands problèmes de physiologie géné-
rale, sa réussite éclatante devaient — juste retour des choses d’ici-
bas • — le ravir au Muséum. Venu de la Faculté des Sciences où il était
Maître de Conférences en 1911, il retournait à la Sorbonne comme
Professeur titulaire en 1919, restant cependant uni à cette Maison
par les liens de l’honorariat.
C’est dans ses cadres mêmes que le Muséum va trouver alors un
nouveau titulaire à la chaire de physiologie, qui échoit en 1919 au
Professeur Tissot. Toute la carrière de M. Tissot s’est en effet
déroulée dans ce Jardin des Plantes où il entrait comme boursier
en 1893, et où il fut successivement préparateur (1898), assistant
(1906), professeur intérimaire (1909), puis enfin titulaire. Ses belles
recherches sur la respiration sont restées et resteront classiques. Leur
intérêt fut non seulement théorique, mais pratique, et chacun sait
notamment la contribution si importante 'qu’apporta M. Tissot
à la défense contre les gaz de combat. Il fut d’abord avant tout un
technicien, et il nous dit lui-même dans l’une de ses notices, quelle
place primordiale il accorde au perfectionnement, à l’affinement des
moyens d’investigation. « En réalité, écrit M. Tissot, l’observation
a moins d’importancç que la perfection de la technique d’expéri-
mentation. En perfectionnant la technique, les phénomènes devien-
— 213 —
nent apparents sans difficulté ; sans perfectionnement, ils restent
invisibles. » Dans toute l’œuvre scientifique de M. Tissot, nous
retrouvons au départ ce souci de la technique, et, les résultats
théoriques atteints, ce sens aigu des applications pratiques. Pour
illustrer ces deux caractéristiques essentielles de l’œuvre de M. Tis-
sot, je rappellerai, d’une part, les progrès remarquables réalisés
dans l’appareil à séparation des courants d’air inspiratoire et
expiratoire, la mise au point d’un spiromètre à compensation auto-
matique, et, d’autre part, l’établissement des masques permettant
le travail dans les gaz asphyxiants et le sauvetage, après les explo-
sions de grisou, dans les mines ; les moyens d’éviter les accidents de
l’anesthésie chloroformique ; les améliorations de la navigation
sous-marine. M. le Professeur Tissot orienta par la suite ses recher-
ches vers l’étude des mécanismes de la coagulation du sang, puis
vers celle des réactions de l’organisme contre les substances albumi-
noïdes injectées dans le. milieu intérieur. Enfin, il s’est consacré
depuis une quinzaine d’années à des recherches sur la nature des
tissus cancéreux et des tissus nerveux. Je n’insisterai pas plus lon-
guement sur ces derniers travaux connus de tous et qui ne sont pas
encore du domaine du passé, mais au contraire en pleine évolution,
puisque M. le Professeur Tissot les poursuit dans une laborieuse
retraite. Notons enfin que, pendant le professorat de M. Tissot, et
sur sa demande, le titre de la chaire devint « Physiologie générale ».
En 1942, la grande cité algérienne, renouvelant des précédents
illustres et récents, donne à la science parisienne l’un de ses maîtres
les plus éminents, le Professeur Tournade. L’usage voudrait que
je m’étende plus longuement que je ne l’ai fait jusqu’ici sur l’œuvre'
scientifique de mon prédécesseur le plus direct. Mais l’œuvre de
M. Tournade n’appartient pas à cette Maison. Brutalement enlevé
quelques mois seulement après sa nomination, il n’a pu, dans ce
laboratoire même, poursuivre ses remarquables travaux. Je rap-
pellerai simplement que c’est surtout par ses recherches sur la
physiologie de la circulation et sur l’adrénalino-sécrétion, que
Tournade avait acquis une grande notoriété. Une ingénieuse
technique, servie par une grande habileté opératoire, l’anastomose
veineuse surrénalo- jugulaire entre deux chiens, fut à l’origine de
multiples expériences qui permirent d’éclaircir des mécanismes
physiologiques jusqu’alors obscurs. Ces recherches l’avaient conduit
notamment à intervenir avec autorité dans les débats si actuels sur
le rôle du médiateur chimique dans la commande nerveuse. Tour-
nade avait effectué de nombreuses autres recherches sûr la pharma-
codynamie de l’asphyxie, sur le tabagisme expérimental, sur les
centres bulbaires et médullaires des fonctions végétatives. ,Je ne
puis citer toutes les directions dans lesquelles s’exerça la vibrante
activité de Tournade, mais je ne conclurai pas sans rappeler qu’il
y
— 214 —
avait formé de nombreux élèves, dont certains sont devenus des
physiologistes éminents.
L’historique de cette chaire ne serait pas complet si je ne disais
quelques mots du fondateur des bâtiments qui l’abritent aujour-
d’hui. A la mort de Claude Bernard, la chaire de physiologie géné-
rale avait donné naissance à une chaire satellite, celle de Pathologie
comparée, d’abord attribuée à Henri Bouley. Mais c’était là une
chaire sans laboratoire autonome, et qui avait dû se satisfaire,
au départ, d’un modeste local mis à sa disposition par la Faculté de
Médecine. Quand, en 1886, Bouley disparut, Chauveau, qui
recueillit sa succession, entreprit de faire construire un vaste labo-
ratoire parfaitement adapté à ses recherches dé physiologie vétéri-
naire. C’est ce grand laboratoire qui, depuis la disparition de Chau-
veau et la suppression de la chaire de pathologie comparée, abrite
la chaire de physiologie générale. Je salue très respectueusement la
mémoire du grand physiologiste qui eut la volonté et l’énergie de
mener à bien cette grande tâche. Si la physiologie possède au Muséum
de vastes possibilités d’avenir, elle les doit à Chauveau.
/ ★
¥ ¥
Mesdames, Messieurs, au cours de cette esquisse nécessairement
rapide de l’histoire d’une chaire vieille de plus d’un siècle, vous
n’avez pas manqué, sans doute, d’être frappés par le caractère fluc-
tuant de son titre : physiologie comparée, puis physiologie générale,
physiologie générale et comparée, physiologie générale. Ces chan-
gements de titre correspondent-ils à des orientations foncièrement
différentes ? Je ne le crois pas. On m’a parfois demandé, lors de ma
candidature à cette chaire, quelle discipline guiderait mes recher-
ches : physiologie générale ou comparée ? et j’avoue que la réponse
ne m’apparut pas toujours facile. Non pas que je ne sache dans
quelle direction je veux conduire ce laboratoire qui m’est confié,
ce qui serait grave, mais parce que je ne crois pas qu’il existe une
distinction aussi profonde qu’on le pense souvent entre ces deux
disciplines, et parce qu’il m’apparaît qu’on méconnait fréquemment
le sens de ces deux qualificatifs. En premier lieu, d’ailleurs, est-ce
que toutes les physiologies, est-ce que toutes les sciences expérimen-
tales ne sont pas comparées, puisqu’elles n’atteignent jamais les
causes premières, mais seulement les causes secondes, les rapports
entre les phénomènes ? « Sans doute, m’objectera-t-on, c’est là
querelle de mots, et vous ne devez pas ignorer ce qu’on entend par
« physiologie comparée », opposée à « physiologie générale » ; la
physiologie comparée étant une physiologie de naturaliste, qui
étudie les mécanismes physiologiques de groupes zoologiques par-
faitement définis, qui les compare entre eux, alors que la physiologie
générale est l’étude de la vie élémentaire, des processus vitaux com-
muns à tous les êtres vivants. » Mais, ne croyez-vous pas, Messieurs,
que la physiologie comparée ainsi comprise est une voie d’accès —
à pente particulièrement douce — vers la physiologie générale ; une
voie d’accès toute naturelle quand on dispose des admirables res-
sources du Muséum ? Ne pensez-vous pas que le plus sûr moyen de
connaître le fondement même des mécanismes vitaux, c’est de les
étudier dans des groupes zoologiques très différents, ou même dans
les deux règnes, animal et végétal ? Ne jugez- vous pas que c’est une
singulière erreur que d’être enclin souvent à considérer la physiologie
générale, comme la physiologie expérimentant sur le Chien et le
Lapin, et la physiologie comparée, celle qui s’exerce sur les groupes
dits inférieurs ? En réalité, cette physiologie du Mammifère est une
physiologie tout aussi spéciale que la physiologie des Reptiles ou
des Crustacés, et ne peut conduire à la physiologie générale qu’avec
l’aide de la physiologie comparée, de la physiologie cellulaire et de
la physiologie végétale. Permettcz-moi de concrétiser ma pensée par
deux exemples.
Quand un physiologiste étudie les mécanismes régulateurs de la
pression artérielle chez le Lapin ou le Chien, ses travaux sont fré-
quemment rangés sous la rubrique « physiologie générale ». C’est là
pourtant une physiologie spéciale, car de tels mécanismes régulateurs
présentent des modalités fort différentes dans la série animale, et
c’est seulement d’une exploration très vaste que pourront être
dégagées les lois générales de cette régulation. De ces physiologistes,
conduits, par exemple, à la découverte du paradoxe de l’histamine,
— paradoxe consitant dans le fait que l’action histaminique est
toute différente chez les herbivores et chez les carnivores, — je dirai
plutôt qu’ils ont fait œuvre de physiologie comparée. Inversement,
dans un travail récent,' j’ai tenté de montrer que le rhéotropisme de
certains poissons au moment du frai est sans doute le fait de secré-
tions hormonales. Physiologie comparée, dira-t-on, puisque vous
étudiez le comportement très spécial d’espèces déterminées, puisque
vous comparez des espèces migratrices à des espèces sédentaires.
Sans doute. Mais, si demain ces vues s’affirment, et si l’on veut bien
songer que les botanistes eux-mêmes ont montré que les principaux
tropismes végétaux sont liés à des mécanismes hormonaux, ne
sommes-nous pas guidés vers une explication de certains tropismes
communs aux végétaux et aux animaux ? La physiologie comparée
ne nous a-t-elle pas conduits à la physiologie générale ?
Claude Bernard, d’ailleurs, qui s’identifie cependant à la phy-
siologie générale et qui, pour donner droit de cité à cette science,
dût tout d’abord l’individualiser, l’isoler provisoirement de toutes
les sciences voisines qui tendaient à l’absorber, Claude Bernard
"â toutefois parfaitement reconnu la valeur des liens qui relient la
physiologie comparée à la physiologie générale : « La physiologie '
comparée, écrivait-il, est pour la physiologie générale, une source
d’études précieuses. » Et, dans son cours inaugural d,u Muséum : « Le
problème de la physiologie comparée étant d’étudier les mécanismes
de la vie dans les divers animaux, la place de cette science est
marquée dans un établissement qui offre, à cet égard, des ressources
aussi complètes que le Muséum d’ Histoire naturelle de Paris. »
Pour moi, je ne négligerai pas ces ressources magnifiques, mais,
titulaire d’une chaire de Physiologie générale, je n’oublierai pas que
nous devons tendre au général. Je m’efforcerai donc de résoudre des
problèmes de physiologie générale par les méthodes de la physiologie
comparée. \
Quelles sont ces méthodes ?
On ne s’étonnera pas que je cite alors mon maître M. Portier,
qui cultiva si méthodiquement et si heureusement cette science qu’il
fut chargé de l’enseigner dans une chaire créée pour lui-même à la
Sorbonne. Il existe, a-t-il écrit, deux manières de comprendre la
physiologie comparée : « la première consiste à étudier d’une manière
méthodique les grandes fonctions des différents groupes d’animaux. »
« La seconde consiste à choisir, dans la série des êtres vivants,
ceux qui offrent des particularités anatomiques ou physiologiques
avantageuses pour la recherche que l’on poursuit. » Ces deux mé-
thodes peuvent être fécondes, et, sans doute, serait-il quelque peu
sévère de dire que le physiologiste appliquant la première est à celui
qui adopte la seconde, ce que l’ouvrier d’usirie travaillant à la chaîne,
est à l’artisan. Cette homologie lointaine présente au moins le
mérite de ne pas céler vers quelle méthode j’incline : je désirerais que
nous soyons, dans ce laboratoire, des artisans, que nous*sachions
extraire, de la multitude des êtrès vivants, les familles, les genres
ou les espèces qui conviennent le mieux pour résoudre les problèmes .
de physiologie générale que nous nous sommes posés. Cette mé-
thode ne nous conduit évidemment pas sur les routes les plus faciles.
Elle ne consiste pas à acquérir une technique de dosage ou d’expé-
rimentation physiologique, à la mettre en œuvre plus ou moins
Rveuglément dans la série animale tout entière, mais à choisir dans
le monde vivant les lignes de fracture où des techniques variées
pourront s’appliquer avec le maximum de chances de succès, où_
elles pourront trouver une réponse particulièrement éloquente aux
questions posées. Sans doute, cette méthode n’est-elle pas celle
qui assure le meilleur rendement d’un laboratoire, si l’on adopte cette
fâcheuse manière de voir qui le considère parfois comme représenté
par le nombre de publications scientifiques. Sans doute, cette
méthode est celle qui exige le plus de travail, je ne dis pas de travail
expérimental, mais de travail obscur, car elle ne peut être féconde
— 217 —
que prenant racine sur un substrat de connaissances profondes,
étendues, continuellement fertilisées par la lecture, les longues
et silencieuses réflexions ; réflexions avant l’institution du protocole
expérimental, réflexions après l’expérience. Michel de Montaigne
l’écrivit, il y aura bientôt quatre siècles : « Ce n’est pas assez de
compter les expériences, il les faut peser et assortir, il les faut avoir
digérées et alambiquées pour en tirer les raisons et les conclusions. »
C’est cette dernière méthode qui réserve, je crois, les plus réelles
satisfactions de l’esprit. Toutefois, ma jeunesse relative, et la cons-
cience très nette de l’ampleur de tout ce que j’ignore, me feraient
douter du succès, si d’une part, je ne savais des Maîtres éminents
qui la pratiquent avec fruit, prêts à me faire bénéficier de leur vaste
culture, et si je ne voyais d’autre part s’assembler ici les éléments
d’un groupe de travailleurs ardents à la recherche. En effet la vie,
dans un laboratoire tel que celui-ci, ne doit pas être, à mon sens,
celle d’un bénédictin, mais celle d’une équipe, qui ne soit pas
nécessairement très nombreuse, qui ne devienne jamais foule, mais
qui soit bien équilibrée, homogène dans sa conception de la recherche
scientifique, dans son amour de la vérité scientifique.
Les recherches de cette équipe, je voudrais qu’elles ne se déroulent
pas en vase clos, mais s’aèrent aux vents de l’esprit qui soufflent
des grands centres de recherches physiologiques, avec lesquels je
m’efforcerai d’assurer de fréquents échanges de travailleurs et de
pensée. Quant au recrutement des éléments de ce laboratoire, il
ne connaîtra qu’une loi, celle de l’intérêt scientifique. Ceux que
guide vers l’expérimentation une curiosité réfléchie, ceux que
n’effraie pas un travail soutenu, méthodique, probe, trouveront dans
ces murs toute l’aide matérielle et intellectuelle qu’il me sera possible
de leur procurer ï je crois, en effet, que. l’une des tâches les plus
urgentes et les plus utiles pour l’avenir est de former de jeunes phy-
siologistes, de les guider dans cet exercice mental et manuel, l’ex-
périmentation. Mental et manuel, car on ne peut dissocier le fait et
l’idée, la technique et l’hypothèse, le résultat brut et l’interpré-
tation qu’on en doit donner.
Un travailleur, si consciencieux soit-il, qui accumule uniquement
desrfaits, comme tel comptable aligne strictement ses chiffres, n’est
pas plus un chercheur que ce comptable n’est un chef d’entreprise.
Un travailleur, d’autre part, dont l’esprit ne peut disséquer les plus
vastes questions, qui ne sait pas fragmenter et sérier les problèmes,
les limiter à la mesure de notre intelligence pour les aborder ensuite
successivement, c’est un explorateur qui s’égarera inéluctablement.
Je pense que l’un des devoirs du chef de laboratoire est de veiller
à ce que chaque chercheur élabore soigneusement ses plans de travail,
interprète avec prudence et beaucoup d’esprit critique les résultats
obtenus, respectant l’équilibre qui me paraît souhaitable entre le
labeur intellectuel et le travail technique, entre la pensée et l’acte
expérimental. Mais la première tâche du chef de laboratoire, au
moins dans le temps, et souvent même par l’importance qu’elle
revêt, c’est le choix du sujet. C’est une tâche qui peut sembler facile
au néophyte venu proposer ou solliciter une idée de recherches. Une
entrevue, quelques entretiens, et le choix est fait : choix difficile,
cependant, et qui demande beaucoup de réflexion et de prudence.
Les sujets de recherches, sans doute, sont innombrables, mais ils sont
rares, les sujets féconds, c’est-à-dire ceux qui transformeront le
candidat au diplôme en un chercheur véritable et passionné. Pour
les jeunes, que pressent souvent des difficultés matérielles, le sujet
choisi doit rendre à peu près à coüp sûr, mais cependant laisser une
marge d’imprévu suffisante pour donner le goût de la recherche. Il
est indispensable qu’il soit nettement délimité ; mais, il doit toute-
fois s’intégrer dans une question plus vaste, en pleine évolution, pour
que le jeune physiologiste ait la claire vision du progrès que sa con-
tribution, si modeste soit-elle, apporte à la solution d’un problème
plus général. Comme un marin doit avoir confiance dans l’état-major
quand il embarque sur un navire, un travailleur inexpérimenté doit
faire confiance à un ancien plus chevronné pour l’orientation pre-
mière de ses travaux. La physiologie, telle qu’elle est présentée dans
les manuels, est une façade, façade accueillante avec des balcons
fleuris, une entrée principale bien dégagée portant en lettres d’or
cette encourageante inscription : « Entrée libre. » Mais, à la contem-
pler, on ne peut imaginer tout le travail de démolitions, d’échafau-
dage, de constructions provisoires, qui s’est accompli derrière cette
façade, tous les travaux de terrassement, de voirie qui lui donnèrent
accès, et nous permettent aujourd’hui de venir l’admirer. Cette belle
et simple harmonie, cette apparente facilité conduisent des candidats
à la recherche à proposer, parfois avec beaucoup d’enthousiasme,
l’étude de questions dont l’intérêt est indéniable, mais dont l’ampleur
et les difficultés nous épouvantent. Sans doute, existe-t-il de grandes
découvertes, apparemment fulgurantes, dans le passé de cette
science encore jeune : la Physiologie ; des découvertes qui ont ouvert
des aperçus insoupçonnés sur ce phénomène admirable : la Vie.
Mais l’erreur serait de croire qu’un simple coup de pioche soit seul
responsable de l’écroulement d’un pan du mur épais qui nous mas-
quait la vue. C’est tantôt un progrès technique qui permet d’atta-
quer l’obstacle avec une arme nouvelle, tantôt tout un ensemble de
longs et patients travaux qui l’ont progressivement dégradé, le
rendant extrêmement vulnérable.. Et la preuve qu’il en est bien
ainsi, c’est que, fréquemment, la même découverte importante
surgit, à quelques mois d’intervalle, réalisée par des écoles d’orienta-
tions différentes. Ceci prouve que le mur qui nous masquait la
connaissance de cette découverte avait été si bien sapé par les tra-
— 219
vaux antérieurs, qu’un seul coup de pioche donné ici ou là, devait
en entraîner l’écroulement. Devant les jeunes aspirants à la recherche,
je crois que la tâche du physiologiste est de chercher, dans cette
ceinture de remparts qui entoure la vie, le mur lézardé où leur travail
peut ouvrir quelque brèche lumineuse.
Si telles sont mes idées concernant l’orientation première des
travaux d’un étudiant inexpérimenté* je ne voudrais cependant pas
qu’elles soient interprétées comme une réprobation de l’esprit
d’initiative du jeune chercheur. Je crois, au contraire, que ce dernier
doit très rapidement s’associer au travail de pensée, participer à
l’élaboration du plan de recherches comme à l’interprétation des
faits. Pour qu’il s’impose cet effort de réflexion qui lui semble parfois
moins pressant que le travail technique, pour qu’il soit naturelle-
ment conduit à préciser et classer ses idées, je crois utile de lui
suggérer des rédactions provisoires et successives bien avant l’heure
d’une éventuelle publication. Sans doute, ces rédactions sont-
elles stériles quand elles ne constituent que la transposition de résul-
tats consignés dans le cahier d’expériencés, mais elle sont fécondes
si l’auteur ordonne les faits selon le simple déroulement d’un
raisonnement cartésien, et s’il prend la peine d’écrire dans une
langue difficile, mais dispensatrice de clarté : la nôtre. Alors, les
lacunes existant dans l’œuvre accomplie surgissent comme autant
d’hiatus, les obscurités font tâche et le travailleur prend une plus
nette vision des difficultés à résoudre. En effet, dans le bouillon-
nement du travail expérimental, l’esprit du chercheur discerne mal,
souvent, les facteurs primaires et secondaires, les phénomènes prin-
ceps et les épiphénomènes, les réalités et les artéfacts, pas plus que
l’œil ne saurait distinguer les sables, les argiles, les eaux vives
d’un fleuve torrentueux et boueux descendant les pentes monta-
gneuses. La rédaction, c’est le lac, le lac où le cours du fleuve et de
la pensée s’apaise, où se décantent les sédiments et les faits, où se
clarifient les eaux les plus troubles et les idées les plus confuses.
C’est pourquoi je souhaite que, dans ce laboratoire, les rédactions
ne soient pas considérées comme des conclusions de travaux
exclusivement destinés à la publication, mais, comme une partie
intégrante du labeur expérimental, comme des étapes successives
accompagnant l’évolution des idées ou des faits au cours d’une
recherche déterminée. C’est dans cet esprit que j’aimerais voir
travailler ici les élèves qui m’ont fait ou me feront confiance.
Ne peut-on redouter cependant qu’une méthodç de travail telle
que celle précédemment définie — la physiologie comparée au service
de la physiologie générale, cette sorte de prospection physiologique
du monde vivant — n’entraîne une dispersion néfaste ? C’est là
sans doute un écueil qu’il faut éviter, car l’activité du chercheur
n§ doit pas être celle de ces insectes qui butinent de façon brouillonne
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944.
15
— 220 —
toutes les fleurs du jardin. Certaines espèces jugées particulièrement
intéressantes pour résoudre les problèmes posés, doivent fixer l’at-
tention et l’expérimentation du chercheur, et si les travaux de notre
équipe peuvent être centrés sur quelques types zoologiques bien
définis, je souhaiterais qu’ils contribuent à établir certaines de ces
monographies physiologiques, dont l’idée n’est pas neuve, mais dont
la réalisation est toujours attendue. En 1870, déjà, Paul Bert
réclamait ces monographies physiologiques des différents organismes
grâce auxquelles la physiologie pourrait mettre en évidence ce qui
est le fondement même des mécanismes vitaux, en quelque sorte le
plus grand commun diviseur des grandes fonctions. L’idée en était
reprise il y a exactement dix ans par André Mayer, qui précisait
au Congrès des. Physiologistes de Nancy, en mai 1934 : « Les morpho-
logistes ont depuis deux siècles défini des types de structure. C’est
notre droit d’essayer, à notre tour, de définir des types de fonction-
nement. L’avantage de pareilles études, c’est qu’en examinant les
agencements différents des diverses pièces d’un même mécanisme,
on approfondit la connaissance de ce mécanisme lui-même. » Et,
plus loin : « Il est certain qu’il vaudrait mieux avoir une étude com-
plète de quelques types, que d’avoir, sur un grand nombre d’espèces,
des travaux épars et sans liens entre eux. « Paul Bert, André Mayer,
sont des savants que réclame, à juste titre, la physiologie générale.
N’est-il pas symptomatique, Messieurs, qu’à plus d’un demi-siècle
de distance, tous deux sollicitent pour cette physiologie générale,
des monographies de physiologie zoologique. Si, dans l’avenir, les
collaborations nécessaires ne me manquent pas, je crois que nous
ferons œuvre utile en commençant cette longue tâche, tâche pour
laquelle la chaire de physiologie générale du Muséum me semble
particulièrement désignée.
Cependant, nous n’oublierons pas que, dans le passé, ce laboratoire
a rendu de grands services au pays, non seulement sur le plan pure-
ment intellectuel, mais aussi dans le domaine pratique. J’ai rappelé,
il y a quelques instants, les travaux de Gréhant et de Tissot sur
la protection contre les gaz toxiques, ceux de Lapicque sur l’ali-
mentation, et nul n’ignore les multiples applications médicales de la
chronaxie, Si, à l’exemple de ces illustres prédécesseurs, nos recher-
ches nous conduisent vers la solution de problèmes pratiques, nous
ne nous y déroberons pas, convaincu que la science doit contribuer,
non seulement au prestige intellectuel d’une Nation, mais encore
à l’amélioration de ses conditions matérielles.
Dans une chaire du Muséum, la primauté est généralement
accordée à la recherche scientifique, et c’est pourquoi je viens d’in-
sister, un peu longuement peut-être, sur l’esprit qui préside aux
travaux entrepris dans ce laboratoire. Mais je ne songe cepen-
dant pas à réduire la part de mon activité qui doit être consa-
/
— 221
crée à renseignement, et ceci, pour deux raisons essentielles.
D’une part je crois que toutes les chaires du Muséum doivent
contribuer à maintenir les liens multiples de pensée avec l’élite
intellectuelle du pays. La plupart des chaires, en dehors de leur
enseignement, assurent la pérénnité de ces liens par leurs admi-
rables collections. Une chaire, comme celle *de physiologie, sans
collection, ne dispose que de la parole et de l’expérimentation. Je
m’efforcerai, par l’une comme par l’autre, de rendre mon enseigne-
ment vivant, et de participer à l'effort commun. Cet enseignement
aura moins pour but d’accumuler des connaissances ou des faits,
que de montrer l’enchaînement des travaux, l’évolution des idées,
et je serais heureux si, loin d’être l’école de la passivité intellec-
tuelle, il pouvait exercer l’esprit au raisonnement scientifique,
ouvrir à de jeunes intelligences les voies de la recherche, et susciter
de réelles et solides vocations. Il ne sera toutefois jamais si étroi-
tement spécialisé que seuls, des physiologistes puissent y trouver
quelque intérêt. Je tenterai d’y apporter une suffisante clarté, et
d’en dégager des idées générales qui le rendent accessible et profi-
table à la culture d’auditeurs venus de toutes les classes de la société.
D’autre part je suis convaincu du bénéfice que tire le cher-
cheur de la préparation de ses cours, de cet enseignement qui
lui impose de quitter un moment la tâche entreprise, qui l’oblige
à juger avec un certain recul, et par suite, avec un sens .plus exact,
de la portée de ses efforts passés, et de ceux à venir. Pour concrétiser
ce rôle de l’enseignement dans la recherche scientifique, ne peut-on
s’inspirer d’une image de Claude Bernard, et comparer l’homme
de laboratoire au bûcheron perdu dans une immense forêt, et dis-
posant d’une cognée et d’une échelle ? La recherche, Messieurs, c’est
le travail du bûcheron au pied de l’arbre qu’il s’est donné pour
tâche d’abattre. L’homme frappe, indifférent à tout ce qui l’entoure,
l’esprit dirigeant les coups, le regard suivant les seuls progrès de la
cognée. L’enseignement, ou plutôt, la préparation de l’enseignement,
c’est l’échelle, qui invite l’homme à quitter un instant son objectif
immédiat, qui invite le chercheur à s’élever, et à jeter un regard
circulaire sur la forêt. De retour au travail, il connaîtra la portée
de ses efforts, et la direction dans laquelle ceux-ci doivent être
poursuivis pour atteindre le but fixé.
Telles sont les raisons pour lesquelles, si attachante qu’appa-
raisse l’expérimentation, je ne lui sacrifierai jamais l’enseignement,
faisant à l’une et à l’autre la'part qui doit leur revenir.
★
¥ ¥
Un tel programme de recherches et d’enseignement peut sembler
ambitieux. Mais, j’aime mieux être taxé d’ambition, que d’indiffé-
— 222 —
rence ou d’apathie. Cependant, jë ne sous-estime nullement les
écueils qui surgiront sur ma route, et je n’ignore pas la fragilité
de l’existence humaine. Mais, je crois qu’on ne peut rien réaliser
d’utile dans ce monde, si l’on ne conduit pas ses travaux comme si
l’on ne devait jamais mourir, et si l’on ne marche pas au-devant des
difficultés avec une* énergique et tranquille décision. Pour les sur-
monter, toutefois, votre appui total, mes chers collègues, me sera
toujours indispensable. Et quand viendra le temps des réalisations
possibles, je vous demanderai de songer à la complexité des recher-
ches de physiologie générale, exigeant non seulement des appareils
physiologiques, physiques,, chimiques,, mais aussi et d’abord, un
matériel vivant, soumis à de bonnes conditions expérimentales,
c’est-à-dire élevé, étudié, dans des locaux convenablement amé-
nagés. Je vous demanderai de songer à tout le temps qu’exigent
les soins et traitements quotidiens des animaux de laboratoire, au
personnel nombreux et compétent qu’ils imposent. Alors nous pour-
rons construire l’avenir dans un climat de paix et d’indépendance,
seul propice à l’essor scientifique.
Mais déjà la bienveillante et agissante sympathie dont vous
entourez mes premiers efforts éclaire ma route. Sera-t-elle longue
et difficile, gravie contre vents et marées ? Trouverais-je, au
contraire, les routes faciles que Ptolémée demandait à Euclide ? Je
n’attends -pas cette heureuse surprise, mais quels que soient les
périls du voyage, je les affronte avec deux guides sûrs : l’enthou-
siasme et la volonté : un enthousiasme justifié, une volonté
tenace de servir, dans cette chaire, de toute mon énergie, la
Physiologie, le Muséum et mon Pays..v
223
COMMUNICATIONS
Observations biométriques sur le Minioptère
DE SCHREIBERS
Par P. Laurent.
Le Minioptère de Schreibers, génériquement isolé parmi les
Yespertilionidés européens, nsi sans doute celui dont la diagnose soit
la moins discutable, et si la vaste dispersion du genre sur presque
tout l’ancien monde a permis d’en détacher, quelques formes géo-
graphiques individualisées, les Minioptères européens se rapportent
tous spécifiquement à la Chauve-Souris découverte par Schrei-
bers au Banat et à lui dédiée par Natterer dans les pages de
la monographie de Kuhl 1, à la description de laquelle on ne
saurait rien ajouter maintenant de caractéristique.
Les centaines d’exemplaires, dont cette espèce éminemment
coloniale a enrichi les collections, n’ont cependant fourni à sa con-
naissance qu’un nombre restreint de mensurations comparatives,
dont l’établissement en séries n’a pas retenu l’attention des auteurs,
si bien que G. -S. Miller, par exemple, ayant en mains 351 Miniop-
tères, collectées par Mottaz à Genève, n’a précisément mesuré,
comme sujets Suisses, que les dimensions extérieures du seul couple
qu’il eût possédé de Neuchâtel 2, et que son tableau de mensu-
rations crâniennes ne comporte que des résultats de toute prove-
nance : aussi ne saurait-on tirer aucune conclusion sur 'la taille
moyenne de ces Minioptères, ni l’amplitude de leurs variations
autour de cette moyenne, que l’auteur américain eût été à même
de préciser sur des dimensions supérieurès à celles, si exiguës,
d’un crâne de Cheiroptère, et de figurer par exemple en suivant la
voie de son compatriote et contemporain Ward 3.
Le choix préférentiel d’une dimension quelconque prise sur le
crâne apparaît ainsi d’autant plus fâcheux que la variation d’une
population dont on croit pouvoir soupçonner l’hétérogénéité est
d’autant plus appréciable que dans l’économie de l’espèce en cause
1. Die Deutschen Fledermâuse, 1817, p. 41-42, idem, in N eue Annalen der W ci-
ter auische Gesellschafft, Frankfurt, I, 2e, 1819, p. 185-187. *
2. Catalogue of Mammals of Western Europe, 1912, p. 272-3.
3. The variations of proportions in Bats, Trans. Wisc. Acad., 1905, XIV, p. 630-649.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n& 4, 1944.
224 —
la dimension considérée est plus grande. Même si G. -S. Miller
ne concevait pas cette éventualité pour Miniopterus schreibersi
en Europe, la mise en évidence de l’homogénéité parfaite des repré-
sentants européens de cette espèce eut déjà pu servir à la carac-
tériser par rapport aux Minioptères exotiques dont les dimensions
oscillent beaucoup plus largement dans les limites du genre : mais
il est peu commode de la saisir sur une quelconque de ses mensu-
rations, y compris la plus grande d’entre elles, la longueur condy-
lobasale. D’un individu à l’autre, l’ordre de grandeur de l'a variation
individus
«I n
10
S
1
1 I
Fig. 1. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl).
Variation de la longueur condylobasale, par cinquième de millimètre, d’après les
chiffres de G. -S. Miller (l. c., p. 274-5) comparés à ceux de M. s. italicus Dal
Piaz (Descrizione di una nuova forma di Miniopterus, Atti Accad. Scienzie venet.-
trident.-istr., 3°, XVI, 1925-6, p. 61-62), ces derniers figurés en pointillé.
n’est que du millimètre, et dans le cadre des 37 exemplaires de
toute provenance européenne, elle oscille d’un demi-millimètre
autour de la moyenne de 14 mm. 5, ce qui permettrait mal, même
sur un plus grand nombre d’individus et eu égard à la difficulté
d’évaluer avec précision le cinquième de millimètre, de bien
nettement la déceler par rapport aux dimensions descriptives des
formes actuellement connues (Fig. 1). D’ailleurs la prise en considé-
ration de cette dimension nécessite la préparation du crâne, opération
contraire à l’esprit même d’une vraie biométrie qui consiste à
mesurer des animaux vivants et non des pièces de leur squelette.
Si la variation staturale supposée affecte au même degré toutes
les parties de l’ensemble individuel 1, on peut s’attendre à ce qu’elle
soit six fois plus grande sur la longueur totale du 3e doigt que sur
celle du crâne, trois fois plus grande encore sur la longueur de
1. Et il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement dans le cadre même do la défi-
nition de l’espèce.
— 225 —
l’avant-bras, là donc de l’ordre de 3 mm.1, dimensions dont l’ap-
préciation ne nécessite pas le sacrifice du sujet et qui peut s’exé-
cuter sans peine à la station même que fréquente la colonie, quel-
ques minutes au plus étant nécessaires pour chaque animal, qui
est ensuite remis en liberté et poursuit son destin.
C’est ainsi que les opérations de baguages d’une colonie de
Minioptères, ayant intéressé 63 sujets 2, ainsi que la capture dans
la même colonie, aux Baux-de-Provence (Grotte des Fées) de
82 individus pour l’étude de leur variation de poids journalière 3,
nous ont permis d’évaluer l’amplitude d’oscillation des plus carac-
téristiques d’entre les éléments de la stature, et d’apporter la
preuve numérique de la parfaite homogénéité de cette colonie
ainsi que de l’absence chez le Minioptère d’un dimorphisme sexuel
affectant la taille, comme le montre la représentation graphique
des dimensions de l’avantrbras, particulièrement régulière chez
les (Fig. 2) tandis que la répartition des tailles des Ç laisse bien
supposer que l’aspect moins compact du schéma tient à un nombre
insuffisant d’observations, mais dépassant en plus comme en moins
celles des la moyenne s’en situe à peu près au même point (Fig. 3),
aussi nul dimorphisme n’apparaît-il à l’avant-bras.
On peut donc réunir <§ et Ç pour exprimer graphiquement l’am-
plitude de la variation de taille calculée sur un élément particu-
lièrement fidèle, puisqu’il s’agit de la qfius grande unité squelet-
tique et la plus aisément mesurable, des représentants de l’espèce
Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl) aux Baux-de-Pro-
vence (Fig. 4), et le polygone typiquement unimodal ainsi dessiné
englobe bien les dimensions de la forme typique 4, mais reste
par contre presque totalement en dehors de celles de M. schrei-
bérsi italicùs Dal Piaz, tandis que l’emplacement des chiffres
publiés pour quelques exemplaires d’Espagne, correspondant aux
plus grands de ceux des Baux suggère la possibilité de races sta-
turalement différentes : si en effet ces chiffres correspondent à des
moyennes (comme l’esprit du Catalogue de G. -S. Miller le fait
penser) la représentation de la variation linéaire de l’avant-bras
autour de cette moyenne conduirait à des constructions graphiques
1. Ordre de grandeur de la variation au dessus de la moyenne de M. s. italicùs
Dal Piaz (voir Fig. 1, Nota).
2. Rapport d’une Mission d’étude sur la Biologie des Chéiroptères dans le «Midi
de la France, Bul. Mus., 2e sér., t. XIII, 6, 1941, p. 513-516.
3. Le Poids du Minioptère de Schreibers, Bul. Mus. Hist. nat. Marseille, 1942,
4, pp. 236-241. '
4. 1 pouce 8' d’après Kuhl ( ibid ., p. 41, et Ann. Wetlerau, p. 186), mais
1 pouce 1' 7 /10 d’après Blasius à qui Natterer avait communiqué l’exemplaire
original (Fauna der Wirbelthiere Deutschlands, 1857, p. 48), soit 44 mm., mais
rien n’autorise à supposer que ce sujet typique ait correspondu à une rigoureuse
moyenno de sa colonie de la Columbaczer Holile, dont la composition serait dans ce
cas à peu près superposable à celle des Baux pour ce qui concerne les dimensions
de l’avant-bras.
226 —
légèrement déportées vers la droite par rapport à celle obtenue
sur les résultats des Baux de Provence, puisque la moitié inférieure
de ces chiffres y manque, et leur superposition à cette dernière
3ncUvicUte>
Fig. 2 à 4. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl).
Variation de la longueur de l’avant-bras, par demi-millimètre, relevée sur 145 sujets
de la Grotte des Fées, et comparée à la même dimension chez des sujets :
a) Suisses, d’après les mensurations de Fatio (Vertébrés de la Suisse, I, Mammi-
fères, 1869, p. 51) et de G.-S. Miller (i. c., p. 272), en ligné oblique à gauche ;
b) Grecs, d’après G.-S. Miller (idem), en ligné oblique à droite ;
c) Espagnols, d’après G.-S. Miller (idem) et Cabrera (Mamiferos de Espana, 1914,
p. 163), en pointillé (fig. 2 et 3) et limité par un trait interrompu (fig. 4) ;
d) Balkanique : le type de Miniopterus Schreibersi Natterer d’après sa mensura-
tion originale (l. c.) en ligné vertical ;
e) Italiens, Miniopterus schreibersi Italicus, d’après Dal Piaz (l. c., p. 61-62).
— 227 —
qu’il est aisé d’imaginer, figurerait évidemment un polygone à
plusieurs sommets caractéristique d’une population hétérogène,
et dont cette hétérogénéité, ne pouvant être cherchée dans le
dimorphisme sexuel, ni dans celui de l’âge des individus au sujet
duquel on n’a pas la moindre indication; ne s’explique que par la
différenciation raciale des diverses colonies ; différenciation pou-
vant aller jusqu’au stade de la sous-espèce, lorsque, toutes choses
Fig. 5 Fig. 6 Fig. f
Fig. 5 à 7. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhl).
Variation de la longueur totale du 3e doigt, chez 82 sujets de la grotte des Fées, par
demi-millimètre (Fig. 5 et 6), et par millimètre (Fig. -7), comparé à la même dimen-
sion chez des sujets :
a) Suisses, en ligné oblique à gauche ; b) Grecs, en ligné oblique à droite ;
c) Espagnols, en pointillé complet ; d) Balkanique (type de Natterer), en
pointillé externe, centre blanc,
d’après les mensurations des mêmes auteurs que précédemment.
égales d’ailleurs, la dimension de l’avant-bras atteint un chiffre
en deçà duquel reste à bonne distance celle d’un nombre impor-
tant dç sujets étrangers à la colonie étudiée.
La race du Minioptère aux Baux de Provence, pour laquelle
vient tout de suite le qualificatif de baussencis, et à l’ampli-
tude de variation de'laquelle M. s. italicus est déjà presque totale-
ment extérieur, ne peut donc être rapportée à cette forme sub-
spécifique, mais relève au contraire du type, dont précisément la
description originale apporte un point de comparaison, la longueur
totale'-du 3e doigt, de 3 pouces (80 mm. 3) d’après Kuhl, ce qui
— 228’ —
«SB
placerait le Minioptère au dessous de tous les exemplaires baus»
senques (Fig. 7) et isolerait nettement ceux-ci, si Blasius mesu-
rant le même animal (voir plus haut) n’en avait donné des dimen-
sions sensiblement différentes, dont la totalisation, 17,,f8 + 4,r,9
12,,f6 -f- 3’”2 = 83 mm. 9 rentre au contraire dans le cadre de ces
mêmes mensurations : apportant ainsi à la fois la preuve de l’impor-
tance de l’équation personnelle en même temps que la valeur toute
Fig. 8 à 10. — Miniopterus schreibersi Natterer (in Kuhi).
Variation de la longueur totale du 5e doigt, chez 82 sujets de la grotte des Fées, par
demi-millimètre (Fig. 8 et 9) et par millimètre (Fig. 10), comparé à la même dimen-
sion chez des sujets :
à) Suisses, en ligné oblique à gauche ; b) Grecs, en ligné obliue à droite ;
c) Espagnols, en pointillé,
d’après les mêmes auteurs que précédemment.
relative des mensurations obtenues par totalisation de dimensions
segmentaires, sur la mensuration de chacune desquelles peut se
glisser une erreur, dont la somme atteint précisément l’ordre de
grandeur sur lequel on peut discuter la validité d’une race locale.
Cependant, les chiffres ainsi obtenus ont bien été rapportés par
G. -S. Miller et leur relevé permet de confirmer l’absence aux
Baux de tout dimorphisme sexuel nettement marqué (Fig. 5),
en même temps que cette homogénéité déjà constatée sur l’avant-
bras, mais qui n’apparaît pas sans contestation, à moins da la con-
— 229 —
traction des mensurations à l’échelle du millimètre (Fig. 7), don-
nant ainsi la preuve que l’apparence bimodale de la représentation
des variations de longueur de l’avant-bras au demi-millimètre
est dû uniquement à l’utilisation d’une échelle non adéquate à
une dimension susceptible d’oscillations relativement étendues
(Fig. 6) ; en même temps la figure montre que si le Minioptère
du Banat est plutôt petit par rapport à ceux des Baux, les- sujets
Suisses, Grecs et Espagnols les dépassent sensiblement, et s’ils
avaient été choisis dans la moyenne de leurs colonies, ils seraient
représentés graphiquement par des tracés probablement super-
posables, mais chevauchant largement à droite celui de la race
baussencis : confirmant donc au 3e doigt ce qu’avait déjà suggéré
la considération de l’avant-bras.
Enfin la totalisation du 5e doigt donne une dernière preuve,
avec plus de condensation qu’au 3e, à la fois de l’absence de dimor-
phisme sexuel (Fig. 8), que la contraction au millimètre ne montre
qu’à peine plus nettement qu’au demi-millimètre (Fig. 9 et 10),
et de l’homogénéité indiscutable de cette population ; à droite du
schéma qui en représente la variation viennent se grouper les
exemplaires Suisses, Grecs et Espagnols, ces derniers en dépas-
sant même très nettement la limite supérieure, tandis que le chiffre
absolument aberrant rapporté par Blasius pour le 5e doigt impos-
sible à placer sur les figures 9 et 10 du type 1, dû à la longueur
démesurée du métacarpien laisse plutôt supposer une erreur de
mensuration qu’une particularité - — - l’allongement du cinquième
doigt, — telle qu’aucun des Minioptères européens actuellement
connus ne correspondrait à ce trait' original ; il est hors de sens
qu’aucun des nombreux spécialistes ne l’ait pas observée, aussi
jusqu’à ce qu’un nombre suffisant important de topotypes de
Miniopterus schreibersi Natt. (in Kuhl) en ait permis de préciser
toutes ces dimensions, celles de la race baussencis qui sans lui être
identiques, ne s’en éloignent guère, caractérisent une race de cette
forme typique, isolée également, dans le même cadre typique des
sujets Suisses et Grecs (avant-bras de taille comparable, 3é et
5e doigts plus longs par rapport à la moyenne), au moins dans la
limite des chiffres actuellement connus ; tandis que les sujets
espagnols (avant-bras déjà relativement plus long, 3e et 5e doigt
dépassant les limites supérieures de la forme étudiée) se rap-
prochent plus de la sous-espèce M. s. italicus Dal Piaz, de laquelle,
ils constituent, toujours dans les mêmes conditions, une race locale
ibericus comme l’avait d’ailleurs supposé l’auteur de cette forme
dont, pour conclure, ces observations biométriques confirment
la validité en même temps que l’absence sur le territoire français.
1. 15'"6 + 4'" + 3"'l + = 63 mm. (cf. page 4, not* 1).
Sur une nouvelle espèce portugaise d’Açarien,
APPARTENANT AU GENRE THROMBELLA (ThR. LUSITANIGA N. SP.)
Par Marc André.
M. le Professeur A. de Barros Machado, de l’Université de
Porto, a recueilli le 11 avril 1942 dans la Serra de Monchique, pic
de Foia (concello de Monchique, district de Faro) un exemplaire
femelle d’un Thrombidiide appartenant au genre Thrombella Ber-
lese 1887. ; *
Fig. 1. — Thrombella lusitanica M. André. — Face dorsale, X 60.
' %
Ce genre est caractérisé par l’absence de crête métopique* ce qui
constitue une exception chez les Thrombidiidæ.
Le genre Thrombella n’est connu jusqu’ici que par cinq espèces :
deux européennes (T. glandulosa Berlese, 1887 et T. otiorum Ber-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944.
231 —
lese, 1902), une africaine (T. favosa Berlese [André], 1936), une
sud-américaine [T. nothroides Berlese, 1888) et une australienne
(T. warregensis St. Hirst, 1929).
L’individu trouvé par M. A. de B. Machado se distingue nette-
ment des formes jusqu’ici connues dans ce genre et constitue une
espèce nouvelle.
\ ~
Thrombella lusitanica n. sp.
L’animal a une longueur de 1450 ja et une largeur de 760 ja
La forme générale du corps (Fig 1) est rectangulaire, avec sail-
lies humérales peu marquées.
Fia. 2. — Thrombella lusitanica M. André. — Face ventrale, X 60.
Les pattes mesurent respectivement : I, 1100 ja \ II, 850 ja ;
III, 850 (a ; IV, 1080 ja.
Sur tout l’hystérosoma sont distribuées, symétriquement, des
aréoles ovales ou subquadrangulaires déprimées correspondant à
des masses glandulaires situées sous la cuticule. Sur la face dorsale,
qui est aplatie, ces dépressions sont au nombre de 16 : 6 sur chaque
côté et 4 médianes. Sur la face ventrale (Fig. 2) il y en a 10 : 4 mé-
— 232 —
dianes et 6 dans la région génito-anale ; enfin, de chaque côté, on
en trouve 5 latérales (Fig. 4).
Toutes ces aréoles ne possèdent pas, comme chez T. glandulosa
Berl., un pore en leur milieu ; celui-ci ne s’observe dorsalement
qu’au centre de neuf d’entre elles et ventralement sur les quatre
postérieures.
Dans chacune de cés aréoles on distingue une partie centrale et
une zone périphérique qui sont séparées par un espace annulaire
dépourvu de toute pilosité : la partie centrale est revêtue, chez la
plupart, de poils spiniformes peu nombreux, coniques, aigus, légè-
rement courbés et nus, supportés par un court tubercule ; la partie
périphérique est bordée de ces mêmes épines, assez serrées, insérées
sur un tubercule plus long. Les poils recouvrant le reste du corps
sont de même structure, sauf ceux qui bordent la partie antérieure
de l’hystérosoma et ceux des coxæ ; ces derniers portent, à leur
base, une couronne de soies et sont revêtus, sur toute leur longueur,
d’une fine pilosité.
Le propodos.oma (Fig. 3) porte sur ses bords latéraux et antérieur,
ainsi que dans la moitié antérieure de sa face dorsale, de nombreux
poils semblables à ceux qui garnissent l’hystérosoma et il se pro-
longe en avant par un naso court et glabre. Dans sa moitié posté-
rieure il présente en son milieu une aréa nue (sans poils) très large
et trapézoïdale, sur laquelle s’élèvent deux tubercules sensoriels
corniculiformes saillants, bien séparés l’un de l’autre, revêtus
d’un épiderme rugueux : ils ont chacun leur sommet creusé d’une
fossette d’où sort un poil pseudostigmatique très long et très grêle.
Chaque tubercule porte sur son bord externe deux courtes soies
trapues à pointe mousse, et en arrière on observe un groupe de
4 à 6 épines semblables à celles qui recouvrent les coxæ et le bord
antérieur de l’hystérosoma. Dans la partie postérieure on distingue
également une large aréa poreuse en forme de triangle à pointe
dirigée vers le bas.
Fig. 4. — Thrombelttt lusitanica M. André.
Pmd, palpe maxillaire droit (E, face externe ; I, face interne) ; Pi, tibia et tarse de
la lre paire de pattes ; H, hystcrosoma, vu de profil) d, côté dorsal ; v, côté ven-
tral ; Pin, patte ni ; Pi\, patte iv.
Les yeux, bien développés, au nombre de deux de chaque côté,
sont placés sur un tubercule court et trapu.
Les pattes sont robustes ; elles présentent des poils spiniformes
semblables à ceux qui recouvrent le reste du corps.
Aux pattes I, le tarse (Fig. 4, Pi) est assez gros, en forme de
massue : il a une longueur (300 p.) qui atteint près de deux fois et
demie sa largeur (125 p.).
— 234 —
Aux palpes maxillaires (Fig. 4, Pmd [I et JB]) les 2e et 3e articles
sont recouverts de soies pédonculées.
Sur sa face externe (E) le 4e article porte des soies lisses ordi-
naires ; à sa face interne il est revêtu de soies qui, sur son tiers
distal sont lisses, tandis que sur ses deux tiers proximaux elles sont
barbulées. Il possède en- outre, à la base de l’ongle terminal, yine
forte épine aiguë. Sur son bord dorsal, il est armé, d’un peigne
composé d’une dizaine d’épines.
Le 5e article constitue un long appendice lagéniforme, qui sur
toute sa face interne porte des soies barbulées, tandis que sur sa
face externe il montre dés soies lisses, bien développées mais peu
serrées.
Par ses aréoles déprimées au nombre de 16 sur la face dorsale
de l’hystérosoma, cette nouvelle espèce se montre très voisine
des T. glandulosa et warregensis : elle ,s’en distingue nettement
par le nombre de ces aréoles sur ses bords latéraux, par la pré-
sence de deux courtes soies (au lieu d’une) sur les bords des cor-
nicules pseudostigmatiques et la présence d’une aréa ponctuée
sur le propodosoma.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
*. •
235 —
Quelques mots sur la mue de Lithobius forficatus l.
(Myriapodes Chilopodes)
Par J.-M. Démangé.
Au cours d’une chasse effectuée en août 1943 aux environs de
Châteaudun, dans le parc du Prieuré des Récollets, nous avons
eu l’occasion d’observer un Lithiobius forficatus L. <$ en train de
muer. L’animal se trouvait caché sous un énorme bloc de pierre
situé en bordure d’une rangée d’arbres.
Les travaux sur la mue des Myriapodes sont peu nombreux.
Nous ne mentionnerons que les travaux les plus récents de
K,-W. Verhoeff (1905), G. Attems (1926), K.-L. Henriksen
(1932). D’après ces auteurs la première fente exuviale, chez les
Diplopodes comme chez les Chilopodes, se place derrière la tête et
non sur la tête et, chez les Chilopodes tout au moins, se situe entre
la capsule céphalique et le tergite forcipulaire. « Bei der Hautung
reisst das alte Exoskelett dorsal zwische'n Kopfplatte und Tergit
des Kieferfussegments und das Tier schlüpft aus diesem Loch
heraus » (Attems, 1926, p. 314).
Henriksen donne un dessin représentant un Lithobius (fig. 4)
et dont la fente exuviale est disposée de même et ne peut admettre
que les sillons céphaliques des Diplopodes peuvent constituer des
lignes de rupture exuviale. Or, nous avons constaté le contraire.
La fente d’exuviation que nous avons examinée se place sur Y avant
de la tête et suit les sinuosités du sillon frontal S F (fig. 3) un peu
en deçà des ocelles. Elle n’est point entre la tête et le tergite forci-
pulaire mais divise la capsule céphalique en 2 régions dont une,
celle en avant des yeux et qui porte les antennes rabattues, se place
face ventrale, l’autre postérieure restant dorsale.
Nous ne pouvons pas dire que nos prédécesseurs ont commis une
erreur d’observation; mais au contraire nous pensons que le phé-
nomène du rejet cuticulaire peut s’effectuer suivant des processus
variables grâce à des lignes de ruptures placées différemment.
Voici le détail de celui que nous avons observé :
Le corps de l’animal tout d’abord se détache de la chitine à
rejeter. Puis cette dernière se déchire en avant du corps de manière
à constituer une fente par où sortira l’animal. Pour cela, la chitine
se fend dorsalement en avant de la tête en suivant d’abord le sillon
frontal (SF fig. 3) puis se continue de chaque côté en arrière des
ocelles et rejoint les pleures (céphaliques, forcipulaires et des seg-
Bullelin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944.
16
236 —
ments pédifères). Ainsi, tout une partie de la tête reste en avant
de la fente en question (at fig. 3), alors que l’autre partie, en arrière
reste en rapport avec les tergites et sternites des segments du
corps (pt, fig. 3 et 1). ■
La partie antérieure, dès que l’animal sort, est rabattue vers
Fig. 1. — Lithobius forficalus L. en train de muer, face dorsale. En noir, tergites
et sternites de l’exuvie, en pointillé pleures et pattes; Fig. 2 : le même face ventrale,
exuvie en pointillé ; Fig. 3 : capsule céphalique de L. forficalus d’après Brolemann,
le trait épaissi représente la ligne de rupture qui suit le sillon frontal SF ; Fig. 4 :
Lithobius d’après Henriksen : il est à noter que ce dessin est fort schématisé et
non exempt de critiques. Abréviations : at : région antérieure de la tête, pt : région
postérieure de la tête, toutes deux séparées par lé sillon frontal S F.
l’avant et devient donc ventrale (at, fig. 2). On ne l’observe alors
qu’après avoir retourné l’animal. Cette partie supporte les antennes
rabattues le long du corps et comprend donc la partie frontale de
la capsule céphalique, le clypeus, les ocelles et se prolonge par les
pièces buccales, les forcipules, le coxosternum, les sternites et les
pattes.
L’animal, petit à petit, dégage sa tête, ses pièces buccales, ses
237
forcipules, ses pattes antérieures les unes après les autres et ses
antennes. Au fur et à mesure que ces organes se dégagent, la chi-
tine des pleures se déchire de plus en plus jusqu’à ce que l’animal
soit complètement sorti de sa gaine.
Le Lithobius est, à ce moment, entièrement blanc et possède déjà
aux pattes les épines caractéristiques car à l’intérieur se forme
une nouvelle épine identique à la première. Seules, les extrémités
des griffes forcipul aires, des mâchoires, le labre, les mandibules
sont colorés en jaune pâle. La chitine blanchâtre recouvrant le
coprs s’épaissit peu à peu au contact de l’air,' prend lentement une
teinte plus foncée. L’animal fraîchement mué est peu agile mais
bientôt devient de plus en plus actif.
Il faut donc admettre que l’exuviation chez les Chilopodes se
fait de plusieurs manières. La fente exuviale se place tantôt entre
la tête et le tergite forcipulaire, tantôt en avant de la capsule cépha-
lique en suivant le sillon frontal.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
' N .
Attems (G.). (1926). Myriopoda. Kukenthal-Krumbach : Handbuch der
Zoologie, IV.
Henriksen (K.-L.). (1932). The manner of moulting in Arlhropoda.
Notul. entom., Helsingfors, vol. II, Nos 3-4.
Verhoeff (K.-W.). (1905). Ueber die entwicklungsstufen der steinlaufer,
Lithobiiden und Beitrâge zur Kenntnis der Chilopoden. Zool. Jahrb.
suppl. Festschr. R. Mobius.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944.
16.
238 —
Sur un E pic aride français nouveau Gyge arcassonensis
N. SP., ET SUR LA DÉFINITION DU GENRE GYGE.
Par Jacques Carayon.
Le genre Gyge a été créé en 1858 par Cornalia et Panceri pour
un Bopyrien trouvé par eux dans la cavité branchiale d ’Upogebia
stellata (Montagu), et qu’ils nommèrent Gyge branchialis en même
temps qu’ils lui consacraient une étude détaillée.
Récolté d’abord dans les lagunes de Venise, cet Epicaride fut
rencontré ensuite en différents points de l’Adriatique, puis dans
la Méditerranée à Naples et à Marseille ; sur les côtes atlantiques
françaises à Arcachon 1 et à Concarneau 2 ; enfin Giard a signalé
en 1905 la récolte à Saint- Vaast la Hougue (Manche) d’un spécimen
de cette espèce 3.
En 1942. je recueillais à Arcachon, sur Upogebia stellata. deux
exemplaires adultes d’un Bopyrien semblable par bien des points à
Gyge branchialis, mais s’en distinguant nettement par ses pléopodes
présents chez le biramés et de forme particulière chez la $.
Bien que créant une importante différence entre les formes adultes,
ces caractères se retrouvent en partie chez des spécimens jeunes de
Gyge branchialis ; de plus je ne disposais pas d’un matériel de com-
paraison suffisant ; aussi n’ai -je fait que distinguer provisoirement
des exemplaires typiques ces spécimens, sous le nom de Gyge
branchialis Cornalia et Panceri var. nov. : arcassonensis Carayon
[1943].
Depuis, M. le Professeur Rémy m’a fort obligeamment communi-
qué les Bopyriens conservés dans la Collection de la Faculté de Nancy,
et étiquetés Gyge branchialis. Parmi ces exemplaires, les uns, pro-
venant de Naples, sont des G. branchialis incontestables, mais un
autre, récolté à Arcachon par L. Cuénot en septembre 1902,' est
identique aux spécimens que j’ai recueillis dans cette même localité ;
c’est une femelle incubante portant son mâle et plusieurs stades
cryptonisciens. L’étude comparée de ce matériel conduit sans aucun
doute à une attribution spécifique distincte pour les exemplaires de
1. Probablement par Viaixanes, dont la récolte déterminée par Giard a figuré
dans une liste, publiée dans le Bulletin de la Station zoologique d’ Arcachon en 1891,
p. 30, et établie par E. Durègne.
2. Par Jules Bonnier.
3. Récolte faite par André Malard, alors Directeur du Laboratoire de Tatihou
à Saint-Vaast la Hougue.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944.
Gyge provenant d’Arcachon, qui doivent donc prendre le nom de
Gyge arcassonensis.
Sans faire de cette espèce . nouvelle une longue description, il
suffira, je pense, d’insister sur les différences qui l’opposent à
G. branchialis et qui peuvent se ranger en deux catégories :
— Les unes résultent de la persitance, et même de l’exagération,
chez des exemplaires adultes de G. arcassonensis de caractères qui,
chez G. branchialis, existent seulement chez les formes jeunes et
disparaissent totalement à l’état adulte. Ce cont : chez les males
Fig. 1. — Gyge arcassonensis n. sp. ; à gaucfie, mâle adulte face ventrale à droite et en
haut, femelle jeune, face ventrale du pléon. A droite et en bas, femelle adulte,
face ventrale du pléon. ,
de G. arcassonensis la présence de 5 paires de pléopodes uniramés,
représentés par des appendices en « battants de cloches », bien déve-
loppés et dont les dimensions vont en décroissant de la première à
la cinquième paire [Fig. 1, à gauche). En outre, les $<$ des 2 exem-
plaires que j’ai récoltés à Arcachon présentent une fourche caudale
formée probablement par la persistance des uropodes, mais qui fait
défaut chez le $ de l’exemplaire recueilli par L. Cuénot.
Chez les femelles de G. arcassonensis, l’existence de pléopodes
bien développés, nettement biramés., formés de lames allongées et
pointues [Fig. 1, à droite]. Ce caractère existe bien chez les très
jeunes femelles de G. branchialis [Voir Cornalia et Panceri, 1858,
— 240
tabl. I, figs 24 et 25], mais disparaît chez les femelles adultes où les
pléopodes sont réduits à une lame arrondie de forme très parti-
culière [Voir J. Bonnier, 1900, pl. XXXIV, figs 2, 7, £$]. Les mêmes
faits se retrouvent pour les uropodes, nettement biramés chez
G. arcassonensis avec une rame ventrale généralement plus déve-
loppée que la rame dorsale. -
— Les autres correspondent à l’existence de caractères tout à
fait particuliers à G. arcassonensis et ne se retrouvant à aucun stade
chez G. branchialis. Les, plus importants sont ceux tirés de la forme
des oostégites de la première paire. Ces pièces, qui présentent sou-
vent chez les Epicarides de bons caractères spécifiques, sont formées
de deux parties à peu près égales séparées, du côté externe, par un
sillon profond [s, fig. 2 A et B] ; l’une, antérieure, est une sorte de
poche plus gonflée vers l’arrière où elle forme une saillie, la crête
externe [c, fig. 2 B] le long du sillon ; l’autre, postérieure, est aplatie
Fie. 2. — A. Gyge branchialis, ^face externe du 1er oostégite droit.
B, Gyge arcassonensis, face externe du 1er oostégite droit.
en une lame présentant à l’arrière .un processus plus ou moins
accusé. Ce processus, chez G. branchialis } e st particulièrement long,
nettement détaché du reste de l’oostégite et son extrémité, arrondie,
tend à se recourber; il est plus court, plus tronqué et se rattache
à la région postérieure de l’oostégite par une base plus large chez
G. arcassonensis. Mais surtout, tandis que la crête externe présente
chez G. branchialis une lame très caractéristique [/, fig. 2 A] qui se
rabat postérieurement sur le sillon qu’elle masque complètement,
cette même crête, chez G. arcassonensis est dépourvue de lame mais
se trouve couverte de gros tubercules spinuleux [c, fig. 2 B] ; le
sillon demeure dans ce cas nettement visible. De plus, le bord antér
rieur de l’oostégite, muni de prolongements piliformes chez G. arcas-
sonensis, en est dépourvu chez G. branchialis. Enfin, la crête que
présente ce même oostégite du côté interne porte des digitations
renflées à l’extrémité chez G. arcassonensis tandis qu’elle présente
de simples tubercules chez G. branchialis.
— 241
Des différences moins importantes portent sur les maxillipèdes
dont le bord antérieur, uni chez G. branchialis, est pourvu d’un
processus .palpiforme et de quelques soies 'chez G. arcassonensis, et
sur la forme lancéolée toute particulière des pléopodes du côté droit
chez la Ç jeune de G, arcassonensis.
Quant aux mâles de cette même espèce, outre la présence de pléo-
podes développés, ils se distinguent de ceux de G. branchialis par
de légères différences dans la forme générale du corp§ ; les segments
du pléon sont plus larges tandis que la tête beaucoup plus courte a
un aspect « aplatie ». Enfin les carènes médianes des sternites thora-
ciques sont moins saillantes chez G. arcassonensis que chez G. bran-
chialis1.
• Je résume ci-après les principaùx caractères distinctifs entre ces
deux espèces de Gyge
>7 '
Gyge branchialis. | Gyge arcassonensis.
?
Pléopodes nettement biramés, en
lames allongées, pointues à l’apex
et de forme lancéolée, chez les
jeunes.
Uropodes biramés, à rame dorsale
plus ou moins réduite.
Oostégites de la lre paire avec :
crête externe couverte de tuber-
cules spinuleux ; sillon découvert,
crête interne pourvue de digita-
tions.
bord antérieur avec prolongements
piliformes ;
processus postérieur à base élargie,
et de forme tronquée.
S s
Pléopodes absents ou rudimentaires 5 paires de pléopodes développés,
* uniramés.
Uropodes absents. Uropodes parfois développés for-
mant une fourche caudale.
Tête à contour semi-circulaire. Tête aplatie, beaucoup moins lon-
gue que large.
Les autres caractères sont sensiblement identiques chez ces deux
1. La figure et la description donnée par J. Bonnier, 1900, (p. 355 et pl. XXXIV,
fig. 10 et 11) du <£ de G. branchialis , moins exacte sur ce point que la figure due à
Cornalia et Panceri, 1858, tab. II, fig. 2, indiquent l’existence sur ces sternites de
« tubercules sphériques », alors qu’il s’agit en réalité d’une carène dont la crête s’élève,
au niveau dé certains segments, pour former une saillie plus ou moins prononcée.
?
Pléopodes réduits à une lame ar-
rondie.
Uropodes uniramés.
Oostégites de la lre paire avec :
crête externe avec une lame recou-
vrant le sillon ;
crête interne pourvue de tuber-
cules.
bord antérieur uni ;
processus postérieur allongé, à ex-
trémité arrondie et recourbée.
— 242 —
espèces de Gyge. En particulier, il y a dans l’une comme dans l’autre
un remarquable changement du pléon, qui allongé et subtriangulaire
chez les^ÇÇ jeunes s’arrondit et se raccourcit considérablement chez
les adultes.
Le nombre des articles des antennes [3 pour a1} 4a pour a chez la Ç
3 pour ax et 5 pour a8 chez le <£\ semble constant et le même dans
les deux espèces.
Le <$ occupe généralement^aussi la même position sur la face
ventrale du pléon de la Ç et l’axe de son corps perpendiculaire à
celui de celle-ci.
Mais un caractère biologique, qui semble particulier à Gyge
arcassonensis et dont il faut souligner l’intérêt est l’abondance
exceptionnelle des larves cryptonisciennes ou plus évoluées, fixées
sur les exemplaires récoltés aussi bien par L. Cuénot que par moi-
même. Ces larves se trouvent accrochées en différents points de la Ç,
sur la face dorsale ou bien dans la cavité incubatrice parfois jusque
sous les maxillipèdes. L’une des ÇÇ que j’ai récoltées en portait 15,
dont beaucoup en voie d’évolution vers le stade mâle. Les tailles de
ces larves, s’échelonnant de 0,75 mm. à 1,02 mm. sont toujours loin
d’atteindre celle du mâle [long de 2,75, 2,86, 3,48 mm. dans les
3 exemplaires étudiés] et dont la présence semble inhiber le déve-
loppement de toute larve cryptoniscienne susceptible de donner un
second mâle.
Les stades cryptonisciens proprement dits ont une longueur de
0,75 à 0,80 mm. pour une largeur maxima de 0,23 mm. Leurs carac-
tères sont ceux des cryptonisciens de Bopyridae , qui sont assez uni-
formes. Il n’y a à signaler comme particulière que la présence sur
l’exopodite des uropodes d’une seule soie très longue, dépassant d’un
tiers environ la longueur de l’uropode lui-même, et qui est entourée
à sa base d’une couronne de soies beaucoup plus courtes. Dans les
antennes, de 8 articles, le flagellum formé par les 4 articles terminaux
est égal en longueur à l’ensemble des 4 premiers articles.
Gyge arcassonensis une fois distinguée de Gyge branchialis, il
était intéressant de rechercher la répartition géographique de ces
deux espèces. En particulier, un certain nombre d’exemplaires de
Gyge capturés sur les côtes françaises — au moins celles de l’Atlan-
tiqùe — et primitivement attribués à G. branchialis doivent corres-
pondre en réalité à G. arcassonensis. Malheureusement, à part l’exem-
plaire récolté à Arcachon par L. Cuénot qui s’est ajouté à mes
récoltes, je n’ai pu me procurer dans les diverses collections ou Labo-
ratoires aucun autre spécimen français de Gyge. Tous les exem-
plaires de la Collection Jules Bonnier, ceux de la Faculté de Nancy,
proviennent de Naples et sont — à une exception près 1 — des
' t ~ *
1. Dans un tube de la collection J. Bonnier, étiqueté « Gyge branchialis — Naples,
1888 », , il y avait, à côté de plusieurs exemplaires de G. branchialis, un spécimen de
— 243
branchialis typiques. Est également typique comme G. branchialis
un exemplaire qu’a bien voulu me communiquer R.-Ph. Dollfus,
qui l’avait récolté en août 1923 à Fedhala sur la côte atlantique du
Maroc. Cette capture est doublement intéressante d’ailleurs : d’abord
parce qu’elle a été faite au point le plus méridional où l’on ait jusqu’à
présent récolté Gyge branchialis ; ensuite, parce que ce Bopyride
n’a pas été trouvé sur son hôte habituel, mais sur Callianassa
laticauda Otto. Ceci viendrait confirmer une ancienne observation
de Fraisse [1878], contestée par Giard et Bonnier, et d’après
laquelle Gyge branchialis pouvait se trouver en certains endroits
du golfe de Naples, aussi bien sur des Callianasse que sur des Gébies.
Pour Gyge arcassonensis, le seul hôte connu jusqu’à présent est
YUpogebia stellata (Montagu) et l’on ne peut encore citer comme
localité certaine pour cette nouvelle espèce que le Bassin d’Arcachon.
Le genre Gyge ne comportait jusqu’ici que deux espèces : l’une
Gyge branchialis bien connue et fort commune sur les Gébies de
certains points de la Méditerranée [20 à 30 % des Gébies en sont
infestées à Naples d’après Tucker (1930)]. L’autre, Gyge galatheae
a été établie en 1868 par Bâte et Westwood pour un Bopyrien
trouvé par le Rev. A.-M. Norman dans la cavité branchiale d’une
Galathea squamifera Leach récoltée à l’île de Guernesey. Cette
espèce, ne différant semble-t-il de G. branchialis que par la forme
du dont les segments du pléon sont très élargis par rapport à ceux
du thorax, n’a jamais été revue depuis ; elle ne peut servir en rien
à préciser la définition et les limites du genre Gyge. Tel n’est pas le
cas de Gyge arcassonensis , dont la connaissance conduit à changer
complètement — comme je l’ai déjà indiqué — la définition du
Genre. Cette définition, telle qu’elle a été donnée par Cornalia et
Panceri en 1858 [p. 111] pourrait, exception faite de l’habitat sur
les Gébies, s’appliquer à bon nombre de genres de Bopyriens actuel-
lement connus. Jules Bonnier en 1900 a précisé dans son impor-
tante étude de la famille des Bopyridae, au sujet de Gyge que « Ce
genre est caractérisé dans le sexe femelle adulte par l’absence totale
de lames pleurales au pléon et par des. pléopodes et des uropodes
réduits à une seule rame. » Or, le second de ces deux caractères
essentiels est inexact puisque, chez G. arcassonensis, qui appartient
incontestablement au même genr,e que G. branchialis, pléopodes
et uropodes sont nettement biramés chez les femelles incubantes.
D’ailleurs, à y regarder de près, il apparaît nettement que l’état
biramé des pléopodes, évident chez les femelles jeunes se manifeste
encore chez les adultes de l’espèce Gyge branchialis elle-même.
Chacun des pléopod’es se réduit bien, dans ce cas, à une lame arrondie
G. arcassonensis. II paraît cependant peu probable que ce dernier provienne de Naples,
et il est plus vraisemblable qu’il s’agit d’un exemplaire récolté sur les côtes françaises, et
mélangé avec des échantillons de Naples.
— 244 —
ï
unique en apparence mais formée de deux lobes situés de part et
d’autre de l’insertion de cette lame sur le segment abdominal et
correspondant l’un du côté interne l’autre du côté externe aux deux
rames également réduites du pléopode.
Quant au premier caractère « absence totale de lames pleurales »,
on le trouve chez plusieurs espèces du genre Pseudione Kossmann
[Pseudione du groupe a de Nierstrasz et Brender a Brendis]
dont les Gyge sont d’ailleurs très voisines par les autres caractères.
Une seule différence importante permet de séparer le genre Gyge
du genre Pseudione : c’est l’absence de scissures aux bords latéraux
des somites thoraciques chez les espèces de Gyge actuellement con-
nues, qui présentent des plaques coxales bien limitées et saillantes
aux quatre premiers segments thoraciques libres.
Laboratoire des Pêches et productions coloniales du Muséum.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
1868. Bâte et Westwood. British Sessile Eyed Crustacea, t. II, London.
1900. Bonnier (Jules). Contribution à l’Etude des Epicarides : les Bopy-
ridae. Trav. Station zool.Wimereux. Tome VIII.
1943. Càrayon (J.). Sur les Epicarides du Bassin d’Arcachon. 2e note»
Bull. Soc. Zool. France, t. LXVIII, n° 2, p. 46, 47.
1858 Cornalia et Panceri. Osservazioni sopra un nuovo généré di
Isopodo ( Gyge hranchialis) . Acad, reale. d. Sci. di. Torino,
2e série, t. XIX, pp. 85 à 118. Tav. I, IL
1927. Cuénot (Lucien). Sur la Faune du Bassin d’Arcachon. Bull. Station
biol. d’Arcachon, t. 24, 1927, p. 286.
1878. Fraisse. Die Gattung Cryptoniscus Muller. Arb. aus d. Zool. Zootom.
Institut in Wurzburg, Bd. IV.
1866. Heller (C. et P.). Carcinologische Beitrag z. Fauna der Adriat*
Meeres. Verhandl. Zool. Bot. Gesellsch. Wien, t. XXVI, p. 749.
1905. Giard (A.). Sur la limite septentrionale d’habitat de Gyge bran-
chialis C. et P. Feuilles jeunes Naturalistes, t. XXXVI, p. 12.
1923. Nierstrasz et Brender a Brandis. Die Isopoden der Siboga-
Expedition. IL Isopoda genuina. I. Epicaridea. Siboga Expeditie
XXXII b. (nouvelle définition du genre Pseudione, pp. 70 à 72).
1930. Tucker. Gyge branchialis. Efïects upon Ilote. Quarter. Journ.
micr. Soc. London, t. 74, pp. 1-118.
— 245 —
Essai d'interprétation d'unê forme curieuse de Flabellum
du Pliocène ancien de Dar bel Hamri (Maroc).
Par J. Roger.
Aux très abondants Mollusques de ce gisement 1 s’ajoutent quel-
ques espèces d’Hexacoralliaires solitaires2. L’ensemble ^de la faune
ainsi que l’aspect de la gangue indiquent un milieu passablement
profond et un fond vaseux. Parmi les Coraux se trouvent de nom-
breux exemplaires de Flabellum avicula (Michelotti) et d’une
forme très bizarre du même genre, dont l’interprétation fait l’objet
de la présente note.
Après la description détaillée des exemplaires se rapportant à
cette forme je montrerai qu’il s’agit probablement d’une déforma-
tion gérontique géante de Fl. avicula.
Description. — Récoltés à la base du gisement par Lecointre et
par Halbwachs, je trouve deux exemplaires complets, 5 plus ou
moins détériorés et d’assez nombreux fragments de ce Flabellum.
Le calice a un contour sensiblement circulaire, légèrement allongé
et échancré à l’une des extrémités du petit axe. Les dimensiosns sont :
51,5 mm sur 53 mm. pour l’un des exemplaires et 54 mm. sur 57
pour l’autre. La face inférieure présente exactement l’aspect d’un
Flabellum qui se serait étalé au point de souder ses deux bords
extrêmes, ce qui entraîne le reploiement de la moitié opposée du
calice dans une dépression triangulaire; plus ou mains développée
suivant les individus. La ligne de concrescence est parfois très
nette, l’orifice triangulaire est relativement grand et la surface du
disque reste plane sur presque toute son étendue, seuls les bords se
replient légèrement vers le haut (pl. I, fig. 2), Dans ce cas le squelette
est relativement minee. Chez d’autres les bords sont beaucoup plus
complètement concrescents, l’orifice triangulaire est étroit, le
squelette est épaissi, pesant et les bords du disque se replient forte-
ment vers le haut presque à angle droit (pl. I, fig. 1). A la surface
dm disque, qui n’a donc pas exactement la même signification que
le calice des formes plates de Madréporaires ( Stephanotro.chus par
exemple), on observe l’ornementation des Flabellum (pl. I, fig. 6, 8 ;
pl. II, fig. 4, 6, 7), c’est -à-dire des côtes et des festons de croissance.
Les premières sont peu saillantes et ne se voient bien que sur l’indi-
1. Lecointre et Roger. La faune de Dar bel Hamri (Maroc) est d’âge pliocène
ancien. Bull. Muséum, 2e s., XV, p. 359-364.
2. Roger. Les Polypiers du gisement pliocène ancien de Dar bel Hamri (Maroc).
Bull, du Muséum, 2e s., XVI, p. 477-481.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 4, 1944.
— 246 —
vidu jeune, par la suite elles sont remplacées par des plis en creux
correspondant aux cloisons des premiers cycles. Les premiers stades
montrent trois côtes sensiblement égales en général, chez les Fl.avicula
du même gisement il y a le plus souvent deux côtes dominantes. Les
sillons qui apparaissent en grand nombre ensuite (au moins une
trentaine) sont sensiblement égaux entre eux et vont s’approfondis-
sant par place, vers la fin de chaque stade de croissance. Un exem-
plaire montre des dépressions arrondies prenant l’aspect de malléoles
de grande taille. Les festons de croissance deviennent de plus en plus
marqués vers la périphérie du disqûe, où ils persistent à peu près seuls.
La face concave enfoncée dans L’orifice triangulaire n’a qu’une orne-
mentation très atténuée. Certains exemplaires montrent les traces
I II III IV
Fig. I. — Directions des trois branches de l’étoile suivant laquelle se rassemblent les
cloisons à la face supérieure. — I. Disposition normale. — II. Disposition légèrement
perturbée. — - III et IV. Exemplaires montrant de fortes perforations de Gaslro-
chaena (A). Remarquer la perturbation particulièrement forte en IV et les déviations
que subit le trajet de la branche médiane en contact avec le perforant.
d’Annélides commensales. Chez l’un d’eux (pl. I, fig. 1) on observe
le sillon, de section quasi-circulaire, courant parallèlement à la péri-
phérie du disque. Ainsi le Yer se trouvait sur la portion qui se relève
vers le haut et occupait donc une position à peu près normale. Un
autre exemplaire porte deux traces d’Annélide, parallèles et reliées
par une anastomose, situées tout au centre du disque et s’enfonçant
dans la dépression triangulaire. L’Annélide se trouvait ainsi entre le
disque et le substratum, position peu favorable, ce qui l’a conduite
à se déplacer. Ce serait là l’explication de l’existence de cette double
trace.
La face supérieure du disque est très importante à étudier (pl. II,
fig. 1-3). On y distingue immédiatement un système de septa rayon-
nants et un ensemble saillant de cloisons disposées suivant trois
branches simulant vaguement une columelle. Parfois on observe au
I
II
Fig. 2. — Quatre stades du développement, représentés schématiquement, vus par
l’ouverure du calice (en haut des dessins) et en coupe suivant le plan de symérie AA’
(en bas des dessins) :
I. Le polypier normal est couché sur une des faces du calice.
II. L’accélération de croissance en direction de A amène l’étalement de la face
correspondante et l’incurvation de la face opposée.
. III. Le processus s’accentue, le renversement de la face concave s’esquisse (ligne
en pointillé). >
IV. Le renversement et la concrescence deviennent complets. Les parties corres-.
pondant à chaque face du .calice primitif sont indiquées en trait plein pour la face
convexe, en trait discontinu pour la face concave. La columelle divisée en deux est
figurée en XX’. La pression s’exerçant en C’ combinée à la résistance suivant BA,
provoque un refoulement du calice suivant les bissectrices BD et BD’, qui donnent la
direction des branches latérales de l’étoile.
tV
— 248 —
point de rencontre des trois branches, au centre du Polype, un orifice
vaguement triangulaire, se rétrécissant en profondeur ,et disposé à
peu près parallèlement à celui de la face inférieure. L’une des bran-
ches correspond à l’échancrure du disque jusqu’à laquelle elle par-
vient. Donc elle concorde avec la ligne de concrescence. Les deux
autres branches n’atteignent pas les bords du disque. Les angles que
font entre elles ces branches sont quelque peu variables (fig. 1). Le
plus souvent les deux branches latérales s’écartent de 90°, tandis
qu’elles font avec la branche médiane un angle de 135° chacune. Un
autre exemplaire donne respectivement 95°, 125° et 140°. Gn observe
sur un bon nombre d’exemplaires des perforations dues à Gastro-
chaena dubia Pennant, dont un exemplaire a été trouvé en place,
influençant le tracé des branches. L’origine de la perforation se place
à droite de la branche médiane, dont le tracé devient ainsi sinueux.
Il semble donc bien que la perforation a eu lieu pendant la vie du
Madrépore, d’autant plus que les cloisons subissent un dérangement
sensible. Il n’y a pas lieu de s’étonner du peu d’ampleur de la réaction
du Flabellum, car la même chose s’observe, aussi bien pour les
fossiles que pour les actuels 1, en présence d’Annélides parasites ou
commensales. Chez un exemplaire une seconde perforation par
Gastrochaena s’observe sur la branche latérale de droite, très près
du centre. Dans ce cas les angles semblent avoir subi des perturba-
tions que l’état fragmentaire des échantillons ne permet pas de
mesurer.
1. Les exemplaires de Flabellum avicula, forme normale, du gisement montrent
aussi des traces d’Annélides (voir pl. I, fig. 5 ; pl. IJ, fig. 5). Voir également L. Fage,
1937, sur l’association d’une Annélide Polychète Lumbriconereis flabellicola n. sp.
et d’un Madrépore Flabellum pavoninum distinctum E. et H. Congr. lntern. Zool.
XII, I.isboa, p. 941-945, 2 fig.
> PLANCHE I
Fig. 1. — Flabellum avicula, forme gérontique, vu par la face inférieure du calice.
La trace d’une Annélide parasite s’observe nettement.
Fif. 2. — Autre exemplaire montrant clairement la forme typique des premiers stades
de croissance et l’ornementation caractéristique.
Fig. 3. — Fragment do la même forme où on observe la superposition des deux sys-
tèmes de cloisons.
Fig. 4. — Fragment d’un Flabellum avicula, forme normale, qui à la suite du trauma-
tisme du jeune s’est divisé en deux, l’une des divisions est conservée (à droite sur la
figure) et porte même une perforation de Gastrochaena, l’autre (à gauche sur la
figure) est brisée. v
Fig. 5. — Calice d’une forme normale montrant une trace d’Annélide, qui par place
a attaqué toute l’épaisseur de la paroi.
Fig. 6. — Forme normale dont l’ornementation est à comparer à celle de la fig. 2.
Fig. 7. — Système cloisonnaire de Fl. avicula, forme -normale.
Fig. 8. — Forme normale de Fl. avicula montrant l’étalement des premiers stades
du développement.
Toutes les figures sont grandeur naturelle.
— 249 —
La disposition géométrique de cette face supérieure., qui traduit
évidemment une disposition identique des parties molles, se com-
prend aisément en supposant le reploiement progressif d’une des
moitiés du calice d’un Flabellum normal, qui en même temps s’étale.
Une série de schémas (fig. 2) représentant le Madrépore vu en plan,
du côté de l’ouverture et des coupes passant par ce qui étaif le petit
axe du calice (plan de symétrie .du disque adulte), montre clairement
que la croissance de l’animal est perturbée, elle devient très rapide,
pour l’une des moitiés du calice, ce qui engendre la forme concave et
le renversement de la face opposée. C’est le même processus qui
engendre la branche médiane de l’étoile où se trouvent rassemblées
à peu près toutes les cloisons de la face concave. Ce refoulement
Fîg. 3. — Schéma montrant les cloisons (D) d’une des branches latérales de l’étoile
rabattues sur les cloisons normales (B)'. En C on voit l’une de ces cloisons prendre de
la hauteur en dehors de la branche en question. En A la paroi du disque montrant
l’épithèque.
détermine dans la ligne qui le prolonge' et qui correspond précisé-
ment à la direction de croissance maxima, un axe de résistance (AB)
autour duquel le fond du Polypier reste plan. Au contraire suivant
une direction à 90° par rapport à AB se produit une pression, résul-
tant du raccourcissement qui apparaît très nettement si on porte
sur le schéma le contour d’un Flabellum normal. Résistance sui-
vant AB, pression suivant CB, donnent une résultante provoquant
un refoulement suivant les bissectrices BD et BD’. C’est-à-dire
qu’entre BD et BD’ nous avons un angle de 90° et respectivement
entre ces deux directions et AB un angle de 135°.
Remarquons pour terminer, que le contour du Flabellum discoïde
donnerait, en le supposant déplié un calice normal de 10 cm. au
moins de grand axe, alors que les Flabellum avicula du même gise-
ment n’atteignent que 4 cm. au plus. Gravier 1 signale chez Caryo-
phyllia clavus (Scacchi) un accroissement considérable de taille
quand il se trouve libéré de son support. Il note en même temps que
1. Gravier. Madréporaires provenant des campagnes des yachts Princesse- Alice
et Hirondelle II, Résultats campagnes scientifiques du Prince de Monaco, fac. LV, 1920.
— 250
les individus d’un même dragage présentent de grosses différences
imputables à de petites perturbations au cours du développement.
Ces observations sont à rapprocher de celles que nous venons de faire.
Analysons maintenant le système cloisonnaire. Il comprend deux
parties : 1° celui de la région plane du disque ; 2° celui des branches
de l’étoile. Les septa de la partie plane paraissent très nombreux,
étant très minces, ils se brisent facilement, ce qui rend les différents
cycles difficiles à discerner. On compte de 45 à 49 cloisons principales
et encore deux cycles de petites cloisons intercalaires, ce qui donne
un total de 7 cycles car ce disque ne correspond qu’à un peu plus de
la moitié d’un calice normal, ainsi que le montrent les deux moitiés
de la columelle que l’on peut observer de chaque côté de la branche
médiane de l’étoile (pl. II, fig. 3). Les cloisons réunies suivant cette
branche représentent celles de la face concave, à la partie inférieure
elles prennent une direction sensiblement horizontale. Les cloisons
des deux autres branches correspondent au refoulement et au ren-
versement des cloisons du calice primitif. Un exemplaire brisé
(fig. 3) montre clairement ces septa des branches latérales venant
s’appuyer. sur les cloisons primitives, qui au-delà reprennent de la
hauteur et donnent les cloisons de la partie plane du disque. Notons
pour terminer que sur les faces des septa on observe les pustules
fines plus ou moins bien alignées, exactement comparables à celles
de Fl. avicula.
Interprétation. ■ — Il apparaît donc indiscutable que ce Madrépore
curieux réalise son développement individuel à partir d’une forme
normale de Flabellum. Je considère même qu’il n’est que le repré-
sentant de Flabellum avicula ayant subi des avatars au cours de
leur croissance. Il s’agirait d’une forme gérontique, atteignant une
PLANCHE II
Fig. 1. Face supérieure de Fl. avicula, forme gérontique, même exemplaire que
pl. I.fig.l.
Fig. 2. — Le même exemplaire vu latéralement pour montrer le redressement des bords
du calice vers le haut, et les deux systèmes superposés de septa. Certaines cloisons
montrent la fine ornementation granuleuse.
Fig. 3. — Forme gérontique vue par sa face supérieure de 3/4 et montrant une des
moitiés de la columelle à la limite des deux systèmes de septa.
Fig. 4. — Forme normale à calice, passablement large et fortement orné.
Fig. 5. — Forme normale dont la columelle est bien visible et portant une profonde
trace d’Annélide.
Fig. 6. — Exemplaire de la forme normale où on observe le passage brusque d’une
ornementation vigoureuse chez le jeune à une ornementation atténuée chez l’adulte.
Fig. 7. — Exemplaire de la forme normale déformé à la suite d’un traumatisme chez
le jeune.
Toutes les figures sont grandeur naturelle.
— 251
taille anormale et déformée. Cette interprétation est basée en pre-
mier lieu sur les ressemblances morphologiques que j’ai soulignées
au cours de la description. Elle se fonde en outre sur des observations
dans la nature' actuelle : grande plasticité des Hexacoralliaires soli-
taires, spécificité de l’association de .F labellum pavoninum distinction
E. et H: et Lumbriconereis flabellicola Fage 1. Enfin des arguments
paléontologiques sont à retenir. Le processus d’étalement n’est pas
exceptionnel chez les Flabellum, il apparaît avec une ampleur crois-
1. Voir note infrapaginale 1, p. 248.
— 252 —
ïr
santé chez les espèces suivantes (fig. 4) : Fl. extensum Michelin 1 2,
Fl. manzoni Simonelli a, Fl. circulare Tenison-Wqods 3. Le pro
cessus de reploiement d’une des faces du calice existe également chez
-les Flabellum, en effet Fl. vaticani Ponzi 4, du Miocène et du Pliocène,
de divers gisements italiens et du Miocène du Golfe San Jorge
(Patagonie), indique nettement cette tendance, (fig. 5). Outre sa
grande taille cette forme présente une face concave et des cloisons,
qui vers les deux bords en voie de reploiement, prennent une
direction horizontale, tous caractères qui s’exagèrent chez nos
exemplaires.
Les Flabellum du groupe avicula étaient fixés par un court pédon-
cule pendant toute leur vie. La forme en question dans cette note
reposait à l’état adulte sur le fond vaseux du gisement. Ce passage
plus ou moins précoce à l’état libre aurait déclenché le processus de
croissance exagérée et différentielle qui provoque le reploiement
d’une des faces du calice.
Cette façon de considérer l’aspect bizarre de notre Flabellum ,
comme un simple accomodat de Fl. avicula peut donner lieu à cri-
tique. Notons cpmme arguments contraires : sa grande taille — le
système de septa un peu plus complexe (7 cycles au lieu de 6)
(pl. I, fig. 7), — l’absence d’individus intermédiaires dans le gisement
et de cas identiques dans la nature actuelle. Les deux premiers
caractères s’expliquent par la libération précoce de l’animal de son
support (voir p. 249) et le gigantisme qui en résulte. Au sujet du
troisième caractère remarquons que le gisement ne donne pas de
jeunes de Fl. avicula normal. S’il s’agit d’un mécanisme individuel,
à quel stade s’est-il déclenché ? Le moment du développement auquel
le Madrépore s’est trouvé libéré de son substratum doit être variable
suivant les individus, mais de toute façon il ne semble pas avoir été
très précoce. En effet l’aspect typique du Flabellum s’observe
sur une distance d’une douzaine de millimètres environ avec dispo-
sition normale des cloisons. On peut aussi se demander quelle est ou
quelles sont les causes des modifications observées. Le jeune Polypier
est couché sur le côté, voilà la cause déterminante. Le processus que
nous avons décrit ramène la bouche vers le haut, ce qui est sa posi-
tion normale, il est aisé de comprendre que la forme comprimée du
Flabellum est un obstacle à la réalisation du redressement par le
procédé habituel de courbure en corne d’abondance. On peut aussi
penser que les perforations par Gastrochaena ont favorisé la mise en
œuvre du processus.
1. 1841. Iconogr. zoophvt., p. 46, pl. IX, fig. 14.
2. 1896. Pal. Italica, II) p. 192, pl. XXIII, fig. 17.
3. 1880. Palaeontologv New Zealand, IV, p. 12, fig. 7 et frontispice.
4. 1876. I fossili del M. Vaticano, p. 28, pl. III, fig. 16.
— 253 —
Résumé et conclusion. ■ — Des Flabellum avicula ne trouvant pas
un substratum suffisamment ferme sur le fond vaseux tombent
couchés sur le côté. L’intervention de Gastrochaena aidant, pour
certains au moins, l’animal tend à reprendre sa position verticale.
Fig. 5. — • Reploiement d’une moitié du calice dans le genre Flabellum (Fl. vcilicani ■
Ponzi). En A calice vu par sa face normale, en B vu par sa face concave. Remarquer
la direction horizontale prise par les cloisons en C.
La croissance différentielle rapide du bord inférieur du calice amorce
le processus d’expansion latérale et de renversement du bord supé-
rieur du calice. Il en résulte toutes les modifications que j’ai décrites.
Tout cela étant décrit comme mécanisme actuel peut-il devenir
processus héréditaire ? Manque de matériaux fossiles de régions
différentes, manque d’observations dans la nature actuelle, il serait
imprudent de répondre catégoriquement. Il est cependant curieux de
254 —
voir réalisé en des points éloignés, pendant le Miocène et le Pliocène
des formes de Flabellum étalées (Fl. circulare par ex.) ou à face con-
cave (Fl. vaticani). Ces caractères se trouvent donc dans les « possi-
bilités » du genre Flabellum. La question se pose de savoir si ce qui
me paraît être réaction individuelle peut devenir caractère hérédi-
taire.
De toute façon il me semble que la recherche (Je l’explication
d’une forme étonnante est plus fructueuse que sa description immé-
diate comme espèce ou même genre nouveaux. Je laisserai donc à
d’autres le soin de la nommer s’ils le jugent utile.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
Le Gérant : Marc André.
».
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 15-1-1945
\
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 203
M. Fontaine. La Chaire de Physiologie générale du Muséum national d’His-
toire naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 8 mai 1944) 204
Communications :
P. Laurent. Observations biométriques sur le Minioptère de Schrcibers 223
M. André. Sur une nouvelle espèce portugaise d’Acarien appartenant au genre
Thrombella (Thr. lusitanica n. sp.) 230
J.-M. Démangé. Quelques mots sur la mue de Lilhobius forficatus L. (Myria-
podes Chilopodes) 235
J. Carayon. Sur un Epicaride français nouveau : Gyge arcassonensis n. sp.,
et sur la définition du genre Gyge 238
J. Roger. Essai d’interprétation d’une forme curiéuse de Flabellum du Plio-
cène de Dar bel Hamri (Maroc) s 245
9
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Muséum national d’Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, 80 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systernalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr..
Etranger, 70 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d 'Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ;
abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.).
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur M. N., Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr.,
Étranger, 80 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeur^ MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençoh, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger,
80 et 100 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
BULLETIN
DU
MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome XVI
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 5. — Juillet- Août-Septémbre 1944
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
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d 'Histoire naturelle.
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BULLETIN
DU ,
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1944., — N° 5.
344e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
28 SEPTEMBRE 1944
PRÉSIDENCE DE M. Ed. BOURDELLE
ASSESSEUR DU DIRECTEUR
ACTES ADMINISTRATIFS
M. Léon Bertin a été nommé, à dater du 1er août 1944, Professeur au
Muséum national d’Histoire naturelle (Chaire de Zoologie des Reptiles
et Poissons). (Arrêté ministériel du 18 septembre 1944).
M. Ch. Boursin, Assistant à la Chaire d’Entomologie du Muséum, a été
suspendu de ses fonctions. (Arrêté ministériel du 5 septembre 1944).
M. le Président a le regret de faire part du décès du Dr J. Peleegrin,
Professeur honoraire au Muséum, survenu le 13 août 1944.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
17
— 256 —
DÉCRET
Portant attribution de la Médaille de la Résistance Française.
Le Comité Français de la Libération Nationale,
Sur la proposition du Commissaire à l’Intérieur,
Vu l’ordonnance du 7 janvier 1944, relative à l'attribution de la Médaille
de la Résistance Française,
Vu l’avis favorable de la Commission pour l’attribution de la Médaille
de la Résistance Française du 21 mars 1944,
Décrète :
Article Ier. ■ — La Médaille de la Résistance Française est décer-
née au :
Professeur Paul Rivet
pour le motif suiyant : \
Dès l’occupation de Paris par les Allemands, a fondé un des premiers
organes clandestins de la Résistance Française. A pris part personnelle-
ment aux premières activités gaullistes et anti-nazies. A dû quitter Paris
en 1941, poursuivi par la Gestapo.
S'est consacré depuis lors, avec une activité inlassable à développer
en Amérique latine, où il jouit d’un grand prestige, l’influence et le rayon-
nement de la France.
Article 2. — Le Commissaire à l’Intérieur est chargé de l’exécu-
tion du présent décret qui sera enregistré et communiqué partout
où besoin sera.
Alger, le 6 avril 1944
Signé : C. de Gaulle.
Par le Président du C. F. L. N.
Le Commissaire à V Intérieur p. i.
Signé : F. de Menthon. Pour ampliation :
Pour copie conforme . Alger, le 8 avril 1944.
Signé : Jacques Soustelle. Signé ; Marion.
- 257 —
Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur
J. Pelle grin, Paris 17 aout'wu.
Par M. le Professeur Ach. Urbain,
Directeur du Muséum.
Madame,
Mesdames, Messieurs.
J’ai à accomplir aujourd’hui une hien douloureuse mission, celle
d’accompagner à sa dernière demeure et de dire un suprême adieu
à un des membres les plus anciens du Muséum, au Professeur Jacques
Pellegrin qui, pendant plus de 45 ans, a appartenu à notre Éta-
tablissement. Malade depuis un certain temps, se sachant gravement
atteint, il a tenu à fréquenter jusqu’au dernier moment son labo-
ratoire auquel il était profondément attaché.
Le Professeur Jacques Pellegrin est né à Paris, le 12 juin 1873 ;
après de solides études secondaires, il entra au Muséum en 1897,
comme Assistant à la Chaire de Zoologie (Reptiles et Poissons)
où il devait poursuivre toute sa carrière. Licencié ès-Sciences natu-
relles en 1894, Docteur en médecine en 1899, Docteur ès-Sciences
en 1904, M. Pellegrin fut sous-Directeur de Laboratoire en 1908
et Professeur au Muséum en 1937. Atteint par la limite d’âge en
1943, il devint la même année Professeur honoraire de notre Eta-
blissement.
Sauf pendant 4 ans et demi de guerre 1914-1918 où, comme
médecin-major, il a été tenu éloigné de Paris, son activité scienti-
fique au cours d’une carrière parfaitement homogène s’est pour-
suivie sans arrêt.
Ses publications ont porté avant tout sur l’objectif de la Chaire,
sur la Zoologie des Reptiles, Batraciens et Poissions comprise dans
le senç le plus large, c’est-à-dire aussi bien du point de vue théo-
rique de la description des espèces nouvelles, de leur anatomie, de
leur biologie ou de leurs mœurs que des applications pratiques
comme leur rôle dans l’alimentation ou la pisciculture.
Il s’est occupé à la fois de nos poissons indigènes métropolitains,
et des formes exotiques, principalement de nos colonies, surtout
d’Afrique, et l’on doit rappeler que c’est lui, le premier, qui a fait
connaître les poissons du lac Tchad. Le nombre des formes nou-
velles de Reptiles et Poissons de toutes les régions du globe décrites
par le Professeur Pellegrin jusqu’à sa mort s’élève à 346 espèces
et 85 variétés.
Le total de ses publications de 1898 au début de 1943 atteint,
pour une période de. 45 ans, 606, dont 46 se rapportant aux Rep-
j Bulletin du Muséum, ,2e série, t. XVI, n° 5, 1944,
tiles et Batraciens, 478 aux Poissons. Sur ce nombre, 31 sont des
volumes parus en librairie, des ouvrages d’ensemble ou des mémoires
importants.
De plus, depuis 1905, il dirigeait le Bulletin de la Société d’ Agri-
culture, véritable encyclopédie piscicole où il a publié quantité de
notes et d’articles et où ont paru des travaux de grande valeur,
comme par exemple, en 1912, celui de J. Schmidt sur la repro-
duction de l’Anguille.
Depuis 1911, il a fait des cours et conférences, au Muséum, sur
lès Poissons de nos possessions d’Outre-Mer, sur les formes exo-
tiques ornementales dont il a été l’un des premiers en France à
préconiser l’introduction, sur nos poissons marins ou d’eau douce
indigènes ou acclimatés.
Durant ces deux dernières décades, il a été chargé presque chaque
année par le Ministère de l’Agriculture, celui de l’Éducation Natio-
nale ou le Muséum, de missions zoologiques à l’étranger en vue d’y
étudier les poissons, leur pêche et l’aquiculture. Cela' lui permit de
visiter la plupart des pays européens et l’Afrique du Nord et d’en
rapporter nombre de documents utiles ou intéressants.
Les savants de tous pays, comme témoignage d’estime, ont tenu
à donner son nom à plus de trente espèces zoologiques et les Aca-
démies et sqciétés savantes de France et de l’Étranger lui ont, à
de nombreuses reprises, prodigué leurs encouragements. En effet,
M. Pellegrin a été plusieurs fois lauréat de l’Académie des
Sciences, il avait aussi reçu des récompenses de l’Académie de
Médecine, de l’Académie d’Agriculture et de la Société de Géogra-
phie. Il était Membre de l’Académie des Sciences coloniales et de
l’Académie d’Agriculture. Il était chevalier de la Légion d’hon-
neur depuis 1920.
Sa bonhomie, sa grande aménité, lui ont valu de nombreux
amis et des relations durables, notamment parmi les fonctionnaires
coloniaux, principalement les médecins et vétérinaires qu’il aimait
recevoir dans son laboratoire. C’est grâce à ses relations que la
Chaire des Reptiles et Poissons du Muséum a vu affluer, pour déter-
minations, de nombreuses collections ichthyologiques venues des
colonies françaises et principalement celles d’Afrique. Pellegrin
était devenu, en effet, le spécialiste des poissons d’eau douce
d’Afrique.
C’est un excellent collègue qui disparaît et dont personnellement,
depuis plus de 15 ans, j’avais pu apprécier la solidité d’une amitié
sûre.
Madame, permettez-moi de vous dire quelle part je prends à
votre douleur et de vous adresser, ainsi qu’à votre famille, en mon
nom, au nom du Muséum, l’expression de nos condoléances les plus
émues.
Paris } 17 août 1944.
Allocution prononcée par M. le Directeur du Muséum
EN OUVRANT LA SÉANCE DE L'ASSEMBLÉE DE MM. LES PRO-
FESSEURS du Muséum, le 21 septembre 1944.
Mes Chers Collègues,
Depuis notre dernière séance, les événements se sont précipités.
Après avoir vécu les jours de l’insurrection totale contre l’ennemi,
à laquelle un certain nombre de membres de notre personnel a pris
une part active, Paris a eu la joie de la libération si ardemment
attendue par tous. Ici, au Muséum, cette joie a été complétée par
le stationnement, dans notre vieux Jardin, d’une unité de la Divi-
sion Leclerc. Il est vrai que nous avons eu, en contre-partie, le
bombardement du 26 août qui aurait pu être très grave et qui ne
s’est traduit, heureusement que par des dégâts matériels en voie
de réparation.
L’oppression que nous avons subie pendant plus de 4 ans est
donc terminée et notre vieil établissement s’en tire, sauf imprévus,
à bon compte : nos collections mortes ou vivantes sont intactes,
certaines même sont en voie d’accroissement ; le personnel, surtout
parmi les jeunes, prudemment camouflé dans des spécialisations
le plus souvent virtuelles, n’a pas été touché par la déportation ;
les Jardins, les Ménageries, le Zoo, le Musée de l’Homme, sont
restés actifs, leur présentation semblable à celle de 1939 a même
été améliorée. Les statues de notre Jardin ont pu être sauvegardées
grâce à une inertie voulue et les cinq qui avaient été enlevées en
juillet dernier vont nous être rendues. L’une d’elle avait été d’ail-
leurs dissimulée dans l’établissement.
D’autre part, l’œuvre scientifique du Muséum s’est poursuivie
avec la même activité' qu’avant la guerre, ainsi qu’en font foi le
Bulletin et les Mémoires, sans compter les ouvrages publiés par
certains d’entre vous.
L’œuvre ainsi accomplie l’a été par tous, dans une mutuelle
confiance ; il ne reste plus maintenant qu’à la continuer par le
travail, par la recherche et une organisation nouvelle dont vous
devez tous être les artisans. -
Voici donc résumé, mes chers Collègues, le bilan rapidement
exposé de cinq ans de guerre ; je ne voudrais pas le terminer sans
adresser, en votre nom, un souvenir ému à la mémoire de nos col-
lègues disparus, ainsi qu’une pensée fidèle et amicale à ceux qui
furent injustement déchus de leur fonction, à nos déportés et à
nos prisonniers en émettant l’espoir de les voir revenir parmi nous
le plus rapidement possible.
Professeur A. Urbain,
Directeur du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
260 —
Leçon inaugurale du Cours d’Anatomie comparée
DU PROFESSEUR JACQUES M ILLOT.
Monsieur le Directeur,
Mes chers Maîtres,
Mes chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Je me présente devant vous en qualité de nouveau titulaire de
la chaire d’Anatomie comparée du Muséum d’ Histoire naturelle.
Je ressens, croyez-le, tout l’honneur, mais aussi tout le poids d’une
telle fonction. Occuper une chaire de l’importance de celle qui m’est
confiée impose de grands devoirs. Ils vont désormais dominer ma vie.
Une leçon inaugurale n’est pas une leçon comme les autres. Il
est permis d’y parler de soi, d’y entr’ ouvrir la porte de la vie inté-
rieure. Ce n’est pas à des disciples que je m’adresse aujourd’hui, mais
à des maîtres ou à des amis. Laissez-moi donc placer le prologue de
cette leçon sous le signe de la reconnaissance et de l’amitié.
Bien qu’aimant et fréqüentant le Muséum depuis plus de vingt ans,
je n’y arrive pas par une voie directe. Zoologiste d’élection dès mon
éveil à la vie consciente, j’étais cependant au sortir du lycée partagé
entre des tendances très diverses et fort incertain sur la carrière à
choisir. L’archéologie, l’histoire, les explorations géographiques,
la critique des œuvres d’art m’attiraient presque autant que l’étude
des animaux. Je fréquentai d’abord la Faculté de médecine à titre
de culture générale et sans aucune intention d’exercer dans l’avenir.
Puis survint la guerre de 1914. Au retour de celle-ci, je fus orienté
vers la recherche sciehtifique par Auguste Prenant, dont les cours
supérieurs d’ Histologie me captivèrent. Ce fut sous la direction de ce
Maître éminent que j’appris les techniques indispensables et que
s’effectua l’essentiel de ma formation.
La disparition prématurée d’Auguste Prenant me dériva vers le
Collège de France. Je retrouvai dans le Laboratoire d’Histophysio-
logie du Professeur Justin Jolly, près d’un homme d’une rare
générosité de cœur, l’atmosphère de haute tenue intellectuelle et
morale sans laquelle je ne conçois pas le travail scientifique. Mais je
n’avais au Collège de France aucune situation officielle. La mise
à la retraite de Rémy Perrier m’ouvrit la grande porte de la
Sorbonne. Sous les auspices de deux Maîtres auxquels je ne
témoignerai jamais assez de reconnaissance : Etienne Rabaud et
Octave Duboscq, je fus nommé Maître de conférences au P. C. B.
Rullelin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
/
— 261 —
J’ai passé 12 ans dans le bâtiment de la rue Cuvier, dominant de
ma fenêtre la plus belle partie du Jardin des Plantes, absorbé par
un enseignement assez lourd et par des recherches variées de bio-
logie, de systématique et surtout d’anatomie microscopique, stimulé
v par le contact quotidien de milliers d’étudiants enthousiastes dont
l’ardeur à apprendre renforçait mon ardeur à les instruire... Mais,
depuis longtemps, je souhaitais venir au Muséum, où m’attiraient
un passé exceptionnellement glorieux, une atmosphère de calme et
de recueillement idéalement favorable aux travaux de l’esprit ;
où, en outre, des sentiments personnels d’admiration, de reconnais-
sance ou d’affection me liaient à la plupart des membres de l’As-
semblée. La vacance de la chaire d’ Anatomie comparée, me permet-
tant de réaliser mon désir, a donné à mon activité scientifique, son
orientation définitive. :
Ces vingt années de périgrinations de laboratoire en laboratoire
ne m’ont pas paru trop longues, car elles ont été riches d’expérience
et jalonnées des plus précieuses amitiés. Mais je suis profondément
heureux de consacrer désormais mon activité au Muséum, de pouvoir
me dévouer à cet admirable établissement, d’avoir en perspective
de longues années de travail d.ans un milieu plus propice qu’aucun
autre à l’étude des sciences naturelles. Je ne voudrais pas médire des
grandes Maisons que je viens de quitter et auxquelles je dois tant,
mais le jeune naturaliste enfermé entre des murs épais, par trop
sevré de vie animale et végétale, s’y sent souvent bien peu à l’aise.
Au risque d’être jugé curieusement puéril, je vous confierai que voir
des fleurs et de vertes frondaisons de la fenêtre de mon cabinet de
travail, entendre le pépiement des oiseaux et de temps à autre le
rugissement d’un lion impatient, traverser pour rendre visite à un
collègue le plus beau jardin de Paris et le plus évocatehr, où chaque
arbre a son histoire, où chaque pan de mur est chargé de souvenirs,
saluer en passant la maison de Cuvier, le platane planté par Bufîon
ou l’incomparable cèdre de Jussieu, me donnent des jouissances
profondes ; je^me sens alors en tel accord avec les gens, les bêtes et
les choses, que je m’assure d’avoir trouvé ma vraie place dans le
monde.
Je m’excuse de me laisser ainsi entraîner. Je n’oublie pas qu’une
leçon inaugurale doit être avant tout historique et qu’il n’est pas
de meilleure tradition. On ne saurait mieux commencer un enseigne-
ment qu’en faisant le point de l’œuvre déjà accomplie, qu’en rendant
à ses prédécesseurs l’hommage qu’ils méritent. C’est pour soi-même
une indispensable discipline, avant d’entreprendre une œuvre per-
sonnelle, que d’approfondir l’état antérieur des connaissances, les
voies par lesquelles les progrès se sont effectués, la psychologie de
ceux qui en furent les. maîtres artisans. Ce devoir devient parti-
culièrement impérieux lorsqu’il s’agit de la chaire d’ Anatomie com-
— 262
parée, du fait de l’éclat incomparable de son passé si riche en données
instructives et en sujets de réflexion. C’est pourquoi je vais dessiner
aujourd’hui un premier et très rapide portrait de ceux auxquels
je succède ici. Une telle revue historique et psychologique n’avait,
chose curieuse, encore jamais été faite.
Dès son origine, le^Muséum a, joué un rôle capital dans le déve-
loppement des études anatomiques. L’édit de fondation du Jardin
du Roi, signé par Louis XIII en mai 1635, créait, on le sait, 3 offices
de démonstrateurs et opérateurs pour 3 conseillers-médecins, chargés
de la « démonstration des plantes » et de toutes les opérations
pharmaceutiques nécessaires à l’instruction des écoliers. On ne devait
donc primitivement enseigner au Jardin du Roi que la botanique
et la chimie pharmaceutique ; mais bientôt, le cours qui avait pour
titre 1’ « Intérieur des Plantes », c’est-à-à-dire l’étude des causes de
leurs propriétés médicales, fut transformé en un enseignement d’ana-
tomie 1. Celui-ci allait progressivement s’amplifier et se subdiviser
pour engendrer trois des chaires actuelles du Muséum : Ethnologie,
Anatomie comparée, Paléontologie.
Le premier démonstrateur, Marin Cureau, sieur de La Chambre,
n’appartient guère à l’histoire de l’anatomie. Homme de grande
culture et praticien habile, il dut sa nomination à la protection de
Richelieu et de Séguier. Ecrivain et moraliste plus qu’homme de
science, il eut le mérite, encore assez exceptionnel à l’époque,
d’utiliser la langue française pour tous ses ouvrages. Le puissant
Cardinal lui en sut gré et en fit un des premiers membres de l’Aca-
démie française. Ses œuvres les plus célèbres : Les caractères des
passions et Y Art de connaître les hommes eurent de nombreuses
éditions et se lisent encore avec intérêt en dépit de leur style pédan-
tesque et verbeux. Son fils François, qui le remplaça en 1671, absorbé
parla pratique médicale, mourut en 1680 sans laisser de traces appré-
ciables de son passage au Jardin du Roi où il fut brillamment suppléé
par le célèbre chirurgien Dionis. Vint après eux une suite de profes-
seurs prestigieux qui valurent promptement à la chaire du Muséum
une renommée universelle.
En premier lieu, Joseph Guicharb du Verney, membre de
l’Académie des Sciences à 26 ans, professeur au Muséum à
29 ans, dont pendant un demi siècle l’enseignement fit époque.
Son élocution remarquable attirait à ses cours, en plus des étu-
diants réguliers, des avocats, des comédiens et tous ceux qui vou-
laient se perfectionner en déclamation. Il mit l’anatomie à la mode
au point que les gens du monde recherchaient les^pièces préparées
par lui, afin de les montrer en bonne compagnie. On trouve un écho
1. Cf. Hamy.
de ses succès dans la Satire contre les femmes, où Boileau décrivant
les occupations d’une élégante de l’époque, vient à dire, après une
longue énumération : *
Puis d’une femme morte avec son embryon,
Il faut chez du Verney voir la dissection...
Quel progrès depuis le temps peu éloigné où les études anato-
miques étaient réduites à une existence clandestine - — où, pour
approfondir leurs connaissances, Yésale et ses émules devaient déter-
rer des os dans les cimetières ou disputer aux corbeaux les cadavres
pendus aux gibets de Montfaucon !
L’éclat de l’enseignement de du Verney répandit sa renommée
hors de nos frontières et attira à lui un grand nombre d’élèves
étrangers. Une année, 40 Ecossais vinrent à Paris uniquement pour
l’entendre.
Bien qu’il fût professeur d’anatomie humaine, du Verney ne
laissait échapper aucune occasion de disséquer les animaux. La mort
des pensionnaires de la ménagerie de Versailles lui en fournit de
précieuses. Perrault, le célèbre architecte, qui était aussi un anato-
miste éminent et mourut d’une piqûre reçue en autopsiant un
chameau infecté, dirigeait les opérations que du Verney exécuta à
partir de 1674. C’est ainsi qu’eut lieu la fameuse dissection de l’Elé-
phant. Un Eléphant donné par le Roi de Portugal était le clou de la
Ménagerie - — on n’en avait pas vu en France depuis près d’un siècle.
Lorsqu’il mourut en 1681, on procéda à son 'autopsie. Elle était
commencée lorsque le Roi, sans s’être fait annoncer, entra tout à
coup dans la salle et demanda où était l’anatomiste qu’il ne voyait
pas : du Verney, le scalpel à la main, sortit alors des flancs de
l’animal où il était englouti et lui présenta les principaux organes.
Devenu très âgé, il se fit suppléer dans ses cours par son élève
Winslow, puis en 1718, démissionna en faveur de son fils Emmanuel
Maurice. Celui-ci abandonna ses fonctions en 1729 pour des motifs
mal élucidés. François-Joseph Hunault fut nommé à sa place. Ce
fut lui aussi un professeur brillant : se réputation d’anatomiste a
quelque peu diminué avec le temps mais on citera toujours avec
éloge ses recherches sur le cerveau humain et sur la structure du
crâne. Il mourut prématurément en 1742 (âgé d’à peine 41 ans),
laissant une importante collection ostéologique qui fut achetée par
l’Académie des Sciences et jointe à telle de du Verney déjà déposée
au Jardin.
Winslow, le vieux suppléant de du Verney, lui succéda. Agé de
73 ans, il était le plus célèbre anatomiste de l’Europe. Il reprit
ses anciennes fonctions et les remplit avec le même zèle que dans sa
jeunesse. Il était originaire du Danemark et protestant. Venu étudier
en France, il entra en relations avec Bossuet qui le convertit au
— 264
catholicisme et lui donna ses propres prénoms de Jacques-Bénigne,
Entre autres découvertes anatomiques, il a attaché son nom à un
hiatus de la cavité abdominale bien connu de tous les étudiants en
médecine. Il vécut jusqu’à 92 ans. Lorsqu’il sentit qu’il ne pouvait
plus remplir ses fonctions avec exactitude, il demanda un successeur.
Antoine Ferrein fut désigné. Il professa avec une grande distinction
et forma d’illustres élèves. La chaire revint ensuite à un éminent
praticien, Antoine Petit : il lui conserva la renommée qu’elle avait
acquise. Professeur remarquable, il savait rendre intéressants les
sujets les plus variés et l’amphithéâtre ne pouvait contenir tous ceux
qui se rendaient à ses cours. Après quelques années, il se fit suppléer
par Vicq d’Azyr, puis, se retirant complètement, céda la place à
un troisième Antoine, Antoine Portal, médecin non moins distingué,
esprit souple et fin, auteur de très nombreux écrits, mais manquant
peut-être de vues originales et profondes. Très répandu dans le
monde, il y fut, dit un de ses biographes, comme « accablé des faveurs
de la fortune » et connut tous les honneurs. Mais ses débuts furent
difficiles. Il eut à lutter, en commençant ses études, contre une vive
répulsion que lui inspirait la vue des cadavres : il n’en triompha qu’à
force de volonté. On raconte même que pour sa première dissection,
il fut obligé de ruser avec lui-même et de n’approcher qu’à reculons
du corps qu’il devait opérer 1...
Avec Portal et la Révolution se termine la première époque de
l’enseignement de l’anatomie au Muséum, vouée exclusivement à
l’anatomie humaine, à l’anatomie médicale. Pendant toute cette
période, c’est-à-dire pendant tout le xvne et le xvme siècle, le
Jardin du Roi demeura le centre le plus actif d’études anatomiques
de France et l’on peut même dire du monde, surclassant les Facultés
de médecine dont il ne manqua pas d’exciter la jalousie. Il y eut de
nombreux conflits entre la Faculté de Paris et notre grand Etablis-
sement. La supériorité des Professeurs du Jardin Royal fut reconnue
par une ordonnance du 20 janvier 1673 qui leur réservait, de préfé-
rence à tous autres, les corps des suppliciés, alors que primitivement,
les Facultés disposaient seules des cadavres des condamnés à mort.
Dans les premiers temps, les Professeurs, qui ne portaient encore
que le nom de démonstrateurs, assuraient seuls les cours et les dis-
sections. La tâche était trop lourde. La robe longue et les grandes
manches du costume magistral se prêtaient par ailleurs fort mal aux
opérations délicates. Aussi ne tarda-t-on pas à doubler le démons-
trateur initial — - devenu Professeur, et désormais chargé exclusive-
ment de tenir les « discours anatomiques », comme on disait à
l’époque — • d’un démonstrateur-adjoint, plus simplement vêtu,
chargé de l’exécution et de la présentation des pièces. Au début de la
1. Cf. Pariset.
— 265 —
Révolution, le démonstrateur d’anatomie était Jean-Paul Mertrud,
chirurgien distingué. Bufîon, qui l’aimait et l’estimait, le choisit
pour remplacer Daubenton lorsqu’il se brouilla avec ce dernier.
Mertrud eut ainsi l’occasion de disséquer et d’étudier de nombreux
animaux. Lorsque la Convention, réorganisant le Muséum, le
dota de 12 chaires, l’enseignement de l’anatomie fut dédoublé :
Portal„ conserva la charge de l’anatomie humaine,' Mertrud,
déjà fort âgé, devint Professeur pour l’anatomie des ani-
maux. Quelques années plus tard, Cuvier, succédant à Mer-
trud, fit transformer le titre d’Anatomie des animaux en Ana-
tomie comparée;.
Orra tant écrit sur Cuvier depuis plus d’un siècle qu’il est bien
difficile de parler de cet homme génial sans énoncer des lieux com-
muns et des faits par trop notoires. Aussi me bornerai-je ici à rap-
peler les très grandes lignes de sa vie et de son œuvre. Vous savez
que Cuvier, issu d’une famille de condition modeste, naquit à
Montbéliard en 1769, la même année que Napoléon. Il vint au monde
si débile qu’on crut longtemps qu’il ne parviendrait pas à l’âge
d’homme. Le prénom de Georges, sous lequel il est universellement
connu, ne figure pas sur son état-civil : c’est celui d’un frère aîné,
mort prématurément, que ses parents, pour des raisons sentimen-
tales, lui attribuèrent dans la suite. Son goût pour les sciences natu-
relles et pour le dessin se manifesta très rapidement. Une anecdote
célèbre en témoigne : à peine âgé de 10 ans, un Bufîon lui étant
tombé entre les mains, il le lut avec ardeur et n’eut de cesse qu’il en
eût copié toutes les figures pour les colorier d’après les descriptions.
Sa famille le destinait cependant à la théologie et, sans un échec
providentiel à un concours de bourse, il fût devenu pasteur. Ses
dons précoces lui ayant attiré la protection du duc de Wurtemberg
dont dépendait alors Montbéliard, il fut admis à l’Académie Caroline
de Stuttgart, sorte d’Université où l’on enseignait les sciences et les
arts. Il y fonda une Société d’histoire naturelle où il fit de nom-
breuses communications, prenant ainsi de très bonne heure l’habi-
tude d’exposer ses idées avec clarté et méthode. Il quitta l’Académie
en 1788, âgé. de 19 ans : ne voulant plus être à la charge des siens,
il accepta un poste de précepteur dans une famille de l’aristocratie
normande. Le séjour qu’il fit au château de Ficquainvillc, près de
Fécamp, fut une période féconde d’intense préparation et de recueille-
ment, et un des événements les plus heureux de sa vie. Pendant
sept années, il put travailler à cœur joie, acquérir l’usage du grand
monde et ces manières distinguées qui ne furent ,pas inutiles à ses
succès, passer enfin au calme, dans des conditions matérielles excel-
lentes, toute la période révolutionnaire. Sympathisant au début
avec le grand mouvement de rénovation — « la liberté et l’égalité
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sont gravées dans le cœur de tout homme éclairé » x, disait-il en 1790
— il ne tarda pas à être repoussé par les excès du régime : « Les têtes
de ce peuple ne sont pas faites pour la liberté » 2, écrivait-il dès 1792. •
Il se consola en utilisant les nombreux loisirs que lui laissait son
préceptorat à disséquer, étudier, dessiner, classer avec passion tous
les animaux qu’il pouvait se procurer. Il notait tout ce qu’il observait
et rédigea divers mémoires. Certains d’entre eux ayant été commu-
niqués à Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, qui venait d’être nommé
Professeur de Zoologie au Muséum, celui-ci y découvrit une moisson
de faits nouveaux et d’idées originales : enthousiasmé, il appela à
Paris le jeune précepteur, alors âgé de 26 ans, et décida le vieux
Mertrud, qui dirigeait la chaire d’Anatomie des animaux, à le
prendre comme adjoint. Ainsi entra au Muséum une des personnali-
tés dominantes de son siècle qui devait jeter un nouvel éclat sur la
renommée déjà hors de pair de notre établissement. Pouchet 3
a décrit l’arrivée du futur grand homme dans ses habits provinciaux,
conduit par Geoffroy Saint-Hilaire au Laboratoire d’Anatomie,
alors situé. au rez-de-chaussée du petit bâtiment dénommé depuis
« maison de Cuvier ». L’assistant, le père Rousseau, était en train de
disséquer, sur une table de marbre rouge 4, le cadavre d’un prêtre
mort à l’hôpital et non réclamé. Le nouveau venu demanda timide:
ment qu’on voulût bien lui montrer l’appendice qu’il n’avait encore
jamais vu, n’ayant disséqué que des animaux qui en sont dépourvus...
Cette timidité ne dura guère. A peine installé dans la capitale,
Cuvier justifia par ses mérites exceptionnels et par l’importance
de ses travaux la confiance mise en lui. Il ne tarda pas à devenir
illustre 6. Elu dès 1796 à l’Académie des Sciences, il en devint
six ans après secrétaire perpétuel, en même temps que Professeur
titulaire au Muséum. Ce fut alors une marche ininterrompue vers
les honneurs. Sa renommée s’étendit au loin. De toutes les parties
du monde on lui envoyait des animaux. Même les têtes couronnées
s’intéressèrent à ses recherches : l’impératrice de Russie prit la
peine de faire récolter des Poissons à son intention.
Les recherches anatomiques n’occupèrent, on le sait, qu’une partie
de sa vie. Parallèlement à sa carrière scientifique, il poursuivit dans
les grandes commissions ministérielles, au Conseil d’Etat, une carrière
administrative * qui ne fut ni moins féconde, ni moins glorieuse.
Sa volonté de se rendre utile était inlassable. Considérant que la
méthode de l’Histoire naturelle rend l’esprit propre à « débrouille»
1. Lettres à Pfafï.
2. Lettres à Pfafï.
3. Leçon inaugurale. Mais Pouchet a confondu en une seule personne le père
Rousseau (Simon Pierre), dont il est question ici, et son fils Emmanuel, qui fut
Aide naturaliste de la chaire après lui.
4. Elle se trouve actuellement au Laboratoire de la Ménagerie.
5. « Il est venu comme un champignon, disait Daubenton, mais il est de bons champi-
gnons », ajoutait-il. (Flourens : Eloge de Duméril).
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tous les genres d’affaires », il se plaisait à faire pénétrer la lumière
de. son esprit ordonné, généralisateur et pondéré dans les questions
les plus diverses : organisation de l’enseignement, jurisprudence
générale, budget de l’Etat, direction des cultes non catholiques et
jusqu’à l’inspection militaire des frontières, dont il fut chargé vers la
fin de l’Empire. Son appétit pour les charges et pour les honneurs
a été l’objet d’âpres critiques. On peut lire dans Stendhal 1 quelques
lignes féroces sur son goût pour les décorations. Son ambition était
certes grande, mais pleinement justifiée, car il était de ceux qui n’ac-
ceptent des devoirs que lorsqu’ils ont la conscience de les pouvoir
parfaitement remplir. On lui a fait grief d’avoir servi avec une
égale fidélité la République et l’Empire, les Bourbons et les Orléans,
Mais tous les gouvernements n’ont-ils pas besoin d’administrateurs
intègres et de conseillers éclairés ? N’a-t-on pas trop souvent ten-
dance en France à exagérer l’importance des régimes politiques ?
Par delà la forme éphémère de ceux-ci, ce sont les intérêts de la
Science et de la Patrie qu’il faut sans cesse considérer : Cuvier n’y
a pas manqué, et s’est montré en toutes circonstances un grand
serviteur de son pays.
• Lorsqu’on évoque toutes les charges qu’il a assumées avec tant
de succès, tous les travaux qu’il a menés à bien, l’étendue et l’im-
portance des ouvrages qu’il a produits, on a peine à concevoir qu’un
seul homme ait pu suffire à tant de tâches. C’est que sa puissance
intellectuelle dépassait de beaucoup les limites ordinaires : compré-
hension rapide, discernement aisé, mémoire tenant du prodige, facilité
plus prodigieuse encore de passer d’un travail à un autre immédiate-
ment et sans effort — toutes ces qualités se trouvaientassociées en lui
à un degré rarement égalé. Une vie simple, laborieuse, ordonnée,
méthodique leur donnait toute leur efficacité. Cuvier a travaillé
jusqu’à sa mort sans se lasser ni s’arrêter jamais, se reposant d’une
tâche par une autre. Aucun homme, sans doute, n’a cultivé au même
degré que lui l’art d’éviter tout gaspillage de temps. Chaque heure
avait son travail désigné : à ce travail était réservé un cabinet où tout
ce qui le concernait, livres, dossiers, préparations, se trouvait réuni.
Le grand anatomiste disposait ainsi de plusieurs pièces et de plusieurs
pupitres ayant leur affectation distincte : il les utilisait à tour de
rôle selon la tâche du moment. Il avait fait équiper sa voiture afin de
pouvoir lire, et même rédiger, au cours de ses déplacements. Sa
porte çtqit largement ouverte, mais le plus souvent il recevait
debout ceux qui venaient le voir et, une fois l’essentiel dit, son
silence invitait clairement le visiteur à ne pas s’attarder inuti:
lement. Avare non seulement de son temps, mais àüssi de celui
des autres, facilement impatient, il pressait chacun autour de lui.
1. Vie de Henri Bruiard, I, p. 268 (édition Champion).
« Faites vite, hâtez-vous », étaient des mots habituels sur ses lèvres.
La supériorité intellectuelle de Cuvier avait son expression maté-
rielle dans un crâne et un cerveau de dimensions exceptionnelles.
On a gardé longtemps au Laboratoire d’ Anatomie un chapeau du
Maître 1. L’usage était de le faire essayer à tout nouveau travailleur.
On n’en trouvait jamais auquel il pût convenir : toujours le chapeau
était trop grand, enfonçant jusqu’aux oreilles... A la mort du savant
génial, on constata que le poids de son cerveau dépassait la moyenne
de près de 500 grammes et que les circonvolutions étaient parti-
culièrement bien marquées. Pourvu de cet organe démesuré mais
parfaitement proportionné. Cuvier fait figure d’une sorte de phé-
nomène cérébral, de véritable Hercule de lâ pensée 2.
Analyser de près son œuvre scientifique, exigerait un cycle com-
plet de conférences. Je rappellerai seulement ce qu’on lui doit d’es-
sentiel. En premier lieu, il a complètement réformé la classification
zoologique en la faisant reposer sur l’organisation : du chaos que
formaient avant lui les animaux sans vertèbres, les animaux à sang
blanc comme on les appelait alors, il a, dès ses premiers travaux,
dégagé un certain nombre de classes bien caractérisées, qui ont été
unanimement adoptées telles qu’il les avait déterminées. En second
lieu, il a fondé trois sciences : l’Anàtomie comparée, la Paléontologie,
la Stratigraphie.
On a quelquefois refusé à Cuvier le titre de fondateur de l’Ana-
tomie comparée. Certes, on peut arguer qu’il n’a créé ni le mot, ni
la chose. On peut faire remonter les débuts de l’Anatomie comparée
à Aristote, qui le premier souligna des analogies d’organes entre
animaux très différents, ou tout au moins au grand naturaliste de la
Renaissance, Pierre Bclon, penseur audacieux qui osa pour la pre-
mière fois comparer le cerveau d’un animal, le Dauphin, à celui
de l’Homme, dresser le squelette d’un Oiseau en face d’un squelette
humain et désigner par lés même symboles les parties semblables
de l’un et de l’autre. Par ailleurs, des notions rudimentaires de com-
paraison anatomique se rencontrent dans les écrits de tous les grands
anatomistes des xvne et xvine siècles.
Cuvier arrivait donc sur un terrain préparé : avant lui cepen-
dant, l’Anatomie comparée n’existait pas en tant que science. Il en
est sans conteste le fondateur, ayant su voir le premier qu’elle com-
portait des lois, ayant travaillé méthodiquement à dégager celles-ci,
ayant formijlé quelques-unes des principales.
Un des buts essentiels de la science est la liaison des phénomènes.
On ne saurait donc concevoir en anatomie de loi plus fondamentale
que celle des corrélations à laquelle Cuvier a attaché son nom. Le
premier il a compris que la connaissance des organes est moins
1. Mon prédécesseur en a fait don à la salle des Souvenirs du Muséum.
2. Cf. Roule.
— 269 —
* • * -
importante que celle de leurs rapports. Ces rapports, il les a magis-
tralement précisés : ce sont des rapports de subordination réci-
proque. Les corrélations anatomiques sont si étroites que de la
connaissance d’un seul organe, si elle est complète, on doit pouvoir
faire dériver celle de tous les autres. Cuvier non seulement l’affirme,
mais le prouve : à l’étonnement de tous, avec quelques ossements,
ÿ restitue un animal entier et fonde ainsi la paléontologie. Qui ne
connaît ces résurrections de tant de bêtes inconnues, extraites
souvent du sous-sol même de Paris, - — résurrections paraissant tenir
du miracle, mais en fait conséquences logiques d’un principe solide
sorti du cerveau de Cuvier1. De la paléontologie, le grand natura-
liste a été tout naturellement conduit à la géologie ; et avec la colla-
boration d’Alexandre Brongniart, il a jeté les fondements d’une
troisième discipline, la stratigraphie, en montrant que les fossiles
permettent d’établir la succession et de reconstituer l’histoire des
couches superficielles de l’écorce terrestre.
Ainsi Cuvier a levé le premier une partie du voile qui recouvrait
le passé de la nature — - geste d’une immense portée qui a élargi la
vision humaine en prolongeant le domaine des vivants « jusqu’au
plus éloigné de l’empire des morts ». Qu’importe, devant un tel
résultat, que l’observateur se soit parfois trompé, que le penseur ait
parfois fait fausse route. Car Cuvier n’a pas été à l’abri d’erreurs :
erreurs de faits aussi bien que d’idées. Il en a même commis d’écla-
tantes : son célèbre Discours sur les révolutions du globe en témoigne.
On sait que dans cet ouvrage, jugé à l’époque comme son chef-d’œuvre,
Cuvier, méditant sur les fossiles, n’hésite pas à voir dans leur dispa-
rition l’effet de cataclysmes destructeurs, de révolutions du globe,
nombreuses, subites et violentes, suivies de création d’êtres nou-
veaux, car à ses yeux, les espèces successives sont nées par créations
particulières, indépendamment de celles qui les avaient précédées,
comme de celles qui les ont suivies. Là, la science s’est écartée du
grand naturaliste. Révolutions du globe et créations indépendantes
n’ont pas résisté au progrès des connaissances et n’ont plus depuis
longtemps qu’un intérêt historique.
Par ailleurs, n’admettant pas l’existence d’une échelle des êtres,
Cuvier a âprement combattu l’idée d’un plan d’organisation commun
à tous les animaux et d’une évolution des espèces. On lui a tenu
rigueur de s’être opposé aux théories de Lamarck et de Geoffroy
Saint-Hilaire. On l’a accusé d’avoir, en réduisant presque ses
adversaires, au silence par la supériorité de sa dialectique, stérilisé
pendant près d’un demi-siècle en France la pensée zoologique. Mais
peut-on relire la célèbre controverse académique de 1830 sans être
frappé de l’inconsistance ou de la puérilité de beaucoup des argu-
ments par lesquels les grands apôtres du transformisme s’efforçaient
1. A. Mayer»
- 270 —
d’étayer leurs intuitions géniales ? Peut-on nier que dans ce débat,
le bon sens et la logique — à défaut de la compréhension — n’aient
été du côté de Cuvier ? L’épreuve du'temps n’a-t-elle pas été cruelle
pour les théories évolutionnistes de la première heure ? Notre com
ceptioh actuelle de l’adaptation, de l’action du milieu sur les orga-
nismes, de la transmission héréditaire des caractères est bien loin
du Lamarckisme primitif et maintenant que nous pouvons les juger
avec un suffisant recul, la plupart des critiques formulées par
Cuvier apparaissent singulièrement pertinentes.
La vie de Cuvier a été justement qualifiée de « chef-d’œuvre » 1.
Elle est en effet un chef-d’œuvre, parce que d’abord, elle est une
œuvre. Elle est une vie voulue. Elle est l’effet continu d’une raison
équilibrée, d’une volonté disciplinée, d’un labeur méthodique et
ininterrompu. De plus, et c’est ce qui la rend si riche, elle est mul-
tiple : vie de savant, chercheur de faits mais non asservi aux faits,
les dominant au contraire et les coordonnant ■ — vie de philosophe,
historien des sciences et biographe de savants — vie d’homme de
société — vie d’homme public — vie d’homme d’action. Cette vie
si féconde et si unie dans sa diversité fut interrompue par la mort
en pleine maturité, alors que l’on pouvait encore attendre beaucoup
d’elle : perte irréparable pour l’Anatomie comparée. Du moins la
chaire du Muséum ne tomba-t-elle pas entre des mains débiles :
Cuvier eut un successeur digne de lui en la personne de Blain-
ville.
Henri Ducrotay de Buainville, de pure souche normande,
naquit à Arques en 1777 2. Destiné d’ahord à la carrière des armes,
il fut détourné de sa voie par la tourmente révolutionnaire. Venu à
Paris après des études médiocres, il resta longtemps incertain sur la
route à suivre. Livré à lui-même presque au sortir de l’adolescence et
abandonné à tous les écarts d’une nature ardente et emportée, il
n’usa d’abord de sa liberté que pour goûter à tous les plaisirs. Il
tenta divers métiers, fut successivement élève de l’Ecole de Mars
(l’école de guerre de l’époque), musicien au Conservatoire de Paris
et peintre dans l’atelier de Vincent. Il s’essaya dans la comédie et
dans l’opéra-comique. A 27 ans, il était ruiné et n’avait pas encore
décidé de son avenir, lorsqu’entrant par hasard au Collège de
France, il fut vivement intéressé par un cours de Lefèvre-Gineau qui
enseignait alors la physique. La physique le conduisit à la botanique
— la botanique au Muséum où il devint un auditeur assidu des divers
Professeurs, et . en particulier de Cuvier qui était déjà dans toute
sa gloire. Séduit par la clarté de sa parole et par le dogmatisme de
1. Cf. A. Mayer.
2. Les différents biographes de Blainvillb ne sont pas d’accord sur sa date de
naissance.
271
son enseignement, il résolut de se vouer à l’étude de l’anatomie. Il
rompit aussitôt avec sa vie dissipée et. dévoré par la soif de connaître,
se mit à étudier avec passion. A peine reçu docteur en médecine, il
ouvrit un cours libre d’anatomie humaine. Un jour qu’il travaillait
silencieusement dans les galeries du Muséum, Cuvier qui avait
remarqué son zèle et son assiduité, mais ne lui avait encore jamais
parlé, le prit à part et lui proposa de l’associer à ses recherches. Ainsi
commencèrent entre ces deux hommes éminents des relations qui
devaient connaître tant de vicissitudes au cours des années. Protégé
par Cuvier, Blainville travailla avec plus d’ardeur que jamais,
mena à bien une thèse sur l’Ornithorhynque et l’Echidné, entra
en 1812 à la Faculté des Sciences comme Professeur d’Anatomie et de
Zoologie, et fut choisi par son Maître pour le suppléer. Mais ce gentil-
homme indépendant et susceptible n’était pas fait pour une position
subordonnée. La tutelle de Cuvier ne tarda pas à lui peser. Leurs
relations se tendirent progressivement et aboutirent bientôt à une
rupture complète. Cuvier, esprit dominateur, eut, sans doute, le
tort de vouloir dériver dans une certaine mesure à son profit le
travail de son élève, mais celui-ci fit montre, dès cette époque, d’une
humeur exagérément intraitable. « En voyant le monde composé
comme il est de loups et d’agneaux, disait-il, j’ai consulté mon
caractère et je me suis fait loup pour ne pas être dévoré 1. »
Il ne craignit pas d’entre en lutte ouverte avec son ancien protec-
teur, alors dans toute sa puissance. « Je m’assiérai un jour à l’Institut
et au Muséum, en face de vous et malgré vous », lui avait-il déclaré
en le quittant. Il devait tenir parole. Sa volonté, sa puissance de
travail, la supériorité de son esprit, triomphèrent de tous les obstacles
que Cuvier eut la faiblesse de vouloir mettre sur sa route. Il fut élu
à l’Institut en 1825 contre Frédéric Cuvier et nommé au Muséum
en 1830 à la chaire des Zoophytes, laissée libre par le décès de
Lamarck. A la mort de Cuvier, Blainville obtenait de le remplacer.
Il y avait tous les titres. Son œuvre, nourrie par un immense savoir,
est considérable. Esprit analytique autant que synthétique, unissant
à une culture encyclopédique une intelligence consciente de ses
méthodes et une pensée systématique, il a touché à presque tous
les groupes zoologiques, décrivant des espèces nouvelles, améliorant
les classifications, disséquant, comparant, méditant sans relâche.
Il avait entrepris la description de tous les animaux vivant en
France, tentative gigantesque que des moyens matériels insuffisants
ne lui permirent pas de mener à bien. Parmi ses ouvrages généraux
il faut particulièrement retenir son Organisation des animaux ou
principes d’ Anatomie comparée et son admirable Ostéographie ou
description comparée du squelette et du système dentaire des cinq classes
1. Cité par Quoy.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
18
— 272 —
d'animaux vertébrés récents et fossiles, restée malheureusement
inachevée. Il y a décrit en détail les squelettes de nombreux Mammi-
fères, en les comparant à ceux des animaux de la même série, de
façon à rendre les déterminations d’une rigoureuse exactitude, et en
ajoutant tous les documents désirables concernant les principes de
leur classification, leur distribution géographique et leur ancienneté
à la surface de la terre. Cette œuvre magistrale aussi précieuse pou*
le paléontologiste ou pour le géologue que pour l’anatomiste, ne
rencontra pas les appuis officiels qu’elle était en droit d’attendre
et qui étaient indispensables à son prompt achèvement. Blain-
ville y travaillait encore activement une heure avant sa mort
qui survint brusquement le 1er mai 1850, alors qu’il était âgé
de 73 ans.
Insistons un peu sur la psychologie de l’homme, sui* la valeur du
professeur, sur les idées maîtresses qu’il défendit avec éloquence
et obstination.
Du point de vue psychologique, les contemporains ont surtout
retenu l’humeur atrabilaire, la misanthropie et l’esprit de contra-
diction presque systématique de ce grand savant. On l’avait sur-
nommé Erinaceus anatomicus, le hérisson de l’anatomie. Il répandait
la terreur jusque dans l’Institut. « Demandez à M. de Blainville son
opinion sur quoi que ce soit, disait plaisamment Cuvier, ou même
dites-lui seulement bonjour, il vous répondra : non». La contradiction
était en effet chez lui une sorte de besoin. Sans doute ne faut-il pas
voir là sefilement la manifestation d’un caractère mal fait, mais, pour
autant peut-être, une nécessité particulière à l’élaboration de sa
pensée : les controverses qu’il provoquait le stinrmlaient et l’aidaient
à trouver la vérité. . «
Cette rudesse et cette agressivité extérieures revêtaient un
homme d’une trempe peu commune, doué d’une âme noble et
généreuse. D’un désintéressement absolu, d’une probité inflexible,
iL se montrait intransigeant pour tout ce qu’il croyait juste. On
l’a souvent comparé à l’Alceste de Molière. S’il portait aux gens
qu’il méprisait une haine vigoureuse, il était toujours prêt à obliger
ses amis. Il leur ouvrait aussi libéralement que discrètement sa
bourse et fut bien éloigné de cette sécheresse de cœur qui, aux dires
d’Auguste Comte, accompagnerait presque fatalement la culture
scientifique. Ses tendances aristocratiques ne l'empêchèrent pas de
comprendre et de suivre de près le mouvement social de son époque.
Exempt de toute cupidité vulgaire et de la puérile ambition dont
ne sont pas toujours dépourvus les esprits les plus éminents, il eut
la volonté d’arriver, tout en restant l’opposé d’un arriviste. Son
ombrageuse fierté s’enflammait à la seule apparence d’une faveur
reçue du pouvoir.
La réputation dont il a joui de son vivant a été due autant à son
— 273 —
enseignement qu’à ses travaux. « Professeur fascinateur » 1, il
possédait au plus haut degré cette vivacité dans l’élocution, ce ton
dominateur qui subjuguent les esprits et les entraînent. Il enflam-
mait ses jeunes disciples par les formes hardies de salogiqueemportée.
Sa parole était complétée par un admirable talent de dessinateur.
Ajoutons qu’il préparait très soigneusement tous ses cours : « Je l’ai
méditée pendant huit jours, de 9 heures du matin à minuit », avouait-
il, après une leçon difficile.
L’étude des rapports des groupes animaux les uns avec les autres
et leur coordination en série était à ses yeux le problème zoologique
primordial. A la .manière d’Aristote, de Leibnitz, et de Bonnet il
concevait en effet le règne animal comme une série continue d’êtres
qui, devenant à chaque degré plus animés, plus sensibles, plus
intelligents, s’élèvent des animaux , les plus inférieurs jusqu’à
l’Homme. Son but fut d’établir sur une base scientifique cette doc-
trine de l’échelle des êtres, de découvrir l’ordre zoologique à l’aide
de la méthode comparative : les améliorations qu’il a ainsi apportées
aux classifications ne se comptent pas. De l’unité du règne animal,
Blainville concluait à celle de la création. La création étant
unique a été nécessairement complète : tous les animaux existant
à la surface du globe ou enfouis dans le sein de la terre sont sortis
simultanément des mains de Dieu. Mais au cours des temps, de
nombreuses espèces ont péri, laissant d’importantes lacunes : nous
ne pourrons donc connaître la série entière qu’après avoir découvert
toutes les espèces fossiles. Pour expliquer les disparitions, point
n’est besoin d’imaginer des révolutions générales, des cataclysmes ;
les causes les plus naturelles, l’action de l’homme, ont suffi pour
détruire les races éteintes comme elles suffisent chaque jour encore
pour détruire sous nos yeux les races vivantes. La doctrine paléon-
tologique de Blainville s’oppose, on le voit, presque en tous les
points à celle de Cuvier. Certes sa conception de l’apparition simul-
tanée de tous les animaux est à jamais périmée, du moins sa théorie
des causes naturelles de la disparition des espèces n’a pas eu, depuis
plus d’un siècle, à être retouchée.
Blainville aurait souhaité que sa succession au Muséum échût
au plus brillant de ses élèves, le jeune Pierre Gratiolet qui le sup-
pléait depuis plusieurs années déjà avec un très grand succès.
L’assemblée des Professeurs préféra à ce dernier un anatomiste
chevronné, compatriote, parent et ancien collaborateur de Cuvier,
Louis-Georges Duvernoy. Né à Montbéliard en 1777 - — la même
année que Blainville — Duvernoy fut d’abord pharmacien à l’armée
des Alpes. Appelé à Paris par Cuvier, il participa à la rédation des
1. Flourens.
— 274 —
Leçons d’ Anatomie comparée. Il retourna ensuite pendant quelques
années dans sa ville natale. En 1809, Cuvier le fit nommer à la Sor-
bonne. L’avenir le plus brillant s’ouvrait devant lui ; mais sa femme
refusant de le suivre à Paris, il sacrifia sa carrière à sa famille et,
pendant dix-huit ans, exerça la médecine à Montbéliard dans des
conditions aussi modestes que- fatigantes. Il reparut dans le monde
scientifique en 1827, âgé de 50 ans, brisé de douleur, ayant perdu
successivement sa femme et sept de ses enfants et demandant à la
Science les consolations qu’elle seule pouvait lui donner. Professeur,
puis Doyen à la Faculté de Strasbourg, il obtint ensuite la chaire que
Cuvier avait occupée au Collège de France : il la cumula, après la
mort de Blainville-, avec la chaire d’Anatomie comparée du Muséum.
Duvèrnoy est certes digne de toute notre estime. Savant cons-
ciencieux, formé à l’ombre de Cuvier dont il adopta fidèlement les
doctrines, il fut pour celui-ci ce que Daubenton fut pour Bufîon.
Ses travaux sont riches de faits nouveaux. Mais quel qu’ait été son
mérite, on discerne mal le bénéfice que pouvait retirer la chaire du
Muséum de la venue d’un professeur de 73 ans, ayant déjà largement
atteint l’âge d’une honnête retraite. Lés cinq années qu’il y passa
ne marquèrent guère dans son histoire : on ne saurait s’en étonner.
Son successeur, Antoine Serres, originaire du Lot-et-Garonne,
naquit peu avant la Révolution. Son père l’envoya à Paris faire
v ses études de médecine. Il conquit brillamment tous ses grades,
devint inspecteur de l’Hôtel- Dieu, chef des travaux anatomiques
à Clamart, médecin de la Pitié. Savant pathologiste et habile pra-
ticien, une clientèle aussi nombreuse que choisie lui ouvrait la voie
de la fortune, lorsqu’il renonça complètement aux avantages de la
profession médicale pour se consacrer à la recherche scientifique,
et au Muséum où il fut d’abord nommé professeur d’Anthropologie,
puis, sur sa demande, transféré à la chaire d’Anatomie comparée en
remplacement de Duvèrnoy (1855). Dans cette deuxième partie de sa
vie, Serres, libre de se livrer exclusivement à son penchant pour
> l’anatomie et wpour les spéculations philosophiques, produisit" des
œuvres d’une haute originalité qui lui valurent une réputation
considérable et les plus grands honneurs. Ses travaux portèrent
principalement sur le système nerveux, envisagé du triple point
de vue de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie, sur le
développement embryogénique, sur la tératologie et sur les lois de
l’organisation animale. - J
Génie inductif par excellence, observateur et philosophe s’il en
fut. « presque toujours seul avec sa pensée b1, demandant à son
esprit non seulement la signification, mais plus encore le complément
1. Guérin.
— 275 —
de ce que ses sens lui avaient fait apercevoir, il n’employait guère
le mot d’anatomie sans lui adjoindre les épithères de « générale et
transcendante ». Il n’est que de relever les titres de ses mémoires :
« De l’abstraction en anatomie, » « Théorie des formations et des
déformations organiques », « Principes d’organogénie », etc., pour
juger des tendances synthétiques de ce savant de grande classe.
Une partie de son œuvre a quelque peu vieilli et se laisse maintenant
lire difficilement • — les idées se démodent plus vite que les faits, —
mais comment oublier qu’on lui doit la notion que l’organogénie
équivaut à une anatomie comparée transitoire, alors que l’anatomie
comparative correspond à une organogénie permanente, première
approximation de la célèbre loi biogénétique fondamentale, qui a
dominé le mouvement d’idées biologiques du xixe siècle. On lui
doit, par ailleurs, des observations pénétrantes qui ont subi sans
retouche l’épreuve du temps et ont servi de point de départ à de
nombreuses et fécondes recherches. Ainsi dans un important ouvrage
sur les lois de l’ostéogénie, couronné en 1820 par l’Institut à la suite
d’un rapport très élogieux de Cuvier, il établit que, chez tous les
Vertébrés, le système osseux est soumis à des règles de formation
fixes et uniformes ■ — que, dans toutes les classes, les os homologues
sont, formés du même nombre de pièces primitives — et que la grande
variété qu’ifs présentent d’un groupe à l’autre reconnaît seulement,
pour cause l’association différente des noyaux osseux élémentaires.
Serres conserva intégralement, jusqu’à un âge avancé, son
activité et ses forces intellectuelles. A 80 ans, il remplissait encore
tous les devoirs de sa charge, venait chaque jour à son Laboratoire,
ne manquait pas une Assemblée du Muséum, continuait' à faire un
cours très vivant, agrémenté de pittoresques digressions. Il n’avait
du vieillard que les années et aurait pu justifier le mot charmant
de^Fontenelle qui, centenaire, s’excusait auprès d’une dame de ne
pas ramasser avec assez de promptitude l’éventail qu’elle avait
laissé^choir à terre en s’exclamant ; « Ah ! que n’ai- je encore mes
80 ans ! »
Paul Gervàis occupa la chaire après Serres pendant 10 ans, de
1868 à ,1878. Il y avait fait ses premières armes, puis, ayant émigré
vers les Facultés des Sciences, avait été successivement Professeur à
Montpellier, puis à la Sorbonne. Elève de Blainville qu’il aida dans
plusieurs de ses travaux et particulièrement dans la publication de
son grand ouvrage d’ostéographie, il effectua de nombreuses
recherches zoologiques sur les groupes les plus variés. Mais c’est
l’étude des Vertébrés fossiles, et tout spécialement des Mammifères
tertiaires de France et d’Amérique du Sud, qui constitue l’essentiel
de son œuvre. Gervais fut, avant tout, un zoologiste et un paléon-
tologiste.-Il ne s’intéressa guère à l’anatomie que dans la mesure
— 276 —
où elle permet de comprendre les organismes fossiles, aussi l’ostéo-
logie le retint-elle presque exclusivement. On lui doit un certain
nombre d’ouvrages généraux parmi lesquels des Eléments de Zoologie,
une Zoologie médicale, une Histoire naturelle des Mammifères,
une Zoologie et Paléontologie française, une Zoologie et Paléon-
tologie générale, qui attestent sa féconde activité. Sans avoir autant
de personnalité que ses devanciers, il fut un grand travailleur et le
consciencieux continuateur de Cuvier et de Blainville.
Georges Pouchet, qui lui succéda, fut une des figures les plus
originales de son époque. Né en 1833, il était fils de Félix Archimède
Pouchet, lui-même savant d’une indéniable valeur, bien que son
nom soit pour jamais attaché à sa controverse malheureuse avec
Pasteur. De très bonne heure, Georges Pouchet donna des preuves
éclatantes de son esprit d’initiative et de sa puissante activité
intellectuelle. Avant même d’avoir terminé ses études de médecine,
il était parti en missiop à la recherche des sources du Nil ; il avait
publié un ouvrage sur la Pluralité des races humaines , rédigé un
Précis d’ Histologie, le premier publié en France, découvert à
Saint- Acheul la première hache préhistorique, Il ouvrit ensuite à
ses frais, rue des Poitevins, puis rue du Jardinet, un Laboratoire
>d’ Histologie, qui acquit vite une enviable notoriété. A 32 ans, il
entra au Muséum comme aide-naturaliste d’Anatomie comparée,
en remplacement de Gratiolet. Du fait de l’indépendance parfois
excessive de son caractère, il ne s’accorda guère avec son chef de
service, Serres, et moins encore avec le successeur de celui-ci, Paul
Gervais. Leurs relations devinrent vite fort tendues. La révocation
de Pouchet, plusieurs fois envisagée, fut décidée à la suite d’un
article que celui-ci avait fait paraître dans Y Avenir National 1 et où
il critiquait sans ménagement certains projets gouvernementaux
relatifs au Muséum. Charles Robin recueillit l’aide-naturaliste
destitué et complètement dénué de ressources, lui donnant la direc-
tion du Laboratoire d’Histologie zoologique de l’Ecole des Hautes-
Etudes. Mais la personnalité de Pouchet ne pouvait rester longtemps
dans la pénombre. En 1875, il fut appelé à suppléer Paul Bert à la
Sorbonne.. En 1879, les Professeurs du Muséum le désignaient pour
succéder à Paul Gervais : il rentrait ainsi en maître dans le service
d’où il avait été chassé 10 ans auparavant.
Il le dirigea pendant quinze années, donnant les preuves d’une
activité peu commune. Il mena de front avec ses obligations pro-
fessorales, qu’il accomplit toujours de la façon la plus consciencieuse,
de nombreuses missions lointaines tant aux Açores qu’en Norvège,
au Spitzberg ou en Amérique du Nord, et des recherches originales
1. 18 mars 1869.
portant sur les animaux les plus divers, des Protozoaires aux
Cétacés, avec une évidente prédilection pour ces deux groupes
extrêmes. Dans le cours de sa vie scientifique, Pouchet a cultivé
tour à tour l’anatomie comparée, l’histologie qu’il introduisit au
Muséum, l’embryologie, la physiologie, la tératologie. Certes on
peut regretter que son activité débordante, son exubérance de force
et de santé aient un peu trop multiplié les buts qu’il a poursuivis
et que « la diversité des questions dont il a abordé l’étude ne lui
ait pas toujours permis de tirer de ses conceptions tous les fruits
qu’elles pouvaient porter. » 1 On ne lui doit pas moins des travaux
de premier ordre et une ample moisson de notions nouvelles. Ses
investigations sur les Péridiniens, dont il fut le premier à préciser
la nature, l’amenèrent à dévouvrir des modes de multiplication
jusqu’alors insoupçonnés. Son admirable analyse de l’influence
des nerfs sur les changements de coloration des Poissons met harmo-
nieusement à contribution toutes des ressources dont disposait la
biologie de l’époque. En établissant que ces changements résultent
d’une action réflexe dont les yeux sont le point de départ, et que la
cécité supprime la fonction chromatique, en déterminant les voies
par lesquelles les impressions rétiniennes régissent les mouvements
des cellules pigmentées, Pouchet ouvrait un chapitre nouveau de
l’histoire du système nerveux. Plus tard, avec son élève Chabry,
il aborda brillamment la morphogénie expérimentale, démontrant
de façon saisissante l’influence du chimisme du milieu sur la forme
des êtres vivants : les embryons d’Oursins, contraints de se déve-
lopper dans de l’eau de mer dépourvue de sels de chaux n’élaborent
plus de spiculés et leur morphologie s’altère profondément : de véri-
tables monstres chimiques sont ainsi créés.
Pouchet apporta la même activité féconde à accroître les col-
lections du Laboratoire. L’intérêt qu’il portait aux Cétacés lui avait
inspiré le projet de consacrer à ces créatures géantes, dont il avait
recueilli de superbes spécimens, un bâtiment d’exposition spécial.
Ce « cetaceum » aurait été unique au monde, mais des considérations
pratiques, s’ajoutant à certaines mauvaises volontés, en empê-
chèrent la réalisation.
Causeur apprécié, homme du monde aimable et spirituel, Pouchet
fut en relations suivies avec l’élite intellectuelle de Paris, en parti-
culier avec de nombreux littérateurs : les Goncourt lui ont donné
place dans leur Journal et Flaubert tenait de lui une partie des
niaiseries qui illustrent l’ignorance de Bouvart et Pécuchet.
Positiviste convaincu, il avait pour les hypothèses une répu-
grance invincible. A l’opposé de Serres, envers lequel il fut fort
sévère 2, il n’appréciait guère l’anatomie philosophique ni « les
1. Cf. A. Pettit.
2. Pouchet, Leçon inaugurale.
278 —
spéculations où s’égarent parfois les esprits les plus distingués et
sur lesquelles on a écrit des volumes dont le sort est de finir oubliés
sur les rayons des bibliothèque ». Nul esprit n’était moins dogma-
tique que le sien. Prudent dans ses affirmations, discret dans ses
négations, « à quoi bon discuter les croyances, disait-il, puisque
nous ne sommes déjà pas d’accord sur les scepticismes, personne de
nous ne faisant ses zéros de la même façon ». Son tempérament de
lutteur, la conviction et l’emportement qu’il apportait dans les
discussions faisaient de lui un adversaire redoutable S’il ne fut pas
toujours exempt d’une certaine rudesse dans ses rapports avec ses
collègues et ses subordonnés, son amour passionné de la justice et
de la vérité, sa loyauté et sa franchise absolues lui valurent les plus
fidèles amitiés.
Poüchet fut remplacé par Henri Fi'lhol. D’origine toulousaine,
né en 1843, celui-ci fut, comme Gervais, conduit à l’Anatomie
comparée par la Paléontologie. A peine âgé de 20 ans, il inaugurait
la série de ses publications par une communication sur l’âge de la
pierre dans l’Ariège. Venu à Paris pour faire ses études de médecine,
il fréquenta assidûment le Muséum où il fut élève des deux Milne-
Edwards. Après avoir mené à bien une thèse de sciences consacrée
aux Mammifères des phosphorites du Quercy qui fut très remar-
quée, il partit aux antipodes comme naturaliste attaché à la mission
astronomique de l’île Campbell. Sur cet îlot désolé, couvert de
brouillard et battu par les tempêtes, il se dépensa avec un zèle
infatigable dans les conditions matérielles les plus pénibles et
rapporta de son voyage d’admirables collections qui enrichirent
grandement notre établissement. Aussitôt revenu, il reprit active-
ment ses belles études sur les Mammifères fossiles de France. Nommé
Professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse, il n’hésita pas à
résigner ses fonctions pour se rapprocher du Muséum, acceptant
pendant près de dix ans une situation des plus, modestes. A la mort
de Pouchet un vote unanime de l’Assemblée lui confia la chaire
d’ Anatomie comparée. Filhol en prenait possession à un moment
particulièrement difficile : la Muséologie de cet important service
était complètement à réorganiser. Un Palais nouveau allait rem-
placer les anciennes galeries qui depuis longtemps tombaient en
ruine. Fondées par Cuvier un siècle auparavant et installées dès
le début dans un local peu approprié, les collections n’avaient pu
dans la suite, se développer dans un cadre digne d’elles. Sous l’ac-
tion des injures du temps, bien des pièces étaient devenues inutili-
sables. C’était une besogne écrasante que de reconstituer avec de
tels matériaux un Musée qui devait être au moins l’égal' des plus
illustres de l’Europe. Il fallait présenter, de manière à les rendre
démonstratives et explicatives, toutes les parties disjointes du corps
des animaux. Il fallait s’efforcer de rendre attrayants pour les yeux,
sans rien leur faire perdre de leur valeur instructive, les os blanchis
des squelettes et les viscères si facilement sordides ou macabres.
Filhol entreprit cette tâche avec un tel courage et un tel dévoue-
ment que la réussite dépassa les espérances. Dès les premiers jours
de son professorat, il se mit à l’œuvre, n’hésitant pas à interrompre
tous ses travaux scientifiques personnels pour diriger lui-même la
préparation matérielle des collections et leur installation méthodique.
Le succès couronna ses efforts. Les anatomistes de tous pays qui ont
visité les nouvelles Galeries ont été unanimes à leur rendre hommage,
admirant le classement et la qualité des collections autant que les
procédés utilisés pour leur présentation. Les préparations de splanch-
nologie en particulier méritent être considérées comme des modèles.
Les visiteurs actuels peuvent encore juger de l’œuvre de Filhol :
les Galeries sont, en effet, restées presque exactement telles qq’elles
étaient à la mort de leur créateur. Celui-ci pensait sans cesse à elles,
rêvant de les mettre hors de pair, comptant sur un long avenir pour
les perfectionner en y dépensant sans ménagement des forces qui
commençaient à le trahir. Mais -le surmenage qu’il s’était imposé
lui fut fatal et le fit mourir prématurément en 1902, regretté de tous
ceux qui avaient été appelés à l’approcher.
Quelque absorbé qu’il fût par la remise en état des collections de
son service, Filhol ne négligea en rien l’activité scientifique du Labo-
ratoire. Il sut conserver auprès de lui les meilleurs collaborateurs de
son prédécesseur. Il rétablit le département d’ Histologie comparée,
créé par Pouchet, mais supprimé à sa mort, qui sous la direction
d’Auguste Pettit, plus tard chef de service à l’Institut Pasteur et
secrétaire général de la Société de Biologie, attirait de très nombreux
élèves et fut pendant un temps le centre de recherches histologiques
le plus actif de notre pays.
Filhol laissait en mourant la chaire d’ Anatomie comparée en
pleine prospérité, riche d’un siècle ininterrompu du plus fécond
labeur et des plus glorieuses découvertes, dotée d’un Laboratoire
parfaitement équipé et de splendides collections. "
Il était légitime de penser que cette prospérité allait encore
s’accroître du fait de la nomination comme titulaire d’une person-
nalité telle qu’Edmond Perrier, doué de l’intelligence la plus vive
et jouissant par ailleurs de beaucoup d’influence et de prestige. Il
n’en fut malheureusement rien. Les hautes fonctions de Directeur
du Muséum sont exceptionnellement absorbantes et lourdes :
Perrier, qui les exerçait dans le même temps, dut leur consacrer
le meilleur de lui-même et leur sacrifier à peu près complètement son
Laboratoire.
Edmond Perrier, né à Tulle en 1844, manifesta dès son jeune
— 280
âge les plus heureux dons intellectuels. Brillant élève de l’Ecole
normale, il n’avait que 24 ans quand il fut appelé au Muséum comme
aide-naturaliste par Lacaze-Duthiers. Nommé Professeur de Mala-
cologie à 30 ans, membre de l’Institut à 48, il devint Directeur de
notre établissement à 56 ans.
Lorsque le décès prématuré de’Filhol rendit la chaire d’ Anatomie
comparée vacante, Perrier désira s’asseoir dans le fauteuil de
Cuvier. Comme l’avaient fait Blainville, puis Serres, il demanda à
permuter : ayant eu satisfaction, il occupa cette nouvelle 'chaire
de 1903 jusqu’à sa mort, en 1921. Un tel transfert n’avait rien qui
pût choquer. Perrier ne s’était pas seulement montré un zoologiste
éminent, il avait fait œuvre d’anatomiste. Il était l’auteur d’études
excellentes sur les organes segmentaires, le système stomato- gas-
trique et l’appareil circulatoire des Vers de terre, et de découvertes
de première importance relatives à la structure et au développe-
ment des Echinodermes.
Il avait également abordé la morphologie comparée. Adepte
enthousiaste des théories évolutionnistes qu’il contribua plus que
quiconque à répandre en France, il consacra un important ouvrage :
Les colonies animales et la formation des organismes, à la recherche
du mécanisme élémentaire grâce auquel les formes vivantes les plus
simples ont pu graduellement se compliquer. Il tenta d’établir
que les animaux supérieurs ne sont autre chose que des associations,
des colonies, d’êtres plus simples diversement groupés. Sa démons-
tration, partant des Polypes ramifiés, passait par les Vers annelés,
où les individus constituants se disposent en une série linéaire, et se
poursuivait jusqu’aux Vertébrés. Ces idées firent grand bruit à
l’époque et suscitèrent de vives discussions. Perrier enfin, avait
attaché son nom à la tachygenèse, répétition accélérée, au cours du
développement embryogénique des individus, des étapes succes-
sives parcourues par les ancêtres dans l’évolution phylogénique —
notion capable d’éclairer certains des problèmes embryologiques les
plus complexes.
Une fois en 'possession de la chaire de Cuvier, les circonstances,
aussi bien que l’évolution de son esprit, amenèrent malheureusement
Perrier à délaisser progressivement la Science dont il était devenu
le grand-prêtre. Pendant les 18 années où il présida aux destinées
de la « Petite Roquette », surnom aimable que Maurice Maindron
avait décerné au Laboratoire du fait de son extérieur un peu sévère,
c’est comme directeur du Muséum qu’il convient de le considérer
et de le louer. La mort d’Alphonse Milne-Edwards, auquel il avait
succédé en 1900, lui avait offert un vaste champ d’activité : il s’y
dépensa largement. Il lui fallut d’abord défendre l’indépendance du
Muséum que l’Université de Paris cherchait à annexer et l’existence
même du Jardin des Plantes qu’il fut un moment question d’exiler
— 281
sur le plateau de la Défense à Gravelles, afin d’élever sur son empla-
cement un Palais des expositions agricoles. Après avoir écarté ces
graves menaces, il parvint à obtenir une partie des ressources néces-
saires à la vie du Muséum en faisant reconnaître par le Parlement
son autonomie financière et en fondant la Société des Amis du
Muséum, dont l’action fut précieuse. Il eut par ailleurs le mérite de
contribuer à orienter vers les colonies l’activité de notre établisse-
ment.
Les succès qu’il obtint au cours de son Directorat furent dus en
grande partie aux relations personnelles que lui avaient assurées
dans tous les milieux sa vive intelligence, son affabilité et l’autorité
de son renom. Peu d’hommes occupèrent une aussi grande place dans
le monde scientifique du début du xxe siècle. Tous les honneurs
vinrent à lui : membre de l’Académie des Sciences, de l’Académie de
Médecine, vice-président de la Société de Géographie. Président de la
Caisse de la Recherche scientifique, de la Section biologique de l’Ecole
des Hautes-Etudes, membre d’innombrables commissions : il suffisait
à tout, allait assidûment partout, sans lassitude et avec joie. Sans
force pour élaguer les tâches adventices, il ne savait résister à aucune
sollicitation amicale : préfaces, articles de revues ou de journaux,
conférences, distributions de prix, réunions variées, banquets,
soirées mondaines, rien ne le rebutait, « il était toujours prêt à
accepter » h Comment dans ces conditions s’étonner qu’il ait quelque
peu déserté son Laboratoire et laissé une lourde tâche à ses succes-
seurs ? Mais comment aussi ne pas déplorer cet abandon et ne pas
regretter la perte pour l’anatomie d’une pareille activité et d’aussi
'grands dons ?
Raoul Anthony, mon prédécesseur imiûédiat, était fort différent
d’Edmond Perrier. Breton, né en 1874 à Châteaulin, il se destina
d’abord au service de Santé militaire. Elève de l’Ecole de Lyon, il
prit le goût de l’Anatomie auprès du Professeur Testut. Venu à
Paris terminer une thèse sur le sternum des Mammifères, il fréquenta
assidûment le Laboratoire d’Anatomie comparée, s’y plut et chercha
à s’y fixer. La mort de Filhol lui facilita les choses : sur la recom-
mandation du physiologiste Marey, Perrier, désireux d’introduire
des hommes nouveaux dans le personnel de son service, choisit le
jeune médecin militaire comme assistant. Anthony ne devait plus,
dès lors, quitter le Muséum : il y fut nommé Sous-directeur en 1911
et Professeur en 1921, à la mort de Perrier.
L’homme était caractérisé par l’indépendance de sa pensée et par
la puissante énergie qu’il mettait à défendre les gens et les causes
qu’il avait adoptés. Dans un portrait inoubliable 2, il a été dépeint
1. Remy Perrier.
2. Cf. Revue Universelle.
— 282
par René Benjamin comme le type du savant qui a su rester libre.
Volontiers combattif, ce rude lutteur suivait son chemin en dépit de
tous les obstacles. Il a mené contre la Sorbonne, qu’il estimait trop
envahissante, une polémique qui est encore dans toutes les mémoires1.
Sa- vaste culture, la curiosité de son esprit, l’ont souvent entraîné
loin de l’anatomie, dans des domaines où d’ordinaire les natura-
listes ne pénètrent guère. Attiré vers les disciplines philosophiques,
il s’est particulièrement intéressé aüx théories de Hobbes et a donné
une excellente traduction du Léviathan. L’étude des crânes de la
famille royale de Navarre l’a conduit à entreprendre une série de
travaux d’érudition sur l’histoire du Moyen-Age et de la Renais-
sance dans la région pyrénéenne^
Il a consacré à l’anthropologie une part capitale de son activité.
Introduit par Manouvrier dans l’Ecole fondée par Broca, il en devint
vite le principal animateur : il s’y dévoua jusqu’à sa mort, occupa
pendant plus de 25 ans la chaire d’anthropologie anatomique, réta-
blie à son intention.
Anthony fut un grand travailleur. Son œuvre, considérable,
comprend près de 300 notes ou mémoires. Ses recherches sur le
cerveau y tiennent une place prépondérante et sont devenues clas-
siques. Anthony a étudié cet organe chez les Mammifères variés,
mais surtout chez. les Singes ; la connaissance de ceux-ci, lui a donné
la clef des particularités de l’encéphale humain. Avant que ses
travaux aient éclairé la question, les circonvolutions cérébrales de
l’Homme et des Singes paraissaient si spéciales que l’on pouvait
croire que l’évolution de l’encéphale avait, chez les Primates, suivi
une marche à part. Au cours de recherches échelonnées sur de nom-
breuses années, Anthony a prouvé qu’il n’en était rien ; il a pu
mettre en évidence en effet, des transitions graduées entre les dis-
positions réalisées chez notre espèce et celles que présentent le reste
des Mammifères. Il a montré par exemple, que l’operculisation du
territoire central, qui atteint chez nous son degré maximum, peut
être suivie dans toutes ses phases chez les Singes supérieurs.
Anthony fut amené à étendre ses recherches aux hommes
fossiles. Avant lui, nous ne possédions aucune donnée précise sur la
morphologie cérébrale de nos lointains ancêtres. En collaboration
avec Boule, il a publié une remarquable étude de l’homme de la
Chapelle-aux-Saints, complétée deux ans après par celle de homme
de la Quina. Il a pu établir, par l’examen approfondi des moulages
endocrâniens, que le cerveau des Moustériens présentait un mélange
suggestif de caractères typiquement humains avec d’autres évoquant
les Singes Anthropoïdes. « L’encéphale de l’Homme de la Chapèlle-
aux-Saints, a-t-il conclu, est déjà un encéphale humain par l’abon-
1. Cf. « Pour la défense de notre culture intellectuelle. »
283 —
dance de sa matière cérébrale, mais cette paatière manque encore de
l’organisation supérieure qui caractérise les hommes actuels ».
La forme des circonvolutions n’est qu’un des problèmes de neuro-
logie comparée auxquels s’est attaché Raoul Anthony. Les rapports
entre le poids du cerveau et le développement de l’intelligence l’ont
aussi beaucoup préoccupé. Il s’est efforcé d’améliorer les indices
classiques de valeur cérébrale proposés par Dubois et par Lapicque.
Quelques années avant sa mort, il suggérait de remplacer le poids de
l’encéphale par la surface de section du corps calleux et de substi-
tuer à la valeur très variable qu’est le poids du corps la surface de
section du'bulbe. A l’aide de ces innovations heureuses, il parvint
à apprécier le développement cérébral d’une manière beaucoup
plus précise que ce n’avait été fait avant lui et à établir, à ce point
de vue, entre les diverses espèces animales, une hiérarchie satis-
faisante.
Lamarckien convaincu, Anthony ne pouvait négliger la mor-
phogénie expérimentale, scie.nce d’une immense portée/’ capable
mieux qu’aucune autre de nous éclairer sur les facteurs qui condi-
tionnent l’évolutioni Au cours d’expériences qui eurent un grand
retentissement, il a mis en lumière le rôle important joué par la
mastication dans la morphologie crânienne. En arrêtant, par
exemple dès la naissance chez un jeune chien, le développement de
la denture', on provoque un allongement craniofacial avec rétrécisse-
ment et surbaissement du crâne un recourbement inférieur des
maxillaires, une régression de l’arcade zygomatique - — - tous carac-
tères que présentent les animaux naturellement édentés, tels que
les Fourmiliers.
Il ne saurait être question ici de vous indiquer tous les sujets
dont Anthony a abordé l’étude. Du moins ne puis- je passer sous
silence les recherches sur la dentition comparée des Mammifères,
qui l’ont beaucoup retenu dans la dernière période de sa vie et
auxquelles il attachait une particulière importance. On admettait
très généralement, avant elles, que la molaire originelle des Mammi-
fères est « trituberculaire », c’est-à-dire formée de trois tubercules
disposés en triangle. Anthony a vivement combattu cette théorie :
il lui a substitué une conception « multituberculaire », d’après
laquelle la dent mammalienne initiale porterait plusieurs rangées
longitudinales de tubercules, la forme trituberculaire devant être con-
sidérée comme régressive. Cette thèse, quelque peu révolutionnaire,
a suscité de vives controverses, tant en Franco qu’à l’étranger. Il
est encore un peu tôt pour juger de sa valeur réelle. Mais la place
capitale qu’occupe l’étude des dents dans l’identification et la classi-
fication des Mammifères actuels et fossiles donne toute leur portée
aux recherches d’ANTHONY qui n’en espérait rien moins qu’une
rénovation complète de la paléontologie mammalienne.
Anthony ne limitait pas la science qu’il cultivait à la seule
découverte des faits, simples matériaux, mais cherchait en toute
circonstance à' s’élever jusqu’à la synthèse. Son œuvre, dont je n’ai
pu donner qu’un insuffisant aperçu, fait honneur à la science fran-
çaise. Elle dépasse d’ailleurs les mémoires qu’il a publiés ; elle
s’étend aux nombreux élèves qu’il a formés : ceux-ci ont accompli
sous sa direction des travaux de haute valeur et plusieurs sont à
l’heure actuelle titulaires de chaires à l’étranger.
Arrivé au terme de ce rapide historique, je m’en voudrais de ne
pas ajouter que les Maîtres, dont je viens de retracer trop brièvement
la vie, eurent souvent à leurs côtés des hommes d’un rare mérite.
Comment ne pas évoquer par exemple l’excellent Laurillard, le
plus intime et le plus dévoué des collaborateurs de Cuvier, dessina-
teur remarquable, devenu un paléontologiste accompli — ou Pierre
Gratiolet, élève et suppléant de Blainville, auteur de travaux sur
le cerveau qui comptent parmi les plus mémorables qu’ait produit
l’anatomie au xixe siècle : deux fois candidat à la chaire, il fut deux
fois évincé' par des concurrents dont la valeur, quelque grande
qu’elle fût, ne surpassait cependant pas la sienne. Qu’il me soit, en
outre, parmis de citer un contemporain en la personne d’Henri
Neuville. Je n’ai pas ici à souligner la haute qualité de son œuvre
personnelle qui est encore loin d’être achevée, mais je suis heureux
de rendre hommage à ce grand serviteur du Muséum qui se dépensa
sans compter auprès de Filhol pour organiser les galeries d’ Anatomie,
qui contribua pour la plus large part à la sauvegarde des collections
au cours des vicissitudes de ces 40 dernières années, en même temps
qu’à l’exécution des belles 'préparations splanchnologiques qui en
sont un des principaux ornements.
Maintenant que nous connaissons dans ses grandes lignes le passé
de la Chaire, regardons vers son avenir. Excusez-moi si je suis très
bref, mais en cette matière les paroles ne comptent guère : seuls
valent les actes.
De temps à autre, on entend proclamer la fin de l’anatomie, science
morte, vieux tronc dépourvu de toute sève, et ces propos pessimistes
trouvent parfois des oreilles complaisantes. Fait rassurant, ils sont
loin d’être nouveaux. Déjà, au xvue siècle, certains esprits chagrins
estimaient qu’il n’y avait plus rien à découvrir en anatomie : celle-ci
n’en a pas moins fait son chemin depuis. L’anatomie épuisée ! mais
elle n’a encore vécu que les premiers temps de son histoire... Non
seulement la véritable anatomie scientifique, l’anatomie causale,
n’a jusqu’alors guère pu être abordée, mais l’anatomie comparée
est encore à un stade rudimentaire, l’anatomie'descriptive elle-même
est très incomplètement connue : rien qu’en ce qui concerne cette
— 285
dernière, le domaine à explorer reste immense et de longtemps les
travailleurs ne manqueront pas de sujets de recherche.
Au cours de ces dernières dizaines d’années, il est vrai, le champ
d’activité de la Chaire s’est singulièremént amenuisé, au point de
se réduire à l’étude du squelette et de l’encéphale dans la seule classe
des Mammifères.
Lutter 'contre ce rétrécissement regrettable • — ne délaisser aucun
groupe zoologique, aucun appareil ou organe important - — pour-
suivre les observations jusque dans l’intimité des tissus et ressusciter
l’Histologie comparée brillamment inaugurée au Muséum par
Pouchet et son école, mais bien abandonnée depuis — étudier paral-
lèlement la morphologie et la biologie et s’efforcer de les éclairer
l’une par l’autre — aborder résolument l’anatomie causale à l’aide
des récentes découvertes de ‘l’embryologie expérimentale, de l’endo-
crinologie et de la génétique — tels sont quelques-uns des moyens
propres à rendre la science anatomique vivante et féconde et à assu-
rer à la Chaire un avenir digne de son passé.
Programme certes ambitieux et surpassant les forces d’un seul
homme. « Pour cultiver l’anatomie comparée », me disait un jour le
Dr Rochon-Duvigneaud, « il faudrait un avoir cerveau deux fois
plus gros que la normale ». Cuvier possédait un' tel organe. Je ne
suis pas aussi avantageusement doué ; du moins, décidé à me dévouer,
sans réserve à ma tâche, aidé, je l’espère, dans le futur, par des
collaborateurs choisis, je servirai de mon mieux le Muséum et la
science française.
Auparavant, un devoir plus ingrat- va me retenir. J’hérite, en
effet, d’une situation matérielle désastreuse. Par suite d’une insuffi-
sance prolongée des crédits, les collections d’étude du Laboratoire
sont dans une condition presque tragique. Les pièces, ostéologiques,
par exemple, qui en représentent la partie la plus importante, et dont
beaucoup sont fort précieuses, se trouvent éparpillées aux quatre
coins du Jardin, ou entassées sans ordre dans des sous-sols malsains,
faute de place où elles puissent être décemment logées, faute de
meubles appropriés où elles puissent être classées et protégées :
elles se détériorent gravement et sont plus ou moins inaccessibles
aux travailleurs — état de choses déshonorant auquel il me faut à
tout prix remédier.
J’ai l’heureuse fortune d’avoir les Collègues les plus amicalement
compréhensifs, un Directeur dont j’admire profondément l’activité,
l’intelligence, le dévouement sans limite à de hautes et très lourdes
fonctions. Je ne doute, pas, avec leur appui, de parvenir à éveiller
l’intérêt des pouvoirs publics envers la Chaire qui m’est confiée,
Chaire unique en France et peut-on même dire dans le monde, Chaire
destinée. à jouer un rôle de premier plan dans la vie intellectuelle de
notre pays, et à constituer un centre d’attraction pour les savants
étrangers, mais qui a grand besoin d’être rajeunie, d’être rééquipée,
et qu’il y a urgence à secourir efficacement.
. 12 mai 1944.
PRINCIPAUX DOCUMENTS UTILISÉS
Première période. — Le Muséum d’Histoire Naturelle, par P. A. Gap
(in-8°, Curmer, 1854).
Recherches sur les origines de l’enseignement de l’anatomie humaine et
de l’anthropologie au Jardin des Plantes, par E.-T. Hamy, ( Nouv .
Arch. Muséum, 3e série, 7, 1895).
Eloge de du Verney, par Fontenelle.
Eloge de M. le baron A. Portal, par Pariset ( Mém . Acad. roy.
Médecine, 1834).
Cuvier (G.). Discours prononcés à ses funérailles par Arago, Geoffroy,
Saint-Hilaire, Pariset. _
Biographie, par Von Baer (Ann. Sc. Nat. Zool., 9e s., 1908).
Notice historique, par Duvernoy (1833).
Eloges, par Laurillard (1833), Pariset, Pasquier.
Discours prononcés aux fêtes du centenaire de Cuvier par A. Mayer
et R. Anthony (Montbéliard, 1933).
Histoire des travaux de Cuvier, par Flourens.
Lettres de G. Cuvier à C. M. Pfaff ( in-16° , Masson, 1858).
Mémoires sur le baron Cuvier, par Mrs Lee (1833).
Notes intimes sur Georges Cuvier, rédigées par le Dr Quoy" (Paris,
1906).
Cuvier et la Science de la Nature, par Roule, (Paris, Flammarion.)
Cuvier et la chaire d’Anatomie comparée du Muséum, par R. Anthony
(Arch. Muséum, 6e série, IX, 1932).
Blainville (H. D. de). Discours prononcés à ses funérailles par Chevreul.
Auguste Comte, G. Prévost.
Eloges, par Flourens (1854), Béclard (1863).
Notice historique, par Nicard (1850).
La philosophie de D. de Blainville, par H. Gouhier (Rev. philoso-
phique, 1941). -
Duvernoy (L.-G.). Notice, par Focillon (1855).
v Serres (A.). Discours prononcé à scs funérailles par J. Guérin.
Pouchet (G.). Notices, par H. Beauregard (Jour. Anat. Phys., 1895),
A. Pettit (Recueil des œrn res principales de Pouchet, Paris, Masson,
1902).
Leçon inaugurale (Rev. scientifique, XXV, 1880).
Filhol (H.). Discours prononcés à ses obsèques par J. Chatin, Bouquet
de La Grye, E. Perrier).
Notice, par H. Neuville (Bull. Soc. Philom. Paris, 9e série V, p. 91,
1902-1903).
Perrier (E.). Notices, par R. Perrier (Assoc. amie. anc. élèves de l’E. N.
S., 1922), Ch. Gravier, R. Anthony (Arch. Muséum, 6e sér., 1, 1926).
Anthony (R.). Notice nécrologique, par H.-V. Vallois (Bull. soc. anthrop.,
Paris, 1942).
\ -
— 287 —
COMMUNICATIONS
Sur une anomalie présentée par un cerveau
de Macaca Sylvanus L.
Par J. Anthony.
D’une manière générale, la face externe de l’hémisphère cérébral
des Singes est plus ou moins recouverte dans sa portion postérieure
par une languette néopalléale convexe vers l’avant, le plus souvent
lisse, l’opercule occipital, qui laisse apparaître, après résection, un
système de circonvolutions arquées, disposées en ponts entre les
lobes pariétal et occipital, constituant le premier et le second plis
de passage pariéto-occipitaux externes de Gratiolet,
Dans le genre Macaca, on n’observe classiquement que le second
de ces plissements, tandis qu’ils sont présents l’un et l’autre dans le
genre Cercopithecus ; il s’agit là d’un caractère intéressant pour
l’établissement du diagnostic différentiel du cerveau de ces deux
types. A titre exceptionnel cependant, cette disposition courante
est sujette à quelques variantes ; c’est ainsi que sur un spécimen de
Macaca sylvanus L , entré dans nos collections dans le courant de
l’année 1943, j’ai relevé au niveau de l’hémisphère gauche, tout à
fait normal par ailleurs, un premier pli de passage bien développé,
centré sur l’incisure pariétoroccipitale, et en tous points semblable
à celui que comporte de façon constante le type Cercopithecus ; la
topographie de l’hémisphère droit, par contre, était absolument
conforme au schéma habituel (cf. fig.).
Cette anomalie est extrêmement rare ; on la retrouve néanmoins
chez un Macaque figuré dans l’album de Retzius 1 et D, J. Cunnin-
gham l’a signalée de son côté chez un Cebus albifrons H 2.
On remarquera en outre que dans la série des Singes Platyrhiniens,
le Pithecia monachus H. possède toujours les deux plis, ce qui
semble être la règle dans le genre Pithecia, alors que sur l’exemplaire
de Pithecia albinasa G., reproduit par Kükenthal et Ziehen 3. le
secônd seul est visible.
1. G. Retzius, Das Affenhirn, Stockholm, 1896. Taf. XXIX, fig. 7 ; dans ce même
aljmm, on relèvera la présence d’un premier pli de passage indiscutable, mais super-
ficiel cette fois, chez un autre Macaque (Taf. XXVI, fig. 6).
2. D. J. Cunningham, Contribution to the surface anatomy of lhe cérébral hemispheres,
Roy..Ir. Acad. Sc., Cunningham Mémoire, n° 7, 1892, p. 223, fig. 46.
6. Kükenthal u. Ziehen, Jen. Zeils. /. Naiurw., 1895, S. 11.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
19
On attribuait autrefois une grande importance à ces variations
morphologiques; il y a quelques dizaines d’années, Rudinger 1
prétendait même que chez l’Homme, l’aspect du premier pli permet-
tait de préciser le sexe de l’individu considéré. Actuellement ces idées
n’ont plus cours ; les recherches de D. J. Cunningham 2, si précises
en ce qui concerne particulièrement la région pariéto-occipitale, ont
montré combien l’assertion de Rudinger était dénuée de fondement
et, depuis qu’il est possible d’étudier des séries nombreuses de cer-
Vue supérieure du cerveau de Macaca sylvanus L, n° 1943-17, après résection de
l’opercule occipital. — 1, 2, premier et second plis de passage pariéto-occipitaux
externes de Gratiolet. G. N.
veaux de Singes, on s’est vite aperçu que chez eux il en va de même.
Je pense pour ma part qu’il faut surtout voir dans ces modifications
l’effet de conditions mécaniques légèrement différentes ; le Macaque
présenterait toujours un premier pli de passage, réduit ordinaire-
ment à l’état de vestiges dans la profondeur de l’incisure pariéto-
oçcipitale mais pouvant, dans des circonstances rarement ren-
1. Rudinger, Eim Beitrag zur Anatomie der Affenspalte und der Inter par ietaljurche
beirn Menschen nach Race, Geschlecht, und Individualital, Honle’s Festschrift, Bonn,
1882, pp. 194 et 195.
2. D. J. Cunningham, loc. cit.
— 289 —
contrées, prendre la même extension que chez le Cercopithèque.
Dans un précédent article 1, j’ai eu l’occasion d’esquisser l’évo-
lution des plis de passage pariéto-occipitaux de Gratiolet ; je dois
l’exposer avec plus de détails dans un travail en préparation ; qu’il
me suffise de dire ici que chez les Singes du Nouveau-Monde, que
j’ai tout particulièrement étudiés, la richesse des formes et les
variations individuelles permettent de reconstituer avec beaucoup
de précision l’ensemble des phénomènes résultant de l’antagonisme
de développement des lobes pariétal et occipital ; les aspects obser-
vés semblent imposer l’idée que l’absence ou la présence du premier
pli de passage pariéto-occipital externe est liée à un léger décalage
de ces processus.
Laboratoire d’ Anatomie comparée du Muséum.
1. J. Anthony, L’évolution des plis de passage pariéto-occipitaux de Gratiolet
chez les Singes Platyrhiniens, Bull. Mus. Hist. Nat., 2e série, t. XV, n° 5, 1943.
Une petite épidémie de Paratyphose
sur les Grenouilles (rana esculenta L.).
Par Ach. Urbain.
Directeur du Muséum.
Au cours de l’année 1943, il nous a été permis de constater sur les
grenouilles vertes ( Rana esculenta L.) provenant d’un étang, une
épidémie particulièrement grave, puisqu’en un mois tous les batra-
ciens de cette espèce qui le peuplaient avaient disparu. Les gre-
nouilles succombaient en cinq à six jours après avoir présenté une
espèce d’engourdissement compliqué parfois de paralysie des
membres postérieurs et une inappétence complète.
A l’autopsie, on constatait de larges ecchymoses sur la peau du
ventre et une forte congestion de tous les organes.
L’examen bactériologique du sang du cœur et des différents
organes a permis d’isoler, dans tous les cas, un germe mesurant
3 à 4 g. de long, sur 0,5 p. de large. Il se colore bien par les colorants
basiques d’aniline et ne prend pas le Gram. Il est mobile, surtout
dans les cultures jeunes, et ne présente pas de spores. Ce germe pousse
sur tous les milieux usuels. Il est aéro-anaérobie, sa température
optima de développement est de 37°. Le chauffage à 70° le tue en
trente minutes. Il donne une réaction alcaline en quelques jours.
Le pH du milieu de culture passe de 7,4 à 8,5.
En bouillon Martin, ce germe se développe abondamment,
donnant en dix, douze heures, un trouble uniforme du milieu avec
des ondes moirées. Après quarante-huit heures, une légère colle-
rette apparaît à la surface du milieu. Sur gélose, les colonies sont
blanchâtres, luisantes, bleuâtres par transparence. Il pousse en
abondance sur bouillon-sang et gélose-sang, sans hémolyse. Il se
développe maigrement sur sérum coagulé en donnant de petites
colonies blanchâtres arrondies. En piqûre, sur gélatine, il donne une
culture maigre, sans liquéfaction. Sur pomme de terre, il fournit une
culture épaisse, brunâtre. Il provoque le vérdissement de l’artichaut
en 24 heures. Sur gélose ou sous-acétate de plomb, en piqûre, le
germe donne, en vingt-quatre heures, une strie brune, bien marquée,
qui devient rapidement très foncée. Il y a ensuite diffusion de la
teinte noire dans tout le milieu. Sur gélose glucosée au rouge neutre
le virage se manifeste au bout de trente-six heures ; la fluorescence
est complète en quarante-huit heures ; il n’y a pas de production
de gaz. Le lait tournesolé rosit en quarante-huit heures sans être
coagulé, puis il revient lentement au hleu. En eau peptonée, le germe
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944. ^
— 291
pousse abondamment sans production d’indol. Il attaque les sucres
suivants : glucose, maltose, lévulose, xylose, galactose et arabinose.
Il est sans action sur le lactose, le saccharose, l’amidon et la dex-
trine. En gélose Veillon, il cultive dans toute la profondeur du
milieu avec un léger dégagement de gaz.
Ce microbe est agglutiné à 1 p. 1.000 par un sérum anti-para-
typhique B, préparé expérimentalement ; les sérums anti-para-
typhiques A et anti-typhiques sont sans action sur lui.
Au point de vue pathogène, 1 /10e de cent, cube d’une culture
en bouillon, injectée par la voie sous-cutanée à une grenouille,
provoque sa mort en 5 jours. On'note au point d’inoculation.un petit
œdème rouge violacé ; des ecchymoses de dimensions variables, les
plus larges atteignant la taille d’une lentille, sont irrégulièrement
réparties sur la peau du ventre.
Le sang du cœur, les frottis d’organes montrent en abondance un
germe Gram-négatif. L’ensemencement du sang du cœur donne
une culture pure de ce germe. . ,,
L’infection peut être aussi provoquée par la voie buccale. Les
grenouilles qui reçoivent par cette voie 4 à 5 gouttes de culture en
bouillon, succombent en 6-7 jours, de septicémie, avec tous les
signes de la maladie spontanée.
L’inoculation de la culture de ce germe, au lapin (2 cent, cube dans
la veine), au cobaye (2 cent, cube dans le péritoine), reste sans effet.
Par contre, les souris qui reçoivent 0,5 cent. cube"de cette culture,
dans le péritoine, ou 1 cent, cube sous la peau, succombent en 3 à
5 jours, de septicémie. A l’autopsie on note une congestion généralisée
de tous les organes et on retrouve le bacille à l’état pur dans le sang.
La carpe ( Cyprinus carpio L.) est aussi très sensible à l’inoculation
de la culture de ce germe. L’injection par la voie musculaire, de
0,5 cent, cube d’une culture de 24 heures, en bouillon, provoque en
5-6 jours une septicémie mortelle. A l’autopsie, le germe est retrouvé
en abondance dans le sang et dans tous les organes.
La toxine (fdtrat d’une culture en bouillon de 10 jours) s’est
montrée inactive chez les Mammifères qui l’ont reçue. Les cobayes,
les rats et les souris ont résisté à l’injection, par voie sous-cutanée,
de 3 à 5 cent, cube de ce fdtrat. Par contre, chez les grenouilles qui
reçoivent 1 cent, cube du même filtrat dans les muscles des membres
postérieurs, on note, 2 jours après, une large ecchymose au point
d’inoculation; puis elles présentent -de la somnolence, de l’engour-
dissement, un peu de paralysie des muscles postérieurs ; certaines
d’entre elles (3 sur 10) succombent en 10-12 jours ; les autres se
rétablissent ensuite.
En résumé, le germe isolé de cette épidémie, par ses caractères :
morphologiques, culturaux, biochimiques et sérologiques, rentre
dans le groupe des paratyphiques B.
292
Cette observation montre donc une fois de plus 1 le rôle que peut
jouer ce germe dans les diverses affections à allure contagieuse,
sévissant sur certains poissons et batraciens de nos étangs.
D’autre part, cette affection n’a rien de commun avec la septicémie
des grenouilles, connue sous le nom de « pattes rouges », constatée,
dès 1891, par Sanarelli 2 et qui est sous la dépendance d’un germe
protéolytique étudié sous le nom de Bacillus hydrophilus fuscus
(Sanarelli), ou de Proteus hyfcpphilus (Castellani et Chalmers) 3.
1. En 1933 ( C . R. Sté de Biologie, t. CXIII, 1933, p. 554) nous avons déjà signalé
une épidémie comparable sévissant sur les tanches et due à un paratyphique A et,
en 1941, (Bull. Acad. Vétérinaire, t. XIV, 1941, p. 45) nous avons relaté aussi sur les
carpes une épidémie de paratyphose sous la dépendance du paratyphique B.,
2. Sanarelli, Centralbl. für Bakt., I, orig., t. IX, 1891, p. 222.
3. Castellani et Chalmers, Man. of Trop. Medic., 1919.
— 293 —
Un Lézard nouveau du Mont Nimba (Haute-Guinée
FRANÇAISE) APPARTENANT AU GENRE LYGOSOMA.
(Matériaux de la Mission Lamotte au Mont Nimba
„ EN 1942 (3e NOTE).
Par F. Angel.
(Note présentée par M. L. Bertin).
Nous avons donné précédemment 1 la description de deux Lézards
appartenant aux familles Amphisbaenidae et Gekkonidae et d’un
Amph-ibien anoure ovovivipare rapportés par M. Lamotte. L’étude
présente fait connaître un Scincidae nouveau, récolté au Mont Nimba.
Lygosoma Nimbense, nov. sp.
Museau plutôt pointu, sa longueur égalant la distance comprise
entre la corne postérieure de l’œil et l’orifice auditif, ou encore une
fois et demie celle de l’ouverture de l’œil. Paupière avec un disque
transparent, mais opaque, aussi grand que l’ouverture de l’oreille.
Narine percée dans la nasale, en arrière de la suture de la rostrale
et de la première labiale. Pas de supranasales. Une postn^sale,
plutôt grande, en contact avec la frontonasale qui est 1 fois %
plus large que longue. Préfrontalcs étroitement séparées par la
pointe antérieure de la frontale dont l’avant forme un angle droit et
touche seulement par un point à la frontonasale. Frontale un peu
moins large en avant que la partie supra-oculaire, un peu plus large
que les frontopariétales, en contact avec les deux premières supra-
oculaires. Interpariétale plus petite et presque moitié moins longue
que les frontopariétales. Quatre supra- oculaires. Six supraciliaires,
la première la plus grande. Pariétales formant une courte suture
derrière l’interpariétale. Une paire de grandes nuchales et une
temporale supérieure bien développée, en contact avec les pariétales.
Six labiales supérieures, la cinquième, sous l’œil, est la plus longue,
la sixième, la plus haute. Six labiales inférieures, la lre la plus petite.
30 rangs d’écailles lisses autour du milieu du corps, les dorsaux et
ventraux plus larges que ceux des flancs. Deux écailles préanales
modérément agrandies. La longueur comprise entre le museau et le
membre antérieur est contenue 1 fois *4 entre l’aisselle et l’aine, et
2 fois % entre le museau et l’anus. Le diamètre du corps est
compris un peu plus de 6 fois dans la longueur de la tête et du corps
réunis. Sur les membres rabattus à la rencontre l’un de l’autre, le
long du corps, les doigts seuls se recouvrent. Le membre antérieur
1. Bull. Mus. Paris, 2e série, t. XV, n° 4, pp. 163 et 167, 1943.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
replié vers l’avant atteint la corne antérieure de l’œil par l’extrémité
des doigts. La longueur du membre postérieur est comprise 2 fois %
dans la distance museau-anus. 8 lamelles sous le 4e doigt, 11 sous le
4e orteil. Queue comprimée latéralement sur toute sa longueur qui
dépasse de peu celle de la tête et du corps réunis.
Coloration. — Au-dessus, brun clair avec des mouchetures
sombres qui donnent un aspect de lignes longitudinales formées de
petites taches irrégulières. Une bande latérale noire, bordée au-
dessus et vers Pavant par une ligne claire, est ponctuée de points
blancs diminuant en nombre vers le milieu du corps. Sur les flancs,
cette bande n’est pas limitée à sa partie inférieure où les taches
noires passent en diminuant graduellement sur la partie ventrale
antérieure. La poitrine et la gorge sont d’un noir profond. Les côtés
de la tête et du cou présentent de petites barres verticales ou obliques
formées d’écailles blanc pur sur le fond noir. Des taches blanches
existent aussi sur les labiales supérieures et inférieures. Dessous de
la queue et région précédant l’anus blanc jaunâtre uniforme.
1 ex. — Holotype - — Provenance Nion (pied du Mont Nimba),
ait. 800 m. ■ — • 1 Ç Allotype, Nion — 1 Ç Paratopotype, Yalenzou.
Mensurations de l’holotype.
Variations. — Chez la Ç (allotype) la couleur du dos est presque
uniforme ; la bande latérale noire est moins marquée et ne montre
pas de taches claires ; toute la face inférieure est blanc jaunâtre
uniforme. Ce dimorphisme sexuel dans la coloration évoque pour
cette espèce du genre Lygosoma, ce que l’on connaît chez le Mabuya
pour l’espèce quinquetaeniata.
Chez l’exemplaire. $ de ‘ Yalenzou (paratopotype) les membres
ne se rencontrent pas quand on les couche, à la rencontre, sur les
côtés du corps.
Remarque. — Dans la série des Lygosoma de l’Ouest africain,
montrant 28 à 32 rangs d’écailles, cette espèce se différencie de
toutes les autres par l’absence de supranasalps, le plus petit nombre
de lamelles sous le 4e orteil et la coloration très particulière du des-
sous de la tête et de la poitrine chez le <§.
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons) du Muséum.
Le ROLE DES PlT-ÛRGANS DANS LA MORPHOGENÈSE
DE L'OSTÉOCRANE DES TÉLÉOSTÉENS.
LE PROBLÈME DU SQüAMOSAL.
Par Ch. Devillers.
Il existe sur la tête des Poissons trois catégories d’organes' sen-
soriels : 1° les neuromastes contenus dans les canaux sensoriels
portés par certains os ; 2° les pit-organs qui restent superficiels et se
groupent en pit-lines n’ayant avec les os sous-jacents que des rap-
ports de voisinage. Les pit-lines de la voûte sont presque toujours
placés au-dessus des mêmes os (frontaux et pariétaux) tandis que
celles de la région jugale sont variables de position (fait bien établi
par Westoll en particulier pour les formes fossiles). Des fibres laté-
rales innervent ces deux classes d’organes ; 3° les taste-buds super-
ficiels disséminés sur toute la tête et particulièrement abondants
dans la région buccale ; ils reçoivent des fibres communes.
Il est maintenant bien établi que les neuromastes jouent, dans
la morphogenèse de l’ostéocrâne, un rôle essentiel ou secondaire
suivant les genres examinés.
Les pit-organs possèdent-ils une propriété analogue ? La question
a été étudiée par Pehrson chez Amia, par Hammarbergh chez Lepi-
dosteus et je l’ai, à mon tour, examinée chez Salmo. Les conclusions
sont unanimes : il n’y' a au niveau de ces organes, aucune accumula-
tion d’ostéoblastes traduisant une activité morphogénétique comme
c’est le cas pour les neuromatstes. Par suite il ne semble pas que
les pit-lines puissent, comme les canaux sensoriels, servir de guide
pour, tracer les homologies des os crâniens dans les différentes
familles de Poissons.
Chez de nombreux Poissons, surtout fossiles, les pit-lines impriment
à la surface des os des empreintes en gouttière bien reconnaissables.
J’ai étudié le mode de formation d’une telle empreinte faite sur
le pariétal par la pit-line moyenne chez Polypterus et Esox. Dans
ces deux genres, les pit-organs ne sont pas absolument superficiels,
mais enfoncés dans une gouttière largement ouverte à l’extérieur
et qui saille intérieurement dans la couche fibreuse du conjonctif
dont elle déprime la limite basale. Au cours de son développement,
le pariétal sous-jacent s’accroît en épaisseur jusqu’à rejoindre la
limite basale dont il épouse les déformations et particulièrement
celle produite par la pit-line. Cette empreinte est encore accentuée
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, u° 5, 1944.
chez Polypterus par l’adjonction ultérieure d’une couche super-
ficielle de ganoïne. Il s’agit donc là d’une impression purement
passive dans laquelle la pit-line ne joue aucun rôle morphogéné-
tique.
Je propose de différencier les pit-lines en variables et inva-
riables. Sont invariables celles qui n’existent (au moins dans l’état
actuel de nos connaissances) qu’à l’état de pit-line ; c’est le cas des
lignes moyenne et postérieure ; sont variables celles qu’on rencontre
tantôt à l’état de canaux, tantôt à l’état de pit-lines ; c’est le cas,
par exemple, des pit-lines ethmoïdienne et jugale.
J’ai montré dans une publication antérieure 1 qu’il est possible
de distinguer deux catégories d’os formés le long des canaux senso-
riels : 1° le « canal-bone », production directe de l’àctivité morpho-
génétique des neuromastes ; 2° « l’os à deux composants » (type
préopercule) dont la portion basale (membrano) se libère progressive-
ment de l’organe pour acquérir un développement autonome et à
laquelle vient se souder secondairement un canal-bone (dermo).
Ce type dériverait par évolution du premier. Grâce à ces notions
on peut chercher à résoudre le problème suivant : comment un os
développé, dans une forme ancestrale, en relation avec un groupe de
neuromastes se comportera-t-il lorsque, chez les descendants, le
canal passera à l’état de pit-line (perdant ainsi tout pouvoir morpho-
génétique) ? Deux cas sont possibles : 1° l’os était du type canal-
bone et par suite disparaît, c’est ce qui se passe dans la chaîne infra-
orbitaire des Ménidés où manquent les infra- et postorbitaires ;
2° f os était du type à deux composants, l’un d’eux le membrano)
subsiste et l’autre (le dermo) disparaît. Le résultat est alors un os
dermique croisé superficiellement par une pit-line. Les exemples
suivants en sont probablement une illustration : « antorbitaire » de
Salmo croisé par la pit-line ethmoïdienne et « ethmoïdes latéraux »
des Téléostéens qui Représenteraient le composant membrano du
rostral des Crossoptérygiens et de certains Téléostojnes.
Ces considérations nous amènent à examiner l’histoire du squa-
mosal. Chez les Choanata (Crossoptérygiens, Dipneustes et Stégo-
céphales), pourvus d’un canal jugal, le squamosal existe et à partir
d’eux se poursuit dans toute la lignée des Tétrapodes. Chez les Acti-
noptérygiens il n’existe qu’une pit-line jugale et le squamosal
manque. On peut donc admettre que dans les formes ancestrales
de ces deux lignées l’os n’était pas au même stade évolutif de son
ontogenèse : stade à deux composants chez les Choanata primitifs,
ce qui lui a permis de subsister chez les Stégocéphales où les neuro-
mastes avaient selon toute vraisemblance perdu leur pouvoir mor-
1. Il est bien entendu qu’il s’agit du véritable squainosal situé sur le trajet du canal
jugal et non de l’os appelé d’une manière erronée squamosal et qui est en réalité le
ptérotique (ou supra-temporo-intertemporal des auteurs actuels).
— 297
phogène — stade canal-bone chez les ancêtres des Actinoptérygiens.
En conséquence, avec la transformation du canal jugal en pit-line
le squamosal ne se forme plus.
Le squamosal peut disparaître dans certains rameaux des Choa-
nata comme le montrent les Dipneustes actuels : chez Neoceratodus
il existe un canal jugal entouré de plusieurs tubes osseux dont il est
logique d’admettre que l’un d’eux représente un squamosal ; chez
Protopterus le canal est remplacé par une pit-line et les ossifications
manquent. Cependant, il convient, à propos de ce dernier animal,
de noter qu’au niveau de l’invagination des canaux l’activité mor-
phogénétique n’existe plus. C’est ce qui est bien visible sur une
coupe du canal otique en voie de formation. On n’y distingue
plus d’amas ostéoblastiques comme chez Salmo par exemple.
Ceci démontre l’existence d’un autre mode de disparition des os
par perte du pouvoir morphogénétique des neuromastes. Chez
Neoceratodus , dont les productions osseuses le long du canal sont
réduites, ce pouvoir est seulement affaibli 1.
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons ) du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
Devillers (Ch.). Morphogenèse de quelques os crâniens chez la Truite
Arc-en-Ciel ( Salmo irideus Gibb). Ann. Sc. nat. 1944 (à l’impression).
Hammarbergh (F.). Zur Kenntnis des ontogenetischen Entwicklung des
Schâdels von Lepidosteus platystomus. Acta Zool., 1937, 18 ; 209-337.
Holmgren u. Stensiô. Kranium- und viscéral Skelett der Akranier,
Cyclostomen und Fische — in Handbuch der vergleichende Anato-
mie. Bolk-Gôppert-Kallius und Luboscb. Bd IV, 1936.
Pehrson (T.). Some points in the cranial development of Teleostomian
fishes. Acta Zool. 1922, III, 1-63.
— The development of oermal bones in the skull of Amia Calva. Acta
Zool., 1940, XXI, 1-50.
Westoll (T.-S.). On the cheek-bones in teleostomes fishes. J. of Anat.,
1937, LXXI, 362-382.
1. Le même phénomène se produisait peut-être chez certains Crossoptérygiens
Coelacanthides (c. f. Axelia robusta).
— 298
Remarques sur le Scorpion aveugle du Roussillon .-
Belisarius Xambeui e. s.
- Par Max Vachon.
Les Scorpions français sont peu nombreux puisqu’ils ne comptent
en tout que 5 espèces 1, mais parmi eux il en est un fort intéressant
parce que rare et morphologiquement curieux : Belisarius Xambeui
E. S. : le Scorpion aveugle du Roussillon.
E. Simon a décrit le genre Belisarius , qui ne comprend d’ailleurs
que la seule espèce Xambeui, en 1879, dans sa Faune de France. ,
A cette date, il en a souligné les particularités les plus intéressantes ;
depuis, d’autres chercheurs ont retrouvé des spécimens de cette
espèce, non seulement dans le Roussillon mais encore en Espagne,
dans la province de Gerona (Navas, Borelli). Les travaux de ces
deux derniers auteurs sont les seuls que nous connaissions sur le
Belisarius depuis la diagnose de Simon. Navas ne fait que signaler
la présence de ce Scorpion en Espagne ; le travail de Borelli est
plus intéressant car cet auteur insiste sur la morphologie des exem-
plaires qu’il a examinés et les compare à ceux étudiés par Simon.
Ce dernier, lors de la diagnose, précise (p. 114) que seul, le sexe mâle,
est connu ; mais il ne dit pas sur quel caractère il appuie cette
affirmation. Borelli a reconnu les sexes de ses spécimens et dit que
les Ç correspondent à la description de Simon. L’auteur italien a
raison. L’examen des exemplaires de nos collections c’est-à-dire
ceux ayant servi à E. Simon nous indique 11 Ç pour 2 £ immatures.
Il ne fait aucun doute que Simon, pour sa diagnose, a choisi les
spécimens les plus grands, donc les Ç.
Les détails morphologiques relevés par Borelli se bornent sur-
tout à des questions de couleur et de granulations c’est-à-dire à des
détails peu utilisés en systématique. Nous n’avons, nulle part,
trouvé de dessins ayant trait à cette espèce. C’est pourquoi nous
pensons qu’il est utile, d’une part, de compléter la diagnose originale
et, d’autre part, de figurer certains caractères de cette espèce si
intéressante. Une fois la diagnose complétée, nous insisterons sur
les particularités morphologiques, pour terminer par quelques
1. E. Simon, dans sa faune de France, 1879, parle d’une espèce : Euscorpius Fanzagoi
E. S., dont un seul exemplaire a été trouvé à Vernet-les-Bains (Pyr. -Orientales). Nul
' n’a retrouvé cette espèce ; aussi nous la tenons, jusqu’à nouvel ordre, comme dou-
teuse.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
299 —
remarques d’ordre biogéographique et les affinités probables des
genres Belisarius et Euscorpius.
Diagnose complétée de Belisarius Xambeui E. S.
(Chactidæ, Euscorpioninæ) .
Spécimens étudiés : 1 Ç im. dét. par E. Simon et Kraepelin : Pyrénées-
Orientales. — 2 Ç adultes : N° 2675, dét par E. Simon : Pyrénées-Orien-
tales. — 1 Ç adulte : Vernet-les-Bains, Bolivar leg. — 3 Ç, 2 jeunes :
exemplaires désséchés N° 13206, de la Preste (Pyrénées-Orientales) et
trouvés par Nadar. — 3 Ç immatures, 1 jeune : de Prats-de-Mollo :
Vandel leg. 15-V-28. — 1 Ç im. de la même localité. G. Colas leg.- IV
1935. — 1 $ im. Prats-de-Mollo (Coll. Muséum). — • 1 £ im. î Amélie-les-
Bains, IV-1900. Soit 11 Ç ,2 £ im., 3 jeunes.
Teinte générale allant jusqu’au brun rougeâtre foncé, jamais noire,
pattes-mâchoires brun rouge, pattes et vésicule^plus claires ou olivâtres.
Céphalothorax lisse, brillant, à peine ponctué et sans granulations, échan-
cré au bord antérieur, avec une dépression axiale assez prononcée dans la
région postérieure. Pas d’yeux médians, ni de tubercule, mais en leurs lieu
ét place une légère dépression ; Yeux latéraux présents, au nombre de deux,
décolorés ou parfois réduits à l’état de taches oculaires.
Abdomen très finement et peu densément ponctué, nullement rugueux ;
pas de crêtes sagittales ou parasagittales ; région dorsale des anneaux de
la queue à peine déprimée et à peine granulée ; carènes dorsales indistinctes
et formées de granulations isolées, carènes latérales dorsales distinctes
dans les 4 premiers anneaux mais toujours formées de granulations isolées
et non spécialement disposées en série ou en crête ; face ventrale des
4 premiers anneaux sans carènes, mais parsemée de granulations isolées ;
1er anneau plus large que long, 2e anneau aussi large que long, 3e et 4e an-
neaux plus longs que larges, 5e anneau plus de 2 fois plus long que large
avec de grosses granulations et l’indice de carènes centrales. Vésicule
globuleuse à aiguillon court et largement inséré, et semblable dans les
deux sexes.
Chélicères (fîg. 1) doigt fixe courbé, avec 3 dents, une subdistale et
2 basales groupées ; doigt mobile, très courbé et relativement long, terminé
par deux dents d’inégale longueur et entre lesquelles vient se placer
le doigt fixe ; sous la plus petite dent et dorsalement, se trouve une série
de 4 autres dents groupées par paires ; pas de série ou de dent face infé-
rieure. Face inférieure de la chélicère ornée de longues soies barbues,
l’extrémité distale du doigt fixe est dépourvue de telles soies mais, par
contre, possède une série de soies courtes et aplaties formant un peigne
ou serrula en tous points semblable à celle des chélicères des Pseudoscor-
pions (fig. 2).
Pattes-mâchoires. Fémur (fig. 3) : carènes à granulations assez grosses ;
face dorsale parsemée de petits grains de chitine ; face antérieure à gra-
nulations peu denses, isolées ; face postérieure et ventrale lisses, finement
ponctuées ; 3 trichobothries, une antérieure, 1 dorsale à la base du fémur,
1 troisième, sur la carène dorsale environ au milieu de l’article.
— 300 —
Fig. 1 : Doigts de la chélicère droite. — Fig. 2 : Doigt mobile de la même chélicère,
vue de dessous, avec la serrula s. — Fig. 3 : Fémur de la patte-mâchoire droite. —
Fig. 4, 5 et 6 : Tibia de la même patte, vu dorsalement latéralement et ventra-
lement. — Fig. 7 et 8 : main de la même patte, vue latéralement et ventralement,
Les figures 3 et 8 sont au grossissement 8. — Fig. 9 : Face ventrale d’une partis
de la région antérieure du corps : og, operculé génital ; p, plaque pectinifère et
peignes ; st sternum ; II, III, IV, hanches des pattes marcheuses.
301 —
Tibia (fîg. 4, 5 et 6) : faces dorsale et antérieure lisses, carènes indis-
tinctes ; face antérieure sans tubercule développé, à la naissance du pédi-
cule, sinon 2 grosses granulations faisant légèrement saillie ; face dorsale
avec 3 trichobotbries (fîg; 4) ; face latérale externe avec 13 tricho-
bothries (fîg. 5) réparties en 3 groupes ; face ventrale avec 3 trichobothries
(fig- 6),
Main finement chagrinée, avec des carènes distinctes (fîg. 7) ; chez les
adultes un peu plus large que longue. Trichobothries nombreuses ; mais
constantes en nombre et position, aussi bien dorsalement que latéralement
(fig. 8). Doigts à peine courbés et sans tubercules dans les deux sexes ;
tout le long des doigts de petits dents normales contiguës ; du côté interne,
au doigt mobile, 5 grosses granulations accessoires, 4 au doigt fixe ; tri-
chobothries (fig. 7 et 8) constantes en nombre et position : 2 internes à la
base du doigt fixe. ' ,
Hanches des pattes marcheuses (fig. 9} ; hanches 1 et 2 réunies mais
séparées des hanches 3 et 4, elles-mêmes soudées, par une chitine d'arti-
culation visible (et cela chez presque tous les spécimens des deux sexes).
Sternum un peu plus large que long à bord antérieur arrondi (fig. 9) à
bord postérieur concave et creusé d’une profonde gouttière apodématique
courbée. Plaques génitales (fig. 9), chez des crochets copulateurs
existants. Plaque pectinifère un peu plus large que haute, pièce articu-
laire bien distincte ; peigne réduit ; 4 lames s’insérant directement sur la
, base du peigne ; pas de fulcres ; lames de même longueur, parsemées de
soies longues à la base de la lame, fines et denses à l’extrémité.
Tarses des pattes munis en dessous de crins longs mais aussi avec quel-
ques spiculés ou soies très courtes (contrairement à l’affirmation de
E. Simon) ; tibia élancé, moins de la moitié aussi large que long.
Longueur totale : Ç adulte, la plus grosse de tous les spécimens examinés
(Vernet-les-Bains) : 37 mm. : céphalothorax -f- abdomen : 20 mm., queue :
17 mm. — £ im. le plus grand de nos spécimens : longueur totale : 34 mm. ;
céphalothorax + abdomen : 17 mm., queue : 17 mm. Les exemplaires
décrits par Borelli ont comme dimensions : Ç : 30 mm. (14,5 mm. +
15,5 mm.) : 30,5 mm. (15,5 mm. + 15 mm.).
Les spécimens jeunes se distinguent facilement des adultes par leur
taille moindre et surtout leur teinte plus claire ; de plus, chez les très
jeunes exemplaires, les mains des pattes-mâchoires sont relativement
étroites, nettement moins épaisses que longues ; c’est le seul article des
appendices qui se modifie au cours du développement post-embryonnaire.
Remarques morphologiques.
E. Simon, lors de la diagnose du genre, a souligné les caractères
spéciaux à ce Scorpion et dit : « Le nouveau genre diffère de tous
les Scorpions connus par l’absence complète des yeux. » Cette affirma-
tion a besoin d’être tempérée puisque nous avons relevé chez tous
les exemplaires examinés, certes l’absence totale des yeux médians,
mais la persistance des yeux latéraux, plus ou moins réduits cepen-
dant. Ainsi, le phénomène de régression ou d’atrophie a joué plus
fortement sur les yeux médians que sur les yeux latéraux. Ce fait
\
— 302 — .
n’est pas spécial aux Scorpions. L. Fage dans son « Essai sur révo-
lution souterraine et son déterminisme » a étudié la réduction oculaire
chez les Araignées cavernicoles et conclut que les yeux latéraux
sont toujours beaucoup plus stables que les médians. Ils ne dispa-
raissent d’ailleurs totalement que chez de très rares espèces, stricte-
ment cavernicoles et très spécialisées. Cette différence de réaction
évolutive vient de ce que les yeux médians et latéraux sont anato-
miquement différents et donc réagissent différemment au phéno-
mène de régression oculaire imposé par l’habitat.
Le second caractère relevé par E. Simon est l’absence de fulcres
aux peignes (pièces basilaires de çet auteur) : « l’absence de pièces
basilaires est un caractère tout aussi exceptionnel dans l’ordre des
Scorpions que l’absence même des yeux » (p. 114). Cette seconde
affirmation a, elle aussi, besoin d’être atténuée. En effet, dans la
famille des Buthidæ, les genres sud-américains Ananieris Th. et
Ananteroïdes Bor. se distinguent de tous les autres genres de la
famille par l’absence de fulcres. Chez les Chactidæ, famille à laquelle
appartient le genre Belisarius, le genre mexicain Megacormus n’a
pas de fulcres aux peignes. Enfin, certaines espèces de Scorpionidæ
Uroctoninæ en sont aussi privés. Il y a donc là un caractère, peu
répandu certes, mais qui peut exister en bien des familles. Dans
un précédent travail, nous avons étudié le développement post-
embryonnaiie des Buthus et remarqué que le premier stade post-
natal est privé de fulcres. Ainsi, l’absence de fulcres est la persis-
tance, chez l’adulte, d’un caractère larvaire c’est-à-dire, suivant la
terminologie actuelle, un cas de néoténie localisée (merostasis).
Le troisième caractère important à relever est la présence d’une
serrula au doigt mobile des chélicères. Nous ne savons rien de son
rôle. Les quelques prospections que nous avons faites indique que
cette formation n’existe pas chez les Euscorpius, les Buthus et doit
donc être considérée comme particulier au genre Belisarius.
Le quatrième caractère qu’il nous faut enfin souligner est la pré-
sence entre les hanches des pattes 2 et 3 et le sternum d’une paroi
lâche de chitine molle laissant prévoir à ce niveau des possibilités
d’articulation. Cette paroi existe chez les autres Scorpions mais
est beaucoup moins développée.
Ces remarques terminées il nous faut mettre au point les carac-
tères spéciaux au genre Belisarius puisque certains de ceux signalés
par Simon se sont révélés faux ou incomplets. C’est pourquoi nous
proposons de modifier comme suit la diagnose en question.
Diagnose modifiée du genre Belisarius E. Simon 1879.
Céphalothorax légèrement échancré au bord antérieur ; pas d’yeux
médians ; yeux latéraux réduits, parfois à l’état de taches oculaires ;
— 303
queue sans carènes ventrales dans les 4 premiers anneaux ; sternum un
peu plus large que haut, antérieurement arrondi ; doigt-mobile des chéli-
cères muni" d’une serrula distale, face inférieure ; bord interne du doigt
mobile des pinces avec 5 grosses granulations accessoires ; tibia de la
patte-mâchoire sans apophyse interne à la base du pédicule ; peigne réduit,
sans fulcres et avec 4 lames.
Remarques biogéographiques et affinités.
Bclisarius Xambeui E. S. est une espèce de montagne, à répartition
restreinte : on ne l’a découvert, en effet, que dans les Pyrénées-
Orientales et seulement dans les hautes vallées du Têt et du Tech.
Sa capture en Espagne, dans la province de Gerona (Ribas et Ras)
c’est-à-dire en des régions voisines n’agrandit que peu cette aire de
répartition réduite. L’altitude maximum est; jusqu’à présent, celle de
la Preste (1.250 m.).
Belisarius Xambeui E. S. est une espèce hypogée. Ce n’est pas un
lapidicole proprement dit. Il vit sous les pierres, mais très enfoncées
et il a souvent été récolté dans la terre même à plus de 50 cm. de
profondeur. Tous les chercheurs l’ayant découvert m’ont confirmé
ces conclusions : L. Fage, L. Berland, A. Vandel1, G. Colas1
et Borelli, Navas ont récolté leurs spécimens dans des conditions
identiques. Un seul exemplaire, à ma connaissance, a été découvert
dans une grotte, celle de Sainte-Marie, près de la Preste* (Jeannel
et Racovitza, 22 mai 1908). Cette grotte, de l’avis des prospecteurs,
est très peuplée mais d’éléments troglophyles et endogés et non de
vrais troglobies. Le, petit Belisarius fut trouvé sous une pierre, mais
ce n’est, pour nous, qu’un hôte occasionnel de cette caverne.
E. Simon admet la parenté de ce Scorpion avec le Scorpion noir
de la région méditerranéenne : Euscorpius carpaihicus. Le voisinage
des genres Euscorpius et Belisarius ne fait aucun doute et les ren-
seignements que nous apporte la répartition des trichohothries ne
font que le confirmer. Les doigts dos Euscorpius comme ceux des
Belisarius ont 19 trichobotries pareillement distribuées (fig. 7)
4 à la base du doigt fixe, 3 dorsales et 2 internes à la base du doigt
fixe, les autres réparties identiquement sur la face latérale de ce
doigt. Bien des caractères cependant distinguent ces deux genres
dont voici les principales difiérences :
Céphalothorax non échancré en avant ; yeux médians existants ; bord
interne du doigt mobile des pattes-mâchoires présentant, indépendam-
ment de la série de granulations médianes (dents ordinaires) une série
interne formée de tubercules placés deux à deux en ligne oblique et une
série externe simple ; au moins 5 trichohothries sur la face ventrale du
1. A qui j’exprime ma reconnaissance pour les spécimens de Prats de Mollo, reçus
en communication.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
20
— 304
tibia des pattes-mâchoires peignes avec fulcres et au moins 6 lamelles ;
chélicères sans serrula Euscorpius Th.
Céphalothorax légèrement échancré en avant ; pas d’yeux médians ;
yeux latéraux réduits ; bord interne du doigt mobile de la patte-mâchoire
présentant une série interne de 5 granulations plus grosses, simples, isolées ;
pas de série externe ; au moins 6 trichobothries sur la face ventrale du
tibia des pattes-mâchoires ; peignes sans fulcres et avec 4 lames ; doigt
mobile, des chélicères avec une petite serrula distale... . Belisarius E. S.
L’origine d’un genre si localisé et parfaitement caractérisé est
problématique ; malgré tout, ses affinités avec le genre Euscorpius,
sont incontestables et d’ailleurs à eux deux forment la sous-famille
des Euscorpioninæ. E. Simon a souligné l’identité de faciès du
B. Xambeui et d’jE. carpathicus. Peut-on savoir près de quelle
espèce d 'Euscorpius se place le Belisarius ? Il est difficile de répondre.
Trois espèces d 'Euscorpius habitent la France : E . italicus, E. car-
pathicus, E. flavicaudis. Les deux premiers se trouvent dans la
région méditerranéenne orientale et le 3e, par contre, a une distri-
bution plus large et a été ramassé dans les Pyrénées-Orientales
par Xambeu lui-même, mais il semble qu’il n’y soit pas courant.
Les différentes espèces d’ Euscorpius se distinguent facilement par
le nombre des trichobothries de la face ventale du tibia des pattes-
mâchoires et de la main : italicus, par exemple, a de 6 à 9 tricho-
bothries sur la face ventrale de la main, flavicaudis en a 4 et carpa-
thicus 3. B, Xambeui en a 4 et par là se rapprocherait de flavicaudis.
Mais sous le tibia, il y a, chez flavicaudis 10 à 14 trichobothries,
carpathicus n’en a que 7 à 10 ! Faut-il par ce caractère rapprocher
carpathicus et B. Xambeui qui lui n’en a que 3. Nous ne savons. Il ne
semble pas que la morphologie externe puisse nous donner à ce sujet
des renseignements précis. Dans un travail en impression nous avons
précisé les affinités des divers Euscorpius et noté que, grâce à l’orne-
mentation des organes paraxiaux des <$, on peut séparer ce genre en
2 groupes : le 1er, avec flavicaudis, est occidental ou thyrrénien, le 2e
avec italicus et carpathicus, est oriental ou égeien. Il semble donc, si
tant est que l’on veuille rechercher en Euscorpius l’origine du genre
Belisarius, assez probable que ce dernier se rapprochât d’E. flavi-
caudis. Nous n’avons malheureusement pas eu d’exemplaires $
adultes à notre disposition et ne connaissons pas la forme de l’organe
paraxial du $. C’est fort regrettable et, de ce fait, devons laisser
cette question en suspens. Il importe cependant de remarquer-avec
E. Simon que E. flavicaudis est une espèce habitant les zones basses
alors qu’j E. carpathicus, comipe B. Xambeui sont des espèces de
montagnes.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
L. Berland. Les Arachnides. Le Chevalier, édit., Paris, 1932.
A. Borelli. Descrizione del Maschio del Belisarius Xambeui E. S. Public.
Junta de Ciencias nat. Barcelona. Vol. IV, n° 9, 1924.
L. Fage. Essai sur l’évolution souterraine et son déterminisme in. Araneæ,
5e série. Biospeologica. Arch. Zool. exp. et générale, t. 71, 1931.
J. Feytaud. Les Scorpions de France. Rev. Zool. agricole et appliquée.
Bordeaux, mai-juin 1940.
R. Jeannel et E.-G. Racovitza. Biospeologica. — XV. Enumération des
grottes visitées. Arch. Zool. exp. et générale, 5e série, t. V, 1900.
L. Navas. Mis excursione cientificas del verano de 1919. Mem. R. Acad.
Cienc. y Artes Barcelona, t. XVII, n° 6, 1921.
E. Simon. Les Arachnides de France, t. VII, 1879.
— 306 —
Un cas mortel D’Ascaridiose du Puma
(Puma concolor [L.]).
Par J. Nouvel.
- ’ _ \ ~ ' ‘ * . ' , .
L’observation que nous rapportons concerne un Puma concolor
(L.) femelle, âgé d’environ 4 ans. élevé dans ùn jardin Zoologique
étranger.
A son arrivée au Parc Zoologique du Bois de Vincennes, cet animal
est maigre, son poil est terne et son appétit très irrégulier.
Un mois plus tard il présente une cri§e épileptiforme qui débute
par des signes d’inquiétude, une forte mydriase et de l’incoordination
motrice. Après deux à trois minutes le malade contracturé tombe à
terre. Cette phase tonique est très courte et immédiatement suivie
d’une phase clonique curieuse, au cours de laquelle le puma, relevé,
tourne rapidement sur lui-même comme s’il cherchait à se mordre
la base de la queue. La durée de ces mouvements « en toupie » est
d’environ 10 minutes, pendant lesquelles on observe de la mydriase,
des contractions cloniques, des masséters et de J’amaurose. Enfin le
malade se couche en sphynx et traverse une phase de stertor de
7 à 8 minutes. La durée totale de la crise est de 20 minutes environ.
L’étiologie parasitaire de cette crise est confirmée par un examen
coprologique, et un traitement approprié provoque l’élimination
de 37 ascaris (28 femelles et 9 mâles). 12 autres ascaris (9 femelles
et 3 mâles) sont recueillis un mois plus tard après un nouveau
traitement. Malgré cela l’état du malade s’aggrave et il meurt
6 semaines plus tard.
A l’autopsie, à part une teinte sub-ictérique des muqueuses et
des aponévroses seul l’intestin grêle présente des altérations qui
retiennent l’attention. _ Participant à lâ teinte générale jaune-
verdâtre, il est contracté, petit, dur au toucher et montre sur une
section transversale un tel épaisissement de la muqueuse que la
lumière centrale est presque complètement obstruée.
L’ouverture méthodique des réservoirs digestifs et de leurs
annexes confirme l’existence d’une entérite catarrhale non hémorra-
gique et permet de retrouver de nombreux parasites ainsi répartis :
Estomac : quelques ascaris.
Intestin grêle : très nombreux ascaris situés dans les 40 premiers centi-
mètres, mais dont le nombre diminue ensuite rapidement. On n'en ren-
contre plus au delà de 65 cm. En outre quatre cestodes ont leur scolex
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
— 307 —
fixé à 10 cm. enviroh du pylore, leur strobile s’étend sur une longueur de
30 à 40 cm. dans la lumière de l’intestin.
Coecum, colon et rectum : pas de parasites macroscopiques.
Vésicule et canaux biliaires : aucun parasite.
Un premier examen nous a permis de rapporter les ascaris recuillis
à Toxascaris leonina (Linst. 1902). Nous les/ avons confiés au
Dr C. Desportes, qui, après en avoir confirmé l’identification, en a
poursuivi l’étude. Le Dr R. Ph. Dollfus a identifié les Cestodes
recueillis à Tænia ovis (Cobbold 1869) et a étudié les spécimens
recueillis. Ces auteurs rapportent dans les pages suivantes les
résultats de leurs "observations qui ont d’autant plus d’intérêt que
ces Helminthes n’avaient jamais été recueillis chez le Puma.
Discussion. — L’ensemble des symptômes et des lésions anatomo-
pathologiques observés chez ce puma permet de conclure à l’étiologie
parasitaire de l’affection.
Or nous savons que sans être exceptionnels, les cas d’ascaridiose
grave ou mortelle sont assez rares chez les carnivores qui, soumis à
une infestation extrêmement précoce .(contractée parfois même in
utero), bénéficient par la suite d’une résistance particulière au para-
sitisme acquis et d’une réelle immunité à l’égard des réinfestations
possibles.
Ces cas graves ou mortels concernent généralement ou des sujets
soumis à une infestation massive révélée par le très grand nombre
de parasites qu’ils hébergent, ou des sujets encore jeunes, qui ayant
échappé à l’infestation précoce, ne sont pas protégés par cette résis-
tance particulière et cette immunité spécifique.
Le nombre d’ascaris (environ 350) recueillis chez notre puma
permet d’écarter l’hypothèse d’une infestation massive.
La présence d’individus de taille différente, dont quelques-uns
n’ont pas atteints la maturité sexuelle, témoigne ou d’une infestation
récente ou d’une sur-infestation.
Nous pouvons donc conclure, ou bien que cet animal est né dans
un milieu non infesté, où il n’acquit aucune immunité et qu’il fut
contaminé plus tard au cours de ses déplacements, ou bien que
l’espèce à laquelle il appartient jouit d’une réceptivité spéciale,
comparable à celle de l’homme qui, contrairement aux carnivores,
peut s’infester à tout moment de la vie, se sur-infester même, et
présenter fréquemment des symptômes graves d’ascaridiose.
• Laboratoire d'éthologie des animaux sauvages du Muséum.
— 308 —
Étude de quelques caractères morphologiques
DE TOXASCARIS LEONINA (LINSTOW 1902; PROVENANT D’UN PUMA.
Par C. Desportes.
( Note présentée par M. J. Nouvel.)
Dans les pages qui précèdent, J. Nouvel publie un cas d’asca-
ridiose mortelle par Toxascaris leonina (Linst. 1902) chez un Puma.
'Cette observation apporte aux connaissances que nous possédions
sur ces Nématodes deux acquisitions nouvelles, la première relative
à leur pouvoir' toxique qui, dans certaines conditions, peut être très
élevé (350 individus à peine ont pu déterminer la mort d’un animal
de la taille du puma !). la seconde relative à l’euryxénie de Toxascaris
leonina : il faut ajouter aujourd’hui Puma concolor (L.) à la liste
déjà longue des Mammifères susceptibles d’héberger cet Ascaris.'
On ne connaissait, en effet, que huit espèces de Nématodes chez
le Puma : quatre appartenant aux Spiruroidea : Phylasoptera
terdentata Molin 1860, Physalopetra digitata Schneider 1866 (qui
diffère du précédent par un certain nombre de caractères notamment
par la petite taille de la papille précloacale), Cylicospirura subce-
qualis (Molin 1860) [= Spiroptera f élis- concolor is M. C. Y., in Molin
1860 = S. subæqualis Molin 1860 ; placé par Vevers (1922) dans le
genre Cylicospirura) et Gnathostoma spinigerum (Owen 1836} [décrit
comme parasite du Chat, du Puma et peut-être du Tigre, par
Diesing (18^8), sous le nom de Cheiracanthus robustus, désigné
en 1885 sous le nom de Gnathostoma robustum (Diesing) par Rail-
liet et, finalement, mis en synonymie avec G. spinigerum (Owen)
par ce dernier auteur en 1893] ; — Deux Stronygloidea : Syngamus
dispar (Diesing 1851) [= Sclerostoma dispar DieS. 1851, placé dans le
genre Syngamus par Molin en 1861 (cf. Chapin 1925)]et Ancylos-
toma caninum (Ercolani 1859) [= Dochmius tubæformis Zeder 1800
= Strongylus tubæformis (Zed.) Rudolphi 1819 = Ancylostomum
tubæforme (Zeder) v. Linstow 1885 = Uncinaria tubæformis (Zeder)
Stossich 1899 ; mis en synonymie de Ancylostomum trigonocephalum
(Rud. 1808) par R. Blanchard (1889)] ; — une espèce de la super-
famille des Filarioidea : Solenonema striata (Molin 1858) Diesing
1861 [= Filaria felis-concoloris M. C. V. in Molin 1858 = Filaria
striata Molin 1858 = Dirofilaria striata (Molin) Railliet et Henry 1911;
les caractères de ce Ver ne permettant pas de le considérer comme
appartenant au genre Dirofilaria, je l’en ai retiré (Desportes 1939)
et le replace provisoirement dans le genre Solenonema Dies. comme
Bulletin du Msuêum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
309
species incertæ sedis] ; — enfin un Ascariïjioidea, Toxocara mystax
donné primitivement comme parasite de P. concolor sous le nom
d’ Ascaris anterospiralis Moliml860 (espèce qui fut mise en synonymie
d’ Ascaris mystax (Z'eder 1800) par V. Drasche (1882), puis signalé
plusieurs fois depuis chez le Puma sous le nom d , Ascaris^mystax.
A ces huit espèces, que je crois être les seules mentionnées jusqu’à
ces dernières années (1940) chez Puma concolor 1 j’ajouterai donc
Toxascaris leonina (Linst. 1902), espèce assez commune chez le Lion
et le Chien et dont la liste des hôtes comprend les espèces suivantes :
F élis leo, F. tigris , F. pardus, F. uncia, F. viverrina , F. bengalensis
(Baylis et Daubney 1925), Cynælurus jubatus, F. serval (Railliet et
Henry 1911), F. catus (Baylis 1924), Canis familiaris , C. aureus
(Railliet et Henry, v. T. limbata ), C. lupus (T. microptera synonyme
de T. leonina in Yorke et Maplestone 1926), Vulpes bengalensis
(donné par Baylis et Daubney pour hôte incertain), Vulpes vulpes
(que je donne également pour nouvel hôte, ayant récolté un mâle
de T. leonina à l’autopsie d’un renard mort en captivité à Paris)
et Homo sapiens (Leiper, 1907).
Ce Nématode fut certainement contracté, dans le cas présent,
au cours du séjour du Puma dans l’une des ménageries où il fut
placé : certains individus recueillis lors de l’autopsie, n’étajent pas
encore parvenus à leur complète maturité sexuelle. Toutefois,
Toxascaris leonina étant un parasite cosmopolite, il ne semble pas
impossible que des infestations de Pumas se produisent également
dans la nature.
Jejne bornerai ici à donner les rapports taxonomiques de quelques
exemplaires trouvés chez le Puma et ne ferai, pour toute description,
que celle des quelques détails morphologiques qui m’ont semblé
les plus importants à signaler.
Male :
Longueur variant entre 35 et 48 mm.
Diamètre moyen de 46 mm.) 800 p env.
Œsophage total ^ de 46 mm.) 3 mm. 745
Distance des diérides à l’extrémité antérieure. . . . 947 p
Distance du pore excréteur à cette extrémité .... 720
Distance de l’anneau nerveux à cette extrémité. . 700 p env.
Longueur de l’aile cervicale (même mâle) . . . ... . . 2 mm. 84
Largeur de cette aile 150 p
Distance de l’orifice cloacal à la pointe caudale. . 210 p
Distance des phasmides à cette pointe . 75 p
Longueur des spiculés (même mâle) 982 p
Longueur des spiculés chez un mâle de 48 mm. . . 1 mm. 01
Longueur des spiculés chez un mâle de 42 mm. . . 950 p
1. Ces espèces figurent toutes les huit, dès 1878, dans Compendium der Helmin-
Ihologie de v. Linstow.
Femelle :
Longueur variant entre 42 mm. et 82 mm.-
Diamètre moyen (Ç de 70 mm.)
Longueur de l’œsophage total (même femelle)
Distance des diérides à l’extrémité antérieure . .
Distance du pore excréteur à cette extrémité . .
Distance de l’anneau nerveux à cette extrémité
Distance de la vulve à cette extrémité
Longueur de l’aile cervicale
Largeur de cette aile : maximum
Distance de l’anus à la pointe caudale.
Distance des phasmides à la pointe caudale. . . .
Dimension des œufs
1 mm. env.
5 mm. 10
1 mm. 05 et 1 mm. 2
850 p.
760 fx
28 mm.
3 mm. 26
180 p.
700 p, env.
135 et 120 p.
85 X 70 [x
78 X 64 p,
82 x 68 p.
79 x 69 p.
Fig. 1. • — Toxascaris leonina : Vue apicale de l’extrémité céphalique.
Les chiffres donnés ci-dessus pour fa longueur du corps, des
spiculés et les dimensions des œufs correspondent assez exactement
à ceux publiés par d’autres auteurs et qui figurent en particulier
sur les quelques tableaux dressés pour cette espèce dans le travail
de E.-L. Taylor (1924); ils sont également superposables aux chiffres
311
que j’ai pu enregistrer pour des parasites de cette espèce récoltés
chez le Chien, le Lion et le Renard (un seul mâle). Je dois ajouter
que tous les Vers examinés étaient, en outre, morphologiquement
identiques.
L’extrémité cépalique est formée de trois lèvres séparées par des
sillons profonds à la base desquels se trouvent des lobes interlabiaux
. très courts, mais faciles à mettre en évidence (fig. 1 et 3). La face
externe de chacune des lèvres, convexe présente une légère dépres-
sion en son milieu ; dans sa partie interne, la lèvre forme un angle
dièdre dont chaque face s’applique sur celle que lui oppose la lèvre
voisine et dont l’arrête médiane, parallèle à l’axe de la bouche est
creusée d’une gouttière à parois épaisses : cette gouttière est plus
profonde et par conséquent plus visible, même par transparence
(fxg. 1 et 2), dans la partie moyenne et postérieure de la cavité
buccale ; elle s’estompe entièrement vers le bord antérieur de la lèvre.
La marge des lèvres, marquée d’une arête assez vive, porte environ
90 denticules qui naissent du bord interne et dont les plus antérieurs
sont les mieux individualisés. La pulpe de chaque lèvre, visible par
transparence, forme, ainsi que l’ont indiqué Railliet et Henry 1911,
deux lobes latéraux, séparés l’un de l’autre par une selle évasée et
312 —
nettement détachés des lobules antérieurs bilobés par un éillon pro-
fond. Sur des préparations bien éclaircies par le chloral lacto-phénol,
on peut également mettre en évidence le contour des deux grosses
cellules claviformes de Goldschmidt qui constituent la partie fonda-
mentale de la pulpe de chaque lèvre (Hôppli 1925).
Les papilles du cycle externe sont au nombre de six_j quatre
papilles submédianes réparties de la façon suivante : deux sur la
lèvre supérieure, une seule sur chaque lèvre inférieure et dans sa
Fig. 3. — Toxascaris leonina : Extrémité céphalique vue de profil (la face centrale
est à droite sur la figure)
partie ventrale. Les deux terminaisons sensorielles de chaque papille
submédiane sont, ici, beaucoup mieux individualisées que chez Ascaris
lumbricoides : les terminaisons médio-médiales (dorso-dorsales et
ventro-ventrales) étant représentées extérieurement par des mame-
lons cuticulaires globuleux alors que les terminaisons sensorielles
latéro-médiales (latéro-dorsales et latéro-ventrales) ne forment qu’une
fine dépression au centre d’une plaque cuticulaire cordiforme très
surbaissée et peu visible. En plus des papilles submédianes, chaque
lèvre inférieure porte, en position latérale mais à un niveau plus
antérieur, deux autres formations cuticulaires, dont la première,
ventro-latérale, représente la papille latérale du cycle externe (il y
aurait là, d’après B.-G. Chitwood et M.-B. Chitwood (1940) non pas
une seule papille,., mais fusion de deux papilles, l’une, ventro-latérale,
bien formée, l’autre, dorso-latérale, rudimentaie) et la seconde, plus
dorsale, constitue l’amphide.
Le cycle papillaire interne est représenté par six organes sensoriels,
interno-médiaux et interno-latéraux très fins, mais profonds et bien
réfrigents.
Par contre, les trois paires d’organes gustatifs observées par
Hôppli (1924), sur des coupes de l’extrémité antérieure de différents
Ascaris, ne semblent intéresser que la partie profonde de la cuticule
(Hôppli 1925, fig. 8) et ne déterminent aucune modification du relief
de la face interne des lèvres.
Les. diérides, un peu en arrière de l’anneau nerveux (v. ci-dessus)
sont situées dans l’angle dièdre dorsal que forme l’aile cervicale avec
le corps.
L’extrémité caudale du .mâle (fig. 4), conique, porte cinq paires de
papilles : deux subdorsales, quelquefois fusionnées, et trois subven-
trales dont la plus antérieure, un peu en arrière du niveau de l’ori-
314
i
fice cloacal, est dédoublée transversalement. Le nombre des paires
de papilles qui s’échelonnent plus antérieurement (papilles pré-
cloacales) varie considérablement : j’en ai compté respectivement
24, 25, 26, 26, 27, 29v 29, 30, 31 et 32 paires chez 10 mâles provenant
du Puma ; 27 et 28 paires qhez deux spécimens récoltés chez un
Lion ; 29, 29, 28, 30 et 31 paires chez des mâles de cette espèce trouvés
chez un Chien, 27 paires sur l’exemplaire du Renard. Le nombre des
papilles varie souvent aussi d’un côté du corps à l’autre : on trouve
par exemple 24 papilles du côté droit et 26 du côté gauche ou res-
pectivement 25 et 28, ce qui semble tenir au fait que la progression
des intervalles qui séparent les papilles, comptées d’arrière en
avant, ne se fait pas d’une façon régulière ni symétriquement des
deux côtés.
En plus des papilles précédentes, existe une papille médiane pré-
cloacale, réniforme, assez saillante en vue latérale.
L’orifice phasmidial ( p ) considéré par beaucoup d’auteurs cemme
l’une des « cinq papilles simples postanales » est situé légèrement en
avant des papilles terminales, subdorsale et subventrale, et ert
position latérale. Les pores droit et gauche sont sensiblement au
même niveau chez le mâle alors qu’il y a souvent, chez la femelle,
un décalage important entre ces mêmes orifices droit et gauche.
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Laboratoire d1 Ethologie des animaux sauvages du' Muséum et Institut
de Parasitologie de la Faculté de Médecine de Paris.
316
Sur les Cestodes de Puma concolor (L.).
Par Robert-Ph. Dollfus.
[Note présentée par M. J. Nouvel.)
Chez les Pumas en captivité dans les jardins zoologiques d’Eu-
rope, l’on n’a pas encore trouvé de Cestodes appartenant à des
espèces les parasitant dans leurs pays d’origine. En captivité en
Europe, les Pumas acquièrent d’autres Cestodes, espèces banales
chez des Carnivores européens.
Au Brésil, trois espèces ont été trouvées par Natterer :
1. - — - Tænia omissa Max Lühe (1910, p. 684-700, fig. texte C,
pl. XIX, fig. 4-5) qui avait été déterminé comme crassicollis par
Diesing (1850, p. 519), mais fut distingué par Max Lühe.
2. — Echinococcus oligarthra (Diesing, 1863, p. 370), d’abord
supposé par Diesing (1850, p. 519) être l’état jeune du Tænia
crassicolis Rud., espèce à laquelle Diesing réunissait à tort des
individus récoltés au Brésil chez P. concolor et d’autres Felidæ
sauvages. L’étude des spécimens récoltés par Natterer permit à
Max Lühe de constater que pas un seul d’entre eux n’était crassi-
collis. De la description de « Tænia oligarthra Dies. » par Max Lüiie
(1910, p. 689-694, fig. texte A-B, pl. XIX, fig. 1-3) résulte que cette
espèce est extrêmement voisine d 'Echinococcus echinococcus (Zeder) ;
elle s’en distingue principalement par une forme un peu différente
de l’ovaire (dont les deux ailes sont au même niveau que le recepta-
culum seminis), par des testicules un peu moins nombreux (25-30
au lieu de 40-50), des œufs un peu plus petits (15-17 p. au lieu de
30-36 p).
3. — Diphyllobothrium decipiens (Diesing 1850, p. 158 ; 1856,
p. 25-26, 36, pl. I, fig. 1-7). [= Bot hriocep hal us felis Creplin 1825].
Le type de l’espèce, distinguée par Creplin, provient du chat domes-
tique d’Allemagne ; il n’est pas certain que Diesing ait raison de
considérer comme la même espèce les spécimens trouvés chez
concolor et autres Felidæ sauvages, au Brésil par Natterer,
Au Jardin Zoologique de Londres a été trouvé une fois, en un seul
exemplaire :
4. — Tænia tæniæformis (Batsch 1786) = T. crassicollis Rud.
1810. L’unique spécimen a été décrit comme espèce nouvelle :
T. ammonitiformis W. Baird (1862. p 20-21, pl. II; fig. 7). L’indé-
pendance spécifique du spécimen de Baird fut mis en doute par
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
— 317 —
Diesing (1863, p. 385), qui estima qu’il pouvait s’agir d’une forme
tératologique de crassicollis Rud plutôt que d’une espèce parti-
culière, F. -S. Monticelli (1892, p. 154) a réexaminé le spécimen de
Baird conservé au British Muséum ; il a constaté qu’il s’agissait de
crassicollis [= tæniæformis ].
A notre connaissance, la seule référence originale relatant la pré-
sence de tæniæformis chez Puma concolor (L.) est celle de W. Baird ;
les nombreuses références indiquées dans les catalogues, les réper-
Fig. 1. — Tænia ovis Cobbold, de Puma concolor (L.).
Double couronne de crochets. Vue apicale.
toires, les monographies, ne concernent pas d’autre récolte. M. C.
Hall (1919, p. 13, 80) mentionne tæniæformis chez P. concolor, sans
référence. Nous pouvons confirmer la présence de tæniæformis chez
le Puma ; nous avons identifié à cette espèce de Tænia deux individus
trouvés à la Ménagerie du Muséum de Paris (11-10-1926) lors de la
dissection d’un Felis concolor aztecus par le Professeur E. Bourdelle,
qui nous les a aimablement remis pour identification. Ces deux indi-
vidus, longs d’environ 15 à 16 cm., ont pris, lorsqu’ils ont été mis en
— 318 —
alcool, le même aspect contourné que celui figuré par W. Baikd ;
les proglottis, fortement craspédotes, atteignent une largeur de
8 mm. ; l’habitus est caractéristique.
Aux quatre espèces précédentes nous ajoutons :
5. — Tænia ovis (Th. Sp. Cobbold 1§69) Ransom 1913 ; nous lui
rapportons quatre individus longs respectivement de 185, 215, 217,
240 mm., trouvés au Jardin Zoologique de Vincennes lors d’une
récente autopsie.
Chez un de ces individus, nous avons compté 34 crochets ; les 17 de
Fig. 2. — Grand et petit crochets de la même couronne.de crochets
que celle de la figure précédente.
la couronne supérieure étaient longs de 180 à 185 fx 7, les 17 de la
couronne inférieure mesuraient 118 à 125 [x ; un deuxième individu
portait 36 crochets, dont 18 de 172 à 179 g, et 18 de 117 [x.
L’anatomie est conforme à la description donnée par M. C. Hall
(1919, p. 32-36, fig. 37-39).
Puma concolor (L.) est un hôte noüveau pour Tænia ovis (Cobbold),
qui n’était connu adulte que chez le chien domestique. Dans un
catalogue des Cestodes de Mammifères, F.-J. Meggitt (1924, p. 216)
mentionne, chez Puma concolor (L.) : Diphyllobothrium latum (L.),
Echinococcus granulosus (Batsch) et Tænia sp. R. Moniez 1880 [en
plus de Diph, decipiens (Dies.), Echinoc. omissa (Lühe) et T. oli-
319 —
garthra (Dies.)]. Nous ne croyons pas que l’on doive admettre, sans
confirmation, P. concolor parmi les hôtes de D. latum et E. granulosus .
Diph. latum (L.) est dit par Max Braun (1882, p. 41) avoir été
trouvé chez P. concolor , mais Braun ne dit pas quand, ni où, ni par
qui. Nous ignorons à quelle source Braun a puisé ce renseignement
et s’il est exact.
Echinococcus granulosus (Batsch 1786) aurait, parmi ses hôtes,
dit Ch.-W. Stiles (1906, p. 76) « probably cougar (P. concolor) »,
mais STiLES^ne dit pas d’où il tient cette information. Il est pro-
bable que les divers auteurs qui, tels M.-C. Hall (1919, p. 58, 80)
ont mentionné E. granulosus (Batsch) chez P. concolor ont simple-
ment emprunté ce renseignement douteux à Stiles.
En ce qui concerne « Taenia sp. Moniez 1880 », pour lequel Meggitt
(1924. p. 96) renvoie à « Moniez 1880, p. 47 », il n’a pas été trouvé
chez un puma. R. Moniez (1879, p. 163 ; 1880. p. 47 note) dit l’avoir
récolté chez une Panthère morte en captivité et l’identifie à Tænia
felis-pardi Rudolphi ; il n’est pas question de Puma concolor (L.).
On distinguera les 3 espèces du genre Tænia trouvées chez Puma
concolor (L.) d’après le tableau ci-dessous.
Ntfre de branches
Dimensions des crochets latérales (de
Nombre grands petits chaque côté) de Œufs
de crochets ix ix de l’utérus. [x
T. omissa ..... 40 270-290 190-200 2 28-32 36
T. tæniæformis. 26-52 380-420 250-270 ' 16-18 31-37
T.ovis 24-36 156-188 96-128 20-25 30-34 x 24-28
Pour la description détaillée d’ omissa, on se reportera à l’ouvrage
de Max Lühe (1910), pour celles de tæniæformis et ovis à l’ouvrage
de M.-C. Hall (1919) et aux divers traits d’Helminthologie vété-
rinaire.
Laboratoire d’Ethologie des animaux sauvages du Muséum.
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~7 321 —
Catalogue des types de Gastéropodes marins conservés
au Laboratoire de Malacologie.
V. — Nassidae, Vasidae, Volutidae.
Par E. Fischer-Piette et J. Beigbeder 1. •
FAMILLE NASSIDÆ
î * , r i .'ï \ î ! •
Genre Northia Gray 1847.
Northia anguiosa Jousseaume 1898, Le Naturaliste , XX,
p. 251, figure. «
Holotype. Long. 48 mm. Provenance : Panama. Et un échantillon
de 67 mm., même provenance.
Genre Dorsanum Gray 1847. Voir Bullia.
■/' ! . . -A
Genre Bullia Griffith 1834.
Dorsanum Gruveli Dautzenberg 1910, Contrib. faune malac.
Afr. occid., Actes Soc. Lin. Bordeaux, p. 56, pi. 2, fig. 7.
Holotype. Long. 18 mm. Provenance : Bilaouak.
Buccinum miran Bruguière 1789. Encycl. méth.. Vers, I. p. 268.
Espèce fondée sur « Le* Miran » d’AüANSON (1757, Hist. nat.
Sénégal, p. 50, pl. 4, G, IX, fig. 1), dont 6 exemplaires ont été
retrouvés et étudiés par E. Fischer-Piette (1942, Les Moll. d’Adan-
son, p. 160, pl. 2, fig. 7 et 8) sous le nom Bullia miran.
1. Suite de^ notes parues dans ce Bulletin, t. XV, 1943, pp. 203, 324 et 429 et t. XVI ,
1944, p. 70. Pour la façon dont a été conçu ce catalogue et pour le sens donné aux
mots holotype, syntype, paratype, voir 1943, p. 203. Nous rappelons que ce catalogue
comporte l’identification des types de Savigny et de Risso.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
— 322
Dorsanum terebræforme Dautzenberg 1912, Miss. Gruvel
côte occ. Afr., moll. mar., Ann. Inst, océanogr., p. 33, pl. 1, fig. 39, 40.
Holotype. Long, 23 mm. Provenance : Mossamédès.
Genre Amycla H. et A. Adams 1853. Voir Nassa.
Genre Cyclope Risso 1826. Voir Nassa.
Genre Niotha H. et A. Adams 1853. Voir Nassa.
Genre Phrontis H, et A. Adams 1853. Voir Nassa.
Genre Planaxis Risso 1826 ( non Lamarck 1882). Voir Nassa.
* Genre Sphaeronassa Locard 1886. Voir Nassa.
Genre Nassa Lamarck 1799.
Planaxis affinis Risso 1826, Hist. nat. Eur mérid., IV, p. 175
(sans figure), *
Quatre exemplaires, long. 11 à 15 mm. L’un d’eux (de 12 mm.) a
été représenté sur la planche n° 32 inédite (voir Th, Monod, Inven-
taire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931)^ Cette espèce
s’identifie à Nassa incrassata Müll.
■■
Nassa bicolor Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p 84>
pl, 21, fig. 41, 42,
Un échantillon rapporté par Hombron et Jacquinot, mais sans
^provenance. Long. 15 mm.
Nassa Botjrguignati Locard 1887, Contr. faune malac. Fr.,
Monogr. Buccinidæ, p. 37, fig. 6 de la planche.
Sept paratypes, long. 25 à 33 mm. de Dunkerque, Brest (2 exempl.),
Guethary (2 ex.), Roussillon, Marseille.
Nassa Bucquoyi Locard 1887, Contr. faune malac. Fr., Monogr.
Buccinidæ, p. 81.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection
Locard. 31 exemplaires (long. 7 à 9 mm.), des côtes de la Méditer-
ranée.
Nassa Deshàyesi Hombron et Jacquinot 1854' Voy. Pôle Sud,
p. 76, pl. 21, fig. 11, 12.
Holotype. Long. 24 mm. Provenance : Amboine.
Planaxis desmarestiana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid.,
IV, p. 176, pl. 8, fig. 105.
Un exemplaire. Long. 10,5 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa
incrassata Müll.
— 323 —
Planaxis donatiana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 176 (sans figure).,
Holotype. long. 13 mm., représenté sur la planche n° 32 inédite
(voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus.. 6e s.,
VII, 1931), Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. = N, cos-
tulata Renieri.
Amycla elongata Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Catal. gén.
Moll, mar., p. 143 (figuré en 1887, Monogr. fam. Buccinidæ, fig. 14
de la planche).
Plusieurs échantillons, dont six (long 11 à 13 mm.) proviennent,
d’une localité citée dans le texte : Cannes.
Nassa elongatvla Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Catal. gén.
Moll, mar., p. 139.
Espèce fondée sur une figure d’autres auteurs, et sur la collec-
tion Locard. Plusieurs échantillons, dont deux des Martigues,
localité citée dans le texte.
Nassa erythræa (lssel 1869, N. costulata var. erythræa, Malac.
mar. Rosso, p, 126, 268, 394) Pallary 1926, Explic. planches Savigny,
Mém. Inst. Egypte, p. 88.
Ces dénominations sont celles qui ont été données à la figure 4
de la planche 6 de Savigny, Descript. Egypte.
Un exemplaire, collection Savigny, long. 8,2 mm. Ce peut être
la coquille figurée.
Cette espèce est valable, et d’ailleurs bien connue maintenant
que d’autres récoltes en ont été faites. Voir la bibliographie dans
G. Moazzo, 1939, Mém. Inst. Egypte, t. 38, p. 152. C’est également
à cette espèce qu’il faut rapporter les échantillons du Golfe de Suez
(collect. du Muséum) nommés N. acutideniata Smith 1879 par
Ed. Lamy [Mém. Inst. Egypte , t. 37, 1938, p. 51). Nous avons égale-
ment déterminé comme N. erythræa divers exemplaires de la col-
lection Jousse aume, provenant de la Mer Rouge (très nombreux),
de Ceylan (1 ex.) et des Philippines (1 ex.).
Nassa eutacta Locard 1887, Contrib. f. malac. Fr., Monogr*
Buccinidæ, p. 66, fig. 11 de laqdanche.
Six paratypes, long. 6 à 8 mm., provenant de Piriac (2 exempl.) et
du Croisic (4 ex.),
Nassa exigua Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, pl. 21,
fig. 26, 27 (sans description).
Holotype. Long. 15 mm. Provenance : Iles Salomon (Etait marqué
comme type de Nassa nigra H. et J.).
Nassa Fischeri 'Dautzenberg 1912, Miss. Gruvel côte occ. Afr.
Moll, mar., Ann. Inst, océanogr., p. 31, pl. 1, fig. 37, 38.
Holotype. Long. 12,5 mm. Provenance : Mossamédès.
, ' — 324 —
Planaxis fitcheliana Risso 1826, Hist. nat Eur. mérid.,
IV, p. 177, pl. IX, fig. 127.
Holotype. Long. 8 mm. Et un autre échantillon, de 7 mm. Cette
espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata Renieri.
Buccinum floridanum Lesson 1842, Rev . zool. Soc. Cuv ., p. 237
(sans figure). v
Un échantillon de la collection Lesson, probablement paratype.
Long. 21 mm. Sans provenance.
Nassa fragum Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud,
p. 83, pl. 21 fig. 39, 40.
x Holotype. Long. 19 mm.
Nassa fusca Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud, p. 74,
pl. 21, fig. 7, 8.
Holotype. Long. 27 mm. Provenance : Iles Salomon.
Buccinum globosum Quoy et Gaimard 1832. Voy. Astrolabe,
Zool., II, p. 448, pl. 32, fig. 25-27.
Holotype. Long. 13 mm. Provenance : Vanikoro. Et 11 paratypes,
même provenance, long. 9 à 14 mm.
Sphæronassa globulina Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Cat.
gén. Moll, mar., p. 133 (sans figure).
Espèce fondée sur une figure d’autres auteurs, et sur la collection
Locard (Saint-Tropez). Nombreux échantillons, dont 5 de Saint-
Tropez, long. 18 à 23 mm.
Nassa Guerini Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Cat. gén. Moll,
mar., p. 140.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection
Locard. Plusieurs exemplaires, dont 8 (long 11 à 16 mm.) provien-
nent de localités citées dans le texte : La Seyne (7 ex.) et Cannes
(1 ex.).
Nassa in^lata Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr., p. 84 (sans
figure).
Nombreux exemplaires de la Méditerranée. Long. 12 à 18 mm.
Nassa interjecta Locard 18$6, Prodr. malac. Fr.. Catal. gén.
Moll, mar., p. 136 (sans figure).
Plusieurs exemplaires, dont 5 (Ipng. 15 à 17 mm.) proviennent des
localités citées dans le texte : les Martigues (4 ex.) et Saint-Tropez
(1 ex.).
Sphæronassa irregularis Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr.,
p. 74 (sans figure).
Trois exemplaires (marqués Méditerranée, et Iles d’Hyères),
long. 16, 17 et 18 mm.
Nassa isomera Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén. Moll,
mar., p. 135 (sans figure).
— 325 —
Onze exemplaires syhtypes (long. 24 à 28 mm.), de Dunkerque
(1 ex.), Langrune (3 ex.)^ Granville (1 ex.), Cherbourg (l,ex.), Rous-
sillon (1 ex.), Saint-Tropez (2 ex.), Presqu’île de Gien (2 ex.).,
Nassa Jousseaumei Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén.
Moll, mar., p, 139.
Espèce fondée sur une figure d’autres auteurs, et sur la collection
Locard. Nombreux échantillons, mais aucun de la provenance
indiquée dans le texte (Toulon).
Planaxis lævigata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 175 (sans figure).
Holotype. Long. 10 mm. Représenté sur la planche n° 32 inédite
(voir Th. Monod, Invent, manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s.,
VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa granum Lamk.
Planaxis lineolata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid.. IV,
p. 173, pl. IX, fig. 136.
Holotype. Long. 12 mm. Figuré également sur la planche n° 32
inédite (voir Th. Monod, Invent, manuscrits Risso, Arch. Mus.,
6e s., VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. ;=
N. costulata Renieri.
Planaxis loques Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid;, IV, p. 177
(sans figure).
Holotype, long. 10 mm., représenté sur la planche n° 32 inédite
(voir Th. Monod, Invent, manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII,
1931). Cette espèce s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata
Renieri.
Nassa Mabillëi Locard 1887, Contrib. faune malac. fr., Monogr.
Buccinidæ, p. 71.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection
Locard. Nombreux exemplaires, dont 33 (long. 8 à 10 mm.) provien-
nent des localités citées dans le texte : La Seyne (2 ex.), Saint-
Raphaël (11 ex.), Saint-Tropez (10 ex.), Cannes (8 ex.), Nice,
(2 ex.). v
Nassa mediterranea Risso 1826, Hist. nat, Eur. mérid., IV,
p. 170. ;
Cinq échantillons, de 20,|T9, 19, 19 et 18,5 mm. Cette espèce
s’identifie à Nassa mutabilis L.
Nassa miga Bruguière 1789, Encycl. méth. Vers, I, p. 274.
Espèce fondée sur « Le Miga » d’ÂüANSON (1757, Hist. nat. Séné-
gal. p. 116, pl. 8, fig. 10), dont 13 exemplaires ont été retrouvés et
étudiés par E. Fischer-Pîette (1942, Les Moll. d’Adanson, p. 213,
pl. 5, fig. 7).
Planaxis molliana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV >
p. 176 (saris figure).
Holotype. Long. 8 mm. Représenté sur la planche n° 32 inédite
(voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e série,
VII, 1931) ; et deux autres individus, de 7,5 et 6 mm. Cette espèce
s’identifie à Nassa Cuvieri Payr. == Nassa coslulata Renieri.
Amycla Monterosatoi Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal.
gén. Moll, mar., p. 143.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection
Locard. Nombreux exemplaires, dont 48 (Ion. 9 à 14 mm.) provien-
nent de localités citées dans le texte : Cette (6 ex.), Toulon (13 ex.),
Saint-Tropez (11 ex.), Cannes (18 ex.),
Buccinum mù-ricatum Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe,
Zoool. Il, p. 450, pl. 32, fig. 32, 33.
Holotype, 13,5 mm. Provenance : Nouvelle- Irlande. Et 6 para-
types, même provenance, long 11 à 14 mm.
Cyclope neritoidea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 170 (sans figure).
Cinq échantillons, de 15, 13, 12, 12, 12 mm. Cette espèce s’identifie
à Nassa neritea L.
Nassa obliqua Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud,
p. 84, pl. 21, fig. 43-44.
Holotype. Long. lS^pim. Provenance : îles Salomon.
Phrontis obockensis Jousseaume 1888, Mëm. Soc. zool. Fr.,
1888, p. 184 (sans figure).
Holotype. Long. 11 mm. Provenance : Obock. Et 3 autres échan-
tillons, même provenance.
Nassa olivacea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 173,
pl." VIH, fig. 114.
Un exemplaire de 18 mm., probablement holotype. Et cinq autres
échantillons, de 13 à 17 mm. Cette espèce s’identifie à Nassa corni-
culum Olivi.
Nassa4 ovoidea Locard 1886, Prodr. malac. fr., Catal. gén. Moll,
mar., p. 142 (sans figure).
Holotype. Long. 18,5 mm. Provenance : Royan.
Nassa Poirieri Locard 1887, Contr. faune malac. Fr., Monogr.
BuCcinidæ, p. 40, fig. 7 de la planche.
Espèce fondée sur une figure de Kiener, et sur la collection
Locard. Quatre paratypes, de Marseille (26 mm.), La Seyne (32 et
29 mm.), Saint-Tropez (30 mm.).
Nassa Polignaci Lamy 1923, Camp. Sylvana, C. R. Congr. Soc.
sav. 1922, Sciences, p. 33, figure.
Holotype. Long. 3,75 mm. Provenance : Guinée portugaise ; et
nombreux autres exemplaires, même provenance.
— 327 — ,
Nassa Quoyi Hombron et Jacquinot, 1854 Yoy. Pôle Sud, p. 79,
pl. 21, fxg. 20-21.
Holotype. Long. 26 mm. Proveqance : Ile Mangareva. Et le type
de la var. alba (fig. 22), long. 26 mm.
Nassa riparia Risso 1826. Hist. nat. Eur. mérid. , p. 175 (sans
figure).
Huit individus, long. 9 à 11 mm. Cette espèce est représentée sur
la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits
Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Elle s’identifie, à Nassa Cuvieri
Payr. = N. costulata Renieri.
Nassa Rochebruni Locard 1887, Contr. faune malac. Fr.,
Monogr. Buccinidæ, p. 31, fig. 3 de la planche.
Cinq para types, long. 20 à 30 mm., de Saint-Malo, Royan, La
Nouvelle, et cap Sicié (2 exempl.).
Nassa rosacea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 176
(sans figure).
Deux exemplaires, long. 11.5 et 11 mm. Ce dernier a été représenté
sur la planche n° 32 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits
Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’identifie à Nassa
incrassata Müll.
Nassa semisulcata Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud,
p. 81, pl. 21, fig. 30-32.
Holotype. Long. 17 mm. Provenance : Iles Salomon. '
Nassa Servaini Locard 1887, Contrib. faune malac. Fr., Monogr.
Buccinidæ, p. 29, fig. 2 de la planche.
Neuf paratypés, long. 19 à 24 mm, de Granville (3 exempl.),
Royan (1 ex.), Cap Sicié (4 ex.), Menton (1 ex.).
Planaxis tenuis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid,, IV, p. 174
(sans figure).
Un exemplaire, long. 11 mm. Cette coquille est conforme à la
figure de la planche n° 32 médite (voir Th. Monod. Inventaire
manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Cette espèce s’iden-
tifie à Nassa Cuvieri Payr. = N. costulata Renieri.
Planaxis trifasciata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 174 (sans figure).
Cinq exemplaires. Long. 15 à 17 mm. Ce sont des Nassa corniculum
Olivi. La description correspond d’ailleurs à cette espèce. Mais la
planche inédite n° 32 (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso,
Arch. Mus., 6e s., VII, 1931) porte une figure de Pl. trifasciata qui
représente une coquille bien différente (deux système perpendicu-
laires de sculpture), probablement Nassa reticula L.
Planaxis turulosa Risso 1826, Hist, nat. Eur. mérid., p. 174,
pl. VIII, fig. 108.
— 328 —
Holotype. Long. 10,5 mm. L’examen de cet échantillon montre
qu’il appartient^» l’espèce qui a été nommée depuis lors Nassa
Edwardsi par P. Fischer (1882, Journ. de Conchyl., XXX, p. 50];
voir aussi Locard 1897, Expéd. Travailleur Talisman, I, p. 267,
pl. XIII, fig. 29-30). Je fais aussi entrer dans la synonymie de cette
espèce le Buccinum sulcatum Kiener (1834, Spec. Icon. coq. viv.,
p. 73, pl. 13, fig. 45), d’habitat inconnu, qui avait été placé par
H. et A. Adams (Gen. rec. Moll., p. 112) dans le genre Truncaria '
Adams et Reeve. Le nom assa Nturulosa Risso doit donc être
employé pour cette espèce, à moins qu’on ne considère que ce nom
à son tour doive entrer dans la synonymie de Nassa sèmistriata
Brocchi, ce dont nous ne pouvons décider actuellement.
Fassa valliculata Locard 1886, Prodr. malac. Fr., Gatal. gén.
moll. mar., p. 137. ~ ~ ■
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collection
Locard. Neuf des exemplaires (long. 13 à 16 mm.) proviennent de
localités citées dans le texte : Cancale (2 ex.), Brest (1 ex.), Biarritz
(3 ex.), Les Martigues (3 ex.). •
Nassa vitiensis Hombron et Jacquinot 1854, Voy. Pôle Sud,
p. 79, pl. 21, fig. 23-25.
Holotype. Long. 25 mm. Provenance : Iles Viti.
Niotha voluptabilis Jousseaume 1894, Bull. Soc. Philom., V,
p. 101 (sans figure).
Echantillons syntypes, au nombre de 14. Long. 10 à 12 mm.
Provenance : Djibouti.
FAMILLE VASIDÆ
Genre Turbinella Lamarck 1799.
Turbinella bilamillata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid.,
IV, p. 212 (sans figure).
L’exemplaire a 31,5 mm. de long, ce qui correspond bien au texte ;
il est étiqueté'T urbinella trilaminata , et a été figuré sous le nom de
T. vilamillata* dans la planche Jn° 53 inédite (coir Th. Monod,
Inventaire manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931),
Il s’agit d’un échantillon extrêmement usé de' Vasum capitellum L .,
espèce antillaise. La collection Risso contient d’ailleurs deux exem-
plaires en bon état, correctement étiquetés par Risso Turbinella
— 329 —
capitellum Lamk. : Risso a donc eu un lot de cette espèce, dont
sans doute un exemplaire s’est égaré dans sa collection méditerra-
néenne.
Turbinella , cassidiforme Valenciennes in Kiener 1840, Spec.
Icon. coq. viv., p. 20, pl. 9, fig. 1.
Deux paratypes. Long. 75 et 73 mm. Provenance : Bahia.
[Turbinella clathrata Valenciennes in Kiener. Voir Peristernia ].
[Turbinella irioclor Hombr. et Jacq. Voir Peristernia .]
[Turbinella macülata Hombr. et Jacq. Voir Peristernia .]
[Turbinella tigrina Hombr. et Jacq. Voir Peristernia .]
[Turbinella triplicata Risso. Voir Mitridæ .]
FAMILLE VOLUTIDÆ
Genre Yetus Adanson 1757. Voir Cymbium.
\ ■ . '
Genre Cymbium Rôding 1798.
Yetus marocanus Pallary 1930, Révis. genre Yetus, Ann. Mus.
Hist. nat. Marseille , XXII, p. 67, pl. 1, fig. 4.
Holotype. Long. 115 mm. Provènance : Agadir.
Yetus pachyus Pallary 1930, Révis. genre Yetus, Ann. Mus.
Hist. nat) Marseille , XXII, p. 75, pl. 1, fig. 3.
Type de la var. minor. Long. 90 mm. Provenance : Douala.
Yetus turriculatus Pallary 1930, Révis. genre Yetus, Ann.
Mus. Hist. nat. Marseille , XXII, p. 70, pl. 1, fig. 5.
La coquille figurée (var. minor), long 68 mm. Provenance : Maron
méridional.
Genre Harpovoluta Thiele 1912.
Buccinum Charcoti Lamy 1910, Bull. Mus., p. 318.
Ün exemplaire, brisé. Provenance : Ile du Roi Georges (Shetlands
du Sud).
330 —
Genre Voluta Linné 1758.
Voluta bracata Mabille et Rochebrune 1889, Miss. sc. Cap
Horn, p. 48.
Deux échantillons sans indication de provenance, marqués « types »
mais dont les longueurs (193 et 170 mm.) sont plus faibles que n’in-
dique le texte (197 et 190).
Voluta Loroxsi Valenciennes 1863, Journ. de Conchyl., Xl, p. 72,
pl. 1, fig. 1.
Holotype. Long. 76 mm. Habitat inconnu.
[Voluta mitrella Risso. Voir Marginellidæ .]
( A suivre.)
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
Sur deux genres de Risso : Protula, Lemintina.
Par A. Chavan.
Parmi les noms génériques introduits par Risso dans son Histoire
Naturelle, il s’en trouve plusieurs d’interprétation douteuse, par
insuffisance ou défaut de figuration type. Il semble intéressant que
disparaisse une incertitude particulièrement gênante lorsqu’il s’agit
de genres importants, tels ceux qui font l’objet de cette note. Leur
fixation s’appuie sur les documents et matériaux mêmes de Risso,
devenus la propriété du Muséum.
I. — Le genre Protula Risso, 1826.
Le terme générique Protula fut introduit pour des Serpuliens
dépourvus d’opercule, avec Protula Rudolphi Risso pour monotype L
Cette espèce ne fut pas figurée, mais son identité avec Serpula tubu-
laria Montagu 2 est admise. « Serpula » tubularia, également sans
figure originale, est la classique belle Serpule à tube dressé, sans
ornementation longitudinale ; bien distincte des Serpula (S. vermi-
cularis L.) par ses parties molles et notamment l’absence d’opercule,
elle justifie un genre distinct, dont l’appellation repose essen-
tiellement sur le texte de Risso.
Or deux spécimens de Protula Rudolphi subsistent dans sa col-
lection, entrés au Muséum en 1927. Ce sont des fragments de tubes
à peine arqués, l’un très fruste, l’autre bien conservé, collés sur un
carton dont le verso porte l’étiquette originale suivante : « genus
Protulla « (sic) et en dessous : « Yermetus Rudolphi Risso ». Il
semble judicieux de désigner le meilleur de ces échantillons comme
type. Je le ai reproduits l’un et l’autre en grandeur naturelle (fig. 1 a).
Cette coquille, sensiblement cylindrique avec un diamètre d’en-
viron 6,5 millimètres, n’est marquée en surface que de stries trans-
verses irrégulières, fines et serrées. Elle est libre et présente' tous les
caractères de « Serpula » tubularia Mtg. L’interprétation du genre
Protula se trouve donc exactement confirmée. La reconnaissance de
l’échantillon précité et sa désignation, comme type avaient d’autant
plus d’intérêt qu’il existe une planche coloriée inédite du P. Rudolphi
conservée parmi les manuscrits de Risso et cataloguée dans l’in-
1. A. Risso, Hist. nat. princip. prod. Eur. mêrid., tome IV, Paris, 1826, pp. 405-407.
2. G. Montagu, Testacea Britannica, tome II, Londres, 1803, pp. 513-515 et Suppl.,
p. 171.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
ventaire établi par M. Th. Monod \ Je l’ai reproduite en noir
(fig. 2). Or si l’animal représenté confirme l’interprétation du genre,
ses caractères spécifiques, aussi bien que ceux du tube, pourraient
plutôt s’appliquer à l’espèce voisine intestinum Lmk ; alors que
Fig. la. — Protula Rudolphi Risso. Les deux écha ntillons retrouvés, le plus long
désigné ici comme type. Grandeur naturelle. — Fig. 1 b. Lemintina Cuvieri Risso.
Paratype et, en dessous, lectotype encore adhérent à de la roche. Grandeur
naturelle.
tubularia serait l’espèce manuscrite Ehrenbergi Risso, figurée sur la
planche inédite suivante. Un tel bouleversement de nomenclature,
avec l’incertitude qu’il laisserait, se trouve heureusement évité par
la désignation du type de Rudolphi, effectuée plus haut.
II. — Le genre Lemintina Risso, 1826.
On né sait quel vocable attribuer au genre de Yermets formé par
l’important groupe arenarius 1 2, étant admis que l’espèce de Linné
correspond à la coquille méditerranéenne .ultérieurement nommée
Serpulorbis polyphragma. Il est d’abord apparu naturel d’utiliser
ce genre Serpulorbis Sassi, 1827 3, monotypique et bien établi. Il a
1. Th. Monod, Inventaire manuscrits Risso. Arch. Muséum, 6e sér., t. VII, Paris,
1931, p. 116.
2. Serpula arenaria Linné = dentifera Lamarck = Serpulorbis polyphragma Sassi
s= Vermelus gigas Bivona.
3. Sassi, Giorn. ligusticodi sc , lett. ed artif p,e 5, 1827, p. 482.
— 334 —
fallu malheureusement compter avec trois dénominations anté-
rieures 1, chacune d’interprétation difficile.
D’abord Tulaxodus Guettard, 1774 2, rejeté par beaucoup d’au-
teurs comme incertain, n’ayant pris de sens qu’ultérieurement aux
autres termes en discussion et seulement sous des vocables altérés :
Thylacodes (Agassiz. 1847) et Tulaxodes (Môrch, 1862). C’est un nom
vernaculaire oublié, proposé pour dix espèces non binominales. De
tels genres, suggère Woodring 3, pourraient toutefois être acceptés.
Il est certain que plusieurs des termes introduits par Guettard
sont valables, notamment Tenagodus (op. cit., pp. 128-132), lui
aussi modifié, en Tenagoda et Tenagodes ; mais ce genre s’appuie sur
un caractère frappant (fissure longitudinale), avec une espèce tête-
de-fîle déterminable (« Solen » anguinus Rumphius) qui a permis de le
fixer, tandis que Tulaxodus correspond simplement aux « Serpules
à cloisons », englobant des Yermets de toutes sortes 4 5. Sa restriction
au groupe arenarius est bien postérieure en date à l’introduction de
Serpulorbis ; encore affecte-t-elle un vocable altéré : Thylacodes 6,
tandis que Tulaxodus lui-même est resté dans l’oubli, ainsi que le
signale Desiiayes dans l’Encyclopédie Méthodique (1832) au genre
Tulaxode » (tome III, p. 1083) ; il était ausi bien difficile de lui
trouver un sens précis.
Ce terme écarté, vient ensuite Serpulus Montfort, 1810 6, rejeté
par les auteurs comme nomen dubium à double titre. D’abord,
comme l’indique Woodring 3, le vocable Serpulus, « le Serpule »,
paraît n’être qu’une masculinisation de Serpula ; son énoncé de
type « Serpulus contortuplicatus = Serpula contortuplicata Lamarck »
l’assimilerait du reste au Serpulidé Pomaloceros triqueter Linné.
D’autre part, la figuration dudit type ne correspond pas à l’espèce
désignée ; c’est pour les auteurs, un V ermetus arenarius. Je ne puis
suivre cette interprétation, car la figure représente un tube con-
tourné, sans aucune ornementation' longitudinale, qui paraît être
un Serpulidé, sans doute Protula intestinum Lmk. Mon idée s’accorde
avec la description des parties molles. De toute manière, ce n’est
pas l’espèce désignée et Serpulus demeure un nomen dubium.
1. Il existe aussi plusieurs dénominations postérieures en date à Serpulorbis, les deux
plus connues étant Serpuloides Gray, 1850 et Tetranemia Môrch, 1859.
2. Guettard, Mém. sur diff. part. sc. et arts, vol. 3, 1774, pp. 143-154.
3. W. P. Woodring, Mioc. moll. from Bowden, Jamaica, part 2, Washington,
1928, p. 345.
4. Morch 'signale cjue Guettard n’ayant pu voir les cloisons des Vermetus, les
croyait distincts de ses Tulaxodus, fondés principalement sur l’existence desdites. Il
comprenait dans les Vermets des formes à tours réguliers.
5. Morch renvoie de Thylacodes à Tulaxodes et signale que Guettard (op. cit.,
p. 152) a déclaré fonder principalement son genre sur le Certium de Gualtieri, qui cor-
respond surtout à la grande espèce méditerranéenne. Ce n’est pas là une désignation
suffisante. Quant à l’altération de Tulaxodus en Thylacodes, elle suffirait, dans une
application stricte des lois de la nomenclature, à les faire traiter séparément.
6. D. de Montfort, Conchyl. systématique, vol. 2, Paris, 1810, pp. 26-27.
— 335
Le nom générique troisième en date est, à vrai dire, le seul à
discuter, la plupart des auteurs modernes l’ayant admis en fait,
lors même qu’ils ont suggéré la reprise de Tulaxodus. On vient de voir
que celui-ci n’est pas valable, non plus que Serpulus. Il reste ainsi
Lemintina Risso, 1826 x, antérieur d’une année à Serpulorbis, et
proposé pour une espèce actuelle énigmatique, Lemintina Cuvieri
Risso (monotype) qui n’avait pas été retrouvée. Son assimilation à
Vermetus arenarius Lin., faite sans preuve par Bucquoy, Dautzen-
berg et Dollfus 2, après avoir été suggéré par Gray 3, est générale-
ment acceptée ; cependant Thiele 4 a préféré Serpulorbis à Lemin-
tina, qu’il rejette en synonymie comme douteux. Môrch, le spécia-
liste des Vermets, avait autrefois senti la même incertitude 8,
avant d’ériger Lemintina en sous-genre de Thylacodes 6, les carac-
tères attribués par Risso à son espèce paraissant tellement singuliers
qu’ils pouvaient, selon Môrch, correspondre à quelque * chose de
spécial et d’inconnu. Les auteurs n’ont généralement pas retenu
ce point de vue, considérant la diagnose et l’étrange figuration de
Lemintina Cuvieri comme une simple mauvaise description d’un
Vermetus arenarius.
Mais Lemintina Cuvieri se montre si bizarre qu’on peut se deman-
der s’il s’agit bien d’un Yermet et même seulement d’un Gastropode.
J’en ai reproduit la figuration originale avec scs numéros de réfé-
rence. La coquille ( op . cit., et ma fig. 3, nos 16, 18) est un gros tube
tordu, sans aucune sculpture longitudinale, marqué par contre de
nombreuses stries transverses. Il semble exagérément dilaté dans
sa partie terminale, dressée. L’animal lui-même est encore plus
étrange. Isolé (d°, n° J 7), il apparaît terminé en deux pointes conoïdes
arquées d’inégale longueur, qui correspondent vraisemblablement à
une figuration malhabile du ligament, et du tortillon. La partie qui
sort du tube présente bien un pied dilaté, comme chez les Vermets,
au-dessus de deux courts tentacules avec les yeux à leur base ; mais
la bouche s’accompagne d’un singulier panache, interprété comme
membrane linguale par Môrch 6 qui a discuté cette figuration en
détail. Le caractère le plus inattendu réside en l’existence, à la
surface tronquée du pied, de sillons rayonnants qui la comparti-
mentent, en sortes de pétales indentant le bord du disque. Il n’y a
pas d’opercule, caractère négatif peu fréquent chez les Vermets,
1. A. Risso, Hist. nat. princip. prod. Eur. mérid., tome IV, Paris, 1826, pp. 114-115,
pl. II, fig. 16, 17, 18.
2. E. Bucquoy, P. Dautzenberg, G. F. Dollfus. Moll, marins du Roussillon,
tome I, Paris, 1884, p. 236.
3. J. E. Gray, Guide to tlie Mollusca of the British Muséum, part I, London, 1857,
p. 127.
4. J. Thiele, Handb. der System. Weitchtierkunde, tome I, Iena, 1934, p. 186.
5. O. A. L. Môrch, Etudes fam. Vermets, Journ. Conchyl., VII, 1858, p. 349.
6. O. A. L. Môrch, Revicw of the Vermetidae, Proc. Zool. Soc. London, 1862, part I,
pp. 65, 80.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
22
— 336 —
mais qui, manifesté justement dans le groupe arenarius , paraîtrait
confirmer l’attribution à l’espèce linnéenne de ce Lemintina Cuvieri.
■ Or, dans la collection Risso, le Muséum possède un carton (entré
en 1927) qui porte deux fragments de tubes, avec, à son verso,
l’étiquette originale : « genus Lementina » 1 et en-dessous : « Ver-
metus Cuvieri Risso. Siliqua ». Le numéro 275, qui est celui de l’es-
pèce dans le tome' IV de Y Histoire Naturelle, est reproduit en outre,
au coin supérieur gauche.
Ces échantillons, figurés ci-avant (fig. 1&). peuvent être désignés
Fig. 3. — Reproduction en noir et même grandeur du bas de la planche II, tome IV
de 1* Histoire Naturelle de Risso, correspondant aux figurations du Lemintina Guvieri.
■N. '
comme les types : non seulement l’étiquette et L’absence d’autres
spécimens y incitent, mais, de plus, l’un des tubes adhère encore
à une roche brune altérée, d’aspect rhyolitique, semblable à celle
que représente Risso (op. cit., pl. Il, fig. 16). Tous deux sont cylin-
driques, d’assez fort diamètre (81, 5 millimètres environ), privés de
leur début et sans aucune sculpture longitudinale ; marqués de
fortes stries tf an verses irrégulières, ils offrent les caractères de
Protula intestinum Lmk 2 *. Ce sont ainsi des tubes d’Annélides,
1. G’est l’orthographe de l’explication de la planche, alors que le texte porte Lemin-
tina, orthographe préférable comme première donnée.
2. Au moins de Protula, si l’absence de l’animal empêche de confirmer rigoureuse-
ment l’espèce.
337 —
d’aspect comparable au Protula Rudolphi , précédemment étudié,
seulement plus grossièrement striés, plus épais et plus larges. Bien
mieux, la collection Risso comprend encore au moins cinq cartons
avec étiquettes originales nommant « Vermetus » des coquilles qui
sont aussi des Annélides : trois espèces décrites sans figures comme
Serpula, S. canelato , contortuplicata et fascicularis, plus deux restées
manuscrites, celles inventoriées par M. Th. Monod comme Protula
Laurellardi et Protula Ekrënbergi (orthographe des planches inédites
de Risso) j marquées sur les cartons « genus Protula. Vermetus
Aureillardi Risso >: et « Vermetus Ehrenbergi Risso b1.
Ainsi Risso a pris d’abord les tubes de ses Serpules pour des
Vermets comme le prouvent ses étiquettes où Protula s’ajoute à
Vermetus. Il n’a pas confondu son Lemintina avec V. arenarius. car
sa collection renferme aussi ce Gastropode, bien étiqueté « Vermetus
gigas Phil. » terme synonyme d’ arenarius.
Comment a-t-il pu, dans ces conditions, fonder le genre Lemintina ?
V. arenarius chez les Vermets, P. tubularia chez les Serpules, sont
caractérisés l’un et l’autre par l’absence d’opercule. Frappé par ce
commun détail (qu’il ne manque pas de signaler à la diagnose de
Lemintina comme à celle de Protula)^ t par la similitude des coquilles,
Risso a dû d’abord tout confondre (étiquettes citées plus haut) puis
reconnaître les animaux (dessins inédits des Annélides) en mélan-
geant involontairement leurs coquilles 2.
Lorsque les tubes de Vepmets sont trop usés pour qu’y subsiste
une sculpture longitudinale et suffisamment tronçonnés pour qu’on
n’y trouve plus de cloisons, leur distinction d’avec la Serpule devient
en effet difficile. Le test de cette dernière est formé de deux couches
alors que le Vermet en a trois. Mais c’est Môrch qui signale ce
caractère ; Risso devait l’ignorer. Il a donc pu croire au début que
ses tubes d’Annélides étaient ceux de Vermétidés, puis ne rétablir
qu’avec peine la correspondance des animaux discriminés et des
coquilles. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle il a laissé manus-
crites plusieurs espèces de Protula , n’en publiant qu’une, alors qu’il
avait pour toutes des notes et des dessins ?
Quant à l’animal même du Lemintina, son corps de Vermet ter-
miné par un disque à division rayonnante, comme un opercule de
Serpula vermicularis, ne peut guère s’expliquer que par une confu-
sion, une surimposition de caractères. Ce n’est pas en tout cas Ver-
metus arenarius, non plus que le tube, et l’hypothèse d’un genre ou
sous- genre spécial paraît insoutenable.
1. Toutes ces. coquilles ressemblent au P. tubularia-Rudolphi, mais les animaux, selon
le texte publié ou selon les manuscrits et planches inédites, seraient différents. La der-
nière seule paraît bien s’identifier au P. tubularia.
2. En effet, le dessin du tube de Protula Ehrenbergi s’accorde tout à fait avec l’échan-
tillon retrouvé ; il n’en est pas de même pour P. Rudolphi et pour d’autres..
— 338
III. — Conclusions systématiques.
Le genre Lemintina. dont la coquille-type est un tube d’Annélide,
devient inutilisable pour des Vermétidés, quand bien même l’animal
représenté serait un Gastropode, plutôt qu’une irréelle figuration.
Comme il ne peut être prouvé que les parties molles correspondent
bien au tube — il y a même impossibilité à cela, puisqu’elles présen-
tent au moins pour partie des caractères de 'Mollusques et lui, ceux
d’une Arinélide — Lemintina serait un nomerù dubium, si l’identifi-
cation de sa coquille à une Protula, genre décrit sans figures et plus
loin dans le même ouvrage, ne risquait de rouvrir une controverse.
Tenant compte seulement des tubes, on pourrait en effet discuter
pour savoir lequel dès deux termes devrait valablement désigner la
Serpule inoperculée.
Afin d’éviter cette nouvelle confusion et de sauver le vocable Pro-
tula mondialement connu, j’ai pris soin de faire précéder le présent
paragraphe d’une étude de P. Rudolphi, avec reproduction des
. dessins originaux inédits et fixation du type. Protula fut ainsi validé
avant qu’ait été reconnu Lemintina , qui en sera par conséquent
synonyme s’il ne demeure nomen dubium. >
Il reste à choisir un terme pour désigner le groupe de « Vermetus »
arenarius. Tulaxodus et Serpulus étant éliminés comme nomina
dubia, Lemintina de même ou rejeté sous Protula, c’est Serpulorbis
Sassi, 1827, qui devient le premier nom valable ; il a l’intérêt d’être
indiscutable. Sa reprise, que je propose, aura l’avantage de ne pas
prêter à confusion.
\
Laboratoire defèMalacologie du Muséum.
Les Alcyon aires du Muséum i. Famille des Alcyoniidae
i. Genre Lobularia (suite) 1.
Par A. Tixier-Durivault.
26. — Lobularia Michelini N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante, à capitule plus élevé que le pied.
Surface lobulaire composée de lobes inégalement répartis, formés
d’un nombre variable de lobules arrondis généralement subdivisés.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,09 mm. de long). Dans la
base du cœnenchyme haltères à col large et à têtes volumineuses
présentant de nombreuses verrues coniques ou arrondies. Sclérites
de la portion lobulaire transparents, à contours sinueux, souvent
cylindriques. Spiculés corticaux en baguettes à bords festonnés.
Polypes : sur tout le capitule, nombreux et petits.
Coloration : de la colonie à sec : brun jaunâtre.
Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (l’un de la Collection
Michelin, l’autre donné par M. Clôt Bey, 1850).
Cette espèce se rapproche de L. brachyclados par la taille’ de ses
spiculés mais s’en écarte sensiblement par le col large et les têtes
volumineuses de ses haltères basilaires.
27. — Lobularia minuta N. Sp.
Synonymie : 1937. Alcyonium digitulatum, G. Stiasny (pars.). Révision
des Collections H. Michelin II. Catalogue raisonné des Alcyinoides, Gor-
gonides, Zoanthides et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2,
t. IX n° 6 p. 392. ^
Diagnose : Colonie : molle, arborescente, à capitule ramifié
secondairement.
Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,79 mm. de long). Dans la base
du cœnenchyme petits haltères à nombreuses verrues pointues.
Dans la portion lobulaire petits sclérites allongés en baguettes.
Polypes : gros, abondants sur le capitule, à nombreux spiculés
anthocodiaux ; tentacules plurigidités à très petits sclérites trans-
parents.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par la forme générale
de ses haltères basilaires et s’en éloigne par la disposition dressée des
1. Voir lre note dans Bull. Mus. Nat. Ilist. Nat., s. 2, t. XV, p. 437 ; et 2e note dans
Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XVI, p. 183.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
digitations de sa colonie, la forme pointue de ses verrues et l’abon-
dance de ses gros polypes.
28. — Lobularia pacyclados (Klzgr).
Synonymie : 1877. Alcyonium pachyclados C.-B. Klunzinger. Die
Korall. d. Roth. Meeres. Berlin, vol. I p. 24 pl. 1 fig. 5.
1899. Aie. pachyclados. W. May. Jena. Zeitschr. f. Naturw., vol. XXXIII,
p. 106.
1900. Aie. pachyclados, S. -J. Hickson et I.-L. Hiles. The Stolonifera
and Alcyonacea coll. by Willey, New Britain, p. 503.
non 1902. Aie. pachyclados, S. -J. Hickson. The Alcyonaria and Hydro-
corallinæ of the Cape of Good Hope, p. 72.
1903. Aie. pachyclados, E.-M. Pratt. The Alcyonaria of the Maldives,
part III, p. 534.
1905. Aie. pachyclados, E.-M. Pratt. Rep. Pearl Oyster Fish. of Gulf
of Manaar, part III, Supp. Rep. XIX, p. 258.
1906. Aie. pachyclados, J.-A. Thomson et W.-D. Henderson. Proc.
Zool. Soc. London, vol. I, p. 416.
1908. Aie. pachyclados, M. Coiin. Alcyonacea v. Madagask. u. Ostafrika,
vol. II, p. 235.
1910. Aie. pachyclados, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief 1, p. 34.
Non 1910. Aie , pachyclados, J.-S. Thomson. Trans. Roy. Soc. Edin.,
vol. XLVII, part 3, p. 570, pl. 2, fig. 14 ; pl. 4, fig. 33, 34.
1914. Aie. pachyclados, J. Lüttschwager. Arch.~ Naturg. Abt. A,
Heft 10, p. 20.
1922. Aie. pachyclados, H. Lüttschwager, Philip. Journ. Science,
vol. XX, p. 522, pl. i, fig. 1.
1930. Aie. pachyclados, S. J. Hickson. Proc. Zool. Soc. London, vol. 1,
p. 209.
1931. Lob. pachyclados, J.-A. Thomson et L.-M.-I. Dean. Siboga-
Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 40.
1933. Aie. pachyclados, H. Roxas, Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 357.
1937. Aie. pachyclados, G. Stiasny. Révision des collections H. Mi-
chelin II. Catalogue raisonné des Alcyonides, Gogonides, Zôanthides
et Pennatulides. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. IX, n° 6, p. 392.
Diagnose : Colonie : encroûtante, charnue, rigide, à pied trois à
cinq fois moins élevé que le capitule. Surface lobulaire composée
de lobes subdivisés en lobules épais, peu serrés, émoussés, digités
ou arrondis.
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,12 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme à portion médiane lisse, courte
et à masses terminales volumineuses hérissées de grosses protubé-
rances irr-égulières, pressées les unes contre les autres. Dans le capi-
tule haltères à col haut et étroit, et à têtes étirées. Sclérites corticaux
elliptiques ou en forme de 8 avec deux centres clairs.
— 341
Polypes : sur le capitule, gros, éloignés les uns des autres, possé-
dant une couronne anthocodiale. Tentacules à 1 ou 2 doubles rangées
de pinnules.
Coloration : de la colonie à sec ; gris jaunâtre.
Localité : 3 exemplaires de la Mer Rouge (2 de M. Portier, 1844
et 1 de la collection Michelin).
Distribution : Mer Rouge, JLuçon, Zanzibar, Nouvelle Bretagne,
Maldives, China Strait, Golfe de Manaar, Australie (N. -O.), I. Nico-
bar, Afrique orientale, I. Fidji, Mer de Java, Palauan, I. Coco,
I. Andamar, Mindoro, I, Lombok (Mer de Bali), Selee Strait (Nou-
velle Guinée), I. Sula Besi (Mer de Banda), L Kabia (Mer de Banda),
I. Rotti (Mer de Timor), Saley Bay (I. Soembawa, Mer de Bali).
v
29. — Lobularia papillosa Tix.-Dur.
Synonymie : 1942. Lob. papillosa, A. Tixier-Durivault. Bull. Mus.
Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XIY, n° 1, p. 80.
Diagnose : Colonie : charnue, douce au toucher, encroûtante, à
capitule deux fois plus élevé que le pied. Surface lobulaire peu
épanouie composée de petits lobes dressés, arrondis, plus ou moins
espacés.
Spiculés : de taille moyenne (0,09 à 0,11 mm. de long). Dans la base
du cœnenchyme double-sphères allongées possédant de très nom-
breuses petites verrues arrondies. Sclérites jaunes plus petits.
Spiculés de la portion lobulaire à multiples aspérités.
Polypes : sur la totalité des lobes, assez gros, très rapprochés les
uns des autres, à nombreux sclérites anthocodiaux. Tentacules
plurilobés à rares spiculés. Sclérites des pinnules tentaculaires en
forme de biscuits à zone centrale claire ou en forme d’haltères à
extrémités granuleuses séparées par une portion lisse et claire.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre.
Localité : 3 exemplaires des Iles Gambier et Touamotou (M. Seu-
rat, 1906).
30. — • Lobularia Prattæ N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante à pied irrégulier et bas. Capitule
formé de petits lobes arrondis, plus ou moins serrés les uns contre
les autres, souvent subdivisés à leur sommet.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm. de long). Double-
sphères de la base du cœnenchyme à verrues volumineuses coniques
ou quadrangulaires. Haltères de la portion lobulaire plus petits.
Sclérites „ corticaux à contours sinueux, à protubérances arrondies
ou à zone centrale claire.
Polypes : sur les lobes, de taille moyenne, plus ou moins espacés
les uns des aütres.
342 —
, Coloration : de la colonie à sec : jaune brunâtre.
Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (M, Clôt Bey, 1850).
Cette espèce se rapproche de L. Krempfi par ses haltères basilaires
mais s’en écarte par son absence d’alvéoles lobulaires et la forme des
verrues de ses spiculés,
31. — Lobularia pulchra N. Sp.
Diagnose : Colonie : arborescente, charnue, à pied court. Capitule
composé de lobes hauts et dressés, subdivisés en lobules digités.
Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,11 mm., de long). Dans la-base
du cœnenchyme haltères à têtes hérissées de protubérances volumi-
neuses serrées les unes contre les autres. Sclérites de la portion
lobulaire rares, allongés et ornés de verrues arrondies.
Polypes : sur la totalité des lobes, assez gros et assez espacés les
uns des autres. Pinnules globuleuses disposées en cercle à l’extrémité
distale de chaque tentacule. Sclérites tentaculaires lisses, en biscuits
ou à zone centrale claire.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre.
Localité : 1 exemplaire des Iles Gambier et Touamotou (M. Seu-
rat, 1906).
Cette espèce ressemble par la taille de ses double-sphères à L.
pachyclados mais s’en éloigne par son aspect extérieur et la forme de
ses sclérites corticaux.
32. — Lobularia similis N. Sp.
Diagnose : Colonie : ferme, encroûtante, à capitule irrégulier,
formé de lobes inégaux entiers ou subdivisés en lobules arrondis.
Lobes éloignés les uns des autres laissant apercevoir la surface
supérieure du pied. *
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Haltères de
la base du cœnenchyme à col bas et à masses terminales recouvertes
de protubérances volumineuses et abondantes. Sclérites du capitule
de formes analogues. Spiculés corticaux lisses présentant des
contours irréguliers.
Polypes : sur les lobes, les lobules et la surface supérieure du pied,
gros et nombreux. Abondants sclérites anthocodiaux. Tentacules
triangulaires avec une rangée longitudinale de spiculés ténus.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc laiteux.
Localité : 1 exemplaire des Iles Seychelles (M. L. Rousseau, 1841).
Cette espèce se rapproche de L. Krempfi par la taille de ses spiculés
et s’en éloigne parla régularité de ses sclérites, et la forme des verrues
de ses haltères basilaires.
— 343 —
33. — Lobularia sphærophora Ehrbg.
Synonymie : 1834. Lob. sphærophora, C.-G. Ehrenberg. Corail, d. Roth.
Meeres, Berlin, p. 57.
1846. Alcyonium sphærophora, J.-D. Dana. Zoophytes. Philadelphie,
p. 616.
1857. Aie. sphærophora, H. Milne-Edwards. Hist. nat. d. Corail.,
Paris, t. I, p. 119.
1859. Ale. sphærophora, J.-D. Dana. Synopsis, Newhaven, p. 123.
1869. Cladellia sphærophora, J.-E. Gray. Notes on the fleshy Alcyonoid
Corals. Ann. Mag. Nat. Hist., vol. III, s. 4, p. 125.
Non 1872. Lob. sphærophora, A. Targioni-Tozzetti. Atti. d. Soc. Ital.
Scienze naturali, vol. XV, p. 455.
1877. Aie. sphærophorum, C.-B. Klunzinger. Die Korall. d. Roth»
Meeres, Berlin, vol. 1, p. 22.
1899. Ale. sphærophorum, W. May. Jena. Zeitschr. f. Naturw., vol,
XXXIII, p. 105.
1908. Ale. sphærophorum, M. Cohn, Alcyonacea v. Madagask. u. Osta-
frika, vol. II, p. 231.
1908. Ale. sphærophorum var. sensibaricum, M. Cohn. Alcyonacea v.
Madagasc. u. Ostafrika, vol. II, p. 233.
1910. Ale. sphærophorum, J.-A. Thomson et D.-L. Mackinnon. Trans.
Linn. Soc. London, s. 2, v. XIII, Zool., p. 174.
1914. Ale. sphærophorum, J. Lüttschwager. Arch. Naturg., Abt. A,
Heft 10, p. 23.
1914. Ale. sphærophorum var. sansibaricum, J. Lüttschwager. Arch •
Naturg ., Abt. A, Heft 10, p. 24.
1922. Aie. sphæroprohum, H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science,
vol. XX, p. 531.
1922. Aie. sphærophorum var. sansibaricum, H. Lüttscwager. Philip.
Journ. Science, vol. XX, p. 531.
Non 1928. Aie. spKærophorum var. australiensis, L. Thorpe. Journ.
Linn. Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 495, pl. 31, fig. 1, pl. 24^, fig 1, 2.
Non 1928. Aie. sphærophorum var. littoralis, L. Thorpe. Journ. Linn.
Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 497, pl. 31, fig. 3 ; pl. 34, fig. 4.
Non 1928. Aie. sphærophorum var. saxigena, L. Thorpe. Journ. Linn,
Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 496, pl. 30, fig. 4 ; pl. 31, fig. 2 ; pl. 34.
fig. 3.
1931. Lob. sphærophora,. J.-A. Thomson et L.-M.-I. Dean. Siboga-
Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 41.
Diagnose : Colonie : encroûtante, charnue, à pied deux à trois fois
moins élevé que le capitule. Surface lobulaire cérébriforjne composée
de lobes subdivisés en lobules courts et larges, hémisphériques,
serrés les uns contre les autres.
Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,09 mm. de long). Dans la base
du coenenchyme haltères avec des aspérités arrondies ou pointues
et un col court et lisse._ Sclérites de la portion lobulaire de formes
344
semblables mais de taille moindre. Spiculés corticaux en forme de
biscuits ou de 8, opaques, légèrement granuleux.
Polypes : sur les lobes et les lobules, gros et assez espacés les uns
des autres. Portion exsertile entièrement couverte de petits spiculés.
Tentacules à 5 pinnüles garnies extérieurement de fins sclérites.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Baie de Suez (Mission Gruvel-Moazzo,
1934). f
Distribution : Mer Rouge, Tubar-Rifï (S.-O. Madagascar), Praslin
(I. Salomon), Tahiti, Océan Indien,
34. — Lobularia Studeri N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante à capitule à peine plus élevé que
le pied. Surface lobulaire composée de lobes disséminés, divisés en
petits lobules irréguliers. '
Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,11 mm. de long). Dans la base
du cœnenchyme double-sphères à protubérances inégales générale-
ment denticulées. Sclérites corticaux en biscuits ou en bâtonnets.
Spiculés du capitule tout à fait différents de ceux du pied : haltères
de petite taille avec très peu de verrues.
Polypes : sur les lobes et les lobules, petits, peu serrés.
Coloration : de la colonie à sec : jaune grisâtre.
Localité : 2 exemplaires de la Mer Rouge (Achat Portier, 1844).
Cette espèce se rapproche de L. pachyclados par la taille de ses
spiculés mais s’en éloigne par ses lobes disséminés, ses verrues denti-
culées et ses petits polypes.
35. — Lobularia suezensis N. Sp.
Synonymie : 1928. Alcyonium sphæphorum var. littoralis, L. Thorpe
Journ. Linn. Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 497, pl. 31, fîg. 3 ; pl. 34,
fig. 4.
Diagnose : Colonie : arborescente à lobes allongés subdivisés en
lobules coniques, digités, plus ou moins pressés les uns contre les
autres.
Spiculés : de taille moyenne (0,08 à 0,10 mm., de long). Haltères
de la base du cœnenchyme à col large et haut et à masses terminales
ornées de rares protubérances arrondies. Sclérites corticaux à con-
tours festonnés. Dans la portion lobulaire double-sphères plus
petites au centre de la mésoglée, gros spiculés en biscuits dans la
couche sous-ectodermique.
Polypes : sur la surface supérieure du pied, sur le sommet des
lobes et sur la totalité des lobules. Spiculés en double-sphères sur
l’anthocodie. Tentacules à 2 doubles rangées de pinnüles. Sclérites
— 345 —
en haltères sur la face externe des tentacules, spiculés en biscuits
sur le sommet des pinnules.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : blanc grisâtre.
Localité : 2 exemplaires de Suez (M. Letourneux, 1878).
Cette espèce se rapproche de L. digitulata par la taille de ses
spiculés mais s’en écarte par la forme arborescente de sa colonie et
les rares verrues arrondies de ses haltères basilaires.
36. — Lobularia tenuis N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante à capitule deux à trois fois plus
élevé que le pied. Surface lobulaire irrégulière laissant apercevoir la
portion basilaire. Lobes subdivisés en petits lobules arrondis à
sommet aplati. t
Spiculés : de petite taille (0,06 à 0,08 mm. de long). Dans la base
du cœnenchyme double-sphères à col large et à têtes aplaties. Rares
sclérites dans la portion lobulaire. Spiculés corticaux ténus et irré-
guliers.
Polypes : sur les lobes, les lobules et quelquefois sur le pied à la
base des lobes, petits.
Coloration : de la colonie à sec : jaune grisâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Mer Rouge (Achat Portier, 1844).
Cette espèce se rapproche de L. sphærophora par la taille et la
forme de ses haltères basilaires mais en diffère par la disposition de
ses lobes, la rareté de ses spiculés lobulaires et la forme de ses
sclérites corticaux.
37. — Lobularia Thomsoni N. Sp. >
Diagnose : Colonie : encroûtante, subcirculaire à capitule trois fois
plus élevé que le pied. Surface lobulaire étalée, formée de lobes
arrondis, serrés les uns contre les autres.
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,11 mm. de long). Haltères de
la base du cœnenchyme à col plus ou moins allongé et à petit nombre
de verrues arrondies ou coniques. Dans la portion lobulaire sclérites
de formes analogues. Spiculés corticaux transparents et de grande
taille.
Polypes : sur les lobes, gros et assez espacés les uns des autres.
Coloration : de la colonie à sec : gris jaunâtre.
Localité : 3 exemplaires de la Mer Rouge (1 : M. Clôt Bey, 1850).
Cette espèce se rapproche de L. digitulata par la taille de ses
haltères basilaires mais s’en éloigne par l’allure générale de sa colonie
et la forme de ses spiculés intramésogléens et corticaux.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
346
Contribution a la Flore de la Nouvelle-Calédonie.
lxxxv — Plantes de collecteurs divers (fin).
Par A. Guillaumin.
Professeur au Muséum.
Boerhaavia repens L. — Nouvelle-Calédonie ( Deplanche 89 in Vieil-
lard 3084), Tanlé (. Deplanche 487, Vieillard 3082), îles de PO. de
Tanlé ( Deplanche 487), Gatope, Tanlé ( Vieillard 3082), Gatope
(' Vieillard 3082).
Pisonia aculeata L. — Sans localité ( Vieillard 3085), Lifou ( Deplanche
in Vieillard 3031).
Calpidia artensis Heim. ■ — Canala ( Vieillard 1062).
C. Pancheriana Heim. — Lifou ( Vieillard 3079).
Deeringia altissima F. Muell. — Gatope ( Deplanche 90 in Vieillard
3074). /
D. amarantoides Merr. — Sans localité ( Deplanche in Mus. néocal.
146), Gatope, Voh ( Vieillard 1071), Gatope, île des Pins ( Deplanche
491 in Vieillard 1071).
Amaranlus gracilis Desf. — Gatope (Vieillard 1063).
Achyranthes aspera L. f. — Sans localité ( Vieillard 1065), Gatope
(' Vieillard 1066).
Kochia hirsuta Nolli. — • Gatope ( Vieillard 1068), ‘île des Pins ( Vieil-
lard 1068).
Rhagodia linifolia R. Br. — Ile des Pins ( Vieillard 1069).
Chenopodium carinatum. R. Br. — Balade ( Vieillard 3081), Lifou
(. Deplanche 81 in Vieillard 3077).
Atriplex jubata S. Moore. — Partout ( Vieillard 1073).
Salicornia australis Soland. in Forst. — Nouméa ( Vieillard ). '
Sueda australis Moq. — Gatope (. Deplanche 490 in Vieillard 3080),
Tanlé (. Deplanche 133).
Rivina humilis L. - — Ile des Pins ( Pancher 636).
Monococcus echinophorus F. Muell. — Gatope ( Vieillard x).
Phyiolacca octandra L. var. angustifolia Moq. — Nouméa [Deplanche .
93 in Vieillard).
Polygonum subsessile R. Br. — • Balade [Vieillard 1076),
Nepenihes Vieillardii Hook f. — Montagnes de Koitchilou ( Vieillard ).
■ — var. Deplanchei Dub. — Sans localité [Deplanche 100 in Vieil-
lard 3160), baie du Sud [Vieillard 3160).
Piper austro-caledonicum C. DC. — Wagap [Vieillard 1227).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
Peperomia caledonica C. DC. — Port Boisé. Néhoué ( Vieillard 2236,
Deplanche 111 in Vieillard 1236).
P. vitiana C. DC, — ■ Gatope (Vieillard 322,7).
Ascarina rubricaulis Solms. — Sans localité ( Deplanche 34).
Beauprea Balansæ Brong. et Gris. — Mont , Koghi ( Pancher 355).
B. elegans Brong. et Gris. - — - Houaïlou ( Vieillard 3096).
B. Pancheri Brong, et Gris. — Mont Mou ( Vieillard 3094),
B. spathulæfolia « Brong. et Gris ». ex S. Moore - — Koé ( Vieillard
819).
Garnieria spathulæfolia Brong. et Gris. — Canala, Baie du Sud
(' Vieillard 1120). V
Kermadecia elliplica Brong. et Gris. — Wagap, Touho ( Vieillard
1104). Echantillon remarquable par ses feuilles composées de
5-7 folioles dont la terminale bien plus grande et ± profondément
et irrégulièrement lobée.
K. sinuata Brong. et Gris. - — Balade ( Vieillard 1103).
Wickstroemia viridiflora Meissn. • — Sans localité ( Deplanche 42),
Lifou (. Deplanche 2).
Amyema artensis Danser. — Sans localité ( Vieillard 15), Tiaré
(. Deplanche 380), Wagap ( Vieillard 642. 2700). Canala ( Deplanche
43), Balade ( Vieillard 2700, Deplanche 310)
A. sçandens Danser. — Touho, Wagap (Vieillard 2698).
Amylotheca pyramidata Danser. — Lifou ( Deplanche 60 pro parte,
Vieillard 2699 pro parte) « Krratcha ». -
Exocarpus phyllanthoides Endl. .va r: artensis Pilger. — Gatope
(. Deplanche 379 in Mus. neocal. 148).
Balanôphora fungosa Forst. — Wagap ( Vieillard 1122).
Hachettea austro- caledonica Baill, ■ — Nouméa ( Vieillard 1123),
Mont Kogbi { Vieillard 1123) sur Weinmannia.
Phyllanthus buxoides Guillaum, — Cap Tonnerre ( Deplanche 180).
Claoxylum insularum Mull.-Arg. - — Lifou ( Vieillard A de 1864).
Hemicyclia Deplanchei Baill. ex Guillaum. — Gatope ( Vieillard 2908).
Baloghia lucida Endl. • — Yaté ( Vieillard 739).
Ficus Chauvieri Hort. — Ce nom n’est relevé ni dans les Index,
ni dans les List of published names of plants introduced to cultivation.
Bellair et Saint-Léger (PI. de Serres, p. 816) qui le rapprochent dé
F. benghalensis, d’après Ed. André, disent qu’il est d’origine
inconnue mais L.-H. Bailey (Stand. Cyclop. Hort.. p. 1233) indique
Franceschi, qui le compare à F. indica et dit qu’il vient de Nou-
velle-Calédonie.
Enhalus acoroides Steud. — Balade (Vieillard 1402).
Alpinia purpurata K. Schum. — Pouébo (Vieillard 1360, 1660).
Zingiber Zerumbet Sm. — Sans localité (Pancher).
Curcuma longa L. - — Mont Koghi (Pancher 20).
Smilax ligustrifolia A. DC. • — Yaté (Vieillard 1380).
Smilax orbiculata Labill. — Sans localité [Deplanche 124), Canala
(' Vieillard 1378, Deplanche 123), Wagap ( Vieillard 3313) ?, Lifou
[Vieillard 1382, 3314).
S. plurifurcata A. DC. • — Sans localité ( Vieillard 1383 pro parte,
Deplanche , 538) ?, Wagap [Vieillard 3312).
S. purpurata Forst. var.. concolor A. DC. — Sans localité [Vieillard
1383 = 1379). Wagap [Vieillard 3311), Gatope [Vieillard 1381),
île des Pins [Vieillard 1381).
Eustrephus latifolius R. Br. — Partout [Vieillard 1372), Gatope
[Vieillard 1372).
Xerotes Banksii R. Br. form. neo-caledonica Guillaum. — Mont Dore,
Mont Koghi [Vieillard 1386).
Cordyline neo-caledonica Linden. - — Balade [Vieillard 3321).
C. terminalis Kunth. — Wagap [Vieillard 3316), Canala [Vieillard
1388), Lifou [Vieillard 3317).
- — var Ti Bak. — - Sans localité [Vieillard 3319), Wagap [Vieillard
3320), Hienghène [Deplanche 2). Pouébo [Vieillard 1389).
Astelia neo-caledonica Schltr. ' -t— Sans localité [Deplanche 541),
Wagap [Vieillard 1370), Amoua [Vieillard 3323).
Xeronema Moorei Brong. et Gris. — Mont Mou [Deplanche in Vieil-
lard 1358).
Dianella austro-caledonica Seem. — Canala [Vieillard 1391).
Sowerbaea junGea Sm. est représenté dans l’herbier de Caen par
l’échantillon : Deplanche 539 mais rien n’indique que la plante,
abondante en Australie et qui n’a jamais été signalée en Nouvelle-
Calédonie, y ait été récoltée.
Xyris neo-caledonica Rendle. — Mont-Mou [Vieillard 1408), Lac
Arnaud [Vieillard 1409), île des Pins ( Pancher ).
X, Pancheri Rendle. — Lac Arnaud [Vieillard 1410), ^
Commelina cyanea R. Br. - — Sans localité [Deplanche 129).
Aneilema neo-caledonicum Schltr.’ — Sans localité [Deplanche 128,
238), Nouméa [Vieillard 1400), Canala, Gatope [Vieillard 1401).
Flagellaria indica L. — Sans localité [Vieillard), Canala [Vieillard
1401).
F. neo-caledonica Schltr, — Canala [Vieillard 1398 = 1399), Balade
[Vieillard 1398).
Joinvillea elegans Gaud. ■ — Sans localité [Deplanche in Vieillard 1396),
Balade, île des Pins [Vieillard 1396).
Veitchia arecina Becc. - — Pouébo [Vieillard 1283, 1286). •
Campeccirpus fulcita H. Wendl. - — Mont Koghi [Pancher 381).
Rhynchocarpa Vieillardii Becc, — Wagap [Vieillard 1285), « Olika ».
Basselinia Deplanchei Yieill, — ^Canala [Vieillard 1289),
B. glabrata Becc. — Le n° 642 a été récolté à Pouébo par Pancher
et non par Vieillard,
349 —
Basselinia gracilis Yieill. — Wagap ( Vieillard 1289), Touho ( Vieillard
1289), Pouébo ( Vieillard 1288), Balade (' Vieillard 1282, 1287).
B. Pancheri Vieil!. — • Sans localité [Pancher B 41).
Pandanus teciorius Soland.. var. fragrans Martelli. — Littoral
(' Vieillard 3270).
Freycineiia cylindrica Martelli. — Wagap ( Vieillard 3268).
F. novo-caledonica Warb. - — Wagap ( Vieillard 1354), Balade ( Vieil-
lard 1533).
F. speclabilis Martelli. — Wagap ( Vieillard 1250, 1356, 3269).
Lemma minor L. — Balade ( Vieillard 1369).
Killinga cephalotes Druce. — Pouébo ( Deplanche 12), Wagap,
Galope ( Vieillard 1443), Balade ( Vieillard 1456).
Pycreus polystachys Beauv. var. laxiflora C. -B, Clarke. • — Balade
( Vieillard 1432).
Mari§cus cyperinus Vahl var. laxatus ■ — Balade ( Vieillard 1436).
Gatope ( Vieillard 1436).
M. pennatus Domin. • — Sans localité ( Pancher ), Balade ( Vieillard
1453).
Cyperus difformis L. — Gatope ( Vieillard 1436, 1437).
Elæocharis capitata B. Br. — Balade ( Vieillard 1458).
E. dulcis Trin. — Canala ( Vieillard 1452).
E. esculenta Vieill. — Balade ( Vieillard 1457 pro parte),
F imbrisiylis æstivalis Vahl. — Balade ( Vieillard 1443)
F. complanata Link. — Balade ( Vieillard 1437).
F. diphyllaY ahl. — Balade {Vieillard 1438, 1444),
F. spathacea Roth. • — Gatope ( Vieillard 3327), Lifou ( Vieillard
3326).
Bulbostylis barbata C,-B. Clarke. — Balade ( Vieillard 1439).
Scirpus cernuus Vahl, — Sans localité ( Pancher 651).
S. maritimus L. • — Mont Mou ( Deplanche 131, Vieillard 3333).
S. mucronatus L. — Balade ( Vieillard 1540), Balade, Wagap ( Vieil-
lard 1451).
Lepironia mucronta L -C. Rich — Lac Arnaud ( Vieillard 1410).
Rynchospora corymbosa Britt. — Balade [Vieillard 1440).
Costularia arundinacea Kükent. — Balade ( Vieillard 1416. 1417,
1423) Tiaré ( Deplanche 240 in Mus. Néocal. 170), Poume ( De-
planche 542), Koïtchilou près Gatope ( Vieillard 3329), île des
Pins ( Pancher 169),
Lophoschœnus neo-caledonicus H. Pfeiff. — Gatope ( Vieillard 3353),
« Niamouan » à Balade.
Schœnus juvensis C.-B. Clarke — Gatope [Deplanche 233)
S. Tendo Hook. f. — Sans localité [Vieillard. Deplanche 239),
M’bée [Vieillard 1414), Balade [Vieillard 1413, 1416),
Lepidosperma perteres C.-B. Clarke.’ — Canala [Vieillard 1413).
— 350 —
Cladium Deplanchei G -B. Clarke. — Canala ( Deplanche ). Gatope
( Vieillard 1426), Cap Tonnerre ( Deplanche 205),
C, rubiginosum Domin. - — - Canala ( Vieillard 1428, 1427 = 1428).
Gahnia aspera Spreng. - — - Sans localité ( Vieillard 3329), Koé,
M’bée ( Vieillard 1422), Gatope ( Vieillard 3328).
Scleria hebecarpa Nees. — Balade (Vieillard 1462).
S. margaritifera Willd. — - Sans localité ( Vieillard 1458), Balade
( Vieillard 1460 pro parte, 1461 pro parte).
S. neo-caledonica Rendle. — Balade ( Vieillard 1459).
S. neo-caledonia Rendle ? - — - Balade ( Vieillard 1461 pro parte).
Carex appressa R.vBr. — Sans localité ( Pancher );
C, indica L, var. fissilis Kükent. - — Canala ( Vieillard 3329), Gatope
( Vieillard 3340),
Imperata cylindrica Beauv. — Sans localité ( Vieillard Graminées
n° 6), Balade ( Vieillard 1506).
Thuarea involula R. Br. - — - Canala ( Vieillard 1503 pro parte), Wagap
( Vieillard ), Balade ( Vieillard 1502 pro parte).
Ischœmum foliosum Hack. — Sans localité ( Pancher 1.
/. muticum h. — Gatope ( Vieillard 1513).
Apluda mutica L. — Sans localité ( Vieillard 1517), Wagap (Vieillard
1516).
Schizachyrium obliquiberbis Guillaum. — Sans localité ( Vieillard
Graminées n° 8), Yaté ( Vieillard 1505), Canala \Vieillard 1505).
Heteropogon contortus Roem. et Schult. — - Sans localité ( Vieillard
312, 1512).
Clirysopogon aciculatus Trin. — Sans localité ( Vieillard 1486
Puncher),
C. parviflorum Benth. — Gatope ( Vieillard 3331),
Cymbopogon refractus A, Cam. — Balade (Vieillard 1507).
Dicanthium annulatum Stapf. — Balade ( Vieillard T513), Gatope
[Vieillard 1513).
D. sericeum Guillaum. - — Sans localité ( Vieillard 1515),
Themeda triandra Forsk. var. imberbis. - — Sans localité [Vieillard
Graminées n° 5), Balade [Vieillard 1512),
Panicum amabile Bal. — Balade [Vieillard 1479).
Digitaria longiflora Pers. — Sans localité [Vieillard Graminées
n° ,..).
D. montana Henrard. — Sans localité [Vieillard 3344).
D. pruriens Büse. — Gatope [Vieillard 1480).
Echinochloa Crus-galli Beauv. - — Sans localité [Vieillard Grami-
nées n° 7) Gatope [Vieillard 1471, 3352).
* Setaria barbata Kunth = Panicum Hookerianum Bal. - — - Sans
localité [Vieillard 1476 in Pancher).
S. lutescens Hubbard. — Wagap [Vieillard 3348), Gatope [Vieillard
3349).
— 351 —
Cenchrus calyculatus Cav. — Sans localité ( Deplanche 245), Balade
( Vieillard 1483), Gatope ( Vieillard 1483).
Aristida pilosa Labill. — Sans localité ( Vieillard 1485).
Sporolobus virginicus Kunth. — Sans localité ( Deplanche 224 in
Vieillard 3344). D’après A. Chase (mss. in herbier de Caen, 1925)
tout ce qui est rapporté en Nouvelle-Calédonie à Aira sabulosum
Labill. appartiendrait, en réalité, à Sporolobus virginicus „
Cynodon Daclylon Pers. — Balade ( Vieillard 1490 pro parte).
Chloris cynodoides Bal. — Sans localité ( Vieillard 1490, 1491),
Balade ( Vieillard 1489).
Leptochloa capillacea Beauv. — Gatope ( Vieillard 3350).
Phragmites communis Trin. — Gatope { Vieillard 1508, 1509).
Panicum infidum Steud. - — Gatope ( Vieillard 3349).
P. numeense Bal. - — Balade [Vieillard 1514).
Oplismenus setarius Roem. et Schult. ■ — Balade ( Vieillard 149,7).
Eragrostis elongata Jacq. - — - Sans localité ( Vieillard 1493 et Grami-
nées n° 3).
E. pilosa Beauv. - — - Sans localité ( Vieillard 1518, Pancher 456),
Balade ( Vieillard 1492), Gatope ( Vieillard 1493, 1494, 3345).
• — form. parennans. - — - Sans localité ( Vieillard 1495).
Centotheca malabarica Merr. — Gatope ( Vieillard 1498).
Agathis lanceolata Warb. — Sud (Pancher),
A. lanceolata Warb. ? - — - Canala ( Vieillard 1264). — Serait la forme
jeune de VA. Moorei Mast. suivant Vieillard.
A. Moorei Mast. — Wagap, Balade (Vieillard 1280), Pouébo, Balade
(Vieillard 1280), Gatope (Vieillard 3066).
A. ovaia Warb. — Nouméa (Vieillard 1263).
Callitris Balansæ Schltr. — Dombéa (Pancher).
Podocarpus gnidioides Carr. — Mont Dore (Vieillard 3263).
P. longefoliolatus Pilger — P. Novæ-Caledoniæ ? var. latifolia Brong.
et Gris mss. — Baie du Sud ( Vieillard 1275), Mont Mou (Pancher),
Lac Arnaud (Viaillard 1275), Canala (Vieillard 1266), Wagap
(Vieillard 1275).
P. ustus Brong. et Gris. — Dombéa (Vieillard 1262), Pouébo (De-
planche 170). '
P. Vieillardii Parlât. — Dombéa (Pancher).
P. tenuifolius Parlât. = forme de jeunesse de P. Vieillardii Parlât.
— Sans localité (Vieillard 1266), Paulotche, Poila ( Vieillard 1260),
Paulotcbe, Gatope (Vieillard 1260).
Dacrydium araucarioides Brong. et Gris. — Wagap : vallée d’Amoua
(Vieillard 3262).
D. Balansæ Brong. et Gris. - — Yaté (Vieillard 1274), Canala (Vieil-
lard 1278). Serait sacré pour les' indigènes de Balade suivant
Vieillard.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
23
— 352 —
Dacrydium lycopodioides Brong. et Gris. Forme de jeunesse —
Dombéa ( Pancher , Vieillard), route de Yaté : bords du Nonuro
(' Vieillard 1261).
D. taxoides Brong. et Gris. — Sans localité ( Deplanche in Vieillard
1259), Poila ( Vieillard 1260).
Acmopyle Pancheri Pilger. — Sans localité ( Vieillard 1277), Mont
Koghi, Mont Mou (Pancher).
Araucaria Cooki R. Br. — Touly (Vieillard 1278, 1279), île des Pins
(Vieillard 54).
A. Rulei F. Muell. — Sans localité (Deplanche 525), Wagap, Canala
(Vieillard 1276).
Forme de jeunesse, sans localité (Deplanche 234).
Remarques sur les rayons digitaux du Mammouth
de Sibérie (Elephas primigenius Blum.).
Par Henri Neuville.
( Note présentée par M. le Professeur J. Millot.)
De tous les Mammifères disparus, le Mammouth de Sibérie est
celui sur lequel le zèle ‘des investigateurs a pu s’exercer le plus com-
plètement. De longtemps, l’abondante pilosité de ce Proboscidien
fixa l’attention et fut considérée comme prouvant une remarquable
adaptation à un climat rigoureux. Plus récemment, un autre carac-
tère lui fut attribué, avec une valeur également adaptative : ce
serait une réduction au type tétradactyle des extrémités pentadac-
tyles habituelles aux Proboscidiens. Ce fut, je crois, E.-W. Pfizen-
mayer qui, d’après ses observations sur les restes de deux Mam-
mouths sibériens exhumés par lui, émit le premier cette opinion.
Pour plus de précision, je citerai les termes dans lesquels il la publia :
« Tandis que le squelette de la main et du pied de l’Eléphant
comporte 5 doigts, le Mammouth n’en avait que 4, tant à la main qu’au
pied. Le premier doigt manque complètement et . les doigts existants ne
présentent que chez les vieux animaux 3 phalanges au doigt du milieu,
et seulement 2 phalanges au deuxième, quatrième et cinquième doigts,
cela aussi bien au pied antérieur qu’au pied postérieur» 1.
Là donnée nouvelle ainsi présentée fut admise par les naturalistes
qui, accessoirement ou non, traitèrent récemment du Mammouth.
J’en citerai deux, dont les travaux jouissent d’un crédit bien établi.
En 1930, Osborn publia sur «ce classique de la Paléontologie» un
Mémoire dont le titre est fort expressif 2. Enumérant ses particula-
rités les plus constantes, il mentionne « la réduction ou la perte
complète de l’un des doigts de la main », et, de tous les caractères
ainsi rappelés ou signalés, il conclut à « une adaptation vraiment
merveilleuse, dans toutes les parties du squelette aussi bien que des
dents, aux conditions très sévères de la vie boréale ». Quelques lignes
plus haut, il exprimait cependant une façon de voir difficilement
conciliable, à moins d’en revenir à l’hypothèse cataclysmique, avec
la notion d’une si parfaite adaptation : constatant que les Mam-
1. J’emprunte cette citation à la traduction faite par M. G. Montandon d’un livre
de feu Pfjzenmeyer : Mammutleichen... in Nordost-Sibirien. Elle est publiée sous le
titre Les Mammouths de Sibérie, Paris (Payot), 1939.
2. H. F. Osborn, The romance of the wooly Mammoth. Natural History, vol. XXX,
n° 3. New-York, 1930, p. 227-241 (voit p. 233 et 235.)
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
— 354
mouths semblent s’être éteints presque subitement, il estime que
cette disparition rapide d’êtres aussi parfaitement spécialisés et
adaptés « est un mystère ». Hilzheimer, Professeur à l’Ecole supé-
rieure vétérinaire de Berlin, exposant les mêmes faits, s’exprimait
ainsi :
« De même qu’en la structure de ses molaires, le Mammouth se spécia-
lise en d’autres sens : il perd, par exemple, le premier doigt à chacune
de ses extrémités, et aux doigts restants, sauf au troisième qui conserve
ses 3 phalanges normales, une atrophie s’effectue, qui réduit ces
phalanges à 2. Il était donc, en quelque façon, en voie de devenir
solipède » x.
A l’étude de cette question, dont les matériaux viennent si rare-
ment à la portée des anatomistes, j’ai la bonne fortune de pouvoir
apporter une contribution personnelle.
*
* ¥
En 1913, le Comte Stenbok Fermor fit au Service de Paléonto-
logie du Muséum le don magnifique des restes d’un Mammouth
fraîchement exhumé de l’une des îles Liakhov, ou archipel de la
Nouvelle-Sibérie, par K. -A. Vollosovitch, spécialiste particulière-
ment compétent, qui avait déjà participé avec Pfizenmayer à
l’exhumation d’un sujet découvert dans la partie du continent situé
en face de cet archipel, sur la rive droite de la petite rivière Sanga-
Iourakh. Ces restes consistaient principalement en un squelette,
incomplet comme il est malheureusement de règle en pareil cas.
mais dont les extrémités avaient été le plus possible conservées en
chair, après un dépouillage ayant respecté la peaù, les soles et les
ongles ; d’autres fragments de peau, notamment une partie de la
face, et le pénis, avaient été rapportés aussi. Dans l’une des pièces
en chair, j’avais, dès l’arrivée, prélevé du sang desséché, sur lequel
le regretté Jean Gautrelet et moi avons fait des observations
complétant celles qu’avait permises le Mammouth rapporté par
Herz et Pfizenmayer des bords de la Berezovka.
Au Laboratoire de Paléontologie du Muséum, l’intention fut
d’abord d’employer toutes les parties osseuses au montage d’un
squelette à compléter par des pièces factices, aussi le Professeur
d’alors (M. Boule) avait-il entrepris de faire décharner dans son
Laboratoire les pièces parvenues en chair. La série des difficultés
ouvertes en 1914 fit différer et finalement abandonner ce projet de
montage, et — fort heureusement — le pied gauche seul fut décharné.
De mon côté, les recherches commencées dès le début furent conti-
1 . Max Hilzhbimeh, La extin cion de los grandes mamiferos de! centre de Europo ■
al final de la era glaciar. Investigaciones y Progreso. T. VIII, Madrid, 1933, p. 232-236
(aimablement communiqué par M. Obermaier) (voir p. 234).
355 —
nuées dans la mesure du possible ; elles me mirent à même d’exami-
ner, pièces en mains, et suivant une rigoureuse méthode comparative,
la question de la réduction digitale du Mammouth sibérien, tranchée
un peu hâtivement dans le sens ci-dessus mentionné. Peut-être les
circonstances me permettront-elles, dans la suite, de tirer un parti
plus étendu des documents dont j’ai disposé et de publier un Mémoire
d’ensemble sur le Mammouth.
Dans ce qui va suivre, je me reporterai d’autant plus directement
à mes précédents travaux sur les Eléphants 1 que je n’ai trouvé
aucune différence vraiment notable entre ceux-ci, très variables
quant à leur organisation phalangienne et unguéale, et le Mam-
mouth. Il est classique, mais erroné, ai-je pu écrire précédemment,
d’admettre que les Eléphants d’Afrique possèdent toujours 4 ongles
aux pieds antérieurs et 3 aux pieds postérieurs, tandis que les
Eléphants d’Asie en auraient 5 aux premiers et 4 aux seconds. Il
m’a bien semblé en être ainsi sur les fœtus et les jeunes sujets 5
mais -sur les adultes, les kératinisations unguéales varient fréquem-
ment à la fois dans leur nombre et dans leur aspect, aussi bien chez
les sujets d’Afrique que chez ceux d’Asie. Ce ne sont d’ailleurs pas
là de vrais ongles, Artstote l’avait déjà remarqué. Ils n’ont le plus
souvent aucune relation avec les rayons digitaux, dont les articles
terminaux, c’est-à-dire les phalanges unguéales, présentent, eux
aussi, de grandes variations et peuvent même manquer. Il m’est
arrivé, par contre, d’observer deux cas de rudiment de quatrième
phalange au doigt médian de l’Eléphant d’Asie, de telle sorte que
nous sommes ici devant des tendances originales qu’il importe de
bien connaître.
D’après le sujet dont j’ai disposé, le pied antérieur du Mammouth
reproduit exactement, dans le carpe et le métacarpe, les dispositions
que j’ai décrites chez les Eléphants. Ici comme chez ces derniers,
le trapèze est « presque hors rang et semblant un os du métacarpe
comprimé, un peu allongé » (Blainville, Eléphants), et la pièce qui
le suit ressemble plus à une phalange qu’à un métacarpien. J’ai
développé les faits qui, dans le cas de l’Eléphant, accentuent cette
ressemblance (voir mon travail de 1935) : le second de ces deux os
s’y ossifie non pas en deux parties, comme les métacarpiens, mais
en trois, comme le font ici les premières phalanges, aussi l’ai-je
qualifié de «faux métacarpien», qualificatif que je me crois
fondé à lui maintenir pour le Mammouth. Chez celui-ci, j’ai vu
qne phalange suivre cette pièce, tout comme au premier rayon
1. Henri Neuville. Trois notes préliminaires sur l’organisation du pied des Elé-
phants. Bull. Mus. nat. d'Hist. nat., 1927, p. 60-64, 1933, p. 63-67 ; 1934, p. 210-217. .
— Nouvelles observations sur les phalanges unguéales des Eléphants. Ibid., 1937,
p. 40-43.
— Sur quelques caractères anatomiques du pied des Eléphants. Archives du Mus.
d’Hist. nat., 6e série, t. XIII, 1935, p. 111-184, 53 fig.
— 356 —
digital des Eléphants. Dans les deux cas, le pouce est donc formé
d’un osselet funique,|touj ours très réduit et^de façon individuelle-
ment^très variable. Celui que m’a présenté le Mammouth consiste
en une sorte de grosse écaille osseuse, s’adaptant bien à la face
distale du faux métacarpien et mesurant environ 5 cm. sur 2,5, avec .
1 cm. 5 d’épaisseur en son centre ; les bords en sont arrondis plutôt
que franchement amincis. Profondément située dans le coussinet
élastique du pied,|cette phalange unique n’avait évidemment aucun
rapport avec l’ongle^pouvant être considéré comme correspondant
au premier doigt.
Le second rayon digital antérieur est composé d’une ‘phalange et
d’une phalangine bien formées toutes les deux. La face distale de
celle-ci est d’un aspect articulaire, fonctionnel, sur la valeur duquel
il n’y a cependant pas à s’abuser, de tels aspects étant fréquents à des
phalangines d’éléphants que ne suivent authentiquement pas de
phalangettes, et il en est ainsi pour mon Mammouth, sur lequel j’ai
vainement cherché trace de troisième phalange dans les tissus suivant
la phalangine de ce doigt. Au troisième rayon, le dépouillement a
rasé la face distale d’une phalangine, enlevant vraisemblablement
ainsi une phalangette dont la présence ne peut être que déduite de
ce que l’on sait par ailleurs ; constatons, en tout cas, l’apparence fonc-
tionnelle de cette face distale. La constitution du quatrième doigt
reproduit exactement celle que je viens d’assigner au troisième, et
pour lui aussi le dépouillement a rasé la phalangine en enlevant peut-
être quelque article .terminal. Enfin le cinquième doigt est formé
d’une phalange et d’une phalangine, et celle-ci est suivie de tissus
dans lesquels je n’ai pu déceler aucune trace de phalangette.
Au pied postérieur, les dispositions restent tout aussi foncièrement
identifiables, sauf en un point, à celles des Eléphants.
De l’entQcunéiforme, on peut répéter ce que de Blainville
exprimait quant au trapèze des Eléphants et que je retrouve chez le
Mammouth : il est d’un aspect phalangien et est suivi d’un article
ressemblant, lui aussi, à urie phalange plutôt qu’à un métatarsien.
Cet article est, dans son ensemble, légèrement incurvé vers l’avant
et sa partie antéro-inférieure dessine même un apophyse dirigée
dans ce sens ; par analogie avec ce que nous constations au pied
antérieur, je l’appellerai « faux métatardien » chez le Mammouth
comme, chez les Eléphants. De même encore que j’ai trouvé, au
premier rayon digital antérieur du sujet ici décrit, une formation
phalangienne faisant suite au « faux métacarpien », j’en trouve une
équivalente en connexion identique avec le « faux métatarsien » et
ne différant de celle du pied antérieur que par ses dimensions un peu
moindres : 4 cm. sur 2, avec une épaisseur à peu près uniforme d’en-
viron 1 cm. Elle non plus n’avait de relation possible avec l’ongle
— 357 —
pouvant être considéré comme correspondant au premier doigt.
Examinées après rupture de leurs connexions, de telles phalanges
pourraient, à première vue, être prises pour des sésamoïdes. Force
est donc de constater que les premiers rayons digitaux de ce Mam-
mouth possèdent une phalange en sus d’un osselet fondamental
considéré jusqu’ici comme premier métacarpien ou premier méta-
tarsien ; ils se trouvent ainsi, en ce qui concerne le pied antérieur, au
même état que ceux des Eléphants, et, pour le pied postérieur, à un
stade de rédution moins avancé qu’ils ne le sont, le plus typiquement
au moins, chez ces derniers, où, pour ma part, je n’ai pas vu de
phalange suivre le « faux métatarsien » du premier doigt.
Sur ce même sujet, le second rayon possède deux phalanges. La
face distale de la seconde est assez fruste, réduite qu’elle est à un
ovale d’aspect articulaire mesurant environ 16 mm. sur 10, auquel
semble correspondre un rudiment de phalangette sous forme d’un
très petit module d’apparence fibreuse, noyé dans le tissu environ-
nant. Le troisième rayon porte également une phalange et une pha-
langine très nettes ; celle-ci présente une face distale de caractère
articulaire, à laquelle correspond un osselet plat rappelant celui du
premier doigt et qui est incontestablement une phalangette. Le
quatrième doigt offre encore une phalange et une phalangine ; mais,
bien que la face distale de celle-ci conserve une apparence fonction-
nelle, elle ne correspond à aucune cavité synoviale et une petite zone
de tissu fibreux qui la suit ne peut être considérée que très hyp-
thétiquement comme représentant une trace désuète de phalangette.
Enfin le cinquième doigt est simplement formé de deux phalanges
dont la seconde présente cet aspect, fréquent aux phalanges termi-
nales des Eléphants, que de Blainville comparait à celui d’une
« borne obtuse ».
★
¥ ¥
Pfizenmayer a synthétisé dans la formule suivante les dispositions
phalangiennes qu’il a observées et dont il admet l’identité aux quatre
membres des Mammouths : 0, 2, 3, 2, 2 ( loc . cit., p. 227). Continuant
à prendre les Eléphants actuels comme base de comparaison, je
constate d’abord l’impossibilité de réunir dans une même formule
leurs membres antérieurs et postérieurs ; puis, laissant ce qui pourrait
faire considérer comme phalanges les pièces ci-dessus qualifiées de
faux métacarpien et faux métatarsien, je note le plus typiquement,
pour le membre antérieur : 1, 2, 3, 2, 2, et pour le membre posté-
rieur : 0, 2, 3, 2, 2. Or, d’après ce qui précède, la première de ces
formules est applicable à la fois aux membres antérieurs et aux
membres postérieurs du. Mammouth du Comte Stenbok Fermor ;
non seulement la réduction digitale n’est donc pas plus accentuée
ici que celle des Eléphants, mais elle l’est un peu moins.
358 -
Le même observateur précisé que sa formule, fournie par ses
sujets de la Berezovka et de la Sanga Iourakh, a été vérifiée sur celui
que 'Maydell rapporta jadis. Le mien ferait-il exception ? En tout
état de cause, et conservant pour base la comparaison avec les
Eléphants actuels* j’insiste sur le fait que nous sommes en présence
de dispositions individuellement variables, et qu’il importe, surtout,
de toujours pousser les investigations de façon à pouvoir constater
des faits souvent difficiles à déceler.
Mais il est une chose qui achève de me faire mettre le Mammouth,
à en juger par celui de M. Stenbok Fermor, sur le même rang que les
Eléphants quant à l’organisation de leurs extrémités : je veux parler
de ces formations dites præpollex et præhallux, qui complètent de
façon assez énigmatique la constitution de la main et du pied penta-
dactyles et sont parfois considérées comme rappelant, conjointe-
ment avec un poslminimus , une disposition heptadactyle. De telles
formations sont présentes chez le Mammouth tout comme chez les
Eléphants ; elles y ont les mêmes connexions essentielles, avec des
dimensions et des formes pouvant rentrer dans le cadre des varia-
tions individuelles cpnstatables sur ces derniers ; je mentionnerai
seulement qu’elles ne présentaient pas. sur mon unique Mammouth,
cependant bien adulte, les zones d’ossifications qu’elles comportent
parfois sur les Eléphants adultes. Le præpollex de ce Mammouth
est une tige cartilagineuse à peu près cylindrique, dont la longueur
est d’environ 12 cm. et le diamètre de 1 cm. 5. Son præhallux est de
même constitution et de même forme, avec des dimensions un peu
plus fortes : 16 cm. de long et 3 de diamètre. Ni l’un ni l’autre ne
donne l’impression de représenter la trace, même très lointaine,
d’un doigt, mais seulement celle de constituer un étai compensant
peut-être, en quelque mesure, la réduction du pouce. Ni chez les
Eléphants actuels, ni chez le Mammouth, je ne les ai vus atteindre
la sole. A leur sujet comme à celui des phalanges et des ongles,
nous sommes, avec ces animaux, en face d’un singulier mélange de
simplification et de complication.
Je crois pouvoir conclure de tous ces détails qu’il y a identité
d’organisation entre les extrémités du Mammouth et celles des
Eléphants.
Laboratoire d’ Anatomie comparée du Muséum.
— 359 —
Considérations générales sur les Myrtacées vivantes
ET FOSSILES
Par A.'Loubière.
La famille des Myrtacées a été indiquée en 1759, sous la désigna-
tion de Myrtes, par B. de Jussieu. C’est Brown qui, en 1814, lui
donna son nom actuel. Elle comprend 72 genres avec environ
2.750 espèces, presque toutes tropicales ; le genre Myrcia en compte
à lui seul plus de 300 et le genre Eugenia .plus d’un demi-millier. Ce
sont le plus souvent des arbustes ou des arbres de grande taille, à
feuilles opposées, simples sans stipules, à limbe parsemé, comme
l’écorce et la tige, de petites poches sécrétrices produisant de l’huile
essentielle ; certains Eucalyptus poussent avec une rapidité surpre-
nante ïYE. globulus peut croître de plusieurs mètres par an et quel-
ques exemplaires de cette espèce atteignent en Australie jusqu’à
160 mètres de hauteur. Les fleurs sont hermaphrodites, âctino-
morphes, pentamères ou tétramères, les étamines nombreuses.
L’ovaire infère renferme de nombreux ovules anatropes et se
transforme en un fruit charnu, drupacé, déhiscent ou indéhiscent.
Les graines, sans albumen, contiennent un embryon incombant,
droit, courbe ou spiralé. *
Les Myrtacées, comme les Sonneratiacées et les Punicacées, sont
des Ovulées nucellées, à périanthe double avec corolle dialypétale,
qui ont des étamines en nombre déterminé ou non, ramifiées ou non
et où fe pistil est concrescent avec les verticilles externes. Par là,
elles se distinguent des Punicacées, où le pistil a deux verticilles de
carpelles superposés et des Sonneratiacées où la corolle est ordi-
nairement avortée.
En se fondant sur la conformation de l’ovaire et la nature du fruit,
l’ensemble de la famille est partagé aujourd’hui en trois séries : les
Myrtées, Leptospermées, Chamélauciées. Les carpelles sont concres-
cents entre eux, fermés en un ovaire pluriloculaire, chez les deux
premières tribus, ou demeurent quelquefois ouverts et forment un
ovaire uniloculaire, chez la dernière. Le fruit est une baie ou une
drupe (Myrtées), une capsule (Leptospermées) ou un akène (Cha-
mélauciées).
La distribution géographique des Myrtées actuelles est très éten-
due, ainsi il y a des Myrtus dans toutes les parties du monde et des
Eugenia dans quatre d’entre elles. En Europe, on ne trouve qu’une
Myrtée, le Myrtus commuais, qui caractérise la région méditerra-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 5, 1944,
— 360 —
néenne, Les genres Rhodomyrtus , Xanthomyrtus , Psidiomyrtus,
Rhodamnia , Fenzlia, Decaspermum, Modria , sont seuls limités aux
régions tropicales de l’Océanie et de l’Asie. Tous les autres genres de
cette sous-famille sont américains. Les Chamelauciées sont presque
toutes australiennes. Les Leptospermées croissent également en
Australie. Toutefois, parmi ces dernières, il y a plusieurs genres qui
appartiennent à d’autres portions de l’Océanie et notamment à
T Archipel Indien, tels sont les Tristania, Leptospermum et Metro-
sideros, celui-ci se retrouve dans l’Inde au Cap et au Chili. Au Brésil,
le genre Eugenia est le plus considérable. Parmi les -genres les plus
importants de l’Australie, il convient de citer les genres Eucalyptus ,
Melaleuca. Remarquons que les genres Metrosideros, Eugenia et
Myrius sont communs à l’ancien monde et au nouveau.
D’ordinaire, les Mÿrtacées ne sont comparées qu’à des familles
à ovaire infère (Rhizophoracées, Combrétacées, Mélastomacées).
Cependant, certaines d’entre elles ont l’ovaire presque complète-
ment supère ; ce qui arrive en particulier chez plusieurs Tristania
et Metrosideros ; que d’ailleurs les loges de cet ovaire soient plus ou
moins incomplètes, que les étamines soient groupées en faisceaux et
qu’en même temps les feuilles soient opposées, il sera difficile de
décider si les plantes dans lesquelles on observe ces caractères réunis
appartiennent aux Leptospermées ou aux Hypéricacées.
La famille des Mÿrtacées a fourni à l’état fossile un assez
grand nombre de restes de valeur inégale, provenant du Crétacé
et principalement du Tertiaire.
Les fleurs et les fruits sont rares, bien que, si ces plantes ont été
représentées dans les végétations mésozoïque et néozoïque, les
fruits, en raison de leur structure, fussent pour la plupart favorables
à la fossilisation. Une espèce établie sur des fragments de grappes
est le Tristanites clœziæformis Saporta de l’Oligocène supérieur
d’Armissan. Les capsules sont brièvement pédonculées, trivalvaires
et portent au tiers supérieur une cicatrice transversale, trace pro-
bable du calice tombé. Ce fossile, considéré par de Saporta 1 comme
se rapportant au genre Clœzia Ad. Brongniart et Gris 1 2 est incon-
testablement voisin des fruits des Leptospermées.
Les fossiles du Tertiaire de Hœririg, décrits comme fruits, ont été
rapportés au genre Eucalyptus, mais leur détermination demeure
douteuse. On peut même se demander, pour ceux figurés par Ettings-
hausen 3 sous l’appellation d’j Eucalyptus hœringiana, s’il ne fau-
drait pas voir en eux des cicatrices pétiolaires d’une Nymphéacée,
plutôt que des fruits de Mÿrtacées.
Contrairement à ce qui a lieu pour les espèces précédentes,
1. De Sporta, Ann. Sc. nat. Bot., sér., V, t. 4.
2. Ad. Brongniart et Gris, Nouv. Arch. Mus., IV, t. 6.
3. Ettingshaussen. Tertiârflora von Hoering, pl. 28, fig. 14-24,
361 —
V Eucalyptus Geinitzii Heer, très répandu dans le Crétacé de
Bohême, montre des fleurs et des fruits associés aux feuilles. Ces
dernières, figurées par Velenovsky1 possèdent une nervation par-
tiellement bien conservée, répondant à celles de diverses formes
à' Eucalyptus, L’existence des Myrtacées à l’époque du Crétacé
moyen est donc positivement attestée par* ce fossile de réelle
valeur dont on a trouvé fréquemment les empreintes dans le
Mésocrétacé de l’Europe centrale aussi bien que des Etats-Unis.
Enfin des fragments d’inflôrescences paraissant- appartenir aux
genres Calistemon et Leptospermum ont été signalés dans le Céno-
manien de Bohême 2.
Comme dans presque toutes les familles, la plupart des fossiles
des Myrtacées sont des feuilles. Les unes ont été attribuées à des
genres vivants, tels que Myrtus, Eugenia, Leptospermum , Callis-
temon, Meirosideros , etc. ; les autres ont été rapprochées de quelques-
uns de ces genres sous les noms de Myrtophyllum, Callistemophyllum, ,
Eucalyptophyllum etc.
Parmi les formes anciennes, on a décrit comme Myrtophyllum des
organes foliaires analogues à ceux des Myrtus. Cette épithète con-
viendrait mieux à ces feuilles rapporteés aux Myrtacées, car le genre
Myrtus ne peut être caractérisé ni par la forme de la feuille, ni par
sa nervation. Le terme de Myrtophyllum de Heer a été d’abord appli-
qué à deux espèces du Crétacé de Moletein, en Moravie, Myrtophyllum
Geinitzii et M. Schübleri dont la nervation rappelait celle de quel-
ques Eucalyptes, et qui plus tard ont été rangées dans ce genre.
Heer donna ensuite cette désignation à d’autres feuilles dont la
nervation était pennée et les bords garnis de nervures.
Les gisements infra-cénomaniens de Buarcos et de Nazareth, en
Portugal, comprennent, d’après de Saporta 3, des Myrtophyllum à
feuilles étroites et eucalyptoïdes qui correspondent à des formes du
Turonien de Bagnols (Gard). Les couches mésocrétacées du groupe
du Dakota, dans l’Amérique du Nord, ont fourni à Lesquereux 4
les es,pèces suivantes : Eucalyptus Geinitzii , E. Dakotensis, Myrto-
phyllum Warderi , Callistemophyllum Heeri et Eugenia primæva,
comparable à VE hœringiana de l’Oligocène de Sotzka.
A côté des restes de Myrtacées fossiles cités plus haut (inflorescences,
fruits et feuilles) et rencontrés à l’état d’empreintes, il convient de
mentionner un fragment de bois à structure conservée, recueilli par
M. Perrier de La Bathie dans les tufs basaltiques de Nosy-Mitsio
(Nord de Madagascar). L’étude de cet échantillon, qui m’avait été
1. Velenovsky, Flora der Bôhmischen Kreideformation, IV, pl. I.
2. Velenovsky, Kvetena Ceského Cenomanu ( Rozpravy kralceske spolecnoski
Nauk., VII), 1889.
3. De Saporta, Sur les Dicotylées prototypiques du système Infracrétaeé en Por-
tugal, C. R. Acad. Sc., 1888. ,
4. L. Lesquereux, The flora of the Dakota group. U. S. Geol. Surv., XVII.
confiée, il y a quelques années, par M. Lacroix, m’a montré qu’il
s’agit d’un bois d’une Dicotylédone appartenant aux Myrtacées.
J’ai rapproché sous le terme générique d ' Eugeniaiies 1 ce bois silicifié
du genre Eugenia, dont les formes fossiles européennes ont été signa-
lées depuis l’Eocène jusqu’au Miocène. C’est pourquoi j’avais autre-
fois classé le fossile de Nosy-Mitsio dans cette partie des terrains
tertiaires. Mais si l’on a égard à la présence de Y Eugenia primæva
Lesq. dans les formations cénomaniennes du Dakota, l’existence de
Y Eugeniaiies princeps} ancêtre probable de Y Eugenia condensata
Baker, de Madagascar, doit être reculée sans invraisemblance jusque
dans la flore mésocrétacée.
Ainsi les Myrtacées fossiles, trouvées dans divers dépôts céno-
maniens. témoignent durant l’époque du Crétacé moyen de la grande
extension des Myrtées et principalement des Leptospermées. Quant
aux Chamélauciées, aucune d’elles n’a encore été rencontrée à l’état
fossile.
Le rôle de la Paléobotanique est de rechercher l’évolution des
groupes végétaux et des flores en se basant sur des observations
soumises à la critique.
Laboratoire d’ Anatomie comparée des végétaux vivants et fossiles du Muséum.
1. A. Loubière, Sur l’anatomie comparée et l’âge relatif d’un bois de Dicotylédone,
trouvé dans une formation éruptive de Nosy-Mitsio (Madagascar . Bull. Soc. Géol.
de France, V, t. III, 1933.
Distribution strati graphique des Lépidodendrées.
Par A. Loubière..
Les Lépidodendrées étaient comme les Sigillariées des Lyco-
podiales arborescentes fossiles, remarquables par la présence
fréquente dans leurs tiges d’un bois secondaire susceptible
d’atteindre une épaisseur notable. Ces Cryptogames vasculaires
éteintes, qui ont joué un rôle important dans la flore paléozoïque,
se rencontrent dès le Dévonien inférieur, et se continuent jusque
dans le Permien, après, avoir eu leur développement maximum
durant l’époque carboniférienne.
Les genres établis sur les caractères externes des tiges ou des
rameaux lépidendroïdes comprennent un grand nombre d’espèces,
dont les principales sé répartissent de la manière suivant^ :
Dévonien.
Lepidodendron aculeatum, L. acuminatum, L. Gaspianum, L. Baylianum,
L. nothum, L. truncatum, L. V eltheimianum ; Bothrodendron brevifolium,
B. kiltorkense.
s CuLM.
Lepidodendron obovatum, L. fuissensis, L. lycopodioides, L. Glin-
ckanum, L. aculeatum, L. acuminatum, L. dichotomum, L. Gaspia-
num, L. ophiurus, L. nothum, L. selaginoïdes, L. Veltheimi, L. cor-
rugatum, L. Wolkmanni, L. tetragonum, L. rimosum, L. Rhodeanum,
L. squamosum, L. Wiikianum, L. depressum, L. carrinatum, L. polyphyllum,
L. rugosum, L. caudatum, L. brevifolium, L. sexangulare ; Halonia
tetrasticha, H. regularis ; Knorria imbricata, K. acicularis, K. longifolia,
Ulodendron majus, U. minus, U. commutatum, U. ovale, U. Schlegeli ;
Bothrodendron Carneggianum. B. Depereti; Lepidophloios auriculatus,
L. crassicaulis, L? fimbriatus, L. laricinus.
Westphalien.
Lepidodendron Volkmani, L. undulatum, L. aculeatum, L. obovatum,
L. selaginoïdes, L. Veltheimi, L. rimosum, L. Rhodeanum, L. carri-
natum, L. rugosum, L. caudatum ., L. brevifolium, L. plégmorioïdes,
L. Haidingeri, L. crenatum, L. fusiforme, L. Sternbergii, L. elegans,
L. lycopodioides, L. dichotomum, L. gracile; L. Jaraczewski; Halonia
regularis, H. tuberculosa, H. tortuosa, H. tuberculata; Ulodendron
majus, U. minus, U. punctatum, U. pumilum, U. ellipticum, U. dicho-
mum ; Bothrodendron minutifolium, B. punctatum ; Lepidophloiois crassi-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVi, n° 5, 1944.
— 364 —
caulis, L. laricinus, L. acadanius, L. intermedius, L, lepidophyllifolius,
L. macrolepidotus, L. tetragonus.
Stéphanien.
Lepidodendron obovatum, L. rimosum, L. Sternbergii, L. elegans, L. Beau-
montianum, L. Jaraczewski, L. Gaudryi, L. dichotomum, L. dilatatum,
L. lycopodioïdes ; Halonia distans, Knorria imbricata, K. mirabilis, K.
Selloni ; Lepidophloios laricinus, L. Dessorti.
Permien.
Lepidodendron posthumum; Lepidophloios ' acuminatus, L. laricinus;
Halonia Beinertiana.
Laboratoire d’ Anatomie comparée des végétaux vivants et fossiles, du Muséum.
\
\. '
Les relations entre le bassin d’Aquitaine et le Jura
AU PORTLANDIEN INFÉRIEUR.
Par René Abrard.
Professeur au Muséum.
(Note présentée par R. Furon.)
En faisant connaître la faune du Portlandien du bassin aquitanien,
Ph Glangeaud 1 a insisté sur les rapports qu’elle présentait avec
celle du sud et du sud-est du bassin de Paris (Yonne. Aube et Haute-
Marne) de même qu’avec celle du Jura.
Il a indiqué que sur 69 espèces principales, 23 se retrouvaient
dans la première région et 38 dans la seconde ; ainsi se trouve accusé
le fait que les affinités les plus grandes sont avec le Jura, relative-
ment éloigné et non avec le bassin de Paris^beaucoup plus proche.
Les éléments les plus nombreux de cette faune aquitanienne sont
indifférents et ne permettent guère de tirer des conclusions paléo-
géographiques, mais il n’en est pas de même de deux d’entre eux,
le genre Gravesia parmi les Céphalopodes, et les Nérinées parmi les
Gastéropodes.
Les Ammonites du genre Gravesia (= Pachyceras) caractérisent
au Portlandien inférieur ou Bononien, une province zoologique
spéciale, intermédiaire entre les zones boréale et méditerranéenne,
et appelée par E. Haug 2. province occidentale. Gelle-çi comprend
essentiellement le sud de l’Angleterre, le bassin de Paris, le bassin
d’Aquitaine et s’étend au Jura et au Hanovre. Sôn domaine lé plus
net paraît bien être le bassin de Paris, et son extension à l’Aquitaine
au Sud-Ouest et au Jura central au Sud-Est peut être considérée
comme un débordement à travers les détroits poitevin et morvano-
vosgien.
Dans le Jura en effet, Gfavesia gigas Ziet. et G. portlahdica de
Loriol ne se trouvent, en rares individus que dans les calcaires com-
pacts de base dans lesquels apparaissent les premières Nérinées.
Dans le bassin d’Aquitaine, dans le secteur où règne ce que Glan-
geaud appelle le « faciès à Nérinées », et qui se situé entre Angoulême
et Saint-Genis, G. gigas et G. Gravesi d’Orb. n’apparaissent qu’ au-
dessus de marnes feuilletées à Bracbiopodes les séparant des couches
à Nérinées de base. En d’autres points, ces Ammonites se ren-
1. Ph. Glangeaud. Le Portlandien du bassin de l’Aquitaine. Bull. Serv. Carte
Gèol. France, t. X, n° 62, 1898.
2. Traité de Géologie, p. 1421.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n# 5, 1944.
— 366 —
contrent dans toute l’épaisseur du Bononien. Ce qu’il faut retenir,
c’est le fait que, bien que nombreux, les" individus sont moins
fréquents que dans le bassin de Paris, et que les couches qui les
renferment n’y constituent pas comme dans ce dernier la totalité
du Bononien inférieur,
La répartition des couches à Nérinées est particulièrement inté-
ressante. Nous avons vu que dans le Jura cental ces Gastéropodes
font leur apparition dans les calcaires de base qui renferment de
rares Gravesia ; ils deviennent très abondants dans une seconde masse
de calcaire superposée à la précédente, qui est caractérisée par Nerinea
irinodosa Voltz, N. Bruniruiana Th., N. salinensis d’Obb., associés
à Naiica Marcousana d’Orb., et Hemicidaris purbeckensis Forbes.
En ce qui concerne l’Aquitaine, les Nérinées se montrent dès
l’extrême base de l’étage dans des assises oolithico-gréseuses ; on
retrouve N. irinodosa et N. Brunirutana, la troisième espèce, N.
salinensis étant remplacée par N-, santonensis d’Orb. que l’on ne
connaît pas du Jura. Beaucoup d’espèces de cette dernière région
complètent la ressemblance, notamment Hemicidaris purbeckensis
qui se trouve également dans la couche de base, et Natica Marcou-
sana presque toujours cantonnée dans un niveau plus élevé, au-dessus
du calcaire compact à Graversia intercalé dans un ensemble d’assises
dépourvues de Céphalopodes.
Or, si les formes communes au sud-est du bassin de Paris, au Jura
et au bassin aquitanien sont assez nombreuses, et parmi elles on
peut citer outre le genre Gravesia , Hemicidaris purbeckensis et
Naiica Marcousana, la dernière occupant en Aquitaine et dans
l’Yonne un niveau plus élevé que dans le Jura, ainsi que nous
venons de la voir, il faut noter l’absence totale des Nérinées dans le
Portlandien du bassin de Paris.
Les faciès à Nérinées du Jura central et du bassin aquitanien
représentent une tendance à des conditions subrécifales qui ne se
sont pas manifestées plus au Nord, et ce n’est pas par l’intermédiaire
du bassin de Paris, en longeant le bord septentrional du Massif
Central,; que se sont établies entre les deux premières régions les
relations ayant abouti à l’établissement de faciès montrant les
rapports les plus étroits, en des points éloignés entre lesquels on
n’observe pas de liaison.
On peut penser que c’est au sud d’un Massif Central en partie
émergé, réduit à une terre relatif ement étroite, allongée d’Ouest en
Est, qu’il faut rechercher la voie par laquelle les formes jurassiennes
sont arrivées dans le bassin aquitanien.
Est-il permis, à la lumière des données précédentes, de hasarder
une esquisse paléogéographique du Portmandien inférieur ? Elle
se présenterait de la manière suivante :
367
Le Massif armoricain et les Vosges sont émergées ; le Massif
Central ne l’est qu’en partie, en une bande allongée assez étroite
et vers le Sud sa région médiane est encore sous les eaux.
Entre ces massifs anciens les détroits poitevin et morvano-
vosgien largement ouverts, assurent des échanges de faunes entre
le bassin de Paris, l’Aquitaine au Sud-Ouest, le Jura et même la
région rhodanienne au Sud-Est, ainsi qu*en témoigne la découverte
faite pai Paquier de Gravesia Irius d’Orb. à Saint-Pancrasse dans
l’Isère, au sommet de calcaires ruiniformes où l’on trouve Oppelia
lithographica et d’autres Ammonites du Portlandien inférieur
qu’accompagnent encore quelques formes kimeridgiennes.
Vers le Sud, la dépression vocontienne où se déposaient les
formations bathyales du Tithonique inférieur 1 s’étendait assez loin
vers l’Ouest sur l’emplacement d’une partie du Massif Central.
En effet, ainsi que IIaug l’a indiqué, dans l’état actuel des affleure-
ments, les formations les plus proches des terrains anciens ne pré-
sentent aucun caractère laissant présager le voisinage d’un littoral,
et ce dernier doit être recherché beaucoup plus loin.
Une zone récifale caractérisée par des Nérinées différentes de
celles dont nous ayons parlé, et par les genres Diceras et H eterodiceras
formait la bordure de cette région profonde, et du Jura méridional
où elle est bien conservée, s’étendait vers l’Ouest de manière à en
contourner la terminaison et à se relier à celle des Causses où on
trouve un Portlandien à Heterodiceras Luci, espèce fréquente en
Savoie, et Nérinées. La continuité originelle de ces dernières assises
avec celles de Provence qui bordent au sud la région bathyale, ne
fait aucun doute.
Les faciès à Nérinées d’Aquitaine et du Jura central représen-
tent peut-être une zone qui s’allongeait au Nord le long de la frange
récifale septentrionale, et qui était séparée du bassin de Paris par
une terre émergée s’étendant sur l’emplacement de la partie nord du
Massif Central en une bande assez étroite.
1. Par définition, le terme de Tithonique s’applique à des formations profondes de
faciès méditerranéen ; c’est donc une altération de son emploi, contraire à son étymo-
logie, et que l’on peut regretter, que l’on parle quelquefois de Tithonique récifal,
constitué par des faciès d’eaux peu profondes.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
24
— 368 —
L’exophtalmie dans la Métamorphose expérimentale
des Batraciens anoures.
Par Paul Roth.
On sait qu’en patholgie humaine, l’exophtalmie est un des signes
les plus frappants de la maladie de Basedow, également appelée à
cause de cela « goitre exophtalmique », dont l’origine est due à un
hyperfonctionpement de la glande thyroïde.
Cette exophtalmie, généralement bi-latérale et qui s’accompagne
Fig-i-
« Encéphalocèle » (Reconstitution) d’après W. Schulzh.
souvent de certains troubles de la mobilité oculaire (signes de Môbius,
de Stellvag, de Graefe ) serait déterminée par l’action d’un centre
exophtalmiant sympathique mésencéphalique (Berger) (1) sur le
muscle lisse de Muller et l’aponévrose orbitaire de Tenon.
Elle a pu être reproduite expérimentalement par Besançon (2), au
moyen d’extrait du lobe antérieur de l’hypophyse, puis par Sainton,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 5, 1944.
\
— 369 —
Brouha et Simonnet (3), en associant le traitement thyroïdien à
l’adrénaline, et Marine (4) a pu, par l’injection d’extraits hypophy-
saires, la produire chez des Lapins thyroïdectomisés, et la faire
ensuite disparaître par des injections de thyroxiné.
Mais l’exophtalmie ne se manifeste pas que chez les vertébrés
Métamorphose naturelle d’un têtard de Rana temporaria.
homéotermes. On peut la provoquer chez les poikilotherm.es, notam-
ment chez les Poissons- et les Batraciens.
★
V *
Des cas d’exophtalmie bi-latérale ont été signalés en 1939 par
Grobstein et Bellami (5), chez des individus immatures de Poissons
d’ornement : Platypœcilus maculatus et variaius, à la suite d’in-
gestion de fragments de corps thyroïdes de Mammifères et, en 1941,
G. Petit et D. Schachter (6), ont pu provoquer l’exophtalmie bi-
latérale chez des Civelles (au stade VÏ-A-IÏ-3) et chez des Gambusias-
affinis, en employant de très fortes doses de thyroxine Roche
(1 /100.000e pour les Civelles et 1.500.000e pour les Gambusias). Les
370 —
auteurs se demandèrent alors si cette exophtalmie était due, dans
un cas comme dans l’autre, à l’action indirecte de l’anté-hypophyse
ou à l’action directe de l’hormone thyroïdienne sur le sympathique
oculaire ou sur tout le sympathique.
La première de cès trois hypothèses est à écarter, car on sait,
depuis les travaux d’ALLÈN (7) que l’hormone thyroïdienne agit sur
des organismes privés d’hypophyse et de thyroïde. Quant aux deux
autres hypothèses, espérons que les recherches ultérieures annoncées
par les auteurs, viendront en préciser la valeur.
L’exophtalmie bi-latérale se produit aussi chez les Batraciens au
Têtard de Rana temporaria, fixé au stade C. (3e).
cours de la métamorphose expérimentale provoquée par de fortes
doses de thyroxine (1 /10 — 1/5 — 1 /1.000.000e) en bain continu,
par l’ingestion d’extrait total de corps thyroïde en excès, ou de
fragments de thyroïdes humaines atteintes d’une forme grave de, la
maladie de Basedow, mais le déterminisme de cette exophtalmie est,
comme nous allons le voir, très particulier.
*
* ¥ '
W. Schulze (8) a signalé en 1924, des cas d’exophtalmie chez des
têtards de\grenouille à la suite d’ingestion de fragments de corps
— 371 —
thyroïde de Mammifères, et, pour lui, ce phénomène serait une
conséquence de l’hypertrophie du cerveau causé par le traitement
thyroïdien. On sait que les tissus dérivés du feuillet ectodermique
sont très sensibles à l’action de i’hormone thyroïdienne, ce qui est
le cas du cerveau, or, d’après Schulze, cet organe ferait « hernie »
à travers les cavités orbitaires, repoussant ainsi les globes oculaires
au dehors et, créant ce qu’il a appelé un « encéphalocèle » et dont il
a donné une reconstitution (voir figure 1).
Bien que le dessin de Schulze soit assez suggestif, il me paraît
exagéré^de prétendre que le cerveau puisse forcer la capsule osseuse
qui l’entoure, et de faire ainsi irruption dans les cavités orbitaires.
Fîg- +■
Métamorphose accélérée d’un têtard de Rana temporaria pris au stade D (4e)
par la thyroxine au 1 /4.000.000e.
La contiguité du cerveau et des globes oculaires, visible dans le
dessin de Schulze, et que l’on retrouve dans l’un des miens (voir
fig. 5) est produit, non par une hernie cérébrale, mais par les globes
oculaires eux-mêmes, qui dérivés eux aussi du feuillet ectodermique,
s’hypertrophient également dans les mêmes conditions expérimen-
tales et acquièrent, chez des animaux d’une taille réduite, les dimen-
sions qu’ils auraient eues au terme de la métamorphose naturelle
(mais alors, la taille des animaux eut été bien supérieure).
En plus de l’hypertrophie des globes oculaires, en général, il y a
une hypertrophie spéciale de la cornée avec une dfïérentiation pré-
coce de celle-ci. C’est une des dysharmonies signalées par Cotronei (9)
et Giacomini (10) et dont Schreiber (11) a donné une explication il
y a une dizaine d’années. En ce qui concerne l’œil, cet auteur faisait
— 372 —
remarquer que, normalement, la transformation du cristallin pré-
cède celle de la cornée en vue de la vision aérienne. Or, dans la méta-
morphose brutalement accélérée, les deux phénomènes se produisent
en même temps, de sorte que, le cristallin, n’ayant pas le temps
d’accomplir sa différentiation complète, se trouve avoir, à la fin de
cette métamorphose, une structure encore larvaire, comparative-
ment à celle de la cornée. -
m
* m
Donc, lors d’une forte thyroxination ou thyroïdisation des têtards
de Batraciens anoures, tels que : Rana temporaria, Rana agilis,
Métamorphose accélérée d’un têtard de Rana temporaria pris au stade G (3e)
par la thyroxine au 1 /25.000.000e.
Alytes obstetricans, il se produit, outre les dysharmonies habituelles,
une hypertrophie notable des globes oculaires qui s’étendent exté-
rieurement et intérieurement, de manière à faire au dehors iine
saillie anormale, et, au dedans, à venir au contact de la capsule
osseuse qui entoure le cerveau qui. lui-même hypertrophié, remplit
exactement cette capsule.
★
* ¥
Conclusions : L’exophtalmie, dans la métamorphose expéri-
mentale des Batraciens anoures, est exclusivement fonction de
l’hypertrophie de tissus d’origine ectodermique. Il y a, d’une
part, hypertrophie du cerveau et. d’autre part, hypertrophie des
globes oculaires et de la cornée, avec différentiation précoce de celle-
ci. Il n’y a pas « d’ encéphalocèle ».
8
Fig. 6 : Alytes obstetricans — Métamorphose normale. — Fig. 7 et 8 : Alytes
obstetricans — Métamorphose accélée par l’ingestion de fragments de thyroïde
Basedowienne. — Fig. 9 : Rana lemporaria. Métamorphose normale. — Fig. 10 :
Rana temporaria. Métamorphose accélérée par la thyroxine au 1 /10.000.000e.
— Fig. 11 : Rana temporaria. Métamorphose accélérée par la thyroxine au
I /10.000.000e. — Hypertrophie de lq côrnée.
Je rappelle pour mémoire, que pour provoquer l’exophtalmie,
il importe, comme toujours, d’expérimenter sur des sujets n’ayant
pas dépassé le stade D de leur développement (4e de Kollmann)
ainsi que je l’ai montré (12).
II est possible qu’un traitement thyroxinien sévère puisse pro-
voquer de l’exophtalmie chez des anoures adultes,, mais il est
certain'que le déterminisme en serait alors très différent.
Laboratoire d’ Ethologie des animaux sauvages du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
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12. Roth (P.). Bull. Muséum , 1939, 2e s., 11, n° 1 — 99-110.
375 —
Étude histochimique des réserves de Graisses
chez Gryphæa angulata Lmk.
Par Marie Bargeton.
En dehors de réserves de glycogène, généralement prépondérantes,
il existe chez la plupart des Mollusques des réserves de graisses qui
ne sont pas négligeables. Elles peuvent même chez certains d’entre
eux, et notamment chez les Lamellibranches, s’accumuler en quan-
tités importantes.
Toujours présentes chez l’Huître, ces réserves de graisses se
montrent plus ou moins abondantes, variant selon les individus
(Terroine, 1919), comme selon les saisons. Au printemps, pendant la
gamétogenèse, leur taux s’élève progressivement, accuse un maxi-
mum très net, puis diminue brusquement après la ponte. (Pekel-
haring, 1902 ; Malcolm, 1911 ; Masumoto et Hibino, 1934).
L’étude histologique des graisses aux diverses périodes de l’année
permet de suivre et d’interpréter les variations qu’indiquent les
dosages : on voit, au printemps, les ovules se charger de quantités
de graisses très importantes ; ils constituent ainsi peu à peu, dans la
zone des gonades, des réserves de graisses beaucoup plus abondantes
que celles de tous les autres tissus. Chez les Huîtres femelles d’espèces
unisexuées, comme l’Huître portugaise, la zone des gonades, entière-
ment occupée par les ovules, apparaît encore plus richfe en graisses
et contraste de manière frappante avec le tissu conjonctif vésiculeux
et les acini de la glande digestive.
Après la -ponte au contraire, et jusqu’au printemps suivant, les
réserves de graisses se distribuent d’une manière beaucoup plus
uniforme ; elles se répartissent également dans le tissu conjonctif
vésiculeux qui a envahi la zone des gonades et dans celui qui consti-
tue en toute saison le parenchyme conjonctif de l’Huître.
Sans insister davantage sur les réserves de graisses des ovules
dont l’étude reste inséparable de celle de la gamétogenèse, j’essaierai
de préciser ici quelques-unes des particularités histochimiques des
enclaves adipeuses du tissu conjonctif vésiculeux et de la glande
digestive.
Distribution des graisses dans le tissu conjonctif vésiculeux. — C’est
en démontrant la nature cellulaire des vésicules de Langer ou cellules
de Leydig des Mollusques, que Flemming (1877) aperçut disséminées
dans tout leur cytoplasme des granulations noircissant par l’acide
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 5, 1944. -
— *376 —
osmique ; Thiele, quelques années plus tard, les observa à nouveau
et les interpréta comme des graisses.
Les cellules de Leydig se montrent chez l’Huître particulière-
ment riches en graisses. Ce sont d’ailleurs les seuls éléments du tissu
conjonctif susceptibles d’en contenir ; elles forment en effet avec les
cellules conjonctives fixes l’essentiel de ce tissu où ne figurent aucun
des autres types cellulaires très répandus chez les Mollusques, tels
que les Rundzellen par exemple aussi chargées de graisses chez les
Mytilidés que les cellules de Leydig avoisinantes (Daniel, 1922).
Examinées à l’état frais, les graisses des cellules de Leydig appa-
raissent comme d’innombrables gouttelettes réfringentes et inco-
lores.
Fixées au formol, colorées au Noir ou au Rouge soudane, elles
présentent une disposition très caractéristique : plaquées contre la
paroi, elles forment à la périphérie de la cellule une couche épaisse
et se groupent au centre autour du noyau ; elles dessinent enfin des
traînées qui relient le cytoplasme périnucléaire au cytoplame
pariétal. Il semblerait donc après une fixation au formol, que les
graisses de la cellule de Leydig se cantonnent à des zones très res-
treintes du cytoplasme entre lesquelles s’étendent de grandes plages
claires apparemment vides.
Une fixation de caractère plus cytologique (Liquide de Meves ou
de Benoît) donne de la répartition des graisses une image très diffé-
rente : colorées en brun ou en bistre par l’acide osmique, elles appa-
raissent aussi assez nombreuses au voisinage de la paroi, mais
semblent se distribuer de manière quelconque dans tout le reste de
la cellule.
L’élaboration de réserves de graisses paraît être une faculté perma-
nente des cellules de Leydig de l’Huître et ne semble pas directement
liée ni à leur taille ni à leur âge. La présence d’enclaves de graisses ne
se limite en effet nullement, comme l’indique Pekelharing, aux
cellules vésiculeuses les plus grandes et se retrouve jusque dans les
plus petites. Elle ne sejnble pas davantage dépendre de l’âge des
cellules puisque ces enclaves se rencontrent aussi bien dans les
jeunes cellules formées dans la zone des gonades immédiatement
après la ponte que dans les cellules plus âgées de la couche péri-
gastrique.
Nature des graisses des cellules de Leydig. — Pour préciser la
nature des enclaves de graisses des cellules de Leydig, j’ai recouru
aux méthodes considérées actuellement comme les plus spécifiques
des différentes catégories de lipides, méthodes que j’ai utilisées selon
un protocole d’analyse dichotomique 1 '
\ '
1. Je me suis conformée en général aux indications fournies par Lison (1933).
— 377 —
Ces graisses, on l’a vu plus haut, apparaissent sur le vivant comme
des gouttelettes absolument incolores, ce qui permet d’écarter
d’emblée le diagnostic de carotinoïdes ou de chromolipoïdes.
La réaction caractéristique du cholestérol et de ses esters (réaction
de Liebermann à l’acide sulfurique et l’anhydride acétique, réaction
de Windaus à la digitonine) se montrent également négatives. Ce
résultat s’accorde avec ce que l’on sait de la répartition des stérols
chez l’Huître : sous forme d’ostreastérol notamment, ils prédominent
dans le muscle adducteur et se trouvent au contraire en quantités
négligeables dans le « tronc », c’est-à-dire dans la glande digestive
et le tissu conjonctif vésiculeux de la zone des gonades, de l’estomac
et de l’intestin (Bergmann, 1934).
Arrivé à ce point de l’analyse où, d’après l’ordre des méthodes
utilisées, lipines et glycérides restent le seul diagnostic possible,
c’est au microscope polarisant qu’ont été examinées les cellules de
Leydig de l’Huître. Que ce soit à l’état frais ou après fixation au
formol, leurs enclaves de graisses se montrent, entre niçois croisés,
complètement obscures alors que sur les mêmes préparations les
bordures en brosse de l’épithélium digestif et les fibres musculaires
qui s’insèrent à sa base, apparaissent fortement biréfrigérentes.
L’absence de biréfringence ne suffit pourtant pas à éliminer les
lipines. D’ailleurs la réaction de Smith-Dietrich considérée par
beaucoup d’auteurs comme caractéristique des lipines lorsqu’elle
donne une coloration violet-noir, s’est toujours montrée positive
dans les essais répétés qui en ont été faits. Les graisses des cellules
de Leydig, sur coupes à congélation, sont, après chromage prolongé
et coloration par l’hématoxyline de Kultschitzky, soumises à une
différenciation très poussée (la réaction est particulièrement nette
lorsqu’on tient compte des modifications introduites par Kauff-
mann et Lehmann (1928) : chromisation et traitement par l’hémato-
xyline à 60° et non à 37°). Indiquons toutefois que la méthode de
Ciaccio qui consiste à caractériser les phospholipines et galacto-
lipines par leur insolubilité dans l’acétone ne m’a donné que des
résultats négatifs, les graisses des cellules de Leydig disparaissant
entièrement au cours de ce traitement.
Cette analyse a été complétée par la recherche dans les cellules de
Leydig de la réaction de Feulgen- Verne, ancienne réaction « plas-
male », qui consiste à traiter les tissus étudiés par le réactif de
Schiff après passage dans une solution de sublimé. Ainsi traités les
globules lipidiques des cellules de Leydig prennent une teinte violet
vif contrastant avec l’aspect incolore que gardent les coupes témoins
non soumises à l’action du sublimé. La présence constante de « plas-
mal » au niveau des enclaves lipidiques témoigne d’un certain degré
d’oxydation des graisses de la cellule de Leydig, oxydation qui
entraînerait la formation d’aldéhydes, démasquées par le passage
— 378
au sublimé et régénérant comme toutes les aldéhydes la fuchsine
du réactif de Schiff.
Si nombreuses que puissent être les enclaves de graisses dans les
cellules de Leydig, le glycogène n’en reste pas moins la réserve la
plus importante et la plus caractéristique des cellules de Leydig ;
il paraît intéressant de rechercher quels rapports existent entre ces
deux catégories de réserves au sein des mêmes cellules.
La fixation histochimique des graisses permet, dans une certaine
mesure, d’apprécier leur quantité ; il n’en va pas de même du glyco-
gène, qui mal fixé le plus souvent, se porte à un pôle de la cellule,
dessinant un croissant caractéristique ou bien précipite en granule
et en mottes de tailles inégales. Aussi ne reste-t-il d’autre manière
de T évaluer que de recourir à des méthodes d’ordre purement chi-
mique. Des microdosages de glycogène dans le tissu conjonctif
vésiculeux de l’Huître, où ne figurent pratiquement que des cellules
de Leydig, m’ont permis de préciser la teneur en glycogène de ces
cellules et de rapprocher les résultats ainsi obtenus des irldications
fournies par les méthodes histochimiques sur les graisses de ce même
tissu. Une telle recherche montre que loin de s’exclure glycogène et
graisses coexistent souvent en grande quantité dans les cellules de
Leydig de l’Huître, les plus hautes teneurs en glycogène que j’aie
jusqu’à présent notées (13,5 % de poids frais, 65 % de poids sec)
se rapportant justement aux cellules vésiculeuses les plus riches en
graisses qu’il m’ait été donné d’observer.
Les Graisses de la « glande digestive », - — - Dans des recherches sur
la glande digestive des Mollusques et des Crustacés Décapodes,
Màc Mun (1900) mentionne l’existence de graisses dans les acini
digestifs de l’Huître.
Par la suite, plusieurs auteurs ont décrit dans ces mêmes acini
et dans ceux d’autres Lamellibranches, des granulations jaunes et
brunes mais sans établir de lien direct entre leur présence et celle
de réserves de graisses. Il semble toutefois que ces inclusions soient
pour la plus grande part de nature lipidique, comme on peut s’en
convaincre en traitant une coupe de glande digestive par-un colorant
des corps gras : les granulations se colorent électivement et appa-
raissent comme les seuls éléments des cellules glandulaires à se
colorer ainsi.
Ces granulations, que leur teinte naturelle permet d’observer
facilement sans le secours d’aucune coloration, manquent dans
l’épithélium des conduits de la glande et figurent uniquement dans
les acini proprement dits : là, elles apparaissent sur coupe trans-
versale strictement localisées aux massifs de cellules hautes et
claires qui font saillie dans la lumière des tubules ; en revanche, il
n’en existe pas trace dans les petites cellules plus sombres des
« cryptes » que l’on observe entre ces massifs. Leur présence pourrait
être liée à l’âge des cellules granuleuses de l’épithélium digestif,
puisque les petites cellules sombres des cryptes ne seraient selon
Yonge (1926) que des cellules jeunes destinées à remplacer les
cellules hautes des massifs.
Etudiant la composition chimique des Huîtres néo-zélandaises,
Malcolm (1911) a recherché la nature des graisses qui s’y trouvaient
contenues et plus spécialement celle des graisses de la glande diges-
tive ; se basant sur la comparaison de leur caractère de solubilité
dans l’eau, l’acétone, l’alcool amylique etc., il les a définies comme
des lipochr ornes. C’est à la même conclusion que conduit l’emploi
de méthodes de détermination histochimique dont nous disposons
actuellement.
Leur coloration jaune et brune permet de considérer à première
vue ces graisses soit comme des carotinoïdes, soit comme des chro-
molipoïdes si largement répandus les uns et les autres chez les
Invertébrés, Mais elles ne donnent traitées par l’eau iodo-iodurée
et par l’acide sulfurique aucune des réactions propres aux caroti-
noïdes et montrent au contraire tous les caractères des chromoli-
poïdes : elles prennent les colorants des graisses (Noir et Rouge
Soudane, Soudan III et IV) se colorent d’une manière inconstante
par l’hématoxyline de Kultschitzky et se décolorent en 2 à 3 jours
par l’eau oxygénée ; en outre, elles ne réduisent pas les solutions
d’argent ammoniacal ce qui suffit à les distinguer du groupe des
mélanines.
J’ai recherché enfin dans la glande digestive la présence de pro-
duits d’oxydation (ou « plasmal ») des graisses : mais ici la réaction
de Feulgen-Verne s’est montré négative pour ce qui est des acini
et n’a donné qu’une teinte mauve diffuse sans signification histo-
chimique au niveau des épithéliums des conduits. Seules ont pris
une teinte violet franc, indice d’une exécution correcte de la méthode,
les graisses des cellules de Leydig qui se trouvent entre les acini
digestifs.
Variations et rôle des réserves de graisses. — En dehors de la période
de gamétogenèse, il existe chez l’Huître des variations très marquées
des réserves de graisses ; certaines d’entre elles paraissent dépendre
des modifications de facteurs externes (température, salinité) mais
les autres s’observent à tous les moments de l’année entre les Huîtres
d’une même provenance et semblent avant tout répondre à des
différences individuelles.
Au point de vue chimique ces variations correspondent à des
teneurs en graisse très* inégales d’un individu à l’autre (0,7 % à
2 % de poids frais, Terroine 1919) ; elles se manifestent morpho-
logiquement par des aspects très différents du tissu conjonctif
— 380 —
vésiculeux. A côté de forme en parenchyme plein où les cellules de
Leydig sont serrées les unes contre les autres, ce tÿssu peut présenter
une structure plus ou moins lacunaire et se transformer même en un
réseau à mailles lâches ; à ces diverses formes de tissu conjonctif
visiculeux correspondent naturellement des teneurs en graisses
d’autant plus faibles que les cellules de Leydig s’y montrent moins
nombreuses.
Toutes les variations de la teneur en graisses ne peuvent cependant
s’expliquer entièrement par des différences individuelles et certaines
d’entre elles doiyent être considérées comme des variations saison-
nières proprement dites. Après les périodes de grand froid par
exemple, la proportion d’ Huîtres pauvres en réserves s’élève nota-
blement. Cet appauvrissement général suggère que chez un certain
nombre d’individus les graisses ont été utilisées par l’animal,
compensant dans une certaine mesure la sous-alimentation entraînée
par le froid (Galstoff, 1928). ' .
Qu’il s’agisse de variations individuelles ou de variations saison-
nières, les graisses de la glande digestive subissent également, des
modifications importantes qui se traduisent par la présence en quan-
tités très inégales de granulations lipidiques dans les cellules des
acini digestifs. Variant dans le même sens que les graisses du tissu
conjonctif vésiculeux, les graisses de la glande digestive, semblent
soumises aux mêmes influences ; pendant les périodes de froid, elles
se raréfient à l’extrême comme dans le jeûne expérimental où elles
finissent par disparaître complètement (List, 1902),
Dès le début de la gamétogenèse, les follicules génitaux se déve-
loppent rapidement, envahissent toute la zone des gonades, et se
substituent au tissu conjonctif interstitiel. Ainsi se trouvent libérée
une certaine quantité de graisses, très variable d’ailleurs d’un indi-
vidu à l’autre ; les graisses ainsi libérées se trouvent au voisinage
immédiat des gamètes et participent peut-être directement à la
constitution de leurs réserves. Les dosages, pratiquées sur des
Huîtres hermaphrodites ou sur des Huîtres femelles, ne peuvent
pas rendre compte de la disparition de ces graisses, disparition qui
se trouve largement compensée par les réserves adipeuses qui se
forment dans les gamètes femelles ; seuls pourraient l’accuser des
dosages sur la gonade isolée d’Huîtres mâles. Pendant toute cette
période le reste du tissu conjonctif vésiculeux ne se modifie pas
sensiblement. Il se montre, selon les cas, plus ou moins riche en
graisses, sans qu’il soit possible d’établir sur ce point une distinction
entre les Huître portugaises femelles et les Huîtres portugaises
mâles.
En ce qui concerne l’épithélium de la glande digestive., il apparaît
au cours de la gamétogenèse chargé de réserves de graisses. Cette
abondance d’enclaves lipidiques, serait pour Deflandre (1903)
— 381 —
l’indice d’une participation de la glande digestive à la formation des
réserves des ovules. Mais la présence de granulations adipeuses dans
les espaces interacineux signalée par cet auteur n’en constitue
nullement tine preuve décisive. Il est en effet difficile d’admettre
que ces granulations viennent directement des acini digestifs pour
être conduites au voisinage des ovules ; il semble que leur origine
soit tout autre et qu’elles appartiennent en réalité aux cellules de
Leydig du tissu conjonctif vésiculeux développé entre les tubules et
les conduits de la glande digestive.
Laboratoire de Malacologie du Muséum et Laboratoire d’Anatomie
et d’ Histologie comparées de la Sorbonne.
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Sér. A, 4.
1902. Pekelharing (C.-A.). Petrus Camper D. 1.
1919. Terroine (E.-F.). Thèse Fac. sci. Paris.
1887. Thiele (J.). Zeit. f. TViss. Zool. Bd. XLIY
1937. Verne (J.). Bull. Hist. appl., XIV.
1926. Yonge (C.-M.). Trans. Roy. Soc. Edin., 54.
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (c. O. L. 31.0832). 15-2-1945
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs . . .' 255
Allocution prononcée aux obsèques „de M. le Professeur J. Pelle^grin, à Paris,
le 17 août 1944, paç M. le Professeur Ach. Urbain, Directeur du Muséum. 257
Allocution prononcée par M. le Directeur du Muséum en ouvrant la séance do
l’Assemb]ée de MM. les Professeurs du Muséum, le 21 septembre 1944... 259
J. Mulot. Leçon inaugurale du cours d’Anatomio comparée 2G0
Communications :
J. Anthony. Sur une anomalie présentée par un cerveau de Macaca sylvanus L. 287
Ach. Urbain. Une petite épidémie de paratypliose sur les Grenouilles ( Rana
esculenta L.) 290
F. Angel. Un Lézard nouveau du Mont Nimba (Haute-Guinée française)
appartenant au genre Lygosoma 293
Cli. Devili.ers. Le rôle des Pit-organs dans la morphogenèse de l’ostéocrane des
Téléostéens. Le problème du squamosal 295
M. Vachon. Remarques sur le Scorpion aveugle du Roussillon : Belisarius
Xambeui E. S 298
J. Nouvel. Un cas mortel d’ Ascaridiose du Puma (Puma concolor [L.]) v 306
C. Desportes. Etude de quelques caractères morphologiques de Toxascaris
leonina (Linst. 1902) provenant d’un Puma 308
R.-Ph. Dollfus. Sur les Cestodes de Puma concolor (L.) 316
E. Fischer-Piette et J. Beigbeder. Catalogue des types de Gastéropodes
marins conservés au Laboratoire de Malacologie 321
A. Chavan. Sur deux genres de Risso : Protula Lemintina 331
A. Tixier-Durivault. Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyoniidae.
1. Genre Lobularia (suite) 339
A. Guillaumin. Contribution à la Flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXV.
Plantes de collecteurs divers (fin) 346
H. Neuville. Remarques sur les rayons digitaux du Mammouth de Sibérie
( Elephas primigenius Blum) 353
A. Loubière. Considérations générales sur les Myrtacées vivantes et fossiles. 359
— Distribution stratigraphique des Lepidodendrées 363
R. Abrard. Les relations entre le bassin d’Aquitaine et le Jura au Portlandien
inférieur 365
P. Roth. L’exophtalmie dans la métamorphose expérimentale des Batraciens
anoures 368
M. Bargeton. Etude histochimique des réserves de graisses chez Gryphaca
angulata Lmk 375
1
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARTS Ve
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
Comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, 80 ir.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’ Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933). ,
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systematicse! (Directeur M. II. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, 65 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 60 fr..
Etranger, 70 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer- Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme, : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît, depuis 1927 ; échangé).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921 ;
abonnement pour la France, 130 fr. ; Etranger, 145 et 160 fr.).
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 fr.).
Revue Bryologique et Lichènologique. (Directeûr M, N., Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr..
Étranger, 80 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger,
80 et 100 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bburdelle ; paraît depuis 1936; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
t
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVI
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 6. — Novembre 1944
/
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
5 7, RUE CUVIER
PARIS-V'
RÉGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’IIistoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication. sera renvoyée au Bulletin
suivant.
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ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
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TIRAGES A TART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
(Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941)
25 ex. 50 ex. 100 ex.
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16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
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travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
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.5 Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
BU
\ '
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1944. — N° 6
345e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
30 NOVEMBRE 1944
PRÉSIDENCE DE M. ED. BOURDELLE
ASSESSEUR DU DIRECTEUR
ACTES ADMINISTRATIFS
M. P. Rivet, Professeur au Muséum, Directeur du Musée de l’Homme,
Directeur d 'Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes-Etudes, a été réintégré
dans ses fonctions à dater du 19 février 1941 (Arrêté du Commissaire à
l’Education Nationale en date du 4 novembre 1943).
MUe Fernet a été nommée commis à la Bibliothèque du Muséum (Arrêté
ministériel du 18 septembre 1944). »
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
25
DÉCISION '
^ •
Le Général de Gaulle
Chef des Français Combattants.
Vu l’ordonnance n° 42, du 9 février 1943, instituant la Médaille de la
Résistance Française ;
Vu l’avis favorable de la Commission de la Médaille de la Résistance
Française dans sa séance du 22 octobre 1943 ;
Décide :
Article unique. — La Médaille de la Résistance Française est
décernée aux patriotes dont les noms suivent :
Anatole Levitsky. — Jeune savant d’une valeur exceptionnelle, a
pris dès l’occupation, en 1940, une part active à la résistance clandestine.
Arrêté par la Gestapo, a fait face aux Allemands avec une dignité et un.
courage admirables. Condamné à mort et fusillé en février 1942.
Boris Vilde. — Universitaire et chercheur de premier ordre, s’est consa-
cré entièrement à la résistance clandestine dès 1940. Arrêté par la Gestapo
et condamné à mort, a donné, au cours du procès et devant le peloton
d’exécution un magnifique exemple de sang-froid -et d’abnégation. Fusillé
en février 1942.
Fait à Alger, le 3 novembre 1943.
C. IDE Gaulle.
Pour ampliation.
Paris, le 30 novembre 1944.
Histoire de la Chaire de Malacologie
( Leçon inaugurale faîteau Muséum le 22 novembre 1944).
Par Edouard Fischer- Piexte.
PROFESSgUR.
Monsieur le Directeur,
Mes chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Prendre aujourd’hui la parole jomme titulaire de la chaire de
Malacologie du Muséum, est pour moi un très grand honneur. Mais
je ne ferai pas l’erreur de croire que cet honneur s’adresse à moi
seul. Je ne mets pas en doute qu’il s’adresse à une pluralité de
malacologistes d’un même nom. Je ne doute pas, notamment, que
la puissante protection que m’a donnée un grand savant dont nous
vénérons tous le souvenir, Louis Bouvier, ait été motivée par le
fait que Bouvier avait été le collaborateur de mon' grand’père
Paul Fischer et de mon père Henri Fischer. Il les tenait tous
deux en grande estime, et fut ainsi porté à me faire confiance.
Je salue ici, avec reconnaissance, tous ceux qui contribuèrent à
éveiller ma vocation ou qui furent mes maîtres. Si je n’ai pas connu
Paul Fischer, qui joua un grand rôle dans le mouvement de la
science malacologique française dans la seconde moitié du siècle
dernier, par contre mon autre grand’père, le préhistorien et paléon-
tologiste Edouard Piette, agit directement sur ma curiosité d’en-
fant car il vivait au milieu de ses collections dont la vision emplis-
sait nos yeux.
Mon père Henri Fischer nous associa mon frère et moi aux récoltes
qu’il effectuait sur les rivages comme dans les carrières, et fut ainsi
notre premier maître. Nos jeunes yeux situés si près du sol, nos
doigts agiles, lui procuraient bien des trouvailles. Il ne connut de
nous que notre enfance. Après avoir fait paraître des travaux
essentiels et de haute qualité portant sur l’embryologie, l’anatomie
comparée et la systématique des Mollusques, après avoir ainsi
acquis la pleine maîtrise de la science malacologique, il nous fut
enlevé avant que son œuvre ait pu égaler en importance celle de
Paul Fischer.
Mes maîtres furent ensuite, à l’École normale supérieure, Robert
Lévy et Marcel Prenant. Ils m’initièrent à la technique histolo-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 386 —
gique et c’est sous leur direction que je publiai mes premières
recherches. Puis l’agrégation me mit en présence de Louis Mangin,
qui faisait partie du jury, et qui quelques jours plus tard me prit
auprès de lui, à titre de chef de travaux, au Laboratoire maritime
de Saint-Servan. C’est ainsi que j’entrai au service du Muséum,
dont il était le Directeur. C’est à Louis Mangijn que je dois l’affer-
missement de mon orientation écologique, ainsi que la connaissance
des Algues dont je devais étudier la répartition. Il se montra tou-
jours extrêmement paternel, et de cet homme qui fut -considéré
comme un rude lutteur fort autoritaire je garde un souvenir de
douceur bienveillante.
Passant les étés auprès de Louis Mangin, j’utilisais les hivers
auprès d’un autre maître de grande notoriété lui aussi, Justin Jolly,
au Laboratoire d’histophysiologie du Collège de France. Qu’il me
soit permis de lui exprimer ma reconnaissance pour la manière
dont il facilita, pendant des années, mes études sur les Crustacés.
A Louis Mangin, succéda comme Directeur du Laboratoire mari-
time du Muséum, Abel Gruvel. Je passai quelque temps auprès de
lui, mais bientôt, je fus choisi par Louis Germain pour être son
successeur à la sous-direction du Laboratoire de Malacologie dont
il devenait le Professeur. Ce maître très éminent me donna ainsi
de nouvelles possibilités. Mais, entièrement absorbé par ses hautes
fonctions de Directeur du Muséum, il ne pouvait jamais venir à
son laboratoire, de sorte qu’il ne me fut pas donné de profiter de
son érudition ; par contre j’avais le bonheur de me trouver au con-
tact d’un autre malacologiste consommé à qui nous liait une amitié
de longue date, Edouard Lamy. Il fut mon véritable maître en sys-
tématique. Il travaillait en profondeur, et il m’a été extrêmement
précieux de connaître et de pouvoir utiliser à mon tour la rigueur
de sa méthode.
Ma reconnaissance ne va pas seulement à ces divers maîtres qui
me mirènt à même de me porter candidat à cette chaire. Elle va
également aux Professeurs du Muséum qui voulurent bien m’ac-
cueillir parmi eux. Elle va de même à l’Académie des Sciences qui,
aisément convaincue par la voix très écoutée de Louis Bouvier,
confirma le choix du Muséum.
•k ;
* ¥
Me voici donc responsable de la chaire de Malacologie. Quel
honneur, mais quelle charge ! Ne croyez pas que ces mots portent
seulement une emphase obligée. Quand je vous aurai retracé l’his-
toire glorieuse de cette chaire illustre, vous comprendrez que je
me sente bien faible pour recueillir pareil héritage. Et lorsque j’au-
rai à formuler un programme d’avenir, vous penserez avec moi :
— 387 —
comment construire un avenir qui puisse valoir semblable passé !
Cette chaire, c’est la chaire de Lamarck. Elle fut créée pour lui,
ou, plus véritablement, c’est pour elle qu’il se fit zoologiste, c’est
par elle qu’il fut orienté vers la gloire.
Au moment où la Convention prit la décision de réorganiser
l’ancien Jardin du Roy et de le transformer en un Muséum National
d’Histoire naturelle, Lamarck était botaniste et, en dépit de la
grande notoriété qu’il s’était acquise dans cette branche, il n’était
chargé que des fonctions mal rétribuées de Garde des Herbiers.
La Convention, par le décret du 10 juin 1793, établit douze chaires,
dont une seule pour tous les Animaux inférieurs, ceux que Lamarck
le premier devait désigner plus tard sous le nom d’Animaux sans
Vertèbres. C’était la « chaire de Zoologie des Insectes, des Vers, des
Animaux microscopiques ». Or il ne se trouvait personne que sa
compétence désignât particulièrement pour cet office. Alors que
l’étude des animaux de grande taille avait absorbé tous les talents,
les animaux inférieurs étaient restés assez dédaignés et mal connus.
C’est ainsi que cette chaire de zoologie échut à un botaniste qui ne
trouvait pas d’avancement dans sa propre spécialité. Ce botaniste
était âgé de 50 ans, et l’on avouera que c’étaient là de singulières
conditions pour entreprendre l’étude de l’immense cahos qui récla-
mait un maître. Lamarck cependant accepta cette tâche extraor-
dinaire. Et, c’est là le plus extraordinaire, il devint vraiment, et
très rapidement, ce maître qui manquait, celui qui fit enfin démar-
rer de façon prodigieuse l’étude des Invertébrés et mit de l’ordre
dans leur cahos grâce à une intuition peu commune. En peu d’an-
nées il plaça la France à la tête des autres nations pour l’étude des
animaux inférieurs, comme l’avaient fait Buffon, Daubenton,
Geoffroy Saint-HiLaire pour les animaux supérieurs, comme
l’avaient fait Tournefort, les Jussieu et lui-même pour la Bota-
nique, comme l’avait fait Hauy pour la Minéralogie. Enfin, devan-
çant son temps, il eut l’audace de s’appuyer sur les connaissances
zoologiques qu’il venait d’acquérir, pour aborder l’un des plus
grands problèmes philosophiques qui puissent se poser à l’esprit
humain : il conçut sa « Philosophie zoologique », ouvrage qui cons-
titue son plus beau titre de gloire parce qu’il a donné la première
expression complète d’une doctrine évolutionniste.
Messieurs, je n’entreprendrai pas de faire ici l’analyse de l’œuvre
de Lamarck. Les circonstances devraient pourtant m’y pousser,
semble-t-il, puisque le hasard veut que ce soit en cette année 1944,
deuxième centenaire de la naissance de cet illustre naturaliste,
qu’un nouveau titulaire fasse, dans la chaire de Lamarck, une
leçon d’ouverture que l’usage consacre aux biographies. Mai» pré-
cisément, du fait de cet anniversaire, une commémoration parti-
culière doit avoir lieu, où des voix fort autorisées retraceront avec
tous les développements désirables l’œuvre glorieuse de Lamarck.
Je ne veux pas empiéter sur les sujets de ces discours, et vous me
permettrez donc de ne faire que de brèves remarques, d’un point
de vue très particulier. Je voudrais en effet rappeler quelles furent
certaines des contingences, inhérentes à l’histoire de la chaire de
Malacologie^ qui purent influer de façon immédiate sur le cours
des pensées de Lamarck.
Il semble que Làmarck, lorsqu’il eût quitté l’étude des plantes
pour celle des animaux inférieurs, ait, au contact des collections
de -ces animaux, subi des impressions nouvelles. Cet effet de con-
traste et de renouvellement pourrait bien avoir contribué à déclen-
cher la chaîne des opérations mentales qui aboutirent à l’élabora-
tion de sa théorie évolutionniste.
Parmi ces impressions nouvelles, deux sont aisées à imaginer.
Furent-elles simultanées ou non, il est difficile de le dire, en tous
cas elles sont étroitement liées l’une à l’autre.
Celle à laquelle je pense en premier, et qui peut-être, précéda
l’autre, dut être avant tout une impression de vagué, quant à la
distribution des formes en espèces. Cela résultait de ce que la con-
naissance des animaux inférieurs était bien moins avancée que
celle des plantes, lesquelles étaient non seulement beaucoup plus
faciles à se procurer, mais bien plus étudiées, surtout les espèces
françaises auxquelles Lamarck s’était d’abord consacré. De plus,
beaucoup de groupes d’invertébrés sont extrêmement plastiques,
vous le savez. C’est le cas, par exemple, des Mollusques. Ceux-ci
sont particulièrement intéressants à considérer ici, parce que
Lamarck avait un penchant pour ce groupe dont son ami Bru-
guières lui avait donné le goût ; aussi les premières publications
que Lamarck consacra aux animaux furent-elles relatives aux
Mollusques. Ceux-ci, qu’ils fussent vivants ou fossiles, devaient
rester l’objet préféré de ses études. Or dès qu’il lui fallut appro-
fondir ses connaissances sur ce groupe, il se trouva forcément en
présence des difficultés qu’ont constatées la plupart des spécialistes
qui se sont occupés de ces animaux. A savoir que chez ces êtres
aux formes fuyantes et changeantes, il arrive souvent que les traits
spécifiques véritables ne se laissent pas saisir d’emblée, et échappent
aux yeux de ceux qui ne possèdent pas, à la fois, un matériel abon-
dant et un sens discriminatif particulièrement développé. Lamarck
avait certainement le sens discriminatif, mais il ne disposait pas
d’un matériel abondant. En effet, la collection de Mollusques ne
comptait que 1.500 individus lors de sa nomination et 10.000 à sa
mort, chiffres vraiment dérisoires. Sa collection particulière, il est
vrai, était plus riche, mais elle ne dépassa pas 50.000 individus.
Au surplus, Lamarck était sur un terrain mouvant. On en était
encore à la période des tâtonnements post-linnéens, particulière-
ment marqués en ce qui concerne les « Vernies », ce vaste groupe
où étaient inclus les Mollusques et tous les autres Invertébrés non-
articulés. On eu était en même temps à la période des documents
extrêmements fragmentaires, les espèces étant basées souvent sur
des individus peu nombreux ou uniques, des figures rares et mau-
vaises; des textes infiniment trop peu explicites; Cela laissait régner
beaucoup de flou. A chacune des pages des excellentes révisions
auxquelles Edouard Lamy a soumis les espèces lamarckiennes,, et
pour lesquelles il a bien voulu m’associer à lui dans les dernières
années de son existence, les preuves abondent, qui montrent que
Lamarck bien souvënt a confondu sous un même nom plusieurs
espèces différentes, et bien souvent a donné des noms différents à
des individus d’une même espèce. Il ne pouvait pas en être autre-
ment.
On comprend donc que les conditions dans lesquelles s’exerçait
le jugement de Lamarck purent engendrer à la longue, dans cet
esprit libre, ouvert â toutes les possibilités, un doute sur la valeur
de l’espèce. L’espèce, entité objective,, faisait place à la notion
d’espèce, conception subjective. Il était évident -que la ligne de
démarcation entre deux espèces pouvait se déplacer selon le juge-
ment de chaque observateur. Aussi Lamarck en vint-il à nier
l’espèce, ce qui bouleversait ses propres croyances. En 1802, dans
ses « Recherches Sur l'organisation des corps vivans », il devait
écrire : « J’ai longtemps pensé qu’il y avait des espèces constantes
dans la nature, et qu’elles étaient constituées par des individus
qui appartiennent à chacune d’elles. Maintenant je suis convaincu
que j’étais dans l’erreur à cet égard,; et qu’il n’y a réellement dans
la nature que des individus ».
Cette négation de l’espèce par Lamarck, si elle est très impor-
tante pour sa doctrine, n’eut toutefois qu’un caractère théorique,
elle est en effet démentie sur le plan pratique par toute son oeuvre
de spécificateur qu’il poursuivit jusqu’à la fin de sa vie. Pour la
même raison nous devons considérer aussi comme étant théorique
la seconde des deux conceptions auxquelles j’ai fait allusion, et
qui est l’idée de continuité dans la série animale;
Non seulement il n’y a dans la nature que des individus, mais
en mettant ces individus côte, à côte on passe insensiblement d’une
forme à une autre. Certes Lamarck sait bien que des lacunes exis-
tent dans cette série, mais il pense que toutes pourraient être comblées
Si l’on connaissait toutes les formes .vivantes et toutes les formes
éteintes. A ce point de vue encore on peut penser que les conditions
de travail dans lesquelles se trouvait Lamarck ont pu influer sur
le cours de ses pensées. En effet, ayant débuté , avec un bien maigre
lot d’échantillons, il faisait des efforts constants pour accroître les
collections de son service. Or il est évident qu’à chaque addition
390 —
il voyait de nouvelles formes, vivantes ou fossiles, s’intercaler entre
celles qu’il connaissait déjà, en même temps, d’ailleurs, que de
nouveaux rameaux se greffaient suf la série. Vous connaissez
l’adage : « Plus on a d’individus, moins on a d’espèces ». Cette for-
mule renferme beaucoup de vrai, du moins lorsqu’il s’agit de faunes
mal connues, où les nouveaux individus récoltés viennent souvent
combler des lacunes de nos connaissances et remplacer ainsi bien
des discontinuités par des séries plus homogènes. Mais elle cesse
d’être vraie pour des faunes très fouillées, pour lesquelles il n’y a
plus de lacunes dans nos connaissances mais seulement des lacunes
tout court : alors le nombre des espèces de nos catalogues tend
vers la stabilité, ce qui, soit dit en passant, prouve la valeur de la
systématique. Mais au temps de Lamarck ce stade n’était nulle
part atteint, de sorte qu’il était possible de penser que toute lacune
apparente était une lacune de nos connaissances. C’est ce qui advint
à notre grand naturaliste, ainsi qu’il ressort clairement de la lec-
ture de son discours d’ouverture de l’an XI.
S’il est logique de supposer, sans d’ailleurs pouvoir le prouver,
que le bouleversement des idées de Lamarck au sujet de l’espèce,
précéda l’éclosion de sa doctrine d’ensemble plutôt qu’il ne l’ac-
compagna, cela ne veut pas dire qu’il faille lui attribuer un rôle
prépondérant. Lorsqu’on pense aux autres idées neuves que com-
porte sa grandiose théorie, telles que l’action modificatrice du
milieu, la progression des formes, et surtout l’immensité des temps
géologiques, on ne peut que penser que le rôle des contingences
fut faible, à l’égard du rôle de l’imagination puissante et originale
de Lamarck. S’il eut indiscutablement des précurseurs, il semble
cependant que c’est surtout en lui-même qu’il trouva ses idées.
On sait d’ailleurs que la mentalité de l’époque n’était guère dis-
posée à recevoir de telles conceptions ; Lamarck ne rencontra que
dérision, sa théorie parut s’éteindre avec lui, et ce n’est que plus
tard, avec Darwin, que l’idée transformiste conquit droit de cité.
Ce dernier fait ne peut d’ailleurs que grandir Lamarck à nos yeux.
Il fut vraiment un génial novateur, une des plus grandes gloires
du Muséum, et même une grande gloire de l’humanité.
Pendant les 36 années de son professorat, Lamarck avait si
bien fait progresser nos connaissances sur les animaux inférieurs,
et avait en même temps tellement augmenté les collections, qu’à
sa mort, survenue en 1829, le dédoublement de la chaire s’imposa.
On en détacha les Articulés pour les confier à Latheille qui d’ail-
leurs régnait en fait sur eux depuis 32 ans, et le reste revint à Blain-
ville en 1830.
Henri Ducrotoy de Blainyille avait, certes, de grands titres
à occuper cette chaire. Il avait notamment donné l’explication de
la nature des Belemnites en montrant leur analogie avec l’os de la
— 391 —
Seiche il avait écrit un « Manuel de Malacologie », que devait
suivre un peu plus tard un « Manuel de Zoophytologie et d’Acti-
nologie ». Mais sa véritable orientation était l’Anatomie comparée.
Aussi ne passa-t-il que deux années dans la chaire de Malacologie,
qu’il quitta en 1832 pour prendre la chaire d’ Anatomie comparée
rendue vacante par la mort de Cuvier.
La chaire de Malacologie fut alors donnée à Valenciennes. Le
nouveau titulaire, âgé seulement de 36 ans, était un naturaliste
d’une érudition très étendue. Il publia quelque peu sur les groupes
attribués à sa chaire, mais son travail fondamental porta sur
d’autres objets. En effet, F « Histoire naturelle de& Poissons »,
qu’il écrivait en collaboration avec Cuvier, était loin d’être ache-
vée lorsque ce dernier mourut, et Valenciennes continua seul la
rédaction de cette œuvre monumentale.
Il n’en est pas moins vrai que Valenciennes tient un rôle impor-
tant dans l’histoire de la chaire de Malacologie du Muséum, du
fait qu’il eut soin, durant les 32 années qu’il occupa cette chaire,
d’en accroître considérablement les collections. Par exemple, la
collection de coquilles, qui ne comptait que 10.000 échantillons à
la mort de Lamahck, en comptait 150.000 en 1863. Ce chiffre nous
paraît bien faible aujourd’hui où il faudrait certainement compter
par millions, mais il n’en marquait pas moins un immense progrès.
Notons aussi que c’est Valenciennes qui commença à constituer
une collection d’animaux conservés dans l’alcool, à côté de ceux
qui étaient exposés à sec. J’ai été très surpris d’apprendre ce fait,
sachant qu’un siècle auparavant Adanson, pendant son séjour au
Sénégal, envoyait déjà au Jardin du Roi des animaux placés dans
des barils d’esprit de vin. Mais il semble qu’avant Valenciennes
c’était au Laboratoire d’ Anatomie comparée qu’étaient groupées
toutes les pièces en alcool. On comprend facilement à quel point
le besoin devait se faire sentir d’avoir une collection propre au
Laboratoire de Malacologie, et on s’explique que cette collection
ait pris depuis lors un dévelopèement prodigieux, comme pour
rattraper lç temps perdu.
En 1865, à la mort de Valenciennes, la chaire revint à Henri
de Lacaze-Duthiers. Devant ce nom prestigieux nous nous incli-
nons tous. Lacaze-Duthiers fut un grand savant, et fit faire de
grands progrès à l’étude des groupes dont doit s’occuper la chaire
de Malacologie. Tout le monde connaît ses remarquables recherches
sur le Dentale et sur le Corail. Mais bien peu de ses travaux s’ef-
fectuèrent au Muséum, car il n’y resta que quatre années. Le Muséum
peut s’honorer d’avoir compté Lacaze-Duthiers parmi ses Pro-
fesseurs, beaucoup plus qu’il ne peut revendiquer une part impor-
tante de la-gloire de ce grand naturaliste.
A cet homme jeune et bouillant allait succéder un illustre vieil-
— 392 —
1 i ... .
lard, Desh ayes. Deshayes est l’un, de ceux qui ont le mieux pos-
sédé la connaissance de l’ensemble des Mollusques fossiles et vivants.
Anatomiste, aussi bien que paléontologiste, il est surtout connu
pour ses admirables recherches sur les faunes fossiles du bassin
de Paris. On lui doit l’essentiel de nos connaissances premières sur
la stratigraphie du Tertiaire.
Entré à 74 ans dans cette chaire, en 1869, il devait l’occuper
pendant sept années encore, qu’il consacra très activement à la
remise en ordre des collections. Ces collections, dont il vantait la
richesse, il les avait trouvées à l’état d’entassement et de magasin,
donc pratiquement inconsultables. Cela se conçoit facilement. En
effet, Valenciennes avait augmenté leur richesse dans des pro-
portions incroyables, mais il n’avait pu les mettre en valeur et
avait dû, comme l’écrit Edmond Perrier, « se borner à un premier
classement ». Deshayes les rendit utilisables, mais pour une partie
seulement, faute de meubles, et faute de locaux assez vastes pour
disposer le tout. Ses récriminations sur ce sujet avaient pour témoin
le jeune Edmond Perrier qui l’aidait dans sa tâche de rangement.
C’est à ce dernier qu’il devait incomber de disposer les collections
dans les galeries reconstruites, où elles pourraient être à l’aise,
prendre leur valeur, remplir leur rôle éducatif et leur rôle d’instru-
ment de recherches.
Edmond Périmer,, qui succéda à Deshayes en 1876, à un âge
remarquablement jeune,’ 32 ans, fut un des plus brillants titulaires
de la chaire de Malacologie. Supérieurement doué, il mérita la
célébrité à bien des égards. Il fut un chercheur consommé, qui fit
porter ses efforts sur les Oligochètes et surtout sur les Echinodermes
et transforma profondément, les notions que nous avions sur l’ana-
tomie de ce dernier groupe. Il fut un philosophe hardi, qui conçut,
très jeune, sa théorie fameuse des Colonies animales, et partagea
avec Charles Gravier le mérite de la notion de tachygénèse. Il fut
le chef d’une école brillante, qui fit principalement progresser nos
connaissances sur l’organisation des Mollusques grâce à des élèves
tels que Louis Bouvier, Félix Bernard, et Rémy Perrier son
propre frère. Il fut l’un des Professeurs du Muséum qui s’intéres-
sèrent le plus aux collections, non seulement en les faisant par-
tiellement classer, mais en les révisant ou en les faisant réviser par
des élèves tels que Victor Bertin et Poirier. Il fut un professeur
remarquable et un vulgarisateur inégalé. Il fut un administrateur
audacieux, que vint récompenser une parfaite réussite dans son
œuvre de Directeur du Muséum, une réussite à la taille de sa per-
sonnalité. Tout cela est bien connu, de sorte que je puis me per-
mettre de me limiter à ce bref rappel des aspects essentiels de son
activité. Car il me faut garder une part importante du temps dévolu
à mon exposé, pour m’étendre plus longuement sur les deux der-
393
niers titulaires de la chaire de Malacologie, Louis Joubin et Louis
Germain. Il m’appartient en effet de prononcer leur éloge à
tous deux, non seulement celui de Louis Germain dont je suis -
le successeur direct, mais aussi celui de Louis Joubin parce que
cet éloge ne fut jamais prononcé, son successeur Louis Germain
n’ayant jamais pu commencer son cours en raison de ses hautes
fonctions de ' Directeur du Muséum qui absorbèrent tout son
temps.
Louis Joubin devint titulaire de la chaire de Malacologie lors-
qu’Edmond Perrièr, qui avait occupé cette chaire pendant 27 ans,
l’eût quittée en 1903 pour prendre celle d’Anatomie comparée. Ce
jeune Professeur de 42 ans allait occuper la chaire aussi longtemps
que Payait fait Valenciennes, c’est-à-dire pendant 32 ans. Il
avait d’abord été le préparateur de Lacaze-Duthiers à Banyuls
et à Roscoff, puis était entré comme maître de Conférences à la
Faculté des Sciences de Rennes, où il devint rapidement Profes-
seur puis Doyen. • ,
Cette homme d’une activité peu commune avait beaucoup de
constance dans ses idées. Les groupes sur lesquels s’étaient portés
ses premiers essais, furent pendant toute sa carrière de chercheur
l’objet de ses soins, ce qui ne l’empêcha pas d’ajouter chaque année
de nouvelles occupations à celles qui l’absorbaient déjà.
Les groupes auxquels je viens de faire allusion sont les Brachio-
podes, les Némertiens et surtout les Céphalopodes. Il mena leur
étude de front, et dans chaque groupe il fit porter ses efforts sur
l’anatomie, sur la systématique, sur la- faunistique.
Par l’étude anatomique des Brachiopodes Inarticulés apparte-
nant aux genres Crania et Discina, ainsi que par l’étude de la cir-
culation chez le Waldheimia venosa, du groupe des Articulés, Joubin
a été amené à conclure que les Brachiopodes, que jusqu’à lui on
avait essayé d’intégrer dans d’autres groupes aussi variés que les
Mollusques, les Annélides, les Ascidies, les Crustacés ou les Ché-
tognathes, ont des caractères propres très suffisamment importants
pour qu’on puisse les considérer comme un groupe à part, appa-
renté aux Annélides et aux Bryozoaires.
A ces recherches anatomiques, Joubin ajouta d’importantes
études systématiques et faunistiques portant sur les matériaux
qui lui 'étaient confiés. Ce furent surtout les Brachiopodes des
grandes expéditions scientifiques, celle de la « Belgica », celles de
Charcot, celles du Prince de Monaco, celles de 1’ « Investigator ».
Rappelons maintenant l’essentiel des résultats obtenus par
Joubin sur le groupe des Némertiens. Il a fait connaître la struc- &
ture de leurs yeux ainsi que de nombreux autres faits anatomiques.
Il a publié une faune des Némertes de France, et a étudié la répar-
tition verticale et horizontale de ces animaux littoraux. Mais de
— 394
nombreuses espèces exotiques lui ont aussi été soumises, à la suite
des grandes expéditions scientifiques, et c’est ainsi qu’il découvrit
l’incubation chçz deux espèces antarctiques. Les faits les plus curieux
que lui ait fourni l’étude des matériaux exotiques, concernent la
faune bathypélagique. En effet, les captures faites par le Prince
de Monaco ont mis entre les mains de Joubin des espèces infiltrées
d’eau au point de paraître faites de gelée transparente, et défor-
mées de telle sorte qu’elles ne ressemblent plus guère aux autres
Némertes. Elles peuvent être aplaties et foliacées, ou adaptées à la
natation, et leur transparence permet de connaître admirablement
leur anatomie interne.
Quel que soit l’intérêt de ces remarquables travaux portant sur
des groupes aussi variés que les Brachiopodes, les Némertes et
aussi les Chétognathes, quelle que soit la réussite des efforts faits
par Louis Joubin dans ces différentes branches, et qui rempli-
raient déjà largement une carrière scientifique ordinaire, tout cela
est encore dépassé par les résultats qu’il a obtenus sur les Cépha-
lopodes.
Les recherches de Joubin sur les Céphalopodes forment en effet
la partie essentielle, fondamentale, de son œuvre scientifique. La
première de toutes ses publications, datée de 1883, est relative
aux Céphalopodes ; la dernière, datée de 1935, année de sa mort,
et quf porte le numéro 211, est relative aussi aux Céphalopodes.
Toute sa vie il étudia ce groupe avec ardeur et même avec enthou-
siasme, allant de découverte en découverte, et éprouvant de ce fait
de profondes satisfactions qu’il extériorisait et qui se communi-
quaient ainsi à son entourage et à ses auditeurs.
Parmi ces découvertes, la plus sensationnelle certainement fut
celle des organes photogènes. On savait déjà que les Céphalopodes
étaient susceptibles d’émettre des rayons lumineux, mais c’est
Joubin qui découvrit les organes émetteurs de ces rayons, décrivit
leur structure, et établit la théorie de leur fonctionnement. Il fit
connaître la grande variété de leurs types et de leurs dispositions
chez un grand nombre d’espèces bathypélagiques, non seulement
des Oegopsides, mais même un Octopode. Ainsi à côté des Crus-
tacés et des Poissons producteurs de lumière, la zone bathypéla-
gique, décidément bien moins obscure qu’on ne pensait, renfermait
de très nombreux Céphalopodes doués de ce même pouvoir. Leurs
organes lumineux, petits et nombreux, se présentent comme des
boutons faisant saillie sur le tégument, généralement sur la face
ventrale du corps. On reste émerveillé devant leur structure per-
fectionnée, assez analogue à celle des yeux. La partie essentielle
est une couche de cellules photogènes, disposées en cupule ; mais
ce qui est admirable, ce sont les parties accessoires qui, prenant
les rayons émis par ces cellules, les réfléchissent, les réfractent, les
— 395 —
concentrent, les filtrent pour ne laisser passer que certaines cou-
leurs. En effet, tout est disposé pour une utilisation minutieuse de
ces rayons. Ceux qui sont émis vers l’intérieur du corps, et qui par
conséquent seraient perdus, viennent se réfléchir sur une surface
hémisphérique adossée à une membrane noire ; rejetés vers l’avant,
et renforçant dès lors ceux des rayons qui sont émis vers l’exté-
rieur, ils passent avec ces derniers à travers un système lenticulaire
complexe, disposé en avant de la couche photogène, et qui les
concentre. Ils sont projetés tangentiellement au corps, donc direc-
tement sur la route de l’animal. Une partie du faisceau, on le con-
çoit, vient frôler le tégument ; là. elle est reçue par un moiroir con-
cave à grand rayon de courbure, formé de lamelles conjonctives
adossées à des chromatophores, et se trouve ramenée une fois de
plus dans sa trajectoire ^îtile.
L’animal est capable d’éteindre brusquement ses projecteurs
quant à leur allumage, Joubin suppose qu’il s’effectue automati-
quement sous l’influence des rayons calorifiques émis par les proies
passant à proximité. Ces rayons calorifiques, suivant le trajet
inverse de celui que nous venons de décrire, doivent se concentrer
sur les cellules photogènes et déclencher leur activité émettrice.
Par ailleurs, chez certaines espèces, l’animal peut à volonté modi-
fier la couleur du faisceau lumineux, en interposant des écrans
colorés constitués par des chromatophores, cellules pigmentaires
extensiles et rétractiles. <
Les variations de ces appareils photogènes sont très grandes.
Une espèce porte de tels appareils enchâssés dans les globes ocu-
laires de l’animal. Emetteur et récepteur sont ainsi strictement
associés.
Devant de telles structures, on comprend l’enthousiasme de
Joubin. On comprend aussi que Bouvier ait écrit que, en faisant
ces découvertes, Joubin nous a fait connaître de pures merveilles.
Ne trouvez-vous pas, à ce propos, que nos yeux aussi sont de pures
merveilles, avec leur système lenticulaire, leur accomodation, leur
diaphragme et leur dispositif automatique d’humectation, de
balayage et d’occlusion ? De l’àppareil émetteur et de l’appareil
récepteur, on se demande lequel est le plus admirable.
Louis Joubin a décrit bien d’autres curiosités chez les Cépha-
lopodes, notamment des appareils qui reçoivent les rayons ther-
miques et les concentrent sur des terminaisons nerveuses, et qu’il
a appelés des yeux thermoscopiques ; et aussi des ventouses très
curieusement modifiées pour capturer de. petites proies, grâce à des*
filaments engluants qui sont insérés dans la cupule de l’organe ;
d’autres ventouses sont munies de crochets qui rempliraient le
rôle d’hameçons.
Rappelons aussi qu’il consacra d’importantes recherches à la
— 396
structure et au développement des glandes salivaires et des bran-
chies des Céphalopodes ; qu’il décrivit chez la Spirule les stades
jeunes à coquille interne, si intéressants pour la comparaison avec
les fossiles cloisonnés du primaire et du secondaire ; enfin il a mon-
tré que la faune bathypélagique est beaucoup plus riche en Cépha-
lopodes qu’on le croyait, et c’est de ce domaine que proviennent
la plupart des espèces nouvelles qu’il a décrites. Son œuvre de des-
cripteur est considérable. Beaucoup de ces espèces nouvelles sont
très curieuses, telle le Lepidoteuthis Grimaldii dont le corps est
couvert d’écailles.
Un autre aspect de l’activité scientifique de Joubin concerne la
biogéographiè. Il la pratiqua sous forme de, cartes, beaucoup plus
que sous forme de mémoires. Dans tout ce qu’il faisait il voulait
que les résultats fussent visibles ou même frappants, compréhen-
sibles de tous, et rien n’attire l’attention aussi bien que des cartes.
Il publia ainsi les cartes des gisements de Mollusques comestibles
des côtes de France, une étude de la presqu’île de Quiberon. et
enfin sa célèbre carte de la répartition des végétaux marins dans
la région de Roscofï. Mais il s’attaqua aussi à la grande question
des récifs de coraux et composa laborieusement une immense carte
mondiale de ces récifs.
Joubin fit entrer dans son service de très nombreux matériaux
d’étüde, concernant tous les groupes dont il avait la charge. La
consultation du registre des entrées, pendant les années les plus
actives de son Professorat, laisse l’impression d’une bienfaisante
avalanche.
Joubin reconstitua la collection des matériaux qui avaient servi
à Lamarck à édifier l’Histoire Naturelle des Animaux sans Ver-
tèbres, et en confia la révision à divers spécialistes ; la partie la
plus importante, les Lamellibranches, fut étudiée à fond par Edouard
Lamy qui éclaircit ainsi bien des -points essentiels de la nomen-
clature de- ce groupe.
Il constitua aussi une collection des espèces françaises, ce qui
était bien utile puisqu’une grande partie des consultations et des
renseignements qui nous sont demandés concernent dés récoltes
faites en France.
Mais nous ne sommes pas au bout d’avoir rappelé toutes les
branches où s’exerça la débordante activité de Joubin. Nous en
sommes même bien loin. N’oublions pas en effet qu’il fut chargé
par le Prince de Monaco de créer l’enseignement de l’Océanographie
biologique ; qu’il s’en acquitta de façon remarquable et remplit
à ce titre, pendant de nombreuses années, les fonctions de Pro-
fesseur à l’Institut océanographique ; qu’il eut d’ailleurs la lourde
. charge d’assurer la direction de cet Institut ; qu’il fut également
l’organisateur et le Directeur de l’Office scientifique des Pêches
— 397 —
maritimes ; qu’il joua un très grand rôle dans, les commissions
maritimes internationales, Conseil permanent pour l’exploration
de la Mer, Commission internationale de l’Atlantique, Commission
internationale pour l’étude de la Méditerranée ; qu’il était Prési-
dent du Comité permanent des Congrès internationaux de Zoolo-
gie ; qu’il fut le Directeur très actif des Annales de l’Institut océano-
graphique et d’autres importantes publications. Je ne puis vous
donner ici l’énumération complète de tous ses titres, de toutes
ses tâches, de toutes ses importantes fonctions. Je n’oublierai
toutefois pas, en terminant, de rappeler qu’en récompense de son
immense et féconde . activité Louis Joubin fut appelé à siéger à
l’Académie des Sciences. Au moins, direz-vous, voilà un titre qui,
s’il est un des plus glorieux qui soient, n’entraîne pas une excessive
dépense d’efforts supplémentaires. Détrompez-vous, pour Joubin
il en alla tout autrement. Car cela l’amena bientôt à assumer la
lourde tâphe de Secrétaire de la Société de Secours des Amis des
Sciences, et il apporta un dévouement total et une activité sans
bornes à cette belle œuvre, montrant ainsi que son cœur était à
la hauteur de son intelligence.
C’est une dernière action de cœur et de bienveillance qui marqua
la fin de sa carrière et de sa vie. Gravement malade, en proie aux
souffrances, ce n’est pas à lui-même qu’il songea dans ses derniers
mois, mais à son collaborateur préféré Louis Germain, que toute
sa vie il avait vu à l’œuvre, et auquel il voulait assurer sa succes-
sion. Alors que rien ne l’y obligeait, il demanda sa mise à la retraite,
pensant qu’ainsi l’élection de son successeur pourrait avoir lieu
de son vivant et qu’il pourrait y aider de tout son pouvoir. De sa
chambre de malade, il trouva la force de faire une campagne ardente
en faveur de’ Louis Germain. La mort vint le prendre avant l’élec-
tion, mais celle-ci ne faisait déjà plus de doute.
Elle n’en avait d’ailleurs jamais fait beaucoup, car Louis Ger-
main était tout désigné par ses travaux pour occuper la chaire de
Malacologie.-.
Louis Germain était d’origine angevine, comme Louis Joubin.
Mais les deux hommes ne se ressemblaient pas, extérieurement
tout au moins. Pour l’un comme pour l’autre, cependant, le fond du
caractère était de modestie et de bonté. Mais Joubin était fait
pour s’extérioriser. Sa haute stature, ses allures de grand person-
nage, sa voix pleine d’autorité persuasive, son regard par où son
être se projetait en avant, en imposaient à tous et le faisaient
valoir sans qu’il le cherchât. Louis Germain, petit et frêle, n’ éle-
vant la voix qu’avec peine, avait toute l’apparence d’un timide
qu’il n’était d’ailleurs que jusqu’à un certain point. C’était avant
tout un concentré et un modeste. Sous ces dehors se cachait une
grande érudition qui allait des sciences naturelles et archéologiques
— 398
à l’art et à la littérature. Cette érudition, il la gardait pour lui,
et ce n’était qu’en le poussant dans des conversations qü’on pou-
vait l’amener à la manifester.
Son goût pour la Malacologie s’était affirmé dès le début, et
c’est pour l’avoir vu à l’œuvre, en Anjou, que Joubin le fit entrer
dès 1903 au Laboratoire de Malacologie. Il devait y accomplir
toute sa carrière, gravissant un à un les échelons de la hiérarchie
avant de devenir enfin le Directeur du Muséum. Ces dernières
fonctions, qui lui échurent presqu’aussitôt après sa nomination
de Professeur, l’obligèrent à cesser son activité de chercheur, mais
il avait déjà derrière lui une œuvre immense. Œuvre admirable
d’ampleur et . d’unité, travaux d’une utilité et d’une efficacité
remarquables, qui font de Louis Germain l’un des grands ouvriers
de la Malacologie. Il acquit dans cette branche une telle notoriété,
que des matériaux d’études lui furent envoyés du monde entier et
vinrent accroître les richesses de nos collections.
Louis Germain s’est spécialisé dans l’étude des Mollusques
terrestres et fluviatiles. Il ne les a pas étudiés groupe par groupe,
mais faune par faune. Les faunes qui furent les principales béné-
ficiaires de ses études furent la faune de France, pour laquelle il
succéda à Locard, et surtout les faunes africaines, pour lesquelles
il prit la suite de Bourguignat. Rappelons que ces deux person-
nalités, Bourguignat. et Locard, furent les chefs de la « Nouvelle
école malacologique », dénomination qui n’était destinée qu’à jus-
tifier une tendance pulvérisatrice enragée, un désir de créer une
nouvelle espèce par jour de fnanière à multiplier par « plus l’in-
fini » les chances qu’avait le nom du descripteur de passer à la pos-
térité. Certes, ainsi l’oubli n’est pas près de se faire, car les mal-
heureux malacologistes qui ont chaque jour à se battre contre les
dénominations créées par Bourguignat et par Locard, ne peuvent
pas ignorer les responsables- de leurs difficultés. Mais le genre de
notoriété ainsi obtenu n’est certainement pas celui qu’avaient
souhaité ces auteurs.
Au début de sa carrière, Germain, qui était très lié avec Locard,
subit nettement son influence. Mais il comprit vite les inconvénients
de sa tendance, et par la suite il devint au contraire un réunisseur.
Un nombre énorme d’espèces de Locard, de Bourguignat, et
d’autres pulvérisateurs tels que Pallary, fut par lui placé en syno-
nymie. Il apporta ainsi beaucoup de clarté dans le tableau des
Mollusques de France en particulier. Ce n’est pas sans un sentiment
de fierté pour notre pays que, me trouvant à Londres peu avant
la guerre actuelle, j’entendis le plus éminent des malacologistes
anglais me dire : « Le meilleur ouvrage auquel nous puissions avoir
recours pour étudier les Mollusques terrestres d’Angleterre, c’est
la Faune de France de Germain ».
— 399 —
L’heureuse tendance simplificatrice dont fit preuve Louis Ger-
main, ne l’empêcha pas, d’ailleurs, de décrire un grand nombre
de formes nouvelles. Mais il s’agissait d’espèces qui étaient réelle-
ment nouvelles pour la raison qu’elles provenaient de régions peu
explorées. Germain a fait beaucoup progresser l’investigation de
l’Afrique tropicale et équatoriale. Les récoltes d’Auguste Cheva-
lier lui fournirent une bonne partie de ses matériaux. De nom-
breux autres lots lui permirent des travaux de première importance
sur la faune du Tchad, du Soudan, et de l’Afrique orientale. Dans
d’autres régions du monde, ses travaux concernent le proche Orient
(Syrie et Asie Mineure),' les Mascareignes sur lesquelles il publia
un ouvrage fondamental, l’Amérique du Sud.
On conçoit qu’avec un tel ensemble de travaux, Germain ait
acquis les connaissances nécessaires pour pouvoir aborder les
grandes questions biogéographiques. On sait d’ailleurs que les
Mollusques terrestres, du fait de la lenteur et de la difficulté de
leurs déplacements, sont particulièrement précieux pour cette
branche de nos connaissances. Dès le début de sa carrière, Louis
Germain avait porté intérêt à ces questions, et il devint un de nos
biogéographes les plus en vue. Il précisa beaucoup les affinités
des diverses faunes et leur groupement en grandes régions. Il insista
particulièrement sur les caractères équatoriaux de la faune fluvia-
tile du Nil, caractères qui s’observent jusqu’à l’embouchure de ce
fleuve alors que la faune terrestre de l’Egypte est franchement
paléarctique. Il alla d’ailleurs beaucoup plus loin que la simple
description des ensembles biogéographiques actuels. Se fondant
sur les affinités et les différences qui s’observent actuellement
d’une faune à une autre, il s’efforça de reconstituer l’histoire passée
fies terres de notre planète. C’est ainsi qu’il put proposer d’auda-
cieuses interprétations concernant notamment l’Atlantide, les îles
méditerranéennes, les terres de l’Océan Indien et celles de l’Océan
Pacifique.
Louis Germain réalisa, aux galeries de Zoologie du Muséum,
une présentation moderne de certains groupes de Mollusques,
dans des vitrines qui malheureusement sont sans cesse inondées
par la pluie. D’autre part il fit entrer au Laboratoire de Malaco-
logie de riches collections. Non seulement les lots qui lui avaient
été soumis pour étude purent en grande partie rester dans notre
service, mais de plus c’est son action personnelle qui provoqua le
don de la précieuse collection de de Morgan, composée principale-
ment de formes terrestres d’Asie occidentale. Il en fut de même
pour une autre collection bien plus précieuse encore, celle de Locard,
composée de Mollusques de France et du Portugal, et accompagnée
de la riche bibilothèque de cet auteur. On s’étonnera peut-être que
je qualifie de très précieuse la collection Locard, alors que tout à
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
26
l’heure j’ai vivement critiqué LoCard lui-même. Il en est pourtant
bien ainsi. Locard a eu le grand mérite de réunir d’immenses sér.ies-
d’ échantillons de toutes les contrées de France. Quels que soient
les noms sous lesquels il a étiquetés ces échantillons, ceux-ci n’en,
existent pas moins, et la contemplation .de sa collection nous donne
véritablement le tableau de la faune malacologique française. Cela
a puissamment facilité à Louis Germain l’élaboration des deux
volumes de sa « Faune de France ». Le don .de la collection et de la
bibliothèque de Locard se place en symétrie de celui qu’obtint
Edouard Lamy lorsqu’il put convaincre Jousseaume de léguer
au Laboratoire de Malacologie son immense collection et sa pré-
cieuse bibliothèque.
Je viens de prononcer, pour la deuxième fois au cours de cet
exposé, le nom d’Edouard Lamy. Après avoir retracé l’histoire
des Professeurs titulaires de la chaire, qu’il me soit permis de
rendre hommage à l’un de ses sous-Directeurs, à l’un des travail-
leurs les- plus actifs? et les plus consciencieux qu’ait connu notre
Laboratoire.
J’ai dit tout-à-1’ heure que Louis Joubin avait beaucoup de
suite dans les idées, mais certes Edouard Lamy en avait plus encore.
Les résultats de son effort, constant sont déjà grandement appré-
ciés, mais ils le seront de plus en plus à mesure que l’écoulement
du temps aura permis de montrer à quel point son œuvre fut effi-
cace. Il ne travaillait pas pour acquérir la renommée, mais ‘pour
faire œuvre utile. Aussi ne craignit-il pas de se' consacrer à l’une
de ces entreprises qui, par leur durée, dépassent les possibilités
d’un homme. Telle fut la célèbre Histoire des Poissons, commencée
par Cuvier et Valenciennes, continuée par Valenciennes seul,
qui ne put la terminer. Tel fut le non moins célèbre « Manual of
Conchology » commencé par Tryon, continué par Pilsbry, et
qui, s’il fut terminé pour la série concernant les Gastéropodes
marins, n’alla pas jusqu’au bout des Gastéropodes terrestres, et
n’aborda jamais les Lamellibranches.
Edouard Lamy entreprit une histoire des Mollusques Lamelli-
branches. Il ne lui donna pas ce titre, mais celui, bien plus modeste,
de <c Révision des collections de Mollusques Lamellibranches du
Muséum ». Il ne faisait d’ailleurs que reprendre en cela une tâche
autrefois commencée par Victor Bertin, assistant d’Edmond
Per hier. Ber.tin avait publié les Tellinidés, les Donacidés, les
Garidés. Lamy continua, aborda sa vie durant les nombreuses
familles de Lamellibranches les unes après les autres. A sa mort,
plus des- deux tiers de celles-ci étaient révisées et publiées. Une
œuvre aussi fondamentale ne doit pas rester inachevée. Du vivant
même d’Edouard Lamy, mon frère et moi avons commencé à
apporter- notre contribution à ce travail que nous espérons conti-
nuer jusqu’à son achèvement. Il aura donc fallu plusieurs généra-
tions pour le mener à bonne fin, mais Edouard Lamy aura été, de
loin, le principal auteur de cette œuvre.
Edouard Lamy publia bien d’atitres travaux sur les Mollusques
marins, révisant notamment la collection Lamarck, et étudiant
les récoltes de nombreuses missions. Son dévouement absolu à la
science, qui le fit travailler jusqu’à son dernier jour, doit être
gardé en exemple.
★
* *
Je ne dois pas terminer cette leçon inaugurale sans vous dire
quelques mots de mes intentions.
J’aurais souhaité pouvoir n’exprimer que des projets séduisants
visant des buts scientifiques élevés. Hélas, par la force des choses,
le premier point de mon prograxnme doit consister en une humble
besogne : remettre de l’ordre dans les collections. Je ne révélerai
rien à personne en disant que cela est vraiment nécessaire, et il
n’est pas douteux que c’est là une des tâches qu’attendaient de
moi mes collègues en me plaçant à la tête du. Service de Malaco-,
logie. La remise en ordre des collections, ce fut la besogne de Des-
hayes à sa nomination, et c’est la mienne, parce que des circons-
tances comparables se sont reproduites. Comme cela s’était déjà
produit avant Deshayes, une énorme accumulation de matériaux
a été réalisée par la diligence de mes prédécesseurs, mais beaucoup
de^ces matériaux n’ont pu être rangés ni mis en œuvre, faute, je
le dis hautement, faute d’un personnel scientifique et technique
suffisamment nombreux. Or, comme l’a écrit mon illustre précé-
cesseur Edmond Perrier, « Un établissement comme le nôtre
n’atteint réellement son but que si tous les échantillons y sont
rigoureusement déterminés et classés » ; « il est impossible à un
Professeur du Muséum (écrit-il encore) de remplir rigoureusement
ses fonctions, s’il ne sait au juste ce qui existe et ce qui manque
dans les collections qui lui sont confiées ». Or je dois dire qu’en ce
qui concerne les collections de Mollusques, qui ont de loin la pré-
dominance dans notre service, je les ai trouvées dans un état tel
que pour les huit dixièmes elles étaient inconsültables ou très dif-
ficilement consultables. Je formule cette constatation sans y inclure
aucun blâme envers qui que ce soit. Car, d’une part elles auraient
nécessité un personnel bien plus nombreux que celui qui existait,
et d’autre part elles ont subi deux catastrophes indépendantes de
la volonté des titulaires. La première de ces catastrophes consiste
dans le fait que depuis 50 ans, depuis qu’elles ont été installées
dans ce bâtimentrci, beaucoup de nos collections, situées sous les
combles, sont inondées par la pluie et par la neige en raison d’une
— 402 —
défectuosité architecturale à laquelle il n’a pu encore être remédié,
mais qu’il faudra bien corriger cependant lorsque les circonstances
seront redevenues normales. Ces inondations, on le conçoit, ont
provoqué dans nos séries des dégâts extrêmement étendus ; et le
renouvellement perpétuel de ces accidents a amené chez mes pré-
décesseurs un découragement bien compréhensible, de sorte que
les dégâts ne firent que se multiplier. La seconde catastrophe,
beaucoup plus brève mais bien plus brutale, s’est placée en 1935,
année où fut fêté le tricentenaire du Muséum. En vue de ces fêtes
il fallut remanier en toute hâte des collections qui depuis longtemps
n’étaient plus maniables, et cela se fit alors que la chaire n’avait
pas de titulaire, dans des conditions telles que le désordre fut porté
à son comble.
On conçoit que la tâche de rénovation soit immense. Je m’y
suis consacré dès mon entrée au Laboratoire en 1936 comme sous-
directeur. Professeur, je reste attelé à cette tâché. Je sais cepen-
dant qu’il est d’opinion courante que le Professeur ne doit pas se
laisser absorber par le rangement des collections, qui incombe à
ses sous-directeurs et à ses assistants. Sans nier ce qu’il y a de juste
dans ce principe, je me demande si son application n’a pas quelque
peü contribué à amener les collections de Malacologie dans l’état
où elles se trouvent ; en tous cas, présentement la tâche est si
énorme, qu’elle exige de toute évidence un effort exceptionnel
auquel tout le Laboratoire doit s’adonner, et il me paraît certain
que si cet effort n’était pas animé et orienté chaque jour par le Pro-
fesseur, il risquerait fort de ne jamais aboutir.
Même ainsi, même en consacrant à cette besogne une grande
partie de mon activité, je me demande quand j’en viendrai à bout.
De sorte, qu’il se peut que mon successeur, lorsqu’il prononcera
ici mon éloge, ne puisse me reconnaître d’autre mérite que d’avoir
été le consciencieux rénovateur des collections.
J’ai cependant bien d’autres ambitions, car le Laboratoire,
s’il doit comporter un atelier de conservation, doit avant tout être
considéré comme un foyer de recherches actives où" les groupes
dont il a la charge sont étudiés à tous les points de vue. Aussi ne
vous étonnerez-vous pas que j’aie le grand désir de me voir déchar-
ger d’une partie des collections, et que j’inscrive, comme second
point de mon programme, l’obtention du dédoublement de là chaire.
La chaire de Lamarck comprenait à l’origine, a écrit Landrieu,
les neuf dixièmes du règne animal. En fait, tous les Invertébrés.
Maintenant les Invertébrés sont partagés entre trois chaires. Or
ce n’est pas par trois que se sont multipliées les collections d’inver-
tébrés, mais par mille, en ce qui concerne les Mollusques tout au
moins, dont Lamarck n’avait au début que quinze cents indi-
vidus.
— 403 —
Je m’abstiendrai de demander que le nombre des chaires d’in-
vertébrés soit porté à mille, mais il est bien urgent qu’il soit porté
à quatre. Louis Joubin, qui avait pourtant vu s’opérer sous son
règne le dernier allègement de la chaire de Malacologie, se plaignait
déjà, 18 années seulement après cet allègement, du fardeau qui
pesait sur ses épaules. Neuf autres années se sont écoulées depuis,
et je me sens le droit de déclarer avec force que le dédoublement
de la chaire de Malacologie est la seule façon de rendre possible
l’étude fructueuse de tous les groupes dont elle a actuellement la
charge, et de 'tous les matériaux d’une richesse incomparable qui
se sont accumulés dans ses services et qui attendent de s’animer
sous l’effort de spécialistes suffisamment nombreux.
Cefte étude de nos précieux matériaux déjà existants, et de ceux
qui viendront sans cesse s’y ajouter, constitue l’essentiel de mon
programme. C’est d’ailleurs le programme traditionnel d’une
chaire à collections ; combien de fois a-t-il été énoncé, mais impar-
faitement réalisé ensuite, faute de collaborateurs suffisamment
nombreux, le Professeur ne disposant que d’un nombre trop réduit
de postes, et les amateurs se faisant rares à notre époque. Nous
sommes très riches en matériaux de haut intérêt, fruit de récoltes
laborieuses effectuées à grands frais sous des climats souvent meur-
triers. Il est vraiment pénible de penser que les efforts des voya-
geurs peuvent être perdus et que bien sou\*ent des expéditions
étrangères font connaître des faunes que notre établissement pos-
sédait depuis longtemps mais qui n’avaient pas été publiées faute
de spécialistes pour les étudier ; souvent aussi la révision de groupes
dont nous possédons des séries inégalées est éternellement» ajournée
pour la même raison.
Je m’efforcerai donc, en dépit des difficultés, de recruter des
collaborateurs et de les préparer à leur rôle. Pour savoir dans quel
esprit je dirigerai leurs travaux, il n’est que de rappeler la tendance
que j’ai donnée à mes propres recherches. C’est une tendance éco-
logique et éthologique autant que systématique, et qui n’oublie
pas la biométrie, l’anatomie, l’histologie et Thistophysiologie, non
plus que le recours à l’expérimentation dans toute la mesure du
possible. Je suis de ceux qui pensent qu’un naturaliste ne peut se
contenter de vivre dans des collections, mais doit se retremper
souvent et longuement dans la nature. Je sùis même de ceux qui
ont contribué à montrer que même la systématique gagne à se
faire en partie sur le terrain. Ces tendances, j’aurai, je crois, des
facilités particulières pour les appliquer dans mon nouveau ser-
vice. En effet, mes collaborateurs actuels, par leurs qualités propres
et par leur tournure d’esprit, sont à même de me seconder très
efficacement dans cette voie. De, plus, je me trouve diriger le Labo-
ratoire maritime du Muséum où s’effectueront aisément certaines
y
— 404 —
des recherchas dans’la nature ainsi que l’initiation des jeunes. Voir
se grouper -autour de moi un nombre suffisant de jeunes natura-
listes sincères, est mon plus grand désir, car je suis parte à travailler
pour l’avenir plus encore que pour le présent. Puissent quelques-
uns entendre mon appel, et accepter de s’engager dans cette voie
ou, de mon mieux, je les soutiendrai.
COMMUNICATiONS
Remarques relatives au cerveau de .Cebus apella l.
Par J. Anthony.
Les Singes du Nouveau Monde, d’une manière générale, pos-
sèdent un système de plissements cérébraux assez différent de
celui des Singes Catarhiniens ; les mêmes éléments se retrouvent
d’une série à l’autre, mais diversement développés et orientés ;
ceci ne rend que plus frappants les nombreux points de ressem-
blance qui existent toutefois, à ce point de vue, entre le genre
Cebus et le genre Macaca et qui ont été maintes fois rappelés par
les anatomistes, depuis leur mise en évidence par P. Gratiolet ;
il y a quelques années un auteur américain, Le Gros Clark *, a
même pu parler de «l’identité essentielle » de la' distribution de leurs
sillons corticaux.
En réalité, il convient de formuler plusieurs réserves ; comme
le fait remarquer C. J. Connolly 2 dans une récente revue des
circonvolutions des Primates, la présence habituelle des sillons
précentral supérieur et postcentral supérieur chez Macaca indique
un degré, d’évolution plus marqué que Cebus, où ils sont généra-
lement absents ; d’autre part, l’operculé occipital de Macaca
recouvre toujours totalement les plis de passage pariéto-occipi-
taux externes de Gratiolet, alors que très souvent il demeure encore
incomplètement formé chez Cebus en somme c’est surtout dans
les cas où Cebus présenterait un ‘Opercule occipital complet, ce
qui est fréquent dans l’espèce Cebus apella, que le rapprochement
serait valable ; on peut même se rendre compte qu’alors les deux
systèmes de plis deviennent à peu près Superposables, en se repor-
tant à la fig. ci-contre. Mais même dans cette éventualité parti-
culièrement favorable, un léger écart subsiste, précieux élément
de diagnostic différentiel.
On sait que la région pariéto-occipitale des "Singes à opercule
4. Le Gros Clark, W. E. Early forerunners of Man,' Baltimore, 4934.
2. Cannolly, C. J. The fissurai pattern of the Primate Brain, Amer. Joum. of Phys.
Anthr., vol. XXI, n° 3, 1936. '
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
406 —
occipital complet, telle qu’elle se présente avant toute dissection,
comprend essentiellement de haut en bas :
a) une anfractuosité en V renversé, dont le sommet, avoisinant
le bord supérieur de l’hémisphère, vient se confondre avec l’inci-
sure pariéto-occipitale, et dont les deux branches sont constituées
par le sillon intrapariétal et le sulcus lunatus, paraissant, en surface,
se prolonger l’un l’autre ; cette anfractuosité dessine la limite supé-
Ûeure du pli courbe.
b) La scissure de Sylvius et le sillon parallèle, convergeant l’un
vers l’autre jusqu’à confluer superficiellement ; au-delà de ce niveau
En haut : face externe de l’hémisphère gauche de Macaca cynomolgus R., n° 1925-
412 — s., scissure de Sylvius ; t., parallèle ; i., intrapariétal ; L, sulcus lunatus.
En bas : face externe de l’hémisphère gauche de Cebus apella L., n° 1941-331.
le parallèle se continue seul, divisant le pli courbe en deux bras
sensiblement égaux.
Si, par une ligne imaginaire, on réunit l’extrémité inférieure des
deux branches du Y formé par l’intrapariétal et le sulcus lunatus,
on constatera que chez Cebus, cette ligne rencontrera uniquement
le parallèle, tandis que chez Macaca elle passera nettement au-
dessous de son point de jonction avec la scissure de Sylvius } il
s’agit d’une disposition habituelle, car sur les 85 hémisphères de
Macaca que comportent nos collections la règle s’est trouvée con-
firmée 78 fois et, chez Cebus, 13 fois sur 18 ; encore faut-il préciser
que la plupart des aspects défavorables représentent des cas limi-
tés où, chez Macaca et Cebus la base du Y passe exactement par
l’extrémité supérieure de la scissure de Sylvius ; (5 sur '7 pour
Macaca, 3 sur 5 pour Cebus).
On peut donc dire que d’une manière courante et après avoir
pris soin de ne confronter que des exemplaires à opercule occi-
pital complet, un faible décalage subsiste entre les régions pariéto-
occipitales de ces deux types ; à mon avis, on doit interpréter ces
faits comme suit :
Dans le cerveau des Primates, le principal facteur régissant la
topographie de l’appareil circonvolutionnaire est l’antagonisme
de développement des lobes ; conséquence du manque d’espace,
c’est lui qui, la plupart du temps, donne aux plissements et aux
sillons leur orientation caractéristique ; dans la région pariéto-
occipitale, notamment, il se traduit par deux poussées affrontées,
agissant comme un étau :
• — la poussée pariétale, dirigée d’avant en arrière, et renforcée
elle-même par l’action du lobe frontal ;
— la poussée occipitale qui s’exerce d’arrière en avant.
C’est sous l’influence de ces forces contraires, légèrement plus
marquées chez Macaca, que scissure de Sylvius et parallèle con-
vergent suivant un angle plus aigu, et que s’allongent davantage
de haut en bas, intrapariétal et sulcus lunatus, en se rapprochant
d’ailleurs l’un de l’autre ; cet antagonisme ne fera que s’accentuer
chez les autres Cercopithecidæ.
Ainsi, lorsqu’une série animale se montre suffisamment homo-
gène, comme c’est le cas pour les Cebidæ 1, il devient possible de
comprendre la distribution des circonvolutions ; l’anatomie cé»é-
brale permet alors, à l’occasion, de déceler, entre deux formes
voisines • — bien qu’appartenant à deux familles différentes —
telles que Cebus et Macaca , un écart minime dans le degré d’évo-
lution.
Laboratoire d' Anatomie comparée du Afuséum.
1. J’entends par Cebidæ les Singes Platyrhiniens appartenant aux genres Calli -
thrix, Pithecia, Brachyurus et jCebue.
.Considérations sur la tête osseuse. nu Zèbre de Foa [Equxjs
QU AG GA FoAI PRAZ. ET TRT .) ET SUR LA VALEUR SPÉCIFIQUE
DU SPÉCIMEN DÉCRIT SOUS CE NOM.
Par E. Bourdeixe.
Professeur au Muséum.
Le Zèbre de Foa a été décrit en 1899, par J. -P. Prazak et Troües-
sart comme espèce distincte, sous le nom de Equus Foai, sur une
peau et un crâne rapportés par Ed. Foa de son voyage au Zambèze
en 1894-1898 A Ces documents qui font partie des collections du
Service de Mammalogie du Muséum National d’ Histoire Naturelle
ou ils sont précieusement conservés, sont les seuls matériaux qui
aient été récoltés à l’heure actuelle sur la nouvelle espèce de zèbres
décrite par PrazaR et Trouessart. Ils furent recueillis dans la
région montagneuse du Sud du pays des Angonis, sur la rive sep-
tentrionale du Bas-Zambèze, en face de Tété parmi de nombreux
individus de type semblable, assure Foa. Ils appartiennent à un
sujet mâle paraissant avoir de trois à quatre ans, par les caractères
dentaires. On peut s’étonner que depuis 1898 ces documents soient
les seuls matériaux qui aient été recueillis sur une espèce dont
Foa assure l’abondance dans la région où ceux qui ont permis la
description de l’espèce ont été récoltés. A vrai dire seule la peau
a fait l’objet des études qui ont abouti à la création d’une nouvelle
espèce de zèbre, le Zèbre de Foa;
Déjà en 1898», E. Trouessart 2 avait signalé cette peau à propos
d’une étude sur une variété nouvelle du .zèbre de Burchell (Equus
Eurchelli, Tar. Zambeziensis, Prazak) et il était porté à la consi-
dérer comme appartenant à cette variété, tout en signalant son
apparentement avec le Zèbre de Grévy, par le nombre de ses raies.
C’est en se -basant sur une étude plus complète de Cette peau, que
Prazak et Trouessart établirent en 1899 l’espèce nouvelle du
Zèbre de Foa (Equus Foai) actuellement (Equus quagga Foai).
En fait, seule l’étude de la peau rapportée par Boa fut complète-
ment faite, celle du crâne fut négligée et ce précieux matériel resta
dans l’oubli. La présente étude a pour but de réparer cet oubli.
1. J.-P. Prazak et E. Trouessart. Description d’une nouvelle espèce de zèbre
(Equus Foai) et remarques sur les caractères des espèces du sous-genre Hippotigris.
(Bull, du Mus. d’Hist. Nat., 1899, n° 7, p. 350.
2. E. Trouessart. Sur une variété nouvelle de Zèbre (Voir note au tableau). (Bull,
du Mus. d’Hist. Nat., 1898, p. 66.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
Il faut tout d’abord préciser qu’il s’agit de la tête d’un animal
relativement jeune. Seules les incisives lactéales centrales sont
remplacées, les incisives moyennes d’adulte supérieures ou
mitoyennes Sont en voie de remplacement de même que la troi-
sième pré-molaire de lait, la troisième amère molaire est en voie
d’éruption. D’après l’évolution normale des caractères dentaires
chez les équidés, ceux relevés ici ne permettent guère de donner
plus de trois ans et demi au sujet dont cette tête provient. Ce sujet
est donc encore assez loin d’avoir atteint l’âge adulte, 5 à 6 ans,
et les caractères fournis par, sa tête osseuse gardent une certaine
relativité, surtout quant aux dimensions définitives, en particu-
lier quant à la longueur totale, quant à la longueur du* crâne et
surtout quant à celle de fa face.
Dans son ensemble la tête osseuse, considérée exclusivement
dans son massif cranio-facial apparaît nettement, caballine. Le
crâne n’est pas très sensiblement coudé sur lé massif facial et la
ligne qui s’étend du sommet de la protubérance occipitale externe
à l’implantation des incisives, coupe nettement l’ouverture orbi-
taire par le milieu, comme cela a lieu chez les chevaux ou chez les
zèbres caballins. Il faut noter aussi la forme du profil cranio-facial
qui, au-dessous d’une partie frontale, légèrement bombée est au.
contraire nettement déprimée dans la partie faciale, ce qui donne
au total à la tête un aspect légèrement camus, à l’exemple de ce
que l’on observe chez beaucoup de zèbres du type quagga ou « Zèbres
caballins ». L’ouverture orbitaire est assez régulièrement circulaire ;
les ouvertures gutturale et maxillo-nasale, les fentes palatines sont
du même type caballin que chez les zèbres « quagga ». Les parti-
cularités osseuses notables sont rares. L’une d’elles, assez curieuse,
qui se retrouve, mais beaucoup moins marquée chez quelques
Zèbres caballins, consiste dans une incisure très nette de la partie
libre du bord latéral de l’os nasal, qui tend à isoler une pointe
latérale caractéristique.
Les dimensions de la tête dans son ensemble et dans ses éléments
crânien ou facial constituent les données les plus caractéristiques.
Avec 0,505 de longueur totale et 0,179 de largeur au niveau des
orbites, la tête apparaît longue et relativement étroite. La face
avec 0,325 de longueur se présente manifestement courte, par
rapport au crâne qui ne mesure lui-même que 0,180. Cette fai-
blesse de la longueur de la face est certainement le résultat de l’âge
du sujet. Le tableau ci -joint résume les dimensions que nous venons
de donner ainsi que les indices qui s’en dégagent, et permet une
comparaison entre les principales espèces de zèbres.
410 —
Nota. — Les chiffres en italique indiquent les parentés ostéomètriques
entre le Zèbre de Foa et les principales espèces de zèbres.
L’examen du tableau qui précède, montre que les parentés osté-
ométriques du Zèbre de Foa s’établissent plutôt avec le Zèbre de
Burchell (Equus quagga hurchelli) qu’avec toute autre espèce de
Zèbres. A n’envisager que les caractères de la tête osseuse on peut
donc considérer que l’animal duquel cette tête provenait, pouvait
appartenir, ainsi que l’avait déjà pressenti Trouessart dans son
étude de 1898, à l’une des formes de Zèbre de Burchell telle que
Equus Burchelli selousi Pocock (= Eq. quagga selousi) ou Equus
Burchelli Crawshayi de Winton (= Eq. quagga Crawshayi) qui,
dans les régions montagneuses du Zambèze, gravitent autour de la
forme nouvelle décrite par Trouessart sous le nom d’Equus
Burchelli zambeziensis Prazak (== Eq. quagga zambeziensis) si elle
n’était pas cette forme elle-même. Trouessart ne considérant
que les particularités anormales du système de!s raies de la peau
du specimen en question et négligeant, toute étude de la tête osseuse,
abandonna vite cependant cette manière de voir et. dès 1899, en
collaboration avec Prazak, fit de* ce specimen une espèce distincte,
le Zèbre de Foa (Equus Foai, Prazak et Trouessart). Nous esti-
mons qu’il n’y a pas lieu de se rallier à cette manière de voir et que
les caractéristiques ostéologiques dont nous faisons ici état militent
nettement en faveur de l’assimilation du Zèbre dit de Foa à l’une
des formes du Zèbre de Burchell dont nous avons déjà parlé Equus
quagga Selousi Pocock, Equus quagga Crawshayi de Winton,
Equus quagga Zambeziensis Prazak dont les habitats sont sensible-
ment voisins. *
— 4ü
S’agit-il véritablement là d’une espèce nouvelle ou tout au moins
d’une sous-espèce ? Nous ne le pensons pas. Nous sommes plutôt
portés à considérer qu’il ne peut être tout au plus question ici,
que d’une variété et peut-être même d’une simple anomalie. Le
système des raies du pelage ne suffit pas, en effet, à notre avis, à
étayer une spécification. Si, par le nombre, le resserrement général
des raies, l’absence de toute trace de raies intercalaires, le système
des raies du Zèbre dit « de Foa » rappelle un peu ce qui existe chez
le Zèbre de Grévy, la disposition de ces raies sur la croupe est tout
à fait différente de celle qu’on observe dans cette dernière espèce
et on ne peut invoquer une parenté quelconque entre ces deux
espèces, dont les habitats sont d’ailleurs assez éloignés. Il en est
également de même avec le Zèbre vrai Y Equus zébra L.) ou le Zèbre
de Hartmann (Eq. zébra harimanæ Mastchie), dont l’habitat est
encore plus éloigné de celui du Zèbre de Foa que celui du Zèbre
de Grévy. Il y a donc lieu de croire que la disposition du système
des raies chez le zèbre de Foa est une disposition anormale, propre
à un individu isolé, à l’exemple de ce qui arrive assez souvent chez
les Zèbres de Burchell. Le fait que la peau rapportée par Foa en
1898 et étudiée par Prazak et Trouessart en 1899, soit la seule
qui ait été récoltée depuis bientôt cinquante ans, milite encore en
faveur d’une anomalie.
Jusqu’à plus ample information sur la question, nous nous ran-
geons donc à cette opinion et, tenant exclusivement compte dqs
caractères de la tête osseuse, qui eux, sont bien définis, même sur
une tête encore assez jeune, nous considérons que l’espèce de Zèbre
dit de Foa ( Equus Foai ou Equus quagga Foai, Prazak et Troues-
sart). n’existe pas et que le spécimen qui a fourni les matériaux
ayant servi à l’établir n’est qu’une variété anormale et, sans doute
individuelle, d’ Equus quagga Burchelli et, très vraisemblablement,
de la variété Zambeziensis.
Quelques manifestations actuelles de l’action inhibitoire
EXERCÉE SUÉ L'ÉVOLUTION DES MAMMIFÈRES PAR LEE
CONTINENTS DU SUD.
Par E.-G. Dehaut.
Comparant l’histoire des Mammifères de F Amérique méridio-
nale et de l’Australie à celle des Mammifères de l’hémisphère boréal,
Albert Gaudry disait : « Pendant les temps tertiaires, l’évolution
a cessé d’avoir la même marche dans les deux hémisphères : dans
Fun, elle a continué dans l’autre, elle s’est arrêtée. » En réalité,
il ÿ a plus encore que ce maître très illustre ne l’enseignait : la péné-
tration des espèces septentrionales dans l’Amérique du Sud a seu-
lement masqué cet arrêt de F évolution, dont la différenciation, dam
le sens marsupial , de l’apophyse pré-glénoïde des Pécaris (fig. -3),
la persistance des Epanorthidés et des Sarigues attestent la conti-
nuité jusqu’aux jours présents. En anthropotomie, l’histoire des
Australiens, celle des Boschimans de l’Afrique australe, parlent
dans le même sens.
L’Homme, qui n’a pu pénétrer en Australie que par la navigation
(Stewart Arthur Smith), y a subi, dans son évolution ethnique et son organo-
génie, l’influence frénatrice de ce milieu nouveau pour lui. Si, à certains
égards, le frontal et la mandibule sont demeurés au stade de Chou Kou Tien
èt de Néanderthal, — stade primitif, enseigne Sir Arthur Smith Wood^
ward, puisque l’Homme subfossile de Broken Hill, en Afrique du Sud,, est
intermédiaire à ceux de Néanderthal et du temps actuel, — les sinus fron -
taüx, très développés -dans le crâne de la Chapelle-aux-Saints (Marcellin
Boule) et déjà bien visibles chez l’adolescent de Chou Kou Tien étudié
par Davidson Black, ont complètement cessé de se former, tout au moins
dans la majorité des Australiens (Owen).
En Afrique, l’arrêt de l’évolution réalise encore de nos jours un état
archétypique multiple, laissant transparaître les Anthropomorphes dans
l’Homme et l’Homme dans les Anthropomorphes. Dans son mémoire sur la
Vénus hottentote, Cuvier écrivait déjà : « Notre Boschimane a le museau
plus saillant encore que le nègre, la face plus élargie que la Calmouque,
et les os du nez plus plats que l’un et que l’autre. A ce dernier égard, surtout ,
je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable aux Singes que la sienne. »
Puis Sir William Turner a mis en lumière ce fait : dans la même race des
Boschimans, les os de la paroi interne de l’orbite, au lieu de l’articulation
os planum de l’ethmoïde-lacrymal, habituelle dans l’espèce humaine,
peuvent réaliser l’articulation fronto-maxillaire, caractéristique du Gorille
(fig. 1) et du Chimpanzé. Or, la belle collection de crânes que possède le
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
laboratoire de Mammalogie du, Muséum permet de reconnaître que des
variétés, plus particulièrement anthropomorphiques,, se produisent dans ces
deux espèces simiennes., et de, fai.t,,il s’y trouve, une tête osseuse de. Gorille
(ÏTg. 2), et une autre, dé Chimpanzé, dont les articulations lacrymo-eth-
moïdales seraient normales dans l’espèce Humaine.
L’histoire des Sarigues ( Didelphis , Linné), celle des Epanorthidés
Cœnolestes, Thomas, Orolestes, Thomas et Rhyncholestes, Osgood, montrent
Fig., 3. — Dicotyles labialus. Cuvier, à l’état jeune (A) et dans l’âge adulte (B).
que, si la région néotropicale leur a permis de demeurer jusqu’à nos jours
des Marsupiaux, elle n’est cependant pour eux qu’un milieu conservateur.
Avant là découverte du Sarigue fossile du gypse de Paris, « il semblait,
dit Cuvier, que les genres américains fussent sortis de leur propre sol,
414
et qu'ils ne se fussent jamais étendus aux pays qui forment aujourd'hui
l'ancien continent. » La distribution hypsométrique des rares survivants
de la famille désignée par àmeghino sous le nom d ’Epanorthidæ est celle
d'un groupe d’origine arctique : dans la zone tempérée du Sud, Rhyncho -
lestes raphanarus, Osgood vit au niveau de la mer dans les forêts de l'île
Chiloé ; au lieu que les deux espèces de la zone tropicale, Cœnolestes fuligi-
nosus (Tomes) et Orolestes inca, Thomas, sont, d’une manière exclusive,
<ies animaux de montagne.
Parlant des Dicotylidés, Pachydermes artiodactyles d’origine néarc-
tique, Lydekker a dit : « Dans l’Amérique du Sud, leurs débris ne se
trouvent que dans les dépôts superficiels et ceux des cavernes, en sorte
qu’il ne peut y avoir de doute relativement à leur pénétration du Nord
dans cette région. » Pourtant, comme les Sparassodontes des couches de
Santa Cruz, qui sont de tous les Créodontes les plus semblables aux Thy-
lacines australiens (Smith Woodward), les Pécaris [Dicotyles, . Cuvier)
ont emprunté aux Marsupiaux le plan d’organisation de leur cavité glé-
noïde (fig. 3) : leur apophyse pré-glènoïde étant une crête descendante du
jugal comme dans les Marsupiaux (Owen) et les Sparassodontes (Sin-
clair), et l’apophyse post-glénoïde étant seule formée aux dépens du squa-
mosal, : — au lieu que dans les Chats, la crête, qui limite en avant la cavité
articulaire, appartient aussi à cet os.
Laboratoire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux ) du Muséum.
v
— 415 —
Aquarelles et sépias ayant servi a l’illustration
DES OUVRAGES ICHTHYOLOGIQUES DE LOUIS AgASSIZ.
Par Léon Bertin. '
La Bibliothèque centrale du Muséum possède depuis 1940, grâce
à la générosité du Dr Th. Barbour, Directeur du Muséum of Com-
parative Zoologie at Harward College 1, une remarquable série de
dessins, aquarelles et sépias exécutés sous la direction de Louis
Agassiz. Une partie de ces documents a servi à l’illustration de
son Histoire naturelle des poissons d’eau douce de l’Europe centrale :
première livraison, parue en 1839, consacrée aux Salmonidés des
genres Salmo, Salvelinus et Thymallus. Une deuxième partie com-
prend un Coregonus, un Umbra et des Cyprinidés qui devaient être
utilisés pour des livraisons ultérieures du même ouvrage. Enfin
une troisième partie, concernant des poissons indo-pacifiques de
familles diverses, semble avoir été exécutée en vue d’un travail
sur les poissons des îles Célèbes, travail dont seulement quatre
planches ont été publiées à Londres, après la mort d’ Agassiz,
sous le titre : Pisces Celebes, Icônes piscium.
Voici la liste des 49 espèces figurées et le nombre des documents
divers relatifs à chacune :
Salmonidés. — Salmo salar L. (12), Salmo trutta L. (34), Salvelinus
alpinus L. (11), Salvelinus hucho L. (3), Thymallus thymallus L. (4), Core-
gonus palaea C. V. (1).
Cyprinidés. — Carassius carassius L. (2), Barbus mer idionalis Risso (2),
Gobio gobio L. (2), Tincatinca L. (1), Rhodeus amarus L. (4), Chondrostoma
nasus L. (2), Phoxinus lævis L. (2), Scardinius erythrophthalmus L. (2),
Telestes soufia Risso (1), Idus idus L. (2), Idus orfus L. (2), Leuciscus leu-
ciscus L. (6), Leuciscus rostratus Ag. (2), Leuciscus cephalus L. (1), Aspius
aspius L. (2), Rutilus rutilus L. (5), Abramis brama L. (3), Abramis vimba
L. (3), Abramis ballerus L. (2), Alburnus alburnus L. (4), Spirlinus bipunc-
talus RL (1).
Siluridés. — Plotosus canius H. B. (1).
Esocidés. — Umbra krameri Müller (2).
Scombrésocidés. — Tylosurus pundulatus Gthr. (1).
Serranidés. — Pentapus setosus C. Y. (1).
Pomacentridés. — Amphiprion polymnus L. (1).
Chætodontidés. — Platax orbicularis Forsk. (1), Chætodon trifasciatus
1. Ces documents sont arrivés au Muséum par l’entremise de M. Paul Chabanaud.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 27
*
— 416 —
M. P. (1), Anisochætodon vagabundus L. (1), Megalaspis cordyla L. (1) .
Scombridés. — Scomber loo C. V. (1).
Gobiidés. — Gobius sp. (1).
Batracjiidés. — Batrachus grunniens L. (2).
Balistidés. — Balistes aculeatus L. (1), Balistes flavimarginatus Rüpp.
(1 ),Balistes stellatus Lac. (1 ), Balistes undulatus M. P. (1), Balistes verruco-
sus L. (1), Monacanthus chinensis Bl. (1). •
Ostraciontidés. — Ostracion cornutus L. (1), Ostracion tetragonus L. ()1.
Tétrodontidés. — Tetroâon hispidus L. (1). v
Diobontidés. — Diodon hystrix h. (1).
I
-v t
Si presque toutes les aquarelles et sépias sont dues à l’habile
pinceau de l’illustrateur suisse Joseph Dinkel 1 qui les exécuta
ad naturam et, mieux encore,, ad vivum , quelques-unes sont signées
Minsinger 2, Schimper. Streckeisent ou sont d’auteurs inconnus.
Plusieurs documents représentent des espèces qui ont été décrites
par Agassiz ou dénommées par lui sans être décrites : Gobio ura-
noscopus \= Gobio gobio)3. Leuciscus rostratus 4, Leuciscus rodens
et L. majalis (= L. leuciscus ) 4. Aspius rapax (= A. aspius),
Abramis argyreus et A. macrolepidotus [— A. brama), Abramis
erythropterus et A. micropteryx (= A. oimba). On peut considérer,
dans une certaine mesure, les documents en question comme figu-
rant les types de ces diverses espèces.
Pour Salmo trutta existe un luxe d’illustration véritablement
extraordinaire : 34 aquarelles et sépias représentent les divers
aspects de ce Salmonide essentiellement polymorphe. Taille, pro-
portions du corps, forme de la caudale, coloration y sont traduites
selon leurs multiples modalités. Agassiz oppose les formes de petite
taille et abondamment tachetées de noir et de rouge (Salmo fario)
aux formes de grande taille et seulement ornées de petites taches
noires ( Salmo trutta). Ce sont les formes minor et major des ichthyo-
logistes aetuels. Dans chacune, l’habitat, l’âge, le sexe donnent
lieu à des caractères différents. Aucune collection iconographique
ne montre mieux que celle d’AGASsiz comment une espèce, dont
l’aire de distribution est discontinue, peut varier sans donner
cependant naissance à des variétés ni à des races locales fixées
héréditairement.
Parmi les pièces les plus curieuses de la collection des aquarelles
et sépias, il faut citer :
a) Une splendide aquarelle de Dinkee représentant un Chon~
drostoma nasus mâle en livrée nuptiale ;
1. La collection des Vélins du Muséum renferme une pièce signée de cet auteur.
2. Lithograveur de quelques-unes des planches des Poissons de l’Europe centrale.
3. Espèce décrite dans la revue Isis, 1829, p. 414, sous le nom de Cyprinus uranos-
copus. v
4. Espèces décrites dans les Mém. Soc. Sc. Nat. Neuchâtel, 1835, I, p. 39 et 43, pl. 1.
b) Trois aquarelles du même auteur figurant des Rhodeus amarus
mâle avant, pendant et après la fraie ;
c ) Une aquarelle et une sépia de Dinkel représentant de vieilles
truites (Salmo trutta) mâles aux mâchoires devenues crochues :
individus hécards ;
d) Une sépia de Dinkel représentant une truite monstrueuse
du type mo'pse.
On voit que le don si généreusement fait à la Bibliothèque du
Muséum présente un double intérêt artistique et scientifique. Tout
illustrateur de poissons d’eau douce d’Europe aura désormais
intérêt à consulter et à prendre pour modèles les admirables aqua-
relles et sépias à l’exécution desquelles Agassiz et Dinkel ont
Intimement collaboré.
Contribution a u étude de la faune herpêtologique
du Sahara central.
Par F. Angel.
A la suite du dernier voyage de recherches effectué dans le Sahara
central par M. H. Lhote, une petite collection de Reptiles et Batra-
ciens a été remise au Muséum par ce zélé voyageur naturaliste.
Elle vient compléter, en ce qui concerne le massif du Hoggar, les
données que nous avons exposées dans notre étude de 1938 1 dans
laquelle nous avons dressé un premier inventaire des connaissances
herpétologiques actuelles relatives à la faune de cette région du
continent africain.
La collection renferme les espèces suivantes. Six d’entre elles
(indiquées en caractères gras) sont nouvelles pour la faune du
Hoggar : 3 Lacertiliens, 2 Ophidiens, 1 Amphibien :
Stenodactylus sthenodactylus (Licht.) 1 ex.
Ptyodactylus lobatus (Geoffroy) 1 ex. jeune.
Urosmastyx acanthinurus Bell, 1 ex.
Acanthodactylus boskianus (Daud.) 5 ex.
Chalcides delislii (Lataste) 1 ex.
— ocellatus tiligugu Gmelin, 3 ex.
Coluber diadema Schleg., 1 ex. Ç.
Lytorhynchus diadema hoggarense subsp. nov. (V. ci-dessous).
Eehis carinatus (Schneid.) 1 ex. Ç.
Cerastes cerastes (Linné), 1 ex. Ç.
Bufo mauritaniens Schleg. 1 ex. Ç.
En tenant compte de ces échantillons, on constate que la faune
herpêtologique du Hoggar, actuellement connue, comporte 25 espèces
ou sous-espèces ainsi réparties : 13 Lacertiliens, 9 Ophidiens, 3 Am-
phibiens. Ce sont les suivantes :
Lacertiliens. ■ — Ptyodactylus lobatus, Stenodactylus sthenodactylus,
Agama mutabilis, Agama bibroni, Urosmastyx acanthinurus, Varanus gri~
seus, Acanthodactylus boskianus , Eremias guttulata typica , Eremias guttu-
lata olivieri, Eremias rubropunctata, Chalcides ocellatus tiligugu, Scincus
officinalis, Chalcides delislii. On peut y ajouter, avec quelques doutes, la
présence d ’ Agama agama, qui fut observé, mais non recueilli.
Ophidiens. — • Coluber algirus, Coluber diadema, Lytorhynchus diadema
1. F. Angel et H. Lhote. Rept. et Amph. du Sahara central et du Soudan. Bull.
Com. Et. histor. et scient, de l’Afr. occ. française, t. XXI, ne 3, pp. 1-40.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 419
hoggarense, Psammophis sibilans, Psammophis schokari, Macroprotodon
cucullatus, Cerastes cerastes, Cerastes vipera, Echis carinatus.
Amphibiens. — Rana esculenta ridibunda, Bufo viridis, Bufo maurita-
nicus.
Il est digne de remarque que tous ces animaux font partie de la
faune palaearctique (région de la Barbarie).
Lythorhynchus diadema hoggarense subsp. nov.
N° Collections du Muséum : 1943-14.
Les caractères suivants nous paraissent différer suffisamment
de ceux de la forme typique pour motiver la création d’une sous-
espèce particulière :
Une seule labiale (la 5e) bordant l’œil. Frontale notablement
plus longue que sa distance de l’extrémité du museau, aussi longue
que les pariétales ; 4 labiales inférieures en contact avec les plaques
gulaires antérieures, les postérieures étant plus courtes que celles-
ci. Toutes les écailles comprises dans les taches vertébrales ont leur
centre clair, de la couleur du fond ; sur les flancs d’autres petites
taches assez irrégulières alternent plus ou moins avec les grandes
macules dorsales. La présence d’une seule labiale bordant l’œil
se retrouve chez l’espèce paradoxus du N. -O. de l’Inde, mais chez
ce dernier, le museau est allongé et pointu au lieu d’être en forme
de « coin ».
Un exemplaire des Collections du Muséum recueilli par M. Lhote,
au Tassili (n° 36-103) appartient à la même sous-espèce. La por-
tion de la rostrale vue d’au-dessus est plus longue que sa distance
de la frontale.
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons ) du Muséum.
420 —
Une nouvelle espèce d’Amphibien ( genre Hylambates-
de la Haute-Guinée française Matériaux de la Mis-
sion Lamotte au Mont Nimba en 1942).
Par F. Angel.
/
Hylambates Yalense nov. sp.
Dents vomériennes en deux groupes, chacun d’eux étant un peu
plus grand que l’ouverture des choanes. Langue cordiforme, bien
échancrée en arrière. Largeur de la tête égale à la distance com-
prise entre le bout du museau et le bord postérieur du tympan.
Museau plutôt pointu, vu d’au-dessus, débordant la lèvre inférieure,
sa longueur égale au diamètre transversal de l’œil. Narine à égale
distance de l’œil et du bout du museau. Canthus rostralis distinct,
mais arrondi. Distance entre les narines égale à l’espace interorbi-
taire qui est de même largeur que la paupière supérieure. Tympan
bien visible faisant les 3 /5e du diamètre de l’œil, séparé de celui-ci
par le tiers de son propre diamètre. Doigts libres, à dilatation ter-
minale de même largeur que l’avant-dernière phalange. Premier
doigt plus long que le second qu’il dépasse de toute la longueur
du disque terminal ; le second un peu plus long que le quatrième,
le troisième de même longueur que le museau.
Tubercules sous-articulaires très saillants ; 2 tubercules carpiens.
Orteils avec un simple rudiment de peau à la base, leur extrémité
non élargie, le cinquième notablement plus court que le troisième.
Pas de pli sur le tarse. Un tubercule métatarsien interne fort, ova-
laire mais non tranchant, presque, aussi long que l’orteil interne.
Soles lisses. L’articulation tibio-tarsienne atteint le bord antérieur
du tympan. Tibia trois fois aussi long que large, sa longueur com-
prise deux fois un tiers dans la distance museau-anus, plus court
que le pied dont la longueur est contenue un peu moins de deux
fois dans la même distance. Les talons se recouvrent quand on
place les membres postérieurs à angle droit sur le corps.
Peau, au-dessus et sur les côtés, finement chagrinée, au-dessous
parfaitement lisse sur la gorge, le ventre et la partie inférieure des
cuisses. Celles-ci sont finement chagrinées sur leur face postérieure
seulement. Pas de pli post-gulaire. Quelques granules en arrière
du tympan et de l’angle de la bouche.
Coloration (en alcool). — Au-dessus, brun clair parsemé
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
de petites taches sombres, irrégulières, qui sur les membres s’al-
longent un peu transversalement sans toutefois former de véri-
tables barres transversales. Une tache noire sur la lèvre supérieure
au-dessous de l’œil et deux autres sous la narine. Flancs et ventre,
blanc-jaunâtre sans taches. Une barre sombre entre les yeux d’une
paupière supérieure à l’autre.
Longueur du museau à l’anus : 64 mm.
1 ex. Ç (Holotype) contenant des œufs. — Yale ; en forêt secon-
daire.
N° Collect. Mus. : 1944-128.
Appartenant au groupe des Hylambates à doigts libres et aux
orteils très peu palmés et à peine dilatés à leur extrémité, cet échan-
tillon s’apparente aux espèces marginatus et brevipalmatùs. Il s’en
distingue par la plus grande longueur du premier doigt, la peau
complètement lissé sous le ventre et la gorge et par la coloration.
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons ) du Muséum.
— 422 —
Rôle du rythme saisonnier dans la métamorphose
EXPÉRIMENTALE DES TÊTARDS D’ALYTES OBSTETRICANS (LaüR.).
Par Paul Roth.
On ne trouve pas, dans la bibliographie, d’études sur le rôle du
rythme saisonnier dans la métamorphose expérimentale des Batra-
ciens.
Il est certain que la plupart des Anoures, de par le développe-
ment assez rapide de leurs larves, se prêtent mal à des travaux
de ce genre, car, pour les entreprendre, on se trouve dans la néces-
sité d’employer, comme matériel, des têtards susceptibles d’hiber-
nation.
Cette condition se trouve cependant heureusement remplie par
les têtards d ' Alytes obstetricans (Laur.) dont certains individus
peuvent rester pendant un an et plus, à l’état larvaire (Boulen-
geh) (1).
Les femelles de cette espèce effectuent plusieurs pontes, du
mois de mars à la fin août, de sorte que, à la fin de septembre, on
trouve, dans la nature, des têtards à différents stades de déve-
loppement, les uns pouvant être utilisés de suite et les autres,
seulement plusieurs mois plus tard.
On peut donc, au moyen d’expériences échelonnées dans le
temps, comparer l’allure et la vitesse des processus de la métamor-
phose expérimentale, en la provoquant à des époques correspon-
dantes à la préhibernation, en maintenant les animaux à une tem-
pérature suffisante pour que cette hibernation n’ait pas lieu.
On prend des têtards à’ Alytes obstetricans, parvenus, autant que
faire se peut au stade C (3e de Kollmann) (2) et aussi semblables
que possible. A ce stade, les animaux mesurent environ 40 mm.
de longueur (16 mm. pour le corps et 24 mm. pour la nageoire
caudale).
On les met dans des cristallisoires individuels renfermant 250 cc.
d’eau de distribution, à laquelle on a soigneusement mélangé une
solution de « Thyroxine Roche » de manière à obtenir des dilutions
de 1 et 10.000.000e, doses fortes qui permettent d’obtenir des résul-
tats rapides.
On nourrit les animaux avec de la poudre de viande, de la viande
finement coupée, du jaune d’œuf, etc... et on les maintient à la
température du Laboratoire.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
y
— 423 —
On fait alors des expériences échelonnées en notant :
1° Le temps de latence, c’est-à-dire le laps de temps qui s’écoule
entre le commencement de l’expérience et l’apparition des premiers
phénomènes causés par le traitement thyroxinien (forme en vio-
lon). N
Fig. 1. — Thyroxine au l/10.000.000e (octobre), mort le 31e jour.-
Fig. 2. — Thyroxine au 1/1. 000.000e (novembre), mort le 28* jour.
Fig. 3. — Thyroxine au 1/10. 000. 000e (novembre) métamorphosé le 35e jour.
Fig. 4. — Thyroxine au 1/10.000.000® (février), métamorphosé le 23e jour.
Fig. 5. — Thyroxine au 1/1. 000. 000e (mars), mort le 14e jour.
Fig. 6. — Thyroxine au 1/10. 000. 000e (avril), métamorphosé le 15e jour.
Fig. 7. — Têtard témoin (mars).
Fig. 8. — Métamorphose normale.
2° La durée totale des processus, soit qu’ils aboutissent à la méta-
morphose complète signalée par la sortie des deux membres anté-
rieurs, soit qu’ils aboutissent à la mort prématurée des animaux.
3° Le coefficient d' allométrie qui traduit les dysharmonies pro-
duites par la réponse simultanée et non chronologique des divers
tissus (sensibles locales de Champy) (3) et qui s’obtient en divisant
la longueur du tronc des animaux par la longueur de leurs membres
postérieurs. Ce coefficient est d’autant plus élevé que la dose de
thyroxine est plus forte et que l’animal est plus éloigné de la méta-
morphose naturelle au moment de l’expérience. Il est toujours
au-dessous de l’unité dans la métamorphose naturelle, les membres
antérieurs étant, dans ce cas, plus longs que le corps (4).
Les résultats consignés dans le tableau ci-après montrent que,
dans l’arrière-saison, aux mois de septembre, d’octobre et de no-
vembre, correspondant à la préhibernation et à l’hibernation, la
durée des processus varie de 28 à 35 jours avec un temps de latence
de 13, 14 jours alors qu’au mois de février et au début du mois de
mars, époque correspondant à la fin de l’hibernation, les temps
ne sont plus que de 23 à 25 jours avec des latences de 11 et 19 jours.
Tableau des résultats.
\ A la fin de mars, et au début d’avril, époque correspondant à la
posthibernation, et, par conséquent, à la reprise de l’activité des
têtards, la durée totale des processus n’est plus que de 14, 15 jours
avec des temps de latence de 6, 8 jours, temps qui varient peu au
mois de juin (9/13 jours).
Les coefficients d’allométrie sont en harmonie avec la plus ou
moins grande vitesse des processus, à un stade de croissance égal,
bien entendu. Par exemple, pour la dose de 1 /1.000.000e, le coef-
ficient est de 2,44 pour une durée de 28 jours en novembre, et de
3,66 pour une durée de 14 jours à la fin de mars. De même, pour
la dose de 1 /10.000.000e, le coefficient est de 1,71 à 1,91 pour des
durées de 30, 33, 35 jours de septembre à- novembre, et de 2,08 au
début du mois d’avril.
Le dernier cas (mois de juin) paraît constituer une anomalie.
Cependant, il n’en est rien. L’abaissement du coefficient est fonc-
tion du stade de croissance plus avancé de l’animal au moment de
la mise en expérience.
Il existe donc une différence sensible entre la vitesse et l’allure
des processus, quand la métamorphose est expérimentalement pro-
voquée pendant la période correspondant, dans la nature, à l’hi-
bernation d’une part et d’autre part à la reprise de l’activité des
animaux, mais avec cette différence que cette activité a été main-
tenue par une température supérieure à la température extérieure
qui a empêché l’hibernation de s’effectuer.
Malgré cela, la durée des processus de la métamorphose expéri-
mentale, de même que l’apparition de ses premières manifestations
ont été notablement plus longues pendant la période correspon-
dant, dans la nature, à la vie ralentie des têtards de même espèce.
On peut donc conclure que, dans la métamorphose expérimentale
des têtards d ’Alytes obstetricans, la durée et l’allure des processus
de cette métamorphose sont influencés, toutes choses égales, par
un rythme saisonnier.
Laboratoire d’Eihologie des Animaux Sauvages du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
1. Boulenger (G. -A.). Les Batraciens, 1910. O. Doin, édit., Paris.
2. Kollmann (M.). C. R. Soc. Biol., 1919 — 82 — 1009.
3. Champy et Radu. C. R. Ass. Anat., 1931 — 32 — • 115.
4. Roth (P.). Soc. Linn. de Lyon, 1937 ■ — n° 4 - — 53.
426 —
Sur la capture, au large du Cap Blanc ( Mauritanie )
DE DEUX ANGES DE MER : SQUATINA OCULATA BONAP, ET
Squatina aculeata A. Dumêril.
!
Par Paul Budker. ,
Parmi le matériel rapporté de la mission que j’ai effectuée en
février-mars 1936, à bord du chalutier Casoar, de La Rochelle, dans
les parages du Cap Blanc et du Banc d’Arguin (Budker, 1936 a),
figurent les deux espèces d’Anges de Mer suivantes :
Squatina oculata, Bonaparte, 1841.
10 mars 1936 ; au large du Cap Blanc (Mauritanie) ; une Ç 245 mm.
.(fig. 1) ; un <$ 290 mm.
Comme l’a fait remarquer Norman dans un travail sur lequel
je reviendrai plus bas, cette forme est très voisine de Squatina
af ricana Regan, avec laquelle elle a probablement déjà été con-
fondue. Elle se caractérise ainsi : bord antérieur du spiracle garni
d’une « frange » dermo-épidermique (Fig. 1, A) ; longueur de l’œil
supérieure à celle du spiracle ; base de la pectorale contenue envi-
ron trois fois dans la longueur extrême de la nageoire. La face ven-
trale est dépourvue de denticules, sauf les pectorales et les pel-
viennes, où les écailles placoïdes dessinent des marges régulières,
et dans la région caudale, où elles s’arrêtent sensiblement à hau-
teur de la base des pelviennes. L’extrémité postérieure des ventrales
n’atteint pas la base de la lre dorsale. Les denticules de la face dor-
sale portent 4 carènes longitudinales ; quelques gros denticules
autour de l’orbite. Pas de rangée médiane de gros denticules diffé-
renciés. Coloration : ocre ou chamois clair, avec des taches rondes,
blanches, réparties de façon sensiblement symétrique.
Squatina aculeata, A. Duméril, 1865.
14 mars 1936 ; au large du Cap Blanc (Mauritanie) ; Ç 340 mm. (fig. 2
et 3).
/ Cette espèce se distingue immédiatement par une rangée médiane
de gros denticules différenciés ; ceux-ci se situent sur une sorte' de
socle dermo-épidermique s’élargissant à hauteur des spiculés et se
rétrécissant dans les intervalles, l’ensemble présentant un aspect
festonné (Fig. 2, A). Devant la première dorsale, deux de ces spi-
culés viennent se placer de part et d’autre du plan médian (Fig. 2, B) ;
Bulletin du Muséum, 2® série, t. XVI, n° 6, 1944.
428
on remarque la même disposition devant la seconde dorsale. Les
spiculés normaux, très petits par rapport aux denticules médians,
présentent 3 carènes bien accusées. La face ventrale est nue. sans
denticules. Les pectorales et les ventrales sont, sur leur face infé-
rieure, garnies d’une marge régulière de spiculés, s’étendant, pour
les pectorales, sur toute la longueur du bord externe de la nageoire,
tandis que pour les ventrales elle se limite à l’angle extérieur ; la
face ventrale de la région caudale est également garnie' de denti-
cules (Fig. 3). L’extrémité postérieure des pelviennes atteint la
base de la première dorsale. La base de la pectorale est contenue
environ 2 fois 1 /3 dans la longueur totale de la nageoire. Colora-
tion : ocre foncé, avec de légères marbrures brunâtres ; une grosse
tache blanche circulaire à la base de la pectorale ; d’autres taches
blanches éparses, les plus grosses disposées symétriquement ; on
en remarque également quelques-unes exactement sur la ligne
médiane (Fig. 2).
Remarques. Il est communément admis par les auteurs que, sur
la côte Occidentale d’Afrique, le genre Squatina est représenté par
deux espèces : S. squatina (L.), jusqu’au Cap Blanc, et S. africana,
Regan, à partir du Cap Blanc, vers le Sud, jusqu’à Natal (Metze-
laar, 1919; Fowler, 1936 1 ; Cadenat, 1937, etc.)2. S. africana
a été décrite en 1908 par C. Tate Regan, d’après un exemplaire
capturé dans la Baie de Durban ; depuis, elle a été signalée de Lagos,
par Regan (1915), de Gorée, par Metzelaar, et enfin par Cadenat,
qui en a recueilli des specimens répartis sur neuf stations éche-
lonnées du Cap Blanc au Golfe de Guinée, au cours de la croisière
du Président Théodore Tissier sur la Côte Occidentale d’Afrique,
en 1936.
D’autre part, Norman (1935), étudiant les Poissons du « Dis-
covery » (côte Ouest d’Afrique), signale la capture, sur les côtes de
l’Angola, au large de la Baie de l’Eléphant, de deux specimens de
S. oculata ; et ayant, à cette occasion, procédé à un nouvel examen
de l’exemplaire de Lagos, il en arrive à la conclusion que celui-ci
doit être rapporté non à S. africana, mais bien à S. oculata-, il
exprime la même opinion en ce qui concerne le specimen de Gorée :
« The large example recorded by Metzelaar from Goree is clearlÿ
referable to S. oculata ». Quoi qu’il en soit, S. oculata, espèce médi-
terranéenne (Bonaparte, 1841 ; Lozano Rey, 1928), est extrême-
ment voisine de S. africana, dont elle diffère par la dimension de
1. L’exemplaire de S. africana décrit par Fowler est en provenance de Natal.
2. Dans leur travail sur les Poissons de Port-Etienne, Chabanaud et Monod,
(1927), après avoir mentionné la Rhina africana de Gorée signalée par Metzelaar,
font observer : et Faute de specimens conservés, nous ne pouvons décider si les échan-
tillons que l’on rencontre parfois dans la région du Cap Blanc appartiennent à R. squa-
tina (L.) ou à R. africana Regan (Gruvel, Monod) ».
Fig. 2. — Squalina aculeata, A. Dum. Face dorsale.
. — Denticules différenciés de la rangée médiane (X 2) . — B. Disposition des denti-
cules différenciés devant la lre dorsale ( X 4). — C. Spiculé jnormal de la région dor-
sale ( X 80) . ,
L’emplacement des taches blanches est indiqué par les cercles en pointillé.
I
— 430 —
l’œil par rapport au spiracle ; la présence ou l’absence d’une « frange »
sur le bord oral de celui-ci, les proportions des pectorales, etc...
Dans sa description, Regan indique la coloration comme « bru-
nâtre, avec de nombreuses taches pâles couvertes de réticulations
brunes », et sa figure (PI. XXXVIÏI) montre nettement ces réti-
culations, qui n’existent pas chez S. oculata. Il ne faut évidemment
pas attacher à la coloration des Anges de Mer une importance
systématique qu’elle ne saurait avoir ; j’ai constaté (Budker,
1936 b) que, chez Squatina squatina [= Rhina squatina (L.)] la
teinte de la région dorsale pouvait varier de « jaune sable clair à
une couleur chamois foncé, relevée de bandes et de taches noi-
râtres » ; mais les taches blanches présentent un caractère plus
stable et peuvent, dans une diagnose, être prises en considération.
Quant à Squatina aculeata, A. Duméril, elle n’avait jamais été
signalée de la côte d’Afrique ; elle est donc nouvelle pour la faune
d’A. O. F. Cette espèce (que A. Duméril d’abord, puis Norman,
considèrent, à juste titre, comme identique à l’espèce méditerra-
néenne S. fimbriata M. et FI.) semble avoir une aire de répartition
très étendue. Le type, conservé au Muséum (Laboratoire d’Ichthyo-
logie, n° 1218) a été « envoyé de Marseille par d’ARQUiER », sans
autre indication d’origine. Un specimen de la même espèce (n° 1176)
est étiqueté comme provenant des Indes Orientales, et Aug. Dumé-
ril mentionne en outre « deux grands individus, l’un d’origine
inconnue, peut-être des côtes d’Amérique du Nord, l’autre rap-
porté, ainsi qu’une tête isolée, d’Algérie par M. Guichenot ».
Les Squatinidæ de la Côte d’Afrique pourront être distingués à
l’aide de la clef ci-dessous :
A. — Face ventrale garnie de denti curies, qui recouvrent également une
grande partie des pectorales et des ventrales.
* — Base de la pectorale contenue environ deux fois dans la longueur
totale de la nagdkirc. Spiculés non carénés. Spiracle plus grand que
l’œil Squatina squatina [ L.).
B. — Pas de denticules sur la face ventale. Pectorales et pelviennes
simplement bordées d’une marge étroite de denticules.
1. Une rangée médiane de gros spiculés différenciés sur la face dorsale.
Extrémité des ventrales atteignant la' base de la lre dorsale.
^ S. aculeata, A. Duméril 1865.
2. Pas de rangée médiane de gros denticules différenciés. Extrémité des
ventrales n’atteignant pas la base de la lre dorsale.
a) Spiracle plus petit que l’œil, ou au plus égal à celui-ci. Bord antérieur
du spiracle garni d’une frange dermo-épidermique. Base de la pectorale
contenue trois fois environ dans la longueur totale de la nageoire.
S. oculata, Bonaparte 1841.
b) Spiracle plus grand que l’œil. Pas de frange dermo-épidermique sur
Fig. 3. — Squatina aculeata, A. Dum. Face ventrale.
(Répartition des denticules sur les pectorales, les ventrales et la région caudale.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
28
le bord antérieur du spiraclë. Base de la pectorale égale aux 3/5 environ de
la longueur totale de la nageoire <S. africana, Regan 1908.
Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
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squatina et Squatina africana, p. 433 et « Appendice », pp. 553-
559).
— 433
Notules Ichthyologiques (suite).
Par Paul Chabanaud.
XXV. - — Sur la valeur taxonomique des caractères fondés sur
le nombre des rayons des nageoires, spécialement chez les Cyno-
glossidæ.
Nul n’ignore la valeur taxonomique que, depuis Linné, l’Ichthyo-
logie attribue au nombre de rayons dont se composent leè nageoires.
D’ordinaire, les diagnoses d’espèces ne font état que de la formule
de la notoptérygie (nageoire dorsale) et .que de celle de la proc-
toptérygie (nageoire anale). La formule de l’uroptérygie (nageoire
caudale) n’est que rarement invoquée; plus rarement encore celle
des omoptérygies (nageoires pectorales). Quant aux ischioptérygies
(nageoires ventrales), il n’y a lieu, dans ces diagnoses, de mention-
ner, sinon pour mémoire, leur composition en rayons que lorsque
celle -ci n’est pas devenue constante au sein de la famille entière,
ce qui est notamment le cas de la plupart des familles englobées
dans l’ancien ordre des Acanthoptérygiens.
De pratique généralement aisée, le dénombrement exact des
rayons d’une nageoire se heurte toutefois à de fréquentes difficultés,
engendrées par diverses circonstances, telles que l’élévation du
nombre de ces éléments du squelette externe, ou leur gracilité
qu’accompagne d’ordinaire un épaississement corrélatif çle la peau
qui les recouvre ( Gadoidea, Blennioidea , etc.) 1. Il s’en suit que
l’examen attentif du type d’une espèce précédemment décrite
révèle fréquemment l’inexactitude de la formule ptérygoméris-
tique attribuée à ce type 2. Souventes fois, l’incertitude qui pèse
1. Pour peu que l’on ait affaire à des individus raidis par l’eau'formolée, force est
parfois de mettre à nu les rayons, sur l’un des- deux côtés de la nageoire.
Dans les cas difficiles, le procédé auquel je crois bon d’avoir recours, parce qu’il
élimine autant que possible les riques d’erreur, consiste à faire usage d’une dizaine
d’épingles entomologiques, que l’on implante dans le corps même de l’animal ou dans
un liège subjacent, et au moyen desquelles les rayons de la nageoire à l’étude sont suc-
cessivement isolés individuellement ou par petits groupes. On note, en les addition-
nant au fur et à mesure, les nombres partiels ainsi obtenus. Il peut devenir nécessaire
de faire appel à la bonne volonté d’un aide technique, qui se charge d’inscrire les
données arithmétiques que l’opérateur peut alors dicter sans quitter l’objet des yeux.
2. De telles erreurs ne font pas nécessairement injure aux dons personnels de ceux
qui les ont commises ; elles sont presque toujours imputables à l’imperfection des
instruments d’optique utilisés par nos devanciers. Favorisés que nous sommes, sous
ce rapport, nous aurions fort mauvaise grâce à nous montrer sévères à l’égard des
naturalistes éminents qui, à coups de découvertes, ont édifié unè science que nos efforts
se bornent à étendre et à approfondir.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
, \ | , . ;
— 434 —
sur la morphologie d’une espèce résulte du fait que cette formule
inexacte n’est établie que d’après le seul holotype, l’examen des
paratypes, s’il en existe, ayant été négligé.
Particulièrement délicate s’avère la détermination de la formule
ptérygoméristique des Soléiformes de la famille des Cynoglossidae.
Privés d’omoptérygies et, sauf rare exception individuelle, d’is-
chioptérygie zénithale, les Cynoglossidae ne possèdent, en fait d’ar-
tioptérygies (nageoires paires), que leur seule ischioptérygie nadi-
rale, dont les 4 rayons (nombre habituel) s’insèrent sur le canthus
ventral du corps, dans le prolongement de la proctoptérygie. Cette
ischioptérygie est ordinairement reliée à là proctoptérygie par une
membrane connective (en réalité ischioptérigienne postradiaire),
aussi haute que les membranes interradiaires de l’une comme de
l’autre de ces 2 nageoires. Quant aux 3 périssoptérygies 1, elles
sont invariablement contiguës et l’union de ces 3 nageoires est si
intime qu’il devient extrêmement difficile de préciser le nombre
des rayons qui, privés de baséostey s’attachent directement aux
éléments du complexe squelèttique uroptérygiophore 2. Dans la
plupart des cas, aucune certitude ne peut être acquise à ce sujet,
à moins que d’avoir recours à une dissection partielle ou à un
examen radiographique 3.
Chez les Cynoglossidae , le nombre des rayons uroptérygiens n’ex-
cède généralement pas une dizaine ; peut-être même est-il parfois
inférieur à ce chiffre. De même que chez tous les autres Soléiformes
( Achiridae, Soleidae), ce nombre est pair, sauf anomalie individuelle.
Par contre, le nombre des autres rayons périssoptérygiens est très
élevé : celui des rayons notoptérygiens dépasse notablement la cen-
taine ; celui des rayons proctoptérygiens s’en approche ou même
la dépasse également.
Les rayons des périssoptérygies préterminales peuvent se recon-
naître à la présence du pli radial nadiral. D’ampleur plus ou moins
grande, chez les Soléiformes, qui, tous, s’en montrent poürvus, ce
pli dermal garnit, sinon la totalité, du moins la presque totalité
des rayons de ces 2 nageoires ; il fait défaut aux rayons uroptéry-
giens. Cependant, peu développé aux rayons initiaux de le notop-
térygie. le pli radial s’atténue aux derniers rayons notoptérygiens
et proctoptérygiens ; devenu alors difficilement discernable, l’in-
dice qu’il procure ne suffit pas toujours à lever tous les doutes.
Il va sans dire que chez les Cynoglossidae , tout rayon attribué à
A
1. J’ai proposé ailleurs le terme périssoptérygies pour désigner les 3 nageoires im-
paires. Considérées indépendamment de l’urotérygie, la notoptérygie et- la proctop-
térygie prises ensemble, répondent à l’expression périssoptérygies prëlerminales.
2. Cf. Buü. Soc. Zool. France, 62, 1937, p. 379, efî. 5.
3. Hormis celle des Cynoglossidae, il n’est aucune famille de Téléostéens dont l’étude
morphologique réclame plus impérieusement l’usage méthodique de la rœntgéno-
graphie ou xigraphie.
435
l’uroptérygie vient en déduction du nombre des rayons comptés à
l’une ou à l’autre des périssoptérygies préterminales et que, réci-
proquement, toute réduction apportée à la formule de l’uropté-
rygie enrichit d’autant d’unités celle de la notoptérygié ou celle
de la proctoptérygie.
Cette remarque nous fait entrevoir le moyen, sinon de vaincre
l’obstacle dressé à l’encontre des précisions cherchées, du moins
d’en atténuer les conséquences fâcheuses. Ce moyen consiste à ne
pas négliger le dénombrement des rayons présumés uroptérygiens.
Par une sage précaution dont l’abandon témoigne d’une absolue
méconnaissance de ce qu’elle recèle d’indispensable, divers des-
cripteurs ont pris soin jadis de se livrer au dénombrement complet
des rayons périssoptérygiens des Cynoglossidés qu’ils avaient
sous les yeux 1. Impuissante, sans examen anatomique, à nous
fixer sur la composition exacte de chaque nageoire impaire, cetfè
méthode offre du moins l’avantage de rendre plus aisée la compa-
raison entre les espèces voisines, comme entre les individus appar-
tenant à une même espèce. J1 suffit pour cela d’ajouter aux trois
énoncés d’usage celui du total des rayons périssoptérygiens.
Soit la formule D n. C n. A n’. Ajouter : total n -j- n -j- n” = N.
En attendant le jour où les Cynoglossidae auront été soumis à
une étude sérieuse, comportant la radiographie de tous les types
d’espèces et celle de la plupart des spécimens non disséqués, on
pourrait encore user d’une autre méthode qui consisterait à défal-
quer de ce total tin nombre constant de rayons, arbitrairement
attribué à l’uroptérygie. Ce nombre serait de 10 ( n — 10) pour
toutes les espèces des genres Cynoglossus et Paraplagusia, moins
élevé peut-être pour les formes actuellement classées dans le genre
Symphurus. Tout en facilitant la caractérisation de plus d’une
espèce, ce subterfuge permettrait d’entreprendre, pour chacune
d’elles, le calcul, sinon rigoureusement exact, du moins suffisam-
ment approché, de l’écart de variabilité individuelle du nombre
des rayons notoptérygiens, comme du nombre des rayons proctop-
térygiens ; ce que rend présentement impossible l’imprécision des
diagnoses.
XXVI. — Sur Cynoglossus solum Sauvage et Cynoglossus xiphoi-
deus Günther.
Cynoglossus solum Sauvage {Bull. Soc. Philom., 7, 1877-1878,
p. 95) a été décrit du Tonkin ; la capture des types a eu lieu dans
le Mé-Kong.
1. S’estimant incapables de distinguer les unes des autres les 3 nageoires- impaires des
petites espèces dont se compose, en majorité le genre Symphurus, plus d’un auteur se
sont contentés d’indiquer la somme de leurs rayons ; solution assez satisfaisante, dans
ce cas particulier.
.Cynoglossus xiphoideus Günther (Cat. Fish. Brit. Mus., 4, 1862,
p. 485) a été décrit du Siam.
La diagnose originale de Cynoglossus solum contient en subs-
tance ceci : D 110. A 88. V 4. S 160. On compte 21 ou 22 écailles
entre la ligne latérale médiane et la ligne latérale dorsale. La hau-
teur du corps est comprise « 5 fois et un tiers », la longueur de la
tête « 6 fois dans la longueur totale du corps ».
Delà diagnose de' Cynoglossus xiphoideus , on peut extraire ce
qui suit : D 120. A 98. V 4. S 135. Entre les deux mêmes lignes
latérales, 20 ou 21 écailles. Là hauteur est comprise 4 fois et deux
tiers, la longueur de la tête, 5 fois et demie dans la longueur du
corps (« total length »).
Pour les motifs dont l’exposé fait l’objet de ma Notule précé-
dente (v. s., p. 433), la valeur discriminative des caraçtères invo-
qués dans ces deux diagnoses apparaît des plus faible. Au surplus,
n’étant établies, l’une et l’autre, que d’après un seul spécimen, il
est permis de penser que les différences morphologiques qu’elles
indiquent pourraient ne concerner que de simples variations indi-
viduelles d’une seule et même espèce.
Tout en révélant plusieurs inexactitudes contenues dans le texte
de Sauvage, l’examen auquel j’ai procédé des 4 individus (holo-
type et paratypes) qui représentent Cynoglossus solum dans la col-
lection du Muséum National d’Histoire Naturelle me confirme
dans la pensée que cette prétendue espèce n’est pas séparable de
Cynoglossus xiphoideus. On en jugera d’après les descriptions qui
suivent. Toutefois, la certitude de cette conspécificité ne saurait
être acquise sans une nouvelle étude des types de Cynoglossus
xiphoideus.
Cynoglossus solum Sauvage.
Holotype. N° A. 5001. — Longueur totale 221 mm. Longueur
étalon 200 mm. Tête 40 mm. En centièmes de la longueur étalon :
tête 20 ; hauteur 20 ; uroptérygie 10. En centièmes de la longueur
de la tête : œil 5 ; espace interoculaire 10 ; distance comprise entre
le bord rostral de la tête et la commissure buccale 57 ; distance
comprise entre la commissure buccale et le bord libre de l’oper-
cule 42. D 115. A 92. C 10. Total D + A + C = 217. Y 4. S 152.
Paratype 1. N° A. 6424. — Longueur totale 117 mm. Longueur
étalon 1,02 mm. Tête 2"2 mm. En centièmes de la longueur étalon :
tête 21 ; hauteur 22 ; uroptérygie 14. En centièmes de la longueur
de la tête : œil 4 ; espace interoculaire 6 ; distance comprise éntre
le bord rostral de la tête et la commissure buccale 59 ; distance
comprise entre la commissure buccale et le bord libre de l’opercule
45. D 119. A 96. C 10. Total D + A + C = 225. V 4. S 114 + ?
Paratype 2. (Sans numéro de collection). — Longueur totale
120 + ? mm. Longueur étalon 106 mm. Tête 24 mm. En centièmes
de la longueur étalon : tête 22 ; hauteur 21 ; uroptérygie ? En cen-
tièmes de la longueur de la tête : œil 4 ; espace interoculaire 6 ; dis-
tance comprise entre le bord rostral de la tête et la commissure
buccale 56 ; distance comprise entre la commissure buccale et le
bord libre de l’opercule 41. D 116 ? A 92 ? G 10 (nombre théorique).
V 4. S 119 + ?
Paratype 3 (sans numéro de collection). — Longueur totale
86 + ? mm. Longueur étalon 76 mm. Tête 19,5 mm. En centièmes
de la longueur étalon : tête 20 ; hauteur 17 ; uroptérygie ? D 116.
A 92. C 10. Total D + A + C = 218. V 4. S 110 + ?
Le bord antérieur de la tête est assez étroitement arrondi. Les
yeux sont petits. L’espace interoculaire est beaucoup plus grand
que leur diamètre, chez le holotype, d’une largeur moins grande,
mais encore supérieure à ce diamètre, chez les paratypes 1 et 2,
égal à ce même diamètre chez le paratype 3, c’est-à-dire chez le
plus petit individu. Le bord postérieur de l’œil migrateur se trouve
à l’aplomb du bord antérieur ou de la moitié antérieure de l’œil
fixe. La commissure buccale est placée un peu en arrière de l’aplomb
du bord postérieur (apparent) de l’œil fixe ; elle est plus rappro-
chée du bord libre de l’opercule que du bord rostral de la tête. Le
processus préoral est long, unciforme ; son apex atteint l’aplomb
de la commissure buccale, chez les petits individus, dépassant
même quelque peu cet aplomb vers l’arrière, chez le holotype.
Il existe 2 narines sur chacune des deux faces de la tête. La
narine inhalante zénithale est percée à l’extrémité libre d’un tube
qui s’insère sur le bord du sillon circumbuccal, sous l’aplomb de
la moitié antérieure de l’œil migrateur ; la longueur de ce tube
égale à peine la distance approximative qui sépare sa base de l’œil
fixe. La narine exhalante zénithale est large ; elle s’ouvre librement,
en direction caudale, dans l’espace interoculaire, sous l’aplomb
du bord postérieur de l’œil migrateur et plus près de cet œil que de
l’œil fixe. La narine inhalante nadirale, très brièvement tubulée,
est percée un peu en avant de l’aplomb du milieu du rictus oris ;
la distance qui la sépare du sillon circumbuccal est un peu plus
courte que la moitié de la longueur apparente du rictus oris et
égale à la distance comprise entre les 2 narines. Beaucoup plus ample
que la narine inhalante, la narine exhalante nadirale s’ouvre libre-
ment, en direction caudale, un peu au-dessus du niveau de la narine
inhalante et un peu en avant de l’aplomb de la commissure buc-
cale.
Les lèvres ne sont nullement frangées.
L’ischioptérygie nadirale, seule présente, est reliée à la proc-
toptérygie par une membrane connective"aussi haute que la mem-
brane interradiaire de l’une comme de l’autre de ces deux nageoires.
L’espace interoculaire est entièrement revêtu de petites écailles.
Toutes les écailles des deux faces du corps sont cténoïdes.
Il existe 3 lignes latérales sur la face zénithale du corps, une
seule, sur la face nadirale. La ligne zénithale dorsale est séparée
de la ligne médiane par 22 séries longitudinales d’écailles.
L’anus est percé sur la face nadirale, contre la base du 1er rayon
proctoptérygien. La papille urinaire s’accole tout entière au côté
zénithal de ce rayon ; la longueur de la papille mesure;, au moins
le tiers de celle du rayon.
En alcool, la face zénithale est tout entière d’un fauve clair,
uniforme ; la face nadirale est encore plus claire, sans toutefois
que la teinte passe au blanc. t
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons) diTMuséum.
439 —
Pseudoscorpions nouveaux des collections du Muséum
national D’Histoire naturelle de paris.
4e NOTE.
Par Max Vachon.
Beierus aequatorialis n. sp.
Céphalothorax un peu plus long que large, fortement granulé
et parsemé sur les côtés de granulations plus grosses ; 2 sillons
transversaux profonds ; 2 taches oculaires ; poils (ainsi que ceux
des tergites) légèrement spatulés et dentelés, une douzaine envi-
ron compris entre la strie postérieure et le bout postérieur du cépha-
lothorax.
Tergites divisés, avec une moyenne de 7 soies marginales par
demi-tergite. Sternites divisés jusqu’à la plaque génitale posté-
rieure ; de 5 à 8 soies fixes et simples par demi-sternite ; opercule
génital (Ç) pourvu d’une dizaine de soies seulement ; plaque criblée
médiane impaire circulaire d’environ 35 [i.
Doigt fixe de la chélicère avec 5 soies : IS. LS, ES simples, plus
longues que B et SB légèrement dentelées ; une seule soie sous la
galea (fig. 4) ; celle-ci, simple avec de petites branches distales et
sub-distale ; une dent accessoire (lobe sub-apical) à la base de la
dent terminant le doigt mobile (fig. 4) ; 3 soies au flagelle dont
l’antérieure, seule, est dentelée.
Patte-mâchoire (fig. 1) fortement granulée ; fémur et tibia avec
de grosses granulations bien visibles aux bords interne et externe
des articles ; trochanter avec 2 tubercules bien formés dont le
ventral est muni d’une dent terminale assez forte ; fémur graduelle-
ment élargi mais à pédicule distinct cependant : 4.7 fois aussi
long que large ; tibia à pédicule bien délimité ; 3,6 fois aussi long
que large ; pince relativement renflée, globuleuse ; 3,3 fois seule-
ment aussi longue que large ; main 2,1 fois aussi longue que large ;
doigts plus courts que la main sans pédicule; main 1,4 fois aussi
longue que les doigts ; trichobothries (fig. 2), ist au même niveau
que est ; canal venimeux développé dans les deux doigts.
Pattes-marcheuses relativement trapues : fémur des pattes I
(Ç), 2,6 fois aussi long que large (fig. 6) ; pattes IV : fémur 2,9 fois,
tibia 4,3 fois, tarse 5 fois aussi longs que larges; pas de poil tac-
tile au tarse de toutes les pattes ; soie subterminale des tarses
simple et courbée ; griffes simples.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
• 440 —
Dimensions : corps $ : 3,2 mm. — céphalothorax : 0,85 mm. —
patte-mâchoire, fémur : 1,20-0,26 mm. ; tibia : 1,07 • — 0,29 mm. ;
main 1-0,58 mm. ; doigts : 0,71 mm.
Un spécimen Ç, type, du Gabon, collection du Muséum, N° 17.402.
3 4 5 6
Patte-mâchoire de B. æquatorialis Ç fig. 1 et trichobothries fig. 2. Extrémité distale
du doigt mobile de la chélicère de la Ç de B. W alliskewi fig. 3 et B. æquatorialis
fig. 4 ( X 450). Préfémur et fémur de la patte I chez B. W alliskewi fig. 5 et B. æqua-
torialis fig. 6 (X 60).
Remarques systématiques.
Le genre Beierus Chamberlin ne comprenait jusqu’à présent
qu’une seule espèce : B. walliskewi Eli. 1912, .à laquelle nous avons
rattaché une de nos espèces : Dactylochelifer Legrandi Vachon,
i
1939 h La nouvelle espèce æquatorialis , fort rapprochée de la pré-
cédente s’en distingue cependant de la manière suivante (Ç seule-
ment) :
ist nettement basal de est ; main au moins 2,7 fois, fémur des pattes 1
(fig. 5) 3,7 fois, fémur des pattes IY, 4 fois, aussi longs que larges.
walliskewi Eli.
Colonie du Cap.
ist à la hauteur de est ; mais 2,1 fois, fémur des pattes I (fig. 6) 2,6 fois,
fémur des pattes IV 2,9 fois, aussi longs que larges, ciequatorialis n. sp.
Congo français.
, Remarques bio géographiques. — .La seule espèce du genre Beierus
connue jusqu’à présent est commune dans la colonie du Cap et les
cavernes en particulier. La récolte d’une seconde espèce, fort voi-
sine, au voisinage de l’équateur augmente considérablement la
zone de dispersion de ce genre, jusqu’alors restreinte. Cela ne sau-
rait nous surprendre cependant : bien des exemples nous sont
maintenant connus chez les Pseudoscoipions et nous en avons déjà
parlé dans une précédente note 1 2. La sous-famille des Goniocher-
netinæ , bien représentée en Afrique du Sud, possède un genre con-
golais : M etagoniochernes Yachon 3. Le genre Horus, de la famille
des Olpiidæ , jusqu’alors cantonné en Afrique du Sud, nous a été
envoyé du Congo belge (voir note 2). de la Côte d’ivoire4 et du
Soudan français 5. Enfin, le genre Hansenius de la famille des Che-
liferidæ a de nombreux représentants en Afrique du Sud ; en 1937,
nous avons décrit une nouvelle espèce, originaire du Gabon 6 :
H. M illoti et que nous avons retrouvée au Cameroun à Likomba,
dans les gaines foliaires des palmiers à huile, 21-xi-1938 Dr H. Buhr
leg. .
Ainsi, la présence au Congo d’un genre sud-africain ne saurait
nous surprendre et donc est un exemple de plus de l’affinité fau-
nistique, en ce qui concerne les Pseudoscorpions tout au moins,
de l’Afrique équatoriale et occidentale et de l’Afrique du Sud.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
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2. Rev. Zool. Bot. Afric., XXXIII, 1940.
3. Bull. Mus. Hist. Nat. Paris, t. XI, 1939.
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Le rythme nycthéméral des larves dAeschnes.
Par R. Paulian et A. Serfaty.
Dans l’ouvrage général qu’il consacrait récemment à la Psy-
chologie Zoologique, H. Pieron a accordé un chapitre au rythme
nycthéméral et. montré l’intérêt que présente son étude. Chez les
Insectes, de tels rythmes n’ont été étudiés que rarement et selon
des méthodes très différentes. Leur étude a cependant permis de
préciser que chez des Coléoptères comme Photvnus ou Leptino-
tarsa et chez des Phasmes, le rythme observé est un rythme induit,
à persistance d’une durée parfois très faible.
Il était intéressant d’analyser ce rythme chez des Insectes domi-
nés par leur sens optique (Abbott, Baldus) et de rechercher si,
chez eux aussi, le rythme présentait une certaine persistance, dans
des conditions d’éclairement artificiellement fixes.
Les difficultés actuelles ne nous ont pas permis de pousser aussi
loin que nous l’aurions désiré, nos recherches ; mais les résultats
obtenus présentent déjà un certain intérêt.
Matériel et technique. - — - Nous avons utilisé des larves d’Odo-
nates Aeschna cyanea Müll. récoltées aux environs de Paris. Avant
toute expérience elles ont été conservées à jeun pendant une période
d’au moins quinze jours. Ainsi disparaissait l’action possible d’une
accoutumance à certaines heures de repas dont Shirley avait
établi la réalité chez les Rats. Les larves utilisées étaient âgées,
mais encore assez loin de l’état adulte. De l’observation de deux
graphiques relatifs à des sujets ayant présenté une mue très peu
de temps après les expériences, on peut conclure que la mue n’in-
tervient, dans le comportement général de ces larves, que pour en
réduire l’activité générale, sans modifier le rythme.
D’autre part les expériences ont été poursuivies à température
sensiblement constante : 20° à 24°, sensiblement fixe pendant le
cours de chaque expérience.
L’obligation de conserver les larves dans l’eau 1, ne nous a pas
permis d’utiliser un dispositif actographique comme celui que
1. On sait que, d’après Tillyard, les grosses larves d’Aeschnes peuvent vivre quel-
que temps en atmosphère humide et qu’il leur arrive de sortir volontairement de l’eau.
Mais employer des larves dans ces conditions risquait de fausser la signification des
expériences car cette migration hors de l’eau n’est pas un phénomène constant normal ;
elle doit correspondre à des conditions météorologiques spéciales.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
443 —
Chauvin a mis au point. Après des essais variés, nous nous sommes
arrêtés à un dispositif du type myographe. Une des extrémités
d’un fil de soie est collée au milieu du notum de la larve par une
goutte de collodion, l’autre est fixée à un myographe spécial très
sensible, que l’un de nous a déjà utilisé lors de certaines études
de physiologie comparée. Voici la description succinte de ce der-
nier 1 : un large bouchon est creusé d’une gouttière ; dans les bords
de celle-ci pivotent librement les extrémités d’un axe supportant
fixé en son centre un long et très léger style de paille. A l’extrémité
de ce style se trouve fixé le fil de soie.
Les déplacements du style provoqués par des mouvements même
très légers de l’animal, sont inscrits sur un cylindre enregistreur
faisant un tour complet en 24 heures. Il est bon d’utiliser un papier
légèrement noirci afin de réduire au maximum les frottements.
Un réglage minutieux de l’ensemble du dispositif est nécessaire,
si l’on désire obtenir un bon enregistrement. L’expérience sera
préparée au moins 24 heures à l’avance, afin de laisser l’animal se
reposer et s’adapter au récipient qui lui est offert. Un liège fixé au
fond du cristallisoir donne ainsi une surface peu glissante (voir
schéma de l’appareil).
Résultats
Le rythme en lui-même. • — Le tracé normal montre des variations
individuelles assez sensibles. Sur ce tracé les deux modes de loco-
s motion habituels à la larve sont aisés à distinguer. La marche
simple se traduit par de très faibles indentations, tandis que la
nage par propulsion rectale s’inscrit en hautes oscillations. En
nous limitant à ces dernières 2 nous pouvons établir que l’activité
normale est intense d’environ 6 h. à environ 21 h. ; lorsque la lune
n’éclaire que faiblement pendant la période nocturne l’activité s’y
trouve très faible. Au contraire, en pleine lune, la période active
est plus prolongée. Au matin la reprise d’activité est lente et rela-
tivement progressive. Parfois, de nuit, l’Insecte est sujet à
des déplacements de grande amplitude, mais ceux-ci sont en quel-
que sorte isolés et accidentels. Pendant la période diurne l’activité
totale est peu considérable. Un tracé ne donne guère qu’une cen-
taine de « propulsions » en 16 heures de temps. Et ces propulsions
ne se répartissent pas au hasard, elles montrent une très nette
tendance à se grouper par paquet de quatre ou cinq, voire dix ou
1. Pour la description détaillée de ce myographe : Voir le Traité de Jullien : Tra-
vaux pratiques de Physiologie et principes d’expérimentation. Paris, Librairie J.-B.
Baillière et fils, 1935.
2. Les tracés montrent au contraire que des déplacements de faible amplitude,
effectués à la marche, peuvent avoir lieu pendant la totalité des 24 heures.
— 444
vingt, séparés par des périodes de repos, révélant l’existence
d’un rythme élémentaire, rythme dont Pieron a donné un très
remarquable exemple chez les Poissons de profondeur. Cette pério-
dicité des « moments d’activité » est tout à fait indépendante des
conditions d’éclairement (graph. 2).
Les différences très sensibles relevées -dans le détail des rythmes
individuels, permettent"^’ établir que, selon les individus, il peut
exister des pauses, se situant de façon différente dans la journée ;
souvent ces pauses paraissent correspondre aux heures d’éclairage
maximum, le maximum d’activité au contraire, se situant dans
la soirée.
L'action de la lumière continue. - — Le rôle de la lumière lunaire
permettait de supposer qu’en réalisant un éclairage continu, cons-
tant, on verrait disparaître la période de repos nocturne. Or il n’en
est rien. Avec des éclairages assez intenses 1, absolument constants,
tels que celui fourni par une lampe électrique de 49 W. à 50 cm.,
on obtient bien une réduction de la durée de la période d’arrêt ;
celle-ci débute plus tard et s’achève plus tôt ; mais, malgré celà,
pendant environ 5 heures, l’animal demeure immobile. Cet éclai-
rage provoque en général un accroissement de l’amplitude des-
propulsions, avec une réduction de leur fréquence.
1. Les U. V. n’étaient pas émis par les lampes utilisées, mais, dans la nature, il est
peu vraisemblable qu’un dose sensible de ces rayons puissent traverser la couche d’eau
qui entoure l’Insecte.
— 445 —
Nous n’avons pu, de par les circonstances, établir si, au bout
d’un certain temps d’éclairage continu les périodes d’activité se
répartissaient uniformément sur les 24 heures, et, en -ce cas, quel
était le seuil de persistance du rythme normal.
L’action de l’obscurité continue. — - A l’obscurité continue l’ac-
tivité générale devient très faible (graph. 1). Il est cependant pos-
sible de retrouver encore, sur des individus conservés à l’obscurité
trois jours avant la mise en expérience, un rythme faible ; l’acti-
vité. se traduisant par une cinquantaine de propulsions, se loca-
lise dans le temps entre 9 heures et 24 heures De nuit, et au début
de la matinée, l’activité est nulle. Le rythme d’activité élémen-
taire prend une netteté particulière dans ce cas,, rendu plus évident
par la raréfaction des mouvements de grande amplitude.
Sur un sujet conservé une semaine à l’obscurité, l’activité de
propulsion s’annule complètement et l’activité générale se trouve
réduite à des déplacements des pattes, déplacements qui se répar-
tissent uniformément sur les 24 heures.
On pouvait se demander si l’excitation lumineuse responsable, en
dernière analyse, du rythme nycthéméral, était perçue unique-
ment par les yeux, ou s’il existait une sensibilité dermatoptique
plus ou moins diffuse. Etant donné l’importance de premier plan
présentée par la vision dans le comportement de ces larves, nous
penchions pour la première hypothèse. Or, des larves à yeux et à
ocelles vernis, sujets qui ne répondaient plus à un objet en mou-
vement dans leur champ de vision binoculaire, présentent encore,
après une douzaine jours, s’ils ont été conservés dans des con-
ditions naturelles, un rythme nycthéméral très net. Ce rythme ne
présente pas de différences essentielles avec le rythme d’un Insecte
normal. Des sujets aveuglés, conservés le même temps à l’obscu-
rité continue, n’ont plus d’activité rythmique.
En somme le rythme d’éclairement normal est indispensable à
la conservation du rythme d’activité, mais il est perçu par l’ensemble
du corps aussi bien que par les yeux.
Les inversions du rythme. Les essais de Mellamby lui ont
montré que, chez les Blattes, l’action de l’obscurité, qui déclenche
ici les mouvements, ne pouvait se faire sentir, aux heures normale-
ment éclairées, que si les heures obscures avaient été illuminées.
Avec les larves d’Aeschnes, les résultats obtenus sont exacte-
ment superposables.
Lorsque l’on prolonge la période normale d’éclairement on
observe une persistance du rythme d’activité (graph. 3).
Au contraire si l’on plonge un animal qui est au début de son
activité diurne, à l’obscurité, on raréfie ses mouvements pendant
le reste de la journée.
446
3
— 447
La mise du sujet à la lumière à la tombée de la nuit, achevant
en somme l’inversion du rythme d’éclairement, provoque une
reprise d’activité, d’intensité presque normale et qui se poursuit,
avec un rythme élémentaire sous-tendu pendant toute la période
d’éclairement.
En somme c’est l’action de l’éclairement pendant la période où
il détermine une activité : nuit chez les Blattes, jour chez les
Aeschnes, qui détermine le rythme. Celui-ci ne peut être rompu
que par une inversion portant sur cette période ou à la longue
par une persistance de conditions constantes.
Conclusions.
Les larves d ’Aeschna présentent, à jeun, à température constante, un
rythme d’activité nycthémérale très net.
Ce rythme dissocie les deux modes de déplacements : de jour la larve
nage plus qu’elle ne marche ; de nuit la larve ne fait que marcher.
Pendant les périodes d’activité les mouvements ne sont pas continus,,
mais suivent un rythme élémentaire.
Le rythme nycthéméral ainsi mis en évidence appartient au type de»
rythmes induits. Il a une persistance de quatre à six jours. ,
L’action rythmogène de la lumière n'est pas perçue par l’Insecte seule-
ment par ses yeux, mais aussi par l’intermédiaire d’une sensibilité derma-
toptique diffuse.
Pendant les périodes d’activité, un accroissement de l’intensité lumi-
neuse provoque un accroissement de la fréquence des mouvements, de
leur intensité, et, jusqu’à un certain point, de leur durée.
BIBLIOGRAPHIE
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kalisation der Libellen Aeschna cynea. Zeits. vergl. Physiol., 111,1926,
p. 475-505.
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leur importance pour l’étude du phototropisme. Bull. Soc. zool. Francey
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VIII, 1,1941, 255 p., figs.
Laboratoire de Physiologie comparée du Muséum
et de Biologie animale du P. C. B.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
29
— 448
Catalogue des Types de Gastéropodes marins, conservés
au Laboratoire de malacologie i
VI. — M.ITR1BÆ MARGINELUDÆ, ÜLIV1DÆ, CqLUMBEELIBÆ,
ET CONIDÆ.
Par E. Fischer-Piette et J. Beigbeder i.
FAMILLE MITRIDAE
Genre Latiromitra Locard 1897. Voir Mitra.
' ' \
Genre Mitra Lamarck 1799.
Mitra affinis Lesson 1842, Rev. zool. Soc. Cuvier., p. 142 (sans
figure).
Deux échantillons syntypes, long. 19,5 et 15 mm., étiquetés
par Lesson mais ne correspondant pas bien à la description. Pro-
venance : Iles Gambier.
Mitra anaïs Lesson 1842, Rev. zool. Soc. Cuvier., p. 412 (sans
figure).
Deux échantillons syntypes. Long. 31 et 25 mm. Provenance :
Iles Gambier.
Mitra aquitanica Locard 1890, Les Mitres des côtes françaises,
U Echange, Rev. Linnéenne , n° 62, p. 110 (sans figure).
Deux échantillons long. 34 et 31 mm. Provenance : St-Jean-
de-Luz. Cette espèce s’identifie à Mitra fusca Swainson.
Mitra bipeicata Hissa 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 242.
Trois échantillons. Long.. 21,13, 17 mm. Cette espèce a été repré-
sentée sur la plachne n° 4 inédite (voir Th. Monod, Inventaire
1. Suite des notes parues dans ce Bulletin, t. XV, pp. 203, 324 et 429, et t. XVI,
pp. 70 et 321. Pour la façon dont a- été conçu ce catalogue et pour le sens donné aux ,
mots holotype, syntype, paratype, voir t. XV, p. 203. Nous rappelons que ce
catalogue comporte l’identification des types de Savigny et de Risso.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 449 —
manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., Vil, 1931). Elle s’identifie
à Mitra ebenus Lamk.
Mitra Bourguignati Locard 1892, Coq. mar. côtes Fr., p. 48
(sans figure).
Cinq échantillons. Long. 32 à 19 mm. Provenances diverses.
Mitra congesta Locard 1886. Prodr. malac. fr., Catal. gén.
Moll, mar., p. 105 (sans figure).
Trois des échantillons de la collection Locard proviennent de
localités citées dans le texte : S^Tropez (1 éch., long. 17 mm.) et
Cannes (2 éçh. de 16 mm.).
Mitra conovula Quoy et Guimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool.,
Il, p. 655, pl. 45 bis, fig. 18-22.
Huit échantillons de la « variété » représentée fig. 22, dont deux
ont les dimensions de la figure (14 mm.). Les autres ont de 9 à
13 mm. Provenance : Yanikoro.
Mitra cornicula Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 242
(sans figure).
Deux échantillons. Long. 17 et 11 mm. Cette espèce s’identifie
à Mitra ebenus Lamk.
Mitra crymochara Mabille et Rochebrune 1885, Bull. Soc.
Philom, 7 s., IX, p. 102, et 1889, Miss. se. Cap Horn, VI, p. H.49,
pl. 3, fig. 1. .
La coquille figurée. Long. 17 mm.
Mitra Defrancei Payraudeau 1826, Catal. Ânnél. Moll. Corse,
p. 166, pl. 8, fig. 22. «
Dix paratypes, long. 19 à 15 mm. Provenance : Corse.
Mitra exilima Locard 1897, Exp. Travaill.-Talism., I, p. 152,
pl. 14. fig. 27-29.
Holotype. Long. 20 mm. Dragage n° 64 du Talisman. Et le type
de la variété minor, long. 16 mm., dragage n° 92 du Talisman.
Mitra exilis Locard 1890, Les Mitres des côtes françaises,
L'Echange , rev. linnéenne, n° 62, p. 110 (sans figure).
Nombreux échantillons. Long. 7,5 à 10 mm. Diverses provenances
méditerranéennes.
Mitra flammea Quoy et Gaimard 1832, Yoy. Astrolabe, Zool.,
II, p. 241, pl. 45 bis, fig. 23-25.
Holotype. Long. 21 mm. Provenance « Océanie ».
Mitra glabra Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 241
(sans figure).
Deux échantillons, 19,5 et 18 mm. Cette espèce a été figurée sur
la planche n° 4 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manuscrits
Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Elle s’identifie à Mitra cor-
nicula L.
— 450 —
Mitra gracilis Locard 1890, Les Mitres des côtes françaises,,
L'Echange, rev . linnéenne, n° 62, p. 109 (sans figure).
Sept échantillons. Long. 13 à 9 mm. Diverses provenances médi-
terranéennes.
Mitra inflata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 242
(sans figure).
Quatre échantillons. Long. 22, 18, 16,16 mm. Cette espèce a été
figurée sur la planche n° 4 inédite (voir Th. Monod, Inventaire
manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Elle s’identifie à
Mitra cornicula L.
Mitra littoralis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p; 243
(sans figure).
Deux échantillons, longs de 14 mm. Cette espèce s’identifie à
Mitra ebenus Lamk.
Mitra nigra Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe, Zool.,
t. II, p. 644, pl. 45, fig. 16-18.
Holotype. Long. 20 mm. Provenance : Nouvelle- Irlande.
Mitra nitens Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 241.
(sans figure).
Deux échantillons. Long. 13 et 12 mm. Cette espèce s’identifie
à Mitra corniculata L.
Mitra obliqua Lesson 1842, Rev. zool. Soc. Cuvier., p. 142
(sans figure).
Pjiratype. Long. 39 mm. Provenance : Iles Gambier.
Mitra pilcatuliformis Locard 1892, Coq. mar. côtes fr., p. 49"
(sans figure).
Plusieurs échantillons, dont deux des rivages français (Ajaccio,)
longs de 13 mm.
Mitra punctulata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 245 (sans figure).
Trois échantillons. Long. 18, 15 et 8 mm. Le texte correspond
à Mitra tricolor Gmel. ; le plus petit des échantillons est une M. Savi-
gnyi Payraudeau, au sens que Monterosato donne à cette espèce
(Notiz. conchiglie Civitavecchia, Ann. Mus. Genova, 1876-77,,
p. 425), et les deux grands spécimens sont des M. microzonias
Lairik. (exotiques) ; c’est aussi cette dernière espèce qui est repré-
sentée sur la planche n° 4 inédite (voir Th. Monod, Inventaire
manuscrits Risso, Arch. Mus., 6e s., VII, 1931).
Mitra Servaini Locard 1890, Les Mitres des côtes franf..
L'échange, rev. linnéenne, n° 62, p. 109 (sans figure).
Huit échantillons. Long. 23 à 18 mm. Diverses provenances
méditerranéennes.
— 451 —
Latiromitra specialis Locard 1897, Exp. Travaill.-Talism.,
3, p. 321, pl. 14, fig. 30-34.
Deux, échantillons syntypes. Long. 30 mm. Provenance : dra-
gage n° 40 du Travailleur.
Mitra •subpyramidella Locard 1892, Coq. mar. côtes fr., p. 48
(sans figure).
Dix-huit échantillons. Long. 20 à 11 mm. Diverses provenances
méditerranéennes.
Turbinella triplicata Risso, 1826, Hist. nat. Eur. mérid.,
IY, p. 212, pl. 8, fig. 110.
Holotype. Long. 8 mm. C’est un petit échantillon décoloré de
Mitra ebenus Lamk.
Mitra vanikorensis Quoy et Gaimard 1832, Voy. Astrolabe’
Zool., II, p. 649, pl. 45 bis, fig. 5-6.
Holotype. Long. 22,5 mm. Provenance : Vanikoro. Et deux
paratypes, 22 et 20 mm., même provenance.
Mitra virginalis Lesson 1842, Rev. zool. Soc. Cuvièr ., p. 143.
(sans figure).
Holotype. Long. 14 mm. Provenance : Taïti.
FAMILLE MARGINELLIDAE
Genre Extra Jousseaume 1894.
Extra extra Jousseaume 1894, Bull. Soc. Philom. Paris, p. 101
(sans figure).
Deux échantillons syntypes. Long. 1 mm. Provenance : Périm.
Genre Balanetta Jousseaume 1875. Voir Marginella.
Genre Canalispira Jousseaume 1875. Voir -Marginella.
Genre Egouena Jousseaume 1875. Voir Marginella.
Genre Gibberula Swainson 1840. Voir Marginella.
Genre Granula Jousseaume 1875. Voir Marginella.
Genre Persicula Schumacher 1817. Voir Marginella.
Genre Serrata Jousseaume 1875. Voir Marginella.
Genre Volutella Swainson 1820. Voir Marginella.
452 —
Genre Volvaria Lam&rck 1801. Voir Mar g india.
Genre Voîvarina Hinds 1844. Voir Marginella.
Genre Marginella Lamarck 1801.
Marginella amazona Bavay in Dautzenberg 1912, Miss. Gruvel,
Ann. Inst, ocêanogr., V, 3, p. 19, pl. 1, fig. 19-20.
Holotype. Long. 20 mm. Provenance : Cotonou.
Marginella ambigua Bavay in Dautzenberg 1912, Miss. Gru-
vel, Ann. Inst, ocêanogr., V, 3, p. 22, pl. 1, fig. 21-22.
Holotype. Long. 14 mm. Provenance : Rio de Oro.
Marginella Anna Jousseaume 1881, Bull. Soc. zool. Fr., p. 186
(sans figure).
Deux échantillons syntypes, long. 3,8 et 3,2 mm. Provenance
incertaine (Nossi-Bé selon la supposition de Jousseaume).
Gibberula asellina Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 80, pl. 7, fig. 6.
Holotype. Long. 5 mm. Provenance : Ile Maurice.
Marginella aurata Bavay in Dautzenberg 1912,, Miss. Gruvel,
Ann. Inst, ocêanogr., V, 3, p. 26, pl. 1, fig. 33-34.
Holotype. Long. 3 mm. Provenance : Mossamedes.
Marginella Bavayi Dautzenberg 19i0, Contr. faune Afr. occ.,
Actes Soc. Linn. Bordeaux, p. 37, pl. 1, fig. 21-22.
Holotype. Long. 8 mm. Provenance : Pointe Cansado.
Balanetta Baylei Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 106, pl. 8, fig. 5.
Holotype. Long. 12 mm.
Volvarina Bazini Jousseaume 1875, Rev , Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 61, pl. 7, fig. 3.
Holotype. Long. 5 mm.
Gibberula benguelensis Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool.,
Monogr. Marginelles, p. 82, pl. 8, fig. 8.
Quinze échantillons syntypes. Sept d’entre eux ont 7 à 7,5 mm.,
les autres sont plus petits. Provenance : Benguela.
Volvaria bireicata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 233 (sans figure).
Deux échantillons. Long. 5 et 4 mm. Ce sont des Persicula milia-
ria L.
Marginella bivittata Bavay in Dautzenberg 1912, Miss.
Gruvel, Ann. Inst, ocêanogr., V, 3, p. 23, pl. 1, fig. 23, 24.
— 453
Holotype. Long. 8 mm. Provenance : Praya Amelia.
Persicula bulbulina Locard 1897, Exp. TravailL-Talism.,
p. 125, pl. 5, fig. 1-3.
Holotype. Long. 16 mm. Provenance : dragage n° 67 du Talis-
man.
Volvarina Calameli Jousseaume 1872, Rev. Mag . Zool ., p. 202,
pl. 18, Fig. 3.
Six échantillons syntypes. Long. 8 à 6 mm. Provenance : Algérie.
Serrata caledonica Jousseaume 1877, Bull. Soc. Zool. Fr.,
p. 267, pl. 5, fig. 8-10.
Holotype. Long. 7 mm. Provenance : Nouvelle-Calédonie.
Marginella cernïta Locard 1897, Exp. Travaill.-Talism.,
p. 120, pl. 4, fig. 10-12.
Holotype. Long. 5,5 mm. Provenance : dragage n° 104 du Talis-
man.
Volvarina Cessaci Jousseaume 1881, Bull. Soc. Zool. Fr.T
p. 187 (sans figure).
Cinq échantillons syntypes ; quatre d’entre eux ont 11 mm., le
dernier, 9, Provenance Iles du Cap Vert.
Marginella Chaperi Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 14, pl. 7, fig. 1.
Holotype. Long. 7 mm.
Marginella Chudeaui Bavay in Dautzenherg 1910, Contr.
faune Malac. Afr. occ., Actes soc. linn. Bordeaux, p. 41, pl. 2, fig.
1,2.
Holotype. Long. 2 mm. Provenance : Pointe Cansado.
Marginella clandestinella Bavay 1913, Bull. Muséum Jfiist.
Nat., t. 19, p. 358 et p. 359, fig. 1 et 2.
Quatre échantillons marqués syntypes. Long. 1 mm. Prove-
nance : Bahia. Et plusieurs autres échantillons,, même provenance.
Margtnella Cleryi Petit 1836, Mag. Zool., cl. V, pl. 73.
Un échantillon marqué type, collection Petit, long. 18 mm.
Provenance : Sénégal.
Marginella columnella Bavay in Dautzenherg 1912, Miss.
Gruvel. Moll. mar.n Ann. Inst, occanogr., V, 3, p. 26, pl. 1, fig. 31,
32.
Holotype. Long. 3 mm. Provenance : Praya Amelia.
Persicula Crossei Vélain 1877, Arch. Zool. expér. gén., VI,
p. 190, pl. 3, fig. 5, 6.
Deux syntypes, long. 1,5 mm. Provenance : entre Saint-Paul et
Amsterdam.
/
— 454 —
Marginella crustata Locard 1897, Expéd. scient. Travaill.-
Talism., p. 116, pl. 4, fig. 7-9.
Deux syntypes, lbngs de 10 mm. L’un d’eux est brisé. Prove-
nance : dragage n° 83 du Talisman.
Marginella cumingiana Petit de la Saussaye 1841, Rev. zool.
Soc. Cuvier., p. 185 (sans figure).
Un échantillon marqué type, mais différant de la description
par ses dimensions (21 mm. au lieu de 24) et à d’autres points de
vue.
Marginella deliciosa Bavay in Dautzenberg 1912, Miss.
Gruvel, Moll, mar., Ann. Inst, océanogr., Y, p. 21, pl. 1, fig. 25-26.
Holotype. Long. 12 mm. Provenance : Pointe Cansado.
Marginella Dozei Mabille et Rochebrune 1889, Exp. sc. Cap
Horn, VI, H. p. 52, pl. 3, fig. 4.
La coquille figurée. Long. 18,3 mm. Provenance : entre Magellan
et La Malouine. Et un paratype, long. 17 mm.
Marginella gemmula Bavay in Dautzenberg 1912, Miss. Gru-
vel, Moll, mar., Ann. Inst, océanogr., Y, 3, p. 20, pl. 1, fig. 17-18.
Holotype. Long. 5 mm. Provenance : Praya Amelia.
Egouena gibbosa Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 50, pl. 8, fig. 6.
Six exemplaires de 11 à 12 mm., dont la coquille figurée, plus
large que les autres.
Marginella gloriosa Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool. Fr.,
p. 176, pl. 4, fig. 7.
Holotype. Long. 9,5 mm.
Marginella Gruveli Bavay in Dautzenberg 1912, Miss. Gru-
vel, Moll, mar., Ann. Inst, océanogr., V, 3, p. 24, pl. 1, fig. 29-30.
Holotype. Long. 6,5 mm. Provenance : Mossamedes.
Marginella Hahni Manille 1884, Bull. Soc. Malac. fr., I, fasc. 2,
p. 132, et 1889, Miss. sc. Cap Horn, VI, H, p. 51, pl. 3, fig. 3.
La coquille figurée. Long. 17 mm. Provenance : entre Magellan
et les îles Malouines. Et deux paratypes, long. 16 et 19 mm., même
provenance.
Marginella helmatina Rang 1829-1832, Magas. Zool., cl. V,
pl. 5.
Quatre échantillons de la collection Rang. Long. 21 ; 20 ; 18,5 ;
18 mm. Provenance : île du Prince.
Volvarina heterozona Jousseaume 1875, Rev. Magas. Zool.,
Monogr. Marginelles, p. 62, pl. 7, fig. 4.
Holotype. Long. 5 mm.
[Marginella Isseli Nevill 1875. Voir Marginella pygmæa
ïssel].
i
Marginella Joubini Bavay 1913, Bull. Mus. Hist. nat., XIX,
p. 482, pl. 20, fig. 3, 4.
Holotype. Long. 5 mm. Provenance : Bahia.
Marginella Jousseaumei Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-
Talism., p. 111, pl. 3, fig. 25-28.
Deux syntypes. Long. 38 et 34,5 mm. Provenance : Cap Vert.
Marginella Kieneriana Petit 1837, Magas. Zool., cl. V, pl. 112.
Holotype. Long.. 12 mm. Provenance : Guayra.
Egouena læta Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 44, pl. 8, fig. 2.
Holotype, long. 12 mm. ; et un autre échantillon, de 14 mm.
Provenance : Sénégal.
Marginella lævilabris Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool.,
Monogr, Marginelles, p. 21 (sans figure).
Deux syntypes. Long. 20,2 et 19,2 mm.
Marginella Lantzi Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool.,, Monogr.
Marginelles, p. 15, pl. 7, fig. 5.
Deux syntypes. Long. 4 mm. Provenance : île Bourbon.
Marginella Louisæ Bavay 1913, Bull. Mus. Hist. Nat., t. 19,
p. 297 (figure).
Quatre syntypes. Long. 2 mm. 25 à 2 mm. Provenance : La
Réunion.
Marginella Lucani Jousseaume 1884, Bull. Soc. Zool. Fr.,
p. 175, pl. 4, fig. 8.
Holotype. Long. 11,5 mm. Provenance : Mayumba.
Persicula lucens Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-Talism.,
p. 123, pl. 4, fig. 16-18.
Un échantillon, étiqueté comme étant la coquille figurée, mais
qui mesure 17,5 mm. au lieu de 14 mm. Provenance : dragage n° 90
du Talisman.
Gibbertjla Luciæ Jousseaume 1876, Bull. Soc. Zool. Fr., p. 269,
pl. 5, fig. 11-13.
Trois coquilles syntypes. Long. 3 mm. Provenance : Ste- Lucie
(I. du Câp Vert).
Marginella lutea Jousseaume 1884, Bull. Soc. Zool. Fr., p. 177,
pl. 4, fig. 6.
Holotype. Long. 6 mm.
Marginella marocana Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-
Talism., p. 114, pl. 3, fig. 29-31.
Deux échantillons syntypes, longs de 20 mm. Provenaiice : dra-
gage n° 44 du Talisman.
— 456 —
Volvarina mexicana Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, ,p. 60, pl. 8, fig. 9.
Holotype. Long. 7 mm. Provenance : Mexique.
Volutella minuscula Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-Talism.,.
p. 127, pl. 21 fig. 6-8.
Holotype. Long. 2 mm. Provenance : Maroc.
Volutella mitrella Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,.
p. 250, pl. 10, fig. 143.
Six échantillons, ayant tous 8 mm. Cette espèce s’identifie à
Marginella secalina Philippi 1836. Le nom donné par Risso a la
priorité, et l’espèce doit donc être appelée : Marginella mitrella
Risso.
Canalispira olivellæformis Jousseaume 1875, Rev. Mag.
Zool., Monogr. Marginelles, p. 107, pl. 7, fig. 8.
Holotype. Long. 4,3 mm.
Serrata Osteri Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 69, pl. 7, fig. 7.
Holotype. Long, 3,8 mm.
Marginella pallata Bavay in Dautzenberg 1912, Miss. Gruvel,
Moll, mar., Ann. Inst, océanogr V, 3, p. 24, pl. 1, fig. 24-28.
Holotype. Long. 5,5 mm. Provenance : Praya Amelia.
Marginella parvula Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-Talism.,
p. 117, pl. IV, fig. 4-6.
Holotype. Long. 10 mm. Provenance : dragage n° 92 du Talis-
man. Et le type de la var. elongata, long. 11 mm., dragage n° 90 du
Talisman.
Volutella parvulina Locard 1897, Exp, sc. Travaill.-Talism.,.
p. 126, pl. 21, fig. 3-5. '
Holotype. Long. 2,2 mm. Provenance : dragage n° 41 du Tra-
vailleur. Et le type de la var. curta, long. 2,1 mm., même prove-
nance.
Persicula polyodonta Vélain 1876, C. R. Ac. Sc. 24 juillet, et
1877, Arch. Zool. expêrim. et gên., VI, p. 108. pl. 3, fig. 1, 2.
Holotype. Long. 2.9 mm. Provenance : Ile Saint-Paul.
Granula pulvis Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr-
Marginelles, p. 86, pl. 7, fig.. 2.
Holotype. Long. 1,3 mm. Et trois paratypes, plus petits. Prove-
nance : Ile Bourbon.
Marginella pygmæa Issel ( non Sowerby) 1869, Malacologie
Mar Rosso, p. 116.
Espèce basée sur la fig. 26 de la planche 6 de Savigny, Descript.
de l’Egypte, et sur un individu de Suez étudié par Issel. La collec-
tion Savigny renferme 4 exemplaires, longueur 1,4 à 1 mm. Cette
— 457 —
espèce a été retrouvée en abondance devant les côtes de Perse et
ré-étudiée par Nevill (1875, Journ. Asiat. Soc. of Bengal , vol. 44,
part. II, p. 95), qui a substitué au nom pygmeea, pré-occupé, l’ap-
pellation Marginella Isseli Nevill. De très nombreux exemplaires
de cette Marginelle ont été rapportés de Périm par J. de Morgan
(coll. du Muséum). Cette espèce doit peut-être, en définitive, être
appelée Marginella Mariei Crosse 1867 (voir Bavay 1917, J. de
>Conchyl., p. 99 et Pallary 1926, Explic, planches Savigny, p. 94).
Marginella quadripunctata Locard 1897, Exp. sc. Travail!. -
Talism., p. 119, pi. 5, fig. 7-9.
Holotype. Long. 11 mm. Provenance ; dragage n° 109 du Talis-
man. Et deux paratypes, long. 12 mm., même provenance.
Persicula saharica Locard 1897, Exp. Travaill.-Talism.,
p. 122, pl. 4, fig. 13-15.
Holotype. Long. 18 mm. Provenance : dragage n° 92 du Talis-
man.
Marginella scalaris Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Mo-
nogr. Marginelles, p. 26, pl, 7, fig. 9.
Deux échantillons, dont l’un est probablement holotype (long.
5 mm.) ; l’autre paratype (4 mm.). Provenance : Brésil.
Serrata scintilla Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles (sans figure).
Un exemplaire, ayant les dimensions de l’holotype, mais éti-
queté de l’ Ile Maurice par Jousseaume, alors que d’après le texte
de cet auteur l’habitat est inconnu.
Marginella Serrei Bavay 1913, Bull. Mus. Hist. Nat., XIX,
p. 359, et p. 360, fig. 3.
Cinq échantillons syntypes. Long. 6 à 5 mm. Provenance : Bahia.
Et plusieurs paratypes.
Vo'lvaria septemplicata Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 234 (sans figuré).
Quatre échantillons. Long. 4 à 5 mm. Cette espèce a été figurée
sur la planche n° 34 inédite (voir Th. Monod, Inventaire manus-
crits Risso, Nouv. arch. Mus., 6e s., VII, 1931). Elle s’identifie à
Persicula miliaria L.
Granula spiriplana Jousseaume 1882, Bull. Soc. Zôol. Fr.,
p. 310 (sans figure).
Holotype. Long. 1,7 mm.
Marginella sueziensis Issel 1869, Malacologia Mar Rosso,
p. 115.
Espèce basée sur la figure 17 de la planche 6 de Savigny (Des-
cript. de l’Egypte), et sur les récoltes étudiées par Issel. La col-
lection Savigny renferme 6 exemplaires. Long. 2 à 3 mm. L’exem-
— 458
plaire de 3 mm. est celui qui a été figuré : sa spire se termine par
un « petit mamelon » que Pallary (1926, Explic. planches Savi-
gny, Mém. Inst. Egypte, XI, p. 91) dit n’avoir pas observé dans
les 500 specimens de Suez étudiés par lui. Le Muséum possède
plusieurs dizaines d’échantillons de cette espèce (récoltés par
Jousseaume), et chez beaucoup d’entre eux le sommet est indi-
vidualisé en un petit mamelon. ,
Bullata Verreauxi Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Monogr.
Marginelles, p. 88, pl. 8, fig. .3.
Cinq individus, dont deux ont la longueur mentionnée (12 mm.),
les autres ont 11 mm. Provenance : Ceylan.
Marginella Vimonti Jousseaume 1875, Rev. Mag. Zool., Mo-
nogr. Marginelles, p. 23.
Espèce fondée sur une figure de Sowerby, et sur la collection
Jousseaume. Un individu, long, 19,3 mm.
FAMILLE OLIVIDAE
Genre Oliva Bruguière 1789.
Oliva dolicha Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-Talism., I,
p. 107, pl. 5. fig. 10-12.
Holotype. Long. 24 mm. Provenance : Cap Vert.
Oliva Lamberti Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool. Fr., p. 180
(sans figure).
Trois échantillons syntypes. Long, (du sommet à l’extrémité du
labre) : 75, 58, 57 mm. Provenance : Nouvelle-Calédonie.
Oliva figurée par Sa vigny 1826, Descript. Egypte, pl. 6, fig. 23.
Cette Oliva n’a pu être identifiée par aucun des trois auteurs
(Audouin 1829, Issel 1865, Pallary 1926) qui ont procédé à
l’étude des planches de Savigny. Ayant pu examiner l’échantillon
et non plus seulement sa figure, nous l’identifions à Oliva bulbosa
Rôding var. inflata Lamk. C’est un spécimen très usé, long de
20 mm. Sa coloration est inverse de ce que laissait croire la figure :
l’échantillon n’est pas orné de ponctuations blanches comme le
croyait Dautzenberg (voir Pallary), mais de taches fauve- foncé
sur fond plus clair.
— 459
Genre Dactylidia H. et A. Adams 1853. Voir Olivella.
Genre Olivella Swainson 1831.
Dactylidia Petiti Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool. Fr., p. 179^
pl. 4, fig. 9.
Holotype. Long. 19 mm, Provenance : Mayumba (Congo). Et un
paratype, long. 21 mm., même provenance.
Genre Ancillaria Lamarck 1811. Voir Ancilla.
Genre Ancilla Lamk. 1799.
Ancillaria djiboutina Jousseaume 1894, Bull. Soc. philom.y
p. 104 (sans figure).
Dix échantillons syntypes, long. 23 à 29 mm. ; cinq d’entre eux
ont 26 mm., dimension mentionnée dans le texte. Provenance r
Djibouti.
FAMILLE COLUMBELLIDAE
Genre Atilia H. et A. Adams 1853. Voir Columbella.
Genre Mitrella Risso 1826. Voir Columbella.
Genre Pyrene Rôding 1798. Voir Columbella.
Genre Strombina Môrch 1852. Voir Columbella.
Genre Columbella Lamarck 1799.
Columbella affinis Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,.
p. 205 (sans figure).
460
* Trois exemplaires. Long. 15 mm. (holotype), 13 mm., 13 mm.
Cette espèce s’identifie à Columbella mercatoria L., qui habite, non
la Méditerranée, mais la Mer des Antilles.
Columbella bubakensis Lamy 1923, Camp. Sylvana, C. R.
Congr. Soc. sav. 1922, Sciences, p. 34, figure.
Holotype. Long. 7.5 mm. Provenance : Iles Bissagos.
Pyrene eustomus Jousseaume 1876, Bull. Soc. zool. Fr., p. 266,
pl. 5, fig. 3-4.
Holotype. Long. 15 mm. ; et un paratype de 11 mm., mentionné
p. 267.
Atilia Fauroti Jousseaume 1888, Mém. Soc. zool. Fr., p. 177
(sans figure).
Cinq échantillons syntypes. Longueurs : deux de 14 mm., trois
de 13 mm. Provenance : Qbock.
Mitrella flaminea Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid., IV,
p. 248, pl. 10, fig. 144.
Deux échantillons de Î3 mm. Cette espèce s’identifie à Colum-
bella scripta L.
Columbella fustigata Kiener 1841, Spec. coq. viv., IX, p. 20,
pl. 5, fig. 3.
Holotype. Long. 16 mm. Provenance : Iles Saintes. Et six para-
types, long. 17, 16, 15, 15, 15; 11 mm., même provenance.
Columbella gualteriana Risso 1826, Hist. nat. Eur. mérid.,
IV, p. 206 (sans figure).
Deux coquilles. Long. 18 mm. (holotype) et 17 mm. Cette espèce
s’identifie à Columbella rustica L.
Columbella lanceolata Loeard 1886, Prodr. Malac. fr., Catal.
gén. Moll, mar., p. 102.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collec-
tion Locard. Cinq des échantillons de cette collection (mesurant
de 13 à 14 mm.) sont de Saint-Tropez, localité citée dans le texte.
Columbella ftiTiDULiNA Locard 1897, Exp. sc. Travaill.-
Talism., p. 143, pl, 14, fig. 10-13v
Holotype. Long. 11 mm. Provenance : dragage n° 76 du Talis-
man ; et un paratype, long. 11 mm., dragage n° 40 du Talisman.
Columbella procera Locard 1886, Prodr. Malac. fr., Catal.
gén. Moll, mar., p. 101.
Espèce fondée sur les figures d’autres auteurs, et sur la coll.
Locard. Trois des échantillons de cette collection sont de localités
citées dans le texte : La Seyne (2 indiv., 21 et 19 mm.) et Cannes
(1 indiv., 20 mm.).
Strombina Terquemi Jousseaume 1876, Bull. Soc. zool. Fr.,
p. 265, pl. 5, fig. 1. 2.
Deux échantillons de 19,5 mm., étiquetés par Jousseaume.
FAMILLE CONIDAE
Genre Cylindrus Montfort 1810. Voir Conus.
Genre Conus Linné 1758.
Conus Bayani Jousseaume 1872, Rev. zool., XXÏII (2), p. 200,
pl. 18, fig. 1.
Holotype. Long. 51 mm.
Conus galloprovincialis Lôcard 1886, Prodr. malac. fr.. Catal.
Moll, mar., p. 100.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la coll.
Locard. Sept des échantillons de cette collection proviennent de
localités citées dans le texte : Marseille (3 individ., 20, 20 et 18 mm.),
Saint-Tropez (1 indiv., 30 mm.), Saint-Raphaël (3 indiv., 28, 27 et
27 mm.).
Cylindrus Gillei Jousseaume 1884, Bull. Soc. zool., Fr., p. 190
pl. 4, fig. 1, 2.
Les deux syntypes figurés. Long. 62 et 61 mm.
Conus Henoquei Bernardi 1860, Journ. de Conchyl., VIII,
p. 380, pl. 13, fig. 4.
Holotype. Long. 38 mm.
Conus lineolatus Valenciennes 1831, Voy. Humboldt, p. 336
(sans figure).
Un individu, marqué « type », mais long de 63 mm. au lieu de 34.
Provenance : Acapulco.
Conus Mariei Jousseaume 1899, Le Naturaliste, XXI, p. 8,
figure.
Holotype. Long. 47 mm.
Conus Mazei Deshayes 1874, Journ. de Conchyl., XXII, p. 64,
pl. 1, fig. 1.
Holotype. Long. 58 mm. Provenance : La Martinique.
462 —
Conus Milne-Edwardsi Jousseaume 1894, Bull. Soc. Philom.,
p. 99 ; figuré en 1921, Mém. Soc. zool. Fr., t. 28, pl. 3, fig. 3.
Holotype. Long. 46 mm. Provenance : Aden.
Conus , Rollandi Bernardi 1860, Journ. de Conchyl., VIII»
p. 332.
Holotype. Long. 33,5 mm.
Conus submediterraneus Locard 1886, Prodr. malac. fr.,
Catal. Moll, mar., p. 99.
Espèce fondée sur des figures d’autres auteurs, et sur la collect.
Locard. Six des échantillons de cette collection proviennent de
localités citées dans le texte : Roussillon (2 indiv., 14 et 12 mm.)
et Saint-Tropez (4 indiv., 30, 25, 25,25 mm.).
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
(A suivre.)
— 463 —
Contribution à l'étude des Unionidæ de l’Afrique du Nord .
Par J.-M. Pérès.
Dans le plan général de rangement des collections du laboratoire-
de Malacologie du Muséum m’est échu, comme première tâche, le
rangement de la collection d ’ Unionidæ, qui est extrêmement riche.
J’ai profité de cette occasion pour effectuer la détermination des
échantillons de ce groupe que j’avais recueillis au cours de ma
mission au Maroc en 1937-38 et pour faire un essai de révision des.
Unionidæ Nord-Africains.
L’étude des Unionidæ autres que les espèces Nord-américaines,
et, en particulier, celle des Unionidæ d’Europe est une des plus
rebutantes qui soit, et l’on n’en doit admirer que plus le travail
incomparable et combien utile accompli par Germain pour l’éla-
boration de sa Faune de France (5).
J’ai voulu simplement dans ce travail apporter une modeste
contribution à la tâche immense de mise en ordre des Unionidæ
et en particulier du genre Unio. Les malacologistes pulvérisateurs
d’espèces ont rendu l’étude de ce groupe à peu près impossible, et
ce n’est que quand bon nombre de petites études régionales comme
celle que je présente aujourd’hui auront vu le jour qu’on pourra
envisager une révision raisonnable du genre Unio et des Unio-
nidæ en général, révision dans laquelle l’espèce sera considérée
d’une manière assez large pour tenir compte du remarquable poly-
morphisme de ces animaux.
Genre MARGARITANA
Margaritana Marocana Pallary.
Cette espèce créée en 1918 (11) a été longuement décrite, dis-
cutée et figurée par Pallary en 1920 (13). D’après lui elle est
intermédiaire entre M. elongata Lmk. et M. sinuata Lmk, que
Germain fait tomber en synonymie respectivement de M. marga-
ritifera L. et de M. auricularia Spengler. Les principales différences
entre ces deux espèces sont \es suivantes : 1° Le bord ventral, sou-
vent rectiligne chez M. margaritifera, est toujours plus ou moins
sinueux, et en général très concave chez M. auricularia. 2° La
charnière est dépourvue de dents latérales chez M. margaritifera ,
alors qu’elle en possède chez M. auricularia.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
30
Bien que Pallary estime que l’espèce marocaine soit plus proche
de M. elongata Lmk. que de M. sinuata Lmk., j’estime que ce
rapprochement, basé sans doute sur la forme du bord ventral qui
est en effet assez peu sinueux chez M. marocana, et sur le test qui
est relativement peu épais comme chez margaritifera alors que
celui d 'auricularia est très pesant, n’est pas suffisamment justifié ;
je rangerai plutôt M. marocana Plry. dans le groupe de M. auri-
cularia car je crois qu’il faut accorder plus de crédit aux carac-
tères tirés de la charnière qu’à ceux tirés de la forme générale de
la coquille.
J’estime, par ailleurs, que l’espèce M. marocana doit être con-
servée car elle est facile à distinguer de M. auricularia par ses valves
beaucoup moins épaisses, sa taille toujours inférieure, son bord
ventral beaucoup moins sinueux, ^et surtout par ses dents latérales
beaucoup mieux individualisées, plus hautes et plus comprimées.
Pallary signale cette espèce de l’O. Fès (près de Fès) où je n’ai
pas pu la retrouver. "En revanche j’en ai recueilli plusieurs valves
dans FO. Smento (St. 204) en forêt de Mamora au nord de Rabat.
D’autre part, les collections du Muséum de Paris possèdent deux
échantillons très frais provenant de l’O. Sebou, qui passe près de
Fès, et inexactement déterminés Unio Micelii Kobelt (c'f. plus
loin), échantillons qui se rapportent indiscutablement à M. maro-
cana Plry. L’ un d’eux a la nacre d’un blanc bleuté et l’autre d’un
beau .rose violacé, couleurs qui sont précisément signalées par
Pallary pour M. marocana ,
Margaritana redomica Plry. (15). Je fais tomber en synonymie
de l’espèce M. marocana Plry. cette forme décrite par Pallary
en 1927 pour des échantillons moins allongés et plus comprimés
que le type. J’ai moi-même recueilli dans l’O. Tiflet une valve
gauche, que j’attribue à M. redomica, qui a confirmé mes vues.
Etant donné qu’on fait tomber en synonymie, à juste titre, la
M. Michaudi Loc. créée pour les exemplaires peu allongés de M.
margaritifera , on doit 'également 'faire tomber en synonymie la
M. redomica créée pour désigner les exemplaires peu allongés de
M. marocana Plry. ‘
Margaritana Derrtaica Pallary.
Je conserve nette espèce de Pallary (1-6), au moins provisoire-
ment, car je crois qu’on ne pourra statuer sur .sa validité qu’avec
un lot .important d’échantillons .en mains, et je n’en ai récolté dans
l’Q. .Derna que deux exemplaires en mauvais état qui sont insuf-
fisants pour trancher ,1a question.
Gette espèce présente ,à la fois des caractères de M. marocana
et de M. a ur icular ia. JJe. la première elle se, rapproche par sandiord
ventral peu -sinueux et les proportions, mesurées sur un de mes
i • -, 'Longueur L . . _ 0
exemplaires qui donnent .un rapport — — — avoisinant 2,2 ;
■Hauteur - H
de la seconde elle se rapproche par sa coquille très pesante et par
les proportions données par Pallary dans sa diagnose et qui don-
nent un rapport
L
H
de l’ordre de 2. Bans le doute je. conserve l’espèce
qui, si elle n’est pas valable, ne peut tomber . en synonymie que de
M. marocafia Plry. ou de M. auricularia Spengler.
A propos de cette forme, je signalerai une erreur qui s’est glissée
dans la discussion que fait Pallary de la valeur de cette espèce.
Il considère en effet le M. .sinuata Lmk. comme synonyme de 'M.
margarilifera, ce qui est inexact, puisque M. sinuata est préci-
sément synonyme de M. auricularia qui diffère de M. margari-
tifera par la présence de dents latérales qui manquent à cette der-
nière espèce.
Genre PSILUNIO
JPsilunio littoralis Cuvier.
Cette espèce, « assez polymorphe . quant à la forme générale qui
peut présenter des modes très divers » (5), est particulièrement
abondante en Afrique du Nord où elle a été mentionnée sous son
nom de Psilunio (Rhombunio) littoralis Cuvier et aussi, fréquem-
ment, sous celui d 'Unio rhomboideus Moq. Tand... Son polymor-
phisme et son abondance ont donné lieu à la création de plusieurs
prétendues espèces qui ne peuvent être conservées et doivent tom-
ber en synonymie.
U. Fellmanni Deshayes. Cette espèce a été figurée par Deshayes
(4) ruais non décrite. Bourglioxat (2) l’avait déjà fait tomber
en synonymie de U. rhomboideus, dont il en faisait, imité en cela
par Pallary (14), une variété. Les échantillons déterminés "U. Fell-
munni sont en général assez .comprimés, mais il n’y a pas lieu, à
mon avis, de .conserver une variété .distincte.
Contrairement à l’opinion de Bgurguigxat cette variété n’est
pas spéciale à la province de. Constantine, les collections du Muséum
de Paris en possédant des exemplaires originaires de Tanger et de
;1’Q. Kseb près de Mogado?.
Unio Ksibianus Mousson (.9). Les collections du Muséum pos-
sèdent plusieurs échantillons de .cette forme que Pallary (14) a
reconnue être synonyme de U. rhomboideus c’est-à-dire de notre
Psilunio littoralis Cuvier, opinion „à laquelle je me .range entière-
ment.
Unio Johji Bgt. (19, IL 2. PI. XLT, f. 256). Les collections du
— 466
Muséum possèdent trois exemplaires de cette espèce, un sans indi-
cation de lieu et deux portant comme indication d’origine : « ... de
la plaine à 8 lieues d’Alger ». Cette forme, qui est indubitablement
synonyme de Ps. littoralis Cuvier, est remarquable par ses stries
d’accroissement très fines, très serrées, et peu marquées et par son
épiderme « soyeux ».
Unio Mac Carthianus Bgt. (19. II. 2. P. XXXIII, fig. 229 et
3. I. PI. 34). Deux exemplaires de cette espèce originaires de La
Calle près de Bône, figurent dans les collections du Muséum. Elle
doit être rapportée à Ps. littoralis dont elle n’est qu’une petite
forme à épiderme brun rougeâtre.
Unio Marteli Plry. (13). Je n’ai pas eu à ma disposition d’échan-
tillons de cette forme que Pallary dit être caractérisée par sa
forme tronquée. Mais d’après les figures qu’il en donne et d’après
ce que nous savons de la variabilité de Ps. littoralis , j’estime que
cette forme ne mérite pas le rang d’espèce que Germain (5) refuse
avec raison à l’ U. subtruncatus Michaud et à l’ U. Draparnaldi
Deghayes qui sont les formes tronquées du Ps. littoralis dans les.
eaux douces de France.
Unio mauritanicus Bgt. (3. T. I. PL 35, fig. 1-6 et 19. II. 2..
PL XXXIII. fig. 230). Je ne mentionne cette forme que pour sou-
ligner après Kobelt et Pallary qu’elle n’est qu’une forme locale
de Ps. littoralis.
Unio rhombo'ideus Moq. — Tand. var. Bucheti Plry. Cette variété
a été créée par Pallary (10-14) pour désigner une forme extrême
de la tendance à l’allongement des exemplaires de Ps. littoralis
provenant de l’O. Kseb (O. Ida) près de Mogador.
D’après Pallary la longueur atteint 71 mm. pour une hauteur
de 43 mm. ce qui donne un rapport ^ de 1,65. Or il existe en France
une forme allongée de Ps. littoralis : la forme rathymus Bgt. pour
laquelle le rapport mesuré sur les échantillons des collections du
H
Muséum varie de 1,71 à 1,87 avec une moyenne de 1,8 ce qui cor-
respond à une forme beaucoup plus allongée. Or Germain n’a pas.
cru devoir pour cette forme créer de variété spéciale ; je crois par
conséquent qu’il n’y a pas lieu de maintenir la variété Bucheti
Plry. pour laquelle l’allongement est moins net que pour la formp
rathymus des eaux douces de France et que les exemplaires ainsi
déterminés doivent être considérés comme appartenant purement
et simplement au Ps. littoralis Cuvier.
Psilunio (Rhombunio) asananus Pallary.
Je conserve provisoirement cette espèce de Pallary (16) dont
— 467 —
les collections du Muséum ne possèdent pas d’exemplaires. C’est
une forme assez allongée à charnière très robuste et de grande
taille (Pallary donne pour le type : Longueur 85 mm., Hauteur
49 mm., Epaisseur 34 mm., dimensions qui dépassent largement
celles des plus grands exemplaires de Ps. littoralis des collections
du Muséum, bien qu’elles restent dans des limites maxima indi-
quées par Germain (5). Il me paraît cependant probable que la
récolte dans l’O. Derna de l’abondant matériel qui est de rigueur
dans ce genre d’études amènerait à considérer Ps. asananus Plry
comme une simple forme ou à la rigueur une variété de Ps. litto-
ralis Cuvier.
Unio batavus Maton et Rackett.
Je n’ai pas recueilli cette espèce au Maroc, mais elle est connue
d’Algérie où Bourguignat la signale des régions de Bône et de
Philippeville et où Morelet l’a retrouvée près de la Calle. Les
collections du Muséum possèdent d’ailleurs un échantillon de cette
dernière provenance qui. avait été déterminé successivement U. bata-
vus et U. Ravoisieri et que d’après les caractères de la charnière je
crois devoir ranger nettement dans Y Unio batavus Maton et Rac-
kett.
L’extension de VU. batavus Mat. et Rack. n’est cependant pas
limitée à l’Est de l’Algérie puisqu’il faut lui rapporter en syno-
nymie l’espèce suivante originaire de la région d’Oran où elle a
été trouvée dans la Tafna.
Unio tafnanus Debeaux. De cette forme décrite par Kobelt
{19. PL 28, fig. 216) il existe dans les collections du Muséum un
très bel exemplaire étiqueté d’Oran. Les caractères de la char-
nière et de la coquille sont suffisamment évidents pour affirmer
la synonymie de cette forme avec U. batavus Mat. et Rack.
Unio Requieni Michaud.
Cette espèce très abondante et extraordinairement polymorphe
n’a pas été signalée en Afrique du Nord, mais Pallary. a créé en
1936 une espèce nouvelle : Y Unio subpictorum Plry dont il choisit
comme type la figure 6, PL XXII de la Malacologie de l’Algérie de
Bourguignat (2), figure attribuée par celui-ci à Y U. pictorum de
Philippsson. Pas plus que Pallary je n’ai en mains les exemplaires
de Bourguignat, mais d’après les figures de ce dernier, j’estime
que Y U. pictorum de la Malacologie de l’Algérie doit être rapporté
à Y Unio Requieni Michaud. Cette espèce qui est probablement la
plus polymorphe des espèces européennes du genre Unio, est essen-
tiellement caractérisée par ses dents cardinales fortes mais com-
primées et par l’effacement du denticule cardinal postérieur de la
— 468 —
valve gauche qui est toujours très réduit. Ces deux caractères sont'
tout à fait évidents sur la figure de Bourg uignat attribuée par lui
à VU. pictorum et dont Pallary a fait le type de son U. subpic-
torum. J’estime donc que VUnio subpictorum doit tomber en
synonymie de- VU. Requieni Mich, D’après Botjrg uignat, cette
espèce existerait dans les régions de Bône, Gonstantine, Grau, et
en Kabylie.
A -propos de VU. Requieni, je crois- qu’il est bon de signaler que
cette espèce présente a mon avis certaines analogies avec VU. Tur-
toni Paye.. Quand on examine en effet des lots importants de cette
dernière espèce et de ses formes (Durieui, Ravoisieri, Moreleliy
etc...) on trouve parmi eux des échantillons à dents cardinales par-
fois assez développées alors que celles de 'VU. Turtoni typique sont
très comprimées et très petites et aussi des échantillons chez les-
quels la dent cardinale postérieure de la valve gauche est très
effacée. De tels échantillons posent le problème des rapports entre
les deux espèces. Ï1 existe indubitablement des exemplaires qui
pris isolément seraient impossibles à classer dans l’une où l’autre
espèce. Là-, comme pour les Melanopsis, mais à un moindre degré,
la détermination pour être sérieuse doit porter, non sur un échan-
tillon unique, mais sur un lot d’échantillons des caractères desquels
on fait une sorte de moyenne. Je n’ai pas voulu par cette digres-
sion suggérer qu’on doit réunir VU. Turtoni à VÜ. Requieni ; il-
est, en effet, des jalons indispensables pour le déterminateur dans
l’infinie complexité des Unionidæ mais on ne doit pas perdre de
vue que, souvent, en allant au fond des choses, on s’aperçoit que
les distinctions spécifiques, mêmes établies avec la sévère rigueur
et la remarquable documentation de Germain, ne sont qu’un
cadre plus ou moins approximatif-.
Unio Turtoni Payraudeau.
Cette espèce très anciennement connue (1826) est à peu près
exclusivement cantonnée dans la F rance méridionale où elle est
toujours rare alors qu’elle est abondante en Corse et en Sardaigne.
Les collections du Miuséum en-possèdertt' un lot provenant de Grasse';
deux exemplaires provenant- de Sardaighe et,* provenant du fonds
du Marquis de Folin et deux exemplaires- étiquetés France. Malgré la
distribution, géographique restreinte de VU. Turtoni Payr,, je ne
fus pas très étonné de trouver dante les collections un quatrième' 'lot-.
de cette espèce provenant de l’Q. Sériant en Algérie. Comparé aux-
trois- autres lots et à la diaghose de Germain (5) poür U. TurWni,,
ce lot s’affirmait correctement déterminé, mais posait le problème
de l’ U. Durieui DeshayeS.
Unio Durieui Dèshayes-. Sï on compare lès échantillons de U. Tur-
toni de l’O. Senam aux figures de Df.shayes (4) et Bourgitig-nat
(2) et à la description de ce dernier pour U. Durieui on constate
qu’il y a indentité parfaite, et que les échantillons de 1 ’ 0 . j Senam
étiquetés U. Turtoni pourraient avec une exactitude aussi rigou-
reuse être déterminés U. Durieui. J’ai donc comparé tous les Unio
Durieui des collections du Muséum et de mes récoltes personnelles
avec les U. Turtoni du Muséum et je puis en conclure qu’il y a iden-
tité parfaite entre les deux espèces. L’ Unio Durieui Deshayes qui
date de 1847 doit donc disparaître de la nomenclature; pour tom-
ber en synonymie de l’ Unio T urtoni Pàyraudeau qui date de 1826.
Il est certes regrettable d’être amené à changer le nom d’une espèce
aussi connue et aussi abondante en Afrique du Nord, que VU. Du-
rieui, mais l’identité des deux formes est trop flagrante pour qu’on
recule devant cet inconvénient*
L’abondance du matériel dont je dispose me permet d’ailleurs
de préciser que F U. Turtoni est une forme plus polymorphe que
ne le pensait Germain ; j’ai des échantillons de galbe assez varié
« . L
allant de la forme typique allongée dans laquelle le rapport —
avoisine 2,1 jusqu’à des échantillons assez courts chez lesquels
ce rapport est inférieur à 1,6. Chez les Ü. Turtoni d’Europe d’après
les chiffres de Germain (5) ce rapport avoisine 2,2 ; la mesure des
échantillons de cette espèce que j’ai eu à ma disposition m’a mon-
tré que cette valeur est un maximum et qu’il oscille plutôt aux
environs de 2,1.
Unio tetuanensis Kobelt. Cette forme décrite par Kobelt en
tant qu’espèce distincte (19-11. L PI. 28, fig. 217) a été ramenée
par Pallary (10) au rang de variété de VU. Durieui. Cette dis-
tinction d’une variété tetuanensis est fondée sur le fait que dans
celle-ci les valves sont régulièrement bombées alors que dans
VU. Durieui typique celles-ci sont légèrement déprimées suivant
une zone oblique partant des sommets et allant vers le milieu du
bord ventral. J’ai vérifié sur les échantillons étiquetés; U. Durieui
des collections du Muséum que ce caractère est suffisamment
variable pour enlever toute valeur à la variété tetuanensis qui
doit être considéré comme purement et simplement synonyme de
VU. Durieui et par conséquent de L’ U. Turtoni . Payr„
Unio Raaoîsieri Deshayes. Cette espèce a été figurée par Des-
hayes (4) et figurée à nouveau et décrite par Roi;bouigxat (2).
De ees figures et de cette description on peut tirer la conclusion
qüe VU. Ravoisieri n’est qu’une forme de VU. Durieui dont les
dents cardinales sont un peu plus fortes et l’épiderme d’une teinte
générale brune et non d’un bistre verdâtre. La comparaison des
échantillons d’ U. Ravoisieri des collections du Muséum permet
470 —
<le conclure que ces différences sont très vagues et sujettes à varia-
tions et que VU. Ravoisieri Deshayes doit tomber en synomymie
de VU. Durieui et par conséquent de VU. Turtoni Payr.
Unio Issericus Kobelt. ( Unio Ravoisieri Desh. var. Isserica
Kobelt). Cette forme décrite par Kobelt (19-11. I. PI. 28, fig. 215)
est également synonyme de VU. Turtoni Payr..
Unio sitifensis Morelet (7). Cette forme a été rapportée déjà
par Bourguignat (2) à VU. Durieui. J’ai vérifié cette synonymie
et je souscris entièrement à cette opinion de Bourguignat en fai-
sant remarquer que cette forme se trouve désormais synonyme
de U. Turtoni Payr..
Unio Letourneuxi. Bgt. (2). Les collections du Muséum ne pos-
sèdent qu’un échantillon portant cette dénomination et dont la
détermination est erronée, les caractéristiques de cet individu ne
correspondant nullement à la diagnose. D’après celle-ci et d’après
les caractères invoqués pour séparer U. Letourneuxi de U. Durieui
j’estime que la discrimination n’est pas fondée et que VU. Letour-
neuxi doit être considéré comme synonyme de U. Durieui et par
conséquent de U. Turtoni Payr. Kobelt (19-11. 2. p. 4) écrit qu’il
avait d’abord placé cette espèce dans le groupe de VU. capigliolo
Payr. espèce très voisine de VU. Turtoni Payr. mais qu’en défi-
nitive il la croit plutôt du groupe de VU. littoralis. Pour ma part
d’après l’examen des figures et principalement, d’après la struc-
ture des dents cardinales, j’estime que VU. Letourneuxi n’est pas
du groupe de Ps. littoralis mais appartient bien comme l’avait
d’abord pensé Kobelt au groupe capligliolo-Turtoni et que la
synonymie que je propose plus haut avec U. Turtoni est à peu
près évidente.
Unio Medjerdæ Kobelt (19-11. 2. PI. 42). Cette espèce est décrite
et figurée par Kobelt d’après des échantillons de la Medjerda.
C’est une forme à coquille relativement peu allongée puisque
le rapport — mesuré sur les figures de Kobelt avoisine 1,8. Tou-
H
jours d’apTès les figures de Kobelt la charnière me paraît appar-
tenir nettement au type Turtoni par ses dents cardinales lamel-
leuses aplaties et peu développées, et non, comme le dit Kobelt,
au type littoralis qui est au contraire caractérisé par des « dents
cardinales très fortes, épaisses, coniques, non comprimées » (5).
Les collections du Muséum possèdent un lot étiqueté U. Medjerdæ
chez lequel le rapport — dépasse 2, les échantillons étant, beaucoup
H
plus allongés. La charnière est tout à fait analogue à celle du type
de Kobelt. Etant donné, d’une part, que nous avons vu précé-
demment que, parmi les lots étiquetés U. Durieui, il est des échan-
— 471 —
tillons chez lesquels le rapport
L
H
descend au dessous de 1,6, et
d’autre part, que la charnière du type de Kobelt est très ana-
logue à celle de VU. Turtoni-Durieui , j’estime que VU. MecLjerdæ
doit tomber en synonymie de l’ U. T urtoni Payr. dont il ne repré-
sente qu’une forme moins allongée.
Unio Moreleti Deshayes. L’examen des figures de Deshayes
(4) et des figures accompagnée d’une diagnose de Bourguignat
(2) et Kobelt (19), complété par l’étude. des cinq lots d’échan-
tillons de cette espèce qui figurent dans les collections de Muséum,
montre sans doute possible que VU. Moreleti Deshayes rentre par-
faitement dans l’échelle des variations de VU. Durieui et doit par
conséquent être considéré comme synonyme de U. Turtoni Payr.
Unio Foucauldiana Pallary (17). Cette forme a été décrite par
Paallary de l’O. Sous au pont des Aït-Melloul, au sud d’Agadir,
où je l’ai moi-même recueillie (St. 69) puis retrouvée, dans l’O. Sous
encore, au gué de la piste d’O. Issène (St. 72), et dans l’O. Massa
au pont de la route Agadir-Tiznit (St. 70). Par tous ses caractères
et en particulier par ceux de la charnière cette forme prend place
dans l’échelle, des variations des formes T urtoni-Durieui avec un
L
rapport —
ri
de l’ordre de 1.9. L’£7. Foucauldiana doit donc, à mon
avis, être considéré comme synonyme de VU. Turtoni Payr.
Unio Seurali Pallary (17). Cette forme décrite par Pallary
du Nahr Ouassel dans le Haut Chélif. est très analogue à la pré-
cédente et doit pour les mêmes raisons être versée dans la syno-
nymie de VU. Turtoni Payr..
Unio Turtoni Payraudeau var. tifleticus Pallary.
Pallary a créé en 1923 un Unio tifleticus sur lequel il est revenu
en 1927 (15), qui, d’après lui « offre une particularité extrêmement
intéressante : c’est le dédoublement du denticule cardinal en deux
lamelles ». Il ajoute d’ailleurs la remarque suivante : « Ce dédou-
blement s’observe sur la majorité des exemplaires tandis que quel-
ques-uns ont le denticule normal des Unios ». Cette remarque
enlève à mon avis beaucoup de valeur au caractère invoqué pour
faire de l’ U. tifleticus une espèce valable. J’ai moi-même recueilli
une valve droite de cette forme dans l’O. Tiflet, valve qui présente
en effet une deuxième laînelle plus petite au-dessus de la dent car-
dinale.
D’autre part, quand on examine des lots importants des diffé-
rentes formes nord-africaines de VU. Turtoni ( Durieui , Ravoisieri,
Moreleti, etc...), on trouve assez souvent, chez certains échantillons
l’indication plus ou moins accusée d’une lamelle au-dessus de la
dent cardinale de la valve droite. C’est pourquoi j’estime que ce
caractère est insuffisant pour justifier le maintien d’une espèce
spéciale.. Je fais de VU* tifleticus, à cause de l’importance statis-
tique de ce caractère, d’après Pallary, chez les échantillons de
l’Ô. Tiflet, une variété de P TT. Turtoni Payr., dont il présente par
ailleurs tous les caractères.
Genre ANGDGNTA
Ânodonta Lucasii Deshayes.
Cette espèce de Deshayes a été la’ première du genre, connue
en Afrique du Nord. Les collections du Muséum en possèdent trois
exemplaires qui correspondent bien aux figures de Deshayes (4)
et de Boürguignat (2).
D’après l’ensemble de ses caractères, et en particulier d’après
la disposition des rides des sommets, j’estime que l’A. Lucasii est
très- proche de la grande espèce A. cgynæa L. dont Germain- a étu-
dié à fond (5) P extraordinaire polymorphisme. Je conserve cepen-
dant le nom d’A. Lucasii Deshayes qui correspond à une forme
bien caractérisée par les figures de Deshayes, et qui permet mieux
les comparaisons éventuelles avec d’autres formes nord-africaines
que l’espèce A. cygnæa dont le polymorphisme même implique une
diagnose assez vague, peu propice aux comparaisons.
A. numidica Bgt. Je fais tomber cette prétendue espèce de Bour-
gui&nat (2) en .synonymie de l’espèce précédente. Elle représente
très probablement simplement la forme jeune de l’A. Lucasii
Desh.
Anodonta embia Bourguignat.
Je n’ai pas eu en mains d’exemplaires de cette espèce de Bour-
gui&nat (2) qui diffère de PA.. Lucasii principalement par la
position des sommets qui sont plus médians que chez Lucasii.
Provisoirement je dois la conserver sous bénéfice d’examen ulté-
rieur avec échantillons à l’appui.
A. Letaurneuxi Bgt. (2). Cette prétendue espèce de Bourguignat
est par rapport à PA. embia ce qu’est A. numidica par rapport à
l’A. Lucasii. Elle représente très probablement simplement le
jeune de VA, embia.
Anodonta Païlaryi Bédé.
J^ai retrouvé dans l’oued Grou en différents points de son cours
cette espèce créée par Bédé (lr), espèce qui paraît y être assez»
abondante. Bédé en fait le type du sous-genre nouveau Lionviliea
qu’il place entre Colletopterum et! Pseudano donta. Thiele (20) refuse
toute valeur au premier de ces deux sous-genres, et se retranche,
en ce qui concerne le second, derrière l’opini on d’ÛRTMArm qui lui
refuse également toute valeur. Cependant Gkumaix (5) admet le
sous-genre Pseudanodonta.
Le caractère principal du sous-genre Liouvillea est, d’après Bédé,
le dédoublement des lamelles' postérieures, caractère dont j’ai
observé la constance' chez les échantillons d’A. Pallaryi que j’ai
récoltés, et même chez tous les Anodontes’ marocains que j’ai eu
entre les mains. Mais je ne crois pas que ce caractère justifie la-
création d’un sous-genre nouveau car il apparaît très fréquemment
chez des individus appartenant à diverses autres espèces paléarc-
tiques ainsi que j’ai pu m’en convaincre en examinant les riches
collections du Muséum.
A. Theryi Bédé (1‘). Bédé décrit dans la même note une autre1
espèce d’Anodonte : VA. Theryi de PO. M’da dont j’ai recueilli
moi-même un exemplaire. J’estime que PA-. Theryi n’a pas de
raison valable d’exister en tant qu’espèce distincte, et doit tomber
en synonymie de A. Pallaryk Les; caractères invoqués par Bédé
pour le séparer de A. Pcdlaryi proviennent simplement de l’âge.
L’étude d’exemplaires* jeunes de A. Pallaryi recueillis dans l’O.
Grou,- montre que la saillie des crochets, l’ intensité de la carène,
l’épaisseur des valves- augmentent avec l’âge de l’individu et que
l’A. Theryi a été décrit sur Un exemplaire jeune de A. Pallaryi,
ainsi que le prouvent d’ailleurs les mensurations fournies par
Bédé d’après ses exemplaires.
Quelle est la valeur de l’espèce Pallaryi-Theryi ? La réponse
est difficile à donner car l’espèce valable dont elle se rapproche
le plus est A- anatina L. qui est sans doute la plus polymorphe des
espèces paléarctiques du. genr e Anodonta. Je erois que A. Pallaryi-
Theryi n’est qu’une forme de l’A. anatina L., mais je conserverai
cependant cette espèce à cause de son isolement géographique au
Maroc, et à cause du dédoublement constant des lamelles latérales,
alors que ce caractère est présent mais inconstant chez les formes
européennes de Av anatina.
Anodonta Gruveli Pérès.
Je ne m’étendrai pas sur cette espèce que j’ai décrite en 1938
et que je considère comme parfaitement distincte de A. Pallaryi
Bédé (18). Depuis la parution de la note dans laquelle je décrivais
cette espèce nouvelle le regretté J. de Lépiney en avait trouvé
plusieurs- autres- exemplaires, toujours- dans PO:. Grom II m’avait
apporté à Paris, en 1939, ces exemplaires qui-, étaient conformes au
474
type que j’ai déposé dans les collections du Muséum. Aucun échan-
tillon ne présentait de caractères intermédiaires entre ceux de
A. Gruveli et ceux de A. Pallaryi, ce qui confirme l’opinion que
j’émettais en 1938 que ces deux formes, coexistant dans l’O. Grou,
sont absolument distinctes. Au point de vue de ses analogies avec
les espèces européennes A. Gruveli rappelle un peu certaines
formes de VA. avonensïs Montagu.
J’ai déjà noté en 1938 ce fait curieux que A. Gruveli présente
comme A. Pallaryi-Theryi le dédoublement des lamelles latérales.
Bien que ces deux espèces soient, à mon avis entièrement distinctes,
ce caractère commun donne aux deux espèces d’Anodontes du
Maroc une unité assez remarquable.
Incertae Sedis.
Je range dans cette rubrique un certain nombre de formes pour
lesquelles l’insuffisance de la description et de l’iconographie, ou
l’absence de cette dernière ne m’ont pas permis de me faire une
opinion sur la valeur de la forme en tant qu'espèce distincte.
Unio Micelii Kobelt. Cette espèce originaire de la Medjerda a
été décrite par Kobelt en 1886 (19-11. 2, p. 24. PI. 43). Les collec-
tions du Muséum possèdent sous ce nom deux exemplaires recueillis
par M. Duvëyrier en 1885 dans l’O. Sebou au Maroc et qui ne
correspondent manifestement pas à la diagnose et aux figures de
Kobelt, et doivent être rapportés à Margaritana marocana Plry.
(cf. p. 463). Il me paraît probable d’après les figures de Kobelt
et sa description, que P U. Micelii est aussi une Margaritana ;
bien entendu en l’absence du type, ceci n’est qu’une hypothèse.
Unio Delevieleusæ (Hagenmüller) Letourneux (6). La Medjerda
à Béja. Il m’est impossible de me prononcer sur la valeur de cette
espèce qui n’a pas été figurée par l’auteur.
Unio Doumeti Bourguignat (6). La Medjerda près de Tebourba.
Même observation que pour l’espèce précédente.
Unio Rouirei Bourguignat (6), Oued Miliana. Même observation
que pour les deux espèces précédentes.
Unio Zenaticus (Issel) Letourneux (6). La Medjerda entre Med-
jez-el-Bab et Tebourba. Même observation que pour les trois espèces
précédentes ; je n’ai pu me procurer le travail cité par Palalary (12)
dans lequel l’espèce est figurée.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
(1) Bédé (P.). Le genre Anodonta au Maroc. Bull. Soc. Sc. Nat. Maroct
t. XII, n° 7-8, p. 223.
475
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(4) Deshayes (G. -P.). Histoire naturelle des Mollusques de l’Algérie.
1843. *
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et fluviatile de la Tunisie. 1887.
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Conch. 1851.
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N. -O. de l’Afrique. Journ. de Conch. 1898.
(11) Id. Diagnose d’une cinquantaine de Moll, terrestres nouveaux du
Nord de l’Afrique. Bull. Soc. Hist. Nat. Afr. du Nord. 1918.
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Pasteur de l’Afr. du Nord. 1923.
(13) Id. Récoltes malacologiques du capitaine Paul Martel. Journ. de
Conch. 1920.
(14) Id. Faune malacologique du Grand- Atlas. Ibid. 1921.
(15) Id. Complément à la faune malacologique de la Berbérie. Ibid., 1927.
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(17) Id. Deuxième complément à la faune malacologique de la Berbérie.
Ibid., 1936.
(18) Pérès (J.-M.). Sur une nouvelle espèce marocaine du genre Anodonta.
Bull. Mus. Nat. Hist. Natur., 2e sér., t. X, 1938. ,
(19) Rossmassler. Iconographie der Land und Süsswasser-Mollusken.
1835-1895.
(20) Thiele. Handbuch der systematischen Weichtierkunde. Jena. 1939.
t
Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyonijdæ.
Genre Lobularia (fin)'1.
Par A- Tixier-Durivault.
38. Lobularia tüberculosa (Quoy et Gaimard).
Synonymie :
1833 Alcyonium tubercùlosam, QyoY et GjAimard. Voyage.de l'Astro-
labe, Zool., t. IV, p. .27/1, pi. 23, fig. \,.ô.
non 1846 Aie. sphærophora, J. D. Dana. Zoophytes, Philadelphie, p. 616.
1857 Aie. tuberculpsum , H. Milne-Edwards. Hist. Nat. d- Corail,,
vol. 1, p.TT9.
1869 Sphærella tuberculosa, J. E. Gray. Notes on the fleshy Alcyonoid
Corals. Ann. Mag. 'Nat. dl. III, s. A, p. A~22.
1922 Aie. brachyclados (pars), H. Lüttschwager. Philip. Journ. Science,
vol. XX, p. 530,
Diagnose : Colonie : encroûtante, ferme, a pied court et irrégu-
lier. Capitule formé de lobes arrondis, «erres les uns contre les autrès,
à sommet aplati parfois divisé en deux ou trois lobules.
Spiculés : de très grande taille (0,10 à 0,14 mm. de long). Dans
la base du cœnenchyme double-sphères à col bas et à masses ter-
minales abondamment hérissées de mamelons à extrémité rétré-
cie. Haltères de la portion lobulaire à col plus allongé et à têtes
étirées.
Polypes : sur tout !le capitule, gros, plus ou moins espacés. Pas de
couronne anthocodiale. Tentacules triangulaires recouverts de gros
spiculés sur la face externe et de petits sclérites allongés sur la face
interne. ,
Coloration : de la colonie dans l’alccool : blanc grisâtre.
Localité : 1 exemplaire de Tonga (Type de MM. Quoy et Gaimard,
1829).
39. Lobularia tuberculoïdes N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante à pied trois à quatre fois moins
élevé que le capitule. Surface lobulaire composée dé lobes arrondis,
à sommet aplati parfois divisé en 2 ou 3 lobules, séparés par des
sillons plus ou moins profonds.
1. Voir lre note dans Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XV, p. 437 ; 2e note
dans Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., s. 2, t. XVI, p. 183 ; et 3e note dans Bull. Mus. Nat.
Hist. Nat., s. 2, t. XVI, p. 339.
Bulletin du Muséum, 2® série, t. XVI, n° 6, 1944.
Spiculés : de grande taille (0,10 à 0,13 mm. de long). Double-
sphères de la base du eœnenéhyme à tubercules irréguliers plus
ou moins serrés les uns contre les autres. Haltères de la portion
lobulaire plus petits, mêlés à des sclérites peu verruqueux. Spiculés
corticaux allongés.
Polypes : sur tout le capitule, petits, assez éloignés les uns des
autres.
Coloration : de là colonie à «sec : gris jaunâtre.
Cette espèce se rapproche .de L. tuherculosa par la forme exté-
rieure et l’allure générale de ses spiculés mais s’en éloigne par les
tubercules de ses haltères basilaires et par, ses petits polypes.
40. JLobularia tuberosa N. Sp.
Diagnose : Colonie : encroûtante à pied assez élevé. Capitule
formé de lobes irréguliers, allongés, aplatis et sinueux à leur som-
met.
Spiculés : de grande taille (0,09 à 0,12 mm. de long). Dans la
base du eœnenohyme haltères à nombreuses protubérances irré-
gulières à bords dentelés, serrées les unes contre les autres. Double-
sphères du capitule de formes analogues mais deux fois plus petites,
accompagnées de sclérites transparents, lisses, .à contours sinueux.
Spiculés corticaux à .col clair.
Polypes sur tout le capitule, à petite ouverture, serrés les uns
contre les autres.
Coloration : de la colonie à sec : gris jaunâtre.
Cette espèce se rapproche de L. tuherculosa par l’allure générale
de ses haltères basilaires- mais en diffère par la forme extérieure de
sa colonie, le nombre et la forme de ses tubercules.
41. Lobularia tulearensis N. Sp.
Diagnose : Colonie : ferme, douce au toucher, encroûtante, à
capitule deux à trois fois plus élevé que le pied. 'Surface lobulaire
composée de lobes courts, irréguliers, parfois subdivisés en lobules
à extrémité arrondie.
'Spiculés : de taille moyenne (0,,0.9 .à 0,11 mm. de long). Double-
sphères de la hase du cœnenchyme à col large et à têtes étirées
recouvertes de protubérances nombreuses. Sclérites de la portion
lobulaire très différents : transparents,, allongés, présentant de
petites verrues. Spiculés corticaux lisses à contours sinueux,.
Polypes : .sur to.us les lobes, gros. Portion anthocodiale recouverte
de petits sclérites. Tentacules pluridigités à double rangée de pin-
nules;; spiculés tentaculaires transparents, parfois à zone centrale
claire.
Coloration : .de. la colonie dans T alcool blanc brunâtre.
Cette espèce ressemble à L. glokûlifera par -la taille de ses «pi-
— 478 —
cules mais s’en écarte par l’allure générale de ses colonies, les ver-
rues coniques de ses haltères et la forme de ses sclérites corticaux.
42. Lobularia variabilis N. Sp.
Diagnose : Colonie : petite taille, encroûtante, à pied bas.
Surface lobulaire constituée par des lobes subdivisés en petits
lobules arrondis serrés les uns contre les autres.
Spiculés : de petite taille (0,07 à 0,09 mm. de long). Dans la base
du cœnenchyme double-sphères à col plus ou moins long et à masses
terminales hérissées de tubercules coniques. Dans la portion lobu-
laire petits haltères peu verruqueux. Sclérites corticaux lisses à
contours sinueux.
Polypes : sur les lobes et les lobules, de taille moyenne, serrés les
uns contre les autres.
Coloration : de la colonie à sec : jaune brun.
Cette espèce se rapproche de L. brachyclados par l’allure géné-
rale de ses spiculés mais s’en éloigne par les verrues coniques de
ses haltères basilaires et la forme de ses sclérites corticaux.
Tableau des espèces du genre Lobularia.
En me basant sur la forme et la taille des haltères du cœnen-
chyme basilaire j’ai pu établir un tableau comparatif mettant en
évidence les rapports entre les divers groupes d’espèces du genre
Lobularia 1.
I. • — Haltères basilaires a col étroit et a têtes peu volumineuses.
A. — Colonie arborescente.
a 1 — - Haltères à nombreuses petites verrues pointues (0,06-0,08).
Sclérites corticaux cylindriques à verrues pointues. Gros polypes abon-
dants L. minuta Tix.-Dur.
B. — Colonie encroûtante.
b 1 — Lobes disséminés, lobules arrondis. Haltères à petites verrues
arrondies (0,06-0,08). Sclérites corticaux cylindriques à verrues arrondies.
Petits polypes L. tenuis Tix.-Dur.
b 2 — Lobules arrondis serrés. Haltères à verrues arrondies ou pointues
(0,06-0,08). Sclérites corticaux en forme de 8 ou de biscuits. Gros polypes
espacés L. sphærophora Ehrbg.
6 3 — Lobes serrés ou disséminés, lobules arrondis et petits. Haltères
à nombreuses verrues arrondies ou coniques (0,06-0,08). Sclérites corticaux
à rares protubérances. Nombreux petits polypes. L. Dollfusi Tix.-Dur.
6 4 — Lobules arrondis serrés. Haltères à verrues arrondies ou coniques
(0,07-0,09). Sclérites corticaux en haltères lisses ou baguettes irrégulières.
Petits polypes. L. Bottai Tix.-Dur.
1. Les chiffres notés dans le tableau indiquent en mm. les limites entre lesquelles
varient les longueurs totales des haltères.
— 479 —
6 5 — Petits lobules arrondis serrés. Haltères à nombreuses verrues irré-
gulières (0,07-0,08). Spiculés corticaux en baguettes sinueuses. Petits
polypes éloignés L. exigua Tix.-Dur.
6 6 — Petits lobules arrondis serrés. Haltères à verrues arrondies et
coniques (0,07-0,09). Spiculés corticaux en baguettes sinueuses. Polypes
rapprochés. L. variabilis Tix.-Dur.
6 7 — Lobes disséminés peu serrés. Haltères à col étiré et à rares verrues
irrégulières (0,08-0,10). Spiculés corticaux en bâtonnets irréguliers. Nom-
breux gros polypes L. gracilis Tix.-Dur.
6 8 — Lobules arrondis peu serrés. Haltères à col allongé et à verrues
pointues ou arrondies (0,07-0,10). Spiculés corticaux elliptiques ou en
haltères sinueux. Petits polypes asses espacés .... L. brachyclados Ehrbg.
IL — Haltères basilaires a col large et a têtes volumineuses.
A. — Colonie encroûtante à lobes dressés.
al — Lobules arrondis serrés. Haltères à yerrues irrégulières (0,07-0,09).
Spiculés corticaux à contours plus ou moins festonnés. Nombreux petits
polypes L. irregularis Tix.-Dur.
a 2 — Lobules courts et arrondis. Haltères à nombreuses verrues coni-
ques ou arrondies (0,08-0,09). Spiculés corticaux en baguettes à contours
festonnés. Nombreux petits polypes L: Michelini Tix.-Dur.
a 3 — Lobules aplatis latéralement, à contours sinueux. .Haltères à
verrues irrégulières (0,08-0,10). Spiculés corticaux à bords lisses ou ondulés.
Petits polypes espacés L. Germaini Tix.-Dur.
a 4 — Lobes minces, lobules aplatis latéralement. Haltères à nom-
breuses verrues irrégulières (0,08-0,10). Spiculés corticaux sinueux à zone
centrale claire. Polypes peu éloignés L. laciniosa Tix.-Dur.
B. — Colonie encroûtante à lobes aplatis.
61 — Lobes épais serrés, aplatis. Haltères à grosses verrues irrégulières
(0,08-0,11). Spiculés corticaux en haltères lisses ou en baguettes à contours
sinueux. Polypes serrés L. crassa Tix.-Dur.
III . — Haltères a col étroit et a têtes volumineuses.
A. • — Colonie encroûtante à petites alvéoles.
al — Lobes courts, arrondis, serrés. Haltères à verrues émoussées
(0,08-0,09). Spiculés en baguettes à col haut. Grands polypes.
L. globuliferoides Thoms. Dean
a 2 — Lobes arrondis ou coniques peu serrés. Haltères à grosses verrues
irrégulières serrées (0,07-0,09). Spiculés corticaux en petits haltères à
verrues arrondies. Gros polypes plus ou moins éloignés.
L. Klunzingeri (Thoms. Simp.).
a 3 — Lobes arrondis peu serrés. Haltères à grosses verrues coniques
serrées (0,07-0,10). Spiculés corticaux en baguettes à verrues arrondies.
Gros polypes L. Krempfi (Hick.).
B. — Colonie encroûtante sans alvéoles.
61 — Petits lobes arrondis, lobules aplatis. Haltères à grosses verruos
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
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!
— 4ao —
coniques (0,08-0,10), Spiculés corticaux à contours irréguliers. Petits
polypes L. Prattse Tix -Dur»
IV. — Haltères a col large et a têtes volumineuses.
A. — Colonie encroûtante sam alvéoles.
a 1 Lobes cylindriques à dépression centrale terminale. Haltères à
grosses verrues foliacées (0,08-0,10). Spiculés corticaux à contouîs irré-
guliers. Très nombreux polypes L. foliacea Tix -Dur.
a 2 -— Lobules arrondis plus ou moins serrés. Haltères à grosses verrues
coniques (0,08-0,10). Spiculés corticaux en haltères à verrues coniques.
Gros polypes serrés . , L. conifera Tix. -Dur.
a 3 — Lobes arrondis rarement subdivisés. Haltères à nombreuses ver-
rues très pointues (0,08-0,11). Spiculés corticaux en biscuits ou à verrues
denticulées. Petits polypes assez espacés L. ecliinata Tix.-Dur.
a 4 — Lobes dressés, lobules arrondis. Haltères à col large et à grosses
verrues coniques (0,06-0,10). Spiculés corticaux à contours sinueux.
Polypes assez nombreux. . . L. latissima Tix.-Dur»
B. — Colonie encroûtante à petits alvéoles.
il — Lobules bas et arrondis. Haltères à grosses verrues coniques
(0,09-0,11). Spiculés corticaux à contours irréguliers. Gros et nombreux
polypes. L. similis Tix-Dur»
V. — Haltères a col variable et a petit nombre de verrues
a contours réguliers.
A. — Colonie arborescente.
ai — Haltères à col bas et à grosses verrues arrondies (0,06-0,08).
Spiculés corticaux à zone centrale claire. Nombreux et gros polypes.
L. Letourneuxi Tix.-Dur.
B. — Colonie encroûtante.
b 1 — Lobules courts et arrondis. Haltères à rares verrues grosses et
régulières (0,08-0,10). Spiculés corticaux en baguettes irrégulières. Gros
polypes serrés L. lineata Tix.-Dur.
b 2 — • Lobes dressés, lobules digités peu serrés. Haltères à col bas et à
grosses verrues régulières (0,09-0,11). Spiculés corticaux elliptiques ou en
bâtonnets irréguliers. Gros polypes serrés L. elegantissima (May).
b 3 — Lobules arrondis serrés. Haltères à grosses verrues arrondies ou
coniques (0,09-011). Spiculés corticaux en haltères irréguliers ou bâtonnets
sinueux. Gros polypes assez espacés.. . . L. Thomsoni Tix.-Dur.
b A — Lobes dressés, lobules courts, digités. Haltères à col allongé et à
verrues arrondies ou coniques (0,08-0,11). Spiculés corticaux elliptiques ou
en baguettes allongées. Gros et nombreux polypes. L. digitulata (Klzgr.).
VI, — Haltères a col haut et large et a rares verrues
DE FORMES VARIABLES.
A. — Colonie encroûtante.
ai — Lobes arrondis serrés. Haltères à verrues coniques (0,10-0,12).
Spiculés corticaux en haltères à verrues arrondies. Polypes assez ra-
proehés L. elongata Tix.-Dur.
B. Colonie arborescente.
b 1 — Haltères à rares verrues arrondies (0,08-0,10). Spiculés à contours
festonnés. Petits polypes.... L. suezensis Tix.-Dur.
VII. — Haltères a cou bas et large a verrues sphériques. -v
A. — Colonie encroûtante.
a 1 — Lobes courts, arrondis serrés. Haltères à grosses verrues (0,09-0,11).
Spiculés corticaux en double-sphères granuleuses. Gros polypes serrés.
L. globulifera (Klzgr.).
a 2 — - Lobes arrondis plus ou moins espacés. Haltères à nombreuses
petites verrues (0,09-0,11). Spiculés corticaux en bâtonnets à contours
arrondis. Polypes serrés L. papillosa Tix.-Dur.
VIII. — Haltères a col bas plus ou moins large
ET A GRAND NOMBRE DE VERRUES.
A. — Colonie encroûtante.
a 1 — Lobes irréguliers, lobules serrés et aplatis. Haltères à verrues
irrégulières serrées (0,08-0,10). Spiculés corticaux irréguliers ou à zone
centrale claire. Petits polypes. L. Kükenthali Tix.-Dur.
al — Lobes irréguliers, lobules bas, coniques. Haltères à verrues
coniques (0,09-0,11). Spiculés corticaux lisses à contours sinueux. Gros
polypes. L. tulearensis Tix.-Dur.
B. — Colonie arborescente.
il. — • Haltères à verrues irrégulières ou arrondies (0,10-0,11) Spiculés
corticaux rares, en petits haltèrs. Gros polypes.. . L. pulchra Tix.-Dur.
IX. — • Haltères a col bas et large et a grand nombre de verrues.
A. — Colonie encroûtante.
a 1 — Lobes gros et arrondis. Haltères à grosses verrues irrégulières
(0,10-0,12). Spiculés corticaux lisses ou à rares verrues arrondies. Polypes
espacés L. madagascarensis Tix.-Dur.
a 2 — Lobules digités assez espacés. Haltères à verrues coniques (0,09-
0,10). Spiculés corticaux lisses ou irréguliers. Gros polypes.
L. Hicksoni Tix.-Dur.
a 3 — Lobes disséminés, petits lobules inégaux. Haltères à verrues
coniques (0,10-0,11). Spiculés corticaux en biscuits ou en bâtonnets irré-
guliers. Petits polypes L. Studeri Tix.-Dur.
a 4 — Lobules inégaux, épais, peu serrés. Haltères à grosses verrues irré-
gulières (0,09-0,11). Spiculés corticaux elliptiques ou en forme de 8. Gros
polypes L. pachyclados (Klzgr.)
X. — Haltères a col variable et a nombreuses verrues
IRRÉGULIÈRES.
A. — Colonie encroûtante.
al — Lobes irréguliers allongés, aplatis. Haltères à verrues serrées
482 —
(0,09-, 012). Spiculés corticaux en haltères à têtes sinueuses. Petits polypes.
L. tuberosa Tix.-Dur.
o 2 — Gros lobes arrondis serrés. Haltères à grosses verrues (0,10-0,13).
Spiculés corticaux en haltères à rares verrues arrondies. Petits polypes.
L. tuberculoïdes Tix.-Dur.
a 3 — Lobes arrondis serrés. Haltères à grosses verrues mamelonnées
serrées (0,10-0,14). Spiculés corticaux en haltères à rares verrues arrondies.
Gros polypes.. L. tuberculosa (Q. G.).
XI. — Haltères a grosses verrues denticulées.
A. — Colonie encroûtante.
a 1 — • Lobes irréguliers dressés, aplatis superficiellement. Haltères à col
large et têtes volumineuses (0,12-0,15). Spiculés corticaux en petits
haltères. Nombreux petits polypes L. ceylonica (Pratt).
a 2 — Petits lobes simples ou divisés, arrondis. Haltères à col large
et à têtes volumineuses (0,14-0,2). Spiculés corticaux en haltères. Très
petits polypes 44. — L. australis (Macfadyen).
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
— 483 —
André T hou in et l’enrichissement des collections de
PLANTES VIVANTES DU MUSÉUM AUX DÉPENS DES JARDINS
DE LA LISTE CIVILE, DES ÉMIGRÉS ET CONDAMNÉS. D’APRÈS
SES NOTES MANUSCRITES 1.
Par A. Guillaumin
Professeur au Muséum.
On connaît la vogue qu’avaient, à la fin du xvme siècle, les
« cabinets » d’ Histoire naturelle, assemblage assez hétéroclite de
curiosités de la nature à côté d’objets d’art et de produits de l’in-
dustrie. La mode était aussi aux jardins botaniques, n’avait-on
pas vu le roi lui-même en créer un à Trianon ? Il existait donc, au
moment de la Révolution, d’importantes collections de plantes
exotiques vivantes dans les parcs et les serres du roi, des princes,
des grands seigneurs et des riches particuliers, tels que les fermiers
généraux. Or les uns étaient tombés sous le couteau de la guillo-
tine, les autres avaient émigré.
Par un décret du 16 germinal de l’an II confirmant celui du
16 nivôse et du 8 pluviôse et les ordres du ministre Roland des
13 septembre et 16 octobre 1792, la Convention institua une Corn-,
mission chargée de « la recherche des végétaux étrangers qui se
trouvaient dans les domaines nationaux de Paris et des environs
à 30 lieues de rayon ».
Aussi dès le 1er ventôse, les Professeurs du Muséum avaient
chargé Desfontaines et A. Thoüin d’effectuer l’inventaire des
cabinets d’Histoire naturelle et des jardins pour ce qui avait
trait à la botanique.
Ceux-ci établirent aussitôt le projet suivant qui comportait la
visite :
1° du jardin du collège, de Pharmacie ;
2° des pépinières du Roule ou du Roi ;
3° du jardin de Mesdames à Belle vue ;
4° du Parc du Comte d’Artois à Bagatelle ;
5° du Jardin et l’Orangerie de Saint-Cloud ;
6° du Jardin et des Pépinières de Chaville (au comte de Tessé) 2 ;
9° du Jardin de Madame à Montreuil ;
10° du Jardin de Madame Elisabeth à Montreuil ;
1. Bibliothèque du Muséum, manuscrits, liasses 306 et 315, Archives Nationales,
liasses AJ15 848 et 836 et Registres des procès-verbaux de l’Assemblée des Professeurs,
AJ15x n° 96-97.
2. Le 7e concernant l’Ecole Vétérinaire d’Alfort et le 8e relatif au Jardin de Lucienne,
à la ci-devant du Baril (sic) sont rayés sur l’original.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
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11° du Jardin de Mme Diane de Poligrac également à Montreuil ;
12° dn Jardin de Monsieur à Versailles ;
13° des jardins, serres et pépinières du Petit Trianon ;
14° de l 'Orangerie de Versailles ;
1S° des jardins dé Versailles ;
enfin des jardins des ci-devant maisons religieuses et des émigrés
situés autour de Paris.
Le 30 messidor, Thoüin (car Desfontaines ne figure dans
aucune pièce) remettait à la Commission temporaire des Arts et le
3 thermidor à la Commission exécutive de l’Instruction publique
les inventaires suivants :
1° l’inventaire des objets d’histoire naturelle du Cabinet d’Histoire
naturelle dépendant de la bibliothèque Geneviève ;
2° la Note des objets du Règne végétal qui se trouvent dans le cabinet
de la Bibliothèque de Gef main d es Prés ;
3° le Catalogue raisonné et méthodique des graines, écorces, bois, racines
et autres substances végétales employés à la médecine qui composent les
drogues du Collège de Pharmacie ;
4° le Catalogue des végétaux cultivés dans le jardin du Collège de
Pharmacie ;
5° l’inventaire de toutes les productions du- règne végétal qui étaient
déposées dans le magasin des Petits Augustins.
Cette pacotille formée de la réunion d’un grand nombre de cabinets
trouvés dans les maisons des émigrés du dép* de Paris est très considé-
rable et renferme des objets rares. Elle a été transférée dafis le magasin du
Muséum d’Histoire naturelle ;
6° le catalogue de toutes les plantes cultivées dans les jardins du
Muséum d’Histoire naturelle dont le nombre est de plus de 6.000 espèces
différentes ;
7° le Catalogue de toutes les espèces et variétés d’arbres et arbustes
forestiers qui peuvent se cultiver en pleine terre dans notre climat et qui
composent la nouvelle Ecole des arbres à bons fruits établie dans les jar-
dins du Muséum d’Histoire naturelle. Le nombre des espèces, variétés
ou sous-variétés est d’environ 600.
8° l’inventaire des arbres et plantes étrangères rares qui ont été enlevées
du Jardin de Cossé-Brissac, Faubourg Germain et transportés au Jardin
du Muséum pour le complément de la collection nationale ou pour être
envoyés dans les jardins nationaux de botanique des départements.
9° le procès-verbal de l’enlèvement des arbres et arbustes étrangers
précieux qui se sont trouvés dans les jardins de la femme Marbeuf et qui
ont été transférés au Muséum.
10° la liste dès jeunes arbres étrangers qui ont été transférés des pépi-
nières de Chaville au Muséum pour être répartis dans les départements.
11° le procès-verbal de transfert dëS arbres et plantes qui ornaient le
jardin de l’émigré Xacier Capet au Petit Luxembourg à Paris ;
12° l'Inventaire des arbres et plantes étrangères tant de pleine terre que
dé serre chaude qui ont été enlevés du Jardin de la femme Kinski.
13° l’inventaire méthodique de toutes les productions végétales qui
sont déposées dans le cabinet dé la ci-devant Académie des sciences ;
14° le Procès-Verbal de la visite faite dans les jardins et serres de Brunoy
dans lesquelles se trouvent 2 grands palmiers mis en réquisition pour le
jardin du Palais national.
Les inventaires suivants étaient faits mais les rapports n’étaient
pas déposés :
1° Catalogue des -végétaux qui se trouvent dans le jardin de botanique
de Bellevue ;
2° Celui des Jardins et de l’Orangerie de Port-la-Montagne (Ci-devant
St-Cloud) ;
3° Liste des arbres et arbustes cultivés dans les jardins et pépinières
de Bagatelle ; ■> *
4° l’Etat des arbres et arbustes étrangers qui ont été transportés du
Jardin de Xavier Capet à Versailles dans celui du Muséum ;
5° Liste des orangers et autres arbres d’Orangcrie qui sont cultivés dans
le Jardin de Versailles dit l’Orangerie ;
6° Etat des arbres étrangers porte-graines qui se trouvaient dans les
Jardins et Parcs de l’émigré Tessé à Chaville près Sèvres ;
7° Procès-verbal de la visite du jardin de l’émigré Coaslin à la Butte aux
Anglais près Sèvres * ■
8° Inventaire des végétaux qui se trouvent dans les jardins de la
condamnée Dubarry à Lucienne près Marly ;
9° Etat des arbres étrangers produisant des graines qui sont cultivés
dans le jardin de l'émigré de Guiche à Noisy près Versailles ;
10° Inventaire des jeunes arbres qui se trouvent dans la Pépinière du
Clos Vauclieron appartenant ci-devant à la liste civile ;
11° Liste des arbres qui se trouvent à l’Orangerie du Grand Trianon ;
12° Etat des semis et jeunes arbres étrangers qui sont dans la pépinière
dite des Graines, fg. de l’Hermitage à Versailles et qui appartenait cd* à
la liste civile ;
13° Le Catalogue des arbres et arbustes cultivés dans la pépinière dite
du Domaine de Versailles ;
14° Etat des arbres étrangers composant les jardins de Louis Noailles
à Montagne Bon air (Cdt St Germain en Laye).
Enfin, il restait à faire :
1° Inventaire des végétaux qui se trouvent dans le Jardin du Potager
de Versailles où ils ont été rassemblés de tous les jardins des émigrés du
district de Versailles ;
2° Le Catalogue des arbres et des plantes cultivées dans les jardins,
serres et pépinières du petit Trianon ;
3° Procès-verbal de visite des jardins et Orangerie de l’Isle-Adam au
Prince de Condé ;
4° Inventaire du Cabinet et du jardin de l’Hôpital de la Charité à
Paris ;
5° Catalogue des plantes du Jardin de l’Ecole vétérinaire à Alfort près
Charenton ;
6° examen des manuscrits qui se trouvent déposés chez l’agent de -la
ci-devant Société d’Agriculture de Paris ;
7° Catalogue des végétaux cultivés dans les jardins et pépinières du
Roule ;
8° Inventaire des herbiers récoltés au Pérou par le citoyen Dombey ;
9° celui de Commerson formé pendant son voyage autour du monde ;
10e Etat des productions végétales qui se trouvent dans le dépôt de
Nesle ;
11° Inventaire de tous les objets appartenant au règne végétal qui se
trouvent dans les galeries du Muséum d 'Histoire naturelle ;
12° Etat des peintures sur vélin qui composent la collection des objets
d 'Histoire naturelle déposés dans la bibliothèque du Muséum national ;
13° Examen des productions végétales et cultures d’arbres étrangers
établis à Malesherbes, Pithiviers ét autres endroits à 30 lieues de rayon
de Paris 1.
Une note postérieure indique que tous les inventaires étaient
terminés le 3 nivôse an IV.
De leur côté, les autorités de province procédaient à une récol-
lection analogue et l’on voit le district d’Etampes procéder à l’In-
ventaire des objets d’ Histoire naturelle qui se trouvaient dans les
maisons des émigrés ou condamnés, notamment :
A Méréville, chez Laborde, ci-devant banquier de la cour, con-
damné à mort,, où l’on trouvaient 150 espèces de plantes presque
toutes arbres ou arbustes ;
à Bourgneuf, chez Valory, émigré, où il y en avait 201 ;
à Boissy-le-Sec, chez Couturier, ci-devant fermier général, con-
damné à mort, où on n’en trouve que 8 ;
à Segrez, chez la femme Blot, émigrée, où il y en avait 53 ;
enfin à Bonne Commune (ci-devant Chamarande), chez Talaru,
condamné à mort, où les commissaires relevèrent 60 espèces.
Le district de Mantes n’était pas en retard sur celui d’Etampes
et notait qu’à Jambville, chez Maussion, condamné, il y avait
beaucoup de plantes et qu’à la Motte-Tilly, chez Terray, ci-devant
fermier-général, condamné, il y en avait 5.000 appartenant à
120 espèces.
Le district de Rouen signale également qu’il existe des •collec-
tions dans sa 'circonscription.
Il semble que Thoüin, dès qu’il eut reçu les ordres de Roland,
ait commencé à prélever des plantes pour le Muséum avant même
la constitution de la Commission car on trouve trace du transport
au Muséum le 5 octobre 1792, de 108 plantes en 94 espèces pro-
venant du Parc de Monsieur à Versailles et de 98 autres venant
de Trianon entre le 22 et le 24 octobre 1792, de 155 végétaux dont
de nombreuses plantes grasses et alpines prélevées à Bagatelle,
Le 27 octobre, de 97 espèces trouvées à Bellevue, en novembre,
1. L’herbier récolté dans l’Inde par Thévenot et conservé chez les Prémontrés de
Paris paraît avoir été ignoré.
487
des arbres fruitiers provenant du Potager du roi à Versailles1,
le 30 octobre, de 147 espèces en 198 individus provenant des
jardins et pépinières de Chaville et de Sèvres, au Cte de Tessé 2,
le 9 décembre, de 66 espèces enlevées à nouveau dans les jardins
de Monsieur à Versailles, enfin, à une date non précisée, 180 espèces
et 40 variétés fruitières provenant de la pépinière du Roule où il
semble qu’on en avait déjà prélevé 21 espèces antérieurement.
En 1793, le prélèvement continue :
Le 8 ventôse, ce sont 36 espèces et 229 individus et le 2 germinal,
28 espèces en 60 individus qui proviennent du jardin de l’émigré
Xavier Capet au Petit Luxembourg ; le 23 ventôse, 289 plantes
en 77 espèces ou variétés, tant de pleine terre que de serre chaude,
provenant du 15, rue Dominique à la feue Kinski ; 132 autres
espèces représentées par 231 individus sont apportées à nouveau
le 22 floréal, le 24 ventôse, 20 espèces d’arbres çt d’arbustes
provenant des Champs-Elysées chez la feue Marbeuf dont le plus
fort Gingko biloba ou Noyer du Japon qui existait en Europe 3 *.
Le 20 germinal, A. Thoüin avait été visiter les jardins et l’Oran-
gerie de Sceaux (au duc de Penthièvre) qui renfermait 168 oran-
gers, 6 lauriers-tin, 14 grenadiers très anciens et un assez grand
nombre de pieds de différentes espèces de Géranium (. Pélargo-
nium) africains, mais ces plantes ne l’intéressaient pas en tant
que collection, aussi proposa-t-il soit de conserver l’Orangerie,
soit de transporter les caisses à l’Orangerie de Versailles ou à Paris
au voisinage du Palais national.
Le 22 floréal, c’était 44 plantes appartenant à 28 espèces qui
étaient rapportées de chez Cossé-Brissac au Faubourg Germain.
Le 26 thermidor André Thoüin trouvait des arbres et arbustes
rue des Martyrs chez le condamné Malesherbes et il en emportait
au Jardin des Plantes 34 espèces en 50 individus le 4 fructidor.
Le même jour, rue de Clichy, chez la condamnée Boutin, il décou-
vrait 52 espèces d’arbres et arbustes en caisses ou en pots, des
oignons de tulipes et de jacinthes, des « griffes » d’Anémones et des
« pattes de » Renoncules. Jean Thoüin, frère d’André, qui l’avait
remplacé comme « 1er jardinier du Muséum national d’ Histoire
naturelle » lorsque André avait été nommé Professeur de Culture,
en effectuera le transport en fructidor.
Tous ces transports n’étaient pas sans occasionner des frais et à
côté de 221 8S pour la paille d’emballage, A. ThoüiN note qu’il a
dépensé :
1. Le 4, un procès-verbal constatait qu’il avait été prélevé chez les Chartreux de
Paris, 88 variétés de poiriers, 35 de pruniers, 34 de pêchers, 32 de pommiers, 17 d’abri-
cotiers, 3 d’amandiers, 2 de néfliers, 2 d’azéroliers.
2. L’inventaire indique qu’il y avait 523 plantes dont 436 pieds d’Ananas.
3. En été Thoüin notait qu’il n’avait point souffert de la transplantation et
poussait vigoureusement.
<- 488 _
471 pour le transfert des plantes de Kinski,
441 10s pour le transfert des plantes de Marbeuf,
371 pour le transfert des plantes du Petit-Luxembourg,
121 10s pour le transfert des plantes de Cossé-Brissac.
Tout d’ailleurs n’allait pas sans difficulté : c’est ainsi que 2 Cha-
mærops humilis d’une hauteur de 12 pieds environ ayant été réqui-
sitionnés à Brunoy, dans le Domaine national provenant de Louis-
Xavier Capet, émigré (le Cte de Provence), le maire, le Cen Maré-
chal, le 1er vendémiaire an III, mettaient en demeure Thoüin
de les enlever, les serres ayant été vendues. Et pourtant A. Thoüin
cherchait toujours où trouver des plantes qui manquaient à ses
collections.
Chez l’émigré Hôcquart à Montfermeil près du Raincy, note-t-il,
il y a des arbres verts qui produisent des graines ; à Issy chez l’émi-
gré Senneterre, il se trouve 24 forts orangers plus un lentisque ;
27, rue d’Enfer, à côté de l’Institut de l’Oratoire, il y a, chez l’émi-
gré d’Epinay-du-Luc, 4 forts myrtes à fleurs doubles. » Il faut aller
y voir ».
De régions forts éloignées, A. Thoüin recevait aussi des collec-
tions provenant de biens d’émigrés ou de condamnés. C’est ainsi
que de Port-Libre (Toulon) on ne lui envoyait, le 7 thermidor
an II, pas moins de 26 caisses d’oignons et de graines provenant
du voyage au Cap de Labrousse, condamné, ou rapportée de Hol-
lande par celui-ci, notamment 378 sachets contenant des variétés
de tulipes portant des numéros correspondant à un catalogue,
plus 354 autres sans numéro, sans parler des Jacinthes, Safrans et
Renoncules.
En l’an III, A. Thoüin opère en Belgique, comme commissaire
attaché aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse ; le 5 vendé-
miaire, il annonce de Bruxelles un envoi de 80 espèces, le 24, un
autre de Liège. En Hollande, s’il confisque le cabinet du Stathouder,
il ne semble pas avoir trouvé de plantes vivantes à envoyer au
Muséum, ni à Maestricht, ni à la Haye ; il en est de même en Rhé-
nanie.
En l’an V, A. Thoüin est en Italie mais ses récoltes ne sont pas
fructueuses, du moins en plantes vivantes ; de Florence, le 4 fri-
maire, il n’envoie que 5 paquets de graines, de Bologne, le 20 plu-
viôse, des crossettes et boutures de la variété de vigne appelée
Balsamine.
A Mantoue, le 6 ventôse, il n’a rien trouvé bien qu’il y eut quel-
ques plantes intéressantes au jardin botanique mais « il a été labouré
par les boulets et les bombes des Français qui sont de très mauvais
jardiniers et qui ont presque ruiné ce jardin ».
De Bologne, à nouveau, le 13 ventôse, il envoie des boutures de
plantes grasses et quelques semences de plantes exotiques enfin,
de Livourne, le 10 prairial, une soixantaine d’espèces de graines
de plantes étrangères recueillies dans le jardin botanique.
Ces divers envois d’Italie semblent être arrivés à bon port car
pour chacun d’eux existe la transmission aux professeurs du Muséum
par Delacroix ministre des relations extérieures.
Si Thoüin cherchait par tous les moyens à enrichir les collec-
tions du Muséum, il ne se désintéressait pas cependant des jardins
botaniques de province. La Convention « dans sa sagesse », n’avait-
«11e pas décidé qu’il y aurait, dans chaque département, un jardin
botanique dè 4 arpents ; certains, comme le Cen Boillet, en deman-
dait même un dans chaque commune.
A propos des plantes de Cossé-Brissac et de Tessé. il note qu’une
partie de ce qui a été transporté au Muséum est destiné à être envoyé
dans les jardins botaniques des départements et à propos des plantes
de Kinski « cette pacotille fournira les moyens d’enrichir les jardins
botaniques des départements ». Au sujet des plantes de Vichy, à
Montceau (S.*et-Loire) qui comportaient 67 espèces dont des Pal-
miers, des Bambous et des Cannes à sucre, il faisait remarquer
que« ... le seul moyen de les utiliser est de les laisser à la disposition
du Comité d’instruction publique pour en former la base d’une
collection de botanique qui pourrait être établie dans le chef-lieu
du département où elles se trouvent réunies ». De plus il marquait
que le département de Seine-et-Oise est très riche et pourrait servir
à meubler les jardins botaniques des départements, les végétaux
trouvés dans les jardins des émigrés ayant été rassemblés au Pota-
ger de Versailles.
Enfin, le 1er fructidor an III, il protestait véhémentement contre
le district de Versailles qui affichait pour le 11 la mise en vente du
jardin de Bellevue qui avait été affecté au Muséum, comme dépôt
de végétaux exotiques tant de pleine terre que d’Orangerie ou de
serre chaude pour former des collections qui doivent être établies
dans les départements. Evidemment cette main mise de l’Etat
sur les biens ne lui appartenant .pas, sans indemnités aux légitimes
propriétaires, n’est pas très conforme à une stricte honnêteté mais
que seraient devenues des collections de plantes vivantes aban-
données et. pour celles de serres, sans chauffage ? Ne voit-on pas
que la donation, en thermidor an II, par La Tour d’Auvergne, des
plantes acquises par son père en Hollande et en Angleterre et réunies
à Navarre (Eure) n’a été acceptée que le 22 vendémiaire an III ?
Les plantes avaient bien été déposées à Evreux, chez Racine,
ancien jardinier du feu duc de Bouillon, mais lorsque l’inventaire
en fut fait le 24, sur les 303 individus en 197 espèces un certain
nombre étaient déjà morts et il n’y avait aucun crédit pour les
chauffer.
— 490 —
Les + Pyro-Cydonia fructifient enfin
Par A. Guillaumin.
Professeur au Muséum.
On sait que les X Pyronia sont les hybrides obtenus artificielle-
ment entre Poirier et Cognassier peu avant 1913, chez Veitch par
John Seden et que les -j- Pyro-Cydonia sont ce qu’on a appelé
des « hybrides de greffe » apparus au niveau du bourrelet de gref-
fage d’un poirier Bon Chrétien Williams' , greffé sur Cognassier ou
même au-dessous du bourrelet après ravalement. ,
Le -f- Pyro-Cydonia Danielii Winkler a été observé pour la pre-
mière fois en 1902. puis en 1913, enfin en 1935, le -f- Pyro-Cydonica
Winkleri Daniel en 1913, le -f- Pyro-Cydonia Claracii Daniel en
1931 mais aucun n’avait encore fleuri ou fructifie tandis que les
X Pyronia Veitchii Guillaumin var. John Seden Guillaumin et var.
luxemburgiana Guillaumin fructifient régulièrement depuis 1914,
le premier donnant des fruits ressemblant à un coing, le second
exactement à une poire mais présentant l’un et l’autre certains
caractères intermédiaires, en particulier des ovules sur 2-3 étages
mais qui avortent toujours.
Le -f- Pyro-Cydonia Winkleri qui se rapproche surtout du Cognas-
sier vient de fructifier abondamment au Muséum donnant de petits
fruits (93 gr. en moyenne), piriformes, ressemblant à des coings
mais perdant leur duvet cotonneux avant complètç maturité et
presque sans arôme. Les pépins, sur plusieurs étages, comme chez
le Cognassier, étaient tous avortés.
Le + Pyro-Cydonia Claracii qui est très voisin du Poirier a
donné aussi, au Muséum, quelques fruits, ressemblant à des poires,
plusieurs (15 à 46 gr.) petits, assez mal formés, rugueux brun-
roux et un gros (335 gr.) à peau jaune verdâtre pointillée de brun,
rugueux et brun-roux vers le pédoncule, à forte odeur de coing se
mélangeant ensuite à celle de la poire Bon Chrétien Williams ’ mais
les fruits étaient tous terminaux alors que les poires se forment
surtout sur les yeux de la base des rameaux. Les pépins étaient
bien développés et il n’y en avait qu’un étage comme chez le poi-
rier.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
V
— 491 —
Notes sur le Parc arboretum de Baleine
Par M. Auguste Chevalier.
Membre de i/Institut,
Professeur au Muséum
Un arrêté, du 18 janvier 1944, du Secrétaire d’Etat à l’Educa-
tion nationale, pris sur la proposition de la Direction des Beaux-
Arts, après consultation de M. le Directeur du Muséum, a classé
comme site national le parc de Baleine situé sur la commune de
Villeneuve-sur-Allier (Allier), appartenant â M. H.-M. de Roc-
quigny-Adanson descendant direct, à la cinquième génération,
de l’illustre botaniste Michel Adanson.
Le 22 juin 1944, une Commission interministérielle, dirigée par
M. de Chalup, Inspecteur régional des Sites et Monuments de la
région de Clermont-Ferrand, représentant les Beaux-Arts, se ren-
dait à Baleine et visitait le parc pour se rendre compte des mesures
préservatrices qu’il conviendrait de prendre, d’accord avec le pro-
priétaire. Cette Commission comprenait entre autres personnalités
le signataire de ces lignes et M. A. Guillaumin, Professeur de Cul-
ture au Muséum.
« C’est, > la première fois, écrivait le lendemain un journal local,
le Progrès de V Allier, que le Muséum national d’ Histoire naturelle
dépêche des savants de cet établissement pour une visite officielle
d’un parc privé, réputé de longue date au point dé vue esthétique
et scientifique ».
Les richesses botaniques de Baleine nous étaient connues depuis
longtemps. Nous les avions examinées de près en parcourant le
parc dans tous les sens pendant le séjour que nous fîmes au châ-
teau de Baleine en 1933, étant l’hôte de M. de Rocquigny lorsque
nous préparions le livr.e que nous avons consacré à la vie et l’œuvre
de son aïeul Michel Adanson. Ce parc, par sa richesse en beaux
arbres exotiques, est un des joyaux de notre pays. Déjà en 1908 le
Bulletin de la Société dendrologique de France signalait « ses riches
collections, remarquables entre toutes » et il ajoutait qu’il n’était
pas possible de dresser un inventaire complet des richesses qui y
sont accumulées tant elles sont nombreuses.
Aussi, lorsque au mois d’octobre 1940, M. H.-M. de Rocquigny-
Adanson, à la suite des tristes événements qui s’abattaient sur notre
pays, nous demanda l’appui du Muséum auprès des pouvoirs publics
pour faire classer son parc et le mettre sous la sauvegarde de l’Etat,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 492 —
nous n’eûmes pas un instant d’hésitation. Le regretté Professeur
Louis Germain, alors Directeur du Muséum, voulut bien signaler
à la direction des Beaux-Arts l’intérêt que nous portions à ce magni-
fique arboretum. La proposition de classement a suivi son cours.
Les Beaux-Arts y ont donné leur assentiment et un texte officiel
est venu ratifier ce que nous souhaitions tant. Nous espérons que
bientôt des mesures d’aménagement et d’entretien seront prises
pour soulager le propriétaire qui s’est imposé jusqu’à ce jour de
lourds sacrifices pour la conservation de ce précieux joyau. Nous
nous proposons, dans les pages qui vont suivre, de donner un court
aperçu sur l’histoire de l’arboretum de Baleine, sur les causes de
sa réussite, sur ses richesses botaniques et sur son intérêt au point
de vue scientifique, esthétique et économique.
Etendue et situation du parc. Sol et climat.
L’arboretum de Baleine couvre environ 32 hectares d’étendue.
Il occupe une légère dépression dans la plaine bourbonnaise (Vallée
de l’Ailier) à deux kilomètres de cette rivière et à une faible dis-
tance de la limite des départements de l’Ailier et de la Nièvre. Il
est situé à l’altitude de 227 m. Distant d’une quinzaine de Km.
(au N.-W.) de Moulins ; on s’y rend en suivant la route nationale
de Paris à Antibes. Une avenue, longue de 2 km environ, se détache
à droite de la route et conduit à la cour du château. Le parc, com-
plètement clôturé par un treillis en bois, est situé en arrière du
château et ne s’aperçoit pas tout d’abord.
La commune de Villeneuve-sur- Allier ou Villeneuve-Aurouër,
de laquelle dépend Baleine, s’étend, partie sur les alluvions récentes
de l’Ailier, partie sur les sables et argiles du Bourbonnais que l’on
rattache au Miocène (burdigalien), remanié au Pliocène (on a
trouvé aux environs de Moulins des arbres silicifiés qui dateraient
de cette période). Des bancs sableux avec de petits galets alternent
avec des lits d’argiles et de graviers plus ou moins stériles. Le sol
est souvent acide et siliceux, mais parfois aussi il contient des
traces de calcaire et il montre par places, une flore calciphile. Par
exception, l’emplacement du parc se trouve sur des alluvions
récentes avec un sol noirâtre et riche. La réaction du sol est légère-
ment acide mais on trouve aussi dans le sous-bois et les prairies
quelques plantes calcicoles.
Tout le pays environnant est peu fertile.
« Il y a encore cent ans, écrit Menieh, le pays (les environs de
Moulins) était couvert de bruyères et d’étangs ; le paysan très
pauvre n’avait pas pu racheter la terre à ses anciens possesseurs
et le métayage était la forme à peu près exclusive de tenure. Etant
donné la pauvreté des terres, les grands propriétaires les divisaient
en exploitations de 70 à 80 hectares, étendue jugée nécessaire pour
faire vivre une famille, A part quelques cultures de seigle et de
pommes de terre, la plus grande partie du domaine était consacrée
au parcours de moutons. Les maisons en colombage et torchis
trahissaient la misère générale. Par contraste avec la Limagne
du Sud, on avait donné à cette plaine monotone le nom de Sologne
bourbonnaise ». ( Géographie du Plateau central, 1935, p. 222).
Le pays s’est beaucoup transformé depuis cette époque et la
transformation est l’œuvre des grands propriétaires, grâce à l’amen-
dement, au drainage et au comblement des étangs : il produit de
nos jours des céréales et des fourrages. Les prairies artificielles qui
n’existaient pas ont été développées et les prairies naturelles amé-
liorées. On élève aujourd’hui beaucoup de bœufs pour la production
de la viande. C’est dans cette contrée déshéritée que Mme Aglaé
Adanson vint, sur les conseils de M. Girard de Busson, résidant à
Chant enay-Saint-Imbort, se fixer, en 1804, en achetant le domaine de
Baleine. Elle fut sans doute une des premières à apporter des amé-
liorations agricoles dans la contrée. « Lorsque je vins m’établir
dans le pays que j’habite, a-t-elle écrit dans son livre La Maison
de Campagne, je ne trouvai que des gens soumis à la plus mauvaise
routine. Les ouvriers que j’employais et même mes voisins riaient
et me plaisantaient de ce, que j’entreprenais. Plusieurs années se
passèrent... Cependant mes jardins, mes prés, mes plantations
prospéraient à vue d’œil. Maintenant on ne trouve de bons fruits
que ceux provenant de mes greffes, de bons légumes, que ceux que
j’ai cultivés et chacun de m’en demander, en me priant d’y joindre
des instructions,.. La vue de mes jardins me consolait de tout. La
vie à la campagne offre mille avantages. Mais Aglaé Adanson
allait rencontrer aussi des difficultés à surmonter.
Nous avons déjà parlé du sol presque partout ingrat.
Le climat de la plaine bourbonnaise est rigoureux et ne se prête
guère à l’acclimatation des végétaux méridionaux. Il fallut donc
faire un tri parmi ceux qu’elle se proposait de cultiver.
C’est un climat continental assez rude qui tient à la fois du cli-
mat Charolais et du climat auvergnat. Bien que les montagnes du
Plateau central soient assez éloignées, leur influence se fait sçntir,
surtout dans les vallées comme celle de l’Ailier, car ce sont aux
basses altitudes que les plus grands froids sévissent. On a constaté
à Moulins certains hivers des froids de ■ — 20° et même — 27° ; les
froids hivernaux de — 13° sont fréquents. Le Pin maritime, qui a
succombé en Sologne pendant l’hiver 1879-1880, a résisté cepen-
dant aux hivers du Bourbonnais. En mai la température se relève
brusquement ; alors surviennent des orages fréquents. Les étés
sont souvent très chauds et secs et certains arbres, s’ils étaient
plantés isolés, ne résisteraient pas à la sécheresse, La forêt vierge
494 —
artificielle constituée à Baleine crée certainement un microclimat
et un complexe biologique très particulier qui permet aux essences
de lutter à la fois contre les froids rigoureux, contre le vent et
contre la sécheresse, car même en été le sol est imprégné d’humi-
dité et l’état hygrométrique sous la voûte forestière est toujours
voisin de la saturation ; la température est toujours assez tem-
pérée. Cependant à Moulins, l’amplitude est de 17°6 entre janvier
(2°) et juillet (19°6) ; la moyenne des pluies à Moulins pour vingt
années est de 694 mm., alors que dans le S. du département, elle
atteint et dépasse sur les collines 800 mm.
Mme Adanson s’était rendu compte dès 1836 dé la rigueur de
certains hivers à Baleine. Des arbres et des arbustes qui avaient
parfaitement réussi à passer les hivers dehors, les premières années,
finirent par succomber ou dépérir, en particulier le Laurier-tin,
le Bibassier du Japon, l’Olivier, le Buddleia, le Fuchsia coccinea, le
Cobæa scandens, le Ligustrum japonicum, le Melia azedarach, etc.
L’ Hortensia qui fleurissait, ne fleurit plus.
, « Depuis quinze ans, écrit-elle, j’ai vu disparaître peu à peu
toutes ces plantes sans qu’aucune tentative pour les cultiver au
pied d’un bon mur de pierre ait jamais pu réussir. Mon jardin est
bien moins frappé par la gelée que tout ce qui m’entoure et cepen-
dant beaucoup de mes plantes succombent par le froid. Si j’ai
cessé de pouvoir conserver les plantes susdites, c’est que depuis
vingt ans les hivers sont plus longs, plus froids et que cela va tou-
jours croissant. Bientôt la température du Centre de la France où
je suis sera celle du Nord. Aussi je pressens dans l’avenir de grands
déboires pour les amateurs de collections. » Mme Adanson exagé-
rait certainement. Les hivers rigoureux ne surviennent habituelle-
ment qu’à longs intervalles et au début de ses acclimatations elle
avait sans doute eu la chance de n’avoir que des hivers bénins.
Il y a sans doute eu bien des éliminations causées les unes par le
froid des grands hivers, les autres par la chaleur, ou la sécheresse
des étés très chauds, mais le nombre des espèces qui ont résisté à
de nombreuses années d’essais et qui semblent bien adaptées au
climat bourbonnais est plus grand qu’on aurait pu le supposer à
priori.
1. — Les origines du Parc et son développement
DE 1807 A 1852.
Sitôt fixée à Baleine, Mme Adanson (Catherine-Aglaé) se préoc-
cupa d’aménager la propriété et d’y créer des jardins et un parc.
On indique généralement 1805 comme point de départ de celui-ci,
mais, selon Lassimonne, la plus grande partie n’aurait été plantée
qu’en 1817. En 1825, le parc avait déjà assez d’allure pour qu’elle
495
dressât le catalogue des espèces qui y étaient cultivées. Près de
800 espèces et variétés d’arbres et d’arbustes sont déjà énumé-
rées.
Elle se donna avec passion à ces plantations. Son père, le grand
botaniste Michel Adanson (1727-1806) avait rêvé toute sa vie
d’avoir un grand jardin botanique qu’il aurait planté à sa guise,
suivant sa méthode naturelle. Au Sénégal, encore adolescent, il
avait été chargé du Jardin de la Compagnie des Indes. De retour
en France, il fut attaché, sur la recommandation du duc d’Ayen
au jardin arboretum de Trianon, créé par Louis XV. Plus tard, le
duc de Choiseul songea à l’envoyer à la Guyane où il aurait pu
créer un jardin botanique. Evincé de Trianon en 1772, ii crut un
moment qu’il allait obtenir la place de Buffon au Jardin royal de
Paris. Mais ce furent toujours des illusions.
Aglaé allait, après la mort de son père, réaliser son rêve. Mais
les affinités botaniques des végétaux ne l’intéressaient point. Elle
aimait les plantes simplement et n’avait point de prétentions scien-
tifiques. Elle sût trouver un emplacement convenable pour en
cultiver le plus grand nombre. Ce n’est pas auprès des botanistes
qu’elle alla chercher des renseignements mais, plus pratique que
son père, c’est à des horticulteurs expérimentés qu’elle s’adressa
et en outre elle fit elle-même des essais, mettant sans cesse, comme
elle le conseille aux dames qui veulent vivre à la campagne, la main
ù la pâte.
Nous savons peu de choses sur sa vie. Née à Paris en 1775, elle
avait 17 ans lorsque sa mère l’emmena en Angleterre sous la Révo-
lution. Elle rentra en France deux ou trois ans après. Jolie femme,
pleine de talents, elle eût de hautes relations dans la capitale sous
le Directoire, le Consulat et le début de l’Empire. Mariée à Jean-
Baptiste Doumet elle en eût deux fils : Emile-Auguste et Paul-
Anacharsis. Brusquement en 1804, elle renonce à la vie parisienne
où elle est pourtant adulée et achète le domaine de Baleine com-
prenant quelques centaines d’hectares de terres alors médiocres :
bois, prés, labours. Désormais et jusqu’à sa mort, survenue en
1852, elle va consacrer tout son temps à ses fermes qu’elle amé-
liore, à ses jardins et surtout à son parc. Elle nous a laissé un tableau
charmant de la vie qu’elle mène dans le Bourbonnais dans son livre
La Maison de Campagne, écrit d’un style alerte et qui eût six édi-
tions. ' 5
Son petit-fils Paul-Napoléon Doumet-Adanson raconte en ces
termes la création du parc : « Vers le commencement de ce siècle,
une femme d’intelligence, de savoir et d’énergie se dérobant spon-
tanément, quoique jeune encore, aux séductions trompeuses de la
vie mondaine, se fixait en Bourdonnais dans sa terre de Baleine.
Tenant de son père, Michel Adanson, un goût prononcé pour les
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 32
496
études botaniques, passionnée pour la culture des arbres et des
plantes, elle entreprit la création d’un parc d’expérience, où jus-
qu’au dernier jour de sa vie, elle ne cessa de réunir et d’observer
toutes les espèces exotiques ou indigènes susceptibles de vivre sous
le climat du centre de la France. Il y a 37 ans qu’Aglaé Adanson
(Madame Doumet) n’est plus de ce monde, mais son œuvre lui a
survécu et ses héritiers recueillent aujourd’hui le fruit de ses tra-
vaux et de ses essais de naturalisations 1 ».
Lorsque la plantation du parc débuta, il n’existait encore aucun
livre français, en dehors des publications anciennes d’Olivier de
Serres (une édition annotée est de 1804), de Duhamel du Mon-
ceau, puis de René Le Berriays renseignant sur les arbres exo-
tiques à cultiver en France 2, mais dès la fin du xvme siècle, on
s’adonnait avec un grand engouement' en France et en Angleterre
à l’acclimatation de ces arbres en Europe occidentale. Michaux,
père et fils, avaient fait connaître un grand nombre d’Arbres d’Amé-
rique du Nord dont les graines et les jeunes plants commençaient
à se vendre dans le commerce.
L’une des maisons françaises d’horticulture les plus renommées
au début du xixe siècle pour la vente de jeunes arbres était celle
fondée aux portes de'Paris par Jacques-Martin Cels, qui fut membre
de l’Institut. A sa mort, survenue en 1806, son fils François Cels,
supprima les pépinières d’arbres fruitiers mais développa la culture
des végétaux de serre et de plein air et il contribua à répandre en
France le goût des plantations d’arbres exotiques dans les parcs3.
François Cels fut le principal fournisseur de Mme Adanson en
végétaux exotiques.
« J’avais pour lui, a-t-elle écrit, une prédilection. Il a tout fait
pour encourager l’accïimatèment des plantes conservées jusqu’alors
sans discernement dans les serres et par le seul motif de main-
tenir rares et chères des espèces qui se seraient répandues sans ce
calcul. M. Cels a favorisé et stimulé mon goût pour l’horticulture.
Sans lui peut-être je ne m’y serais pas adonnée. Reconnaissance à
sa mémoire ».
Elle eût la main très heureuse dans le choix de l’emplacement
du parc. C’est vraiment le seul endroit de la propriété de Baleine
qui convenait pour une telle destination4. Le sol y est riche et
profond et repose sur une couche d’argile imperméable de sorte
1. Conférence à la Société d’ Horticulture de Nevers, le 8 décembre 1888.
2. L’ouvrage de René Desfontaines : Histoire des Arbres et Arbrisseaux qui peu-
vent être cultivés en pleine terre sur le sol de la France est de 1809.
3. VeNtenat. Le Jardin de J. M. Cels, Paris, 1800. — Le Texnier. Une famille de
jardiniers : les Cels. Broch. in-12, (Bibl. Mus. 180, 428).
4. Cependant Aglaé avait remarqué aussi sur sa propriété, sur le domaine de La
Paire un autre endroit tourbeux, dont le sol eut convenu également (Renseignement
de M. H.-M. de Roequigny.).
— 497
que l’eau existe en profondeur en toute saison* Ce devait être alors
un bois marécageux. Peut-être existait-il aussi des étangs que l’on
assécha. Un bois de Chêne pédonculé, mélangé à du Charme, du
Bouleau, des Tilleuls, du Frêne, des Ormes et de l’Aune devait
occuper le terrain.
La propriétaire ne se contenta pas d’acheter des plants ou des
graines et de diriger les travaux. Elle nous apprend que souvent
c’était elle qui plantait et bouturait. Elle fit creuser des fossés
profonds et des douves pour drainer le sol. Elle eût le bon goût de
laisser subsister les arbres indigènes les plus remarquables : Chênes,
Ormes, etc. Quelques-uns des vieux arbres qui subsistent de nos
jours sont sans doute antérieurs à la plantation. Du reste tous les
arbres indigènes du Bourbonnais (Tilleuls, Frênes, Châtaigniers,
Hêtres, Charmes, Ormes, Peupliers, etc.) se mélangent harmo-
nieusement, dans le parc, aux essences introduites. -
Son livre La Maison à la Campagne fourmille d’observations
judicieuses qui montrent que rien ne lui échappait. C’est ainsi
qu’elle raconte qu’elle fit dans ses bois des taillis de Chêne (Quer-
cus pedunculata), le seul qui soit spontané dans la région. Elle
semait les glands en planches sur du terreau et repiquait la deuxième
année.
« Cette opération, écrit-elle, n’est pas plus longue que celle d’un
semis en rayons et pas un de mes Chênes ne manque... On se deman-
dera pourquoi je plante à deux pieds de distance. C’est parce que
plus le plant est serré, plus il s’élève promptement et c’est le seul
moyen d’avoir de beaux sujets bien filés. On éclaircit facilement
ensuite. Je ne puis engager les planteurs en grand à suivre ma
méthode justifiée par l’expérience ; que du moins ceux qui forment
des parcs la mettent en pratique. Ils s’en trouveront bien. »
A l’article Rhododendron , elle indique comment il faut cultiver
ces arbustes.
« On les propage de marcotte, de greffe par approche ou dé semis.
Les semis se font avec des graines fraîchement récoltées que l’on
sème en pots avec de la terre de bruyère tamisée... A la seconde
année les jeunes Rhododendrons sont bons à mettre en place et
donnent des variétés nouvelles et même des sortes à fleurs doubles.
Les Azalées se multiplient de la même manière (de graines) et plus
aisément de marcottes... Je n’ose pas dire qu’on peut les greffer,
car maintenant on abuse tellement de ce procédé calculateur qu’on
ôte entièrement aux acheteurs la possibilité de multiplier chez eux
les variétés qu’ils paient pourtant si cher. Ces greffes durent peu,
végètent faiblement et sont perchées àu plus haut possible pour
l’espèce en sorte qu’il faut racheter et toujours racheter. Alors on
renonce aux collections de ce genre... De même pour les Rosiers.
On doit faire tous ses efforts pour multiplier les variétés que l’on
498
possède greffées, par marcottes ou par boutures, en les essayant
de toute façon, en toutes saisons et dans des situations différentes ;
quelques espèces sont rebelles, les autres s’enracinent à la longue. »
Elle conseillait aussi de faire de nombreux semis de toutes sortes
afin d’obtenir de nouvelles variétés. Elle tenait des registres de
travaux d’agriculture où étaient , consignées toutes les opérations
journalières faites aux champs et aux jardins.
Dès 1825, le Parc dont Madame Adanson nous a laissé un cata-
logue renfermait environ 800 espèces ou variétés d’arbres ou d’ar-
bustes exotiques. On ne sait pas si ce nombre s’accrut beaucoup
par la suite,' mais il n’est pas douteux que jusqu’à sa mort, surve-
nue en 1852, elle continua à enrichir ses collections.
II. — La vie du parc de 1852 a 1944.
L’entreprise à laquelle Aglaé Adanson avait consacré sa vie
lui survit depuis bientôt un siècle.
Quatre générations de descendants ont donné leurs soins à l’em-
bellissement du Parc.
Le fils cadet, Paul-Anacharsis Doumet (1800-1880), qui avait
passé presque toute sa vie auprès de sa mère et était resté céliba-
taire, hérita de la propriété de Baleine et continua à entretenir la
collection vivante jusqu’à sa mort en 1880 mais on sait peu de
choses sur lui. On rapporte que dès son adolescence sa mère lui
avait donné une parcelle du parc à entretenir lui-même afin de
l’intéresser à sa conservation et à son enrichissement. Il se con-
sacra de son mieux à cette mission toute sa vie. A sa mort, le beau
domaine passe aux mains d’un petit-fils d’Aglaé, Paul-Napoléon
Doumet, conml ensuite sous le nom de Doumet- Adanson, la chan-
cellerie lui ayant permis d’ajouter à son nom celui de son illustre
aïeul.
Paul-Napoléon était fils unique de l’aîné des enfants d’Aglaé,
Emile- Auguste Doumet (1796-1869) qui avait épousé vers 1830
la fille du général Jubé de la Pérelle, nièce de Lacépède. Emile
Doumet avait fait une brillante carrière dans l’armée, débutant
avec Napoléon Ier dans la campagne de Russie, puis il était monté
en grade sous la Restauration et sous Louis-Philippe. En 1848, il
prit sa retraite et se fixa à Cette (Sète) où son père Jean-Baptiste-
Marie Doumet (1767-1848) venait de s’éteindre. Emile Doumet,
nommé maire de Cette en 1849, devint député de l’Hérault peu
de temps après. Mais il nous intéresse surtout comme naturaliste
et collectionneur. Dès 1816, âgé de vingt ans à peine, par suite de
son licenciement de l’armée qui dura quatre ans, il eût des loisirs
et les employa à collectionner tout ce qu’il pouvait rencontrer de
curieux dans les trois règnes de la nature. Retraité, il consacra
499
une partie de son temps pendant les vingt années qui suivirent à
étendre ses collections et à y joindre aussi des objets d’art, des
antiquités, des curiosités de toutes sortes, constituant sur une
vaste échelle ce que l’on nommait au xvme siècle un « cabinet ».
Toutefois il donna la première place à l’histoire naturelle et spé-
cialement à la conchyliologie. Il fonda un musée immense, grand
bâtiment de 400 pieds de long, musée privé »... Enfin, émule de sa
mère, il créa aussi, dans sa propriété de Cette, un jardin botanique,
une orangerie et de vastes serres où furent rassemblés dix mille
caisses et vases renfermant des plantes de tous les pays et en par-
ticulier une série incomparable de Cactées. Aglaé et son fils avaient
donc réalisé lé rêve de leur père et grand-père, le vieux naturaliste
Adanson.
A la mort d’Emile Doumet toutes les collections de Cette pas-
sèrent entre les mains de son fils Raoul-Paul-Napoléon. Celui-ci
les étendit encore, au cours de voyages qu’il fit à travers la France,
en Italie, en Afrique du Nord. Se consacrant de préférence à la bota-
nique, à l’ichtyologie et à l’entomologie, il publia quelques notes
relatives aux Poissons de la Méditerranée, à des herborisations
dans les Cévennes et au Mont Viso et surtout à l’Afrique du Nord.
Son ami le botaniste Dr Ernest Cosson l’avait intéressé à l’étude
de la flore de l’Algérie et de la Tunisie et il fit d’abord en 1874,
puis en 1880-1883 deux ou trois voyages sur les confins du Sahara
et en Tunisie. Paul-Napoléon Doumet (Doumet-Adanson) fit
ainsi partie en 1883 de la Commission scientifique chargée de l’ex-
ploration botanique de la Tunisie. Il avait succédé à son père comme
président de la Société d’ Horticulture et d’ Histoire naturelle de
l’Hérault.
Ayant hérité du domaine de Baleine à la mort de son oncle Ana-
charsis, en 1880, il résolut de venir y habiter et d’y transporter
tout son musée de Cette,' ainsi que les plantes d’orangerie et de
serre. Dès lors les collections vivantes du parc et des jardins de
Baleine, ainsi que le musée qui vint rejoindre le vieux cabinet
d’AnANsoN qu’Aglaé avait conservé intact (en laissant tous les
matériaux dans les meubles où ils étaient du temps de son père
avec leur étiquetage), constituèrent un ensemble unique en France.
On a écrit que c’était alors la collection d’histoire naturelle fran-
çaise la plus riche après celle du Muséum de Paris. Peu à peu elle
s’est disloquée, les descendants ayant bien voulu notamment céder
à notre Muséum national celles des collections qui offraient un
véritable intérêt pour la science. Mais le Parc de Baleine est resté
entre les mains de la famille Adanson et a continué à s’enrichir.
Paul-Napoléon s’intéressa particulièrement aux arbres. Prési-
dent de la Société d’ Horticulture de l’Ailier, puis de la Société
d’émulation du Bourbonnais, de la Commission météorologique de
l’Ailier, il fut dans sa petite région un véritable animateur pour les
sciences naturelles. Fixé à Baleine il se consacra particulièrement
à la météorologie locale et à l’étude de l’action du climat sur les
arbres exotiques.
Pans sa propriété, il donna une grande partie de son temps à
l’embellissement du parc et il lui consacra ses ressources. Les notes
écrites qu’il a laissées sont malheureusement rares. La notice qu’il
a publiée sur le rôle des essences forestières dans le reboisement
montre qu’il connaissait particulièrement bien les arbres. Dès son
arrivée dans l’Ailier il était entré en rapports avec l’horticulteur-
paysagiste Treyve-Marie de Moulins et Yzeure qui lui procura de
nombreux arbres et arbustes nouveaux qui sont venus accroître
le? plantations du parc de Baleine L
Doumet-Adanson avait deux filles dont l’une mourut en bas
âge, l’autre, Louise, épousa, vers 1885, M. Guillaume de Roc-
quigny descendant d’une vieille famille normande. A la mort de
son beau-père, en 1897, celui-ci vint se fixer à Baleine et ajouta à
son nom çelui d’AüANSON. Le parc était encore une fois en bonnes
mains. Il fut entretenu avec soin et enrichi progressivement de
quelques nouveautés. G. de Rocquigny-Adanson s’intéressa
du reste aux arbres de la collection. Il publia à partir de 1898,
dans le Bulletin scientifique du Bourbonnais, quelques notes sur
le genre Adansonia et sur quelques arbres de Baleine qui attirèrent
l’attention. Jusqu’à cette époque l’Arboretum de Villeneuve-sur-
AHier n’avait pas fait parler de lui. C’est à partir de ce moment
que quelques naturalistes s’y intéressèrent. En 1909, la Société
dendrologique de France, fondée en 1905, par R. Hickel et par
M.-A. Pode s’y rendit en excursion et dans le compte-rendu, elle
fit mention des arbres les plus beaux de « ces riches collections,
remarquables entre toutes par l’âge et le développement magni-
fique des arbres ». Elle y revint encore le 20 juillet 1912 à l’occa-
sion du Congrès de l’Arbre et de l’eau, qui tint l’une de ses sessions
à Moulins, attiré par les collections des établissements Treyve et
par le parc de Baleine. Les membres de la Société d’émulation du
Bourbonnais le visitèrent aussi à la même époque. Cette riche col-
lection dJ arbres exotiques centenaires avait déjà acquis en 1914,
chez les dendrologues, une réputation qui allait bientôt s’étendre
au-delà de nos frontières.
G. de Rocquigny-Adanson mourut en 1904 ; il avait une fille
et deux fils, l’un, François, est mort pour la France en 1915, l’aîné,
Hugues-Michel, entra en possession, du domaine de Baleine en
1914, mais il s’en occupait déjà en 1908 ; le parc était resté indivis
1. Les établissements Treyve ont été et sont encore parmi les plus importants intro-
ducteurs d’arbres et d’arbustes exotiques en France. On sait que c’est à eux qu’est due
la plantation du Parc de l’établissement Thermal de Vichy.
— 501 —
de 1904 à 1914. Le comte H.-M. de Rocquigny-Adanson aidé de
ses trois fils, Michel, Guillaume et François, veille avec dévotion
à la conservation du magnifique joyau que lui ont légué ses aïeux.
Cette conservation n’est pas une sinécure. Il faut entretenir les
allées et les pelouses, faire ça et là des éclaircies judicieuses dans le
fouillis de végétation, certaines espèces, souvent les moins inté-
ressantes menaçant de tout envahir. Il faut refaire périodiquement
les fossés et les clôtures ; il faut aussi entretenir des pépinières et
faire de temps en temps l’achat de nouvelles espèces. Il faut mettre
les jeunes arbres à l’abri des dévastations que peut causer le gibier.
Les naturalistes et les dendrologues trouvent constamment à
Baleine l’accueil le plus courtois, mais Baleine est aussi parfois
visité par des vandales qu’il faut surveiller pour les empêcher de
mutiler les arbres et de razzier des gerbes de fleurs. Espérons que
désormais le parc, avec l’aide de l’Etat, sera à l’abri de toutes dépré-
dations.
III. — Le parc de Baleine au poinc de vue scientifique.
Si l’on en excepte les parcs annexés à quelques jardins botaniques
(Muséum de Paris, Montpellier, Dijon, Nantes, Angers, Caen, etc.),
tous de faible étendue, Baleine est la collection d’arbres exotiques
la plus ancienne et la plus étendue que nous possédions en France 1.
Grâce à son ancienneté, il a pu s’y faire pendant les 130 années
de son existence une sélection remarquable d’arbres introduits ;
ceux qui ont survécu depuis tant d’années et qui se reproduisent
peuvent être considérés comme bien acclimatés. Il est à remarquer
que certains y prospèrent mieux et y sont plus beaux q‘ue dans leur
pays d’origine. Par suite des changements profonds dans le climat
survenus au quaternaire, la répartition actuelle des espèces végé-
tales en Europe est telle que certaines, le Pin sylvestre par exemple,
ont disparu de contrées où elles existaient antérieurement et où
elles peuvent vivre aujourd’hui si on les y réintroduit. D’autres
espèces originaires de contrées lointaines peuvent être acèlimatées
en des points du globe où elles n’ont jamais vécu, pourvu que la
1. Le parc de Verrières (Vilmorin-Andrieux) a été planté entre 1815 et 18.20 mais
il est de faible étendue ; l’Arboretum des Barres, dans le Loiret, a été commencé par
Ph. André de Vilmorin en 1823 et cédé à l’Etat en 1866 ; le Fruticetum de la même
localité date de 1896. L’Arboretum A. Lavallée à Segrez, près Arpaj on, créé à partir
de 1857 a disparu depuis longtemps. L’Arboretum de la Maulévrie, près Angers, fondé
par G. Allard en 1882, devenu propriété de l’Institut Pasteur, ne couvre que 4 hec-
tares. La collection d’arbres exotiques réunie par Dode à partir de 1907, aux Thiollets
par Jaligny (Allier), sur des terrains esearpés, est très dispersée et son avenir est incer-
tain. Enfin, F Arboretum de Pezanin, dans les montagnes du Charolais, à 50 km. à l’E.
de Baleine, créé paT Ph. de Vilmorin en 1907, et passé aux mains de l’Etat vers 1925,
situé presque sous le climat de Baleine mais à 400 m. d’altitude, est aussi une belle
réalisation, mais il est postérieur de cent ans à Baleine et une partie de ses arbres ont
eu beaucoup à souffrir des derniers hivers rigoureux.
502 —
climatologie de ces points ne soit pas trop différente- dé -celle des
lieux d’origine. Comme l’a montré A. de Candolle dans sa Géo-
graphie botanique raisonnée, l’aire des espèces n’est pas fixe. Dans
leur répartition actuelle, 'des causes antérieures biogéographiques
ou géologiques ont joué un grand rôle. Aussi de nos jours, une
espèce peut être spontanée, en des endroits moins favorables à sa
prospérité que dans d’autres où elle manque et où l’homme peut
l’introduire. Aussi l’acclimatation est-elle appelée à devenir une
véritable science capable de modifier la couverture végétale du
globe. Les premières expériences* d’acclimatation d’arbres comme
celles de Baleine offrent un immense intérêt et doivent être étudiées
de près.
Dans une publication récente 1, le savant dendrologue A. Hickel
après avoir écrit qu’il avait recherché en vain dans les domaines
de Denainvilliers et du Monceau, près Pithiviers, les arbres exo-
tiques qui y avaient été plantés à la fin du xvme siècle par le célèbre
agronome naturaliste Duhamel du Monceau ajoutait :
« ... Quels enseignements on eût pu tirer de ces expériences si
les sujets nous avaient été conservés. C’est hélas trop souvent le
sort des expériences entreprises par des particuliers. Trop rare-
ment se manifeste en effet de génération en génération l’esprit de
suite nécessaire à la poursuite de ces expériences et on doit s’esti-
mer heureux quand de semblables créations passent aux mains de
l’Etat, comme les Barres, ou d’établissements impérissables comme
l’ Institut Pasteur, l’Académie d’ Agriculture, etc. Et encore pour-
rait-on objecter que les plantations d’exotiques faites par les
Michaux dans les forêts domaniales ou les parcs nationaux n’ont
guère eu un sort meilleur que celles faites par Duhamel ».
Ce qui donne un intérêt plus grand encore aux plantations de
Baleine, c’est qu’elles furent faites dès l’origine par une femme-
naturaliste qui avait le génie de l’acclimatation, qui sut mettre
chaque espèce à la place qui lui convenait et fit un groupement
remarquablement coordonné pour que les végétaux les plus divers
ainsi groupés tirent des bénéfices réciproques de leur agencement.
L’ensemble de l’Arboretum forme aujourd’hui un complexe biolo-
gique aussi stable qu’une association naturelle. Un grand nombre
d’espèces s’y réensemencent d’elles-mêmes sur les places libres
quand on supprime des individus gênants, ou qu’ils s’éliminent
d’eux-mêmes par les ouragans ou par sénilité. En pratiquant des
éclaircies judicieuses comme on l’a fait jusqu’à ce jour, on main-
tient le complexe dans un état de prospérité tel qu’on dirait ert
vérité un coin de forêt vierge absolument harmonique et stable-
Ce n’est pas le côté le moins original de ce groupement végétal,.
1. Bull. Soc. Dendrol. France, 1921, p. 17-18.
— 503
artificiel à l’origine, et qui a pris à la longue l’apparence d’une for-
mation naturelle. Voici donc une association artificielle aussi stable
qu’une association climatique finale. Il faut admettre avec Palm-
gren que sur un terrain libre, sans soins particuliers, des espèces
innombrables d’origines diverses, groupées sous un climat qui leur
convient, en tenant compte du tempérament de chacune peuvent
vivre en association et prospérer également bien. En un mot, comme
l’a soutenu D. Hayata, à propos du Mont Fugi dont la végétation,
détruite par une éruption volcanique, se reconstitua différente
quelques années plus tard, c’est le hasard qui règle la distribution
des plantes en association 1. Les phytogéographes devront donc
réviser l’idée qu’ils se font de l’association végétale et renoncer à
cette nomenclature étrange dans laquelle une espèce sert de chef
de file à d’autres, dites caractéristiques, dominantes, etc.) qui
seraient là parce qu’elles doivent y être. En réalité, c’est le hasard
,,et souvent l’intervention humaine qui sont des facteurs au moins
aussi importants que le climat pour maintenir en leur état les
associations végétales. Quand elles évoluent, c’est souvent aussi
le hasard qui en décide. Mais dans tous les cas, l’homme en inter-
venant peut jouer un rôle décisif. La sociologie végétale pour être
une science doit devenir expérimentale. L’arboretum quand il est
dirigé par des personnes ayant l’esprit d’observation comme Aglaé
Adanson et ses successeurs devient une expérience d’une grande
portée scientifique, surtout si l’expérience est suivie pendant plus
d’un siècle comme c’est le cas actuel.
Un naturaliste qui prendrait comme sujet de recherches l’étude
détaillée de l’association végétale réalisée à Baleine, en examinant
sur le terrain pendant des mois toutes les espèces qui composent
ce remarquable complexe végétal et qui analyserait tous les fac-
teurs dont il est la résultante apporterait sûrement de précieux
éclaircissements à la phytosociologie.
Une tâche préalable est à. accomplir : c’est l’identification de
toutes les espèces et variétés qui composent cette belle collection,
tâche délicate car à part une centaine d’arbres ou d’arbustes éti-
quetés et relevés sur le plan, les autres ne portent aucune appella-
tion. Le botaniste qui voudra s’atteler à ce travail aura une besogne
ardue à remplir car sur une grande partie du parc c’est un fouillis
désordonné d’espèces diverses. On peut donner le chiffre très appro-
ximatif de 1.000 ou 1.200 espèces et variétés vivant ainsi en
mélange. En 1825, Mme Adanson en comptait déjà 800 (y compris
1. Hayata renferme dans ce mot hasard tout un groupe de causes que, dans l’état
actuel de nos connaissances, nous ne pouvons pas étudier indépendamment une par une
et que par conséquent nous sommes obligés de considérer collectivement comme une
entité (Hickel : Succession des espèces végétales au Mont Fugi (Bull. Soc. Dendrol.,
15 mai 1931, p. 33).
— 504 —
les indigènes). Certaines ont pu disparaître mais un assez grand
nombre d’autres ont été introduites depuis, notamment des Coni-
fères et les arbustes d’ornement. Enumérer ici les espèces les plus
remarquables qui existent d’après les catalogues, serait un travail
fastidieux. Il faut tout d’abord réviser les noms et donner de chaque
individu remarquable une détermination exacte. Ce travail sera
long, mais il est indispensable. Il sera du reste intéressant pour le
botaniste qui l’entreprendra car il y a de grandes probabilités pour
qu’il découvre quelques espèces et variétés inédites et des hybrides
nouveaux qui ont dû se produire spontanément entre espèces du
même genre vivant les unes près des autres. Sur la plupart des
arbres ordinairement très sains, pleins de vigueur, fleurissant et
fructifiant presque tous chaque année, il pourra faire quantité
d’observations biologiques neuves.
A notre avis, le mieux pour faire cet inventaire sera de donner à
chaque arbre et arbuste un numéro d’ordre et de reporter ce numéro
sur un plan à grande échelle. Puis au fur et à mesure des floraisons
et des fructifications on ferait un herbier de specimens se rappor-
tant aux divers numéros. Ces specimens déposés à l’Herbier du
Muséum de Paris pourraient y être identifiés par des spécialistes.
Les parties les plus intéressantes du parc pourraient en outre
être photographiées ou filmées à diverses époques de l’année.
Une collection aussi précieuse et aussi riche en plantes vivantes
est appelée à fournir dans l’avenir, quand elle sera bien étiquetée,
des matériaux de toutes sortes pour la recherche scientifique.
IV. — Le Parc de Baeeine comme site.
La principale attraction du Parc de Baleine au point de vue
touristique est la variété et la beauté de sa végétation aux diverses
époques de l’année.
Bans cette Sologne bourbonnaise, au paysage si monotone, on
est surpris, dès qu’on a franchi la cour du château et dépassé les
douves, de voir surgir ce massif verdoyant d’arbres entremêlés,
aux aspects les plus variés dont certains portent leur cime à 30 ou
40 mètres au-dessus du sol. Dans le sous-bois et sur la lisière des
clairières habilement ménagées çà et là, se montrent des arbres de
plus faible taille, des arbustes et par endroits d’humbles arbris-
seaux, ou même des herbes indigènes ou exotiques s’entremêlant
dans le plus beau désordre et au printemps formant des mosaïques
multicolores. On a vraiment l’illusion d’une forêt vierge tropicale
en miniature. Par la présence de Conifères et de feuillus entremêlés,
v par l’association d’arbres et d’arbustes les uns à feuilles caduques,
les autres à aiguilles ou à feuilles persistantes du type laurier ou
troène, on se croirait transporté dans la forêt primitive des mon-
tagnes du Nord de l’Indochine ou du Sud de la Chine. Il n’y manque
que les épiphytes et les lianes, et encore par endroits des Glycines
escaladent la cime des arbres, des Smilax ou des Clématites et des
Passiflores grimpent sur les buissons.
La physionomie du parc change à chaque saison et c’est un cons-
tant renouveau.
Au premier printemps, lorsque la plupart des arbres n’ont pas
encore repris leurs feuilles, le sol jonché par endroits de cônes de
pins s’émaille de fleurs indigènes ou exotiques (car il existe aussi
beaucoup de plantes herbacées naturalisées) qui parent le sous-bois.
Puis en mai les Chênes, d’espèces variées, les bouleaux, les frênes,
les juglandacées, etc... épanouissent leurs jeunes feuilles mordorées.
Vers la fin de mai c’est une orgie de fleurs : Rhododendrons et
Azalées aux variétés innombrables, aux fleurs somptueuses, de
coloris variés, forment un décor féérique. Il faut voir aussi le parc
en été par les journées chaudes lorsque la voûte des arbres aux
feuilles coloriées en vert de tous les tons projette un frais ombrage
sur le sol, tout en permettant encore à quelques fleurs du sous-
bois, tels les cyclamens, d’épanouir leurs jolies fleurs. L’atmosphère
est lourde et humide comme dans une forêt vierge tropicale, A l’ au-
tomne, c’est encore un nouveau changement de décor. Les feuilles
avant leur chute prennent les coloris les\plus rutilants depuis les
jaunes et les ocres les plus divers jusqu’au pourpre des Chênes
d’Amérique ; les Conifères avec leur silhouette sombre ou glauque
tranchent sur cet ensemble où s’entremêlent l’or et le pourpre.
Puis à l’approche de l’hiver, les feuilles tombent, des fruits de
toutes sortes jonchent le sol. Ils seront le point de départ de semis
de plantules qui feront leur apparition au printemps suivant.
On peut aussi en toute saison admirer le port altier de certains
arbres : les beaux cèdres centenaires, les séquoias géants, les chênes
robustes, les flèches élancées de certains Abiès, les beaux pins
Laricio de Corse et ceux de Calabre ou d’Autriche, le Blue Pine de
l’ Himalaya, le magnifique Pseudotsuga Douglasi d’Amérique, enfin
une foule d’autres arbres remarquables que nous ne sommes pas
habitués à rencontrer dans les parcs en France.
V. — Les enseignements pratiques du Parc de Baleine
RELATIFS A la SYLVICULTURE.
Ce n’est pas seulement au point de vue scientifique et esthétique
que le Parc de Baleine nous intéresse. Une expérience méthodique
d’acclimatation d’arbres exotiques qui se poursuit depuis 130 ans
constitue un'e chose très rare sinon unique en France. Par l’examen
des arbres qui ont survécu depuis l’origine ou qui ont été plantés
— 506 —
postérieurement et parmi lesquels certains ont pris un splendide
développement, on peut se rendre compte des mérites des diverses
espèces étrangères implantées chez nous comme essences de reboi-
sement, ou comme sources de bois d’œuvre ou de bois de feu. On
peut juger de leur rusticité et de la rapidité de leur développement,
du moins sur des sols analogues à celui de Baleine et sous un climat
comparable à celui de la plaine bourbonnaise. 0,n peut enfin y
récolter des graines pour répandre ces essences.
Il ne s’agit pas de substituer partout de nouvelles essences à
nos arbres indigènes dont certains comme les Chênes, les Hêtres,
les Frênes, les Ormes, les Pins et Sapins donnent des bois qui nous
sont indispensables. Mais parmi les arbres exotiques acclimatés à
Baleine, il en est qui se sont montrés complètement rustiques,
résistant aux hivers les plus rigoureux, fournissant aussi des bois
de qualité et croissant parfois plus rapidement que les espèces
indigènes. Baleine nous fournit à cet égard de précieux enseigne-
ments. Certes il existe en France d’autres Arboretums, en parti-
culier ceux des Barres (Loiret), de Verrières et Grignon (Seine-et-
Oise), d’Harcourt (Eure), de la Maulévrie (Maine-et-Loire), de
Geneste et de Catros (Gironde), de Pezanin (Saône-et-Loire), mais
aucun n’a l’ancienneté de Baleine et ne présente un mélange aussi
grand de beaux arbres.
M. Doumet-Adanson énumérait déjà en 1888 les données pra-
tiques que l’on pouvait à cette époque tirer du Parc de Baleine.
Pour réagir contre la déforestation, il conseillait de recourir à
des essences exotiques qui, tout en donnant de bons produits,
croissent plus rapidement que ne le font nos essences indigènes et
raccourcissent ainsi le délai que nécessitent celles-ci pour acquérir
le développement suffisant pour que leur exploitation soit avanta-
geuse.
On ne doit pas naturellement planter n’importe quelle essence.
Il faut être très circonspect. Dans de nombreux essais tentés sur
des arbres étrangers, beaucoup qui avaient paru donner les plus
grandes espérances durant une longue période ont fini par succom-
ber à des hivers trop rigoureux, exceptionnels peut-être, mais qui
pourtant peuvent se produire de temps à autre. Tels sont les Cèdres
du Liban, de l’Atlas et de l’ Himalaya, les Pins Laricio et maritime ;
n’oublions pas que ces derniers qui couvraient déjà d’immenses
espaces en Sologne, ont été anéantis par l’hiver de 1879-80, tandis
que le Pin noir d’Autriche n’en a nullement souffert.
Et M. Doumet-Adanson énumérait une longue liste d’arbres
exotiques qui avaient déjà fait leurs preuves à Baleine en 1888,
c’est-à-dire environ 70 ans après leur plantation et qui subsistent
de nos jours, âgés parfois de 120 ou 130 ans, ayant atteint un splen-
dide développement.
Nous reproduisons ci-après, presque textuellement, les rensei-
gnements que M. Doumet-Adanson donne sur les espèces qui
semblaient déjà très intéressantes de son temps.
« Parmi les nombreuses espèces originaires de l’Amérique du
Nord, des hautes vallées de P Himalaya et du Caucase, de l’Asie-
Mineure et de certaines contrées montagneuses de l’Europe, il en
est beaucoup dont les expériences entreprises en France, en Angle-
terre et en Allemagne, et les deux hivers exceptionnellement rigou-
reux subis depuis vingt ans, ont prouvé la complète rusticité sous
notre climat du centre.
« L’Amérique du Nord nous offre les plus précieux des Conifères :
le Pinus tæda ou Pin d’encens, le P. rigida, qui sont appropriés à
presque toutes les natures du sol et fournissent une grande partie
des bois américains connus sous le nom de Pitch pin, ils pourront
avantageusement remplacer le Pin maritime et le Pin Laricio dans
les grandes plantations du centre de la France, fis prendront place
à côté du Pin noir d’Autriche et du Pin sylvestre qui donnent des
bois de moins bonne qualité.
« Le Pin du Lord Weymouth (P. Sirobus) depuis longtemps si
répandu dans les cultures d’agrément, essence précieuse pour les
terrains un peu bas et marécageux, est doué d’une rectitude de tige
et d’une rapidité de croissance que l’on ne retrouve que chez cer-
taines espèces de Sapins. Si son bois est peut-être plus léger et plus
tendre que celui des autres Pins, la régularité de ses couches ligneuses
doit le faire apprécier pour la menuiserie ; c’est lui qui fournit aux
Américains la plus grande quantité de la résine et de l’essence de
térébenthine qu’ils expédient en Europe. La plantation du P. Stro-
bus, soit en grandes masses, soit en mélange dans les bois, serait
aussi des plus avantageuses.
« Les forêts de la Californie et du Canada contiennent les plus
beaux sapins connus. L’un des plus précieux est sans contredit le
Sapin de Douglas (Abies Douglasi ou Pseudo-tsuga Douglasi), dont
le bois porte aussi le nom de Pitch pin. Cet arbre magnifique, d’une
rare élégance de port et de feuillage, qui atteint dans son pays
100 mètres de haut et 10 à 12 de circonférence de tronc, est d’une
rusticité absolue sous notre climat où il croît en outre avec une
rapidité qui lui fait dépasser en quelques années tous ses voisins,
même les plus vigoureux. Nous pourrions montrer des Abies Dou-
glasi ayant atteint 18 mètres de hauteur en quinze à seize ans,
bien que plantés isolément et n’étant pas conséquemment forcés
de s’élever rapidement pour chercher l’air au milieu de leurs voi-
sins; C’est, à notre avis, le plus recommandable de tous les Sapins
pour opérer un reboisement rapide et, à ce titre, il est bien préfé-
rable à son compatriote américain le Sapin du Canada (Hemlock
Spruce) et surtout au Séquoia gigantea : le géant du règne végétal.
Le premier, arbre de» plus élégants et des plus rustiques, est loin
de croître aussi rapidement et d’atteindre les mêmes proportions
en Europe ; le second, dont il existe en Californie des specimens de
120 mètres de haut et de 30 mètres de circonférence de tronc, n’a
pas encore suffisamment fait ses preuves chez nous pour que l’on
puisse apprécier avec certitude sa valeur comme arbre forestier
ou comme producteur de bois d’œuvre.
« Parmi les Conifères américains* l’un des plus précieux en vue de
la culture industrielle, bien qu’il n’atteigne pas les grandes propor-
tions des Pins et des Sapins, est sans contredit le Génévrier de
Virginie, longtemps désigné dans les catalogues sous le nom de
Cèdre de Virginie, quoiqu’il n’offre aucun des caractères du genre
Cèdre. Arbre élégant, tant par son feuillage et par son port pyra-
midal, que par ses petites et nombreuses baies d’un bleu d’azur,
le Juniperus Virginiana ne s’élève jamais à plus de 12 à 13 mètres
avec un tronc d’environ un mètre de circonférence ; il croît facile-
ment dans tous les sols, se resème abondamment de lui-même et
produit un bois coloré en rouge violet, odoriférant, d’un grain
doux, serré et fin, susceptible d’un beau poli, ce qui le fait employer
à la confection des crayons et le rendrait précieux pour la bimbe-
loterie, l’ébénisterie et la marqueterie. On ne saurait trop en recom-
mander la plantation en mélange dans les reboisements.
« C’est encore l’Amérique du Nord qui nous fournira l’un des plus
beaux arbres de la tribu des Cupressinées, le Cyprès chauve ou Cyprès
de la Louisiane, Taxodium distichum . Ce beau Conifère, au port
robuste et majestueux, peut s’élever à 30 mètres et acquérir 3 à
4 mètres de circonférence de tronc en moins d’un siècle, ce qui ne
l’empêche pas de fournir un bois dur et de belle qualité. Spéciale-
ment adapté aux terrains frais, humides et marécageux, le Cyprès
chauve est précieux pour les bords des rivières dont il fixe les
berges mieux que les estacades, en implantant jusque dans l’eau
ses puissantes racines qui produisent des nodosités en forme de
genoux, sortes de grosses bornes qui neutralisent l’action érosive
des crues et des courants. N’aurait-il que cette propriété, cet arbre
éminemment rustique devrait être l’objet d’importantes planta-
tions de la part des propriétaires de bords de rivières.
-« Pour ne pas quitter la tribu des Conifères, nous passerons sur
l’ancien continent où nous trouverons aussi plusieurs espèces par-
ticulièrement recommandables. C’est d’abord Y Abies Nordman-
niarta, grand et bel arbre du Caucase et de la Crimée. Puis, Y Abies
Cilicica des montagnes de l’Asie-Mineure, qui ne le cède en rien au
précédent. L’un et l’autre sont bien supérieurs, comme rapidité
de croissance, au Sapin argenté ou Sapin de Normandie.
« Enfin, nous appellerons l’attention sur une espèce de moins
grande dimension regardée jusqu’à présent comme un pur arbre
— 509 —
.d’ornement. C’est le Pinsapo (Abies pimapo), Sapin à feuillage
robuste et piquant, à rameaux rigides et serrés, découvert par
Boissier, en 1837, il y a 107 ans, dans la Sierra Morrena d’Espagne.
Le Pinsapo croît relativement avec lenteur et n’atteint guère que
18 à 20 mètres d’élévation, mais si son mérite est contestable au
point de vue forestier, bien qu’il ait l’avantage de prospérer dans
des sols pierreux et calcaires où ne viennent pas bien les autres
Sapins, en raison de sa tendance à buissonner, nous le croyons
appelé à rendre des services en plantations serrées comme clôtures
et entourages, et bien supérieur pour cet usage à l’Epicea et même
à la Sapinette bleue que l’on a quelquefois soumis à la taille au
ciseau pour en former des haies toujours vertes,
« Passant maintenant aux arbres à feuilles caduques, les espèces
étrangères nous fourniront encore bien plus de ressources que les
Conifères.
« Ne citons que pour mémoire les Platanes d’Orient et d’Occi-
dent, qui atteignent de si belles proportions sur nos cours et nos
promenades et le long des routes, le Robinia, improprement appelé
Acacia au lieu de faux Acacia, les Peupliers de Caroline et de Vir-
ginie, le Marronnier d’Inde, cet ornement des squares et des jardins,
tous arbres trop connus pour que nous insistions sur leurs mérites.
« Sans sortir de l’ancien continent, ni de la région du Caucase,
nous aurons à signaler le Pterocarya Caucasica, vigoureuse essence
qui croît de préférence dans les terrains humides et dont les racines
formant dans l’eau une épaisse chevelure, fixent définitivement
les berges des rivières. A part cette faculté qui doit le recommander
tout particulièrement, le Pterocarya donne une ramure abondante
et se multiplie de lui-même par ses nombreux rejetons qui forment
bientôt un vrai bois autour du pied mère.
« C’est encore cependant à l’Amérique du Nord que nous pourrons
demander les espèces les plus nombreuses et les plus méritantes
pour la reconstitution rapide de nos forêts. Ses Ormes, ses Tilleuls,
ses Erables, les Tulipiers, les Liquidambar, les Nyssa, sont tous des
arbres de la plus haute valeur et qui s’accommodent merveilleuse-
ment de notre climat du Centre où ils atteignent promptement de
grandes proportions. Mais c’est surtout dans les genres Noyer et
Chêne que nous trouverons le plus de ressources. Parmi les pre-
miers, nous citerons les Carya alba, C. porcina, C. olivæformis,
C. amara, C. obcordata:, et autres, les Juglans cinerea, ou cathartica
et J. nigra, comme propres à former de splendides arbres en bien
moins de temps que nos espèces indigènes. Leur bois dur, dense
et susceptible de prendre un beau poli, sera précieux pour l’ébé-
nisterie et la construction. Une expérience que nous avons faite
récemment, et que nous nous proposons de poursuivre, nous porte à
croire que certains Noyers américains, notamment le Juglans
nigra, coupés périodiquement, fourniraient un abondant et bon
bois de chauffage.
« Bien plus nombreuse encore que celle des Noyers est la tribu
des Chênes américains, grands et beaux arbres qui se font distin-
guer entre tous à l’automne par leur ample feuillage varié de forme >
et teinté des plus belles couleurs, rouge cramoisi, rouge brun ou
jaune d’or. Sans vouloir en énumérer toutes les espèces importées
depuis la fin du siècle dernier, nous citerons parmi les plus propres
à former de belles futaies ou de productifs taillis, le Chêne blanc
(Quercus alba), le Chêne rouge ( Q . rubra) et ses nombreuses varié-
tés, le Chêne des teinturiers ou Quercitron (S. tinctoria). le Chêne
de Catesby (Q. Catesbei), les divers Chênes à feuilles de saule
(Q. Phellos), le Q. cinerea, etc., le Chêne des marais (Q. palustris)
et ses diverses formes, le Chêne cocciné (Q. coccinea), le Chêne à
grandes feuilles (Q. macrophylla) dont les feuilles ont parfois 35 cen-
timètres de long. Tous aussi estimables par leur rusticité éprouvée,
la qualité et la dureté de leur bois, leur grande vigueur, ils ont
l’avantage de croître dans nos pays au moins le double plus vite
que nos espèces indigènes.
« Nous pourrions montrer à l’appui, des Q. alba, rubra et palustris
qui, en un demi-siècle, ont atteint 20 à 25 mètres d’élévation et de
2 à 3 mètres de circonférence, c’est-à-dire les proportions ordinaires
des Chênes indigènes de cent à cent-cinquante ans d’âge. »
(M. Doumet-Adanson. — L’utilité des arbres et le rôle des essences
étrangères dans le reboisement. Conférence faite le 8 décembre 1888 à la
Société d’ Horticulture de Moulins). Broch. in-8°, 15 p. Moulins, imprime-
rie E. Auclaire, 1889).
Depuis que ces notes ont été écrites, cinquante années, se sont
encore écoulées. Quelques hivers rigoureux sont survenus, notam-
ment ceux de 1913-14, 1916-17, 1917-1918, 1928-29, 1939-40,
1940-41. Quelques arbres sont morts de vieillesse ou par accident,
d’autres aujourd’hui remplacés ont été renversés par les ouragans.
Un grand nombre persistent toujours et seraient en âge d’être
exploités, mais le propriétaire désintéressé préfère, et nous l’en
louons ! les laisser debout afin qu’ils finissent, comme les arbres
de la forêt vierge, de leur belle mort. Un petit nombre seulement
- — les moins intéressants — ont été coupés pour dégager certaines
portions du parc et faire de la place pour les autres.
En 1932, M. Lassimonne qui a dressé un plan du parc sur lequel
sont repérés les arbres les plus intéressants a publié un tableau
donnant la circonférence à 1 mètre au-dessus du sol et la hauteur
des plus remarquables. Il en donne aussi l’accroissement à dix
années d’intervalle. Nous reproduisons ci-après le tableau.
— 511
Dimensions en 1922 et 1933 de quelques arbres les plus
REMARQUABLES DU PARC DE BALEINE.
Circonférence à 1 m. au-dessus du sol :
Pinus excelsa (Pin de l’Himalaya) . . ' au moins 20
Cryptomeria japonica 10 à 15 m.
Les arbres exotiques introduits ont encore un autre avantage
sur lequel on a peu attiré l’attention. Généralement ils sont venus
chez nous sans leurs parasites aussi ont-ils moins à souffrir que les
indigènes des insectes nuisibles et des maladies cryptogamiques.
Le Robinier faux-acacia souffre des insectes dans son pays, en
Europe il prospère admirablement. Les châtaigniers d’Extrême-
Orient résistent à la Maladie de l’encre, qui décime le Châtaignier
indigène, enfin pour que nos bonnes variétés de Noyers résistent à
la maladie du pus et se mettent à fruits très précocement, il faut les
greffer sur le Juglans nigra d’Amérique. Presque tous les arbres
que l’on plante aujourd’hui sur nos places publiques et nos avenues
sont des arbres exotiques : les Cedrela, Paulownia, Pterocarya,
Robiniers monophylles.
Enfin Baleine peut fournir un enseignement précieux à ceux qui
voudront créer de nouveaux parcs ou embellir nos jardins publics.
« Combien de personnes, écrivait Dode (qui a créé lui aussi une
belle plantation d’arbres exotiques dans l’Ailier depuis 1925),
savent qu’on peut, au milieu de la France, se créer un parc toujours
vert et d’aspect tropical, en ajoutant des végétaux nouveaux ou
peu connus à certains déjà répandus ». Il est du plus grand intérêt
ajoutait-il en 1937, de tout introduire, de tout cultiver, de tout
essayer.
Malheureusement la plupart des possesseurs actuels de parcs,
insuffisamment instruits, se contentent pour leurs plantations de
quelques essences banales qu’ils achètent en série aux horticulteurs.
Combien il serait à tous égards plus intéressant de chercher à créer
çà et là à travers la France, de nouvelles collections d’arbres, ana-
logues à celle de Baleine.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
33
— 512 —
Conclusions.
Nous croyons avoir montré dans les pages qui précèdent le grand
intérêt des collections végétales rassemblées depuis bientôt un
siècle et demi, par les descendants du grand botaniste Adanson
dans leur propriété de Baleine. Placées désormais sous la sauve-
garde de l’Etat et confiées pour la surveillance scientifique au
Muséum national d’ Histoire Naturelle qui est sans nul doute l’or-
ganisme français le mieux qualifié pour en comprendre tout l’in-
térêt et pour aider au besoin le propriétaire dans sa conservation,
elles sont assurées — nous l’espérons du moins — de la pérennité
qui a manqué jusqu’à ce jour à la plupart des arboretums privés.
Qu’il nous soit permis de souhaiter aussi que d’autres proprié-
taires de beaux parcs d’arbres exotiques (il en existe quelques-uns
en diverses régions de la France, imitent le comte H.-M. de Roc-
quigny-Adanson et en demandent le classement. Les études den-
drologiques illustrèrent autrefois un grand nombre de Français
éminents : les Jussieu, Duhamel du Monceau, Thouin et René
Desfontaines, les Vilmorin, Carrière, Mathieu, Allard,
Lavallée, Hickel, Pardé et beaucoup d’autres que je ne puis
citer. Espérons que la science dendrologique qui comporte tant
d’applications retrouvera bientôt un renouveau dans notre pays
et les Arboretums comme celui de Baleine aideront à la guider.
\ ;
BIBLIOGRAPHIE
relative au parc de Baleine.
Adanson (Mme Aglaé-Catherine). Catalogue des arbres, arbrisseaux,
arbustes et plantes vivaces, cultivés en pleine terre à Baleine, près Mou-
lins. Vol. in-12, 128 p., Paris, Audot, 1825.
— La Maison de Campagne, lre éd., 3 vol. in-12, Paris, Audot, 1822. ;
2e éd., 2 vol., 1825 ; 3e éd., 2 vol., 1825 ; 4e éd., 2 vol., 1836 ; 5e éd.,
2 vol., 1845 ; 6® éd., 2 vol., 1852.
Cet ouvrage contient en appendice le Catalogue des arbres cultivés
à Baleine et il en a été fait des tirés à part.
Anonyme. Visite au Parc de Baleine. Bull. Soc. Dendrologique de Francey
III (1908), p. 236.
— Excursion à Baleine. Bull. Soc. Dendrol. France, VII (1912), p. 199-200.
Bertboumieü (Abbé V.). Le Parc de Baleine. Bull. Soc. Emul. Bourbon-
nais, Moulins, année 1912, p. 286-289.
Chevalier (Aug.). Michel Adanson Voyageur, naturaliste et philosophe.
Vol. in-12, 1934. Paris, Larose, édit,
Doumét-Adanson (Paul Napoléon), Notes météorologiques sur Baleine,
Rev. scient. Bourbonnais.
— 513
- — L’utilité des arbres et le rôle des essences étrangères dans le reboisement
(Conférence faite le 8 décembre 1888 à la Société d 'Horticulture de
Moulins. Broch. in 8°, 15 p. Moulins, Imprimerie E. Auclaire, 1889).
Lassimonne (S.-E.). Compte. rendu d’une excursion à Baleine. Rev. Scient.
Bourbonnais, année 1932, p. 80-81.
— Plan du Parc de Baleine. Ms. (Archives du Château de Baleine).
Rocquigny-Adanson (G. de). Notes sur le Juglans nigra. Rev. Scient.
Bourbonnais, année 1900, p 25-27 ; 1901, p. 14-18 et 251.
— Le Pinus Pinaster et P. excelsa, Ibid., 1902, p. 203.
— Note sur le Séquoia gigantea. Ibid., 1903, p. 81.
- — ■ Le Taxodium distichum du Parc de Baleine. Ibid., p. 3-15 et p. 103.
Progrès de l’Ailier, n° du 23 mai 1944 (Une commission interministérielle
a visité le Parc de Baleine à Villeneuve).
Paris-Centre, quotidien régional de Nevers, n° du 24 mai 1944 (Voyage
au Pays de la féerie par J. V. R.).
Bulletin, de la Société dendrologique de France (N° 1, 1907, au n° 101, 1937,
le dernier paru).
. , l
Étude anatomique du genre Sarcosperma Hook. f .
( Sarcospermacées ) .
Par F. Chesnais.
Le genre Sarcosperma Hook f. primitivement rangé dans la famille
des Sapotacées a plusieurs fois soulevé les doutes et les hésitations
des botanistes quant à sa véritable place ; Pierre puis Dubard
le considérèrent comme un genre aberrant, enfin, H.-J. Lam exclut
ce genre de la famille des Sapotacées et en fit le type de la famille
nouvelle des Sarcospermacées h Nous avons recherché ce que l’ana-
tomie pouvait apporter à l’appui de cette manière de voir ; nous
avons étudié deux espèces : S. tonkinense H. Lee. et S. arboreum
Hook. f. Nous décrirons d’abord l’anatomie de la tige et de la feuille
de S. tonkinense H. Lee.
1° Tige :
a) Tige jeune de 3 mm. de diamètre (coupe transversale) . — L’épiderme,
pourvu dé lenticelles, est constitué de cellules à paroi extérieure convexe
de 20 p de haut et 17 p de large ; sous cet épiderme vient un anneau liégeux
de 60 p d’épaisseur, puis l’assise subéio-phellodermique. Le parenchyme
cortical a 240 p d’épaisseur ; des cellules scléreuses y sont disséminées
irrégulièrement (long. 20 p, larg. 10 p) ; sous ce parenchyme vient une
gaine de fibres de 30 p d’épaisseur, puis l’anneau libérien de 110 p de
large ; il existe quelques fibres intra-libériennes de 17 p de diam. ; l’assise
génératrice libéro-ligneuse est sans caractère particulier ; le bois est dis-
posé en anneau de 200 p de large env. ; le parenchyme médullaire est formé
de cellules de 30 p de diamètre séparées les unes des autres par des méats
étroits et régulièrement triangulaires 4e 8 p de côté ; dans ce parenchyme
sont disséminées des cellules scléreuses à lumière, arrondies ou ellipsoïdales
de 10 p à 30 p de diam., à paroi assez épaisse (8 p).
b) Anatomie du bois d’un rameau de 6 mm. de diamètre. — Sur les coupes
transversales, les vaisseaux sont disposés en fdes radiales de 2, 3, 7 ; les
cloisons séparant 2 vaisseaux sont fréquemment horizontales et non
obliques ; la lumière des vaisseaux est soit isodiamétrique, soit très aplatie
(diam. moy. 60 p) ; on compte 100 à 120 vaisseaux par mm2 ; les parois
vasculaires ont 4 p d’épaisseur, les bandes de parenchyme ligneux et de
fibres ont de 40 à 60 p de largeur ; les fibres sont réparties en zones paral-
lèles et plus ou moins ondulées de 30 à 60 p de large, limitées par des
cellules de parenchyme ligneux en assises unicellul aires, les fibres ont 17 p~
de diam. et des parois épaisses de 6,7 p ; les cellules de parenchyme ligneux
1. Lam (H.-J.). The Sapotaceæ, Sarcospermaceæ and Boerglagellaceæ of the Dutch
East Indies, etc... Bul. Jard. bot. Buit., s. III ; vol. VII ; 1925, pp. 4-5.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
515
ont également 17 p de diam. moy. et des parois épaisses de 2 p. Les rayons
médullaires sont uni- ou bisériés; ils sont formés de cellules rectangulaires
ou polygonales allongées, de 40-60 p X 10 p ; les parois portent des perfo-
rations arrondies n’excédant pas 2 p de diam. Les coupes tangentielles
présentent des rayons médullaires au nombre de 12 à'13 par mm. de lon-
Sarcosperma tonkinense H. Lee. — 1, coupe transversale de la tige : a, épiderme ;
b, liège ; c, assise génératrice subérophellodermique ; d, parenchyme cortical ;
e, ilôts scléreux ; /, gaine de fibres ; g, liber ; h, bois ; i, parenchyme médullaire ;
/, cellules scléreuses ; k, laticifères ( X 100) ; 2, coupe transversale du bois ( X 150) ;
3, coupe longitudinale tangentielle du bois ( X 60) ; 4, coupe initiale du pétiole
(X 15) ; 5, coupe médiane (X 15) ; 6, coupe caractéristique (X 15) ; 7, coupe
transversale du limbe ( X 250) ; 8, épiderme supérieur de la feuille vu de face
( X 300) ; 9, épiderme inférieur de la feuille vu de face ( X 300).
gueur variable uni- ou bisériés, le même rayon réunissant les deux
dispositions ; les rayons unisériés ont 160, 400, 700 p de long ; les
layons bisériés 700, 1.900, 2.700 p ; enfin, lorsque les parties uni- et
Jbisériées se combinent, les rayons peuvent atteindre une très grande
516 —
longueur (3.300 fi) ; les rayons unisériés les plus courts sont formés de
2 à 3 cellules ; les cellules terminales sont en forme de pointe ogivale
allongée de 50 p. de long et 10 p de large ; dans les rayons bisériés, la partie
bisériée de 20 à 30 p de largeur est occupée soit par 2 cellules polygonales,
soit par une seule, de largeur double ; ces rayor s sont également terminés
par une cellule en forme d’ogive plus ou moins allongée ; les rayoï'S qui
sont à la fois uni- et bisériés présentent des étranglements courts (170 p)
complètement unisériés dans lesquels les cellules sont allongées longitudi-
nalement (20 p X 40 p) ; les parois des cellules des rayons portent des per-
forations n’excédant pas 2 p de diam. Les cellules de parenchyme ligneux
sont rectangulaires et allongées (80-150 p X 10 p), les parois, épaisses de
2 p, portent des perforations de 2 p de diam. Les vaisseaux sont imparfaits
et formés de segments terminés obliquement : chaque segment peut avoir
1.900 p de long ; les cloisons obliques ont 70 p de long. env. Les vaisseaux
de 60 p de diam. moy. portent des perforations disposées sur des lignes
obliques et parallèles ; chaque ponctuation a 2 à 4 p de long., parfois 10 p,
lorsque deux ponctuations se réunissent ; ces ponctuations sont entourées
d’une aréole ovalaire. Les cloisons obliques portent des épaisissements
scalariformes de 3, 4 p de large et 40 p de long. ; dans les vaisseaux à
lumière plus petite (30-40 p) les ponctuations sont plus larges et non
aréolées (8 p) ou beaucoup plus larges (20 p X 10 p). Sur les coupes longi-
tudinales radiales, les cellules des rayons médullaires sont rectangulaires
(20 p X 50 p) avec des parois épaisses de 2 p.
* 2° Feuille :
a) Pétiole. — Les coupes de la base ou initiales ont une forme de croissant
très fermé (dim. moy. 2,5 mm. X 2,5 mm.) ; l’arc cribro-vasculaire est
également en forme de croissant, fréquemment asymétrique (diam. axial :
1 mm. ; diam. transversal : 1,5 mm.). Cet arc est constitué de massifs
libéro-ligneux triangulaires ou allongés au nombre de 11 à 1^2 pour les
coupes initiales ; le liber extérieurement à chacun des massifs réalise une
bordure à peu près continue ; les extrémités de l’arc se recourbent plus ou
moins à l’intérieur de la région médullaire ; chacun des massifs libéro-
ligneux est bordé intérieurement par un tissu dont les cellules ont les parois
plus ou moins scléfifiées. Il n’existe pas de laticifères dans le parenchyme
cortical ni dans le parenchyme médullaire.
, Les coupes médianes ont un contour plus arrondi ; le croissant est très
fermé, mais il subsiste un sillon médian à la face supérieure du pétiole de
0,5 mm. d’ouverture ; l’arc cribro-vasculaire s’arrondit également mais
présente au sommet une dépression correspondant au sillon du pétiole
l’arc, à ce niveau, est entouré d’une gaine de slérenchyme ; les coupes
ont 1,5 mm. de diam. axial et 1,75 mm. de diam. transversal ; l’arc a
1 mm. de diam. axial et 1,25 mm. de diam. transversal ; les extrémités
de l’arc ont pénétré à l’intérieur de la région médullaire et se sont détachés,
devenant ainsi des massifs libéro-ligneux intra-médullaires au nombre de
4 à 5. A l’intérieur de la région péridesmique existent des cellules sclé-
reuses à parois peu épaisses.
Les coupes caractéristiques s’allongent beaucoup dans le sens de
leur diamètre axial (diam. axial 2,25 mm., diam. transversal 1,75 mm.)
et prennent la forme d’un Y fermé; la gaine de fibres /est moins difîé—
j-'
i
renciée que dans les coupes médianes ; l’arc est moins arrondi et en
forme d’U ; les massifs libéro-ligneux intra-péridesmiques ont repris
sensiblement la même disposition que dans les coupes initiales ; des
faisceaux nervaires s’individualisent à l’extrémité des branches de l’U.
b) Limbe. — Le limbe est épais de 0,15 mm. L’épiderme supérieur est
formé de cellules plates (12 p) fortement cutinisées, puis viennent une
assise de cellules de “tissu palissadigue de 25 p de haut et 10 p de large,
puis une assise de cellules non franchement palissadiques (20 p X 12 p)
et quatre assises de cellules de forme irrégulière mais sans lacunes entre
elles, à parois un peu ondulées (dim. moy. 20 p X 17 p) et enfin l’épiderme
inférieur un peu moins cutinisé que l’épiderme supérieur, à cellules épaisses
de 12 p ; les stomates ont 20 à 25 p de largeur ; ils s’ouvrent par une ostiole
de 6 p de large, bordée de forts épaisissements et enfoncée de 2 à 5 p.
Les cellules des épidermes et du mésophylle sont plus ou moins richement
pourvues de corpuscules de latex.
L’épiderme supérieur examiné de face présente des cellules le plus
fréquemment quadrangulaires, rectangulaires (40 p X 18 p) ou carrées
(25 p X 25 p), quelquefois pentagonales ; les parois sont légèrement
ondulées et assez épaisses (2 p).
L’épiderme inférieur a des cellules de forme à peu près analogue à celles
de l’épiderme supérieur ; les stomates ont 20 à 28 p de long et 18 p de
large ; l’ostiole est assez large (6 p X 12 p) ; généralement le stomate est
flanqué de deux cellules compagnes disposées longitudinalement et sépa-
rées par deux cloisons courtes situées dans le prolongement de son
grand axe (4-12 p) mais ces cloisons peuvent ne pas exister, le stomate
est alors directement attaché aux parois des cellules compagnes.
L’anatomie de la tige de S. Arboreum Hook f. ne présente pas de
différence de structure notable avec celle de S. tonkinense H. Lee.
Cependant, les laticifères sont très abondants et disséminés dans
le parenchyme cortical et le parenchyme médullaire ; en outre le
parenchyme médullaire des tiges ne présente pas de méats trian-
gulaires aussi nets que dans le S. tonkinense et il est sclérifié sur
presque toute sa surface.
Le S. arboreum Hook f . possède des poils en navette sessiles à la
face externe des sépales et sur le pédoncule floral ; ces poils de
140 p de long et 20 p de haut sont complètement dépourvus de
pédicelle. A la surface des tiges existent des poils en navette, soit
plus ou moins malformés et courts (30 p), soit à deux branches
inégales, l’une très longue (140 p), l’autre plus courte (10-40 p).
Enfin, dans les deux espèces, nous avons effectué des coupes
transversales de la tige à la naissance d’une insertion pétiolaire 1 ;
ces coupes permettent de connaître l’origine du système vasculaire
du pétiole : chez les Sarcospermacées, l’arc pétiolaire définitif est le
1. Nous exprimons au Service de M. le Prof. H. Humbert tous nos remerciements
pour l’amabilité avec laquelle les échantillons nécessaires nous ont été procurés.
— 518 —
résultat du développement d’urj.e unique ébauche qui prend nais-
sance sur le cylindre central de la tige.
Les caractères anatomiques principaux du genre Sarcosperma
sont : .
1° en ce qui concerne la tige : la présence de laticifères ; la pré-
sence de poils en navette analogues à ceux des Sapotacées ; la grande
hauteur des rayons médullaires du bois ; la disposition en fdes
radiales des vaisseaux.
2° En ce qui concerne la feuille : la formation du système vas-
culaire du pétiole à partir d’un seul arc primitif comme chez les
Ebénacées au lieu de trois chez les Sapotacées ; la non continuité
des éléments constitutifs de l’arc vasculaire du pétiole à l’initiale ;
les épidermes du limbe à cellules quadrangulaires souvent aussi
larges que longues ; les stomates maintenus par deux cloisons
diamétrales courtes qui peuvent ne pas exister.
Par la non continuité de l’arc vasculaire du pétiole à l’initiale,
le genre Sarcosperma se distingue immédiatement d’une Sapo-
tacêe. En outre, ce genre témoigne des affinités pour les Ebénacées
en ce qui concerne les épidermes des feuilles, la structure des rayons
médullaires du bois et la structure des ébauches de l’arc pétio-
laire : cet arc est unique chez les Ebénacées et les Sarcospermacées
alors qu’il en existe trois à l’origine qui se fusionnent ensuite chez
les Sapotacées.
Cependant, Sarcospermacées et Sapotacées sont pourvues de
laticifères et de cellules à latex disséminées dans presque tous
les parenchymes et elles possèdent en outre des poils en navette.
Ces caractères communs prouvent que ces deux familles sont très
voisines. D’autre part, le fait que la famille des Sarcospermacées
témoigne des affinités plus marquées pour les Ebénacées qu’une
Sapotacée quelconque tend à prouver, en supposant ces deux der-
nières familles de souche commune, que les Sarcospermacées cons-
tituent une famille relativement ancienne par rapport aux Sapo-
tacées. v
Laboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum.
1
Hybrides nouveaux de Composées-cynarocéphales
(suite et fin).
Par J. Arènes.
Grex X Microchætæ J. Ar., loc. cit., p. 39.
X Centaurea intermedia J. Ar., loc. cit., pp. 42-44, nom nud. —
[Ci Jacea ssp. pectinatisquama C. nigra ssp. nemoralis (Jd.)]
J. Ar.
Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-8 dm: altus, ramis erectis vel erecto-
patentibus. Folia caulina superiora laie ovata , integra vel denticulata ; media
inferioraque lanceolata, usque 20 cm. longa , in petiolum cire. 8 cm. longum
extenuata, integra denticulata vel sinuato-dentata. Calathidia in apice
ramorum singularia, foliis superioribus suffulta, pedunculo paulum incras-
sato, periclinio ovoideo basi rotundato. Periclinii bracteæ cirides, appendici-
bus omnino vel fere omnino obtectæ ; appendices fulvæ, externæ mediæque
longe ciliatæ, erectæ, applicatæ vel extus ziz arcuatæ ; appendicum discus
lanceolatus, intus glaber, extus rb pubescens ; cilia tenuiter plumosa, 4;
sinuosa, quam disci latitudo bis-quater tanto longiora, aliqua bifurca vel
ramosa. Corollæ exteriores tubulosæ haud radiantes. Achenia cire. 3 mm.
longa, pubescentia, pallide griseo-fuscescentia vel pallide fusca, brevi vel
brevissimo inchoato pappo coronata, partim abortiva, + numerose sterilia ;
pappi sætæ inæquales, longissimæ 1/6 achenii attingentes. Pollen imper-
fectum, irregulare, partim abortivum.
Hab. — Seine-et-Oise : Sucy-en-Brie ; friches derrière les verre-
ries, inter parentes ! (leg. J. Arènes ; septembre 1937).
Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Cynar. de
France, n° 252. — Herbar. norm. Cynar., n° 2087.
X Centaurea Charrieri J. Ar. in Cent, sous-sect. Eu-Jac. Boiss.,
pp. 42-43, emend. — C. angustifolia ssp. fimbriata C. nigra ssp.
nemoralis. — C. serotina Bor. C. nemoralis Jd. — X C. Char-
rieri J. Ar. et X C. vendeana J. Ar. olim, loc. cit., pp. 42 à 44 [( C .
angustif. ssp. fimbriata C . nigra ssp. nemoralis et C. angustif.
ssp. semifimbriata C. nigra ssp. nemor. J. Ar. olim, loc. cif.)].
Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-8 dm. altus, ramis patentibus vel
erecto-patentibus. Folia caulina superiora sessilia, ovata oblonga vel lanceo-
lata, integra vel i laxe denticulata, interdum basi auriculata ; media sessilia,
oblonga vel lanceolata, integra vel denticulata, raro sinuato - dentata vel
sinuato-lobata ; infer iora i date lanceolata, integra vel subintegra, in
1. Cf. Bull. Mus., 2e s., t. XV, pp. 343-455 ; t. XVI, p. 196.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
520 —
petiolum dz longe extenuata. Calathidia in apice remorum singularia, foliis
superioribus suffulta, pedunculo distinctissime incrassato, periclinio
ovoideo basi subattenuato v:l rotundato. Periclinii bracteæ virides appendi-
cibus omnino vel haud omnino obtectæ ; appendices erecto-applicatæ vel
inter dum apice extus dz arcuatæ, fuscæ, internissimæ denticulatæ vel irre-
gulariter et dz profunde dentatæ incisæve, mediæ inferioresque vel omnino
ciliatæ, vel basi fimbriatæ et ad apicem ciliatæ, vel omnino fimbriatæ fimbriis
in formam ciliorum tenuium dz sinuosorum simplicium bifurcorumve
productis ; appendices haud ciliatæ intus glabræ extus saltemque ab basim dz
pubescentes ; finibriæ tenuiter plumosæ dz longæ ; appendices ciliatarum discus
lanceolatus ad subor bicularem intus glaber extus dz pubescens ; cilia tenuiter
plumosa, dz sinuosa, quam latitudo disci bis-quater tanto longiora, aliqua
bifurca vel ramosa. Corollæ exteriores radiantes. Achenia cire. 3 mm. longa,
dz pubescentia, pallide griseo-fuscescentia vel pallide fusca, saltem partim
brevi vel brevissimo inchoato pappo coronata, partim abortiva, numerose
sterilia ; papi sætæ inæquales, longissimæ 1/6 achenii attingentes. Pollen
imperfectum, irregulare, partim abortivum.
La distinction des X C. Charrieri et X C. vendeana que j’ai décrits
en 1938 reposait sur les caractères des feuilles et la forme du péri-
cline ; l’étude de récoltes reçues de Vendée depuis cette époque,
la difficulté d’attribuer à certains produits de croisement l’un plu-
tôt que l’autre de ces deux binômes, la similitude des variations
morphologiques des appendices dans les deux séries, l’analyse
enfin de divers exemplaires récoltés inter parentes, .m’ont conduit
à revoir mes premiers matériaux et à rapporter au seul C. angus-1
tifolia ssp. fimbriata C . nigra ssp. nemoralis l’ensemble des parts
correspondant à mes X C. Charrieri et X C. vendeana primitifs.
Dans le X C. Charrieri ainsi modifié, les trois combinaisons fon-
damentales répondent aux diagnoses suivantes :
Comb. a super-nemoralis J. Ar. comb. nov.
Appendices intimæ dentatæ vel ± profunde incisæ, sequentium serierum
1-2 app. fimbriatæ dr profunde incisæ fimbriis basi dz latis longe tenui-
terque acuminatis, cæteræ app. ciliatæ ciliis tenuiter plumosis di sinuosis .
simplicibus vel apice bifurcis.
Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Cynar. de
France, nos 225-237x-238. — Herbar. norm. Cynar., nos 1027, 1050,
1106, 1108, 1901, 1906.
Comb. h médians J. Ar. comb. nov.
A combinatione super - nemorali differt : serierum inferiorum 2-3 appen-
dicibus solis disco integro, ciliatis ciliis basi latioribus minus longis minus
tenuibus præter interdum superioribus terminalibus longe sinuoso-filifor-
mibus ’ app. mediis ciliato-subfimbriatis disco dz profunde inciso.
Exsicc. (Types). — • Herb. de France du Muséum. — Cynar. de
France, nos 236-237a-2373 (saltem pro min. parte). 239. — Herbar-
norm. Cynar., nos 1105-1107-2060-2061.
Comb. c super-fimbriata J. Ar. comb. nov.
Appendices intimæ denticulatæ pel zt profunde irregulariterque dentatæ
incisævæ ; app. mediæ fimbriatæ, interdum apice ciliatæ ; app. inferiores vel
omnino fimbriatæ, vel basi fimbriatæ apice ciliatæ, vel omnino ciliatæ ;
cilia basi lata, longa, zt plumosa, sinuosa, apice longe acuminato - fili-
formia, simplicia, bifurca vel etiam ramosa; fimbriæ basi zt latæ, simplices
vel bifurcæ, tenuiter et zt dense plumosæ, in cilia filiformes plumosa zt
sinuosa simplices bifurca vel ramosa productæ.
Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Cynar. de
France, n° 2373 (saltem p. p.). — Herbar. norm. Cynar., 1025, 2059,
4156 à 4163.
Hab. (du X C . Charrieri sensu lato). * ^^endee . Sengne (juillet,
1935-1936), Ste Radegonde, La Tardière, l’Ile d’Elle (juin, juillet,
août 1936), La Châtaigneraie (juillet 1938) [Leg. Charrier].
X Centaurea axonensis J. Ar., , loc. cit., p. 42. — ( C . nigra ssp.
_ nigra C. pratensis ssp. microptilon ) J. Ar. — C. nigra L.
C. microptilon Gren.
Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-8 dm. altus, ramosus, ramis erecto-
patentibus zt longis. Folia caulina superiora sessilia, oblongo-lanceolata
lanceolata vel lanceolato-linearia, integra vel subintegra basi auriculata,
suprema quarn periclinium minora ; media inferioraque integra subintegra
sinuato- dentata vel pinnatiloba, lanceolata < el lanceolato-linearia, in petio-
lum ± longe extenuata. Calathidia in apice ramorum singularia, foliis
superioribus suffulta, pedunculo zt incrassato, periclinio biformi nunc ovoi-
deo nunc subglobuloso. Periclinii bracteæ virides appendicibus omnino vel
haud omnino obtecXæ ; appendices fuscæ vel nigricantes, inferiores mediæque
dz longe tenuiterque ciliatæ, extus zt arcuatæ ( el reflexæ; appendicum
discus ovatus ad lanceolato - linearem, semper zt longe attenuatus, intus
glaber, extus zt pubescens ; cilia tenuiter plumosa, zt sinuosa, quam latitudo
disci bis-quater tanto longiora, aliqua bifurca vel ramosa. Corollæ exteriores
tubulosæ vel radiantes. Achenia cire. 3 mm. longa, pubescentia, pallide
griseo-fuscescentia vel pallide fusca, saltem partim pappo zt longo sætis
inæqualibus coronata, partim abortiva, zt numerose seterilia. Pollen imfer-
fectum, irregulare, partim abortivum.
Hab. — Seine-et-Oise : Valenton (leg. Didier et Arènes, juin-
août 1936 ; comb. médians ) ; Noiseau (leg. J. Arènes, août 1936 ;
comb. médians ) ; Sucy-en-brie (leg. J. Arènes, juin 1936-1937-
1938-1939 ; comb. super-nigra et médians ; inter parentes !). —
Oise (leg. Didier et Arènes, juillet 1935) : Acy-en-Multien (comb.
super-nigra). — Aisne (leg. Didier et Arènes, juillet 1935) : forêt
de Villers-Cotterets (comb. super-nigra ). — - Gironde (leg. Jean-
jean, juin 1928) : Bègle (comb. super-microptilon).
Exsicc. (Types). — Herb. France Muséum. — Cynar. de France,
n08 242-243-668. - — Herbar. norm. Cynar., nos 472-478-879-958-
1379-1511-1514-1719-2075-2077-2078-2079-2954-2955-4276 à 4278.
X Centaurea Nyhuusii Gugler in Cent, des Ungar. nation., p. 218.
Yar. Nyhuusiiformis J. Ar. in Cent, s.-sect. Eu-Jac., pp. 41-43.
— C. Jacea ssp. eu-Jacea var. genuina s. var. longifolia C. nigra
ssp. nigra.
A typo difïert : foliis caulinis mediis amplissimis usque 10 cm.
ultraque longis.
Exsicc. (Typi in Herbar. norm. Cynar.), Nos 326 (comb. super-
nigra), 497 (comb. super- Jacea), 2912-2913-2914 (comb. médians).
Hab. — Seine : marais de Bonneuil ; friches herbeuses. — Seine-
et-Oise : Sucy-en-Brie ; friches ; inter parentes ! [leg. J. Arènes ;
juin 1934, juillet 1935, juin 1938]. — Suède ; leg. Holmgren,
juillet 1934 (herb. norm. Cynar., n° 1801).
X Centaurea Gerstlaueri (Erdner in Mitt. bayer, bot. Ges.,'
I, 425, sub. : C. Jacea L. X C. nigra L.) J. Ar., loc. cit., p. 44. —
[C. Jacea ssp. eu-Jacea C. nigra ssp. nemoralis] J. Ar. ; non î
[C. Jacea ssp. anguslifolia C. nigra ssp. nemoralis ] Gug. in
Cent. Ung. nation., p. 219.
Var. Gerstlaueriformis J. Ar., loc. cit., p. 44. — C. Jacea ssp.
eu-Jacea^: C. nigra ssp. nemoralis var. pollens. — C. Jacea L.
C. consimilis B or.
A typo differt : periclinio basi ± araneoso, appendicum disco
fulvo oel flavo, ciliis vel fimbriis fulvis flavis vel albo-scariosis quam
disci pallidioribus.
Exsicc. (Types). — Herb. de France du Muséum. — Herb.
A. -F. Jeanjean. • — - Cynar. de France, nos 224 (comb. super-nemo-
ralis }, 234 (comb. médians). — • Herbar. norm. Cynar., nos 1335-
1341 (comb. super- Jacea), 1048-1326-1328-1337 à 1339-1349-1523-
1885-1900-1902-2064 (comb. super-nem.), 1093-1342-1348-2065
(comb. med.).
Hab. — • Gironde : Villenave d’Ornon (leg. Jeanjean, juillet
1936). — Lot-et-Gar. : Aiguillon (leg. Jeanjean, août 1934-1935,
juillet 1936).
Une question de nomenclature se pose à propos des deux hybrides
précédents. Erdner a proposé en 1905 (Mitt. bayer, bot. Ges.) le
binôme X C. Gerstlaueri pour les produits de la forme C. Jacea
L. X C. nigra L., sans faire intervenir la notion de sous-espèce.
Gugler en 1907 ayant distingué au sein de C. Jacea les trois sous-
espèces eu-Jacea, jungens et anguslifolia propose (Die Cent, des
Ungar. Nationalmus., pp. 218 à 220) le binôme X C. Nyhuusii
pour les hybrides (sensu lato) C. Jacea ssp. eu-Jacea X C. nigra
ssp. eu-nigra. Bien que ce concept ne soit pas conforme aux règles
de la nomenclature et pour éviter des complications de synonymies,
je l’ai admis (Les Cent, de la S.-Sect. Eu-Jaceæ Boiss.) réservant
alors le terme de X C. Gerstlaueri pour les autres seuls produits
— 523
de croisement connus entre C. Jacea L. (s. lato) et C. nigra L.
(s. lato), pour ceux issus de la ssp. nemoralis, pour l’hybride C. Jacea
ssp. eu- Jacea X C . nigra ssp. nemoralis envisagé par Gugler ( loc .
cit., p. 219, 7e ligne). Quant à l’assimilation, par ce même auteur
(loc. cit., p. 219, 8e-9e et 10e lignes), de son hybride C. Jacea ssp.
angustifolia X C. nigra ssp. nemoralis au X C. Gerstlaueri Erdner
(s. str.), les travaux d’ERDNER, aussi bien que l’étude d’authen-
tiques échantillons de X C. Gerstlaueri provenant de la localité
classique bavaroise de Marbach, s’y opposent et l’hybride — pré-
sumé - — - de Gugler, non encore signalé en France, devra entrer
dans le cadre des hybrides dérivés de mon C.. angustifolia Schrk
pris pour espèce autonome (Arènes, loc. cit., p. 14) et prendre place
à côté du X C. Charrieri.
Grex X Vulgaroides J. Ar.,7oc. cit., p. 40.
X Centaurea Milliaii J. Ar., loc. cit., p. 45. • — • C. Jacea ssp. semi-
pectinata zçî: C. angustifolia ssp. integra var. bracteata. — • C. rusci-
nonensis Boiss, y ^ C. bracteata Scop.
Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-6 dm. altus, griseo-pubescens subto-
mentosus, longe ramosus, ramis erecto-patentibus vel erectis. Folia pubes-
centia; caulina superiora mediaque oblongo-lanceolata vel lanceolata, basi
auriculata, integra vel denticulata, sessilia vel subsessilia ; suprema ampla
plerumque quam calathidia longiora ; inferiora laceolata vel ovato-lanceolata,
integra, sinuato-dentàta vel pinnatiloba in petiolum extenuata. Calathidia
in apice ramorum singularia, foliis superioribus suffulta, 20-22 mm. longa,
pedunculo distincte incrassato, periclinio ovoideo 14-16 mm. lato. Periclinii
bracteæ virides appendicibus fuscis fulvis (lavis vel albo-scariosis omnino
obtectæ ; serierum inferiorum 1-2 appendices fimbriatæ, haucl applicatæ ,
fortiter concavæ, inflatæ, sequentium serierum 1-2 app. lacero-incisæ ; app.
mediæ latæ, integræ denticulatæ vel incisæ, interdum subcucullatæ, intimæ
integræ vel denticulatæ. Corollæ exteriores radiantes. Achenia mihi ignota.
Pollen imperfectum, irregulare, partim abortivum.
Exsicc. (Type). - — • Herbier Milliat, n° 808. • — - Herbar. norm.
Cynar., n° .1017.
Hab. — • Hérault : St-Guilhem-le-Désert (leg. J. Milliat, juin
1936) ; à rechercher en France, dans l’aire de la var. bracteata,
c’est-à-dire dans les Alpes, la Provence, le Massif Central, les
Cévennes, le Midi.
X Centaurea Didieri J. Ar.
Yar. eu-Didieri J. Ar.. loc. cit.. p. 45. — ■ C. Jacea ssp. eu-Jacea
C. pratensis ssp. microptilon var. Grenieri, ■ — - C. Jacea L.
C. microptilon Gren. s. str.
Perennis. Caulis erectus, strictus, 3-6 dm. altus, pubescens, ± longe
ramosus, ramis erecto-patentibus ^ longis. Folia caulina superiora oblongo-
lanceolata vel ± anguste lanceolata, integra, sessilia, basi auriculata ;
suprema nunc periclinium æquantia nunc quarn periclinium majora vel
minora ; media i anguste lanceolata, integra subintegra sinuato-dentata
vel pinnatiloba, in petiolum A longe extenuata. Calathidia in apice ramorum
singularia , foliis superioribus suffulta, pedunculo + incrassato, periclinio
11-15 mm. lato, nunc ovoideo basi rotundato, nunc subglobuloso. Periclinii
bracteæ virides appendicibus haud omnino obtectæ; appendices fuscæ,
i conspicuæ, extus rh arcuatæ vel reflexæ, intimas, intégrés; aut, serierum
inferiorum 6-8 appendices distinctæ ciliatæ, sequentium serierum app.
fimbriatæ vel laceræ, aut, serierum inferiorum 4-5 app. ciliatæ vel fimbriâtæ
vel lacero - subfimbriatæ, sequentium serierum app. laceræ; appendicum
ciliatarum discus ovato-lanceolatus, longe attenuatus ; cilia simplicia, basi
latiora, quam latitudo disci semel-bis tanto longiora. Corollæ exteriores
radiantes veltubulosæ. Achenia cire. 3 mm. longa, pubescentia, pallide griseo-
fuscescentia, plerumque epapposa, partim abortiva, ± numerose sterilia.
Pollen imperfectum, irregulare, partim abortivum.
Exsicc. (Types). - — Herbar. norm. Cynar., nos 2905, 2911, 2921,
2922, 2945, 2948, 2949 (comb. super- Jacea), 1485, 1505, 1509
(comb. super-microptilon), 2903, 2904, 2906, 2907, 2908, 4140 à
4143 (comb. médians). — Herb. de France Muséum. — Cynar. de
France, n° 667.
Hab. • — Seine-et-Oise : Sucy-en-Brie ; friches ; inter parentes !
(leg. J. Arènes, juin 1935-1936-1937-1938-1939). ■ — A rechercher
en France ainsi que la var. Preissmanni (Hayek) J. Ar., loc. cit.
[X C. Preissmanni Hay. — (C. Jacea X macroptilon ) Hay. in
Cent. Osterr. Ung., p.. 130]. — C. Jacea ssp. eu-Jacea^. zi. C. pratensis
ssp. microptilon var. macroptilon. - — C. Jacea L. s. str. C. ma-
croptilon Borbas.
Laboratoire de Phanérogamie du Muséum.
525 —
ZOOCÉCIDIES NOUVELLES OU PEU CONNUES DE L’AFRIQUE.
Par Maurice Peltier.
I. — ORDRE DES URTICALES
A. — Famille des Ulmacées.
1. — Celtis compressa A. Chev
Sur les feuilles, au voisinage des nervures, cécidies visibles sur
les deux côtés du limbe. A la face supérieure, la galle se présente
sous la forme d’un cône très évasé dont la hauteur n’atteint géné-
ralement pas le millimètre pour un diamètre de 2,5 mm. ; il y cor-
respond sur l’autre face une pustule hémisphérique de même dia-
mètre. La cavité larvaire unique se trouve dans la partie inférieure ;
elle est elliptique, son grand axe étant orienté parallèlement au
plan du limbe.
Cécidozoaire Insecte
Origine Côte d’ivoire
La structure anatomique peut se résumer ainsi. Sous l’épiderme
supérieur légèrement hypertrophié, la partie conique est occupée
par un tissu d’éléments sclérenchymateux presque toujours étirés
suivant la hauteur de la galle, se raccordant avec une calotte de
même nature située à la partie inférieure. Ainsi se trouve démilité
un parenchyme parcouru par les faisceaux cribro-vasculaires ; en
son centre il est percé de la cavité larvaire protégée par un anneau
de sclérenchyme.
B. — Famille des Moracées,.
2. — Morus mesozygia Stapf.
Feuille repliée suivant la longueur de la nervure principale ou
d’une nervure secondaire en gouttière à concavité tournée vers la
face supérieure ; l’intérieur est tapissé de nombreux poils. Par
endroits, la déformation s’accentue de façon très sensible, consti-
tuant ainsi des chambres en nombre variable (de 1 à 5 en général),
d’une longueur moyenne de 5 mm., et s’accompagne d’un épaissis-
sement du limbe.
Cécidozoaire. Insecte
Origine Côte d Ivoire
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XYI, n° 6, 1944.
526
3. — Chlorophora regia A. Chev.
A la face inférieure des feuilles, cécidie brune globuleuse d’en-
viron 2,5 mm. de diamètre, s’insérant sur une nervure ; la partie
basale est couverte d’une pubescence courte, mais abondante ; le
sommet, glabre, présente une très petite proéminence. La cavité
larvaire a la même forme que la galle. En général, en grand nombre
sur une même feuille.
Cécidozoaire Insecte
Origine Dahomey
Les assises les plus externes de la cécidie — y compris l’épiderme
— sont sclérifiées ; la partie interne, au contraire, se compose d’élé-
ments cellulosiques au milieu desquels circulent les vaisseaux ; les
couches limitant la cavité sont différenciées en tissu nourrissier.
4. Antiaris (Kerstingii Engl. ?) .
Feuille entièrement déformée et rendue méconnaissable ; elle
est transformée en un amas de cécidies ; dans chaque cavité se
trouvent un ou plusieurs parasites.
Cécidozoaire Psyllide
Origine Côte d’ivoire
5. — * Antiaris Kerstingii Engl.
Cécidie sphérique d’environ 4 mm. de diamètre visible sur les
deux faces du limbe et partagée par ce dernier en deux hémisphères.
La cavité larvaire également sphérique est située à la partie supé-
rieure.
Cécidozoaire Insecte
Origine ' Dahomey
Anatomie banale : il n’y a pas de zone sclérifiée, mais seulement
un parenchyme homogène parcouru par des éléments conduc-
teurs.
6. — Antiaris toxicaria Lesch. var. africana Sc. Eli.
Limbe foliaire présentant un enroulement marginal d’environ
3 /4 de tour vers le bas et légèrement épaissi.
Cécidozoaire Acarien
Origine Côte d’ivoire
7. — Antiaris toxicaria Lesch. var. africana Sc. Eli.
Cécidie hypophylle globuleuse, atteignant 2,5 mm. de diamètre ;
cavité larvaire ellipsoïdale unique. Assez souvent, de telles galles
sont groupées par 3 à 5.
527 —
Cécidozoaire Insecte
Origine • Côte d' Ivoire
Sous chacun des deux épidermes, il existe une. bandelette de
sclérenchyme enserrant le parenchyme gallaire ; celui-ci renferme
les faisceaux cribro-vasculaires, puis un cadre sclérenchymateux à
l’intérieur duquel se trouve le tissu nourrissier limitant la cavité
du parasite.
8. — Ficus macrosperma Warb,
Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie sphérique longue-
ment pédonculée, d’un diamètre de 3,5 mm. (le pédoncule mesure
approximativement deux f 5is le diamètre de la galle). Cavité lar-
vaire sphérique.
Cécidozoaire Blastophaga sp.
Origine Dahomey
Du point de vue anatomique, la paroi gallaire se décompose en
deux régions, l’une externe sclérifiée, l’autre interne cellulosique. »
9. — Ficus capensis Thunb.
Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie sphérique moyenne-
ment pédonculée^ de 2 mm. de diamètre (le pédoncule atteint en
longueur le diamètre de la galle). Cavité larvaire sphérique.
Cécidozoaire Blastophaga sp.
Origine Chari
10. — Ficus eriobothyroides Kunth et Bouché.
Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie subsphérique ses-
sile sur le réceptacle, d’un diamètre pouvant atteindre 6 mm.
Cavité larvaire sphérique.
Cécidozoaire Blastophaga sp.
Origine.. Côte d'ivoire
11. Ficus sagittifolia Warb.
Cécidie subsphérique visible sur les deux faces du limbe, d’une
feuille, au voisinage d’une nervure, d’environ 3 mm. de diamètre.
Cavité larvaire ellipsoïdale, à la partie inférieure.
Cécidozoaire Insecte
Origine Guinée
Le tissu nourrissier qui limite la chambre larvaire est entouré
d’une épaisse zone de sclérenchyme qui vient jusqu’au contact de
l’épiderme inférieur.
12. — Ficus variifolia Warb.
Pustules saillantes situées sur la face supérieure d’une feuille,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
34
— 528 —
et ouvertes à l’autre face ; le diamètre moyen des cécidies est de
2 mm., mais en général, elles sont groupées en grand nombre, ren-
dant le limbe difforme.
Cécidozoaire Arthropode
Origine Guinée
13. — Ficus Leprieuri Miq.
Cécidie visible sur les deux faces d’une feuille, en forme de cylindre
de 4 mm. de diamètre pour une hauteur de 3 mm., la galle est deux
fois plus saillante à la face supérieure qui contient une cavité lar-
vaire sphérique.
Cécidozoaire Insecte
Origine Côte d’ivoire
L'a masse principale est formée d’un parenchyme, cellulosique ;
seule la zone voisine du tissu nourrissier bordant la cavité est diffé-
renciée en sclérenchyme.
14. — Ficus punctata Lamk.
Cécidie sphérique visible sur les deux faces du limbe, d’environ
7 mm. de diamètre. Cavité larvaire sphérique.
Cécidozoaire Insecte
Origine. . , ............... Gabon
Anatomie comparable à celle de la galle précédente.
15. — Ficus Vogeliaïla Miq.
Bord d’une feuille déformé de façon irrégulière et en général
déprimé sur la face inférieure.
Cécidozoaire. Acarien
Origine Chari
16. — Ficus glumosa Del.
Cécidie à peu près sphérique visible sur les deux faces du limbe.
Cavité larvaire ellipsoïdale située dans la partie inférieure.
Cécidozoaire ; Insecte
Origine. Congo
17. — Ficus glumosa Del.
Pustule saillante à la face supérieure des feuilles, atteignant au
plus 1,5 mm. Cavité larvaire sphérique. Très souvent, de telles galles
se rencontrent en grand nombre sur un même limbe, mais elles
sont nettement séparées les unes des autres.
Cécidozoaire Insecte
Origine Congo
— 529
L’épiderme supérieur a une tendance à se sclérifier au niveau de
la cécidie où il est toujours fortement hypertrophié. Autour de la
cavité larvaire, le tissu nourrissier est protégé par un tissu scléren-
chymàteux.
18. — Ficus gnaphalocarpa Miq.
Ovaire d’une fleur transformé en une cécidie sphérique sessile
sur le réceptacle, de 3 à 4 mm. de diamètre.
Cécidozoaire Blastophaga sp.
Origine Congo
19. — Ficus gnaphalocarpa Miq.
Pustules circulaires de 4 à 5 mm. de diamètre visibles sur les
deux faces de la feuille où elles font très légèrement saillie ; cavité
larvaire centrale, de petite taille.
Cécidozoaire . Insecte
Origine Chari
Les épidermes de la feuille, principalement celui de la face supé-
rieure, sont nettement hypertrophiés. Contre chacun d’eux se
trouye une bande de sclérenchyme ; le parenchyme gallaire est
percé de la loge ellipsoïdale du parasite, autour de laquelle existe
une seconde zone de tissu sclérifié.
20. — Myrianthus serratus Benth.-Hook.
A la face inférieure d’une feuille, cécidie en forme de cône à
pointe mousse, de 2 mm. de diamètre environ et d’une hauteu? de
3.5 à 4 mm. Cavité larvaire de même forme.
Cécidozoaire . Insecte
Origine. Côte & Ivoire
Excepté la partie basale et le tissu nourrissier, ainsi que les fais-
ceaux conducteurs, toutes les cellules qui composent la galle ont
des parois sclérifiées.
21. — Myrianthus arboreus P. B.
A la face inférieure d’une feuille, galle en sphère aplatie de
2.5 mm. de diamètre pour 1 mm. d’élévation par rapport au limbe.
Cavité larvaire ellipsoïdale, de petite taille.
Cécidozoaire . Insecte
Origine Oubangui
La région par laquelle la cécidie s’insère est différenciée en sclé-
renchyme ; le reste est composé d’éléments .parenchymateux tra-
versés par les faisceaux libéro-ligneux.
Laboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum.
N " • . - v. . i' : ' ’ ✓
1
— 530 —
'Sur une remarquable espèce de Tudicla.
Par A. Chavan.
Le genre Tudicla (Bolten) Rœding, 1798, a pour type une
espèce vivante de l’Océan Indien, T. spirillus L. Thiele 1 reconnaît
au sein de ce genre deux subdivisions : Afer Conrad, 1858 (== Strep -
tosiphon Gill, 1867), type T. afra Gmelin, et Tudicula H. et.
A. Adams, 1863, type T. armigera A. Adams 2. ■ )
Cossmann 3 jugeait « Streptosiphon » génériquement distinct et
lui subordonnait deux groupes. Le premier sous-genre, Strepto -
pelma Cossmann, 1901, de l’Oligomiocène australien, paraît vrai-
ment très à part ; mais l’autre, Hercorhynchus Conrad, 1868, du
Crétacé de Nord-Amérique et d’Europe, témoigne d’étroits rapports-
avec les « Streptosiphon » modernes. La distinction ne repose que
sur l’absence, chez les espèces crétacées, de toute ride columellaire:
à la base du canal. « Aucune forme tertiaire assimilable aux Strep~
tosiphon n’ayant été trouvée jusqu’à présent », Cossmann ne put
toutefois justifier le rapprochement et la découverte ultérieure de
deux « Streptosiphon » fossiles, dans le Pliocène de Karikal, ne modi-
fia pas cet état de choses : l’une des espèces paraissant très loin
dd Hercorhynchus (« S. » macrospira Cossm.) et l’autre assimilable
à la forme vivante « Fusus » Couderti Petit, coquille chinoise qui,
comme sa proche parente japonaise Tudicla Cumingi Reeve,,
présente, plus nettement même que les « Streptosiphon » typiques,
une ride columellaire à la base du canal, saillante ici comme une-
dent.
Les formes typiques en question n’avaient donc d’autre lien
paléontologique avec les lointains Hercorhynchus que ces petites
coquilles du Pliocène de l’Inde, pas mieux démonstratives que les
espèces actuelles indopacifiques. Des deux Afer sénégalaises 4,
aucun ancêtrç connu dans le domaine de l’Europe occidentale aix
Néogène ; seulement des Tudicla sensu stricto, d’origine pourtant
plus lointaine : Tudicla rusticula Bast. et ses variétés dans tout le
1. Handb. der System. Weichtierkunde, tome I, Jena, 1934, p. 342-43.
2. Compte non tenu ici de Papillina Conrad, 1855, de l’Eocène, et de Perissolax
Gabb, 1864 (devenu Pseudoperissolax Clark), du Crétacé supérieur, autrefois classés
(par Cossmann) comme sous-genre de Tudicla : ces deux termes sont maintenant recon-
nus correspondre à des genres distincts.
3. Paléoconchologie comparée, tome IV, Paris, 1901, p. 68 à 76.
4. Tudicla afra Gmel, et porphyrostoma Reeve (longtemps désignées comme « Strep-
tosiphon »).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 531 —
Miocène, disparaissant ensuite. A l’époque Pliocène, l’espèce de
l’Océan Indien, T. spirillus L., vivait déjà sur son domaine, à Kari-
kal.
Or un « Streptosiphon n. sp. afï. afer » avait été signalé par Depé-
ret et Gentil 1 dans leur liste d’espèces du célèbre gisement maro-
cain de Dar-bel-Hamri, dont j’ai par la suite établi 2 l’âge Sàhé-
lien3. Cette coquille ne figure pas dans la collection Gentil. Mais
en triant des matériaux rangés, séparément par le pionnier de la
géologie marocaine et mis aimablement à ma disposition par
M. J. Bourcart, j’ai pu retrouver, dans un important lot coquillier
de . Dar-bel-Hamri, trois beaux spécimens de l’espèce cherchée,
plus un fragment. En voici la diagnose et la discussion :
Tudicla (Afer) Bourcarti, nov. sp.
Description. — Coquille de taille moyenne (longueur de l’holotype :
38 millimètres), fusoide renflée ; test assez épais. Protoconque lisse,
enroulée à partir d’un sommet très obtus en deux ou trois tours fortement
-arrondis entre leurs sutures. Quatre 'tours post-embryonnaiies, de crois-
sance rapide, définis par des sutures nettes et presque rainurées ; le dernier
formant, sur la face de l’ouverture, un peu plus des 5/6 de la longueur
totale. Surface externe chargée de nombreux petits cordons parallèles
arrondis, assez inégaux, mais la plupart équidistants ; leurs intervalles
généralement occupés par un filet plus fin. Près de la suture inférieure
des tours et sur la plus grande convexité du dernier, s’élèvent, sur un
cordon plus gros, des protubérances anguleuses et comprimées, en festons
équidistants, prolongées vers la base par de faibles ondulations axiales ;
deux autres cordons renforcés, mais simplement noduleux au passage des
ondulations, ou seulement un chargé de pointes faibles, soulignent à
quelque distance, cette file de festons du cordon principal. L’ensemble de
la sculpture est recoupé par de fines stries d’accroissement flexueuses. Le
profil des tours, oblique et légèrement concave au-dessus de la file des
festons, tombe ensuite en abrupt contre la suture inférieure ; suc la base,
il s’amincit pour se terminer en pointe oblique assez large, légèrement
tordue à son extrémité.
L'ouverture est de forme ovale avec une petite gouttière postérieure
tandis qu’elle se prolonge en avant par un canal dévié, sensiblement de
même longueur. Le bord externe, très convexe dans sa partie moyenne,
s’infléchit en ariière et s’avance obliquement sur la spire ; à l’opposé, il se
rétrécit brusquement et s’étire' le long du bord columellaire ; de petites
xides sur sa paroi interne. La columelle, à plancher concave, se redresse à
la base du canal et présente deux rides obliques assez faibles ou même
interrompues en vagues protubérances ; puis elle se coude légèrement en
•dehors. Le bord columellaire, assez calleux, se détache au niveau des
1. C. R. Acad. Sciences, 1. 164, 1917, p. 21 à 25.
2. Com. Sera. Géol. Portugal, t. XXI, Lisbonne, 1940, p. 79 à 106.
3. Cet âge a été discuté par MM. Lecointre et Roger dans une note toute récente
(Bull. Mus., 2e série, t. XV, 1943, n° 5, pp. 359-64) et le gisement rapporté au Pliocène
-ancien. Des matériaux nouvellement étudiés me permettent de maintenir mon attri-
bution au Sahélien, question sur laquelle je reviendrai par ailleurs.
rides, mais s’épaissit en dessous, couvrant la fente ombilicale ; il rejoint
alors obliquement le canal et s’effile ensuite jusqu’à son extrémité.
Localité. — Dar-bel-Hamri, holotype figuré et paratype, dépo-
sés dans la collection Gentil, à la Sorbonne. Un autre spécimen
entier, déposé dans la collection Chavan (n° 4326) et un fragment 1.
Rapports et différences. — Les caractères de cette coquille
sont ceux du sous-genre Afer, distinct de Tudicla par l’allongement
de sa spire et son canal courbé, à la base duquel la columelle porte
plus ou moins nettement deux rides obliques au lieu d’un nombre
variable de plis.
Tudicla (Afer) Bourcarti, nov. sp. Holotype (grossi une fois et demiej.
Collection Gentil. Dar-bel-Hamri.
Elle se distingue à première vue du type à’ Afer, Tudicla afra
Gmel., le « Lipin » d’Adanson, de la côte sénégalaise, par sa forme
plus renflée, sa sculpture bien plus fine et serrée, de cordons arron-
dis intercalés avec de plus faibles, au fieu de crêtes anguleuses
espacées presque égales ; surtout par son canal plus long, dévié
de côté, alors que chez T. afra, il se courbe en arrière.
Plus voisine par sa forme, sa taille identique (38 mm.) et la direc-
tion de son canal, de l’autre espèce d 'Afer, T. porphyrostoma Ad. et
Reeve, également ouest-africaine, elle est, encore ici, plus ren-
flée ; ses protubérances en rangée sont anguleuses, passablement
distantes, au fieu de s’arrondir en tubercules voisins ; et, tandis
1. C’est évidemment la « Tudicla rusticula » citée par Roger (op. cit.> p. 364). La bri-
sure de Vextrémité donne à la coquille l’apparence de cette espèce miocène, à canal,
droit.
que T. porphyrostoma présente à la base du canal, sur sa columelle,
deux rides obliques assez fortes, l’une surtout, ces rides sont beau-
coup moins marquées, sinon réduites à des traces, sur la coquille
marocaine x.
Vis-à-vis, à la fois, des deux formes précitées, celle-ci se dis-
tingue encore par son dernier tour à sculpture aussi fine sur l’ex-
trémité que sur la partie moyenne ; tandis qu’a/m et porphyros-
toma ont un canal chargé de gros cordons, lors même que la partie
renflée présente (chez cette dernière) une ornementation délicate.
Quant à « Fusus » Blosviïlei Desh., de l’Océan Indien, rangé par
Tryon sous Afer, c’est une forme toute différente par son amorce
de canal postérieur, son bourrelet net autour d’une dépression ombi-
licale et sa columelle lisse. Une telle espèce n’appartient pas même
aux Tudicla.
T. armigera Adams, d’Australie, type du sous-genre Tudicula,
s’éloigne à première vue de l’espèce marocaine et d’ Afer en général
par sa sculpture épineuse. T. inermis Sow., sans épines, a le galbe
et le canal droit des Tudicla sensu stricto.
Tudicla Bourcarti rappelle mieux les formes indopacifiques
Cumingi Reeve et surtout Couderti Petit, du fait d’une orne-
mentation presque identique de festons anguleux. Sa ressem-
blance est surtout nette avec l’échantillon fossile de Karikal (Plio-
cène) déterminé par Cossmann comme une Couderti jeune, à canal
un peu tronqué 1 2. On reconnaîtra cependant ce spécimen comme
moins large par rapport à sa longueur, surtout si l’on tient compte
de la brisure du canal T. Couderti vivante 3, ainsi du reste que
T. Cumingi, forme à canal plus court, mais filets plus écartés, se
distingue en tout cas de l’espèce du Maroc par l’existence d’une
forte ride columellaire au début du canal, ride saillante comme une
vraie dent.
Par contraste, un simple regard sur la figuration d 'Hercorhyn-
chus tippanus Conrad, type américain des espèces crétaciques à
canal lisse, révèle aussi sa liaison avec Tudicla Bourcarti, dont les
rides columellaires peuvent être très faibles.
Visiblement, cette dernière forme un lien entre Hercorhynchus
et les actuelles. Tenant d’autre part de toutes celles-ci, elle relie
1. T. porphyrostoma est le type de Streptosiphon Gill, mis en synonymie à’ Afer par
Dautzenberg, puis Thiele. Reeve la classait parmi les Fasciolaires, à cause de la netteté
de ses rides (obsolètes sur T. afra) et Cossmann maintenait Streptosiphon distinct, con-
sidérant Afer comme douteux. En réalité, ainsi que le montre la coquille de Dar-bel-
Hamri, il existe toutes les gradations dans la saillie de ces rides, dont un examen
attentif révèle la trace sur T. afra intacte. Les autres caractères concordant, il n’est
vraiment pas possible de séparer Streptosiphon à' Afer.
2. Journ. Conch., 1907, p. 129-30, pl. IV, fig. 22. Cossmann décrit deux espèces de
« Streptosiphon » dans la faune de Karikal, mais l’autre n’a pas d’analogie avec Bour-
carti.
3. Journ. Conch., 1853, p. 76-77, pl. II, fig. 8.
s
— 534 —
T. Couderii aux africaines et par là-même justifie la subordination
d'Afer à Tudicla dont Couderti et Cumingi sont très voisines ; elle
rapproche aussi T. porphyrostoma d ’afra, puisqu’elle a le canal
et la forme de l’une avec les faibles rides columellaires de l’autre.
C’est donc un premier, mais très démonstratif jalon dans l’his-
toire du groupe Afer. La découverte d’une telle coquille témoigne
à Dar-bel-Hamri d’apports méridionaux, concordant avec la pré-
sence d’espèces comme Halia ovatula Sacco, Mesalia fallaciosa
Chavan, rares ou inconnues dans le Néogène méditerranéen, mais
proches de formes vivantes de la côte ouest-africaine.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
535
Révision des Limnées fossiles (D’après les caractères
ÙE LA MICROSCULPTURE INTERNE ET EXTERNE DU TEST).
Par Laure-J. Lhoste.
Le matériel étudié appartient aux collections de Mollusques
quaternaires et actuels du laboratoire de Géologie du Muséum.
La première série d’observations à trait aux Limnées.
Je remercie vivement M. le Professeur R. Abrard de m’avoir
accueillie avec bienveillance dans son laboratoire, ainsi que
MM. R. Furon, sous-directeur du Service et R. Soyer, pour leurs
conseils et l’intérêt qu’ils ont bien voulu porter à ce travail.
Je remercie également M. le Professeur J. Orcel et M. E. Séguy,
qui m’ont autorisé à utiliser certains des appareils de leurs labo-
ratoires.
La difficulté de déterminer les Limnées est prouvée par les nom-
breuses synonymies x. En outre, les coquilles fossiles ne sont pas
toujours intactes, en particulier la bouche manque très souvent.
Je me suis appliquée à rechercher l’existence d’autres caractères
permettant d’identifier plus aisément les espèces en dehors de
l’étude macroscopique du test.
MM. Lang et Hescheler considèrent le test comme un sque-
lette externe analogue à un exosquelette d’ Arthropode, malgré
l’objection suivante : les Arthropodes n’accroissent pas leur cuti-
cule tandis que le test des Gastéropodes s’accroît dans les trois
dimensions. Les stries d’accroissement sont généralement cons-
truites par le tégument palléal. Le tégument est baigné par les
sécrétions calciques. Le mécanisme du procédé n’est pas encore
bien connu, et M. Manigault voit dans cette calcification une
interaction entre les milieux ambiant et l’être vivant 2. Il s’agi-
rait donc d’un procédé physico-chimique dû à la recherche d’un
équilibre entre l’individu et son milieu, d’où la grande variabilité
dans la morphologie spécifique du test.
Il n’en reste pas moins certain que la fonction calcigène des
tissus est incontestable. Comme l’a exposé M. Berner 3 ceci ten-
1. Locard. Faune malacologique des Terrains quaternaires, et L. Germain. Faune
de France. Mollusques terrestres et fluviatiles.
2. P. Manigault. Recherches s. Le Calcaire chez les Mollusques. Phosphatas et
précipitation calcique. Histochimie du calcium. Ann. Inst. Océan., sér. B, t. XVIII,
p. 331, Paris, 1939.
3. L. Berner. La croissance de la coquille chez les Gastéropodes. Bull. Inst. Océan.,
Marseille, 1942.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 536
drait à montrer que l’action formatrice du manteau est fonction
de la perception du milieu ambiant. Cette fonction de perception
du manteau pouvait être différente suivant les espèces. Ces consi-
dérations m’ont amené à examiner avec de très gros grossissement»
les deux faces du test — face externe et face interne. Je trouvais
alors sur chacune des deux faces, des ornementations bien cons-
tantes et spécifiques : c’est ce que j’ai appelé la microsculpture
externe et interne du test.
1. • — Microsculpture interne : elle se présente en stries, ponc-
tuations ou granulations, disposées toujours d’une façon semblable
chez les individus d’une même espèce. Cette ornementation se
retrouve chez les espèces actuelles, elle est identique à celle du fos-
sile. Les grossissements employés s’échelonnent entre X 900 et.
X 1.200 fois.
2. — Microsculpture extérne : la microsculpture externe, comme la
microsculpture interne est spécifique. Elle peut servir de moyen de
détermination lorsqu’on possède un test à peu près en bon état.
Je considère cette miscrosculpture externe comme un caractère
secondaire. Elle vient renforcer les données des microsculptures
internes que je conserve comme caractère essentiel de ce moyen
de détermination,
3. — Anomalies :
a) En étudiant des espèces fossiles, je n’avais jamais été amenée
à considérer la microsculpture du péristome, parce qu’il manque
la plupart du temps. Chez les espèces actuelles, celui-ci est muni
de systèmes de dessins absolument différents du reste du test.
Cela tient peut-être aux différentes fonctions que doit accomplir
le péristome. S’il en est ainsi, le problème , de la signification des.
sculptures du reste du test est posé.
b) Dans un fragment de test fossile, j’ai remarqué une anomalie
dans l’orientation des microsculptures tant internes qu’externes.
Au milieu d’un dessin continu, normal, j’ai observé une plage
d’allure « anarchique ». Les dessins étaient bien identiques mais
l’orientation en était bien différente. L’examen du test laissait
voir une cicatrisation. Pour voir s’il n’y avait pas une relation de
cause à effet j’ai lésé des tests de Planorbes et de Limnées élevées
au laboratoire. J’ai obtenu ainsi des réparations expérimentales et
j’ai pu constater que les dessins étaient également désorientée.
Ces réparations, comme on le sait sont incolores (la pigmenta-
tion du test étant fournie par le bord du manteau) et sont des
vraies cicatrices. J’ajoute qu’au point de vue expérimental, la
réparation du test ne s’obtient que si le manteau n’est pas lésé,
comme l’a constaté M. Manigault,
spi
/fi/
Iïï/hv è/ /y ly/v/ u*/ &
fyjk/w // /j/
% *%/&/«. >/
iiül tÆ
1 ' *
Abréviations : E, face externe ; I, face interne ; F, fossile ; A, actuel.
Fig. 1. — Limnæa slagnalis L. — 2. E (F), E (A). — 3. I (F). — 4. E (A).
Fig. 8. Limnæa auriculatia L. E (F). — Fig. 6 E (A). — - Fig. 7 I (F). — Fig. 8.
I (A):. — Fig, 5 Limnæa limosa L. E (F). — Fig. 10. E (A). — « Fig. 11. I (F) —
Fig. 12. I (A). — Fig. 13. Limnæa peregra Müne. E (F). — Fig. 14. E (A). —
Fig. 15. I (F). — Fig. 16. I (A). — Fig. 17. Limnæa glabra Mull. E. (F). — Fig. 18.
E (A). — Fig. 19. I (F). — - Fig. 20. I (A). — Fig. 21. Limnæa glutisona Müll. E. (F).
— Fig. 22. E. (A). — Fig. 23. I (E). — Fig. 24. I. (A). — Fig. 25. Limnæa palustris
Müix. E. (F). — Fig. 26. Limnæa callosa Drap. E (F). — Fig. 27. Limnæa truncatula
Müll. E (F). Fig. 28. Limnæa palustris Müll. I (F). Fig, 29. Limnæa
callosa Drap. I (F). — Fig. 30. Limnæa truncatula Miton. I (F.). — Fig. ZX.. Limnæa.
ovata Drap. E (F) . — Fig. 32. Limnæa minuta. E (F). — Fio. 33. Limnæa ovata
Drap. I (F). — Fig. 34. Limnæa minuta. I (F).
>
538
L’aspect particulier des tissus reconstitués me fait penser que
l’édification de ces tissus doit tenir d’un processus différent de
celui qui a présidé à la formation du test à son origine.
4. • — Examen comparé du test des espèces fossiles et actuelles.
a) La Faune des « Mollusques de France » de L. Germain a fourni
une « base d’ordre » très précieuse. En effet, le polymorphisme des
Limnées avait entraîné les Auteurs à la multiplication des espèces.
L. Germain a condensé les données fournies par le groupe. Tou-
tefois l’étude des microsculptures semblent rendre leur qualité
d’espèce à certaines formes platées en synonymie.
Mais il ne faut pas oublier que l’étude ne porte que sur le test ;
celui-ci doit fournir tous les renseignements permettant d’identifier
l’espèce fossile. Le test est porteur de caractères bien spécifiques.
Ce sont les microsculptures externes et internes, ces dernières ser-
vant de base essentielle à la révision entreprise.
b) L’examen des microsculptures externes apporte des faits
nouveaux dont il y a lieu de tenir compte. Alors que les microsculp-
tures internes d’individus fossiles et actuels sont semblables, les
microsculptures externes montrent des différences, bien que le
type général en reste le même.
Mes observations ont porté sur de nombreux échantillons appar-
tenant à 5 espèces ; il ne peut donc s’agir d’une modification acci-
dentelle, aberrante. Les différences peuvent être dues, soit à la
fossilisation, soit plutôt à une certaine évolution de l’espèce.
Il ne saurait être question de créer des espèces, ni des variétés
nouvelles à partir de ces différences, mais il faut pour le moins en
tenir compte sans préjuger de leur valeur réelle au point de vue
biologiquej et y voir des « modes » à qualifier.
Révision des Limnées.
Genre Limnæa.
S. -G. Limnæa s. str.
L. (Limnæa) stagnalis L. Quaternaire de Saint-Acheul (Somme).
Microsculpture externe : en rubans sinués, sur le fond on voit de fines
striations ; stries, spirales visibles. Microsculpture interne : en rubans assez
larges, sur un fond ponctué (Mode undulata ).
Espèce actuelle (Pont de Joinville et Bois de Yincennes (Seine) :
Microsculpture externe : en rubans ; le dessin s’est étiré, c’est ce qui la
différencie de l’espèce fossile. Microsculpture interne : en rubans, sur un
fond ponctué, le tout semblable à l’espèce fossile.
539 —
S. -G. Radix Denys de Montfort, 1810.
L. (Radix) auricularia. L. Quaternaire de Joinville-le-Pont (Seine).
Microsculpture externe : 2 systèmes bien espacés : un feston et des stries
courtes et fortes. Microsculpture interne : en flammèches bien régulières
formant tapis (Mode vermicularis).
Espèce actuelle (Joinville-le-Pont (Seine) :
Microsculpture externe : Côtes d’accroissement donnant l’impression du
liège, coupées par des stries spirales nettes.
Microsculpture interne : en flammèches bien régulières.
L. (Radix) callosa. Drap. • — Quaternaire de Saint-Roch (Somme).
Microsculpture externe : 2 systèmes de petites striations perpendicu-
laires l’un à l’autre. Microsculpture interne : en écailles quelquefois dente-
lées de répartition bien régulière.
Les auteurs ont isolé de L. ovata une variété callosa. L’examen des micro-
sculptures permet de considérer cette Limnée comme une espèce.
L. (Radix) limosa L. — Quaternaiie de Saint-Roch et de Saint-Acheul
(Somme).
Microsculpture externe : système de petites striations sériées. Micro-
sculpture interne : denticulations irrégulières par plaques sur fond lisse.
Espèce actuelle de Joinville-le-Pont (Seine) :
Microsculpture externe : système de striations sériées plus grandes que
chez l’espèce fossile. Microsculpture interne : semblable à tous points de
vue à celle de l’espèce quaternaire.
L. (Radix) ovata Draparnaud. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme).
Microsculpture externe : séries de petits globules irréguliers très serrés
recouvrant tout le test, les côtes d’accroissement sont fines et légèrement
striées. Microsculpture interne : en dents de scie assez grandes et de répar-
tition irrégulière.
L. ovata mise en synonymie par L. Germain avec L. limosa ayant une
microsculpture externe et interne bien différenciée de celle-ci sera consi-
dérée comme une espèce.
L. (Radix) peregra Müller. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme) et
de Joinville-le-Pont (Seine).
Microsculpture externe : côtes d’accroissement larges couvertes de
petites striations sans ordre apparent, entre las côtes, une mosaïque.
Microsculpture interne : grandes figures ovalaires, en alignement paral-
lèle (Mode pavimenta).
Espèce actuelle (Joinville-le-Pont (Seine) :
Microsculpture externe : côtes d’accroissement moins larges que chez
l’espèce fossile, très faiblement striées, entre les côtes, une ponctuation
plus ou moins régulière. Microsculpture interne : figures ovalaires en aligne-
ment parallèle.
S.-G. Stagnicola Leach, (1819) 1831.
L. (Stagnicola) palustris Müller. — Quaternaire de Saint-Roch
(Somme) et de Joinville-le-Pont (Seine).
Microsculpture externe : côtes petites et régulières resserrées par des
540
stries spirales très fortes. Le test semble ondulé. Microsculpture interne :
en rubans s’imbriquant les uns dans les autres occupant ainsi toute la
surface du test.
Les variétés longata, dilatata, junior et s. var. plana, que contient la
collection, sont à incorporer à l’espèce. Toutefois il est à remarquer que
les dessins sont moitié de grandeur que ceux de L. palustris.
S. -G. Galba Schranck, 1803.
L. ( Galba ) trunculata Müller. — Quaternaire de Saint-Roch (Somme).
Microsculpture externe : entre deux côtes d’accroissement largement
espacées on voit dés séries de petites ellipses de différentes tailles. Micro-
sculpture interne : ponctuation très fine sur fond strié.
S. G. Leptolimnæa Swanson, 1840.
L. ( Leptolimnæa ) glabra Müller. — Quaternaire de Saint-Acheul
(Somme) .
Microsculpture externe : côtes d’accroissement en chaînons avec entre
eux, de fines petites cotes. Microsculpture interne : sur un fond ondulé on
voit de petits V en ligne (Mode costata).
Espèce actuelle de Joinville-le-Pont (Seine).
Microsculpture externe : en chaînons entre lesquels on voit une ponctua-
tion. Microsculpture interne identique à celle de l’espèce fossile.
L. (galba) minuta. — - Quaternaire de Saint-Acheul (Somme).
Microsculpture externe : côtes d’accroissement onduleuses hachées par
une fine striation. Microsculpture interne : en dents de scie très petites et
bien régulières. Cette Limnée peut être considérée comme une bonne
espèce.
Genre Amphipeplea Nilson, 1882.
L. ( Amphipeplea ) glutinosa Müller. - — Quaternaire de Joinville-le-
Pont (Seine).
Microsculpture externe : un réseau se voit entre les côtes d’accroissement
qui sont striées. Microsculpture interne : en rosaces (Mode striata).
Espèce actuelle de Joinville-le-Pont (Seine) :
Microsculpture externe : entre deux côtes d’accroissement, larges, on
voit quatre autres côtes moins larges, lès unes comme les autres sont recoù-
vertes d’une très fine striation et d’une ponctuation. Microsculpture
interne : identique à celle de l’espèce fossile.
Il est à remarquer que L. glutinosa appartenant au Genre Amphipeplea
Nilson a une microsculpture interne très éloignée des types rencontrés
dans le Genre Limnæa.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
— 541 —
Organisation des collections D’invertébrés
DU LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE DU MUSÉUM i.
Note présentée par M. Jean Roger.
Le travail d’un laboratoire est conditionné par la richesse de sa
■documentation bibliographique et par celle de ses collections. Il
se traduit par les publications de son personnel scientifique et le
nombre des travailleurs qui le Iréquentent.
C’est le bilan partiel de l’activité du Laboratoire de paléontologie,
pendant ces deux dernières années, que rapporte cette note. En
effet elle se limitera a l’organisation des collections d’invertébrés,
bien, que les questions bibliographiques n’aient pas été négligées 2.
L’utilisation des collections est à considérer à deux points de
vue : spectaculaire et travaux de recherches. Quelques essais nous
ont prouvé que dans les circonstances présentes il n’était pas pos-
sible de réaliser une amélioration sérieuse des vitrines d’exposition
de la Galerie de Paléontologie. C’est donc dans la seconde voie
que se sont concentrés nos efforts ; c’est d’ailleurs là que le travail
était le plus urgent.
L’abondance du matériel de collection est une condition pri-
mordiale, mais encore faut-il savoir l’utiliser méthodiquement et
pouvoir le mettre rapidement à la disposition des chercheurs.
Notre principe directeur est le suivant : le matériel doit être
disposé en deux séries, l’une suivant l’ordre de la classification
palé ontologique, l’autre dans l’ordre stratigraphique et géogra-
phique.
I. — Séries systématiques, — Dans cet ordre d’idées absolument
rien n’existait dans nos collections il y a deux ans.
La première série constituée fut celle des Pectinidés. Elle devra
être complétée, dès que les conditions Te permettront, par des spé-
cimens ou des moulages d’exemplaires des collections de la Faculté
des Sciences de Lyon.
Grâce à la générosité de M. le Professeur L. Fage une riche col-
1. Les réalisations d’un Laboratoire sont l’œuvre de l’ensemble du personnel, c’est
pourquoi cette communication n’est ni individuelle, ni anonyme, elle est collective.
2. Incorporation de la Bibliothèque Canu ; classement de périodiques fragmen-
taires ; séparation de la bibliothèque d’invertébrés ; classement de fichiers anciens ;
surtout déménagement et réinstallation en cours, de tous les documents du Syndicat
de Documentation Géologique et Paléontologique.
Il est inutile de rappeler ou de signaler les conditions particulièrement difficiles
dans lesquelles ces travaux ont été effectués.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 542
lection de Brachiopodes fossiles, avec représentants des formes
actuelles, a été- transférée du Laboratoire de Zoologie (Vers et
Crustacés) au nôtre. Entièrement classée et étiquetée cette collec-
tion représente un précieux matériel remplissant 36 tiroirs.
Non moins précieuse est la collection de Bryozoaires de Canu.
Entassée dans une petite pièce séparée, cette collection devait
subir un regroupement complet. Son contenu, représentant 150 ti-
roirs, a été reclassé suivant la classification récente adoptée par
Bassler dans le Fossilium Catalogus. Aucun spécialiste des Bryo-
zoaires ne peut ignorer la collection Canu et tout chercheur peut
être assuré de trouver rapidement dans la salle Canu l’échantillon
qu’il cherche.
Une série systématique de Lamellibranches et Gastropodes est
passablement avancée, au moins en ce qui concerne les formes
actuelles et nummulitiques.
Des séries de Céphalopodes et d’Echinodermes sont dans un état
plus embryonnaire.
Quelques aperçus sur l’avenir seront utiles :
1. — Les séries systématiques paléontologiques doivent renfer-
mer tous les éléments utiles aux déterminations rapides et sûres.
Les spécimens types et figurés devront donc y être intégrés, ou au
moins un papillon devra indiquer où ils se trouvent. De toute
façon la réalisation des séries systématiques ira de pair avec un
inventaire des types et figurés.
2. — Il conviendra d’envisager deux sortes de séries paléontolo-
giques, les unes seront générales, se rapportant aux grands embran-
chements ou classes (Crustacés, Lamellibranches, etc ..), les autres
ayant trait à des groupes plus restreints ayant fait l’objet de révi-
sions poussées (Pectinidés, Huîtres). Les séries de la première caté-
gorie doivent, dans un laps de temps assez court, être réalisées
dans leurs grandes lignes ; celles de la seconde (séries spéciales)
verront le jour suivant les circonstances.
2>k ~ C’est grâce à la collaboration de chercheurs spécialistes de
différents groupes qu’il nous sera possible d’enrichir et de perfec-
tionner ces séries.
4. — Il n’est pas superflu d’insister sur l’utilité qu’il y a à intro-
duire des représentants actuels dans les différents groupes, pour
cela nous faisons appel à la générosité des autres laboratoires de
Zoologie.
IL • — - Série strati graphique et géographique. — Un principe :
trouver rapidement le matériel et tout le matériel désiré. Pour cela
un triple fichier est indispensable : fichier zoologique, fichier stra-
tigraphique et fichier géographique.
— 543 —
La réalisation de cet inventaire présentait de grosses difficultés ;
l’exiguité des locaux avait entraîné la dispersion des collections
dans plusieurs pièces ou bâtiments — le manque de personnel fut
la cause essentielle, depuis plusieurs décades, de l’empilement
des collections dans les positions les plus invraisemblables — des
déménagements précipités avaient fini de jeter le désarroi, notam-
ment parmi les matériaux entassés à l’atelier de Moulage.
Signalons que l’an dernier M. le Professeur Ed. Fischer nous a
généreusement cédé une abondante série de fossiles, qui fut immé-
diatement triée et intégrée dans nos collections.
Aujourd’hui le triple fichier est virtuellement terminé. Les col-
lections d’invertébrés se répartissent comme suit : 850 tiroirs dans
la Galerie, 300 tiroirs dans la salle • Péron, 300 tiroirs dans l’ate-
lier de Moulage. Une belle série de Madagascar, déjà convenable-
ment rangée, reste à inventorier A
Au cours de cet inventaire les établissements scolaires n’ont pas
été oubliés. Tous les échantillons ayant perdu toute valeur scien-
tifique, en l’absence d’indication précise de provenance, mais sus-
ceptibles d’alimenter les collections scolaires, ont été réunis et
classés dans un local spécial.
Le résultat de ce travail : non seulement tous les matériaux dont
dispose le laboratoire sont maintenant très facilement accessibles,
mais il est de plus possible de se rendre compte des lacunes que pré-
sentent ses collections. Nous pourrons donc par la suite tenter de
les combler, pour le plus grand bien de la science paléontologique
française.
Le labeur n’est pas terminé, pour l’avenir il faudrait pouvoir
espérer la réunion dans un même bâtiment de tous les éléments
actuellement inventoriés. En même temps il conviendrait de véri-
fier les déterminations ou de les effectuer, car le plus souvent les
échantillons ne sont pas nommés. Il faudrait prévoir également
un espacement suffisant des collections pour incorporer, sans
nouveau décalage, les acquisitions, legs ou matériaux de missions.
Nous espérons que ce court rapport rendra service aux cher-
cheurs en les renseignant sur les ressources de notre laboratoire.
1. Ce qui a été fait depuis la présentation de cette note.
i
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
35
— '544
Observations sur les dentitions de lait zvEquus stenonis.
Cocchi de S enèze (Haute-Loire;)
Par L. Richard.
Parmi les ossements fossiles recueillis dans les couches supé-
rieures du Pliocène de Senèze, il se trouve quelques pièces ayant
appartenu à des Poulains d ’ Equus stenonis Cocchi.
Ces pièces appartiennent à la collection de Paléontologie du
Muséum National d’ Histoire Naturelle.
La plus complète est une mandibule marquée 1923-4 dont les
deux branches sont séparées par une fracture au niveau de la sym-
physe ; la branche ascendante droite est brisée sous le condyle et
l’apophyse coronoïde qui manquent ; la branche ascendante gauche
est également brisée depuis l’échancrure sigmoïde obliquement
jusqu’à la scissure maxillaire environ, c’est-à-dire qu’il manque le
condyle et le bord refoulé avec une partie de la branche ascendante.
La symphyse possède ses six incisives; les pinces Ij sont usées
( sur les deux bords du cornet externe ; les mitoyennes I2 sont usées
sur le bord labial plus que sur le bord lingual du cornet externe ;
les coins I3 sont vierges, à peine sortis de leur alvéole, ce qui indique
une dentition de poulain de six mois environ.
Cette mandibule est caractérisée par la présence d’une petite
Pm1; conique de chaque côté, qui ne se rencontre pas, ou peut
être très rarement, chez Equus caballus et Equus asinus. Elle porte
trois D2, D3, r>4 en fonction du côté droit et deux du côté gauche,
D3 et D4, l’alvéole de D2 est vide. A gauche et à droite la Mx est
vierge et prête à sortir de l’alvéole.
Les D2, L>3, D4 ne possèdent pas de denticule ou colonnette
accessoire en arrière de l’hypoconide, comme il en existe une à une
dent de lait d 'Equus stenonis du Pliocène de Perrier, figurée et
décrite par M. le Professeur Boule, en 1899, dans le Bulletin de la
Société Géologique de France, T. XXVII, 3e série, pp. 531-542,
« Observations sur quelques Equidés fossiles », sauf peut-être sur
la D3 de gauche où il semble y avoir un petit denticule plus court
que l’hypoconide et qui, n’ayant, de ce fait, pas subi l’effet de
l’usure, ne forme pas un ilôt d’émail sur la surface de trituration.
Ce denticule a été aussi constaté par M. Boule sur une molaire de
lait à'Equus Burchelli et d’ Equus asinus atlanticus Thomas.
Un second fragment de mandibule du côté droit, marqué aussi
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 545 —
1923-4, possède également une alvéole vide de Pmx et trois D2>
D3, D4 n’ayant pas la petite colonnette accessoire signalée sur la
dent de Perrier.
La présence, à la mâchoire inférieure, d’une Pmx serait-elle fré-
quente chez Equus stenonis ? Elle n’existe pas sur un fragment de
mandibule d’adulte du même gisement marqué 1923-8,
Dentition de lait d 'Equus stenonis.
A. Série D2-D4 de la mandibule 1923-4, de Senèze. p, pointe de la première
prémolaire (Pm1) apparaissant au fond de l’alvéole.
B. Da gauche de la même mandibule, h, bypostylide.
Je ne pense pas qu’elle ait déjà été signalée chez Equus caballus,
Equus asinus, Equus hemionus, Equus quagga et autres Equidés
actuels 1.
Une troisième pièce est représentée par ün fragment de maxil-
laire supérieur droit avec trois D2, D3, D4 et une Pm1 déjà en fonc-
tion. Les protocones des molaires de lait sont arrondies çurtout
pour la D2, moins pour la D3 qui est un peu allongée vérs l’arrière ;
celui de la D4 est plus comprimé et allongé vers l’arrière seulement.
Le pli caballin est indiqué aux trois dents.
Dimensions en millimètres des mandibules et dents d' Equus
stenonis de Senèze.
Mandibule 1923-4 :
Longueur depuis le bord antérieur médian incisif, sans les incisives
jusqu’à l’extrémité supérieure de l’apophyse coronoïde brisée. . 345
Même dimension, incisives comprises 357
Hauteur de l’extrémité brisée de l’apophyse coronoïde perpendi-
culaire à une ligne longeant le bord inférieur de la branche hori-
zontale gauche . j 165
1. M. le Professeur Ahambourg a constaté sur un fragment de mandibule de Poulain,
probablement du sous-genre Hippoligris, du Pléistocène moyen des environs d’Alger,
la présence d’une petite Pmx.
546
Longueur de la symphyse
Largeur de, l’arcade incisive Is-I8
Longueur du diastème Ig-Pmx
Longueur de la série Ds-D4
Longueur de la série Pm^-Mj
Hauteur de la branche horizontale au milieu du diastème
Id. en avant de Pm4
Id. entre D3 et D4 à droite
Id. entre D3 et D4 à gauche
j C diamètre antéro-postérieur
1 / » transversal
Pmj
» antéro-postérieur
» transversal
» antéro-postérieur
» transversal
diamètre antéro-postérieur
» transversal
D2
» antéro-postérieur
» transversal ......
I>3
C
(
» antéro-postérieur
» transversal
» antéro-postérieur
» transversal
» antéro-postérieur
» transversal
Fragment de mandibule 1923-4 :
Hauteur de la branche horizontale en avant de Pm^ .
Longueur de la série D2-D4
P ( diamètre antéro-postérieur
a ( » transversal
» antéro-postérieur
» transversal
» antéro-postérieur
» transversal
Dents du fragment de maxillaire supérieur 1921-9 :
Longueur de la série D2-D4
Longueur de la série D^Pm1
pmx ( diamètre antéro-postérieur
* a transversal
» antéro-postérieur
» transversal
# antéro-postérieur
» transversal
» antéro-postérieur
» transversal
70
47
69
102
131
33
44
48
56
7
18
7
18
8
16
4
4
38
14
32
14
34
13
28
11
38
101
35
14
31
13
34
15
103
111
13
6
40
22
31
23
33
21
Laboratoire de paléontologie du Muséum.
547 —
Sur les Scincidæ fossiles, v
i. Formes européennes et nord-américaines.
Par Robert Hoffstetter.
Parmi les Sauriens, la famille des Scincidae est remarquable à
plus d’un titre. C’est d’abord la plus riche, puisqu’elle comprend
plus de 700 espèces, réparties en 51 genres admis actuellement.
C’est aussi la plus cosmopolite : ses représentants habitent toutes
les régions biogéographiques, sans cependant s’étendre loin vers le
Nord dans la région paléarctique. Elle montre enfin une variété
considérable d’adaptations à des modes de vie divers.
De tels caractères impliquent l’existence d’une riche histoire,
que la Paléontologie se doit d’éclairer un jour.
En fait, un certain nombre de pièces fossiles d’Europe, d’Amé-
rique du Nord et de l’île Maurice ont été rapportées à la famille
par divers auteurs. Malheureusement, la plupart de ces rappro-
chements ont été faits imprudemment, sans tenir aucun compte
des données de l’ostéologie comparée. Il en est résulté une accu-
mulation navrante d’erreurs, qui m’obligent à reprendre ici, dans
une brève revue préliminaire, les diverses pièces dont le classement
parmi les Scincidés a été proposé, et plus ou moins admis jusqu’à
ce jour. Je n’envisagerai, dans cette première note, que les fos-
siles européens et américains. On verra qu’ils se rattachent à des
groupes divers, dont certains sortent même du cadre de la classe
des Reptiles.
1. — On peut d’abord mentionner Ardeosaurus brevipes (H. von
Meyer, 1855) *, du Jurassique supérieur de Workerszell, près
Eichstatt. R. Lydekker 1888 2 le considère comme un Rhyncho-
céphale. F. Nopcsa 1908 3 le classe parmi les Scincoïdes, sans jus-
tifier son point de vue. Enfin Ch.-L. Camp 1923 4 en fait le type
d’une nouvelle famille de Sauria Ascalabota, les Ardeosauridae,
placée au voisinage des Gekkonidae.
Il est hors de doute qu’il s’agit d’un vrai Saurien, comme le
prouvent le mode streptostylique d’articulation du quadratum,
1. H. von Meyer. Neues Jahrb. f. Min. Geol. Pal., 1855, p. 335. Fauna der Vorwelt,
1860, p. 106; laf. XII, fig. 4-5.
2. R. Lydekker. Cat. foss. Replilia Brit. Mus., I, pp. 291-292. London, 1888.
3. F. Nopcsa. Beit. Geol. Pal. Oest. Ung., 21, pp. 37 et 49, Wien, 1908.
4. Ch. L. Camp. Bull. Amer. Mus. Nat. Hist ., 48, pp. 306-307, fig. C, New- York.
1923.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
la disposition de la région temporale et l’absence du quadrato-
jugal. J’adopte volontiers les conclusions de Ch.-L. Camp : ce n’est
qu’avec les Ascalabota qu’on peut comparer la famille des Ardeo-
sauridés ; mais la présence d’un arc supratemporal, notamment,
constitue une importante différence avec les Gekkota.
Quoi qu’il en soit, il est impossible de défendre la proposition
de F. Nopcsa et d’admettre une parenté quelconque du fossile
avec les Scincidés.
2. — Trois formes du Nummulitique français constituent une
intéressante série. Il s’agit de :
Plestiodon cadurcense H. Filhol 1877.
Cadurcosaurus Sauoagei H. Filhol 1882.
Dracaenosaurus Croizeti (P. Gervais 1848).
a) Plestiodon cadurcense a été créé par H. Filhol 1877 1 d’après
un dentaire des Phosphorites du Quercy qu’il a comparé à Ples-
tiodon Aldrovandi (= Eumeces Schneideri -f- E. algeriensis) G. de
Fig. 1. — Mandibules droites (face interne) :
A. Pseudeumeces cadurcensis (Filhol) X 2.
B. Eumeces Schneideri (Daudin) X 1,3.
C. Lacerta lepida Daudin. X 1,05.
Stefano 19032 figure de nouvelles pièces mandibulaires montrant
en outre le splénial et le coronoïde. Enfin le Handbuch et le Grund-
züge de Zittel représentent une pièce analogue.
1. H. Filhol. Ann. Sci. géol. 8, p. 266 ; PI. 26, fig. 426, Paris, 1877.
2. G. de Stefano. Atti. Soc. ital. Sci. Nat., 42, pp. 397-398 ; Tav. IX, fig. 14, 16,
19, 22 ; Milano, 1903.
549
Le rapprochement avec Eumeces a toujours été admis, à la suite
-des auteurs précédents puis de F. Nopcsa 1908 et O; Kuhn. 1939 1;
Il est uniquement fondé sur la. présence de dents arrondies (amblyo-
dontes). Je tiens à souligner la fragilité d’un tel critérium. En effet,
Tamblyodontie apparaît dans des familles diverses de Sauriens
(Scincidés, Téjidés, Varanidés, Mosasauridés et Anguidés) et indique
tout au plus une similitude de régime alimentaire.
J’ai pu étudier, dans le matériel de la collection Rossignol
(Labo. Paléont. Mus.) et de la collection Javal (Ecole des Mines),
des mandibules complètes du fossile des Phosphorites. La figure
que j’en donne ici (fig. 1 A), comparée à celles de la même pièce
chez Eumeces et chez Lacerta, montre clairement qu’on doit classer
le fossile parmi les Lacertidae. On y retrouve tous les caractères de
cette famille : vaste fossa Meckeli, échancrant le coronoïde ; pro-
cessus retroarticularis en forme de petite pyramide triangulaire ;
splénial bien développé, s’étendant vers l’avant jusqu’au voisinage
de la symphyse ; dentaire largement ouvert sur sa face interne, où
le sulcus Meckeli est masqué par le splénial ; branche postéro-
supérieure du dentaire ne chevauchant pas le coronoïde. Tous ces
caractères s’opposent à ceux qu’on rencontre chez les Scincidés.
L’espèce de Filhol ne peut donc être maintenue dans le genre
Eumeces — Plestiodon. Je propose de la désigner sous le nom de
Pseudeumeces nov. gen. cadurcensis (Filhol) [ Lacertidae ]. Le
nouveau genre est voisin de Lacerta, dont il se distingue surtout
par sa dentition amblyodonte. Il faut d’ailleurs noter que cette
amblyodontie est moins marquée chez les jeunes : ainsi, la figure
424 de H. Filhol 1877, que l’auteur considère comme un jeune
Pseudo lacerta Lamandini (Filhol), représente en réalité une forme
juvénile de Pseudeumeces cadurcensis.
b) FI. Filhol 1882 2, sous le nom de Cadurcosaurus Sauvagei,
décrit sommairement, sans le figurer, un dentaire provenant encore
des Phosphorites de Quercy. J’ai retrouvé le type au Laboratoire
de Paléontôlogie du Muséum, et j’en donne ici une figure. Il repré-
sente pour moi, non pas un Scincidé, mais encore un Lacertidé :
le dentaire largement ouvert sur le sulcus Meckeli est très signi-
ficatif. Il s’agit d’une forme, probablement oligocène, dérivée de
la précédente, et montrant une amblyodontie plus marquée. La
pièce, robuste, porte 8 dents, dont l’avant-dernière est énorme.
Cette deiitition impose le rapprochement avec la forme suivante,
laquelle se distinguera surtout par la disparition de la petite dent
postérieure. Il ne s’agit guère, semble-t-il, que d’une différence
spécifique. Aussi adopterai-je, pour le fossile du Quercy, le nom
-de Dracaenosaurus Sauvagei (Filhol) [ Lacertidae ].
1. O. Kuhn. Fossilium Catalogus, 86, Squainala, p. 30; ’S Gravenhage, 1939.
2. H. Filhol.! Bull. Soc. Phibm .. (7) 6, p. 127, Paris, 1882.
550 —
c) Des restes provenant du Stampien supérieur de Cournon ont
été désignés sous les noms successifs suivants :
Nouvelle espèce du genre Sauvigarde de Laizer 1840 x.
Animal voisin de la Dragone A. Pomel 1844 1 2.
Dracaenosaurus A. Pomel 1846 3.
. Dracoïdosaurus A. Bravard 1847 (manuscrit).
Scincus ? Croiezti P. Gervais 1848 4.
Dracaenosaurus Croizeti P. Gervais 1848-52 5.
Ce dernier nom a toujours été adopté depuis lors. La mandibule,
qui a servi de type à l’espèce, montre une amblyodontie très mar-
quée, avec la dernière dent extrêmement développée.
Il y a là une remarquable convergence avec le genre actuel Hemis-
phaeriodon, appartenant aux Scincidés. Mais ce n’est qu’une
convergence, et je ne puis admettre les rapprochements proposés
d’abord avec les Téjidés (Sauvigarde, Dragone) puis avec les Scin-
cidés (Plestiodonthes, Scinques).
J’ai d’ailleurs pu étudier un certain nombre de pièces permettant
de compléter la connaissance de l’espèce. M. l’abbé Lavocat m’a
aimablement communiqué diverses mandibules et un crâne entier,
malheureusement déformé et mal conservé, provenant de Cournon
(Coll, de Laizer). D’autre part, une fouille exécutée dans le Stam-
pien terminal de Coderet avec M. Viret m’a fourni par lavage de
nombreux dentaires et quelques maxillaires appartenant à une
forme plus petite représentant sans doute une race locale de la
même espèce.
Tout ce matériel m’indique qu’il s’agit encore d’un Lacertidé,
où l’on retrouve les caractères de la mandibule cités plus haut.
Tous les détails visibles du crâne confirment cette' interprétation.
Une mandibule de Cournon (Coll, de Laizer) montre excep-
tionnellement une petite dent postérieure en arrière de la grosse
dent molariforme. Peut-être s’agit-il d’un retour atavique ? Peut-
être est-ce un représentant attardé de D. Sauvagei ? IL est difficile
de se prononcer.
Quant aux ostéodermes qui ont été rapportés à D, Croizeti par
les premiers auteurs, il me paraît prudent d’attendre la découverte
de pièces en connexion avant de les attribuer à cette espèce.
La figure 2 montre que les trois espèces dont il vient d’être ques--
tion représentent un bel exemple d’évolution orthogénétique.
1. De Laizer, Bull. Soc. gêol. Fr. (1) 11, p. 357, Paris, 1840.
2. A. Pomel. Bull. Soc. gêol. Fr. (2) 1, p. 593, Paris, 1844.
3. A. Pomel. Bull. Soc. gêol. Fr. (2) 3, p. 371, Paris, 1846.
4. P. Gervais in (I’Orhigny, Dict. Hist. Nat. 11, p. 56, Paris. 1848.
5. P. Gervais. Zool. Pal. françaises, I, p. 259 ; pl. 64, fig. 5-7, Paris, 1848-52.
— 551
Cette série de Lacertidés amblyodontes a sans doute débuté à
l’Eocène supérieur, pour s’éteindre à la fin du Stampien.
3. • — H. Filhol 1882 1 désigne comme Plestiodon Quercyi un
dentaire amblyodonte de 45 mm. de long, trouvé dans les Phos-
phorites du Quercy. La pièce n’est pas figurée, mais ses dimensions
et le caractère de la dentition suffisent à l’identifier. Il s’agit cer-
tainement de l’espèce figurée par la suite sous les noms suivants i
Genus non det. R. Lydekker 1888 ( loc . cit., p. 281, fig. 63).
G
B
Fig. 2. — Dentaires gauches (face interne) X 2 :
A. Pseudeumeces cadurcensis (Filhol).
B. Dracaenosaurus Sawagei (Filhol).
C. Dracaenosaurus Croizeti (Gervais).
Diploglossus cadurcensis de Stefano 1903 [loc. cit., pp. 398-40,
Tav. IX, fig. 1, 4, 6).
Placosaurus Leenhardti H. Leenhardt 1926 2.
R. Lydekker, le premier, a eu le mérite de critiquer l’interpré-
tation de H. Filhol et de rapprocher le fossile des Anguidés, en le
comparant au genre américain Diploglossus. Il s’agit bien d’un
Anguidé, et plus' spécialement d’un Placosauriné, qui doit être
désigné sous le nom de Placosaurus Quercyi (Filhol, 1882), peut-
être synonyme de PI. margariticeps (Gervais 1876).
4. • — G. de Stefano 1903 3 crée une nouvelle forme, Protrachy-
saurus Gaudryi, fondée sur deux capsules occipitootiques d’un
Saurien des Phosphorites du Quercy. L’auteur ne trouve de com-
1. H. Filhol. Bull. Soc. Philom. (7) 6, pp. 127-128, Paris, 1882.
2. H. Leenhardt. Bull. Soc. géol. Fr. (4) 26, pp. 371-374, fig. 1-4, Paris, 1926.
3. G. de Stefano. Loc. cit., p. 406 ; Tav. IX, fig. 9, 13, 17, 18.
— 552
paraison possible qu’avec Trachydosàurus d’Australie. En fait,
dans son style, la pièce n’est pas plus semblable à celle de Trachy-
dosaurus (Scincidé) qu’à celle d ’Ophisaurus (Anguidé). Mieux, elle
présente une crista inferior ossis occipitalis lateralis (Fejérvâry-
Lânhg) qui, partant du condyle au-dessous des foramina IX, XII
et , XII’. s’infléchit vers le bas pour venir reborder le tuberculum
sphenoccipital : or ce caractère, absent chez Trachydosaurus, est
constant chez Ophisaurus.
Pour moi, la pièce représente la boîte crânienne de Placosaurus,
genre dont je connais à présent de nombreux éléments squelet-
tiques dans le matériel des Phosphorites, Mais il est pratiquement
impossible de décider à quelle espèce on doit rapporter cette pièce.
En effet, la plus grande confusion règne dans la dénomination
des espèces européennes de Placosaurus. par suite de la pauvreté
du matériel accepté comme type d’espèce. Un certain nombre de
noms ont été attribués à de simples plaques ostéodermiques, et le
génotype lui-même, PL rugosus Gervais 1848-52, entre dans cette
catégorie. C’est encore le cas pour Varanus P margariticeps Ger-
vais 1876 et Necrodasypus Galliae Filhol 1894, qui sont égale-
ment des Placosaurus.
Il est certain que deux espèces distinctes sont représentées dans
les Phosphorites du Quercy, ainsi qu’en témoignent les mandibules.
On rencontre en effet Pl. europaeus (Filhol 1876, sub Iguana) à
dents cylindriques et P. Quercyi (Filhol 1882, sub Plestiodon) à
dents amblyodontes. Ce sont ces deux noms que j’adopte, dans
l’impossibilité où je suis de discuter leur correspondance avec les
ostéodermes décrits indépendamment.
Mais le doute subsiste pour l’attribution de la pièce de Stefano
à l’une de ces deux espèces du Quercy. Je suis donc contraint de
la nommer Placosaurus sp. ( europaeus seu Quercyi), pour éviter
un Pl. Gaudryi (de Stefano) qui tombe certainement en syno-
nymiç avec une des deux espèces de H. Filhol.
5. — K. -A. von Zittel 1889. dans son Handbuch, et F. Nopcsa
1908 placent parmi les Scincidés le genre Sauromorus Pomel.
A. Pomel (1852) 1 désignait ainsi deux espèces, S. ambiguus et
S. lacerlinus, provenant de Langy et de Marcoin (Base de l’Aqui-
tanien) qui n’ont jamais été figurées. Pour l’auteur il s’agit de
Lacertidés, voisins de Lacerta, mais ayant quelques rapports avec
les Scincidés par leur quadratum et avec les Anguidés par leur
pariétal. Je crains que ces observations ne correspondent à des
formes composites, décrites d’après des os dissociés. La vérification
est impossible puisque les types sont perdus. En fait les Sauriens
1. A. Pomel. Catal. méthod et descr. des Vertébrés fossiles du bassin de la Loire,
p. 163, Clermont-Ferrand, 1852.
— 553
aquitaniens de la Limagne que j’ai pu étudier se laissent aisément
répartir parmi les Lacertidés et les Anguidés. Rien dans ce maté-
riel ne rappelle de près ou de loin les Scincidés. Rien non plus dans
la description de A. Pomel ne conduit a un tel rapprochement. Il
m’est donc impossible de m’associer à l’opinion de Zittel et de
Nopcsa.
Je propose donc d’abandonner, comme nomma nuda le genre
Sauromorus et les espèces qui le constituent.
6. — Une seule mention de Scincidés concerne les fossiles améri-
cains. Il s’agit d ’Eumeces anthracinus (Baird), espèce actuelle à
laquelle O. -A. Peterson 1925 1 rapporte, avec quelque doute,
deux vertèbres et un fragment de plaque osseuse. Ces pièces ont été
recueillies dans les dépôts pléistocènes de Frankstown Cave, Pen-
sylvania. L’une des vertèbres est figurée. Il s’agit incontestable-,
ment d’une dorsale d’un Amphibien Anoure. En dehors du style
général de la pièce, on peut remarquer la présence de processus
transverses allongés en baguettes, à l’extrémité non ossifiée, creusée
en cupule. Les processus transverses n’existent chez les Sauriens
que dans la région caudale ; ils sont alors bien ossifiés, aplatis dor-
s o ventral ement, et normalement terminés en pointes ; ils dépendent
de vertèbres qui n’ont jamais la forme brève, ni l’énorme déve-
loppement du canal neural que montre la figure de la pièce de
Frankstown Cave.
En résumé, aucun Scincidé fossile n’est encore connu, provenant
•de l’Hémisphère Nord. Les formes européennes qu’on a rapportées
à la famille se classent dans les Ardeosauridae, les Lacertidae et les
Anguidae. La seule espèce américaine signalée est en réalité un
Amphibien Amoure.
Je signalerai toutefois, en terminant, qu’il n’est pas impossible
que Pseudolacerta de Stefano 1903 emend. R. Hoffstetter
1942 2 appartienne aux Scincidés. Ce genre, représenté par deux
espèces des Phosphorites du Quercy, Ps. mucronata (Filhol 1877)
et Ps. Lamandini (Filhol 1877) n’est connu que par des parties
antérieures de mandibules, dont les caractères s’accordent avec
ceux des Scincidés, des Gorrhosauridés et des Zonuridés. Mais la
présence dans les mêmes gisements de vertèbres semblables à
celles de Zonurus m’a déjà conduit en 1942 à retenir provisoire-
ment le dernier rapprochement.
Laboratoires de Paléontologie et d’ Anatomie comparée du Muséum.
1. O.-A. Peterson. Ann. Carneg. Mus., 16, p. 252, fig. 2, Pittsburg, 1925.
2. R. Hoffstetter. Bull, du Muséum (2) 14, pp. 239-240, Paris, 1942.
554 —
Sur la répartition de la riboflavine
DANS LA GLANDE SURRÉNALE DES MAMMIFÈRES.
Par M. Fontaine et 0. Callamand,
Les travaux de Verzar et de ses collaborateurs1, selon lesquels
l’hormone corticale est indispensable à la phosphorylation de la
riboflavine (étape capitale qui lui permettra de passer à l’état de
ferment et de jouer dans l’organisme un rôle vitaminique), ont
attiré l’attention sur les rapports existant entre la vitamine Ba et
les capsules surrénales. Cependant nos connaissances sur la teneur
en riboflavine des capsules surrénales sont très insuffisantes, non
seulement par le nombre, mais aussi du fait qu’elles ne portent
que sur les surrénales totales (Von Euler et Adler donnent pour
les surrénales de Boeuf des chiffres compris entre 5 et 10 y par
gramme de tissu frais). Ç)r, on sait combien diffèrent, embryolo-
giquement, histologiquement et fonctionnellement, les portions
médullaire et corticale de la glande.
Nous avons donc jugé utile, de doser la riboflavine dans chacune
de ces deux parties. C’est ce que nous avons pu effectuer sur diverses
espèces de Mammifères provenant du Muséum ou du Parc Zoolo-
gique ; et nous avons vérifié la conclusion générale qui se dégageait
de ces chiffres sur quelques Mammifères plus communs et en bon
état physiologique, sacrifiés aux abattoirs. Nous donnons-ci-dessous.
les valeurs obtenues par la technique fluor ométrique de Gouré-
yitch a.
Teneur de Riboflavine en y
PAR GRAMME DE TISSU FRAIS.
1. Verzar F., Huebner H. et Lazt L. : Bioch. Zeit., 1937, t. 292, p. 152.
2. Gourevitch : Bull. Soc. Chim. Biol., 1937, t. 19, pp. 125-527.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 555 —
En dehors des variations spécifiques, ou en rapport avec l’état
physiologique de l’animal, qui doivent porter sur un très grand
nombre d’animaux pour conduire à des conclusions intéressantes,
le caractère essentiel qui se dégage de ces résultats est la teneur
en riboflavine toujours plus élevée de la partie corticale. Nous
avons pu confirmer ce fait par l’examen de coupes à congélation
de la surrénale de Rongeurs et de Chiroptères, examinées au micros-
cope à fluorescence ; celles-ci montrent après traitement par l’acide
acétique une belle fluorescençe jaune verte se développant essen-
tiellement dans la partie corticale de la surrénale. Cette différence
biochimique entre les deux parties de la surrénale est à rapprocher
des données de Giroud et Santa 1 qui montrent que la teneur en
acide ascorbique est toujours plus élevée dans la corticale que
dans la médullaire ; de celles de Huszak 2 (portant sur la cyto-
chrome oxydase, les cytochromes, porphyrines), qui mettent en
évidence les répartitions très différentes de ces constituants dans
les deux parties de la surrénale ; des observations de Bessoles 1 2 3,
enfin, selon lesquelles la phosphatase Ai est beaucoup plus abon-
dante dans la corticale que dans la médullaire.
Cet ensemble de données chimiques traduit d’importantes dif-
férences de métabolisme entre médullaire et cortico-surrénale, et
conduit notamment à penser que les processus d’oxydation cellu-
laire de ces deux tissus diffèrent nettement.
Laboratoire de Physiologie générale du Muséum.
1. Giroud et Santa : C. R. Soc. Biol., t. CXXXIII, p. 420, 1940.
2. HuSzak J. : Bioch. Zeit., t. CCCXII, p. 330, 1942.
3. Bessoles : Thèse pharmacie, Montpellier, 1944.
)
Sur le pouvoir oxydant des graines au cours
du DÉVELOPPEMENT.
Par C. Sosa-Boitrdouil.
Nous avons effectué l’étude du pouvoir oxydant des. jeunes
graines vis-à-vis de l’acide ascorbique (Vitamine C) dans les fruits
verts de trois plantes : Papaver somniferum , Lychnis dioïca et Datura
stramonium.
La méthode employée est la suivante :
On part d’une solution étalon d’acide ascorbique à 2.000 y par
cm3 dans PO3 H à 1 p. 100 que l’on conserve à la glacière. Cette
solution sert à préparer 1° la solution à 40 y par cm3 employée
pour les dosages d’acide ascorbique suivant la méthode de Till-
mans modifiée par A. Sosa 1 * ; 2° la solution à 500 y par cm3 par
simple addition d’eau bidistillée qui sert à la mesure du pouvoir
oxydant. Cette dernière solution est > suffisamment protégée par
l’acide métaphosphorique de la solution initiale pour ne pas varier
sensiblement au cours des mesures.
Les jeunes graines sont extraites rapidement du fruit et immé-
diatement pesées. On détermine par ailleurs là teneur en eau. Un
premier prélèvement sert à la détermination de l’acide ascorbique
préexistant dans la graine. Un deuxième prélèvement sert à la
mesure du pouvoir oxydant. Pour cette dernière mesure on opère
de la façon suivante : Le matériel est broyé énergiquement en pré-
sence d’un volume déterminé de la solution à 500 y par cm3 d’ac.
ascorbique. Le broyage dure arbitrairement 1 minute. Au bout de
10 minutes, on arrête les actions diastasiques par addition de
2 gouttes d’acide phosphoiique concentré. On défèque, à l’aide
d’une quantité de sulfate d’ammoniaque correspondant à la satu-
ration du milieu. Après filtration on dose l’acide ascorbique restant
suivant la méthode précédemment employée 1. Pour se trouver
dans les conditions de la mesure, il est nécessaire de déterminer
au préalable par tâtonnements le volume de la solution d’acide
ascorbique correspondant à la prise d’essai, de façon qu’au bout
1. Bull. Soc. Chim. Biol., 1943, 25, p. 146-156.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
— 557 —
de dix minutes l’oxydation soit appréciable mais non totale. Ce
rapport est déjà un renseignement sur l’ordre de grandeur de l’ac-
tivité oxydante. On calcule ensuite le pourcentage d’acide ascor-
bique disparu pendant l’oxydation par rapport à la quantité de
cette substance existant préalablement dans le milieu. Ces der-
nières valeurs nous ont servi à comparer les jeunes graines aux
diverses étapes de leur développement. *
Résultats. — Pour le pavot œillette, nous avons mis en présence
0 gr. 2 de graines fraîches pour 6 cm3 de solution d’ac. ascorbique
(1 cm3 = 500 y) ce qui correspond à 30 fois le volume de la prise
d’essai. Nous avons obtenu les chiffres suivants :
Papaver somniferum Pouvoir oxydant Teneur en eau.
Ovules juste avant la fécondation (fleur
Donc, pour un même poids de matériel on constate une chute
du pouvoir oxydant au cours du développement de l’ovule fécondé
évoluant en graine, cette valeur étant voisine de 0 dans les con-
ditions de l’expérience pour la graine mûre stabilisée..
D’autre part, on a noté que les jeunes graines avortées du pavot
conservent, même après dessiccation une grande partie de leur
pouvoir oxydant. Des résultats de même ordre ont été obtenus
pour Lychnis dioïca. On a employé ici un volume de solution 1 cm3
= 500 y d’acide ascorbique correspondant à 30 fois la prise d’essai.
Afin de préciser le stade de développement des ovules fécondés
évoluant en graines nous avons pris le poids de l’ensemble des
graines renfermées dans ' le même fruit à diverses étapes. On a
ainsi :
Lychnis dioïca.
Poids des grains d’un fruit
0 gr. 0112
0,153
0,371
Un troisième exemple étudié avec plus de détails dans une phase
plus avancée du développement des ovules fécondés est fourni
par Datura stramonium. Ici nous avons employé un volume de 1^.
solution d’ac. ascorbique correspondant à 100 fois la prise d’essai.
Nous avons donc un pouvoir oxydant plus de trois fois supérieur
à celui des graines précédemment étudiées. Nous avons calculé le
poids moyen d’une graine à chaque étape de sa croissance. Les
résultats sont les suivants :
Pouvoir oxydant
91.4 %
56.5
6,45
Teneur en eau
82,6
83,2
74,5
— 55g —
Les teneurs eri eau sont : pour 1 ovule pesant en moyenne 3 ms 36
de 78,6 %, pour 1 ovule pesant 1 83 de 81,3 %, pour 1 ovule
pesant 9ms 5 il est de 76,8 %,
Si l’on calcule le pouvoir oxydant par rapport à un organe, on
constate que cette valeur croît avec l’augmentation de poids de la
graine.
Si l’on considère l’activité pour un même poids de graines mis
en œuvre, on constate comme précédemment une diminution
notable au cours du développement. La diminution est plus rapide
nu début que vers la fin.
Essayant de trouver une relation simple entre le pouvoir oxy-
dant et la croissance, nos calculs nous ont conduit à considérer que
le pouvoir oxydant relatif à un même poids de graines est en raison
inverse du rayon de la graine. En effet, si l’on assimile la densité
de la graine à celle de l’eau ce qui est proche de la réalité (80 %
d’eau environ) on peut dire que le volume de la graine est repré-
3 /g # }
R étant le rayon, p le poids, c le volume d’où R = 4 / — -• Si l’<
y 4 tc
calcule cette valeur pour chaque expérience et qu’on la multiplie
par la valeur correspondante du pouvoir oxydant on obtient sen-
siblement une constante comme on peut le voir d’après le tableau.
Autrement dit : pour un même poids de matériel mis en œuvre
le pouvoir oxydant est inversement proportionnel au rayon de la
graine ce qui est une relation remarquablement simple.
En résumé : Dans les trois cas examinés, pour un même poids de graines
il y a diminution du pouvoir oxydant de la graine vis-à-vis de l’acide ascor-
bique, au cours du développement. Dans le cas du Datura on a trouvé une
relation simple entre le pouvoir oxydant et le rayon de la graine c’est-à-dire
Telativement à l’un des paramètres de la croissance.
Laboratoire de Chimie (Physique végétale) du Muséum.
— 559 —
État actuel des connaissances sur la photosynthèse
chez les Bactéries.
' t '
Par Raymonde Villars.
Les bactéries vertes et pourpres se développent dans la boue des
bassins et des étangs, elles ont pu être obtenues en culture pure sur
milieu minéral ou contenant de la matière organique, à la lumière
infra-rouge (pour empêcher le développement des Algues) et en
anaérobiose.
Pigments : Toutes contiennent un pigment vert la bactériochlo-
rine isolée par Nadson (1903) et appelée récemment baclériochlo-
rophylle (Schneider) à cause de sa parenté chimique avec la chlo-
rophylle. Sa formule a été établie par Fischer et Lambrecht
(1937). Son spectre d’absorption est différent de celui de la chlo-
rophylle : bande D, ultra-rouge et violet.
Les chlorobactéries ne possèdent que ce pigment vert, les bac-
téries pourpres ont en plus des pigments pourpres, désignés par
bactérioérythrine (Arcikovsky), qui semblent appartenir aux^caro-
tinoïdes. Le complexe pigmentaire de ces bactéries est appelé bac-
tériopurpurine (Lankester). #
Physiologie : Parmi ces bactéries les unes ont de véritables auto-
trophes, elles assimilent le gaz carbonique et elles exigent pour cela
de l’énergie lumineuse et en plus des composés sulfurés réducteurs :
par exemple deà" sulfures qui existent dans les limons où se déve-
loppent ces bactéries et que celles-ci transforment en soufre ou en
sulfates ; les bactéries vertes sont dans ce cas et une partie des
Rhodobactéries auxquelles on donne le nom de Thiodoraceæ. D’au-
tres bactéries pourpres assimilent le gaz carbonique à la lumière,
mais la présence d’aliments carbonés et non de substances sulfu-
rées leur est indispensable pour ce travail,' ce sont les Athioroda-
ceæ. Cette dualité des bactéries pourpres explique pourquoi les
résultats des auteurs étaient contradictoires. Tandis que Wino-
gradsky (1887) expérimentait sur des formes sulfureuses et con-
cluait à l’autotrophie des bactéries pourpres, les, formes non sulfu-
reuses sont tombées dans l’oubli jusqu’aux travaux dg Molisch
(1907) qui concluait à l’hétérotrophie. Si on compare les résultats
de ces deux auteurs on voit qu’il faut établir une séparation nette
entre les unes et les autres. On a maintenant des connaissances
précises sur le métabolisme de ces différents groupes de bactéries.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944. 36
Les bactéries vertes ont été étudiées par Van Niel et Müller,,
elles oxydent les sulfures en soufre qui s’accumule à l’extérieur des
cellules, l’énergie libérée par cette oxydation, à laquelle s’ajoute
l’énergie lumineuse qui est indispensable à ces organismes permet
l’assimilation du gaz carbonique. Les Thiodoraceæ ont surtout été
étudiées par ces mêmes auteurs et par Roelofsen. Tandis que les
bactéries vertes peuvent seulement utiliser les sulfures comme
combinaison sulfureuse oxydable, les bactéries sulfureuses pourpres
peuvent employer des sulfures, sulfites, hyposulfites et le soufre
lui-même (cristallisé, colloïdal ou le soufre libéré par les bactéries
vertes). Elles exigent la présence, en plus de CO2 (bicarbonate), de
sulfure de sodium par exemple et de lumière. Alors que la lumière
p’a aucune importance pour les bactéries sulfureuses incolores, les
bactéries pourpres ne se développent pas en l’absence de lumière.
L’auteur a démontré quantitativement l’existence de la réaction
suivante :
2 CO2 + H2 S + 2 H2 O = 2 CH2 O + SO4 H2
qui est endothermique et nécessite l’intervention de la lumière.
Le premier temps de la réaction est le suivant :
CO2 + 2 H2 S — > CH2 O -E H2 O + 2 S
qui montre une grande similitude avec l’équation de photosynthèse
des plantes vertes :
CO2 + 2 H2 O -> CH2 O + H2 O O2
> /
Dans le premier cas S est le corps excrété, tandis que dans le
deuxième cas, il est remplacé par O2, parce que le donneur d’hy-
drogène est différent. D’une manière générale on peut représenter
toute photosynthèse par la réaction ï
CO2 + 2 H2 A CH2 O + H20 + 2 A
répondant à la réaction métabolique type de transfert d’hydrogène
donnée par Kluyver et Donker :
AH + B A + B H
Pour les plantes vertes le donneur d’hydrogène est H20, pour les
bactéries vertes H2S et les Thiodoraceæ H2S, S03H2, S203H2. Les
bactéries vertes et les bactéries sulfureuses pourpres sont des orga-
nismes strictement anaérobies, il est nécessaire que l’oxygène soit
complètement éliminé du milieu, c’est parce qu’il restait de l’oxy-
gène que les premiers essais de culture de Van Niel en présence du
soufre, sulfite et hyposulfite de sodium n’avaient pas réussi.
Il faut noter qu’il existe une différence remarquable entre les
bactéries sulfureuses vertes et pourpres. Les bactéries vertes peuvent
oxyder le sulfure de sodium par exemple avec réduction simultanée
de CO2, ce qui conduit à la formation de soufre qui, pour ces orga-
nismes, est le produit final de l’oxydation. Les bactéries sulfureuses
pourpres peuvent aller plus loin et oxyder le soufre produit à l’état
de sulfate et cette oxydation est liée à la réduction simultanée de
CO2. Ceci se produit aussi bien quand le soufre est accumulé dans
lés cellules (grandes formes : Chromatium Okenii ) que lorsqu’il est
excrété dans le milieu de culture.
Or, tandis que chez les bactéries sulfureuses incolores, il faut
oxyder un grand nombre de molécules sulturées pour réduire une
molécule de CO2 (environ 32 selon Waksman et StarkeY pour
Thiobacillus thiooxydans ), il suffit chez les bactéries pourpres, d’après
l’équation donnée ci-dessus, d’oxyder une molécule H2S pour
réduire deüx molécules CO2 et ceci en raison dè l’apport d’énergie
lumineuse. L’autotrophie des Thiorodoraceæ, qui exigent à la fois
de l’énergie lumineuse et un réducteur, relève donc à la fois de la
photosynthèse et de la chimiosynthèse.
Les Athiorodacese ont été étudiées par Van Nier et principale-
ment par Gaffron. Van Niel a obtenu des cultures de Rhodô *
bacillus palustris , Spiralis rubrum et Sîreptococôus variant à
l’obscurité, en présence de matières organiques, mais dans des
conditions aérobies seulement. Les bactéries vivent dans ce cas en
hétérotrophes banales et les réactions d’dxydation remplacent les
réactions photosynthétiques.
D’autre part, il a été constaté que ces différentes bactéries se
développent très activement en l’absence d’oxygène, à condition
de recevoir de la lumière. Elles ont besoin soit d’oxygène, soit de
lumière. L’auteur conclut que les bactéries pourpres non sulfu-
reuses se révèlent comme des organismes photosynthétiques pour
lesquels la présence de substances réductrices de nature organique
est indispensable,
Gaffron- a montré que Rhodobacillus se multiplie rapidement
dans une solution nutritive composée d’esftrait de levure et de
bicarbonate de sodium, dans des conditions anaérobies (atmosphère
d’azote ou d’argon avec 5 % de gaz carbonique) et à la lumière,
il a obtenu en quelques jours de belles cultures, alors qu’à l’obs-
curité aucune Croissance ne se produit. La différence entre le méta-
bolisme des bactéries pourpres (Rhodovibrio) et celui des bactéries
rouges du soufre (Thiocystis) est très nette. Si on ajoute à une sus-
pension de Rhodovibrio une petite quantité de butyrate de sodium
et qu’on éclaire ensuite, il se produit pour une molécule d’acide
butyrique une assimilation de 0,4 mol. de gaz carbonique et le
groupement carboxyle est réduit, à l’obscurité le butyrate n’est
pas attaqué. Si on fait la même expérience avec Thiocystis le gaz
carbonique n’est pas assimilé.
Il a fait une étude détaillée des substances qui peuvent être
— 562 —
utilisées comme substrats pour la réduction du gaz carbonique.
Les substrats. — • L’auteur a expérimenté avec des substances
organiques les plus diverses et il a constaté que les substances
utilisées sont les acides aliphatiques. La présence d'un groupement
carboxyle est la condition fondamentale pour quun corps puisse
servir de substrat à l' assimilation. L’absorption du gaz carbonique
se produit avec une rapidité presque constante, puis s’arrête ensuite
brusquement, l’éclairage prolongé est alors sans effet. Le volume
de gaz carbonique absorbé est conditionné par la quantité de substance
organique ajoutée : les mêmes quantités de butyrate de calcium
produisent l’assimilation des mêmes quantités de gaz carbonique.
Le métal du sel d’acide gras est mis en liberté dans la solution et se
retrouve à l’état d’hydrate ou de bicarbonate. Le groupement car-
boxyle est donc réduit comme le gaz carbonique. Une recherche
quantitative du gaz carbonique fixé se compose donc de deux par-
ties : déterminer d’une part la quantité de gaz qui est utilisée pen-
dant l’éclairement et, d’autre part, la quantité de gaz carbonique
liée chimiquement qui a disparu au cours de l’expérience. Le volume
de CO2 assimilé dépend également de la grosseur de la molécule des
acides gras réagissants. L’auteur a recherché le nombre de molé-
cules de gaz carbonique assimilé par les bactéries pourpres en pré-
sence d’une molécule d’acide acétique, propionique, butyrique et
il a constaté que la quantité de CO2 assimilé augmente avec la lon-
gueur de la molécule d’environ 0,5 mol. CO2 par groupement méthy-
lénique. Il a construit un graphique en portant en abcisses le nombre
de groupements CH2 existant dans la molécule d’acide gras et en
ordonnées les volumes de gaz carbonique assimilé exprimés en
molécules. En deux points cette augmentation est interrompue :
le passage de l’acide propionique à l’acide butyrique, de même que
le passage de l’acide caproïque (C6) à l’acide heptylique ne change
pas le volume de gaz carbonique assimilé. Pour les acides gras
supérieurs, à partir de l’acide nonylique (C9) on obtient des résul-
tats mal concordants : la masse de gaz carbonique absorbée est
située au-dessus ou au-dessous de celle à laquelle on pouvait s’at-
tendre.
Il était également intéressant de rechercher quels sont les effets
de la substitution. C’est la vitesse d’assimilation qui a servi de base
de comparaison. Si les atomes d’hydrogène du carbone situé en a
par rapport au groupement carboxyle sont substitués, la réaction
se produit beaucoup plus lentement : cas de l’acide acétique et des
acides méthyl-, éthyl-, et diéthylacétique, la réaction est extrême-
ment lente avec l’acide diéthylacétique.
Si l’on compare après le même temps l’absorption de CO2 évaluée
en mm3 des bactéries pourpres en présence d’acide valérianique
CH 3 (CH2)3 COOH et d’un de ses isomères où l’atome de C a est
\
563
CPP CH2\
bisubstitué : CH3,/ ^ — COOH, on voit qu’avec ce dernier
elle est nettement plus faible, de même pour l’acide capronique CH3
— (CH2)4 — COOH et son isomère (CH2 — CH2)2 CH — COOH avec
lequel l’absorption de gaz carbonique est particulièrement faible.
Une substitution sur un atome de C plus éloigné n’a pas d’in-
fluence sur la vitesse d’assimilation : en présence des acides valé-
rianiques isomères CH3 — (CH2)3 — COOH et (CH3)2 CH - —
CH2 — COOH la quantité de gaz carbonique absorbée par les bac-
téries pourpres après un temps t est la même ; aussi pour les acides
caproniques isomères : CH3 — (CH2)4 — COOH et (CH3)2 CH —
(CH2)2 — COOH.
Avec la substitution du dernier atome d’hydrogène du C a le
pouvoir d’assimilation disparaît presque complètement : acide
triméthylacétique, acide a-oxy-isobutyrique (CH3)2 — C (OH) —
COOH, acide valérianique (CH3)3 — C • — COOH, (avec lequel on
n’a noté aucune absorption).
Parmi les acides a-cétoniques, avec l’acide pyanoique CH3 —
CO — COOH l’assimilation est assez rapide, probablement parce
qu’il est facilement transformé. La grande résistance à l’attaque
par les bactéries de l’acide glycolique (ou acide oxy-acétique)
CH2 OH - — - COOH est un fait frappant comparativement à celle
de l’acide acétique. Avec les acides aminés l’absorption de gaz
carb. est très faible (acide aspartique). On peut multiplier à volonté
les exemples sur la signification de l’atome de carbone oc.
Il convient de remarquer que les acides dicarboniques reagissent
plus lentement que les acides monocarboniques.
L’assimilation photochimique par les bactéries pourpres de subs-
tances organiques ne se produit rapidement que lorsqu’il existe
un groupement carboxylméthylênique libre dans la molécule alipha-
tique.
Les acides non saturés essayés ont tous été assimilés en même
temps qu’une certaine quantité de gaz carbonique. On a comparé
l’absorption de CO2 avec l’acide butyrique et l’acide crotonique
qui présentent le même nombre d’atomes de carbone, mais dif-
fèrent par deux atomes - d’hydrogène. La valeur moyenne avec
l’acide butyrique est de 1.4 mol. CO2, alors qu’avec l’acide croto-
nique elle est de 1,06 ; une différence de 2 H cause une différence
de 0,34 mol. CO2.
Gaffron a aussi montré que ces microorganismes peuvent assi-
miler l’acide carbonique en présence d’hydrogène moléculaire,
d’après les mensurations métaboliques mol. H2 /mol. CO2 = 2, ce
qui correspond à l’équation :
CO2 + 2 H2 -*■ H2 O -f CH2 O.
564
De même les bactéries pourpres sont capables d’assimiler à la
lumière les acides aliphatiques, en utilisant le pouvoir réducteur de
l’hydrogène. L’acide acétique, lactique et malique sont rapidement
réduits ; l’acide glycolique est réduit beaucoup plus lentement.
Van Niel s’appuyant sur ces différentes considérations a donné le
schéma suivant mettant en évidence la relation entre les trois
groupes de bactéries photosynthétiques :
Nature de la substance réductrice H2 A
indispensable à la photosynthèse
H2 S Composés sulfurés inorganiques Ha
oxydables et composés organiques
Bactéries vertes Thiodoraceae Athiorodaceæ
Chez les bactéries colorées nous nous trouvons en présence de
réactions variées de photo-oxydoréductions dans lesquelles le gaz
carbonique peut être réduit par des agents divers : H2S, S, S03H2,
S2 O3 H2, acides aliphatiques, hydrogène, avec le concours indis-
pensable de la lumière ; il semble même qu’une fonction acide
organique puisse être réduite intramoléculairement par une chaîne
hydrogénée à l’aide de la lumière.
En ce qui concerne le premier produit résultant des photosynthèses
bactériennes les travaux de Gaffron l’ont amené à la conclusion
qu’il se forme deux composés différents dont l’un correspond à la
formule C4H602 et dont l’autre est inconnu.
Ainsi pour l’assimilation de 1 mol. d’acide acétique, il y a absorp-
tion d’une 1 / 2 mol. H2, ce qui peut s’interprêter par la réaction
suivante :
CH3 COOH H
+ | -** C4H602 + 2 H2 O
CH3 COOH H
De même pour chaque mol. d’acide heptylique il est absorbé 1 mol.
d’acide carbonique.
C7 H34 O2 + CO2 C8 H14 O4
qui ne diffère de (C4H602)2 que par 1 mol. d’hydrogène.
A l’appui de ceci il y a le fait que les analyses chimiques ont
montré que la composition élémentaire des bactéries pourpres cor-
respond presque à la formule C4H602 à dix pour cent près d’azote.
On a aussi pu extraire par le chloroforme des cellules bactériennes
un corps dont la formule est [C4 H6 04]w.
Laboratoire d’ Anatomie comparée des Végétaux vivants
et fossiles dn Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
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566 —
Variations de la structure florale
CHEZ DES CUCURBITACÉES PRIMITIVES.
Par H. Humbert.
Les observations qui font l’objet de cette note se rapportent à
un curieux genre de Cucurbitaeées-Févillées que nous avons créé
en 1939 [10] pour deux espèces nouvelles du Sud et de l’Ouest de
Madagascar, Xerosicyos Danguyi Humb. et X. Perrieri Humb. 1.
Disposant d’un abondant matériel,- nous avons été amené, en
présence de variations multiples présentées par certains spécimens,
à examiner un très grand nombre de fleurs de ces deux espèces
(plus d’une centaine) en portant principalement notre attention
sur l’androcée : entre les problèmes divers que pose la structure
florale dans cette famille, aucun n’a en effet, soulevé plus de con-
troverses que l’interprétation des caractères de ce verticille 2.
Les Févillées comprennent les types les plus primitifs de Cucur-
bitacées, et parmi elles les Xerosicyos présentent à cet égard une
simplicité de structure remarquable, en particulier quant aux con-
crescences, Celles-ci sont réduites au minimum, tant entre les
diverses pièces de chaque verticille, qu’entre les divers verticilles.
La fleur $ comporte normalement 4 sépales libres, 4 pétales
libres et 4 étamines libres à anthères horizontales, uniloculaires,
extrorses, à déhiscence transversale. Deux des pétales opposés
recouvrent légèrement les deux autres dans le bouton. Les filets
staminaux, dont le point de départ est toujours situé près du centre
de la fleur, sont exactement alternipétales, au moins dans le bou-
ton, ou, le plus souvent, rapprochés deux à deux vers la base des
pétales recouvrants.
La fleur Ç comporte 4 sépales libres, 4 pétales libres disposés
comme ceux de la fleur 4 staminodes rapprochés deux à deux
vers la base des pétales recouvrants, deux carpelles soudés seule-
ment sur la 1 / 2 ou les 3 /5 de leur longueur, et dont les placentas
se rapprochent de l’axe sans se souder entre eux, de sorte que
l’ovaire, semi-infère, n’est qu’imparfaitement biloculaire ; les par-
1. Nous avons décrit récemment un second genre de Févillées pour deux autres
espèces du Sud de l’Ile : Zygosicyos tripartitus Humb. et Z. hirtellus Humb., ce qui
porte à 4 le nombre des représentants de cette tribu actuellement connus à Madagascar.
Ces deux genres endémiques constituent une sous-tribu nouvelle, les Févillées Xérosi-
cyoidées. — Cf. H. Humbert (11).
2. Ne pouvant nous étendre ici sur ces controverses, nous renvoyons le lecteur aux.
références citées dans la bibliographie.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVI, n° 6, 1944.
567 —
ties supérieures des carpelles, libres entre elles, divergent en se
prolongeant par deux styles courts et épais à stigmates spathulés.
Le fruit, coriace à maturité, en cône renversé et un peu aplati,
porte nettement, sous forme d’une ligne transversale située entre
la 1 / 2 et les 2 /5 supérieurs de sa longueur, la trace du niveau d’in-
sertion des pièces florales libres au-dessus de l’hypanthium ; il
s’ouvre par une fente supérieure située entre les vestiges des bases
stylaires écartées.
En résumé, normalement, toutes les pièces sont libres dans la
fleur <§. Seuls les carpelles sont partiellement concrescents entre
eux et avec le réceptacle invaginé, dans la fleur Ç.
C’est dans les fleurs $ de X. Perrieri que nous avons observé
les variations les plus nombreuses et les plus accusées. Celles-ci
se présentent simultanément sur les diverses fleurs d’un même
rameau et en proportion très variable selon les individus. La pro-
portion et la diversité les plus grandes d’anomalies nous ont été
fournies par les spécimens récoltés par H. Perrier de la Bâthie,
sous le n° 12707 près de Benenitra (Onilahy), et, en second lieu,
par les nos 4380, 18659 et 2228 du même botaniste, provenant,
les deux premiers des environs d’Ampanihy (extrême Sud), le troi-
sième de l’Antsingy (Bemaraha).
Chez X. Danguyi nous n’avons observé, sur 7 exemplaires de
provenances diverses, qu’un petit nombre d’anomalies, d’ailleurs
du même ordre que celles offertes par X. Perrieri.
Pour alléger l’exposé, nous avons résumé les variations de X. Per-
rieri sous forme de tableau :
Variations des fleurs £ de Xerosicyos Perrieri Humb.
S — sépales ; P = pétales ; E — étamines ; fl = filets entièrement libres ;
f 1/2 s, f 3/5 s... = filets soudés sur la 1/2, les 3/5... de leur longueur ; f. s. =
filets soudés sur toute leur longueur ; a 1 = anthères libres (cette précision
n’est utile que dans le cas de filets entièrement soudés entre eux) ; a c =
anthères connées ; St = staminode ; C = carpelle ; C 1 = carpelle libres.
(Fl. normale)
(12707 Perr.)
»
»
»
»
»
»
»
4S+4P + 4E:fl (fig. 1, diagr. 1).
4 S + 4 P + 4 E : 2 E fl, 2 E f 3/5 s (fig. 2).
4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/8 s, 2 E f 1/2 s.
4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/4 s, 2 E f 3/4 s.
4S+4P+4E:2Efl, 2Efsal (fig. 3).
4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/4 s, 2 E fs al (vu 3 fois).
4 S + 4 P + 4 E : 2 E fl, 2 E fs ac (vu 2 fois)
(diagr. 3).
4 S + 4 P + 4 E : 2 E f 1/2 s, 2 E fs ac (fig. 4, 5)
(vu 2 fois) 1.
4 S + 4 P + 4 E : 2 E fs al, 2lE fs al.
1. La fleur de la fig. 5 offre une légère irrégularité du calice : un sépale (en avant su
le dessin) est un peu dévié et allongé vers la gauche à sa base.
568 —
»
»
(2228 Perr.)
(12707 Perr.)
»
»
»
B
»
»
B
(18659 et 4380 Perr.)
(18659 Perr.)
»
»
»
(2228 Perr.)
(4380 Perr.)
(2288) Perr.)
4 S + 4 P -f 4 E ; 2 E fa al, 2 F- h ac (fîg. 6).
4 S + 4P + 4 E : 2 E fs ac,2 fs ac (fîg. 7, diagr, 4),
4S + 4P + 4Efl + lc \
4S + 4P + 3E:2Ef 4/5 s, 1 E fl.
4 S + 4 P : 2 PI. 2P 4/5 s + 3 E fl.
4S + 3P + 3E, 2Efl, lEfl1 2 3.
3 S + 3 P + 4 E : 2 E Fl, 2 E f 1/2 s.
3S+3P+4E:2Efl, 2 E f s al (fîg. 8).
3S + 3P + 3EA (fîg. 9) (diagr. 6) *.
3S + 3P + 3Efl:2Efl,lEfl4.
3 S + 3 P + 3 E : 1 E fl, 2 E f 4/5 s (fîg. 10).
5S-}-5P+5Efl (fîg. 11) (Vu plusieurs fois) 5.
5 S + 5 P -f 5 E : 3 E fl, 2 E f 1/4 s.
5S + 5P + 5E:4Efl,lSt (diagr. 7).
5S + 5P + 3EA.
5 S + 3 P + 3 E fl.
4S + 4P+4EA + 1C6 7.
4 S + 5 P + 5 E : 4 E fl, 1 St *.
4S + 5P+5E:4Efl, 1 St + 2 Cl (fîg. 12) 8.
L’examen combiné de ce tableau, des figures et des diagrammes?
suffit à donner un aperçu de la diversité et de l’amplitude des varia-
tions observées dans les fleurs <$, où le nombre des pièces florales
peut différer d’un verticille à l’autre, dans des limites d’ailleurs
faibles, allant de la trimérie à la pentamérie. Les cas de trimérie
et de pentamérie régulières et complètes, avec alternance exacte
des étamines par rapport aux pétales, sont rares. La préfloraison,
dans les corolles normales à 4 pétales, dérive du type quinconcial.
Mais, dans les fleurs à 3 ou 5 pétales, elle peut être du type imbri-
qué (diagr. 6 et 7), avec des variantes dans la disposition réciproque
des pièces. La présence d’un pistillode, d’ailleurs, très rudimentaire,
est tout à fait exceptionnelle, mais intéressante à noter comme le
vestige d’un hermaphroditisme primitif.
L’androcée, à partir de la disposition parfaitement alternipétale
des étamines (fig. 1, diagr. 1), qui est habituelle dans les fleurs
1. Pistillode formé d’un seul carpelle, rudimentaire, mais à style normal.
2. 2 étamines rapprochés par la base des filets en une paire opposée à l’un des pétales,
la 3e alterne avec les 2 autres pétales.
3. Fleur trimère à étamines régulièrement alternipétales.
4. Même observation que (2).
5. Fleur pentamère à étamines régulièrement alternipétales.
6. Pistillode formé d’un carpelle rudimentaire dévié de 45° comme dans le cas
suivant. Le reste de la fleur normal.
7. Avec alternance régulière entre les 5 pièces de l’androcée et les pétales ; deux de
ceux-ci, à l’intervalle desquels correspond le staminode, représentent un pétale dédou-
blé.
8. Fleur très anomale, avec un des 4 pétales dédoublé au-dessus de la base, quatre
étamines fertiles, un staminode rapproché d’une des étamines fertiles près de l’inter-
valle entre deux pétales, un pistillode formé de deux carpelles rudimentaires libres et
dévié de 45° par rapport au diagramme normal d’une fleur Ç.
Xerosicyos Perrieri Humb. — Figures: 1, fleur ^ normale; 2-12, variations de
fleurs ^ . — Diagrammes : 1, fleur ^ normale ; 2-4, variations de fleurs ^ tétra-
mères ; 5, fleur Ç normale ; 6, fleur ^ trimère ; 7, fleur $ pentamère, avec un
staminode ; 8-10, variations de fleurs Ç.
de X. Perrieri, au moins lorsqu’elles sont jeunes, offre une série
de cas de rapprochements et de concrescences de plus en plus
accusées des filets, allant jusqu’à la soudure totale de ceux-ci deux
par deux et à la coalescence partielle des anthères correspondantes.
Le premier échelon dans cette série est fourni par le rapprochement
— 570
des filets staminaux en paires opposées aux pétales recouvrants,
disposition assez fréquente chez X. Perrieri dans la fleur épanouie
(diagr. 2) 1 et habituelle chez X. Danguyi dès avant l’anthèse.
Parfois une seule paire d’étamines présente cette contiguité basi-
laire des filets, tandis que les deux autres étamines sont encore
alternipétales (ou que, dans un cas d’androcée trimère, la 3e éta-
mine est alternipétale). D’autres échelons sont marqués par les
coalescences de plus en plus accusées qui peuvent affecter une des
deux paires d’étamines, ou les deux paires à la fois, inégalement
ou également. Le cas limite observé est celui de deux paires d’éta-
mines doubles réalisant un androcée diandre à anthères bilocu-
laires, celles-ci étant d’aillemrs incomplètement coalescentes (fig. 7,
diagr. 4).
Cette série illustre parfaitement l’interprétation de Bâillon
[1-6] relative à la structure de l’androcée des Cucurbitacées, cons-
titué, d’après cet auteur, par 5 étamines uniloculaires, primitive-
ment équidistantes (cas des Fevillea et des Zanonia). mais plus ou
moins déplacées dans la plupart des, genres, où quatre d’entre elles
sont rapprochées complètement ou incomplètement deux à deux 1 2.
Elle infirme au contraire l’assertion de Van Tieghem [15-17]
suivant laquelle l’androcée des Cucurbftacées est composé partout
de deux paires et demie d’étamines collatérales à anthère extrorse
munie de d’eux sacs polliniques par suite de l’avortement des deux
paires et demie qui complètent le verticille décamère, et l’expli-
cation qu’il donne du cas des Fevïllea et autres genres de la même
tribu : « les étamines dévèloppées s’écartent l’une de l’autre en
devenant toutes équidistantes et épisépales » 3.
En ce qui concerne les fleurs Ç, nous n’avons pu en examiner
qu’un nombre très restreint. Quelques-unes, chez X. Perrieri ,
présentent des variations portant sur le nombre et la position
des staminodes : au lieu de 2 staminodes rapprochés par paires
devant les pétales recouvrants, comme des paires d’étamines de
1. Ce rapprochement (ou entraînement suivant un plan horizontal, suivant l’expres-
sion de Bâillon) s’accompagne d’une légère incurvation latérale des filets, qui diver-
gent quelque peu, de sorte que les deux anthères d’une même paire restent au niveau
des i ntervalles entre les pétales, mais sont inclinées comme les deux branches d’un
accent circonflexe.
2. Elle est à comparer aux variations des fleurs de Pâtisson décrites et figurées par
Dutailly (9). Cet auteur est d’accord avec Payer et Bâillon sur l’interprétation de la
structure fondamentale de l’androcée des Cucurbitacées. Mais il critique la notion et le
terme d’entraînement (Bâillon), divergence portant sur les causes du déplacement
relatif des étamines.
3. Van Tieghejji (15-17) après avoir proposé successivement plusieurs interpréta-
tions, résumées dans l’article cité sous le n° 17, et basées uniquement sur la course des
faisceaux vasculaires (qui s’organisent tardivement), finit par conclure : « C’est l’an-
drocée des Févillées qui dérive des Courges, en passant par celui des Lufîes et des
Thladianthes par un écartement et une régularisation dont la cause et le mécanisme
sont évidents »'! Les faits exposés dans la présente note démontrent l’évidence d’une
différenciation en ordre exactement inverse de celui imaginé par cet auteur.
— 571
fleurs (diagr. 5), nous avons observé des staminodes isolés, oppo-
sitipétales, ou la combinaison des deux cas, ou encore l’absence
de l’un d’eux (diagr. 8 à 10). L’entraînement peut donc être irré-
gulier, comme il arrive parfois dans les fleurs <$.
Les caractères primitifs de l’organisation florale des Xerosicyos
cadrent parfaitement avec le cachet d’archaïsme que leur confèrent
leur isolement à Madagascar et la distribution géographique, sur
des territoires très anciennement séparés de la Grande- Ile, des
genres alliés, parmi lesquels ceux qui s’en écartent le moins au
point de vue systématique sont les Zanonia indo-malayo-papous
et les Gerrardanthus africains.
Il est remarquable que ce genre, représentant une très ancienne
lignée, cumule, pour ainsi dire, dans les variations florales d’un
même individu, des caractères habituellement fixés et - de valeur
générique dans la famille, particulièrement en ce qui concerne les
dispositions si variées de l’androcée.
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du .Tome XVI. — 2 e Série.
Pages
ACTES ADMINISTRATIFS 5,87, 165, 203, 255, 383
Liste dès Associés, Correspondants et Attachés du Muséum nommés en 1943 14
Travaux faits dans les Laboratoires pendant l’année 1943 16
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dien inférieur.. . 365
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genre Thrombella (T. lusitanica n. sp.) 230
Angel (F.). Un lézard nouveau du Mont Nimba (Hte Guinée française), appar-
tenant au genre Lygosoma (Matériaux de la Mission Lamotte au M* Nimba,
en 1942 (3e note) 293
— Une nouvelle espèce d’Amphibien (genre Hylambates ) de la Hte-Guinée
française (Matériaux de la Mission Lamotte au Ml Nimba, en 1942 —
4e note) ..... 420"
— Contribution à l’étude de la faune herpétologique du Sahara central. .... 418
Anthony (J.) . Sur une anomalie présentée par un cerveau dé Macaca sylvanus
(L.) . .. 287
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quagga Foai Praz. et Trt.) et sur la valeur spécifique du spécimen décrit
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des Téléostéens. Le problème du squamosal 295
Dollfus (R.-Ph.). Sur les Cestodes de Puma concolor.„ . , . » , 316
Fischer (Ed.). Histoire de la chaire de Malacologie (Leçon inaugurale faite au
Muséum le 22 novembre 1944) 385
Fischer-Piette (E.) et Beigbeder (J.). Catalogue des types de Gastéropodes
marins conservés au Laboratoire de Malacologie. — IV. Fusidæ, Buc-
cinidæ ; V. Nassidæ, Vasidæ, Volutidæ 70, 348
— Id., VI, Mitridæ, Marginellidæ, Olividæ, Columbellidæ et Conidæ 443
Fontaine (M.) . La Chaire de Physiologie générale du Muséum, 204
— et Callamand (O.). Sur la répartition de la riboflavine dans la glande
surrénale des Mammifères 554
Guillaumin (A.). Contribution à la Flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXIV.
Plantes de collecteurs divers. . . ... ............. .v ...» 78
— Id., LXXXV. Ibid.. 346
1 — André Thoüin et l’enrichissement des collections de plantes vivantes du
Muséum aux dépens des jardins de la liste civile, des émigrés et con-
damnés. D’après ses notes manuscrites 383
— Les + Pyro-Cydonia fructifient enfin 490
— et Chaudun ( V.) . La collection de modèles réduits d’instruments agri-
cole? et horticoles du Muséum, à propos d’une lettre inédite de
A. Thoüin 137
■ - — et Manguin (E.). Floraisons observées dans les serres du Muséeum pen-
dant Tannée 1943 135
Hoffstetter (R.). Sur les Scincidae fossiles. I, Formes européennes et nord-
américaines 547
Humbert (H.). Variations de la structure florale chez des Cucurbitacées pri-
mitives 566
Jeannel (R.). Allocution prononcée aux obsèques de M. P Professeur E.-L. Bou-
vier, membre de l’Institut, Professeur honoraire au Muséum, à Maisons-
Laffitte, le 17 janvier 1944 7
Jovet-Ast (S.). Muscinées de là tourbière de Somman (Hte-Savoie) 148
Laurent (P.). Essai de Biométrie sur la Chauve-Souris Murine 66
— Observations biométriques sur le Minioptère de Schreibers 223
Legrand (J.-J.), Contribution à l’étude des Isopodès terrestres du Sud-Ouest
de la France 109
Lhoste (L.-J.). Révision des Limnées fossiles (d’après les caractères de la
microsculpture interne et externe du test) 535
Loubièrf, (A.). Considérations générales sur les Myrtacées vivantes et fossiles. 359
— Distribution stratigraphique des Lépidodendrées 363
Millot (J.). Leçon inaugurale du Cours d’ Anatomie comparée . . ............ 260
Morellet (L.). Notes sur le Lutétien de Rennemoulins (Seine-et-Oise) 195
Neuville (H.). Remarques sur les rayons digitaux du Mammouth de Sibérie
(Elephas primigenius Blum) 353
Nouvel (J.). Un cas mortel d’Àscaridiose du Puma (Puma concolor L.)... 306
— et Séguy (E.). Quelques ectoparasites des animaux sauvages du Parc
Zoologique du Bois de Vincennes 128
Parrot (A.-G.). Envahissement progressif de la région de Bayonne-Biarritz
par la Cochenille australienne : Icerya purchasi Mask 176
Paulian (R.). Les Types d’insectes de Mulsant au Muséum de Paris 117
— et Serfaty (A.). Le rythme nycthéméral des larves d’Aeschnes 342
Paulian de Félice (L.). Oniscoïdes récoltés par M. R. Heim de Balsac'daiis
les terriers et les nids, . ........ . . .......... . ■. •. . . •. v»v 174
— 574
Peltier (M.). Zoocécidies nouvelles ou peu connues de l’Afrique 525
Pérès (J.-M.). Contribution à l’étude des Unionidae de l’Afrique du Nord. . 463
Richard (L.). Observations sur les dentitions de lait d ’Equus stenonia Cocchi
de Senèze (Hte-Loire) ‘ 544
Roger (J.). Eryoneicus ? Sahel almæ n. sp., Crustacé Décapode du Sénonien du
Liban , .«■ 191
— Essai d’interprétation d’une forme curieuse de Flabellum du Pliocène
ancien de Dar bel Hamri 245
— Organisation des collections d’invertébrés du Laboratoire de Paléonto-
logie du Muséum 541
— et Lefebvre (G.). Quelques observations sur les genres Cardilopsis,
Erycindla et Triodonta 155
Roth (P.). Sur le comportement du tissu mqsculaire dans la métamorphose
expérimentale des Batraciens 160
— Rôle du rythme saisonnier dans la métamorphose expérimentale des
Têtards d’Alytes obstetricans (Laur.) 422
— L’exophthalmie dans la métamorphose expérimentale des Batraciens
anoures 368.
Sosx-BopRDouiL (C.). Sur le pouvoir oxydant des graines au cours du déve-
loppement 556 .
Têtry (A.). Octolasium Calarensis n. sp. Un nouvel Oligochète français 179
Tixier-Durivault (A.). Les Alcyonaires du Muséem. I. Famille des Alcyo-
midæ. 1. Genre Loi .laria (suite et fin) 183, 476
Urbain (Ach.). Allocutior prononcée aux obsèques de M. le Professeur P. Allorge.
Paris, 25 janvier .344 11
— Allocution pronov :ée aux obsèques de M. le Professeur P. Bertrand,
Paris, 28 février 1944 88
— Allocution prononcée aux obsèques de M. le Professeur J. Pellegrin, à
Paris, 17 août 1944 257
— Allocution prononcée par M. le Directeur du Muséum en ouvrant la
séance de l’Assemblée de MM. les Professeur du Muséum, le 21 septembre
1944 259
— Une petite épidémie de parathyphose sur les Grenouilles (Rana escu-
lenla L.) 290
— Bullier (P.) et Nouvel (J.). Rapport sur la mortalité et la natalité enre-
gistrées au Parc Zoologique du Bois de Vincennes en 1943 56
— Nouvel (J.) et Bullier (P.). Néoformations cutanées et osseuses de la
tête chez les Girafes 91
Vachon (M.). Remarques sur le Scorpion aveugle du Roussillon : Belisarius
Xambeui E. S 298
— Pseudoscorpions nouveaux des collections du Muséum national d’His-
toire naturelle de Paris 439
Vallois (H.). L’évolution de la Chaire d’Ethnologie du Muséum National
d’Histoire naturelle (Leçon inaugurale faite au Muséum le 27 mars 1943.) 38
Villiers (A.), Nouveaux Acanthaspiditæ d’Afrique Orientale (Hem. Redu-
viidæ ) 128
Yillars (R.). Etat actuel des connaissances sur la photosynthèse chez les
Bactéries 559
Le Gérant : Marc André.
abbevillb. IMPRIMERIH F. paillart (o. P. L. 31.0832). — 21-3-1945
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 383
Ed. Fischer. Histoire de la chaire de Malacologie (Leçon inaugurale faite au '
Muséum le 22 novembre 1944) . 385
Communications :
J. Anthony. Remarques relatives au cerveau de Cebus apella L 405
E. Bourdelle. Considérations sur la tête osseuse du Zèbre de Foa ( Equus quagga
Foai Praz. et Trt.) et sur la valeur spécifique du spécimen décrit sous ce
nom 408
E. Ç. Dehaut. Quelques manifestations actuelles de l’action inhibitoire exer-
cée sur l’évolution des Mammifères par les continents du Sud 412
L. Bertin. Aquarelles et sépias ayant servi à l’illustration des ouvrages ich-
thyologiques de Louis Agassiz. . 415
E. Angel. Contribution à l’étude de la faune herpétologique du Sahara central. 418
— Une nouvelle espèce d’Amphibien (genre Hylambales de la Hte-Guinée
française (Matériaux de la Mission Lamotte au M* Nimba en 1942).. 420
P. Roth. Rôle dju rythme saisonnier dans la métamorphose expérimentale des
têtards d’Alyles obstetricans (Laur.) ■ 422
P. Broker. Sur la capture, au large du Cap Blanc (Mauritanie) 'de deux Anges
de Mer : Squalina oculala Bonap. et Squ'alina acaleala A. Duméril 426
P. Chabanaud. Notules Ichthyologiques (suite) 433
M. Vachon. Pseudoscorpions nouveaux des collections du Muséum national
d’Histoire Naturelle de Paris.... 439
R. Paulian et A. Serfaty. Le rythme nycthéméral des larves d’Aeschnes. .... 442
E. Fischer-Piette et J. Bèigbeder. Catalogue des Types de Gastéropodes
marins conservés au Laboratoire de Malacologie. VI. Mithridæ, Margi-
nellidæ. Olividæ. Çolumbellidæ et Conidæ. 443
J.-M. Pérès. Contribution à l’étude des Unionidæ de l’Afrique du Nord 463
A. Tixier-Durivault. Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyo-
niidæ. 1. Genre Lobularia (fin) 476
A. Guillaumin. André Thoüin' et l’enrichissement des collections de plantes
vivantes du Muséum aux dépens des jardins de la liste civile, des émigrés
et condamnés d’après ses notes manuscrites * 483
— Les + Pyro-Cydonia fructifient enfin 490
A. Chevalier. Notes sur le Parc-arboretum de Baleine 491
F. Chesnais. Etude anatomique du genre Sarcosperma Hook 514
J. Arènes. Hybrides nouveaux de Composées-cynarocéphales (suite et fin) . . 519
M. Peltier. Zoocécidies nouvelles ou peu connues de l’Afrique 525
A. Ciiavan. Sur une remarquable espèce de Tudicla \ 530
L.-J. Lhoste. Révision des Limnées fossiles (d’après les caractères de la micro-
sculpture interne et externe du test) 535
J. Roger. Organisation des collections d’invertébrés du Laboratoire de
Paléontologie du Muséum 541
L. Richard. Observations sur les dentitions de lait d’Equits Stenonis Cocchi de
Senèze (Hte-Loire) 544
R. Hoffstetter. Sur les Scincidæ fossiles. I. — Formes européennes et nord-
américaines 547
M. Fontaine et O. Callamand. Sur la répartition de la riboflavine dans la
glande surrénale des Mammifères 554
C. Sosa-Bourdouil. Sur le pouvoir oxydant des graines au cours du dévelop-
pement 556
R. Villars. Etat actuel des connaissances sur la photosynthèse chez les Bac-
téries 559
Humbert (H.) Variations de la structure florale chez des Cucurbitacées pri-
mitives 566
Table des matières du Tome XVI 572
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFRO Y-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annuel France, 100 fr., Étranger, 120 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com^
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol-. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909; abonnement au volume, France, 90. fr. ;
Etranger, .150 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr..
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place dii Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie ) (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 îf.).,
Revue Bryologique et Lichénologiqûe. (Directeur M, N., Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr..
Étranger, 80 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique ).
(Directeur^ MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger,
80 et 100 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur' M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).