BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
MENSUELLE DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N“ 1, — Janvier 1936.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
~ PAHIS-V' " "• :
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des
manuscrits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de
manière à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les trais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des Auteurs.
U ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux Auteurs, qui sont piiés de
la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à
un numéro ultérieur.
Les Auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles.
Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part
supplémentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les Auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART.
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent
en outre s’en procurer à leui-s frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 18 fr. 20 fr. 22 fr.
8 pages 20 fr. 22 fr. 26 fr.
16 pages 22 fr. 26 fr. 34 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro et brochés avec agrafes.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de
ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE l’abonnement ANNUEL :
France et Étranger t 50 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
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BULLETIN
MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
MENSUELLE DES, NATURALISTES DU MUSÉUM
ANNÉE 1936
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
P A RIS-V
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1936. — NM.
292« RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
23 JANVIER 1936
PRÉSIDENCE DE M. P. LEMOINE
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur M. Boule a été admis à faire valoir ses droits à la
retraite à dater du janvier 1936.
M. Martzloff, Membre du Comité Mixte du Parc Zoologique du Bois
de Vincennes, a été promu Commandeur de la Légion d’honneur.
M. G. -H. Rivière, Sous-Directeur de Laboratoire a été promu Cheva-
lier de la Légion d’honneur. ;
M. Bertrand, Sous-Directeur du Parc Zoologique de Bourges (EUi-
blissement municipal, sous le contrôle du Muséum), a été promu Chevalier
de la Légion d’honneur.
M. E. Chevreaux, Commis d’Administration, est nommé Surveillant
Général à dater du 1®’’ janvier 1936.
M. H. Klein est nommé Agent-comptable à dater du 1®^ janvier 1936.
Ml*® Y. Ruyssen est nommée Commis à la Bibliothèque centrale à dater
du 1®’’ janvier 1936.
M. P. Mourlhon est nommé Gardien de galerie à dater du 20 novem-
bre 1935.
MM. Collin et Cazenave sont nommés Gardiens de galerie à dater
du 16 décembre 1935.
M. Lancelle, Garçon du Laboratoire d’Anatomie Comparée est
nommé Surveillant militaire à dater du 1®'' janvier 1936.
M. Sezac est nommé Garçon au Laboratoire d’Anatomie Comparée à
dater du 1®’’ janvier 1936.
LISTE DES SERVICES ET DU PERSONNE!.
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE i
ARRETÉE AU 23 JANVIER 1936.
Direction.
(Hôtel de Magny, 57, rue Cuvier, Paris-V^ : Gob. 21-51 )
Directeur du Muséum : Lemoine (Paul), Professeur O. ^
Assesseur : Gravier (Charles), Professeur, Membre de l’Institut O. ^
Secrétaire de l’Assemblée des Professeurs : Germain (Louis),
Professeur
Agronomie coloniale.
(57, rue Cuvier, Paris-V^ : Gob. 69-57)
Professeur : Chevalier (Auguste) O.
Assistant : Trochain (Jean).
Aide technique : Vuillet (Noël).
Boursier : Guéroult (Georges) [Bourse de voyage, 1^® année].
Anatomie comparée.
(55, rue de Buffon, Paris-V^ : Gla. 28-95)
Professeur : Anthony (Baoul)
Sous-Directeur : Neuville (Henri)
Assistant : Sémichon (Louis) [détaché à l’Entomologie] tj» A.
— : Creyx (Bobert).
— ; Clavelin (Paul) y A.
Aide technique : Devove (Marius).
Garçon ; Sezac (Léon).
Laboratoire des Hautes-Etudes : Chef de Travaux: Friant (M^^® Made-
leine).
1. Explication des signes : G. O. ^ Grand-officier de la Légion d’iionncur ;
G. ^ Gommandeur de la Légion d’honneur ; O. ^ Officier de la Légion d’honneur ;
^ Chevalier de la Légion d’honneur ; Q I.P. Officier de l’Instruction publique ;
Q A, Officier d’Académie ; C. $ Commandeur du Mérite agricole ; O. § Officier du
Mérite agricole ; § Chevalier du Mérite agricole.
M. Agent du Muséum; S. Agent stabilisé; Strg. Fonctionnaire stagiaire.
— 7 —
Anthropologie.
Professeur : Rivet (Paul) O. Directeur du Musée d’ Ethnographie.
1. — Laboratoire.
(61, rue de Buffon, Paris~V^ : Gob, 51-69)
Professeur honoraire : Verneau (René) C.
Sous-Directeur : Lester (Paul). ^ A.
Assistant : Champion (Pierre).
: Rarret (M^^® Paule).
Garçon ; Bouvier (Edouard).
Laboratoire des Hautes-Etudes : Directeur-adjoint ; Griaule (Marcel)
II. — Musée d’ Ethnographie,
(Palais du Trocadéro, Paris-XVl^)
Sous-Directeur : Rivière (Georges-Henri)
Assistant : Rivière (M'i® Thérèse).
Attaché : Soustelle (Jacques).
— : Leiris (Michel).
— : Marcel-Dubois (M^^® Claudie).
— : Grünewald de Mortillet (Roland).
Aide technique : Bouteiller (M^^® Marcelle).
— : Fédorowsky (Adrien).
— M. : Davant (Mil® Germaine).
— M. : Oddon (Mil® Yvonne).
— M. : Lew^itzky (Anatole).
Préparateur-naturaliste M. : Allègre (M'i® Denise).
Agent auxiliaire M. : Schaeffner (André).
— — M. : Petitjean (Michel).
— — M. : Bordelet (MH® Jacqueline).
— — M. : Cousin (Aimé).
Gardien-chef : Legrand (Clotaire).
Gardien : Ancelin (Raoul) [t].
— : Billion (Paul).
— : Fleurance (Henri).
— : Le Perff (Louis).
: Valleron (François).
Commis M. : Joubier (MH® Marie-Louise).
Boursier : Paulme (MH® Denise) [Bourse de voyage, 2® année].
— : Leroi-Gourhan (André) [Bourse de voyage, 2® année].
Bibliothèque.
(36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris-V^ : Gob. 71-24)
Bibliothécaire en chef : Bultingaire (Léon)
Sous-Bibliothécaire : Dollfus (MH® Geneviève).
— — honoraire : De Nussac (Louis)
Commis : Madier (MH® Marie-Gabrielle).
— : Ruyssen (MH® Yvonne).
Garçon : Renault (Jules).
— 8 —
Chimie organique.
(63, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 13-48)
Professeur : Fosse (Richard), Membre de l’Institut '
Sous-Directeur : Hasenfratz (Victor)
— honoraire : Bourgeois (L.).
Assistant : Frèrejacque (Marcel) || A.
Attaché : Brunel (Arthur).
— : De Graeve (Paul).
— - : Leroux (Lucien).
Boursier : Thomas (Paul) [Bourse de stage, l’'® année].
Garçon M. : Guyomarch (Hervé).
Section de Physique végétale.
(45 bis, rue de Buffon, Paris-V'^ : Gob. 20-44)
Sous-Directeur : Babaté (Jacques) [Détaché de la Physiologie géné-
rale].
Assistant ; Sosa-Bourdouil (M"'® Cécile).
Garçon : Poulmaire (Prosper).
Cryptogamie.
(14, rue de Buffon, Paris-V^ : Gla. 35-21)
Professeur : Allorge (Pierre)
Professeur honoraire : Mangin (Louis) G.O. f;, C. §.
Sous-Directeur : Heim (Roger).
Assistant : Hamel (Gontran) Q I.P.
— : Lami (Robert) ^ A.
— : Lefebvre (Marcel).
Attaché ; Lemoine (M"^® Marie) Q A.
— - : Duché (Jacques).
— : Gaume (Raymond).
Garçon : Malacamp (Léon).
— M. : Helmus (M™® Sophie).
Culture.
Professeur : Guillaumin (André)
I. — ■ Laboratoire.
(61, rue de Buffon, Paris-V'^ : Gob. 52-71)
Professeur honoraire : Bois (Désiré) O. C. ii.
Sous-Directeur : Franquet (Robert) §.
Assistant ; Eichhorn (André).
Garçon ; Caudal (Jean).
IL — Jardins et Serres.
Jardinier-chef ; Poupion (Jules) O. ®.
Chef des Serres : Manguin (Emile).
Chef de Carré : Rouyer (Marc)
— : Guinet (Camille) g.
— : Weill (Jean) [Détaché au Parc Zoologique de Vin-
cennes].
9
Jardinier permanent : Rossignol (Ernest) i.
— : PoNTANEL (Charles).
— : Moreau (Eugène).
— ; Dalaudière (Désiré).
— : Lamblin (Charles).
— : Benoit-Durand (Georges) i.
— : Fargeas (Albert).
— : WiLLMANN (Robert).
— : Guillou (Jacques).
— : Lebesson (Adrien).
— : Chaudun (Victor).
— : Ruelle (André).
: CouRTiN (Adolphe).
— : JuGLET (Lucien).
— : Robe (Désiré).
: Kratz (Louis).
— : Moreau (Joseph).
— : Théveneau (Jean).
— : Rose (Henri).
— : Urruty (Armand).
— : Morellon (André).
— ; Fauque (Jules).
— : Cattreux (Lucien).
Jardinier auxiliaire permanent : Delanoë (Paul).
— : Paillard (Emile).
— : Orgereau (Olivier).
- — : Raulin (Charles).
- — : Desvernes (Victor).
— : Belin (Benoît).
III. — Jardin de Jussieu.
(à Cheureloup [Versailles])
Sous-Directeur du Jardin d’expériences ; Mazuir (Louis) O. 5.
Entomologie.
Professeur : Jeannel (René) O. Directeur du Vivarium.
1. — Laboratoire.
(45 bis, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 89-05)
Professeur honoraire : Bouvier (Eugène-Louis), Membre de l’Ins-
titut C.
Sous-Directeur : Lesne (Pierre)
— : Berland (Lucien)
Assistant : Le Cerf (Ferdinand) || LP.
— : Séguy (Eugène) || A.
— : Chopard (Lucien) ^ [fï. de Sous-Directeur au Vivarium].
— : Sémichon (Louis) || A. [Détaché de l’Anatomie Comparée].
• — ■ S. : Colas (Guy) [détaché du Vivarium].
— 10 —
Attaché : Fleutiaux (Edmond).
— - ; Lhoste (Jean).
— : Théry (André).
Aide-technique : Brin (M^^® Marcelle).
Préparateur-naturaliste M. : Boca (M^^® Germaine).
— M. : Goubert (Jean).
■ — M. : Boursin (Charles).
M. : Huguet (M^i® Suzanne).
— M. : Darcy (M*^® Denise).
Boursier : Bourgogne (Jean) [Bourse de doctorat, 2® année].
— : Dure Y (M^^® Jeanne-Marie) [Bourse de doctorat, l*"® année].
Garçon : Le Texier (Ange).
II. — Vivarium.
(57, rue Cuvier, Paris-V^ ; Gob. 78-79)
ff. de Sous-Direcleur : Chopard (Lucien) [Détaché du Laboratoire\.
Assistant S. : Colas (Guy) [Détaché au Laboratoire).
Aide-technique : Saurais (Louis).
Gardien de galerie : Berger (François).
III. — Section d’ Entomologie Appliquée.
(45 bis, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 89-05)
Vayssière (Paul) [bénévole]
Préparateur-naturaliste M. : Mertz (Jean).
IV. — Harmas de Fabre.
(à Sérignan [Vaucluse])
Gardien-Conservateur : Fabre (Paul-Henri) Q A.
Ethologie des animaux sauvages.
Professeur : Urbain (Achille) O. C.S, Directeur du Parc Zoologique.
1. — Laboratoire.
(49, avenue de Saini-Maurice, Paris-XlP : Did. 84-96)
Attaché : Séguy (Jean).
— : PiETTE (Mil® Geneviève).
— : Caiien (Baymond).
— : Kowarski (Mil® Tatiana).
II. — Parc Zoologique du Bois de Vincennes.
(49, avenue de Saint- AI aurice, Paris-XIP : Did. 84-95)
Assistant S. : Bullier (Paul).
— M. : Nouvel (Jacques).
Aide-technique principal M. : Barbot (Francis).
Chef de carré : Weill (Jean) [détaché du service de Culture].
Aide-technique M. : Jeannel (Maurice).
— S. : Laurent (Robert).
— S. : Camus (Jules).
— M. : Mamy (Robert).
— 11 —
Commis S. : Pra (Maurice).
M. : Louchez (Raymond).
— M. : Ro GÉ (Jacques),
Dactylographe M. : Delom (M™® Justine).
Adjudant des gardes S. : Cabus (Louis).
Garde militaire S. : Houghe (Arthur).
— S. : Lévy (Henri).
— S. : Perrin (Eugène).
— S. : Roussat (Albert).
— M. : Roux (Georges).
— M. : Dekeyser (Florimont).
Sous-Brigadier des soigneurs S. : Hillion (Théophile).
Soigneurs.: Audouard (Louis).
— S. : Dartigeas (Pierre).
— S. : Grateloube (Martial).
— M. : Trubka (Joseph).
Ouvrier spécialisé S. : Védie (Camille).
Jardinier perminent M. : Mathieu (Léon).
Géologie.
(61, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 36-02)
Professeur : Lemoine (Paul) O.
Professeur honoraire : Costantin (Julien), Membre de l’Institut, O.
(Chaire d’Organographie, actuellement sup-
primée].
Sous-Directeur : Abrard (René) A.
— honoraire : Ramond (Georges) || I. P.
Assistant : Nassans (Jean)
— : Soyer (Robert) [Fondation du département de la Seine].
Aide-technique : Vigneron (Maurice).
Garçon : Perrier (Jean).
Laboratoire des Hautes-Etudes. — Préparateur : Lacoste (Jean) [En
congé, détaché près du Gouvernement Chériffien].
Préparateur : Laffitte (Robert).
Sectio-n de paléobotanique.
Sous-Directeur : Loubière (Auguste)
Assistant honoraire : Souny (Jean) || I.P.
Garçon ; Gravat (Louis).
Malacologie.
(55, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 38-95)
Professeur : Germain (Louis)
Sous-Directeur : Petit (Georges) ^ [Détaché au Laboratoire des
Pêches et productions coloniales d’Origine animale].
— 12
Sous-Directeur : X
Sous-Directeur honoraire ; Lamy (Edouard)
Assistant : Boudarel (Noël).
— - : Ranson (Gilbert).
Garçon : Coulaudon (Félix).
Minéralogie.
Professeur : Lacroix (Alfred), Membre de l’Institut, G. O.
I. — - Laboratoire.
(61, rue de Buffoii, Paris-V^ : Gob. 36-27)
Sous-Directeur : Orcel (Jean)
Sous-Directeur honoraire : Gaubert (Paul)
Assistant (faisant fonction d’) ; Drops y (Ulysse).
Attaché : Agafonoff (Valérien).
— : Jeremine Elisabeth).
• — ■ : Caillère (M^I® Simonne).
Aide-technique : Brison (Robert).
Garçon : Rio (François).
IL — Centre de ftréparation.
Assistant M. : Pavlovitcii (Stoyan).
Préparateur-naturaliste M. : Herbert (Jean).
Paléontologie.
(2, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 36-48)
Professeur : Boule (Marcellin) C.
Sous-Directeur : Cottreau (Jean) Q I.P.
Assistant : Cintract (M*'® Raymonde) y A.
— : Pansaht (Georges).
Garçon : Garraud (Théophile).
Pêches et productions coloniales d’origine
animale.
Professeur : Gruvel (Abel) C. C. S, Directeur du Laboratoire
Maritime.
L — Laboratoire.
(57, rue Cuvier, Paris-V^ : Gob. 40-10 et 40-11)
Sous-Directeur ; Petit (Georges) ^ [détaché du laboratoire de Mala-
cologie].
Assistant : Monod (Théodore).
Attaché : Budker (Paul).
II. — Laboratoire Maritime, Aquarium et Musée de la Mer.
(à Dinard : 383-90)
Patron du « Saint-Maudez » M : Rebillard.
Marin M : Lebrun.
- 13 —
Garçon M. : Daniel (Armand) [détachr du « Pourquoi-Pas ? »].
Concierge M. : Daniel (M*”® Joséphine).
III. — Laboratoire des Hautes-Études.
(57, rue Carier, Paris-V^ : Gob. 40-11)
Chef de Travaux : Fischeu (Edouard). [Détaché au Laboratoire Mari-
time],
Préparateur : Dollfus (Robert-Philipjie)
— : Chabanaud (Paul) || A.
Phanérogamie.
(14, rue de Bufjon, Paris-V^ : Gla. 30-35)
Professeur : Humbert (Henri)
Sous-Directeur : Pellegrin (François) y I. P.
— : Benoist (Paul)
— honoraire : Gagnepain (François)
- — — : Danguy (Paul)
Assistant ; Conrard (Louis).
• — ; Léandri (Jacques).
— : Lebard (Paul)
- — : JovET (Paul).
— : Tardieu-Blot (M™® Marie-Laure).
Attaché : Camus (M^® Aimée)
Aide-technique : Metman (René).
Garçon : Bérard (Lucien).
— : Mingaud (Paul).
Gardien de Galerie M. ; Hébert (Eugène).
Boursier : Do.\n Khac Thinh [Bourse de doctorat, 2® année].
Physiologie générale.
(7, rue Carier, Paris-V^ ; Gob. 13-10)
Professeur : Tissot (Jules) O. -îS-L
Professeur honoraire : Lapicque (Louis), Membre de l’Institut C.
Sous-Directeur : Rabaté (Paul) [détaché au laboratoire de Chimie].
Assistant : Dindault (M™® Yvonne) [faisant fonct. d’assistant].
Physique appliquée
(57, rue Carier, Paris-V^ ; Gob. 43-30)
Professeur ; Becquerel (Jean) O.
Sous-Directeur : Legrand (Yves).
— honoraire : Matout (Louis)
Garçon : Carral (Jules).
Navire océanographique « Pourquoi-Pas ?»
Commandant : Charcot (D^ Jean) Membre de l’Institut C.
Directeur du Laboratoire de l’Ecole des Hautes-Études.
Maître d’équipage : Cholet (Ernestl.
Mécanicien : Burthe.
— 14 —
Services administratifs.
f57, rue Cuvier, Paris-V^ : Gob. 21-51)
I
Secrétaire du Muséum : Moine (André) O.
Surveillant général : Chevreaux (Eugène) P A.
Commis : Bourgeois (Léon) ^ A.
— : Arnault (Roger).
— M. : Cherbonnier (Gustave).
— : Fortier (Marcel).
— : Holot (Louis).
— : X
Gardien de bureau : Trémier (Paul)
— M. : L EVARDON (Joseph).
Agent comptable : Klein (Henri)
II
Maître de Dessin ; Mérite (Edouard).
— • ; Hissard (Henri).
III
Services d'architecture.
J ardin des Plantes : Architecte en Chef, Berger (René). (Gob. 89-43)
— — : Ouvrier spécialiste, Bulton (Fernand) [payé par
les Beaux-Arts].
Musée du Trocadéro : Architecte en Chef, Carlu (Jacques)
Parc Zoologique de Vincennes : Architecte en Chef, Letrosne (Char-
les) O.
Laboratoire maritime de Dinard : Architecte, Hémar (Yves)
IV
Musée Pompon : Conservateur, Demeurisse (René) [sans traitement].
V
Réserves naturelles de Madagascar : Garde forestier indigène, X
[par fonds de concours du Muséum au Gouvernement général de Mada-
gascar].
Service général.
(57, rue Cuvier, Paris-V'^ : Gob. 21-51)
Adjudant des gardes : Beauchamp (Frédéric).
Surveillant militaire : Borrel (Léon).
— : Cavalié (François).
— : Darvey (Julien).
— : Decaens (Georges).
— ; Dufayet (André).
— 15 —
Surveillant militaire ; Jourdain (Maurice).
— : Leborgne (Yves).
■ — : Baudry (Georges) [en congé de longue durée].
— : Lanceli.e (Pierre).
— M. ; Massoule (Charles).
Brigadier des gardiens de galerie : Meurgey' (Henri).
Sous-Brigadier des gardiens d’Anatomie : Coqutl (Charles).
Sous-Brigadier des gardiens de Zoologie : Mahaudeau (Germain).
Sous-Brigadier des gardiens de Minéralogie : Bouvray (Louis).
Gardien de galerie ; Aubert (Jules) [Zoologie],
— : Aublet (Maurice) [Anatomie comparée],
: Bouchonnet (Octave) [Zoologie],
— : Cazenave (René) [Anatomie comparée],
- — ; Champeaux Louis) [Zoologie],
— • Charpentier (René) [Minéralogie],
— : Collin (Jean-Baptiste) [Anatomie comparée],
— ; Harat (Gaston) [Service d’entretien],
— M. : Julien (Georges) [Expositions temporaires],
— : Labrousse (Firmin) [Zoologie],
— : Leduc (Louis) [Zoologie],
— M. : Massias (Marcel) [Minéralogie],
— Stag. : Michard (Eugène) [Anatomie comparée],
— : Mode (Louis) [Zoologie],
: Mourlhon (Paulin) [Minéralogie],
— : Pothier [en congé de longue durée].
Concierge de la Direction : Beauciiamp (Henri).
Concierge de la Maison de Bufîon ; Beauchamp (Louis).
Manœuvre : Burlot (Emile).
Zoologie : Mammifères et Oiseaux
Professeur : Bourdelle (Edouard) O. Directeur de la Grande
Ménagerie.
1. — Laboratoire.
(55, rue de Buffon, Paris-V^ : Gob. 89-56)
Sous-Directeur : Berlioz (Jacques)
Sous-Directeur honoraire : Ménégaux (Auguste) ^
Assistant : Boudarel (Albert) || I.P.
: Rode (Paul).
— honoraire : Guignard (Georges) Q I.P.
Aide-teehnique : Chélat (Oscar) A.
— : Lomont (Fernand).
Aide-taxidermiste : Ferteux (François).
Garçon : Gudefin (Alphonse).
Boursier : Kobozieff (Nicolas) [Bourse de stage, l’’® année].
#
IL — ■ Grande Ménagerie,
(57, rue Cwier, Paris-V^ ; Gob, 89-01)
Sous-Directeur : Dechambre (Edmond) g.
Aide-technique : Reveneau (Pierre) O.
— 16 —
Commis M. ; Sabart (Raymond).
Brigadier des gardiens : Balançard (Albert).
Gardien : Delier (Jules).
— : Gandriaut (Paul).
— ; Moisan (Louis).
— : Poli (Sébastien).
: PoTIGNON (Paul).
— : Touseau (Henri).
— S. : Fanthou (Robert).
Jardinier M. : Le Floch (Yves).
Zoologie : Reptiles et Poissons.
(5?', rue Cuvier, Paris-V^ : Gob. 36-67)
Professeur : Roule (Louis) C.
1. — Laboratoire.
Sous-Directeur : Pellegrin (Jacques)
Assistant : Angel (Fernand) Il I.P.
Attaché r Phisalix (M™® Marie)
Aide-technique ; Prêtre (Albert).
Garçon : Gérard (Georges).
Boursier : Spillmann (Jacques) [Bourse de doctorat, 2® année].
— : Beck (Pierre) [Bourse de doctorat, l’’® année].
II. — Ménagerie des Reptiles et Aquarium.
Gardien : Macary (Pierre).
— : Cueille (Jean).
Zoologie : Vers et Crustacés.
(61, rue de Bufjon, Paris-V^ : Gob. 28-64)
Professeur : Gravier (Charles), Membre de l’Institut O.
Sous-Directeur : Fage (Louis)
Assistant : André (Marc).
Préparateur naturaliste M. : X...
Garçon : Coquil (François).
LISTE DES CORRESPONDANTS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
NOMMÉS EN 1935
Arné. présenté par MM. les Professeurs P. Lemoine et E. Bour-
DELLE.
M. Arné, délégué de l’OfFice scientifique des Pêches, secrétaire géné-
ral et conservateur du Musée de la Mer, à Biarritz, est un naturaliste
très instruit qui se consacre tout entier, depuis de nombreuses années,
à l’Etude des choses de la terre et de la mer basques. Appelé à organiser
le Musée de la Mer, à Biarritz, placé sous le contrôle du Muséum National
d’Histoire Naturelle, il a fait preuve, tant en ce qui concerne les collec-
tions proprement dites que l’Aquarium, du plus grand dévouement et
des meilleures aptitudes muséologiques. Ce n’est d’ailleurs que grâce
à ses collections personnelles d’Oiseaux et d’Algues, en particulier, que
beaucoup de vitrines du Musée de la Mer ont pu être garnies et c’est
grâce à son activité de pêcheur que l’Aquarium est continuellement
entretenu en espèces intéressantes. M. Arne a permis au Muséum Natio-
nal d’Histoire Naturelle de bénéficier du rare spécimen de Ziphius cave-
rostris qui fut recueilli, il y a deux ans, sur la côte basque et qui a fourni
d’importants matériaux au laboratoire d’Anatomie Comparée.
Bouly de Lesdain (D^), présenté par M. le Professeur P. Allorge.
M. Bouly de Lesdain, docteur en médecine, docteur ès-sciences,
est actuellement le naturaliste français le plus qualifié en matière de
lichénologic. Sa compétence ‘est unanimement reconnue sur les groupes
lichéniques les plus divers et c’est à lui que les hésitants ont recours dans
les cas de déterminations délicates. Auteur de nombreuses notes et
mémoires, dont les premiers datent de plus de trente ans, sur la systéma-
tique des lichens de France (surtout du Languedoc, de la région parisienne
et des Flandres), de Belgique, de Suisse, d’Algérie, du Maroc, de l’Amé-
rique centrale et septentrionale, des îles australes, etc... Il a publié notam-
ment d’importants travaux sur les lichens du Mexique et du Nouveau-
Mexique.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936. 2
- 18
Depuis de nombreuses années, et particulièrement depuis cinq ans,
M. Bouly de Lesdain veut bien assurer la détermination des fréquents
envois de lichens expédiés au Laboratoire de Cryptogamie qui ne possède
pas actuellement dél spécialiste de ce groupe ; ces échantillons, déter-
minés et réexpédiés par ses soins, prennent place ensuite dans les collec-
tions cryptogamiques du Muséum.
M. Bouly de Lesdain possède d’autre part un herbier de lichens
considérable, enrichi d’espèces exotiques de provenances diverses et
composé de précieux matériaux déterminés par lui et par les meilleurs
spécialistes. M, Bouly de Lesdain, lors des fêtes du Tricentenaire du
Muséum, a émis le désir de faire don à notre Etablissement National
de cette magnifique collection.
CouDREAu, présenté par M. le Professeur H. Humbert.
M. CouDREAU a été mis, en 1934, à la tête du service des Réserves
naturelles, après avoir été chargé pendant deux ans de la circonscription
forestière du Fort-Dauphin. Parfaitement éclairé sur les problèmes mul-
tiples et complexes que soulève la protection de la nature à Madagascar,
il a de suite procédé à la reconnaissance de plusieurs réserves particu-
lièrement menacées sur leurs lisières par les feux ou les défrichements
et mis en œnvre un programme de travaux de défense parfaitement
conçu. En même temps, en vue d’assurer de manière effective le contrôle
scientifique de cet établissement sur les Réserves, il a établi une liaison
étroite avec le Muséum. Enfin, il a élaboré un programme dé recherches
en collaboration étroite avec le Muséum, dont plusieurs services sont
directement intéressés à l’étude des spécimens recueillis dans les Réserves.
Drapkin (D^), présenté par M. le Professeur P. Rivet.
Le Drapkin, médecin chilien, a accompagné la mission Franco-
Belge à l’Ile de Pâques, et collaboré à la récolte de documents intéressant
toutes les sciences naturelles, qui ont été répartis dans les services du
Muséum. A en outre rapporté de précieux documents sur les groupes
sanguins et la tache mongolique chez les Pascuans, qui ont été publiés
dans le Journal de la Société des Américanistes.
Ferrand (Victor), présenté par M. le Professeur R. Anthony.
M. le Prof. Victor Ferrand, Directeur du Musée National de
Loxembourg Directeur du service phytologique du Grand Duché, repré-
sentant officiel des Sciences naturelles au Grand Dnché de Luxembourg,
est un collaborateur régulier, assidu et particulièrement actif an Labo-
ratoire d’Anatomie comparée. Il nous a réservé l’étude anatomique
des matériaux que possède le Musée qu’il dirige. C’est ainsi qu’actuelle-
ment il poursuit, en collaboration avec M^® M. Friant et moi-même,
l’étude anatomique des restes de vertébrés quaternaires qu’on découvre
au cours des fouilles ofFieielles pratiquées dans les grottes d’Œtranges
et la vallée de la Moselle.
Le premier fascicule de l’ouvrage consacré à cette étude est actuelle-
ment sous presse. Il nous a offert pour nos collections de très importantes
séries d’ossements de Mammifères, surtout de petites formes telles que
les Rongeurs qui, comme on le sait, sont particulièrement intéressants
- 19 —
non seulement en eux-mêmes mais en raison de ce que l’on ne possède
à cet égard que relativement peu de documents.
M. V. Ferrand est un savant de premier ordre dont la réputation
est solidement établie. En dehors du milieu, il peut rendre service à
beaucoup de nos laboratoires et nous avons grand intérêt à une colla-
boration qui peut devenir exclusive avec le Grand Duché de Luxembourg.
François, présenté par M. le Professeur H. Humbert,
M. François est le fondateur du Jardin Botanique de Tsimbazaza,
à Tananarive, dont il assume la direction, conjointement aux obligations
multiples de sa charge au service de l’Agnculture. C’est grâce à son initia-
tive et à ses efforts persévérants que ce Jardin a pu être organisé dans un
site admirablement choisi quant à la variété des stations, permettant
d’y installer des plantes à exigences très diverses et souvent opposées,
et qu’il a pu être enrichi rapidement d’espèces indigènes dont la plupart
n’avaient jamais été mises en culture. La collection des xérophytes
malgaches (Aloe, Kelanchoe, Didiéréacées, etc...) en particulier, est
unique au monde. Diverses espèces cultivées dans les serres du Muséum
ont pour origine le Jardin Botanique de Tsimbazaza et bien d’autres
sont destinées à y entrer par cette voie.
D’autre part, M. François a joué un rôle très actif lors de l’établisse-
ment des Réserves Naturelles de Madagascar et c’est en grande partie
à son activité administrative et à ses avis éclairés que nombre de difE-
cultés ont été surmontées aux débuts de l’instauration de ces Réserves
placées sous le contrôle scientifique du Muséum.
Jeannin, présenté par MM. les Professeurs E. Bourdelle et
Ach. Urbain.
a) Rapport de M. le Prof. Bourdelle.
Le Jeannin, depuis huit ans qu’il exerce au Cameroun, a prêté
un sérieux concours aux missionnaires du Muséum. Il s’est, d’autre
part, activement intéressé à la protection de la Faune et aux réserves.
Orienté vers l’étude des Mammifères du Cameroun, il a récolté un impor-
tant matériel d’étude, parmi lequel 22 pièces de Mammifères intéres-
santes sont déjà régulièrement inscrites à nos collections du laboratoire
de Mammalogie.
h) Rapport de M. le Prof. Urbain.
M. Jeannin, docteur vétérinaire a Maroua, Cameroun, se dévoue
sans compte, pour fournir au Muséum des renseignements et des collec-
tions. Il m’a aidé très utilement au cours de ma mission. Zoologiste dis-
tingué, connaissant admirablement la faune du Cameroun, toujours prêt
à accueillir ceux qui se présentent à lui sous les auspices du Muséum.
Lavachert (Henri), présenté par M. le Professeur P. Rivet,
M. Henri Lavachery, docteur en Philosophie et lettres de l’Univer-
sité de Bruxelles, a puissamment contribué, comme membre de la mission
franco-belge, de l’Ile de Pâques, à enrichir en documents rares provenant
de cette région, les collections du Muséum.
— 20
Malbrant, présenté par MM. les Professeurs E. Bourdelle et
Ach. Urbain.
a) Rapport de M. le Prof. Bourdelle.
Le Malbrant a apporté un concours des plus précieux aux diverses
expéditions du Muséum dans la région du Tchad où il exerce ses fonctions
depuis huit années consécutives. C’est lui, en particulier, qui assura
la surveillance et l’entretien des animaux offerts au Muséum par M°^® la
Générale Raulet après le départ de celle-ci, en attendant qu’ils soient
ramenés à Paris par M. Berthollet.
En relations constantes avec le laboratoire de Mammalogie et d’Orni-
thologie, où il travaille à chacun de ses séjours en France, il a envoyé
ou ramené à ce Laboratoire un important matériel d’étude parmi lequel
90 pièces (8 mammifères — 82 oiseauxl sont régulièrement inscrites sur
nos registres de collections.
b) Rapport de M. le Prof. Urbain.
M. Malbrant, Docteur-vétérinaire, chef du service Zootechnique
du Tchad, zoologiste réputé, a envoyé à diverses reprises au Muséum,
des collections du plus haut intérêt scientifique. A favorisé à diverses
reprises, de ses conseils, et d’une aide matérielle importante, les person
nalités du Muséum qui sont venues au Tchad. M’a été personnellement
d’un puissant secours au cours de ma récente mission, en m’aidant plus
spécialement à collecter des animaux rares.
Métraux (Alfred), présenté par M. le Professeur P. Rivet.
M. Alfred Métreaux, docteur ès-lettres, professeur à Honolulu, membre
de la mission franco-belge à l’Ile de Pâques, a rapporté de ce dernier
voyage, pour le Muséum, des collections de Sciences naturelles de grande
valeur ; il avait, lors de voyages antérieurs en Amérique du Sud, récolté
de précieuses collections ethnographiques. S’est généreusement dessaisi
avant son départ pour l’Océanie de sa belle bibliothèque personnelle
en faveur du Musée d’Ethnographie du Trocadéro.
LISTE DES ATTACHES \
AU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
NOMMÉS EN JANVIER 1936
Laboratoire de Chimie organique. Sur la proposition de
M. le Professeur R. Fosse.
Brunel (Arthur). — Travaille au Laboratoire de Chimie appli-
quée du Muséum depuis 1928. Ingénieur chimiste de TUniversité de
Lille, pourvu de six certificats d’Études supérieures, auteur de vingt
notes ou mémoires, va soutenir incessamment une thèse de doctorat,
(État).
De Graeve (Paul). — Ingénieur chimiste de l’Université de Lille,
auteur de vingt-cinq notes ou mémoires, lauréat de l’Institut ; travaille
au Laboratoire de Chimie appliquée depuis sept ans.
Leroux (Lucien). — Travaille au Laboratoire de Chimie appli-
quée depuis deux ans, tous les matins, et au Laboratoire d’hygiène de
la Ville de Paris tous les après-midi. S’occupe de la protection contre
les gaz de combat ; a écrit un ouvrage et fait de nombreuses conférences
de vulgarisation sur ce sujet. Titulaire d’une mention honorable du Prix
Montyon des Arts insalubres de l’Académie des Sciences (1935).
Laboratoire de Cryptogamie. Sur la proposition de M. le
Professeur P. Allorge.
Madame Paul Lemoine, docteur ès-sciences. — Spécialiste des Algues
calcaires marines. A déterminé de très nombreux matériaux envoyés
au Muséum et a constitué au Laboratoire de Cryptogamie une impor-
tante collection de ces végétaux."'
Duché (Jacques), docteur ès-sciences. ■ — Ingénieur au service
d’Hygiène de la ville de Paris. A constitué au Laboratoire de Crypto-
1. Les Attachés sont des scientifiques qui travaillent au Muséum depuis au moins
deux ans sans recevoir aucune rémunération et qui sont nommés par décision de
l’Assemblée des Professeurs.
Ils peuvent être considérés comme des Assistants bénévoles.
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garnie une mycothèque de plus de 300 espèces de champignons patho-
gènes et du sol.
Gaume (Raymond). — Contribue activement depuis plus de dix
ans à la détermination des muscinées européennes et à l’enrichissement
de l’Herbier Bryologique
Laboratoire d’Entomologie. Sur la proposition de M. le Pro-
fesseur R. Jeannel.
Fleutiaux (Edmond). — Est depuis de longues années un des
meilleurs spécialistes pour les deux familles de Coléoptères : Elatérides
et Eucnémidides. Il a publié un très grand nombre de notes, mémoires
et monographies, atteignant plusieurs centaines. Ses collections per-
sonnelles sont considérables et sont destinées au Muséum. Une partie
est même déjà entrée au Muséum (Cicindélides). M. Fleutiaux a sa
table de travail au Laboratoire depuis près de dix ans. Il détermine et
range nos collections et ne cesse de les enrichir par des dons. Il a égale-
ment considérablement enrichi notre Bibliothèque du laboratoire en lui
donnant les livres de sa propre bibliothèque, qui sont susceptibles d’in-
téresser les travailleurs. Correspondant du Muséum il a droit à notre
reconnaissance pour l’aide dévouée qu’il ne cesse de nous donner.
Lhoste (Jean). — ■ A été pendant deux ans (1934 et 1935) bour-
sier du Muséum. Il s’est spécialisé dans l’étude des Coléoptères Chryso-
mélides et Scydménides et a déjà publié plusieurs travaux sur les Chry-
somélides de l’Australie et sur des Scydménides africains. M. Lhoste
est au laboratoire d’Entomologie depuis 1932. Il a sa table de travail,
est présent au laboratoire chaque jour avec régularité et nous a donné
une aide bénévole en s’occupant du rangement des groupes de sa spé-
cialité. M. Jean Lhoste, qui a vingt-trois ans, fera sa carrière au
Muséum et deviendra certainement un excellent naturaliste. En atten-
dant de pouvoir lui attribuer une fonction rétribuée, il est juste de lui
donner le titre d’Attaché qu’il mérite au plus haut point.
Thery (André). — Est connu dans le monde entier comme spé-
cialiste des Coléoptères Buprestides. Il a fait don au Muséum de ses
collections et travaille en ce moment à ranger les Buprestides du Muséum
en y incorporant en totalité sa collection personnelle qui est d’une extrême
richesse.
Jadis adjoint au Directeur de l’Institut Chérifien, à Rabat, il s’était
fixé à Amiens depuis trois ans et venait passer chaque mois, huit jours
au laboratoire d’Entomologie. Dorénavant, il habite Paris, où il s’ins-
talle en ce moment. Toutes ses collections nous seront remises d’ici quinze
jours et M. Thery sera en permanence, chaque jour, au laboratoire,
où il nous apportera une aide bénévole précieuse. Correspondant du
Muséum, ses publications sur divers groupes de Coléoptères forment
près de deux cents notes ou mémoires.
Laboratoire de Zoologie : Reptiles et Poissons. Sur la
proposition de M. le Professeur L. Roule.
Madame Marie Phisalix, docteur ès-sciences, docteur en médecine.
— 23
— Travail assidu au Laboratoire depuis 25 ans. Auteur de nombreux
mémoires estimés, notamment d’un traité des animaux venimeux, de-
venu classique.
Laboratoire d’Ethologie des Animaux sauvages. Sur la
proposition de M. le Professeur Ach. Urbain.
Kowarski( (Katiana). — Bactériologiste, auteur de nombreux
travaux d’Ethologie, et tout particulièrement sur les vitamines et sur
la biologie ; croissance des rats et des souris soumis à un régime phos-
phoré.
En outre, elle a participé à la plupart des travaux effectués au Labo-
ratoire d’Ethologie des animaux sauvages depuis trois ans : en colla-
boration avec M. le Prof. Urbain, dix notes ou mémoires sur le char-
bon, le tétanos, la tuberculose, etc...
]V[lle Piette (Geneviève). — Travaille depuis plus de six ans
au Laboratoire. A fait des travaux de bactériologie se rapportant surtout
aux maladies des Oiseaux et des petits Mammifères ; s’occupe actuel-
lement au Laboratoire, de la question de l’alimentation et des vitamines.
A publié cette année-ci plusieurs notes très importantes, sur la richesse
en vitamines des algues et sur les maladies infectieuses des oiseaux de
cage et de volière.
M. Seguy (Jean), Docteur en Médecine. — Travaille au Labora-
toire à titre bénévole et d’une façon constante depuis plus de deux ans.
A fait d’importants travaux sur la stérilité et sur les hormones sexuelles.
Fait actuellement des recherches sur le cycle menstruel de V Hamadryas
Papion et sur d’autres cynocéphales.
M. Cahen (Raymond), Docteur en Pharmacie, Docteur ès-sciences.
— Travaille depuis plus de deux ans au Laboratoire. Auteur de très
nombreux travaux sur l’accoutumance expérimentale de la morphine,
poursuit actuellement des recherches sur le dosage des constituants
minéraux et des composés azotés dans le plasma, le sérum, le sang
total des animaux du Parc Zoologique à prépondérance carnivore,
herbivore et mixte ; fait également des recherches sur les hormones
sexuelles mâles de ces animaux.
Laboratoire de Minéralogie. Sur la proposition de AI. le
Professeur A. Lacroix.
Agafonoff (Valérien) Docteur es Sciences, Ancien professeur à
l’Université de Tauride. — Travaille depuis de longues années dans
mon laboratoire après avoir fait un stage au Laboratoire de Géographie
physique de la Sorbonne. Il s’est spécialisé dans la Pédologie.
A auprès de lui plusieurs collaborateurs et, en particulier, Maly-
CHEFF qui, elle aussi, a publié d’intéressants mémoires sur la pédologie.
Madame Jeremine (Elisabeth), Docteur es Sciences. — Elle a éga-
lement commencé à travailler à la Sorbonne. Depuis 1925, elle donne
son temps à mon laboratoire. Elle y fait fonction de chef de travaux ;
elle classe la collection de pétrographie et nous rend d’inappréciables
services. Depuis 1928, elle consacre un mois par an à l’Institut de
- 24
Géologie appliquée de Nancy, pour y enseigner les méthodes pétro-
graphiques aux ingénieurs-géologues. En 1931, elle est nommée colla-
boratrice de la carte géologique de France. D’abord boursière de la
Caisse Nationale des Sciences, elle y est actuellement chargée de
recherches.
CaillÈre (Simonne). — Travaille à mon laboratoire depuis 1929.
Elle y achève une thèse de doctorat d’un grand intérêt. Elle rend en
outre de multiples services au Laboratoire, en aidant les divers cher-
cheurs qui y travaillent.
Laboratoire des Pêches et productions coloniales d’ori-
gine ANIMALE. Sur la proposition de M. le Professeur A. Gruvel.
Budker (Paul). — Travaille assidûment au Laboratoire depuis
janvier 1930. A accompli une mission scientifique et technique en A. O. F.
en 1933-34 (Sénégal et Soudan). A rapporté d’importantes collections
pour le Muséum. Ancien boursier de doctorat de 1932 à 1934. Médaille
d’argent de la Société Nationale d’Acclimatation. Va prochainement
soutenir devant la Faculté des Sciences de Paris, une thèse de doctorat
d’Université sur la contribution à l’étude histologique de la peau des
sélaciens.
Musée d’Ethnographie du Trocadéro. Sur la proposition de
M. le Professeur P. Rivet.
SousTELLE (Jacques). — Entré N® 1 à l’École Normale supérieure
(1929) ; licencié de philosophie, certificat d’ Études supérieures d’ Ethno-
logie avec mention très bien (1930) ; diplômé d’Études supérieures de
Philosophie (juin 1932). En mission à l’École Française de Mexico, 1932-
1933-1934-1935-1936. Auteur d’articles publiés dans le Journal des
Américanistes, etc... Collaborateur bénévole du Musée d’Ethnographie
depuis 1930. En préparation : Thèse de doctorat sur les « populations
Ottomi ». Chargé du département d’Amérique depuis 1932, département
où il dirige les travaux de deux collaborateurs rétribués et de plu-
sieurs collaborateurs bénévoles.
Leiris (Michel). — Élève titulaire de l’École pratique des Hautes-
Études (section des sciences religieuses). Membre de la mission Dakar-
Djibouti (sociologie religieuse). Auteur (en collaboration) des « Instruc-
tions sommaires pour les collecteurs d’objets ethnographiques » et de
divers articles publiés dans le Journal de la Société des Africanistes,
Aethiopica, etc... En préparation, ouvrage sur la langue secrète des
masques dogons et sur les arts d’Abyssinie. Collaborateur bénévole du
Musée depuis 1929. Chargé du Département d’Afrique noire depuis
1932, où il dirige le travail de deux collaborateurs rétribués et de
plusieurs collaborateurs bénévoles.
M^l® Claudie Marcel-Dubois. — Ancienne élève de l’École du
Louvre et de l’Institut d’Art et d’Archéologie. Lauréate du Conserva-
toire. En préparation : thèse pour l’École du Louvre sur « les instruments
de musique dans l’art de l’Inde ». Collaboratrice bénévole du départe-
ment d’Ethnologie musicale depuis le début de 1934 (catalogue des
instruments et des disques). A assuré pendant un an la préparation
et l’exécution des concerts hebdomadaires.
Grunewald de Mortillet (Roland). — Collaborateur bénévole
du Musée d’Ethnographie depuis 1933. Chargé du département d’Océa-
nie depuis 1934. Se dévoue avec beaucoup d’assiduité et de méthode à
sa tâche, dans un département qui, sans sa collaboration et celle égale-
ment bénévole de sa femme, ne pourrait encore fonctionner, faute de
crédits.
Laboratoire de Botanique ; Phanérogamie. Sur la proposi-
tion de M. le Professeur H. Humbert.
Camus (Aimée). — Correspondant du Muséum depuis 1933. Tra-
vaille assidûment au Laboratoire de botanique où elle s’occupe parti-
culièrement des graminées, orchidées, cupulifères de différentes parties
du monde, ainsi que de la Flore de France. Non seulement elle a mis
en œuvre une partie très importante des collections, de Phanérogamie
qui lui ont fourni le principal matériel d’études pour des mémoires très
importants et de nombreuses notes, mais encore elle se charge fréquem-
ment de déterminations ou de réponses à des questions émanant de
divers botanistes ou amateurs. M^'® A. Camus, qui a été deux fois lau-
réate de l’Académie des Sciences, a publié de nombreuses notes.
TRAVAUX FAITS DANS LES LABORATOIRES
DU MUSÉUM national d’hISTOIRE NATURELLE
PENDANT l’année 1935
Anatomie comparée.
R. Anthony, Professeur. — Essai de synthè:,e du Néopallium humain. Rev.
Gén. Sciences, 15 déc. 1934.
— Note sur un manuscrit aux armes de François Piiebus, comte de Foix,
vicomte de Bearn, roi de Navarre (1467-1483). En collaboration
avec J. Meurgey, Le Moyen âge, 1934.
— L’avenir de l’Humanité. Nouv. Rev. de Hongrie, mars 1935.
— Les recherches scientifiques désintéressées et leur organisation. Orvos-
kepzes, mars 1935.
— Les recherches de Science désintéressée, leur importance et leur organisa-
tion. Rev. Gén. Sciences, 3 mars 1935.
— Georges Papillaut (1868-1934). Bull, et Mém. Soc. d’Anthropol. de
Paris, 1934.
— Rapport sur le Prix Broca. Ibid.
— Rapport du Secrétaire Général pour l’année 1934. Ibid.
— Soudure précoce de la deuxième Incisive (prétendue dent de lait) et de
la troisième Incisive (défense) chez l’Eléphant d’Asie. En collabora-
tion avec A. Herpin. Vol. du Tricentenaire, Arch. Mus., 1935.
— Etude du cerveau d’un savant biologiste et médecin. Arch. Suisses de
Neurol, et Psychiat., vol. XXXVI, fasc. I, 1935.
H. Neuville, Sous-Directeur du Laboratoire. — Remarques à propos du
développement des dents du Cachalot. Ann. Sc. nat. ZooL, 1935,
pp. 171-195, 5 fig.
— De l’organe femelle de l’Hyène tachetée. Arch. du Mus., Vol. du Tricen-
tenaire, 1935, pp. 225-229, fig.
— Sur quelques caractères anatomiques du pied des Eléphants. Contribu-
tion à l’étude de la formation des phanères unguéales. Arch. du Mus.,
1935, pp. 111-184, 53 fig.
— L’urètre glandaire des Girafes. Bull. Mus., 1935, avec 2 fig.
P. Cla VELIN, Assistant. ■ — Poterie anthropomorphe africaine d’influence
américainç. Bull, et Mém. Soc. d’Anthropol. de Paris, t. V, VHRsér.,
1934.
P. Cla VELIN et Coulouma. — La terminaison des nerfs pneumogastriques
chez l’Homme et les Singes anthropomorphes. Bull, et Mém. Soc.
d’ Anthropol. de Paris, t. V, VIH® sér., 1934.
M. Friant, Chef des Travaux au Laboratoire de Zoologie comparative de
l’Ecole des Hautes Etudes. — L’évolution du type primitif des
— 27 —
molaires mammaliennes chez les Erinacéidés. G. R. de VAssoc. Anato-
mistes, Bruxelles, mars 1934.
— Le type primitif des molaires supérieures chez les Rongeurs. G. R. Acad.
Sc., novembre 1934.
— Répartition géographique et classification (d’après les caractères den-
taires) des Erinacéidés fossiles et actuels. Bull. Soc. Zool. France,
séance du 18 décembre 1934.
— La morphologie des dents jugales chez les Macroscélidés. Proceed. Zool.
Soc. London, 1935.
— Les molaires du Steneofiber et du Castor {Castor fiber L.). Arch. Mus.,
Vol. du Tricentenaire, 1935.
— Etudes sur l’évolution dentaire des Primates. L’évolution du type
primitif des molaires supérieures chez les Adapidés. Rev. Anthropol.,
1935.
— L’évolution morphologique de la dentition chez les Mammifères placen-
taires. Bul. Soc. Natural. Luxembourgeois, 1935.
— Sur les molaires vierges de VIschyromys. Ann. Mag. Nat. Hist., 1935.
— Caractères différentiels des molaires vierges chez les Porcs-Epics du
Nouveau et de l’Ancien Monde. Bull. Soc. Zool. France, séance du
26 mai 1935.
■ — Le type dentaire jugal du Petromys xanthipes A. M. Edw. G. R. Acad.
Sc., 24 juin 1935.
CouLOUMA, Agrégé d’Anatomie de la Faculté de Médecine de Lille. — La
terminaison des nefs pneumogastriques chez quelques Vertébrés.
G. R. Assoc. Anatomistes, avril 1935.
CoRDiER et CouLOUMA. — La terminaison des nerfs pneumogastriques chez
quelques Mammifères. G. R. Assoc. Anatomistes, avril 1935.
Anthropologie.
D'' P. Rivet, Professeur. — L’origine de l’Homme. Les Cahiers rationalistes,
Paris, n“ 41, mai 1935, p. 136-146.
— Paul Lester et G.-H. Rivière. — Le laboratoire d’anthropologie du
Muséum. Arch. Mus. hist. nat., Paris, volume du Tricentenaire
6<= série, t. XI, 1935, p. 507-531.
P. Lester, Sous-Directeur du Laboratoire. — Sur les crânes Tourkana et
Kikuyu rapportés par la mission Arambourg-Jeannel. L’Anthropo-
logie, Paris, t. XLV, 1935, p. 249-250.
— Bibliographie africaniste. Journ. Soc. des Africanistes, Paris, t. V, 1935,
p. 277-343.
G. H. Luquet. — Mythologies océaniennes. Mythologie générale, Paris,
Larousse, 1935, p. 405-425.
— Mythologie préhistorique. Mythologie générale, Paris, Larousse, 1935,
p. 1-6.
Paul Royer. — Anomalies anatomiques chez un crâne de l’époque franque'
Bull, et Mém. de la Soc. d’ anthropol. de Paris, Paris, 8® série, t. V’
1934 (1935), p. 48-50.
— Sur un crâne provenant de Canrobert en pays Haraetas (province de
Constantine). L’Anthropologie, Paris, t. XLIV, 1934, p. 471.
— 28 —
— et A.-H. BasTiN. — Contribution aux études anthropologiques dans le
département des Ardennes. Bull, et Mém. de la Soc. d’anthropol.
de Paris, Paris, 8® série, t. V, 1934 (1935), p. 4-15.
Louis Tauxier. — Les Kroumen de la forêt de la Côte d’ivoire d’après
Hos tains et d’Ollone. Rev. du folklore franç. et du folkl. colonial,
Paris, t. VI, n° 3, mai-juin 1935, p. 137-162.
— Sur les Kissi, Nègres de la Guinée française et leurs statuettes en pierre.
U Anthropologie, Paris, t. XLIV, 1934, p. 471-472.
G. Waterlot. — Sur une nouvelle station préhistorique des environs de
Bamako (Soudan français). L’Anthropologie, Paris, t. XLV, 1905,
p. 247-249.
Léon Pales. — Contribution à l’étude anthropologique du Noir en Afrique
équatoriale française. L’Anthropologie, Paris, t. XLIV, 1934, p. 45-76.
Harper Kelley et R.-L. Doize. — Collections africaines du département de
préhistoire exotique du Musée d’ethnographie du Trocadéro. II. Nou-
velles recherches préhistoriques au Congo. Journ. Soc. des Africanistes,
Paris, t. IV, 1934, p. 303-312.
Alice Bowler-Kelley. — Sur une pointe provenant de Healdtown (Pro-
vince du Cap). Journ. Soc. des Africanistes, Paris, t. V, 1935, p. 113-
116.
Bajra Kumar Chattopadhyay. — Les affinités somatiques des Brahmines
Maithil et Kanaujia de Béhar. Paris, Maisonneuve, 1935, 87 p.
Zoologie : Mammifères et Oiseaux
E. Bourdelle, Professeur. — Considérations Zoologiques sur les Equidés
asiatiques actuels. Arch. Mus. nat. Ilist. nat., 6® s., t. XII, p. 475,
1935.
— Préface sur les Alammifères de France par le R. Didier et P. Rode.
Arch. Hist. Nat. Soc. Acclimat., vol. X, 1935.
— et Ed. Dechambre. — Le service central de recherches sur la migration
des oiseaux de la Ménagerie du Jardin des Plantes au Muséum
National d’Histoire naturelle {Le Chasseur français, août 1935,
p. 510.)
— Notes ostéologiques et ostéométriques sur les Anes d’Afrique. Bull.
Mus. nat. Hist. Nat., 2® série, t. VII, n° 5, 1935, p. 304).
J. Berlioz, Sous-Directeur du Laboratoire. — Notice sur les spécimens
naturalisés d’Oiseaux éteints existant dans les Collections du Mu-
séum. Arch. Muséum, 6® s., t. XII, 1935, p. 485.
— Etude d’une collection d’Oiseaux du Congo Belge. Bull. Mus. nat. Hist.
Nat., 1935, p. 159.
— - Etude d’une collection d’Oiseaux de l’Oubangui-Chari. Ibid., 1935,
p. 349.
— Notes Ornithologiques au cours d’un voyage en Malaisie. L’Oiseau et la
Rev. franç d’Ornit., 1935, p. 389.
— Conférence au Muséum « Visions d’Extrême-Orient dans les Iles de la
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— 29
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— et le D'" R. Didier. — Sur un chat sauvage de France. Bull. Mus. nat.
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1 en coul. Arch. Hist. nat. Soc. d’ Acclimat. France, n° 10, 1935.
J. Delacour, Associé du Muséum. — Les Bengalis rouges (Etude du genre
Amandavà). L’Oiseau et la Rev. franç. Orn., 1935, p. 377.
Ch. Bennejeant. — Les Variations dentaires numériques et la réduction
dentaire progressive chez les Primates. L’Odontologie, vol. LXXXIII,
n® 6, p. 433 ; n® 7, p. 520 ; n° 8, p. 553 ; n® 9, p. 630.
— Discussion sur les observations de M^® Friant. (De l’interprétation
des prémolaires chez les Primates). Bull. Mus. nat. Hist. Nat.,
2® s., t. VII, n® 6, p. 343.
Dr Malbrant. — Classification des Buffles d’Afrique. Bull. Alus. nat. Hist.
Nat., 2® s., t. VII, n® 6, p. 000.
E. L. Bernath. — - Notes sur l’Avifaune des Iles Baléares et Pityuses,
L’Oiseau et la Rev. franç d’Ornit., 1935, pp. 330 et 506).
k
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Dr E. Dechambre, Sous-Directeur de la Ménagerie. — Un après-midi aux
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Iles. Bull. Fédération des Groupements français pour la protection des
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— Naissance d’un Cerf Sika : présentation et commentaire d’un film pris
à la Ménagerie du Jardin des Plantes. Bull. Soc. Nat. Acclimat. France.
— Observations sur les Makis de la Ménagerie du Jardin des Plantes. Bull.
Mus. nat. Hist. Nat., 2® s., t. VII, n® 6, 1935, p. 315.
Éthologie des animaux sauvages.
Ach. Urbain, Professeur. — La Chaire d’Ethologie des animaux sauvages
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— Sur l’étiologie du typhus des carnassiers de ménagerie. Ibid., t. CXX,
p. 836.
— G. Guillot, Mil® Piette et Mn® Kowarski. — Sur une petite épidémie
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et des Bulbus (Otocompsa focosa). C. R. Soc. Biol., 1935, t. CXVIII,
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chez un Gnou. Bull. Soc. Path. Exot., t. XXVIII, 1935, p. 416.
30 —
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pithecus gelada, Ruppel). Bull. Acad. Vétér. de France, 20 juin 1935,
p. 322 et Bull. Muséum, t. VIII, 1935, p. 245.
— et G. Guillot. — Etude de l’action hémolytique de Salmonella pullorum
et Salmonella gallinarum. C. R. Soc. Biol., t. CXIX, 1935, p. 1263.
— P. Bullier et J. Nouvel. — Fibro-Sarcome du sinus frontal droit chez
une Girafe {Giraffa camelopardalis peralta. Thomas), Bull. Acad.
Vétér. de France, séance du 5 déc. 1935.
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sion spontanée aux Ours. Essai de vaccination. Bull. Soc. Path. Exot.,
séance du 11 déc. 1935.
J. Seguy et P. Bullier. — Recherche du cycle menstruel de Y Hamadryas
Papion. Arch. Muséum, t. XII, 1935, p. 309.
Mlle Kowarski, Mlle G. PiETTE et R. Audureau. — La richesse en vita-
mines de Laminaria flexicaulis. Rev. Path. Comp. et Hyg. Générale,
août 1935, p. 913.
P. Bullier. — - Un cas d’intoxication chez les Phoques (Phoéa vilulina L.)
par le chlorure de sodium. Bull. Acad. Vétér. de France, t. VIII,
1935, ne 6.
Zoologie : Reptiles et Poissons.
Di" Louis Roule, Professeur. — Les Poissons des eaux douces (t. VIII de
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— Nouvelles observations sur quelques espèces de Poissons abyssaux pro-
venant de Madère. Bull. Instit. Océanogr. Monaco, n® 674.
— L’exploration directe des grandes profondeurs de la mer par la bathy-
sphère du W. Beelo, Rev. Scient., n° 10.
— Nouvelles observations sur un Poisson abyssal {Anotopterus pharao
Zugm. Bull. Soc. Zool. France, tome LX.
— Préface du Catalogue de l’Exposition du 3® centenaire du Muséum
national d’Histoire naturelle ; juin 1935, publié par la Société des
Amis du Muséum.
— L’aménagement piscicole des deltas. Rapport à la Comm. intern. pour
l’expl. scientif. de la Aléditerranée, octobre 1935.
— ' Observation sur la présence dans le Golfe de Gascogne d’un poisson
abyssal de l’Atlantique moyen {Nesiarchus nasutus Johns.) Bull.
Soc. Zool. France, t. LX.
D'' Jacques Pellegrin, Sous-Directeur du Laboratoire. — Poisson marin
nouveau de la Réunion, de la famille des Serranidés. Bull. Mus. nat.
Hist. nat., 2® s., VII, 1935, p. 51.
— Sur quelques Barbeaux du Maroc. Ass. fr. Av. Sc., C. R. Congrès de
Rabat, 1934, p. 170.
— Poissons de Madagascar recueillis par IM. Catala. Description d’un
Sicydium nouveau. Bull. Soc. Zool. Fr., LX, 1935, p. 69.
— ■ Les Poissons africains de la famille des Cromeriidés et leurs affinités.
Arch. Mus. Hist. nat., vol. du Tricentenaire, 6® sér., XII, 1935,
p. 461.
— « Pisces » in Mus. hist. nat. Mission scientifique de TOmo, t. II, Zool.,
1935, p. 131.
— 31
— Mission au Tibesti (1930-31) dirigée par M. Dalloni, I. Reptiles ;
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— Les variations buccales chez les Barbeaux de la région du Kivu. C. R.
Ac. Sc., 201, 4 novembre 1935, p. 848.
— Les grands lacs de Macédoine. Poissons et pêche. La pisciculture en
Yougoslavie. Bull. Soc. Amis Mus., nouv. sér., n“ 14, juillet 1935,
p. 25.
— Nécrologie ; Alfred Allotte. Bull. Soc. Aquic., XLII, 1935, p. 33.
— Inauguration de l’aquarium du Muséum à Dinard. Ibid., 1935, p. 85.
— Description de deux Poissons nouveaux de la région du Kivu appartenant
au genre Varicorhinus. Rev. Zool. Bot. Afr., XXVI, 4, 15 juin 1935,
p. 401.
— Contribution à l’étude de la faune ichtyologique de l’Angola. Description
d’un Characinidé nouveau. XII® Congrès intern. Zool., Lisbonne,
1935, sect. IX.
— Pêche au Saumon et à la Truite en Ecosse. Mer et Outremer, mai 1935,
p. 56.
— Les Scatophages. Aquarium, n® 17, mai 1935, p. 70.
■ — La culture de la Carpe en Hongrie. Sciences et Voyages, n® 820, 16 mai
1935, p. 473.
— et P. Chevey. Poisson nouveau du Tonkin appartenant au genre Sino-
gastromyzon. Bull. Soc. Zool. Fr., LX, 1935, p. 232.
F. Angel, Assistant. — Sur la validité de deux couleuvres de Madagascar :
Pseudoxyrhopus tritaeniatus et Pseud. dubius Mocquard. Arch. Mus.
Paris. Vol. du Tricentenaire, 6® sér., t. XII, p. 465, fig.
— Sur les Reptiles et Batraciens de la région du Manampetsa à Madagascar
(Sud-Ouest). Ann. Sc. Zool, t. XVIII, 1935.
— Liste des Reptiles récoltés par la Mission Aubert de La Rüe aux Nou-
velles Hébrides ou dans les îles voisines. Bull. Mus. nat. Hist. nat.,
Paris, t. VH, n® 1, 1935, p. 54.
■ — Batraciens nouveaux de Madagascar récoltés par M. R. Catala. Bull.
Soc. Zool. France, t. LX, n® 2, p. 102.
— Un Lézard nouveau de la famille des Dibamidés. Bull. Mus. nat. Hist.
nat., Paris, novembre 1935, p. 354, figs. 1-3.
— Sur la faune herpétologique de l’Archipel du Cap Vert. XH® Congrès
internation. Zool., Lisbonne, 1935. l’impression).
Mme £)r M. Phisalix. — Moyse Charas et les Vipères au Jardin du Roy.
Arch. Mus. Hist. nat. (vol. du Tricentenaire), 6® s., XH, p. 409.
— Action comparée du venin d’Abeilles sur les Vertébrés et en particulier
sur les espèces venimeuses. Ann. Sc. nat., X® s., Zool., t. XVIH,
pp. 65-95 (vol du centenaire).
— Action de quelques venins sur la fluorescence des solutions d’uranine.
C. R. Ac. Sc., t. 200, p. 976 et Bull. Mus. nat. Hist. nat., 2® s., t. VH,
p. 170 (en collab. avec MM. Boutarig et J. Bouchard).
— L’immunité naturelle du Loriot commun vis-à-vis du venin d’Abeilles.
Bull. Soc. Zool. France, 26 mars 1935.
— Action destructive des ondes courtes sur les antigènes de quelques
venins, la bile et la cholesterine. Bull. Mus., 2® s., t. VH, p. 226 et
Bull. Ac. Méd., 9 avr., 3® s., t. 113, p. 467-473.
— Vaccination multivalente contre la Pasteurellose des Chiens, le venin
de Vipère et le venin d’Abeilles. Bull. Ac. méd., 9 juillet, 3® s., t. 113.
— Action des ondes courtes sur les sérums antivenimeux, ainsi que sur leurs
mélanges neutres avec les venins correspondants. C. R. Ac. Sc.,
8 juillet, t. 201 , p. 1 63.
— 32 —
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pique présentant deux kystes des ovaires. BulL Soc. centr. d’aquicul-
ture, t. XLII, n'’® 1-3, janvier-mars, 1935.
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t. VII, n® 3, p. 172-177.
— • Note on a Collection of Snakes from Lu-gban, Kiangsi, by M. R. C. Chin.
Contrib. Biol. Lab. Sc. Soc. China Nanking, Zool. Ser., XL
— Note préliminaire sur la Classification des Salamandres d’Asie orientale.
Bull. Soc. Zool. France, LX, p. 000.
King T. Wang. — The Labroid fishes of China. Contrib. Biol. Lab. Sc. Soc.
China, Nanking, Zool. Ser., XL
— On some Mulloid fishes from Hainan. Ibid., XL
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Entomologie.
R. Jeannel, Professeur. — Apteroloma (Lyrosominæ ) . Wiss. Erg. Niederl.
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— L’Archatlantis et le peuplement de la région méditerranéenne. Arch.
Mus., XII, p. 415-426, fig., 1935.
— Homochromie et Mimétisme. Rev. franç. d’Entom., II, p. 113-117 et
181-186, 1935.
— Mission scientifique de l’Omo, tome II. Zoologie. Itinéraire et liste des
Stations, avec une carte (p. 1-22). Coleoptera I. Carabidæ, Trechinæ
et Perigoninæ, (p. 23-75, fig.). Muséum nal. d’Hist. nat., un vol.
de 310 p., avec 9 pl.
— Une curieuse aberration de l’instinct chez un Chalicodome. Revue franç.
d’Entomol., II, 1935, p. 191-193, avec 1 pl.
— Sur les Trechinæ recueillis par M. H. Scott en Abyssinie. Ibid., II,
1935, p. 205-212.
— Monographie des Catopidæ. Mém. Mus. nat. Hist. nat., nouvelle série,
I, 433 p. et 1027 fig. texte.
M. Bernhauer et R. Jeannel. — Trois Staphylinides remarquables de
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P. Lesne, Sous-Directeur du Laboratoire. — Note sur un Bostrychide néo-
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p. 389, fig.
— Lyctidæ, apud Visser, Karakorum, Band I, Leipzig, 1935, p. 300, fig.
— Un type primitif de Bostrychides, le genre Chilenius. Ann. Sc. nat.,
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— Les Bostrychides de l’Arabie. Rev. franç. d’Ent., I, p. 268, fig.
— Troisième note sur les Philorea (Col. Tenebrionidæ). Bull. Soc. ent. Fr.,
1935, p. 131.
— Quelques précisions sur les Hendecatomus (Col. Bostrychidæ). Ibid.,
1935, p. 197, fig.
— Bostrychides nouveaux du Congo Belge et des régions voisines. Rev.
Zool. Bot. Afr., XXVII, p. 1, fig.
— 33 —
— La position systématique des Coléoptères du genre Hendecatomus. Arch.
du Mus. d’Hist. nat., vol. du Tricentenaire, 1935, p. 427, fig.
— Sur V Hendecatomus reticulatus Herbst (Col. Bostrychidæ). Bull. Ass. Nat.
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— Bostrychiden, in Uber die Coleopteren-Ausbeute der II Schweizer
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p. 171, fig.
— Sur certains rapports faunistiques entre Madagascar et l’Afrique sud-
orientale. C. R. Acad. Sc., séance du 18 novembre 1935, p. 991.
— Les Sphærius de France (Col. Sphæriidæ). Bull. Soc. eut. Fr., 1935,
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L. Berland, Sous-Directeur du Laboratoire. — La menace des Insectes,
par L. O. Howard, traduction de L. Berland. Paris, 1935, 284 p.
— Nouvelles Araignées marquis iennes. Bernice P. Bishop Muséum, Hono-
lulii. Bull. 142, p. 35-63, 56 fig.
— Premiers résultats de mes recherches en avion sur la faune et la flore
de l’atmosphère. Ann. Soc. ent. France, 1935, p. 73-96, 1 pl.
— Quelques traits du comportement des Hyménoptères sphégiens. Ann.
Sc. natur., ZooL, 1935, p. 53-66.
— Description d’un Ampulex nouveau de la Chine. Revue franç. d’Entom.,
I, 1934, p. 265-268, fig.
— ■ Araignées du col de la Cayolle. Ibid., H, 1935, p. 28.
— L’exploration biologique de l’atmosphère. L’Aérophile, juillet 1835,
p. 210.
— Les Araignées des îles Marquises et la biogéographie. C. R. somm. Séances
Soc. Biogéographie, 12 avril 1935, 100, p. 27-28.
— et R. Benoist. — Trois cas de gynandromorphisme chez les Hyménop-
tères aculéates. Arch. Mus., 6, XH, 1935, p. 435-438, 3 fig.
F. Le Cerf, Assistant. — Une nouvelle chenille de Lycænidæ myrmécophile.
Arch. Mus. Hist. nat., vol. du Trieentenaire, p. 447-453, 6 fig., 1935.
— Sur Satyrus azorinus Streck. Bull. Soc. ent. Fr., p. 206-209, 1 pl., 1935.
— Complément à la note sur Satyrus azorinus Streck. Ibid., p. 214, 1935.
— - Lépidoptères, in ; Mission au Tibesti (M. Dalloni). Mémoires Ac. Sc.,
t. 62, 1935.
F. SÉGUY, Assistant. — Les Insectes parasites des Mammifères sauvages
de la forêt de Fontainebleau. Travaux des Naturalistes de la Vallée
du Loing, vol. 7, p. 80-135, 35 fig.
— Sur les Hippobosques du genre Ornithomyia. Bull. Mens. Assoc. Nat.
Vallée du Loing, XI, p. 60-61 (1935).
— Note sur les espèces du genre Lipoptena et description d’une espèce
nouvelle. Ibid., XI, p. 85-86 (1935).
— Mission au Tibesti (1930-31, dirigée par M. Dalloni). Diptères. Mémoires
Acad, des Sciences, LXH, n» 1, p. 1-6 ; fig. 14-19 (1935).
L. Chopard, Assistant. — Note sur les Hemimerus du Musée du Congo
belge (Dermaptères Hemimeridæ). Rev. Zool. Afr., XXVI, p. 120-121.
— Le Crabe à pinces velues dans les fleuves du Nord de l’Allemagne
Bull. Soc. Accl, LXXXH, p. 43-46.
— Note sur quelques Insectes du Sud Algérien. Bull. Soc. Hist. nat. Afr.
Nord, XXVI, p. 118-119.
— Les Hemimerus des collections du Muséum. Arch. Mus. Hist. nat., 6,
XH, Tricentenaire, p. 439-445.
— An interesting new genus of house cricket. Stylops, IV, 6, p. 122-124.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
3
— 34 —
— Die Môbclschabe Supella siipellectüium Scrv. Ein neuenlings nach
Europa eingeschlepptes Insekt. Mitt. Ges. Vorratssch., XI, no 4,
p. 51-54
— Une idée nouvelle sur le polymorphisme spécifique : Les phases chez les
Insectes Orthoptères. Rev. franç. Ent., II, p. 57-61.
— On a collection of Gryllidæ from India made by M. B. M. Fletcher.
Ann. Mag. nat. Hist., 10, XVI, p. 284-296.
— Mission J. de Lépixey au Soudan français (1933-1934). Orthoptères,
Mantidæ et Gryllidæ. Bull. Soc. Sc. nul. Maroc, XV.
— Mission au Tibesti (1930-1931) dirigée par M. Dalloni. Orthoptères.
Mém. Ac. Sc., LXII, 3 p.
G. Colas, Assistant. — Note biologique sur Machimus atricapillus Fallén
(Diptères). Rev. franç. Enlomol., t. II, fasc. 1, p. 32, 1935.
— Note biologique sur Aphodius cervorum (Coleopt. Scarabcides). Bull.
Assoc. Natur. Vallée du Loing, n“ XI, p. 41, 1935.
— L’Entomologiste en excursion. Rev. franç. Entom., t. I, fasc. 4, p. 242-
244, 1935.
— ■ Un Pterostichus nouveau des Pyrénées espagnoles. Ibid., t. II, fasc. 2,
p. 108 et 109, 1935.
— Note biologique sur une éclosion tardive de Cetonia aurata L. Miscel-
lanea Entom., vol. XXXVI, n° 12, p. 102.
— et A. Gaudin. — Sur de nouveaux Trechinæ des Pyrénées occidentales.
Rev. franç. Entom., t. I, fasc. 4, p. 245 à 253.
— et A. Reymond. — Note sur la faune des Coléoptères de la foret d’Iraty.
Basses -Pyrénées. C. R. somm. Soc. Biogéogr., n° 104, p. 49 à 52.
SECTION d’entomologie APPLIQUÉE
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Bull. Centre Etudes Econom. de l’alimentation, n° 3, 1935.
— Sur deux Insectes récemment introduits en France. Bull. Soc. Ent. de
France, n° 3, 1935.
— Communication au C. I. B. sur la lutte antiacridienne. Bull. C. I. B.,
mai 1935.
— Sur la biologie peu connue de trois Coléoptères de nos Colonies. Bull.
Soc. Ent. de France, n° 10, 1935.
— La défense des Blés stockés contre les insectes. Forêts, Champs, Vignes,
août-sept. 1935.
— Le Lasioderme du Tabac. Rev. des Tabacs, juil.-août-sept. 1935.
— Notice de propagande sur les moyens de lutte contre la Chenille proces-
sionnaire du Pin. (Notice dactylographiée et planche.)
— Trois nouveaux Siictococciis (Hem. Cocc.). Bull. Soc. Ent. de France,
n» 20, 1935.
— Mise au point sur l’état actuel des recherches sur les Sauterelles migra-
trices. Conférence radiodiffusée par le Poste Radio-Colonial, 24 mai.
— Etat actuel des recherches sur les Sauterelles migratices. Conférence
radiodiffusée parle Poste des P. T. T., 10 juillet.
— De l’utilité des Stations d’inspection et de désinfection des végétaux.
Conférence faite aux Journées nationales pour la protection sani-
taire des plantes cultivées. Bruxelles, octobre 1935.
— Les Stations de désinfection. Leur rôle dans l’économie nationale. Confé-
rence radiodiffusée au Poste des P. T. T., le 31 décembre.
35 —
Zoologie : Vers et Crustacés.
Ch. Gravier, Professeur. — Crustacés Stomalopodes recueillis par M. R. De-
cary à Fort-Dauphin (Madagascar). Arc.h. Muséum, vol. du Tri-
centenaire, p. 357.
L. Face, Sous-Directeur du Laboratoire. — Allocution présidentielle. Bull.
Soc. Entom. France, XL, p. 5-9.
— L’Anchois de la mer du Nord (Engraulis encrassicholus L.) et l’assèche-
ment du Zuiderzée. Bull. Inst, océanogr. n° 668, 7 p.
— Sur la localisation dans les eaux moyennes du Pacifique d’un Mysidacé
pélagique peu connu. Ceraiolepis hamata G.O.S. C. B. Acad. Sc.
Paris, t. 200, p. 1774.
— Remarques sur la mue des Crustacés. Arch. du Muséum. 6® sér., vol.
jubiî., p. 17-29.
— Description du mâle de Metella Breuili Fage, accompagnée de remarques
sur la position systématique du genre Metella. Eos, XI, p. 197-180.
— Le professeur Louis Joubin. Necrologia. Boll. di pesca di piscic., e di
idrobiol. XI, fasc. 3, p. 3
M. André, Assistant. — Sur le parasitisme accidentel des Acariens libres.
Bull. Mus. nai. Hist. nat., 2® s., VII, p. 57.
— Les Acariens commensaux ou parasites des Crustacés. Arch. Muséum,
vol. du Tricentenaire, p. 377.
— Line espèce nouvelle du genre Cæculus (Acariens) recueillie aux îles
Salvage (Croisière du « Président Théodore-Tissier ». Bull. Mus. nat.
Hist. nal., 2® s., VII, p. 113.
— Une Pseudo-coquille construite par une Araignée. Journ. Conchgl.
LXXIX, p. 263.
— Sur une Ecrevisse américaine pullulant aux portes de Paris. Bull. Soc.
cent. Aquic. et Pêche, XLII, p. 30.
— Une invasion d’Acariens à La Baule. La Nature, n® 2955, p. 542.
— .Les Acariens figurés par Savigny dans la description de l’Egypte. Bull.
Mus. nat. Hist. nat., 2® s., VII, p. 197.
■ — Une Ecrevisse américaine aux portes de Paris. La Nature, n® 2945, p. 56.
— Note sur V Histiostoma feroniarum Dufour (Acarien Tyroglyphide). Bull.
Mus. nat. Hist. nal., 2® s., VII, p. 234.
— Note sur V Hyalomma sijriacum Koch. Ibid., p. 236.
— Sur un prétendu caractère spécifique de TEcrevisse à pieds blancs
(Astacus pallipes Lereboullet). Bull. Soc. centr. Aquic. et Pêche,
XLII, p. 53.
— - et Ed. Lamy. Les Ecrevisses de France.
— • — Sur la coloration noire de certaines Ecrevisses. Bull. Soc. Zool.
France, LX, p. 40.
F. Grandjean. — Observations sur les Acariens (l*'® série). Bull. Mus. nat.
//zsL noL, 2® s., VII, p. 119.
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tion H. W. Brôlemann). Bull. Mus. nat. Hist. nat., 2® s., VII, p. 209.
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Bull. Mus. nul. Ilist. nul., 2® s., VII, p. 190.
Y.-M. Revert. — La « Gale des Grains ». Thèse de médecine, 1935.
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ReMiacées, Typhacées, Joncaginées, Aracées, Lemnacées, Alismacées,
Triuridacées, Naïadacées, Eriocaulonacées, 1 fasc., ibid.
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p. 7-10, 1935.
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cène. Ibid., ]). 467-469, 1934.
— Observations sur la Craie magnésienne de Coiseaux (Oise). G. R. som.
S. G. F., p. 36-37, 1935.
— Note sur la faille de Roquefort. Ibid., p. 103-104, 1935.
— Révision de la feuille de Provins au 80.000®. B. S. G. G. F., t. XXXVHI,
n® 190, p. 25, 1933.
— Feuille de Verdun au 80.000®. 2® édition.
— Les eaux souterraines de la Craie dans le Sud de la Picardie. Archives du
Aluséum. Vol. du Tricentenaire, 6® sér., t. XH, p. 193-196, 1935.
— Un forage aux Sables Verts au Coudray-Saint-Germer (Oise). Bull. Mus.
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— Les relations géologiques de l’Afrique et de l’Amérique du Sud (Dérive
des continents et Ponts Continentaux). Arch. AIus., 6® sér., t. XII.
Vol. du Tricentenaire, p. 211-215, 1935.
— Les progrès récents de la Stratigraphie extra-européenne. Revue générale
des Sciences, p. 359, 30 juin 1935.
• — ■ Notes sur la paloéogéographie de l’Océan Atlantique. L La Géologie
des Iles du Cap Vert. Bull. Mus. Hist. Nat., p. 270-274, 1935.
Pierre Lamare. — Sur l’attribution au Néocomien des couches comprises
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C. R. som. S. G. F., p. 80-82, 1935.
— Sur l’âge des coulées du fossé de FAouache (Ethiopie). Ibid., p. 217-
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— Etudes géologiques en Ethiopie, Somalie et Arabie méridionale (en colla-
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région parisienne. L’Eau, 1'’® sér., n® 6, juin 1935, p. 77-84.
— Les grès fossilifères du Rupélien de Belleville. Arch. AIus., vol. du Tri-
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— Etude sur le « niveau d’Hérouval ». B. S. G. F. (à l’impression).
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Central). G. R. S. G. F., 1935, p. 20 et 21.
— Sur les Microfaunes du crétacé des Ganntour (Maroc Occidental). C. R.
S. G. F., 1935, p. 105-107.
— De l’utilité des examens micropaléontologiques dans le support des
nappes aquifères. Exemple de la plaine de Ber-Rechid. Comité
d’Etudes des Eaux Souterraines, 1935, p. 4 et 5, Rabat.
Ch. Finaton. — Le Pétrole en France (1927-1934). Revue Pétrolifère,
n“ 616 (2 février), 1935.
— Remarques techniques sur la conduite des sondages de pétrole. Ibid.,
n'’ 635 (15 juin), 1935.
— Congrès international des Mines, de la Métallurgie et de la Géologie
appliquée. VIP session. Compte-rendu des communications intéres-
sant le Pétrole. Ibid., n“® 654, 655, 656 (novembre).
— Les Minerais de 1er oolitbique et le passage du Toarcien au Médiojuras-
sique en Franche-Comté. B. S. G. F., 5® s., t. IV, p. 347-367, 2 figures,
1935.
— Les dépôts lagunaires et le gypse du Bassin parisien. Rev. Géogr. Phys.
et Géol. Dynam., VII, p. 357-378, 3 figures, 1935.
SECTION PALÉOBOTANIQUE
A. Loubière, Sous-Directeur du Laboratoire. — Sur un bois Oligocène
provenant de Royat (Puy-de-Dôme). Rev. Gén. de Botanique, t. 47,
p. 23, 1 fig. dans le texte, 1935.
— Etude anatomique d’un bois minéralisé trouvé aux environs de Ouadi-
Halfa (Nubie). Ibid., t. 47, p. 480, 1 fig. dans le texte, 1935.
— Aperçu général et récents progrès de l’Anatomie comparée des Végétanx
fossiles et vivants. Arch. Mus. nat. Hist. nat., vol. du Tricentenaire,
6® sér., t. XII, p. 325, 1 fig. dans le texte, 1935.
Minéralogie.
A. Lacroix, Professeur. — Sur la découverte de tectites à la Côte d’ivoire.
C. R. Acad. Soi., t. 199, p. 1539, 26 déc. 1934.
— Sur des météorites pierreuses tombées dans l’Aïr (Colonie du Niger).
C. R. Aead. Sci., t. 200, 13 mai 1935, p. 1641.
— Les tectites sans formes figurées de l’Indochine. C. R. Acad. Sci., t. 200,
juin 1935, p. 2129.
— Les tectites de l’Indochine et ses abords et celles de la Côte d’ivoire.
Nouv. Arch. du Muséum, vol. du Tricentenaire, 6® sér., t. XII, 1935.
— Célébration du troisième Centenaire du Muséum, le 25 juin 1935. (Dis-
cours au nom des diverses Académies françaises).
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p. 2543-2545. The University of Toronto Press, 1934.
46
— Notice historique sur les membres et correspondants de l’Académie des
Sciences ayant travaillé dans les Colonies françaises des Mascareignes
et de Madagascar au xyiii® et au début du xix® siècle. Lecture faite
à la séance annuelle publique de l’Académie des Sciences du 17 décem-
bre 1934.
— Les pierres précieuses, semi-précieuses ou d’ornementation. Les Res-
sources minérales de la France d’Outre-mer, t. III, p. 267-324. Publi-
cations du Bureau d’Etudes géologiques et minières coloniales,
Paris, 1935.
— Les gisements phosphatés des grottes et füons remplis « per descensum ».
Les gisements superficiels des îles des mers équatoriales et tropicales.
Les Ressources minérales de la France d’Outre-mer, t. IV, p. 145-193.
Publications du Bureau d’Etudes Géologiques et Minières coloniales,
Paris, 1935.
— La réorganisation de l’Institut Pasteur. Ann. de l’Institut Pasteur, t. 53,
1934, p. 5.
P. Gaubert, Sous-Directeur honoraire du Laboratoire. — Hémihydrate
de sulfate de calcium obtenu par voie humide et polymorphisme du
sulfate anhydre. Rull. Soc. Franç. Min., t. 57, 1934, p. 252-267.
— Anisotropie et structure des verres à vitre. C. R. Acad. Sc., t. 199, 1934,
p. 1402-1404.
— Anisotropie des liquides autour des bulles gazeuses. Ibid., t. 200, 21 jan-
vier 1935, p. 304-306.
— Sur les liquides anisotropes. Ibid., t. 200, 18 février 1935, p. 679-680.
— Modifications des faciès des cristaux de phloroglucine par des matières
colorantes et action de la chaleur sur la coloration. Ibid., t. 200,
25 mars 1935, p. 1120-1122.
— Détermination microchimique de la cholestérine, de l’urée, de la glycé-
rine, etc., basée sur la formation des cristaux liquides. Ibid., t. 201,
1935, p. 1202.
— Anisotropie permanente du verre à vitre. Bull. Soc. Franç. Min., t. 58,
1935, p. 314.
,1. Orgel, Sous-Directeur du Laboratoire. — La stannine de certains gise-
ments d’étain de la France métropolitaine et coloniale. C. R. Congrès
des Sociétés savantes, Lyon, 1935, section des Sciences, p. 000 (sous
presse).
— L’éclat des minéraux et la mesure de leurs pouvoirs réflecteurs au moyen
du microscope photoélectrique. Arch. Mus. Hist. nat., vol. du Tri-
centenaire, 6® sér., t. XII, 1933, p. 171-188, 1 pl.
— et Fastré. — Courbes de dispersion de quelques étalons de pouvoirs
réflecteurs utilisables dans l’étude microscopique des minéraux
métalliques. C. R. Acad. Sc., t. 200, 1935, p. 1485-1488.
— et G. JouRAvsKY. — Le minerai de cobalt de Bou-Azzer (Maroc) ;
sa composition minéralogique et sa structure. Congrès internat, des
Mines, de la Métallurgie et de la Géologie appliquée. Section de la
Géologie appliquée (sous presse).
J. Orgel. — L’emploi de l’analyse thermique différentielle dans la déter-
mination des constituants des argiles, des latérites et des bauxites.
Ibid.
Mil® S, Caillère. — Sur la signification du phénomène d’incandescence pré-
senté par certaines antigirites. C. R. Acad. Sc., t. 200, 18 mars 1935,
p. 1055-1057.
— 17 —
— Sur les caractères spécifiques de la bowlingite. Ibid., t. 200, 24 avril 1935,
p. 1483-1485.
— Sur quelques silicates de magnésie et de fer rattachés au groupe des
serpentines. C. R. Congrès des Soc. Savantes, Lyon, 1935 (sous presse).
— Composition minéralogique des minerais silicatés de nickel (nouméite
et garniérite). Congrès internat, des Mines, de la Métallurgie et de
Géologie appliquée. Section de la géologie appliquée (sous presse).
M”® E. Jeremine. — Etude pétrographique des roches de la bordure occi-
dentale du lac Rodolphe et de quelques régions voisines. Mission
Scientifique de l’Omo (1932-1933), t. I, Paris, 1935, p. 17-59.
— Massif dioritique d’Etival. Bull. Soc. Franç. Minér., t. 58, 1935, p. 81-92.
V. Agafonoff. — Les sols de France au point de vue pédologique. 1 vol.
in-g*^, 154 p., 23 fig., 1 carte schématique pédologique de France à
l’échelle de 1 /2. 500. 000®. Paris, Dunod, 1936.
— Les types de sols de France et leur répartition. Congrès des Mines, de la
Métallurgie et de la Géologie Appliquée. Section de la Géologie appli-
quée (sous presse).
— G. JouRAVSKY et Mil® V. Malycheff. — Etude pédologique d’une
coupe de sol en Tunisie septentrionale. Rev. Geogr. phys. et géol.
Dynamique, Paris, 1935, vol. VIII, fasc. 1, p. 105-107.
S. Pavlovitgh. — Action de la chaleur sur quelques oxydes de manganèse
naturels. C. R. Acad. Sc., t. 200, 2 janv. 1935, p. 71.
— Etude pétrographique des péridotites du massif de Zlatibor (Serbie occi-
dentale). Ibid., t. 200, 27 mai 1935, p. 1864-1866.
— Etude des gabbros de Zlatibor (Serbie occidentale). Ibid., t. 200, 3 juin
1935, p. 1949-1951.
— Les amphibolites du massif de Zlatibor (Serbie occidentale). Ibid., t. 200,
17 juin 1935, p. 2094-2096.
G. JouRAVSKY, P. Chargzenko et G. Choubert. — Sur le magnétisme réma-
nent induit des roches éruptives. C. R. Acad. Sc., t. 200, 11 fév. 1935,
p. 541-543.
G. Choubert. — Sur les enclaves de quelques fdons des environs de la Bresse
(Vosges). C. R. Acad. Sc., t. 200, 25 mars 1935, p. 1122-1124.
A. DE Choubersky. — • Etude des roches anté-cambriennes (Mission au
Tibesti) (1930-1931). Além. Acad. Sc. Institut de France, t. 61, 1934,
p. 1-20.
S. Goldsztaub. — ■ Etude de quelques dérivés de l’oxyde ferrique (FeO, OH,
FeO^ Na, FeO Cl) ; détermination de leurs structures. Bull. Soc.
Franç. Min., t. 58, 1935, p. 6, 76.
Physique appliquée.
Jean Becquerel, Professeur. — La décomposition des bandes d’absorption
et de luminescence de certains cristaux, sous l’action d’un champ
magnétique. (Publié dans le Livre jubilaire du Prof. Zeeman, p. 364-
376. La Haye, Martinus Nijhofî, 1935).
— Sur la détermination des susceptibilités paramagnétiques des cristaux de
terres rares, par la mesure des pouvoirs rotatoires paramagnétiques.
C. R. Acad. Sci., t. 201, p. 1112, 2 déc. 1935.
48 —
Yves Le Grand, Sous-Directeur du Laboratoire. — Sur la mesure de l’acuité
visuelle par les franges d’interférence. G. R. Acad. Sci., t. 200, p. 490,
4 fév. 1935.
— La perception visuelle des brillances (Conférence faite aux réunions de
l’Institut d’Optique de mars 1935, à paraître dans les comptes-rendus
des ces réunions). Sous presse.
— Sur les rides du sable des plages (« Ripple-Marks »). G. R. 59® Congrès
Assoc. Fr. Avanc. Sc., Nantes, juillet 1935.
— Sur une mesure photographique de l’agitation de la mer. Ibid.
Paul Becquerel. — Recherches sur la longévité des graines macrobiotiques
du Muséum. G. R. Acad. Sc., 26 déc. 1934.
— Recherches de Physiologie végétale dans les hauts vides et aux basses
températures. Arch. Mus. nat. Hist. nat., vol. du Tricentenaire du
Muséum, 6® sér., t. 12, 1935.
— Recherches sur la structure ultramicros copique du cytoplasma végétal
(Conférence faite au 6® Congrès international de Botanique, Amster-
dam, septembre 1935. Un extrait a été publié dans les Compte-rendus
du Congrès).
Chimie organique.
R. Fosse, Professeur, P. de Graeve et P. E. Thomas. — Recherches pour
identifier, par l’analyse élémentaire, de faibles quantités d’acides
aminés. G. R. Acad. Sc., 1935, t. 200, p. 872.
— Action de l’hydrazine sur les ureides cycliques (acide parabanique).
Ibid., p. 1260.
— Identification de petites quantités de formol. Ibid., p. 1450.
— Dosage pondéral et identification par l’analyse élémentaire, de petites
quantités de formol, à de très grandes dilations. Ibid. t. 201 p. 105,
1935.
Marcel Frèrejacque, Assistant. — Dosage polarimétrique du mannital.
G. R. Acad. Sc., 1935, t. 200, il. 410.
Section de Physique végétale
M. Bridel (t) et C. Charaux. — Sur la composition de l’écorce de bourdaine.
III. Le précipité obtenu par action diastasique en partant de l’écorce
de bourdaine récente. Extraction d’un nouveau thammoside, le
frangularoside. Son produit d’hydrolyse, le frangularol. Bull. Soc
Chini. Biol., 17, 780, 1935. — IV. Le complexe purgatif de l’écorce
de bourdaine soluble dans l’eau et hydrolysable par le
diastase. Ibid., 17, 793, 1935.
M™® C. Sosa-Bourdouil, Assistant. — Remarques sur les poids des fruits
de tomates hvbrides (Solanum hyvopersiam L.). Bull. AIus., (2), 7,
71, 1935.
— Note biochimique sur l’hybride, Zea Mays x Euchlaena mexicana en
première génération. Rev. bot. appL, 168, 1935.
— Recherches physiologiques sur les parents et les hybrides de Fève. (Vicia
faba L.). G. R. Acad. Sci., 200, 1236, 1935.
— Caractères héréditaires et fluctuations dans la constitution chimique des
plantes. Archives du Muséum, 12, 347, 1935.
— 49 —
\liie ]y[_ CoLLOT. — L’extraction des hétérosides par l’éther saturé d’eau.
Arch. Muséum, (6), 12, 333, 1935.
A. SosA. — Un glucoside nouveau de Betula alba L. Le bétuboside et son
aglycone le Pétuligentol. Arch. Mus. (6), 12, 340, 1935.
V. Plouvier. — Recherches sur l’isomérisation d’hétérosides cyanogéné-
tiques. C. R. Acad. Sc., 200, 1985, 1935. Arch. Mus. (6), 12, 340, 1935.
— Contribution à la recherche de l’amygdo intrileglumonide et de l’amygda-
loside dans les plantes. C. R. Acad. Sc., 200, 2120, 1935.
J. Rabaté. — Contribution à l’étude biochimique des Salicacées.
— V. Rapports du salipurposide avec le naringoside et l’isobespéridoside.
Bull. Soc. Chim. Biol., 17, 314, 1935.
— VL Salix nigricano Sm. Ibid., 319, 1935.
— VIL Salix repeus L. Ibid., 328, 1935.
— • VIII. Répartition de quelques hétérosides chez les Salicacées. Ibid.,
439, 1935.
— IX. Etude physiologique des hétérosides chez les Salicacées. Ibid.,
447, 1935.
— X. Etude des ases des feuilles de S. purpurea. Ibid., 561, 1935.
' XL Sur l’hydrolyse du salicoside par la poudre fermentaire de feuilles
de Salix purpurea et sur quelques phénomènes qui en dérivent.
Ibid., 602, 1935.
— Sur l’existence d’un glucose naissant. Arch. Mus., (6), 12, 337, 1935.
— et C. Charaux. — Contribution à l’étude biochimique du pêcher {Per-
sica vulgaris L). Sur le persicoside. Journ. Pharm. et Chim., (8), 21,
495, 1935. C. R. Acad. Sci., 200, 1689, 1935.
— Le Sophoricoside, nouvel hétéroside des fruits de Sophoca japonica L.
Journ. Pharm. et Chimie, (8), 21, 546, 1935.
— Sur la constitution du génistéol. Ibid., (8), 22, 32, 1935.
— et Ramart-Lucas. — Structure des hétérosides d’après leur absorp-
tion dans l’ultraviolet. Bull. Sec. Chim. (5), 2, 1596-1625, 1935.
Pêches et productions coloniales d’origine animale.
A. Gruvel, Professeur. — Sur la nécessité du développement de l’industrie
des pêches dans les colonies. (Rapport de 32 pages, avec annexes,
présenté à la Conjérence impériale, 1935).
— Conférence radio-coloniale sur l’Aquarium du Musée de la France d’ Outre-
mer. {Radio-Paris, 8 février 1935).
— Au Maroc. La création d’une industrie. La Vie, n° 3, l'^’’ lévrier 1935).
— Les Ressources des Colonies françaises en produits alimentaires marins.
Conférences faites au Conservatoire des Arts et Métiers, les 28 février
et 2 mars 1935.
— Contribution à l’étude de la bionomie générale et de l’exploitation de la
Faune du Canal de Suez, avec préface du Marquis de Vogué. 1 fort
volume de près de 400 pages, avec nombr. pl. et fig. dans le texte.
Mémoires de l’Institut d’Egypte (sous presse).
— Quelques réflexions sur la conserverie de poisson au Maroc. La Vie,
1935.
— et G. Petit. — Pourquoi les savants veulent protéger la faune. Monde
Colonial illustré, juin 1935.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
4
- 50 -
G. Petit, Sous-Directeur du Laboratoire. — Contribution à l’étude faunis-
tique de la réserve naturelle du Manampetsa (Madagascar). (Intro-
duction ; le lac Manampetsa et la réserve dite du Manampetsa ;
Poissons ; Mammifères ; un animal énigmatique de l’Aven de Mitoho).
Ann. Sc. nat. ZooL, 10« s., t. XVIII, 1935, p. 422-481, fig. 1, 2, 21, 22.
— Description d’un crâne de Gryptoprocte sub-fossile, suivie de remarques
sur les affinités du genre Cryptoprocta. Arch. Mus. Hist. nat. (vol. du
Tricentenaire), t. XII, 1935, p. 621-636, 7 fig.
— A. Chevalier et L. Joleaud. — Les dépôts quaternaires de l’ancien
cratère de Pedra de Lume (île de Sal, archipel du Cap Vert). C. R.
Acad. Sciences, 8 avril 1935.
— et P. Budker. — Sur la différenciation de dents cutanées, liée à la pré-
sence de cryptes sensorielles, chez quelques Sélaciens. C. R. Acad.
Sciences, 21 oct. 1935, p. 737-740.
— et le Prof. A. Gruvel. — Pourquoi les savants veulent protéger la faune .
Le Monde colonial illustré, juin 1935.
Th. Monod, Assistant. — Compte rendu sommaire de la première partie
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Soc. Zool. France, t. LIX, n® 6, p. 476-490, fig. 1-9.
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— Thélohaniose de l’Ecrevisse {Astacus pallipes Lereboullet) à Richelieu
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— 51
— J. Galloï et G. Desportes. — Infestation expérimentale de Strigoformes
par un Brachylæmus. Annales parasit. humaine et compar., t. XIII,
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P. Ghabanaud, Préparateur à l’Ecole des Hautes Etudes. — Les Soléidés du
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— Quelques monstruosités chez les Poissons hétérosomes : sympiézospon-
dylie, atélurie et sphincturie. Arch. Mus. Hist. nat. de Lyon, t. 15,
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— Les Poissons du Ganal de Suez. Apud Gruvel : Gontribution à l’étude
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France, t. 60, p. 212-224, 6 flg.
— Le vomer, le complexe ethmoïdien et le trajet périphérique des nerfs
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P. Budker. — Description d’un genre nouveau de la famille des Carchari-
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2® semestre.
— 52 —
— L’amélioration des fruits métropolitains et coloniaux. L’Hygiène soc iale
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— Les hypothèses relatives à l’Atlantide et l’origine des plantes cultivées
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— L. JoLEAUD et G. Petit. — • Les dépôts quaternaires de l’ancien cratère
de Pedra de Lume (île de Sal, archipel du Cap Vert). G. R. Acad. Sc.,
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— et R. Furon. — Sur quelques dépôts tertiaires et quaternaires des îles
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Travaux de M. Chevalier parus dans la Revue de Botanique
appliquée et d’agriculture Tropicale en 1935.
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— Le Gossypium anomalum est un Cotonnier, t. XV, p. 369-370.
— Le Tricentenaire de la fondation du Jardin des Plantes et le rôle du
Muséum en agriculture coloniale, t. XV, p. 393-426.
— Sur deux Ficus africains présentant de curieuses particularités biolo-
giques, t. XV, p. 456-459.
— - Les variétés de Bananiers du groupe Cavendishii, t. XV, p. 573-580.
— La restriction des expérimentations agricoles par les Gouvernements,
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— La Commémoration du Tricentenaire du Jardin des Plantes, t. XV,
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— - L’acclimatation des Citrus en Afrique tropicale, t. XV, p. 658-675.
Jean Trochain, Assistant. — Compte-rendu sommaire d’une mission au
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— Les espèces du genre Ludwigia (Onagraceæ) en Afrique tropicale occi-
dentale. Bull. Soc. Bot. Fr., t. LXXXII, 1935, p. 141-146.
— Divers usages de plantes du Sénégal, Rev. Bot. appl. et Agr. trop., 1935.
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— La production du Tabac dans les Colonies françaises, Ibid., 1935, p. 427-
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Pierre Tissot, Ingénieur agronome. — Améliorations récentes apportées à
la culture du Cacaoyer et à la préparation du Cacao dans le monde.
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W. Russell. — Remarques sur la structure de l’ovaire avorté de Alusa
Corbieri. A. F. A. S., Congrès de Nantes, 1935.
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D. Normand. — Sur le Mæsopsis de l’O. africain et le bois de Nkanguele.
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Laboratoire Maritime du Muséum a Dinard (précédemment
à Saint-Servan).
E. Chemin. — Observations algologiques. Bull, laborat. marit. Saint-Servan-
Dinard, XIV, 1935, p. 16-17.
— 53 —
E. Fischer-Piette. — Histoire d’une Moulière. Observations sur une phase
de déséquilibre faunique. Bull. biol. France et Belgique, LXIX, 1935,
p. 152-177, 4 flg., 1 pl.
— Systématique et Biogéographie. Les Patelles d’Europe et d’Afrique du
Nord. Journ. Conchyliologie, LXXXIX, 1935, p. 1-66, 26 flg., 4 pl.
— Quelques remarques bionomiques sur les côtes basques française et
espagnole. Bull. Laborat. marit. Saint-Servan-Dinard, XIV, 1935,
p. 1-13, 1 flg.
— Sur la distribution de Patella intermedia Jeffreys et sur les répartitions
dites capricieuses. Vol. jubilaire Prof. Bouvier, 4 p., 2 flg.
M. Philbert. — Contribution à l’étude des Hydraires dans les îles anglo-
normandes. Bull. Mus., VII, 1935, n° 1, p. 85-88, 1 flg.
— Notes sur les Hydraires des îles anglo-normandes. Bull. Laborat, marit.
Saint-Servan-Dinard, XIV, 1935, p. 17-19.
— Liste préliminaire des Hydraires récoltés dans la région de Saint-Servan.
Ibid., XIV, 1935, p. 19-28.
— Les Hydraires de la région malouine. Bull. Inst. Océnogr., n° 673, 1935,
p. 1-36, 6 flg.
Bibliothèque.
L. Bultingaire, Bibliothécaire en Chef. — Introduction à : Inventaire des
Archives du Muséum national d’histoire naturelle. 1’’® partie. Série A.
Archives du Jardin du Roi par Anne-Marie Bidal. Arch. Mus. Nat.
Hist. nat., vol. XI, 1934, p. 175-176.
— L’Art au Jardin des Plantes. Ibid., vol. XH, 1935, p. 665-678.
— Bref aperçu sur trois cents ans d’histoire du Muséum. La Terre et la Vie,
vol. 5, n® 6, juin 1935, p. 243-251.
■ — Les agrandissements du Jardin du Roi sous l’intendance de Buffon. La
Montagne Sainte- Geneviève et ses abords, t. VH, n® 3, 1935, p. 77-83.
— Introduction descriptive et explicative à : Muséum national d’histoire
naturelle. Exposition du Troisième centenaire, p. 11-24.
— Les besoins des bibliothèques scientifiques. Rev. scient, illustr., 14 déc.
1935, p. 741-746.
— La surproduction dans le domaine des périodiques (Sciences natu-
relles). Rapport présenté au H® Congrès international des Biblio-
thèques et de la Bibliographie. Rev. du Livre, n° 8-9, novembre 1935,
p. 166-170.
Y. Ruyssen. Muséum national d’histoire naturelle. Exposition du troi-
sième centenaire [Catalogue]. Paris.
— 54 —
COMMUNICATIONS
Remarques complémentaires
SUR L’ORGANE FEMELLE DE L’HyaENA CROCUTA
PAR Henri Neuville.
Par une note insérée dans le volume jubilaire du Tricentenaire
du Muséum, j’ai donné quelques détails sur les particularités de
l’organisation génitale de l’Hyène tachetée ^ (//. crocula Erx.).
Ces particularités font penser à un hermaphrodisme assez net pour
que les traditions africaines en aient enregistré la notion. J’en ai
décrit deux aspects assez différents, attribuables, me semble-t-il,
à des différences d’activité sexuelles.
Dans la note à laquelle je renvoie, la pl^e m’a manqué pour
exposer quelques détails d’organisation interne relatifs à ces faits
et pour entrer dans les quelques comparaisons pouvant éclairer
sur la nature exacte des dispositions réalisées par l’Hyène tache-
tée 9. Je vais en présenter un très bref aperçu.
Le clitoris offre ici une apparence pénienne ; la vulve s’ouvre
à son extrémité, comme le fait normalement ailleurs le méat pénien,
et deux saillies sous-jacentes d’apparence scrotale achèvent de
donner à cet organe femelle un aspect d’organe mâle.
C’est néanmoins dans la profondeur du canal perforant le cli-
toris de V Hyaena crocuta, et non vers sa terminaison comme on
pourrait s’y attendre, que s’ouvre l’urètre. Malgré la différence
de taille, sur chacun des deux sujets que j’ai examinés, la longueur
du tractus urogénital, mesurée du col de l’utérus à l’orifice clito-
ridien, est d’environ 25 centimètres, et c’est à environ 15 centi-
mètres de ce dernier orifice que s’ouvre le méat urétral ; l’urètre
proprement dit est long d’environ 6 centimètres. Le méat pouvant
être considéré comme délimitant le vestibule et le vagin, à celui-ci
et à celui-là peuvent être respectivement attribuées des longueurs
de 15 et de 10 centimètres. Le canal vestibulo-vaginal est coudé
en une incurvation au commencement proximal de laquelle s’ouvre
1. Henri Neuville. De l’organe femelle de l’Hyène tachetée. Archives du Muséum
d’Histoire naturelle. Volume du Tricentenaire, 6® série, t. XII, 1935, p. 225-229, avec
2 figures.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 1, 1936.
55
Fig. 1. — Hyaena crocuta de Niafunké (Moyen Niger). Organe génital externe
et région périnale, après leur prélèvement, c, orifice clitoridien ; m, m, mamelons ;
s, s, renflements d’apparence scrotale ; a, anus ; g, orifice des glandes anales. Env.
4/5 gr. nat.
— 56 —
Turètre ; ce fait est corrélatif de ce que le vagin, dirigé d’abord dans
le sens normal, ne s’ouvre pas dans la région périnéale, mais se
prolonge, au-delà de cette région, en un long vestibule suivant
un trajet récurrent et passant devant la symphyse pubienne pour
s’ouvrir finalement sous le ventre, en avant de celle-ci.
Sur un sujet du Somâl, qui paraissait cependant vierge, j’ai
vainement cherché quelque trace de formation hyménale. Le méat
s’y ouvre, ainsi que je viens de le dire, au début de l’incurvation
du tractus ; son aspect est celui d’une fente allongée ; des plis
vestibulaires longitudinaux, très accentués, se présentent en aval
de ce méat et convergent vers son niveau en y formant des sortes
de cryptes rappelant celles que j’ai précédemment décrites sur
d’autres Mammifères
J’ai remémoré, dans le travail ci-dessus mentionné, les alléga-
tions relatives aux fonctions génitales de l’Hyène tachetée. Les
données anatomiques suffiraient à faire écarter d’emblée la suppo-
sition d’un hermaphrodisme effectif. D’autres suppositions plus
ou moins étranges doivent être écartées tout aussi nettement :
telle est celle de la réalité d’un accouplement entre les femelles
de cette espèce, fait que Watson considérait comme recevable.
En dépit des dispositions aberrantes présentées par VHyaena
crocuta, l’accouplement de cet animal s’effectue suivant le mode
habituel aux quadrupèdes, sous cette réserve que la femelle restant
dans son attitude habituelle, le mâle s’accroupit derrière elle,
ou, si l’on préfère, s’assied sur le sol en laissant ses jambes allon-
gées de part et d’autre de eelles de la femelle ; dans cette position,
le pénis, long et grêle et terminé par un gland très renflé, garni
de fortes papilles, atteint aisément le méat clitoridien, qui est,
fonctionnellement, une vulve. Un fait très particulier est que,
pendant cet accouplement, le clitoris n’entre pas en érection ;
celle-ci se manifeste cependant fréquemment chez l’Hyène tache-
tée, et parfois avec une force considérable, allongeant énormément
l’organe qui pend alors à la façon d’un pénis. Il est clair qu’à cet
état l’accouplement serait au moins très difficile : il serait compa-
rable à la pénétration d’un pénis dans un autre, et la turgescence
du gland clitoridien doit d’ailleurs en oblitérer plus ou moins
l’orifice.
Toutes ces données, en achevant de faire comprendre comment
peuvent s’exercer les fonctions génitales de l’Hyène tachetée,
achèvent aussi de mettre ce Mammifère à part des autres et lui
confèrent, quant à ce dont il s’agit, une originalité dont on cher-
1. Henri Neuville. De l’organe génital externe de la Jument. BuU. Mus. nat.
Hist. nat., 1930, n° 1, p. 58-64, 1 fig. — In. De l’organe génital de la Truie. Ibid.,
1934, n“ 1, p. 7-14, 2 fig.
Fig. 2. — — Hyaena crocuta 2i du Somâl. Organe génital externe et région péri-
néale. m, m, mamelons ; c, clitoris ; s, s, saillies d’apparence scrotale ; a, anus ;
g, orifice des glandes anales. 3/4 gr. nat.
— 58 —
cherait vainement un équivalent dans la même classe zoologique,
même chez l’Eléphant, dont l’appareil femelle présente également
de très notables particularités du même genre.
Ne pouvant entrer dans toutes les comparaisons qui éclaireraient
l’un par l’autre ces deux cas de VH. crocuta et des Éléphants, je
rne bornerai à en signaler le plus essentiel.
Fig. 3. — Ilyaena striata Zimm. . Organe génital externe et région périnéale, n, vulve ;
a, anus ; g, orifice des glandes anales. Env. 4/5 gr. nat. Figure donnée pour compa-
raison entre VH. crocuta et 1’//. striata.
Des dispositions très voisines dans leur ensemble de celles que
je viens de mentionner pour VH. crocuta se retrouvent chez les
Éléphants. Ici encore, la vulve s’ouvre sous l’abdomen, très loin,
en avant, de la région périnéale. Mais dans le cas des Éléphants,
à l’inverse de ce qui se passe pour l’Hyène tachetée, au moment
du coït le jeu des muscles amène la vulve au voisinage de cette
Fig. 4. — Hyaena crocuta Q. Organe génital externe et région périnéale, d’après
Watson (Proc. Zool. Soc., London, 1877, pl. XL). En haut, le clitoris ; au-dessous,
la région portant une ponctuation paraissant correspondre à des traces de para-
sites comme j’en ai représenté sur la fig. 2 du Mémoire cité, et comme il s’en voit,
dans la même région, sur la fig. 2 ci-jointe.
dernière région ; ici également, le vestibule, très profond, est coudé
sur le vagin et constitue l’organe réceptif essentiel, sinon même
exclusif, de l’accouplement ; une différence capitale réside toute-
fois en ce que le canal vestibulaire des Eléphants ne perfore pas
- 60 —
le clitoris à la façon d’un urètre pénien et contracte simplement
avec lui les rapports du type usuel. Un vagin extrêmement réduit
suit enfin ce très long vestibule.
Ce sont là, manifestement, dans les deux cas, des états atypiques
de développement, aboutissant, pour 1’//. crocuta, à un hermaphro-
disme tubaire partiel, la région distale du tractus uro-génital s’y
développant suivant le type mâle et le reste suivant le type femelle ;
pour les Eléphants, il n’y a par contre qu’une simple extension
anormale du vestibule, celui-ci y étant d’ailleurs suivi d’un tractus
génital d’un type très particulier.
Des recherches embryologiques portant sur tout un ensemble
de pièces rarissimes permettraient seules de préciser les processus
engendrant ces intéressantes particularités, dont les données les
plus banales de l’Embryologie mammalienne permettent toutefois
de supputer l’essentiel avec quelque certitude.
Les Poissons de mer exotiques aux Halles Centrales
DE Paris.
Remarques sur diverses espèces,
NOTAMMENT SOLEA SENEGALENSIS K AU P ET IIlLSA
REEVESI H. B.
PAR Paul Chabanaud.
La généralisation des installations frigorifiques, tant à bord des
chalutiers que des navires de commerce, favorise, chaque jour
davantage, le transport à grande distance des produits de pêche,
aussi bien que des autres denrées alimentaires. C’est donc aux
progrès de l’industrie du froid qu’il faut attribuer les arrivages
épisodiques, aux Halles Centrales de Paris, de poissons de mer
exotiques, qui ne s’y étaient jamais vus autrefois.
Les lots ne comportent, le plus souvent, que des caisses isolées
ou en petit nombre et dont il n’est pas toujours possible de connaître
l’origine. La plupart viennent, paraît-il, de Boulogne.
Toutefois, en 1922, j’eus l’occasion d’examiner une cargaison
de huit cents kilogs de poissons, composée des principales espèces
commerciales qui peuplent, en Afrique australe, la baie de la Table
(Table Bay) ; n’en ayant malheureusement pas dressé la liste sur
le champ, je ne saurais citer de mémoire toutes celles qui s’y trou-
vaient représentées, si ce n’est un colin ou merlu, Merluccius capensis
Castelnau, voisin de notre espèce européenne (Merluccius mer-
lucius Linné), et des filets de l’énorme Soléidé local, Austroglossus
microlepis Bleeker, à chair huileuse et qui atteint couramment
75 centimètres de longueur totale.
Plus récemment et durant quelques années, deux espèces médi-
terranéennes, mais qui, m’a-t-on dit, provenaient de la côte occi-
dentale du Maroc, Epinephelus gigas Brünnich et Dentex dentex
Gmelin, furent de vente presque courante. Pour des raisons que
j’ignore, l’arrivage* à Paris de ces deux beaux Acanthoptérygiens
a cessé aujourd’hui, momentanément peut-être.
A diverses reprises, Solea senegalensis Kaup 1858 a été offert
à la clientèle. Cette espèce, très voisine de la sole vulgaire ( Solea
solea Linné), n’existe pas en Méditerranée ; elle se trouve can-
tonnée sur la partie de la côte occidentale d’Afrique, comprise
entre le détroit de Gibraltar et le Sénégal ; le type, conservé au
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® I, 1936.
- 62 —
Muséum National d’ Histoire naturelle, est étiqueté comme pro-
venant de Saint-Louis du Sénégal. S’il n’apparaît pas que des
captures ultérieures aient jamais confirmé l’authenticité de cette
origine sénégalienne, par contre, cette sole est commune dans la
baie du Lévrier, ainsi que tout le long de la côte marocaine, où
elle cohabite, au N. du cap Jubi, avec Solea solea L. Sur la côte mau-
ritanienne, aussi bien que sur celle du Maroc, Solea senegalensis
atteint couramment 50 centimètres de longueur totale i, et, paraît-il,
dépasserait même parfois 60 centimètres. C’est le géant des soles
de l’Atlantique nord.
Solea senegalensis n’a jamais été capturé, que je sache, sur les
côtes de la péninsule Ibérique, bien qu’il possède un îlot faunis-
tique résiduel sur notre plateau continental français, au S. de l’es-
tuaire de la Gironde. Les limites de cet îlot faunistique ne me sont
pas connues ; elles se trouvent de part et d’autre d’Arcachon,
ofi cette sole se pêche en abondance, mêlée à Solea solea, et où elle
est appelée « sole brusque ». C’est de cette localité que Moreau ^
a redécrit l’espèce, sous le nom de « sole à pectorales noires » ( Solea
melanochir). Les spécimens français ne dépassent guère, pour
autant que je le sache, une trentaine de centimètres de longueur.
Au cours de l’année 1934, je fus également Informé de l’arrivée
d’une caisse contenant des animaux inconnus sur le marché pari-
sien. Et pour cause : il s’agissait d’un Cynoglossidé, Cynoglossus
lingua Hamilton Buchanan, largement répandu sur les littoraux
de l’Inde péninsulaire, du Siam et de la majeure partie de l’archipel
Indo-malais. Cette espèce n’a jamais été signalée de la mer Rouge,
qu’elle habite cependant, car M. le Professeur A. Gruvel a rap-
porté un petit spécimen de ce Cynoglosse, capturé dans le canal
de Suez.
Au mois de juillet 1935, ce fut encore une caisse d’origine indé-
terminée, mais qui renfermait, cette fois, tout un lot d’un magni-
fique Clupéidé asiatique, Hilsa reevesi Richardson 1846, décrit
de la mer de Chine et cité de Shanghai et de Kiu Kiang ; cette
espèce paraît être la plus orientale et, en même temps, la plus sep-
tentrionale des sept formes qui sont comprises dans le genre Hilsa,
créé par Regan
Il n’est pas impossible que Hilsa reevesi se rencontre sous les
«
1. Un spécimen de 550 millimètres, le plus grand qui soit actuellement connu et
que je me suis fait un devoir d’acquérir à l’intention de notre Collection nationale,
provenait du cap Jubi. La morphologie de cet intéressant exemplaire a donné lieu
à certaines remarques, que j’ai publiées en leur temps (Bull. Soc. Zool. France, 49,
1934, p. 123).
2. Reo. et Mag. Zool., 1874, 2, p. 115, tab. 15, fig. 1. — Histoire naturelle des Pois-
sons de la France, 3, 1881, p. 305.
3. Ann. Mag. Nat. Hist. (8), 19, 1917, p. 306.
— 63 —
latitudes du Tonkin, car Bouret i, signale de cette région, sous
le nom de Clupea ( Alosa) kanagurta a. ilisha, un Clupéidé qui
pourrait bien appartenir à l’espèce en question. En effet, Hilsa
ilisha H. B. 1822 qui ne diffère guère de Hilsa reevesi que par
son operculum plus étroit et par le nombre un peu plus élevé de
ses écailles, demeure confiné dans le N. de l’océan Indien, entre le
golfe Persique et la Birmanie.
Quant à Hilsa kanagurta Bleeker 1852 3, c’est, de tous les
Hilsa, le plus largement répandu dans la région Indo-paeifique,
étant cité de Zanzibar, d’Aden, de Ceylan, du pourtour de l’Inde
péninsulaire, ainsi que de Java, de Madura et de Sumatra ; loca-
lités auxquelles il convient d’ajouter la Cochinchine et le Cam-
bodge
Dans ce dernier mémoire, Hilsa kanagurta est mentionné comme
ayant été capturé, non sur les côtes de l’Indo-Chine, mais à Pnom
Penh ; ce qui suppose à l’espèce une large euryhalinité, grâce à
quoi elle pourrait remonter fort loin le cours des grands fleuves.
Je signalerai, à ce propos, la présence, dans le Tonlé Sap, d’un
Soléidé réputé strictement marin, Brachirus panoides Bleeker 1851.
Le parallèle suivant doit permettre de distinguer aisément l’un
de l’autre Hilsa kanagurta et Hilsa reeçesi.
Hilsa kanagurta
Hilsa reevesi.
Hauteur du corps, comprise dans la longueur totale :
2,50 à 3 I 3 à 3,25
Longueur de la tête, comprise dans la longueur totale :
3 à 3,33 I 3,25 à 3,75
Diamètre de l’œil, en proportion de la longueur de la tête :
3,66 à 4,50 I 5 à 9
Largeur de l’ operculum, en proportion de sa propre hauteur :
au maximum 0,50 | au minimum 0,66
Crêtes pariétales :
Saillantes et striées,
k.
Saillantes dans le jeune âge ;
recouvertes par l’épiderme, chez
les adultes.
1. Bouret (R.). Inventaire général de l’Indo-Chine : Faune de l’Indo-Chine ;
Vertébrés (Publications de la Société de Géographie de Hanoï, 3, 1927, p. 304). —
Dans cette compilation, aucune localité précise n’est malheureusement indiquée.
2. Regan, op. cil., p, 306.
3. Regan, op. cit., p. 304.
4. Chabanaud (P.). Inventaire de la faune ichthyologique de l’Indo-Chine. YPmMi-
cations de Service Océanographique des Pêches de V Indo-Chine, note, 1926, p. 8)
[Clupea (Alosa) kanagurta].
— 64 —
Ecailles, en série longitudinale :
42 à 45 I 42 à 45
Ecailles, en série transversale (en avant de la nageoire dorsale) :
13 à 14 I 16 à 17
Ecussons abdominaux :
16 à 18 + 11 à 13 I
Formules de la dorsale et de l’anale :
D. 17 à 20 I
A. 19 à 22
18 + 13 à 14
D. 17 à 18
A. 18 à 19
Branchictémes du rameau inférieur du premier arc :
100 à 150
Pigmentation :
Une tache humérale somhre, suivie
dans le jeune âge, d’une série
longitudinale de 5 ou 6 taches
analogues. Pectorales entière-
ment hyalines.
150 (jeunes) à 250
Pas de taches sombres.
Extrémité des pectorales large-
ment rembrunie (en eau for-
molce).
On peut encore noter la différence d’aspect qui résulte du profil
ventral, dont la convexité est beaucoup plus accusée chez H Usa
kanagurta que chez Hilsa reevesi.
misa kanagurta est considéré comme ne dépassant pas 220 milli-
mètres de longueur totale ; Hilsa ree^esi atteint, selon Regan,
500 millimètres. Le spécimen que j’ai revendiqué au profit de la
collection du Muséum mesure 550 millimètres. Il est inscrit sous
le no 35-316.
Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale.
- 65
Sur LA PRÉSENCE DU GENRE AnGUILLA EN I NDOCHINE F RANÇAISE
PAB P. ChEVEY.
Les derniers travaux du regretté J. Schmidt avaient établi
qu’il existe six espèces d’ Anguilles dans l’Océan Indien et douze
environ dans l’Océan Pacifique, quelques-unes étant d’ailleurs com-
munes aux deux Océans, Leur répartition est très particulière :
elles ne fréquentent que certains pays, à l’exclusion totale de cer-
tains autres. On les trouve surtout là où les côtes sont situées à
proximité des grands fonds des Océans, au-dessus desquels elles
viennent pondre ; grâce à cette proximité des grandes dépressions
océaniques, les Anguilles indopacifiques n’ effectuent jamais de
voyage nuptial dont la longueur soit comparable à celui des Anguilles
atlantiques qui, comme on le sait, ont leurs lieux de reproductions
situés au voisinage de la Mer des Sargasses.
Schmidt plaçait parmi les « côtes sans Anguilles » la totalité
des rivages de l’Indo-Chine française i. Lorsque, poursuivant son
enquête autour du monde sur cette question, il vint, en 1929,
à Nhatrang, à bord du «Dana, » et fut reçu à l’Institut ds Cauda,
je n’avais pu lui signaler que la référence d’un auteur déjà ancien,
Tirant. Ce dernier a en effet inclus V Anguilla Elphinstonei Sy Kes,
(= bengalemis, Gray) dans sa liste des Poissons de la Rivière de
Hué Je précisais, d’ailleurs, que je n’avais, moi-même, jamais
réobservé d’ Anguille en Indo-Chine et que la détermination de
fiRANT me paraissait sujette à caution. Toutefois, j’ajoutais que
Krempf dès 1925 avait attiré l’attention sur la capture de Lepto-
céphales dans les pêches pélagiques faites la nuit à la lumière élec-
trique à bord du « De Lanessan » au large du Golfe du Tonkin
et jusque sur les côtes du Sud Annam, à la hauteur de Nhatrang.
Voilà où en était le problème de l’Anguille dans la mer de Chine
lorsque tout récemment, le Service de Pisciculture de l’Institut
des Recherches Agronomiques de Hanoï m’a envoyé un poisson,
nommé càlinh ou càthiêt linh en Tonkinois, pêché dans le fleuve,
1. J. Schmidt. On tlie distribution of the fresh-waters Eels (Anguilla) throughout
the World. II. Indopacific région. (D. Kgl. Danske Vidensk. Selskab. Skrifter, Natur-
videnskahe. og Mathem. Afd., 8, Raekke, 10, 4, p. 359, pl. I et II, 1925).
2. G. Tirant. Mémoire sur les Poissons de la Rivière de Hué (Bull. Soc. Et. Indoch.,,
1883), réimprimé in-6“ Note Inst. Océan. Indoch., 1929, p. 31.
• Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 1, 1936.
5
— 66 —
à Thanh-Tri (province de Hadong) et que j’ai reconnu comme étant
V Anguilla japonica Schlege], espèce des régions tempérées du
Pacifique N. W.
Cette découverte présente un triple intérêt :
1° En remettant en cause l’exactitude de la détermination de
Tirant, elle permet de rattacher à cette question la découverte
des larves léptocéphales faite à bord du « De Lanessan » dès 1925,
2° Elle étend à tout le Nord de l’Indo-Chine l’aire de répartition
à' Anguilla japonica.
3® A un point de vue plus général, elle vient à l’appui des concep-
tions exposées à plusieurs reprises, d’abord par Krempf, et ensuite
par moi-même, sur les lois de la circulation des eaux dans la mer
de Chine.
1° En ce qui concerne les observations de Tiraut, il devient
possible que celui-ci ait réellement vu des Anguilles à Hué ; mais
il reste probable que sa détermination spécifique est erronée,
VA. Elphinstonei n’existant, en effet, que sur le versant W. de
r Indo-malaisie et le genre Anguilla faisant totalement défaut à
Malacca et dans le golfe de Siam, d’après Schmidt b
2® L’aire de répartition d’A. japonica dont la limite méridionale,
avant l’observation que nous rapportons ici, était File de Hainan
doit désormais englober le delta Tonkinois.
3° Enfin rappelons que Krempf avait établi dès 1928, que les
côtes orientales de la Péninsule indochinoise étaient le siège de
courants froids, d’origine septentrionale, profonds, permanents,
ne changeant point de sens durant le cours de toute l’année, malgré
l’inversion semestrielle des moussons ; tandis que sur l’autre bord
de la mer de Chine, c’est-à-dire sur les côtes occidentales des Phi-
lippines régnaient des courants côtiers de sens inverse, transpor-
tant des eaux chaudes d’origine méridionale
J’ai moi-même apporté, à l’appui de cette conception, diverses
preuves océanographiques (disposition des isothermes le long des
côtes indochinoises) ^ et biologiques (présence de poissons de la
faune japonaise en Annam) (répartition géographique du Requin-
Baleine)
1. J. Schmidt. Danish Eel Investigations during 25 years (1905-1930), Copenh.,
1935, p. 7, fig. 11.
2. Nichols et Pope. The fishes of Hainau, Bull. Am. Mus. Nat. Hist., 54, p. 326,
fig. 1.
3. A. Krempf. Rapport sur le fonctionnement de l’Institut Océanographique de
l’Indochine en 1928-29, pp. 12-13 (13® Note de l’Inst. Océan. Indoch., 1929) et Rap-
ports des années suivantes.
4. P. Chevey et P. Carton. Les courants de la Mer de Chine méridionale et leurs
rapports avec le climat de l’Indochine, 26® Note Inst. Océan. Indoch., 1934.
5. P. Chevey. Répartition verticale de la faune ichtyologique devant les côtes
de l’Indochine française. C. R. Ac. Sc., 199, n® 19, p. 980, 5 nov. 1934.
6. P. Chevey. Échouage d’un Requin-Baleine (Rhineodon iypus) en Cochinchine.
Résumé de nos connaissances sur ce Poisson. 28® Note Inst. Océan. Indoch., 1935.
— 67 -
IHHI Anguilles des régions tempérées (A. japonica).
Distribution d’A. japonica en Indochine française.
Or il se trouve que Schmidt, sans soupçonner l’existence des
courants découverts par Krempf, établit ainsi la répartition des
Anguilles autour de la mer de Chine : dans le Sud-Ouest et le Sud
aucune Anguille. A l’Est (Philippines), 5 espèces : A. manillensis,
A. maurltiana, A. celehesensis, A. pacifica, A. Spengeli. Au Nord
et au Nord-Ouest, 2 espèces à Formose : A. mauritiana qui trouve
là sa limite Nord et A. japonica ; 1 espèce au Japon, en Chine et
à Hainan : A. japonica, qui doit désormais être citée aussi du
Tonkin.
On conviendra qu’il est frappant de constater à quel point cette
répartition cadre avec nos conceptions sur les courants de la Mer
de Chine, surtout si l’on songe qu’il s’agit d’animaux à larves
flottantes.
Dans l’Est où ces courants amènent des eaux chaudes jusqu’à
une latitude relativement élevée, les Philippines sont peuplées
d’ Anguilles d’origine tropicale dont l’extrême avant-garde remonte
jusqu’à Formose avec VA. Mauritiana.
— 68 —
Dans le Nord-Ouest, au contraire, où ces courants amènent des
eaux froides jusqu’à une altitude relativement basse, seule A. japo-
nica, espèce nordique, est signalée et son aire d’extension doit
désormais englober une partie des côtes orientales de l’Indochine
française le long desquelles nous avons précisément décelé l’exis-
tence de courants froids.
C’est d’ailleurs l’extension vers le Sud de ces mêmes courants
qui me fait conclure à l’impossibilité de l’existence à Hué et dans
le centre Annam, d’A. Elphinstonei, espèce tropicale. Tirant a
peut-être observé, en la circonstance, A. japonica.
Quoi qu’il en soit sur ce dernier point, il n’est pas impossibb'
que l’Anguille, si elle existe à Hué, soit aujourd’hui devenue l)(;au-
coup moins commune dans la rivière des Parfums qu’au tcnrqis
où Tirant a pu l’observer et voici pourquoi. La rivière de Hué
ne communique avec la mer que par l’intermédiaire d’une vaste
lagune dont la passe étroite et variable a changé plusieurs fois
de physionomie sous les yeux des hommes, et même depuis l’arrivée
des Français en Annam. Tout récemment enfin, poursuivant un
programme de grande envergure, les Travaux Publics ont construit
dans la passe actuelle, en vue de la supprimer, un barrage qui a
complètement modifié les caractéristiques biologiques de la lagune
et de la rivière. C’est peut-être là qu’il faut aller chercher l’expli-
cation de l’échec des recherches récemment effectuées pour retrou-
ver l’Anguille à Hué. Si elle y existe encore, elle y est certainement
rare.
— 69 —
Pauropodes DU Muséum N ational d H istoire N aturelle. il
PAR Paul Remy.
(Strasbourg)
Lts Pauropodes étudiés dans cette note proviennent des stations
suivantes, où ils ont été récoltés soit par d’obligeants collègues,
soit par moi-même :
1. Haute-Saône. Région de Preigney (bordure E. du Plateau
de Langres), sous des pierres dans les jardins et cours de fermes,
2-5 septembre 1935 ;
2. Dijon. Jardin botanique, sous des souches pourries, 1®^ août
1935 ;
3. Forez. Saint-Germain-Laval, sous des pierres dans un taillis,
rive droite de l’Aix, 16 août 1935, avec le Prof. P. de Beauchamp ;
4. Auvergne. Région de Besse (massif des Monts-Dore), feuilles
mortes des hêtraies, ait. 850-1.350 mètres, 2-15 août 1935 (plusieurs
récoltés par Luc Olivier, de Clermont-Ferrand, et M.-R.
Zerling, de Paris).
5. Bretagne. Forêt de Rennes, 14 novembre 1935 (P. Pesson
leg.) ;
6. Sinaïa (Roumanie), feuilles de Hêtre de la forêt, sur le mont
Cumpàtul (ait. 880 mètres), 1929-1931 (M, A, Jonescu leg.) ;
7. Dohrogea (Roumanie). Bazargic, feuilles mortes de Chêne, 1931
(C. Manolache leg.).
L Stylopauropus pedunculatus Lubbock. 3. (1 ad. à plaque
anale intermediaire entre le type danois et le type italien) ; 4. (60 ad.,
24 1. à 8 pp., 18 1. à 6 pp., 22 1. à 5 pp., 18 1. à 3 pp., tous à plaque
anale du type danois ; cf. Hansen, 1902) ; certains récoltés par
L. Olivier et Zerling.
2. S. pubescens Hansen. 3, (4 ad., 5 1. à 8 pp., 2 1. à 6 pp.) ;
6 (1 1. à 8 pp.).
3. Pauropus Huocleyi Lubbock. 4 (3 ad., 2 1. à 8 pp., 2 1. à 5 pp.,
1 1. à 3 pp., tous à plaque anale analogue à celle des exemplaires
danois et allemands de Hansen, 1902).
4. P. furcifer Silvestri. 3 (1 ad., 1 1. à 8 pp., 1 1. à 6 pp., 1 1. à
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 1, 1936.
70 -
5 pp.) ; 4 (17 ad., 1 1. à 8 pp., 1 1. à 6 pp.) ; 6 (4 ad., 2 1. à 6 pp.,
1 I. à 5 pp.).
5. Allopauropus (Decapauropus) sabaudianus Remy. 1 (2 ad.,
2 1. à 9 pp.) ; 4 (7 ad., 5 1. à 9 pp., 3 1. à 6 pp., 1 1. à 5 pp., 2 1. à 3 pp.) ;
5 (3 ad.).
6. A. (D.) Cuenotl Reiny. 4 (1 1. à 9 pp.).
Fig. 1. — Allopauropus (A.) Zeiiingae n. sp. ^ ■"'d. Antenne droite face tergale.
(Vaucoux près ]3esse).
7. A. (^.) hreçisetus Silvestri. 6 (nombreux individus) ; 7 (5 ad.,
1 1. à 5 pp.). L’espèce n’était connue que d’Italie (de la Toscane
à la région de Naples) et d’Angleterre (Rath district, Northuniber-
land) ; les cornes submédianes de la plaque anale sont striées trans-
versalement ; leur région moyenne est relativement plus épaisse
chez les exemplaires de Bazargic que chez ceux de Sinaïa et d’Italie.
8. A. [A.) Hessei Remy. 6 (3 ad. 5). N’était connu que par
une $ ad. de Bourgogne. Les exemplaires de Sinaïa sont longs
de 0,68-0,70 mm. ; à leur rameau antennairc sternal, le flagelle
postérieur dépasse le double ( 9/4) du flagelle antérieur ; l’amin-
— 71
cissement de la région distale de leur trichobothrie III est plus
accentué que celui que j’ai figuré chez le type. Au tergum pygidial,
les soies submédianes, à peu près égales à leur écartement ainsi
qu’aux soies intermédiaires, sont environ les 2/3 des soies latérales.
9. A. (A.) heli^eticus Hansen var. obtusicornis Remy. 1 (1 ad.) ;
2 (1 ad.) ; 3 (1 ad.).
10. A. {A.) vulgaris Hansen. 1 (5 ad., 4 1. à 8 pp., 1 1. à 6 pp.) ;
2 (1 1. à 6 pp.) ; 3 (2 ad.) ; 4 (82 ad., 14 1. à 8 pp., 23 1. à 6 pp., 4 1.
Fig. 2. — Allopauropus (A.) Zerlingae n. sp. o* ad. Pygidium face sternale;
la soie 6® gauche est anormale. (Vaucoux près Besse).
à 5 pp. ; plusieurs recueillis par L. Olivier et Zerling) ,
5 (5 ad., 2 1. à 3 pp.).
11. A. {A.) gracilis Hansen. 3 (3 ad., 2 1. à 8 pp., 2 1. à 6 pp.,
1 1. à 5 pp.) ; 4 (4 ad., 1 1. à 8 pp., 1 1. à 6 pp.).
12. A. (A.) sequanus Remy. 1 (2 ad., 1 1. à 6 pp.) ; 4 (3 ad. dont
la plaque anale a l’aspect de celle représentée fig. 9 A par Remy,
1930 ; 1 1. à 5 pp.).
13. A. (A.) Zerlingae n. sp. 4 : bois de Vaucoux, 16 ad. (5 o^,
10 9, I sexe ?), 3 1. à 8 pp. (1 cr^, 2 sexe ?), 1 1. à 6 pp., Zerling
72 —
leg. ; bois de la Reine et de Chilozat, 1 ad. ; bois de Berbelade,
1 ad. a^, 1 1. à 8 pp. ; bois de Biavouin. 1 ad. $, 1 1. à 8 pp. ; puy de
Montcineyre, 1 ad. $, 2 1. à 8 pp. — Types ; Vaucoux.
Long, des ad. = 0,75 — 0,92 mm. ; des 1. à 8 pp. = 0,60 mm. ;
de la 1. à 6 pp. = 0,50 mm.
Adulte. — Tête. Poils des quatre rangées tergales claviformes,
finement annelés ; les intervalles entre les submédians d’une même
paire sont entre eux comme 14 (R® rangée), 13 (2^ r.), 33 (3® r.)
et 15 (4® r.).
« Ocelles » plus courts (3/4) que leur écartement minimum.
Antennes (fig. 1). Au 4® article de la hampe, le poil tergal p est
un peu plus long (6/5) que le poil antérieur p’, qui est égal au rameau
tergal t ; près de l’articulation de celui-ci, un poil tergal très court u.
Rameau tergal subcylindrique, de 5 fois à 5 fois 1/2 plus long que
large, sa longueur égale aux 5/12 de celle de son flagelle F Rameau
sternal s légèrement élargi du côté distal, de 2 fois 1/3 à 3 fois
plus long que large ; sa longueur, sensiblement égale à celle du
poil sternal q, est les 4/5 environ de celle du rameau tergal ; le
flagelle antérieur F ^ est un peu plus court (10/11) que le posté-
rieur F qui est presque égal au double de la longueur du rameau
tergal ; globule g relativement grand ; son diamètre équatorial,
un peu supérieur (10/7) à la longueur du pédoncule, est égal ou
un peu supérieur à la largeur du rameau tergal.
Tronc. Poils tergaux relativement longs, striés transversalement ;
les deux situés près du bord postérieur du tergite VI sont atténués
distalement, plus longs (7/5 à 8/5) que leur intervalle. Trichobo-
thries III subcylindriqnes dans la région moyenne, amincies légè-
rement du côté du bulbe, effdées du côté distal. Pattes locomotrices
relativement longues.
Pygidium (fig. 2). Tergum. Soies submédianes a ^ égales ou supé-
rieures au double de leur écartement, un peu plus grandes que les
soies intermédiaires a celles-ci étant sensiblement plus courtes
(env. 10/17) que les soies latérales a ® ; l’écartement des intermé-
diaires, un peu inférieur à celui des latérales, est presque le quadruple
de celui des subraédianes. Tous ces phanères atténués du côté
distal, à fines stries transversales ; de même les styles st, qui sont
rectilignes, inclinés l’un vers l’autre ; la longueur de ceux-ci est égale
aux 2/3 de leur écartement, qui est un peu plus grand que celui
des soies submédianes.
Sternum. Bord postérieur formant 3 lobes triangulaires ; un
médian à sommet très obtus et 2 latéraux plus proéminents, por-
tant les deux soies postérieures b Celles-ci subcylindriques, par-
fois un peu dilatées distalement, sont annelées, environ 1 fois 3/5
plus longues que leur écartement ; soies latérales b ^ amincies dis-
— 73
talement, finement striées, égales à environ 1 fois 1/2 l’écartement
des soies submédianes tergales ; soies antérieures un peu plus
courtes que les latérales, leur écartement étant un peu supérieur
à celui des soies postérieures, — Plaque anale à région antérieure
trapéziforme, rétrécie vers l’avant ; à région postérieure constituée
par 2 lobes arrondis, séparés l’un de l’autre par une incision médiane
en pointe ; tout près de l’extrémité postérieure de chacun de ces
lobes, face sternale, est inséré un court appendice cylindrique ou
légèrement claviforme, faiblement annelé ; ces deux appendices
sont un peu divergents et sont dirigés vers l’arrière en pointant
parfois du côté sternal.
Fig. 3. — Scleropauropus Grassei n. sp. Ç ad. Pygidium face tergale. — A droite,
f = rameau antennaire tergal. (Puy de Montchalm près Besse).
"Paxinomie. La plaque anale d’A. Zerlingae est cordiforme comme
celle d’yl. sequanus, mais les appendices de cet organe sont rela-
tivement beaucoup plus courts chez A. Z. que chez A. s. ; de plus,
ils sont subapicaux chez le premier, latéraux chez le second ; enfin,
les deux formes se distinguent facilement l’une de l’autre par les
caractères des antennes (longueurs relatives des rameaux et de
leurs flagelles), par la forme des trichobothries III, par la forme
et la disposition des phanères pygidiaux. A, Z. est à rapprocher
d’>4. danicus Hansen.
14. Scleropauropus Grassei n. sp. 4 : puy de Montchalm,
9 ad. (3 c/’, 3 -9? 3 sexe ?) ; cirque de Chaudefour, 2 ad. Ç. — Types :
Montchalm.
Longueur == 0,60 ■ — ■ 0,78 mm.
1. Dédié au Prof. P.-P. Grassé, Directeur de la Station biologique de Besse (Faculté
des Sciences de Clermont-Ferrand), où il m’a procuré les plus grandes facilités de
travail du 2 au 15 août 1935.
- 74 —
Tête. Poils tergaux ensiformes, légèrement pubescents (au moins
les plus longs), leur disposition étant analogue à celle qu’on observe
chez les Stylopauropus, Pauropus et Allopauropus ; chaque poil
sublatéral de la 4® rangée est inséré près de T « ocelle » correspondant.
« Ocelles » plus courts que leur écartement maximum.
Antennes. Rameau tergal subcylindrique environ trois fois plus
long que sa largeur maximum, qui est atteinte vers le début du
1/4 distal (fig. 3, t) ; sa longueur, sensiblement égale au 1/3 de celle
de son flagelle, dépasse légèrement (env. 8/7) celle du rameau sternal.
Celui-ci, environ 2 fois 1/2 plus long que large, est tronqué dans
la région antéro-distale, comme chez les Allopauropus ; son flagelle
Fig. 4. — Scleropauropus Grassei n. sp. ÿ ad. Pygidium face sternale. (Puy de
Montchalm près Besse).
antérieur est un peu inférieur à la moitié (3/7) du flagelle postérieur,
lequel est un peu plus court que le flagelle tergal. Globule environ
2 fois plus large que la longueur de son pédoncule.
Tronc. Poils tergaux ensiformes, légèrement pubescents (au
moins les plus longs), disposés comme suit : sur le tergite I, 2 rangs
transversaux de 4 ; sur II, III, IV et V, 2 rangs de 6, les tricho-
bothries étant entre les deux rangs ; sur VI, un rang de 6 en avant
des trichobothries V, un rang de 2 en arrière d’elles ; tout contre
le bord postérieur de la tête, 2 poils latéraux ensiformes. Tricho-
bothries I et II filiformes, très flexibles, à pubescence fixe ; tr. III,
IV et V robustes, atténuées distalement (les tr. III amincies aussi
du côté du bulbe), à pubescence courte, peu fournie; les tr. III
égales aux 3/4 environ des tr. V.
Segmentation et chétotaxie des pattes comme chez les Allo-
pauropus ; le poil du tibia et le poil proximal du tarse sont spini-
formes ; le poil distal du tarse est annelé, piibescent ; les 2 poils
— 75
basilaires des pattes locomotrices et des moignons du segment I
bifurques, un des rameaux étant rudimentaire, sauf aux p. loc. IX ;
les grands rameaux sont annelés.
Pygidium (fig. 3 et 4). Tergum à bord postérieur pourvu d’un
lobe médian pentagonal, très proéminent ; soies submédianes a ^
et soies intermédiaires a ^ ensiformes ; soies latérales a ^ insérées
un peu sternalement, atténuées distalement, légèrement arquées,
pubescentes, un peu plus courtes que l’écartement des soies submé-
dianes. Styles St très courts, insérés à peu près à l’aplomb des
soies submédianes.
Sternum portant près de son bord postérieur un lobe médian
légèrement bilobé. Soies postérieures h ^ presque égales à leur
écartement ; leur épaisseur croît à partir de la base jusqu’au 1/4
de la longueur, puis s’atténue jusqu’au voisinage de l’extrémité
distale, qui est faiblement renflée ; ces soies sont striées transver-
salement, légèrement pubescentes ; soies latérales absentes ; soies
antérieures è ^ un peu atténuées distalement, annelées, faiblement
pubescentes, presque égales à la moitié de leur écartement. La
plaque anale a des bords latéraux convexes, divergents vers l’arrière ;
son bord postérieur présente une profonde incision médiane trian-
gulaire et deux incisions latérales arrondies, moins accentuées ;
ces trois encoches sont limitées par quatre cornes : deux latérales,
triangulaires, légèrement divergentes, deux submédianes cylin-
driques, striées transversalement, beaucoup plus longues que les
latérales, presque parallèles, généralement arquées (concavité
sternale) ; à la base de chaque corne submédiane, du côté tergal,
se trouve un appendice plus court, atténué distalement ; le rap-
port longueur totale de la plaque (y compris les cornes submé-
dianes) : largeur maximum de l’organe (intervalle entre les extré-
mités des cornes latérales) = 1,8 à 2.
Taxinomie. Il est difficile de préciser les rapports de cette forme
avec iS. hastifer Silvestri (de Marino près Rome), dont nous igno-
rons les caractères de la plaque anale ; cependant, les deux formes
peuvent être distinguées aisément en examinant les trichobo-
thries III, fortement claviformes chez l’espèce romaine, atténuées
distalement chez l’auvergnate. Notre espèce diffère à première
vue aussi de S. portitor Rerny, des Pyrénées-Orientales, dont
chacun des 5 premiers tergites du tronc portent de très nom-
breux poils ensiformes, dispersés sans ordre bien défini. Elle
se rapproche davantage de S. Hanseni Bagnall, forme anglaise
à laquelle appartient peut-être le S. que j’ai rencontré en Bour-
gcrgne (Bull. Soc. scient. Bourg., IV, 1935, p. 60-69). L’espèce
d’Angleterre et celle d’Auvergne se distinguent facilement par
les caractères suivants : la région distale des trichobothries III
- 76 —
est dilatée chez S. Hanseni, amincie chez S. Grassei ; les poils
de la rangée antérieure du tergite VI sont au nombre de 4 chez H.,
de 6 chez G. ; la plaque anale de H. est relativement plus large
que celle de G ; en outre le nombre, la forme et la taille des appen-
dices de cet organe ne sont pas les mêmes chez les deux animaux.
Institut de Zoologie et de Biologie générale, Faculté des Sciences de Strasbourg.
Station biologique de Besse, Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand.
— 77
Sur le développement postembryon n aire des Pseudo-
scorpions ((Quatrième note).
Les l'ormules chaetotaxiques des pattes-mâchoires.
PAR Max Vachon.
La nomenclature chaetotaxique des doigts des pattes-mâchoires
a été établie par J. G. Chamberlin de la manière suivante : doigt
mobile : une série externe de 4 poils, t, st, sb, b ; doigt fixe ; une série
externe de 4 poils, et, est, esb, eb, une série interne de 4 poils, it, ist,
isb, ib, soit en tout 12 poils.
La simplicité de cette nomenclature facilite grandement les
descriptions. Grâce à elle, la chaetotaxie des pattes-mâchoires a
pris une grande importance en systématique. Or cette nomencla-
ture n’est pas appliquée chez tous les Pseudoscorpions. Certains
adultes ont moins de 12 poils et il est actuellement impossible
de déterminer ceux qui manquent. Pour ces cas aberrants les for-
mules chaetotaxiques données peuvent différer suivant les auteurs.
De plus, cette nomenclature n’est pas employée pour la chaetotaxie
larvaire parce que, jusqu’à présent, le nombre des poils tactiles
larvaires n’est pas connu avec précision.
Je me propose, dans cette note, de montrer comment on peut
facilement établir une nomenclature valable pour tous les cas
connus.
La méthode employée, déjà signalée dans un précédent travail (5)
est simple. Chez une espèce donnée, les formules chaetotaxiques
sont établies, en partant de l’adulte, d’abord chez la nymphe,
puis chez la troisième larve, puis chez la seconde. Par comparaison
des positions relatives des poils, des aréoles, tenant compte de
la direction des poils, de leur forme..., etc., il est relativement
facile d’établir une suite de formules. Nous considérerons d’abord
celles des larves de la série normale (12 poils chez l’adulte) pour
passer ensuite à celles des Pseudoscorpions qui, adultes, ont moins
de 12 poils tactiles.
Grâce à M. le Prof. Ch. Gravier, à qui j’exprime ici mes
remerciements, j’ai pu examiner un grand nombre de larves des
collections du Muséum national d’ Histoire naturelle.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n** 1, 1936.
- 78 —
Dans la catégorie normale les exemplaires étudiés se répartissent
ainsi dans les trois sous-ordres de Pseudoscorpions.
Cheiuferinea.
F. Atemnidae : Titanatemnus montanus Beier, T itanatemnus
congicus Beier.
F. Chernetidae : Lasiochernes pilosus Ellingsen ; Allochernes
italiens Beier ; N udochernes montanus Beier, Nudochernes nidi-
cola Beier ; Chernes rufeolus E. Simon, Chernes cimicoides
Fabricius ; Dendrochernes cyrneus L. Koch ; Hesperochernes
tamiae Beier.
F. Chelîferîdae : Withius hispanus L. Kocli ; Hysterochelifer
meridianus L. Koch Hysterochelifer tuberculatus Lucas ; Chelifer
concroides Linné ; Dactylochelifer latreilli latreilli Leach ; Rha-
cochelijer maculatus L. Koch, Rhacochelifer peculiaris L. Koch.
Neobisiinea.
F. Neobisîidae : Neohisium simile L. Koch, Neobisium simoni
L. Koch, Neobisium muscorum Leach, Neohisium jugorum
lu. Koch, Neobisium erythrodactylum L. Koch, Rlothrus abeilli
E. Simon ; Roncus alpinus L. Koch.
F. Olpiidae : Minniza oermis E. Simon (d’après description
de J. C. Chamberlin ^ fig. L. et M.
F. Garypidae : Geogarypis nigrimanus E. Simon, Garypus
beauooisi Savigny.
Chïhoniinea :
F. Chthoniidae ; Chthonius ischnocheles LIermann ; Ephippio-
chthonius tetrachelatus Pryessler.
Voici mes conclusions :
Ainsi que je l’ai déjà signalé (6), toutes les nymphes possèdent
10 poils tactiles par main (7 au doigt fixe et 3 au doigt mobile),
toutes les larves III 8 poils (6 au doigt fixe et 2 au doigt mobile),
toutes les larves II, 4 poils (3 au doigt fixe et I au doigt mobile).
2° Dans chaque sous-ordre, les formules chaetotaxiques sont
constantes pour un stade considéré, quelle que soit l’espèce envi-
sagée et varient très peu d’un sous-ordre à l’autre ainsi que le
montre le tableau de la page suivante.
Ainsi que je l’ai déjà dit (6), chez les Pseudoscorpions dont les
adultes ont moins de 12 poils tactiles, les présents correspondent
toujours en nombre et direction à ceux de l’un des stades larvaires
de la catégorie normale. On peut donc admettre que, chez ces
espèces, les doigts des pattes-mâchoires en ce qui concerne leur
79
chaetotaxie, sont restés à l’un des stades larvaires normaux. Un
Pseudoscorpion à nombre réduit de poils tactiles doit donc avoir
même formule chaetotaxique qu’une des larves de la catégorie
normale. Exemple : Microbisium dumicola adulte possède au
doigt mobile 3 poils dirigés vers l’extérieur. Une nymphe du sous-
ordre des Neohisiinea, auquel appartient M. dumicola, possède
toujours 3 poils analogues t, st, h. Il semble donc permis d’appeler
aussi t, st, b les 3 poils de l’adulte de M. dumicola. On dira que
cette espèce est restée, en ce qui concerne la chaetotaxie considérée,
au stade nymphaire. Au doigt fixe, M. dumicola possède 4 poils
externes et 3 internes. Toutes les nymphes du sous-ordre ont aussi
4 poils externes et 3 internes : et, est, esb, eb, it, ist, ib. Nous pou-
vons donc nommer de même les poils tactiles du doigt fixe de
M. dumicola, resté pour sa chaetotaxie au stade nymphaire. La
formule de l’adulte sera donc :
d. fixe : et, est, esb, eb, it, ist, ib.
d. mobile : t, st, b.
Les formules des larves de M. dumicola, établies en partant
de cette formule d’adulte, seront :
, d. mobile : t, st, b.
^ ^ d. fixe : et, est, esb, eb, it, ist, ib.
larve 111 '
I d. fixe : et, est, eh, it, ist, ib.
larve
JJ \ d. mobile : t.
^ d. fixe : et, eb, ist.
Si l’on compare ces formules à celles des larves de N eobisiinea
(tableau précédent), on en constate l’identité. Ainsi, chez l’adulte
et chez les larves de M. dumicola, les formules chaetotaxiques sont
celles des larves du sous-ordre auquel appartient cette espèce.
L’étude chaetotaxique de Cheiridiurn museorum Leach conduit
1. Les poils écrits en romain sont ceux qui varient d’un sous-ordre à l’autre.
80 -
à la même constatation : les formules des adultes et des larves de
cette espèce sont identiques à celles des larves du sous-ordre des
Cheliferinea auquel C. museorurn appartient. On remarque cepen-
dant que les deux doigts ne sont pas restés au môme stade larvaire,
en ce qui concerne leur chaetotaxie. Le doigt mobile chez l’adulte
est resté au stade nymphaire : et, est, esb, eh, it, ish, ib, alors que le
doigt mobile est resté au stade de la larve III : t, b. Cela n’ernpêche
pas les larves III de C. museorurn de posséder une chaetotaxie
normale de larve III de Cheliferinea, c’est-à-dire au doigt mobile :
t, b, au doigt fixe : et, est, eh, it, ish, ih.
Faute de matériel, je n’ai pu malheureusement étendre mes
observations. J’accepte cependant la règle suivante :
Un Pseudoscorpion appartenant à la catégorie où le nombre des
poils tactiles est inférieur à 12 chez V adulte, possède, tant au stade,
adulte qu aux différents stades larvaires, une formule chaetotaxique
qui est celle de l'une des larves de la catégorie normale.
En résumé, il suffit de savoir à quel stade chaetotaxique est
resté un doigt de Pseudoscorpion pour en connaître facilement
la formule. Les règles suivantes ne sont que les applications pra-
tiques des considérations précédentes :
Doigt mobile :
lo Un poil (formule larve II) t, quelle que soit l’espèce envi-
sagée.
2o Deux poils (formule larve 111) t, b, pour les espèces de Neohi-
siinea et de Cheliferinea ; t, st, pour celles de Chihoniinea.
3° Trois poils (formule nymphaire) toujours t, st, b.
4° Quatre poils (formule adulte) toujours t, st, sb, h.
Doigt fixe.
1° Trois poils (formule larve II) ; et, eb, ist, chez les Chthoniinea
et Neohisiinea.
et, eb, ish, chez les Cheliferinea.
2^ Six poils (formule larve III) :
et, est, eb, it, ist, ib, chez les Chthoniinea et Neohisiinea.
et, est, eb, it, ist, ib chez les Cheliferinea.
3° Sept poils (formule nymphaire) :
et, est, esb, eb, it, ist, ib, chez les Chthoniinea et les Neobisiinea.
et, est, esb, eb, it, isb, ib chez les Cheliferinea.
4° Huit poils (formule adulte) ;
et, est, esb, eb, it, ist, ib partout.
Voici pour terminer la liste des formules chaetotaxiques chez
— 81
les adultes qui ont moins de 12 poils tactiles, formules jusqu’alors
douteuses ou non établies.
Chthoniinea.
Tribu des Pseudotyrannochthoniini : 11 poils,
d. mobile (formule adulte) : t, st, sb, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eh, it, ist, ih.
Cette formule correspond à celle donnée par Max Beter (3), p. 69.
Neobisiinea.
Genre Microbisium : 10 poils.
d. mobile (formule nympbaire) : t, st, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, ist, ib.
(iette formule est celle de J. C. Chamberlin (1), fig. 35 N et Max
Bejer (2), p. 136, fig. 168.
Genre Afrobisium : 9 poils.
d. mobile (formule nymphaire) : t, st, b.
d. fixe (formule larve III) : et, est, eb, it, ist, ib.
Cette formule n’est pas celle donnée par M. Beier (2) p. 78.
Genre Gymnobisium ; 8 poils.
d. mobile (formule larve III) : t, b.
d. fixe (formule larve III) : et, est, eb, it, ist, ib.
(iette formule n’était pas établie.
Genre Hyarinus : 11 poils.
d. mobile (formule nymphaire) : t, st, b.
d. fixe (formule adulte) : et, est, esb, eb, it, ist, isb, ib.
C'.ette formule n’est pas celle donnée par J. C. Chamberlin (1),
fig. 36 B, et M. Beier (2) p. 164.
Genre Solinus : 10 poils.
d. mobile (formule larve III) : t, b.
d, fixe (formule adulte) : et, est, esb, eb, it, ist, isb, ib.
Cette formule ne correspond pas aux deux formules différentes
données par J. C. Chamberlin (1) fig. 37 C et M. Beier (2) p. 214.
Genre Larca : 9 poils.
d. mobile (formule larve III) : t, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, ist, ib.
Cette formule diffère de celle donnée par J. C. Chamberlin (1)
fig. 37 R.
Genre Anagarypus : 8 poils,
d. mobile (formule larve II) : f.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, ist, ib.
Bulletin du Muséum, 2* s., t. VIII, 1936. 6
V
Cette formule diffère de celle donnée par J. C. Chamberlix (1)
fig. 37 V et de ce le donnée par M. Beier (2) p. 225.
Genre Geogarypus ( G. fiehrigi et G. tennis) : 11 poils,
d. mobile (formule adulte) : t, st, sb, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, ist, ib.
Cette formule est celle indiquée par J. C. Chamberlix (4) et
M. Beier (2) p. 232 et 234.
Genre Synsphyronus.
d. mobile (formule larve III) : t, b.
d. fixe (renseignements incomplets).
Chei.iferinea.
Genre Pseudocheiridium ; aucun renseignement.
Genre Afrocheiridiurn : 10 poils.
d. mobile (formule nymphaire) : t, st, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, isb, ib.
Cette formule n’était pas établie.
Genre Cheiridium : 9 poils.
d. mobile (formule larve llli : t, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, isb, ib.
Cette formule n’était pas établie.
Genre N eocheiridium : 8 poils,
d. mobile (formule larve II) : t.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, isb, ib
Aucune formule n’était établie.
Genre Apocheiridium : 8 poils,
d. mobile (formule larve II) : t.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, isb, ib.
Cette formule diffère de celle donnée pour le doigt fixe par
J. C. Chamberlin fig. 38 E.
Genre Cryptocheiridium : renseignements incomplets.
Genre Sternophorus : 10 poils.
d. mobile (formule nymphaire) : t, st, b.
d. fixe (formule nymphaire) : et, est, esb, eb, it, isb, ib.
Cette formule n’est pas celle établie par J. C. Chamberlin (1)
fig. 38 /.
Genre Garyops ; aucun renseignement.
Je crois avoir montré qu’il est possible de préciser les formules
chaetotaxiques jusqu’alors douteuses ou d’en établir de nouvelles.
On peut considérer comme probable la généralisation de l’excellente
nomenclature de J. C. Chamberlin. Une telle généralisation unifie-
— 83 -
rait les descriptions et augmenterait encore l’importance systéma-
tique de la chaetotaxie.
Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Dijon.
BIBLIOGRAPHIE
1. J. G. Chamberlin, 1931. — The Arachnid Order Chelonethida. Stanford
University Publications, vol. VII, n° 1.
2. Max Beier, 1932. — Pseudoscorpionidea I. Lieferung .Das Tierreich.
3. Max Beier, 1932. — Pseudoscorpionidea II. Lieferung 58. Das Tierreich.
4. J. -G. Chamberlin, 1930. — A Synoptic Classification of the False.
Scorpions Part IL Annals and Magazine of Natural History. Séries 10.
T. 5.
5. Max Vachon, 1934. — Sur le développement post-embryonnaire
des Pseudoscorpionides. Première note. Bull. Soc. Zool. de France,
t. LIX, p. 154.
6. Max Vachon, 1934. — Idem. Bull. Soc. Zool. de France, t. LIX,
p. 405.
— 84 --
Observations sur les Acariens série)
PAR F. Grandjean.
1. Les fissures des pattes.
Les fissures soiil des organes particuliers aux Arachnides. On
sait qu’elles peuvent se placer côte à côte, parallèlement, et former
des groupes lyriformes ; mais il arrive plus fréquemment qu’elles
soient isolées comme sur le corps des Acariens (Bull. Mus. Hist.
nat. Paris, 2® série, t. VII, p. 201). Sur les pattes des Acariens il
y a des fissures isolées et des groupes d’un type nouveau et intéres-
sant que l’on peut appeler annulaire où quelques fissures sont en
file transversale et reliées par des fentes de l’ectostracum qui les
prolongent, de sorte que le groupe fait le tour d’un article qu’il
semble couper. Les fausses articulations des tarses et des fémurs,
chez les Mesostigmata, sont des groupes de ce genre.
Actînochitinosî. On ohseive constamment la présence d’une
petite coupure de l’ectostracum dans la région dorsoproximale
des tarses des Orilates, à toutes les pattes et à tous les états, à la
seule exception de la 4® patte de la protonymphe où la coupure
manque encore. J’ai assimilé d’abord cette petite coupure à celle,
bien plus grande, que l’on voit à la base de certains articles chez
les Mesostigmata (Bull. Soc. Zool. Fr., t. LX, p. 32, en note) ; mais
l’assimilation, sans être fausse, n’est pas très heureuse, puisque les
coupures des Mesostigmata sont des groupes annulaires. 11 fallait
surtout dire que la petite coupure du tarse est une fissure identique
à celles de l’hysterosoma. On voit très bien cette fissure quand on
regarde le tarse de dessus, car son canal est alors très apparent.
Les fissures tarsiennes sont les seules qui existent aux pattes
chez les Oribates. Elles sont toujours transversales et très voisines
de l’articulation avec le tibia. Elles sont presque toujours dorsales
mais descendent un peu quelquefois sur la pente opposée au plan
de symétrie. Au maximum du déplacement, dans quelques familles
très évoluées, elles sont latérales (antilatérales) sans s’être écartées
de l’articulation.
Ce que je viens de dire des Oribates s’applique à tous les Acti-
nochitinosi, sauf que la fissure tarsienne peut manquer à certaines
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 1, 1936.
— 85 ~
pattes ou à toutes les pattes. Chez Anystis par exemple, la fissure
existe à toutes les pattes. Elle est grande et courbée en demi-cercle.
Chez les Bdelles que j’ai observées la fissure n’existe qu’aux tarses
I et II ; elle est petite mais très nette, rectiligne. Les Astigmata
montrent en général une fissure au tarse I seul, plus rarement aux
tarses I et II seuls. Chez Allothromhium fuliginosum on voit diffi-
cilement la fissure aux tarses II, III et IV et je n’ai pas réussi à
la voir au tarse I. Dans un grand nombre de cas l’examen laisse
un doute, soit à cause de la mauvaise chitinisation, soit parce que
les fissures sont au contact de l’articulation avec le tibia, soit encore
parce qu’elles sont obsolètes et en voie de disparition. Il paraît
certain qu’elles manquent entièrement dans certains genres comme
Caeculus, car on n’en voit aucune trace et l’animal est assez gros
pour faciliter l’examen.
Anactinochitinosi. Chez les Gamases et les Uropodes les fissures
des pattes sont bien plus nombreuses. D’avant en arrière les tarses
ont une fissure isolée dorsale antérieure (ita), un groupe annu-
laire (Ut) et une fissure isolée postérieure qui est généralement
dorsolatérale (itp). Les fémurs ont un groupe annulaire (iif). Les
autres articles n’ont pas de fissures. Toutes les fissures sont trans-
versales. La fissure ita manque toujours au l®*" tarse et jamais aux
autres. Les groupes Ut et iif sont constants mais peuvent être incom-
plets et réduits à une seule fissure prolongée. La fissure itp est très
proximale et quelquefois difficile à voir. Peut-être a-t-elle disparu
dans certains genres.
Les figures 1 et 2 montrent en détail et dans diverses orien-
tations, à titre d’exemple, les fissures de la 3® patte d’une Gamase
(Pergamasus). Les bords des fissures et des fentes y sont représen-
tés en traits pleins mais il faut se rappeler que ces organes, ou ces
structures, ne paraissent pas traverser Tépiostracurn. On remarque
le tracé anguleux, irrégulier, des groupes annulaires. Cela vient de
leur caractère hétérogène.
Le groupe Ut (fig. 1) est formé de 3 fissures dont l’une est ventrale
(itv) et existe à tous les états tandis que les deux autres (it ol et
it 7t), qui sont latérales ou latérodorsales, l’une anti, l’autre para,
n’apparaissent qu’à la 1^® nymphe. Les 2 fissures ita et ütz sont reliées
par une fente dorsale qui apparaît aussi à la 1^® nymphe, mais qui est
prévue dès la larve par un affaiblissement de la cuticule. Dès son
apparition la fissure itç est prolongée longuement, de chaque côté,
par une fente (fig. 1, EFGH). Cette fente s’arrête en un point
qui ne changera plus dans la suite du développement. Il reste ainsi
un intervalle non coupé, petit mais très net, entre la fente ventrale
et chacune des fissures it a et it ~ (fig, 1, AC).
Le groupe iif (fig. 2) n’est peut-être formé que de 2 fissures dont
— 86 —
l’une est latérale (ifo.) et existe à tous les états, tandis que l’autre
(ifd) qui est dorsale ou paralatérodorsale, n’apparaît qu’à la
1^® nymphe. Les deux fissures i/a et ifd sont reliées dans les deux
sens par une fente qui apparaît aussi à la 1^® nyrnphe. La fente
coupe le fémur presque entièrement, sauf du côté paraxial où
Fig. 1. — Pergamasus rohusius Oudemap^s. R<^gion proximale et moyenne du tarse
de la patte III droite. A, B, C, D, chez un adulte ( d') dans les orientations latérale
antiaxiale, dorsale, latérale paraxiale, ventrale (X 310). E, F, G, H, chez une
larve dans les mêmes orientations ( X 400).
elle laisse un faible intervalle (fig. 2 C). 11 est possible que les fissures
ifa et ifd ne soient pas simples, mais composées chacune de 2 fis-
sures qui se suivent bout à bout.
Les figures 1 et 2 permettent la comparaison des états extrêmes.
La fissure ita est constante à tous les états. La fissure itp n’existe
pas chez la larve, mais on la voit bien dès la 1^® nymphe. J’ai repré-
senté entièrement le fémur de la larve pour y faire voir 3 petites
arêtes finement noduleuses (fig. 2, FG). Elles sont bordées chacune,
d’un seul côté semble-t-il, par une dépression. Des arêtes analogues
87
se voient chez les autres Mesostigmata. Elles disparaissent dès
la 1^® nymphe. Je ne sais pas ce qu’elles signifient.
Ce que je viens de dire pour la 3® patte peut être répété pour la 2®
à condition de remplacer anti par para et inversement suivant la
règle d’homologie parallèle, mais l’intervalle non coupé du fémur
est paralatéroventral. La 1^® patte diffère de la 2® en ce que la
fissure latérale du fémur est antiaxiale (dès la larve) ; de plus le
Fig. 2. — Pergamasus robuslus Oude.mans. Patte III droite. A, B, C, D, région proxi-
male du fémur d’un adulte ( cf) ( X 282 ). E, F, G, H, fémur de la larve ( X 400).
Mêmes orientations que pour la figure précédente.
groupe annulaire du tarse est fermé et l’on n’y distingue pas nette-
ment d’autre fissure que la ventrale. Quant à la 4® patte elle se
comporte comme la 3® dès son apparition.
Sauf des différences de détails concernant surtout le tracé des
groupes annulaires, les grandeurs et les situations des intervalles
non coupés et peut-être le développement, on retrouve chez tous
les Mesostigmata les caractères que je viens de donner pour Perga-
masus. Les Uropodes, d’après Cilliba, ont la partie dorsale du groupe
Ut fortement avancée par rapport à la ventrale, de sorte qu’elle des-
sine un arc très convexe en avant. Cette partie dorsale paraît pour-
vue d’un canal qui manque chez les Gamases. A très peu de distance
de l’arc, en avant, est placé ita. Latéralement, du côté anti ou para,
suivant les pattes, on a une petite fissure (?) isolée, sans canal,
qui n’est pas reliée au reste du groupe annulaire. Le groupe Ut
de la patte I est réduit à l’état larvaire, c’est-à-dire à une fissure
ventrale prolongée sur les côtés mais laissant libre dorsalement la
moitié ou le tiers de la circonférence de l’article. Le groupe iif,
généralement très incomplet, est accompagné aussi d’une petite
fissure isolée. Chez une larve d’ Uropode les fissures étaient les mêmes
que chez la larve de Pergamasus et disposées de la même façon,
sauf ita qui est toujours placé plus près de de ou de Ut chez les
Uropodes.
Les pattes des Ixodes ont toutes les fissures isolées et les groupes
annulaires des Gamases et en outre une fissure ventrale simple, mais
grande, près de la base de chaque génual et de chaque tibia. Le tarse 1
cependant, chez les espèces que j’ai étudiées, n’avait pas d’anneavi
complet, mais une seule fissure ventrale et proximale de sorte qu’il
se comportait comme le génual et le tibia. Aux pattes II, III et IV,
la coupure annulaire du tarse est complète au contraire et elle se
divise même en dessous en deux branches qui se rejoignent et
entourent une île ventrale sur laquelle une paire de poils est implan-
tée, caractère qui ne se retrouve jamais chez les Gamases. Les fis-
sures dorsales antérieures des mêmes tarses ;il n’y en a pas au
tarse I) sont placées plus en avant que chez les Gamases.
Je n’ai pu étudier qu’une larve d’Ixode. Elle avait tous les carac-
tères que je viens de donner pour l’adulte, y compris ceux d('s
coupures annulaires, déjà complètement formées, mais la fissure
ventrale des tibias était absente.
En résumé, les fissures des pattes sont nombreuses et jouent
un rôle important chez les Anactinochitinosi. Certaines d’entre
elles sont reliées par des fentes de manière à former, au tarse et
au fémur, des fausses articulations Chez les Actinochitinosi
les fissures des pattes sont au contraire très réduites. Elles ont au
maximum le développement qu’elles ont chez les Oribates, c’est-à-
dire une seule à chaque tarse. Elles peuvent manquer entièrement.
Elles ne forment jamais des groupes annulaires ou des fausses
articulations.
Je considère comme très importants les caractères tirés des fis-
sures. On voit ici combien les deux grandes divisions des Acariens
1. Suivant la fausse articulation le tarse ou le fémur a une certaine déformahililé
mais faible et purement élastique. Ce type de fausse articulation paraît incapable
d’évoluer en articulation véritable avec muscles moteurs spéciaux à la partie distale.
Il diffère donc essentiellement de celui que l’on observe chez beaucoup d’Âctino-
chitinosi, où le fémur est susceptible d’être divisé en deux vrais articles ayant leurs
muscles propres, le basi et le télofémur.
— 89 -
se distinguent nettement. Chez les Actinochitinosi la régression
s’accorde bien avec ce que j’ai signalé déjà pour l’hysterosoma
(Bull, Mus. 1. c., p. 203). Il faut retenir que des fissures appa-
raissent dans le développement ontogénique des Acariens, mais
que l’orthogénèse des adultes, dans tous les groupes étudiés jus-
qu’ici, est stationnaire ou régressive. Si cette règle est vraie pour
tous les Acariens actuels, comme je le crois (en faisant une réserve
pour Opilioacarus), on en peut tirer grand parti pour établir les
rapports phylogéniques entre les sous-ordres.
11. Au SUJET DES PaCHYGNATHIDAE.
Tragardh en 1910, puis Hirst en 1917 et Sig Thor en 1931
ont décrit et figuré, chez les genres sauteurs Speleorchestes et Nanor-
chestes, un organe impair très singulier qui fait saillie entre les
mandibules et se termine en pointe en avant ( Arkw Zool. Stockholm,
vol. 6, n® 2, p. 5, fig. 2 en ep). TragIrdh suppose que c’est un organe
perceur, peut-être homologue de l’épistome des Gamases.
Cette hypothèse n’est pas défendable, mais une deuxième,
qu’aucun auteur n’a pensé à faire, me paraît avoir une sérieuse
probabilité : l’organe impair du gnathosoma pourrait être l’organe
du saut.
La première raison pour cela est que les seuls Pachygnathidae
qui sautent sont ceux qui sont pourvus de cet organe. Inversement
on ne connaît aucun Acarien qui soit pourvu de cet organe et qui
ne saute pas.
La deuxième raison est que l’organe a une chitinisation extrê-
mement forte, tout à fait insolite chez des Acariens qui sont très
mous par ailleurs. Cette puissante chitinisation et la forme coudée
de l’organe sont bien rationnelles si celui-ci fonctionne comme un
ressort dont la détente provoque le saut.
La troisième raison est tirée du caractère exceptionnel des grosses
mandibules. Celles-ci ont leur extrémité difforme, dépourvue de
dents et même de charnière. Elles ne servent plus à la manducation.
Des mandibules de ce type sont en corrélation certaine avec la
faculté saltatrice car elles n’existent que chez les Pachygnathidae
sauteurs. Je n’en connais de semblables chez aucun autre Acarien.
Je pense que les mandibules sont déformées parce qu’elles font
office de butées quand l’animal tend le ressort qui est entre elles en
l’appuyant sur un corps dur. L’animal doit pousser avec vigueur,
probablement avec les gros muscles des pattes de derrière. Il suffit
ensuite que les pattes lâchent prise pour que le ressort se détende
et projette l’acarien dans l’espace.
— 90 —
Ce ressort céphalique si surprenant, je crois (mais je n’en suis
pas encore absolument certain) que c’est ce que j’appelle l’épi-
pharynx, c’est-à-dire l’organe impair qui forme le toit de l’orifice
buccal, L’épipharynx est habituellement petit, eonique, mou et
assez difficile à voir. Chez Speleorchestes et Nanorchestes il serait
hypertrophié et très dur.
Les Pachygnathidae sont intéressants pour d’autres raisons et
surtout parce qu’ils ont des caractères qui les rapprochent des
Oribates. Chez une espèce de Pachygnathus j’ai compté nettement
7 anneaux à l’opisthosoma. C’est le chiffre de Parhypochthonius.
La maxille, quand elle existe, est du type Hypochthonius, y com-
pris la structure actinochitineuse. En outre, il y a un organe
larvaire qui est coiffé de la même écaille protectrice que chez
beaucoup d’Oribates inférieurs (Bull. Soc. Zool. Fr., t. LVIII,
p. 51, fig. 14 à 16).
Dans une publication prochaine, avec figures, je reviendrai
sur ces importants caractères des Pachygnathidae.
111. La 4® PATTE DE LA 1^® NYMPHE.
Oribates. J’ai appelé déjà l’attention sur la chaetotaxie sim-
plifiée de la 4® patte de la protonymphe (Bull. Soc. Zool. Fr.,
t. LVIII, p. 38). La règle est que tous les articles soient glabres,
sauf le dernier qui a 7 poils, lesquels sont disposés d’une manière
constante [l. c., fig. 1). Cette règle ne comporte que peu d’excep-
tions. Aux exceptions déjà signalées j’ajoute celle d’ Aphelacarus
acarinus (Berl.) dont la formule est (0 — 0 — 0 — 1 — 7 ^), celle de
Poroliodes farinosus (Koch) (0 — 1 — 0 — 2 — 7). celle d’Achip-
teria nitens (Nie.) (0 — 0 — 2 — 0 — 7) et celle d'Oppia nitens Koch
(0 — 0 — 0 — 0 — 5). La liste des exceptions ne dit rien au premier
abord. Elle paraît très disparate. Mais on peut y mettre de l’ordre
en divisant les exceptions en 3 groupes.
Le 1®^ groupe comprend des genres comme Lohmannia, Her-
manniella, Zetorchestes, Oppia. La formule y est (0 — 0 — 0 — 0 — 6)
ou (0 — 0 — 0 — 0 — 5) parce que l’un des poils proraux ou les deux
ensemble sont déficients. Les autres poils ont la disposition nor-
male. Je ne crois pas que ce cas corresponde à une exception véri-
table. L’absence des poils proraux se rattache à des particularités
concernant les mêmes poils à d’autres états ou à d’autres pattes,
dans les mêmes genres. Chez Oppia nitens par exemple la paire
prorale manque à tous les états, sauf à la 1^® paire de pattes. Il est
clair qu’elle doit manquer aussi à la 4® patte de la protonymphe
1. Il n’y a en effet que 5 articles aux pattes de la protonymphe. La division du
fémur en deux commence à la deutonymphe par la patte I. La patte à 5 articles est
plus primitive que colle à 6 articles. Je crois que c’est une loi générale pour les Actino-
chitinosi.
91 —
Le 2® groupe est celui des genres Aphelacarus, Parhypochthonius,
Cosmochthonius, Sphaerochthonius , Eulohmannia, où la formule est
toujours (0 — 0 — 0 — 1 — 7). Ce groupe est très intéressant car on
voit bien qu’il ne contient que des genres primitifs. En outre
r « exception » consiste toujours dans la présence d’un poil ventral
au tibia. La formule (0 — 0- — 0— 1- — 7) avec la chaetotaxie que
j’ai signalée est donc une formule normale pour un groupe impor-
tant d’Oribates primitifs. Elle contient les deux seuls genres de
Palaeacariformes dont on connaisse les protonymphes.
C’est le 3® groupe qui renferme les seules véritables exceptions.
Il se réduit pour le moment à Epilohmannia cylindrica (Berl.)
(0 — 1 — 0 — 3—6 ?), Liodes theleproctus (Herm.) (0 — 2 — 2 — 2 — 11),
Teleioliodes madininensis Grand jean (0 — 1 — 0 — 1 — 7), Poro-
liodes farinosus (Koch) (0 — 1 — 0 — 2 — 7) et Achipteria nitens (Nie.)
(0—0^2 — 0 — 7). La famille des Liodidae fournit trois exceptions
différentes mais Platyliodes a la formule normale (0 — 0 — 0—0 — 7).
Quant à Achipteria nitens son caractère exceptionnel est isolé.
Le genre Cerachipteria, si voisin A Achipteria, a des protonymphes
à formule normale. 11 n’est pas même certain que toutes les espèces
A Achipteria aient la formule de nitens.
Autres Actînochiiînosi. La règle des Oribates se retrouve
chez d’autres Actinochitinosi. Rhagidia et Cryptognathus m’ont
donné la formule (0 — 0 — 0 — 1 — 7) avec le même poil ventral au
tibia que dans le groupe A Aphelacarus. Pour des Bdelles j’ai
trouvé (0—0 — 0 — 0 — 7) et (0 — 0 — 0 — ^1 — 7). Les Astigmata que
j’ai vus avaient tous la formule (0 — 0 — 0 — 0 — 5), les poils proraux
étant déficients et les poils unguinaux très petits. Voici d’autres for-
mules : un Cunaxidé (0 — 0 — 1 — 0 — 7), N anorchestes (0 — 0 — 1- — 3 — 7),
Bimichaelia (0 — 0 — 2 — 3 — 7), Cheyletus (0 — 1 — 0 — 4 — 5).
Je donnerai dans la suite des exemples plus nombreux. Dès
maintenant il faut retenir la nudité de certains articles comme
un caractère très commun. Il faut surtout remarquer le chiffre 7
qui revient avec une extrême fréquence pour le tarse, dans les
groupes les plus divers, avec une chaetotaxie qui est celle des
Oribates, sauf cependant pour Cryptognathus où l’un des poils
ventraux s’est déplacé pour devenir presque dorsal.
Anactinochitinosî. Je n’ai étudié que deux Gamases. Dans les
deux cas la 4® patte de la l’^® nymphe était riche en poils, aucun
article n’étant glahre. Les caractères intéressants qu’a cette patte
chez les Actinochitinosi paraissent manquer.
— 92 —
Sur le Cancer personatüs Linné
PAR Marc André.
En 1739, Plancus (De Conchis minus notis, p. 36, pl. V, tig. 1)
a iiguré, sous le nom de Cancer hirsutus personatüs, un Crabe offrant
une certaine ressemblance avec une face humaine et appelé Fac-
chino par les habitants de Rimini : celte espèce, chez laquelle les
antennes externes sont courtes et les 4® et 5® paires de pattes sont
petites et insérées sur le dos, appartient au genre Dorippe Fabricius.
En 1758 (Syst. Nat., ed. X, p. 628), Linné a basé sur cette figure
son Cancer personatüs, qui est donc un Dorippe.
Mais en 1767 (Syst. Nat., ed. XII, p. 1044), il a malencontreu-
sement établi sur cette même figure son C. lanatus, tandis qu’il
décrivait, p. 1046, un autre C. personatüs.
En vertu des règles de la nomenclature, le nom de personatüs,
pris dans cette deuxième acception, est caduc et l’on doit, d’au-
tre part, admettre que C. lanatus Linné, 1767, tombe en synonymie
de C. personatüs Linné, 1758 [non 1767),
Cependant, en 1782, Herbst (Versuch Naturg. Krabben, 1 Ht,,
p. 193) a appliqué le nom C. personatüs Linné, 1767 {non 1758)
à une forme qu’il représente pl. XII, fig. 71 et qui est un Corystes
Latreille, ayant les antennes externes très allongées et les 4® et
5® paires de pattes normalement développées.
Ce Corystes personatüs Herbst est d’ailleurs la femelle d’une
espèce dont le mâle est le C. cassioelaunus Pennant et qui a pour
autre synonyme C. dentatus Latreille.
En 1780 un auteur, qui a gardé l’anonymat, ruais qui est Ernst
Christoph Schutz, avait publié à Hambourg un opuscule dédié
à « M. d’Aubenton » et intitulé : « Charaeterisierung einer kleinen
Art von Taschenkresben, deren Rückenschild ein Menschengesicht
vorstellet. Caractères d’une espèce de Crabes singulière dont l’écaille
représente au naturel le visage en face d’un homme (avec une
planche enluminée), et il décrivait dans cette brochure un Crabe
qu’il croyait à tort être le C. hirtellus Linné [qui est un Pilumnus]
-Mais, contrairement à ce qu’affirme Herbst, Schulz a eu raison
de dire que le C, personatüs Linné, 1758, est l’espèce figurée par
Plancus, c’est-à-dire un Dorippe.
Par contre, la figure donnée par Schulz représente bien un
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 1, 1936.
— 93 —
Corystes à antennes externes très longues ^ et c’est à bon droit
que Herbst (loc. cit., p. 193) l’a rapportée au Cancer personatus
Linné, 1767 [non 1758)
Quant à la figure de Plancus, Herbst l’a assimilée à deux espèces
différentes : d’abord, p. 190, à son Cancer facchino (pi. XI, fig. 68),
puis, p. 194 au Cancer lanatus Linné {pl. XI, fig. 67).
D’après H. Miene-Edwards (1837, Hist. Nat. Crust., t. Il,
p. 155), tandis que la fig. 67 de Herbst correspond à la femelle
du C. lanatus, la fig. 68 représente le mâle de la même espèce Médi-
terranéenne.
Mais, en fait, Hp;kbst comprenait dans son C. facchino, outre
cette forme Européenne, une espèce de l’Océan Indien, et le nom
facchino a été restreint par de Haan (1841, Crustacea, in Siebold,
Eauna Japon., p. 123) et par les auteurs Chinois et Japonais à
désigner un Crabe des mers de l’Inde, de la Chine et du .Japon,
qui est le Dorippe sima M.-Pldw.
En résumé, on a trois espèces différentes ;
1^ Corystes cassivelaunus Pennant, 1777 = personatus Herbst,
1782 [non Linné, 1758) = dentatus Latreille, 1801.
2° Dorippe personatus Linné, 1758 [non 1767) = lanatus Linné,
1767 = facchino Herbst, 1782, pars.
3® Dorippe facchino Herbst, 1782, pars — sima Milne-Edwards,
1837.
Pour éviter toute confusion, il conviendrait, sans chercher à
appliquer rigoureusement les lois de la nomenclature, d’employer
respectivement les noms Corystes cassioelaunus Penn., Dorippe
lanatus L., Dorippe sima M.-Edw.
1. M. le Prof. H. Balss, de Munich, m’a obligeamment communiqué une repro-
duction de cette figure.
2. A.-G. Desmahest (182.5, Consid. génér. Crustacés, p. 401) a eu, au contraire,
tort d’admettre que le Crabe de Schulz était un Dorippe.
Plantes nouvelles ou critiques des Serres du Muséum
PAR A. Guillaumin.
79 Hibiscus macrosolandra Ilochr.
Hochrrutiner en décrivant cette espèce (Candollea III, p. 136,
1925) n’avait qu’une fleur en mauvais état ; on peut compléter
la description ainsi :
Calice rougeâtre en dehors, corolle jaune pâle un peu rosé,
rosée à l’extrémité, maculée de rouge vif à la base, colonne stami-
nale longue de 4-6 cm., jaune pâle lavé de rouge, anthérifère sur
1 cm. environ. Issu de graines envoyées de Madagascar (Fran-
çois).
Cette espèce n’a été trouvée que par Perhier de la Bâtiiie
(no 5373) et par Decary (n® 6223) près de Tananarive et, antérieu-
rement, par Baron (n® 635) sans précision de localité. L’espèce
est très propre à être employée à l’ornementation d’été des jardins.
80 Kleinia Humbertii Guillaurn, sp. nov.
Caule erecto, crasso, i^iridi griseo, 8-9 mm. diam., foliorum delap
sorum cicatricihus notato, hasi radicante, foliis swe fusijormibus,
hrevibus (3-6 cm.) usque ad 8 mm. diam. apice acutis, basin aersus
attenuatis, supra aix applanatis et haud canaliculatis, airidi griseis,
siae linearibus, uscque ad 17 cm. longis, 3-4 mm. diam., apice acutis,
basin versus vix attenuatis, supra applanatis canaliculatisque, pallide
viridibiis, omnibus longitudinaliter pallide lineatis. I nflorescentia
terminali, jere usque ad 40 cm. longa, gracili, decumhente, pedunculo
nudo, pallide viridi, capitulis 3, corymbosis, 1 abortu, pedicellis
2, 5-4, 5 cm. longis, bractea 1, lineari-lanceolata, 5 mm. longa, basi
3-4 similibus sed rninoribus , apice munitis et non nunquam 1-2 sparsis,
capitulis cylindraceis, 1, 5 cm. longis, 5 mm. diam., involucri bracteis
circa 15, lanceolatis, margine leviter scariosis, dorso leviter pulve-
rulentis, apice breviter puberulis, nervis 3, pallide viridibus, floribus
albis, circa 60, corolla cylindrica, glaberrima, achainio villoso,
stigmatibus truncato-umbonatis et papillis circumcinctis, staminum
filamentis tertia superiore parte dilatatis.
Afrique australe ; Port-Elisabeth (Humbert, f. 327, 1933).
Voisin de K. Handburyana Berger bien que les feuilles ne soient
pas pulvérulentes et que les bractées de l’involucre soient plus
Bulletin du Muséum, 2® s., t. Vtll, n“ 1, 1936.
— 95
nombreuses ainsi que les fleurs, se rapproche aussi du K. chordifolia
Berger dont la disposition des feuilles est différente, l’inflorescence
ramifiée sur presque toute la longueur et les fleurs jaunes.
A. Berger semble avoir été le premier à signaler dans le genre
le dimorphisme entre les feuilles de la période de végétation, grêles
et allongées et celles de la période de repos beaucoup plus courtes
et fusiformes, particularité qui se retrouve plus ou moins dans
toutes les espèces à feuilles non aplaties.
On a signalé aussi les raies longitudinales vert clair qui ornent
les feuilles des espèces à feuilles arrondies mais sans insister sur
leur transparence et les comparer aux zones sans chlorophylle des
plantes « fenestrées » (Lithops, Fenestraria, Frithia, Conophyturriy
Imitaria et diverses espèces d'Haworthia et de Bulhine) du Karroo,
caractère qui parait correspondre à un éclairement exeessif
1. Voir une mise au point de la question dans Brown, Tiscufr, Karsten et
Labarre : Mesemhrijanlherna.
— 96 —
Floraisons observées dans les Serres du Muséum
PENDANT L’ANNÉE 1935
(autres que celtes déjà signalées dans les listes précédentes) 1
PAR A. Guillaumin ET E. M ANGUIN.
Monocotyt.fdones.
Æchmea celestis Ed. Morr.
Ærides mulüflorum Roxb. var. l.obbii Veitch (( iuiLi aumin det.).
— virens Lindl.
— Sanderianum Reichb. t.
Agapanthus caulescens Spreiig.
Aglaonema niodestum Seliotl. Provenant de Sliangbaï ^ (Guii.laumin
det.).
Alocasia X Vhinckii Hort. ex André (macrorrhiza X indica var.
rnetallica).
Aloe pendens Forsk.
Alpinia calcarata Rose. var. breviligulata Gagnep.
— Romburghiana Val.
Aneilema acuminatum R. Br.
Anthurium Augustinum C. Koch et Bouché.
— digitatum G. Don.
Scherzerianum Schott var. grandiflorum Hort.
— — Schott var. atrosanguineum Hort.
— uelulinurn Linden var.
Bulbine latifolia Roem. et Schult.
Bulbophyllum Baileyi F. Mnell. var. aurea.
Calathea X argyrophyUa Hort. ^
Catasetum ciliatum Rodrig.
Cattleya guttata Lindl. var. Prinzii Reichb, f.
Cirrhopetalum elegantulum Rolfe.
Coelogyne cristala Lindl. var. Chatsworih.
— lenliginosa lundi.
1. Voir les années précédentes dans le Bulletin du Muséum à partir de 1920.
* Les espèces précédées d’un astérisque se trouvent réunies plus haut (Plantes
now^elles ou critiques des serres du Muséum) avec des indications autres que celles
de provenance et de collection.
2. Cette espèce n’a jamais été signalée qu’aux Philippines et son indigénat en Chine
me paraît douteux. (A. G.)
3. N’est pas signalé dans la Monographie d’ENGLER (Pflanzenreich iv/23),
mais est énumérée, sans description, par Rudolph (Caladium, Anthurium, etc.,
p. 50).
4. Non signalé dans la Monogtaphie de Schumann [Pflanzenreich iv/48), mais
tigure dans le Kew Hand List, Tender Dicotyledons 2® édit., p. 75).
Bulletin du Muséum, 2® s. t. VIII, n® 1, 1936.
97 -
Costus igneus N.E. Br.
Crinum giganteum Andrews. — Dahomey (donné par l’Institut Natio-
nal d’Agronomie coloniale, f. 173, 1931) (F. Pellegrin det.).
Cryptocoryne cordata Grifî.
Cymbidium aloifolium Sw.
— X Cetus MacBean (Alexandri X Parishii Sanderae).
— F inlaysonianum Lindl. — Philippines (provenant de
l’Exposition coloniale, donné par le Gouverneur général Olivier, f. 380,
1931) (Guillaumin det.).
Cypripedium X Arthurianum Reichb. f. (insigne X Fairieanum).
— X Swinburnei Heath var. (insigne Sanderae X Argus).
Dendrobium aggregatum Roxb. — Indo-Chine (Escandre, n® 9, f. 171,
1909) (Guillaumin det.).
Dendrobium nobile Lindl. var. Cooksonianum Reichb. f. (Guillau-
min det.).
Dendrobium Griffithianum Lindl.
Dieffenbachia humilis Poepp.
Dyckia breoifolia Bak.
Haemanthus albiflos Jacq. var. Burchellii ^ Bak. — Afrique du Sud
(Humbert, f. 353, 1933, n® 85).
Haworthia denticulata Haw.
— glahrata Bak. var. concolor Salm-Dyck.
— Reinwardtii Haw.
— torluosa Haw. var. pseudorigida Berger.
— oiscosa Haw. var. pseudotortuosa Bak. — Afrique du Sud :
Port-Elisabeth (Humbert, f. 327, 1933).
Hrliconia metallica Planch. ex Linden.
Heteranthera zosteraefolia Mart.
X Laelio-Cattleya Alphand Maron (CatÜeya X Fabia XX Laelio-
Cattleya callistoglossa).
Lycasie Skinneri Lindl. — Guatémala (Pacheco, f. 184, 1935), (Guil-
laumin det.).
Masdevallia Harryana Reichb. f.
Mayaca Aubletii Michx.
Neobenthamia gracilis Rolfe.
Nephelaphyllum pulchrum Bl.
Ondicium Baueri Lindl. — Colombie : rio San Jorge (Claès, f. 285,
1929) (Guillaumin det.).
Oncidium excavatum Lindl. — Colombie : rio San Jorge (Claès, f. 285,
1929) (Guillaumin det.).
Oncidium Volvox Reichb. f.
Phalaenopsis X maurensis Guillaum. (Esmeralda X Aphrodite var.
gloriosa).
Pleurothallis hebesepala Cogn. — Colombie (Claès, f. 285, 1929)
(Guillaumin det.).
Pseudodracontium Harmandii Engl. — Indo-Chine : Saigon (Aug
Chevalier, f. 408, 1931) (Guillaumin det.).
1. Les ovules présentent la disposition que j’ai déjà signalée (Bull. Mus,, 1920,
p. 464). (A. G.)
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
7
Rhodocodon calcicolus Perr. de la Bât. var. ohlanceolatus Perr. de la
Bât. — Madagascar (Humbert, f. 208, 1926) (Guillaumin det.).
Schismatoglottis hifasciata Engl. — (Chantrier, f. 237, 1934) (Guil-
laumin det.).
Schismatoglottis neo-guineensis N. E. Br. — • (Chantrier, f. 237, 1934)
Guillaumin det.).
Scuticaria Steelii Lindl.
Stanhopea oculata Lindl. var. aurea.
Staurochilus fasciatus Ridl. — Laos : Napé (Delacour, f. 177, 1928)
Guillaumin det.)
Tillandsia juncifolia Hegel.
— Lindeni Regel var. tricolor Ed. André.
Vanda Denisoniana Reiclib. f. var. tessellata A. Guillaum.
Laos : Xieng Kouang ("Marseille, donné par Pinelle, f. 325, 1933).
Vriesia psittacina Lindl. var. hrachystachys Ed. Morr.
X Vuylstekeara Fragonard Vacherot et Lecoufle (Cochlioda Noetzliana
X Miltonia vexillaria) X (Odontoglossum Gloriana).
Dicotylédones.
Achimenes coccinea Pers.
— lanata Hanst.
Aeonium tabulaeforme Webb et Berth.
Æschynanthus X splendida Lem. (grandiflora X speciosa).
Aichryson tortuosum Praeger.
Aphelandra aurantiaca Lindl.
— Blanchetiana Hook. f.
Aridaria flexuosa Schwant.
Aristolochia grandiflora Sw. var. Sturteoantii W. Wats.
Barleria Prionitis L.
Bégonia echinosepala Regel.
— fuchsioides Hook.
— Lindleyana Walp.
— manicata Gels var. cristata.
— maxima E. André (1853)
— platanifolia Schott.
Brachyglottis repanda Forst.
Brucea ferruginea T/Hérit.
Bryophyllum scandens Berger.
Callistemon pinifolius Sweet.
Caperonia palustris St. Hil.
Casuarina equisetifolia Forst.
Ceropegia bulbosa Roxb.
Chytranthus Prieurianus Baill.
1. L’espèce n’était connue que du Siam péninsulaire, du Cambodge, de la Cochin
chine et de l’Annam. (A. G.)
2. Sans doute synonyme de B. maxima Hort. berol. ex Klotzs (1855).
— 99
Cissus adenopodus Sprague.
Clusia minor L.
Conophytum diversum N. E. Br.
— minutum N. E. Br.
— Neçillei N. E. Br. — Afrique du Sud : district de Port-
Elizabeth (Humbert, f. 327, 1933) (Guillaumin, det.).
Crassula barbata L.
— columnaris L. f.
— compacta Schôiil.
— deceptor Schôid. et E. G. Bak.
- — - hemisphaerica Thunb.
— maculata Schônl.
— nivalis Endl.
— tomentosa Thunb.
Daedalacanthus nervosus T. Anders.
Delosperma algoensis L. Bolus.
Drosanthemum floribundum Schwant.
Drosera binata Labill.
— capensis L.
Echeveria elegans Berger.
— linguaefolia Lem. (Guillaumin det.).
Purpusorum Berger.
— stolonifera Otto.
Echinocereus pulchellus Schum.
Euphorbia stellata Willd.
Faucaria tuberculosa Scbwant.
Flemingia congesta Roxb.
Gesneria cardinalis Lehm.
Glottiphyllum uncinatum N. E. Br. — Afrique australe (Humbert,
f. 115, 1934) (Guillaumin det.).
Goethea Makoyana Hook. f.
* Hibiscus macrosolandra Hochr. — graines envoyées de Madagascar
par François (Guillaumin det.).
Ilex Dahoon Walt.
* Kleinia Humbertii Guillaumin sp. nov. — Afrique australe :
Port-Elizabeth (Humbert, f. 327, 1933).
Kleinia repens Haw.
Koellikeria argyrostigma Regel.
Limnocharis emarginata Humb. et Bonp.
Lourea Vespertilionis Desv.
Malacocarpus Ottonis Britt. et Rose.
Mamillaria procera Ehrenb.
Mesembryanthemum cinctum L. Bolus.
Monanthes brachycaulon Lowe.
— subcrassicaulis Praeger (Guillaumin det.).
Myrrhinium atropurpureum Schott.
N eomammillaria camptotricha Britt. et Rose.
— proliféra Britt. et Rose.
Notonia petraea R. E. Fries. — Kenya Colony ; Naivasha (Humbert,
f. 233, 1933).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
7
— 100 -
Nymphaea capensis Tliunb. (Guillaumin dct.).
Dauhenyana Hort. ?
— Lotus L.
Ophiorrhiza Mungos L.
Opuntia elata Link et Otto.
— missouriensis DC.
• — polyacantha Haw.
Pélargonium tetragonum L’Hérit.
Peperomia microphylla H. B. et K.
Pfeiffer a ianthostele Web.
Phyllocactus hybride Cavaignac Couranl.
— — Niobé Veitch.
Pilea serpyllifolia Wedd.
Pseudopanax Lessonii C. Kocb (Guillaumin det.)
Rhipsalis cribata Rümpl.
— Warmingiana Sébum.
Ruellia squarrosa Fenzl.
Saloia eriocalyx Bert.
Schizogia coffeoides Baill.
Sedum sarmeniosum Bunge.
Semperaivum cruentum Webb et Berth.
Sparmannia palmata E. Melg.
Stapelia mutabilis Jacq.
— nobilis N. E. Br. ex Hook. f.
Stillingia sebifera Michx.
Talinum cuneifolium Willd.
Theophrasta Jussieui Lindl.
Thunbergia convolvulifolia Bak.
Trichodiadema densum Schwant.
Victoria regia Lindl.
— Cruziana d’Orb.
— 101
Floraisons observées a uÉcolede Botanique du Muséum
PENDANT L’ANNÉE 1935
(autres que celles signalées dans les listes précédentes)
PAR Camille Guinet.
Plantes d’Afrique Boréale.
Anagallis MonelU L. ssp. linifolia
Maire.
Andryala canariensis Lowe ssp.
maroccana §
Anthyllis Gerardi L.
Antirrhinum majus L. ssp. hispa-
nicus Maire.
Aplophyllum Broussonetianum
Coss. §
Arenaria Pomeli Mumby.
Asphodelus fistulosus L. var. atlan-
ticus Jah. & Maire §.
Asteriscus graveolens (Forst.) DG.
Bellevalia mauritanica Pomel.
Buhonium imhricatum Lit. §
Campanula dichotoma L. ssp. afra
(Cav.) Maire §.
— lusitanica L. var. Broussone-
tiana Pau §
Capsella occidentalis Schull. ssp.
Mairei Schull.
Catananche caespitosa Desf.
Celsia Faurei Murb.
Cheiranthus semperflorens Schoub. §
Chaenorrhinum crassifolium Lange.
Chrysanthemum Nivellei Br.-Bl. &
Maire §.
Convolvulus Vidali Pau §.
Coronilla i>iminalis Salisb.
Cotylédon hreoiflora Maire.
— Mucizonia Orteg.
Diplotaxis assurgens Gren. §.
— Siettiana Maire.
Echinops spinosus L. ssp. Booei
(Boiss.) Murb.
Erigeron Mairei Br. Bl. §.
Eryngium atlaniicum Batt. & Pitt. §
— corniculatum Lam
Euphorbia Nereidum Jah. & Maire §.
Fritillaria messanensis Raf. var.
oranensis Batt.
Géranium atlanticum Boiss. &
Reut.
Hannonia Hesperidum Br.-Bl. &
Maire §
Hyoscyamus muticus L. ssp. Falez-
lez Coss. & Maire.
Iris subbiflora L
1 à 12. Les graines ou bulbes de ces diSérentcs espèces furent récoltées au Maroc
aux localités suivantes par M. Gattefossé : Aïn Seba (1 et 5), 1934 ; Anti-
Atlas (2), 1933 ; Tafilalet (3), 1934 ; Cap Ghir (4), 1933 ; Sirona : 2.600 m. (6),
1933 ; Mogador (7), 1934 ; Grand Atlas (8), 1933 ; Sous, Teskra (10), 1933 ; Forêt
de Larache (11).
13-14-15. Les semences de ces plantes furent récoltées au Maroc par M. P. Chouard,
aux localités suivantes : Oued Milifik (13), 1933 ; Cap Ghir (14), 1933 ; Talifet (15),
1933.
16. Les bulbes de cette espèce proviennent du Portugal. (M™® Allorge,
collect. 1934).
§ indique : espèces spéciales au Maroc.
Bulletin du Muséum, 2® s. t. VIII n® 1, 1936.
— 102 —
Kremeria Myconis Maire.
Kremeriella cordylocarpus (Coss. &
Dur.) Maire.
Leucoium trichophyllum Schb.
Linaria maroccana Hook. f. §.
— reflexa Desf.
— sapphirina Hofîm. & Link.
Minuartia maroccana Pau & F. Q. §
Muscari grandiflorum Baker var.
populeum Maire §.
Narcissus Watieri Maire §.
Plantago mauritanica B. & R.
Réséda Funkii (WK.) F. Q. & Sen.
Salvia candelahrum Boiss.
S cilla monophylla L. var. lingitana
(Sch.)
— odorata Hofîm. & lânk.
Sedum puhescens Valil.
Sideritis glauca (^av.
— Lacaitae F. Q.
Silene ayachica Humbert §
— Cuatrecasii Pau & F. Q. §.
— corrugata Bail. §.
— Martyi Emb. & Maire §.
Stachys saxicola Coss. §.
Teucriuin Grosii Pau.
Trifolium atlanticurn Bail. §.
Vicia Emhergeri F. Q. & Maire.
Plantes de l’Amérique du Nord.
Acnida tamariscina (Nutt.) Wood.
Agastache anethiodora (Nutt.) Britt.
Apocynum androsaemifolium L.
Aralia racemosa L.
— spinosa L.
Ascyrum hypericoides L.
Aster bicolor L.
■ — concolor L.
— prenanthoides Muhl.
— ptarmicoides Torr. & Gray.
— salicifolius Lam.
— subulaius Michx.
Blitum capitatum L.
Bromus polyanthus Schribncr i.
Bryanthus ampetriformis A. Gray.
Calochortus albus Dougl.
— Benthamii Baker.
Campanula diaaricata Michx.
Chenopodium leptophyllum Nutt.
Chrysopsis falcata (Pursh.) EU.
Cimicifuga racemosa Nutt.
Claytonia perfoliata Donn.
Coreopsis lanceolata L.
— pubescens Eli.
— tripteris L.
Cornus alternifolia L. f.
— stolonifera Michx.
Corydalis sempervirens Pers.
Cunila pulegioides L.
Dicentra eximia Torr.
Dracocephalum paraiflorum Nutt.
Ellisia Nyctelea L.
Eupatorium album L. ^
— pubescens Muhl.
— rotundifolium L.
Euthamia graminifolia (L.) Nutt.
— tenuifolia (Pursh.) Greene.
Heliopsis laevis Pers.
1. Cette espèce s’est complètement naturalisée, elle forme d’importantes colonies
qui furent remarquées pour la première fois par le Prof. Chevalier, au voisinage
de l’orangerie et autour des allées situées derrière les laboratoires de la rue de Bufîon.
Il est à supposer que ces peuplements ont pour origine une plante cultivée depuis
longtemps à l’École de Botanique sous le nom de Bromus carinatus Hook. & Arn.,
espèce nord-américaine voisine. Certains auteurs considèrent d’ailleurs B. polyanthus
comme une simple race du B. carinatus.
2. Cette Portulacaceae, syn. : Limnia perfoliata (Donn.) Haw., originaire d’Amérique
septentrionale est naturalisée depuis très longtemps au Muséum. On peut l’observer
ça et là au cours de la saison estivale dans les plates-bandes du Jardin botanique,
au Jardin alpin et sur plusieurs points du Jardin des plantes.
3. La plante dont nous signalons la floraison provient d’un semis de graines récol-
tées en Alsace par M. Walter, Directeur du Jardin Botanique du Col de Saverne,
pour identification. C’est donc un élément nouveau de la Flore d’Amérique septen-
trionale, qui vient d’être observé en Europe.
- 103 —
Heliopsis scabra Dunal.
Hibiscus moscheutos L.
— trionurn L.
lloustonia caerulea L.
llydrastylus californiens (Ker.) Sa-
lisb.
Hypericum Ascyron
— canadense L.
— Kalmianum L.
— prolificum L.
Iris fulva Ker.
— versicolor L.
Impatiens biflora Wahl.
Liatris cylindracea Michx.
Lonicera ciliata Muhl.
Mollugo verticillata
Passiflora incarnata L.
Pentstemon acuminatus Dougl.
— digitalis Nutt.
■ — laeoigatus Soland.
— humilis Nutt.
Physalis ixocarpa Brot.
— pubescens L.
Physostegia virginica Benth.
Phytolacca americana L.
Pilea pumila (L.) A. Gray.
Ranunculus abortivus L.
— pensylvanicus L. f,
Saxifraga oirginiensis Michx.
Scrophularia marylandica L.
Sedum telephioides Michx.
Sidalcea malvaeflora A. Gray.
Silene pensylvanica Michx.
Solanum triflorum Nutt.
Solidago bicolor L.
— rigida L.
— semperoirens L.
— serotina Ait.
— Shortii Torr. & Gray.
— squarrosa Muhl.
— ulmifolia Muhl.
Synthiris reniformis Benth.
Thalictrum dioicum L.
Tiarella cordifolia L.
— unifoliata Hook.
Tritellia peduncularis Lind.
Uniola latifolia Michx.
Tradescantia reflexa Baf.
— virginiana L.
Verbena hastata L.
— urticifolia L.
Vernonia allissima Nutt.
— noveboracensis Wild.
Veronica oirginica L.
Viola affinis Le Conte.
— Brittoniana Poil.
— papilionacea Pursh.
— rugulosa Greene.
— viarum Poil.
Plantes de l’Europe Méridionale.
Astrantia pauciflora Bertol.
Aira Tenorei Guss.
Allium chamaemoly L.
— flaoum L.
— moschatum L.
— paniculatum L.
— Moly L.
— roseum L.
— rotundum L.
Andropogon Gryllus L.
Anthyllis Barba-Joois L.
Antirrhinum latifolium DC.
Aristolochia longa L.
Asphodelus albus L.
Ballota acetabulosa Benth.
— spinosa Link.
Bupleurum affine Sadl.
— fruticosum L.
1. Cette Ficoideae des régions sub-tropicales d’Afrique et d’Amérique est natu-
ralisée au Jardin botanique depuis fort longtemps. On peut l’observer surtout sur
les sentiers, pelouses sèches, sables et mâchefer des coffres à multiplication.
2. Naturalisée également, dans les plates-bandes de l’École de Botanique et dans
les dépendances du Jardin situées entre les rues de Bufïon et Poliveau. Cette espèce
a été signalée d’autre part on différentes localités européennes : Strasbourg (Hégi),
Sète (Cabanes), Montpellier (Thellung).
— 104
Bupleurum protractum Link. &
Hofïm.
Campanula elatinoides Moretti.
- — fragilis Cyrilli.
— Portenschlagiana Roem. &
Schult.
— Thomasiniana Koch.
Carlina acanthifolia L.
Chrozophora tinctoria Juss.
Crocus aureus Sibth. & Sni.
Dianthus Balbisii Ser.
— furcatus Balb.
— monspessulanus L.
— oirgineus L.
Draha longirostra Schott.
— Sauteri Hoppe.
Echalium elaterium Ricb.
Erica carnea L.
— scoparia L.
— stricta Don.
Erodium cheilanthi folium Boiss.
— Gruinum L’Hérit.
Erysimum linifolium J. Gay.
Erytraea maritima Pers.
— spicata Pers.
Euphorbia Characias L.
— Gregersenii Maly.
— Myrsinites L.
— Paralias L.
— serrata L.
— spinosa L.
Fedia Cornucopiae Gaertn.
Friiillaria involucrata Ail.
Helichrysum angustifolium DC.
Hypericum rumelicum Boiss.
Hypecoum procumbens L.
Hyssopus officinalis L. ssp. aristatus.
Iris mellita Janka.
Juniperus phaenicea L.
Lavatera trimestris L.
Leontodon Villarsii Lois.
Linum hirsutum L.
Marrubium peregrinum L.
Matthiola tristis R. Br.
Melilotus neapolitana Ten.
— sulcata Desf.
Mesembryanthemum nodiflorum L,
Noccoea slylosa Rchb.
Ononis minutissima L.
— pubescens L.
— reclinata L.
Onopordon acaule L.
— illyricum L.
Origanum Majorana L.
Phagnalon sordidum DC.
Phlomis fruticosa L.
— Herba-oenti L.
Polygala monspeliaca. L.
Polerium Magnoli Spach.
Primula carniolica Jacq.
Rhagadiolus stellatus DC.
Saxifraga cochlearis Riech.
— conifera Coss. & Dur.
— lantoscana Boiss.
— lingulata Bell.
— pedatifida Ehrh.
— pedemontana Ail.
Scilla amaena L.
Scophularia peregrina L.
Sesleria argentea Savi.
Silène thebana Orph.
Statice echioides L.
— globulariae folia Desf.
— lychnidifolia Gir.
Teucrium capitatum. L.
Plantes européennes des régions Alpines et Arctiques
Achillea nana L.
Alchemilla pubescens Lamk.
Allium narcissiflorum Will.
Antennaria carpathica Bluff.
Fin g.
Anemone Hepatica L.
Aquilegia alpina L.
Arabis alpina L.
— caerulea AU.
Aretia helvetica L.
Artemisia glacialis L.
— Mutellina Vill.
& — spicata Jacq.
— Villarsii G. et G.
Astrantia major L.
Bellidiastrum Michelii Cass.
Bupleurum longifolium L.
Campanula excisa Schl.
— 105
Campanula pulla L.
— Scheuchzeri Vill.
Carex foetida Ail.
— frigida Ail.
— ■ irrigua Smith.
Cotoneaster tomentosa Lindl.
Daphné alpina L.
Delphinium elatum L.
Dianthus Caryophyllus L. ssp. syl-
vestris (Wulf.) R. & F.
Dianthus deltoides L.
— i’aginatus Chaix.
Gaya simplex Gaud.
Gentiana Burseri Lap.
Haberlea rhodopensis Fris.
Helianthemum italicum Pers. ssp.
canum (Dun.) DG.
Herniaria alpina Vill.
Hypericum nummularium L.
Linnaea borealis L.
Matthiola aalesiaca Gay.
Papaver alpinum L.
Poa alpina L.
— caesia Sm.
— glauca Vahl.
Primula hirsuta Vill.
Ramondia serbica Panc.
Ranunculus alpestris L.
— aconitifolius L.
Ranunculus lanuginosus L.
— monlanus Will.
— platanifolius L.
— plantagineus AU.
— Seguieri Vill.
Rhododendron ferrugineum L.
Rumex arifolius AU.
Saxifraga Burseriana L.
— caespitosa L.
— cernua L.
— moschata L.
— nioalis L.
— tricuspidata Rottb.
— Vendellii Sternb.
Sedum annuum L.
— dasyphyllum L.
— Rhodiola DG.
Selaginella heloetica Link.
Senecio incanus L.
Swertia perennis L.
Thalictrum aquilegifolium L.
— foetidum L.
— simplex L.
Trollius europaeus L.
Valeriana saliunca AU.
Veronica Allionii Vill.
— alpina L.
Viola calcarata L.
— sciaphila Koch.
Plantes de l’Europe orientale, du Gaucase, d’Asie Mineure.
Aethionema iberidum Boiss.
Agriophyllum arenarium Bieb.
Althaea setosa Boiss. ■*.
Alyseum Bornmuelleri Hausk.
— scardicum Wettot.
Anemone Manda Sch. & Kotsc.
Apocynyum oenetum L.
Arabis aubrietioides Boiss.
Aster caucasiens Wild.
Reta trigyna W. & Kit.
Bupleurum baldense Host.
Campanula Michauxioides Boiss.
— sarmatica Ker-Gawl.
Campanula Steoeni Bieb.
Ceniaurea bella Trautv.
— trineroia Stev.
Chionodoxa Luciliae Boiss.
— sardensis.
Chrysanthemum achillaefolium DG.
Colchicum Bornmuelleri Freyn.
Coronilla cappadocica Willd.
Crocus chrysanthus Herb.
Delphinium formosum Boiss. &
Huet.
Dianthus pallens Sibth. & Sm.
1-2-3. Plantes issues do graines récoltées au Groenland et mises en distribution
en 1933 par le Jardin Botanique de Copenhague.
4. Plantes provenant de graines récoltées par M. Thibout, en Syrie et mises
en distribution par le Jardin Botanique de Dijon.
— 106
Erodium trichomanaefolium L’Hé-
rit.
Erysimum nanum Boiss.
Galanthus bysanthinus Baker.
— cilicicus Baker.
— Elwesii Hook. f.
— Ikariae Baker.
Gypsophila elegans Bieb.
— libanotica Boiss.
— viscosa Murr.
Hypericum olympicurn L.
— orientale L.
— polyphyllum Boiss.
Jurinaea polyclonos DC.
Matthiola bicornis DG.
Onobrychis hypargyrea Boiss.
Ornithogalum fimbriaturn Wilkl.
— nanum Sibth. & Sm.
Papa, ver caucasicum Bielx
Potentilla sericea L.
Primula darialica Rupr.
Eanunculus anemonaefolius DC.
Sah’ia dracocephaloides Boiss.
— grandiflora Esting.
Saponaria cerastioides Fisch.
Scilla, cilicica Siehe.
Scutellaria pontica G. Koch.
Scrophularia chrysantha Jaub. &
Spach.
Statice tatarica L.
Thlaspi dacÂcum Heuff.
Tragopogon longirostris Bisch. * .
Trichodesma indicum B. Br.
Tulipa cuspidata Stapf.
— Kolpakowskyana Regel.
— linifolia Regel.
— polychroma Stapf.
— turkestanica Boiss.
Umbilicus Pestalozae Boiss.
Veronica armena Boiss. & Huet.
— ceratocarpon G. A. Mey.
— Crista-Galli Stev.
— gentianoides Wahl.
— peduncularis Bieb.
Plantes de l’Asie tempérée, Himalaya, Sibérie.
Adenophora marsupifolia Fish.
Anemone rupicola Camb.
Aster diplostephioides B. & H. f.
Calystegia dahurica Choisy.
Campanula davurica Sieb.
Delphinium grandi florum L.
Echinops dahuricus Fish.
— niveus Wall.
Gentiana decumhens L.
Lonicera myrtilloides Purp.
Mazus reptans N. F. Br.
Mazus rugosa Lo\y.
Monolepis trifida Schrad.
Morina persica L.
Myriactis nepalensis Less.
Polygonum amplexicaule D. Don,
— vaccinifolium Wall.
Potentilla villosa Pall.
Primula Smithiana Craib.
Pulicaria salviaefolia Bunge.
Sempervivella alba Stapf.
Senecio Ledebourii Sch.-Bip.
Plantes de Chine et du J.apon.
Aetinidia callosa Lindl.
Anemone flaccida F. Scbm.
Artemisia japonica Thunb.
Caryopteris Mastacanthus Schauer.
— mongholica Bunge.
Decaisnea Fargesi Franck.
Dipelta floribunda Maxim.
Eucomis ulmoides Oliver.
Euptelea Davidiana Baill, ,
Evonymus Wilsonii Sprague.
Koelreuteria bipinnata Franch,
— paniculata Laxm.
1. Plantes provenant de graines récoltées par M. Thibout, en Syrie et mises en
distribution par le Jardin Botannique de Dijon.
107
Lilium longiflorum Thunb.
— sutchuenense Franch.
Phytolacca octandra L.
Polygonum chineuse L.
Primula conspersa Balf. f.
— Forrestii Balf. f.
— seclusa Balf. f. & For.
Pterocarya stenoptera DC.
Rodgersia pinnata Franch.
Saxifraga cuscutaeformis Lodd.
SciUa japonica Baker.
Sinocrassula yunnanense Franch
Tricyrtis macropoda Miq.
Trollius yunnanensis.
Viburnum Henryi Hemsl.
Vitex incisa Lamk.
- J08 -
Melastomacées africaines, critiques ou nouvelles
DE LTIERBIER DU MuSÉUM (suite)
PAR H. Jacques-Félix.
Dissoiis Chevalieri Gilg in A. Chev. Et. flo. Af. Cent, franç.
1913, p. 128, nom. nud.
Affinis D. oiolaceae Gilg sed sepalis et hracteis obtusis, rami
tornentosis differt.
Ramis densiuscule tornentosis ; foliis oblongis, acutis, basi rotun-
datis, 5 neroiis, supra adpresseque pilosis, subtiis densissime tomen-
tosis ; paniculis paucifloris, foliosis ; calycis tubo appendicis apice
dilatatis et longe setosis vestitus, sed appendicibus exterius setosis
apiciis occultis, appendicibus summæ manifestis 2-scriebus inter
et infra sepalis, lobis elliptico-oblongis , obtusis, breoissime strigillosis ,
tubum æquantibus.
Herba 1-2 ms alter, ramis crassis tetragonis. Petiolus 2-4 mm.
longus. Folia 7-7,5 cm. longa, 1,5 cm. lata. Paniculæ 2 dm. longæ ;
bractæ magnæ, enerçiæ, oaatæ laxe. Calycis tubus 10-12 mm. longus.
Sepala 12 mm. longa, 8 mm. lata. Petala 25 mm. longa. Antheræ
majores 15 mm. longæ, connectiao infra loculos 18-20 mm. longo
producto, basi bicalcarato. Antheræ minores 14 mm. longæ, connectiao
infra loculos 3-4 mm. longo producto, basi bicalcarato. Stylus 30 mm.
longus, basi strophio.
Haut Oubangui : Fort de Possel, la Kémo, marais ; sept. 1920
(A. Chevalier 5309). Plante herbacée de 1 à 2 mètres de haut,
fleurs rouges.
Dissotis angolensis Cogn.
Angola (Berthelot 13 bis).
Dissotis Autratiana Cogn.
Congo Belge : Jardin d’Eala, spontané (A. Chevalier 28113).
Dissotis amplexicaulis sp. nov. = D. Gilgiana Hutch. et
J. M. Dalz. Kew. Bull. 1927, non De Wildemann. D. incana Triana
var. Gilgiana A. Chev. Expi. Bot. A. O. F. 274.
Cette plante a été séparée de D. incana comme variété par
A. Chev. et comme espèce par Hutch. et Dalz. Le nom de Gilgiana
ayant été donné antérieurement à un Dissotis par de Wildeman
nous oblige à donner un nouveau nom à cette espèce.
Bulleiin du Muséum, 2® s. t. VIII, n" 1, 1936,
Fig. 3. — Dissotis Chemlieri Gilg.
1. Habitus (X 3/4). — 2, bouton (X 2,25). — 3, jeune fruit (x 2,25). — 4, grande
étamine ( X 1,5). — 5, petite étamine ( X 1,5). - — 6, sépale ( X 2,25). — 7, bractée
( X 2,52) .
- liO
Tryginia gen. nov. (Dissochæteæ trihulis) genere Boerlagen
Cogn. florihus anisomeris, 5 meris, bracteatis differt.
Flores 5 meri. Calycis glahri tuhus turhinatus in alahastro, supra
ooarium longe productus ‘ limhus lohatus, lobis triangularis, dorso
dentibus subulatis instructis. Petala breoicula. Stamina 10, aequalia,
fïlamentis spathulatis ; antheræ rectæ, a latere contractæ, antice dilatæ,
apice minute 1- porosæ, connectioo basi non producto., inappendi-
culato, contracto. Ooarium totum adhærens, 3 loculare, oertice obtusum
postea cyatho apice coronatus • Stylus filiformis, stigmate puncti-
formi. Bacca perfecta oerosimiliter oboooideo-campanulata et calycis
limbo coronata. Semina numerosa, perfecta ignota.
Frutex glabratus, caule complanatione internodis. Folia petiolata,
membranacea, elliptico-lanceolata, integerrima. Flores parçuli, sessili,
bracteati, bracteis subulatis, in paniculas terminales.
Tryginia parviflora sp. noo. Caulis lignosus, elliptico sectione.
Petiolus usque 16 mm. longus. Folia recta, 100 mm. longa, 20-25 mm.
lata, longiuscule acuminata, acumine obtuso oel trunco, basi cuneata,
3-plinerçia, nerois supra impressis, subtus prominentihus, praeterea
nerçis basilaribus et marginalibus tenuissimis, nerois transoersis
manifestis, pilis hirtis in basi et a latere neroarum præcipuarum
angustis, cætera glabra. Paniculæ pyramidatae. Bractæ 8-10 mm.
longæ. Bracteolæ 1-1,5 mm. longæ. Calycis tubus 4-4,5 mm. longus,
3-3,5 mm. crassus. Calycis lobi 1,5 mm. longi, 1,5 mm. basi lati.
Petala 2, 5-2, 7 mm. longa. Antheræ 2,3 mm. longæ. Filamenti 2 mm.
longi.
Guinée espagnole : Bassin du Bénito (Guiral, sans n®).
Cette espèce se range dans la tribu des Dissochæteæ. Elle se
rapproche de certains genres américains de Miconicæ et établit
une transition entre ces deux tribus, surtout séparées pour des
raisons d’ordre géographique. Elle paraît ne pouvoir se ranger
dans aucun des genres connus d’Afrique et se rapproche plutôt
du genre asiatique Boerlagea Cogn. (B. grandifolia Cogn.) par son
ovaire à 3 loges, ses étamines inappendiculées et les dents extérieures
aux lobes du calice. Mais alors que l’espèce asiatique a des fleurs
isomères ternaires, que ses inflorescences sans bractées sont dis-
posées en fascicules axillaires notre plante africaine a des fleurs
dont le gynécée est ternaire et l’androcé quinaire, des inflorescences
en panicules terminales et munies de bractées.
Ces raisons nous paraissent justifier la création d’un genre.
La connaissance de cette plante fait apparaître encore davantage
que la tribu des Dissochæteæ d’extension asiatique n’a que peu
de représentants spécifiques en Afrique, mais que ceux-ci sont
suffisamment distincts pour nécessiter de nombreuses coupures
Fig. 4. — Trigynia pan’iflora Jacq. Fel.
1. Habitus ( X 3/4). — 2, pétale ( X 7,5). — 3, étamines, de face et de profd ( X 7,5).
— 4, sépale (x 7,5). — 5, fleur en coupe (X 7,5). • — 6, jeune bouton (X 7,5).
7, base de la feuille montrant les soies des nervures. — 8, ovaire en coupe
transversale.
- 112 —
génériques. C’est ainsi que les 15 à 16 espèces connues se répartissent
entre 9 genres.
Anatomie. Une coupe dans la région moyenne d’un entrenœud
Fig. 5. — Trigyonia parçiflora Jacq.-Fel.
A. — Coupe transversale d’un rameau (région moyenne d’un entrenœud).
B. — Coupe transversale dans une feuille.
de rameau présente une section elliptique et une structure myélo-
desme
L’épiderme est à cellules hautes à paroi épaissie en fer à cheval
par la cuticule. L’écorce est à cellules arrondies, collenchymateuses ,
1. Terme de Van Tieghem indiquant que la plante possède des faisceaux criblo-
vasculaires (ou seulement criblés) dans la moelle.
— 113 —
quelques cellules contiennent de l’oxalate de calcium ; une couche
protectrice est constituée de sclérites isolés ou groupés, chaque
cellule a une section transversale arrondie et une section longitu-
dinale quadrangulaire. L’endoderme est bien net mais sans scléri-
fication. Le liber externe est peu développé. Le bois forme un
cordon continu de vaisseaux et de fibres. Le liber interne forme
un cordon continu plus développé aux extrémités de l’ellipse qui
correspondent aux points où se fera l’insertion des feuilles au nœud
supérieur. La moelle est à cellules collenchymateuses allongées
dans le sens de l’ellipse, séparées aux angles par des méats, quelques
cellules sont cristalligènes. Les faisceaux cribro-vasculaires sont
particulièrement développés et nombreux ; ils forment des plages
allongées dans le sens de l’ellipse. Les faisceaux des extrémités
peuvent être seulement libériens. Sur des rameaux plus âgés les
sclérites corticaux deviennent plus anguleux par compression, on
rencontre des fibres disséminées dans le liber externe et la moelle
se lignifie.
L’étude de la feuille a été faite sur coupe transversale. L’épi-
derme supérieur est à cellules plus ou moins hautes recouvertes
d’une forte cuticule. Un hypoderme fait suite avec une ou deux
assises de cellules collenchymateuses. Le tissu palissadique a au
moins 3 assises bien nettes de cellules et 1 à 2 assises transitaires
avec le tissu lacuneux. Ce dernier peut être légèrement collenchy-
rnateux. Les nervures principales ascendantes sont saillantes à
la face inférieure ainsi que les nervures transversales principales,
par contre les nervilles qui forment un fin réseau correspondent à
l’extérieur à un enfoncement de l’épiderme et celui-ci apparaît
en coupe comme ondulé. L’épiderme inférieur au niveau des ner-
vures et sur les marges de la feuille présente des cellules assez hautes
épaissies en fer à cheval par la cutine. Ailleurs il présente des cel-
lules minces à cutine faible et de très nombreux stomates entre
la réticulation des nervilles. Le mésophylle présente un renfonce-
ment collenchymateux dans les marges, et quelques grandes cel-
lules à oxalate de calcium placées immédiatement sous l’hypo-
derme.
D’après l’aspect de cette espèce et de son anatomie, il est vrai-
semblable que c’est une plante arbustive à feuilles persistantes et
vivant au moins saisonnièrement dans un milieu relativement sec.
Sakersia strigosa Cogn.
Congo : Brazzaville (Dybowski sans n®) (Chevalier 27255,
25582).
Sakersia Laurentii Cogn.
Haut-Oubangui (Viancin sans n®).
— 114 —
Dicellandra gracilis a. Chev. = Phaeoneuron gracile Tlutch.
et Dalz.
Fondé sur le mélange de deux espèces. La répartition des numéros
doit être la suivante : 1° Dinophora spenneroides : 19733, 19635,
19361, 19360. 2*^ Phaeoneuron dicellandroides : 21206.
— 115
L’Aplodontia asiatica Sshl. du Pontien de Mongolie
PAR M. Friant.
Chargée d’une mission scientifique, il y a quelques mois, à l’Uni-
versité d’Upsala, j’ai eu l’occasion d’étudier, au laboratoire de
Paléontologie du Professeur Wiman, les seuls matériaux que nous
connaissions concernant V Aplodontia du Pontien de Mongolie. Cet
animal décrit par Schlosser (1924) sous le nom Ôl Aplodontia
asiatica a été considéré par Miller (1927) comme devant constituer
un genre particulier très différent des Aplodontia, formes exclusi-
vement américaines (Amérique du Nord) du Pliocène, du Quater-
naire et de l’époque actuelle.
L’étude de la dentition et des caractères anatomiques de l’hémi-
màndibule, que Miller n’avait vus que sur les photographies
retouchées de Schlosser, m’a permis d’établir l’identité entre le
fossile de Mongolie et les formes américaines, ce qui n’est pas
sans intérêt au point de vue paléogéographique.
Mes recherches sur les Rongeurs du Pontien de Mongolie exis-
tant aux Collections paléontologiques d’Upsala sont' en cours de
publication par les soins du Prof. Wiman.
Le Gérant, R. Taveneau.
Bulletin du Muséum^ 2® s., t. VIII, n® I, 1936.
ABBEVILLE.
IMPRIMERIE F. PAILLART.
16-3-36.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 5
Liste des Services et du Personnel du Muséum national d’Histoire Naturelle . . 6
Liste des Correspondants du Muséum national d’Histoire Naturelle nommés
en 1935 17
Liste des Attachés au Muséum national d’Histoire Naturelle 21
Travaux faits dans les Laboratoires pendant l’année 1935 26
Communications :
H. Neuville. — Remarques complémentaires sur l’organe femelle de l’Hyaena
crocula 54
P. Chabanaud. — Les Poissons de mer exotiques aux Halles centrales de
Paris. Remarques sur diverses espèces, notamment Solea senegalensis
Kaup et Hilsa reevesi H. B 61
P. Ghevey. — Sur la présence du genre Anguilla en Indochine française .... 65
P. Remy. — Pauropodes du Muséum national d’Histoire naturelle. II 69
M, Vachon. — Sur le développement postembryonnaire des Pseudoscorpions
(4® note). Les formules chætotaxiques des pattes-mâchoires 77
F. Grandjean. — Observations sur les Acariens (3® série) 84
M. André. — Sur le Cancer personatus Linné 92
A. Guillaumin. — Plantes nouvelles ou critiques des Serres du Muséum .... 94
A. Guillaumin et E. Manguin. — Floraisons observées dans les Serres du
Muséum pendant l’année 1935 96
'C. Guinet. — Floraisons observées à l’École de Botanique du Muséum pen-
dant l’année 1935 101
H. Jacques-Félix. — Mélastomacées africaines, critiques ou nouvelles de l’Her-
bier du Muséum (suite) 108
M. Friant. — h’Aplodontia asialica Sch. du Pontien de Mongolie 115
PDBLICATIOKS DO HOStOH NATIONAL D’HISTODtE NITDRELIE
Archives du Muséum national d'Hisioire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d'Hisioire naturelle) (Masson
et C*® éditeurs, un vol. par an, 200 frs).
Bulletin du Muséum national d’Hisioire naturelle (commencé en 1895)
(Bibliothèque du Muséum, un vol. par an, 50 frs).
Publications du Muséum national d’Hisioire naturelle (N® 1, 1932 et sui-
vants, prix variable).
Index Seminum in Hortis Musaei parisiensis collectorum (Laboratoire de
Culture ; paraît depuis 1822 ; échange).
Notulæ systematicæ (Laboratoire de Phanérogamie ; parait depuis 1909).
Revue française d’Entomologie (publiée sous la direction du D'^ R. Jeannel ;
parait depuis 1934. Un vol. par an, 50 frs ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale (Laboratoire
d’ Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Hisioire naturelle
à Dinard (Laboratoire maritime de Dinard ; paraît depuis 1928).
Bulletin du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro (Musée du Trocadéro 5
parait depuis 1931 ; prix du n° ; 5 frs).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale (Chaire de Chimie ;
Section de Physique végétale; paraît depuis 1927; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie (Laboratoire d’Entomologie ;
parait depuis 1934 ; échange).
Bulletin de la Société des Amis du Muséum national d'Hisioire naturelle
et du Jardin des Plantes (Société des Amis du Muséum ; parait depuis
1924).
Bulletin de la Société des Amis du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro
(Musée d’Ethnographie du Trocadéro).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
MENSUELLE DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N“ 2. — Mars 1936.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, BUE CÜVIEK
— PARIS-V' ~
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des
manuscrits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de
manière à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des Auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux Auteurs, qui sont piiés de
la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à
un numéro ultérieur.
Les Auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles.
Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part
supplémentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
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directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART.
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent
en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro et brochés avec agrafes.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de
ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DB l’abonnement ANNUEL :
France et Étranger i 50 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03. Paris.
BULLETIN
DU
MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1936. — N“ 2.
293« RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
26 MARS 1936
PRÉSIDENCE DE M. P. LEMOINE
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. P. LEsr<E, Sous-Directeur de Laboratoire, est admis à faire valoir
ses droits à la retraite à dater du 8 avril 1936.
M. L. Page, Sous-Directeur de Laboratoire, est nommé membre de la
Commission du « Président Théodore Tissier ».
M. F. Rio est nommé Garçon de Laboratoire à dater du 1®’’ janvier 1936.
M. Le Rouzic est nommé Gardien de galerie à dater du 1®’’ janvier 1936.
M. Pothier est réintégré dans ses fonctions de Gardien de galerie à
dater du l®r avril 1936.
M^i® A. Camus, Attaché au Muséum, est nommée Chevalier de la Légion
d’honneur.
M. le Président a le regret de faire part du décès de M. le D^" Achalme
ancien Directeur du Laboratoire Colonial de l’Ecole des Hautes Etudes
près le Muséum.
OUVRAGES OFFERTS
Jeannel (Prof. R.). Monographie des Catopidœ. Flxtrait des Mémoires
du Mus. nat. d’Hist. nat., n. s., I, 1936, pp. 1-438.
Chevalier (Prof. Aug.). Les Iles du Cap Vert. — Géographie, Riogéo-
graphie. Agriculture. — Flore de l’Archipel. Extrait de la Reo. Bot. et
Agric. Tropic, XV, 1935, pp. 734-1090, 16 pl.
Heim de Ralsac (IL). Biogéographie des Mammifères et des Oiseaux de
l’Afrique du Nord. Paris, édition du Bull. Biol. France-Belgique, 1936,
446 p., 16 fig., 7 pl., 16 cartes. (Paris, Th. sc. nat., 1936).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936. 8
COMMUNICATIONS
Note sur le masseter des catarhiniens
ET DES PlATYRHINIENS
PAR K. Zlabek,
Assistant à l’Institut d’Anatomie de l’Université Charles de Prague.
Quand on considère, par sa face externe, le masséter de n’im-
porte quel représentant du groupe des Simioïdea (fig. 1, 2), on
voit qu’il se compose de deux portions : l’une antérieure, l’autre
postérieure. La portion antérieure, plus grande que la portion
postérieure, se dirige de la partie antérieure de l’arcade zygomatique
vers la région angulaire de la mandibule. La portion postérieure,
de dimensions bien plus restreintes que la précédente, apparaît,
au-dessous de l’arcade zygomatique, en arrière de la portion anté-
rieure. Ses faisceaux charnus s’attachent, en haut, à la partie
postérieure de l’arcade zygomatique, d’où ils se portent oblique-
ment en avant et en bas, pour se perdre assez rapidement sous le
bord postéro-supérieur de la portion antérieure, échappant ainsi
à la vue.
Nous nous servirons, par la suite, des dénominations de masséter
externe pour la portion antérieure, et de masséter interne pour la
portion postérieure Cependant, l’usage de ces deux termes ne
signifie nullement qu’il s’agisse de deux individualités musculaires
indépendantes. Ces faisceaux ne sont en réalité séparés qu’en arrière ;
nous donnerons à l’espace quelquefois peu profond et orienté dans
le sens sagittal qui les sépare, le nom de fente intermassétérine.
— ■ La face externe du masséter se compose alors de deux parties,
dont Tune répond au masséter interne, l’autre au masséter externe
1. Ces termes ont été employés par Alezais (Étude anatomique du Cobaye. Journ.
de l’Anat. et de la Physiol., 36 et 37. Ann., 1900 et 1901) pour le masséter des rongeurs.
11 y a d’autres synonymes. Pour le masséter interne : masseter medialis (Tullberg),
rnusculus zygomaticomandibularis (profondus) (Toldt) ; pour le masséter externe :
masseter laleralis (Tullberg), masseter (= m. zygomaticomandibularis super ficialis)
(Toldt).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 2, 1936.
— 119
ainsi qu’à la portion indivisée du muscle. Nous nous servirons
du terme de face externe du masséter interne pour la première partie,
et du terme de face externe du masséter externe pour la seconde.
Un simple coup d’œil permet de distinguer à la face externe du
masséter externe deux parties différentes : une partie tendineuse
et une partie charnue.
d e
Fig. 1. — Theropilhecus gellada (1935-643). Face externe du masséter. — a = tendon
supérieur superficiel du masséter externe ; b = faisceaux antérieurs du masséter
externe ; c = faisceaux moyens du masséter externe ; d — masséter interne ;
e = tendon supérieur profond du masséter externe.
La partie tendineuse est représentée par une large aponévrose
à laquelle nous donnerons le nom de tendon supérieur superficiel
(fig. 1, 2, a) ; il occupe la partie supérieure de la face externe du
masséter externe. En bas, le tendon en question se continue, dans
tous les eas, par les faisceaux charnus. En arrière, le dispositif
anatomique est assez variable : dans quelques cas, le tendon supé-
rieur superficiel, se continue jusqu’au bord postéro-supérieur du
masséter externe ; dans d’autres cas, il en est séparé par des fais-
ceaux charnus sur lesquels nous reviendrons.
On peut diviser artificiellement la masse charnue du masséter
— 120 —
en. trois couches superposées : superficielle, moyenne et profonde
Cette distinction de trois couches, quoiqu’ artificielle, facilite beau-
coup l’interprétation du masséter dans les différents groupes zoolo-
giques. De plus, au voisinage du bord postéro-supérieur du masséter
externe, elle est quelquefois tout à fait naturelle, puisque les trois
couches que nous venons d’indiquer y sont séparées par des fentes
plus ou moins profondes. C’est particulièrement, la couche super-
ficielle qui est souvent nettement séparée, en arrière, de là couche
moyenne et ce phénomène a conduit un certain nombre d’auteurs
(Toldt Polak à distinguer, au niveau du masséter externe,
deux couches, une superficielle (identique à notre couche superfi-
cielle), l’autre profonde (correspondant à nos couches moyenne et
profonde).
La plupart des faisceaux charnus que nous voyons au niveau
de la face externe du masséter externe, appartiennent à la couche
superficielle. Ils naissent sur les bords du tendon supérieur superficiel
d’où ils se dirigent, dans le prolongement des faisceaux tendineux
constituant ce tendon, vers le bord de la mandibule. Nous donnerons
à ces faisceaux le nom de faisceaux moyens (fig. 1, 2, c). A côté
des faisceaux moyens, il existe deux autres groupes de faisceaux
charnus. L’un de ces deux groupes est constitué par les faisceaux
antérieurs (fig. 1, 2, b) qui naissent sur la face externe du tendon
supérieur superficiel le long de son bord antérieur. L’autre groupe
est constitué par les faisceaux postérieurs (fig. 2, d), situés au voi-
sinage du bord postéro-supérieur du masséter externe ; ces fais-
ceaux-là appartiennent aux couches moyenne et profonde du
masséter externe et ne sont visibles que dans le cas où, soit les
faisceaux moyens, soit le tendon supérieur superficiel, ne se conti-
nuent pas jusqu’au bord postéro-supérieur du masséter externe.
Les caractères que nous avons indiqués jusqu’ici sont valables
pour tous les Simioïdea. En ce qui concerne les différences qui
existent entre les Catarhiniens et les Platyrhiniens, Toldt (L c.)
est le seul qui ait donné quelques indications. Cet auteur écrit
(p. 426) que, chez les singes du Nouveau-Monde, le masséter pré-
sente une disposition tout à fait différente de celui des singes de
l’Ancien Monde. Il ne précise pas ces différences, mais, d’après
ses descriptions, le masséter externe des Catarhiniens posséderait
1. Allen (On the temporal and masseter muscles of mammals. Proceed. Acad.
Nat. Sci. Philad. 1880), a établi, comme un caractère général du masséter, la dispo-
sition en quatre couches. De ces quatre couches d’AuLEN, la quatrième correspond au
masséter interne ; les trois autres sont identiques à nos trois couches du masséter
externe.
2. Toldt (C.), Der Winkelfortsatz des Unterkiefers beim Menschen und bei den
Sâugetieren und die Beziehungen der Kaumuskeln zu demselben (II. Teil). Silzungsber.
d. Kais. Akad. d. Wissensch. Wicn. Math, naturw. Klasse. Bd. 114. 1905.
3. Polak (C.). Die Anatomie des Genus Colobus. Verhandel. d. Koninkl. Akad. a.
Wettensch. te Amsterdam. Deel 14. 1908.
— 121 —
quatre lobes se superposant partiellement et se succédant d’avant
en arrière. Au contraire, le masséter externe des Platyrhiniens serait
divisé en deux couches, une superficielle, l’autre profonde.
Nos conclusions personnelles se basent sur l’examen d’un grand
nombre d’animaux appartenant à ces deux groupes (Coll, d’ Étude
du Laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum)
Les différences entre le masséter des Catarhiniens et celui des
Platyrhiniens s’observent : 1° au niveau de la face externe du massé-
ter externe ; 2° au niveau du masséter interne ; 3° au niveau de
la fente intermassétérine.
e —
Fio. 2. — Cebiis capucinus (1936-40). Face externe du masséter. a =|tendon supérieur
superficiel du masséter externe ; b = faisceaux antérieurs du masséter externe ;
c = faisceaux moyens du masséter externe ; d = faisceaux postérieurs du masséter
externe ; e = tendon superficiel du masséter interne.
1® Face externe du masséter externe. — - Chez les Platyrhiniens,
le masséter interne est recouvert par le masséter externe dans une
mesure plus considérable que chez les Catarhiniens. Toldt (l. c.),
dans la description du masséter de VHapale, indique même que
le masséter externe recouvre complètement le masséter interne ;
nous n’avons pas pu faire cette constatation. Mais on peut observer,
1. I. Platyrhiniens. — I. Hapalidae. • — • Hapale jacchus. Oedipomidas
oedipus. — II. Cebidae. — Cehus capucinus. C. faiuellus. Saimiris sciureus. Ateles
vellerosus. Lagothrix lagotrica.
2. Catarhiniens. — III. Cercopithecidae. — Macacus inuus. M. cynomolgus.
M. spec. Papio paio. P. hamadryas. Theropithecus gellada. Cercocehus aterrimus.
Cercopithecus paias. C. cephus. C. Grayi. Semnopithecus spec. Colobus spec. ■ — ■ IV. Hylo-
BATiDAE. — Hylobates spec. — V. Anthropomorphae. — Anihropopithecus tro-
glodytes.
— 122 —
au niveau de la face externe du masséter externe, une autre diffé-
rence. Chez les Catarhiniens, les faisceaux postérieurs, s’ils se
trouvent à la surface du muscle, occupent un espace relativement
étroit. Chez les Platyrhiniens au contraire, cet espace est large
(fig. 2) et, en outre, il existe une fente relativement profonde sépa-
rant la couche superficielle de la couche moyenne. Cette disposition
existe quelquefois aussi, mais avec moins de netteté, chez les Cata-
rhiniens. ■ — Les faisceaux moyens tendent, chez les Catarhiniens
et particulièrement au voisinage du bord antérieur du masséter,
à se grouper en lobes (fig. 1). Chez la plupart des Cathariniens
cependant, ces lobes ne sont visibles qu’après une séparation arti-
ficielle des faisceaux charnus. Il en résulte que les lobes ainsi établis
ont quelque chose d’artificiel, ce qui se manifeste très nettement par
ce fait que le nombre de ces lobes, assez élevé, varie beaucoup
non seulement d’une espèce à l’autre, mais aussi d’un individu à
l’autre. C’est seulement chez le Papio et chez le Cercocehus qu’il
existe un lobe constant et nettement isolé. On peut alors dire qu’il
est facile, chez les Catarhiniens, de fendre en lobes les faisceaux
moyens. La division en quatre lobes cependant, comme l’a établi
Toldt, est complètement artificielle et ne peut pas être eonsidérée
comme un caractère général des Catarhiniens.
2° Masséter interne. — Comme nous l’avons indiqué, plus haut,
les faiseeaux charnus du masséter interne s’insèrent, en haut, sur
la partie postérieure de l’arcade zygomatique. Cette insertion se
fait partiellement par l’intermédiaire des tendons. Chez les Cata-
rhiniens, il existe un tendon relativement fort qui est situé à l’inté-
rieur du muscle ; e’est le tendon supérieur du masséter interne
(fig. 3, d). Chez les Platyrhiniens au contraire, il se trouve une
aponévrose relativement mince qui recouvre la face externe du
muscle. Nous nous servirons du terme de tendon superficiel du massé-
ter interne pour cette aponévrose (fig. 2, 3, e).
3° Fente intermassétérine. — Nous avons indiqué plus haut que
la fente intermassétérine divise, en arrière, le masséter en deux
portions : le masséter externe et le masséter interne. Cette fente
a alors deux parois : l’une externe, l’autre interne. Chez les Cata-
rhiniens, la paroi externe est tendineuse en haut, et charnue en
bas (fig. 3, A). La partie tendineuse est formée par un tendon appar-
tenant au masséter externe et auquel nous donnerons le nom de
tendon supérieur profond (fig. 3, b). La partie charnue est formée
par les faisceaux musculaires de la couche profonde. — La paroi
interne de la fente intermassétérine est, eontrairement à la précé-
dente, eharnue en haut et tendineuse en bas. Cette dernière partie
correspond à un tendon qui récolte un certain nombre de faisceaux
du masséter interne, et auquel nous donnerons le nom de tendon
- 123 -
inférieur du masséter interne (fig. 3, f). La partie supérieure, charnue,
est constituée par les faisceaux du masséter interne. — Chez les
Platyrhiniens (fig. 3, B), la paroi externe de la fente intermassé-
térine ressemble, au premier abord, à celle des Catarhiniens. La
paroi interne est tendineuse en haut aussi bien qu’en bas, et charnue
à sa partie moyenne. La partie tendineuse inférieure et la partie
charnue moyenne sont constituées de la même manière que chez
les Catarhiniens. Quant à la partie tendineuse supérieure, elle n’a
Fig. .3. — Schéma destiné à montrer la conformation de la fente intermasséterine :
A, C, chez les Catharhiniens ; B, D, chez les Platyrhiniens. — A = coupe frontale
du masséter des Catarhiniens ; B = coupe frontale du masséter des Platyrhi-
niens ; C = coupe transversale du masséter des Catarhiniens ; D = coupe trans-
versale du masséter des Platyrhiniens ; a = tendon supérieur superficiel du masséter
externe ; b = tendon supérieur profond du masséter externe ; b’ = feuillet super-
ficiel du tendon supérieur profond ; b” = feuillet profond du tendon supérieur
profond ; c = fente intermass étérine ; c’ = fente intermassétérine accessoire ;
d = tendon supérieur du masséter interne ; e = tendon superficiel du masséter
interne ; / = tendon inférieur du masséter interne ; g = tendon inférieur du masséter
externe ; h = faisceaux intermassétérins ; m’ = masséter externe ; m” = masséter
interne ; xx' indique le plan suivant lequel sont faites les coupes C et D.
pas son homologue chez ces derniers ; elle est formée par le tendon
superficiel du masséter interne. — Chez les Platyrhiniens cependant,
il existe, en dehors de la fente intermassétérine que nous venons
d’indiquer et qui est évidemment homologue à celle des Catarhiniens,
une autre fente à laquelle nous donnerons le nom de fente inter-
massétérine accessoire (fig. 3, c). L’existence de cette fente est due
à ce fait que le tendon supérieur profond du masséter externe se
divise, en arrière, en deux feuillets : l’un superficiel, l’autre profond
(fig. 3, D). La fente séparant ces deux feuillets est la fente inter-
massétérine accessoire ; elle se continue vers le bas dans la masse
charnue du masséter externe ; ainsi il se détache de la couche pro-
fonde de ce muscle un certain nombre de faisceaux charnus sous
— 124
forme d’une lamelle musculaire accessoire. — Ajoutons enfin que,
chez les Hapalidés, le dispositif que nous venons d’indiquer est un
peu modifié. Le feuillet profond du tendon supérieur profond est
soudé avec le masséter interne, et la lamelle charnue accessoire,
très mince chez ces animaux, est également confondue avec ce
muscle. Il en résulte que la fente intermassétérine principale n’existe
plus et est en quelque sorte remplacée par la fente accessoire. —
Notons enfin que, chez presque tous les Catarhiniens, la fente inter-
massétérine est occupée par des faisceaux charnus, assez isolés
qui ne peuvent être rattachés ni au masséter externe, ni au masséter
interne ; nous les appellerons faisceaux intermassétérins (fig. 3, h).
Ils sont quelquefois très nombreux et comblent la fente intermassé-
térine presque complètement. En général, les faisceaux intermassé-
térins naissent, en haut, sur la face interne du tendon supérieur
profond. De là ils se portent obliquement en bas et en dedans pour
se confondre avec le tendon inférieur du masséter interne. — Chez
les Platyrhiniens, les fentes intermassétérines sont libres des fais-
ceaux en question.
En résumant ce que nous venons d’indiquer, nous pouvons dire
que le masséter des Platyrhiniens se différencie de celui des Cata-
rhiniens :
1° par la largeur du masséter externe ;
2® par la division plus nette de ce dernier en deux couches super-
posées ;
3° par l’homogénéité des faisceaux moyens du masséter externe ;
4° par le dispositif des tendons au niveau du masséter interne ;
l’absence du tendon supérieur de ce muscle et l’existence d’une
mince aponévrose superficielle (tendon superficiel du masséter
interne) ;
5° par l’existence d’une fente intermassétérine accessoire due au
dédoublement de la partie postérieure du tendon supérieur
profond du masséter externe.
(Laboratoire d’ Anatomie Comparée du Muséum. Dir. Prof. R. Anthony.)
125 -
Matériaux herpétologiques recueillis a Madasgacar
PAR M. Roger Heim, chargé de mission
Description de deux formes nouvelles
PAR F. Angel.
Au cours d’une mission effectuée à Madagascar en 1934-1935,
M. Roger Heim a recueilli pour le Service d’Herpétologie du Muséum,
une intéressante collection de Reptiles et de Ratraciens ; elle fait
l’objet de la note présente. Ces animaux proviennent pour la plupart
du Haut-pays Tanala, immédiatement au Nord, à l’Est et au
Sud-Est du Massif de l’Andringitra, et particulièrement de la forêt
primitive de Tsianovoha. Les autres spécimens ont été recueillis,
soit dans la vallée de l’Onibe, soit dans la région de la baie d’An-
tongil.
Deux formes sont nouvelles pour la Science : un Serpent appar-
tenant au genre Geodipsas et un Batracien représentant une sous-
espèce de Plethodontohyla laei>is. Nous sommes heureux de dédier
au donateur l’espèce nouvelle qu’il a récoltée lui-même
D’autres échantillons qui ne figuraient pas encore dans les collec-
tions du Muséum font partie de cette collection, entre autres le
rare et peu connu Rhacophorus aglaç>ei Meth. et Hewitt, rencontré
à 400 kilomètres au Sud de la localité de capture de l’exemplaire-
type.
Nous croyons utile de donner quelques renseignements sur la
situation exacte des localités mentionnées dans cette note :
Fotsialana. — Moyenne vallée de l’Onibe, à l’Est du Lac Alaotra,
en pays betsimisaraka.
Maroantsetra. — Sur la baie d’Antongil.
Nossi Mangabe. — Petite île dans la baie d’Antongil.
Tsianovoha. — Sud-Sud-Ouest de Fort Carnot et du massif de
rikongo (ait. 600 m.).
Vallée de la Sahandrato. — Sud-Ouest et Sud du Massif de
rikongo.
Grotte d’ANTAMBOHOLAVA. — Sur la Sahandrato, près de la cas-
cade Rakitra ; Sud-Ouest de Fort Carnot (Haut-pays tanala,
ait. 480 mètres environ).
Rullelin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 2, 1936.
— 126 —
Montagne des Français. — Diego-Suarez.
Fort Carnot. — Nord-Est du massif de Tlkongo.
Haute vallée de l’Iantara. — Nord-Nord-Est d’Ivohibe, à
l’Est du Massif de l’Andringitra (ait. 850 m.).
Ampenetra. — A la limite du haut-pays Tanala, vers les plateaux
betsileos, aux lisières de la forêt de Tsianovoha.
Lacertiliens.
Chamaeleon cucullatus Gray — 1 ex. Ç, forêt de Fotsialana. —
Cette espèce n’est connue jusqu’à présent que de la région Est de
Madagascar, où l’on peut la rencontrer jusqu’au bord de la mer
dans la région de Tamatave.
Chamaeleon hreoicornis Günth. — 1 ex. du Haut-pays Tanala ;
nov. 1934 ; 1 ex. de la forêt de Tsianovoha.
Chamaeleon O' Shaughnessyi Günth. — 1 ex., ; Nord-Ouest
de Maroantsetra, fin décembre 1934.
Sur la gorge, qui est de teinte foncée, les tubercules agrandis,
parmi les granules, sont très marqués par leur teinte blanche.
Chamaeleon lateralis Gray. — 1 ex. Ç, de la forêt primitive de
Tsianovoha.
Chamaeleon oustaleti Mocqu. — 1 ex. du Nord-Ouest de Maro-
antsetra.
Uroplatus fimhriatus Schn. — 2 ex. de Nossi Mangabe, fin déc.
1934.
Brookesia superciliaris (Kuhl). — 2 ex., et Ç, de la partie
orientale de la forêt de Fotsialana ; nov. 1934 ; 1 ex. de la forêt
de Tsianovoha.
Phelsuma dubium Boettg. — 1 ex., jeune ; de Tsianovoha ;
sept. 1934.
Zonosaurus maximus Boulenger. - — 1 ex. trouvé dans une caverne
obscure à Antamboholava, en aval de Tsianovoha, sept. 1934.
Ce magnifique échantillon, en parfait état de conservation^
atteint une longueur totale de 610 millimètres dont 415 pour la
queue. Selon M. Mertens un spécimen récolté dans la province
Manakara par M. Catala, mesure 670 millimètres de longueur
totale. — Animal très agressif, d’après M. R. Heim.
Zonosaurus ornatus (Gray). — 1 ex. de la forêt de Tsianovoha.
Mabuya Boettgeri Boulgr. — 1 ex. Cascade de la Rianbavy,
au-dessous de l’Ivangomena (Massif de TAndringitra, vers 2.000 m.
d’altitude).
1. 0 Senckenhergiana », Band 15, 1933, p. 272.
- 127 —
Ophidiens.
Liopholidophis lateralis (Dum. Bibr.). — 2 ex., l’un de la région
de Diego Suarez, l’autre de la forêt de Tsianovoha.
Liopholidophis stumpfp. (Boettger). 2 ex. ; forêt de Tsianovoha,
Geodipsas infralineata (Günth.). — 1 ex. capturé dans une clai-
rière herbeuse, dans des îlots de forêts dégradées en descendant
du col d’Andoana-Manambola, vers le pays Betsileo, sur le cbemin
de Morafeno (altitude 1.220 mètres).
Geodipsas heimi nov. sp.
Rostrale plus large que haute, visible d’au-dessus. Internasales
aussi larges que longues, moins larges mais aussi longues que les
préfrontales. Frontale une fois deux tiers aussi longue que large,
beaucoup plus longue que sa distance de l’extrémité du museau,
plus courte que les pariétales. Une seule loréale de chaque côté.
Une préoculaire ; deux post-oculaires, la supérieure la plus grande.
Temporales : 1 + 2. Sept labiales supérieures, les troisième et
quatrième bordant l’œil. Quatre labiales inférieures en contact
avec les plaques gulaires antérieures qui sont plus courtes que les
postérieures. Ecailles sur 19 rangs. Ventrales : 134. Anale entière.
Sous-caudales : 34.
Coloration. — Brun uniforme au-dessus, y compris les lèvres
supérieure et inférieure et le dessous de la tête. Chaque labiale
avec une tache ronde, jaune ; d’autres taches semhlahles sur les
écailles gulaires. Une marque jaune, losangique, de chaque côté
du cou, juste derrière la commissure buccale. Face inférieure,
jaune brillant, avec des ponctuations noires sur le milieu du ventre,
qui forment une fine ligne médiane, entre la gorge et l’anus.
Longueur totale : 335 millimètres ; queue : 55.
Affinités. — Cette espèce est très voisine de Geodipsas boulengeri
Peracca Elle s’en distingue par sa loréale unique, de chaque côté,
ses plaques céphaliques de dimensions respectives différentes, sa
coloration et sa queue plus longue.
L’échantillon fut recueilli dans une prairie marécageuse, au long
de la rivière Sahandrato, en amont de Tsianovoha.
Au moment de sa capture, et aussi par la suite, l’animal se laissa
manier par M. Heim, ne cherchant jamais à réagir, ou à mordre.
N® des Coll, du Muséum : 1936-19.
Langaha nasuta Shaw. — Au cours de son séjour à Nossi Man-
gabe, M. Heim captura un serpent de couleur rouge brique, por-
1. Bail. Mus. Turin, VII, 1892, n° 112, p. 3.
— 128 —
tant de petites taches noires. La tête était prolongée, en avant,
par un appendice rostral.
Conservé vivant, l’animal s’échappa accidentellement et ne put
être retrouvé. Il s’agit ici vraisemhlahlement du Langaha nasuta,
dont la présence est hien connue dans la région de la haie d’Autongil.
Batraciens.
Mantidactylus cowani Boulenger. — 4 ex. de la forêt de Tsiano-
voha ; sept. 1934.
Mantidactylus guttulatus Boulenger. — ■ 2 ex., l’un de la forêt
de Tsianovoha, l’autre de la haute vallée de la Sahandrato ; sept.
1934.
Mantidactylus betsileanus Boulenger. — 1 ex. de la forêt de
Tsianovoha ; sept. 1934. — Diffère de la description originale par
le lait que les talons se touchent sans se recouvrir quand on place
les cuisses à angle droit sur le corps.
Mantidactylus majori Boulenger. — 1 ex. de la forêt de Tsiano-
voha, sept. 1934.
Gephyromantis cerrucosus Angel. — 2 ex. de la forêt de Tsiano-
voha, sept. 1934 ; 1 ex. de la forêt des environs de Fort-Carnot.
Cet échantillon, encore jeune, diffère légèrement de la description
originale.
Hyperolius guttulatus Günther. — 3 ex. du village Ambodiara
(Sud-Sud-Ouest de Fort-Carnot) au nord de Tsianovoha près de
Sahavondrony.
L’espèce serait commune dans la région boisée au Sud et au
Sud-Ouest de Tlkongo, où elle est connue des indigènes sous le
nom de Bakaka-Fotsy. — Se rencontre, de préférence, auprès des
villages.
Megalixalus madagascariensis Dum. Bibr. — Un ex. de la
forêt de Tsianovoha ; la pupille est horizontale et elliptique.
Rhacophorus brachychir Boettger. — 1 ex. de la forêt de Tsiano-
voha.
Rhacophorus aglaçei Meth. et Hewitt. — 1 ex. de la Haute-
vallée de l’Iantara (forêt de Andoana-Manambola) vers 1.100 mètres
d’altitude. — Cette forêt primitive, à palissandres, se rattache à
la même formation climatique que celle d’Analamazotra, d’où
provient le premier échantillon connu.
Cette rare et caractéristique espèce n’existait pas encore dans les
Collections du Muséum de Paris. Elle diffère sur les points suivants,
de la description originale ^ et des dessins qui l’accompagnent :
1. Ann. Transv. Mus., vol. IV, n" 2, 1913, p. 54.
— 129 —
— l’articulation tibio-tarsienne atteint le bout du museau.
— le diamètre du tympan représente le tiers du diamètre de l’œil.
— les quatre denticulations cutanées de la partie postérieure du
corps sont peu marquées.
— la coloration est un peu différente : teinte générale brune avec
une tache plus claire, allongée, losangique dont l’angle antérieur
commence sur la partie médiane dorsale à la hauteur des épaules
et la pointe postérieure surplombe l’anus. En avant de cette
tache et largement séparée d’elle, une marque blanchâtre en V
très ouvert relie les paupières supérieures dans leur partie
postérieure ; elle est limitée en avant par un trait sombre qui
occupe la largeur interorbitaire.
N® des Coll, du Mus. : 1936-23.
Le type de l’espèce a été recueilli à Analamazotra à l’Ouest
d’Andevoranto, sur la côte d’Est.
Rana mascareniensis Dum. Bibr. — 1 ex. sans indication de
localité.
Megalixalus betsileo Grand. • — 1 ex. de la Haute Vallée de l’Iantara.
— - Détermination donnée sous réserves, l’échantillon ayant été
desséché.
Mantella baroni Boulenger. — 7 ex. d’Ampenetra, à la limite
du Haut-pays Tanala (env. 750 m. ait.).
Les taches claires sur la gorge et sur le ventre sont très variables,
en nombre et en étendue, selon les exemplaires. Le dessous des
cuisses porte tantôt deux, tantôt trois taches. Les tibias et les
tarses sont barrés ou maculés de taches noires irrégulières, le dessous
étant rosé uniforme sur quatre échantillons.
A l’état vivant, selon M. R. Heim, les zones dorsales claires sont
vertes, les orteils rouges et les taches ventrales bleutées.
Plethodontohyla laevis tsianovohensis subsp. nov.
Cette forme diffère^de la forme typique par les principaux carac-
tères suivants :
— la largeur de l’espace interorbitaire contient deux fois et demie
celle de la paupière (au lieu de une fois et demie).
— la longueur du deuxième doigt est notablement plus faible que
celle du quatrième.
— l’absence de verrues sur le museau et sur les paupières supé-
rieures.
— la coloration plus uniforme.
Provenance : forêt de Tsianovoha. — 1 ex. type ; n^ des Coll.
Mus. 1936-47.
— 130 -
Sur la présence d’une seconde espèce d' Anguille en
Indo-Chine française et sur les Lois de la circulation
DES EAUX DANS LA MER DE ChINE MÉRIDIONALE.
PAR P. ChEVEY.
J’ai, dans une précédente Note signalé la présence au Tonkin
de V Anguilla japonica Schlegel ; je concluais que la présence de
cette espèce nordique à une latitude aussi basse concordait avec
l’existence des courants froids d’origine septentrionale décelés sur
les côtes orientales de l’Indochine par Krempf et par moi-même.
Une nouvelle découverte vient aujourd’hui compliquer la ques-
tion ; j’ai trouvé dans les eaux douces du Centre-Annam, à Hué,
une deuxième espèce d’ Anguille, Anguilla mauritiana Bennett.
On pourrait penser, de prime abord, que la présence de cette
espèce dans l’ouest de la Mer de Chine méridionale infirme toutes
mes précédentes conclusions, basées formellement sur le fait que
le groupe des Anguilles tropicales (auquel appartient A. mauritiana)
est relégué dans l’Est de cette même mer.
A la réflexion, il n’en est rien : Si l’on considère, 1° que tout le
Sud et le Sud-Ouest de la Mer de Chine méridionale sont dépourvus
d’Anguilles ; 2° qu’A. mauritiana s’avance précisément à l’extrême
avant-garde des Anguilles tropicales, au-delà des Philippines, vers
le Nord, puisqu’à Formose elle superpose son aire de répartition
à celle d’A. japonica ; 3° que sa présence a déjà été constatée une
fois à Hainan par Oshima en 1926, mais qu’elle n’y est pas très
répandue puisque Nichols et Pope ne l’y ont pas retrouvée en 1927 ;
4° qu’elle est certainement rare à Hué, où je l’observe pour la
première fois après plusieurs années de recherches, une conclusion
s’impose : ce n’est pas par le Sud qu’A. mauritiana est arrivée en
Indochine, mais bien plutôt par le Nord.
En effet, dans tout le groupe des Anguilles tropicales échelonnées
le long des Philippines et jusqu’à Formose, c’est elle qui se trouve
la plus avancée vers le Nord. Venant confondre dans cette région
son aire de répartition avec celle d’A. japonica, il est normal qu’elle
soit exposée à y subir le sort de cette dernière et à voir une partie
1. Comptes rendus Acad. Sci., 201, 1935, p. 1422.
Rulleiin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 2, 1936.
— 131 —
de ses larves entraînées vers le Sud-Ouest par les mêmes courants
qui amènent sa compagne au Tonkin. Ainsi A. mauritiana, à partir
des Philippines, aurait d’abord gagné Formose ; ensuite, ses larves,
entraînées par les courants marins, l’auraient propagée jusqu’à
Hainan, en passant au large des côtes de la Chine du Sud ; finalement
elle serait parvenue, au delà d’Hainan, jusque sur les côtes orientale
de l’Indochine française. Ce trajet est très exactement celui que
Krempf assigne aux courants marins dans le Nord de la Mer de
Chine méridionale ^ ; j’ai moi-même insisté ^ sur le fait que les
courants venant du Nord abordent l’Annam dans la région de Hué,
en passant à l’Est de l’île d’Hainan : la concordance est donc frap-
pante.
Remarquons, en terminant, que l’espèce jadis observée à Hué
par Tirant, sous le nom d’A. Elphinstonei Sykes (= hengalensis
Gray) est évidemment VA. mauritiana : les deux espèces, très
voisines, ont d’ailleurs été plus ou moins confondues par les anciens
auteurs.
Je crois donc que la présence d’A. mauritiana à Hué, loin d’infir-
mer mes précédentes conclusions, apporte au contraire une nou-
velle confirmation aux conceptions de l’Institut Océanographique
de l’Indochine sur la circulation des eaux dans la Mer de Chine
méridionale.
1. Krempf, 1929, 13° Note I. O. I., p. 12.
2. Chevey, 1933, 21° Note I. O. I., p. 8.
132 —
Pauropodes du Muséum national d’Histoibe naturelle, iii
PAR Paul Remy.
(Strasbourg)
1. Allopauropus (Decapauropus) helophorus n. sp. Sinaïa (Rou-
manie), feuilles de Hêtre de la forêt, sur le mont Cumpàtul (ait.
880 m.), 1929-1931, 1 ad. Q, 2 1. à 9 pp. Ç (M. A. Jonescu leg.).
Longueur de l’ad. = 0,92 mm. ; des 1. à 9 pp. = 0,76 et 0,80 mm.
Adulte. — Tête. Poils des quatre rangées tergales légèrement
renflés du côté distal, ornés d’anneaux très saillants ; les intervalles
des submédians d’une même paire sont entre eux comme 4 (R® ran-
gée), 9 (2® r.), 5 (3® r.) et 3 (4® r.).
« Ocelles » à peu près aussi longs que leur écartement minimum.
Tronc. Poils tergaux subcylindriques, à anneaux très saillants ;
près du bord postérieur du tergite VI, 2 submédians égaux à environ
la moitié de leur écartement et deux sublatéraux un peu plus courts
que les submédians, chacun d’eux étant inséré plus près de la
trichobotbrie V que du submédian. Trichobothries III subcylin-
driques dans la région moyenne, amincies vers chaque extrémité.
Pygidium (fig. 1). Tergum à bord postérieur légèrement concave,
sous lequel sortent deux paires de lobes arrondis, poilus. Soies
submédianes a ^ égales au quart environ de leur écartement, à
la moitié environ des soies intermédiaires a lesquelles sont un
peu inférieures à la moitié des soies latérales a ^ ; chaque soie inter-
médiaire est plus proche de la latérale que de la submédiane ;
soies antéro-latérales c légèrement plus longues que les intermé-
diaires ; tous ces phanères atténués distalement, pubescents. Styles st
renflés distalement, fortement pubescents, un peu plus longs
que la moitié de leur écartement, qui est à peu près égal à celui
des soies submédianes.
Sternum. Soies postérieures h ^ subcylindriques (les embases seules
sont représentées fig. 1), égales à environ 1 fois et demi leur écar-
tement ; soies latérales h ^ plus longues (9/7) que les intermédiaires a ^
1. De clou et fépo), porter ; allusion à la forme des appendices de la plaque
anale.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 2, 1936.
- 133 -
du tergum. Plaque anale plus longue que large, la région antérieure
trapézoïde, à bords latéraux légèrement convexes, la région pos-
térieure atténuée en une pointe médiane mousse, à bords latéraux
concaves ; de chaque côté de cette pointe, et la dépassant un peu,
deux appendices en forme de clou à tête asymétrique ; plaque et
appendices sont pubescents.
Larve a 9 pp. — Tête. Rameaux antennaires subégaux, leur
longueur sensiblement égale à celle du poil sternal du rameau
sternal, ainsi qu’à celle du poil tergal du 4® article de la hampe ;
au rameau sternal, le flagelle antérieur un peu plus long que le tiers
du flagelle postérieur, qui est environ trois fois plus long que le
rameau lui-même.
Fig. 1. — Allopauropus (Decapauropus) helophorus n. sp., Ç ad. Région posté-
rieure du corps, face tergale (Sinaïa, Roumanie).
Pygidium comme chez l’adulte, mais les soies antéro-latérales
du tergum manquent.
Taxinomie. L’espèce diffère profondément des autres Deca-
pauropus ; sa plaque anale est du même type que celle à' Allopau-
ropus Jeanneli Remy, d’Afrique orientale.
2. Allopauropus ( A.) fuscinifer n. sp. 1 ad. Q, avec l’espèce
précédente.
Longueur = 1 mm.
Tronc. Trichobothries III s’épaississant légèrement du bulbe
vers la région moyenne, pour s’amincir ensuite fortement vers
l’extrémité distale.
Pygidium (fig. 2). Tergum à bord postérieur pourvu d’un large
lobe médian arrondi. Soies submédianes a ^ à peu près égales à
1. Fuscina — fourche, foëne et fera = porter; allusion à la forme de la plaque
anale.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
— 134 -
leur écartement, mais plus courtes (3/4) que les soies latérales a ^ ;
tous ces phanères atténués distalement, à fine pubescence. Styles st
en forme d’S, fortement penchés l’un vers l’autre, leur écartement
à peu près égal à celui des soies submédianes.
Sternum. Soies postérieures h ^ cylindriques (les embases seules
sont figurées ici) ; soies latérales b ^ atténuées distalement, pubes-
centes, sensiblement égales aux submédianes du tergum. Plaque
anale en forme de fourchette ou foëne de pêcheur ; elle présente
deux courtes dents latérales subtriangulaires entre lesquelles est
une dent médiane longue et grêle, prolongeant une région basilaire
triangulaire, à bords latéraux faiblement convexes ; entre la dent
médiane et chaque dent latérale pointe vers l’arrière une tige
Fig. 2. — Allopauropus (A.) fuscinifer n. sp., Ç ad. Pygidium, face sternale. —
A droite, g = globule antennaire (Sinaïa, Roumanie).
rectiligne ténue ; enfin, la face sternale de la région basilaire de
la dent médiane porte deux apophyses obliques, dont j’ai mal
apprécié les dimensions.
Taxinomie. La plaque anale de cette forme a un aspect tout
à fait particulier ; je place provisoirement l’animal près du groupe
A. armatus Hansen - A. Jeanneli Remy.
3. Allopauropus (A.) Denisi n. sp. ^ Banyuls-s.-M. (Pyr.-Or.),
sous pierre, ravin de la Fontaine ferrugineuse (ait. 35 m.), 4 sept.
1934, 1 ad.
Longueur = 0,57 mm.
Tête. « Ocelles » plus longs (env. 4/3) que leur écartement mini-
mum.
1. Dédié à J.-R. Denis, de la Faculté des Sciences de Dijon, précédemment au
Laboratoire Arago, Ranyuls-s.-M.
135 —
Rameau antennaire tergal à peu près égal au 1 /4 de son fla-
gelle, légèrement plus long (9/8) que le rameau sternal ; flagelle
tergal un peu plus long (env. 23/20) que le flagelle sternal posté-
rieur, qui est sensiblement le double du flagelle sternal antérieur.
Tronc. Trichobothries III rappelant celles d' Allopauropus sub-
minutus Remy et d’^. cornutus Remy : leur axe, épais, à pubescence
courte, est atténué vers chaque extrémité, davantage du côté du
bulbe que du côté distal.
Pygidium (fig. 3). Tergum à bord postérieur présentant un large
lobe médian arrondi. Soies submédianes a ^ un peu plus longues
que les soies intermédiaires a qui sont beaucoup plus courtes
(5/9) que les soies latérales a ^ ; chaque intermédiaire est sensible-
Fig. 3. — Allopauropus (A.) Denisi n. sp. cf ad. Région postérieure du corps, face
sternale (Banyuls-s.-M.),
ment plus proche de la latérale que de la submédiane. Styles st
en forme poignard courbe, fortement pubescents, un peu plus longs
que la moitié de leur écartement, lequel est un peu supérieur à celui
des soies submédianes. ,
Sternum. Soies postérieures è ^ un peu dilatées distalement, sen-
siblement plus courtes (env. 5/8) que leur écartement, qui est à
peu près égal à celui des styles. Plaque anale trapézoïde, ses bords
latéraux subrectilignes, divergents vers l’arrière ; son bord posté-
rieur légèrement échancré en son milieu ; à chaque extrémité de
ce bord pointent vers l’arrière deux cornes claviformes, faiblement
divergentes ; plaque et cornes sont pubescentes.
Taxinomie. La plaque anale d’.i4. Denisi rappelle celle d’^. Zer-
lingae Remy, mais la première espèce se distingue immédiatement
de la seconde par ses trichobothries III beaucoup plus épaisses,
ses styles arqués très pubescents, ses soies sternales postérieures
plus courtes que leur écartement.
-- 136 —
4. Allopauropus (A.) sceptrifer n. sp. Feuilles mortes, hêtraie
de la Massane près Argelès-s.-M. (Pyr.-Or.), 4 avril 1930, 1 ad. Q.
Longueur = 0,6 mm.
Tête. « Ocelles » plus longs (env. 9/7) que leur écartement mini-
mum.
Rameaux antennaires subégaux, le tergal à peu près égal au 1/5
de son flagelle ; celui-ci, égal au triple du flagelle sternal antérieur,
est un peu plus long (5/4) que le flagelle sternal postérieur.
Tronc. Axe des trichobothries III (fig. 4) grêle, terminé distale-
ment par un gros renflement ovoïde ; ces soies ont une longue
Fig. 4. — Allopauropus (A.) sceptrifer n. sp. $ ad. En haut, trichobothrie III. En
bas, pygidium, face tergale ; des soies b^, seule la région initiale est figurée. (La
Massane, Pyr.-Or.).
pubescence, sauf dans leur partie proximale. Les deux poils de la
région postérieure du tergite VI sont beaucoup plus courts que leur
intervalle. «
Pygidium (fig. 4). Tergum à bord postérieur pourvu d’un large
lobe médian arrondi. Les soies submédianes a plus longues que leur
écartement, sont presque égales aux soies latérales a lesquelles
sont sensiblement le double des soies intermédiaires a ^ ; celles-ci
sont insérées en avant et un peu en dedans des latérales. Styles st
très renflés distalement, un peu arqués, égaux à la moitié de leur
écartement, qui est un peu supérieur (5/4) à celui des soies sub-
médianes.
Sternum. Soies postérieures h ^ subcylindriques, sensiblement plus
longues que leur écartement. Plaque anale trapézoïde, à bords
1. Allusion à la forme des trichobothries III.
— 137 —
latéraux convexes, à région postérieure divisée en deux lobes par
une petite échancrure médiane, chaque lobe portant une corne
claviforme, striée transversalement, un peu plus courte que la
largeur maximum de la plaque.
Taxinomie. La plaque anale ressemble à celle d’^. Zerlingae,
dont A. sceptrifer se distingue par la forme de ses 3® trichobothries.
Institut de Zoologie et de Biologie générale, Strasbourg.
Laboratoire Arago, Banyuls-sur-Mer.
138
MiCROZETES AUXILIARIS N. SP. (OrIBATES)
PAR F. Grandjean.
L’espèce type du genre Microzetes, M. mirandus (Berlese), n’est
pas figurée, ni même décrite sérieusement. La figure de M. orna-
tissimus Berl. donne bien le faciès et quelques caractères, mais elle
n’est pas assez détaillée ni assez juste pour définir le genre Micro-
zetes. Il est cependant nécessaire de bien connaître ce genre, car
il est très remarquable et c’est le type d’une famille importante
et riche (Les Microzetidae n. fam., Bull. Soc. Zool. France, t. LXI,
1936). C’est pour combler cette lacune que je décris Microzetes
auxïliaris. Les exemplaires qui font l’objet du présent travail pro-
viennent des environs de la Guayra (Venezuela). La récolte (sep-
tembre 1926) contenait près de 100 exemplaires avec quelques
tritonymphes. M. auxiliaris est commun car je l’ai trouvé également
à Colon (Panama) pendant le même voyage.
Adulte
Taille moyenne : longueur 204 p,, largeur 131 p, épaisseur 110 p.
Longueurs extrêmes 195 et 213 p. Couleur fauve. Lisse, brillant,
sauf les bandes granuleuses du nostogater dont le reflet est terni.
Entre les lamelles et jusqu’au rostre on voit une masse de céro-
tégument d’un blanc jaunâtre.
Ornementation. L’ornementation granuleuse du notogaster est
disposée comme l’indiquent les figures 1 A, 2 B et 2 C. On a prin-
cipalement 4 arcs de cercle tournant leur convexité vers l’arrière.
Ils correspondent à des sillons du même genre que ceux de Nella-
carus petrocoriensis, mais plus larges et plus effacés. Les granules
sont fins, bien séparés. Aux extrémités paraxiales de chacun des
arcs, surtout des 2 antérieurs, les granules s’allongent et deviennent
de fines costules assez ondulées qui prolongent un peu les arcs en
avant. La région pleurale est également granuleuse (fig. 2 A) avec
des granules plus gros et clairsemés.
L’ornementation principale, qui est élégante, consiste en petites
côtes parallèles très minces, à tracé un peu onduleux ou tremblé,
bien saillantes, longitudinales, développées dans la moitié anté-
rieure du notogaster et sous le corps entre les carènes circumpé-
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 2, 1936.
— 139 —
dieuses. Sur le notogaster on compte 6 à 9 de ces costules. Elles ne
sont pas bien symétriques (fig. 1 A). A la face inférieure (fig. 3 A)
elles rappellent beaucoup le genre Acaroceras. Les plaques anales
portent babituellement, de chaque côté, 2 costules ; les génitales
n’en ont pas ; l’hypostome a quelques costules transversales entre
ses deux poils et le bord antérieur ; sur le dorsovertex on voit de
chaque côté une costule très courte qui part du bord postérieur
(fig. 1 A).
Cérotégument. Il est comme chez Acaroceras. En particulier
il noie les cornes rostrales, les harpons lamellaires et la petite voûte
qui est au milieu de la translamelle Derrière la voûte le céroté-
gument forme une crête arrondie qui remonte le long de la bosse
axiale du propodosoma jusqu’à mi-chemin du notogaster ou même
davantage.
Région dorsale et latérale du propodosoma. Les grandes lamelles
sont pliées à angle aigu le long de l’arête paraxiale qui passe à
peu près au poil lamellaire.
La partie dorsale est bombée comme toujours. Son extrémité
antérieure, du côté antiaxial, est pointue et paraît simple, mais on
la voit mal dans l’orientation dorsale de l’acarien parce que la
surface y est très déclive. En réalité il y a une grande dent qui
prolonge le bord antiaxal et une échancrure à côté de la dent
(fig. IB).
La partie de la lamelle qui est pliée en dessous est très singu-
lière. Vers le tiers proximal il y pousse une grande apophyse en
forme d’épine creuse dirigée transversalement et portant elle-même
2 épines secondaires, grandes aussi, dont l’une est dirigée en avant
et l’autre, qui est courbe, vers le haut. L’ensemble est une sorte
de harpon ou de croc qui se développe de chaque côté entre les
lamelles et qui est jusqu’ici tout à fait particulier à Microzetes.
Il faut remarquer que le harpon n’est pas une apophyse du bord
de la lamelle. Il naît dans la partie pliée ou réfléchie, loin du bord
libre de cette partie pliée. Ce bord libre est simple au contraire.
Le harpon droit et le gauche ne sont pas exactement symétriques,
car ils se croisent. C’est presque toujours le droit qui passe par-dessus
le gauche dans mes exemplaires.
La pointe antérieure de la partie pliée est simple mais la lamelle
y a un bombement local dirigé vers le plan de symétrie et vers
le bas. Ce bombement est assez accentué chez certains exemplaires
pour donner à cette région de la lamelle un contour lancéolé.
La translamelle se voit bien dans l’orientation dorsale. Elle a
1. Berlese a vu le cérotégument, bien qu’il n’en parle pas. Il est représenté sur
sa figure de M. ornatissimus. Les harpons sont représentés aussi, entre les lamelles,
un peu flous, car ils sont vus à travers le nuage de cérotégument.
140
les mêmes caractères que chez Acaroceras, mais elle est échancrée
dans le plan de symétrie et elle forme, au-dessus de l’échancrure,
en se repliant en Ü, une petite voûte (fig. 1 A). La voûte est pro-
longée en arrière par un bombement de la surface du propodosoma
qui s’efface graduellement mais atteint presque le bord du noto-
gaster. Le bombement ne se voit bien qu’en lumière réfléchie.
Fig. 1. — Microzetes auxiliaris. A, vu de dessus (x 430) ; le poil lamellaire et le
sensillus ne sont figurés qu’à droite ; l’extrémité du tectopedium I ne l’est qu’à
gauche ; j’ai couvert de hachures la partie pliée et directement visible de la lamelle
gauche. B, le poil lamellaire et l’extrémité de la lamelle gauches vus dans une orien-
tation un peu oblique (X 1030). C, extrémité du rostre avec les cornes rostrales
et les poils rostraux ; orientation oblique ; les tectopedia I ne sont pas figurés
(X 1030).
Le tectopedium I est représenté figure 2 A avec sa ligne d’im-
plantation (en traits et points alternants) qui va rejoindre l’extré-
mité paraxiale de la base de la lamelle. On voit qu’il est parcouru
par une forte côte comme chez Nellacarus. La côte se termine en
— 141 —
avant par une pointe au-dessus de laquelle se développe un lobe
membraneux. En deçà du lobe le bord supérieur du tectopedium
est enroulé vers le plan de symétrie jusqu’un peu avant la pointe
proximale qui est cachée sous la lamelle mais que l’on voit bien
dans l’orientation de la figure 2 A. Après la pointe proximale vient
une boucle et l’on atteint la base de la lamelle.
Fig. 2. — Microzeles auxiliaris. A, vu latéralement sans gnathosoma ni notogaster
ni pattes ( X 500) ; les hachures de la lamelle (droite) sont comme figure 1 A.
B, notogaster vu latéralement, un peu ohliquement (X 428). G, notogaster vu
de derrière (X 355). D, aspis de la tritonymphe, vu obliquement (X 550) ;
les poils lamellaires ne sont figurés que par leur base ; le sensillus et le poil exobo-
thridique droits ne sont pas représentés.
Le bord inférieur du tectopedium, derrière la pointe distale, est
simple et eonduit à une bouele en lunule placée à peu près comme
chez Nellacarus ^ (fig. 2 A). Après la lunule on revient en avant,
mais le tectopedium ne fait plus qu’une très faible saillie au-dessus
de la paroi du propodosoma. La ligne d’implantation se termine
1. La lunule A’ Acaroceras est également homologue, bien qu’elle soit plus pos-
térieure.
- 442 —
sous la lunule. On voit dans son prolongement, du côté paraxial,
une petite côte transversale qui s’efface rapidement. Une autre
petite côte part du même point et se dirige en avant sur la paroi
latérale du rostre. Elle s’efface également très vite.
La grande côte du tectopedium, si on la suit en ariière, ne conduit
pas à l’extrémité proximale de la ligne d’implantation. Elle la
traverse et se poursuit à peu près dans la direction du poil exobo-
thridique. Dans cette région postérieure, bien qu’elle s’efface pro-
gressivement, elle reste une caiène séparant une surface fortement
déclive (au-dessous d’elle) d’avec une surface plus ou moins hori-
zontale (du côté paraxial, sous la lamelle), cette dernière servant
d’appui au génual I. Le croisement de la ligne d’implantation et
de la côte sur la figure 2 A (en ce point les deux lignes ne sont guère
séparées que par l’épaisseur du tégument) correspond au coude b
de Nellacarus (loc. cit., fig. 11).
On peut dire que c’est cette grande côte en général qui est homo-
logue du bord libre d’un tectopedium I ordinaire. La partie du
tectopedium qui est au-dessus d’elle ^ (ou au delà) est une produc-
tion spéciale aux Microzetidae et c’est par elle que se fait la jonction
avec la base de la lamelle. Il est probable que l’on pourra suivre
toutes les étapes de cette orthogénèse quand on connaîtra beaucoup
d’espèces de la famille.
En deçà de la grande côte le tectopedium I est orné, sur sa face
antiaxiale, dans le même style que le tectopedium II. Les petites
côtes en arc de cercle qui bordent la lunule sont sur la face paraxiale.
Les tubercules rostraux sont longuement cornus comme chez
Acaroceras mais les cornes sont plus grêles. Elles ne sont pas beau-
coup plus épaisses que les poils rostraux. Ceux-ci sont implantés
sur les mêmes tubercules devant les cornes, formant ainsi un ensemble
de 4 appendices assez curieux (fig. 1 C) qui est flanqué de chaque
côté par le lobe et la pointe du 1®^ tectopedium. La pointe arrive
presque à toucher le tubercule rostral. Les tubercules cornus de
Microzetes et d' Acaroceras sont homologues des tubercules plus
gros, mais non cornus, de Nellacarus.
Les poils rostraux sont lisses. Les figures montrent leur forme
et leur orientation. Les poils lamellaires sont très singuliers à cause
de leurs longs cils (fig. 1 B). Ils naissent à la brisure des lamelles,
un peu au-dessous du bord. Malgré la petite taille de l’espèce on
voit bien le canal qui joint leurs racines aux bases des lamelles.
Les poils interlamellaires sont de grandes épines analogues à celles
d^ Acaroceras et de Phylacozetes mais particulièrement longues et
1. Je crois que cette partie du tectopedium I est représentée sur le tectopedium II
par la bordure étroite et lisse qui est devant les arceaux d’ornementation de ce tecto-
pedium. La même orthogénèse agirait donc sur le 2® tectopedium mais sans avoir
encore réussi à le compliquer sérieusement.
— 143 —
fortes. Elles sont recourbées vers le bas à l’extrémité et dépassent
l’extrémité des lamelles. Elles semblent lisses mais à fort grossisse-
ment on voit à leur surface des villosités extrêmement courtes,
obsolètes et serrées. Il est remarquable qu’à un poil aussi grand
et fort (je ne connais pas d’Oribate qui ait un poil interlamellaire
plus considérable, proportionnellement au corps) corresponde chez
les nymphes un poil minuscule (fig. 2 D). La trichobothrie est
comme chez Acaroceras et Phylacozetes.
Fig. 3. — Microzetes auxiliaris, vu de dessous. A, adulte sans les pattes ni le notogaster
(X 430). B, tritonymphe (X 365); la plupart des poils postérieurs ne sont
pas figurés en entier.
Notogaster. Les figures 1 A, 2 B et 2 C décrivent suffisamment,
je crois, le notogaster. Les 18 poils sont lisses, fins et courts. L’aile
est très mince en avant. Le contour apparent du notogaster est
un peu bosselé à cause des sillons larges qui le traversent. J’ai parlé
plus haut de ces sillons à ornementation granuleuse.
Face inférieure de l’idiosoma. Les poils sont de longueurs
très inégales (fig. 3 A). Sur les plaques génitales, en particulier,
il n’y a de chaque côté qu’un grand poil, dirigé en avant, qui est
— 144 —
l’antérieur. Tous les autres poils de Topisthosoma sont très petits.
Aucun n’est virtuel cependant.
La fissure adanale est assez obsolète. L’épaississement apodémal
IV rejoint les parois des acetabula IV.
Gnathosoma. Il a les caractères de la famille. La maxille a une
pointe ou dent supérieure assez longue. Je n’ai pas pu étudier
Fig. 4. — Microzetes auxiliaris. Tritonymphe vue de dessus, sans les exuvies { X 375).
complètement le dernier article du palpe, qui est extrêmement petit,
mais il a le même faciès que chez les autres genres de Microzetidae
et les mêmes grands poils.
L’inclinaison du gnathosoma est exceptionnelle. On peut le voir
par la figure 2 A comparée à celle d' Acaroceras : l’ouverture du
145 —
camérostome fait un grand angle avec la face inférieure du podo-
soma.
Pattes. Elles sont presque identiques à celles à' Acaroceras
odontotus. Les seules différences que j’ai vues sont à la patte IV,
où le trochanter porte une très fine et très obsolète granulation sur
sa face antiaxiale, caractère qui rappelle Nellacarus, et où le fémur
a son poil inférieur très petit et son bord dorsal aigu derrière le
poil, caractères qui rappellent Phylacozetes. Le solénidion tactile t I,
moins long et plus grêle que ç 1 est un peu courbé vers le plan
de symétrie. L’enflure antiaxiale du tibia I est très marquée comme
chez Acaroceras et Phylacozetes (elle est faible ou nulle chez Nella-
carus).
Tritonymphe.
La tritonymphe ressemble beaucoup à celle de Nellacarus petro-
coriensis. On a le même plateau d’exuvies avec de très longs poils,
le même sensillus en ballon, le même bord rostral relevé en gouttière,
etc... Les différences sont les suivantes :
Les gros poils dorsaux des nymphes et de la larve sont creux
mais sans cloisons transversales. Ils ne deviennent pleins qu’à une
petite distance de leurs racines. Ces poils sont plus barbelés chez
les larves que chez les nymphes. Ils le sont moins que chez petro-
coriensis. Leurs tubercules sont plus saillants, surtout celui qui
porte le poil C 1 (fig. 4). Le tubercule C 1 n’est d’ailleurs très allongé
que chez les nymphes. Sur l’exuvie larvaire on voit qu’il n’est pas
plus grand que les autres. L’exuvie larvaire a ses poils da dirigés
en arrière parallèlement au plan de symétrie, tandis que ces mêmes
poils sont transversaux chez N. petrocoriensis. C’est la différence
la plus apparente entre les 2 nymphes. Les poils, d’une manière
générale, sont plus longs chez auxiliaris, mais les exobothridiques
sont au contraire bien plus courts, presque nuis.
J’ai figuré le rebord rostral (fig. 2 D) ; il serait presque identique
chez petrocoriensis. Il en serait de même du dessous du corps
(fig. 3 B). Les poils des épimères ont la formule (3 — 1 — 3 — 3) avec
une disposition absolument normale qui autorise à leur donner
les notations habituelles. La formule des trochanters est (1 — 1 — 2 — 1)
comme chez les adultes. La cupule iad est à sa place régulière devant
ad 3. Ce n’est que chez l’adulte qu’elle passe derrière ce poil. Tous
ces caractères sont communs avec N. petrocoriensis, de sorte qu’ils
sont probablement vrais pour toute la famille.
— 146
Contributions a la Faune Malacologique
DE L’Afrique équatoriale
PAR M. Louis Germain.
LXXi
Mollusques terrestres
DE LA PROVINCE DU KlVU (AfRIQUE ORIENTALE)
La province du Kivu, qui s’étend à l’ouest du lae du même nom,
à l’extrémité orientale du Congo Belge, est encore peu connue
du point de vue faunique. Une expédition allemande parcourt ces
contrées en 1907 et 1908 et, en 1911, le J. Thiele étudie les
Mollusques rapportés, publiant des espèces nouvelles dont quel-
ques-unes particulièrement intéressantes. Depuis, H. B. Preston
(1913) a décrit quelques autres espèces et H. A. Pilsbry, dans sa
belle Révision des Mollusques terrestres du Congo (1919), a donné
d’utiles renseignements sur la faune malacologique de ce pays.
M. Guy Babault, associé du Muséum National d’Histoire natu-
relle, qui, depuis une dizaine d’années, habite Kadjudju, sur les
bords mêmes du lac Kivu, a envoyé au Laboratoire de Malacologie
une série de Mollusques recueillis au cours de ses nombreuses courses.
Les matériaux ainsi réunis renferment, avec des espèces antérieu-
rement décrites, beaucoup d’autres litigieuses ou nouvelles ; ils
constituent un ensemble qu’il convient de mettre en valeur. Cette
première note se borne â l’étude des Mollusques terrestres récoltés
dans quelques localités voisines du lac Kivu : Kadjudju, Kashewe,
Kitembo et Lukando. Des notes ultérieures feront connaître les
Mollusques provenant de contrées plus éloignées et ceux habitant
les eaux du lac Kivu.
Marconia latula Martens.
1895 Ennea (Edentulina) latula Martens, Nachrichtbl. d. Deutsch.
Malakozool Gesellsch., p. 175, n° 1.
1897 Ennea recta var. latula Martens, Beschalte Weichth. Deutsch-Ost.
Afrik., p. 14, taf. II, fig. 8.
1. Cf. • Bulletin Muséum Hisl. natur. Paris, 2® série, n° 4, juin 1934, p. 377.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIIT, n° 2, 1936.
- 147
1922 Marconia Intula Connolly, Annales a. Magaz. Natur. History,
London, série 9, X, p. 488, pl. XIV, fig.'49-50.
Le test, très brillant, est corné verdâtre, plus pâle au dernier
tour ; les stries longitudinales sont obliques, inégales, plus accen-
tuées aux sutures où elles sont légèrement crispées, bien plus fines
et presque évanescentes sur la partie du dernier tour opposée à
l’ouverture. Les grands échantillons ont 6 3/4-7 tours de spire et
15 millimètres de longueur, 8,5 millimètres de diamètre maximum
et 8,2 millimètres de diamètre minimum. Leur ouverture mesure
7 millimètres de hauteur pour 5,1 millimètres de diamètre.
Province du Kivu : Kashewe, Kitembo [Guy Babault].
Le Marconia kiouensis Preston [Ennea kiouensis Preston, Proceed.
Zoolog. Society London, 1913, p. 197, pl. XXXIV, fig. 3], dont j’ai
figuré un cotype en 1923 [Mission Guy Babault Afrique orient.,
Mollusques, II, p. 16, pl. I, fig. 18], n’est qu’une forme minor mesu-
rant 11 millimètres de longueur pour 8 millimètres de diamètre
maximum.
Ennea Bequaerti Dautzenberg et Germain.
Fig. 41, dans le texte.
1914 Ennea Bequaerti Dautzenberg et Germain, Revue zoologique afri-
caine, Bruxelles, IV, p. 5, pl. III, fig. 14.
1919 Ptychotrema (Ennea) bequaerti Pilsbry, Bulletin Americ, Muséum
Natur. Hist. New-York, XL, p. 207.
Je figure (fig. 41, dans le texte) cette espèce dont le test est blanc,
à peine teinté de jaune. Les 2 tours embryonnaires ont été décrits
comme lisses ; en réalité, ils sont garnis de très fines stries spirales
un peu serrées, bien visibles à un grossissement de 20-30. Les autres
tours montrent des costules subobliques fortes et assez espacées.
La longueur atteint de 5,8 à 6,2 millimètres.
Une variété thysvillense Pilsbry [loc. supra cit., 1919, p. 208,
fig. 76) diffère surtout par ses costules un peu plus serrées au der-
nier tour.
Cette espèce habite Lisala [= Upoto] et Malema, sur les bords
du Moyen Congo [J. Bequaert]. La variété thysvillense a été trouvée
dans une grotte, à Thysville (Bas Congo, 5°30’ S., 15® E. Greenwich).
[H. Lang et J. Chapin].
Gulella Lamyi Dautzenberg et Germain.
Fig. 42-43, dans le texte.
1914 Ennea Lamyi Dautzenberg et Germain, Revue zoologique africaine,
Bruxelles, IV p. 6, pl. II, fig. 9-10-11.
Le test, peu brillant, à peine coloré en jaune très clair, est garni
— 149 --
de fortes costules filiformes obliques, régulières et relativement
espacées. Je figure le type de cette espèce (fig. 42-43, dans le texte)
qui appartient au groupe du Gulella soror E. A. Smith [Annals
and Magaz. Natur. Hist., London, 6® série, VI, 1890, p. 164, pl. VI,
fig. 12], Le type provient de Lukonzolwa, sur les bords du lac
Moero, dans le Katanga [J. Bequaert].
Thapsia kîtemboensis Germain, noa. sp.
Fig. 44-45, dans le texte.
Coquille étroitement ombiliquée, déprimée ; spire conique peu
élevée formée de 6 tours, les 5 premiers médiocrement convexes,
le dernier bombé en dessous, assez convexe en dessus mais avec
une nette compression périphérique sensible jusqu’à l’ouverture.
Fig. 44-45. — Thapsia kitemboensis Germain.
Kitembo (Kivu) [Guy Babault] ; X 2,5.
relativement très grand par rapport au cinquième et élargi à son
extrémité ; sutures marquées, légèrement submarginées ; sommet
petit, très obtus ; ouverture obliquement ovalaire, anguleuse en
haut ; bord columellaire arqué, très peu élargi, réfléchi sur l’ombilic ;
péristome aigu, très mince.
Diamètre maximum ; 11,5 millimètres ; diamètre minimum ;
9,9 millimètres ; hauteur : 5,8 millimètres. Diamètre de l’ouverture :
6,5 millimètres ; hauteur de l’ouverture : 4,8 millimètres.
Test corné fauve clair, transparent, brillant ; tours embryonnaires
paraissant lisses mais montrant, à un grossissement de 25-30, des
stries longitudinales coupées de très fines stries spirales ; autres
tours garnis de stries longitudinales fines, irrégulières, inégales,
coupées de très fines stries spirales serrées et subégales ; dernier
tour avec, en dessus, ces deux séries de stries atténuées vers l’ou-
verture et, en dessous, les stries longitudinales plus accentuées et
les stries spirales absentes.
Cette espèce est bien caractérisée par son dernier tour très grand,
élargi et comprimé à la périphérie et par l’absence de sculpture
spirale en dessous.
Province du Kivu ; Kitembo [Guy Babault].
Bulletin du Muséum, 2^ s., t. VIII, 1936.
10
- 150 —
Trochozonites (Zonitotrochus) medjensis Pilsbry.
1919 Trochozonites (Zonitotrochus medjensis Pilsbry, Ballet. Amer.
Muséum Natur. History New-York, XL, p. 254, fig. 118.
La coquille est longuement conique (longueur : 5,6 millimètres ;
diamètre maximum : 4,9 millimètres ; diamètre minimum : 4,3 mil-
limètres) et formée de 7 tours de spire convexes séparés par des
sutures profondes, le premier tour globuleux, le dernier avec une
carène aiguë
Le test est d’un brun corné assez clair, plus brillant en dessous.
Les tours embryonnaires sont à peu près lisses : à un grossissement
de 25-30, on y distingue quelques très fines ponctuations irréguliè-
rement réparties. Les autres tours sont garnis de fines stries longi-
tudinales obliques, inégales et écartées. En dessous, les stries lon-
gitudinales, plus sensibles, plus obliques, et moins écartées sont
coupées de stries spirales serrées, visibles à un grossissement de 20.
Province du Kivu ; Kitembo [Guy Babault].
La sculpture est plus accentuée que chez le type ^ décrit par
H. A. Pilsbry et rappelle celle du Trochozonites huhamhaënsis
Preston [Proceed. Zoolog. Soc. London, 1914, p. 804, pl. II, fig. 23],
espèce d’ailleurs très voisine, peut-être même synonyme et recueillie
à Buhamba, près du lac Kivu, par Robin Kemp.
Helicarion kiouensis J. Thiele.
1911 Helicarion kivuensis J. Thiele, Wiss. Ergebn. Deutschen ZentraT
Afrika Exped., III, p. 192, pl. V, fig. 34.
1919 Helicarion kivuensis Pilsbry, Ballet. Amer. Muséum Natur. History
New-York, XL, p. 279.
Le sommet de la coquille est très obtus, la spire complètement
aplatie avec les premiers tours très petits et le dernier énorme. Un
individu atteint 19 millimètres de longueur, 14 millimètres de lar-
geur et 10 millimètres de hauteur, son ouverture ayant 12 milli-
mètres de diamètre pour 10 millimètres de hauteur.
Le test est corné ambré, très brillant, absolument transparent,
fragile, presque pellucide. Les tours embryonnaires montrent de
très fines stries longitudinales ; les autres tours sont garnis de
stries longitudinales relativement fortes, inégales, espacées, très
obliques et onduleuses près de l’ouverture. Elles sont coupées par
deux ordres de stries spirales : celles de premier ordre sont espacées,
inégales, fortes ; celles de second ordre, extrêmement fines, subégales
1 . Aux tours supérieures cette carène est placée directement contre la suture.
2. Recueilli à Medje (2°25’ lat. N., 27”30’ long. E. Greenwich, dans l’Ituri Forest
[H. Lang et J. P. Chapin).
— 151 —
et très serrées ^ s’intercalent entre les premières. En dessous, les
stries longitudinales sont moins irrégulières et elles sont coupées
seulement par de très fines stries spirales.
Les fortes stries spirales du dernier tour sont caractéristiques
et se retrouvent chez VHelicarion niger Pilsbry [loc. supra cit,
XL, 1919, p. 270, fig. 134-135), espèce très voisine mais plus grande
(29 millimètres de longueur pour 16 millimètres de hauteur),
recueillie à Masisi ^ (Congo Belge) par J. Bequaert.
Province du Kivu : Lukando [Guy Babault].
Décrit d’après des échantillons de l’île Kwidjwi (lac Kivu,
2.100 mètres) [H. Schubotz], cet Helicarion habite aussi la Rugege
Forest (1.800-2.000 m., dans le Ruanda, à l’Est du lac Kivu)
[H. Schubotz] et dans les forêts, à 90 kilomètres à l’ouest du bord
sud du lac Albert-Edouard [Grauer].
Callistopepla ® Babaultî Germain, noç. sp.
Fig. 46, dans le texte.
Coquille ovoïde allongée ; spire formée de 6 tours convexes,
le deuxième élargi, le troisième aussi haut que le quatrième, les
cinq premiers beaucoup plus étroits que le dernier qui est grand,
subventru, comprimé à la périphérie ; sommet gros et obtus ;
sutures bien marquées ; ouverture pyriforme allongée, anguleuse
en haut, arrondie en bas ; bord columellaire régulièrement incurvé,
étroit, obliquement tronqué ; péristome aigu, très mince ou mem-
braneux.
Longueur : 75-80 millimètres ; diamètre maximum : 44-48,5 mil-
limètres ; diamètre minimum : 33-35,5 millimètres ; diamètre de
l’ouverture : 42-44 millimètres ; hauteur de l’ouverture : 22,5-23 mil-
limètres.
Test mince, léger, assez fragile, un peu brillant, marron clair
à reflets dorés, unicolor, sauf les 3 premiers tours garnis de flam-
mules longitudinales peu marquées ; dernier tour grossièrement
malléé avec parfois une tache longitudinale plus sombre que le
reste de la coquille.
Tours embryonnaires garnis de stries longitudinales coupées de
fines stries spirales assez serrées ^ ; autres tours avec des stries
1. Visibles seulement à un grossissement de 15-20.
2. 1°15’ lat. S. et 28'^ 30’ long. E. üreenwich.
3. Ce genre a été institué par C. F. Ancey en 1888 (Bull. Soc. malacolog. France,
V, p. 69, note 2) ; mais, par une faute d’impression évidente, il est orthographié Cal-
listoplepa. Les auteurs américains adoptent cette graphie fautive pour se conformer,
disent-ils, aux lois de la nomenclature. .Je ne puis admettre cette opinion et j’estime,
cjue les erreurs de cette nature doivent être corrigées.
4. Les tours embryonnaires, vus à un grossissement 20-30, ont un aspect finement
guilloché.
— 152
longitudinales obliques, irrégulières, inégales, inégalement espacées,
accentuées et crispées aux sutures, coupées de stries spirales
subégales, assez espacées. Au dernier tour, les stries longitudinales
sont grossières et très inégales et les stries spirales, peu nombreuses,
sont localisées à la partie supérieure et au voisinage de la dépression
ombilicale.
Intérieur de l’ouverture d’un très beau bleu de Prusse clair
très brillant.
Province du Kivu : Kitembo [Guy Babault],
Fig. 46. — Callislopepla Babaulti Germain.
Kitembo (Kivu) [Guy Babault), grandeur naturelle.
Cette espèce est la plus grande connue. La seule qui s’en rapproche
est le Callislopepla Marteli Dautzenberg ^ de la région du lac Tan-
ganyika. Mais le Callislopepla Bahaulli Germain est bien plus grand,
de coloration différente, avec une ouverture moins élargie et les
tours supérieurs proportionnellement beaucoup plus étroits, ce qui
donne à l’ensemble de la coquille un aspect très particulier (fig. 46,
dans le texte).
1. Achalina Marteli Dautzenberg, Ann. soc. rnalacolog. Belgique, Bull, des séances,
XXXVI, 1901, p. 3, pl. I, fig. 1 (et, fig. 2, var. pallescens Dautz.). Cette espèce mesure
64 millimètres de longueur et 32 millimètres de diamètre.
Burtoa nilotica Pfeiffer.
1861 Bulimus niloticus Pfeiffer, Proceed. Zoolog. Soc. of London, p. 24.
1904 Burtoa nilotica Pilsbry in Tryon, Manual of Conchology, 2® série,
Pulmonata, XVI, p. 300, pl. XXVII, fig. 5.
1923 Burtoa nilotica Germain, Mollusques, Mission Guy Babault.
Afrique orient.. H, p. 75, fig. 25 à 37, dans le texte.
Province du Kivu : Kitembo [Guy Babault].
Deux exemplaires de cette espèce éminemment variable ^ ont
été recueillis par M. Guy Babault. L’un correspond à la variété
Jouberti Bourguignat au test solide et à l’ouverture largement
bordée, en dedans, de rose vineux brillant ; l’autre se rapporte
à la variété Dupuisi Putzeys ^ au test plus mince et à la coquille
imperforée, ce qui la distingue assez nettement des autres variétés
de cette espèce.
Limicolaria kiouensis Preston.
1913 Limicolaria kiouensis Preston, Proceed. Malacolog. Society London,
X, p. 277 fig. 277, fig. à la p. 278.
La coquille, à sommet obtus, est formée de 6 tours de spire.
Le sommet et les premiers tours sont d’un marron brillant. Le test
est marron jaunâtre, orné de larges flammules longitudinales d’un
marron très foncé, presque noir, entre lesquelles sont de très étroites
flammules d’un coloris plus clair. L’intérieur de l’ouverture est
bleu brillant, le péristome bordé d’une étroite bande violacée et
le bord columellaire d’une teinte lie de vin brillante. Les stries
longitudinales sont obliques, irrégulières, coupées de stries spirales
qui, au dernier tour, existent seulement au voisinage de la nature.
Longueur : 49,5-55 millimètres ; diamètre maximum : 26-27,5 mil-
limètres ; diamètre minimum : 22,5-24 millimètres ; hauteur de
l’ouverture : 23-25 millimètres ; diamètre de l’ouverture : 14-15 mil-
limètres.
Les jeunes ont un dernier tour muni d’une carène médiane sen-
sible et les stries spirales s’arrêtent à cette carène.
Province du Kivu : Kitembo [Guy Babault],
Cette espèce est évidemment voisine du Limicolaria saturata
1. Pour l’étude du polymorphisme de cette espèce, cf. ; Germain (Louis), toc. supra
du, 1923, p. 75 à 95.
2. Burtopsis Jouberti Bourguignat, Mollusques Afrique équator., 1889, p. 99,
pl. II, fig. 1 ; = Limicolaria nilotica var. Emini E. von Martens, Sitzungsb. Naturf.
Freunde Berlin, 1891, p. 14 ; et Beschalte Weichth. D. Ost-Afrik., 1897, p. 94 et fig.
à la p. 96.
3. Lioinhacia Dupuisi Putzeys, Ann. Soc. malacolog. Belgique, Bullet. des séances,
XXXIII, 1904, p. Lxxxii, fig. 1.
— 154 —
E. A. Smith [Proceed. Malacol. Soc. London, I, 1895, p. 323, fig. 1 ;
= Limicolaria Ponsonbyi Preston, ibid., VII, part. II, 1906, p. 89,
fig. à la p. 89] dont elle ne constitue guère qu’une variété moins
allongée avec une ouverture proportionnellement moins haute et
un test moins fortement décussé.
Limicolaria Martensi Smith.
1866 Limicolaria tenebrica H. Adams Proceed. Zoolog. Soc. London, p. 375
[non Reeve].
1880 Achatina (Limicolaria) Martensiana Smith, Proceed. Zoolog. Soc.
London, p. 345, n° 2, pi. XXXI, fig. 1-la.
1920 Limicolaria Martensi Germain, Mission Guy Babault, Afrique
orient., Mollusques, I, p. 160, fig. 7 -8 dans le texte et pl. III, fig. 9 à 14 ;
— et II (1923), p. 95, pl. IV, fig. 91 à 97 (étude du polymorphisme et de
la distribution géographique).
Province du Kivu : Kitembo, Kadjudju [Guy Babault].
Les nombreux individus rapportés appartiennent à la variété
pura Pollonera [Molluschi (Il Ruwenzori, vol. I), p. 22, n® 36,
tav. 4, fig. 26 ; = Limicolaria Smithi (non Pilsbry) Preston, Proceed.
Malacol. Soc. London, VII, 1906, p. 90, fig. p. 91 ; et E. A. Smith,
Transact. Zoolog. Soc. London, XIX, 1909, pl. I, fig. 7 (seulement) ;
= Limicolaria Prestoni Boettger, Proceed. Malacolog. Soc. London,
X, 1913, p. 359].
Limicolaria elegans Thiele.
1911 Limicolaria elegans Thiele, TViss. Ergebn. Deutschen Zentral-Afrika
Exped., III, p. 204, pl. V, fig. 41.
Je rapporte à cette espèce de nombreux individus d’une Limi-
colaire recueillie par M. Guy Babault à Kitembo et à Kadjudju.
Ceux de la première localité mesurent de 37,5 à 47 millimètres de
longueur pour 16 à 19,5 millimètres de diamètre maximum et
15,5 à 18 millimètres de diamètre minimum ; ceux de la seconde
ont de 39 à 45 millimètres de longueur, de 16 à 20 millimètres de
diamètre maximum et de 15,2 à 19 millimètres de diamètre mini-
mum. Tous présentent un polymorphisme accentué et si certains
correspondent bien à la figuration publiée par J. Thiele, d’autres
sont extrêmement voisins du Limicolaria laeta Thiele (loc. supra cit.,
III, 1911, p. 204, pl. V, fig. 42] ^ dont H. A. Pilsbry a décrit une
variété medjensis ^ différant par ses dimensions plus faibles et ses
1. Cette espèce a été récoltée à Béni, à l’Ouest du massif du Ruwenzori. Le Limi-
colaria elegans Thiele habite le S. W. du lac Albert-Edouard et l’île Kwidjwi (lac
Kivu).
2. Bulletin Amer. Muséum Natur. Hist. New-York, XL, 1919, p. 97, pl. XVI,
fig. 7-12.
- 155
tours de spire un peu moins convexes D’ailleurs il existe de nom-
breuses formes de passage entre ces divers Mollusques et le Limi-
colaria Martensi Smith var. pura Pollonea et il ne me semble pas
douteux que les Limicolaria elegans Thiele, Lim. laeta Thiele (et
sa var. medjensis Pilsbry) soient seulement des races locales du
Limicolaria Martensi Smith Il en est sans doute de même du
Limicolaria distincta Putzeys [Ann. Soc. malacolog. Belgique, Bull,
des séances, XXXIII, 1898, p. V, fig. 3 ; Pilsbry, loc. supra cit., XL,
1919, p. 96, pl. XVI, fig. 1 à 6] du Congo Belge.
Province du Kivu : Kitembo, Kadjudju [Guy Babault].
Pseudoglessula intermedia Thiele.
Fig. 47, dans le texte.
1911 Pseudoglessula intermedia Thiele, Wiss. Ergebn. Deutschen Zentral-
Afrika Exped., III, p. 207, pl. V, fig. 46-46 a.
1919 Pseudoglessula intermedia Pilsbry, Bullet. Amer. Muséum Natur.
Hist. New-York, XL, p. 150, pl. XVIII, fig. 2-2a (var. masisiensis
Pilsbry).
Cette espèce, dont la coquille possède 7-7 1/2 tours de spire assez
convexes, mesure 30-31 millimètres de longueur, 12,5-13 millimètres
Fig. 47. — Pseudoglessula intermedia Thiele.
Kadjudju (Kivu) [Guy Babault]. Schéma de l’ouverture ; X 2.
de diamètre maximum et 11,2-11,5 millimètres de diamètre mini-
mum. L’ouverture (12,5 millimètres de hauteur pour 7 millimètres
de diamètre) montre des caractères assez particuliers : elle est élargie
vers la base ; le péristome est incurvé et se termine par une proémi-
1. Cette variété a été trouvée à Med je, dans le Congo Belge, (2°25’ lat. N., 27^30’
long. E. Greenwich).
2. Le Limicolaria Martensi Smith a, en général, les tours de spire plus convexes
et un coloris plus vif que les formes de la province de Kivu décrites par J. Thiele.
Mais une longue suite d’individus montre de nombreux passages entre ces diverses
modalités.
- 156
nence assez aiguë d’où part la troncature (fig. 47, dans le texte)
et le péristome est légèrement mais nettement réfléchi.
Les tours embryonnaires ont de fines stries longitudinales. Les
autres tours sont garnis de costules longitudinales obliques, assez
saillantes, régulières et atténuées sur la moitié inférieure du dernier
tour. Sur un individu jeune (le dernier tour a encore une indication
carénale) provenant de Kitembo, ces costules sont coupées de très
fines stries spirales comme chez la variété masisiensis Pilsbry. Par
contre, les échantillons adultes de Kadjudju ne montrent, à un
grossissement 30, aucune trace de sculpture spirale.
Province du Kivu : Kitembo, Kadjudju [Guy Babault].
Le type a été recueilli dans Pile Kwidjwi (lac Kivu) [H. Schubotz) ;
la variété masisiensis Pilsbry aux environs de Masisi (Congo
Belge, I^IB’ lat. S., 28^30’ long. E. Greenwich). [J. Bequaert] et
de Mukule (entre les lacs Albert-Edouard et Kivu) [J. Bequaert].
Cerastus drymaeoides Thiele.
1911 Ena ( Rachisellus ) drymaeoides Thiele, TEiss. Ergebn. Deutschen
Zentral-Africa Exped., III, p. 202, pl. V, fig. 39.
1919 Cerastus drymaeoides Pilsbry, Ballet. Amer. Muséum Natur. History
New-York, XL, p. 314.
La coquille rappelle, par sa forme générale, celle des Drymaeus
de l’Amérique du Sud. Elle a 7 tours de spire convexes séparées
par des sutures marginées, avec un dernier tour convexe et bien
développé. L’ouverture (12,5 millimètres de hauteur sur 7,2 milli-
mètres de diamètre) est ovalaire élargie, lie de vin pourpré en dedans,
avec un bord columellaire élargi, lie de vin pourpré de blanc
et un péristome blanc, épaissi et nettement réfléchi. Les bords mar-
ginaux sont réunis par une faible callosité. La longueur atteint
26,5 millimètres, le diamètre maximum 14 et le diamètre mini-
mum 10,5 millimètres.
Le test est solide, d’un blanc crème un peu jaunâtre, assez brillant.
Les deux premiers tours sont cornés et légèrement ambrés ; les
deux derniers sont ornés de rares ponctuations noires ou d’un marron
foncé, petites, très irrégulièrement distribuées et d’une zonule
jaune clair entourant un ombilic en fente élargie.
Le sommet est subobtus et les tours embryonnaires sont garnis
de délicates stries longitudinales obliques (grossissement 20) ; les
autres tours montrent des stries longitudinales, irrégulières, iné-
gales, un peu espacées, plus accentuées et beaucoup plus écartées
1. Ces ponctuations sont identiques à celles qui ornent le test des espères du genre
Rachis.
— 157 —
au dernier tour vers l’ombilic ; elles sont coupées de stries spirales
d’une grande délicatesse
Province du Kivu : Forêt à trois étapes au N. -O. de Kashewe
[Guy Babault].
Cette rare espèce était seulement connue de l’île Kwidjwi (lac
Kivu) [H. SCHUBOTZ],
Cyclophorus (Maizania) intermedia E. v. Martens.
1897 Cyclophorus interrnedius E. v. Martens, Beschalte Weichth. Deutsch
Ost-Afrik., p. 8, pl. II, fig. 3.
1919 Cyclophorus (Maizania) interrnedius Pilsbry, Bullet. Amer. Muséum
Natur. History New-York, XL, p. 325.
Un individu dépasse notablement la taille ordinaire de l’espèce
et atteint 21 millimètres de diamètre maximum, 17 millimètres
de diamètre minimum et 16 millimètres de hauteur. Presque tous
les exemplaires recueillis par M. Guy Babault appartiennent à
la variété cingulatus Dupuis et Putzeys [^Annales soc. malacol.
Belgique, Bullet. des séances, XXXVI, 1901, p. xli, fig. 17-18]
caractérisée par un nombre variable de fascies d’un brun jaunâtre
plus ou moins clair. La variété elatior Martens [Sitzungsb. Gesellsch.
Naturf. Freunde Berlin, 1892, p. 180 ; et loc. supra cit., 1897, p. 8,
pl. I, fig. 1, pl. II, fig. 4] a une spire proportionnellement plus haute,
mais elle est reliée au type par de nombreux intermédiaires. Elle
est généralement de taille médiocre et le Cyclophorus rugosus
Putzeys [Annales soc. malacol. Belgique, Bulletin des séances , XXXIV,
1899, p. Lv, fig. 1] n’en diffère pas.
Province du Kivu ; Kitembo, forêt à trois étapes au N. -O. de
Kashewe [Guy Babault].
Ce Cyclophore habite les stations humides et boisées, générale-
ment au voisinage des cours d’eau et très fréquemment dans les
parties périodiquement recouvertes par les inondations.
1. Ces stries spirales sont visibles, même avec une simple loupe. Elles donnent
au test, vu au microscope, un aspect plus ou moins finement martelé par places.
Note sur le Cytherea callosa Conrad (Moll. Lamellibr-)
PAR Ed. Lamy.
Le Cythera callosa Conrad (1837, Journ. Acad. Nat. Sc. Philad.,
VII, p. 252) est une coquille subovale, ornée uniquement de nom-
breuses côtes concentriques aplaties.
Carpenter avait d’abord (1856, P. Z. S. L., p. 216) considéré
cette espèce comme un Dosinia ; mais ultérieurement (1864, Suppl.
Report Moll. West coast North America, pp. 526 et 640) il en a fait
le type d’un nouveau genre Amiantis.
Il lui a d’ailleurs (pp. 526, 571, 620) identifié le Dione nobilis
Reeve [Cytherea] (1849, P. Z. S. L., p. 126 ; 1863, Conch. Icon.,
Dione, pl. IV, fig. 15) L
D’autre part, il a constaté que l’on a confondu avec cet A. callosa
une coquille qui, outre une sculpture concentrique, possède des
costules rayonnantes et qui a été figurée sous ce nom de Venus
callosa par Sowerby (1853, Thés. Conch., II, p. 712, pl. CLIV,
fig. 44-45) et par Reeve (1863, Conch. Icon., Venus, pl. XIX, fig. 87),
mais qui est un Chione.
Carpenter avait admis d’abord en 1856 {P. Z. S. L., p. 216) que
ce V. callosa auct., non Conrad, correspondrait à la figure 15 {non
14) 2 de Conrad (1837, loc. cit., pl. 19) et que ce serait le Venus
Nuttalli Conrad. Mais il a reconnu ultérieurement en 1864 ( Suppl.
Rep., pp. 526, 570, 592, 641), après examen du type, que le véri-
table V. Nuttalli Conrad (1837, loc. cit., p. 250) correspond à la
figure 16 {non 14, nec 15) et qu’il est identique au Venus succincta
Valenciennes (1833, Humboldt et Bonpland, Rec. obsera. zooL,
II, p. 219, pl. XLVIII, fig. 1 a-c) = V. californiensis Broderip
(1835, P. Z. S. L., p. 43), tandis que le V. callosa auct. a été fait
par Reeve {in errata) synonyme de Venus fluctifraga Sowerby
(1853, Thés. Conch., II, p. 712, pl. CLIV, fig. 42-43), assimilation
acceptée par Carpenter (1864, Suppl. Rep., p. 553).
D’autre part, en 1864 {ibid., pp. 527 et 569) Carpenter a attribué
la figure 15 de Conrad au Venus caltforniana Conrad (1837, loc.
cit., p. 250, pl. 19), qu’il faisait synonyme de V. simillima
1. La longueur de cette espèce est, en effet, variable : les formes courtes et subor-
biculaires correspondent au nobilis, les coquilles plus allongées concordent avec la
description du callosa.
2. La figure 14 correspond au Tapes slamineus Conrad.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 2, 1936.
159
Sowerby (1853, Thés. Conch., II, p. 708, pl. CLIII, fig. 17-18) :
cette dernière forme a été identifiée par Wm. Dali (1909, Proc.
U. S. Nat. Mus., XXXVII, p. 292) au V. undatella Sowerby (1835,
P. Z. S. L., p. 22) 1, que Carpenter (p. 571) regardait comme
une espèce peu satisfaisante, le type étant une coquille en mau-
vais état de conservation.
Reeve fait d’ailleurs remarquer que dans son Venus callosa la
lunule et l’aréa ligamentaire sont presque obsolètes et ces carac-
tères conviennent très bien au V. fluctifraga Sow., tandis que les
V. succincta Val. et V. undatella Sow. ont une lunule bien marquée
et une aréa ligamentaire excavée.
On a donc à distinguer quatre espèces :
Amiantis callosa Conrad = Dione nobilis Reeve : de la Californie
(San Pedro) au golfe de Tehuantepec (1924, I. Oldroyd, Mar. Shells
West coast North America, p. 151, pl. 56, fig. 1-2).
Chione fluctifraga Sowerby = Venus callosa auct. (Sowerby,
Reeve) [non Conrad] = V. Nuttalli Carpenter, 1856 [non Conrad] :
de la Californie (San Pedro) au golfe de Californie (1924, I. Oldroyd,
loc. cit., p. 153, pl. 39, fig. 3) ;
Chione undatella Sowerby = Venus californiana Conrad (fig. 15)
= V. simillima Sowerby ; de la Californie (San Pedro) au Pérou
(Payta) et aux îles Galapagos (1924, I. Oldroyd, loc. cit., p. 154,
pl. 55, fig. 2) ;
Chione succincta Valenciennes — Venus californiensis Broderip
= V. Nuttalli Conrad (fig. 16) : de la Californie (San Pedro) à
Panama (1924, I. Oldroyd, loc. cit., p. 154)
1. Dali identifie aussi au V. undatella le V. Nuttalli Conrad; mais Carpenter (p. 641)
dit expressément que dans cette dernière coquille, dont il avait vu le type, les côtes
concentriques sont lisses.
2. Les collections du Muséum national de Paris possèdent des spécimens des Chione
fluctifraga, undatella ex. succincta reçus en 1929 de M. Stanley C. Field et un exemplaire
à’ Amiantis callosa donné tout récemment (janvier 1936) par M. Maxime Denis.
— 160 —
Le ROLE DE LA MATIÈRE ORGANIQUE DISSOUTE DANS L’EAU ET
LES THÉORIES DE PUTTER (suite) ^
PAR Gilbert Ranson
Docteur ès-sciences,
Assistant au Muséum National d’Histoire Naturelle.
En 1909, A. PÜTTER entreprend des expériences directes sur
quelques Poissons qu’il élève en aquarium. Il trouve qu’ils vivent
plus longtemps dans des solutions nutritives que dans l’eau pure.
D’autre part, il mesure leur consommation totale en O, puis leur
perte de poids. De leur composition chimique, il déduit la quantité
d’O qui a servi à oxyder la partie perdue. Il trouve une différence
entre ces deux quantités. Il en conclut qu’une partie a été utilisée
à oxyder les aliments non figurés absorbés par l’animal. L’absorption
des substances dissoutes se ferait par les branchies en même temps
que l’O.
En 1911, il montre qu’en ajoutant des substances nutritives
dissoutes dans de l’eau où vivent des Actinies, ces substances
diminuent progressivement dans l’eau. Il en conclut qu’elles ont
été absorbées.
En 1924, il étudie la nutrition des Copépodes. Reprenan les
considérations de son premier travail et d’autres, il arrive à l’idée
que les Copépodes vivent aux dépens des substances en solution
dans l’eau. Il le prouve directement en faisant vivre des Copépodes
dens des solutions étendues de glucose. Par le calcul, il montre que
l’absorption de ces matières ne peut se faire par l’intestin, car la
quantité d’eau qui devrait passer par celui-ci serait trop grande.
Cette absorption peut au contraire se faire par la surface extérieure
du corps comme pour l’oxygène. Il appuie cette idée de l’absorption
à travers la paroi chitineuse sur les observations de Munro Fox
sur des larves de chironomes. Ce dernier a montré, en effet, qu’une
larve de chironome respire par toute la surface extérieure du corps.
Quant au rôle de l’intestin, il pense que les Algues qui y pénètrent
ne peuvent couvrir que 2 à 3 pour 100 des besoins alimentaires et
servent peut-être à apporter des vitamines.
1. Voir : Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., t. VII, i'asc. 6, nov. 1935, p. 359.
2. Munro Fox, The journal oj Gén. physiol., vol. III, 1921, p. 565.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, b° 2, 1936.
— 161
Étant donnée l’hypothèse à laquelle est arrivé Pütter, il lui
faut absolument montrer que les animaux aquatiques peuvent
vivre, se développer et reproduire uniquement en présence de subs-
tances dissoutes. Ceci est difficile, dit-il, à réaliser expérimentale-
ment.
Les travaux de Lund (1914), Peters (1920 et 1921), et Lwofe
(1923), qui ont obtenu des cultures de Protozoaires dans des milieux
ne contenant que des substances dissoutes, ceux de Knorrich
sur Daphnia (1901) et M. Wolff sur Semocephalus (1909) qui ont
montré l’utilisation par ces animaux de substances dissoutes, et
surtout les travaux de J. Krizenecky (1923-24-25), Podhradsky
(1924-25), sur le développement constaté de têtards vivant unique-
ment dans des solutions nutritives viennent à l’appui de l’idée de
Pütter, de même que les expériences déjà signalées de Mitchell
(1917) sur les Huîtres.
Il faut noter cependant que Oehler (1919), sur les Protozoaires,
Lipschutz (1910) sur les Poissons et Kerb (1911) sur les Daphnies,
larves de Corethra et Poissons, ont obtenu des résultats négatifs.
Une partie de mes observations, celles de Churchill et celles
de Przylecki, montrant d’une façon très nette la possibilité pour
certains animaux d’absorber des substances organiques dissoutes
variées par la surface extérieure de leur corps, ne prouvent pas
du tout que ces animaux puissent couvrir tous leurs besoins par
cette voie. Cependant les faits naturels, dont j’ai établi le déter-
minisme apportent un appui certain aux idées de Pütter. J’ai
constaté d’une façon indiscutable l’absorption, par la surface exté-
rieure du corps de beaucoup d’invertébrés, surtout au niveau
des branchies, de matière organique en solution dans l’eau et sécré-
tée par les Diatomées, puis l’utilisation de cette matière organique
chez les Copépodes. C’est là, je crois, un des meilleurs apports aux
théories de Pütter. Mais dans l’intérêt même de la recherche, nous
ne devons pas tirer de ces observations des conclusions auxquelles
elles ne conduisent pas. Nous devons nous en servir comme stimu-
lant pour poursuivre les recherches commencées, mais nous devons
reconnaître qu’elles ne prouvent pas du tout que les animaux étudiés
se nouriissent uniquement de cette façon et que les organismes
planctoniques pénétrant dans l’intestin ne jouent aucun rôle dans
la nutrition, en particulier chez les Mollusques Lamellibranches et
Gastéropodes.
En 1929, E. Fischer, examinant toutes les causes possibles de
la répartition de certaines espèces côtières de la Manche, a étudié
par la méthode au permanganate, le « pouvoir réducteur » de l’eau
de mer, attirant l’attention sur l’impossibilité d’obtenir ainsi une
appréciation exacte de la quantité de matière organique dissoute.
Il montre que les variations de la teneur en oxygène dissous et celles
162 —
du pouvoir réducteur de l’eau de mer sont d’une façon générale
à peu près inverses les unes des autres ; mais ceci n’est pas exact,
dit-il, pour divers milieux (ports, canaux) particulièrement riches
en matières organiques.
Mais, par ailleurs, E. Fischer dit : « Il reste à montrer que dans
les conditions naturelles, les substances organiques dissoutes, entrant
réellement dans l’alimentation des animaux, contribuent effecti-
vement à assurer leur existence. C’est là l’essentiel de la théorie
de PÜTTER. » En réalité, c’est seulement un des premiers faits à
démontrer, ce n’est pas l’essentiel, car, d’après Pütter, la substance
organique dissoute forme la partie fondamentale des matières
utilisées par les animaux pour couvrir leurs besoins, les substances
figurées constituent seulement un faible appoint.
Par ailleurs, E. Fischer a noté que certaines espèces côtières
atteignent une taille maxima dans les milieux riches en matières
réductrices. Ceci paraît tout à fait exact bien qu’à l’embouchure
des fleuves, le rôle de l’eau douce soit certainement très appréciable,
son action précise sur le fonctionnement protoplasmique restant
à déterminer ; j’en ai parlé dans mon travail de 1927.
Mais lorsque E. Fischer veut expliquer la répartition de cer-
taines espèces côtières par le pouvoir réducteur de l’eau de mer, je
trouve qu’il émet une hypothèse dépassant les faits. Comme je
le montre dans un travail qui va paraître, la distribution géogra-
phique de certaines espèces côtières est due à un concours de cir-
constances extérieures, en relation avec un facteur spécifique se
traduisant par un ensemble de conditions déterminantes propres à
l’espèce. D’innombrables causes secondaires interviennent (inter-
vention de l’homme, les courants en rapport avec les conditions
de développement des larves pélagiques, etc...). Les larves péla-
giques se fixent où elles peuvent et si elles trouvent le support
approprié au moment où leur croissance le leur permet, et à l’endroit
où les courants les ont conduites. Comme je le montrerai ailleurs,
on arrive ainsi parfois à constater les faits les plus extravagants :
fixation côtière, à la limite extrême de la haute mer, des larves
d’ Huîtres, dans le Bassin d’Arcachon, vers 1750, entraînant leur
mort, dès la première période de morte-eau un peu longue. Ceci
démontre bien l’enchevêtrement extraordinaire des causes inter-
venant. Les êtres, une fois fixés, vivent comme ils peuvent, suivant
les conditions qu’ils trouvent. Là seulement intervient l’action de
la matière organique dissoute réglant seulement le degré de déve-
loppement de l’animal. Nos observations et relations sont seule-
ment une résultante dont beaucoup de composantes nous sont
cachées parce que nous n’avons pas été à même de les examiner.
Mais lorsque nous cherchons les causes de la distribution des orga-
nismes, il ne faut pas envisager uniquement celles permettant aux
163 -
animaux d’atteindre leur maximum de développement parce qu’ils
profitent de conditions particulières.
Sur les besoins totaux de l’animal et sur la quantité d’organismes
planctoniques susceptibles de pénétrer dans l’intestin, les valeurs
données par Pütter ont été critiquées. Cependant, comme je l’ai
déjà fait remarquer, c’est là l’essentiel. C’est là qu’il faudra tou-
jours revenir et sur ce point précis se mettre d’accord.
Je ne veux pas mésestimer l’importance des faits que j’ai appor-
tés par ailleurs, ni de ceux des différents auteurs cités, mais ils ne
doivent absolument pas servir à présenter comme définitives des
évaluations discutées.
C’est ainsi que Moore, Whitley, Edie et Dakin, séparément
ou en collaboration, ont montré que les valeurs données par Pütter
pour les besoins nutritifs, en partant de la détermination de l’O
nécessaire, sont trop élevées. Ils apportent d’ailleurs des observa-
tions très particulières sur le métabolisme nutritif.
Pour Dakin, il est possible qu’il y ait absorption de petites
quantités de substances dissoutes et que certains animaux (Proto-
zoaires) puissent vivre uniquement d’elles ; mais, en général, celles-ci
ne jouent qu’un rôle accessoire dans la nutrition. Il insiste sur le
fait que tous les animaux aquatiques ne doivent pas être réunis
en un seul groupe pour ce qui concerne la nutrition. C’est tout à fait
mon avis.
Au sujet de la quantité d’organismes planctoniques susceptibles
d’être captés, H. Lohman (1909) pense qu’ils sont souvent beau-
coup plus abondants que dans les exemples pris par Pütter. 11 pense
aussi que les détritus organiques interviennent dans l’alimentation.
Blegvad (1914) attire également l’attention sur le rôle des détritus
dans l’alimentation des animaux de fond.
Lwoff conclut ainsi : « Il semble donc bien que, quoique dans
les conditions naturelles, la nutrition des Infusoires libres soit
purement phagocytaire, on puisse, en leur fournissant un milieu
convenable, arriver à nourrir certains d’entre eux de substances
dissoutes. »
En ce qui concerne particulièrement les Huîtres, je dois signaler
que tous les auteurs connaissant les théories de Pütter, qui ont
étudié d’une façon précise leur contenu stomacal et intestinal,
sont d’accord pour affirmer que, s’il y a absorption de matière
organique dissoute, dans la nature, néanmoins le plancton et le
benthon jouent un rôle important dans leur nutrition. Churchill,
lui-même, qui a montré d’une façon si nette la possibilité de l’ab-
sorption de matière organique par la surface extérieure du corps
chez les Lamellibranches d’eau douce, est de cet avis.
Quelle est l’origine de la matière organique dissoute dans l’eau
et dont le rôle paraît si important à Pütter ?
— 164 —
« Les combinaisons carbonées en solution dans la mer, dit cet
auteur en 1907, sont le produit des échanges de substances des
organismes marins, spécialement des Algues et des Bactéries. »
En 1912, il est plus précis : « En ce qui concerne la question de
l’origine de la nourriture dissoute, il était montré que celle-ci est
en augmentation quantitative dans l’eaii de mer où des Algues ont
été ajoutées, pourvu qu’il soit permis à la lumière de tomber dessus.
Cette matière nutritive doit, par conséquent, être considérée comme
un produit de l’assimilation des Algues marines ».
Dans son travail de 1924, il s’occupe plus directement de la
question. Il évalue approximativement la quantité de sucre fabriqué
par les Algues de la Baie de Kiel. Je n’entrerai pas dans le détail
de ses calculs. Voici les observations qu’ils lui suggèrent ; « ... C’est
maintenant que doit être posée la question du siège du sucre fabriqué
par les Algues. La première hypothèse, et la plus naturelle, selon
laquelle les sucres (peut-être sous forme d’amidon ou de graisse,
chez les Diatomées) seraient emmagasinés dans le corps de l’Algue,
apparaît comme impossible, ainsi que cela ressortira des considé-
rations suivantes. L’été, le volume des Algues atteint en moyenne
0 cm^ 5 par litre. Leur teneur en substance organique pouvant être
évaluée à 15 pour 100, cela correspondra à une « Sauerstofîkapazi-
tat » de 0 mg. 22 pour 1 cm^, en chiffres ronds. Lorsque cette der-
nière valeur subit des variations considérables sous l’influence de
conditions différentes de nutrition, il est impossible de supposer
que l’Algue n’emmagasinera pas la même quantité de matières
que celle qui se produit dans les conditions normales de nutrition.
La division cellulaire ne se produit jamais pendant les heures enso-
leillées du jour, les matières assimilées par photosynthèse ne pouvant
être, incontinent, transformées en la substance constitutive des
nouvelles cellules.
Si la « Sauerstoffkapazitât » de 0 cin^ 5 de thalle d’Algue atteint
0 rngr. 11, la supposition qu’une masse de sucre correspondant à
0 mg. 1 d’O, éliminé, puisse être emmagasinée en elle, sous quelque
forme que ce soit, est fortement exagérée. Mais lorsque, dans les
heures éclairées d’une journée 2 mg. 42 d’O par litre sont éliminés,
on trouvera non pas 1/24, mais pas même 1/30 de cette masse d’O.
sous forme de matière de réserve dans le corps des Algues. Il semble
alors plus probable que l’autre quantité de sucre fabriqué quitte
le corps de l’Algue et se dissout dans l’eau. Soulignons encore une
fois que nous ne pouvons rien affirmer en ce qui concerne l’identi-
fication chimique des produits assimilés par le travail intracellulaire
des Algues. Il se pourrait que le produit de la photo-synthèse ne
soit encore aucun sucre figuré mais quelque formaldéhyde et aussi
bien du glucose ou même un polysaccharide, un amylacé quel-
conque ou peut-être une combinaison azotée qui serait ainsi aban-
165
donnée à l’eau ». La dernière hypothèse me paraît la plus près de
la réalité. Petersen et Jensen (1911) en trouvent bien des quantités
appréciables, mais lui donnent une origine différente. Henze (1908)
faisant ses analyses au même endroit que Pütter ne trouve que des
quantités insignifiantes de matière organique dissoute, de même
Moore, Edie et Whitley (1914). Quant à Gaarder et H. Gran
(1927) qui appuient fortement l’idée de Pütter sur l’origine de la
matière organique dissoute, ils n’en disent pas moins que, au sujet
de sa quantité, des recherches sont à entreprendre et surtout avec
une autre méthode que celle au permanganate. Voici leurs conclu-
sions : « Il serait ainsi produit 3-5 fois autant de matière organique
qu’il en est utilisé simultanément par l’Algue pour son développe-
ment.
« Nous considérons comme extrêmement probable que le surplus
est sécrété par les Algues du plancton et qu’il est en solution ou
en « colloïd-disperse form » dans l’eau de mer et que, en conséquence,
la grande quantité de matière organique « soluble » que Pütter
et Raben trouvent dans l’eau de mer peut être considérée comme
le produit du métabolisme des Algues ».
Ils ne sont donc cependant pas tout à fait d’accord avec Pütter
sur la proportion de matière organique sécrétée.
Genevois, physiologiste de Bordeaux, qui va publier ses obser-
vations sur les Algues et Herbiers de Zostères du Bassin d’ Arcachon,
me dit dans une lettre : « Si l’on considère une période de végétation
de quelques mois, la masse de substance organique créée par l’Algue
représente de 10 à 20 fois, comme ordre de grandeur, le squelette
que le morphologiste garde entre ses mains. Non seulement le prin-
cipe de la théorie de Pütter est exact, mais en fait, il semble être
resté au-dessous de la vérité ».
Krogh (1930-31) utilisant une méthode nouvelle fixe la quantité
de matière organique dissoute dans l’eau douce et l’eau de mer à
10 mgr. par litre (substances azotées et hydrates de carbone).
Cet auteur n’admet pas l’excrétion par les Algues de matière orga-
nique soluble ; celle qui est présente dans l’eau proviendrait, d’après
lui, des organismes morts et des déchets des organismes vivants.
Cependant j’ai montré que Navicula fusiformis (N. ostrearia)
en présence de sucres sécrète des quantités considérables de matière
organique soluble facilement décelable dans ce cas parce qu’elle
est accompagnée d’un pigment vert-bleu caractéristique. Le phé-
nomène a lieu dans la nature sur une très grande échelle. Certes
à l’état planctonique, elle doit en excréter une quantité moindre,
mais l’importance quantitative des Diatomées, surtout dans les
régions polaires, laisse supposer celle de la matière organique qu’elles
sécrètent.
De plus on sait maintenant d’une façon certaine, depuis les tra-
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VI II, 1936.
11
166 —
vaux de Mazé (1911) et Schulow (1913) puis Hausteen Crannek
(1922) et surtout de G. Truffaut et Bezssonoff (1920 à 1925)
que les plantes supérieures terrestres, elles-mêmes, excrètent par
leurs racines de la matière organique.
Si, pour fixer les idées, nous admettons seulement 1 mgr. par
litre de substance organique excrétée par les Algues dans la mer,
cela représente 1 gramme par mètre cube et 500 millions de kilo-
grammes pour une étendue de 100 kilomètres de côté sur 50 mètres
de profondeur.
En résumé, de l’ensemble des travaux de Pütter, il ressort les
idées suivantes ;
1° Les Animaux aquatiques ne peuvent pas capturer par les
moyens dont ils disposent assez d’organismes ou matériaux
planctoniques pour couvrir leurs besoins nutritifs.
2^ Il y a dans l’eau une très grande quantité de matière orga-
nique dissoute qui, à elle seule, est largement suffisante pour
subvenir aux besoins des Animaux.
3° Cette matière organique en solution provient de l’activité des
Algues et des Bactéries.
4° La partie fondamentale des besoins nutritifs des Animaux
aquatiques est empruntée à la matière organique dissoute ; les
organismes planctoniques ne jouent qu’un rôle secondaire. (C’est
la proposition essentielle des théories de Pütter).
5° Les Animaux aquatiques absorbent cette matière organique
dissoute non seulement par l’appareil digestif souvent rudimen-
taire, mais par toute la surface extérieure de leur corps, parti-
culièrement par les épithéliums simples comme les branchies.
Les travaux les plus importants, parus surtout depuis 1930,
tendant à démontrer l’inexactitude des théories de Pütter, sont
ceux du physiologiste August Krogh, parce qu’ils s’attaquent à
la fois, par la même méthode physiologique, à toutes les hypothèses
en question. Je ne résumerai pas ici les divers travaux de cet auteur
qui constituent en fait, point par point, la réfutation de ceux de
Pütter. Je me contenterai de signaler les résultats généraux aux-
quels ses recherches semblent le faire aboutir. D’après lui, la quan-
tité de nourriture nécessaire aux Animaux aquatiques est généra-
lement présente sous forme d’organismes ou de détritus organiques.
Cependant, il reconnaît que quelques Animaux comme les Proto-
zoaires et les Spongiaires peuvent vivre principalement de substances
organiques dissoutes dans l’eau. Il note la présence dans les eaux
douces, comme dans l’eau de mer, de 10 mg. par litre ou plus de
matière organique, comprenant outie la matière soluble, les pro-
téines en solution colloïdale et un nombre plus ou moins bien défini
— 167 —
d’acides aminés à de très hautes dilutions. Les Hydrates de car-
bone sont en partie des pentosanes ne semblant pas être réellement
assimilables. Les matières organiques dissoutes paraissent être, à
cet auteur, le produit de déchets et dans certains cas, elles peuvent
se montrer très résistantes à l’attaque des bactéries. D’après lui,
les Algues du plancton ne sécrètent pas d’ Hydrates de carbone,
accumulant dans leur propre corps les substances qu’elles synthé-
tisent par assimilation. Les Animaux n’utiliseraient pas d’une façon
évidente des quantités appréciables de matières organiques dis-
soutes.
Les téguments externes et les branchies des Animaux aquatiques
semblent, dit-il, imperméables aux substances organiques qui sont
pratiquement toujours présentes à plus haute concentration dans
les liquides du corps que dans le milieu extérieur. Cet argument,
entre autres, me semble peu valable, car c’est précisément une pro-
priété des organismes vivants de concentrer en leurs tissus de nom-
breuses substances du milieu extérieur.
Enfin, d’après lui, les expériences de Bonnet, Koller et Yonge
ont démontré que l’absorption des matières organiques dissoutes chez
les Têtards, Lamellibranches et Étoiles de mer a lieu par l’intestin
et non par les téguments ou les branchies.
August Krogh ne connaissait pas particulièrement mes travaux,
en 1932 ; je lui en ai adressé des tirés-à-part et il m’a écrit une
lettre dont je tire le passage suivant : « I am sorry I did not know
it before because I should certainly bave referred to it at some
lenght. However, as I am still working on these problems and expert
to publish my studies on organic material in sea water and the
nutrition of sea water animais, I shall try to make good the omission
on the occasions. I shall haçe to admit that certain organic substances
can undoubtedly become absorbed directly into branchial and other
external surfaces. » Ainsi le Prof. Krogh qui a déjà admis la possi-
bilité de la nutrition aux dépens de matières organiques dissoutes
chez les Protozoaires et les Éponges admettrait maintenant la possi-
bilité de l’absorption de matières organiques dissoutes par certains
épithéliums externes.
D’autre part, dans un travail récent très intéressant, Ancel
Keys, E. h. Christensen et A. Krogh signalent qu’il existe dans
la mer un équilibre général tel qu’une activité très faible des Bacté-
ries a lieu aux dépens de la matière organique dissoute ; par suite
d’une très faible variation dans le système, 10 à 15 o/o de cette der-
nière deviennent susceptibles d’être utilisés par les Bactéries. On
peut bien ajouter que des phénomènes du même ordre ont lieu dans
les eaux douces des rivières et des lacs.
Ainsi les Bactéries, les Protozoaires et les Éponges utiliseraient
la matière organique dissoute dans l’eau. On ne comprend pas
— 168 —
pourquoi cette dernière ne jouerait aucun rôle dans l’alimentation
des animaux plus élevés dans l’éehelle animale.
En 1928, G. M. Yonge, dont les travaux sur les mécanismes phy-
siques et histologiques de la nutrition chez les Mollusques, sont
intéressants, a consacré un travail pour essayer de démontrer que
mes observations résultaient d’une mauvaise technique. Je n’avais
pas pris la peine de répondre à cette Note, car les arguments fournis
ne me paraissaient pas susceptibles d’être retenus par ceux connais-
sant un peu les questions que j’avais traitées. La critique de Blegvad
(1929) du travail de G. M. Yoxge, semblait me donner raison. Il dit,
en effet, pour conclure en parlant des vues de Yonge sur le verdisse-
ment des Huîtres : « Gette dernière théorie cependant devra, dans
l’opinion du présent auteui, être plus complètement étudiée par
des observations directes ».
Gependant, nous venons de voir August Krogh faire grand état
de ce travail et je me suis rendu compte, par ailleurs, que les cri-
tiques avaient soulevé des doutes dans d’autres esprits. Dans un
compte-rendu des travaux de Krogh, G. M. Yonge exprime la
nécessité d’oublier les théories de Pütter, car elles n’exprimeraient
absolument rien de réel. G’est aller un peu loin. G’est pourquoi,
je vais prochainement répondre spécialement aux critiques de
Yonge. Je me contenterai ici, dans cette revue générale, de relever
les points essentiels ne permettant pas de retenir les résultats
expérimentaux de cet auteur. Il dit (p. 651, 1928 : « It is not impos-
sible that Marennin may be absorbed in this manner (extrusion
des phagocytes) at Marennes, where the température and salinity
of the water both become exceptionnally high in the periods bet-
ween spring-tides, thus possibly causing extensive « bleeding » in
the oysters. In other cases the Marennin is probably absorbed in
the digestive diverticula and thence transported to ail free surfaces
by the leucocytes ». Or, il est de connaissance courante que les
Navicules bleues se développent d’une façon générale à la période
automne-hiver seulement, dans les claires aussi bien qu’en pleine
mer dans la zone de balancement des marées. Dans les deux cas,
les Huîtres verdissent seulement en présence de Navicules, et il
ne peut être question d’excès de salinité ou de température.
D’autre part, d’après G. M. Yonge, les Huîtres dans mes expé-
riences auraient été dans de mauvaises conditions vitales. Il ne
semble pas avoir lu tous mes travaux où il est signalé que j’ai cons-
tamment vérifié mes résultats expérimentaux par des essais dans la
nature même et dans les conditions naturelles.
J’ai démontré que dans des conditions absolument normales,
sans aucune mutilation, les branchies des Huîtres se pigmentaient
en rouge par le route neutre, en vert par le pigment des Navicules,
en blanc grisâtre par le lait en émulsion etc...,, bien avant l’intestin.
— 169 —
Or, C. M. Yonge opère, dans ses expériences, avec des Huîtres
auxquelles il enveloppe la bouche et les palpes avec de la cire.
Dans ces conditions, je peux affirmer que les conditions physiolo-
giques sont complètement bouleversées et qu’il est tout à fait nor-
mal que l’assimilation du glucose n’ait plus lieu par l’épithélium
branchial. Dans mon travail de 1927, j’ai noté (p. 128, ligne 21)
que je n’ai pas pu mettre en évidence, morphologiquement, l’absorp-
tion du glucose par les branchies, n’ayant pas étudié par d’autres
méthodes si la chose était possible. A priori, puisque d’autres tra-
vaux ont démontré l’utilisation par l’Huître du glucose en solution
pour fabriquer des substances de réserve, ce n’est pas impossible.
Mais il faut examiner la question en utilisant une technique spéciale,
ce que je vais faire prochainement. D’ailleurs, C. M. Yonge ne
précise pas comment il arrive à obstruer ainsi la bouche de l’Huître ;
il ne dit pas en particulier comment il opère avec la valve supérieure
de l’Huître, mais il précise qu’au bout de huit jours une Huître
opérée dans ces conditions présente le phénomène de la « saignée »,
des millions de leucocytes étant expulsés par les épithéliums dans
la cavité palléale. Et, dit -il, c’est alors seulement que l’épithélium
externe du manteau et des branchies absorbe le glucose en solution.
Il conclut de là que toute absorption directe est le résultat d’un
état pathologique de l’animal. Il est impossible de prendre en consi-
dération une conclusion aussi rapide, basée sur de telles conditions
anormales.
Dans mes travaux, j’ai eu soin de montrer que lorsqu’on coupe
le muscle adducteur des valves, certaines substances ne pénétrant
pas normalement par les branchies étaient absorbées après mutila-
tion. L’eau oxygénée, par exemple, produit la réaction dite des
peroxydases seulement lorsque le muscle adducteur est coupé.
Les phénomènes restent normaux si on scie la valve sans toucher
au muscle adducteur. Mais pour me mettre à l’abri de toutes les
critiques et considérant les mutilations seulement comme des éssais
pour analyser des phénomènes, je me suis toujours, en définitive,
reporté à l’expérience dans des conditions absolument normales,
sans critiques possibles.
La plus belle expérience que l’on puisse faire pour démontrer
la possibilité de l’absorption de certaines matières organiques par
l’épithélium branchial chez les Mollusques, c’est de placer des
Huîtres dans une solution de rouge neutre et d’en ouvrir une un
quart d’heure, puis une autre une demi-heure après la mise en
expérience. On se rendra parfaitement compte que les branchies
se pigmentent très rapidement bien avant l’intestin. Ensuite, renou-
velant la même expérience, plaçons une Huître avec une solution
de rouge neutre dans un bocal fermé où l’on fait arriver, par petites
quantités, de l’oxygène d’un appareil à dégagement. On assistera
170 —
alors au phénomène splendide d’une formation extraordinairement
rapide et dense de leucocytes granuleux qui rempliront bientôt
tous les vaisseaux sanguins permettant d’assister, si on scie (alors
seulement) la coquille supérieure (sauf au niveau du muscle adduc-
teur) à la circulation interne.
Ce résultat expérimental nous démontre péremptoirement le
rapport intime qui existe, comme l’avait prévu Pütter, entre
l’absorption de l’oxygène et des matières organiques dissoutes,
par les branchies.
On peut faire ces expériences avec le pigment vert de la Navicule,
le lait en émulsion (dont l’utilisation est si rapide), et toutes les
autres substances que j’ai signalées dans mes travaux. On pourra
facilement se rendre compte que tout le protoplasme épithélial
est pigmenté au début d’une façon plus ou moins homogène ainsi
que les granulations déjà existantes. Les granulations se groupent,
une gouttelette protoplasmique se forme, c’est un leucocyte ; il
passe ensuite dans le sang. Les cellules granuleuses préformées dans
l’épithélium sont des leucocytes en « puissance », dont la composition
nécessaire n’est pas obtenue pour passer dans le sang ; en effet dès
qu’ils se pigmentent en rouge, on les voit s’enfoncer et passer
dans les lacunes sanguines. Mais il s’en forme bien d’autres en
dehors de ces derniers. Rien ne démontre que ces cellules granu-
leuses viennent des lacunes ou vaisseaux intérieurs et se sont intro-
duites dans le protoplasma épithélial. Ici la critique adressée par
Yonge aux travaux histologiques de Carazzi, faite d’ailleurs par
moi-même avant, se tourne contre lui. Au contraire, l’expérience
démontre qu’en présence de certaines matières organiques dissoutes
elles augmentent considérablement en nombre, tant dans l’épithé-
lium que dans le sang. L’absorption de l’oxygène a lieu par le même
processus ; il passe dans le sang, en combinaison dans les leucocytes.
Une excrétion leucocytaire épithéliale a lieu exceptionnellement
dans des conditions pathologiques telles que celles réalisées par
Yonge dans ses expériences ou lorsque l’Huître malade, pour des
raisons diverses, absorbe un excédent de certaines substances.
Ces faits nous démontrent que le protoplasme épithélial ne joue
pas le rôle d’une simple membrane perméable, mais qu’il est essen-
tiellement actif dans les échanges gazeux et autres. Nous compre-
nons ainsi le déterminisme de la formation des leucocytes, à la
production abondante desquels nous assistons en atmosphère par-
ticulièrement chargée d’oxygène. Il est probable qu’ils se forment
suivant le même processus dans l’intestin. Le leucocyte ne nous
apparaît plus alors comme un petit « génie » intérieur, prêt à toutes
les besognes pour satisfaire aux besoins de l’être vivant.
Les expériences avec le rouge neutre sont si démonstratives et
si faciles à réaliser, avec tous les Mollusques en particulier, qu’il
— 171
est absolument impossible de mettre en doute la possibilité de
l’absorption de matières organiques dissoutes, colloïdales ou en
émulsion par l’épithélium branchial.
Si nous envisageons l’ensemble des théories de Pütter, nous
voyons que ce savant a su élever le problème de la nutrition au
point où Claude Bernard l’a fait pour l’excitabilité. Ce dernier,
envisageant to\is les êtres vivants, a montré que l’excitabilité est
une propriété du protoplasma vivant, indépendante d’organes
spécialisés, de nerfs. Pütter a fait de même pour la nutrition. Il a
placé cette fonction sur le plan supérieur des échanges généraux
entre le protoplasme cellulaire et le milieu ambiant. La possibilité
de l’absorption de matières organiques dissoutes par la surface
extérieure du corps nous apparaît maintenant comme faisant partie
d’un phénomène très général. Toute substance nutritive ne pénètre
dans le protoplasma que si elle est soluble ou solubilisée. L’absorp-
tion de substances solubles nous apparaît alors comme le résultat
d’une propriété particulière à toute protoplasma vivant. C’est la
seule forme sous laquelle la nourriture y pénètre réellement. Par
conséquent, tout protoplasma en coutact avec une solution de ces
substances y puise certaines d’entre elles, qu’il concentre en son
sein. Le milieu aquatique, dans certaines conditions au moins,
• constitue tout aussi bien que le milieu interne cette solution. On
admettra facilement que cette absorption est d’autant plus facile
que le protoplasma est moins différencié. Il est possible qu’il y ait
seulement une simple différence dans la forme sous laquelle la
substance est susceptible d’être absorbée, sa désintégration devant
être poussée de plus en plus loin (pour arriver aux acides aminés,
par exemple, pour les matières albuminoïdes) à mesure que la
différenciation du protoplasma s’accentue.
Il reste maintenant à savoir quelle est l’importance exacte de
la matière organique dissoute dans les échanges nutritifs chez les
animaux aquatiques. A mon avis, beaucoup d’entre eux possèdent
un pouvoir filtrant de l’eau beaucoup plus grand que ne le pensait
Pütter ; la matière figurée doit jouer souvent un rôle plus impor-
tant qu’il ne le supposait. D’autre part certains, comme les Coelen-
térés, ont la possibilité de capturer et de digérer des proies énormes,
comme l’a si bien observé et décrit M. Lebour. De toutes petites
Méduses, entre autres, sont capables de capturer de très grosses
larves de Poissons. C’est le moment ici de rappeler l’opinion de
Dakin, suivant lequel tous les animaux aquatiques ne doivent pas
être réunis en un seul groupe pour ce qui concerne la nutrition.
Nous devons en effet admettre pour ce facteur, un parallélisme avec
le comportement bien connu des animaux aquatiques vis-à-vis
de la quantité d’oxygène dissous. D’ailleurs Pütter, lui-même,
a attiré l’attention sur ce fait dans son mémoire fondamental
- 172 —
de 1907. Il dit : « Chez Tethys la disproportion est encore plus
marquée puisque c’est dans 1.500 fois le volume de son corps qu’elle
pourrait trouver en une heure une nourriture figurée suffisante.
Mais avant de généraliser de telles observations, il y a toujours lieu
de se montrer circonspect, car chez un autre Opisthobranche,
V Aplysia, il est très vraisemblable que les aliments figurés jouent
le premier rôle dans la nutrition, peut-être même exclusivement,
car cet animal fourrage les prairies très denses à' Ulva qui doivent
lui offrir une nourriture suffisamment riche. »
BIBLIOGRAPHIE
On la trouvera dans mon travail de 1927, Annales de l’Inst. océan. ^
t. IV, fasc. III, p. 1927 et dans A. Krogh ; Rapports et P. V. des Réunions
du Conseil Permanent international pour Vexploir. de la mer, V. LXXV.
1931.
Il faut y ajouter les travaux très importants de Hansten Granner, de
G. Truffaut et Bessonoff, bien qu’ils s’adressent aux plantes supé-
rieures non aquatiques, chez lesquelles une excrétion par les racines est
décelée.
Hansteen Granner': Meldinger fra Norges Land H. S. K., Bd 2, H. 1-2,
1922.
G. Truffaut et N. Bezssonoff :
C. R. A. S., t. 170, p. 1278, 1920 ; t. 175, p. 544, 1922 ; t. 177, p. 649,
1923 ; t. 197, p. 787, 1933.
La Science du Sol, t. I, p. 36, 1922 ; t. II, p. 3, 1923 ; t. III, p. 21, 1924 ;
t. V, 1925.
C. R. Soc. Biol, 1924.
Revue générale des Sciences, t. XXXVII, p. 389, 1927.
puis enfin :
Bond (R. M.), Bull. Bingham Océan, Coll. Peabody Mus. Nat. Hist. Yale
Univ., Vol. IV, art. 4, New Haven Conn., 1933 (Résumé par Yonge
C. M. in : Journ. Cons. perm. int. expi. de la mer, vol. IX, 1934).
Canagello (Maria Alaxandra). Revista di Biologia, vol. VI, 1929.
Chanchard (P), Hatton (H.) et Fisgher-Piette (E.). Ann. hydrogra-
phiques, 1931.
Fischer (E.). Ann. Inst. Océan., t. I, fasc. III, 1929.
Keys (Ancel E. H.) Christensen et A. Krogh, Journ. Mar. Biol. Assoc.,
vol. XX, 1935.
Simon (E.), Bull. Stat. biol. Arcachon, t. 30, 1933.
Yonge (C. M.), Journ. Conseil perm. int. exploration de la mer, vol. VII,
1932.
- 173 -
Recherches sur les épidermes foliaires des Philippia de
Madagascar ; utilisation de leurs caractères comme
BASES D’UNE CLASSIFICATION
(avec notes biologiques de M. H. Humbert!.
PAR L. Lavier-George.
Les Philippia sont des Ericacées de la tribu des Ericoïdées,
propres aux montagnes de Madagascar, des îles voisines et de
l’Afrique.
Toutes les Philippia de Madagascar, à l’exception d’une seule
variété (P. florihunda var. orientalis) qui se rencontre jusqu’? u
littoral oriental, appartiennent au domaine des Hauts Plateaux
et des montagnes du Centre comprenant des massifs cristallins
(gneiss et granités) et des reliefs volcaniques. La caractéristique
climatique essentielle intéressant directement la biologie de ces
plantes, c’est l’alternance très fréquente d’une vive insolation (liée
à un abaissement très notable du degré hygrométrique) et d’une
nébulosité due au brouillard de montagne ou à un plafond bas de
nuages continus (liée à une élévation du degré hygrométrique
pouvant aller jusqu’à la saturation). Ces contrastes sont particu-
lièrement accusés sur les crêtes dominant le rebord oriental des
hauts plateaux, où la végétation est soumise alternativement à
des périodes de sécheresse intense et d’humidité extrême, alter-
nances pouvant se répéter presque journellement, surtout au début
et à la fin de la saison des pluies. Les Philippia sont essentiellement
des plantes héliophiles. Dans la végétation primaire intacte, elles
habitent, suivant les espèces, deux types principaux de stations :
1° Les rochers, escarpements, ravins, aux emplacements non
occupés par des arbres susceptibles de les dominer ; lorsque des
circonstances locales permettent la concurrence de végétaux plus
1. Ce domaine a été défini par :
Perrier de i.a Bathie (H.). La Végétation malgache. Ann. Mus. Col. de Marseille,
3® série, 9® vol., 1921.
Humbert (H.). La destruction d’une flore insulaire par le feu. Principaux aspects
de la Végétation à Madagascar. Mém. Acad, malgache, Tananarive, t. V, 1927.
— La disparition de certains types de Végétation autochtone à Madagascar.
Archives du Muséum. Vol. du Tricentenaire. 1935.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 2, 1936.
— 174 —
élevés qu’eux, ils sont éliminés dès que le couvert de ceux-ci les
domine ; aussi sont-elles particulièrement abondantes sur les crêtes
rocheuses où avec d’autres arbustes sclérophylles elles forment une
« brousse éricoïde ».
2° Les dépressions plus ou moins tourbeuses des sols sablo-
humifères acides dans les vallons granitiques, gneissiques, ou parfois
volcaniques des montagnes.
Ces deux types de stations sont susceptibles de se dessécher
intensément. D’autre part, dans la végétation secondaire, plusieurs
espèces du premier des deux types de stations ci-dessus mentionnées
se répandent dans les aires déforestées, y constituant des formations
qu’il ne faut pas confondre avec celles de la brousse éricoïde vierge :
Ce sont les « Savoka » ^ à Philippia, rappelant certains aspects
de nos landes à Bruyères. Ces « Savoka » peuvent être, dans les
premiers stades de leur développement, le rendez-vous d’espèces
assez variées. Lorsque les feux de brousse se répètent, ils amènent,
corrélativement, à la dégradation du sol superficiel, la régression
de la formation dans laquelle se maintiennent seules pendant un
laps d’années variable suivant les conditions locales quelques espèces
rejetant de souche plus longtemps que les autres. Dans cette végé-
tation secondaire, les espèces offrent souvent des variations dues
d’abord aux conditions de milieu quelque peu différentes de celles
offertes par leurs stations originales, puis et surtout au déséquilibre
répété que produit dans leur métabolisme général l’action pério-
dique des feux
Les nombreuses espèces de ce genre ont toutes des feuilles petites,
souvent minuscules, des fleurs petites aussi, verdâtres ou brun-
rougeâtres, d’une grande similitude d’aspect, aussi leur distinction
spécifique est-elle très malaisée. Alm et Fries ^ créent les sous-genres,
Afrophilippia à fleurs trimères et Ericopsis à fleurs tétramères et
divisent ce dernier groupe en deux sections : Euphilippia Benth.
à anthères soudées et Eleutherostemon Klotz, à anthères libres ;
ils créent également un genre Mitrastylus comprenant une espèce
trimère et une espèce tétramère. Presque en même temps H. Per-
RiER DE LA Bathie ^ partage les Philippia en deux sections, Corni-
gerae et Discoïdales, d’après la forme du stigmate, les divisions en
groupes étant faites d’après différents caractères caulinaires, floraux
1. Terme indigène désignant plusieurs types de végétation secondaire.
2. Les renseignements précédents m’ont été communiqués par M. H. Humbert.
3. Alm (G. G.) und Tries (T. C. E.). Monographie der Gattungen Philippia Klotzsch.,
Mitrastylus nov. gen. und Ericinella Klotzsch. Kungl. se. ceL Ak. Handl., 3® série,
IV, 1927, n® 4.
4. Perrier de la Bathie (H.). Les Philippia de Madagascar. Arch. Bot., I, mém.
n® 2, 1927.
— 175 —
ou foliaires. Puis ^ après avoir pris connaissance du travail des auteurs
suédois, il modifie cette première classification, mais en conservant
toujours le groupe de P. pilosa (ancienne section Cornigerae),
avec stigmate à collerette plus ou moins réfléchie et les groupes de
P. ciliata, P. trichoclada, P. cauliflora, P. gracilis, P. floribunda
à collerette stigmatique horizontale et à lobes septaux plus ou
moins adnés (ce qui correspond en somme à l’ancienne section
Discoïdales ) .
Cependant la coalescence des filets et des anthères n’a aucune
fixité et on observe des formes de passage entre la section Euphi-
lippia et la section Eleutherostemon. De même la forme des stigmates
est variable ; Perrier de la bathie (1930) montre que la forme
du stigmate des Cornigeræ passe graduellement à la forme du stig-
mate des Discoïdales. 11 constate que les caractères staminaux et
stigmatiques « ont infiniment moins de valeur dans le genre Philippia
que la nature des poils », mais il conserve une classification basée
sur la forme du stigmate.
L’étude des feuilles m’a amenée à utiliser leurs caractères épider-
miques comme bases d’une classification, à préciser par des carac-
tères nettement définissables les constantes spécifiques et les
moyens de discrimination différentielle. Un certain nombre d’auteurs
ont utilisé le développement, la structure, la distribution des cel-
lules épidermiques, souvent en vue d’une application à la systéma-
tique J’ai travaillé sur le matériel d’herbier mis à ma disposition
par M. le Prof. H. Humbert. A cause de la ténuicité des feuilles
et de l’opacité de leurs tissus j’ai dû utiliser l’immersion 1/15 à
l’huile et mettre au point une technique d’éclaircissement : pla-
cées dans l’hypochlorite de sodium à froid, portées à l’ébullition
pendant quatre à cinq secondes, les feuilles doivent rester ensuite
dans ce liquide, pendant un temps variant de une heure à vingt-
quatre heures suivant les espèces, jusqu’à décoloration. Après un
séjour également variable dans le chloral-lactophénol elles
deviennent complètement transparentes. Les feuilles, montées dans
ce liquide entre deux lamelles lutées à la gomme au chloral ^ ont
1. Perrier de la Bathie (H.). Au sujet des Philippia de Madagascar et de quelques
espèces ou variétés nouvelles recueillies par M. Humbert au cours de ses dernières
missions. Arch. Bot., t. IV, n“ 3, 1930.
2. Consulter à ce sujet :
Linsbauer. Handbuch der Pflanzenatomie, t. IV. Berlin, 1930, qui résume la
littérature antérieure sur cette question, et
Pbat (H.). L’épiderme des Graminées. Étude anatomique et systématique. These
Sciences, Paris, 1931, qui utilise surtout la « répartition organique » des cellules épider-
miques dans la classification des Graminées.
3. Hydrate de chloral crist., 2 parties (en poids) ; acide phénique neige, 1 partie ;
acide lactique pur, 1 partie.
4. Eau distillée, 50 cm* ; hydrate de chloral, 50 gr. ; glycérine, 20 cm* ; gomme
arabique, 30 gr.
— 176 —
été examinées successivement sur chacune de leurs faces à TUltro-
pak, ce qui permet l’étude des épidermes de face sans nécessiter
aucun prélèvement, de sorte que les rapports anatomiques sont
respectés. Pour obtenir de bonnes coupes transversales (milieu
du limbe), j’ai collé ces petites feuilles entre deux demi-cylindres
de moelle de sureau avec du sirop de gomme arabique au formol
qui les maintient bien en place après dessication et dont on se
débarrasse ensuite facilement par un lavage à l’eau.
Comme le montrent les coupes transversales (pl. I, II, III),
les feuilles présentent une crypte dorsale très marquée, où sont
localisés les stomates (pl. IV et V), toujours plus abondants dans
les replis latéraux Le chlorenchyme comprend une assise palis-
sadique latéro-ventrale et plusieurs assises de cellules parenchyma-
teuses, arrondies ou rameuses, avec de gros cristaux d’oxalate
de calcium La nervure principale est entourée totalement ou en
partie par de grosses fibres courtes ; suivant les espèces, elle touche
l’épiderme dorsal, ou bien elle en est séparée par une ou plusieurs
assises parenchymateuses. L’observation des faisceaux et du chlo-
renchyme ne m’a pas donné de caractères différentiels suffisants,
mais l’étude des épidermes ^ m’a permis de mettre en évidence des
détails que leur netteté et leur constance rendent utilisables dans
une classification et qui apportent une contribution à la révision
systématique du genre : 1^ structure des glandes à long pédicelle
glabre ou hérissé de poils à la base ; 2^^ nombre et aspect des couches
cuticulaires ; 3° relief cuticulaire ; 4° nature des poils ; 5® caractères
des stomates ; 6° « petites glandes » sessiles ou subsessiles à aspect
de figure sèche ou de chou-fleur.
J’ai étudié les feuilles les plus rapprochées des fleurs parce que
leur croissance rapide fait qu’elles échappent plus que les autres à
l’action du milieu. Ceci est particulièrement net pour les épidermes
de ces feuilles chez certaines espèces ayant normalement le port
d’arbres de 5 à 6 mètres de haut et qui peuvent arriver à prendre
sous l’action des feux de brousse répétés le port de plantes basses
et tortueuses. J’ai comparé des feuilles homologues, provenant de
Philippia de stations variées. J’ai remarqué que les « épidermes
ventraux caractéristiques », c’est-à-dire ceux auxquels les conditions
externes (surtout radiations solaires, teneur de l’air en vapeur
d’eau, teneur du sol en eau) impriment seulement des variations
quantitatives mais non qualitatives sont ceux qui se trouvent
1. Gomme arabique, 300 «r. ; eau distillée, 700 cm® ; formol, 20 cm®.
2. Le grand axe de ces deux planches est parallèle à la nervure principale des feuilles,
ce qui permet de voir facilement l’orientation des fentes stomatiques.
3. Indiqués par des points dans les planches I, II, III.
4. Examinés à l’immersion 1 /15 à l’huile, dessinés à la chambre claire et réduits
ensuite au tiers.
177 —
dans la région médiane du limbe, entre la nervure principale et
le bord marginal ; ce sont ces épidermes, ainsi que les stomates
de la fente dorsale qui sont étudiés dans les pages suivantes :
GROUPE I
Glandes longuement pédicellées
a) Présence de « petites glandes ».
1. Philippia isaloensis H. Perrier de la Bâthie 1927.
Limbe ovale-aigu, cordiforme à la base. Cristaux d’oxalate de
calcium dans le parenchyme marginal. Fente dorsale étroite. Ner-
vures bien visibles (pl. I, D). Epiderme ventral formé de cellules
arrondies, parfois dédoublées. Cuticule lisse ainsi que les poils.
Couche cuticulaire homogène, à bord interne festonné. Parois des
cellules épidermiques avec nombreuses perforations (fig. 1 A).
Cellules stomatiques à parois trilobées entourées chacune par
quatre à cinq poils fortement ornés, de même type que ceux qui
recouvrent toute la crypte dorsale (pl, IV b).
2. Philippia Parkeri Baker 1882.
Limbe lancéolé ; glande terminale toujours plus longue que les
autres ; toutes présentent des poils sur environ le cinquième de
— 178 -
leur extrémité proximale Cristaux d’oxalate de chaque côté de
la nervure médiane, bien visible (pl. I, C). Epiderme ventral à
couche cuticulaire homogène, cuticule plissée ainsi que la surface
des poils. Plissements cuticulaires, de face, parallèles vers le milieu
des cellules, et divergents en courbes irrégulières vers les bords.
Cloisons des cellules épidermiques très épaisses du côté externe
(fig. 1, B). Cellules stomatiques à bords réguliers, entourées par
quatre poils (pl. IV, c.)
Ces deux espèces ont des épidermes de même type, différant par
les plissements cuticulaires et la pilosité des glandes de la deuxième.
D’ailleurs la collerette stigmatique de P. Parkeri se rapproche de
celle des P. isaloensis récoltés par Humbebt sur l’Isalo en 1928 et,
à mon avis, la création du genre Mitrastylus n’est pas justifiée.
h) Absence de « petites glandes ».
3. Philippia hispida Baker 1887.
Feuilles ovales larges, fente dorsale large bordée de glandes.
Glande terminant le limbe plus longue que les autres. Nervures
bien visibles. Pas d’oxalate (pl. I, B). Epiderme ventral à cuticule
légèrement ondulée, poils lisses, couche cuticulaire homogène, parois
radiales des cellules épidermiques très épaisses comme dans P. Par-
keri. Cellules stomatiques au niveau de l’épiderme dorsal, entourées
par six à huit poils (pl. V, b).
4. Philippia hispida var. angustifolia H. Perrier de la Bâthie 1927.
Limbe elliptique lancéolé, fente dorsale étroite non bordée de
poils. Cristaux d’oxalate. Nervures pas visibles (pl. I, A). Cuticule
de l’épiderme ventral avec plissements parallèles au grand axe
de la feuille. Poils à surface légèrement plissée ; cellules épidermiques
sans perforations. Glandes à pédicelle long, dont la base est hérissée
de poils, et glandes à pédicelle plus court mais de même type.
Stomates semblables à ceux de P. adenophylla. Tous ces caractères
tant macroscopiques que microscopiques, font que cette variété
doit être élevée au rang d’espèce
5. Philippia aristata Benth. 1839.
Limbe elliptique ovale rappelant beaucoup l’aspect de celui de
P. oophylla (pl. I, G), mais sans nervure visible et avec fente dorsale
elliptique plus large. Glandes à longs pédicelles glabres. Cellules
1. Ces glandes sont de même type que celles de P. adenophi/lla (fig. 3, A).
2. Philippia angustifolia (Perr. pro var.) Lavier comb. nov. 1936.
Feuilles généralement verticillées par quatre, allongées, étroites, limbe elliptique
lancéolé, fente dorsale étroite non bordée de poils. Faces latéro-ventrales couvertes
de poils simples, de glandes subsessiles, de glandes longuement pédicellées, à base
hérissée de poils. Etamines libres. Stigmate discoïdal.
- 179 —
épidermiques aplaties tangentiellement, à parois radiales très ondu-
lées. Couche cuticulaire homogène, cuticule largement ondulée
(fig. 3, E). Cellules stomatiques à parois ondulées avec sur chacune
deux boutons cellulosiques disposés régulièrement (pl. V, C).
6. Philippia trichoclada Baker 1887.
Limbe ovale lancéolé, avec glandes à longs pédicelles hérissés
de poils à la base. Epiderme ventral souvent double ; trois couches
cuticulaires dont les deux plus externes sont séparées en territoires
cellulaires. Cuticule s’enfonçant profondément au niveau des cloi-
sons radiales. Poils striés. Cellules stomatiques ressemblant à celles
de P. aristata (pl. V, C), mais sans boutons cellulosiques.
Les var. suhalhida et alhescens H. Perrier de la Bâthie diffèrent
du type par la présence de poils simples, striés comme dans P. tri-
choclada, exactement de même nature, mais deux à trois fois plus
longs ; de plus ces deux variétés sont semblables entre elles, et une
seule devrait être conservée, suhalhida qui a la priorité.
7. Philippia Humherti H. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles lancéolées terminées par un poil composé très long,
droit ou courbé, et parsemées de poils analogues plus courts. Glandes
à pédicelles plus courts que dans les espèces précédentes (sem-
blables aux glandes courtement pédon culées de P. angustifolia,
mais à pédicelle glabre). Fente dorsale large bordée de gros poils
ornés. Cristaux d’oxalate de part et d’autre de la nervure princi-
pale, qui est bien visible (pl. I, F). Épiderme ventral à cuticule
Fig. 2. — A, P. Humberti ; B, P. Betsileana.
largement ondulée, formant de gros plis divergents. Deux couches
cuticulaires. Cellules épidermiques dédoublées, à parois radiales
très épaisses. Vues de face les parois de ces cellules présentent des
masses allongées ovales fortement biréfringentes (fig. 2, A). Cellules
stomatiques légèrement surélevées, deux becs bien marqués, grande
chambre sous-stomatique ; parois ondulées se continuant par de
fins plissements (pl. IV, a).
~ 181 —
9. Philippia adenophylla Baker 1890.
Limbe allongé ovale, fente dorsale étroite non bordée de poils.
Cuticule de l’épiderme ventral avec plissements parallèles se conti-
nuant à la surface des poils. Deux couches cuticulaires, la plus
interne striée tangentiellement. Cellules épidermiques à parois
radiales perforées. Base des glandes toujours hérissée de poils
(fig. 3, A). Stomates avec cinq cellules annexes, entourées de gros
poils courts (pl. V, a).
10. Philippia minutifolia Baker 1887.
Feuilles beaucoup plus petites que dans l’espèce précédente.
Fente dorsale bordée de poils ornés (pl. I, E). Cuticule plissée ainsi
que la surface des poils ventraux. Glandes pilifères à la base. Cellules
stomatiques à bords trilobés (pl. V, d). Contrairement à ce que
pensent Alm et Fries, cette espèce ne me paraît pas devoir tomber
en synonymie avec la précédente.
11. Philippia oophylla Baker 1883.
Feuilles ovales larges et courtes, fente dorsale étroite bordée de
poils ornés, et ouverte du côté du pétiole. Cristaux d’oxalate de part
et d’autre de la nervure principale. Base des glandes hérissée de
poils (pl. I, G). Cuticule plissée, ainsi que les poils ventraux, deux
couches cuticulaires, la plus externe étant séparée en territoires
correspondant à chaque cellule. Stomates avec boutons cellulosiques
(pl. V, e).
12. Philippia myriadenia Baker 1890.
Feuilles lancéolées cordif ormes à la base, fente dorsale large bordée
de poils ornés. Nervures bien visibles, cristaux d’oxalate de part et
d’autre de la nervure médiane. Glandes pilifères à la base (pl. II, A).
Cuticule de l’épiderme ventral avec petites stries très courtes irré-
gulières, se prolongeant sur les poils. Deux couches cuticulaires
non séparées en territoires cellulaires. Cellules épidermiques dédou-
blées, à parois radiales droites (fig. 3, B). Stomates à bords lisses
(pl. IV, e).
13. P. andringitrensis H. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles lancéolées effilées aux deux extrémités, fente dorsale
large, bordée de poils ornés assez longs, nervure médiane bien
visible, avec poils ornés plus longs à son niveau sur la face dorsale
Cristaux d’oxalate. Base des glandes hérissée de poils (pl. II, E).
Cuticule de l’épiderme supérieur ornée de plissements rayonnant vers
le centre des cellules. Couches cuticulaires striées tangentiellement
et radialement (fig. 3, D). Stomates à bords trilobés, fortement
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936. 12
— 183
surélevés au-dessus de l’épiderme, et surmontant une chambre
sous-stomatique très nette (pl. IV, g).
14. P. capitata Baker 1887.
Feuilles ovales-lancéolées, cordiformes à la base. Fente dorsale
s’élargissant largement vers le pétiole, et bordée de glandes et de
poils ornés. Cristaux d’oxalate de chaque côté de la nervure princi-
pale (pl. II, D). Glandes non pilifères à la base. Cuticule finement
striée ainsi que les poils, gros et courts de l’épiderme ventral.
Couche cuticulaire homogène, cloisons radiales des cellules épider-
miques très épaisses (fig. 3, C). Cellules stomatiques à bords trilobés,
comme dans l’espèce précédente.
GROUPE II
Poils simples, courbes ou droits et très petits, obliques
PAR rapport a la SURFACE DU LIMBE.
a) Présence de « petites glandes » et d’oxalate épidermique.
15. Philippia pilulifera H. Perrier de la Bâthie 1927.
Limbe allongé ovale. Productions épidermiques visibles seulement
à de forts grossissements ; c’est sans doute la raison pour laquelle
184
185 -
Perrier de la Bâthie indique « l’absence de poils et de cils ». Épiderme
ventral à cellules allongées radialement, souvent dédoublées. La
zone externe des cloisons radiales est très épaisse, la zone interne
mince et ondulée. Relief cuticulaire très faible, visible seulement
sur les coupes transversales. Poils très petits, courbes, à surface
légèrement striée ; « petites glandes » à aspect de cbou-fleur, alors
que dans toutes les autres espèces elles ont un aspect figué. Deux
couches cuticulaires, l’externe très mince, l’interne cinq à dix fois
plus épaisse avec sable d’oxalate bien colorable par le vert d’anthra-
cène ; territoires cuticulaires bien nets correspondant à chaque
cellule (fig. 4 A). Cellules stomatiques trilobées (pl. V, f). Contrai-
rement à ce que pense Perrier de la Bathie (2® Mémoire) cette
Philippia ne me paraît pas être une sous-espèce de P. floribunda,
mais bien une bonne espèce.
16. Philippia heterophylla II. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles elliptiques à fente dorsale très étroite bordée de poils
ornés ; les deux sortes de feuilles diffèrent seulement par leur taille
(pl. III, E). Cuticule lisse, poils lisses, obliques. Couche cuticulaire
avec stries rayonnantes partant toujours du sommet des cloisons
transversales ; ces dernières sont fortement ondulées. Sable d’oxalate
très abondant dans les cellules épidermiques, nettement apparent
à travers les eouches épidermiques externes, ainsi que les cristaux
d’oxalate situés au sommet du parenchyme palissadique (fig. 4, C).
Stomates à parois lisses, très fortement surélevés au-dessus de
l’épiderme, grande chambre sous-stomatique (pl. V, j). Comme
pour l’espèce précédente, et contrairement à l’opinion de Perrier
de la Bathie, je pense que cette Philippia est une bonne espèce,
et non une sous-espèce de P. floribunda.
b) Présence de « petites glandes », absence d’oxalate épidermique,
17. Philippia floribunda Benth. 1839.
Feuilles lancéolées à bords marginaux ondulés, carène médiane
ventrale, pas de saillie médiane dans la crypte dorsale (pl. III, H),
Les feuilles, indiquées comme glabres par Perrier de la Bathie,
présentent ton jours de petits poils obliques lisses sur la face dor-
sale ; cuticule lisse ; couche cuticulaire homogène, cellules épider-
miques arrondies (fig. 4, B, en haut). Épiderme latéral caractérisé
par une cuticule très faiblement plissée ; couches cuticulaires très
épaisses (10 à 15 fois la hauteur des cellules épidermiques), la zone
externe striée radialement et nettement distinete de la zone interne
(fig. 4, B, en bas).
— 186 —
P. floribunda 5enth. var. orientalis H. Perrier de la Bâthie.
Feuilles très allongées, étroites, fente dorsale étroite, pas d’oxalate
dans le chlorenchyme (pl. III, N). Poils très petits, courbes, à sur-
face striée. Cuticule lisse, trois couches cuticulaires séparées en terri-
toires correspondant à chaque cellule. Cellules épidermiques dédou-
blées. Cloisons radiales non perforées, épaisses du côté externe,
ondulées du côté interne (fig. 5, B).
fiG. 5. — A, P. floribunda var. typica ; B, P. floribunda var. orientalis ;
G, P. quadratiflora ; D, P. densa ; E, P. tenuissima.
P. floribunda Benth. var. typica H. Perrier de la Bâthie.
Feuilles de même forme que dans la variété précédente, mais poils
beaucoup plus longs, courbes, et toujours striés. Cuticule largement
ondulée avec, de place en place quelques grosses papilles. Trois
couches cuticulaires séparées en territoires correspondant aux cel-
lules épidermiques. Celles-ci sont souvent dédoublées et contiennent
Pl. III. — A, P. latifolia ; B, P. leucoclada ; C, P. quadratiflora ; D, P. ciliata ; E, P. hete-
rophylla ; F, P. ciliata par. cinerea ; G, P. oppositifoha ; H, P. floribunda ; I, P. tenuis-
sima ; J, P. Lecomiei ; K. P. densa ; L, P. cnjptoclada ; M, P, Viguieri ; N, P. flori-
bunda var. orientalis ; O, P. Goudotiana. ,
- 188 —
fréquemment une mâcle d’oxalate en oursin. Les parois sont per-
forées (fîg. 5, A).
P. floribunda Benth. var. glandulosa H. Perrier de la Bâthie.
Diffère nettement des formes précédentes par les glandes longue-
ment pédicellées du limbe. De plus, les anthères soudées, les filets
staminaux unis dans le bouton, se séparant ensuite ou restant
soudés font penser à une forme de passage au groupe I.
18. Philippia quadratiflora H. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles lancéolées à bords ondulés, fente dorsale large laissant
bien voir la nervure médiane. Cristaux d’oxalate dans le paren-
chyme (pl. III, C). Epiderme supérieur à cuticule lisse, poils très
courts, obliques, lisses ; cellules parfois dédoublées, à cloisons radiales
épaisses, sinueuses. Deux couches cuticulaires dont Tinte ne est
striée radialement (fig. 5, C). P. de la Bâthie décrit cette espèce
comme « entièrement glabre » et la place « dans le groupe de P. ciliata,
malgré sa glabrescence, les cils des organes jeunes et les poils de
la face inférieure étant nettement ramifiés ». Je n’ai jamais observé
de telles ramifications ; je pense que P. de la Bâthie, avec un
grossissement insuffisant, a confondu les ornementations des poils
de la crypte avec des ramifications.
19. Philippia densa Benth. 1839.
Limbe obovale, extrémité terminale recourbée vers la face infé-
rieure. Fente dorsale très étroite. Nervures bien visibles (pl. III, K).
Épiderme supérieur presque toujours double, cellules palissadiques
remarquablement courtes. Deux couches cuticulaires, séparées en
territoires. Cuticule striée. Poils assez longs, courbes, striés (fig. 5, D).
Stigmate discoïdal, anthères et filets soudés, feuilles et épidermes
semblables à ceux de P. macrocalyx Baker 1883. Ce dernier me semble
devoir tomber en synonymie.
20. Philippia Viguieri H. Perrier de la Bâthie 1927.
Limbe lancéolé linéaire, fente dorsale large, avec grosse saillie
médiane (pl. III, M). Épiderme supérieur double, à parois perfo-
rées, poils lisses très petits, cuticule lisse, couche cuticulaire homo-
gène.
21. Philippia tenuissima Klotz. 1835.
(= Ericinella gracïlis Benth. 1839 = P. gracilis H. Perrier de
la Bâthie 1927).
Feuilles extrêmemept petites, ovales, fente dorsale assez large
(pl. III, I), nervure médiane visible, cristaux dans le parenchyme.
— 189 —
P. DE LA Bathie les décrit comme glabres, mais en plus de leurs
O petites glandes », elles portent des poils courbes striés. Cuticule
avec plissements irréguliers, ondulés ; une couche cuticulaire. Cel-
lules épidermiques arrondies (fig. 5, E). Stomates à parois trilo-
bées, six cellules annexes ; stomates de même grosseur que ceux
des autres Philippia malgré la petitesse des feuilles (pl. V, L).
22. Philippia cryptoclada Baker 1887.
Feuilles à peu près de même aspect que celles de l’espèce précé-
dente, mais plus grandes (pl. III, L). Poils semblables à ceux de
P. tenuissima, avec en plus quelques poils plus gros. P. de la Bathie
(1927) décrit cette espèce comme glabre puis (1930) ne voit plus
de démarcation nette entre elle et la précédente. Ce sont à mon avis
deux espèces différentes : dans P. cryptoclada, deux couches cuti-
culaires nettes, cuticule plissée, épiderme simple, stomates à bords
lisses, sans cellules annexes, à fente parallèle à la nervure princi-
pale (pl. V, i), tandis que dans la précédente les fentes stomatiques
sont transversales ou légèrement obliques. De plus les étamines
de P. cryptoclada sont monadelphes, alors que celles de P. tenuissima
sont libres.
23. Philippia irnerinensis H. Perrier de la Bathie 1927.
Caractères floraux semblables à ceux de l’espèce précédente,
mais feuilles beaucoup plus allongées, à pétiole beaucoup plus long.
Couche cuticulaire homogène, cuticule lisse, épiderme double,
stomates sans cellules annexes.
c) Absence de « petites glandes », présence d’oxalate épidermique.
24. Philippia oppositifolia H. Perrier de la Bâthie 1927.
Limbe lancéolé, pétiole large et court, fente dorsale elliptique
linéaire laissant voir les nervures et non bordée de poils (pl. III, G).
Oxalate dans le parenchyme, gros cristaux très volumineux dans
les épidermes latéro-ventraux. Epiderme ventral à cuticule striée,
poils courts, légèrement striés. Trois couches cuticulaires, les
deux plus internes avec petits cristaux irréguliers d’oxalate de
calcium. De plus, en des points variables des épidermes latéraux
et ventral, de très gros cristaux d’oxalate, groupés en amas irré-
guliers (fig. 6, C). Parenchyme très fortement oxalifère. Stomates
à parois régulières entourés chacun de quatre à cinq gros poils
fortement ornementés (pl. V, g).
— 191
25. Philippia Goudotiana Klotzsch. 1834
(= P. cauliflora Hochr. 1908).
Feuilles allongées, à long pétiole, fente dorsale très étroite non
bordée de poils ornés, crypte divisée en deux parties par un repli
très profond des épidermes latéraux. Cristaux volumineux d’oxalate
dans le parenchyme, cristaux petits et irréguliers dans les épi-
dermes (pl. III, O), carénule médio-ventrale très marquée. Cuticule
striée ainsi que les poils de l’épiderme supérieur. Trois couches
cuticulaires (divisées en territoires correspondant aux cellules), la
plus interne striée radialement, la moyenne avec de fines striations
Fig. 6. — A, P. Goudotiana ; B, P. Lecomtei ; C, P. opposilifolia.
tangenti elles, la plus externe homogène. Cellules épidermiques
allongées dans le sens radial, dédoublées, avec cristaux irréguliers
d’oxalate. Palissades très courtes (fig. 6, A). Cellules stomatiques
avec bec externe très marqué, et six cellules annexes (pl. V, n).
d) Absence de « petites glandes » et d’oxalate épidermique.
26. Philippia Lecomtei H. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles lancéolées linéaires, fente dorsale très étroite, oxalate
en gros cristaux dans le parenchyme (pl. III, J). Epiderme ventral
simple avec poils courts, coniques, lisses, très petits (et non glabre
— 192 —
comme l’indique H. Perrier). Relief cuticulaire très net, marqué
sur les épidermes vus de face, par des plis concentriques. Couche
cuticulaire homogène (fig. 6, B). Stomates comme ceux de P. Gou-
dotiana.
GROUPE III
Epiderme latéro-ventral complètement glabre.
27. Philippia latifolia H. Perrier de la Bâthie 1927.
Espèce tout à fait distincte par ses feuilles à épiderme latéro-
ventral sans poils ni glandes. Feuilles largement ovales-aiguës à
fente dorsale très large, laissant voir la face inférieure (couverte
de petits poils ornés comme chez toutes les Philippia) et les nervures
(pl. III, A). Epiderme latéro-ventral exactement de même type
que celui de P. pilulifera (fig. 4, A), mais sans poils, sans glandes,
sans oxalate.
GROUPE IV
Poils composés ramifiés, poils simples droits.
a) Poils ramifiés laineux, absence de « petites glandes ».
28. Philippia piiosa Baker 1890
(= Mitrastylus pïlosus Alm et Th. Fr. 1927.)
Feuilles lancéolées, nervures bien visibles, gros cristaux d’ oxalate
dans le parenchyme (pl. II, F). Poils allongés, minces, creux, très
flexibles, d’aspect laineux, groupés en faisceaux volumineux entre
lesquels se trouvent les poils simples, lisses, droits, et des papilles
fortement convexes, striées, alors que le reste de la cuticule est
lisse. Cellules épidermiques aplaties tangentiellement, avec parois
transversales épaisses vers l’extérieur, ondulées et minces vers
l’intérieur (fig. 7, B). Stomates de même type que ceux de l’espèce
suivante. Comme en ce qui concerne P. Parkeri, la création du
genre Mitrastylus ne me paraît pas justifiée.
h) Poils ramifiés laineux, présence de « petites glandes ».
29. Philippia madagascariensis A. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuille ressemblant beaucoup à la précédente, mais avec fente
dorsale ouverte du côté du pétiole (pl. II, C). Epiderme supérieur
double, souvent triple. Cuticule striée, deux couches cuticulairi s,
l’inférieure seule séparée en territoires correspondant à chaque
— 193
cellule. (Fig. 7, A). Les parois renferment des masses ovales très
biréfringentes, comme dans P. Humberti. Stomates réguliers (pl. V,
k).
c) Poils ramifiés rigides, présence de « petites glandes ».
30. Philippia Danguyana H. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles ovales obtuses, fente dorsale large, poils composés rami-
fiés, longs et étroits (pl. II, G). Perrier rapproche cette espèce de
P. pilosa, mais elle en diffère beaucoup par la nature de ces poils.
Cuticule striée, ainsi que les petits poils simples, les ramifications
des poils composés et les papilles. Deux couches cuticulaires non
séparées en territoires verticaux. Sable d’oxalate dans les cellules
épidermiques (fig. 8, B).
Fig. 7.' — A, P. madagascariensis ; B, P. pilosa.
31. Philippia ibytiensis H. Perrier de la Bâthie 1927.
Grandes feuilles ovales aiguës avec formations pilifères ramifiées
de même nature que dans l’espèce précédente, mais plus courtes
et beaucoup plus larges. Fente dorsale ouverte largement du côté
du pétiole, très étroite à l’extrémité opposée, et portant des poils
ramifiés (pl. II, B). Épiderme supérieur à cuticule lisse, ainsi que
les poils simples et les poils ramifiés. Deux couches cuticulaires.
Cellules épidermiques toujours dédoublées, les plus externes for-
Fig. 8. — A, P. ibyliensis ; B, P. Danguyana.
rnant un bec très marqué au niveau des cloisons radiales, qui sont
ondulées (fig. 8, A).
d) Poils ramifiés rigides, absence de « petites glandes ».
32. P. ciliata Benth. 1839.
Feuilles ovales avec grands poils rameux comme ceux de P. Dan-
guyana (pl. III, D). Epiderme supérieur avec poils simples de taille
variable, à surface très ornée, relief cuticulaire très élevé, plisse-
ments dirigés dans tous les sens (fig. 9. B). P. ciliata Benth. var.
cinerea H. Perrier de la Bâthie (pl. III, F) diffère seulement de
l’espèce par un épiderme formé d’éléments plus volumineux, à
cuticule peu striée, et des poils composés beaucoup plus larges
plus rameux et plus courts, mais toutes ces productions sont du
même type.
' ■ ^ P- cidenophylla ; b, P, hispida ; c, P. aristata ; d, P. minutifolia ;
e, P. oophylla ; f, P. pilulifera ; g, P. oppositifolia ; h, P. tenuissima ; i, P. cryptoclada ;
j, P. héterophyïla ; R, P. madasgacariensis ; 1, P. leucoclada ; m, P. Jumellei ;
n, R. Goudotiana.
- 196 —
33. Philippia Jumellei H. Perrier de la Bâthie 1927.
Feuilles ovales terminées par une pointe formée d’un poil composé
ramifié de même nature que ceux qui bordent le limbe (pl. II, H).
Cuticule à relief élevé, plissements parallèles. Couche cuticulaire
homogène. Epideinne souvent double (fig. 9, A). Stomates avec
cinq cellules annexes (pl. V, m).
34. Philippia leucoclada Baker 1890.
= {P. spinifera H. Perrier de la Bâthie 1927).
Feuilles ovales, nervure médiane non visible, pas d’oxalate
(pl. III, B). Epiderme ventral à cuticule s’enfonçant assez profon-
dément au niveau des cloisons radiales, toujours épaisses. Deux
couches cuticulaires dont la plus interne présente des stries concen-
triques. Cellules épidermiques parfois dédoublées, concaves vers
l’extérieur (fig. 9, C). Cellules stomatiques trilobées, bec interne
très net (pl. V, 1).
Les épidermes des Philippia de Madagascar traduisent bien les
variations fréquentes, souvent journalières, des conditions atmos-
phériques auxquelles ces plantes sont soumises. Le relief cuticu-
laire. plissement de surface des cellules épidermiques leur permet
de se gorger facilement d’eau, qui pourra alimenter les parenchymes
sous-jacents, ce qui correspond très certainement à une réserve
aquifère épidermique. Les ondulations des parois radiales des cel-
lules épidermiques (fig. 2, B ; 3, E ; 4, A, C ; 5, B, C ; 6, A, E ; ,
— 197 —
8, A ; 9, A, B) doivent également correspondre à des états successifs
d’accumulation d’eau ou d’utilisation de cette réserve. De plus
la présence simultanée dans une même espèce de couches cuticu-
laires épaisses et de stomates surélevés, avec chambre sous-stoma-
tique relativement importante (pl. IV, g et pl. V. j), stomates
cependant cachés dans des cryptes et protégés par un indûment
épais, est certainement corrélative des variations fréquentes de
l’état hygrométrique de l’air.
Les caractères qualitatifs des épidermes, seuls utilisables en
systématique, et précisant les constantes spécifiques de ce groupe,
peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous ; j’ai introduit en
même temps dans ce cadre les caractères des étamines, seuls utilisés
dans la classification de Alm et Fries, et les caractères des stig-
mates, seuls utilisés par Perrier de la Bathie. Les trois séries
de caractères ainsi associés donnent une classification beaucoup
plus naturelle et beaucoup plus rigoureuse :
I. — Présence de glandes longuement pédicellées et de poils
simples ou composés non ramifiés.
A. — Présence de « petites glandes », stigmate lohé, couche
cuticulaire homogène.
a. — Etamines libres, pédicelles glandulaires glabres, cuticule lisse.
P. isaloensis.
b. — Etamines soudées par leurs filets et leurs anthères, pédicelles
glandulaires pilifères, cuticule striée P. Parkeri.
B. — Absence de « petites glandes ».
a. — Stigmate discoïdal.
1 . — Etamines libres.
a. — Pédicelles glandulaires pilifères.
— Cellules épidermiques sans perforations. P. andringitrensis .
— Cellules épidermiques avec perforation .. . P. angustifolia.
p. — Pédicelles glandulaires glabres, cuticule ondulée.
— Cellules épidermiques à parois radiales très épaisses.
P. hispida.
— Cellules épidermiques à parois radiales minces et ondulées.
P. aristata.
2. — Etamines soudées par leurs filets, pédicelles glandulaires
pilifères, cuticule plissée.
a. — Stomates avec cinq cellules annexes... P. adenophylla.
[3. — Stomates sans cellules annexes.
— Cellules stomatiques à bords trilobés .... P. minutifolia.
— Cellules stomatiques avec boutons cellulosiques. P. oophylla.
3. — Etamines soudées par leurs filets, pédicelles glandulaires
glabres P. capitata.
4. — Etamines soudées par leurs filets et leurs anthères, pédicelles
glandulaires pilifères.
a. — Trois couches cuticulaires, les deux supérieures séparées
en territoires cellulaires P. trichoclada.
p. — Deux couches cuticulaires non séparées en territoires
cellulaires P. myriadenia.
Bullelin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
13
198 —
b. ■ — • Stigmate lobé, pédicelles glandulaires glabres.
1. — Deux couehes cuticulaires P. Humberti.
2. — Couche cuticulaire homogène P. betsileana.
II. — Absence de glandes longuement pédicellées.
A. — Présence de poils simples.
a. — Présence de « petites glandes », stigmate discoïdal.
1. — Présence d’oxalate de calcium.
a. — Etamines soudées par leurs filets, sahle d’oxalate dans
la couche cuticulaire interne P. pilulifera.
p. — Etamines soudées par leurs filets et leurs anthères, sable
d’oxalate dans les cavités des cellules épidermiques.
P. heterophylla.
2. — Absence d’oxalate.
a. — Etamines soudées par leurs anthères.
— Couche cuticulaire homogène P. floribimda.
— Deux couches cuticulaires.
* Non séparées en territoires cellulaires. P. quadratiflora.
* Séparées en territoires cellulaires P. densa.
p. — Etamines soudées par leurs filets.
— Deux couches cuticulaires, épiderme simple. P. cryptoclada.
— Couche cuticulaire homogène, épiderme double.
* Stomates avec six cellules annexes P. Viguieri.
* Stomates sans cellules annexes P. imerinensis.
y. — Etamines libres, couche cuticulaire homogène
P. tenuissima.
b. — Absence de « petites glandes », présence d’oxalate, trois
couches cuticulaires, cuticule striée, étamines soudées par
leurs filets et leurs anthères.
1. — Stigmate discoïdal P. oppositifolia.
2. — Stigmate lobé P. Goudotiana.
c. — Absence de « petites glandes » et d’oxalate, étamines soudées
par leurs filets, couche cuticulaire homogène, stigmate discoï-
dal P. Lecomtei.
B. — Absence de poils, étamines soudées, stigmate discoïdal-
P. latifolia
C. — Présence de poils composés ramifiés laineux, étamines
libres, stigmate lobé.
a. — ■ Absence de « petites glandes », épiderme simple... P.pilosa.
b. — Présence de « petites glandes », épiderme double ou triple.
P. madagascariensis .
D. — Présence de poils composés ramifiés rigides, étamines soudées
par leurs filets et leurs anthères, stigmate discoïdal.
a. — Présence de « petites glandes, deux couches cuticulaires.
1. — Cuticule striée P. Danguyana.
2. ■ — Cuticule lisse P. ibytiensis.
b. — Absence de « petites glandes ».
1. — Couche cuticulaire homogène.
— Stries cuticulaires ramifiées P. ciliata.
— Stries cuticulaires parallèles P. Jumellei.
2. - — Deux couches cuticulaires P. leucoclada.
— 199 —
Résumé systématique
1° jP. angustifolia (Perr. pro var.) Lavier comb. nov. 1936 = P. hispida
Baker 1887 var angustifolia H. Perrier de la Bâthie, 1927.
2° P. densa Benth. 1839 = P. macrocalyx Baker 1883.
3° P. Goudotiana Klotz 1834 = P. cauliflora Hochr. 1908.
4° P. leudoclada Baker 1890 = P. spinifera H. Perrier de La Bâthie, 1927.
5° P. pilulifera H. Perrier de La Bâthie 1927 = P. florihunda Benth lèSS
var. pilulifera P. Perrier de La Bâthie 1930.
6° P. pilosa Baker 1890 = Mitrastylus pilosus Alm et Th. Fr. 1927.
7° P. tenuissima Klotz 1835 = Ericinella gracilis Benth. 1839 = P.
gracilis H. Perr. de La Bâthie 1927.
— 200 —
Interprétation de la Molaire supérieure jeune de
l’Eohippus et considérations sur la phylogénie des
Équidés.
PAR M. Friant.
U Hyracotherium, envisagé à la manière de Depéret c’est-à-dire
en en excluant toutes les formes américaines qu’on avait voulu
y faire entrer, s’affirme comme le plus archaïque des Périssodac-
tyles ; il en est aussi le plus ancien, au moins en ce qui concerne
l’Europe [Eocène inférieur (London Clay) d’Angleterre]. Les formes
de Périssodactyles du Calcaire grossier de Paris, d’Egerkingen et
de Mauremont (Pachynolophus, Lophiotherium, Propalaeotherium)
ne peuvent être confondues avec lui.
Les molaires supérieures de V Hyracotherium sont à peu près
rigoureusement du type primordial, sextuberculé, parabunodonte.
Voici, d’ailleurs, la manière dont elles ont été décrites, en 1901,
par Depéret chez V Hyracotherium leporinum Owen ; « les
3 molaires supérieures (sont) à six denticules de forme conique, les
(2) externes presque régulièrement conique. , les (2) intermédiaires
ayant à peine une tendance à s’allonger en crêtes transversales,
les (2) internes à peu près coniques ». Ajoutons à ceci que les tuber-
cules intermédiaires sont sensiblement plus petits que les externes
et les internes, légèrement décalés vers l’avant par rapport à eux.
J’ai eu l’occasion d’étudier V Hyracotherium oulpiceps Owen aux
Collections paléontologiques du British Muséum (Natural History) ;
les caractères de la molaire supérieure sont les mêmes que chez
V Hyracotherium leporinum Owen ; toutefois, le tubercule intermé-
diaire antérieur alterne moins, ici, avec les tubercules externes
et internes antérieurs que chez ce dernier (figure 1).
Chez V Eohippus tapirinus Cope (Éocène inférieur, Wasatch heds)
contemporain, en Amérique du Nord, de V Hyracotherium et pou-
vant vraiment être considéré comme lui correspondant, que j’ai
également étudié au British Muséum, la molaire supérieure jeune
possède la même disposition des cuspides que chez V Hyracotherium
1. Depéret (Ch.). Révision des Hyracothéridés européens. Bull. Soc. Géol. France,
1901.
2. Depéret (Ch.), loco cilato.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 2, 1936.
201
çulpiceps Owen, mais celles-ci sont déjà légèrement réunies par
des crêtes (fig. 2), lesquelles sont beaucoup plus élevées, plus nette-
ment marquées que chez V Hyracotherium (’ulpiceps Owen où elles
sont seulement à peine indiquées.
Fig. 1. — Hyracotherium oulpiceps Owen. — Eocène inlerieur, London Clay (Harwich,
Essex, Angleterre). — Coll. British Muséum. — M ^ gauche peu abrasée.
e, tubercules externes ; m, tubercules intermédiaires ; i, tubercules internes.
(Même légende pour les autres figures).
G. N. X 5 environ.
1) Crête externe, unissant les deux tubercules externes.
2) Crête transversale antérieure, légèrement oblique d’arrière en
avant et de dedans en dehors, unissant le tubercule interne antérieur
au tubercule intermédiaire antérieur. Cette crête se prolonge un
Fig. 2. — • Eohippus iapirinus Cope. — Eocène inFérieur (Wasatch), Elk Creek,
Wyoming. U. S. A. — Coll. Britisb Muséum. — M gauche peu abrasée. — G. N. X 5
environ.
202 —
peu au delà du tubercule intermédiaire antérieur, sans cependant
atteindre le tubercule externe correspondant.
3) Crête transversale postérieure, de même direction que l’anté-
rieure, mais beaucoup moins nettement constituée, se manifestant
seulement par un allongement du tubercule interne postérieur dans
la direction de l’intermédiaire postérieur.
Fig. 3. • — Mesohippus Bairdii Leidy. — Oligocène (Oreodon bed sof White River),
Dakota, U. S. A. — Coll. Paléont. Fac. Sciences, Upsal. — Les 3 molaires supérieures
gauchos non abrasées ; l’avant est à gauche, le côté externe en haut. — G. N. X 2
environ.
A tout prendre, la molaire supérieure de V Eohippus est donc
plus évoluée que celle de V Hyracotherium dans le sens du type
morphologique dentaire général des Périssodactyles, puisqu’elle
est déjà légèrement toechodonte, tout en possédant déjà aussi la
crête longitudinale externe si développée, comme l’on sait, chez
Fig. 4. ^ Eqwis caballus L. mort-né (actuel), n° 1914-141. Coll. Anat. comp. Muséum,
Paris. — M ^ gauche non abrasée. — G. N.
les Rhinocéridés, par exemple. La molaire de V Hyracotherium est
au contraire, comme nous l’avons vu, nettement parabunodonte.
Si nous considérons les Equidés nord-américains dans leur
ensemble, nous voyons que la crête longitudinale externe de V Eohip-
pus subsiste chez les formes plus récentes et même chez le Cheval,
puisque les deux tubercules externes d’aspect sélénodonte s’unissent
précocément.
Chez le Mesohippus (Oligocène), comparé à V Eohippus, les crêtes
— 203
transversales sont plus développées, se prolongeant vers la rangée
externe de tubercules, mais pourtant ne l’atteignant pas. Les
tubercules externes ont l’aspeet sélénodonte, ce sont les seuls à
l’avoir (fig. 3).
Chez le Merychippus (Miocène), les tubercules intermédiaires
devenus aussi volumineux que les externes présentent également
l’aspect sélénodonte ; les internes sont, au contraire, réduits et
reliés aux intermédiaires par de petites crêtes transversales (fig. 5, 3).
Chez VEquus, enfin, le tubercule postéro-interne plus réduit
Fig. 5. — Schéma de quelques molaires supérieures d’EquiDÉs nord-américains.
1. Eohippus
2. Mesohippus
3. Merychippus
4. Equus.
que l’antéro-interne, s’unit très précocément à l’intermédiaire pos-
térieur, en devenant comme une dépendance (fig. 4).
Notons que chez V Hipparion (Pliocène d’Europe et d’Asie),
cette crête transversale antérieure s’est effacée, le tubercule antéro-
interne formant une sorte d’îlot qui reste isolé sur la molaire abrasée,
au lieu de former une presqu’île comme chez VEquus. Par contre,
la crête postérieure est plus visible.
Il semble résulter de ceci que le Mesohippus américain ne paraît
vraiment pas pouvoir être considéré, au moins en ce qui concerne
la morphologie dentaire, comme faisant partie de la lignée du
Cheval qui ne présente plus que des traces d’une toechodontie
204
ancienne, étant devenu si nettement hélodonte que sa molaire
supérieure finit par ressembler, au moins d’une manière superfi-
cielle, à celle des Ruminants dont la constitution primordiale est
toute différente Le Mesohippus, très voisin de V Anchitherium de
l’ancien Monde, tend nettement, au contraire, vers les Rhinocériodès,
par exemple, dont les molaires supérieures sont principalement
constituées, abstraction faite des différences qui peuvent inter-
Fig. 6. — Rhinocéros simus Burchell, jeune (actuel), n® A. 2273. Coll. Anat. comp.
Muséum, Paris. — M t ® (3® molaire temporaire supérieure) gauche, non abrasée ;
l’avant est à gauche, le côté externe en haut. — G. N.
venir, de deux crêtes transversales reliant les tubercules internes,
intermédiaires et externes et d’une crête externe longitudinale
reliant les deux tubercules externes (fig. 6).
A noter, par parenthèses, que chez les Rongeurs qui, comme
les Périssodactyles sont également toechodontes et où, contrai-
rement à ce qui se passe chez les Suidés et les Proboscidiens qui
sont toechodontes aussi, les tubercules intermédiaires entrent égale-
ment dans la constitution des crêtes, il n’existe pas de crête lon-
gitudinale externe.
1. Voir notamment, R. Anthony et M. Friant. Théorie de la dentition jugale
mammalienne. L’évolution de la molaire chez les Mammifères placentaires à partir
du début des Temps tertiaires. Paris, Hermann, 1936.
— 205 —
Sur l'existence des Sables de Fontainebleau
A Livry-sur-Seine (S.-etM-.)
PAR R. Abrard.
Sur la 2® édition de la feuille de Melun (Carte Géologique de
la France au 80.000®), la localité de Livry-sur-Seine, à quelques
kilomètres au S.-E. de Melun, est indiquée comme se trouvant
partie snr les formations de la Brie, partie sur le limon des plateaux
recouvrant directement ces formations.
En réalité, un lambeau de sables de Fontainebleau très net
s’observe à l’extrémité E. et N.-E. de l’agglomération et il forme
un relief très visible dans la topographie. Les sables s’observent
encore dans une exploitation à moitié abandonnée ; d’après les
renseignements recueillis sur place, ils ont été autrefois exploités
sur une épaisseur de 8 à 9 mètres. Sur toute l’étendue de l’affleure-
ment s’observent des blocs de grès nombreux et souvent volumineux ;
ils ont d’ailleurs été utilisés pour la construction d’une partie des
habitations de la localité.
Bullelin du Muséum, 2® s,, t. VIII, n® 2, 1936.
- 206 ---
Profil en long géologique de la ligne n° xi du Chemin de
Fer Métropolitain interurbain de la place du Châtelet
AUX Lilas.
PAR R. Soyer.
La ligne du chemin de fer métropolitain N® XI Place du Chatelet-
Porte des Lilas, mise en service en Mai 1935, est la plus récente
des grandes lignes transversales du réseau interurbain. Avec son
prolongement vers Romainville, virtuellement achevé jusqu’à la
Mairie des Lilas, elle se développe sur une longueur de 6,928 mètres.
Elle part de l’avenue Victoria, qu’elle suit jusqu’à la rue de la
Coutellerie, en traversant le boulevard de Sébastopol, où elle enjambe
la ligne N® 4 ; elle traverse la rue de Rivoli, emprunte la rue Beau-
bourg, puis par la rue Réaumur et la rue du Temple, elle arrive
à la place de la République, où elle passe sous les quatre autres
lignes souterraines. Elle snit le faubourg du Temple et la rue de
Belleville qu’elle abandonne à l’Église Saint- Jean-Baptiste, pour
passer, par une courbe à grand rayon, sous la place des Fêtes.
Elle rejoint la rue de Belleville à la hauteur de la rue Pelleport,
et la suit jusqu’à la porte des Lilas. Par la rue de Paris et la rue
de la Liberté, elle traverse la localité des Lilas, en vue de son pro-
longement éventuel vers le centre de Romainville.
La ligne N® XI présente un grand intérêt an point de vue de la
géologie parisienne, car elle escalade le massif de Belleville, vaste
plateau gypseux s’étendant jusqu’à Nogent-sur-Marne ; elle constitue
une bissectrice idéale entre les deux lignes dn Métropolitain : N® 7
et 3, qui avaient gravi précédemment ce massif, la première par
le Nord, l’autre par le Sud.
La montée rapide de la colline de Belleville a obligé les construc-
teurs à adopter, entre les kms : 2.400 et 4.930, soit snr le tiers du
parcours, la pente maximum de 40 m/m par mètre, et à établir
le souterrain à une profondeur moyenne de 20 à 25 mètres sous
la chaussée, tant dans la rampe de la rue de Belleville que dans les
paliers du plateau, où l’existence des sables de Fontainebleau a
imposé l’enfouissement profond des onvrages.
Les cotes de base extrêmes de la ligne N® XI sont atteintes :
entre l’origine (angle avenue Victoria-rue des Lavandières-
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 2, 1936.
207
Sainte-Opportune) où le radier de la fosse de visite est situé à
-j- 20.50, et la rue de la Coutellerie ; le passage sous la ligne N® i
abaisse le radier à la cote -f 19.30. 2^ : sous la place de la République,
où l’ouvrage passant sous toutes les lignes existantes est à la cote
-f 15.20.
L’altitude maximum est atteinte au pignon du prolongement
dans les Lilas ; radier à + 103.20. La dénivellation verticale, qui
atteint 88 mètres, est absorbée presque exclusivement par la rampe
de la rue de Belleville, passant dans le groupe des plâtrières de
Ménilmontant, qui furent exploitées à une époque assez récente.
Le souterrain a rencontré d’importants vestiges de ces anciennes
carrières dont l’exploitation, sous la rue de Belleville, a sans doute
cessé à la promulgation de l’édit royal de 1741 « faisant défense
« à toute personne d’ouvrir ou d’exploiter aux abords des routes
« et grands chemins aucune carrière de quelque espèce qu’on a
« fait, dans la distance de 30 toises du pied des arbres qui les
« bordent » (I, p. 251).
La rue de Belleville est très ancienne : c’est l’ancien chemin
de Savies (Savigium) cité gallo-romaine fondée sur l’emplacement
de l’Eglise de .Belleville, qui prit plus tard le nom de Poitron-
ville, puis de Belleville les-Sablons. Au xiv® siècle (II), la chaussée
de Belleville était bordée de guinguettes et d’habitations, domi-
nant les vignes qui couvraient alors les flancs du coteau. Il ne
semble pas que des plâtrières aient été déjà ouvertes à cette époque,
mais la carte de 1618 (III) montre un groupe très net d’exploi-
tations à ciel ouvert, dans les parages de l’actuel boulevard de
Belleville, au lieu dit : La Courtille. Des remblais importants
signalés dans la région (IV-19® arrond* et V — feuilles 89 et
106) montrent l’importance des carrières exploitées à ciel ouvert
de part et d’autre de la rue de Belleville.
Stratigraphie
Les formations géologiques rencontrées par la ligne XI s’étagent
du Lutétien au Rupelien, mais la série présente des lacunes, car
des dépôts récents : éboulis de coteaux, remblais, se sont substitués
à plusieurs horizons bartoniens. Les alluvions anciennes apparte-
nant à deux terrasses ont été suivies depuis la Seine jusqu’à la
rue Bouchardy, près du boulevard de Belleville.
Lutetien supérieur. — Les calcaires compacts gris fossilifères
de la zône IV du Lutétien (= Calcaire grossier supérieur des car-
rières parisiennes) sont visibles à la faveur d’un relèvement impor-
tant des couches, dans le souterrain de garage à 3 voies qui s’étend
sous l’avenue Victoria et la place de l’Hôtel de Ville ; les marnes
et caillasses étant décapées par les alluvions anciennes qui reposent
- 208
parfois sur le banc de Roche. Ce mouvement provoque également
le passage du souterrain à travers les calcaires de la zone IV sous
la rue du Renard. Le banc de Roche atteint 80 centimètres d’épais-
seur ; son toit est à la cote + 23.11 dans le puisard du km. 0.462.00,
qui a percé la base du banc vert à + 17.50. La zone IV puissante
de 5 m. 60 est un peu plus forte que dans le Sud de Paris, où son
épaisseur moyenne est de 4 m. 75 environ.
Les marnes et caillasses ont été traversées dans plusieurs tron-
çons du souterrain. A l’orgine de la ligne, elles sont légèrement
ravinées par les alluvions anciennes et offrent une épaisseur moyenne
de 10 m. 50. L’ouvrage les abandonne vers le km. 0.800, pour les
rencontrer de nouveau sous la place de la République. La partie
supérieure comprend surtout des marnes blanches avec nombreux
lits discontinus de calcite cristallisée, souvent friable et même
pulvérulente, où s’intercalent quelques bancs minces de calcaires
silicieux irréguliers (caillasses en plaquettes). La base est constituée
par des bancs épais de caillasses entrecoupés de marnes blanches
tendres, de filets de calcite et des bancs minces d’argile noirâtre
feuilletée parfois fossilifère (Corbula anatina). Le banc de Rochette,
calcaire gris à Cerithium denticulatum, est séparé normalement du
banc de Roche (tête du calcaire grossier supérieur) par une couche
de marne blanche, bien visible entre les kms : 0.305 et 0.510.
Bartonien inférieur. — Sables de Beauchamp. — Le souterrain
principal traverse les Sables de Beauchamp du km. 1.580 au
km. 2.620 ; l’ouvrage de raccordement avec la ligne III pénètre
profondément dans les Sables dont les couches supérieures, sous
la rue Beaubourg, sont verdâtres, argileuses, avec géodes gréseuses,
reposant sur des sables gris et verts à bancs de grès discontinus.
Les grès et les géodes sont plus épais et plus nombreux sous la
rue Réaumur. Place de la République, les Sables de Beauchamp
sont profondément érodés par les alluvions anciennes ; ils reprennent
toute leur puissance rue du Faubourg du Temple, sous le canal
Saint -Martin, où la série se complète avec les niveaux de Ducy et
de Mortefontaine. A cet endroit, les couches du Barthonien infé-
rieur sont légèrement plissées, et un accident fort curieux (coupe
n° 6) met en évidence l’influence mécanique des plis sur la texture
des couches :
La série de Beauchamp est à peu près horizontale jusqu’au
km. 2460 ; elle comprend une partie supérieure marno-argileuse,
reposant sur des sables verts et jaunes, entrecoupés de bancs de
grès cristallins, dont l’un est très continu. Ces sables sont sans fos-
siles. Vers le km. 2480, les couches supérieures s’infléchissent rapi-
dement, formant un synclinal en miniature ; la dénivellation atteint
1 m. 50. Les sables de la série inférieure, pincés entre la série mar-
209 -
neuse et le banc de grès siliceux, n’ont pas suivi ce mouvement
avec fidélité ; leur épaisseur diminue et ils passent d’abord à un
grès jaunâtre tendre, puis au point maximum d’inflexion, à un
grès brun très dur, compacte, à empreintes de fossiles (Cardites) ;
à la remontée des cQuches, ils passent de nouveau par le stade du
grès tendre, non fossilifère, et vers le km. 2530 les couches rede-
viennent tendres et sableuses.
La puissance maximum des Sables de Beauchamp a été observée
au km. 2.470 ; elle atteint 9 mètres.
Le Calcaire de Ducy est représenté par des calcaires marneux
et des marnes blanches où s’intercalent des rognons de calcédoine,
il n’est pas fossilifère, ni les sables de Mortefontaine, très épais,
qui atteignent 1 m. 70 entre les kms 2450 et 2500.
Calcaire de Saint-Ouen. — Le Calcaire de Saint-Ouen n’a pas été
observé nettement, l’ensemble. Calcaire de Saint-Ouen-Sables Verts
— base de la série gypseuse, formant au km. 2.972 une falaise recou-
verte de limons argileux (alluvions anciennes) ; le calcaire de Saint-
Ouen occupe la base de cet escarpement, il comprend des marnes
jaunes, blanches et grises recouvertes par les Sables Verts. D’après
les sondages effectués aux environs de la ligne XI, la puissance
du Calcaire de Saint-Ouen est voisine de 10 m. 50.
Sables Verts infragypseux et base de la série du gypse. — Les
sables verts infragypseux (Sables de Cresnes) sont verts fins, argi-
leux et entrecoupés de bancs de calcaire jaunâtre et des marnes,
qui sont une pseudomorphose des gypses saccharoïdes intercalés
dans les sables verts, dans la partie nord de Paris, et observés
notamment dans les travaux de la ligne n° 2 : Nation-Dauphine.
Leur épaisseur moyenne est de 1 mètre, mais comme dans ces
faciès de dissolution, ils sont diflicilement séparables des eouches
inférieures du gypse, elles-mêmes modifiées profondément, cette
épaisseur n’est que très approximative.
Bartonien supérieur. — L’ouvrage n’a pas rencontré les
marnes et les masses du gypse subordonnées à la Haute Masse,
car entre les kms : 3.115 et 3.525, le souterrain traverse de puissants
éboulis de coteaux et pénètre ensuite dans la Haute Masse du
Gypse.
Première Masse ou Haute Masse. — La première masse a été
rencontrée au km. 3.595, où elle forme le front d’une exploitation
ancienne. Cette plâtrière avait des galeries souterraines, car
divers bourrages de galeries ont été recoupés. La haute Masse
répète fidèlement la coupe bien connue des carrières des Buttes-
Chaumont publiée par E. Gérards (I, p. 116-117). Un énorme
bloc basculé et fissuré a été rencontré devant le front de
210
masse, sur 70 mètres de longueur ; il est séparé de la butte gyp-
seuse par une série de remblais et d’éboulis marneux. La haute
Masse, dont l’épaisseur atteint 13 mètres, a été suivie jusqu’au
km. 3.340. Il faut signaler la présence d’un fdet de gypse cristallin,
rubané, rougeâtre, à 2 m. 60 du toit de la Masse. Cette couche pré
sente un intérêt spécial, car on la retrouve dans toutes les coupes
du gypse relevées au N. de la Seine et de la Marne, dans la région
parisienne.
, , DISTANCE NOM
LOCALITE EXPLOITATION EPAISSEUR ^ r ^ * x.
La surface de la Haute Masse est à peu près hoiizontale entre
les kms : 3.595 et 3.900 et son sommet situé vers la cote -f- 67.00,
mais elle se relève ensuite rapidement vers l’Est : à la porte des
Lilas : + 81.00, dans les Lilas (forage Denterbecq) -|- 85.40, à
Romainville (Plâtrière du Parc) Sl.ll, ce qui correspond à un
pendage moyen de 0.5 %. La Haute Masse s’épaissit également
dans la même direction : sa puissance est de 13 m. 20 à la Porte
des Lilas ; aux Lilas elle atteint 13 m. 70 et à Romainville : 14 m. 30
environ, hauteur mesurée entre le banc de base ou « Fusils » et
le sommet des gypses scoriacés dénommés « Moutons ». L’épaisseur
de la masse varie légèrement dans l’enceinte même de cette car-
rière, et les divers auteurs qui ont décrit Romainville ont cité des
nombres divergents : Husson (IV) lui attribue 15 m. 54 ; G. Court y
(VH) : 16 m. 50 ; L. Janet (VIH) : 16 m. 50. Des mesures au câble
effectuées sur les fronts d’exploitation de la première masse, par
la direction de la plâtrière (I) ont indiqué une épaisseur de 14 m. 10,
plus réduite que toutes celles qu’on lui attribuait jusqu’alors.
Marnes supra gypseuses. — a) Marnes bleues. — - Les marnes bleues
qui recouvrent la Haute Masse ont en moyenne 13 mètres. Très
compactes, elles ont une coloration foncée ; gris, gris-bleuté, bleu,
etc... Leur base contient 4 bancs de gypse saccaroïde gris très régu-
liers (bancs de chiens) et un 5® lit inconstant, étagés sur 6 mètres
à partir de la base, et séparés par des marnes argileuses d’épaisseur
très variable ; de sorte que ces bancs ne sont pas parallèles. Les
gypses qui les composent sont très durs, impurs et marneux ; ils
ont été relevés dans toute la région parcourue parla ligne. A Romain-
1. Renseignement de M. C. Séjournant.
211 -
ville, ces 5 bancs bien caractérisés, sont situés dans les 5 mètres
inférieurs de la série des marnes bleues.
b) Marnes blanches. — Les marnes blanches à Lymnées sur-
montent les marnes bleues, et leur épaisseur varie de 4 m. 50 à
4 m. 80. Leur sommet est à 84.00 vers la station « Pyrénées ?),
-|- 86.00 sous la place des Fêtes, -|- 93 dans la station « rue du Télé-
graphe », 95 à la Porte des Lilas, + 102 à la fin de la ligne.
A Romainville, elles atteignent -j- 104.38. Elles comprennent des
Fig. 1. — Haute Masse du Gypse et Marnes supragypseuses à Romainville.
(cliché de l’auteur)
bancs puissants de marnes calcaires blanches et jaunâtres, où s’inter-
cale un banc-gris-brun feuilleté plus argileux. Au sommet, on voit
par places un banc dur, très dense, noduleux, blanc sale, discontinu
qui parait débuter vers la station « Jourdain », c’est un carbonate
double de chaux et de strontiane (Strontianite) très impur ; vers
l’Est la teneur en Co^ Sr augmente ; et à Romainville sa teneur en
strontiane a permis son emploi en pyrotechnie, au cours de la
guerre de 1914-1918, dans la composition des fusées éclairantes.
Les marnes blanches n’ont pas fourni de fossiles dans les travaux ;
la Limnea strigosa si abondante à Romainville où elle forme un
banc continu à 2 m. 10 du sommet des Marnes n’a été rencontrée
qu’à l’état de fragments rares et dispersés.
Lattorfien. — Glaises à Cyrènes. — Les glaises à Cyrena convexa
comprennent des marnes argileuses feuilletées brunes à la base,
jaunes et vertes au sommet, renfermant une dizaine de lits fossili-
— 212
fères : Cyrena conçexa — Psammobia plana. Dans les bancs supé-
rieurs verdâtres s’intercalent des filets sableux blancs, à débris
de Poissons (Amya Cuvieri). Il faut signaler la rencontre d’un
tronc d’arbre lignitisé et recouvert de tests de mollusques : Ceri-
thium plicatum, Psammobia plana, Spirorbis, dans les travaux du
5® lot.
Les glaises à Cyrènes ont une puissance variable :
Km. 4192 — Station « Jourdain » épaisseur 1 m. 92
5044 — Station « Télégraphe » » 1 m. 60
5536 — (Angle des rues de Romainville et de
Belleville » 1 m. 60
6285 — Dans les Lilas » 1 m. 78
Romainville » 2 m. 26
Marnes vertes. — Le souterrain de la ligne XI est établi dans les
marnes vertes sur plus de 2 kilomètres, du point kilométrique 4850
à la fin de la ligne. Elles ne présentent rien de particulier ; leur
épaisseur qui est de 6 m. 60 rue du Jourdain, se réduit à 5 mètres
à la rue du Télégraphe, pour remonter à 6 m. 30 vers la fin de l’ou-
vrage. A Bagnolet elles n’oiit que 5 m. 15 de puissance.
Calcaire de Brie. — L’ensemble des couches qui constituent le
calcaire de Brie est bien représenté ; on peut le subdiviser en deux
zones. A la base, une série marno-calcaire passant graduellement
aux marnes vertes sous-jacentes, et renfermant des marnes grises
et jaunâtres dures, des marnes feuilletées, des calcaires tendres ;
quelques nodules de silex s’y intercalent. La série supérieure, calcaro-
siliceuse, comprend des calcaires durs siliceux, des travertins, des
bancs épais de silex calcédonieux et meuliériformes. Parfois d’énormes
blocs ovoïdes de silex calcédonieux à hssures tapissées de cristaux
de quartz, régnent à la partie supérieure. Bien que peu fossilifère,
le calcaire de Brie a fourni à Romainville et Bagnolet des débris
de mammifères : Plagiolophus minor Pomel (IX) et V espertilio
cf. parisiensis (X). Sa puissance moyenne atteint 5 mètres, et son
sommet est situé à -j- 100.50 à la Place des Fêtes, -|- 104.70 'dans
les accès de « Télégraphe », -}- 106 à la Porte des Lilas. Le Calcaire
de Brie remonte ensuite régulièrement vers l’Est, et atteint la
courbe de + 120 vers le fort de Romainville. A Bagnolet (Glaisière
des Briqueteries Parisiennes) le Calcaire de Brie, décapé, est réduit
à 4 m. 13 d’épaisseur dont 2 m. 43 pour la série marneuse et 1 m. 70
pour la série siliceuse incomplète ; il est situé entre 114.92 et
-f 119.05.
Rupélien. — Marnes à Huîtres. ■ — .Les marnes à Huîtres com-
prennent une alternance de marnes panachées grises et vertes et
de calcaires marneux durs, dont l’épaisseur atteint 5 m. 20. Très
fossilifères, surtout à la partie supérieure, on y a trouvé, depuis la
— 213
place des Fêtes jusqu au terminus, d’innombrables fossiles, mais
si VOstrea cyathula est rencontrée à tous les niveaux fossilifères,
VOstrea longirostris se cantonne dans 3 bancs bien nets, reconnus
dans les travaux du 6® lot ; des
Gastropodes séparent ces bancs
O. cyathula
Corbula subpisum
Cyrena semistriata
Tellina Nysti
Tellina Heberti
Pleurotoma sp.
Natica crassatina
Deshayesia parisiensis
Trochus incrassatus
Cerithium plicatum.
marnes blanc-grisâtres à faune de
; elles renferment :
Lucina Heberti
Lucina tenuistria
Cytherea incrassata
Cardium Raulini
Cardium tenuisulcatum
Potamides conjunctum
Potamides enodusus
Bryozoaires ; plusieurs espèces
On a découvert de nombreux ossements de Siréniens dans la
fouille à ciel ouvert des accès de la Place des Fêtes ; ce sont des
fragments de côtes, des vertèbres et des phalanges à' Halitherium
Schinzi Kaup. Nous remercions M. Breton, conducteur T. P. V. P.,
qui a apporté les plus grands soins au dégagement et à la conser-
vation de ces fossiles, qu’il a offerts au Laboratoire de Géologie
du Muséum.
Sables de Fontainebleau. - — Les travaux de la ligne XI ont fourni
des données du plus haut intérêt sur les sables de Fontainebleau,
qui couronnent le massif de Belleville-Montreuil. Vers la rue Haxo,
l’étage débute par des sables verts noirâtres argileux, fossilifères,
dans un puits foncé vers le km. 4685. Épais de 15 centimètres, ces
sables sont pétris de débris de Cerithides : Cerithium plicatum,
C. intradentatum, C. limula. Au-dessus viennent des sables jaunes
rubéfiés, un peu argileux, puis une masse importante de sables
blancs ou jaunâtres, fins et micacés, dont la partie supérieure con-
tient plusieurs bancs de grès, dont nous avons donné précédemment
une étude détaillée (XI). Le sommet des Sables est composé d’une
alternance de sables blancs, jaunes et rouges, très irréguliers comme
disposition.
Les bancs de grès si importants à « Télégraphe » ne sont qu’un ^
épisode isolé. Toutefois, un banc de grès blanc, dur, compact,
épais d’environ 1 m. 50, a été rencontré dans un puits exécuté à
l’angle des rues de Belleville et de Bomainville, sa base était située
à + 117.30. Enfin un peu partout on a rencontré des rognons isolés
de grès désagrégé, sans fossiles, disséminés dans la masse des sables.
Les maxima de puissance constatés pour l’ensemble des Sables
de Fontainebleau sont : 11 m. 80 rue du Télégraphe (axe de la
ligne) et 15 mètres dans la fouille des accès de la station « Télé-
graphe ». Sur le restant de la ligne, les sables sont fortement déca-
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
14
— 214 —
pés et dans les Lilas, ils atteignent à peine 5 mètres d’épaisseur.
Eboulis de pentes. — Les éboulis atteignent une grande puissance
sur le versant des grands massifs gypseux de la région parisienne,
par suite de la nature meuble des couches supérieures au gypse,
et de la grande solubilité de celui-ci, et l’on retrouve, dans la dispo-
sition des éboulis, une stratification qui est grossièrement à l’inverse
de celle des éléments en place.
Les éboulis ont été observés entre les kms : 3000 et 3600, sous
les rues du Faubourg du Temple et de Belleville, entre les rues
Jules Verne et Julien Lacroix. Ils reposent sur les Sables Verts
infragypseux et les pseudomorphes de la base du gypse, et sont
érodés par la terrasse quaternaire qui vient buter contre eux.
Leur base, sableuse, est composée de sables de Fontainebleau, avec
nombreux débris de meulière et de travertin de Brie ; ensuite
viennent des marnes blanchâtres et verdâtres grumeleuses, avec
nombreux nodules cariés, et des marnes grises, avec débris de gypse
décomposé. On revoit ensuite de nouveaux sables jaunes de Fon-
tainebleau, auxquels succède une nouvelle série marneuse. Ce cycle
se répète plusieurs fois, correspondant à des stades successifs du
démantèlement du plateau ; les nodules gypseux deviennent plus
nombreux dans les niveaux supérieurs de ces différents stades, et
en se rapprochant de la masse du gypse.
L’épaisseur des éboulis de pentes atteint 11 mètres sous la rue
de Belleville et présente une moyenne de 8 mètres vers le boulevard
de Belleville.
Allumions anciennes. — Cette formation est l’une des plus impor-
tantes que la ligne n^ XI a rencontrée ; elle la suit en effet depuis
l’avenue Victoria, à l’origine, jusqu’à la rue Bouchardy, sur plus
de 3.100 mètres.
Une première série d’alluvions, suivie par la ligne entre l’avenue
Victoria et la Place de la Bépublique, est composée de sables et
graviers siliceux à la base ; les éléments calcaires y sont rares, de
nombreux bancs de conglomérat (calcin) s’y intercalent ; le sommet
comprend des sables jaunes quartzeux, fins, à débris de fossiles
sparnaciens roulés, avec filets de graviers et de cailloutis. Cette
série est décapée et surmontée d’épais remblais. Elle repose d’abord
sur le Lutétien supérieur, dont le sommet a été dérasé, à une alti-
tude voisine de 24-25 mètres.
Rue des Lavandières-Sainte-Opportune + 25.20
Rue Saint-Denis + 24.20
Rue de Rivoli -b 25.20
Rue Simon-le-Franc J- 24.00
A partir de la rue Rambuteau, les alluvions décapent les Sables
de Beauchamp et leur cote de base s’abaisse :
215 —
99, rvie Beaubourg + 20.80
Rue Sainte-Elisabeth + 20,80
A l’aplomb de la rue de Notre-Dame de Nazareth, ils ravinent
encore davantage les sables moyens, et déterminent une cuvette
dont le fond n’est plus qu’à + 19.50. La cote la plus basse est
atteinte sous la place de la République, au passage sous la ligne
n® 5, où le contact avec les Sables de Beauchamp est à + 19.30.
Cette cote basse est remarquable, si on la compare aux altitudes
connues du contact des alluvions anciennes et de leur substratum
sous la Seine actuelle.
Pont National + 21.10
Pont d’Austerlitz + 20.76
Traversée de la ligne VII + 20,65
Traversée de la ligne IV... + 21.20
Traversée de la ligne VIII + 20.80
Pont de l’Alma + 20.33
Quai d’Orsay + 19.40
Passerelle de Passy -]- 19.14
Pont Mirabeau- Javel + 18.96
Cette série d’alluvions se termine vers le km. 2400, où elle bute
contre les Sables de Beauchamp vers la cote + 29.00. Cette très
basse terrasse de la Seine est fossilifère dans le centre de Paris,
notamment sous la Place de l’Hôtel-de-Ville (Xll). Dans les tra-
vaux de la Ligne XI elle a fourni au km. 0620 un métacarpien de
Bos priscus rencontré à la cote + 26.00, sous 4 mètres de sables -
et de graviers.
Une seconde série d’alluvions débute avec la banquette de Sables
de Beauchamp. Des conglomérats très importants, puissants de
1 m. 50, étaient visibles à la base, recouverts de galets volumineux
d’abord, ensuite plus petits, enfin de cailloutis renfermant à la
cote + 32.00 un niveau fossilifère qui a fourni, entre le km. 2580
et 2750, de superbes échantillons de la faune froide à Elephas
primigenius.
Elephas primigenius Blum. — Un fragment de défense — lon-
gueur 1 m. 50, diamètre 0 m. 170. Une dent usée — ne comptant
plus que 4 lames — 1 radius droit — fragment de fémur — frag-
ment de mandibule.
Au km. 2608 • — 2 molaires inférieures.
Elephas primigenius Blum mut. Sihiricus. — Un talon de 8 lames
d’une dent très usée.
Bos sp. — Une diaphyse de fémur.
Equus cahallus Lin. — Diverses dents — métacarpien secondaire.
On a découvert au km. 2608 sous la rue du Faubourg du Temple,
au droit de la rue Bichat, deux fragments d’une mâchoire inférieure
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
14.
- 216 -
de Mammouth, avec deux molaires en place ; les os, friables et
décomposés dans ces sables humides n’ont pu être conservés, mais
les deux dents sont en parfait état (fig. 2). Ce sont deux molaires 3,
ayant encore peu fonctionné, qui présentent les caractéristiques
suivantes ;
Tous ces ossements ont été recueillis par les soins de M. Henry
et de ses collaborateurs, à qui j’adresse mes vifs remerciements.
La deuxième terrasse, contient des éléments calcaires : plaquettes
de calcaire lutétien, et des fragments de roches éruptives ; un galet
volumineux de granité à deux micas a été recueilli au km. 2750.
Les sables et graviers sont surmontés par une série de sables fins
et de limons jaunâtres argileux atteignant 4 mètres d’épaisseur ;
ils sont recouverts par d’autres limons plus argileux encore, jau-
nâtres à la base, rouges au sommet, avec intercalations de sables
fins et de graviers, et par des couches de marne blanchâtre argileuse.
Le sommet de cette terrasse, qui est érodée, est à la cote + 45.00.
Allumions modernes. — Les alluvions modernes ont été rencontrées
à la place de la République, dans les puits d’extraction ; elles sont
bien connues et ont été étudiées par A. Dollot (Xlll). 11 faut signa-
ler toutefois que les travaux de la ligne XI ont permis de les suivre
sous la rue du Faubourg du Temple jusqu’au Canal Saint-Martin.
Au delà, on ne les a pas retrouvées.
Terre végétale. — Quelques ilôts de terre végétale ont été rencon-
trés, mais pour la plupart ils ne présentent aucun intérêt parti-
culier. On a cependant traversé une terre végétale noirâtre, sableuse,
dans le bas de la rue de Belleville, entre le boulevard et le passage
Lauzin, qui atteint 2 mètres d’épaisseur. Elle renferme des débris
végétaux et des ossements de petits mammifères.
Remblais. — Les remblais ordinaires sont assez épais sous l’avenue
— 217 —
Victoria, la rue Beaubourg, la place de la République, mais n’ont
aucun caractère particulier. Par contre, sous la rue de Belleville,
les remblais de carrières deviennent très importants* et leur épais-
seur atteint 11 mètres à l’aplomb de la rue Rebéval : ils recouvrent
l’ancien front de masse décrit précédemment. Dans ces remblai",
entre des blocs de gypse isolés on a rencontré des fragments de
Fii;. 2. — Molaires 3 inférieures à’Elephas primigenius Blum de la rue du Faubourg
du Temple
(cliché A. Cinlracl).
crâne humain dont quelques-uns seulement ont été conservés :
un frontal presque complet, dont l’épine nasale est brisée et les
apophyses orbitaires émoussées, et un débris d’occipital, ayant
conservé sa protubérance interne. Ils appartenaient à un individu
jeune, et n’offrent aucun caractère particulier sauf un renflement
très marqué de la glabelle et des sinus frontaux, dénotant un front
surbaissé.
Quelques bourrages de galeries ont été rencontrés dans la Haute
-218 -
Masse, notamment au km. 3650.00. La roche était compacte à
cet endroit, et la galerie remblayée n’avait subi aucune dégradation
par suite de terrassements du sol.
Limons éboulés. — Quelques lambeaux de limons, produits de
ravinement des couches du plateau, ont été rencontrés aux Lilas
où une languette d’éboulis sableux, longue d’environ 200 mètres,
a été observée vers la rue du Pré-Saint-Gervais ; elle reposait sur
les marnes à huîtres décapées.
Un ravinement plus important a été constaté à la fin de la ligne,
entre les kms : 6700 et 6928. A la faveur d’un relèvement des
couches, les Sables de Fontainebleau et les marnes à huîtres déca-
pées sont remplacés par des éléments argilo-sableux, éboulés de
la région plus élevée située vers le Fort de Romainville. On retrouve
d’ailleurs ces éléments en placages plus ou moins épais sur le Cal-
caire de Brie, qui forme le substratum du plateau de Romainville-
Bagnolet.
Tectonique. — Les 19® et 20® arrondissements sont desservis
par les 3 lignes du Métropolitain N® 7-11-3, qui ont pour terminus
commun ; la Porte des Lilas. Parmi les formations géologiques
examinées, il en est une plus particulièrement importante au point
de vue tectonique, car plus caractéristique du groupe du Gypse :
la Haute Masse. C’est elle qu’on peut prendre comme couche de
référence, car son épaisseur est bien constante sous Belleville : de
13 mètres au Nord à 14 mètres au Sud et à l’Est. La comparaison
des cotes supérieures de la Haute Masse donne des indications
très importantes. La première Masse se relève régulièrement vers
l’Est : de + 67.00 rue Rebéval, elle monte à -j- 81 à la Porte des
Lilas et -j- 87.70 à Romainville, avec un pendage moyen de 0.5 %.
On sait que dans Paris la surface du Crétacé et les formations
postérieures plongent vers le N.-E. sous un angle de H environ ;
il est donc intéressant de rechercher l’allure du gypse dans cette
direction.
Sur le flanc nord du massif de Belleville, le sommet de la première
Masse est situé : rue Fessart à fi- 71.80 — station Botzaris ; + 74.15
— place du Danube : + 73.32 — station Pré-Saint-Gervais : -fi 74.50
— Porte du Pré-Saint-Gervais : -fi 77.46 — Porte des Lilas : -fi 81.40.
Au Sud : rue Orfila : -fi 75.40 — station Pelleport : -fi 77.60 —
Saint-Fargeau : -fi 78.60 — Réservoir de Ménilmontant ; -fi 86.80
— rue Camille Douls : -fi 81.40.
Au centre : rue Rebéval : -fi 67.00 — station Pyrénées : -fi 68.00
— Église Saint- Jean-Baptiste : -fi 72.80 — place des Fêtes : -fi 73.90
— Télégraphe : -fi 78.00 — rue Haxo (angle rue de Belleville) ;
-fi 81.20 — rue Haxo (angle rue des Rourelles) ; 82.40.
Les altitudes sont comparables au Nord et au Sud, il n’y a donc
-- 219 —
pas de relèvement du gypse dans cette direction, mais on constate
un maximum d’altitude suivant une ligne qui passe par les Buttes-
Chaumont, la place des Fêtes, le cimetière de Belleville, la caserne
des Tourelles, ligne dirigée N.-O.-S.-E. conformément à la direction
générale des plis de la région parisienne.
On ne connaît aucun sondage ayant atteint la craie sous le massif
de Belleville, mais plusieurs forages ont atteint le Sparnacien.
Au sud : à Tangle des rues de Bagnolet et de la Réunion, le sommet
du Sparnacien est à -h lAO ; il est à -j- 3.10 à l’angle rue Vitruve-
rue des Balkans, il s’abaisse ensuite vers le Sud ; — 6.00 à l’angle
rue de Buzenval-rue des Haies. Plus au nord, nous le retrouvons
à -(- 1.00 rue des Pyrénées ; vers la rue Orfda-rue des Panoyaux,
un forage partant de la cote + 62.50 a atteint le Sparnacien à
— 18.30, mais rue des Couronnes, son sommet n’est qu’à — 16.00.
A l’Ouest, un forage exécuté rue Manin, près de la rue Secrétan,
indique le sommet du Sparnacien à — 17.40, et place Armand
Carrel, il est à — 27.00. Enfin un sondage rue d’Hautpoul l’a ren-
contré à — 24.85.
Aux Lilas (forage Denterbecq) le Sparnacien est à la cote -f- 3.00
environ.
Le Sparnacien participe donc à l’allure générale des couches
— 220
de Belleville : relèvement vers l’Est et position légèrement anti-
clinale suivant un axe situé un peu au Sud de la ligne de relèvement
maximum du Gypse. Ce décalage est assez fréquent pour 1er plis
secondaires situés dans un synclinal principal, ou les phénomènes
de subsidence ont joué un rôle important.
En résumé le massif de Belleville constitue un anticlinal secon-
daire, dont les couches plongent légèrement de part et d’autre
d’un axe partant de la butte Montmartre, passant vers la place
des Fêtes, et se dirigeant vers Bagnolet. Ce relèvement intéresse
tout le Nummulitique. L’allure de la craie reste ignorée, mais
d’après sa position sur le pourtour, il semble bien qu’elle ne soit
pas affectée par ce pli, située dans le prolongement de l’axe de
Vigny, qui contrairement à l’opinion de G. F. Dollfus (XIY,
p. 34) reste bien individualisé et séparé de l’axe de Beynes. On
peut constater dans Paris même la superposition d’un anticlinal
tertiaire à un synclinal crétacé, disposition tectonique qui a été
signalée pour la première fois aux environs de Paris par M. Paul
Lemoine (XV, p. 964), entre Meaux et Villers-Votterets.
Nappes aquifères. — Allumions anciennes. — La nappe aqui-
fère des alluvions a été suivie dans toute cette formation. Elle
roule d’abord sur les Marnes et Caillasses, et on l’a trouvée à
-j- 25.20 entre la rue des Lavandières-Sainte-Opportune et la
rue Saint-Denis. Dans la station : Victoria, elle est à -j- 25.00.
Elle échappe aux alluvions et se maintient dans les marnes et
caillasses entre la rue de la Coutellerie et la rue Rambuteau ; elle
suit le pendage des couches lutétiennes et passe dans le radier du
souterrain vers le Km. 0.750 (rue du Bernard), elle réapparaît à
la faveur d’une pente, et se maintient au niveau de la voûte
(-(- 22.00 env.) sous la place de la République. Elle disparaît enfin
sous le canal Saint-Martin, en pénétrant dans les Sables de Beau-
champ (+ 22.61).
Marnes blanches. — Des venues d’eau isolées se sont produites
entre les stations Jourdain et place des Fêtes, à la partie supé-
rieure des marnes blanches, entre les cotes -f 83.00 et -j- 86.00.
Leur débit était très faible.
Calcaire de Brie. — Des circulations souterraines ont été remar-
quées dans le Calcaire de Brie vers la Porte des Lilas, dans les
couches supérieures à faciès siliceux du Travertin. Le niveau d’eau
se maintient, entre -f 104.00 et J- 106.50, en relation avec l’incli-
naison des couches. Généralement les débits constatés étaient peu
importants.
Sables de Fontainebleau. — L’importance de la nappe des Sables
de Fontainebleau est bien connue. Vers l’affleurement des sables.
- 221 —
à la place des Fêtes, la nappe est à + 103.00 ; elle remonte ensuite
progressivement et se tient à + 106.07 vers la rue du Pré-Saint-
Gervais, où elle est située à 3 mètres au-dessus du contact avec
les marnes à huîtres. Elle a été observée à + 110.80 à Télégraphe.
La cote maximum est atteinte au km. 5.150, sous la rue de Belle-
ville, où elle a été relevée dans un puits à + 113.65. Elle n’est
plus qu’à 110.50 à la station : Porte des Lilas, pour remonter
à -f- 112.00 vers la rue du Près-Saint-Gervais, aux Lilas, en sui-
vant ensuite le relèvement des couches rupéliennes : -p 116.47 à
la Mairie des Lilas, -[- 118.77 au passage Rouget de l’Isle, + 119.40
vers la rue Léon, où elle est très près du sol. Elle se perd au con-
tact des limons éboulés de la rue de la Liberté, où la nappe retombe
dans les Marnes à huîtres. Les débits constatés sont importants,
et dans certaines période , atteignaient 20 m^ heure dans plu-
sieurs puits, avec une moyenne générale de 8 à 10 m® heure.
Conclusions. — L’exécution de la ligne n® XI a fourni quel-
ques données fort intéressantes pour la géologie de la région pari-
sienne. Elle dénote un relèvement général et un accroissement
d’épaisseur des couches du' Nummulitique, de l’Ouest à l’Est,
bien accusé notamment pour tous les niveaux à partir du Gypse.
Elle fournit des cotes nombreuses qui permettent de constater
l’existence d’un anticlinal secondaire superposé au grand syn-
clinal de la Seine. Les alluvions anciennes montrent la succession
de deux basses terrasses, butant contre deux falaises bartoniennes ;
la plus basse contre les Sables de Beauchamp, la plus élevée contre
le Calcaire de Saint-Ouen et les couches infragypseuses. Les tra-
vaux ont également démontré que l’ancien bras de la Seine pas-
sant sous les grands boulevards et la place de la République avait
creusé davantage son lit que la Seine actuelle. Enfin les Sables
de Fontainebleau, contenant des bancs gréseux fossilifères, donnent
des indications strati graphiques précieuses pour l’étude du Rupe-
lien.
En terminant cette étude, je salue la mémoire du regretté
M. J. Ott, Inspecteur Général, Chef du Service Technique du
Métropolitain, brutalement disparu au lendemain de l’inaugu-
ration de la ligne n® XL J’adresse l’expression de mes vifs remer-
ciements à MM. Bienvenue, Inspecteur Général des Ponts et
Chaussées, et Stahl, Inspecteur Général Adjoint, Chefs du Ser-
vice Teehnique du Métropolitain, à MM. Leib, Inspecteur Général
Adjoint, Bardout, Bouleisteix, Klerlain et Martelli, Ingé-
nieurs en Chefs, ainsi qu’à MM. Jacquet, Pichot, Henry, Saint-
Ellier, Krey, Mauran, Godon, Ingénieurs D. T. V. P., et à
tous leurs collaborateurs. Leur efficace et bienveillante collabora-
tion m’a beaucoup facilité la récolte des documents et l’étude
222
détaillée des terrains rencontrés au cours de l’exécution de la Ligne
nO XI.
BIBLIOGRAPHIE
I. — E. Gékards. Paris souterrain. 1 volume in-4°. Paris, Garnier Irères,
édition 1921.
II. -- II. Le GRAND. Paris en 1380' Plan de restitution. Histoire Générale
de Paris. Imprimerie impériale. Paris, 1868.
III. — Carte générale de Paris et de ses environs en 1618. Edition du
Dépôt de la Guerre.
IV. — E. Gérards. Atlas géologique des 20 arrondissements de Paris.
V. — Inspection générale des Carrières du Département de la Seine. —
Atlas des carrières souterraines de Paris.
VI. — Husson. Histoire de Romainville. Paris, 1905, Plon et Nourrit,
éditeurs.
VII. — G. CouRTY. Esquisse d’une course géologique rapide de Paris à
Chateau-Thierry. A. F. A. S. Dijon, 1911, p. 393.
VIII. — Léon Janet. Etude des Gypses parisiens. Argenteuil et Romain-
ville. Livret guide du VIII° Congrès géologique international. Paris,
1900.
IX. — La VILLE. Paloplothérium du Sannoisien de la Brie à Romain-
ville. Feuilles jeunes Naturalistes (5), n° 495, 1712, p. 29-30.
X. — R. Soyer. Présence des genres Vespertilio et Hyaenodon dans le
Calcaire de Brie. B. S. G. F. (4), t. XXIX, 1929, p. 423-426.
XL — R. Soyer. Les grès fossilifères du Rupelien de Belleville. Archives
Aluséum, 6® s., t. XIII, 1935, p. 207-210.
XII. Valenciennes. Humérus de Rhinocéros des fouilles de l’IIôtel de
Ville. B. S. G. F. (1), t. X, p. 29, 1938.
XIII. — A. Dollot. Le sous-sol parisien. C. B. Congrès Sociétés Savantes,
1910, XV-XVI, p. 147-148. Paris, 1911.
XIV. — G. E. Dollfus. Recherches sur les ondulations des couches ter-
tiaires dans le Bassin de Paris. B. S. C. G. F., n° 14, t. II, 1890-1891.
XV. — Paul Lemoi.ne. Superposition d’un anticlinal tertiaire à un syn-
clinal crétacé. C. B. Acad. Sc. 1929, l*'® sem., t. 188, n® 14, p. 964.
Nota. — Le profil géologique et les coupes annexes dont il est question dans cette
notice seront publiés par le Service Technique du Métropolitain.
Le Gérant, R. Taveneau.
ABBEVILLE.
IMPRIMERIE F. PAILLART. 7-5*36.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 117
Ouvrages offerts 117
Communications :
K. Zlabek. — Note sur le masséter des Catarhiniens et des Platyrhiniens . . . . 118
F. Angel. — Matériaux herpétologiques recueillis à Madagascar par M. Roger
Heim, chargé de mission. — Description de deux formes nouvelles.. . . 125
P. Chevey. — Sur la présence d’une seconde espèce d’Anguille en Indochine
française et sur les lois de la circulation des eaux dans la Mer de Chine
méridionale 130
P. Remy. — Pauropodes du Muséum national d’Histoire naturelle. III.... 132
F. Gbandjean. — Microzetes auxiliaris n. sp. (Oribates) 138
L. Germain. — Contributions à la Faune Malacologique de l’Afrique équato-
riale, LXX 146
Ed. Lamy. — Note sur le Cyiherea callosa Conrad (Moll. Lameflibr.) 158
G. Ranson. — Le rôle de la matière organique dissoute dans l’eau et les théories
de PÛTTEH (suite) 160
L. Lavier-Georgb. — Recherches sur les épidermes foliaires des Philippin de
Madagascar ; utilisation de leurs caractères comme bases d’une classifîca-
fication (avec notes biologiques de M. H. Humbert) 173
M. Friant. — Interprétation de la molaire supérieure jeune de l’Eohippus
et considérations sur la phylogénie des Equidés 200
R. Abrard. — Sur l’existence des Sables de Fontainebleau à Livry-sur-Seine
(S.-et-M.) 205
R. Soyer. — Profil en long géologique de la ligne n° XI du Chemin de Fer
Métropolitain interurbain de la place du Châtelet aux Lilas 206
POBIIUTIONS DO NDS(DN NATIONiL D’HISTOIRE NATOREU.E
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle) (Masson
et C*® éditeurs, un vol. par an, 200 frs).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895)
(Bibliothèque du Muséum, un vol. par an, 50 frs).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle (N“ 1, 1932 et sui-
vants, prix variable).
Mémoires du Muséum national d’Hisioire naturelle (nouvelle série com-
mencée en 1936). [Editions du Muséum, 57. rue Cuvier]. Un vol. par
an, 150 frs.
Index Seminum in Hortis Musaei parisiensis coüectorum (Laboratoire de
Culture ; parait depuis 1822 ; échange).
Notules systematicæ (Laboratoire de Phanérogamie ; parait depuis 1909).
Revue française d’ Entomologie (publiée sous la direction du D' R. Jeannel f
parait depuis 1934. Un vol. par an, 50 frs ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale (Laboratoire
d’ Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Dinard (Laboratoire maritime de Dinard ; parait depuis 1928).
Bulletin du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro (Musée du Trocadéro ;
paraît depuis 1931 ; prix du n° : 5 frs).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale (Chaire de Chimie ;
Section de Physique végétale; paraît depuis 1927; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomohgie (Laboratoire d’Entomologie ;
parait depuis 1934 ; échange).
Bulletin de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle
et du Jardin des Plantes (Société des Amis du Muséum, a paru de 1924
à 1935) : remplacé depuis janvier 1936 par la Revue « La Terre et la
Vie ».
Bulletin de la Société des Amis du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro
(Musée d’ Ethnographie du Trocadéro).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
^ MENSUELLE DES NATURALISTES DU MUSÉUM
3. — Mai 1936.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS-V
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des
manuscrits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de
manière à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des Auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux Auteurs, qui sont priés de
la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à
un numéro ultérieur.
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Ils sont priés d’inscrire sur' leur manuscrit le nombre des tirés à part
supplémentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
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directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART.
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en outre s’en procurer à leui-s frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
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numéro et brochés avec agrafes.
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au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de
ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
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BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1936. — N" 3.
294-^ RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
28 MAI 1936
PRÉSIDENCE DE M. P. LEMOINE
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ET DE M. LE Professeur Acii. URBAIN
ACTES ADMINISTRATIFS
M. Guinet, Chef de carré, est nommé Jardinier-Chef au Muséum à
dater du 1®’’ juin 1936.
M. le Professeur E. Bourdelle donne sa démission de Directeur de la
Ménagerie.
M. le Professeur Ach. Urbain est délégué par le Directeur, à dater du
15 mai 1936, dans les fonctions de Directeur de la Ménagerie.
M. le Prof. Vayssière, correspondant du Muséum, est nommé Associé
du Muséum par décision de l’Assemblée des Professeurs du 14 mai 1936.
OUVRAGES OFFERTS
M. le Professeur Ach. Urbain présente un ouvrage du Professeur
Auguste Pettit, de l’Institut Pasteur: Sérothérapie antipoliomyélitique
d’origine animale (S. A. P.) (Masson et C^®, édit., Paris, 1936).
La première partie de cet important travail est consacrée à la préparation
du sérum antipoliomyélitique d’origine animale. Après avoir utilisé tout
d’abord le mouton, le cheval, le Docteur Pettit a employé ensuite les singes
(cynocéphales ; chimpanzés) pour la préparation de ce sérum. Il donne
avec beaucoup de détails, la technique mise en œuvre pour cette immunisa-
tion. Pour les singes, il a utilisé pour les injections et les saignées, des
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936,
15
— 224
moyens de contention qui sont appelés à rendre les plus grands services à
tous les Biologistes qui ont à se servir de ces animaux.
Le chapitre II est consacré à la posologie et mode d’administration
du sérum antipoliomyélitique d’origine animale.
Enfin, dans le chapitre III, l’auteur expose les résultats thérapeutiques
fournis par la sérothérapie antipoliomyélitique d’origine animale. Ces
résultats sont très nettement favorables à l’action thérapeutique de ce
sérum. Ils doivent être connus de tous ceux qui au Laboratoire, utilisent
des singes susceptibles de contracter spontanément la poliomyélite. C’est
grâce à la valeur thérapeutique du sérum du Docteur Pettit que le gorille
« Arthur » de la Ménagerie du Jardin des Plantes, qui a vécu plus de
12 ans en captivité, a pu guérir d’une atteinte grave de poliomyélite. Ce
livre intéresse donc non seulement les médecins, les hygiénistes, mais
encore tous ceux qui, à un titre quelconque, ont à employer pour leurs
recherches, des singes et surtout des anthropoïdes.
Malbrant (R.). Faune du centre Africain français (Mammifères et
Oiseaux), 430 pp., 29 pL, 1 carte. Lechevalier, Paris, 1935.
— 225 —
COMMUNICATIONS
Ectopies dentaires de Gorille et d’Orang-outan
PAR Henri Neuville.
Les hétérotopies, ou anomalies de siège, frappent la dentition des
animaux aussi bien que celle des divers types humains. Les simples
transpositions, et aussi les déplacements sur le maxillaire, mais hors
de Tarcade, — ces derniers représentant des anomalies plus accen-
tuées, — - s’observent à l’occasion sur les Primates, où leur rareté
n’empêche pas d’en observer de types variés. Malgré leur banalité
apparente, de tels faits méritent d’être enregistrés : s’ils n’ont, pris
séparément, qu’un médiocre intérêt, ce n’en est pas moins de leur
comparaison que Ton peut espérer voir surgir des données éclair-
cissant les diverses interprétations présentées au sujet de ces ano-
malies et dont je ne veux faire le tableau. Il est, en tout cas, d’un
intérêt évident de noter leurs relations éventuelles avec les détails
de l’éruption des dents voisines ou antagonistes, le degré de reten-
tissement qu’elles peuvent avoir sur l’évolution de l’organe anormal
lui-même, enfin leur influence possible sur la morphologie de la
région, voire sur celle de l’ensemble du crâne.
Je vais citer deux cas d’anomalies de ce genre : Tuu est relatif
à un Gorille, l’autre à un Orang-outan.
I/C Gorille dont il s’agit provient d’une région indéterminée du
Moyen-Congo français, probablement de la partie intermédiaire à
la Likouala et à la Sanga, donc de la zone du G. g. gorilla, ou
« Gorille de côte )i de Coolidge (1). Je n’ai pu en examiner que le
crâne, et encore fût-ce passagèrement. Ce crâne (fig. 1) était par-
faitement constitué, symétrique, pourvu des crêtes habituelles,
normalement développées ; il appartenait certainement à un mâle
pleinement adulte, mais non pas vieux. Sa dentition, en parfait
état, était également normale, sauf en ce qu’elle était dépourvue de
canine supérieure droite ; un long diastèrne en résultait, de part et
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° ’3, 1936.
- 226 —
d’autre duquel la seconde incisive et la première prémolaire se
présentaient avec leur forme usuelle ; il en était de même pour les
dents correspondantes du maxillaire inférieur, où la canine n’accu-
sait même aucune tendance à former une saillie exagérée par suite
du défaut d’antagoniste, comme elle l’eût d’ailleurs peut-être fait,
suivant une loi banale, avec les progrès de l’âge.
Fig. 1. — Gorilla gorilla gorilla. Crâne dont la canine supérieure droite est en ectopie.
Un peu moins que 1 /2 gr. nat.
Dans la partie du maxillaire supérieur où se fût trouvée, normale-
ment, la racine de la canine droite, à 2 ou 3 centimètres au-dessus
du bord alvéolaire, une enclave d’aspect caractéristique, largement
visible sur le crâne desséché (fig. 1 et 2), mais qui devait avoir été
recouverte par la gencive, se présentait avec tous les caractères
d’une dent incomplètement incluse, atrophiée et difforme. Cette
dent ectopique est manifestement ce à quoi est ici réduite la canine
supérieure droite. Elle n’a pas subi un véritable déplacement de
— 227 —
siège, étant située, comme il est de règle, juste en arrière de la canine
inférieure et en avant de la première prémolaire supérieure. Il ne
m’a pas été loisible d’entamer cette pièce, je n’ai donc pu me rendre
compte de la forme exacte de la dent incluse. L’examen extérieur
suffit, du reste, à renseigner valablement : il y eut là fixation
et arrêt de développement du germe, et l’anomalie est d’un type
foncièrement banal, rare toutefois pour les Gorilles, où je n’en ai
jamais rencontré d’autres exemples.
Fig. 2. — G. g. gorilla (sujet de la figure préeédente), Ectopie de la canine supérieure
droite, marquée par un astérisqtie. A peu près gr. nat.
Un fait doit être particulièrement relevé ici : c’est l’absence de
modifications morphologiques du maxillaire corrélatives de cette
importante anomalie dentaire. L’absence d’une canine, dans une
dentition de Gorille, est cependant d’une indubitable importance.
Une note de M. W. Wali.is, soulignée par une analyse de M. Augek (2),
a récemment encore rnis en évidence fc la rapide et facile transforma-
tion de l’architecture d’un système dento-osseux », au cours de la
vie d’un même sujet, à la suite d’anomalies dentaires, notamment de
pertes de dents. Et M. Auger a justement insisté à ce sujet sur la
prudence avec laquelle doivent être interprétées, cjuant aux affinités
naturelles, des détails osseux ou dentaires où l’on est tenté de voir
des restes d’héritages très anciens.
— 228 —
La double ectopie dentaire que j’ai observée sur un Orang-outan
est intéressante à d’autres égards. Le sujet qui me l’a présentée
est une femelle encore jeune, qui vécut à la Ménagerie du Muséum et
eut trois mises bas dont la dernière fournit à M. Clavelin l’occasion
d’une étude fort intéressante (3). Ce sujet présentait des lésions
crâniennes caractéristiques du leontiasis ossea, et son dernier né en
portait de plus caractéristiques encore ; que l’on veuille bien, à cet
égard, consulter la note de M. Clavelin.
Je ne m’occupe ici que de la mère. Sa dentition, loin d’être achevée,
répond aux formules suivantes (en envisageant, à chaque mâchoire,
le côté le mieux développé) :
haut : L -h i^ + c + M^.
bas : Il + P + PMI + pm2 -U Mi + M^.
La troisième molaire commence à sortir des deux côtés du maxil-
laire inférieur.
De cet ordre d’éruption, il ne peut être tiré, en suivant les comparai-
sons inspirées par l’odontologie humaine, aucune conclusion ferme.
Il est connu que des troubles comme ceux dont les stigmates sont ici
bien visibles ont une influence perturbatrice sur la chronologie et les
diverses modalités de l’évolution dentaire, et, en outre, que celle-ci
est loin d’avoir, entre l’Homme et les Primates, le parallélisme par-
fois supposé et qu’elle ne présente même qu’imparfaitement
entre les diverses formes humaines (4).
Fait particulier : le maxillaire inférieur du sujet en question pré-
sente, à droite et à gauche, à l’aplomb de la mitoyenneté des secondes
prémolaires et des premières molaires, et plutôt au-dessous de celles-
ci, une dent imparfaitement incluse, visible de l’extérieur sur le
maxillaire desséché (fig. 3) et qui fut certainement recouverte par la
gencive ; le degré d’inclusion est ici le même que dans le cas précé-
dent. La dent incluse du côté gauche, dégagée par abrasion de la
partie du maxillaire qui l’entourait, se présente sous l’aspect repro-
duit par la figure 4.
L’élément ainsi inclus est parfaitement constitué et tous ses
détails ou rapports le font reconnaître comme seconde prémolaire
permanente. Un peu plus réduite que sa correspondante temporaire,
elle est formée de deux lobes, l’un antérieur, l’autre postérieur, por-
tant chacun deux tubercules ou cuspides, dont le postéro-interne
est le plus faiblement développé. Ses racines sont également nor-
males, leur croissance étant toutefois incomplètement achevée.
La figure 4 montre que le développement du germe s’est fait ici
plutôt un peu au-dessous du niveau normal, et dans un sens oblique
— 229 —
amenant la partie externe de la couronne contre la face labiale du
maxillaire, qu’elle perfore, mais d’où elle n’eût certainement jamais
fait complètement issue comme cela s’observe parfois.
Pour comparaison avec les caractères de cette seconde prémolaire
permanente, ectopique, mais normalement constituée, je men-
tionnerai ceux des secondes prémolaires temporaires, qui sont,
elles, normales à tous égards. Leur couronne, de même largeur que
celle de la dent ectopique, est plus longue d’environ un millimètre,
et ce fait est dû à une extension latérale, vers l’extérieur, du tuber-
cule postéro-interne, formant une sorte de talon élargi de façon à
Fig. 3. — Orang outan. Maxillaire inférieur, avec ectopie de la seconde prémolaire
droite, marquée par un astérisque. Env. 5 /6 gr. nat.
sous-tendre, en arrière, le tubercule postéro-externe ; on peut même,
à la rigueur, reconnaître là un cinquième tubercule, très faiblement
développé, et l’on a ainsi, de cette seconde prémolaire inférieure
temporaire de l’ Orang, un tableau concordant avec celui que fournit
l’o.dontologie humaine, oû sont reconnues cinq cuspides.
La seconde prémolaire inférieure droite temporaire présente
exactement les dispositions ainsi décrites ; elle n’offre pas les signes
d’une chute très prochaine. Sa symétrique est au contraire sur le
point de tomber ; ses racines sont complètement résorbées ; elle ne
tient que par sertissure dans la gencive, qui ne l’emboîte même plus
du côté labial ; en outre, son lobe antérieur a complètement disparu.
Il est certain que si cette dent temporaire avait reçu une poussée
quelconque de la part de sa remplaçante, elle serait déjà avulsée ;
or aucun contact ne put avoir lieu entre ces deux dents, à aucun
moment, la figure 4 le démontre amplement. La résorption des
racines s’est donc faite ici sans aucune intervention mécanique de
la dent permanente, donc par la seule ostéité raré liante agissant
toujours dans la chute des dents temporaires. C’est cependant à
cette intervention mécanique que l’on attribue généralement,
soit un rôle déterminant exclusif, soit au moins un rôle partiel.
Fig. 4. — Orang outan (sujet de la fig. précédente). Ensemble de la dentition, vu'du
côté gauche, avec seconde prémolaire ectopique comme celle du côté droit, dégagée
des parties l’entourant. Remarquer le délaut considérable d’articulé (mordax
apertus) de la région incisive. Env. 3/4 gr. nat.
mais initial, dans la chute des dents temporaires, celle-ci pouvant
être achevée par une réaction locale indépendante, due peut-être
à l’activité du ligament alvéolo-dentaire ou membrane circumradi-
culaire de Retterku ; les rapports relevés par ce dernier observateur
entre cette membrane et le cément (ou cortical osseux) éclairent
- 231
lumineusement ce fait que c’est souvent, sinon toujours, par ce
dernier élément constitutif que débutent les phénomènes de résorp-
tion. Les actions et réactions dont il vient de s’agir ont été envisagées
par divers anatomistes, soit séparément, soit en combinaisons. Dans
le cas dont il est question, il est manifeste, — et cela vaut d’y
insister, — que la dent permanente resta totalement étrangère aux
processus de caducité.
Revenant, après ces considérations particulières, à ce qu’ont de
plus général les hétérotopies du genre envisagé, je me bornerai à
rappeler que Magitot (5) les a expliquées par des variations de
longueur et de flexuosité des cordons naissant dans l’embryon, sur
le bord de la lame dentaire, et cjui, renflés à leur extrémité libre
et pédiculisés sur le reste de leur trajet, forment les germes dits
— si improprement, je crois, — les organes de l’émail, avec leurs pédi-
cules. La position c{u’occupera une dent en voie*de formation serait
déterminée par la longueur de ce pédicule, ou cordon ; mais celui-ci
étant plus ou moins flexueux, il peut subir une extension plus ou
moins accusée, capable de l’amener, estimait Magitot, au triple
ou au quadruple de sa longueur normale, et déterminant alors un
déplacement parfois considérable du lieu où se développe normale-
ment le germe dentaire.
Cette théorie du déplacement ou de la migration folliculaire est en
effet recevable dans la plupart des faits d’hétérotopie dentaire,
peut-être même dans tous. Elle est compatible avec ceux où, au lieu
d’une migration excessive, il n’y eut qu’un déplacement insuffisant,
comme cela semble se réaliser dans les cas rappelant les précédents
et où il y a fixation profonde, ou rétention, d’éléments dont l’érup-
tion ne put s’effectuer et dont la forme normale peut être modifiée
(cas du Gorille ci-dessus) ou respectée (cas de l’Orang). Je suis donc
fondé à le répéter : tous les faits de ce genre apportent à la connais-
sance des conditions de l’évolution dentaire des contributions méri-
tant de les faire noter, les unes et les autres, dans tous leurs détails,
fussent-ils d’apparence banale.
OUVRAGES CITÉS :
1. CooLiDGE junior (H.-F.). — A révision of the genus Gorilla. Memoirs of
the Mus. oj Comp. Zool. at Harvard College. Vol. L, n® 4. Cambridge
(Mass.), 1929, p. 292-381, 19 fig., 21 pl. et 1 carte.
2. Wallis (W.). — A Gorilla skull with anormal denture. Amer. Nat.,
1934, p. 179-183, 5 fig. Analysé par M. Auger dans U Anthropologie,
1935, n® 3-4, p. 429.
3. Clavelin (P.). — Anomalies pathologiques chez l’Homme et l’Orang
Outan (leontiasis ossea). Bull, et Mém. Soc. Anthropologie. Paris,
1935.
4. Grewel (Fr.). — De Doorbraaktijd der elementen van het Blijvend
Gebit. Thèse d’Amsterdam (Sciences), 1935.
5. Magitot (E.). Traité des anomalies du système dentaire. Paris, 1877.
Un vol. in-4o de vi-303 pp. et 20 pl. Voir p. 109 et suiv.
Ce travail classique de Magitot reste précieux malgré le recul du
temps, et deux Mémoires particulièrement intéressants ont été consacrés,
en ces dernières années, à ce dont il s’agit : celui de W. C. M’Intosh (On
abnormal teeth in certain Mammals, especially Rabbit, in Trans. of the
Roy. Soc. of Edinburg, LVI, 1931 ; le ch. I en est relatif aux Primates et
aux Lémuriens), et celui de Ch. Benne jeant (Les variations dentaires
numériques et la réduction dentaire progressive chez les Primates.
Publication de L’Odontologie, Paris, 1935).
Ces deux Mémoires n’envisagent pas de cas semblables à ceux dont il
vient de s’agir ; il n’en est pas moins utile de les consulter à titre
comparatif.
- 233 -
Note sur l’identitê probable du type d’Helïotkypba Simoni
Boucard (Trochilidés)
PAR J. Berlioz.
Parmi la longue série de Trochilidés, que le Muséum de Paris hérita
lors du legs de la Collection Boucard, figure, entre autres grandes
raretés, un Oiseau apparemment assez énigmatique portant sur
l’étiquette la citation suivante, écrite de la main même de Bou-
card ; « Heliotrypha speciosa q^, Colomhia, Gen. H. B. p. 228 ».
Cette dernière partie de la citation, habituelle à toutes les étiquettes
originales de cet auteur, marque une référence bibliographique à son
propre ouvrage ; Généra of Hamming Birds, paru à Londres en 1895.
Or, si nous consultons cet ouvrage, nous y voyons bien mention-
nées successivement, aux pages 227-228, trois soi-disant espèces fort
rares de Trochilidés réf érables au genre Heliotrypha : H. Barrali
Muls. et Verr., H. speciosa Salvin, et H. Simoni Boucard. A la des-
cription de la première (H. Barrali), le texte de Boucard ajoute :
« Je possède un beau mâle de cette espèce, d’après lequel la descrip-
tion a été faite » ; à la troisième (H. Simoni), il ajoute : « Type dans
la Collection Boucard » ; mais pour la seconde (H. speciosa), il ne
fait aucune mention à la suite de la description (celle-ci est d’ailleurs
visiblement empruntée au « Catalogue of Birds in the British Mu-
séum »), ce qui semble logiquement impliquer qu’il n’en possédait
aucun exemplaire dans sa collection.
Par un paradoxe assez curieux, de ces trois formes si voisines
Tune des autres, mais si distinctes de tous leurs autres congénères,
il ne reste dans la Collection Boucard, telle qu’elle existe au Muséum,
que le seul spécimen cité ci-dessus, étiqueté « H. speciosa » par Bou-
card, c’est-à-dire sous le nom de la seule des trois dont il n’a pro-
bablement jamais cru posséder de spécimen, alors que les deux
spécimens cités dans le texte : le mâle H. Barrali et le type H. Simoni
sembleraient avoir disparu. C’est pour cette raison que E. Simon, le
spécialiste bien connu des Trochilidés et auquel Boucard a précisé-
ment dédié sa soi-disant forme nouvelle H. Simoni, doit d’avoir
écrit expressément dans sou grand ouvrage « : Histoire naturelle des
Trochilidés », paru en 1921, p. 368 : [H. Simoni Bouc.]... « Type à
Paris ; je ne Tai pas retrouvé dans la Collection Boucard ».
Bulletin du Muséum, 2® s., t, VIII, n" 3, 1936.
En réalité, en compulsant comparativement les textes et le spéci-
men en question, je crois qu’on ne saurait rester sur cette donnée.
L’oiseau étiqueté a H. speciosa » n’a jamais dû être, même dans
l’esprit de Boucard, référable à la description qu’il donne pour cette
soi-disant forme (pour E. Simon d’ailleurs, les deux noms speciosa
et Simoni sont synonymes) : on se trouve là probablement en pré-
sence d’une de ces nombreuses inadvertances d’écriture, comme il
y en a tant dans l’œuvre de Boucard en général, et l’Oiseau est sans
aucun doute l’un des deux dont l’auteur mentionne l’existence dans
sa collection, H. Barrali ou H. Simoni. Or ici non plus il ne saurait
guère subsister de doute : notre spécimen présente, entre autres
caractères, la « tache lumineuse vert-doré sur le devant de la tête »
et une absence totale de traces blanches sur la poitrine, qui concor-
dent parfaitement avec la description donnée pour H. Simoni et
se trouvent au contraire en opposition avec celles données pour
H. Barrali aussi bien que pour H. speciosa. D’autre part, si l’on se
reporte à la description originale de VH. Simoni (Boucard, Humming
Bird, II, 1892, p. 76), on remarque que l’auteur parle de « spéci-
mens » qu’il aurait eus de cette forme. Mais on peut encore se montrer
scepticjue et se demander s’il est exact qu’il ait possédé plus d’un
spécimen de ces Oiseanx toujours extrêmement rares dans les Col-
lections de Bogota, seule source où on puisse en tronver.
Quoi qu’il en soit, le spécimen subsistant dans la collection
Boucard ne saurait être, je crois, sujet à litige : c’est presque sûre-
ment VH. Simoni Bouc., et probablement le type et unique exem-
plaire de cette soi-disant forme décrite par lui et assimilée plus tard
par E. Simon à H. speciosa, nom sous lequel Boucard lui-même
l’avait probablement d’abord désigné.
Cette première partie de la question étant posée, on peut se deman-
der aussi quelle est l’identité exacte de cet H. Simoni : un simple
examen du spécimen suggère en effet aussitôt qu’on ne se trouve pas
en présence d’une espèce ou d’une forme bien définie, mais bien
plutôt d’un hybride aux caractères ambigus, eomme on en a décrit
bien d’autres exemples parmi les Trochilidés. Déjà la couleur étrange
et mal définie de la plaque gutturale, d’un vert-de-gris bronzé clair,
dont l’éclat métallique présente sur beaucoup de plumes une teinte
rosée persistante, est en faveur de cette hypothèse. Mais surtout
un caractère très apparent, que les auteurs semblent pourtant
avoir négligé, est la présence sur les tibias de longues plumes duve-
teuses grises pointées de blanc, bien moins développées sans doute
que chez les Erioenemis, mais bien plus en tout cas que chez les
véritables Heliotrypha. On sait que, indépendamment des touffes de
235 —
plumes duveteuses abdominales blanches si générales chez les
Trochilidés, quelques rares types, dont les mieux caractérisés sont
évidemment les Eriocnemis et les Spathura, présentent une dilîé-
renciation analogue des plumes tibiales qui revêtent alors l’aspect
d’un double manchon de duvet, généralement blanc pur, parfois
roux, plus rarement encore noir. Or ce caractère est assez prononcé,
bien que médiocrement développé, chez notre H. Simoni pour
suggérer immédiatement, par son aspect nettement intermédiaire,
l’hypothèse d’une ascendance mixte avec une des espèces colom-
biennes à' Eriocnemis.
Le plumage du corps de VH. Simoni étant entièrement vert, avec
les sous-caudales vertes bordées de blanc et les rectrices latérales
entièrement noirâtres, — ce qui semble exclure la possibilité d’un
croisement avec un des Eriocnemis à sous-caudales bleu-violet, — il
reproduit à peu piès exactement celui qui pourrait résulter d’une
hybridation possible :
Heliotrypha exortis (Fras.) X Eriocnemis Aureliæ (B. et M.),
deux espèces cohabitant communément dans la zone sub-tropicale
des Andes orientales de Colombie. La disposition des plaques lumi-
neuses frontale et jugulaire, ainsi que la teinte rosée de celle-ci, sont,
chez H. Simoni, des rappels, bien moins précis il est vrai, de VH.
exortis ; la couleur des sous-caudales est exactement intermédiaire
à celles, presque entièrement blanches, d’7/. exortis et celles, presque
entièrement vertes, à'E. Aureliæ, tandis que la queue enfin est moins
longue et fourchue que chez le premier, mais plus que chez le
second. Toutefois il convient d’ajouter que le bec de VH. Simoni,
un peu plus long que chez aucune des deux espèces supposées
génératrices, pourrait s’opposer à cette manière de voir.
Il est, bien entendu, impossible de songer à une grande stabilité
de caractères lorsqu’il s’agit d’hybrides naturels présumés. Aussi,
bien que ne pouvant en juger que par les descriptions, il me paraît
assez probable que les Oiseaux décrits comme H. Barrali et H. spe-
ciosa ne sont autre chose que des hybrides d’origine plus ou moins
assimilable à celle de VH. Simoni de la collection Boucard. Ce sont
toujours des sujets d’une extrême rareté, tous trouvés incidemment
parmi les lots de Trochilidés de Bogota : le « Catalogue of Birds »
en mentionne trois spécimens dans les collections du Musée Britan-
nique, deux, un adulte (le type) et un jeune, référables à H. Bar-
rali, le troisième étant le type d’H. speciosa. Il en existe sans doute
un très petit nombre d’autres dans les diverses collections du monde ;
je crois néanmoins que les légères variations d’aspect et souvent Tap-
parence d’immaturité qu’ils présentent les uns par rapport aux
autres, ainsi que les teintes si peu normales de leur plaque gutturale
lumineuse, sont manifestement plus des signes d’hybridité que de
distinction spécifique.
236 —
Il semble d’ailleurs que les Trochilidés du groupe Heliangelus-
Heliotrypha marquent une certaine propension à fournir des hybrides
inattendus. Je ne serais pas étonné par exemple que les trois exem-
plaires connus d’iJ. luminosa ('Goidd) [l’un, le type, au Musée Bri-
tannique ; le second dans la collection Butler (ancienne collection
Gounelle) ; le troisième tout récemment trouvé par le Comte de
Seilern dans un lot de Bogota], tous trois d’apparence immature,
ne soient en réalité que des hybrides. Le cas le plus évident,
et aussi le plus curieux par la grande différence de taille existant entre
les deux espèces génératrices, est celui de V Heliangelus Rothschildi
Boucard, connu par un seul spécimen existant dans la collection
Boucard au Muséum de Paris : chez cet Oiseau, la netteté des indices
de croisement, due aux colorations si spéciales et si dissemblables
des parents, est surprenante. E. Simon (1. c., p. 182), a déjà suggéré
que ce n’était sans doute qu’un hybride :
Heliotrypha sp. X Rhampho micron microrhynchum (Boiss.).
Toutefois, si l’ascendance Rhamphomicron est indiscutable, je crois
que l’autre parent serait Heliangelus Clarissæ (Long.) plutôt qu’un
Heliotrypha : la teinte blanc sale éparse sur la poitrine d’//. Roths-
childi et surtout sa queue ample et très peu fourchue s’accordent
beaucoup mieux avec un Heliangelus qu’avec un Heliotrypha, dont
la queue, moins profondément fourchue que chez Rhamphomicron,
l’est quand même beaucoup plus que chez l’hybride.
J’ajoute enfin que E. Simon et E. Hellmayr (Novit. Zool. 1908,
p. 5) ont assimilé un peu bardinient à un immature de cette soi-disant
espèce H. Rothschildi V Aeronympha prosantis d’Oberholser, spécimen
unique provenant toujours de la même source (Collections de
Bogota). Or j’ai pu examiner ce spécimen, il y a quelques années,
grâce à l’obligeance de notre collègue Hellmayr, et je dois dire que,
si cet A. prosantis me paraît encore bien être un hybride à ascen-
dance partiellement Rhamphomicron, par contre son aspect est bien
différent de celui d’/J. Rothschildi et ne révèle aucune trace d’ascen-
dance Heliangelus ou Heliotrypha.
- 237
Compte-rendu sommaire d’une Mission au large des cotes
DE Mauritanie (Cap Blanc)
PAR Paul Budker.
A la suite des missions effectuées le long de la Côte Occidentale
d’Afrique par M. le Professeur A. Gruvel (qui, le premier, a étudié
et fait connaître les richesses faunistiques de cette région), plusieurs
Sociétés de pêches envoient régulièrement des chalutiers sur le Banc
qui s’étend, à hauteur du Cap Blanc et du Banc d’Arguin, à une
centaine de milles au large.
Parmi ces entreprises d’armement, la Société des Chalutiers de
La Rochelle est l’une des plus importantes et des plus actives.
Actuellement, quatre de ses chalutiers travaillent régulièrement sur
les côtes de Mauritanie, et leur rotation est combinée de telle sorte
que, tous les lundis, un arrivage important de poisson « maurita-
nien » a lieu à La Rochelle.
M. Castaing, Administrateur-délégué, ayant fort aimablement
mis à ma disposition, à bord du plus grand et du plus moderne de
ses navires : le Casoar, la cabine de l’Armateur, je m’embarquai à
La Rochelle, le 27 février 1936, en compagnie de M. Roger Chape-
let, peintre de marine.
D’une longueur totale de 54 mètres, large de 9 m. 40, le Casoar
est un chalutier tout récent, construit en 1935 par les Chantiers de
la Gironde, et muni des perfectionnements les plus modernes. Sa
cale, réfrigérée, est constamment maintenue à une température de
— 2® à — 3°, et permet ainsi de rapporter le poisson dans les meil-
leures conditions de conservation. Son appareil propulseur est cons-
titué par un moteur Sulzer 9 cylindres, de 1.814 C.V. effectifs, lui
donnant une vitesse de route de 13 à 14 nœuds.
Grâce à cette vitesse, le Casoar ne met en moyenne que six jours
environ pour se rendre de La Rochelle jusqu’au Cap Blanc.
Le 7 mars, dans la matinée, nous arrivions sur les lieux de pêche,
et le chalut était filé immédiatement. Nous sommes restés chaluter
sur le Banc du Cap Blanc jusqu’au 16 mars à midi. Pendant ces
neuf jours, le Casoar s’est tenu sensiblement entre 20® et 21® lat. N.,
à une distance de terre variant de 40 à 60 milles, et pêchant par
40 à 60 brasses d’eau, fond de sable vasard et sable coquillier. Nous
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936.
238 —
sommes constamment restés au large, et n’avons, à aucun moment,
pris connaissance de la côte, pas plus que du feu du Cap Blanc.
Dans les mêmes parages que le Casoar, et pêchant parfois assez
près de nous, se trouvaient plusieurs autres chalutiers, français,
portugais et italiens.
Les espèces ramenées par le chalut appartenaient, pour la plus
grande partie, à la famille des Sparidés ; Dentex, Pagrus, etc. Mais,
certains jours, on capturait aussi en abondance des Mérous {Epine-
phelus gigas Brunn.), des Courhines [Sciæna aquila Risso), des
« Burro » {Diagramma mediterraneum Guich.), et quantités d’autres
espèces : Soles, Mulets, etc., ainsi que des Langoustes {Palinurus
vulgaris, var. mauritanicus , A. Gruv. — Palinurus mauritanicus
Page).
En ce qui concerne les Sélaciens, auxquels je m’intéressais plus
particulièrement, chaque coup de chalut en contenait toujours une
certaine quantité ; mais si les individus étaient en général assez
abondants, les espèces étaient peu nombreuses, et se sont limitées
à celles énumérées ci-après :
Galeorhinus læçis (Risso) [= Mustelus læais R.]. Très abondant.
Dans chaque « palanquée » se trouvaient régulièrement plusieurs
spécimens, les 9 étant, dans l’ensemble, beaucoup plus nombreuses
que les La plupart de ces Ç étaient gravides et renfermaient des
fœtus à terme. Tous les fœtus que j’ai ainsi recueillis étaient par-
faitement vivants, et plusieurs d’entre eux ont survécu 24 heures,
et même davantage, dans une baille dont je faisais fréquemment
renouveler l’eau. Dans aucune Ç je n’ai trouvé d’embryons en voie
de développement. L’utérus était soit complètement vide, soit
occupé par des fœtus à terme.
Catulus canicidus (L.) |= Scylliorhinus caniculus (L.)]. Les Rous-
settes étaient assez abondantes, mais leur présence dans le chalut
était très irrégulière.
Squalus acanthias (L.). - - Très rare. Pendant le séjour sur les
lieux de pêche, il n’en a été capturé que trois ou quatre exemplaires,
tous Le Casoar se trouvait alors assez au large.
En outre, on trouvait fréquemment des Anges de Mer (Rhina),
en majorité des Ç gravides renfermant des fœtus à terme, dont j’ai
rapporté quelques exemplaires.
Les Raies (Raia) étaient capturées en quantités moyennes. Occa-
sionnellement, le chalut ramenait des Trygon, et très rarement,
quelques Rhinobates [Rhinobatus rhinohatus (L.)] et des Narcacion
torpédo (L.).
Grâce aux facilités qui m’ont été accordées à bord par le Capi-
taine et le Chef-Mécanicien, j’ai pu atteindre en grande partie le but
que je m’étais particulièrement proposé en entreprenant ce rapide
239
voyage : fixer sur place, et dans les meilleures conditions possibles,
certains organes destinés à une étude histologique ultérieure.
Un « laboratoire » m’avait été aménagé dans un petit magasin,
et j’ai pu effectuer à bord, très commodément, des fixations au
Dietrich-Parat et des imprégnations argentiques suivant la tech-
nique de Da Fano Le matériel ainsi fixé consiste en fragments
de peaux de Sélaciens (cryptes sensorielles), ovaires, oviductes,
glandes nidamentaires, etc., et fait actuellement l’objet de diffé-
rents travaux.
En dehors des pièces traitées suivant ces techniques spéciales,
j’ai rapporté un abondant matériel d’études en eau formolée :
fœtus de Sélaciens, poissons divers, ovaires et utérus de Sélaciens,
etc.
Pendant notre séjour sur le Banc du Cap Blanc, M. Roger Cha-
pelet a peint, dès leur sortie de l’eau, plusieurs poissons d’espèces
diverses, et fixé, par son pinceau, les couleurs de certains d’entre
eux, qui s’altèrent parfois en quelques -minutes. Il en a reproduit
avec talent, et très fidèlement, l’aspect in çivo.
Je suis heureux d’exprimer à nouveau à M. Castaing, Adminis-
trateur-délégué de la Société des Chalutiers de La Rochelle, ma vive
reconnaissance. Au Capitaine Lapon, commandant le Casoar, et à
M. Robert Legrand, Chef-Mécanicien, il m’est agréable de renou-
veler tous mes remerciements pour l’accueil très cordial qu’ils m’ont
réservé à bord, et les facilités de toutes sortes qu’ils n’ont cessé de
me donner ; c’est à eux que je dois d’avoir accompli, dans les meil-
leures conditions, la tâche que je m’étais assignée.
(Muséum. Laboratoire des Pêches et Productions Coloniales d’origine animale )
1. Modifiée par C. Jacquiert (communication verbale).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 19-36.
16
- 240 —
Sur le Pediculoides ventricosus Newport (Acarien)
PAR Marc André.
M. le n.-L. Parker, Directeur du Bureau of Eutomology
(European Parasite Laboratory) des U. S. A. à Hyères (Var), m’a
obligeamment communiqué une femelle ovigère de Pediculoides
çentricosus Newport recueillie dans cette localité.
Cette espèce appartient au groupe des Heterostigmata ou Tarsone-
moidea, chez lesquels on observe un dimorphisme sexuel très pro-
noncé : parmi eux se trouvent des parasites extrêmement redou-
tables pour les Insectes, car les plus féroces, au nombre desquels
se compte précisément le P. oentricosus, attaquent en si grande
multitude leur hôte qu’ils provoquent sa mort souvent en un temps
très court.
Ce Pediculoides vit normalement aux dépens des larves des
Insectes du blé [Ccdandra granaria L. et diverses Teignes) qu’il
décime en les suçant avec avidité. Il se trouve, par suite, dans les
dépôts de céréales, blé, riz, etc. Mais il peut devenir sérieusement
dangereux pour l’Homme bien que son. action ne soit que momen-
tanée.
En effet, quand ils ont détruit toutes les larves, les Acariens, qui
se sont multipliés en grand nombre, doivent émigrer pour éviter la
disette. Ils abandonnent les grains et, poussés par la faim, se retour-
nent contre tout ce qu’ils rencontrent, y compris Tllomme : ils se
jettent alors sur les personnes qui, se trouvant dans le voisinage des
dépôts de céréales ainsi infestés, viennent à être fortuitement en
contact avec ces parasites, et ils attaquent, en particulier, les
ouvriers qui manipulent et transportent les grains : piquant la peau
avec son rostre, TAcarien détermine une très vive irritation, accom-
pagnée de rougeur et de prurit, causant une dermatose passagère,
qui peut être confondue avec la gale ou avec la thrombidiose
1. T/exantlièmc cutané, appelé « érythème automnal » ou « thrombidiose », qui est
produit par les picjûres des larves du Thromhicula autumnalis Sliaw ou de formes très
voisines, est une maladie endémiqiîe, dont l’aire de distribution paraît limitée aux
régions Ouest-Européennes. Cependant on a prétendu rjue des maladies semblables
pourraient exister aussi dans l’Europe orientale : on a signalé, en effet, des cas isolés
en Hongrie chez des personnes occupées au déchargement de blés provenant de Rou-
manie et également en Allemagne lors de l’introduction de céréales de Russie. Mais
il est probable cjue dans ces circonstances il s’agissait de la « fièvre des céréales » causée
par le Pediculoides ventricosus (cf. Marc André, 1930, p. 59).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936.
- 241
Mais s’il arrive quelquefois, d’une façon tout à fait accidentelle
que le P. i’entricosus peut attaquer l’Homme, normalement c’est en
se développant sur les larves d’insectes, en particulier des Teignes
des céréales, que cet Acarien pullule dans les grains. Dans les condi-
tions naturelles de son existence on doit donc considérer le P. oen-
tricosus et les espèces affines comme étant nos auxiliaires, en raison
de leur activité à détruire, dans les champs et dans les greniers,
d’énormes quantités de larves d’insectes nuisibles au blé et autres
plantes alimentaires.
Le P. i^entricosus a été trouvé, pour la première fois, en 1850,
par G. Newport (p. 71) qui, étudiant les Monodontomerus, Chalci-
diens parasites d’un Apide, V Anthophora retusa Krb., et faisant des
élevages de ces deux genres d’insectes, constata que ses larves et
ses nymphes succombaient sous les attaques du Pediculoides ventri-
cosus 1.
Celui-ci a été signalé, depuis, comme parasite sur les larves, les
nymphes ou même les adultes d’insectes de toutes sortes : Coléop-
tères, Hyménoptères, Lépidoptères, Hémiptères, Diptères
En particulier, parmi les Chalcidiens, il y a lieu de relever, outre
les premières observations de Newport (1850) relatives aux Mono-
dontomerus, celles qui ont été faites sur les Isosoma hordei Harris
(1852) et I. grande Riley (1884)
Récemment, le D^ Ad. Herfs (1926) a publié le résultat très
intéressant de recherches fort détaillées sur l’œcologie de cette
espèce, dont l’étude anatomique avait été laite en 1900 par E. Rruc*'
KER.
En examinant la femelle ovigère qu’a bien voulu m’envoyer
M. le D^ Parker, ainsi que les jeunes individus mâles et femelles
qu’elle contenait dans son abdomen, j’ai pu préciser certains points
de la morphologie de ce P. çentricosus, notamment en ce qui con-
cerne la disposition de son appareil buccal comparé à celui des
autres Acariens.
1. Newfort avait donné à cette espèce le nom générique de Heleropus, déjà employé
par plusieurs auteurs pour des animaux de différents groupes : Mammifères, Reptiles,
Insectes de divers ordres.
2. G. -R. Blanc (1912, p. 192) a donné une liste d’insectes parasités par le P. ven-
tricosus, dont il indique également la synonymie assez embrouillée.
3. Dans le cas des larves d’Isosoma, Webster (1911, p. 37) a montré que seules sont
attaquées celles qui sont déjà parasitées par un petit Chalcidien, le Ditropinotus aureo-
piridis Crawl.
4. Comme l’a fait remarquer Brucker (1900, p. 353), l’étude des pièces buccales
par transparence est particulièrement difficile chez les Acariens, car un même rayon
lumineux peut avoir à traverser une dizaine de surfaces chitineuses avant d’arriver
à l’œil de l’observateur.
— 242 -
Jeune femelle pubère.
Les jeunes femelles adultes, qui sortent de la mue et qui n’ont
encore pris aucune nourriture, sont très petites : elles ont des dimen-
sions moyennes de 280 à 220ut. de long sur 100 à 80|jl de large.
Leur corps élancé est allongé, fusiforme, acuminé à l’extrémité
postérieure.
Pediculoides ventricosus Newp.
Fkl 1. — Jeune femelle pubère vue dorsalement el ventralement X 2G5.
Dorsalement, il est divisé en deux parties, le céphalothorax et
l’ahdomen, par un sillon qui se projette ventralement entre les
pattes de la 2® et celles de la 3® paire.
La chitine, en s’épaississant dans la région dorsale, forme plusieurs
boucliers : d’abord un bouclier céphalothoracique et puis, en arrière
de celui-ci, un bouclier abdominal divisé transversalement en cinq
écussons rectangulaires, qui donnent l’impression d’autant de
segments abdominaux.
243 —
Le céphalothorax des femelles porte une paire de tubercules qui
se projettent entre les pattes de la 1^® et celles de la 2® paire : chacun
de ces tubercules est creusé d’une fossette à l’intérieur de laquelle
s’insère nn organe en massue, ou soie pseudostigmatique.
11 n’y a pas d’yeux. En avant de la première paire de pattes se
trouvent, sur les bords du céphalothorax, deux stigmates trachéens.
Sur la face dorsale de la femelle il y a de longs poils rigides :
1® une paire céphalothoracique insérée près des organes pseudo-
stigmatiques ;
2® deux paires abdominales antérieures se projetant ventralement
en avant de l’insertion des pattes de la 3® paire ;
3® trois paires abdominales postérieures se projetant en arrière
des pattes de la 3® paire.
La face ventrale présente de petits poils et il n’y a pas d’anus.
L’orifice génital de la femelle est une simple fente vulvaire longi-
tudinale située à fiextrémité ventrale de l’abdomen.
Les pattes s’insèrent ventralement chacune snr une plaque coxale
ou épimère.
Les quatre plaques coxales antérieures sont soudées et forment
une plaque unique, sur laquelle on distingue cependant la limite de
chacune d’elles.
Les plaques coxales postérieures sont coalescentes deux à deux de
chaque côté du corps, mais ne sont pas contiguës sur la ligne médiane.
En laissant de côté les articles basilaires (coxæ), soudés au corps,
les pattes ont chacune cinq articles libres : trochanter, fémur, génual,
tibia, tarse.
Chez les jeunes femelles, des quatre paires de pattes, deux seule-
ment, la 2® et 3®, servent à la marche : à leur extrémité elles portent
deux crochets et, entre ceux-ci, une membrane lamelleuse hyaline
formant une ventouse adhésive bilobée.
Celles de la 1^® paire sont dirigées en avant : à leur extrémité elles
manquent de lobes d’adhésion, mais elles sont terminées par une
forte griffe sessile, qui en fait des appareils de défense, et leur dernier
article présente de nombreuses soies sensorielles, grâce auxquelles
elles jouent le rôle d’organes tactiles, fonctionnant comme les pédi-
paipes des Araignées.
Les pattes de la 4® paire sont les plus longues : comme les 2® et
3® paires, elles portent à leur extrémité deux griffes et des lobes
adhésifs et, en outre, un long poil, ou cirrhe, sinueux : dans la pro-
gression elles traînent en arrière comme des balanciers. Le D*"
A. Herfs a montré que leur rôle prend toute sa signification quand
la jeune femelle se fixe par succion sur son hôte. Alors la 3® et plus
particulièrement la 4® paire de pattes servent d’appui à la partie
postérieure du corps, tandis que la partie antérieure, avec le capi-
tuluni très mobile et pouvant s’infléchir, dans le plan sagittal, à
244 —
angle droit sur la face ventrale, s’applique contre le substratum.
Ultérieurement la 4® paire de pattes servira également à la fixation,
sur l’hôte, de la femelle devenue vésiculeuse.
Le capitulum ou gnathosoma est un ensemble qui comprend :
1° deux paires d’appendices : dorsalement, les chélicères ou mandi-
bules et, ventralement, les maxillipèdes ; 2® deux prolongements
céphalothoraciques : l’un dorsal, au-dessus des chélicères, V épistome
ou lèi^re supérieure, l’autre ventral au-dessous d’elles, le cône buccal,
Fig. 2. — Appareil buccal, vu dorsalement et ventralement X 995
Ep, épistome ; Ch, chélicère ; Hy, hypostome ; Pcm, plaque coxale des maxillipèdes >
Lm, lobe maxillaire ; Mi, lobule interne {mala interior) ; Me, lobule externe (mala
exterioi ) ou galea ; Prn, palpe maxillaire ; S, stigmate ; Ps, poil pseudostigmatique.
ou rostre, qui contient la cavité buccale, se continuant en arrière
par un pharynx musculeux.
Sur la face ventrale de ce cône buccal se sont aplaties et soudées
les plaques coxales, ou articles basilaires, des maxillipèdes, lesquelles
s’affrontent et deviennent coalescentes pour former une plaque
unique, Vhypostome ou lèore inférieure.
Cette plaque se continue antérieurement par les lobes maxillaires,
soudés entre eux, et porte latéralement les palpes maxillaires, qui.
— 245 —
ici, sont rudimentaires et, au lieu d’être placés sur les côtés du capi-
tulum, sont rejetés en dedans.
A sa partie antérieure, chaque lobe maxillaire se subdivise en un
lobule interne et un lobule externe. Les lobules internes [malæ
interiores] se soudent sur la ligne médiane. Les lobules externes
[malæ exteriores] ou galeæ se renversent vers la face dorsale en arrière
des palpes.
D’après les figures de Brucker (1900, pl. XVIII), l’hypostome
porterait huit soies : 1° deux sur chaque lobe maxillaire (fîg. 4),
dont l’une au-dessous de l’insertion du palpe ; 2° deux sur chaque
lobule interne (fig. 6).
La face dorsale du cône buccal présente une profonde dépression
à bords relevés, la gouttière chélicérale, dans laquelle sont placées
les chélicères, qui se montrent sous la forme de deux fins stylets
légèrement courbés à la pointe et pouvant faire saillie en s’entre-
croisant. Le fond de cette dépression est constitué par une mince
membrane, appelée par Brucker le tégument supra-bucsal. Ses
bords latéraux sont formés par les lobes maxillaires et ils se conti-
nuent le long du côté externe de l’insertion des palpes maxillaires
qui, par suite, se trouvent dans la gouttière chélicérale. Dorsalement,
celle-ci est fermée, en avant, par une membrane très fine légèrement
festonnée à son bord libre, que Brucker décrit comme constituée
par un repli de tégument et qui me paraît résulter de la coalescence
des galeæ venues dorsalement à la rencontre l’une de l’autre au-
dessus des chélicères
La chambre chélicérale ainsi délimitée forme une sorte de ven-
touse qui s’applique sur la victime. A son intérieur, les palpes, très
réduits (biarticulés) et terminés par un crochet, servent à compléter
la fixation, et les chélicères, transformées en longs stylets, font les
blessures d’où sort le sang qui, aspiré par le pharynx, pénètre dans la
bouche située au fond de la cavité chélicérale.
En arrière, au-dessus des chélicères, on voit l’épistome qui vient
se placer entre les bords relevés et réfléchis dorsalement des
plaques coxales des maxillipèdes.
(A suivre).
1. Chez le Thromhidium fuliginosum Herm. adulte, les lobules externes, ou galeæ,
sont constitués de même par une fine membrane chitineuse qui s’étale latéralement
pour venir entourer les ongles des chélicères ; mais ils ne deviennent pas, dans ce cas,
concrescents par leurs bords dorsaux (1926, M. Andrî, p. 187).
— 246 —
Observations sur les Oribates
(lO® SÉRIE)
PAR F. Grandjean.
I. — Haplozetes vindobonensis (Willmann) et les aires
POREUSES DU NOTOGASTER
Si l’évolution qui transforme en trachées une porosité générale
de l’ectosquelette est un phénomène susceptible de se produire un
peu partout sur le corps des Orihates, comme j’en ai fait l’hypothèse
autrefois (2, p. 138), et si les aires poreuses gastronotiques sont bien
des surfaces respiratoires, il faut s’attendre à ce que ces aires poreuses
nous montrent aussi l’évolution trachéenne ou du moins nous en
montrent quelques étapes.
La première étape est en effet très fréquente. On voit les aires
poreuses gastronotiques s’invaginer en saccules courts qui ne
débouchent à l’extérieur que par un orifice très étranglé. C’est le
cas des genres Neoribates, Protokalumma, Parakalumma, Parazetes
et de certaines espèces de Protorihates, de Schelorihates et d' Achip-
teria. Les saccules sont arrondis, ou faiblement allongés, ou aplatis,
avec des parois traversées de nombreux canalicules, ce qui leur
donne une apparence rugueuse et ponctuée. Ils ne pénètrent qu’à
peine dans l’intérieur du corps et même ils ne dépassent pas toujours
l’épaisseur moyenne de l’ectosquelctte. Leurs orifices, qui sont des
fentes minces et courtes ou des pores arrondis, sont si fins dans
certains cas qu’on ne les observe pas sans difhculté.
L’étape suivante est celle A’’ H aplozetes vlndobonensis. Les 8 sac-
cules ont tous un long col grêle et plusieurs d’entre eux, A2 notam-
ment, sont bilobés (fig. IA et 2B). J’ai même rencontré un saccule
Ad fourchu avec les branches de la fourche assez longues (fig. 2C).
C’est un cas anormal car l’extrémité du saccule A3 est ordinaire-
ment simple et arrondie ; mais l’anomalie est intéressante par la
tendance qu’elle indique.
Y a-t-il des Oribates plus avancés quH. çindobonensis dans cette
curieuse orthogénèse ? Cela n’est pas impossible. Mais l’orthogénèse
est peut-être défavorable car des stigmates dorsaux ne peuvent
guère être protégés. Chez H. çindobonensis on remarque l’extrême
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936.
— 247
finesse des orifices et la fragilité des cols des saccules. Dans les pré-
parations ces cols se détachent souvent du notogaster. Malgré leur
minceur ils sont rigides. Pour devenir de longues trachées il leur
faudrait acquérir de la souplesse.
Je donne quelques figures d’iî. çindobonensis pour compléter la
description de Willmann (8, p. 339). Les exemplaires dessinés pro-
viennent de mon cellier, à Coulounieix, aux environs de Périgueux,
Fig- 1- — Haplozetes pindobonensis (Willm.) (X 220). A, notogaster; l’aire poreuse
antérieure Aa a été figurée ii gauche; elle appartient au propodosoma mais elle est
recouverte par le bord antérieur du notogaster. B, vu de dessous sans notogaster,
m pattes, ni gnathosoma.
et je me suis assuré qu’ils sont identiques (sauf la taille un peu plus
grande) aux cotypes autrichiens que Willmann a eu l’ohligeance de
m’envoyer. J’ai trouvé aussi la même espèce près de Menton, à
1.000 m. d’altitude, et au col de Tadlest, dans le Grand Atlas maro-
cain, vers 2.000 m.
On peut grouper sous le nom à' Haplozetidæ n. fam. les genres
— 248
Peloribates Berl., Parazetes ^ Willm., Rostrozetes Selln., Haplo-
zetes 2 Willm., Protorihates Berl. et Xylobates ^ Jacot. Ce sont des
Oribates à 5 paires de poils génitaux ® ayant une aile mobile et le
tectopedium IV prolongé par une grande lame. La mobilité de l’aile
est attestée par un faisceau important de muscles avec de longues
fibres tendineuses (fig. lA, à droite), comme chez les Parakalummi-
dæ et les Galumnidæ. La charnière est le plus souvent rectiligne et
Fig. 2. — Haplozetes vindohonensis (Willm.). A, région pleurale vue à plat sans pattes,,
ni notogaster, ni gnathosoma ; les poils lamellaire et rostral ne sont pas figurés
(X 420). B, saccule gastronotique A2 ; la bande hachée est l’épaisseur coupée du
notogaster ( X 915). C, saccule exceptionnel A'S d’un exemplaire (X 650). D, tarse
du palpe droit, vu latéralement ( X 1910).
1. Il est probable que ces genres sont synonymes, respectivement, de Peloribates et
de Protorihates ; mais on n’en sera pas sûr avant d’avoir redécrit Oribates peloptoides
Berl. et O. deniatus Berl. .Te préfère donc les maintenir.
2. Les épaississements apodémaux et sternaux dont parle Willmann pour Haplo-
zetes existent aussi chez Parazetes et beaucoup d’autres Orib ates supérieurs, mais
Haplozetes se distingue facilement de Parazetes par la carène circumpédieuse (elle
manque en face des tectopedia II chez Parazetes), par le nombre des poils du notogaster
(28 à 24 chez Parazetes, 20 chez Haplozetes), parla lame du 4® tectopedium qui est libre
en avant chez Parazetes, etc.
3. Ce nombre peut toutefois descendre à 4 chez certaines espèces, mais il n’attemt
jamais 6.
^ 249
très bien déchitinisée {Haplozetes, Parazetes), mais elle est un peu
courbe ou même imparfaitement déchitinisée chez quelques espèces
de Xylohates. La lame du 4® tectopedium est un caractère très impor-
tant car il sépare les Haplozetidæ des familles voisines. Tantôt la
lame va rejoindre en avant la earène circumpédieuse comme chez
Haplozetes (fig. 2 A) et tantôt elle est libre sur tout son pourtour sauf
du côté antiaxial où elle s’attache au tectopedium. Dans ce deuxième
cas, qui est le plus fréquent, la lame peut avoir une grande dimension,
et on la voit beaucoup mieux dans l’orientation ventrale. C’est chez
Rostrozetes que j’ai rencontré jusqu’ici les plus grandes lames. Chez
Xyl. lophothrichus (Berl.) la lame est prolongée en avant par une
longue pointe libre.
Ce sont les Parakalummidæ qui me paraissent les plus proches
voisins des Haplozetidæ, mais ils en diffèrent beaucoup par la forme
de l’aile et par l’absence de lame au 4® tectopedium. Les Scheloriha-
tidæ, autre famille parente, diffèrent par l’aile immobile et les poils
génitaux au nombre habituel de 4 paires. Ils n’ont pas non plus de
lame au 4® tectopedium.
IL — Au SUJET DU GENRE Lohmaunia.
Dans un récent travail (9, p. 438), Willmann a fait justement
remarquer un lapsus de mon étude de 1933 sur le développement des
Oribates (1, p. 30). Je dis en effet page 33, à propos du palpe de
Lohmannia, qu’il a 4 articles sans trochanter et p. 34 que le fémur
et le génual sont fusionnés. Il est clair que cette fusion et l’absence
de trochanter ne devraient laisser au palpe que 3 articles et non 4.
L’erreur vient de ce que, page 33, Lohmannia a été cité avec Nanher-
mannia, au lieu de l’être une ligne plus haut, avec Eulohrnannia.
Je ne peux l’attribuer qu’à un lapsus calami car j’ai toujours consi-
déré le palpe des Lohmanniidæ comme ayant 4 articles avec tro-
chanter, comme le montrent bien les figures que j’ai faites de ce
palpe chez L. deserticola (4, p. 251, fig. 5B) et chez Meristacarus
porcula (3, p. 43, fig. lOA).
Willmann, d’autre part, dans le même travail (p. 440), dit qu’il
n’a pas reconnu les poils de la langue chez L. hifoliata. Il décrit
cependant sous le nom de « spinæ marginis anterioris » deux paires
de grands poils qui sont précisément les deux paires les plus anti-
axiales des poils de la langue. Il ne parle pas de la 3® paire, la plus
paraxiale, laquelle est différenciée en deux lames très larges, minces,
incolores et diaphanes, chevauchant un peu l’une sur l’autre,
bombées et dirigeant leur concavité vers le haut comme deux cuil-
lers. Ces poils remarquables existent certainement chez L. hifoliata
comme chez tous les autres Lohmaniidæ, mais il est possible que
— 250 —
Tunique exemplaire de Willmann les ait perdus. Je renvoie pour
cette structure à ma figure 5A de L. deserticola (4, p. 251) où les
3 poils de la langue (représentés seulement à droite) sont couverts
de hachures afin de les distinguer du reste.
Quant aux deux organes symétriques en forme de feuilles à con-
tour sinueux (geschweifte Blutter) dessinés par Willmann à Tex-
trémité antérieure du labium (9, pl. 14, fig. 11), ils se rapportent au
contour apparent de la partie antérieure et supérieure de la langue
.elle -même.
III. — Additions et corrections a des travaux antérieurs.
La remarque de Willmann concernant le palpe de Lohmannia
m’a conduit à revoir en détail mon étude de 1933 sur le développe-
ment des Oribates et à la compléter sur certains points. Je passe
donc en revue, dans le même ordre, les divers sujets traités. J’ajoute
aussi quelques compléments à des travaux plus récents.
Mandibule. — Chez Lohmannia il y a un grand poil antérieur
antilatérodorsal et un peu derrière lui, plus bas, le 2® poil, qui est
minuscule. Je pense que ce 2® poil est homologue du poil dorsal
postérieur des mandibules primitives mais il n’est pas du tout pos-
térieur, ni dorsal.
Palpe. On peut maintenant affirmer que chez Epilohmannia
(2 articles) l’article proximal est la somme du trochanter, du fémur,
du génual et du tibia, l’article distal correspondant au seul tarse,
et que chez Phthiracarus, Steganacarus, Pseudotritia etc. (3 articles)
l’article proximal est la somme du trochanter, du fémur et du génual,
les 2 autres étant le tibia et le tarse. Chez Lohmannia et Euloh-
mannia (4 articles) le fémur est fusionné avec le génual. Nanher-
mannia a encore, semble-t-il, du côté paraxial, un reste de trochanter
qui n’est pas tout à fait confondu avec le fémur. On peut donc lui
compter, à la rigueur, 5 articles.
Chez tous les Oribates étudiés jusqu’ici le tarse a conservé son
indépendance. On reconnaît par sa fissure ^ que sa limite postérieure,
même dans les cas les plus extrêmes comme celui (ï Epilohmannia,
n’a pas changé. Ce que Ton sait de la chaetotaxie montre clairement,
pour les autres articles, comment se sont faites les fusions.
La variation du nombre des poils du tarse se fait entre 7 (Nanher-
mannia) et 17 ( Acaronychus) Si Ton ne fait pas intervenir les
1. La fissure dorsoproximale des tarses des pattes (7, p. 84) existe aussi constam-
ment, chez les Oribates, au tarse du palpe ii, fig. 2D).
2. En additionnant les poils ordinaires, les acantlioïdes et les solénidions (6, p. 35).
S’il y a des acanthoïdes à 2 ou 3 pointes ( Eniochlhonius, Hypochthonius) il faut les
compter pour 2 ou 3 car ils résultent de la réunion de 2 ou 3 acanthoïdes simples.
251 —
Palæacariformes le maximum est 12. Le chiffre normal est 10 et
c’est celui de tous les Oribates supérieurs. Le nombre des poih du
tarse et leur distribution sont les mêmes depuis la larve jusqu’ à
l’adulte chez tous les Oribates supérieurs et même chez tous ceux qui
n’ont pas plus de 10 poils tarsiens. A cause de la difficulté d’obser-
vation, je ne connais pour le moment qu’un seul exemple où ce
nombre varie sûrement, celui d’ Hypochthonius rufulus. Même dans
ce cas le palpe de l’adulte et celui de la larve se ressemblent beau-
coup. On remarque seulement, chez la larve, la forme plus trapue
du tarse, l’absence du poil inférieur du fémur et l’absence d’un
des 2 poils dorsaux du tarse, derrière le solénidion. On remarque
aussi que le gros acanthoïde à 3 pointes existe dès la larve.
Labium. — Toutes les larves ont une langue à 2 paires de poils.
Il en est de mêrne, à tous les états, chez les Oribates supérieurs. La
plupart des Oribates inférieurs adultes ont une langue à 3 paires de
poils. La 3® paire, qui est toujours la postérieure antiaxiale, s’ajoute
alors invariablement à la protonymphe.
Epimères. — L’ «organe protecteur de la glande larvaire » (1, p. 51,
fig. 14 et 16) que j’appellerai plutôt Y écaille protectrice de V organe
larvaire est ime protubérance de l’ectosquelette des epimères. Ce
n’est pas un poil modifié car il n’a pas la structure actinochitineuse
et il lui manque une racine comparable à celle d’un poil, c’est-à-dire
logée dans une cavité de la cuticule Il ne faut donc pas compter
l’écaille parmi les poils épimériques et cela change les formules de
certaines larves. En outre, dans mon travail de 1933 (1, p. 36), le
poil latérocoxal a été compté ou non suivant qu’il était ou non
visible dans l’orientation ventrale. J’ai adopté plus tard une conven-
tion à ce sujet et j’ai donné une liste des groupes d’Oribates où le
poil latérocoxal existe (5, p. 505).
En résumé les formules épimériques valables sont celles de mon
étude sur les poils des épimères (5, p. 507 et 511) avec les corrections
suivantes : pour Eniochthonius, Hypochthonius , Cosmochthonius,
Parhypochthonius, Mesoplophora et Pseudotritia la formule larvaire
est (2-1-2) au lieu de (3-1-2) ; pour Phthiracarus la formule lar-
vaire est (1-0-1) au lieu de (2-0-1).
Ces corrections rendent plus comparables les formules larvaires
et plus prépondérante la formule (2-1-2). Sauf les Phthiracaridæ,
très aberrants à cet égard (1-0-1), la seule autre formule larvaire est
celle des Lohmanniidæ (3-1-2). Eulohmannia à la formule habi-
tuelle (2-1-2), mais il ne faut pas oublier que d’autres genres comme
1. La racine d’un poil, la cavité qui la contient et le canal entre cette cavité et l’inté-
rieur du corps existent toujours et persistent même longtemps après que la partie
extérieure du poil s’est réduite à rien (poils virtuels de Galumna, etc.).
Epilohmannia et la plupart des genres de Palæacariformes ont des
larves encore inconnues.
En ne comptant pas les poils latérocoxaux les maxima des nom-
bres des poils épimériques, de chaque côté, sont respectivement
(3-1-3-4) chez les Stegasima et (4-3-4-4) chez les Palæacariformes.
Il faut bien séparer ces chiffres réguliers de ceux que l’on peut avoir
chez quelques Oribates â poils additionnels comme Nothrus (5,p. 511).
Eidohmannia a aussi des poils additionnels sur les épimères III et IV
à partir de la deutonymphe ou peut-être de la protonymphe.
Pour les protonymphes (1, p. 37), Gymnodamæus ne fait pas excep-
tion, la formule est (3-1-2-1). Un poil du 1®^ épimère a bien émigré
sur le 2® chez l’adulte de G. reticulatus Berl. mais il est resté à sa
place chez G, bicostatus (Koch).
4e patte de la protonymphe. — J’ai reparlé de ce sujet dans
un travail récent (7, p. 90). Je rappelle aussi mes corrections con-
cernant Liodes (— Neoliodes) (6, p. 17 et 18). Pour Lohmannia la
formule est probablement (0-0-0-0-6) car il semble y avoir, du
côté antiaxial (mais non du paraxial), un poil proral très court et
spiniforme.
Face dorsale du propodosoma. — ■ Chez Galumna, d’après G. alatus
(Herm.), le poil exobothridique existe aussi chez l’adulte. 11 est
extrêmement petit.
Cupules et fissures. — Je suis revenu fréquemment sur ces organes
depuis 1933. J’ajoute seulement ici que les fissures des Oribates sont
closes comme celles des autres Arachnides. On peut le voir facdement
dans une coupe transversale. La fissure est recouverte par un toit
concave en chitine qui prolonge l’épiostracum. La fissure coupe la
couche qui est au-dessous de l’épiostracum mais non la couche la
plus profonde, laquelle n’est traversée que par un canal étroit plus
ou moins circulaire qui part du fond de la fissure et la fait communi-
quer avec l’intérieur.
Région ventrale. — J’ai figuré par erreur sur la larve d’Enioch-
thonius pallidulus (Mich.), dont je n’avais alors qu’un seul spécimen,
4 paires de poils paraproctaux ^ (1, p. 49, fig. 9). En réalité la paire
antérieure, au-dessus des lettres AZ) de la figure 9, n’existe pas.
A cette place il n’y a qu’une marque obsolète dont il est difficile
d’imaginer la signification, à moins que ce ne soit une cupule ou une
fissure. J’ai d’ailleurs rectifié cette erreur ultérieurement (3, p. 25,
fig. 3C). La formule anale d’ Eniochthonius est donc A (3 — -3 — 3,2 —
3, 2—3,2).
1. Les poils paraproctaux sont ceux qui bordent l’ouverture anale chez les larves
et protonymplies (3, p. 19). Je les ai appelés adanaux en 1933 (1, p. 49 et suivantes).
— 253 —
IV. — Synonymie des genres Phyllotegeus Berl, et Conoppia
Berl.
Le Leiosoma palmicinctum de Michael ne diffère pas de VOppia
microptera de Berlese ou n’en diffère que très peu. C’est ce que
m’ont montré les récoltes d’un récent voyage en Italie centrale.
Oppia microptera y est assez commun à tous les états (mai 1934)
comme dans plusieurs régions françaises. Le même animal existe en
Allemagne d’où Sellnick a eu l’obligeance de m’envoyer deux exem-
plaires de Bühl (Baden).
Berlese a créé en 1908 le genre Conoppia avec microptera comme
type, puis en 1913 le genre Phyllotegeus avec palmincinctum comme
type. Il ne s’est pas aperçu que son microptera a les belles nymphes
du palmicinctum de Michael. Les deux genres sont synonymes.
Phyllotegeus doit donc disparaître de la nomenclature.
11 se pourrait d’autre part que le vrai nom de l’espèce assez com-
mune de l’Europe Centrale fût Conoppia globosus (Koch). Tous
les auteurs ont fait de VOribates globosus de Koch un Liacarus, mais
je ne partage pas cette opinion. D’après la description de Koch
(C. M. A., 38-12) le notogaster de globosus est « mattglânzend » et il
a dans la région humérale un bord « finement surplombant » (mit
fein aufgeworfenem Bande), ce qui est très juste pour Conoppia,
mais non pour Liacarus. Koch emploie des expressions bien diffé-
rentes pour décrire une page avant un véritable Liacarus, VOribates
suhterraneus (C. M. A., 38-11).
TRAVAUX CITÉS
1. Grandjean (F.). — Etude sur le développement des Oribates {Bull.
Soc. Zool. France, t. 58, p. 30 à 61). 1933.
2. Id. Les organes respiratoires secondaires des Oribates [Ann. Soc.
Entoin. France, t. 103, p. 109 à 146). 1934.
3. Id. — La notation des poils gastronotiques et des poils dorsaux du pro-
podosoma chez les Oribates [Bull. Soc. Zool. France, t. 59, p. 12 à 45).
1934.
4. Id. Oribates de l’Afrique du Nord (2® série). {Bull. Soc. Hist. nat.
Afrique du Nord, t. 25, p. 235 à 252). 1934.
5. Id. Les poils des épimères chez les Oribates {Bull. Mus. Hist. nat. Paris,
2® série, t. 6, p. 504 à 512). 1935.
6. Id. Les poils et les organes sensitifs portés par les pattes et le palpe
chez les Oribates (Bull. Soc. Zool. France, t. 60, p. 6 à 39). 1935.
7. Id. — Observations sur les Acariens (3® série) {Bull. Mus. Hist. nat.
Paris, 2® série, t. 8, p. 84 à 91). 1936.
8. WiLLMANN (C.). — Faunistisch-ôkologische Studien im Anningergebiet.
Die Milbenfauna. Oribatei {Zool. Jahrb. System., t. 66, p. 331 à 345).
1935.
9. Id. — Oribatiden von Bonaire und Curaçao {Zool. Jahrb. System,
t. 67, p. 429 à 442). 1936.
Sur un Crustacé (Stomatopode) rare de uIle de Pâques
PAR Ch. Gravier.
L’île de I^âques est isolée dans l’Océan Pacifique, au sud du tro-
pique du Capricorne. Récemment (1935), elle a été explorée par la
mission franco-belge, qui l’a étudiée à divers points de vue. La
zoologie n’a pas été oubliée, et la mission en a rapporté un Crustacé
de l’ordre des Stomatopodes, qui n’est encore connu que par un seul
exemplaire décrit par Borradatle (1898). C’est le Pseudosquilla
oxyrhyncha Borradaile recueilli à Rotuma, atoll situé à l’ouest des
îles Wallis, à des milliers de kilomètres de l’île de Pâques.
Deux exemplaires ont été récoltés : l’un mâle, de 17 mm. environ
de longueur, l’autre femelle, de 31 mm. de longueur. C’est le mâle
qui est décrit ici. La forme est plutôt élancée. La carapace augmente
légèrement de largeur d’avant en arrière. Les sillons gastriques sont
bien marqués ; les parties latérales de la carapace sont un peu en
saillie sur la partie médiane, à bords rectilignes. De chaque côté de la
carapace, est une grosse tache de forme arrondie, pigmentée en noir
et entourée par une vague marge incolore. La cornée des yeux déborde
un peu de chaque côté sur le pédoncule oculaire, qui est presc[ue
cylindrique ; les deux moitiés de la cornée sont séparées par trois
bandes parallèles finement pointillées, de teinte un peu plus foncée
que le reste. Le rostre, environ deux fois plus large que long, à angles
antérieurs arrondis, présente une pointe médiane bien marquée,
d’apparence cornée.
A la patte ravisseuse, le dactylopodite est à 3 dents, y compris la
dent terminale ; il est de couleur rouge. La dent terminale est fine-
ment dentée sur son bord concave, les deux autres le sont sur leur
bord convexe. Le propodite est pourvu de deux pointes mobiles.
Borradaile en signale trois. Dans l’exemplaire de l’île de Pâques,
je ne retrouve pas l’épine dorsale du carpopodite que Borradaile
représente dans la fig. 9, pl. VI [loc. cit.).
Sur les côtés du premier segment abdominal, on voit un petit
lobe un peu triangulaire, à pointe postérieure, ne formant pas saillie
sur l’animal vu dorsalement. Aux quatre segments suivants, est un
lobe latéral délimité par un sillon oblique faiblement indiqué. Les
deux derniers se terminent par une épine postérieure. Le dernier
segment abdominal est pourvu de six épines portées par autant
1. L.-A. Borradaile, On some Crustaceans ïrom the South Pacific, Part I, Stomato-
poda, Proceed. Zool. Soc., 1898, p. 37, pl. VI, fig. 9 a-d.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936.
— 255 —
d’éminences. Les deux médianes, très en saillie, sont les plus longues
et anticipent largement sur le telson. Les deux intermédiaires, plus
courtes et en retrait, sont insérées sur des reliefs. Les deux latérales,
plus longues, s’avancent sur le telson autant que les médianes.
L’article basilaire de l’uropode se prolonge en arrière par une épine.
Le plan de symétrie du telson est indiqué par une carène médiane
très saillante qui se termine par une forte épine. Cette carène médiane
est accompagnée dans toute sa longueur de chaque côté par
une carène qui présente sur son bord libre quatre crénelures
Fu;. A. — Le telson, avec l’article basilaire des uropodes et les deux derniers
segments abdominaux.
armées chacune d’une épine postérieure. Extérieurement à cette
première carène, se trouvent une deuxième carène, légèrement
crénelée aussi, mais bien moins profondément que la précédente, et
possédant une épine postérieure ; et une seconde carène, interrompue
presque à son début, ne paraissant pas crénelée et dépourvue d’épine
postérieure (fig. A). Il y a donc sept carènes, sans compter les deux
carènes marginales. Le telson porte à sa partie postérieure six
épines : les deux médianes, de chaque côté du plan de symétrie, sont
mobiles ,un peu incurvées vers le haut, la face ventrale étant en bas ;
les deux intermédiaires sont presque dans le prolongement des
carènes latérales externes ; les deux autres sont dans le prolongement
des carènes marginales. Toutes ces épines, y compris celles du der-
nier segment abdominal, sont vivement colorées en jaune rouge.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
17
- 256 —
Stanley Kemp ^ fait remarquer que Bokradaile ^ dit que chez la
Pseudosquilla oxyrhyncha, l’article basilaire de l’ex podite de l’uro-
pode est dépassé par l’épine interne du processus bifurqué et que
c’est l’inverse que l’on voit dans la fig. 9, pl. VI ; c’est bien l’épine
externe qu’il faut lire, conformément à la fig. 9.
La couleur de l’animal, qui doit être brillante à l’état vivant,
s’est fort atténuée dans l’alcool. La carapace est d’un brun rou-
geâtre assez pâle, parsemée de taches arrondies de teinte plus claire,
de même que les méso et propodite. La face dorsale des segments
thoraciques et abdominaux est de la même tonalité, plus foncée,
ainsi que le telson, sur lequel se détachent en clair les carènes ; le
tout est parcouru par des lignes irrégulières d’un beau rouge foncé.
Sur la face ventrale, on voit deux taches noires au niveau du 6® et
du 8® segments thoraciques ; de même, la face ventrale de la base de
l’appendice bifurqué est fortement pigmentée en noir.
Cette espèce, jusqu’ici rarissime, n’est représentée que par un
mâle trouvé à Rotuma, qui mesurait 88 mm. de longueur. Borra-
DAiLE fait observer la similitude de cette espèce avec le Pseudosquilla
oculata (Brullé) et avec le Pseudosquilla, ornata Miers. Il ressemble
au premier par l’épine médiane du rostre, et au second par les six
carènes du telson, en dehors de la carène médiane. Et il diffère des
deux par la présence des deux taches pigmentaires oculiformea sur
la carapace. On a vu plus haut que cette différence e»t très atténuée
dans l’exemplaire de l’île de Pâques, puisque la tache pigmentaire
est entourée par un anneau incolore mal défini. En réalité, les trois
espèces sont très voisines l’une de l’autre.
On retrouve les mêmes caractères sur l’autre exemplaire plus
petit. La coloration reste la même, et elle s’étend à tout le corps,
jusqu’au rostre et même au telson. Les crénelures des carènes du
telson sont peut-être un peu moins marquées que chez l’exemplaire
plus âgé. Peut-être s’accentuent-elles avec l’âge.
L’île de Pâques est isolée, et située à une distance considérable de
Rotuma. Il est probable que le Pseudosquilla oxyrhyncha se trouve
en d’autres points du Pacifique situés entre ces deux îlots. Les Sto-
matopodes sont des animaux fouisseurs ; il est vraisemblable qu’il
en reste plus d’un à connaître parmi eux. Il faut les chercher
spécialement et encore n’est-on point sûr de les rencontrer car
certains d’entre eux creusent des galeries souterraines parfois
longues. En tout cas, l’espèce en question n’a pas été retrouvée
depuis 1898 que je sache ; aucune mention n’en est fait en tout
cas, dans le Zoological Record, jusqu’en 1934.
1. Stanley Kemp, An accoint of the Stomatopoda of the indopacific Région, Memoirs
O the. indian Muséum, vol. IV, n° 1, 1913, p. 101.
2. 1907. L.-A. Borradaile, Stomatopoda from tlie western indian océan, Trans.
Linn. Sos., Zool., 1927, (2® sér.), XII, p. 213.
257 —
A
Sur quelques Annélwes Polychètés de l’Ile de Pâques
PAR Pierre Fauvel.
Cette petite collection a été recueillie, en décembre 1934, au cours
de la Mission Franco-Belge à l’Ile de Pâques, par MM. A. Lava-
chery, Métraux et Watelin.
Elle ne comprend que les espèces suivantes ;
Fam. Amphinomîdae.
Genre Eurythoë Kinberg
Eurythoë Complanata (Pallas)
Ile de Pâques. — Cook Bay et Cave Bay, 29 décembre 1934.
Cette espèce, si répandue dans toutes les mers tropicales, est
représentée par un spécimen de taille moyenne, un fragment médian
et plusieurs très petits individus dont l’un ne mesure que 15 mm.
seulement.
Genre Pherecardia Horst
Pherecardia Striata (Kinberg)
(Pherecardia lobata Horst). — Eucarunculata Grubei Malaquin).
Cook Bay et Cave Bay, 29 décembre 1934.
Ce magnifique Amphinomien est caractérisé par sa coloration
tigrée de lignes brun foncé, sa caroncule à grands lobes foliacés et
ses soies dorsales à ornements en chevrons.
Il est représenté par plusieurs spécimens dont un petit, bien entier.
Distribution géographique. — Océan Indien, Malaisie, Annam, Mer
de Chine, Pacifique, Iles Gambier.
Fam. Phyllodocidae.
Genre Phyllodoce Savigny
Phyllodoce Madeirensis Langerhans. '
Cook Bay et Cave Bay, 29 décembre 1934.
Un grand spécimen de Cave Bay a la trompe dévaginée, avec
6 rangées de papilles de chaque côté de la base. La région postérieuie
du corps est très effilée. Le dos est foncé, plus ou moins rayé trans-
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936.
258 —
versalement. Les cirres dorsaux sont lancéolés ou sub-rhomboïdaux,
plus ou moins jaunâtres, avec une ligne verticale ciliée très marquée.
Distribution géographique. — Atlantique, Océan Indien, Pacifique
(cosmopolite).
Fam. Nereîdae.
Genre Platynereis Kinberg
Platynereis Durnerilii Aud.-Edw.
Cave Bay, 29 décembre 1934.
Cette espèce cospomolite n’ect représentée que par un très petit
individu long de 5 mm., à peine, et large de 0,5 mm. Une grosse soie
à serpe homogomphe en croc recourbé apparaît, dès le 7® segment
sétigère, à la rame dorsale.
Fam. Eunicidae.
Genre Eunice Cuvier
Eunice Siciliensis Grube
Ile de Pâques.
Il n’a été recueilli cju’un fragment antérieur d’un petit spécimen.
Le labre à bord saillant blanc porcellané, creusé en gouge, l’aboence
de soies pectinées et de soies aciculaires, sont caractéristiques de
cette espèce cosmopolite, si répandue dans toutes les mers chaudes
du globe.
Genre Lysidice Savigny
Lysidice Collaris Grube
Cook Bay, 29 décembre 1934.
Un assez grand fragment antérieur, décoloré, représente seul cette
espèce qui ne se distingue guère de notre L. Ninetta que par ses yeux
semilunaires ou réniformes, au lieu d’ovales.
Distribution géographique. — Toutes les mers chaudes.
Fam. Cirratulidae
Genre Audouinia Quatrefages
Audouinia Filigera Belle Chiaje
lie de Pâques.
L’unique spécimen, décoloré, est de taille moyenne. Les branchies
débutant au l®*" segment sétigère, les filaments tentaculaires sont
groupés sur le 4® et le 5®, autant qu’on peut s’en rendre compte,
vu la contraction de la région antérieure.
Les crochets ventraux, noirs et assez gros, ne sont, en général.
— 259
qu’au nombre d’un seul par rame. Les crochets dorsaux, plus fins,
n’existent que dans le tiers postérieur du corps. La distance de la
branchie à la rame dorsale est plus grande que celle qui sépare les
deux rames. Tous ces caractères correspondent donc bien 1’^. filigera,
déjà signalée d’ailleurs à Uschaia et à la Terre de Feu par Ehlers.
Fam. Terebellidae
Genre Loimia Malmgren
Loimia Médusa (Savigny)
Cook Bay et Cave Bay, 29 décembre 1934.
Les deux spécimens de Cave Bay accompagnaient un tube de
Vermet.
Les uncini thoraciques ont 5 dents et un petit éperon sous-rostral
net, mais obtus.
Cosmopolite, dans toutes les mers chaudes.
En résumé, cette petite faunule de File de Pâques ne comporte
que des espèces banales des mers tropicales, toutes déjà signalées
dans le Pacifique. L’espèce la plus intéressante est Pherecardia
striata qui, malgré son extension géographique, ne semble pas com-
mune.
— 260 -
Contributions a la Faune malacologique de l'Afrique
ÉQUATORIALE
PAR Louis Germain.
LXXP
Une Achatine nouvelle de l’Afrique orientale.
Achatîna yalaensis Germain, nop. sp.
(Fig. 48, dans le texte).
Coquille ovulaire allongée ; spire subconique formée de 8 tours
à croissance régulière, les 4 premiers à peine convexes, les autres
peu convexes, l’avantrdernier plus convexe et notablement plus
large que le dernier ; dernier tour médiocre, peu convexe, atténué
vers la base ; sommet petit, subaigu ; sutures marquées ; ouverture
petite, obliquement ovalaire-pyriforme, très anguleuse en haut ;
columelle courte, très arquée, subobliquement tronquée à la base ;
péristome mince, régulièrement convexe.
Longueur : 32 millimètres ; diamètre maximum : 15 millimètres ;
diamètre minimum : 14 millimètres ; hauteur de l’ouverture : 13 mil-
limètres ; diamètre de l’ouverture : 6 millimètres.
Test solide, brun jaunâtre clair, orné de flammules longitudinales
de couleur chocolat, subverticales sur les tours supérieurs, disposés
un peu en zigzag au dernier tour.
Tours embryonnaires lisses ; autres tours garnis de stries longitu-
dinales irrégulières, assez fines, un peu serrées, à peine obliques,
coupées de stries spirales également fines mais plus espacées, surtout
sensibles sur les deux derniers tours et accentuées près des sutures.
Les individus jeunes ont une coquille très différente de celle des
adultes. AinA, une coquille de 13 millimètres de longueur (fig. 48 a)
atteint 9,25 millimètres de diamètre maximum et 8,25 millimètres
de diamètre minimum ; elle est donc, proportionnellement, beau-
coup plus élargie. Sa spire est régulièrement conique, formée de
6 tours presque plans, le dernier assez grand, bien élargi, muni d’une
carène médiane très prononcée, presque saillante. L’ouverture est
1. Cf. ; Bulletin Muséum Ilist. natur. Paris, 2® série, VIII, 2, mars 1936, p. 146.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, ii° 3, 1936.
261 —
subquadrangulaire avec, sur le péristome, un angle marqué au point
où aboutit la carène (l’ouverture mesure 7 millimètres de hauteur et
4,75 millimètres de diamètre).
Quand l’animal grandit, la spire s’allonge et la carène du dernier
tour s’atténue. Encore très sensible sur une coquille mesurant
17 millimètres de longueur^ (fig. 48 b), elle n’est plus que vague-
ment indiquée et disparaît aux abords de l’ouverture sur une coquille
atteignant 22 millimètres de longueur ^ (fig. 48 c). En même temps.
Fig. 48. — Achatina yalaensis Germain. Bords de la rivière Yaola [Guy Babault].
Gross. : 1,5 environ.
la coquille devient proportionnellement moins large et son ouverture
perd l’angulosité du péristome ; peu après elle atteint la forme
adulte (fig. 48).
h’ Achatina yalaensis Germain se rapproche de V Achatina Pfeif-
1. Pour 12,4 millimètres de diamètre maximum et 11, 5 millimètres de diamètre
minimum.
2. La coquille a encore, à ce stade, 14,5 millimètres de diamètre maximuni et 13,7
millimètres de diamètre minimum, c’est-à-dire qu’elle reste, proportionni llement,
moins élancée que celle des adultes.
262
feri Dunker ^ et, surtout, de sa variété eugrapta Pilsbry mais la
spire est plus régulièrement conique, ses tours sont moins convexes,
l’ouverture est plus étroite et proportionnellement plus petite, la
columelle plus courte et les caractères sculpturaux différents.
Bords de la rivière Yala (Afrique orientale anglaise) ^ [Guy Ba-
bault].
1. Zeüzchrifl jür Malakozool., II, 1845, p. 163 et Index Molluscor. Guin. Infer.,
1853, p. 7, pl. I, fig. 39-40 ; — Pilsbry in Teyon, Manual of Conchology, 2® série,
Pulmonaia, XVII, 1904, p. 24, pl. XXXVIII, fig. 23-28.
2. Bullei. American Muséum Naiur. Hist. New-York, XL, 1919, p. 67, fig. 28.
3. La rivière Yala prend sa source vers l’extrémité nord de la chaîne du Mau, un
peu au nord de l’équateur, vers le 35°35’ long. E. Greenwich. Elle coule dans une direc-
tion sensiblement Est-Ouest et vient se jeter, presque sous l’équateur, dans le lac
Victoria, au nord de la baie de Kavirondo, sur le 34° long. E. Greenwich.
— 263
Le Cypræa moneta L. existe-t-il sur la cote occidentale
D’Afrique P
PAR Ed. Lamy.
Comme types d’animaux marins qui tendent à vivre dans les
eaux douces, A. Giard citait en 1903 (Les facteurs primaires de
l’évolution [Cours de la Faculté des Sciences, 1898-1900, rédigé par
G. Loisel], p. 42), parmi les Mollusques, « des Cypræidæ, et en
particulier la petite Cyprée qui sert de monnaie en Afrique et qu’o*n
pêche à Tombouctou ».
Il avait emprunté ce renseignement à une note publiée en 1858
(Revue et Mag. Zool. Guér.-Ménev., 2^ s., t. X, p. 509) par le baron
Henri Aucapitaine, qui avait cru pouvoir, d’après des allégations
unanimes de nègres du Soudan, confirmer un fait signalé par le
général E. Daumas (1845, Le Sahara algérien, p. 300). Cette note
peut se résumer ainsi :
« Le Cypræa moneta L., connu sous le nom berbère A oudâa, vit
dans les cours d’eau intérieurs du Soudan, notamment dans le
Niger, ou Bah’r-el-Nîl, et les mares voisines de ce fleuve.
« La valeur monétaire de ce Gastéropode le fait rechercher active-
ment par les nègres. Aux environs de Tombouctou, ils prennent des
peaux, fraîchement écorchées, d’une espèce de bœuf, nommée
klaho, et les immergent sur les bords du fleuve, en les fixant avec
des pierres.; ils les retirent au bout de quelques jours et enlèvent
alors de grandes quantités Aoudâa qui sont venues adhérer après les
peaux encore sanglantes
« Le C. moneta vit donc dans des eaux tout au plus saumâtres, à
une distance des bords de la mer qui n’est pas moindre d’une cen-
taine de lieues et qui va jusqu’à trois cents ».
Malgré de grands doutes émis par Hipp. Crosse (1859, Revue et
Mag. Zool., 2® s., XI, p. 45), qui objectait notamment que les
espèces du genre Cypræa sont des Mollusques essentiellement marins,
Aucapitaine (1859, ibid., p. 237) a jugé devoir maintenir son
1. Dans les coquillages appelés « ouda », servant de monnaie au Soudan, le général
Daumas distinguait deux catégories : ceux qui étaient importés du pays des chrétiens
par Tunis (p. 199) et ceux que l’on pêchait dans le Niger en y jetant des peaux de
Innufs (p. 300).
Bulletin du Muséum 2® s., t. VIIT, n° 3, 1936.
— 264 —
assertion, en faisant valoir que beaucoup de cours d’eau de l’inté-
rieur de l’Afrique sont salés
L’existence du C. moneta, sinon dans les eaux douces tout au
moins sur la côte Atlantique d’Afrique, a été soutenue par d’autres
auteurs.
Déjà, en 1853 [Index Moll. itin. Guin. inf. coll. Tams, p. 31),
W. Dunker avait dit qu’à l’île de Loanda les indigènes recueillaient
cette espèce.
En 1871, Crosse et F. Fischer (Journ. de Conchyl, XIX, p. 81)
faisaient remarquer que l’usage du C. moneta comme monnaie a
répandu cette coquille de l’Océan Indo-Pacifique dans les mers les
plus éloignées et en 1912 Ph. Dautzenberg Y^nn. Inst. Océanogr.,
t. V, fac. III, p. 41) a répété que le C. moneta n’appartient pas à la
faune de l’Afrique occidentale, mais y est importé pour servir de
monnaie (cauries).
^En 1884, le de Rochebrune (Monogr. g. Monetaria, Bull.
Soc. Malac. France, I) signalait (p. 82) son M. oestimenti de la côte
occidentale d’Afrique : Pointe de Barbarie, Casamance, Gambie,
île Santiago (archipel du Cap Vert), où il dit avoir recueilli lui-même
le type vivant de son espèce ; et il indiquait (p. 86) la présence de
son M. camelorum à la Pointe des Chameaux, au Cap Blanc et à
.Joalles, où il l’avait récolté vivant en quantités considérables.
Le F. -A. ScHiLDER (1930, Proc. Malac. Soc. London, XIX,
p. 54), qui a examiné les types de Rochebrune au Muséum national
de Paris, a reconnu que les trois spécimens originaux du C. oestimenti
sont des C. icterina Lk., qui évidemment n’ont pas été récoltés
vivants, et que les deux types du C. camelorum sont des C. annulas L.
Mais ce qui paraissait surtout, aux yeux de Rochebrune, con-
firmer l’opinion de ceux qui considèrent le C. moneta comme faisant
partie de la faune Ouest-Africaine, c’était le fait qu’il avait découvert,
dans les dépôts quaternaires de l’archipel du Cap Vert (conglomérats
de Santiago), une forme qu’il avait d’abord (1881, Matériaux faune
Cap Vert, Nouv. Archio. Mus., 2® s., t. IV, p. 285) rapportée au
C. moneta, et qu’il a ultérieurement (1884, loc. cit., p. 83) décrite, sous
le nom de M. atava, comme une espèce distincte qui, représentant
ancien du M. moneta, aurait existé dans les eaux de cet archipel au
moment du soulèvement quaternaire de ses plages.
Or le Schilder (1927, Arch. f. Naturg., vol. 91 [1925], Abt.
A, 10. Ht., p. 118 ; 1930, loc. cit., p. 55) a établi que le véritable
M. ataoa (représenté dans la fig. 5 de la pl. I de Rochebrune sous
le nom de pleuronectes) est l’ancêtre non pas du C. moneta, mais du
C. picta Gray, qui, au lieu d’être un Monetaria, est un Zonaria.
1. Les eaux du lac Tchad sont douces, saut en quelques points et pendant la saison
sèche (mai et juin) où elles sont légèrement saumâtres (1909, Ij. Germain, Archw. Zool.
exp. et gén., 5*^ s., I, p. 69).
- 265 -
Il regarde comme certain que l’aire naturelle de distribution du
C. moneta est seulement l’Océan Indo-Pacifique (Hawaii', Marquises,
Tuamotu, Nouvelle-Calédonie, Australie, Japon, Mer Rouge, Cap
de Bonne-Espérance).
Il fait d’ailleurs remarquer que le genre Monetaria manque dans
le Tertiaire d’Europe, tandis qu’il existe depuis le Miocène dans la
province Indo-Pacifique.
Cependant la question de la présence, ou non, du C. moneta dans
l’Ouest de l’Afrique n’est pas absolument tranchée.
Dans la région de Tombouctou, notamment au fort Bonnet, Aug.
Chevalier a récolté, en 1899 et en 1932, une grande quantité de
Marginelles subfossiles.
Ces coquilles marines avaient été regardées comme ayant été
importées de la côte Atlantique par les indigènes pour servir de
monnaies ou d’amulettes. Mais Chevalier (1932, C. R. Acad. Sc.,
t. 194, p. 1595) a émis l’opinion que cette région avait été occupée
par une mer quaternaire et, d’après L. Germain (1933, Bull. Comité
Etudes hist. et scient. Afrique occid. franç., t .XVI, p. 22), toutes les
présomptions sont en faveur de cette hypothèse.
Or il est à noter qu’un échantillon (malheureusement unique)
de C. moneta a été recueilli avec ces Marginelles.
On connaît d’ailleurs quelques espèces de Mollusques communes
aux côtes occidentale et orientale d’Afiique.
En particulier, il existe dans la mer Rouge une espèce (T. nohilis
A. Ad.) de Tugonia, genre appartenant à la faune Sénégalienne
et le D’’ JoussEAUME (1891, Le Naturaliste, XIII, p. 202) en avait
conclu qu’à une époque reculée un bras de mer faisait communiquer
l’Atlantique avec l’Océan Indien à travers le désert du Sahara.
Cette hypothèse d’une mer Saharienne est aujourd’hui abandon-
née et, pour expliquer la présence, dans la faune malacologique Ouest-
Africaine, d’espèces des Indes Orientales (environ 1,7 %), on a
allégué leur survivance depuis une époque pré-miocène, à laquelle
existait une communication directe entre l’Océan Indien et l’Atlan-
tique, ou bien par une mer équatoriale (1889, Studer, Forchungsr.
« Gazelle » , III, p. 32), ou bien par la Méditerranée (1923, Nils
Od^ner, Meddel. Gôtehorg Mus. Zool., Avdeln. 23, p. 24.
Mais on a également fait une autre hypothèse consistant à regar-
der comme possible l’immigration de ces espèces autour du Cap de
Bonne Espérance (1889, Studer, loc. cit., p. 32).
Nils Odhner (1923, loc. cit., p. 25) pense que cette migration n’a
pu s’effectuer qu’à une époque où, les conditions hydrographiques
étant différentes des actuelles, le courant du cap des .Viguilles péné-
trait plus loin à l’Ouest et passait vers le Nord au delà du Cap de
Bonne Espérance.
C’est à cette opinion que s’est rallié J. -G. Hidalgo (1906, Monogr.
— 266 —
esp. çiv. g. Cypræa, p. 211), qui a admis que peut-être le C. moneta
a pu, en passant par le Cap de Bonne Espérance (Port Elisabeth),
s’acclimater sur la côte occidentale Africaine, ce qui expliquerait
sa présence possible à Sainte-Hélène, dans l’Angola (Loanda), en
Guinée, au Sénégal, au Cap Vert et aux Canaries.
L’existence du C. moneta dans les parages du Cap de Bonne Espé-
rance semble être indubitable. Le Lt-Col. W.-H. Turton (1932,
The marine Shells of Port Alfred, p. 144) mentionne plusieurs spéci-
mens de cette espèce recueillis à Port Alfred et sur la côte de Peddie,
près de East London.
Or cette région appartient à la province Africaine australe de
S.-P. WooDWARD (1868, Manual Moll., p. 70), qui s’étend à l’Est
et à l’Ouest du Cap jusqu’au tropique du Capricorne. Bien que la
faune de cette province renferme surtout des formes vivant sur la
côte Orientale et possède peu de caractères en commun avec celle
de la côte Occidentale, on y trouve cependant des espèces existant
sur la côte du Sénégal.
En tout cas, dans cette région australe même, il y a donc des
formes qui peuvent se trouver aussi bien dans l’Atlantique que dans
l’Océan Indien.
On connaît effectivement plusieurs espèces de l’Afrique du Sud
qui se sont propagées vers le Nord le long de la côte Ouest-Africaine
(1923, Nils Odhner, loc. cit., p. 24) et, si la plupart ont pénétré seule-
ment jusqu’à la région de Mossamedes et l’Angola, quelques-unes
(Marginella rosea Lk., Cominella limhosa Lk.) ont remonté jusqu’au
Sénégal et au Cap Vert : par exemple, le genre Indo-Pacifique Imbri-
caria compte un représentant, 1’/. carbonacea Hinds, qui a été
recueilli au cap des Aiguilles, à Mossamedes et au Sénégal
Il est, en effet, possible que des courants venant du Cap de Bonne
espérance aient transporté, le long de la côte occidentale d’Afrique,
des organismes flottants tels que les larves pélagiques de Mollusques
littoraux
Or les larves de Monetaria rentrent dans cette catégorie : les jeunes
individus de C. annulas L., qui ont été observés à Singapour par
A. Adams (1850, Zool. Voy. « Samarang » ,Moll, p. 23), sont pourvus
de deux expansions membraneuses, au moyen desquelles ils se
déplacent rapidement par des mouvements saccadés.
1. Tl y a même précisément un Cypræa répandu de l’Australie au Mozambique, le
C. gangrenosa Dillw., qui aurait été dragué au Cap Vert par le « Talisman ». Mais
Hidalgo (1906, loc. cit. p. 200) regarde cette indication comme inexacte.
2. A. Giard notamment (1903, loc. cit, pp. 58 et 60) a insisté sur le rôle joué par les
courants océaniques dans la distribution des animaux marins.
267 —
Liste des Mollusques recueillis par la Mission Franco-
Belge A l’Ile de Pâques (1934)
PAR Ed. Lamy.
Au cours de la Mission Franco-Belge à l’île de Pâques (Easter
Island) en 1934, M. A. Métraux a recueilli 35 espèces de Mollusques,
dont 18 n’avaient pas encore été signalées de cette localité
Gastéropodes
Acanthopleura brei^ispinosa^owerhy. .
* Smaragdinella nridis Rang.
Terebra inconstans Hinds.
Terebra venosa Hinds.
*Conus rniliaris Hwass.
Mitra ( Strigatella) amphorella Lamarck.
Columbella ( Mitrella) impolita Sowerby.
Columbella (Mitrella) margarita Reeve.
Columbella (Seminella) striatula Dunker.
*Trophon (Pascula) citricus Dali.
Purpura ( Polytropa) scobina Quoy et Gaimard.
Triton ( Epidromus) cylindricus Pease.
*Cypræa caput-draconis Melvill.
* Strombus (Canarium) maculatus Nuttall.
Cerithium atromar ginatum (Deshayes) Vignal.
*Triforis leoukensis Watson.
* Planaxis mollis Sowerby.
*Tectarium pyramidale Quoy et Gaimard [= nodulosum GmelinJ.
Torinia dorsuosa Hinds.
Rissoina turricula Pease.
* Hipponyx antiquatus Linné.
* Hipponyx barhatus Sowerby.
1. Dans la liste ci-jointe, les espèces marquées d’un astérisque avaient été déjà
mentionnées de l’île de Pâques par Wm.-H. Dall (1908, Report XIV, Scient., Res.
Exp. « Alhalross », Bull. Mus. Comp. Zool. Haro. Coll. Cambr., XLIII, p. 437) et par
Nils Hj. Odhner (1922, C. Skottsberg, The Natural Ilistory of Juan Fernandez and
Easter Island, vol. III, Zool., p. 248).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 3, 1936.
— 268 —
*Janthina fragilis Lamarck [= communis Lamarck].
Scala perplexa Pease.
* Eulima Cumingi A. Adams.
N évita (Pila) plicata Linné.
* N évita (Pelovonta) atvata (Chemnitz) Reeve.
*Nevita (Odontostoma) movio Sowerby.
Euchelus gemmatus Gould.
Glyphis exquis ita Reeve.
* Siphonavia pica Sowerby.
* Melampus Philippii Küster.
Pélécypodes.
Lima (Mantellum) fvagilis Chemnitz.
*Codokia ( Jagonia) dwevgens Pbilippi [— vamulosa Gould].
Saxicava austvalis Lamarck.
Observations morphologiques, systématiques et biogéo-
graphiques SUR UNE SCYPHOMÉDUSE RARE, PaRAPHYLLINA
INTERMEDIA 0. MaAS 1903, TROUVÉE SUR LA PLAGE DE BIARRITZ
PAR Gilbert Ranson.
Docteur ès-sciences
Assistant au Muséum National d’Histoire Naturelle
Le 28 janvier 1935 a été récoltée sur la plage de Biarritz, au len-
demain d’une violente tempête, une petite Scyphoméduse vivant
normalement dans les grandes profondeurs, très intéressante par
son organisation morphologique, sa position systématique et par sa
dispersion géographique. Je remercie hien sincèrement M. Arné,
Directeur du Musée de la Mer de Biarritz, qui a bien voulu me con-
fier sa détermination, me permettant ainsi d’apporter une contri-
bution à l’étude morphologique de cette Méduse très rare.
O. Maas, en 1903, en a trouvé 2 exemplaires dans la collection
du Siboga, récoltés dans l’Archipel Malais, à 200 m. de profondeur.
Le Docteur Lobianco de Naples, en 1903, décrit et figure sous le
nom de Periphylla dodecabostrycha Brandt, un seul exemplaire d’une
Méduse récoltée par le Puritan à 1.000 m. de profondeur, près de
Capri, dans la Baie de Naples. A. Mayer, en 1910, a reconnu qu’il
s’agissait d’un exemplaire de Parapkyllina intermedia O. Maas ; il
l’a décrit et figuré dans son grand ouvrage Les Méduses du Monde.
Les descriptions et dessins de ces auteurs sont succincts ; ils
indiquent bien les rapports généraux des organes essentiels per-
mettant, superficiellement, de distinguer cette Méduse des Peri-
phyllidæ et des Ephyropsidæ, mais l’organisation interne, les rela-
tions entre les divers éléments de la cavité gastrique et de ceux-ci
avec les organes marginaux en particulier, restent vagues, parfois
.même incompréhensibles.
Le petit nombre d’exemplaires récoltés n’a pas encore permis de
faire les coupes indispensables pour bien préciser ces rapports.
Cependant un long examen et une dissection partielle de l’exemplaire
à ma disposition, va me permettre d’éclaircir certains points de
l’anatomie interne illustrée par la figure ci-dessous, d’un quadrant.
U Ombrelle a 15 mm. de diamètre sans les lobes marginaux,
détruits sur mon échantillon ; elle est aplatie, lenticulaire, en forme
de disque ; fortement comprimée par la conservation, il ne m’est
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 3, 1936.
pas possible de fixer la hauteur. Les échantillons anciens ont 8 mm.
de haut pour un diamètre de 15 mm. L’exombrelle est divisée en deux
parties par le sillon coronaire profond, caractéristicjue de l’ordre des
Coronatæ ; la portion centrale lisse, régulièrement arrondie, ne
présente rien de particulier ; la portion extérieure ou couronne
marginale, au contraire, est divisée par 16 sillons profonds en autant
de bourrelets saillants ou pédales. Ces sillons ne partent pas exacte-
ment du sillon coronaire mais seulement à quelques millimètres,
extérieurement ; d’abord très profonds, ils le sont de moins en moins,
distalement, et se poursuivent sur les lobes marginaux dont ils n’at-
teignent pas tout à fait l’extrémité. Ils correspondent à des cloisons
ou septums radiaires de la mésoglée, reliant l’ectoderme exombrel-
laire et l’ectoderme sous-ombrellaire. Ils représentent donc, sur une
grande partie de leur longueur, une réduction de la mésoglée ombrel-
laire ; les bourrelets saillants entre eux ne sont pas le résultat d’un
épaississement de cette dernière, comme on en a l’impression. Les
pédales présentent un amincissement transversal prononcé de la
mésoglée, au niveau de l’insertion des tentacules et des rhopalies,
sur le bord marginal de l’ombrelle. C’est d’ailleurs à partir de cette
zone, mais sans aucune limite précise, que leur font suite, chevau-
chant sur deux moitiés pédalaires, les lobes marginaux. Les 12 pé-
dales tentaculaires sont de même largeur, mais les 4 pédales rhopa-
liennes sont un peu plus étroites. Je ne vois cependant pas, sur mon
échantillon, une différence aussi prononcée que celle figurée par
O. Maas et signalée par A. Mayer. Les 16 pédales ont une forme
générale rectangulaire, à angles inférieurs assez nets ; les 16 lobes
marginaux sont détériorés ici ; d’après les précédents auteurs ils
sont plus ou moins ovales avec extrémité distale très légèrement
arrondie.
Le Manubrium large est formé d’un tube peu saillant, quadrangu-
laire, et la bouche est une simple ouverture cruciforme. La cavité
du manubrium donne accès dans un estomac très large et très bas,
de forme lenticulaire. Les parois de l’ensemble sont constituées par
quatre faces triangulaires interradiaires, à forte musculature, très
contractiles, soudées par leur large base au fond de l’estomac,
intérieurement à quatre piliers allongés, représentant des colu-
melles, ayant l’apparence de quatre surfaces plus claires, longues et
étroites, rattachant la voûte exombrellaire au plancher sous-ombrel-
laire. Ces quatre lignes d’insertion interradiaires des parois stoma-
cales ne sont pas exactement rectilignes, comme semble l’indiquer
à tort la figure ci-contre où j’ai omis d’apporter la rectification néces-
saire ; leur centre s’avance légèrement radiairement de quelques
millimètres, vers celui du plafond stomacal, de telle façon qu’en
réalité il y a 4 lignes brisées d’insertion ; les columelles font de même
à ce niveau. Du côté interne de ces parois latérales de l’estomac et un
peu au-dessus de leur point d’attache, s’insèrent les filaments gas-
triques en 8 paquets correspondant aux 8 tronçons des 4 lignes
brisées dont je viens de parler. Ces quatre faces triangulaires inter-
radiaires, sont unies penadiairement par un prolongement simple,
non épaissi, clair, de plancher sous-ombrellaire et laissent entre
elles, à leur base, 8 fentes perradiaires faisant communiquer l’esto-
mac avec le canal circulaire coronaire dont l’organisation est assez
complexe, comme nous allons le voir. La cavité coronaire ou gastro-
vasculaire est constituée par des chambres, compartiments et
canaux ; mais malgré les cloisons réunissant la voûte exombrellaire
au plancher sous-ombrellaire, la subdivisant, cette cavité générale
reste continue et se poursuit même à l’extrémité distale des lobes.
Représentons-nous la cavité coronaire ou gastro-vasculaire ayant
accès dans l’estomac, seulement par les 4 fentes perradiaires étroites,
comme une vaste cavité allant de la base de l’estomac jusqu’à
l’extrémité des lobes. Cette vaste cavité est divisée en 16 comparti-
ments correspondants aux pédales par les 16 cloisons radiaires dont
il est question ci-dessus, exactement comme chez les Ephyropsidæ.
Mais ces dernières ne s’étendent pas sur toute la hauteur de la cavité ;
distalement, elles n’atteignent pas le sommet des lobes dans les-
quels la cavité coronaire se divise en deux à l’insertion des tenta-
cules et des rophabes, chaque portion latérale se poursuit distalement
avec celle du compartiment voisin, vers l’estomac ; les extrémités
des cloisons n’atteignent pas les columelles transversales, laissant
ainsi entre ces dernières et les compartiments radiaires de la cavité
coronaire un espace circulaire entourant la base de l’estomac. Mais,
fait très important, cet espace circulaire se trouve légèrement rétréci
parradiairement parce que les deux cloisons des compartiments perra-
diaires, légèrement plus étroits d’ailleurs que les autres, sont plus
longues que celles des compartiments interradiaires ; de plus ces
cloisons plus longues, s’incurvent légèrement parradiairement, ne
laissant entre l’espace circulaire en question et le compartiment
perradiaire, qu’une très faible communication. Au contraire, les
compartiments interradiaires communiquent très largement avec
cet espace circulaire.
Cette disposition morphologique nous laisse supposer que le bol
alimentaire projeté de l’estomac dans la cavité gastro-vasculaire
passe pour ainsi dire uniquement dans la région interradiaire de
cette cavité où, nous le verrons plus loin, se développent les gonades
et les tentacules, et certainement en très petite quantité dans les
compartiments perradiaires où se développent les organes des sens,
les rhopalies. Le plancher sous-ombrellaire de la cavité gastro-
vasculaire n’est pas formé d’un épithélium uniforme. Au niveau des
compartiments ou poches radiaires, depuis l’extrémité stomacale
des sillons jusqu’à la base marginale des pédales où s’insèrent les
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
18
- 272
tentacules et les rhopalies, l’endodernae /du plancher sous-ombrel-
laire s’épaissit et présente plus particulièrement des épaississements
radiaires au nombre de 4 ou 5 dont la longueur n’est pas toujours
la même. Cette particularité donne l’apparence de poches, à cet
endroit, aux compartiments radiaires. Toujours exactement au
Figure scmi-scliéinatique, représentant un quadrant sous-ombrellaire. per, prerradiuï
stomacal : int, interradius stomacal ; fg, filaments gastriques ; G, gonades ; Pp,
poche perradiaire ; Pint, poche interradiairc ; Mc, musculature circulaire ; Sr, sillon
et cloison radiairc ; Lm, lohe marginal ; T, tentacule ; ot, sac otolithique ; cc, œil.
même niveau, l’ectoderme du plancher sous-ombrellaire présente
une forte musculature transversale, circulaire. Apparemment, les
muscles semblent seulement juxtaposés au niveau des cloisons ; tous
les auteurs ont parlé de cette interruption et de 16 segments muscu-
laires trapézoïdaux. C’est complètement inexact et la musculature
- 273 —
se poursuit d’une façon parfaite dans l’ectoderme des sillons. Les
poches étant renflées, les muscles s’incurvent dans le sillon qui,
paraissant très clair, laisse croire à une interruption de la muscula-
ture.
Les Gonades ont été décrites un peu différemment par O. Maas
et A. Mayer. D’après O. Maas, elles ont la forme d’une fève, diffé-
rant en cela un peu de celles de Periphylla, en fer à cheval, et de
celles de Nausithoë, en haricot. Deux gonades voisines s’accolent
par leur face convexe dans l’interradius, leurs extrémités renflées
étant adradiaires. D’après A. Mayer, ses gonades ressemblent à
celles de Palephyra et sont intermédiaires entre celles de Periphylla
et de Nausithoë ; chacune d’elles part adradiairement, se dirige
interradiairement atteignant la bordure interne de la musculature,
puis au milieu de l’interradius revient vers la base de l’estomac où
son extrémité s’incurve légèrement dans une direction adradiaire.
Ces variantes sont-elles dues à des différences individuelles, d’état
sexuel, ou à une observation trop rapide ? Si on les compare avec ce
que je constate dans mon échantillon, on pourrait supposer que
O. Maas a vu seulement les portions adradiaires des gonades et
A. Mayer les portions inférieures correspondant à l’espace circu-
laire, base de la cavité générale coronaire. En effet, l’exemplaire à ma
disposition, une femelle dont les œufs sont très gros, a des gonades
plus complexes, se rapportant très bien, par parties, à ce qui est
décrit par les deux auteurs précédents. Les gonades sont rattachées
par un repli mésentérique à la paroi endodermique sous-ombrel-
laire. Partons d’un orifice perradiaire de l’estomac, nous trouvons
immédiatement la gonade dont l’extrémité renflée, assez large et
épaisse, obture une grande partie de l’espace entre la columelle
d’une part et l’extrémité de la cloison du compartiment perradiaire
de l’autre ; puis, après deux renflements successifs, la gonade se
redresse et s’introduit dans le compartiment adradiaire, y atteignant
presque la base du renflement mésogléen correspondant à l’insertion
du tentacule, c’est-à-dire qu’elle atteint le niveau de la bordure
externe de la bande musculaire, puis apparemment sans disconti-
nuité, se poursuit en revenant vers l’estomac ayant ainsi décrit
dans le compartiment adradiaire une anse à convexité marginale.
Arrivant alors à l’extrémité orale de la cloison interradiaire elle se
divise en deux parties : l’une continuant vers l’estomac juscpi’à la
columelle et qui, par deux plis transversaux, remplit la moitié inter-
radiaire de l’espace circulaire de la cavité gastro -vasculaire ; l’autre
contournant la cloison interradiaire et remontant dans le compar-
timent interradiaire pour se terminer par une extrémité largement
arrondie, s’accolant à l’extrémité de l’autre gonade qui, partant de
l’orifice perradiaire suivant, se distribue de la même façon interra-
diairement. Sur la figure ci-contre, les 2 gonades semblent être sou-
— 274
dées dans l’interradius, comme s’il n’y avait qu’une seule gonade
interradiaire ; c’est une petite erreur de rjeprésentation à rectifier.
Les Tentacules sont au nombre de 12, groupés par 3 ; il y a donc
4 groupes de 3 tentacules comme chez Periphylla, contrairement à
Nausithoë où les tentacules alternent avec les rhopalies. Mais ils
sont ici tous les trois interradiaires ; chez Periphylla le médian est
perradiaire. La comparaison avec Periphylla est tout à fait superfi-
cielle, car dans notre Méduse, comme chez Nausithoë, il y a une
rhopalie perradiaire ; Peryphillina et Nausithoë diffèrent seulement
par la présence chez Periphyllina d’un tentacule interradiaire au
lieu d’une rhopalie. Ce rapprochement est plus objectif, car il cor-
respond à une plus grande ressemblance d’organisation interne. Les
tentacules ont tous la même longueur, égale à peu près au diamètre
de l’ombrelle. Ils s’insèrent au centre, légèrement concave, du bord
des pédales interradiaires. L’endoderme du tentacule fait suite à
celui de la cavité gastro-vasculaire au point où le plancher sous-
ombrellaire se soude à la pédale. De ce point, l’endoderme pousse
un renflement relativement très large, en arrière dans la mésoglée,
celle-ci formant un épaississement dans la cavité gastro-vasculaire
autour de ce dernier en épousant sa forme, et dans l’autre sens vers
l’extérieur, remplit l’axe volumineux du tentacule. Le renflement
en question et l’axe du tentacule sont pleins, remplis sans aucun
espace basal entre les cellules endodermiques à structure vacuolaire
cordoïde, juxtaposées irrégulièrement. A sa base, sur le quart envi-
ron de sa longueur, l’axe tentaculaire est enveloppé d’une couche
épaisse de mésoglée faisant suite à la mésoglée ombrellaire : elle
s’amincit lentement et bientôt l’axe du tentacule conservant sa
dimension initiale presque jusqu’au bout, n’est plus recouvert que
par une très mince lame mésogléenne et ectodermique.
Les organes des sens ou rhopalies sont au nombre de 4 comme chez
les Periphyllidæ alors qu’il y en a 8 chez les Ephiropsidæ. Mais chez
Periphylla ils sont interradiaires. Ici, ils sont perradiaires, comme
chez Nausithoë, à l’extrémité du compartiment perradiaire de la
cavité gastro-vasculaire. Nous avons vu que ces compartiments plus
étroits que les perradiaires sont limités latéralement par deux cloi-
sons plus longues, s’incurvant et ne laissant qu’un orifice d’accès
relativement faible dans la cavité circulaire. La position des rhopa-
lies me semble déterminée par cette structure générale, interne,
particulière.
Si nous examinons l’organe par la face exombrellaire, nous voyons,
dans l’échancrure marginale et médiane de la pédale, un premier
renflement à surface unie, assez volumineux, débordant fortement du
bord de l’ombrelle, puis un second renflement moins large, dont la
surface externe présente deux amincissements latéraux assez pro-
noncés de la mésoglée, tandis que l’axe, étroit à sa base proximale.
— 275
se termine distalement en poire avec mésoglée normale, constituant
le capuchon qui recouvre les différenciations sous-ombrellaires.
Vu par sa face sous-ombrellaire, en le disséquant, nous constatons
que la cavité gastro-vasculaiie a accès dans la cavité du premier
renflement, dont il est question ci-dessus, par une très petite ouver-
ture seulement, radiaire, pour s’élargir de nouveau et occuper pres-
que toute la largeur du dit renflement. La cavité endodermique se
poursuit ensuite dans le second renflement. Elle est fortement
réduite, à son plafond exombrellaire seulement, par les deux amin-
cissements latéraux de ce dernier dont j’ai parlé ci-dessus, lesquels
s’accolent presque radiairement à leur extrémité proximale pour
s’écarter légèrement, distalement, où la cavité endodermique se
trouve élargie un peu, au moment où elle aboutit à l’œil, formé d’une
lentille transparente enveloppée par l’ectoderme pigmenté, d’après
O. Maas. Mon échantillon ne me permet pas de distinguer bien nette-
ment cet œil. Mais je puis affirmer que la cavité endodermique y
aboutit et ne va pas plus loin. Du côté sous-ombrellaire, cette der-
nière occupe toute la largeur du renflement correspondant. L’œil
est entouré d’un épaississement ectodermique assez important enve-
loppant toute la largeur du renflement. Entre cet épaississement
ectodermique et l’extrémité du capuchon se trouve un petit corps
en boule, à pédoncule très court, le sac otolithique paraissant formé,
au centre, de cellules vacuolaires coidoïdes endodermiques et d’un
revêtement un peu épaissi de cellules ectodermiques présentant
2 traînées de cellules ectodermiques différenciées le reliant latérale-
ment à l’épaississement optique. Il semble bien, sans l’affirmer, que
les cellules endodermiques du sac se poursuivent par une rangée de
cellules semblables aboutissant à la cavité endodermique, à la base de
l’œil.
En général, les formes des grandes profondeurs n’ont pas d’œil
ventral. Cette espèce en possède un, mieux développé encore que
Nausithoë, comme les formes de surface.
Pigmentation. — Les exemplaires décrits par O. Maas et A. Mayer
étaient peu pigmentés ; seules les faces interradiaires de l’estomac
et du manubrium, les gonades et les yeux des rhopalies, présentaient
une coloration rouge brun. Tout le reste de la cavité gastro- vasculaire
était sans couleur. Au contraire, mon échantillon possède une très
forte pigmentation rouge-brun de tout l’endoderme stomacal, gastro-
vasculaire et du renflement basal des rhopalies. Le pigment est par-
ticulièrement dense dans l’estomac, dont le plafond est très foncé,
et le canal circulaire de la cavité gastro-vasculaire. L’ectoderme
exombrellaire ne présente aucune trace de pigmentation.
Nous ne pouvons évidemment pas utiliser cette seule différence
pour parler d’espèce, ni même de race différentes. Je crois plutôt
— 276 -
que ce fait vient nettement à l’appui de l’hypothèse de l’origine
extérieure de ce pigment.
Position systématique. — De l’ensemhle de ces observations, il
ressort que Paraphyllina intermedia O. Maas, avec ses quatre
groupes de 3 tentacules interradiaires et ses 4 rhopalies perradiaires,
se rapproche de Periphylla. Basée sur les seuls rapports de ces orga-
nites marginaux, la comparaison est très superficielle. Par l’organisa-
tion de son estomac et de sa cavité gastro-vasculaire elle ressemble
beaucoup plus aux Ephyropsidæ, dont elle diffère en somme seule-
ment, par la présence d’un tentacule interiadiaire au lieu d’une
rhopalie.
Or, c’est l’organisation interne qui doit servir, avant tout, de
critérium dans la comparaison ; la position relative des tentacules,
organes des sens et même gonades, étant seulement une conséquence
de la structure morphologique interne plus directement liée à un
caractère constitutionnel profond.
Sans aucun doute, nous sommes ici nettement en présence d’une
structure d’ Ephyropsidæ. Le seul groupement des tentacules, n’étant
d’ailleurs pas exactement le même chez Periphylla, ne peut nous
faire ignorer les différences fondamentales de structure interne.
Je ne suis donc pas certain que la Méduse étudiée fasse partie d’une
famille spéciale. Je crois plutôt qu’elle est seulement un genre de
la famille Ephyropsidæ.
Par ailleurs, cette Méduse est apparemment très voisine (sinon
la même) de la Méduse fossile décrite par O. Maas en 1906, sous le
nom de Paraphylliies distinctus O. Maas, provenant des schistes
lithographiques de Kelheim.
Dispersion géographique. — On serait assez tenté d’admettre que
des Méduses récoltées à de telles distances les unes des autres (rVrchipel
Malais, Baie de Naples, Biarritz), représentent au moins des races
différentes. Cependant, il s’agit d’animaux de grandes profondeurs,
(l’exemplaire à ma disposition provient très vraisemblablement
des grandes profondeurs du Golfe de Gascogne) et le cosmopolitisme
de nombreuses espèce^, vivant dans ce milieu spécial aux conditions
assez uniformes, est classique. Oü ne peut absolument pas s’appuyer
sur les différences secondaires relevées pour faire une distinction
systématique des Méduses de ces trois récoltes.
BIBLIOGRAPHIE
Maas (O.). — Scyphomedusen der Siboga Expédition ; Monog. 11, 1903,
p. 8 ; taf. 2, fig. 10-14 ; taf. 11, fig. 106.
Maas (O.). — Neuen jahrb. für Min. Geol. and Pal., Bd. 12, 1906, p. 90
(d’après A. Mayer, 1910).
Lobianco. — Mitth. Zool. Stat. Neapel, Bd. 16, 1903, p. 219, taf. 7, fig. 3.
Mayer (A.). — Medusæ of the World, p. 549-550, fig. 347.
Note sur un Céphalopode géant (Architeutiiis Harveyi
Verrill) capturé dans le golfe de Gascogne
PAR Jean Cadenat.
Le juillet J 935, le chalutier rochelais , (Patron Le
Bescoü) de Parmement F. Castaing, rappox’tait aux magasins de la
pêcherie, un Céphalopode Décapode géant. Il mesurait plus de
8 mètres de l’extrémité postérieure du corps à l’extrémité des grands
bras tentaculaires en extension. Cette capture a été faite au chalut
à panneaux, le 8 juin 1935, dans le golfe de Gascogne par 46°50’
lat. N. et par environ 200 mètres de profondeur. Le temps, sans être
beau, permettait cependant un travail normal de chalutage ; notons
que cette légère accalmie succédait à une assez longue période de
mauvais temps
Aucun des membres de l’équipage du chalutier, même de « vieux
loups de mer » ayant longtemps pratiqué la pêche à la Morue sur les
bancs de Terre-Neuve, où cependant la présence du Calmars géants
a été assez souvent signalée (Verrill en cite 23 observations de 1871
à 1881), ne s’était trouvé en présence d’un « encornet » d’une taille
aussi considérable. Malheureusement, les bras furent sectionnés et
les yeux complètement arrachés par les membres de l’équipage. De
plus, avant que la décision ne fut prise de le transporter jusqu’à
La Rochelle, « l’encornet » resta exposé à l’air sur le pont pendant
près de 48 heures, ce qui explique le mauvais état de conservation
dans lequel il se trouvait, lorscpie nous avons pu l’examiner
Dimensions du Céphalopode capturé par le Chalutier « Palombe ».
— Nous avons pu avec l’aide du E. Loppé, Directeur du Muséum
d’Histoire Naturelle de La Rochelle, procéder aux diverses mensura-
tions suivantes ;
1. .Sur les 23 observations de Céphalopodes se rapportant au genre Architeuthis,
rapportées par Verrill, et provenant de la région de Terre-Neuve, 15 ont traita des
individus échoués sur le rivage, la plupart après une forte tempête, 2 ont été trouvés
morts flottants, 2 autres se rapportent à des débris provenant de contenus stomacaux
de Cachalots ; pour, les derniers, les conditions de capture n’ont pas été précisées.
2. Malgré tout, la nageoire caudale, dos fragments de la plume, et en particulier les
deux extrémités, le bec avec sa radula, deux portions de bras ordinaires et l’extrémité
d’un bras préhensile avec toutes ses ventouses en place ont pu être conservés, et
rentreront dans les collections du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle.
Bullelin du Muséum, 2® s., I. VIII, n° 3, 1936.
— 278 —
Longueur totale, mesurée de l’extrémité postérieure
du sac à l’extrémité des bras préhensibles en exten-
sion 818 oms
Longueur du sac (manteau) 138 »
Longueur de la nageoire caudale (base d’insertion).. 48 »
Longueur de la nageoire (juscju’à sa limite d’extension
vers la partie antérieure) 60 »
Fig. 1. — Aspect semi-schématique du Calmar du Golfe de Gascogne.
Plus grande largeur entre les deux bords (limite exté-
rieure des lobes latéraux) de cette nageoire 42 »
Largeur du sac (plus grand diamètre) 48 »
Largeur de la tête (espace interorbitaire) 29 »
Longueur des bras préhensibles (en extension) 645 »
Longueur du bras ventral gauche 112 »
Longueur du bras ventral droit 110 »
279 -
— Longueur du bras latéro -ventral gauche 169 »
— Longueur du bias latéro-dorsal gauche 172 »
— Longueur du bras dorsal gauche 170 »
— Circonférence des bras ordinaires à la naissance .... 22 »
— Circonférence de la partie grêle des bras préhensibles . 10 »
— Longueur approximative de la plume reconstituée . . 127 »
— Largeur maximum de la plume 15 »
Caractères principaux :
(la valeur du rapport
est de 0,34).
— Sexe : femelle ; — Taille : grande ; l’animal à corps de section
à peu près circulaire, mais nettement renflé vers son milieu, à tête
forte, épaisse, pesait 71 kilogrammes ; — Nageoire caudale : termi-
nale, presque cordiforme, à extrémité postérieure très acuminée ;
sa base d’insertion s’étend sur le tiers environ de la longueur du sac,
Lbase d’insertion de la nageoire
]_ longueur du sac
Les deux lobes latéraux formant cette nageoire s’étendent vers
l’avant au delà de leur point d’insertion ; la différence entre la lon-
gueur totale de cette nageoire et celle de sa base d’insertion est de
12 centimètres ; — Yeux : Leur absence, et la mutilation des cavités
orbitaires n’ont pu permettre de mensurations précises ; ils devaient
atteindre cependant une quinzaine de centimètres dans leur plus
grand diamètre ; — Bras ordinaires : forts, à peu près égaux en dia-
mètre à leur base, mais inégaux en longueur ; ceux de la première
paire (centrale) n’atteignent pas la longueur du sac seul ; ceux des
trois autres paires (latérc-ventrale, latéro-dorsale et dorsale) sont
sensiblement égaux entre eux (nous n’avons noté c|u’une différence
de 3 centimètres sur une longueur moyenne de 170 cm.) ; leur lon-
gueur est légèrement supérieure à celle du manteau et de la tête
réunis. Ces bras sont munis sur toute leur longueur de fortes ventouses
armées de couronnes cornées dentées. Ces ventouses, montées sur un
pédoncule relativement grêle, sont disposées très obliquement sur
les bras, la couronne cornée tournée vers l’intérieur ; elles forment
deux rangées régulières à ventouses alternées ; — Bras tentaculaires :
Très longs ; leur longueur atteint : plus de quatre fois et demi la
longueur du sac ; moins de quatre fois celle du sac et de la tête réunis ;
un peu moins de six fois (5,75) celle des plus petits bras ordinaires ;
un peu moins de quatre fois (3,79) celle des plus grands. Ces bras,
grêles sur presque toute leur longueur, (leur circonférence atteint au
plus 10 centimètres), se renflent vers leur extrémité en une sorte de
massue aplatie portant un grand nombre de ventouses de dimen-
sions et de formes diverses. Sur la partie grêle du bras, on remarque
de distance en distance seulement, un petit tubercule blanc arrondi,
accompagné chaque fois d’une toute petite ventouse, montée sur un
— 280 —
court pédoncule, mais placée dans une petite dépression du bras,,
ce qui, à première vue, la fait apparaître comme non pédonculée
ces petites ventouses sont munies d’une couronne cornée, à bords
mousses non denticulés.
A la partie basale de la massue, c’est-à-dire à environ 60 centi-
mètres de l’extrémité du bras, sont disposées irrégulièrement un
certain nombre de ces ventouses (44 à la base de la massue tenta-
culaire (gauche), toujours associées à de petits tubercules arrondis.
La partie centrale de la « massue » est occupée par quatre rangées
alternées de ventouses plus grandes de deux formes différentes.
Les deux rangées du milieu, de 12 ventouses chacune, sont de beau-
coup les plus grandes, leur diamètre atteint jusqu’à 33 mm. ; elles
sont montées sur un court et fort pédoncule. Les ventouses des deux
rangées latérales, beaucoup plus petites (leur diamètre varie en effet
de 10 à 12 mm.) sont montées sur un long pédoncule moins fort et
disposées très obliquement, la couronne cornée tournée vers l’inté-
rieur. Les couronnes cornées de ces deux dernières formes de ven-
touses sont munies sur tout leur pourtour, de denticulations d’à peu
près égale importance.
L’extrémité de ces bras tentaculaires, aplatie et terminée en pointe
aiguë, porte jusqu’au bout quatre rangées de petites ventouses pédon-
culées, à couronne dentée cornée, semblables à celles des rangées
latérales de la région centrale.
A titre de comparaison, nous donnons dans le tableau suivant les
dimensions en millimètres des diamètres des diverses ventouses
des parties que nous avons pu conserver.
La « plume » .• Brisée en de très nombreux fragments ; nous avons
pu nous rendre compte cependant de sa forme et de ses dimensions
et en conserver les parties les plus importantes, les deux extrémités
en particulier.
De forme générale lancéolée, elle occupe à peu près toute la Ion-
— 281 —
gueur du sac ; elle mesure en effet approximativement 127 cms ;
et le sac lui-même, n’atteint que la taille de 138 cm. La partie posté-
rieure, quoique très mince, est assez rigide et terminée en pointe aiguë
où l’on remarque un petit cône à parois très minces qui s’étend sur
un centimètre et demi environ — rudiment fort réduit du phragmo-
cône des Belemnites, que l’on rencontre encore chez quelques genres
d'Œgopsidæ tels que ; Onychoteuthis, Ommastrephes et Loligopsis.
Une dépression centrale forme une nervure dorsale de 3 à 4 milli-
mètres de largeur ; des nervures divergentes dont 3 sont très appa-
rentes de chaque côté, se remarquent dans cette région ; l’une d’elles,
la troisième, plus importante que les autres, s’étend vers l’avant,
presque parallèlement aux bords latéraux de la plume, à un centi-
mètre environ de ces derniers.
Sur la partie antérieure, plus mince et plus souple que la posté-
rieure, la dépression centrale s’est complètement aplatie et élargie
jusqu’à mesurer 18 mm. à son extrémité ; elle est restée transpa-
rente alors que les deux parties latérales, finement striées, sont
devenues translucides. Les bords très mous, se recourbent légère-
— 282 —
ment du côté ventral jusqu’à l’extrémité antérieure, beaucoup
moins aiguë que la postérieure et qui est occupée par une membrane
très souple et très fragile.
Le hec. — Très fort, les mandibules mesurant environ 7 cm. de
longueur dans un globe buccal atteignaiit 10 cm. de diamètre.
La radula. — La radula est ainsi constituée : de part et d’autre
d’une rangée centrale de plaques à dents tricuspides, à pointe
Fig. 3. — Trois rangées de dents de la radula. Gross. : 10.
médiane plus longue que les pointes latérales égales entre elles, on
remarque : une rangée de plaques à dents bicuspidées, à pointe la
plus longue située du côté interne ; deux rangés de plaques à dents
en crochet unique, à courbure légèrement dirigée vers l’intérieur ;
une rangée de plaques allongées, à angles arrondis et dépourvues de
dents. Ce qui fait en tout 9 rangées de plaques dont les plus externes
seules sont dépourvues de dents ; la formule de la radula s’établit
donc ainsi : 1-3-1-3-1,
Résumé. — Bien que l’absence des yeux nous ait privé de certains
caractères et en particulier de celui fourni par la constitution de la
cornée, l’ensemble des autres caractères : grande taille ; corps renflé
au milieu ; forme et dimensions de la nageoire caudale, plus courte
que la moitié de la longueur du sac ; bras ordinaires munis de ven-
touses obliques armées de couronnes cornées dentées sur tout leur
pourtour ; bras tentaculaires longs et grêles présentant de place en
place sur toute leur longueur des « appareils d’adhésion » formés de
petites ventouses à couronne cornée à bordure mousse, et de petits
tubercules arrondis ; plume très mince, occupant presque toute la
longueur du corps et présentant des nervures divergentes ; constitu-
tion de la radula, nous permet de rapporter ce Céphalopode géant à
V Architeuthis Herveyi Verrill (1879). Cependant les dimensions de la
- 283 —
nageoire caudale de notre individu sont sensiblement supérieures à
celles données par Verrill^.
Distribution géographique et historique des captures du genre
Archîteuthis.
De tous temps, l’existence de Céphalopodes gigantesques a fait
l’objet de fables, de récits plus ou moins fantaisistes, souvent accom-
pagnés de gravures dans la composition desquelles l’imagination a
joué le principal rôle.
Fig. 4, — Carte de la répartition géographique du genre Archiieuthis dans l’Atlantique
Nord et la Mer du Nord. • — - p, lieu de capture du spécimen du chalutier Palombe ; —
MS, lieu d’observation du spécimen du Michaël Sars ; — pa, lieu d’observation des
fragments provenant du contenu stomacal d’un cachalot et rapportés au genre
Arckiteulhis par I.. Jounm ; a, lieu d’observation du spécimen de l’Aledon.
On trouve déjà des anecdotes s’y rapportant dans les auteurs
grecs et latins comme Aristote et Pline [Hist. Nat., lib. IX, cap. 30
et Hist. Nat. lib. IX, cap. 4) qui nous parle d’un Céphalopode si
grand qu’il n’aurait pu passer par le détroit de Gibraltar : « In Gadi-
tano Oceano, arborem (animal) in tantum vastis dispensani esse,
ut ex ea causa fretum unquam intrasse credetur », Aelien (De Anim.,
lib. XIII, cap. 6), Strabon (lib. III), Fulgose (lib. I), etc.
Plus près de nous, les récits d’OLAÜs Magnus (De pisc. monst.)
nous parle du kraken comme d’un être ressemblant plus à une île
qu’à un animal : « similiorem insulæ quam bestiæ » ; de l’Evêque
PoNTTOPPiDAM qui, citant ce Céphalopode comme un animal dont le
1. Transactions of the Connecticut Academy, Vol. V, p. 199, 1879.
— 284 —
dos apparaît comme une île d’un mille et demi de tour, ajoute :
« D’aucuns disent d’avantage, mais je choisis le moindre pour plus
de certitude » (Hist. Nat. Nori>., chap. VIII, tome 2,) 1754; de
Denys de Montfort (Hist. Nat. des Moll., tome 2, p. 256), 1799,
reproduisant un ex-voto de la chapelle Saint-Thomas à Saint-Malo
représentant l’attaque d’un trois mâts malouin par un « poulpe
colossal » sur la « côte d’Angole », ne sont évidemment que des
histoires merveilleuses où la plus grande part revient à l’esprit
inventif et au goût du fantastique de leurs auteurs. Ces récits ont
à tel point impressionné des naturalistes de valeur, que, avant Denys
DE Montfort, Linné dans son « Système », comprenait le kraken
dans la faune de Suède sous le nom de Sépia microcosmus.
Malgré le peu de crédit que l’on peut accorder à de telles descrip-
tions, il n’en reste pas moins établi, que l’existence de grands Cépha-
lopodes (parmi lescpiels nous trouvons aujourd’hui, les plus grands
Invertébrés connus) avait été reconnue depuis les temps les plus
reculés. Mais le premier fait digne d’intérêt sur l’existence de tels
animaux remonterait, d’après Steenstrup, à 1546 ou 1549 et aurait
trait à la découverte de l’un d’eux échoué sur la côte à Malmô
(Suède).
Par la suite, d’autres observations de ce genre ont été faites, en
1639, puis en novembre ou décembre 1790 où deux spécimens ont
été trouvés échoués sur les côtes d’Islande ; en 1853, un autre était
signalé au Jutland ; en 1855, le Capt. TIygom signalait l’existence
d’un animal semblable par 31° de Latitude Nord et 76® de Longitude
Ouest et en 1860, la Frégate française Alecton rencontrait, près de
Ténérifïe, un grand Calmar dont une description fut publiée.
De 1871 à 1881, A. E. Verrill rapporte 23 observations de Cépha-
lopodes géants capturés dans la région de Terre-Neuve et décrit
deux espèces nouvelles : Architeuthis princeps et A. Harveyi. Quelques
autres observations ont été faites depuis, parmi lesquelles, les plus
importantes sont peut-être : celle de la Princesse Alice en 1895, rap-
portant de la région des Açores des débris d’un Céphalopode géant
provenant du contenu stomacal d’un Cachalot et c{ue le Prof. Joubtn
rapporta au genre Architeuthis ; et celle du Michaël Sars. qui en 1903,
rencontra flottant à la surface, au Nord des îles Faerôe, un Calmar
géant mort appartenant au même genre.
La capture, au mois de juin 1935, d’un Architeuthis Harveyi
Verrill, vivant, dans le Golfe de Gascogne, était donc particulière-
ment intéressante à signaler.
En même temps qu’elle nous permet d’ajouter un nom à la faune
des Céphalopodes du plateau continental français, elle nous pose
un problème de biologie qu’il serait intéressant de résoudre :
La presque totalité des observations se rapportant au genre
Architeuthis et toutes celles se rapportant à l’espèce Harveyi ont été
— 285 —
faites dans des eaux froides et, en particulier, dans la région de Terre-
Neuve ; la présence à' Architeuthis Harveyi Verrill dans le Golfe de
Gascogne serait-elle due uniquement au fait qu’en cette année
1935, les températures des eaux sont peu élevées ? En serait-elle
une conséquence directe, ou serait-elle due à d’autres causes qui nous
échappent encore ? Il nous paraît utile cependant de rapprocher la
capture du chalutier « Palombe » de quelques observations de
Poissons des eaux froides pêchées dans des régions plus méridio-
nales que celles qu’ils fréquentent d’ordinaire en cette saison.
C’est ainsi que pendant la deuxième quinzaine de juin des captures
de Flétan (Hippoglossus hyppoglossus) ont été faites sur les bancs
Melville et Petite Sole (chalutier « La Couhre «) et que, pendant la
même période et durant tout le mois de juillet, des Morues ont été
prises au chalut sur la Petite Sole et même sur le banc de La Cha-
pelle.
BIBLIOGRAPHIE
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Neuve). La Nature, 1874, semestre, p. 196.
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gigantesques. Journ. de Conchyl. Vol. 10, p. 124. 1862.
3. Girard. — Les céphalopodes des îles Açores et de Madère-Lisbonne,
1890. Résumé par Crosse et Fisher dans : Journ. de conchyl, Vol. XL,
p. 365. 1892.
4. Jager (J.). — Handwôrterbuch der Zool. Anthrop. und Ethnologie.
Vol. I, p. 212, 1880.
5. JouBiN. — Résuit. Camp. Sc. Monaco. Campagne 1888 (paru 1895).
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7. Miner W. — Marauders of the sea. Nat. Geog. Mag. Washington.
Vol. LXVIII, tome II, p. 201. 1935.
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10. Verrill (A.-E.). — The cephalopods of the North Eastern coast of
America, part 1. Trans. of Connecticut Acad. Vol. V, p. 176 et suiv.
1879.
11. — The cephalopods of the North Eastern coast of America. Part IL
Trans. Of Connecticut Acad. Vol. V, p. 259 et suiv. 1880.
Laboratoire de l’Office scientifique et technique des pêches maritimes de La
Rochelle et Laboratoire de Malacologie du Muséum de Paris.
Les Jardins botaniques et la conservation des espèces
RARES. — A PROPOS DE BrOMUS ARDUENNENSIS DMRT.
PAR Antoine de Cugnac.
La protection de la nature est à l’ordre du jour. L’extension des
cultures, et d’une manière générale, des établissements humains,
tend à faire disparaître partout la végétation autochtone, avec ses
groupements floristiques variés, issus de la diversité des sols, des
climats et de l’histoire, et à les remplacer par l’uniformité des espèces
cultivées, dans les champs, les prairies ou les forêts. D’autre part,
comme les méthodes agricoles, sans cesse perfectionnées, éliminent
de plus en plus toutes les plantes étrangères, nuisibles ou seulement
inutiles, dans les cultures et à leur voisinage, il est à peine prématuré
de prévoir le temps où la préservation des espèces spontanés devien-
dra en tous lieux une nécessité, et où l’on devra envisager, même
en nos régions, la création de réserves naturelles pour leur servir
de refuge.
En outre, les espèces les plus menacées ne sont pas les plantes
banales, que leur vigueur et leur fécondité mettent à l’abri d’une
destruction totale ; mais les premières à disparaître seront les rare-
tés, si l’on ne prend dès maintenant les mesures nécessaires en vue
de leur protection. Leur faible fréquence n’est autre chose, en effet,
que la traduction statistique d’une certaine infériorité biologique
(plantes délicates, exigeantes, insuffisamment pourvues de moyens
de reproduction et de dissémination), qui ne leur permet qu’excep-
tionnellement de rencontrer réunies toutes les conditions nécessaires
à leur développement, en présence des autres plantes, plus résis-
tantes ou plus prolifiques.
La persistance des espèces rares ne sera donc assurée que si on
prend soin de leur venir en aide dans la concurrence vitale (multi-
plication artificielle, sarclages locaux, etc.), ou mieux encore, si
on les soustrait à la lutte pour la vie, en les cultivant systématique-
ment dans les Jardins botaniques. C’est une nouvelle tâche, lourde
peut-être à ajouter aux missions d’enseignement et de collection
dont ils sont déjà investis, mais qu’il me paraît nécessaire de propo-
ser à ces Etablissements d’entreprendre, en raison de l’urgence du
résultat, et de l’intérêt intrinsèque que présente la conservation de
Bulletin du Muséum, 2“ s., t. VIII, n® 3, 1936.
287 —
la plupart de ces « raretés ». Il suffit, à cet égard, de citer le cas du
Gingko, dont nous ne connaîtrions sans doute pas actuellement
d’exemplaires vivants s’il n’avait été planté rituellement autour
des temples chinois. Bien que d’un ordre moins important, les parti-
cularités systématiques d’une espèce telle que Bromus arduennensis
Dmrt. ^ justifient de même les efforts que pourra nécessiter sa cul-
ture.
Cette Graminée, qui constitue à elle seule une section très parti-
culière du genre Bromus (sect. Michelaria), se distingue en effet
par des caractères spéciaux, tels que la présence d’oreillettes sur les
côtés de la glumelle inférieure, qu’on ne trouve dans aucun autre
Festucée. C’est la seule Phanérogame endémique belge; elle est
limitée à une petite région au sud-ouest de Liège et de Spa (Famenne
et Condroz), où elle se rencontre dans les moissons d’Epeautre [Triti-
cum Spelta L.), mais paraît dès maintenant en voie de régression,
ainsi d’ailleurs que cette céréale elle-même.
Découverte il y a 115 ans, par Michel et Dumortier, aux envi-
rons de Liège, elle fut l’objet, vers le milieu du siècle dernier, d’une
intense curiosité de la part des botanistes, à cause de ses carac-
tères si particuliers, et un grand nombre de Jardins botaniques la
mirent en culture.
Mais, plus tard, l’intérêt s’émoussant, elle fut peu à peu aban-
donnée, et n’est plus distribuée, à l’heure actuelle, que par quelques
jardins seulement.
On peut suivre les phases de cette extension et de ce déclin, en
compulsant les catalogues d’échanges des Jardins botaniques, dont
le Laboratoire de Culture du Muséum possède une remarquable
collection, remontant, pour bon nombre d’entre eux, jusqu’à 1840,
et parfois même au-delà de 1830 ; qu’il me soit permis de remercier
ici M. le Professeur A. Guillaumin pour l’aimable autorisation
qu’il m’a donnée de les consulter.
.J’ai relevé ainsi toutes les indications concernant l’espèce qui
nous intéresse ; elle figure habituellement sous l’un ou l’autre des
noms suivants :
Bromus arduennensis Dmrt. (souvent attribué à Kunxii, parfois
à Lejeune),
Michelaria bromoidea Dmrt. (souvent écrit M. bromoides).
Libertia arduennensis Lej.
Bromus platystachys Desf. Hort. par. (nom attribué par Desfon-
taines dans son Catalogue du Jardin des Plantes, de 1829, sou-
t. Cf. A. do CuGNAC et A. Camus, Sur quelques Bromes et leurs hybrides. 1 V. Deux
espèces messicoles en voie do disparition : Bromus ( Serrafalcus) p'ossus Desf. ex DC.,
et Bromus (Michelaria) arduennensis Dmrt. Bull. Soc. Bolan., t. 83, séance du ‘28 fé-
vrier 1936.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
19
— 288 —
vent altéré en B. polystachys, et qui ne pouvait être maintenu,
ayant déjà été employé par Lamarck pour Brachypodium dista-
chyum; mais en raison de la notoriété du Catalogue, il fut très
souvent admis dans les Jardins pour B. arduennensis).
Bromus auriculatus Rasp. (parfois attribué à Lejeune).
J’ai dépouillé dans ce but les collections des catalogues d’une
centaine de Jardins botaniques (sur près de 300 catalogues que reçoit
au total le Laboratoire de Culture), et noté la présence de l’espèce,
sous l’un des noms indiqués plus haut, pour toutes les années où
elle a été mise en distribution par ces Etablissements : on peut en
déduire approximativement la durée de culture continue de la plante
à chaque endroit (ce n’est qu’un résultat approché, car souvent
l’espèce a pu être cultivée sans être distribuée ; par contre, la déter-
mination a pu aussi être fausse, et la plante réellement absente bien
que notée au catalogue).
Le nombre des Jardins botaniques où le Bromus arduennensis a
été cultivé et distribué, à un moment quelconque, est d’après mes
relevés, de trente-cinq, répartis dans toute l’Europe (je n’en ai trouvé
mention dans aucun Jardin hors d’Europe). Mais en re^rd de ce
nombre, on ne peut plus en citer que cinq où la plante soit encore
cultivée actuellement : Liège, Copenhague, Lund (les échantillons
obligeamment fournis par ces trois Etablissements m’ont permis
de vérifier l’exactitude de la détermination), Madrid (?), Bucarest
(d’après les catalogues, il faudrait y ajouter Bruxelles, mais une
lettre récente de M. W. Robyns m’annonce qu’il s’agit d’une erreur
de détermination).
Parmi les jardins qui ont distribué ce Brome sans interruption
notable pendant au moins vingt ans, on peut citer (avec les durées
approximatives, d’après la présence de l’espèce sur les catalogues
d’échanges) :
Liège (depuis plus de 100 ans), Madrid (depuis 75 ans), Copen-
hague (pendant 50 ans, graines provenant de Gênes, jusqu’en 1906 ;
puis depuis 12 ans, semences de Liège ^), Paris (pendant 65 ans,
jusqu’en 1904), Bordeaux (45 ans, juscju’en 1897), Valence (45 ans,
jusqu’en 1889), Palerme (30 ans, jusqu’en 1885), Leningrad (Saint-
Pétersbourg) (25 ans, jusqu’en 1926), Louvain (25 ans, jusqu’en
1870), Gand (25 ans, jusqu’en 1863), etc.
La répartition géographique des 35 Jardins où la plante a été
cultivée est la suivante (en commençant, dans chaque pays, par les
Jardins où elle a été conservée le plus longtemps ; les noms en itali-
ques sont ceux des Jardins où elle est actuellement cultivée et dis-
tribuée).
i. Renseignoments aimablement communiqués par M. Axell Lance, Couservateur
du Jardin botanique de Copenhague.
/
- 289 —
Belgique : Liège, Louvain, Gand, Bruxelles, Anvers.
France : Paris, Bordeaux, Montpellier, Dijon, Angers.
Allemagne : Berlin, Halle, Heidelberg, Munich, Karlsruhe.
Italie ; Palerme, Gênes, Naples, Florence, Modène, Trieste.
Espagne : Madrid, Valence.
Portugal : Coïmbre.
Suisse : Zurich, Bâle.
Suède : Lund, Upsal.
Danemark : Copenhague.
Norvège ; Oslo.
Grande-Bretagne : Edimbourg.
Pologne : Cracovie.
Bussie : Leningrad.
Boumanie : Bucarest.
Yougoslavie : Belgrade.
La variété de cette répartition montre que le B. arduennensis
s’accommode des climats les plus divers ; il demande seulement à
être semé assez tôt en automne, à cause de son cycle végétatif très
long, presque bisannuel. Certains jardins ont signalé aussi qu’il
supportait mal les hivers rigoureux ; mais en conservant une réserve
de semences, on peut faire face à tout accident de ce genre.
On voit par là que cette plante, dont la distribution naturelle est
si limitée, peut être conservée en culture dans des jardins très variés,
où elle se maintient en plein air et fournit normalement des semences.
En organisant méthodiquement sa culture dans ces établissements,
on pourra donc être assuré de la persistance de l’espèce, même si
elle venait à disparaître de ses stations naturelles. Comme la réalisa-
tion de cette dernière hypothèse n’est peut-être malheureusement
pas très éloignée, il me paraît utile de signaler l’opportunité d’une
telle tâche aux Directeurs des Jardins botaniques qui voudront >
bien s’intéresser à cette Graminée.
Par ailleurs, comme la disparition progressive d’un certain nom-
bre d’espèces sauvages, indigènes ou exotiques, semble devoir être
aussi envisagée prochainement, la mise en culture systématique des
plantes rares dans les Jardins botaniques est peut-être le meilleur
moyen d’éviter les conséquences de la rationalisation moderne,
désastreuse pour les biologistes.
- 290 —
Sur quelques points de la tectonique de la région
DE Meyrueis (Lozère)
PAR R. AbRARD.
La région de Meyrueis située en plein système faillé, au contact
des Causses et du Massif ancien de l’Aigoual, permet d’intéressantes
observations tectoniques. Le contact anormal entre le Lias et les
schistes siluriens rnétamorphisés s’observe dans le lit de la Brèze,
à 150 m. environ à l’amont du pont sur lequel passe le chemin de
Meyrueis au hameau d’Ayres. Les calcaires pliensbachiens ont un
pendage de 25 à 30° vers le N.-W. ; une solution de continuité de
quelques mètres les sépare des schistes métamorphiques qui ont
exactement le même pendage, de sorte que l’on pourrait penser que
le Pliensbachien repose sur eux avec une lacune, mais sans discor-
dance ; mais en d’autres points, la faille, qui se dirige vers le N.-E.
est évidente ; c’est elle qui au N,-E. d’Ayres place en contact anormal
le Bajocien dolomitique et les calcaires en plaquettes de l’Hettan-
gien. Les calcaires dolomitiques paraissent en ce point très redressés,
mais ce n’est qu’une apparence provenant de l’érosion particulière
aux dolomies ; ils sont seulement affectés d’un pendage de 25° envi-
ron vers le N.-W.
Les calcaires hettangiens qui affleurent largement à l’Est, où ils
reposent directement sur les schistes métamorphiques, par l’inter-
médiaire du niveau gréseux signalé antérieurement ont un pen-
dage moins accnsé que les dolomies bajociennes au contact de la
faille la plus orientale actuellement en c|uestion. Ce pendage s’at-
ténue encore plus à l’Est, et l’Hettangien devient presque tabulaire
notamment à la cote 1.002 ; il repose avec une nette discordance sur
les schistes métamorphiques dont le pendage est variable suivant
les points. 8 km. plus au N.-E., la montée du col de Perjuret permet
d’observer sur le flanc gauche de la vallée, l’Hettangien subhoiizon-
tal reposant sur les schistes anciens redressés, avec interposition de
Trias.
A la bergerie située au N.-E. d’Ayres j’ai reconnu la présence de
1. René Abrard. Observations stratigraphiques aux environs de Meyrueis (Lozère).
C. R. som. S. G. F., p. 107-108, 1936.
Bulletin du Muséum, 2® s. ,t. VIII, n° 3, 1936.
très nombreux blocs fossilifères renfermant notamment Pecten
æquwalvis Sow. ; ces blocs appartiennent très vraisemblablement au
Domérien mais je n’ai pu observer d’une manière nette leur relation
avec le terrain en place ; peut-être leur présence est-elle due à l’exis-
tence d’une faille secondaire qui placerait le Domérien en contact
anormal avec l’Hettangien.
Le contact entre les Causses et le Massif ancien de l’Aigoual se
fait par une série de failles longitudinales. De grandes failles presque
orthogonales aux précédentes s’étendent sur de grandes distances
vers l’Ouest, telle celle qui passant par Meyrueis s’étend sur une
grande partie du Causse Noir. Au voisinage de cette dernière, au-
dessus de Meyrueis, les couches du Jurassique inférieur sont forte-
ment redressées avec un pendage sensiblement N. On peut admettre
qu’il s’agit là d’une influence directe de la faille, car ce pendage est
beaucoup plus accentué que celui du Lias inférieur et notamment de
l’Hettangien, à proximité du contact par faille avec les schistes
métamorphiques.
Des accidents perpendiculaires de moindre importance existent
dans la région, et du hameau d’Ayres on peut en observer un dans
la falaise orientale du Causse Méjean dominant la rive droite de la
Jonte. Une faille affecte là le Jurassique inférieur, et au Sud, les
couches plongent très légèrement vers le Sud, en opposition avec le
pendage général dans la région. Sur la lèvre Nord de la faille, les
couches forment un pli très prononcé, arrivant à plonger de plus
de 450 vers le Sud.
— 292
Faune DES SABLES a Nummulites variolarius de Lévignen
(Oise)
PAR L. ET J. Morellet.
Les sables auversiens à N. variolarius de Lévignen (couche n° 20
de la coupe que nous avons donnée de cette localité renferment une
faune très riche.
Toujours délicat dans les couches à faciès de charriage, le partage
entre les éléments contemporains du dépôt et ceux arrachés à des
formations antérieures est ici particulièrement difficile. A Lévignen,
en effet, à côté d’échantillons, parfois très roulés, mais authentique-
ment auversiens, on rencontre un certain nombre d’espèces générale-
ment considérées comme localisées dans des formations plus an-
ciennes, notamment des espèces lutétiennes, dans un si bon état de
fraîcheur et de conservation qu’on peut se demander, en l’absence
de toute gangue susceptible de nous renseigner sur leur origine, si
elles n’ont pas réellement vécu dans la mer auversienne. Seule une
connaissance parfaite des caractères qui différencient les représen-
tants lutétiens et auversiens d’une même espèce permettrait de
trancher la question ; malheureusement, dans la plupart des cas,
Tétude de ces variations presque imperceptibles est encore à faire et
c’est à peine si nous avons pu tenter quelques timides applications
de cette méthode.
Après bien des hésitations, nous nous sommes arrêtés à la solu-
tion suivante. De la liste que nous donnons ci-dessous nous n’avons
écarté que les espèces qui nous ont paru incontestablement rema-
niées, telles que :
Nummulites planulatus (Lk.).
Nummulites lævigatus (Brug.).
Orbitolites complanatus Lk.
Cyrena cuneiformis Fér.
Corbis subpectunculus d’ÛRB.
Tympanotonus funatus (Makt , etc.
mais nous y avons fait figurer toutes les autres, en prenant soin
toutefois d’indiquer celles dont l’âge auversien n’était pas certain.
1. L. et J. MoiiELi.ET, Coupe dans le Bartonien de Lévignen (Oise). Bull. Muséum
d’Hisl. nal., 2'^ série, t. V, 1933, p. 253-256.
Bulletin du Muséum, 2*^ s., t. VIII, n° 3, 1936.
293 —
Il est probable que, de ce fait, notre liste est trop longue, mais, si
nous avions systématiquement retranché les coquilles au sujet des-
quelles s’élève un doute, nous aurions très vraisemblablement commis
l’erreur inverse
Vertébrés :
Otolithes et débris de Poissons.
ForaminifÈres ;
A C Nummulites çariolarius (Lk.).
Spirolina sp.
Alveolina sp.
Rotalina sp.
Rosalina sp.
Vali>ulina globularis d’ORB.
Riloculina hulloides d’ORB.
Fabularia discolithes Defr.
Triloculina (plusieurs espèces).
Quinqueloculina (plusieurs espèces dont Q. læçigata d’ORB.).
Nummulites variolarius mis à part, tous ces Foraminifères
pourraient n’être que des fossiles lutétiens remaniés.
Coelentérés :
A C Axopora Solanderi (Defr.).
AC Turbinolia sulcata Lk.
A C Sphenotrochus crispus (Lk.).
A Phyllocœnia irregularis (Micii.).
A C Stylocœnia emarciata (Lk.).
A C Astrea (?) cylindrica Defr.
A Trochoseris distorta (Mien.).
A C Lobopsammia cariosa (Mich.).
A C Dendracis Solanderi (Defr.).
A Astreopora asperrima (Mich.).
Litharsea sp.
1. Pour faciliter la comparaison de la faune dos sables à JV. variolarius de Lévignen
avec celle des autres gisements, nous avons sur notre liste fait précéder de la lettre A
(Auvers) et / ou de la lettre C (Gaumont) les espèces de Lévignen connues à Auvers
et / ou à Gaumont. Nous ferons remarquer qu’il en est un certain nombre qui, ayant
été trouvées récemment par nous à Auvers ou à Gaumont, ne figurent pas sur les listes
de fossiles de ces localités. Voir ;
L. et J. Morellet. Gontribution à l’étude de la Faune des Sables moyens d’Auvers.
Bull. Muséum, 2® série, III, 1931, p. 702 (où l’on trouvera la bibliographie relative à
Anvers) ;
L. et .1. Morellet. Faune des Sables à Nummulites varinlatius de Gaumont (S.-et-
M.). Bull. Muséum, 2® série, IV, 1932, p. 446.
- 294 —
Echinides :
Macropneustes minor (Ag.).
Baguettes et plaques diverses.
Plusieurs petites espèces, probablement d’origine lutétienne.
Bryozoaires :
Quelques débris peu déterminables (Lunulites, etc.).
Ostracodes.
Crustacés :
Pélécypodes :
A Clapa^ella coronata Desh. .
A. Gastrochœna arnpullaria Lk.
A C Aspidopholas scutata (Desh.).
A Martesia aperla (Desh.).
A Martesia conoidea (Desh.).
M. aperta et M. conoidea ne sont à nos yeux que les deux
formes extrêmes d’une même espèce. D’après les descriptions
originales de Deshayes M. conoidea serait caractérisée par
sa forme conoïde allongée, par sa coquille « occlusa », et M.
aperta par sa forme subtétragone, par sa coquille i^hiantissirna)).
Le caractère de la fermeture ou du bâillement de la coquille
est sans valeur et dépend simplement de la présence ou de
l’absence du callum. Quant à celui tiré de la forme, il n’a pas
plus d’importance. Nous avons en effet pu nous convaincre,
sur une plaquette calcaire perforée par une abondante colonie
de Martesia qu’au centre tous les individus sont conoïdes
allongés (M. conoidea) alors que sur les bords ils sont subté-
tragones (M. aperta), avec tous les intermédiaires entre ces
deux termes.
A C Solen gracilis Sow.
A Solen plagiaulax Cossm.
Sphenia rostrata (Lk.).
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens, mais nous ne sommes pas certains qu’elle soit re-
maniée.
A C Corbulomya suhcomplanata d’Onn.
A C Corbula gallica Lk.
A C Corbula pisum Sow.
A C Corbula minuta Desh.
1. Mémoire géologique sur les fossiles de Valmondois et principalement sur les
coquilles perforantes découvertes dans le grès marin inférieur. Mémoires Soc. Hist.
nat. Pa'is, t. I, 1823, p. 215-258, pl. 15.
— 295 -
AG
A
A
A
AC
AC
A
AC
A
A C
AC
AC
A
AC
AC
C
AC
AC
AC
AC
AC
AC
AC
AC
Corhula Lamarcki Desh.
Corbula pixidicula Desh.
Corhula costata Sow.
Cuspidaria cochlearella (Desh.)
Cuspidaria cancellata (Lk.).
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens ; nous ne pensons cependant pas qu’elle soit rema-
niée.
Mactra semisulcata Lk.
Mactra contortula Desh.
Mactra compressa Desh.
Abra Deshayesi (Bosq.).
Tellina tellinella (Lk.).
Tellina striatissima Desh.
Strigilla lunulata (Lk.).
Strigilla subelegans (d’Ons.).
Homalina Lamarcki (Desh.).
CossMANN a figuré ^ la charnière de cette espèce. Si la valve
gauche est exactement représentée, la valve droite a été
dessinée d’après un individu mutilé. En réalité 3b est bifide
et inclinée vers l’arrière, ne laissant presque aucune place
pour la fossette signalée en arrière des dents ; la dent 3a
figurée n’est que le rebord dentiforme de AI et la véritable 3a,
plus petite, se trouve un peu en arrière. La valve reproduite
par CossMANN avait perdu 3a et la moitié de 3b.
Psammodonax ohtusalis (Desh.).
Garum rude (Lk.).
Donax am>ersiensis Desh.
Donax parisiensis Desh.
Donax retusa Lk.
Donax lanceolata Desh.
Egerella nitida (Lk.).
Marcia subglobosa (d’Onn.).
Marcia solida (Desh.).
Marcia scobinellata (Lk.).
Cette espèce n’a été signalée dans les Sables moyens que du
gisement également charrié de Mary ; elle est peut-être
remaniée.
Meretrix lævigata (Lk.).
Meretrix Heberti (Desh.).
Meretrix parisiensis (Desh.).
Meretrix nitidula (Lk.).
Meretrix striatula (Desh.).
1. Catalogue illustré des Coquilles fossiles de î’Eocène des environs de Paris, Appen-
* dice 5, Bruxelles, 1913, p. 30.
— 296
AC
AC
A C
A
AC
AC
A
AC
A
AC
A
AC
AC
AC
AC
A
A C
C
AC
C
AC
A C
Meretrix distans (Desh.).
Meretrix elegans (Lk.).
Sunetta trigonula (Desh.).
Clementia Deshayesi Cossm.
Une valve gauche. Cette valve, qui n’a jamais été ni décrite
ni figurée, présente la charnière suivante : plateau cardinal
étroit, sinueux, formant une fossette profonde sous la lunule ;
3 dents très saillantes, minces et lamelliformes ; 2a et 2b
réunies à leur sommet par une courbe en demi-cercle ; 2a courte,
d’abord perpendiculaire sous le crochet, puis recourbée en
avant ; 2b très oblique, à peu près rectiligne, très allongée et
débordant le plateau cardinal ; 4b naissant un peu en arrière
du sommet de 2b, longue et légèrement cintrée. L’écart entre
4b et 2b est bien moindre qu’entre 2b et 2a.
Cyrena rohorata Desh.
Cyrena deperdita Desh.
Cardium porulosum Sol.
Cardium granulosum Lk.
Cardium obliquum Lk.
Papyridea capsoides (Bayan).
Nemocardium parile (Desh.).
Goniocardium rachitis (Desh.).
Lithocardium apiculare (Lk.).
Chama calcarata Lk.
Chama fimbriata Defr.
Chama turgidula Lk.
Sportella depressa Desh.
Corbis lamellosa Lk.
Diplodonta consors Desh.
11 semble bien que cette espèce, dont le type est cuisien,
ait également vécu dans les Sables moyens ; de Ratxcourt ^
l’a signalée, avec doute il est vrai, à Verneuil et nous-mêmes ^
l’avons trouvée au Gouffre (Vallée du Petit Morin).
Miltha callosa (Lk.).
Phacoides inornatus (Desh.).
Phacoides (Desh.) forme typique et var. striatella Desh.
Phacoides intusplicatus (Cossm.).
Dioaricella Rigaulti (Desh.).
Kellya (Diçarikellya) n. sp.
Forme générale analogue à celle de K. nitida, mais un peu
plus circulaire et plus bombée ; crochets plus saillants et
1. Note sur un gisement de la partie supérieure des sables moyens, B. S. G. F., (21,
XVII, 1860, p. 499.
2. .Sur le Bartonien de la vallée du Petit Ivlorin entre la Ferté-sous-Jomrre et Ver-»
delot, B. S. G. F., (4', XXVII, 1927, p. 207-215.
— 297 —
AC
A
AC
A C
AC
A
A C
AC
AC
C
C
C
C
AC
AC
AC
C
AC
obliques ; surface externe lisse, avec quelques stries d’accrois-
sement peu marquées ; Surface interne ornée de côtes rayon-
nantes espacées, visibles surtout près du bord palléal, rappe-
lant celles de K. obliqua ; charnière largement échancrée sous
le crochet, plus que chez K. nitida ; 1 minuscule mais très
nette ; PI très saillante et écartée du crochet. Hauteur 6 mm. ;
largeur 7 mm.
Crassatella gibbosula Lk.
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens ; nous ne sommes pas certains qu’elle soit remaniée.
Crassatella trigonata Lk.
Crassatella lævigata Lk.
Cette espèce n’a été signalée dans les Sables moyens que du
gisement également charrié du Fayel. Elle est peut-être
remaniée.
Cardita as per a Lk.
Cardita calcitrapoides Lk.
Venericardia planicosta Lk.
V enericardia complanata Desh.
Venericardia acuticostata Lk.
Venericardia angusticostata Desh.
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens ; elle n’est vraisemblablement pas remaniée.
V enericardia sulcata (Sol.).
Venericardia Daoidsoni (Desh.) oar. imperfecta Desh.
Venericardia propinqua (Desh.).
Nous n’avons pas trouvé à Lévignen la forme typique, mais
plusieurs variétés, dont l’une, quadrangulaire, était connue
de Deshayes (Caumont).
Pteromeris caumontiensis (Desh.).
Condylocardia atornus (Desh.).
Microstagon miliare (Lk.).
Cette espèce, que nous connaissons également de Caumont
et de Montmarlet, n’avait pas encore été signalée dans les
Sables moyens ; nos échantillons ne sont pas plus roulés que
ceux des gisements lutétiens.
Microstagon Deshayesi Cossm.
Microstagon productum (Cossm.).
Lutetia deficiens Cossm.
Nucula Cossrnanni E. Vinc.
Leda costulata Desh.
Trinacria cancellata (Desh.).
Trinacria crenata Cossm.
T. crenata n’est à nos yeux que le jeune de T. cancellata.
Avec l’âge, la forme devient transverse, la charnière s’étale
— 298
et le nombre des dents augmente, la carène anale s’adoucit
et les crénelures antérieures s’atténuent.
C Trinacria deltoidea (Lk.).
Nos échantillons ne sont pas plus roulés que ceux de T.
media ; nous ne pensons pas qu’ils soient remaniés. Nous avons
également récolté cette espèce à Gaumont et à Montmarlet.
AC Trinacria media (Desh.).
C Limopsis nana (Lk.).
A C Axinæa pulvinata (Lk.).
A C Axinæa depressa (Desh.).
A C Axinæa dissimilis (Desh).
Axinæa nuculata (Lk.).
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens ; il n’est pas impossible qu’elle soit remaniée. Nous la
connaissons de plusieurs gisements auversiens (Reuil-en-Brie,
Montmarlet).
A C Area biangula Lk.
A Area minuata Desh.
A C Barbatia scabrosa (Nyst).
A C Barbatia appendiculata (Sow.).
A Barbatia Bernayi (Desh.).
A Barbatia Edwardsi
A Barbatia angusta (Lk.).
Cette espèce n’a été signalée dans les Sables moyens que de
gisements à faciès charrié (Auvers, Valmondois, Cresnes), mais
nous ne sommes pas certains qu’à Lévignen elle soit remaniée.
Barbatia punctifera (Desh.).
C F ossularca quadrilatera (Desh.).
Malgré son abondance à Lévignen, cette espèce pourrait; y
être remaniée.
A C F ossularca lissa (Bayan).
A C F ossularca scapulina (Lk.).
Cette espèce pourrait être remaniée ; nous en connaissons
cependant des échantillons très frais provenant des sables de
Cresnes.
C Modiolaria Piethei Desh.
C Modiolaria arenularia (de Rainc. et Mun.-Ch.).
Chlamys plebeius (Lk.).
A C Ostrea cucullaris Lk.
A C Ostrea lamellaris Desh.
A C Ostrea Cossmanni Dollf.
A C Ostrea extensa Desh.
Ostrea flabellula Lk.
A C Ostrea cubitus Desh.
A Anomia tenuistriata Desh.
- 299 -
SCAPHOPODES :
A C Dentalium grande Desh.
A Dentalium fissura Lk.
C Dentalium subeburneum (I’Orb.
A C S iphono dentalium parisiense (Desh.).
Siphonodentalium Bouryi Cossm.
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens.
Siphonodentalium bilabiatum (Desh.).
Gastropodes ;
A Emarginula auoersiensis Desh.
Tinostoma rotellæforme Desh.
T inostoma n. sp.
C’est la forme que Cossmann ^ avait réunie provisoirement
à T. mite à titre de variété. Cette espèce est caractérisée par de
très forts sillons, non ponctués, et s’ari étant au voisinage
du labre, par sa base arrondie et par sa callosité columellaire
ne recouvrant pas entièrement l’ombilic. L’écbantillon de
la collection Cossmann (Acy) a la base sillonnée ; ceux que
nous possédons (Lévignen, Montmarlet) ont la base lisse, mais
cette différence n’a pas d’importance à nos yeux car nos
échantillons ne sont pas adultes.
C Tinostoma trigonostoma Desh.
Nous signalerons une erreur dans le numérotage des figures
de la PI. 63 de Deshayes T. trigonostoma y est représenté
fig. 8-11 et non fig. 5-7, ces dernières correspondant en réalité
à T. margaritula. Il y a, dans la légende comme dans le texte,
interversion des figures pour ces deux espèces.
A C Tinostoma complanatum Desh.
Tinostoma dubium (Lk.).
A C Delphinula lima Lk.
A Solariella tricincta (Desh.).
A Eumargarita s pirata (Lk.).
A C Calliostoma moniliferum (Lk.).
A C Collonia callifera (Desh.).
A C Collonia striata (Lk.).
Cette espèce n’a été signalée dans les Sables moyens que
du gisement à faciès charrié d’ Anvers ; nous la connaissons
également de Caumont. Quoique peu rare à Lévignen et sou-
vent en bon état de conservation, elle pourrait être remaniée.
1. Loc. cil., supplément, Bruxelles, 1892, p. 42.
2. Description des Animaux sans vertèbres découverts dans le Bassin de Paris,
Paris, 1856-1865.
- 300
A
AC
AC
A
AC
AC
AC
C
C
AC
A
A
A
AC
A C
C
Collonia defecta Pez.
Collonia ohsoleta Cossm.
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens. Nous ne sommes pas certains qu’elle soit remaniée.
Collonia minutissima (Desh.).
Phasianella turhinoides Lk.
Cette espèce ne se rencontre sous sa forme typique que dans
les gisements charriés des Sables moyens (Acy, le Fayel,
Monneville) ; elle y est peut-être remaniée.
Tomostoma neritoides (Desh.).
Syrnola misera (Desh.).
Syrnola Bernayi Cossm.
Syrnola spina (Desh.).
Syrnola arcta (Desh.).
Odontostornia hordeola (Lk.).
Odontostomia rnediana Desh.
On trouve à Lévignen, outre la forme typique, une variété
plus allongée, à base plus anguleuse, variété qui n’est pas
rare dans les Sables moyens.
Odontostomia minor Desh. *
Odontostomia miliola (Lk.).
Turhonilla compta Desh.
Niso terebellata (Lk.).
C’est la forme typique lutétienne que l’on rencontre à
Lévignen, et non celle des Sables de Cresnes à laquelle Coss-
MANN a donné le nom de N. Morleti.
Scala affinis Desh.
Acirsa auoersiensis (Desh.).
Adeorbis intermedius Desh.
Natica epiglottina Lk.
Natica lineolata Desh.
Natica cepacæa Lk.
Cette espèce, qui toutefois a été signalée par Chédeville
au Guépelle se rencontre surtout dans les gisements à faciès
charrié (la Ferté, Crouy, Betz, Caumont, Mary, Bézu-le-Guéry,
Cresnes). A Lévignen, certains échantillons usés sont indubi-
tablement remaniés à en juger d’après leur gangue interne ;
mais d’autres, d’une grande fraîcheur, sont remplis de sable
à N. oariolarius et pourraient avoir vécu dans la mer auver-
sienne.
Natica hantoniensis (Pilk.).
Natica labellata Lk.
1. Liste générale et synonymiquc des Fossiles tertiaires du Bassin de Paris. Bull.
Scc. El. Sc. liât. d’Elheuf. Elbeuf, 1899, p. 286.
301
AC Ampullina sigaretina ÇLk.).
C Ampullina patula (Lk.).
Cette espèce n’a jamais été signalée dans les Sables moyens
que de gisements à faciès charrié (Betz, Crouy, Caumont) ;
il est très possible qu’elle soit remaniée.
Ampullina semipatula (Desh.).
Notre détermination est basée sur un échantillon identique
à des A. semipatula de Retheuil (Cuisien) de la collection
Deshayes. Son état de fraîcheur ne nous permet pas d’ad-
mettre qu’il s’agit d’une coquille remaniée.
A C Ampullina parisiensis (d’OnB).
A C Ampullina Edwardsi (Desh.).
A C Ampullina ponderosa (Desh.).
A C Ampullospira hybrida (Lk.).
A Limnoscala cliona (de R. et Mun.-Ch.).
A C Xenophora cumulans (Brongn.).
A C Xenophora agglutinans (Lk.).
A C Xenophora patellata (Desh.).
C Capulus pennatus (Lk.).
A C Capulus squamæformis (Lk.).
A C Calyptræa aperta (Sol.).
C Hipponyx cornucopiæ (Lk.).
A C Hipponyx dilatatus (Lk.).
A C Hipponyx patelloides Desh.
A C Lapparentia irregularis (Desh.).
Nous avons récolté à Lévignen, outre l’espèce typique luté-
tienne, une forme voisine, spéciale aux Sables moyens, toujours
plus petite et plus pupoïde ; ses tours sont moins convexes
et le renflement columellaire est moins accusé. Nous serions
tentés d’en faire une espèce distincte.
A C Rissoa nana (Lk.).
C Rissoina claoula Desh. ,
Cette espèce, déjà signalée de gisements à faciès charrié
(Caumont) ou non (Beauchamp, Rosières), est vraisemblable-
ment remaniée à Lévignen.
A Rissoina cochlearclla (Lk.).
Cette espèce n’a jamais été signalée dans les Sables moyens
que de gisements à faciès charrié ; à Lévignen il n’est pas
certain qu’elle soit remaniée.
A Rissoina ]allax Desh.
C Paryphostoma eximium (Desh.).
A Solarium canaliculatum Lk.
A C Homalaxis marginata (Desh.).
Il est possible que dans les Sables moyens cette espèce soit
— 302 —
remaniée ; on ne l’y rencontre le plus souvent que dans un très
mauvais état de conservation.
A C Faunus clavosus (Lk.).
A C Bayania lactea (Lk.).
C Bayania minutissima (Desh.).
Bayania essomiensis Cossm.
Ces deux dernières espèces n’avaient pas encore été signa-
lées dans les Sables moyens. Peu rares à Lévignen, elles sont
dans un très bon état de conservation et rien ne nous permet
d’affirmer qu’elles y sont remaniées. Nous venons de récolter
B. minutissima à Gaumont.
AC Turritella sulcifera Desh.
A Turritella Oppenheimi Newton.
Les échantillons de Lévignen sont très peu roulés ; nous ne
pensons pas qu’ils soient remaniés.
C Turritella^ imbricataria Lk.
Cette espèce, qui n’a jamais été signalée dans les Sables
moyens, se rencontre également à Caumont et à Bézu-le-
Guéry ; rien ne prouve qu’elle soit remaniée.
AC Turritella prænominata Cossm.
C Turritella Lamarcki Defu.
Cette espèce n’est connue dans les Sables moyens que de
gisements à faciès charrié (Acy, Caumont) ; il n’est pas certain
qu’elle soit remaniée.
AC Turritella inter posita Desh.
AC Turritella copiosa Desh.
A C Mesalia Heherti (Desh,).
C Mesalia fasciata (Lk.).
Toujours plus ou moins roulée dans les Sables moyens, cette
espèce semble localisée dans les gisements à faciès charrié ;
il n’est pas impossible qu’elle y soit remaniée.
A C Mesalia solida (Desh.).
Mesalia multisulcata (Lk.).
Cette espèce n’avait pas encore été signalée dans les Sables
moyens ; il est possible qu’elle soit remaniée.
A Mesalia sulcata (Lk.).
Mathildia turritellata (Lk.).
Mathildia Bezançoni de Boury.
A C V ermetus clathratus (Desh.).
V ermetus conicus (Lk.).
Cette espèce, qui n’avait pas encore été signalée dans les
Sables moyens, pourrait être remaniée. Nous la connaissons
également des Sables de Cresnes (Quoniam).
A C Tenagodes mitis (Desh.).
C Cerithiurn serratum Brug.
— 303 -
C
AC
A
AC
AC
AC
C
A C
AC
AC
AC
A
AC
C
AC
Cerithium denticulatum Lk.
Cerithium Brocchii Desh.
Cerithium tuberculosum Lk.
Cerithium maryense Mun-Ch.
Cerithium Graçesi Desh.
Cerithium tiara Lk.
Bien que l’échantillon que nous avons récolté à Lévignen
soit très frais, nous ne sommes pas certains qu’il ne soit pas
remanié.
Cerithium lamellosum Lk.
C’est bien le véritable C. lamellosum que l’on récolte à Lévi-
gnen, alors que les échantillons signalés à Acy-en-Multien
seraient en réalité C. Morgani d’après Boussac
Cerithium (Campanile) auversiense d’Orb.
Cerithium (Campanile) paratum Desh.
Cerithium Hericarti Desh.
Rhinoclaois unisulcatus (Lk.).
Sandbergeria decussata (Lk.).
Sandbergeria turbinopsis (Desh.).
H emicerithium incommodum (Desh.).
Hemicerithium terebrale (Lk.).
Il est possible que l’échantillon récolté à Lévignen soit
remanié, comme celui de Valmondois signalé par Cossmann
mais il ne faut pas oublier que Chédeville ^ a signalé l’espèce
de gisements auversiens non charriés.
Bittium semigranulosum (Lk.).
Bittium acuminiense (Desh.).
Bittium cancellatum (Lk.).
L’espèce est peut-être remaniée à Lévignen, comme dans
ses autres gisements auversiens connus (Acy, le Fayel, Val-
roondois).
Bittium dulciculum (Desh.).
T enuicerithium fragile (Desh.).
Cette espèce n’avait jamais été signalée dans les Sables
moyens ; nous la connaissons également de Caumont et de
Montmarlet. Il n’est pas certain qu’elle soit remaniée.
T enuicerithium costulatum (Lk.).
Cette espèce n’a été signalée dans les Sables moyens que de
gisements à faciès charrié (Acy, Cresnes) ; il est très possible
qu’elle soit remaniée.
Newtoniella trifaria (Desh.).
1. Essai sur révolution des Céritliidés dans le Mésonummulitique du Bassin de Paris,
Annales Hébert, VI, Paris, 1912, p. 3fi (en note).
2. Lee. cil., 4® fasc., Bruxelles, 1889, p. 29.
3. Loc. cit., p. 352.
Itulleiin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936. 20
304 —
A Cerithiopsis alveolata (Desh.).
A C Ogivia brevicula (Cossm.).
Trypanaxis umhilicata (Lk.).
Il est possible que cette espèce soit remaniée à Lévignen.
A C Potamides lapidum (Lk.).
A C Potamides cristatus (Lk.).
C Potamides confluens (Lk.).
Potamides tricarinatus (Lk.).
C’est la forme typique lutétienne que nous avons récoltée à
Lévignen, aussi nous demandons-nous si elle n’est pas remaniée.
Potamides conoideus (Lk.).
Cette espèce, peut-être remaniée à Lévignen, n’était connue
dans le Bartonien que des Sables de Cresnes où elle est repré-
sentée par une mutation signalée par Boussac et que Cossmann
et Pissarro ont reproduite dans leur Iconographie ^ sous le
nom erroné de Tympanotonus Semperi. Le véritable Cerithium
Semperi de Deshayes est bien distinct.
A C Potamides angulosus (Lk.).
A Potamides scalaroides (Desh.).
C Tympanotonus suhmar ginatus (d’Orb.).
A C Tympanotonus conarius (Bayan).
A C Batillaria pleur otomo ides (Lk.) et oar. lineolata Desh.
A C Batillaria calcitrapoides (Lk.).
C Batillaria echidnoides (Lk.).
A C Batillaria Bouei (Desh.).
A C Rimella fissurella (Linné).
C Rimella lahrosa (Sow.).
A C Rostellaria fissura (Coq. et Br.).
Toujours en très mauvais état de conservation dans les
Sables moyens, cette espèce y est probablement remaniée.
C Rostellaria athleta d’Orb.
C Terehellum conoolutum Lk.
C Cypræa inflata Lk.
Pirula elegans Lk.
La forme de Lévignen est identique à celle de Valmondois,
remarquable par la disparition des stries sur la partie la plus
bombée du dernier tour.
Cassidea cancellata (Lk.).
Un échantillon intact de Lévignen prouve que cette espèce
fait bien partie de la faune bartonienne. Elle n’était connue
jusqu’à présent, dans les Sables moyens, que par quelques
fragments (Valmondois).
A C Cassidaria rctusa Desh.
1. Iconographie complète des Coquilles fossiles de l’Eocènc des environs de Paris,
Paris, 1904-1913. Tome II, pl. XXIX.
— 305 —
A C Cassidaria coronata Desh.
Murex tricarinatus Lk.
Cette espèce qui n’avait pas encore été signalée dans les
Sables moyens est probablement remaniée.
Murex calcitrapoides Lk.
Cette espèce qui n’est connue dans les Sables moyens que
de gisements à faciès charrié (le Fayel, Acy), pourrait être
remaniée.
A C Murex asper (Sol.).
A Vitularia crassicostata (Desh.).
A C Cominella deserta (Sol.).
A C Tritonidea subandrei (d’Orb.).
A C Strepsidura turgida (Sol.).
A C Melongena minax (Sol.).
A C Sycum hulbus (Sol.).
A C Sycum pirus (Sol.).
Les échantillons de X^évignen sont de deux sortes : les uns,
très frais, à carène à peine marquée, sont certainement auver-
siens ; les autres, souvent très usés, correspondent aux figures
de Deshayes de Pirula subcarinata et sont vraisemblablement
remaniés.
A C Sycum bulbiforme (Lk.).
A C Claçilithes scalaris (Lk.) (= longæçus Cossm. non Sol.).
Cette espèce est représentée, à Lévignen par un très grand
nombre d’échantillons et de nombreuses variétés dont aucune
ne correspond au longæous de Solander. Outre la forme géron-
tique qui a servi de type à Deshayes pour le Fusas scalaris,
on rencontre des individus plus petits rappelant ceux du
Guépelle et toute une série de formes à carène peu accusée,
les uns se rapprochant de C. parisiensis, les autres de C.
macrospira, d’autres enfin des Claoilithes de Bracklesham
supérieur décrits par M. A. Wrigley ^ et particulièrement de
son C. contahulatus .
Claoilithes Solanderi Cossm. et Piss. (=;= Solanderi Grabau ?)
Un seul échantillon, assez mauvais, identique au C. Solanderi
de Vendrest figuré dans l’ Iconographie, pl. LXV.
A Claoilithes parisiensis (Mayer).
Cette espèce, très difficile à discerner de certaines variétés
de C. scalaris, pourrait être remaniée à Lévignen.
A C Claoilithes conjunctus (Desh.).
A C Claoilithes Noæ (Chemn,).
On trouve à Lévignen des échantillons usés dont l’origine
lutétienne est peu douteuse ; mais nous avons également
1. Notes on English Eocene Mollusca with descriptions of new species. II. The Fusi-
nidæ. Prccecd. Malacol. Soc. Londres, XVII, 1927, p. 227, pl. XXXIV, fig. II.
306
c
AC
AC
C
C
AC
AC
AC
AC
AC
AC
AC
A
AC
AC
A
AC
AC
AC
C
C
A
AC
récolté un C. Noæ très frais que nous ne pouvons considérer
comme remanié.
Clavilithes angulatus (Lk.).
Fusus dissimilis Desh.
Conomitra fusellina (Lk.).
Turricula cancellina (Lk.).
Turricula terebellum (Lk.).
Cryptochorda stromhoides (Herm.).
Volutilithes muricinus (Lk.).
Cette espèce, malgré la fraîcheur des très gros fragments
que nous avons récoltés, est vraisemblablement remaniée ;
elle n’avait pas encore été signalée dans les Sables moyens.
Volutilithes Goldfussi (Desh.).
Athleta scabricula (Sol.).
Athleta depauperata (Sow.).
Athleta labrella (Lk.).
Athleta strombiformis (Desh.).
Athleta cithara (Lk.). et mr. oentricosa Defr.
Athleta mutata (Desh.).
Athleta bulbula (Lk.).
Il n’est pas impossible qu’à Lévignen cette espèce soit
remaniée.
Athleta suspensa (Sol.).
Personnellement, nous connaissons mal VA. suspensa typi-
que anglaise. L’A. suspensa parisienne de Cossman (Vendrest) ^
pourrait bien n’être qu’une variété de A. depauperata. Nous
avons en effet récolté à Lévignen, outre des échantillons iden-
tiques à VA. suspensa de Vendrest, de nombreux individus
qui établissent le passage entre cette dernière forme et A. de-
pauperata.
Volçaria acutiuscula (Sow.).
Voluta musicalis Lk.
Nou.3 avons tout lieu de croire qu’à Lévignen cette espèce est
remaniée.
Marginella Edwardsi Desh.
Marginella bifidoplicata Ch. Worth.
Marginella fragilis Desh.
Cryptospira ovulata (Lk.).
Cryptospira pusilla (Edw.).
Cryptospira çittata (Edw.).
Cryptospira subolioa (Cossm.).
Harpa elegans Desh.
Olioella micans (Desh.).
1. Z.oc. cil., App. 5, Bruxelles, 1913, p. 183, pl. VI.
— 307
A C Olivella laumontiensis (Lk.).
A C Ancilla huccinoides Lk.
A Ancilla dubia Desh.
A C Ancilla canalifera Lk. mut. Gardneri Cossm.
Uxia multiensis (Morlet).
A Conus sulcifer Desh.
A C Conus dioersiformis Desh.
A C Cryptoconus clavicularis (Lk.).
A C Cenotia lyra (Desh.).
A Bathytoma oentricosa (Lk.).
C Surcula transçersaria (Lk.) (= nanthcuilensis de Boury).
Comme l’a fait remarquer Pezant le type de l’espèce de
Lamarck étant de Betz (Sables moyens), on ne saisit pas
pourquoi de Boury a rebaptisé la forme bartonienne, réser-
vant le nom de transoersaria à la forme lutétienne qui est un
peu différente. Il est regrettable que Cossmann n’ait pas rec-
tifié l’interprétation de de BouRA^
A C Surcula textiliosa (Desh.).
A Pleurotoma propinqua Desh.
Drillia inflexa (Lk.).
Cette espèce, qui probablement est remaniée à Lévignen,
n’avait pas encore été récoltée dans les Sables moyens. Coss-
mann, dans son Catalogue, l’a signalée de la localité du Ruel,
mais c’est par suite d’une erreur de détermination qu’il a
corrigée par la suite
A C Drillia lepta (Edw.).
A C Drillia contabulata (Desh.).
C Drillia angulosa (Desh.).
Cette espèce, toujours très usée à Lévignen, pourrait y être
remaniée. A Caumont, elle est dans un bien meilleur état de
conservation.
Drillia acuminiensis (de Boury).
A C Drillia grariulata (Lk.).
Raphitoma plicata (Lk.).
Nous avons adopté pour cette espèce l’interprétation de
Pezant à laquelle Cossmann s’est rallié
Pleurotomella goniocolpa (Cossm.).
C Voloulella redacta (Desh.).
A C Bullinclla Bruguierei (Desh.).
A Bullinclla goniophora (Desh.).
1. Etude iconographique des Pleurotomes fossiles du Bassin de Paris. M. S. G. F,
XVI, 1909, pp. 13-14.
2. Loc. cil., Appendice 3, Bruxelles, 1902, p. 87.
3. Ibid., Appendice 5, Bruxelles, 1913, p. 207. ,
308
A C Bullinella conulus (Desh.).
Bullinella n. sp.
Petite espèce presque lisse très voisine de B. ci/lindroides
par son ombilic apical très étroit, mais distincte par sa forme
courte et trapue, légèrement élargie postérieurement ; le bord
columellaire, tordu, est largement étalé ; l’ouverture est très
peu dilatée en avant et, postérieurement, le labre dépasse à
peine la spire. Cette forme, qui n’est pas rare dans le Lutétien
supérieur (Ferme de l’Orme, Chambors) est représentée parmi
les co-types disparates de B. Lebruni (coll. Deshayes) ; Coss-
MANN la déterminait tantôt B. Lebruni^ tantôt B. ci/lindroides.
Il est possible qu’à Lévignen cette espèce soit remaniée.
Bullinella heterostorna (Edw. in Lowry).
C’est \me espèce de Barton à laquelle Edwards avait
donné le nom manuscrit de Bulla heterostorna et que Lowry a
figurée par la suite A notre connaissance elle n’a jamais été
décrite. Cette curieuse Bullinella est surtout caractérisée par
son labre sinuexix, très fortement proéminent en avant, rejeté
en arrière par la suite, ce qui découvre largement le dernier
tour ; cylindrique, légèrement tronquée postérieurement,
atténuée, lisse ou faiblement striée antérieuremeni, elle pré-
sente une columelle tordue sans plis marqué et un ombilic
apical en entonnoir, analogue à celui de B. goniophora, mais
beaucoup plus étroit. Nous connaissons cette forme de plu-
sieurs gisements des Sables moyens autres c{ue celui de Lévi-
gnen : Montmarlet, Bézu-le-Guéry, Vendrest, Isles-lès-Mel-
deuses, Valmondois. Elle paraît cantonnée dans le faciès
d’ Anvers où elle demeure rare.
A C Boxania coronata (Liî.),
A C Ringicula ringens (Lk.).
Siphonaria spectabilis Desh.
Planorbis subangulatus Lk.
Planorbis Baudoni Desh.
Ces deux Planorbes n’avaient jamais été signalés dans les
Sables moyens. S’il est vraisemblable que le premier est
remanié, la chose est beaucoup phrs douteuse pour le second.
Céphalopodes :
A C Belosepia Blainoillei DEsrr.
Algues calcaires (Dasycladacées) :
A Cymopolia elongata (Defr.).
A Laroaria limbata Defr.
1. Figures of Characteristie Brilish Tertiary fossils, Londres, 1866, pl. III.
- 309
A Larçaria auversiensis L. et J. Mor.
A C Dactylopora cylindracea Lk.
C Zittelina elegans Mun.-Ch.
A Acicularia pavantina d’Arcii.
Briardina sp.
Clypeina marginoporella Mich.
A Clypeina Pezanti L. et J. Mor.
Analyse de la faune des sables a Nummulites variolarius
DE Lévignen.
En raison de la rareté des Echinides dans les Sables moyens, il
y a lieu de retenir la présence à Lévignen d’échantillons certainement
en place de Macropneustes rninor Kg. espèce que nous avons d’ail-
leurs également récoltée dans les sables à N . variolarius de Varin-
froy (Oise).
Les Polypiers sont moins fréquents qu’à Gaumont et surtout qu’à
Anvers, mais ce sont les mêmes formes ; sur les 11 espèces de Lévi-
gnen, 10 sont connues d’Auvers et 7 de Gaumont.
Les Mollusques forment un total de 328 espèces dont 24 n avaient
pas encore été trouvées dans les Sables moyens et qui se répartissent
comme suit :
116 Pélécypodes,
6 Scapbopodes,
205 Gastéropodes,
1 Géphalopode.
Sur ces 328 espèces, 218 (66,5 o/o) ont été signalées à Anvers même
et 260 (79 o/o) dans la région d’Auvers (Valmondois, Le Fayel, etc.) ;
213 (65 °/o) ont été récoltées à Gaumont et 218 (66,5 ‘^/o) dans la
région de Gaumont (Bézu-le-Guéry, Nanteuil-sur-Marne, etc.) ;
38 seulement (11,5 %), dont 19 d’ailleurs sont nouvelles pour les
Sables moyens, n’ont été signalées ni dans l’une ni dans l’autre de ces
régions.
L’examen de ces chiffres fait ressortir la très grande analogie qui
existe entre les faunes malacologiques de Lévignen, d’Auvers et de
Gaumont et montre, en raison des distances qui séparent ces trois
gisements, la constance dans tout le bassin de Paris des caractères
paléontologiques des sables à Nummulites variolarius de la base du
Bartonien.
Ges sables renferment toujours une proportion notable d’éléments
remaniés, mais, s’il est possible d’admettre qu’à Auvers ces éléments
proviennent du démantèlement de couches ayant autrefois recouvert
1. L. et J. Moreli et. Sur la survivance de Macropneustes minor Ag. dans le Barto-
nien du Bassin de Paris. C. R. Somm. S. G. F., 1927, p. 128.
— 310
le pays de Bray, tout proche, la même hypothèse s’applique mal à
Gaumont et à Lévignen, bien que Munier-Chalmas ^ dise avoir
trouvé jusqu’aux environs de Château-Thierry des galets et des
coquilles ayant cette origine. En effet, à Lévignen surtout, le bon état
de conservation de la majorité des fossiles susceptibles d’être rema-
niés est incompatible avec l’idée d’un charriage aussi long qui les
aurait manifestement transformés en débris plus ou moins informes.
Le problème se pose donc de retrouver la région d’où ces fossiles
peuvent provenir, mais jusqu’ici nous n’avons pas réussi à le résoudre.
1. Note sur la zone d’Auvers. B. S. G. F., i/i], VI, 1906, pp. 261-ÏG4.
— 311 —
Compte rendu sommaire de ea deuxième partie d’une
Mission au Sahara Occidental
PAR Théodore Monod.
J’ai signalé ici même [Bull. Mus., (2), VU, 1935, 5, p. 294)
que j’avais dû renoncer, au printemps 1935, à la traversée du
Tanezrouft central.
Je le regrettais d’autant plus vivement qu’il s’agissait d’une très
vaste région encore totalement inconnue, laissant subsister dans
nos connaissances une lacune assez étendue pour interdire toute
synthèse générale, et dont l’exploration géologique pouvait seule
permettre, en vérifiant ou en infirmant l’hypothèse que j’émettais
l’an dernier sur la terminaison orientale du synclinal d’Araouan,
d’achever le croquis structural de l’Ouest saharien.
Frappé, en effet, dès ma première visite à Taoudeni, par le tracé
des affleurements westphaliens et dinantiens, étalés en un éventail
à centre méridional et disparaissant à l’Est sous le Continental inter-
calaire, je supposai qu’il pourrait bien en être de même des autres
termes de la série primaire et que, par conséquent, le synclinal
d’Araouan se « bouclait » au Nord-Est sous le Tanezrouft comme il se
« bouclait )) au Sud-Ouest sur les plateaux mauritaniens : au eas où
cette supposition devait se vérifier, elle impliquerait la prolon-
gation en écharpe de la dorsale cristalline des Eglab sous le Tanez-
rouft et sa soudure avec le massif central et, partant, une radicale
indépendance des deux grands bassins de sédimentation primaire de
l’Ouest : synclinal de Tindouf et enceinte tassilienne au Nord, cuvette
synclinale d’Araouan au Sud.
Grâce à l’obligeance de M. le capitaine Delange, commandant le
Groupe Nomade de Timétrine, et à celle de ses lieutenants,
MM. Brandstexter et Rigoulot, j’ai pu, au cours de cet hiver,
étendre largement et utilement compléter mes observations précé-
dentes.
Au mois de novembre 1935 je me rendais rapidement à l’inter-
section de la piste transsaharienne et de la frontière soudanaise,
point où commençait le 20 novembre le trajet méhariste qui devait
se terminer à Adrar (Touat) le 18 mars 1936.
Je gagnai d’abord Taoudeni, par Tagnout et El Guettara, puis
Oum el Assel, Toufourine et Mzerreb, au bord du Hank (15 décem-
Bullelin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936.
— 312
bre 1935). De là, je poussai au Nord, à travers les dunes de l’Iguidi
et les zones cristallines du Karêt et du Yetti, jusqu’à Tindouf
(25 décembre), recoupant la série primaire du bord sud du synclinal
de Tindouf un peu à TOuest des itinéraires de Menchikoff.
Le retour de Tindouf sur In Dagouber (27 janvier 1936) se fit par
un trajet plus opiental jusqu’à Taoudeni (Chegga, Cheikhia, Toufou-
rine, Taghmanant). Le 3 février nous quittions In Dagouber, le lieu-
tenant Brandstetter et moi, pour la traversée du Tanezroiift en
largeur, et à chameau : le 14 nous «abordions » au petit poste sud-
algérien de Ouallen.
Géologiquement, j’étais déçu : de Sobti à Ouallen, sur près de
400 kilomètres, pas un affleurement de primaire ou de cristallin,
rien qu’un reg de plateau, démesuré, reposant sur une hammada de
continental.
La partie compacte de cette hammada, qui plus à l’Ouest (Ilank,
Iguidi, etc.) ne se présente plus que sous forme de lambeaux-témoins,
devait avoir un bord que Ton pouvait atteindre en marchant à
l’Ouest. C’est ce qui nous obligea à recommencer la traversée en
sens inverse et à nous enfoncer dans TErg Chech qu’il fallut franchir
de part en part pour découvrir enfin, au-delà de Bir ed Deheb, dans
les environs de Grizim, le substratum cristallin de la hammada et les
couches à Stromatolithes du liank.
L’étude du primaire de la région d’In Dagouber-Sobti, du bord
nord-ouest de TAhnqt, des fenêtres de Bezegallah et du Bir ed
Deheb, enfin d’El Aziri semble établir de façon satisfaisante l’indé-
pendance des bassins primaires sud-algérien et soudanais et vérifier
l’hypothèse formulée à cet égard Tan dernier.
De Bir ed Deheb, je regagnai le Touat par Bir el TIadjaj.
Sans insister davantage sur des faits qui seront exposés ailleurs,
dans un ouvrage d’ensemble, avec tout le détail nécessaire, je me
contenterai de signaler ici, sommairement, les principaux résultats
de ma dernière campagne.
1“ Stratigr.\phie
Ayant recoupé plusieurs fois le bord nord du synclinal d’Araouan
et le bord sud de celui de Tindouf, j’ai pu compléter les observations
antérieures. Divers gisements fossilifères nouveaux (Carbonifère
inférieur et moyen. Dévonien, Silurien ?) ont été reconnus.
Les faits les plus importants sont : 1° la découverte d’une petite
flore houillère (Lepidodendron) dans les grès et argiles rouges d’El
Guettara-Taoudeni, établissant Tâge westphalien de cette formation
qui constitue bien, comme je l’avais reconnu dès 1934, mais sans
preuve paléontologique, le terme supérieur de la partie visible de la
série primaire et nullement la base du Continental intercalaire, qui
repose indifféremment sur les terrains les plus variés ; 2° la présence
313 —
du Silurien indubitable au bord sud du synclinal de Tindouf (grès
ordoviciens surmontés d’argiles gothlandiennes papyracées typi-
ques) ; 3® l’extension insoupçonnée de la couverture hammadienne
à travers l’ouest saharien ; j’ai pu constater, en effet, que les terrains
de hammada (type « Hammada de Tindouf » et homologues) occu-
paient non seidement la partie nord et nord-est du Sahara occidental,
mais se retrouvaient, sous forme de placages étalés parfois sur des
surfaces énormes ou dissociés en lambeaux moins développés, voire
en simples buttes-témoin, dans le Tanezrouft central, sous l’Erg
Chech, sous l’Iguidi, sur le Hank et l’Azlef, etc.
Cette hammada repose souvent directement sur les roches érup-
tives, ce qui prouve que le dépôt n’a pas respecté les anticlinaux. Ces
terrains, d’âge indéterminé (Tertiaire ?), comme le Continental
intercalaire qu’ils surmontent parfois, ont « colmaté » la surface d’un
primaire plissé, au relief déjà érodé, immobilisant et protégeant
ainsi une morphologie fossile dont les traits ont surgi depuis, au
cours d’un cycle d’érosion postérieur au dépôt de la hammada, de
dessous cette couverture : le décapage récent de la carapace hamma-
ricnne ressuscite une topographie pétrifiée.
2o Tectonique
La direction et le pendage des affleurements carbonifères de
Taoudeni m’avaient, en 1934, conduit à supposer que l’ensemble
des formations paléozoïques du bord nord du synclinal d’Araouan,
loin de se diriger au Nord-Est pour rejoindre les terrains de même
âge du Sud-Algérien, devaient se recourber vers le Sud et isoler
complètement la cuvette synclinale d’Araouan-Taoudeni des bassins
septentrionaux.
J’ai pu cet hiver vérifier sur le terrain cette hypothèse en trouvant,
sous l’Erg Chech, deux affleurements tassiliens à pendage nord,
et, à son bord occidental, le prolongement du Hank (calcaires à
Stromatolithes) et celui des Eglab (roches éruptives).
Les dépôts continentaux viennent bientôt masquer la suite des
affleurements, mais il paraît néanmoins désormais indubitable que
le synclinal d’Araouan se ferme au Nord-Est. L’absence de
communication directe entre les deux bassins (algérien et sou-
danais) séparés par la dorsale cristalline des Eglab (et ses prolon-
gements) expliquerait peut-être la profonde différence qu’ils pré-
sentent à la base de la série primaire : schéma « tassilien » au
Nord, avec un Ordovicien reposant directement sur le cristallin,
schéma « hankien » au Sud, avec, à la base, sous les grès ordo-
niciens typiques, un puissant complexe gréso-schisto-calcaire,
dont font partie les niveaux à Stromatolithes de Mauritanie et du
Hank, et qui est peut-être, au moins pro parte, cambrien.
Il est intéressant de signaler encore : 1° le conglomérat de Sobti,
~ 314
à la base des grès ordoviciens (par conséquent au niveau du conglo-
mérat de base des grès inférieurs de l’enceinte tassilienne) et 2^ l’exis-
tence probable d’une lacune à la base du Dévonien dans la région
de Taoudeni où il semble que le Dévonien moyen repose sur l’Ordo-
vicien par l’intermédiaire d’un niveau argileux représentant peut-
être un Gothlandien plus ou moins remanié.
3° Tanezrouft.
Le principal objet de mon dernier voyage était l’étude du Tanez-
rouft central.
Peu après le départ de Sobti, en direction de Ouallen, on monte
sur une falaise, prolongement du Kbnachiche dont on ignorait jus-
qu’ici le sort à l’Est d’In Dagouber et, une fois sur le plateau, on y
demeure jusqu’aux premiers affleurements de Précambrien, aux
environs de la piste transsaharienne.
Sur toute la surface du plateau, pas un accident topographique,
pas un oued. Le Tanezrouft, central, loin d’être une cuvette pou-
vant avoir servi de zone d’épandage à des oueds quaternaires, est,
en fait, un plateau. On l’ignorait. D’autant plus que le reg qui le
recouvre était, croyait-on, le signe certain d’une origine alluviale
récente. Or le reg à graviers du Tanezrouft ne semble pas être un reg
de transport, mais un reg de dissociation, à graviers empruntés à un
substratum rocheux (grès très grossier, conglomérats) et libérés —
pour ainsi dire excrétés — par la désagrégation de ce dernier.
Par ailleurs, l’absence totale de tout dépôt lacustre quaternaire
sur le plateau vient appuyer les autres observations. Ces dépôts
abondent autour du Tanezrouft central et c’est précisément dans
les zones d’épandage de la périphérie qu’il faut chercher le point
d’aboutissement des grands oueds quaternaires du sud-algérien, sans
vouloir les obliger à traverser le reg, à se déverser au Soudan, etc.
La sebkha de Taoudeni, par exemple, accident minuscule et pure-
ment local, n’a jamais pu avoir de rapports ni avec la zone d’épan-
dage du Niger moyen, ni avec les oueds algériens par l’intermédiaire
d’une prétendue « cuvette » du Tanezrouft.
Il y aurait lieu de distinguer, sous le terme de Tanezrouft (au sens
européen actuel du mot) plusieurs régions naturelles : un Tanez-
rouft de hammada (affleurements calco-siliceux et graviers de quartz),
désert intégral qui paraît avoir été évité de tous temps, même dans
la préhistoire et n’avoir jamais eu de points d’eau ; 2° un Tanezrouft
argilo-gypseux et marno-calcaire [Néocrétacé-Eocène], formant de
petites falaises et des plateaux bas mais souvent fortement dissé-
qués, région ayant eu des points d’eau et ayant été fréquentée ;
3® un Tanezrouft cristallin, plus oriental, le Tanezrouft -n-Ahnet
sensu stricto, qui a été, lui aussi, fréquenté par les caravanes.
315 —
4® Préhistoire.
Les récoltes ont été très abondantes. Il faut signaler, en particu-
lier, les riches industries à bifaces de l’Iguidi et de la lisière nord de
l’Erg Checb, plusieurs stations atériennes dans d’Erg Chech et de
beaux outillages néolithiques.
Diverses stations de gravures et de peintures ont été découvertes,
l’une d’elles, dans une grotte, d’un intérêt tout spécial du fait qu’il
d’agit d’une station pure de type archaïque, sans mélanges d’éléments
plus récents libyco-berbères et accompagnée d’industrie en place :
c’est une preuve de plus de l’âge véritablement préhistorique des
gravures anciennes. Cette station a fourni de très curieuses silhouettes
féminines.
5° Divers.
Je mentionnerai ici la découverte d’une petite météorite dans le
Tanezrouft, quelques récoltes botaniques, de nombreuses observations
météorologiques, et hydrologiques, la visite des ruines de Tazadit,
celle de Cheikhia (Hank) où la maison que l’on y avait signalée par
renseignements comme le lieu probable de la mort de Davidson
s’est trouvée être un tombeau musulman sans Intérêt, la découverte
dans l’Erg Chech de plusieurs débris de bracelets anciens en verre
à fils soudés, identiques à ceux de Teghazza et jalonnant une vieille
route commerciale du Touat au Soudan, etc.
Laboratoire de M. le Prof. A. Gruvel.
— 316 —
Marcasite du Lutétien inférieur a Saint-Cloud
(Seine-et-Oise)
PAR R. Soyer.
Plusieurs puits de recherche ont été foncés dans le Parc de Saint-
Cdoud et ses abords, en vue de l’exécution du tunnel de l’Autoroute
de l’Ouest. Le plus occidental, situé à l’Angle de l’Allée de Retz
et de la route nationale n^ 185, en face de la Grille d’Orléans, a ren-
contré dans le calcaire grossier inférieur un accident pyriteux fort
curieux, et à notre connaissance, jamais signalé dans le Lutétien du
Bassin de Paris.
Le parc de Saint-Cloud est situé sur le flanc nord de l’anticlinal
de Meudon, et toutes les couches ont un faible pendagc dans cette
direction. Le Lutétien, normal, repose sur le Sparnacien qui, à l’Est,
comprend tous les termes parisiens de l’étage : fausses glaises, sables
d’Auteuil et argile plastique. A l’Ouest, les fausses glaises ont dis-
paru et les sables d’Auteuil passent à des sables gris, fins, quartzeux
et aquifères qui ont une épaisseur notablement supérieure.
Nous avons relevé la coupe suivante sur la paroi ouest du puits
Sol à dr 89.19
Sparnacien : Sable quartzeux gris fin.
Le plan d’eau, en août 1935, était à 16 m. 25 de profondeur (altitude
± 72.94).
A l’est, les calcaires sont remplacés depuis la profondeur de
17 m. 30, don à 1 m. 05 du niveau de l’eau, par une succession
Bullelin du Muséum, 2® s., t. VllI, n° 3, 1936.
— 317 —
d’éléments ferrugineux, présentant la disposition suivante ; un cha-
peau de limonite très pauvre, tendre, légère, recouvre un massif de
marcasite altérée à la périphérie, qui est une pseudomorphe partielle
du calcaire grossier glauconieux. Les fossiles abondent dans la zone
interne, où leur test calcaire est parfois conservé, mais il subsiste
de beaux moules en marcasite oxydée, des espèces les plus communes
de la zone III du Lutétien : Campanile giganteum, Turritella, imbri-
cataria, Mesalia sulcata, V enericardia imhricata ; V. planicosta ; — •
les polypiers : Eupsammia trochiformis et Sphenotriochus crispas,
sont abondants.
La marcasite enrobe des grains de quartz lenticulaires ou sub-
anguleux. La glauconie, très peu attaquée, existe dans toute la
masse, et forme des amas plus importants dans la spire des moules
de Gastropodes.
La partie externe présente tous les produits d’oxydation de la
marcasite ; les sulfates sont très abondants, en particulier la Mélan-
térite. M. J. Orcel poursuit l’examen de ces formations pyriteuses,
en sections polies, au microscope métallographique polarisant ; il a
constaté qu’elles étaient constituées par un mélange de pyrite et de
marcasite en agrégats finement grenus épigénisant complètement les
fragments de fossiles.
La base du massif pénètre dans les sables sparnaciens ; sous forme
de minerai scoriacé, cloisonnaire, sans fossiles ; le sable quartzeux
cimenté par le sulfure de fer lui donne un toucher rugueux.
On se trouve là en présence d’un cas complexe de chimie des
eaux, où les actions oxydantes et réductrices se sont succédées, à
une période de maximum de mise en charge des eaux souterraines ;
sans doute au Quaternaire. L’existence de cette colonne ferrugineuse
peut être attribuée au faciès meuble du Lutétien, sableux à cet endroit
et situé dans la zone de balancement de la nappe. Les eaux ascen-
dantes sont chargées de sulfate de fer par odyxation de la pyrite du
sparnacien, fréquente dans les sables inférieurs, et elles renferment
du S libre. En arrivant au contact des eaux d’infiltration circulant
facilement dans les calcaires fissurés, et contenant des matières
organiques, les phénomènes de réduction ont déterminé la formation
d’un sulfure de fer qui, sous forme de Marcasite à épigénisé les cal-
caires tendres fossilifères du Lutétien inférieur. Pendant la période
de descente de la nappe, la Marcasite est oxydée à son tour, elle
donne les produits d’altération décrits ci-dessus, pour aboutir à ce
complexe ferrugineux, si imprévu dans les calcaires lutétiens.
Le Gérant, R. Taveneau.
ABBEVILLE.
IMPRIMERIE F. PAILLART.
1-7-36.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 223
Ouvrages offerts 223
Communications :
H. Neuville. — Ectopies dentaires de Gorille et d’Orang-outan 225
J. Berlioz. — Note sur l’identité probable du type d’Heliotryphas-Simoni
Boucard 233
P. Budker. — Compte-rendu sommaire d’une mission au large des côtes de Mau-
ritanie (Cap Blanc) 237
M. André. — Sur le Pediculoides ventricosus Newport (Acarien) 240
F. Grandjean. — Observations sur les Oribates (10® série) 246
Ch. Gravier. — Sur un Crustacé (Stomatopode) rare de l’île de Pâques 254
P. Fauvel. — Sur quelques Annélides Polychètes de l’Ile de Pâques 257
L. Germain. — Contributions à la Faune malacologique de l’Afrique équato-
riale (LXXI) 260
Ed. Lamy. — Le Cyprœa moneta L. existe-t-il sur la côte occidentale d’Afrique. 263
Ed. Lamy. — Liste des Mollusques recueillis par la Mission Franco-Belge à l’Ile
de Pâques (1934) 267
G. Ranson. — Observations morphologiques, systématiques et biogéogra-
phiques sur une Scyphoméduse rare, Paraphyllina intermedia O. Maas
1903, trouvée sur la plage de Biarritz 269
J. Cadenat. — Note sur un Céphalopode géant (Architeuthis Harveyi Verrill)
capturé dans le golfe de Gascogne 277
A. DE CuGNAC. • — Les Jardins botaniques et la conservation des espèces rares.
A propos de Promus arduennensis Dmrt 286
R. Abrard. — Sur quelques points de la tectonique de la région de Meyrucis
(Lozère) 290
L. et J. Morellet. -— Faune des sables à Nummulites variolarius de Lévignen
(Oise) 292
Th. Monod. — Compte-rendu sommaire de la deuxième partie d’une mission
au Sahara Occidental 311
R. Soyer. — Marcasite du Lutétien Inférieur à Saint-Cloud (Seine-et-Oise) . . 316
D
PUBLICATIONS DO HDSfDH NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme du Muséum national d’ Histoire naturelle) (Masson
et C*® éditeurs, un vol. par an, 200 frs).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895)
(Bibliothèque du Muséum, un vol. par an, 50 frs).
Publications du Muséum national d'Histoire naturelle (N° 1, 1932 et sui-
vants, prix variable).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle (nouvelle série com-
mencée en 1936). [Editions du Muséum, 57. rue Cuvier]. Un vol. par
an, 150 frs.
Index Seminum in Hortis Musaei parisiensis collectorum (Laboratoire de
Culture ; paraît depuis 1822 ; échange).
Notulæ systematicæ (Laboratoire de Phanérogamie ; paraît depuis 1909).
Revue jrançaise d' Entomologie (publiée sous la direction du D’’ R. Jeannel ;
paraît depuis 1934. Un vol. par an, 50 frs ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale (Laboratoire
d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Dinard (Laboratoire maritime de Dinard ; paraît depuis 1928).
Bulletin du Musée d' Ethnographie du Trocadéro (Musée du Trocadéro ;
paraît depuis 1931 ; prix du n® : 5 frs).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale (Chaire de Chimie ;
Section de Physique végétale ; paraît depuis 1 927 ; échange) .
Travaux du Laboratoire d’ Entomologie (Laboratoire d’Entomologie ;
paraît depuis 1934 ; échange).
Bulletin de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle
et du Jardin des Plantes (Société des Amis du Muséum, a paru de 1924
à 1935) : remplacé depuis janvier 1936 par la Revue « La Terre et la
Vie ».
Bulletin de la Société des Amis du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro
(Musée d’ Ethnographie du Trocadéro).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HÏSTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
MENSUELLE DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N” 4. — Juin 1936.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
~ PARIS-V° ~
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par àn.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des
manuscrits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de
manière à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avarU la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections suppiémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des Auteurs.
D ne sera envoyé qu'une seule éprewe aux Auteurs, qui sont priés de
la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à
un numéro ultérieur.
Les Auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles.
Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part
supplémentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les Auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART.
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent
en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
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4 pages..... 10 fr. 20 fr. 22 fr.
8 pages '. 20 fr. 22 Ir. 26 fr.
16 pages 22 fr. 26 fr. 34 fr.'
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro et brochés avec agrafes.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de
ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant
PRIX DE l’aBONMEMENT ANNUEL :
France et Étranger i 50 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03. Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1936. — N" 4.
295« RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
25 JUIN 1936
PRÉSIDENCE DE M. V. HASENFRATZ
SOUS-DIRECTEUR DE LABORATOIRE AU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur Paul Lemoine a donué ga démission de Directeur
du Muséum (démission acceptée par M. le Ministre de l’Education
Nationale, le 24 juin 1936).
M. le Professeur Louis Germain a été nommé, à dater du
1®^ août 1936, Directeur du Muséum (Décret du 18 juillet 1936).
M. le Professeur Albert Vayssière est nommé Associé du Muséum,
sur la proposition de M. le Professeur L. Germain (décision de
l’Assemblée des Professeurs du 14 mai 1936).
M. Albert-J.-B.-Marie Vayssière, né à Avignon, le 8 juillet 1854,
Professeur honoraire à la Faculté des Sciences de Marseille, ancien Direc-
teur du Muséum d’ Histoire naturelle de cette ville, est Membre corres-
pondant de l’Académie des Sciences (section de Zoologie) depuis février
1918 et Correspondant du Muséum National d’Histoire Naturelle depuis
le 19 novembre 1909.
M. le Prof. A. Vayssière est un savant trop universellement connu
et honoré pour que je songe à résumer les travaux qui ont assuré sa
notoriété. Je me contenterai de rappeler que ses principaux Mémoires
traitent des Mollusques et, surtout, des Opistobranches, des Nudibranches,
des Hétéropodes, des Amphineures et des Cypræidés. Il a, de plus, publié
un Atlas d’ Anatomie comparée des Invertébrés (1886) ainsi que des recher-
Buïletin du Muséum, 2® s,, t. VIII, 1936.
21
320 —
ches sur quelques familles de Poissons et sur les Insectes de la famille des
Ephémères.
Depuis 1874, M. le Prof. A. Vayssière fréquente les laboratoires du
Muséum. Mais il y a plus de 30 ans qu’il est, pour celui de Malacologie, le
plus assidu, le plus dévoué, le plus précieux collaborateur. Mon très
regretté Maître, le Prof. L. Joubin, avait obtenu qu’il étudie nos riches
séries de Mollusques Opistobranches et Nudibranches. Non seulement
M. le Prof. A. Vayssière a déterminé les matériaux qui lui étaient confiés,
publié le résultat de ses observations sur ces documents, mais il a tenu à
compléter nos collections par le don de très nombreux échantillons :
types d’espèces nouvelles, espèces rares provenant de localités intéressantes,
séries mettant en lumière le polymorphisme spécifique. Resserrant plus
encore ses liens avec le laboratoire, il a étudié les Nudibranches recueillis
soit par les voyageurs naturalistes, soit au cours des grandes expéditions
patronnées par le Muséum (notamment celles du « Travailleur » et du
« Talisman », les deux explorations antarctiques commandées par le
D’’ J. Charcot).
Entre temps, à chacun de ses séjours à Paris, M. le Prof. Vayssière
apportait en don, au Laboratoire, des espèces méditerranéennes de Mol-
lusques, de Cœlentérés, d’Echinodermes et de Vers (ces derniers animaux
ont été remis au service de M. le Prof. Ch. Gravier) qui, peu à peu, ont
constitué un ensemble réellement important et d’une haute valeur scienti-
fique
Enfin, pendant toute sa vie, M. le Prof. A. Vayssière s’est occupé d’une
grande et belle famille de Gastéropodes, celle des Cypræidés et il a réuni
une collection extrêmement précieuse de ces animaux. Il vient de l’offrir
au Laboratoire de Malacologie (décembre 1935). Dès maintenant cette
collection, dont un catalogue sur fiches est en préparation, est à la dispo-
sition des spécialistes.
De tels collaborateurs, qui non seulement enrichissent les collections
du Muséum mais encore ajoutent à son rayonnement scientifique, sont
malheureusement trop peu nombreux et il convient de reconnaître leur
exceptionnel mérite.
M. le Jules Richard, Directeur du Musée Océanographique de
Monaco, est nommé Associé du Muséum, sur la proposition de MM. les
Professeurs L. Germain, Ch. Gravier et L. Roule (décision de
l’Assemhlée des Professeurs du 18 juin 1936).
M. le D^ Jules Richard, né en 1863, Docteur ès-sciences. Docteur
en médecine, licencié ès-sciences physiques, est un ancien élève du Muséum,
où il a fait sa thèse de doctorat ès-sciences dans le Laboratoire d’Alphonse
Milne-Edwards. Il occupe aujourd’hui, depuis 1901, les fonctions de
Directeur du Musée Océanographique de Monaco. Il est Correspondant de
l’Institut, officier de la Légion d’honneur. Grand Croix de l’Ordre de
Saint-Charles de Monaco, Membre du Conseil d’administration de l’Institut
Océanographique de Paris.
1. Je tiens à ajouter que M. le Prof. A. Vayssière a également fait don, au Labora-
toire de Malacologie, de nombreux documents en excellent état de conservation
constituant, pour les chercheurs, un matériel de choix.
— 321 —
Sa réputation scientifique est considérable dans les deux domaines de la
Limnologie et de l’Océanographie. Ses premiers travaux, et un grand
nombre de ceux qui suivirent, sont consacrés aux Crustacés entomostacés
des eaux douces. Toutefois, son renom prépondérant lui vient de ses études
océanographiques, qui se sont adressées à plusieurs groupes d’animaux.
Il a inventé, pour ces études, un certain nombre d’instruments, qui
portent son nom : un sondeur, une bouteille de prise d’eau profonde, un
filet vertical. Il a publié, en 1907, un « Traité d’Océanographie », qui est
resté classique.
Sa réputation de muséologue scientifique n’est pas moindre que la pré-
cédente. Appelé en 1887 à remplir les fonctions de secrétaire auprès du
Prince Albert I®’’ de Monaco, il devint, peu après, le Directeur du cabinet
scientifique du Prince, et fut investi, en cette qualité, du rôle de direc-
teur scientifique des croisières océanographiques entreprises par le Prince
chaque année. Il a participé à vingt-quatre d’entre elles, préparé et
classé les riches collections qui furent recueillies. De plus, et secondant
en cela les intentions du Prince, il a établi les projets qui ont permis de
construire à Monaco le Musée Océanographique, il a groupé et installé ses
nombreuses collections et fait de cet établissement, donné à la France
par le Prince, une institution de premier ordre, servant à la fois à l’ensei-
gnement public par son aquarium et ses galeries, et aux recherches scienti-
fiques par ses laboratoires, ouverts aux savants du monde entier.
Le titre d’Associé au Muséum ne fera que sanctionner, envers M. J. Ri-
chard, une situation permanente de fait. Les relations continues d’échanges,
établies depuis longtemps entre notre Muséum et le Musée Océano-
graphique, ont permis à nos laboratoires zoologiques de s’enrichir
de nombreuses et importantes pièces. Plusieurs d’entre nous ont étudié
les collections qu’il a rassemblées, et publié leurs mémoires dans ses
Recueils. Cette collaboration continue toujours à s’effectuer.
— 322 —
COMMUNICATIONS
Le Hérisson d’Algérie, Aethechinus algirus,
RELIQUE PLIOCÈNE EN FRANCE
PAR H. HeIM de BaLSAC.
La présence A Aethechinus algirus en France, remarquable à plu-
sieurs égards, ne laisse pas que d’être peu connue. Certes, des Zoolo-
gistes tels que O. Duboscq et F. Picard, bien que non spécialisés en
mammalogie, n’ignoraient pas l’existence de ce Hérisson dans notre
faune, et ils nous avaient demandé à plusieurs reprises des précisions
sur sa répartition. L’espèce n’est en effet mentionnée pour notre
faune ni par Trouessart ^ ni par Didier et Rode P. Siepi, dès
1909, avait cependant annoncé ^ la capture d’une femelle pleine (qui
ne tarda pas à mettre bas deux jeunes) aux Lecques, près Saint-Cyr
(Var), détermination confirmée par O. Thomas (spécimen au Musée
de Marseille).
Le silence de Trouessart s’explique sans doute par la date de
parution de la Faune des Mammifères (L Europe (1910), alors que la
note de Siepi remonte seulement à décembre 1909. Mais cet argument
ne saurait être invoqué pour les ouvrages de Didier et Rode. Les
auteurs auraient -ils mis par hasard en doute l’authenticité de la
capture de Siepi ou lui ont -ils attribué un caractère accidentel ? Bien
qu’ils ne s’expliquent nullement sur ce point (la note de Siepi figure
dans la bibliographie, mais il n’y est fait aucune allusion dans le
texte), la chose ne paraît pas impossible. En effet Thomas, en 1918
ne mentionne pas la France dans l’aire de dispersion A Aethechinus.
Miller, qui n’avait pas vu le spécimen de Siepi, ne cite dans son
ouvrage classique ® qu’un très jeune spécimen d’origine française
1. Faune des Mammifères d’Europe, 1910.
2. Les Mammifères de France, 1935, et Catalogue systématique des Mammifères de
France, 1935.
3. La Feuille des jeunes naturalistes, n° 470, 1909, p. 25.
4. The Gcncric Division of the Hedgohogs. Ann. Mag. Nai. HisL, ser. 9, vol. R
February 1918.
5. Catalogue of the Mammals of Western Europe, 1912, p. 131.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 4, 1936.
— 323 —
(c’était un. des jeunes mis au monde par le spécimen de Siepi et il se
trouve au British Muséum). Siepi, dans une note complémentaire
avait bien signalé quelques autres captures dans le Var, mais il
s’agissait là de spécimens dont la détermination n’avait pas été véri-
fiée par un spécialiste. Enfin, 'la plupart des auteurs ont pensé que les
Aethechinus d’Espagne, comme ceux de France, provenaient d’impor-
tations par l’homme. L’étude de la répartition A Aethechinus algirus
et de ses différentes races géographiques montre que l’hypothèse
d’une importation par l’homme est absolument gratuite et même
invraisemblable. D’autre part, nous avons obtenu des spécimens de
ce Hérisson, en provenance de Borme (Var), parmi lesquels se trouve
le crâne d’un mâle adulte, particulièrement intéressant. Nous pouvons
ainsi confirmer les indications de Siepi, et la présence normale, en
France, A Aethechinus algirus.
Le Hérisson d’Algérie constitue une espèce très éloignée du Hérisson
d’Europe Erinaceus europaeus. Il s’en distingue par : le bord externe
des nasaux à peu près rectiligne, des arcades zygomatiques rétrécies
en arrière, le développement de la région palatine postérieure, la
troisième incisive supérieure biradiculée, la deuxième prémolaire
inférieure bicuspide. Les caractères externes se manifestent par une
coloration plus claire, une disposition particulière des tubercules
plantaires et surtout par l’implantation des épines qui forment sur le
dessus de la tête deux groupes latéraux séparés par un espace médian
libre.
Dans sa révision des Hérissons ^ O. Thomas retire l’espèce algirus
du genre Erinaceus pour la placer dans un genre nouveau : Aethechi-
nus. Cette division — et là réside son intérêt — n’est pas seulement
basée sur les caractères morphologiques ; elle correspond à une
réalité biogéographique. Les Hérissons du genre Aethechinus appa-
raissent comme essentiellement caractéristiques du continent afri-
cain, où ils sont répandus de part et d’autre du Sahara : Ae. algirus
dans le domaine berbère, Ae. frontalis Smith et Ae. sclateri And.,
du Soudan au Cap. Ils s’opposent aux espèces du Genre Erinaceus
sensu stricto, exclusivement paléarctiques et échelonnées depuis la
péninsule ibérique jusqu’au Japon. Aethechinus algirus est le seul
représentant du genre qui franchisse les limites du continent noir
pour atteindre les domaines européen ou macaronésien, en des
points fort limités d’ailleurs. En Afrique Ae. algirus occupe la région
nord-occidentale. On le rencontre au Maroc, en Algérie et eu Tunisie,
depuis la côte jusqu’aux abords du Sahara et du niveau de la mer
jusqu à une altitude d’au moins 2.000 mètres (d’après nos propres
observations dans l’Atlas de Blida). Il est connu également de la région
1. La Feuille des jeunes naturalistes, n'’ 474, 1910, p. 97.
2. The Generic Division of the Hedgehogs. Ann. Mag. Nat. Hist. ser. 9, vol. I,
February 1918.
— 324 —
de Tripoli, mais pas plus à TEst. Son absence au Sud du Sahara
montre que cette espèce a évolué sur place dans une région en somme
assez limitée. D’autre part sa présence en quelques points d’Europe
et des Canaries (Fuerteventura) révèle une espèce pliocène qui vivait
dans la région méditerranéenne occidehtale à l’époque où des con-
nexions reliaient encore l’Afrique à l’Europe et aux Canaries. En effet,
comme nous l’avons montré l’examen des faunes mammalogiques
fossiles et actuelle de part et d’autre de la Méditerranée occidentale
conduit à cette conclusion que les dernières connexions entre l’Europe
et l’Afrique ont été représentées par un isthme beto-rifain qui n’a
guère pu persister au delà de l’ultime période des temps tertiaires.
Le Hérisson est une relique de cette faune à faciès africain qui peuplait
alors les régions aujourd’hui séparées par le détroit de Gibraltar, et
dont la plupart des espèces se sont éteintes sur la rive européenne au
cours du Quaternaire. La répartition européenne à' Aethechinus algirus,
est fort limitée, lacunaire semble-t-il, résiduelle en un mot. On trouve
ce Hérisson localisé sur la côte méditerranéenne de l’Espagne depuis
l’Andalousie jusqu’aux environs de Barcelone, sans qu’il pénètre
sur les plateaux intérieurs. Il existe également aux Baléares comme
beaucoup de formes ibériques. Enfin il se retrouve dans la France
méridionale où il paraît occuper une aire extrêmement réduite. Les
captures connues proviennent toutes du département du Var. S’agit-
il simplement de lacunes dans nos connaissances et l’espèce se retrou-
vera-t-elle dans le Languedoc et le Roussillon ? Ou bien sommes-
nous en présence d’une localisation dans le Sud-Est de la France, due
à des conditions écologiques particulières. Rappelons qu’un nombre
assez élevé d’insectes ibériques se retrouvent dans le Var ou les Alpes-
Maritimes alors qu’ils font complètement défaut dans le Languedoc
et le Roussillon où l’on s’attendrait logiquement à les rencontrer.
La position systématique précise des spécimens français d'Aethe-
chinus algirus est encore obscure. En d’autres termes, nous ignorons
à quelle race géographique (sous-espèce) ils peuvent appartenir. Les
races actuellement connues d' Aethechinus algirus se répartissent de
la façon suivante : Aethechinus algirus algirus Duvernoy et Lere-
BOULLET, Tripoli, Tunisie, Algérie et le Nord du Maroc ; Aethechinus
algirus laçaudeni Cabrera, Maroc Sud-occidental (Haha) ; Aethe-
chinus algirus caniculus Thomas, Fuerteventura (Canaries) ; Aethe-
chinus algirus vagans Thomas, Baléares et littoral espagnol. Cette
dernière race, qui nous intéresse particulièrement pour des raisons de
proximité, se caractérise par sa petite taille et la décoloration de ses
phanères. Siepi, après avoir soumis à Thomas le spécimen du Musée
de Marseille, déclara qu’il appartenait à la race çagans. Cabrera ^
1. Biogéographie des Mammifères et des Oiseaux de l’Afrique du Nord, Paris, 1936,
2. Fauna iberica, 1914, p. 35.
— 325 —
adopte purement et simplement l’assertion de Siépi. Miller, plus
prudent et n’ayant pas examiné le spécimen en question, ne conclut
pas sur sa désignation subspécifique. Nous-mêmes avions été frappé
par les fortes dimensions crâniennes du Hérisson de Borme en notre
possession, dimensions qui ne cadraient pas avec celles de la race
vagans. Récemment nous avons pu examiner le sujet du Musée de
Marseille dont la dépouille est montée, et mesurer son crâne qui est
conservé à part. Voici les mesures des crânes de ces deux animaux,
et à titre comparatif celles des races d’Algérie et des Baléares.
Ces dimensions ne sont pas inférieures à celles des spécimens de la
race nominale d’Algérie-Tunisie, si l’on veut bien se rappeler que les
femelles ont toujours une taille plus faible que celle des mâles. Ces
deux spécimens du Var n’appartiennent donc pas, par la taille, à la
race çagans. Resterait à préciser si le pelage des sujets français est
aussi clair que celui d'Ae. algirus çagans. Le spécimen du Musée de
Marseille ne donne pas l’impression d’être particulièrement clair,
mais il est bien difficile d’apprécier la coloration exacte d’un animal
exposé depuis longtemps à la lumière. Un matériel plus abondant
permettra seul de savoir si les Aethechinus français constituent une
race spéciale. En tout cas on peut conclure à la présence certaine
d’ Aethechinus algirus dans la faune française. Celle-ci s’enrichit donc
non pas seulement d’une espèce, mais d’un genre autonome, à faciès
africain.
327 -
Étude d’une Collection d’Oiseaux du Congo Belge
PAR J. Berlioz.
Les récentes collections d’Oiseaux réunies par notre collègue
M. G. Babault, Associé du Muséum, dans les montagnes du Congo
Belge oriental méritent une mention particulière. Elles proviennent
en effet de zones forestières d’altitudes élevées, riches en espèces
tout à fait spéciales, souvent étroitement localisées, et partant encore
assez rares dans les musées. Bon nombre d’entre elles n’étaient pas
encore représentées dans les collections du Muséum de Pans : c est
dire tout l’intérêt qui s’y attache. Nous ne pouvons que regretter
l’état de conservation parfois insuffisant de certains de ces spécimens
et l’absence également trop fréquente d’indications précises sur
l’origine et le sexe.
La localité visitée principalement par M. Babault est le petit
poste de M’Bwahi (province de Kivu), situé vers 2.000 mètres d’alti-
tude, dans les forêts qui couvrent les montagnes au sud-ouest du Lac
Kivu. Cette même localité avait déjà donné lieu de sa part à de fort
intéressantes recherches (voir Bull. Muséum, 1935, p. 159). La plu-
part des Oiseaux signalés ici proviennent de cette région, où ils ont
été récoltés aux mois de juillet, août et septembre 1935 : parmi eux
figurent une sous-espèce apparemment inédite d’un Bulbul sud-afri-
cain, et un type nouveau, assez particulier, de Gobe-Mouches. D’autre
part, grâce à l’activité d’un de ses collaborateurs, Mr. Sedyn,
Mr Babault a pu obtenir d’une tout autre région, la province de
Ruanda, à l’est du Lac Kivu, des spécimens parmi lesquels figurent
également quelques grandes raretés.
1. — Nox-Passériformes.
Anas undulata Dub., 9 ad. — Ruanda, 28 octobre 1935.
Vinago calva Temm. subsp. ?, ad — ? M’Bwahi.
Il n’est guère possible d’attribuer à ce spécimen isolé une appella-
tion subspécifique rationnelle, la nomenclature des sous-espèces de
ce Pigeon vert étant assez confuse. La couleur verte, très peu jaunâtre,
du plumage l’assimilerait à la forme typique caCa, de l’Ouest africain,
— les formes orientales étant en général décrites comme plus jau-
nâtres ; mais la faible étendue de la cire dénudée (peut-être, il est
Bulletin du Muséum, s., t. VIII, n° 4, 1936.
— 328 —
vrai, s agit-il d’un caractère de sexe ou d’âge ?) l’en éloigne pour le-
rapprocher au contraire de la forme brei^icera Hart, et Goods., décrite
du Kilimandjaro.
Falco hiarmicus hiarmicus Temm., $ ad. — Kiraho (Ruanda), 31 octo-
bre 1935.
Spécimen très typique de la race sud-orientale de Faucon Lanier,,
le dessous du corps fortement teinté de chamois-rosé et dépourvu de
taches noires.
Turacus Schuetti Emini Rchw., 3 ad. — M’Bwahi.
Ruwenzorornis Johnstoni kwuensis Neum., 3 ad. — ■ M’Bwahi.
Corythœola cristata (\ieill.), Q ad. — Lugégé (Ruanda), 2 novem-
bre 1935.
Mesopicus Ellioti (Cass.), c/' ad. — • M’Bwahi.
Ce Pic vert est une espèce toujours rare, et bien caractérisée par
son plumage entièrement strié sur le dessous du corps. Loin d’être
localisé, il semble au contraire ^répandu largement dans la région
forestière du Congo : décrit primitivement du Gabon, il a déjà été
signalé dans l’est du Congo Belge par Gyldenstolpe {Kungl. Saensk.
Vet. Handl, 3^ sér., vol. 1, n^ 3, 1924, p. 235).
Heterotrogon çittatum (Shell.) subsp., $ ad. — M’Bwahi.
Ces deux spécimens, malheureusement en mauvais état, sont de
taille assez faible ; peut-être conviendrait -il de les attribuer à la
race carnerunense Rchw., mais les éléments de comparaison nous
manquent complètement.
Bycanistes suhcylindricus (Sel.), ad. — • M’Bwahi.
Lophoceros melanoleucus geloensis Neum., ad. — M’Bwahi.
Ce spécimen présente de chaque côté de l’occiput de grandes mar-
ques blanches, non prolongées en avant au-dessus des yeux. Il corres-
pond donc à la forme décrite par Neumann sous le nom de suahelicuSy
que ScLATER (Syst. Av. æthiop. I, 1924, p. 228) considère à juste titre
comme synonyme de geloensis.
Lophoceros nasutus epirhinus (Sund.), c/' ad. — Luvungi (? Ruanda),.
15 octobre 1935.
Par le développement de l’appendice corné du bec, ainsi que par
1 absence de bordure apicale blanche aux rémiges, ce spécimen
appartient sans conteste à la forme méridionale epirhinus de cette
espèce largement répandue en Afrique.
Merops apiaster L., imm. — Costermansville (Kivu), 26 septem-
bre 1935.
Ce Guêpier, nicheur dans la région méditerranéenne, n’est connu
qu en migration dans l’Afrique tropicale. La date de capture de ce
329 -
spécimen, est donc un indice intéressant pour les déplacements de ces
oiseaux.
Phœniculus Bollei Jacksoni (Sharpe), 3 ad. et imm. — M’Bwahi.
IL — - Passériformes.
Muscicapidés.
Alseonax minimus subtilis Grote, ad. — M’Bwahi.
Dioptrornis toruensis (Hart.), ç/' Q ad. — M’Bwahi.
Melcenornis ardesiaca, sp. nov., 3 ad. — M’Bwahi.
Bec assez fort, un peu élargi à la base, arrondi sur les côtés, ni
déprimé, ni comprimé ; culmen fortement caréné vers la base. Com-
missure pourvue de soies rictales noires assez bien développées. Bec
et pattes noirâtres.
Plumage en entier d’un gris bleuâtre ardoisé mat et uniforme,
passant seulement au gris noirâtre vers la base du bec et autour des
yeux. Ailes fortement arrondies, la première rémige externe environ
de moitié plus courte que la deuxième, celle-ci non ou à peine plus
longue que les secondaires, les quatrième, cinquième et sixième
étant les plus longues et égales entre elles. Queue composée de 12 rec-
trices, assez allongée et fortement arrondie au sommet, chaque rec-
trice elle-même obtusément arrondie apicalement.
Dimensions : culmen, 12-13 mill. ; — tarse, 21 mill. ; — ■ aile des
trois spécimens respectivement 94, 86 et 84 mill. ; — queue des trois
spécimens respectivement 90, 83 et 80 mill.
11 est vraisemblable que le spécimen le plus développé (aile : 94 ; ,
queue : 90) soit un mâle et les deux autres des femelles. Mais rien ne
permet de l’affirmer, tous les autres caractères étant semblables chez
les trois.
Cette nouvelle espèce appartient sans aucun doute par ses caractères
de structure à ce groupe de Muscicapidés africains à bec non déprimé,
relativement grêle et arrondi, qui comprend les Bradornis, Dioptrornisy
Melœnornis, Empidornis, etc. Les caractères distinctifs de ces diffé-
rents types génériques sont assez médiocres en ce qui concerne la
structure ; ils sont mieux définis en ce qui concerne le système de
coloration. C’est eu égard à ce dernier, ainsi qu’à la forme très arrondie
de la queue, qu’il convient de rattacher cette espèce au genre Melœ-
nornis, caractérisé précisément par cette disposition des rectrices et
le plumage uniformément noirâtre chez l’adulte. Mais il faut noter
que le M. ardesiaca, qui se distingue déjà des autres formes du genre
par la teinte plus claire et plus bleuâtre de son plumage, a aussi les
ailes et la queue relativement plus courtes, et surtout le bec sensible-
ment plus épais, plus large à la base, avec le culmen plus fortement
- 330 -
caréné. C’est probablement un habitant exclusif de la zone forestière
montagneuse, et dont les affinités restent un peu aberrantes.
On peut ajouter que l’aspect du M. ardesiaca semble offrir une
analogie superficielle avec la description et l’image coloriée qu’OoiL-
vie-Grant a données pour un Oiseau un peu énigmatique, trouvé
au Ruwenzori, le Trochocercus Bedfordi [Trans. Zool. Soc. Lond.,
vol. XIX, IV, 1910). Plus tard Stresemann, dans ses études sur les
mutations (Journ. f. Orn., 1924, p. 256), a considéré ce Tr. Bedfordi
comme une forme mutante de Tchitrea ignea. Je n’ai pu comparer
notre Oiseau avec aucun spécimen de T. Bedfordi : mais il me semble
que ses proportions sensiblement plus fortes, sa queue relativement
plus courte, le développement moindre de ses vibrisses rictales, et la
forme différente du bec ne sauraient en aucun cas convenir à ce der-
nier, pas plus qu’à aucune autre forme du groupe Trochocercus-
T chitrea.
Bâtis diops Jacks., $ ad. — M’Bwahi.
Cette espèce est très remarquable, ainsi que l’ont déjà établi les
descriptions, par la similitude du plumage chez les deux sexes, con-
trairement au caractère habituel du genre.
Campephagidés.
Coracina cæsia para (Sharpe), 2 cC' ç/' ad. — M’Bwahi.
Pycnonotidés.
Andropadus gracilirostris (Strickb), Ç ad. — M’Bwahi.
Phyllastrephus tephrolœmus kikuyuensis (Sharpe), 2 1 Ç ad. —
M’Bwahi.
Phyllastrephus flavostriatus Babaulti subsp. nov., ? 3 0^ ad-
M’Bwahi.
Semblable aux autres races de P. flavostriatus, mais de proportions
légèrement plus fortes, avec le bec par contre relativement moins
long. Plumage de teintes sensiblement plus vives et plus pures que
chez P. fïav. flavostriatus (Sharpe) : dessus de la tête gris cendré,
uropygium, ailes et queue d’un ton beaucoup plus olivâtre que brun,
la marge interne des rémiges et des rectrices jaune pâle ; les sous-alaires
jaunes, stries jaunes de la face inférieure plus accentuées, donnant au
bas-ventre et aux sous-caudales un aspect jaune clair presque
uniforme.
Dimensions (trois spécimens, marqués o^) : bec (culmen), 19 mill. ;
tarse, 25 mill. ; aile (respectivement), 105, 105 et 98 mill.
Il est possible que le spécimen à aile plus courte (98) soit un mâle
plus jeune ou une femelle ; chez ce spécimen, le devant du front est
d’un gris plus clair que chez les deux autres, moins pur et un peu lavé
de jaunâtre.
— 331 —
Cette espèce de Bulbul est typique des régions boisées du sud-est
de l’Afrique, depuis le Zululand au sud ; elle passe pour habiter
exclusivement la forêt. Les races que l’on en a décrites jusqu’à main-
tenant sont les suivantes :
P. fl. flavostriatus (Sharpe 1876) ; terra typica : Transvaal ;
P. fl. tenuirostris (Fisch. et Rchw. 1884) ; t. t. : Tanganyika Terri-
tory ;
P. fl. Alfredi (Shelley 1903) ; t. t. : Nord-Nyassaland ;
P. fl. littoralis Vincent 1933 ; t. t. : région côtière du Mozambique.
Les spécimens récoltés par M. Babault en l’honneur duquel nous
avons le plaisir de nommer cette nouvelle race, étendent donc encore
vers le nord l’habitat jusqu’alors connu de l’espèce (signalée jusque
dans les Monts Usambara et Nguru). Nous n’avons pu les comparer
malheureusement qu’à un seul spécimen de la race typique, provenant
du Zululand ; mais les différences indiquées ci-dessus, corroborées
d’ailleurs par toutes les descriptions, sont très apparentes. Par contre,
ces spécimens semblent plus voisins, tant par leur coloration que par
leur habitat, de la forme tenuirostris, du Tanganyika (voir à ce sujet :
W. ScLATER et E. Moreau, The Ibis, 1932, p. 676) ; mais les propor-
tions semblent les différencier aisément. Sans doute des caractères
morphologiques de la nouvelle race sont en rapport avec son habitat
de haute altitude.
Timaliidés.
Ce groupe de Passereaux insectivores est surtout richement repré-
senté en Indo-Malaisie. Or certains types africains, tels que les deux
suivants, présentent avec les formes d’Extrême-Orient des analogies
profondes, intéressantes pour l’étude de la dispersion de ce groupe.
Pseudoalcippe pyrrhopterus (Rchw. et Neum.), cf^ Ç ad. — M’Bwahi.
Le mode de vie de ces Oiseaux, caché dans l’épais sous-bois des
forêts, explique leur rareté relative en collections.
Lioptilornis rujocincta (Rothsch.), ad. — Lugégé (Ruanda), 2 no-
vembre 1935.
Espèce toujours rare et très localisée.
Turdidés
Turdus libonyanus centralis Rchw., ad. — Irambo
Pogonocichla stellata intensa Sharpe, 3 ad., 1 juv. — M’Bwahi.
Le plumage juvénile de cette espèce est entièrement marqué de
taches lacrymiformes jaune pâle sur fond gris
Alethe poliophrys Sharpe, Ç ad. — M’Bwahi.
Alethe poliothorax Rchw., 2 ad., 1 juv. — M’Bwahi.
- 332 —
? Alethe poliocephala Carruthersi O.-Gr., juv. — M’Bwahi.
Ces trois espèces A Alethe, toutes trois relafivement encore peu
connues, ont un aspect plus voisin des Timaliidés que des Turdidés ;
mais elles sont rangées dans cette dernière famille à cause du plumage
juvénile tacheté. Nous rapportons avec un point de doute à l’espèce
poliocephala un unique spécimen, en plumage juvénile, qui se distingue
immédiatement du jeune A. poliothorax par ses pattes jaune clair et
non gris foncé.
Sylviidés.
Prinia Bairdi melanops (Rchw. et Neum.), çp ad. — M’Bwahi.
Nous adoptons sans hésiter la suggestion de Sclater (Syst. Av.
sethiop., 1929, p. 573) au sujet de l’identité des formes melanops et
ohscura Neum. de cette Fauvette.
Apalis porphyrolœma Rchw. et Neum., 3 ad. — M’Bwahi.
Apalis Jacksoni Jacksoni Sharpe, 2 ad., 1 ad. — M’Bwahi.
Apalis hinotata personata Sharpe, 1 ad. — M’Bwahi.
Prionopidés.
Prionops Alherti Schout., 2 ad. — M’Bwahi.
Ces deux spécimens, en plein plumage, possèdent une huppe d’un
jaune très intense, tout comme ceux que M. Babault avait déjà
envoyés de la même région (voir : Bull. Mus., 1935, p. 163). Entre
temps, nous avons pu également, grâce à l’obligeance de notre Col-
lègue, le ScHOUTEDEN, Directeur du Musée du Congo Belge, à
Tervueren, examiner la série de spécimens de cette espèce existant
dans ce Musée : ils présentent en général une couleur jaune de la
huppe moins intense que ceux du Muséum de Paris, mais offrent d’ail-
leurs à ce point de vue une gradation intéressante dans l’intensité
de cette pigmentation, gradation qui peut faire penser à l’existence
d’un chromogène aisément modifiable sous diverses influences. En
fait, les curieuses propriétés de cette couleur jaune, signalées dans
notre précédente note (1. c.), ont été retrouvées chez tous les sujets
soumis à l’expérimentation : il s’agit là apparemment d’un pigment
labile, dont on peut aisément obtenir avec tous les dissolvants orga-
niques des solutions colorées.
Laniidés.
Laniarius poensis holomelas (Jacks.), 2 ad. (? Ç ^). — M’Bwahi.
Ces deux spécimens sont de proportions relativement faibles.
Chlorophoneus melamprosopus Rchw., ad. — M’Bwahi.
Spécimen parfaitement représentatif de la forme décrite par
Reichenow sous le nom de melamprosopus, c’est-à-dire possédant
des rectrices plus largement noires que celles du spécimen discuté
— 333 —
•dans notre précédente note {Bull. Mus., 1935, p. 161). Il apparaît
donc que cette coloration des rectrices, où le noir et le vert-olive
semblent se remplacer en proportions variables, ne marque probable-
ment qu’un polymorphisme individuel, ou peut-être sexuel.
Telophorus Dohertyi (Rothsch.), ad. — ■ Lugégé (Ruanda), 1®’’ no-
vembre 1935.
Paridés.
Parus fasciwenter Rchw., ? ad. — M’Rwahi.
(à suivre).
334 —
Répartition des dents cutanées jumelées
CHEZ Galeorhinus Lævis (Risso)
PAR G. Petit et P. Budker.
Sur la peau de onze espèces différentes de Plagiostomes (fœtus et
adultes), nous avons signalé la présence de spiculés ou dents cutanées,
disposés par couples et morphologiquement différents de ceux qui
constituent le revêtement du corps de ces animaux. Nous leur avons
réservé le nom de dents cutanées jumelées et avons montré que ces
couples recouvrent et protègent une dépression épithéliale dont le
fond est occupé par un organe sensoriel. Ce sont les spaltpapdlen des
auteurs allemands, les pit organs des auteurs anglais. Notre expression
de cryptes sensorielles traduit cette disposition d’une manière suffi-
samment expressive. Les dents cutanées jumelées, qui ne se cons-
tatent qu’au niveau de ces organes, facilitent l’étude de leur réparti-
tion. Elles se disposent en rangées plus ou moins régulières que nous
avons appelées : rangée para-sagittale (région dorso-latérale du corps),
rangée mandibulaire et rangée ombilicale (face ventrale). Ces dents
peuvent en outre s’aligner, en plus ou moins grand nombre, sur le
trajet de la ligne latérale
Au cours d’un récent travail, après avoir décrit les dents cutanées,
indiqué et figuré leur répartition générale chez Galeorhinus mustelus
(L.), nous avions pu seulement signaler leur présence et indiquer la
forme qu’elles revêtent, chez Galeorhinus laeois (Risso), d’après des
fragments de peau d’un individu adulte.
L’un de nous, ayant rapporté d’un voyage sur le chalutier « Casoar
un fœtus de cette espèce : (sexe mâle ; 31 cm. de long), il nous a paru
utile de compléter notre description antérieure par l’indication de la
répartition exacte de ces dents jumelées. Elle présente, dans l’en-
semble, quelques différences avec ce que nous avions constaté chez
Galeorhinus mustelus (L.).
Nous noterons tout d’abord la présence de deux couples de dents
1. G. Petit et P. Budker. Sur la dillérencialion de dents cutanées, liée à la présence
de cryptes sensorielles, chez quelques Sélaciens. C. R. Acad. Sc., séance du 21 octo-
bre 1935, p. 737-740. — Contribution à l’étude de la différenciation des dents cutanées,
liée à la présence de cryptes sensorielles chez quelques espèces de Sélaciens. Bull.
Institut Océan. Monaco, n° 695, 25 avril 1936, 16 p., 14 fig,
. 2. P. Budker. Compte-rendu sommaire d’une mission au large des côtes de Mauri-
tanie (Cap Blanc). Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 3, 1936, p, 237-239.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 4, 1936.
CAl.
— 335 —
Galeorhinus lævis (Risso).
Répartition des dents cutanées
jumelées :
c. fi. = canaux endolympha tiques.
c. s. i. = cryptes sensorielles anté-
rieures à ces canaux.
d. l. l. = dents cutanées de la ligne
latérale.
r. p. s. = rangée para-sagittale.
r, tnand. = rangée mandibulaire.
r. omb. = rangée ombilicale.
Bulleiin du Muséum, 2« s., t. VIII, 1936.
22
— 336 —
jumelées, en avant et de part et d’autre des canaux endolymphatiques.
Ces couples existent chez toutes les espèces étudiées par nous, à l’ex-
ception de Ginglymostoma cirratum (Gm.).
Rangée para-sagittale. — Cette rangée débute sur la tête, un peu
en arrière de l’orifice des canaux endolymphatiques. Les couples qui
la constituent, assez rapprochés les uns des autres, se disposent en
quinconces au niveau de l’intervalle compris entre la troisième et la
quatrième fente branchiale, donnant ainsi l’impression d’un dédouble-
ment de la rangée. Cette disposition peut se suivre jusqu’au bord
postérieur de la deuxième dorsale, en arrière de laquelle on ne dis-
cerne plus de couples.
Rangée de la ligne latérale. — Les dents cutanées jumelées sont
nettement visibles sur tout le trajet de la ligne latérale, qu’elles
surmontent à partir de la troisième fente branchiale, jusque un peu
en arrière du pédoncule caudal. Dans la partie antérieure et médiane
de cette rangée, les couples sont assez rapprochés les uns des autres.
Dans la partie postérieure (à partir de l’extrémité aborale des nageoires
pelviennes), ils s’espacent irrégulièrement, et sont séparés par des
intervalles çà et là très larges.
Rangée mandihulaire. — Bien indiquée, elle s’amorce à quelques
millimètres en arrière de l’évent. La rangée, composée de dents
cutanées situées côte à côte, se dirige d’abord vers l’arrière, puis
s’infléchit et dessine, à 8 mm. en avant des fentes branchiales, une
courbe à concavité orale ; passant sur la face ventrale, cette rangée
suit sensiblement, à 14 mm. de distance, le dessin de la bouche, puis
rejoint, sur la ligne médiane, la rangée mandihulaire qui lui est
symétrique.
Notons qu’au point de départ de la rangée mandihulaire, les couples
sont très proches d’un groupe d’ampoules de Lorenzini.
Rangée ombilicale. ■ — Elle se repère facilement à l’œil nu. Neuf
dents cutanées jumelées dessinent du côté gauche une ligne flexueuse
allant de la partie orale de la cicatricuîe jusqu’au milieu de la base de
la pectorale. Du côté droit, les dix couples constituant la rangée
sont disposés de façon presque rectiligne, de l’avant de la cicatricuîe
au milieu de la base de la pectorale.
La répartition des dents cutanées jumelées chez Galeorhinus laeçis
(Risso), comparée à celle qu’offre Gai. mustelus (L.) se caractérise
donc de la manière suivante : 1° une rangée para-sagittale, plus
nettement dédoublée, ne dépassant pas le bord postérieur de la
2® dorsale ; 2® une dissémination plus accusée des couples de la
ligne latérale, dans la partie postérieure du corps ; une rangée mandi-
hulaire à éléments plus nombreux, se continuant sans interruption
d’un côté à l’autre du corps ; un plus grand nombre de couples dessi-
nant une rangée ombilicale facilement repérable à l’œil nu.
(Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale.)
337 -
Sur le Pediculoides venïricosus New port (Ac arien)
PAR Marc André.
( Suite)
Femelle ovigère
Après la fécondation, lorsque les œufs commencent à se former et
à se développer dans son ventre, la femelle, gorgée de nourriture,
devient vésiculeuse (stade physogastre) : son abdomen se gonfle
Pediculoides penlricosus Newp.
Fig. 3. — Femelle ovigère (stade de début) vue dorsalement X 120.
Fig. 4. — Femelle ovigère (stade physogastre) vue ventralement X 92.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 4, 1936.
— 338 —
énormément dans une région située entre la 5® et la 6® rangée de
poils dorsaux.
Sur la portion abdominale non gonflée se retrouvent les cinq pre-
mières paires de poils dorsaux ; sur la partie dilatée, on voit la 6® paire,
presque à l’extrémité du diamètre correspondant à l’axe du corps.
L’abdomen prend ainsi d’abord la forme d’un citron (fig. 3), puis
d’une sphère (fig. 4) de couleur jaune paille, qui, ayant un diamètre
dépassant 1 /2 mm. (650 [J.), pourrait contenir plusieurs dizaines de
fois le reste de l’Acarien, qui assume ainsi un aspect lagéniforme.
Chez la femelle devenue vésiculeuse les trachées s’irradient de tous
côtés et elles ont été décrites comme des nervures servant à rattacher
au corps la masse sphérique.
Dans cette sorte de sac les œufs éclosent et il renferme bientôt un
nombre de petits qui, dans le ventre maternel même, acquièrent un
stade d’évolution très avancé : de cette chambre incubatrice de la
femelle, qui est donc vivipare, il sort, en effet, directement des mâles
et des femelles sexuellement mûrs et aptes à l’accouplement : ce qui
fait qu’il n’y a ni larve hexapode, ni nymphe : la viviparité est
complète, le développement tout entier étant devenu intra-utérin
(1900, Brucker, p. 404).
L’espèce se multiplie très vite : car non seulement ces Acariens
naissent immédiatement à l’état adulte, mais ensuite l’accroissement
des individus est fort rapide et les générations se succèdent en grand
nombre dans un temps très court.
Cependant, H. Gros (1908, p. 251) a admis que le Ped. çentricosus
possède deux modes de reproduction : il serait ovo-vivipare pendant
sa période de vie active, qui correspond au temps d’invasion des
grains de blé par les Insectes, et ovipare quand ces animaux ont
disparu des céréales.
Mais A. Herfs (1926, p. 21) révoque en doute cette affirmation,
car, dans ses nombreuses observations, il n’a jamais constaté que la
viviparité du P. çentricosus subisse l’influence de la famine ou des
variations de température.
Au contraire, une autre forme trouvée dans du fumier de cheval,
le P. fimicola G. Canestrini, qui a été identifiée par Berlese (1894,
fasc. LXXV, n® 8) au P. mesemhrinæ R. Canestrini, parasite des
larves de Diptères phytophages, est ovipare et non vivipare : chez
cette espèce l’accumulation de nourriture dans l’abdomen n’a pas
entraîné le développement intra-utérin des œufs : G. Canestrini
(1888, p. 324) a observé de nombreux individus qui étaient en action
de ponte et il existe une larve hexapode libre (1900, Brucker, p. 402).
A côté de ces Pediculoides carnassiers, les auteurs ont admis l’exis-
tence d’autres espèces qui seraient végétariennes.
L’une de celles-ci, le Pediculopsis graminum Reuter, est aussi
vivipare, mais le développement intra-utérin n’y est pas, en général,
— 339
poussé aussi loin que chez le P. çentricosus : si la vie embryonnaire se
poursuit parfois (lorsque les embryons sont peu nombreux) jusqu’au
stade nymphal (femelles) ou même jusqu’à celui d’imago (mâles),
souvent (quand la postérité est abondante) les jeunes, mâles ou
femelles, naissent à l’état de larves : E. Reuter (1909, p. 140) attribue
ces différences à la façon dont la nutrition se fait plus ou moins bien.
MIle.
Sur la grosse sphère abdominale de la femelle du P. çentricosus on
voit se promener trois ou quatre Acariens presque aussi grands que
Pediculoides ventricosus Newp.
Fig. 5. — Mâle vu dorsalement et ventralement X 290.
les jeunes femelles, mais plus trapus. Ce sont les mâles, qui ont environ
200 à 165 p. de long et 120 à 90 p. de large.
Leur corps, beaucoup plus ramassé que celui de la femelle, est
ovale, anguleux latéralement, avec saillies humérales bien marquées,
et acuminé en arrière.
La face dorsale, un peu bombée, recouverte par deux boucliers,
un céphalothoracique et un abdominal, présente typiquement huit
fortes soies dressées, qui sont recourbées en arrière et donnent à
l’animal un aspect hérissé :
1° une paire céphalothoracique très longue ;
— ■ 340
2® une paire abdominale antérieure ;
30 deux paires abdominales postérieures.
D’après le Di" A. Herfs (1926, p. 7), les soies de la 2® paire ont un
développement extrêmement variable : elles sont tantôt fortes, tantôt
très petites et même, dans beaucoup de cas, peuvent manquer totale-
ment, de sorte qu’il n’y a plus alors que six soies.
Il n’y a pas d’organes pseudostigmatiques.
Dans la région dorsale postérieure, on a décrit un bouclier chiti-
neux granulé, élargi en avant et tronqué en arrière ; c’est, en réalité,
l’appareil excréteur, large et aplati.
Sur la face ventrale, assez plate, on observe, comme chez la femelle,
que les quatre coxae des deux paires de pattes antérieures sont sou-
dées enssmble et celles des deux paires de pattes postérieures sont
coalescentes deux à deux de chaque côté du corps, laissant sur la
ligne médiane un espace de tégument libre.
Le rostre du mâle est conformé exactement comme celui de la
femelle et sa tête présente également une ventouse terminale.
Les 2® et 3® paire de pattes servent souvent à la marche, mais celles
de la 3® paire sont plus grandes que celles de la 2® : chacune de ces
quatre pattes montre, à son extrémité, deux griffes et une lamelle
cbitineuse formant ventouse. Les pattes de la D® paire se portent en
avant et jouent le rôle d’organes tactiles ; celles de la 4® paire, plus
courtes que les autres, sont dirigées en arrière et constituent une pince
servant d’organe auxiliaire dans la copulation. Ces cjuatre pattes sont
terminées par une forte griffe.
L’orifice génital du mâle se trouve à l’extrémité ventrale de l’abdo-
men : il en sort un pénis chitineux allongé. Un repli circulaire des
téguments forme à l’extrémité de l’abdomen une sorte de vaste coupe
fendue sur la ligne médiane ventrale : le pénis se trouve entre les
lèvres de cette fente, qui ont leur extrémité pourvue de deux petites
ventouses. En outre, le bord dorsal de cette coupe présente, de chaque
côté, des épaississements chitineux en lames pouvant glisser les unes
sur les autres comme celles d’un éventail.
Parthénogenèse.
I
Quand la femelle du P. çentricosus a été mise dans l’impossibilité
de copuler, soit par quelque accident fâcheux \ soit expérimentale-
ment, elle peut cependant engendrer des embryons.
Les recherches de A. Herfs (1926, p. 44) ont établi, en effet, que,
dans cette espèce, les femelles non fécondées sont capables de parthé-
nogénèse et qu’elles peuvent, comme celles qui sont fécondées, devenir
1. Les jeunes femelles risquent d’autant plus ne ne pas être fécondées que cette
espèce est pauvre en mâles, ceux-ci étant en proportion très faible (environ 4 %)
vis-à-vis des femelles.
sphériques : mais les jeunes qui sortent de ceS femelles parthénogéné-
tiques vésiculeuses sont tous, sans exception, mâles (arrhénotokie).
Au contraire, Reuter (1909, p. 12) n’a pas constaté l’existence de
la parthénogénèse chez une espèce végétarienne assez voisine, le
Pediculopsis grarninum Reut., hien que les mâles y soient aussi fort
rares (5 %).
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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Linn. Soc. Lond., II, pp. 70-71.
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et Belgique, XXXV, pp. 365-452.
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besonderer Berücksichtigung von Pediculopsis grarninum E. Reut.
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U. S. Departm. Agricult., n° 118, pp. 1-24.
1910. Webster (F. M.). — A predaceous and supposedly bénéficiai Mite,
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III, pp. 15-39.
1912. Blaxc (G. R.). — Sur le parasitisme d’un Gynipide ( Aulax scabiosæ)
par Pediculoides ventricosus. Bull. Soc. Zool. France, XXXVII,
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ventricosus (Newp.) Berl. Zoologica, Bd. XXVIII, Heft 74,
pp. 1-68.
1926. André (M.). — • Contribution à l’étude des Acariens libres : Throm-
bidiidæ de la faune française. Bull. Soc. Zool. France, LI, p. 187.
1930. André (M.). — ■ Contribution à l’étude d’un Acarien : le Thrombicula
autumnalis Shaw. Mém. Soc. Zool. France, XXIX, p. 59.
— 342
SvR LA SaCCULINA CARPILIÆ ET LA SaCCULINA LEPTODIÆ,
DE Guérin-Ganivet
PAR M. Boschma.
(Rijksmuseum van Natuurlijke Historié, Leiden).
Parmi les espèces du genre Sacculina il y en a quelques-unes qui
portent, sur la surface de la cuticule externe du manteau, des groupes
d’épines minuscules cliitineuses bien plus hyalines que la cuticule
externe proprement dite. Généralement, les épines qui forment chacun
des groupes, se sont soudées dans leur partie basale, commune, plus
ou moins développée. Cette configuration de la cuticule externe est
bien connue dans la Sacculina rotundata Miers, espèce vivant sur
V Eriphia læçimana Latr. (il n’est pas certain que ce parasite vive
aussi sur d’autres Crabes). Quelques autres espèces de Sacculina sont
en grande partie conformes à la Sacculina rotundata. Les parasites de
Carpïlius conoexus (Forsk.) et de Xanthodius exaratus (M.-E.) sont
deux espèces semblables à la Sacculina rotundata, mais se distinguent
de celle-ci par des caractères spécifiques suffisamment nets.
J’ai pu étudier quelques parasites des crabes mentionnés ci-dessus,
et maintenant il était nécessaire de savoir si ces échantillons étaient
conformes à la Sacculina carpiliæ et à la Sacculina leptodiæ, espèces
décrites par Guérin-Ganivet L Cet auteur n’a pas étudié les parti-
cularités de la cuticule externe de ses exemplaires. Grâce à l’amabilité
de M. le Prof. Ch. Gravier j’ai pu étudier le manteau des parasites
appartenant aux deux espèces. Les résultats sont contenus dans la
note présente.
Les dates du matériel examiné, appartenant au Muséum National
d’ Histoire Naturelle, de Paris sont les suivantes :
Mer Rouge, Jousseaume. Un exemplaire de Sacculina carpiliæ
Guérin-Ganivet (type) sur Carpilius convexus (Forsk.).
Djibouti, H. CouTiÈRE, 1897. Un exemplaire de Sacculina leptodiæ.
Guérin-Ganivet (type) sur Xanthodius exaratus (M.-E.).
Grande Comore, Pobéguin, 1899! Deux exemplaires de Sacculina
leptodiæ. Guérin-Ganivet (types) sur un exemplaire de Xanthodius
exaratus (M.-E.).
1. J. Guérin-Ganivet, 1911. Contribution à l’étude systématique et biologique de?
Rhizocéphales. Travaux scient. Laborat. Zool. et Physiol. Marit. Concarneau, III,
fasc. 7.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 4, 1936.
— 343 —
Dans la partie étudiée du manteau de l’exemplaire type de Sac-
culina carpüiæ, toutes les épines se sont brisées, de sorte qu’il ne reste
que leur partie basale (fig. a). Celle-ci est conforme à celle des autres
échantillons de l’espèce que j’ai étudiée et les parties manquantes
sont dessinées dans la figure en lignes pointillées d’après un des autres
individus. Pour ne pas mutiler l’exemplaire type de Sacculina car-
piliæ, il ne me semblait pas nécessaire d’examiner d’autres parties du
manteau, où probablement les épines n’auraient pas été brisées.
A cause de cela, je ne peux donner ici les dimensions exactes des
Appendices de la cuticule externe du manteau des exemplaires types de Sacculina
carpiliæ (a) et Sacculina lepiodiæ (b, c). X 530.
appendices de la cuticule externe de l’exemplaire type. Dans un
exemplaire de Sacculina carpiliae provenant de Zanzibar, le manteau
montre des appendices variant entre 100 et 160 y de longueur (de la
base à l’extrémité des épines) ; dans un autre exemplaire, provenant
de Madagascar, ces dimensions varient entre 110 et 130 u.. L’appen-
dice reconstitué de la figure a mesure 150 p. environ.
La partie examinée du manteau de l’espèce de Sacculina leptodiæ
de Djibouti possède des appendices composés d’un nombre d’épines
inférieur à celui de Sacculina carpiliæ, en outre elles sont bien plus
courtes. Le morceau étudié montre des appendices qui varient entre
50 et 90 U, une des plus longues est représentée dans la figure b.
„ 344 —
Des deux exemplaires de Sacculina leptodiæ de la Grande Comore,
une pièce du manteau a été coupée, de l’un d’eux seulement. On
trouve ici des appendices composés d’un petit nombre d’épines
(fig. c). La longueur des appendices entiers varie de 30 à 45 p..
Les différences entre les appendices de ces deux exemplaires ne sont
pas plus grandes que celles qu’on trouve dans les parties différentes
du manteau chez d’autres exemplaires de la même espèce. Je donne
ici deux exemples. Dans certaines parties du manteau d’un échantillon
de Sacculina leptodiæ de Zanzibar, les appendices mesurent de
60 à 75 [J., dans d’autres parties du manteau du même animal, ces
dimensions varient de 33 à 45 u. Dans un autre exemplaire de la
même espèce, provenant de Suez, on trouve, dans certaines parties,
des appendices de 60 à 75 p., dans d’autres parties, ils ont de 42 à 48 p.
de longueur.
Le travail de Guérin-Ganivet contient quelques données sur
l’organisation interne des deux espèces. J’ai pu étudier cette organi-
sation sur des coupes longitudinales et j’ai pu confirmer les observa-
tions de Guérin-Ganivet. Les particularités principales sont les
suivantes. Dans les deux espèces, les organes génitaux mâles se trou-
vent dans la partie postérieure du corps, en dehors de la masse viscé-
rale proprement dite. Les testicules sont complètement indépendants,
plus ou moins globuleux. Les glandes collétériques montrent un
système de tubes peu ramifiés. Dans les exemplaires de Sacculina
carpiliæ de Zanzibar et de Madagascar, on trouve dans les coupes
longitudinales 9 et 11 tubes au maximum. Les exemplaires de Sacculina
leptodiæ de Zanzibar et de Suez possèdent des glandes collétéric{ues
avec un nombre de tubes ramifiés un peu plus grand ; sur les coupes
longitudinales on en voit de 16 à 24. Par cette disposition des glandes
collétériques, les deux espèces se distinguent de la Sacculina rotundata,
qui possède un système de tubes très ramifiés.
Les deux espèces peuvent être caractérisées par les diagnoses
suivantes.
Sacculina carpiliæ. Organes génitaux mâles dans la partie posté-
rieure du corps, en dehors de la masse viscérale. Testicules complète-
ment indépendants, plus ou moins globuleux. Glandes collétériques
avec un assez petit nombre de tubes. Appendices de la cuticule externe
du manteau composé d’un assez grand nombre d’épines. Les dimen-
sions des appendices varient de 100 à 160 |j..
Sacculina, leptodiæ. Organes génitaux mâles dans la partie posté-
rieure du corps, en dehors de la masse viscérale. Testicules complète-
ment indépendants, plus ou moins globuleux. Glandes collérétiques
avec un assez petit nombre de tubes. Appendices de la cuticule externe
du manteau composés d’un assez petit nombre d’épines. Les dimen-
sions des appendices varient de 30 à 90 u.
Contributions a la Faune Malacologique
DE L’Afrique équatoriale (lxxii)
PAR Louis Germain.
LXXII 1
Mollusques du lac Albert et de la région de Mokoto
(Afrique orientale)
Cette note, qui fait suite à celle parue dans le Bulletin du Muséum
de mars 1936 (2® série, t. VII, n® 2, p. 146), est également consacrée aux
Mollusques de IWfrique orientale recueillis par M. Guy Babault,
Associé du Muséum. Ces Mollusques proviennent, presque tous, du
lac Albert et des lacs de Mokoto. Les lacs de Mokoto sont des masses
d’eau de médiocre étendue dont les trois plus importants sont situés
au nord, à l’est et au sud de la localité de Mokoto (I^IB’ lat. S.,
28®59’30” long. E. Greenwich). Leur faune malacologique, qui était
inconnue, est tout à fait comparable à celle des grands lacs Albert
et Albert-Edouard.
Les matériaux rassemblés par M. Guy Babault permettent de
préciser le polymorphisme de cjuelques espèces et apportent des
documents nouveaux sur leur répartition. J’indiquerai plus tard,
quand j’aurai terminé l’étude des Mollusques du lac Kivu, les carac-
tères biogéographiques de cette faune.
Gonaxis vulcani Thiele.
1911. Slreptaxis vulcani Thifxii, Wis.^. Ergebn. Deutschen Zentral-Afrika Expedit.,
III, p. 184, fig. VIII, pl. IV, fig. 22-23.
1919. Gonaxis (Eustreptaxis) oulcani Pii.sbry, Bullel. Amer. Muséum Natur. Hisiory
New-York, XL, p. 178, fig. 65 a-b.
Ce Gonaxis atteint jusqu’à 20 millimètres de longueur (J. Thiele].
Les exemplaires recueillis par M. Guy Babault mesurent de 18,5
à 19,5 millimètres de longueur pour 15,9 à 16,2 millimètres de dia-
mètre maximum et 12,6 à 12,8 millimètres de diamètre maximum.
Leur test est d’un blanc grisâtre brillant (surtout la moitié aperturale
1. Cf. Bulletin Muséum Hist. natur. Paris, 2® série, VIII, n° 3, mais 1936. p. 000.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 4, 1936.
-- 346 —
du dernier tour), translucide, garni de stries costulées obliques Sub-
régulières, légèrement onduleuses et très atténuées au dernier tour.
Sur les tours embryonnaires, ces stries sont notablement plus écartées
et limitées à la partie supérieure, la moitié inférieure des tours restant
lisse.
Le Gonaxis vulcani Thiele est très voisin du Gonaxis micans Put-
zeys [= Streptaxis micans Putzeys, Ann. soc. malacol. Belgique,
Bullet. des séances, XXXIV, 1899, p. lv, fig. 2] mais son enroulement
est différent, son dernier tour moins aplati et son ouverture plus
verticale. IG Ennea, huccina Preston [Proceed. Zoolog. Soc. London,
1913, p. 196, pl. XXXII, lig. 11], de Burunga (l^SO’ lat. S., 29^20’
long. E. Greenw.) au pied du Mont Mikeno, est probablement syno-
nyme.
Bords du lac Mokoto [Guy Babault].
Cette espèce, trouvée d’abord sur le mont Ninagongo (l^SO’ lat. S.,
2902O’ long. E. Greenw.) entre 2.500 et 3.000 mètres d’altitude
[ScHUBOTz] et dans la forêt Bugege vers 2.200 mètres d’altitude
[Grauer] a été recueillie depuis par le D^’ J. Bequaert à Mukule
(lo20’ lat. S., 29’10’ long. E. Greenw.) entre 1.800 et 2.000 mètres
d’altitude et à Luvunu, près de Masisi (1° lat. S., 28o30’ long. E.
Greenw.).
Halolimnohelix oscitans Preston.
1914. Burungaëlla oscitans Preston, Proceed. Zoolog. Soc. London, p. 797, pl. I,
fig. 17 a-c.
Le test, très mince, membraneux, très fragile, est d’un corné jau-
nâtre pâle, plus clair en dessous ; il est garni de stries longitudinales
très obliques, subégales, pliciformes et un peu écartées entre les-
quelles se distinguent de rares stries très fines. En dessous, la sculpture
est seulement un peu plus délicate. Diamètre maximum : 12 milli-
mètres ; diamètre minimum ; 10 millimètres ; hauteur : 8 millimètres.
L’ouverture mesure 6,8 millimètres de diamètre pour 5,4 millimètres
de hauteur.
Bords du lac Mokoto [Guy Babault]. L’espèce a été découverte,
par Robin Kemp, à Burunga, près du mont Mikeno.
Limicolaria jestioa E. von Martens.
1870. Achatina (Limicolaria) flammea var. feslioa E von Martens, Malakozoolog.
Blâtter, XVII, p. 33.
1904. Limicolaria flammea var. feslioa Pilsbry in Tryon, Manual of Conchology,
2® série, Pulmonata, XVI, p. 257, pl. XVIII, fig. 95.
1919. Limicolaria jesiiva Pilsbry, Bullet. Amer. Aluseum JSatur. Ilist. New-York,
XL, p. 101, pl. XV, fig. 1 à 6.
Le type, qui atteint 80 millimètres de longueur pour 41 millimètres
347
de diamètre maximum, a le test garni de larges flammules d’un marron
brun plus ou moins rougeâtre sur les bords Une forme, recueillie
par M. Gut Babault, appartient à la mutation clara Pilsbry (loc.
supra cit., 1919, p. 102, pl. XIV, fig. 1, 3, 4 et 5) : le test, qui a perdu
ses flammules, est d’un jaune clair ou chamois uniforme avec le
sommet corné presque blanc et les premiers tours légèrement rosés.
Kaiso, sur les bords du lac Albert-Edouard [Guy Babault].
Pseudoglessula intermedia Thiele.
1911. Pseudoglessula intermedia Thiele, Wiss. Ergebn. Deutschen Zentral-Ajr ika
ExpedU., III, p. 207, pl. V, fig. 46-46 a.
1936. Pseudoglessula inierrnedia Germain, Bulletin Muséum Hist. natur. Paris, 2*^ série,
VIII, p. 155, fig. 47.
A part la taille plus faible (longueur : 30,5 millimètres, diamètre
maximum : 14 n'iillimètres ; diamètre minimum : 12,1 millimètres)
et les tours de spire un peu plus convexes, un exemplaire, recueilli
par M. Guy Babault, correspond à la variété masisiensis Pilsbry
[Bulletin Amer. Muséum Nat. Hist. New-York, XL, 1919, p. 150,
pl. XVIII, fig. 2-2 a]. Le test est d’un corné brun assez foncé et le
péristome très légèrement mais nettement réfléchi.
Bords du lac Mokoto [Guy Babault]. ^
Cerastus Bequaerti Pilsbry.
1919. Cerastus bequaerti Pilsbry, Bulletin Amer. Aluseum Natur. Hist. New-York,
XL, p. 312, pl. XXIII, fig. 1 à 4.
La coquille recueillie par M. Guy Babault se rapporte à la variété
mokotoensis Pilsbry [loc. supra cit., p. 209, pl. XXIII, fig. 5-6]. Le
sommet et les tours embryonnaires (2 1 /2) sont lisses ; les tours
suivants sont garnis de stries longitudinales assez fortes, presque
régulières, serrées et obliques ; le dernier tour, qui est légèrement mal-
léé, montre seulement de très fines stries longitudinales. Le test est
blanchâtre, un peu brillant, teinté de jaune derrière le péristome.
Ce dernier est très épaissi, réfléchi et blanc ; le bord columellaire,
presque droit et élargi, est blanc avec, à sa partie supérieure, une
tache d’un brun marron se prolongeant sur toute la callosité aper-
turale. Longueur : 23,5 millimètres ; diamètre maximum : 13,7
mètres ; diamètre minimum : 11,2 millimètres. L’ouverture mesure
11,5 millimètres de hauteur et 72, millimètres de diamètre.
1. Ces flammules sont, en zigzag et plus ou moins coalesccntcs au dernier tour.
2. L’ouverture mesure 12,3 millimètres de hauteur et 6 millimètres de diamètre.
3. Je rappelle que le type de cette espèce provient de l’Ile Kwidjwi, dans le lac
Kivu [ScHUiioTz in J. Thiele]. La var. masisiensis Pilsbry a été recueillie par le
D"" .1. Bequaert, à Mbisi (1°20’ lat. S., 28°40’ long. E. Greenw.], près de Masisi, à
Mukule (l‘’20’ lat. S., 29°10’ long. E. Greenw.) et à Mokoto, toutes localités situées
dans la région du lac Mokoto.
— 348 -
Bords du lac Mokoto [Guy Babault],
Le type, qui est commun à Masisi et à Mbisi vers 1800 mètres d’al-
titude [J. Bequaert] est assez voisin du Cerastus partulæformis
Preston [Reçue Zool. Afric., Bruxelles, III, 1913, p. 52, pl. IV, fig. 2]
des rives du lac Kivu [Robix Kemp],
Cyclophorus ( Maizania) intermedius Martens.
1897. Cyclophorus intermedius E. von Martens, BeschaUe Weichth. Deutsch Ost.-
Afrika, p. 8, pl. II, fig. 3.
1936. Cyclophorus (Maizania) intermedius Germain, Bullet. Muséum Hist. natur,
Paris, 2*^ série, VIII, p. 157.
1 oiis les exemplaires recueillis par M. Gua" Babault appartiennent
à la variété cingulatus Dupuis et Putzeys [Annales soc. malacol.
Belgique, Bulletin des séances, XXXVI, 1901, p. xli, fig. 17-18].
L’un d’eux, de très grande taille (23 millimètres de diamètre maxi-
mum, 19 millimètres de diamètre minimum et 17 millimètres de hau-
teur), montre une large fascie supracarénale jaune clair et 5 étroites
fascies infracarénales de même coloration.
Okodri (Uganda) [Guy Babault].
Bords du lac Mokoto [Guy Babault].
Planorhis adowensis B our guignât.
1879. Planorhis adowensis Bourguignat, Descript. Mollusques Egypte..., p. 11.
1888. Planorhis adowensis Bourguignat, Iconogr. malacolog. lac Tanganika, pl. I,
fig. 1-4.
1921. Planorhis (Planorhis) adowensis Germain, Records Indian Muséum Calcutta
XXI, p. 24.
Très répandu dans certaines régions de l’Afriqne orientale anglaise,
ce Planorbe atteint jusqu’à 16,2 millimètres de diamètre maximum et
6 millimètres d’épaisseur Les individus recueillis par M. Gu a*
Babault sont typiques. Ils mesurent 12 millimètres de diamètre
maximum, 10 millimètres de diamètre minimum et 5 millimètres
d’épaisseur.
Lac Mokoto [Guy Babault].
Vioipara rubicunda E. von Martens.
1879. Paludina rubicunda E. von Martens, Sitzungsb. Gesellsch. Naturf. Freunde
Berlin, p. 104.
1892. Viviparus rubicundus Smith, Annals and Magaz. Natur. Hist. London, 6® série,
X, p. 123, pl. XII, fig. 3.
1907. Visipara rubicunda Kobelt in Martini et Chemnitz, Systemat. Conchylien-
Cab., N. F., II, 21a, p. 169, pl. XXXIII, fig. 8.
1. Ce? grands individus ont été recueillis, par J. Bequaert, à Irumu (1°20 lat. N.
et 30° long. E. Greenw.), au S. E. du lac Albert-Edouard [Cf. : Bulletin Amer. Muséum
Nat. Hist. New-York, LUI, 1927, p. 119].
— 349 —
Le test, est brillant, rosé (sommet plus pâle), presque lisse, garni de
fines stries longitudinales obliques et irrégulières. Le dernier est bien
régulièrement convexe, ce qui distingue cette espèce du Vivipara
unicolor Olivier. Les plus grands individus ont 21 millimètres de
longueur, 17,5 millimètres de diamètre maximum et 13,4 milli-
mètres de diamètre minimum. Chez les plus petits spécimens ces
mêmes mensurations ont, respectivement, 16,5, 13,5 et 11 milli-
mètres.
Lac Mokoto [Guy BabaultJ.
Il est intéressant de retrouver dans ce lac cette espèce connue des
lacs Victoria [E. von Martens, E. A. Smith] et Albert-Edouard
[Gordox, s. Baker, Emin Pacha, Stuhlmanx, Schubotz],
Bythinia (Paranerita) Alberti Smith.
1888. Bylhinia Alberti Smith, Proceed. Zoolog. Society London, p. 54.
1916. Bythinia ( Gabbia) Alberti Gep.maim, Bullet. Aluséum Hist. Natur. Paris, p. 199,
fig. 1-2.
1927. Bulimus (Paranerita) alberti Pilsbry et Bequaert, Bullet. Amer. Aluseum
Natur. Hist. New-York, LUI, p. 218, fig. 18.
Lac Mokoto [Guy Babault].
Espèce commune dans les lacs Albert et Albert-Edouard.
Potadoma ignobilis Thiele.
1911. Adelania ignobilis Thiele. Wissensch. Ergebn. Deuischen Zentral-Afrika Expedit.,
III, p. 211, pl. V, fig. 53.
1927. Potadoma ignobilis Pilsbry et Bequaert, Bullet. Amer. ALuseum Natur. Hist.
New-York, LUI, p. 279, fig. 49 (à la p. 284), pl. XXVI, fig. 1 et 2-2 a.
La coquille, toujours tronquée, est réduite aux 3-4 derniers tours
■de spire ; ces tours de spire sont arrondis avec, rarement, une angulo-
sité à peine indiquée. Le test est de couleur sombre, d’un marron très
foncé et brillant (les sutures soulignées par une ligne plus claire) ; il
est garni de très fines stries longitudinales peu obliques, inégales,
serrées et irrégulières avec, parfois, des traces de stries spirales à peine
visibles au grossissement 20. L’intérieur de l’ouverture est d’un
marron moins sombre, très brillant et éclairci sur le bord du péris-
tome. Les échantillons adultes mesurent pour 3 1 /2 à 4 tours de spire,
de 18 à 20-22 millimètres de longueur et de 8,5 à iO-10,5 millimètres
de diamètre maximum.
Lac Kivu, à Kadjudju [Guy Babault].
Cette espèce, qui semble commune dans le lac Kivu, a d’abord été
trouvée dans la rivière Ituri près de Mawambi (I^IO’ lat. N., 28^45’
long. E. Greenw.) [Schubotz] puis à Avakubi (lo20’ lat. N., 27®40’
long. E. Greenw.) [Lang et Chapin, J. Bequaert]. Elle n’est pas
- 350 —
rare à Stanleyville et à Batama [Lang et Chapin]. Dupuis et Put-
ZEYS [Annales soc. zoolog. Belgique, LUI (1922), 1923, p. 77-78]
pensent qu’elle n’est qu’une forme lisse du Potadoma liricincta
Smith [Melania liricincta Smith, Proceed. Zoolog. Society London,
1888, p. 53, fig. 1], très polymorphe et répandu dans une grande partie
du bassin du Congo.
Melania (Melanoides) tuherculata Müller.
1774. Nerita tuberculala Müller, Verm. terr. et ftun. IHst., II, p. 191.
1927. Melanoides tuherculata Pilsbry et Bequaert, Buïlet. Amer. Muséum Nat. liist.
New-York, LUI, p. 256, pl. XXI, fig. 1-7.
Kaiso, lac Albert [Guy Babaultj.
Kadjudju, lac Kivu [Guy Babault]. De nombreux exemplaires
de cette localité ont un test très brillant, d’une brun profond presque
noir.
Parreysia Bakeri H. Adams.
1866. Unio Bakeri H. Adams, Fig. 49, dans le texte, Proceed. Zoolog. Soc. London,
p. 376.
1892. Unio Bakeri Smith, Annals and Magaz. Natur. Hist. London, 6« séiie, X, p. 126,
, pl. XII, fig. 11.
1914. Parreysia Bakeri Simpson, Descript. Calai. Naiades [Ed. Bryanï Walker],
p. 1125.
Une série d’échantillons montre le polymorphisme étendu de cette
espèce.
Une forme arrondie (Fig. 49 a), longue de 32 millimètres, haute de
26 millimètres et épaisse de 18 millimètres, montre des sommets
submédians élargis ; son test est brun marron avec des chevrons peu
développés et sa nacre est saumonée. Elle rappelle le Parreysia
ngesiana E. von Martens ^ du lac Albert-Edouard.
Une autre forme (Fig. 49 h) ressemble également au Parreysia
ngesiana E von. Alartens ; elle est moins arrondie, sa région antérieure
est décurrente, ses sommets sont plus antérieurs et son test, d’un
marron passant au chocolat vers les bords, est garni de chevrons bien
développés mais peu saillants. Longueur : 28 millimètres ; hauteur
maximum : 23 millimètres ; épaisseur maximum : 13,5 millimètres.
La nacre est saumonée à irisations verdâtres.
Les sommets sont encore plus antérieurs et le galbe plus allongé
chez la coquille de la fig. 49 c qui atteint 35,5 millimètres de longueur
pour seulement 23,5 millimètres de hauteur maximum et 17,6 milli-
mètres d’épaisseur. Le test est de même coloration garni, sur la moitié
supérieure, de chevrons bien marqués mais peu saillants. Une forme
encore plus allongée (Fig. 49 d) a des sommets plus antérieurs et un peu
saillants, le bord inférieur subsinueux postérieurement, le même test
1. Unio ngesianus E. von Martens, Besclialte Weichth. Deulsch Ost.-Afrik, 1897,
p. 2.34, pl. VII, fig. 7.
— 351
garni de chevrons un peu plus saillants antérieurement et une nacre
d’un bleu violet à reflets lilas. Longueur : 27,5 millimètres ; hauteur
maximum (voisine des sommets) : 20 millimètres ; épaisseur maxi-
mum : 17 millimètres.
La fig. 49 e représente une forme assez voisine du type. Le test est
vert émeraude passant au marron clair sur les bords postérieur et
inférieur ; il est garni de chevrons bien marqués mais peu saillants. La
Fig. 49. — Parreysia Bakeri H. Adams. Série d’exemplaires montrant le polymorphisme
de la coquille. Grandeur naturelle. Kaiso, lac Albert [Guy Babault].
nacre est bleue, très irisée, à reflets violets et lilas. Longueur : 31,5 mil-
limètres ; hauteur maximum : 23 millimètres ; épaisseur maximum :
16 millimètres.
Une forme allongée à bord antérieur arrondi décurrent, à bord
inférieur subrectiligne légèrement incurvé et à bord postérieur tronqué
est représentée fig. 49 g L Les sommets sont un peu antérieurs. Le
test, très érodé, marron chocolat, montre des chevrons marqués mais
1. Cette forme rappelle celle figurée par H. A. Pilsbry et J. Bequaert, Bulletin
Amer. Muséum Nat. Hist. New-York, LUI, 1927, pl. XXXI, fig. 5.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
23
352
peu saillants. La nacre est bleue avec de magnifiques irisations vio-
lettes et lilas. Longueur : 28,5 millimètres ; hauteur maximum
(exactement sous les sommets ) : 20 millimètres ; épaisseur : 15 milli-
mètres.
Enfin une curieuse forme allongée, subparallélipipédique, a une
région antérieure extra-courte (Fig. 49 /). Le test est d un marron
chocolat clair avec des chevrons peu marqués. La nacre, très belle,
très irisée, est saumonée à reflets violets et lilas. Longueur : 38,5 milli-
mètres ; épaisseur maximum (à 10 millimètres des sommets) : 26 mil-
limètres ; épaisseur : 18,5 millimètres.
Kaiso, lac Albert [Guy Babault],
Cette espèce du lac Albert-Edouard (S. Baker, J. Bequaert,
Emin Pacha, Schubotz, F. Stuhlmaxn] a été retrouvée dernière-
ment par M. C. Arambourg, dans le lac Rodolphe.
Parreysia acuminata H. Adams.
1866. Unio acuminalus H. Adams, Proceed. Zoolog. Soc. London, p. 376.
1892. Unio acuminalus E. A. Smith, Armais and Magaz. JSat. Hist. London, 6® série,
X, p. 127, pl. XII, fig. 12.
1927. Parreysia acuminata Pilsery et Bequaert, Bullel. Amer. Muséum Natur.
Hist. New-York, LUI, p. 393, pi. XXXI, fig. 13.
Kaiso, lac Albert [Guy Babault]. Exemplaires normaux (longueur :
37 millimètres ; hauteur : 19,8 millimètres ; épaisseur : 15 millimètres)
au test marron jaunâtre et à nacre bleue très irisée à reflets verdâtres.
Parreysia Stuhlmanni E von Martens.
1897. Unio Stuhlmanni E. von Martens, Beschalle Weichth. Deutsch. Ost-Afrika,
p. 231, pl. VU, fig. 13.
1914. Parreysia Stuhlmanni Simpson, Descri pi. Calai. Naiades [Ed. Bryant Walker],
p. 1126.
1927. Parreysia Stuhlmanni Pilsbry et Bequaert, Bullet. Amer. Muséum ISatur.
Hist. New-York, LUI, p. 390, pl. XXXI, fig. 7-7 b.
Test solide mais un peu léger, brun jaunâtre avec taches d’un vert
émeraude vers les sommets ; stries fortes, très irrégulières ; quelques
faibles plissements disposés en zigzag près des sommets ; nacre très
brillante, bleuâtre à irisations vertes et violettes. Longueur : 41 milli-
mètres ; hauteur maximum ; 26 millimètres ; épaisseur : 20 milli-
mètres.
Kaiso, lac Albert [Guy Babault].
Mutela Ernini E. von Martens.
Fig. 50, dans le texte.
1897. Mutela nilotica var. ernini E. von Marten.s, Beschalle Weichth. Deutsch. Osl-
Afrik., p. 253.
353 —
1927. Mutela ernini Pilsbry et Bequaert, Bulletin Amer. Muséum Nalur. Hist.
New-York, LUI, p. 435, pl. XLIl, fig. 2-2 a.
Certains individus ont un test très sombre, presque noir ; d’autres
montrent un test d’un beau marron dont le coloris rappelle celui des
Pélécypodes du lac Tanganyika. La nacre, toujours très brillante,
bleuâtre, a des irisations rougeâtres, saumonées et violettes.
Un exemplaire de très grande taille (fig. 50), mesurant 120 rnilli-
Fio. 50. ■ — Mutela Ernini E. von Martens. Variété rccueillio à Kaiso (lac Albert) par
M. Guy Barault. Béduction de 1/3 environ.
mètres de longueur et 36 millimètres d’épaisseur maximum est peut-
être une variété. La région antérieure est étroite, très arrondie, tandis
que la région postérieure est très haute et obliquement tronquée.
Le maximum de hauteur (53 millimètres) est sensiblement à la moitié
de la distance séparant les sommets du bord postérieur. Le bord
inférieur est très arqué et incurvé vers son milieu.
Kaiso, lac Albert [Guy BabaultI.
Cette espèce du lac Albert a été retrouvée dans le lac Rodolphe par
M. C. Arambourg.
— 354 —
Sphærium Stuhlmanni E. von Martens.
1897. Sphærium Sluhlmanni E. von Martens, Beschalle Weichth. Deutsch. Osi-Afrik.,
p. 261, pl. VII, fig. 8.
1914. Sphærium Stuhlmanni Dautzp:nberg et Germain, Reuue Zoolog. A fric., IV,
I, p. 72.
1927. Sphærium Stuhlmanni Pilsbry et Bequaert, Bullet. Amer. Muséum Nat. Ilist.
New-York, LUI, p. 348, fig. 75 a-d.
Les exemplaires recueillis par M. Guy Babault sont de taille
médiocre, variant de 7,6 à 9,5 millimètres de longueur, 6,3 à 7,7 milli-
mètres de hauteur et 4,9 à 5,3 millimètres d’épaisseur Leur test est
mince, fragile, gris cendré ou jaunâtre clair, substransparent, garni
de très délicates stries inégales et superficielles. Le plateau cardinal
est très étroit et les dents cardinales en occupent toute la largeur.
Lac Mokoto [Guy Babault].
Ce Sphærium semble occuper une aire de dispersion considérable.
11 est connu des localités suivantes : lac Victoria (Smith Sund) [E. von
VIabteins] ; lacs Albert et Albert-Edouard (valves mortes signalées
par le E. von Martens) ; la rivière Lualaba près de Kiabwa
(7® 30’ lat. S., 26° 50’ long. E. Greenw.) et de Bulongo (9° 20° lat. S.,
25^53’ long. E. Greenw.) [J. Bequaert] ; Luebo (5o25’ lat. S., 21®25’
long. E. Greenw.) sur le Lulua [H. Schouteden] ; Moto (3° lat. N.,
29*^30’ long. E. Greenw.) [L. BurgeonI.
1. Cette espèce atteint jusqu’à 12, 2 millimètres de longueur, pour 10.3 millimètres
de hauteur et 7,4 millimètres d’épaisseur.
355
Nouvelles observations concernant la biologie
DE NaVICULA FUSIFORMIS GrÜN (N. OSTREARIA BORY)
PAR G. Ranson.
Docteur ès-sciences.
Assistant au Muséum National d’Histoire Naturelle.
Depuis 1927, dans un certain nombre de travaux, j’ai démontré que
cette Diatomée, normalement brune et planctonique, présente dans
toutes les mers du monde, devenait bentbique, quelle que soit la
saison, dans toutes les régions ostréicoles, ou épiphyte sur des Algues
brunes supérieures, dans des conditions dont j’ai déterminé l’essen-
tielle. J’ai reproduit en effet expérimentalement ce phénomène au
laboratoire et dans la nature, en mettant la Diatomée brune planc-
tonique en présence de mucus d’ Huîtres et surtout de sucres divers.
On sait que les sucres sont des aliments pour les Algues inférieures
en particulier. Les travaux de Matruchot et Molliard, puis de
P. A. Dangeard entre aiitres, l’ont démontré ; elles peuvent même se
développer à l’obscurité grâce à ces substances, tout en continuant à
former de la chlorophylle.
L’acquisition du pigment bleu, lorsqu’elle devient épiphyte, m’a
donné l’idée de l’action possible d’un sucre. Comère, en 1909, a relaté
ses observations extrêmement intéressantes, faites dans la nature, sur
la variation de couleur de Diatomées épiphytes d’eau douce, lorsque
les plantes leur servant de support se trouvaient dans une eau riche
en matières organiques et présentaient une activité végétative
particulièrement intense ; il démontre que la coiffeur verte et vert-
émeraude acquise par les Diatomées en question est déterminée par
l’activité spéciale des plantes aquatiques. On ne peut expliquer le
phénomène qu’en admettant l’excrétion d’une substance particulière
parles feuilles de celles-ci.
En dehors des Algues supérieures sur lesquelles on l’a trouvée en
petites quantités, cette Diatomée couvre d’immenses surfaces dans
les régions ostréicoles du monde entier. Elle arrive à former dans
certaines zones des tapis d’un à deux millimètres d’épaisseur et y
pullule en quantités dont on se fait difficilement une idée. On pourrait
croire à une action mécanique des Huîtres filtrant l’eau, comme l’on
sait, grâce au courant provoqué entre leurs valves par les cils des
branchies et des palpes ; certaines passeraient dans le tube digestif.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 4, 1936.
— 356 ~
les autres se fixeraient sur le fond, autour des Huîtres. Mais, il n’en
est rien car les autres Mollusques, en particulier les Moules, se trouvent
parfois en vastes bancs très denses et filtrant l’eau beaucoup plus
activement, ne provoquent jamais rien de semblable. Seules les
Huîtres, parmi les Mollusques, provoquent la fixation sur le fond de la
Navicule planctonique. Cette affirmation demande une précision.
On peut constater sur les fonds ostréicoles, un développement ben-
thique de Navicules bleues en l’absence locale d’Huîtres. Mais il ne
faut pas oublier que les argiles des lais de mer, dans ces régions, sont
pétries de mucus d’Huîtres, élément fondamental de leur fixation.
J’ai expliqué dans divers travaux comment et en quelles quantités
ce mucus est secrété. Je n’y reviendrai donc pas ici.
En devenant benthique la Navicule présente une activité extra-
ordinairement débordante. Chaque cellule devient un peu plus longue
et plus large, secrète un mucilage abondant la retenant fixée au sol ;
son protoplasma interne se colore d’une façon diffuse, homogène,
par un véritable pigment bleu connu et étudié sous le nom de Maren-
nine, différent de la phycocyanine. On ne connaît absolument rien de
semblable chez les Diatomées, dans la nature, contrairement à
l’affirmation erronée de G. Hinard et Bachrach. Les endochrômes
légèrement raccourcis et en forme de boudins sont absolument nor-
maux et ne présentent jamais de ségrégation, ni de « dégénérescence
huileuse » ; leur contour est parfaitement rectiligne sans renflements
comme cela se produit dans les cultures de laboratoire où existe un
déséquilibre des substances introduites. Ainsi l’équilibre morpholo-
gique du cytoplasma reste fondamentalement le même que chez
l’Algue à l’état planctonique. D’autre part, on trouve constamment
six frustules doubles sur dix, indice d’un dédoublement très actif
ayant pour conséquence le peuplement extraordinairement rapide de
vastes surfaces côtières de dizaines de kilomètres carrés. Lorsque les
conditions favorables ne se trouvent plus réalisées, ces caractéris-
tiques disparaissent ; elle reprend progressivement son aspect primitif
et n’étant plus fixée au sol (car elle ne secrète plus de mucilage) les
courants l’entraînent : elle redevient planctonique comme j’ai pu le
constater en 1926, sur plusieurs ares de surface, dans la zone de
balancement des marées de la région de Marennes. C’est donc une
erreur absolue, en contradiction avec les faits les plus élémentaires de
l’observation dans la nature, de croire que cette Diatomée en devenant
bleue, dégénère. C’est au contraire un excès d’activité dans des condi-
tions extraordinairement favorables, entraînant tous les phénomènes
constatés. Il est bien évident qu’à l’état benthique, surtout dans les
claires et autres réservoirs, elle est plus facilement soumise à des
conditions extérieures néfastes (variation trop grande de la salinité
après de fortes pluies, excès de chaleur, etc.) pouvant entraîner la
mortalité sur place de quantités considérables d’individus. Il s’agit
— 357 —
là évidemment de conditions spéciales dépassant les limites maximum
et minimum favorables. Je voudrais signaler deux observations faites
en 1934 et 1935 à l’Ile d’Oléron, s’ajoutant à toutes celles signalées
dans mon travail de 1927 et démontrant nettement la relation exis-
tant entre le développement benthique de la Navicule bleue et la
présence d’Huîtres sur le sol. Près de Boyardville (Ile d’Oléron) à
l’Eguille, il existe depuis un certain nombre d’années un beau champ
de claires ; l’une d’elles de près de 180 mètres de long sur 30 mètres
de large a eu son fond recouvert de Navicules bleues dès le début de
la saison 1934. Quelque temps après, des Huîtres y sont déposées sur
une longueur de 100 mètres environ. Il restait donc encore 80 mètres
sans Mollusques. Quelques jours après, toute la partie du fond sans
Huîtres avait pour ainsi dire complètement deverdi tandis que dans la
zone couverte d’Huîtres les Navicules pullulaient en quantités con-
sidérables ; toutes celles de la claire semblaient s’y être concentrées.
Le contraste était frappant. On pourrait, encore une fois, faire appel
au phénomène mécanique de la filtration de l’eau, mais il n en est rien
car les Moules par exemple ne provoquent jamais un tel phénomène.
En 1935, dès le mois de juillet, très chaud, la région côtière de
Saint-Trojan-les-Bains, pour des raisons sur lesquelles je vais revenir
plus loin, s’est couverte de Navicules bleues. Mais, il était facile d ob-
server que les fonds avec Huîtres se peuplaient les premiers. De
même, ce sont les claires ayant des Huîtres qui étaient peuplées de
Navicules les premières et le plus abondamment. Les fonds voisins,
même sans Lluîtres, s’en sont couverts ensuite, car 1 argile de ceux-ci
contient du mucus d’Huîtres.
Les faits naturels et mes expériences démontrent le rôle déterminant
de ce mucus dans les particularités biologiques de cette Navicule et,
d’autre part, l’action similaire des sucres. C’est pourquoi, j ai posé
l’hypothèse de celle de la glucosamine de la mucine d’Huîtres. Mais,
pour cela, cette glucosamine doit être libérée de son complexe glyco-
protéique. 11 nous reste donc à poursuivre des recherches pour pénétrer
le mécanisme de ce phénomène. De l’ensemble de mes premières
observations, cette désintégration du complexe glycoprotéique semble
être le résultat d’un phénomène biologique.
Nous allons, pour le comprendre, étudier comment intervient l’eau
douce dans le développement de la Navicule bleue. Il est en effet de
connaissance courante que, d’une façon generale, cette derniere se
développe sur les fonds ostréicoles, dès les premières pluies d automne
puis l’hiver, c’est-à-dire lorsque la salinité de l’eau est diminuée par
l’abondance des pluies. Lorsque l’été est long et sec, 1 hiver long et
très froid, les eaux conservent une densité de d = 1025 et les
Navicules bleues ne font pas leur apparition. Nous avons vu cela se
produire de 1930 à 1935. Au contraire, avec un été et un hiver pluvieux
on voit les fonds ostréicoles couverts de Navicules bleues presque
— 358
toute l’année. Ceci avait lieu entre 1907-1910 et 1930 ; la densité de
l’eau oscillait autour de 1015-1020. Mais une densité d = 1008 est
encore favorable comme j’ai pu le constater cette année dans le
Bassin d’Arcachon.
Ainsi la Navicule peut présenter son état benthique entre des sali-
nités d — 1008 et d — 1020 et des températures oscillant entre 0° et
280, avec maximum entre 10° et 20o. Mais, il est bien entendu qu’une
variation du milieu entre ces limites extrêmes doit être lente pour
être supportée. Une variation importante trop rapide entraîne ins-
tantanément la mort de cette Algue extrêmement sensible.
Dans mes précédents travaux, j’expliquais l’action favorable de
l’eau douce de la façon suivante ; pendant les périodes pluvieuses les
eaux sont abondamment chargées d’argile ; l’activité fdtrante des
Huîtres s’en trouve accélérée, d’où secrétion abondante de mucus.
Certes, en première approximation, les phénomènes se déroulent bien
ainsi. Dans ces conditions de pluviosité et de réduction de la salinité
des eaux, le mucus secrété présentement par les Huîtres est très actif
pour la fixation et le bleuissement des Navicules, beaucoup plus
certainement que celui entrant dans la constitution des lais de mer.
Mais il n’en est pas moins vrai que ce dernier, toujours présent dans
les argiles, n’est pas constamment actif ; il le devient seulement au
moment où la densité de l’eau se trouve diminuée par les pluies.
Ainsi apparaît d’une manière plus précise le rôle de l’eau douce. En
fait, la fixation de la Navicule sur le sol et l’acquisition de ses parti-
cularités connues, sont déterminées par l’action directe de la réduction
de salinité de l’eau sur le mucus secrété présentement ou se trouvant
dans l’argile du fond. Ce sont des exceptions aux conditions générales
exposées plus haut qui m’ont permis d’arriver à cette notion. En effet,
dans la nature, en certains endroits, des conditions exceptionnelles
sont réalisées, apparemment en contradiction avec les faits généraux
connus, mais qui, lorsqu’on les analyse de près, permettent juste-
ment de comprendre plus exactement le phénomène général.
C’est ainsi que certaines aimées, lors d’un été long, très sec, très
chaud, nous voyons se développer abondamment la Navicule bleue
dans quelques zones bien délimitées. Entre autres, je citerai l’été de
1935, au cours duquel avec une chaleur extérieure de plus de 30°,
les fonds de Boyardville et de la côte de Saint-Trojan-les-Bains, à l’Ile
d’Oléron étaient couverts de Navicules bleues. Ces faits signalés
aussi superficiellement semblent bien en contradiction flagrante avec
tout ce que l’on connaît des conditions générales du développement de
la Navicule bleue et, à première vue, obscurcissent l’explication du
phénomène (chaleur, salinité, absence d’argile en suspension dans les
eaux, ralentissement de l’activité des Huîtres ne sont pas favorables).
En réalité, ce sont des exceptions qui, bien analysées, nous ache-
minent vers la plus nette compréhension de son déterminisme. Les
— 359 -
exceptions sont les plus précieuses ; ce sont de véritables expériences
naturelles dont l’examen attentif permet de s’acheminer vers la solu-
tion réellement objective du problème étudié. En fait, il y a seule-
ment différence dans les conditions particulières de milieu ; là seule-
ment est l’exception, mais le phénomène lui-même se déroule toujours
de la même façon, suivant le même déterminisme.
Si nous examinons en effet, les conditions géologiques des régions
où nous voyons se développer la Navicule bleue en plein été, avec
température et salinité élevées, nous constatons qu’elles sont tout à
fait exceptionnelles.
Près de Boyardville, par exemple, il s’agit d’une véritable cuvette
allongée à fond argileux imperméable, remplie en grande partie de
sable formant de petites dunes avec pins, vigne, etc. ; les claires sont
établies dans d’anciens marais salants situés juste à sa limite margi-
nale, à l’endroit où l’argile devient superficielle. Les eaux de pluie
s’accumulent dans les sables de cette cuvette et s’écoulent à la mer,
d’une façon intermittente, par un mince fdet d’eau. Au bord même,
à côté des claires, il y a un abreuvoir permettant de se rendre compte
approximativement du niveau de l’eau douce, variant évidemment
avec l’importance des chutes de pluie. En juillet 1935, en particulier,
le printemps ayant été très frais, l’eau douce avait un niveau très
élevé.^ Dans les claires immédiatement voisiires, où la mer entre très
fréquemment, l’eau douce se trouvait à peine à 10 centimètres au-
dessous de la surface du sol. On comprend ainsi que l’argile avec sor
mucus se trouvait dans des conditions tout à fait spéciales et propices
au développement de la Navicule bleue. Les éléments favorables
étaient souterrains.
Cet exemple nous montre combien il est difficile parfois de prendre
des mesures très précises et combien il faut être circonspect avant de
conclure sur des chiffres pris sans indication des conditions. Il est
bien évident que là, la densité de l’eau de mer du chenal et des claires
ne permet pas du tout de se faire une idée de l’activité biologique
développée dans l’argile du fond, en contact souterrain immédiat
avec l’eau douce.
Sur la côte Nord de Saint-Trojan-les-Bains, les conditions géolo-
giques sont différentes, mais aboutissent au même résultat. C’est une
zone où se déversent souterrainement les eaux douces s’écoulant du
cordon de dunes de cette ville. Sur le bord de ce dernier on peut se
rendre compte du niveau de l’eau douce dans des ruisseaux et puits
de nombreux jardins qui se sont développés précisément dans la
région d’affleurement de l’eau douce. A cet endroit, ce niveau est bien
au-dessus du fond des claires voisines et des viviers à Huîtres de la
côte. Ces conditions sont réalisées presque jusqu’à la pointe de Mau-
musson près de laquelle se trouve le marais des « Bries » où l’eau douce
est toujours près de la surface du sol.
360 —
Par ailleurs, également sur la même côte de l’Ile d’Oléron, à Ors,
où le développement de la Navicule est si fréquent, (les conditions
géologiques sont encore tout à fait différentes puisque ce sont des
rochers calcaires qui la constituent), nous trouvons une source d’eau
douce permanente en pleine mer, affleurement d’un réservoir naturel.
Ainsi toutes ces précieuses exceptions nous ont permis de mieux com-
prendre le phénomène général et de percevoir que le développement
de la Navicule bleue sur les fonds est fondamentalement déterminé
par l’action d’une eau à salinité réduite sur le mucus des fonds argi-
leux. Examinons maintenant de quel ordre est cette action.
Les fonds marins, les argiles côtières en particulier, pétris de matières
organiques extrêmement variées, dont le mucus secrété par les Inver-
tébrés marins sous diverses formes constitue une grande part, sont
le lieu d’une activité biologique extraordinairement intense qui
mériterait d’être étudiée beaucoup plus qu’on ne l’a fait jusqu’à
présent. 11 existe dans la couche de 10 centimètres d’argile de surface
des fonds côtiers une faune et une flore extraordinairement riches,
dont les éléments sont plus ou moins sous la dépendance l’un de l’autre
et tous sous la dépendance des variations extérieures. Les relations
physico-chimiques du milieu, dont la plus essentielle est celle entre
l’oxygène, la salinité et la matière organique, règlent les modalités
de leur activité. De 10 à 20 cm. c’est le domaine sans oxygène, où
régnent les bactéries sulfhydrogènes. La couche supérieure est sou-
mise à une oxygénation suffisante pour arrêter l’activité de ces
dernières.
Lorsque le sol des claires et côtier des régions ostréicoles se trouve
dans les conditions de salinité favorables, fixées ci-dessus, if présente
un aspect très particulier. Les Ostréiculteurs disent que la claire est
en « humeur ». Au lieu d’être poreux, meuble, il apparaît velouté
comme si une pellicule mucilagineuse, homogène, le recouvrait. Au
toucher, l’argile est plus « grasse ». C’est le résultat de l’activité d’un
microorganisme aux dépens du mucus contenu dans l’argile ; elle
est d’une instabilité extraordinaire et des variations trop brusques
des conditions du milieu l’arrêtent immédiatement. Le développement
benthique de la Navicule bleue lui est intimement lié. Cette Dia-
tomée apparaît et disparaît en même temps qu’elle.
La désintégration du mucus d’ Huîtres avec libération de la gluco-
samine semble donc bien être la résultante d’un phénomène biolo-
gique.
Si, dans un cristallisoir, nous plaçons une Huître avec une certaine
quantité d’argile en suspension dans l’eau de densité convenable,
puis dans une autre une même quantité d’argile sans Huître, nous
constatons au bout de 24 heures, les faits suivants : l’Huître a précipité
toute l’argile sur le fond tandis qu’une partie seulement l’est dans
1 ’autre récipient ; un trouble demeure. Même lorsque toute l’argile est
- 361
déposée dans ce dernier, il suffit de déplacer légèrement le eristallisoir
pour voir l’argile retourner facilement à l’état de suspension.
Au contraire, l’argile pétrie de mucus d’ Huître du premier, forme
une pellicule homogène se divisant tout au plus eu grumeaux. L’acti-
vité de microorganismes spéciaux est là cause de ce phénomène. Nous
avons reproduit là ce qui se passe dans la nature ; si nous ajoutons
dans ce eristallisoir des Navicules, nous les voyons vivre et se déve-
lopper sur le fond. Rien de semblable ne se produit dans l’autre.
Nota. — Les essais de culture en grand de la Navicule bleue faits
dans la nature, l’hiver dernier, dans des réservoirs d’établissements
ostréicoles ont été couronnés de succès. 11 reste divers détails de
technique à mettre au point. Théoriquement, le problème est bien
résolu.
— 362
Plantes nouvelles, rares ou critiques
DES serres du Muséum
PAR A. Guillaumin.
81. Pitcairnia X Wittei Hort. Lugd. bat.
Cette plante obtenue par le croisement de P. recurvata C. Koch X
P. undulata Scheidw. vers 1901 par J. Mater, chef de culture du
Jardin botanique de Leyde ^ et dédiée à Witte qui était le jardinier en
chef, figure, semble-t-il pour la première fois, sans description, dans
le Delectus seminum de Leyde en 1918, p. 1, avec comme nom d’au-
teur « H. L. B. », c’est-à-dire Hortus Lugduno-batavus, mention
reproduite en 1919, 1920, 1921, 1922 {l. c. p. 4). En 1924, 1925, 1927,
1928, 1929 {l. c. p. 3) cette indication est remplacée par « Hort. » et,
depuis lors, la plante n’est plus mentionnée, sauf en 1931 sur VUni-
versity of Leiden, Exchange list of plants, p. 3, avec la seule indication
« auct. ? »
Mez, dans sa dernière monographie des Broméliacées Pflanzenreich
IV, 32 (1934-1935) ne signale pas cette plante même parmi les « spe-
cies non nisi nomine cognitæ ».
Folia in petiolum perrnanifestum, caniculatum, ad 40 cm. longurn,
tune in laminam usque ad 90 cm. longam, margine præcipue ad apicem
minutissime spinulosam, dorso cinereo lepidotam ; scapus validus,
erectus, alholanuginosus, vaginis quam internodi brevioribus, erecto
patulis, lanceolatis, integerrimis, dorso lepidotis, inflorescentia sub
multiflora, suhdense racemosa, bracteis patulis, scariosis, sepalis fere
2-plo brevioribus, flores per anthesin patuli, leviter arcuati, breviter
mm.) pedicellati, sepalis corallinis, 2,5 cm. longis, ovato-lanceolatis ;
apice apiculatis, dorso carinatis, petalis ad 8 cm. longis, a, Ibis, basi
apieeque leviter corallinis, apice suhrotundatis , stamina superiantibus,
ligulatis, antheris fere vel omnirno abortivis, ovario fere supero.
Reçu en graines du Jardin botanique de Leyde (f. 132, 1930).
82. Renanthera Storiei Reichb. f. var. philippinensis Ames.
Sépales inférieurs rouge-orangé pommelé de rouge, le supérieur et
les pétales à peu près uniformément rouge orangé, lobe médian du
1, Je remercie M. H. Weendorp, jardinier en chef du Jardin botanique de Leyde de
ces précisions.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 4, 1936.
363
labelle rouge sombre avec un V orange à la base, se prolongeant à la
base en lobules jaune très pâle, les lobes latéraux blanchâtres, avec
bordure supérieure rouge sombre découpée en dents de scie vers le
bas, éperon rougeâtre.
Philippines (provenant de l’Exposition coloniale donné par le
Gouverneur général Olivier, f. 380, 1931).
83. Sanseviera subtilis N. E. Br. var. lumensis Guillaum. var. nov.
Diffère du type par les feuilles au nombre d’environ 6, étalées-
récnrvées, molles, à pointe atteignant 5 cm. sur les feuilles jeunes
puis se desséchant et disparaissant i complètement sur les feuilles
âgées, les fleurs par 1-2, à pédicelle articulé.
Base ouest du Ruvenzori, vallée de la Lume (Humbert, f. 233,
1933, nO 3).
84. S. Bequaertii De Wildem.
Espèce connue seulement par des échantillons d’herbier et décrite
seulement en 1921 {PL Pequaert, I, p. 40).
Plante acaule avec des rhizomes traçants, feuilles 5-13, dressées-
récurvées, assez molles, non sur 2 rangs, rubannées, longues jusqu’à
50 cm., larges de 2 cm. environ, lisses sur les 2 faces, un peu rétrécies
à la base où elles mesurent 1 cm. de largeur, terminées au sommet en
nne pointe non vulnérante atteignent 3 cm. de longueur, à bandes
vert clair irrégulières, bords ni blanchâtres ni rouges, arrondies-con-
caves en dessus, convexes en dessous, épaisses de 2-2,5 mm. vers le
sommet et de 4 mm. à la base. Inflorescence longue d’environ 30 cm.,
gaines 3, l’inférieure longue de 7 cm. et formant une pointe subulée
longue de 5 cm., rougeâtre à la base, bractées linéaires, membraneuses,
longues de 3 mm., fleurs généralement par 2, blanches teintées de
rougeâtre, pédicelle long de 5 mm., articulé sensiblement au milieu,
tube du périanthe long de 1 cm. environ, renflé à la base, segments
sensiblement aussi longs, linéaires.
Kenya Colony (Humbert, f. 283, 1933, n® 2).
85. Cotylédon transvaalensis Guillaum. sp. nov.
Caudex carnosus, çalde irregularis, rarnis hre^ibus (2 cm.) carnosis
f"4-8 mm. diam.) ad apicem aliqua folia rosulata gerentibus, carnosa,
lanceolato-linearia (usque ad 4,5 cm. X 0,7 cm.) subtus rotundata,
supra V formantia, apice irregulariter obtusa, basin versus sensim atte-
nuata, glabra, pallide viridia et la ngitudin aliter atro rubro striata,
florum tempore exsiccata, deinde basi tantum persistente fere spinescen-
tia. Inflorescentia gracillima, 40 cm. longa, 2 mm. diam. griseo rubra,
breviter glanduloso puberula, laxe panniculata, pauciflora, bracteis
sparsis, parvis (circa 1 cm. longis), subteretibus , apice acutis, pallide
viridibus, atro rubro punctulatis, breviter glanduloso puberulis,
floribus circa 10, pendulis, pedicellis circa 3 cm. longis, rubescentibus.
— 364 ~
breçiter glanduloso, puberulis, bracteolis sparsis, fiUformibus, ad
5 mm. longis, saepe abortiais, sepalis liheris, lineari lanceolatis, acutis-
simis, mridihus, apicem aersus lemter atro ruhro striatis, extra hreaiter
glanduloso puberulis, corolla 2,5 cm. longa, tubuloso oentricosa, 5 cos-
tata, basi pallide oiridi, apicem oersus atro rubra, extra breoiter glandu-
loso puherula, intus oillosa, tertia inferiore parte glabra, lobis lanceolatis,
récurais, 6-7 mm. longis, apice aristatis, staminibus tubum aix supe-
rantibus, filamentis sparse villosis, antheris nigro aiolaceis, squamis
aurantiacis, rectangularibus, carpellis glabris, airidibus, stylis petalis
breaioribus.
Afrique du Sud : Transvaal (Humuert, 1933, f. 353, 48 et 118).
La souche très charnue, irrégulière, avec des rameaux courts presque
épineux à cause des bases des feuilles séchées persistantes, est com-
parable à celle de certains Pélargonium tels que le P. ferulaceum
Willd.
Le Gérant, R. Taveneau.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART.
6-8-36.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 319
Communications :
H. Heim de Balsac. Le Hérisson d’Algérie, Aethechinus algirus, relique pliocène
en France 322
J. Berlioz. Etude d’une Collection d’Oiseaux du Congo Belge 327
G. Petit et P. Budker. Répartition des dents cutanées jumelées chez Galeorhi-
nus lævis (Risso) 334
M. André. Sur le Pediculoides ventricosus Newport (Acarien) 337
H. Boschma. Sur la Sacculina carpiliæ et la Sacculina leptodiæ, de Guérin-
Ganivet 342
L. Germain. Contributions à la Faune Malacologique de l’Afrique équatoriale
(LXXII) 345
G. Ranson. Nouvelles observations concernant la biologie de Navicula fusifor-
mis Grün {N. ostrearia Bory) ; 355
A. Guillaumin. Plantes nouvelles, rares ou critiques des serres du Muséum. . . . 362
POBLICATIONS DO NDSCOM MTIOHL D’flISTOIRE NATDRELLE
Archives du Muséum national d’Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle) (Masson
et C*® éditeurs, un vol. par an, 200 frs).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895)
(Bibliothèque du Muséum, un vol. par an, 50 frs).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle (N° 1, 1932 et sui-
vants, prix variable).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle (nouvelle série com-
mencée en 1936). [Editions du Muséum, 57. rue Cuvier], Un vol. par
an, 150 frs.
Index Seminum in Hortis Musaei parisiensis collectorum (Laboratoire de
Culture ; paraît depuis 1822 ; échange).
NotuUe systematicæ (Laboratoire de Phanérogamie ; paraît depuis 1909).
Revue française d’ Entomologie (publiée sous la direction du D' R, Jeannel ;
paraît depuis 1934. Un vol. par an, 50 frs ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale (Laboratoire
d’ Agronomie coloniale; paraît depuis 1921).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Dinard (Laboratoire maritime de Dinard ; paraît depuis 1928).
Bulletin du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro (Musée du Trocadéro ;
paraît depuis 1931 ; prix du n° : 5 frs).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale (Chaire de Chimie ;
Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie (Laboratoire d’Entomologie ;
paraît depuis 1934 ; échange).
Bulletin de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle
et du Jardin des Plantes (Société des Amis du Muséum, a paru de 1924
à 1935) : remplacé depuis janvier 1936 par la Revue « La Terre et la
Vie ».
Bulletin de la Société des Amis du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro
(Musée d’Ethnographie du Trocadéro).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
MENSUELLE DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 5. — Octobre 1936.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
' • PARIS-V®
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles" (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des
manuscrits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de
manière à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
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ments ou par i’état des manuscrits seront à la charge des Auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux Auteurs, qui sont priés de
la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à
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directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
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TIRAGES A PART.
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numéro et brochés avec agrafes.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de
ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant
PRIX DE l’abonnement ANNUEL I
France et Étranger i 50 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
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BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1936. — N“ 5.
296-^ RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
22 OCTOBRE 1936
PRÉSIDENCE DE M. L. GERMAIN,
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur Paul Lemoine a été nommé Directeur Honoraire du
Muséum national d’Histoire Naturelle (Décret du 3 août 1936).
M. Camille Arambourg a été nommé Professeur de la Chaire de Paléon-
tologie à dater du 1®*" novembre 1936.
M. Edouard Fischer a été nommé Sous-Directeur à la chaire de Mala-
cologie à dater du l®*' septembre 1936.
MM. F. Le Cerf et P. Lebard, Assistants au Muséum, ont été promus
OfFiciers de l’Instruction Publique.
MM. R. Franquet, R. Heim et Ed. Fischer, Sous-Directeurs de Labora-
toire ; M. André, G. Ranson et P. Jovet, Assistants ; A. Prêtre, Aide-
technique; M. Prat, Commis d’administration et F. Coulaudon, Garçon de
laboratoire, ont été nommés OfFiciers d’Académie.
M. le Président a la douleur de faire part du décès du célèbre explora-
teur, le D’’ J. -B. Charcot, Membre de l’Institut, Directeur du Laboratoire
des pêches maritimes (Navire Pourquoi-Pas ?), mort pour la France, le
16 septembre 1936. Dans le prochain fascicule du Bulletin, une notice
nécrologique consacrée à sa mémoire sera publiée par M. le Directeur du
Muséum.
M. le Président a également le regret d’annoncer la mort de M, Octave-
.lean Caille, ex- jardinier en Chef du Muséum national d’Histoire naturelle,
survenue le 22 juillet 1936.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
24
- 366 —
DONS D’OUVRAGES
G. Petit ot P. BunKF.H : Contribution à l’étude de la différenciation des
dents cutanées, liée à la présence de cryptes sensorielles, chez quelques
Saléciens (Bull. Inst. Océanogr. Monaco, n° 695, 1936i.
— — Répartition des dents cutanées jumelées chez Galeorhinus Lævis
Risso {Bull. Mus., Paris, 2® s., VII, 1936).
— • — • Sur la différenciation de dents cutanées, liée à la présence de
cryptes sensorielles chez quelques Sélaciens [C. R. Acad. Sciences, 1935).
M. Friant : La fosse sylvienne du Macrorhinus leaninus L. {Bull. Inst.
Océanogr. Monaco, n® 709, 1936).
L. Bertin : Nouvelle contribution à l’étude des larves de Poissons
Apodes [Les types de Kaup et de Regan au British Muséum] {Bull.
Inst. Océanogr. Monaco, n® 706, 1936).
— Contribution à l’étude des larves de Poissons Apodes [Les types de
Strômman à l’Institut Zoologique de l’Université d’üppsal] (Bull. Inst.
Océanogr. Monaco, n® 684, 1936).
— Les larves de Poissons Apodes dans les œuvres imprimées et
manuscrites de Risso {Bull. Mus. Paris, 2® s., VII, 1935).
— Les types de Kaup dans la collection des Leptocéphales du Muséum
{Bull. Mus. Paris, 2® s., VII, 1935.
— Un nouveau genre tout à fait superflu dans la famille des Gasteros-
teidés : Gladiundulus Jordan et Evermann {Bull. Soc. ZooL France,
LIX, 1934).
— Variations climatériques du cycle vital chez l’Epinoche à trois
épines, Gasterasteus aculeatus Linné {Bull. Soc. Zool. France, LVIII, 1933).
— Les Arnoglossus, Poissons Hétérosomes, de la région de Banyuls
[Bull. Soc. Zool France, LVII, 1932.
— Une espèce rarissime de Poissons Hétérosomes, Arnoglossus Rüppeli
[Cocco] {Bull. Soc. Zool. France, LVII, 1933).
R. Malbrant : Faune du Centre africain Français (Mammifères et
Oiseaux) in Encyclopédie biologique, XV. Lechevalier, éd., Paris, 1936.
A. Jeannin : Les Mammifères sauvages du Cameroun, in Encyclopédie
biologique, XVI, Lechevalier, éd., Paris, 1936.
Ch. Bennejeant, Anomalies et variations dentaires chez les Primates.
P. Vallier, éd., Clermont-Ferrand, 1936.
M. le Prof. Ed, Bourdelle dépose le premier fascicule de Mammalia ;
Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères, t. I, n® 1, sept. 1936
COMMUNICATIONS
Sur un nouveau genre de Lémuriens Fossiles
Malgaches : le Prohapalemur (P. Gallienii)
PAR C. Lamberton.
Standing a attribué à un Hapalemur voisin de H. griseus, d’abord
2 mandibules puis un fragment de crâne ^ et, pour lui, V Hapa-
lemur de la région centrale de T Ile ne différait par aucun caractère
essentiel de V Hapalemur griseus actuel de nos forêts, mais sa taille
était un peu plus forte.
L’étude que nous venons de faire de ces documents nous amène
à une tout autre conclusion.
Dans le genre Hapalemur, la 3® prémolaire seule est molariforme,
les deux autres étant aussi tranchantes que celles des Lemurs.
Or, dans le fossile de Tltasy, la 2® prémolaire est également molari-
forme, et la 1^® est très large à sa base. Il y a donc, de la 2® molaire
à la 1^® prémolaire une gradation très ménagée, au lieu du change-
ment brusque à partir de la 3® prémolaire qu’on observe dans les
Hapalemurs actuels. Or, l’uniformité dans la dentition est un
caractère archaïque. On le voit par exemple dans les Adapis ter-
tiaires.
La dentition de VA. magnus, à part une taille un peu plus grande,
est fort semblable à celle du fossile étudié.
Il nous semble donc que l’animal qui vécut dans Tltasy est diffé-
rent des Hapalemurs actuels, non seulement en tant qu’espèce,
mais qu’il doit constituer le type d’un nouveau genre plus primitif,
plus archaïque, ancêtre probable des Hapalemurs de nos jours, et,
pour cette raison, nous proposons, pour lui, le nom de Prohapa-
lemur. Pour nous, V Hapalemur Gallienii de Standing, serait le Pro-
hapalemur Gallienii.
Le fait que nous ne possédons actuellement comme pouvant être
rapporté avec certitude à ce type que 4 branches mandibulaires et
1. Bull. Acad. Malg. Ane. série, vol. IV, p. 99.
2. Bull. Acad. Malg. Ane. série, vol. X, p. 43.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 5, 1936.
— 368 —
2 maxillaires, ne nous permet pas, malheureusement, de caracté-
riser notre nouveau genre autrement que par sa dentition. L’extré-
mité du museau étant brisée, nous ne pouvons vérifier si les incisives
présentaient la disposition particulière qu’on voit dans les Hapale-
rnurs, mais la comparaison minutieuse des dents, et surtout des
molaires supérieures du genre fossile avec celles du genre vivant
permet d’intéressantes constatations. Dans ce dernier, chaque mo-
laire est formée de deux denticules externes tranchants et d’un gros
Fig. 1. — Hapalemur griseus. E. Geoffr. G. N.
denticule conique interne entouré à sa base par un fort cingulum,
si bien que, quoique trituberculée, la dent possède une base quadran-
gulaire.
Il n’y a pas de cingulum dans le Prohapalemur, aussi y a-t-il une
grande différence entre le denticule interne en forme de mamelon
saillant des Hapalemurs, et le bord interne tranchant du genre que
nous étudions. A elle seule, à notre avis, une telle différence justifie-
rait une coupure générique. Mais, bien plus, nous voyons sur le bord
postéro-interne de chaque molaire se former un repli de plus en
plus enveloppant de la 3® à la 1^® molaire, en même temps qu’aug-
mente le denticule antéro-interne. Il semble que nous assistions à la
formation du tubercule interne des molaires des Hapalemurs, et à
son enveloppement par un cingulum.
— 369
En somme, si nous voulions essayer de caractériser l’évolution
des dents qui a fait passer le type Prohapalemur au type Hapalemur,
nous dirions que cette évolution a tendu vers une diversité, c’est-à-
Fig. 2. — Prohapalemur Gallienii. Standing. G. N.
dire vers une spécialisation plus poussée des diverses sortes de dents,
nous dirions volontiers vers un affinement de la dentition, corrélatif
probablement d’un affinement de la forme du corps.
— 370
Nouveaux Lémuriens Fossiles du groupe des Propithèques
ET DE L’INTÉRÊT DE LEUR DÉCOUVERTE
PAR G. Lamberton.
Parmi les ossements que nous avons recueillis dans le sud et le
sud-ouest de Madagascar figurent quatre crânes en bon état, qui
proviennent de Lémuriens ayant la dentition des Propithèques, mais
différant de ceux-ci par certains caractères qui permettent de les
ranger en une série rapprochant les Indrisinés actuels des Mésopro-
pithèques et, par ces derniers, des Archæolemurs, Archæoindris et
Pal æpropithèques.
Du gisement de Tsirave (sud de Beroroha, vallée du Mangoky),
nous avons extrait un crâne rappelant beaucoup ceux des plus
grands spécimens de Propithèques de Verreaux vivant encore dans
la région. Comme ressemblances on peut noter : grand écartement
des lignes temporales, front bombé, constriction post-orbitaire très
faible, arcades zygomatiques rubanées et resserrées près du crâne ;
et, comme différences, nous relevons, dans l’espèce fossile : un
crâne plus allongé, des yeux plus petits et plus rapprochés, à ouver-
ture plus verticale, la base du crâne fortement coudée, un museau
haut, un nez caréné, etc.
Ces différences paraissent tout au plus spécifiques. Nous range-
rons donc ce nouveau fossile dans le genre Propithecus et nous le
désignerons sous le nom de Propithecus verreauxioïdes pour souligner
ses fortes affinités avec l’espèce encore vivante.
Les trois autres crânes sont très différents du précédent. Ils se
rapprochent davantage du type Mésopropithèque que du type
Propithèque. Pour nou&, ils constituent un genre intermédiaire que
nous désignerons sous le nom de N eopropithecus et que nous carac-
tériserons ainsi :
Genre Neopropithecus. — Lémuriens fossiles de taille médiocre
à dentition de Propithèque, sans crête sagittale, mais à lignes tempo-
rales rapprochées et même parfois confluentes antérieurement, à forte
constriction post-orbitale, à tête arrondie, à arrière-crâne large, à
arcades zygomatiques placées très bas, très écartées et très convexes,
à orbites petites, arrondies, rapprochées et sub-verticales, à pommettes
saillantes.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
— 371 —
Ce nouveau genre différerait du genre Mésopropithèque, notam-
ment par l’absence de crête sigittale, une constriction post-orbi-
tale accentuée, une plus grande largeur de l’arrière-crâne, une taille
moindre, une plus grande gracilité.
Nous avons trouvé un représentant de ce nouveau genre dans le
gisement de Tsirave et deux autres spécimens dans les gisements
de l’Extrême-Sud.
Fig. 1. — Neopropithecus globieeps Lamb. 2/3 de G. N.
Le premier nous paraît suffisamment différent des deux autres
pour que nous puissions en faire une espèce à part, que nous dési-
gnerons sous le nom de N. globieeps, à cause de son front bombé,
et nous créerons, pour les deux spécimens recueillis dans le sud, une
autre espèce que nous appellerons N. platyfrons, ce qui souligne un
des caractères qui la séparent le plus visiblement de l’espèce précé-
dente. Nous ne pensons pas que ce front déprimé soit un caractère
juvénile, comme on le voit souvent dans les jeunes Archæolemurs, et les
— 372 —
jeunes Mésopropithèques, car nos deux spécimens du sud ont leurs
sutures aussi oblitérées que celui du sud-ouest. D’autre part, les
lignes temporales sont plus rapprochées dans les premiers que dans
le second ; elles viennent même en contact dans la région post-
frontale, où il y a comme un reste de crête sagittale.
Si nous voiüons essayer de séparer les deux espèces de notre
nouveau genre N eopropithecus, par des caractères autres que ceux
tirés de la forme du front et de la disposition des ligues tem.porales,
nous ne trouvons à la vérité que des différences assez floues et qui
ne dépassent peut-être pas la valeur de variations individuelles.
Nous citerons cependant : constriction post-orbitale plus accentuée
dans le N. globiceps que dans son congénère, ex-occipitaux plus
saillants et arcades zygomatiques plus hautes et moins écartées,
post-frontal plus étendu en arrière et par suite boîte crânienne
plutôt globuleuse que piriforme, pertuis lacrymal s’ouvrant plus en
dedans de l’orbite, etc.
Les nouveaux fossiles que nous venons de faire connaître ne
viennent pas seulement enrichir les catalogues zoologiques, ils nous
semblent aussi présenter un autre intérêt.
Si nous plaçons les Lémuriens à molaires quadrituberculées dans
l’ordre suivant : Archæoindris, Archæolemur Edwardsi, A. Majori,
Mesopropithecus, N eopropithecus globiceps, N. platyfrons, Propi-
thecus verreauxioides, Propitbèques vivants (ou Indris), nous formons
une série dans laquelle certains caractères semblent s’ordonner
d’iine manière logique.
La taille diminue régulièrement, en même temps que le volume
de la boîte crânienne se développe par rapport à la région faciale.
Les lignes temporales, d’abord soudée^ et saillantes pour former
une crête saggitale, se séparent et s’éloignent l’une de l’autre.
L’isthme postorbital s’élargit de plus en plus, ce qui doit corres-
pondre à un plus grand développement du cerveau antérieur. Les
yeux s’agrandissent, s’éloignent l’un de l’autre et s’abaissent vers
la région buccale, en même temps que le jugal et le maxillaire dimi-
nuent de hauteur et forment des pommettes de moins en moins
saillantes. Les arcades zygomatiques perdent de leur paissance,
deviennent rubanées et se rapprochent du crâne. La mandibule
perd de sa massivité, ses incisives, d’abord peu inclinées, plutôt
pointues que tranchantes et réduites . probablement à un simple
rôle de préhension, deviennent de plus en plus proclives, resserrées
et adaptées à une fonction particulière.
Nous pourrions ajouter que, parallèlement les membres posté-
rieurs, notablement plus courts que les antérieurs dans les grandes
espèces qui commencent notre série, leur deviennent égaux dans les
espèces moyennes et prennent la prédominance dans les Lémuriens
actuels, ce qui indique une adaptation de plus en plus parfaite à la
— 373 —
vie arboricole, en même temps que la diminution de puissance de
l’appareil masticateur montre que la nourriture consommée était
de plus en plus molle.
Somme toute, le caractère général de l’évolution des Lémuriens
à dents quadrituberculées serait une tendance vers V affinement du
type. Le Palæopropithèque, l’Hadropitbèque et le Chiromys repré-
senteraient des cas d’une adaptation très poussée à des conditions
de vie ou à un régime très particuliers les ayant, en quelque sorte,
fait dévier, le premier pour la forme de son crâne, les autres pour la
dentition, de la ligne d’évolution du groupe.
Malheureusement, les gisements malgaches que nous avons pu
fouiller jusqu’ici sont tels qu’ils ne permettent pas de dater nos
fossiles, et d’établir d’une façon certaine leur ordre de succession.
Il semble d’ailleurs que, durant la longue vie tranquille de la Grande
Ile, où n’existait aucun prédateur vraiment destructif avant l’arrivée
de l’Homme, des formes très primitives ont dû co-exister avec des
formes moins anciennes, et peut-être même avec des espèces actuelles.
Aussi, nous est-il difficile de dire si la série que nous avons essayé
d’établir est basée sur une logique toute fortuite, ou s’il y a filia-
tion, ou tout au moins parenté — et jusqu’à quel point — entre les
termes qui la composent.
Mais Madagascar n’a certainement pas encore livré tous ses
secrets, et l’on peut espérer que des gisements nouveaux et plus
anciens procureront des découvertes qui viendront resserrer les
maillons de notre chaîne et fixer les repères qui nous manquent.
— 374
Les premiers stades du développement superficiel
DU Néopallium et du Rhinencéphale chez les Pinnipèdes
PAR M. Friant.
1. — Préliminaires.
J’ai eu à ma disposition, pour cette étude : F deux fœtus de
Morse, dont F plus jeune semble appartenir, comme le plus âge,
à l’espèce Trichechus rosmarus L. D’ailleurs, plusieurs auteurs, et
Ladekker^ en particulier, se demandent s’il y a lieu de distinguer
deux formes de Morse {Trichechus rosmarus L. et Trichechus ohesus
Illig.). — 2^ un très jeune fœtus de Phoque, dont le cerveau est sen-
siblement au même stade de développement que celui du fœtus
de Morse le plus jeune. J’en parlerai seulement à titre de compa-
raison, son tékncéphale ayant été précédemment décrit dans un
travail en cours d’impression sur la fosse sylvienne des Pinnipèdes
II. Premier fœtus de Morse.
N° 1928-271, Coll. Anat. comp. Muséum, provenant des Collec-
tions du Prince d’Orléans. Conservé dans le formol.
Les globes oculaires de ce fœtus sont à peine visibles : on distingue
l’emplacement et l'ébauche des griffes aux extrémités antérieures et
postérieures (fig. 1, en bas).
Dimensions du télencéphale.
■r-r, . , ^ ( Longueur en millimètres 20,5
eraisp ere gauc e ^ Hauteur en millimètres 15,5
. . l Longueur en millimètres 20
Hemisphere droit j Hauteur en millimètres 15,5
Indice hémisphère gauche : = 75,5.
Indice hémisphère droit : z = 77,5.
Indice moyen : 76,5.
1. Flower W. h. et Lydekker R. An introduction to the Study of Mammals, 1891.
2. Anthony R. et Friant M. Le territoire central du néopallium des Pinnipèdes
(Otaries et Phoques). Développement et interprétation. C. R. du /F® Congrès Inter-
national d’ Anatomie. Milan, 3-8 septembre 1936. Sous presse.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
— 375 —
1. Fœtus n° 1928-271, Coll. Anat. comp. Muséum, provenant des Collections du
Prince d’ORLÉANS.
2. Fœtus n° 1901-330. Coll. Anat. comp. Muséum, provenant du voyage de son
Altesse Impériale, le Prince Napoléon, dans les régions arctiques européennes.
Donné par son Altesse Impériale le Prince Napoléon en 1857 (n°41). Remis par le
Service de Mammalogie.
2
G. N X -
5
Fig. 2. — Fœtus de Morse (Trichechus rosmarus L.) n° 1928-271. Coll, Anat. comp.
Muséum. Télencéphale.
I. Face externe droite ; II. Face externe gauche ; III. Face interne droite.
G. N.
— 376 —
D’après ces chiffres, l’hémisphère gauche se trouve être un peu
plus allongé que le droit. Il est aussi un peu plus volumineux, puis-
que sa longueur absolue est plus grande, la hauteur étant la même
des deux côtés.
Fig. 3. — Fœtus de Morse (Trichechus rosmarus L.) n“ 1928-271. Coll. Anat. comp.
Muséum. Télencéphale.
I. Face externe gauche ; II. Face externe droite ; III. Face inférieure ; IV. Face
interne droite.
G. N.
Face externe du télencéphale.
Les seuls sillons visibles sur la lace externe sont les rhinales :
l’antérieure est bien marquée, la postérieure plus estompée (fig. 2,
I et II ; fig. 3, I et II).
Le néopallium est complètement lisse, sans indication de fosse
sylvienne.
Sur le rhinencéphale existe déjà une scissure endorhinale.
Face interne du télencéphale.
La fissure de l’hippocampe est bien marquée.
Au niveau du rhinencéphale, on constate la présence du sulcus
fimbrio-dentatus déjà très développé (fig. 2, III ; fig. 3, IV).
III. — Deuxième fœtus de Mobse.
N° 1901-330, Coll. Anat. comp. Muséum, provenant du voyage de
son Altesse Impériale le Prince Napoléon dans les régions arc-
tiques européennes ; donné par son Altesse Impériale le Prince
— 377 —
NArotÉON, en 1857 (n*^ 41). Remis par le service de Mammalogie.
Conservé dans l’alcool.
Les globes oculaires sont bien visibles cbez ce fœtus. Les griffes
sont nettement marquées aux extrémités antérieures et posté-
rieures (fig. 1, en haut).
Dimensions du télcncéphale.
Hémisphère droit et ( Longueur en millimètres 24,5
Hémisphère gauche ( Hauteur en millimètres 24
H X 100
Indice : = 97,9.
Fig. 4. — Fœtus de Morse (Trichechus rosmarus L.) n° 1901-330. Coll. Anat. comp.
Muséum. Télencéphale.
I. Face supérieure ; II. Face externe droite ; III. Face externe gauche ; IV. Face
interne droite ; V. Face interne gauche.
G. N.
Il ne nous a pas été possible de prendre avec exactitude l’angle des
rhinales sur les deux fœtus que nous avons eu à notre disposition.
Mais il est facile de voir que cet angle est, ici, sensiblement plus
fermé que chez le fœtus précédent, accusant d’une façon très marquée
la flexion télencéphalique qui se poursuit au cours du développe-
ment.
L’indice très élevé (97,9) est en rapport avec cette flexion du télen-
cépbale, traduisant un galbe très arrondi, tandis qu’au stade précé-
- 378
dent, le cerveau était sensiblement plus allongé (indice moyen :
76,5).
Le volume est le même pour les deux hémisphères.
Fig. 5. — Fœtus de Morse {Trichechus rosmarus L.) n° 1901-330. Coll. Anat. comp.
Muséum. Télencéphale,
A gauche, face inférieure (les nerfs optiques ont été enlevés). A droite, face externe
gauche.
G. N.
Face externe du télencéphale.
La rhinale postérieure, qui se développe nettement de l’avant vers
l’arrière, est plus visible que chez le premier fœtus, du coté droit,
surtout.
Immédiatement au-dessus de l’angle des rhinales existe, mainte-
nant, une dépression très accusée, c’est la future fosse sylvienne
(fig. 4, II et III ; fig. 5, à droite).
Face interne du télencéphale.
On observe les mêmes sillons qu’au stade précédent ; fissure de
l’hippocampe et sulcus ftmbrio-dentatus (fig. 4, IV et V).
IV. — Fcltus de Phoque.
1905-138-1, Coll. Anat. comp. Muséum. Ce numéro désigne un
des quatre embryons de Phoque dans leur membrane reçus de la
première Mission Charcot au Pôle Sud. Ces embryons ne peuvent
appartenir, d’après M. R. Anthony, qui en avait déjà décrit l’aspect
extérieur qu’au Leptonychotes Weddelli Lesson ou au Lobodon
carcinophaga Hombr. et Jacq. (Monachinés).
Le fœtus n*^ 1905-138-1 possède à chaque extrémité postérieure les
rudiments de 5 griffes.
1. Anthony R. Oiseaux et Mammifères (embryons et fœtus). Expédition antarc-
tique française (1903-1905), 1907.
— 379 —
Dimensions du télencéphale.
, - l Longueur en millimètres 24,2
Hemisphere gauche { tt ^ -n- '4. aca
^ ® ( Hauteur eu millimétrés 19,1
, . , , , . l Longueur en millimètres . 24
Hemisphere droit < „ ^ u An
^ ( Hauteur en millimétrés 19
Indice hémisphère gauche : = = 78,9.
JL
H X 100
Indice hémisphère droit : = = 79,1.
Li
Indice moyen : 79.
D’après ces chifîres, l’hémisphère gauche est un peu plus allongé
que le droit. Il est aussi plus volumineux, puisque sa longueur et
sa hauteur sont supérieures à celles de l’autre hémisphère.
Face externe du télencéphale.
Le seul sillon visible sur la face externe est la rhinale antérieure
qui est très marquée (fig. 6, en haut). Quant à la rhinale postérieure,
elle n’est indiquée que par une dépression extrêmement obscure,
affectant une forme courbe avec concavité dirigée en arrière et en
haut.
Fig. 6. — Fœtus de Phocidés (Monachinés). Deux des quatre embryons de Phoque
dans leur membrane reçus de la première Mission Charcot au Pôle Sud. Conservés
dans le formol.
Ces embryons ne peuvent appartenir, d’après M. R. Anthony, qu’au Leptonychotes
Weddelli Lesson (Phoque de Weddel) ou au Lobodon carcinophaga Hombr. et Jacq.
(Phoque crabier).
Face externe du télencéphale (hémisphère droit).
En haut : Fœtus n° 1905-138-1. Coll. Anat. comp. Muséum.
En bas : Fœtus n° 1905 138-2. Coll. Anat. comp. Muséum (beaucoup plus développé
que le précédent).
G. N.
(D’après Anthony R. et Friant M.).
— 380 —
Le néopallium est complètement lisse, sans indication de fosse
sylvienne. Une dépression verticale profonde, plus accentuée à
droite qu’à gauche, existe au niveau de l’union de la région anté-
rieure avec la région moyenne du néopallium ; par tous ses carac-
tères, de même que par sa position, c’est une dépression « post
mortem » qui s’est produite au niveau de la suture coronale par
l’affaissement des pariétaux par rapport aux frontaux et le reploie-
ment de la membrane d’union de ces es.
Sur le rhinencéphale, on voit une scissure endorhinale très bien
marquée et coudée à angle aigu en raison de l’accentuation de la
flexion télencéphalique.
Face interne du télencéphale.
La fissure de l’hippocampe est très bien développée dans sa région
postérieure (rétrocalleuse) et aussi dans sa région moyenne (cir-
cumcalleuse) où elle est en contact immédiat avec le corps calleux,
le dépassant très légèrement en avant.
Sur le rhinencéphale, on constate la présence du début du sulcus
fimbrio-dentatus ; ici, comme, partout, ce sillon commence par son
extrémité siipérieure.
V. — Considérations générales.
Forme du télencéphale et volume comparé des hémisphères.
Chez le premier fœtus de Morse l’indice moyen des hémisphères
H X seulement de 76,5, alors que chez le fœtus de Phoque
Li
sensiblement du même âge, cet indice est de 79 ; ce qui indique,
qu’à ce stade de développement fœtal, le télencéphale du Morse
est plus allongé que celui du Phoque.
Nous avons noté que les hémisphères, chez le premier fœtus de
Morse, et aussi chez le fœtus de Phoque, sont légèrement inégaux, le
droit étant un peu moins volumineux que le gauche ; mais, alors
que cette inégalité disparaît complètement dans les stades suivants
(stade 2) et chez l’adulte, en ce qui concerne le Morse, et comme il
est de règle chez les Mammifères, elle persiste, par contre, chez les
Phocidés, au cours du développement, même chez l’adulte, ainsi
que j’ai pu m’en rendre compte.
Sous ce rapport, les Phoques semblent être une exception ; chez les
Mammifères, en général, les hémisphères sont égaux ; l’Homme seul
présente, à cet égard, une inégalité, tantôt l’hémisphère droit, tantôt
l’hémisphère gauche étant le plus volumineux. Chez le Phoque
adulte que j’ai examiné, l’hémisphère le plus volumineux est le
— 381 —
gauche, comme, non seulement chez le fœtus que j’ai décrit, mais
chez des fœtus plus âgés (voir le tableau ci-dessus).
En corrélation avec cette analogie morphologique, signalons que
les explorateurs des régions polaires, et le D’’ Charcot en parti-
culier, ont souvent attiré l’attention sur les qualités intellectuelles
des Phocidés.
2^ Sillons du télencéphale.
Nous avons dit, plus haut, que les seuls sillons visibles sur la face
externe des hémisphères chez le premier fœtus de Morse sont les rhi-
nales, l’antérieure étant très nette, alors que la postérieure l’est beau-
coup moins. Il en est sensiblement de même pour le très jeune
fœtus de Phoque (fig. 6, en haut).
1. Les mensurations relatives aux cerveaux d’adultes ont été prises, non sur les
cerveaux eux-mêmes, mais sur des moulages endocrâniens ; la consistance du cerveau
se prête mal, en effet, à des mesures directes. Il convient, cependant, de noter que les
dimensions prises sur les moulages endocrâniens se trouvent un peu supérieures
aux véritables dimensions des hémisphères, en raison des méninges dont tiennent
compte, nécessairement, les moulages endocrâniens.
Tous les numéros de ce tableau renvoient au registre d’entrée des Collections du
Laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
«
25
— 382
Fig. 7. — En haut, a
GAUCHE : Face ex-
terne du télencéphale
de deux jeunes Ours
(hémisphère droit).
Au-dessus : Ursus
(Thalassarctos) ma-
Desm. 9, à la
naissance, n° 1917-8.
Coll. Anat. comp.
Muséum.
Au-dessous; Ursus
ihibelanus Cuv. 2,
n° 1 896-89. Col. Anat.
comp. Muséum, peu
de temps après la
naissance. La rhinale postérieure est plus marquée que chez l’Ours à la naissance ;
la suprasylvine antérieure est déj<à indiquée.
G. N.
(D’après Anthony R. et Coupin F.).
En haut, a droite ; Face externe du télencéphale d’un fœtus de Chat domes-
tique de 8 centimètres, n° 1924-292. Coll. Anat. comp. Muséum (hémisphère droit).
G. N.
(D’après Anthony R.).
Au MILIEU : Face externe du télencéphale d’un fœtus de Porc domestique,
n° 1930-346. Coll. Anat. comp. Muséum (hémisphère gauche). G. N. X 2.
(D’après Anthony R. et de Grzybowski J.).
En bas : Face externe du télencéphale d’un fœtus de Bœuf (n® 68) (hémisphère
gauche). G. N. X 2.
(D’après Anthony R. et de Grzybowski J.).
!*•
- 383 -
Ce premier stade de développement cérébral des Pinnipèdes est
tout à fait semblable à celui des autres Mammifères ^ : le Chat
(fig. 7 en haut a droite) et l’Ours (fig. 7, en haut à gauche) parmi les
Carnassiers ; le Porc (fig. 7, au milieu) ; le Bœuf (fig. 7, en bas) et
le Mouton, parmi les Ongulés ; l’Homme parmi les Primates, par
exemple. Chez les fœtus de tous ces animaux et chez l’Ours à la
naissance la fhinale antérieure est bien visible, alors que la posté-
Fig. 8. — Face externe du télencépliale d’un embryon humain dè la fin du 3® mois
(hémisphère droit).
G. N. X 2.
(D’après His W.).
rieure n’en est qu’à son début ; on peut donc considérer comme
étant de règle que la rhinale antérieure apparaît avant la posté-
rieure, laquelle se développe toujours d’avant en arrière
A un stade plus avancé, la fosse sylvienne s’indique chez les
Pinnipèdes, comme chez l’Ours (fig. 4, II et III, fig. 5, à droite; fig. 6,
en bas : à noter que le cerveau fœtal de Phocidé que nous figurons
ici est beaucoup plus avancé en développement que le cerveau
fœtal du Morse au stade 2), et ce n’est que plus tard que les autres
sillons apparaissent, en commençant par la suprasylvia antérieure
1. Voir : Anthony R. et Coupin F. Le cerveau de l’Ours à la naissance. Album,
Societatis Scientiarum Sevcen kianae ucrainiensium Leopoliensis ad solemnia sua decen-
nalia quinta, 1925. — Anthony R. Leçons sur le cerveau, Paris, Doin, 1928. — An-
thony R. et DE Grzybowsk;! J. Le néopallium des Equidés, Etude du développement
de ses plissements. Journal of Anatomy, 1930. — Id. Le néopallium des Suidés. Archives
de Zoologie expérimentale et générale, Volume jubilaire, 1931. — Id., Le néopallium du
Bœuf. Etude de son développement et interprétation de ses plissements. Journal of
Anatomy, 1934. — Id. Le néopallium du Mouton. Etude de son développement et
interprétation de ses plissements. Journal of Anatomy, 1936, sous presse . — Anthony
R. et Fbiant M., loco citato.
2. Anthony R. et Coupin F. (loco citato) ont montré qu’à la naissance l’Ours est
extraordinairement petit ; au point de vue de l’ensemble de ses organes, il est, cepen-
dant, à peu près dans le même état de développement que les autres Carnassiers lors-
qu’ils naissent ; seul, le cerveau, qui suit, comme l’on sait, le volume du corps, se
montre particulièrement en retard : il est comparable, au point de vue de son déve-
loppement, à celui de nos très jeunes fœtus de Pinnipèdes.
3. 11 semblerait, cependant, que, contrairement à ce qui se passe chez les autres
Mammifères ce soit, chez le Cheval, la rhinale postérieure qui se développe tout d’abord
(Anthony R. et de Grzybowski J., loco citato. Journal of Anatomy, 1930, p. 148).
4. Anthony R. et Botez J. Contribution à l’étude du développement du cerveau
de l’Ours brun (Ursus arctos L.), Journal of Anatomy, 1926.
5. Voir Anthony R. et Friant M., loco citato.
— 384 —
Indications relatives aux figures.
Signification des lettres.
Rhinencéphale : r. a. rhinale antérieure. — r. p. rhinale postérieure. —
en. endorhinale. — f. h. fissura hippocampi. — g. d. gyrus dentatus.
— F. fimbria (fornix). — C. c. corps calleux. — B. o. bulbe olfactif.
Néopallium : S. a. suprasylvia antérieure. — S. p. suprasylvia postérieure.
— ■ C. coronal. — F. s. fosse sylvienne. — p. m. sillon post mortem.
— 385
Sur les Anomalies du squelette chez les Crocodiliens
PAK J. KaELIN.
Professeur à PUniversité de Fribourg (Suisse)
De nombreuses altérations du squelette chez les Vertébrés ont
été décrites, surtout chez des animaux plus ou moins adaptés à la
vie aquatique, par exemple récemment chez les Mosasauria et les
Cetacea (Slijpek 1930). Chez ces derniers, sur 22 squelettes d’Odon-
toceti, 6 étaient pathologiques, sur 68 squelettes de Mystacoceti, il
y en avait 8 pathologiques également. Suivant l’hypothèse de
Larger (1913) et de Slijper (1930), il s’agirait, dans ce cas, d’un
dérangement de l’équilibre des substances calcaires de l’organisme ;
ce dérangement doit être causé par une adaptation insuffisante
à la vie aquatique. Par conséquent, une recherche correspondante
sur les Crocodiliens actuels est pleinement justifiée. Tout d’abord,
j’ai pu constater que les maladies du squelette avec déformations
plus ou moins marquées, sont dans cet ordre de Reptiles très répan-
dues. Sur 40 squelettes d’animaux ayant vécu en pleine liberté,
j’en ai trouvé 8, c’est-à-dire 20 %, avec des déformations patholo-
giques des os. [Arthritis, Spondylitis deformans — Kalin ; Comptes
rendus Soc. Heh’. Sc., nat., 1934.77.]. Au cours de ces recherches
dont le détail paraîtra prochainement dans Zeitschrift fur Morpho-
logie und Œkologie, et qui ont eu lieu dans différents musées, j’ai eu
l’occasion, grâce à l’amabilité de M. le prof. R. Anthony, Direc-
teur du Laboratoire d’Anatomie Comparée du Muséum, d’exa-
miner toutes les pièces de Crocodiliens de sa splendide collection.
Et c’est parmi ces dernières, que j’ai trouvé les cas les plus
intéressants de déformation pathologique du crâne entier et sur-
tout du museau. Il n’y a aucun doute qu’il s’agit ici de cette
déformation plus ou moins répandue dans la série des Ver-
tébrés et qu’on peut appeler « brachycéphalie tératologique »
(« Mopskôpfigkeit » des auteurs allemands). La « brachycéphalie téra-
tologique » est assez connue chez les différents animaux domestiques
comme chez les Poissons ; mais c’est ici la première fois qu’elle est
décrite chez un Reptile. La déformation en question a été observée
chez les espèces suivantes :
Alligator mississiriensis Daudin, 5 crânes du Laboratoire
d’Anatomie comparée. Paris ; (animaux ayant vécu au .Jardin des
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
386 —
plantes) : 1920-36. — N» 1909-501. — N» 1906-383. — No 1919-
127. — No ?. — 2° Crocodilus porosus Schneid, un crâne du même
laboratoire, No 1911-92. — 3o Crocodilus oulgaris cuv., un crâne
du Musée de l’Etat, à Munich (Allemagne) (animal ayant vécu
dans un aquarium). No 131-1910. Voici les proportions les plus
importantes des crânes dd Alligator mississippiensis Daudin.
Les indices 1 et 3 sont beaucoup plus élevés chez les crânes
déformés que chez les crânes normaux, ce qui prouve l’élargissement
extraordinaire du museau comme du crâne tout entier dans le sens
bilatéral. Mais, aussi, la table crânienne montre une augmentation
bilatérale qui dépasse celle qui se produit dans le dévelopement
postembryonaire normal (le chiffre 65.17 chez « 2630/0 » est une
conséquence de l’âge, ce qui est prouvé par les dimensions absolues
de ce crâne). De l’étude du museau, il résulte que l’élargissement
anormal diminue dans le sens caudo-rostral ; par conséquent les
crânes montrent une forte convergence des bords latéraux, et, ainsi,
les crânes déformés se distinguent assez facilement des crânes des
espèces dont le museau est normalement très court. [Caiman lotirostris
Daudin). Les séries dentaires des mâchoires supérieures sont inclinées
en dehors, et ainsi leur position rappelle vaguement celle des dents
jugales. chez les Mammifères avec « brachycéphalie tératologique ».
— 387 —
Le bord inférieur de la mandibule est tourné plus ou moins en dehors,
dépassant ainsi dans la norma verticalis de la mâchoire supérieure.
D’après Tornier (1911), la cause de la brachycéphalie tératologique
consisterait toujours dans une « faiblesse physiologique du plasma
embryonnaire » (« Plasmaschwachung »). Cependant, les travaux
de Nehring (1888) et de Wolfgramm (1894) ont déjà montré que
ces déformations crâniennes plus ou moins remarquables se pro-
duisent chez les loups mis en captivité et chez les sangliers ayant
vécu en cages. Chez les Mammifères, la forme de la partie cérébrale
du crâne reste relativement indépendante de cflle du museau.
Tandis que la forme de celui-ci dépend en outre de l’usage des muscles
masticateurs, la partie postérieure du crâne varie surtout d’après
une corrélation assez connue entre le volume du cerveau et celui du
corps entier. Ces faits rendent difficile l’analyse étiologique des
déformations crâniennes des Mammifères. Chez les Crocodiliens les
conditions sont beaucoup plus simples, car la musculature homo-
logue des muscles masticateurs mammaliens ne sert jamais à mâcher.
C’est pourquoi j’estime que chez les Crocodiliens l’affaiblissement
fonctionnel de la musculature ne peut pas être regardé comme la
cause de la déformation dont nous parlons. Et ceci, quoique le degré
des modifications dans l’accroissement du crâne soit beaucoup plus
grand que chez les Mammifères. Il est impossible de déterminer la
cause de la déformation ; mais, probablement, faut -il penser à l’in-
fluence de la nourriture qui, en captivité, n’est jamais tout-à-fait
la même qu’en pleine liberté. Dans ce point de vue, il est utile de
rappeler les recherches de Klatt (1930) et de ses élèves qui
montrent la grande influence du genre de nourriture sur le dévelop-
pement postembryonnaire du squelette chez le Triturus çulgaris.
9
- 388 —
Un Gobi us nouveau de Madagascar
\
PAR G. Petit.
M. Louvel, Conservateur des Eaux et Forêts et créateur de la
pisciculture à Madagascar, avait réuni, avec le plus grand soin, à
l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931, une collection de
poissons d’eau douce dont l’ensemble offre un réel intérêt. M. Pru-
DHOMME, Directeur de l’Institut agronomique de la France d’outre-
mer, a bien voulu récemment en faire bénéficier le Laboratoire des
Pêches et Productions coloniales d’origine animale du Muséum.
Cette collection offre une forme nouvelle que je dédie à M. Louvel.
Gobîus (Awaous) Louveli sp. nov.
D VI 1 11 ; A I 11 ; V I 5 ; P 17. Sq. 1. long. 60 ; 1. tr. 10 (12).
Tête grosse, large, peu rétrécie en avant, dépourvue d’écailles, sauf
sur la nuque. Son profil est régulier, presque horizontal, très légère-
ment surbaissé en avant. La largeur de la tête est comprise 1,4 fois
et sa hauteur 2,02 fois dans sa largeur. Sa longueur est contenue
3,7 fois dans la longueur totale et 2,9 fois dans la longueur sans la
caudale. Longueur du museau contenue 2,1 fois dans la longueur
de la tête. Le diamètre de l’œil est compris 9 fois dans cette longueur,
4.1 fois dans la longueur du museau, 2,1 fois dans l’espace inter-
orhitaire, lequel est aplati. Le milieu de l’œil se situe à égale dis-
tance du bout du museau et du bord postérieur de l’opercule. Hauteur
maxima du corps contenue 5,2 fois dans la longueur totale et 4,08
fois dans la longueur sans la caudale. Le pédicule caudal est un peu
plus haut que long, sa longueur étant contenue 1,06 fois dans sa hau-
teur et 9,2 fois dans la longueur du corps. La pectorale est comprise
5.2 fois dans cette longueur et 1,3 fois dans la longueur de la tête.
Disque adhésif formé par la ventrale, large ; sa longueur, prise du
milieu de son rebord antérieur mesure 40 mm. ; la membrane de
base est épaisse et haute. La ventouse se termine bien en avant de
l’anus (32 mm.). La naissance de l’anale se place très légèrement
en arrière de celle de la 2® dorsale. Le premier rayon de la dorsale
antérieure est remarquable par sa largeur qui, à la base, mesure
près de 2 mm. Sa face antérieure offre une cannelure médiane sur-
Bullelin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
389 —
tout accusée sur le tiers inférieur de sa longueur. Il est accolé au
rayon 2. Les six rayons de cette nageoire sont grêles et très souples.
Le rayon 1 de l’anale, très mince, est entièrement recouvert par la
peau. Il est, dans l’ensemble, aplati, d’une manière moins accusée
que le premier rayon de la dorsale antérieure.
L’anus s’ouvre plus près du point de départ du rayon inférieur
de la caudale que de l’angle de la bouche. Papille génitale grande.
Caudale grande, légèrement arrondie. Quatre rayons branchio-
stèges, assez grêles, sauf le rayon dorsal, qui est plus large. La mem-
Fig. 1. — Partie antérieure du Gohius (Awaous) Loweli G. Petit (Réduit
d’environ un tiers).
brane branchiostège qui déborde, en arrière, l’opercule et s’applique
contre la base de la pectorale, se soude à la peau immédiatement
en avant du bord interne de la racine de cette nageoire. La cavité
branchiale s’ouvre donc, surtout, en arrière, n’ayant plus d’issue
ventrale. En outre cette soudure a tendance à délimiter un orifice
expiratoire entre le point de soudure de la membrane et le bord
inférieur de la ceinture pectorale. Sous le volet operculaire et sur la
base de la ceinture pectorale, deux petites papilles coniques, super-
posées, l’inférieure étant plus longue et plus grosse que la supé-
rieure.
Les orifices olfactifs sont nettement séparés, à 7 mm. l’un de
l’autre. L’orifice postérieur se situe à 9 mm. 5 en avant de l’œil,
l’orifice antérieur à 21 mm. 5 du bout du museau. Cette narine offre
une tubule complète, piquetée de chromatophores punctiformes,
noirs, plus élevée en arrière, émergeant d’une dépression, à peine
esquissée du côté extérieur, plus accusée du côté interne. La narine
postérieure s’allonge selon l’axe sagittal du corps. Semi-lunaire, sa
convexité est tournée du côté externe.
— 390
Les écailles sont cténoïdes. beaucoup plus petites sur la nuque
et en avant de la première dorsale et sur le ventre que sur les flancs.
Le bord antérieur du pholis est régulier, ou très peu indenté par
l’aboutissement des canalicules. Entre la première dorsale et l’anale
et vers le milieu du corps, les bords inférieurs et supérieurs de l’écaille
convergent en formant un angle presque aigu en arrière (nucléus),
de part et d’autre duquel s’implantent les spinules, nombreuses,
grêles et courtes. Dans des rangées plus postérieures, cet angle
Fig. 2. — La’ bouche du Gobius Loweli (légèrement agrandi) l. s., lèvre supérieure ;
r. d. s., rangée dentaire supérieure ; v., vélum parsemé de papilles ; L, langue ; l. i.,
lèvre inférieure ; r. d. i., rangée dentaire inférieure ; b., bourrelet avec papilles.
devient carrément obtus. Quoi qu’il en soit, la partie visible de
l’écaille présente un aspect losangique.
Le maxillaire supérieur dépasse, en arrière, le bord antérieur de
l’œil. La mâchoire inférieure complètement recouverte par la supé-
rieure, épouse exactement, en dedans, l’arc qu’elle dessine. La bouche
s’ouvre donc sub-ventralement. La lèvre supérieure mesure en son
milieu 5 mm. d’épaisseur. Elle se présente ventralement comme un
bourrelet aplati. Latéralement, à peu de distance en dedans de
l’angle de la bouche, elle porte de nombreux sillons contournés, peu
profonds, offrant un aspect de vergetures. Plus avant vers la ligne
médiane, ces sillons s’ordonnent plus régulièrement, s’approfondis-
sent et délimitent des lames épithéliales épaisses, de forme rectan-
gulaire, libres à leur extrémité inférieure. La partie médiane de la
lèvre offre un groupe de lames épithéliales, plus longues, qui se
prolongent à l’intérieur même de la bouche.
En soulevant l’extrémité libre de ces lames épithéliales, se voit
une première rangée de dents coniques, assez fortes, émergeant soit
nettement, soit à peine, de la muqueuse très épaisse. Leur bord
antérieur est convexe et leur pointe s’oriente donc vers le dedans de
la cavité buccale. A cette première rangée de dents, d’autres dents
font suite, à peu près disposées en quinconces, sur cinq rangées.
Elles sont plus petites, plus aiguës et plus recourbées que celles de
la rangée antérieure.
— 391 —
En arrière de ces rangées se tend un vélum large (valvule buccale),
criblé de papilles arrondies.
La lèvre inférieure est moins épaisse que la lèvre supérieure.
Cependant son bord supérieur est strié de lames épithéliales, qui ne
se voient pas lorsque la bouche est close. Elles sont plus étroites et
moins nettement découpées que les lames de la lèvre supérieure.
En arrière de cette lèvre se voient des rangées de petites dents
coniques auxquelles fait suite, non plus un vélum, mais un bourrelet
à son tour couvert de papilles. Une bande médiane de papilles
coupe la rangée dentaire inférieure, reliant la lèvre au bourrelet.
La langue est épaisse, très large. Son extrémité libre, courte, offre
une encoche médiane peu accusée.
Coloration (en alcool). — Dos brun à reflets dorés. Flancs plus
clairs, avec mêmes reflets plus accentués. Ventre d’un jaune doré.
Pectorales à extrémités claires. La membrane interdigitée des
dorsales et de l’anale, brunâtre, cette teinte s’indiquant, çà et là,
sous forme de ligne. Caudale aux rayons jaunâtres ; brunâtre entre
les rayons. Sur le côté du museau, en avant et au-dessous de l’œil,
deux lignes foncées divergeant ventralement (la plus grande partie
de la tête est recouverte d’un épais mucus).
Lieu de récolte. — Rivière Kamoro, affluent de la Betsiboka, près
d’Ambato-Boeni (côte W.). Un seul exemplaire, du sexe mâle.
Nom local. — Ramefiana.
Remarques. ■ — Le Gobius dont il s’agit se range parmi les Gobiinés
pour lesquels Cuvier et Valenciennes (Hist. nat. des Poissons,
t. XII, p. 97) proposaient le nom dd Awaous. Les auteurs actuels
maintiennent ce genre ^ ou en font un sous-genre du genre Gobius
ou ne tiennent pas compte de cette coupure générique ou sub-
générique. D’autres enfin, considèrent le genre Awaous comme syno-
nyme de Chonophorus (Poey).
Le type du genre Awaous est Gobius ocellaris (Brouss.) [= Chono-
phorus ocellaris (Brouss.), selon certains ichthyologistes, dont
H. W. Fowler, Fishes of Oceania, 1928]. Gobius ocellaris a
été découvert à Tahiti. On le retrouve depuis les Philippines jus-
qu’aux îles Tahiti, Samoa, Fidji. Cuvier et Valenciennes rappor-
taient au Gobius ocellaris des exemplaires reçus de l’île de France
et Gunther situait lui-même cette espèce à Rodriguez. Selon Max
Weber et de Beaufort il s’agirait plutôt du Gobius nigripinnis
1. Par exemple P. Koumans : A preliminary Révision of the généra of theGobioid
Fishes with united ventral fins. Th. Sc. Leiden, 1931.
2. Weber (Max) et de Beaufort (L. F.). — Les Poissons d’eau douce de la Nouvelle-
Calédonie. Nova Caledonia, Zoologie, t. Il, p. 38.
— 392 —
Cuv. et Val. Or, cette espèce est considérée par Sao vage (Poissons
de Madagascar, p. 374) comme synonyme de Gob. ocellaris, dans la
synonymie duquel il place de même, comme plus tard J. Pellegrin
mais à tort, semble-t-il, Gob. melanopterus Bleek., décrit de Mada-
gascar.
Quoi qu’il en soit, notre espèce s’apparente assez nettement à
Gobius æneofuscus Peters. Peters a décrit cette espèce, en quel-
ques lignes en 1852, sur un exemplaire récolté près de Sena (Zam-
bèze) Il est revenu, en 1868, sur cette première description ®
avec d’intéressants détails que la plupart des ichthyologistes qui
en ont parlé ensuite n’ont pas mentionnés : forme et position exacte
des yeux, soudure à la peau de la membrane branchiostège, ce qui
restreint l’ouverture branchiale, présence sur la base de la ceinture
pectorale et dissimulées par l’opercule, de deux papilles aiguës, etc.
La formule des nageoires donnée par W. Peters en 1852, est
légèrement modifiée en 1868, en ce qui concerne la 2® dorsale [1852 :
11 (12) ; 1868 : 1 11 ou 1 12] et l’anale [1852 : 11 ; 1868 : 1 10 ou
1 12]. Tous les auteurs qui ont suivi indiquent le plus souvent 1 10
pour la seconde dorsale et pour l’anale.
La formule des nageoires de notre espèce correspond exactement
à celle de G. æneofuscus dans les limites des formules données par
Peters (1868). Cette dernière espèce a été, depuis Peters, signalée
d’une autre localité de Mozambique (Tete), du Natal, du Transvaal.
Steindachner (1880) la mentionne de la rivière Tohizona (Mada-
gascar), Boulenger, de TEmyrne ; J. Pellegrin {loc. cit., p. 138)
ajoute qu’elle est assez commune dans la grande île. Sauvage
(loc. cit.) la place dans la synonymie du Gobius banana (non Cuv.
et Val.), décrit d’après un exemplaire d’Haïti. Il n’indique aucune
localité malgache. L’espèce se distribue, en somme, dans les eaux
douces de l’Afrique orientale et de Madagascar
Gobius Louveli est remarquable par sa taille qui excède largement
celle qui a été indiquée (Peters, Steindachner, Boulenger,
Barnard, J. Pellegrin), comme un maximum (250 mm.), pour
G. æneofuscus. Type et co-types examinés à Berlin par ce der-
nier auteur mesurent 155 ^ et 133 mm.
Notre espèce se différencie en outre de Gob. æneofuscus par un
certain nombre de caractères importants : grandeur du museau,
petitesse de l’œil et largeur de l’espace interorbitaire, pédicule caudal
1. D'’ J. Pellegrin. — Les Poissons des eaux douces de Madagascar. Mém. Acad,
malgache, fasc. XIV (= fasc. XV), 1933. Tananarive.
2. Bericht Verhandl. Kônigl. Preuss Akad. Wissenschaft. Berlin, 1852, p. 681.
3. Naturwissenschaft. Reise nach Mossambique. Zool. IV, p. 20-22. PI. III, fig. 2,
1868.
4. Notons que Boulenger (Cat. Fresh. Water Fishes Africa, t. IV, p. 30) rapporte,
avec doute, à Gob. æneofuscus, un exemplaire provenant du Niger.
5. W. Peters ind'que 156 mm.
— 393 —
un. peu moins élevé ; aspect du rayon 1 de la dorsale antérieure et
du rayon 1 de l’anale ; présence de quatre rayons branchiostèges ;
petit nombre d’écailles en rangée transversale entre la première
dorsale et l’anale. Les taches ou points noirs signalés sur les côtés
du corps chez Gob. æneofuscus ne sont pas visibles chez Goh. Loweli.
{Lahoraioire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale.)
— 394
Multiplication tératologique de la Papille
URINO- GÉNITALE CHEZ UN MALE DE BrACHIRUS MüELLERI
Steindachner [Teleostei [Pleuronectoidea Soleidae]]
PAR P. ChABANAUD.
Les orifices abdominaux des Téléostéens dyssymétriques sont au
nombre de 3, chez les femelles (l’anus, l’orifice ovarien et l’orifice
urinaire), de 2 seulement, chez les mâles (l’anus et l’orifice urino-
génital). La disposition de ces orifices abdominaux varie selon les
espèces, mais non selon les individus, pour autant, du moins, que je
le sache.
Chez les Psettodoidea, la disposition des orifices abdominaux est
identique à celle des Percoïdes symétriques ; c’est-à-dire que ces
orifices s’ouvrent en série rostro-caudale, dans l’ordre suivant :
anal, génital, urinaire.
Cette disposition n’est conservée que par quelques Pleuronectoidea,
tels que les Tephrinectes, les Atheresthes, les Hippoglossus, les
Synaptura (meo sensu) etc. Dans cet ordre de Téléostéens dyssy-
métriques, l’anus et avec lui, chez les femelles, l’orifice ovarien,
émigrent le plus souvent sur l’une des faces du corps, en règle géné-
rale la face nadirale, tandis que l’orifice urinaire ou urino-génital
se transporte sur la face opposée, la face zénithale. Dès lors, l’anus
et l’orifice urinaire sont placés sur un même plan transversal et non
plus en arrière l’un et l’autre. Lorsque cette disposition n’est pas
réalisée, l’anus peut être médian et l’orifice urinaire zénithal ; par-
fois l’anus devient nadiral, tandis que l’orifice urinaire demeure
médian ; plus rarement tous les orifices s’ouvrent sur la même face
du corps, qui est presque toujours, en pareil cas, la face nadirale.
L’orifice urinaire (urino-génital, pour les mâles) des Achiridæ
et des Soleidæ s’ouvre au sommet d’une papille, protubérance char-
nue, conique ou cylindrique, plus ou moins saillante, qui est libre
ou qui est attachée à l’une des nageoires voisines. En pareil cas, cette
papille est accolée au premier rayon de la proctoptérygie (nageoire
anale) ou bien elle est reliée par une membrane post-radiaire, au
1. Chabanaud (P.). Les genres de Poissons hétérosomates appartenant à la sous-
ïamille des Soleinæ, pp. 8 et 14. Bull. Inst. Océan., 555, 1930.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
— 395 —
Brachirus muelleri Steind. cf (type de Synaptura arafurensis Günth.). Région anale,
en vue oblique, ventro-nadirale. Les 2 ischioptérygies sont écartées l’une de l’autre
et vues par leur face interne ; leurs rayons sont légèrement ramenés vers l’avant.
L’ischioptérygie nadirale est en outre rabattue latéralement, afin de découvrir l’anus
et les 3 papilles urinaires ; l’extrémité distale des 4 rayons de cette nageoire se trouve ,
par conséquent, orientée vers le bas de la figure.
a, anus, en partie masqué par la membrane post-radiaire de l’ischioptérygie nadirale,
laquelle membrane est largement attachée au bourrelet plissé, qui entoure cet orifice
intestinal ; cop, quelques-uns des cils épidermiques qui garnissent le bord libre des
opercules, à l’endroit où la peau, qui est continue entre les 2 volets operculaires i,
recouvre l’isthme ; I P N, 1, 2, 3, 4, les 4 rayons de l’ischioptérygie nadirale ; I P Z
1, 2, 3, 4, 5, les 5 rayons de l’ischioptérygie zénithale ; m pr n, membrane post-radiaire
de l’ischioptérygie nadirale ; P R P 7, 2, 3, les 3 premiers rayons de la proctoptéry-
gie ; P U 1, papille urinaire normale ; p u2, papille surnuméraire, figurant un diverti-
cule de la papille normale ; p u 3, papille urinaire surnuméraire, placée immédiate-
ment en arière de l’anus.
1. La continuité de la peau squameuse, entre les opercules, et la précession de l’œil
migrateur, par rapport à l’œil fixe, sont deux des principaux caractères externes du
sous-ordre des Soleiformes.
396 —
dernier rayon de l’une des 2 ischioptérygies (nageoires pelviennes),
presque toujours la zénithale.
Les orifices abdominaux de Brachirus muelleri Steindachner
sont disposés de la façon suivante :
L’anus est nadiral ; il est percé entre l’ischioptérygie gauche
(nadirale) et le rayon proctoptérygien. Chez les femelles, l’orifice
ovarien s’ouvré, selon la règle, immédiatement en arrière du repli
membraneux qui entoure l’anus,
La papille urinaire (urino-génitale dans le sexe mâle) est médiane ;
elle est insérée devant le 1®^ rayon proctoptérygien, à quelque distance
de l’anus. Cette papille est donc située entre les ischioptérygies ; elle
est parfaitement libre ou brièvement contiguë, à sa base, avec le
premier rayon proctoptérygien ; sa longueur mesure environ la
moitié de celle de ce rayon.
Le British Muséum possède de cette espèce un mâle, qui a été décrit
par GÜnther, sous le nom de Synaptura arafurensis et que j’ai
pu étudier à loisir, grâce à la courtoise hospitalité du Directeur de
cet Etablissement scientifique, M. C. T. Regan, et grâce aussi à
l’amicale obligeance de M. J. R. Norman, Assitant Keeper of
Fishes.
Ce spécimen est affecté d’une multiplicité tératologique de sa
papille urino-génitale ; ce dont la figure ci-jointe permet de se
rendre compte.
Par l’effet de cette anomalie, ce type de Synaptura arafurensis
possède, en réalité, 3 papilles urinaires : la papille normale et 2 pa-
pilles surnuméraires. La papille normale s’érige immédiatement en
avant du premier rayon de la proctoptérygie, auquel sa base est
brièvement attachée ; cette papille est volumineuse, conique ; sa
longueur, qui est normale pour l’espèce, mesure près de la moitié
de celle du rayon proctoptérygien.
Sur la gauche de cette papille typique, c’est-à-dire sur son côté
nadiral et entre celle-ci et l’anus, s’est développée une deuxième
papille, de même forme, mais un peu plus courte. A leur base, ces
deux organes sont connexes ; ce qui entraîne à considérer la papille
latérale, surnuméraire, comme un diverticule accidentel de la papille
normale. Cette papille surnuméraire est incurvée de telle sorte que,
proximalement divergente par rapport à la papille normale, elle
devient distalement parallèle à celle-ci.
1. Chabanaud, op. cil. Bull. Inst. Océan, 555, 1930. (Genus Brachirus Swainson
1839, pp. 8 et 16).
Norman (J. R.j. A Report on the Flat-Fishes. Biological ResuUs of... « Endeaoour »,
vol. 5, 1926, p. 295.
Brachirus muelleri appartient à la région australienne (côte du Queensland, mer des
Alfouras).
2. Günther (A.). Report on the shore Fishes. « Challenger », Zoology, vol. 1, pt. 6,
1880, p. 49.
397 -
Une troisième papille urinaire, pour le moins aussi développée
que la papille normale, est insérée immédiatement en arrière du
bourrelet (sphincter ?) de l’anus, exactement à la place qui serait
occupée, chez une femelle, par l’orifice ovarien. Toutefois, la posi-
tion de cette papille est quelque peu dyssymétrique par rapport à
l’anus, car sa base renflée se prolonge assez loin, sur le côté nadiral
du bourrelet périphérique.
Ces papilles sont parcourues par un canal qui s’ouvre à leur
extrémité distale ; elles semblent donc, toutes les trois, fonction-
nelles. Ne m’étant pas permis de tenter la dissection de ce type
spécifique, je ne saurais imaginer quelles peuvent être les relations
de chacun de ces 3 organes avec l’urètre et avec le canal éjaculateur.
Autrement dit, ces papilles sont-elles toutes les trois urino-géni-
tales ? Les unes sont-elles seulement urinaires ou seulement géni-
tales ?
Ce problème n’est pas sans intérêt car, si l’une des 2 papilles sur-
numéraires ne semble rien d’autre qu’un simple diverticule de la
papille normale, il n’en va pas de même pour la papille post-anale
que l’on ne saurait considérer autrement que comme un rappel de
l’état symétrique ancestral. La fonction urino-génitale de cette
papille post-anale en ferait un organe hypotypique, dans le sens que
Giard donna jadis à ce terme.
Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
26
— 398 --
Le genre Pachygnathus Dugès (Alycus Koch) (Acariens)
ire PARUE
PAR F. Grandjean.
Malgré leur petite taille les Acariens de ce genre ont été remarqués
depuis longtemps et plusieurs espèces ont été décrites, en général
sous lè nom A Alycus. Dans l’ordre des dates ce sont les espèces
suivantes : le Pachygnathe velu Dugès 1834 (France), Alycus
roseus Koch 1842 (Bavièré), Alicus rostratus Trâgârdh 1910 (Lap-
ponie) et Alicus oblongus Halbert 1920 (Irlande). D’autres espèces,
désignées comme Alycus (ou incorrectement Alicus, Alichus, Aly-
chus), ne sont pas pour moi des Pachygnathus ou se rapportent avec
doute à ce genre. Je ne les mentionnerai pas.
Le présent travail est fondé sur l’examen des Pachygnathus que
j’ai trouvés en France et en Algérie pendant les trois dernières an-
nées. Cette petite collection renferme quatre espèces bien distinctes.
Je les nomme dugesi, trichotus, ornithorhynchus et leucogaster. Il
s’y ajoute une sous-espèce, dugesi denasutus, n. subsp. Les 4 espèces
sont nouvelles sauf identité possible de l’une d’elles avec V Alycus
roseus de Koch et de la même espèce, ou d’une autre, avec le Pachy-
gnathe velu de Dugès.
Le Pachygnathus étudié par Kramer en 1882 sous le nom pro-
bable A Alycus roseus Koch semble bien être le P. dugesi. Kramer
y a signalé les neuf segments de l’hysterosoma. Berlese, à propos
d’une autre espèce, ou d’autres espèces, qu’il appelle aussi Alycus
roseus Koch (AMS, XLV-5, LVII-10) a vu et figuré la maxille, si
exceptionnelle hors des Oribates. Le genre Pachygnathus est remar-
quable à d’autres égards comme je le dirai plus loin.
Je donne d’abord, d’après les 4 espèces et la sous-espèce, quelques
caractères généraux afin d’éviter des redites dans les descriptions.
Celles-ci se trouveront dans les autres parties de ce travail, avec
les figures.
Taille. — La taille et la forme générale du corps varient beau-
coup dans une même espèce à cause de l’hysterosoma qui est plus
ou moins allongé, avec des épaules plus ou moins saillantes et des
sillons transversaux plus ou moins marqués. Certaines femelles
sont très plissées, ratatinées et sans œufs, ou contiennent 1 ou
Bulletin du Muséum, 2® s. t. VIII, n® 5, 1936.
399 —
2 œufs. D’autres sont arrondies et très gonflées par des œufs qui
paraissent remplir tout l’hysterosoma et même occuper partielle-
ment le proterosoma. J’ai trouvé au maximum une douzaine de ces
œufs dans ces grosses femelles (dugesi, leucogaster).
Les longueurs données dans ce travail comprennent la protubé-
rance frontale du proterosoma, mais non les mandibules. Je désigne
par cœfficient d’allongement le rapport entre cette longueur et la
largeur, celle-ci étant mesurée à l’endroit où elle atteint son maxi-
mum, dans la moitié antérieure de l’hysterosoma. Le coefficient
d’allongement peut varier dans une même espèce, par rapport à sa
valeur moyenne, de 15 % en plus ou en moins, ce qui est considé-
rable. Les exemplaires les plus allongés sont ordinairement des
mâles mais quelquefois de petites femelles sans œ'ufs Inversement
il y a des mâles replets et assez gros. Les exemplaires de la plus
grande taille sont cependant toujours des femelles.
Couleur. — La couleur est d’un violacé plus ou moins rougeâtre.
Elle est localisée dans des granules très fins qui se rassemblent par
endroits Sous la cuticule, formant des taches nébuleuses très irrégu-
lières. Il y en a sur tout le corps, y compris tous les appendices,
mais elles laissent entre elles des régions sans granules, lesquelles
sont naturellement incolores et se voient bien par transparence,
surtout à faible grossissement, car leurs limites sont assez mal
définies. Les plus intéressantes de ces régions incolores sont les bandes
du dessus du proterosoma et celles qui marquent, sur le dos de
l’hysterosoma et autour de l’anus, les sillons intersegmentaires.
Le pigment granulaire paraît être le même, à de petites différences
près, chez toutes les espèces, mais il est plus ou moins abondant.
Il peut manquer dans une partie du corps (leucogaster) ou même
complètement (denasulus). Il résiste bien à l’acool à 75°, car des
Pachygnathus conservés depuis trois ans dans ces conditions étaient
fortement colorés et ne paraissaient pas avoir changé de teinte
(dugesi). Sauf indication contraire tous les exemplaires étudiés
dans ce travail avaient séjourné dans l’alcool à 75° pendant deux
mois à trois ans.
De temps en temps on trouve des exemplaires ayant en outre une
coloration diffuse un peu rosée, ou jaunâtre, ou grisâtre, toujours
faible et due, semble-t-il, à des causes individuelles ou accidentelles.
Poils. — Les poils sont incolores et très épineux de sorte que
par réflexion, à faible grossissement, ils ont l’aspect de petites taches
blanches. Les seuls poils lisses sont les adoraux, celui de la mandi-
bule quand celle-ci n’a qu’un poil (dugesi, leucogaster), le poil
antérieur de la mandibule quand celle-ci a 2 poils (trichotus),
l’acanthoïde du palpe de trichotus et un très petit poil au 2° tarse.
J’appelle pseudacanthoïdes des poils canaliculés ayant subi par-
400 —
tiellement l’évolution qui conduit aux acanthoïdes parfaits, à sur-
face lisse,
ScLÉRITISATION ET ORNEMENTATION, H y 3 chez PachygnOthllS
une scléritisation partielle de la cuticule, mais cette scléritisation
n’est guère apparente, car les téguments sont toujours incolores.
Elle se révèle, heureusement, par l’ornementation de la surface.
Celle-ci appartient à deux types ;
L’ornementation scléritique s’observe sur les sclérites, c’est-à-dire
sur la partie centrale du dessus du proterosoma, y compris la protu-
bérance frontale et la bosse postoculaire, les mandibules, les articles
du palpe et des pattes, leurs coxae, le dessous du capitulum (sauf la
lèvre inférieure et l’extrémité antérieure des lèvres latérales) et
les plaques génitales. Elle consiste en général en petites saillies
allongées, que j’appellerai des costules, se plaçant à la suite les unes
des autres en files linéaires, La surface est occupée par des files
de ce genre, parallèles et contiguës, souventt méandrif ormes. Les
costules sont très saillantes. Certaines sont très courtes et passent
à des pointes plus ou moins coniques. On ne voit ces pointes qui sont
aiguës et les arêtes vives des costules que sur les contours apparents.
Bien entendu il y a des variantes. Les files linéaires ne sont pas nettes
partout. Chez certaines espèces les costules sont plus longues (leu-
cogaster). A la limite on a de fines côtes très continues séparées par
des sillons.
L ornementation non scléritique occupe le reste du corps. Elle
consiste en rides accentuées et relativement larges dont les lignes de
crête sont hérissées de pointes coniques. Il n’y a sur chaque ride
qu’une file de pointes. Celles-ci donnent aux rides, quand on examine
la peau à plat, une apparence ponctuée, mais elles ne se voient bien
que dans l’examen latéral, sur les contours apparents. On constate
alors qu’elles ne diffèrent pas des pointes de l’ornementation sclé-
ritique Les deux types d’ornementation ne sont pas en effet très
différentes et l’on trouve toujours entre eux des intermédiaires,
notamment dans une petite zone au bord des sclérites où ils se
mélangent plus ou moins.
L’ornementation du segment qui borde l’ouverture anale est du
type non scléritique, mais à rides plus minces et plus serrées, plus
parallèles et dirigées bien transversalement, La ponctuation régu-
lière des rides donne à l’ensemble une apparence un peu quadrillée.
Quand un poil est implanté dans la région ridée sa base est entourée
d’une petite zone circulaire à ornementation scléritique plus ou
1. Les contours apparents sont donc toujours hérissés de pointes très fines, mais
je n’ai pas représenté ces pointes sur les figures, sauf pour la protubérance frontale, à
titre d’exemple, chez irichotus (fig. 7 C). Je n’ai pas représenté non plus la ponctuation
des rides.
— 401 —
moins distincte. Sur les figures je n’ai pas représenté ces petites
zones, mais elles sont intéressantes. Elles veulent dire, je pense,
qu’il y a réellement un petit sclérite à la base des poils. Cela est
ordinairement plus net dans la région postérieure du corps, sur les
derniers anneaux de l’hysterosoma.
Région dorsale et latérale du proterosoma. — La région
dorsale du proterosoma porte toujours 6 paires de poils comprenant
2 paires de sensilli ou poils bothrioniques et 4 paires de poils ordi-
naires que je désignerai par antérieure, postérieure, latérale anté-
rieure, latérale postérieure. Les bothridies sont profondes, droites,
simples, un peu étranglées entre le fond et l’ouverture, qui est évasée.
Chez trichotus seulement on trouve une bothridie courbée et même
coudée (fig. 7F).
Derrière l’œil unique, de chaque côté, on trouve toujours une
bosse arrondie que j’appelle postoculaire et qui est certainement un
ancien œil. Sa surface a l’ornementation des autres sclérites.
Les 5 apodèmes de la surface dorsale du proterosoma corres-
pondent à des bandes blanches bien visibles si l’animal est fortement
pigmenté. Je les ai représentés sur certaines figures (fig. lA, 4A, 7A)
et désignés par apodème dorsal ( ap. d.), postérodorsal ( ap. pd.),
latéraux ( ap. l.) et axial (ax). Ce sont des saillies chitineuses internes,
épaisses et incolores. Leur implantation ne se fait pas suivant des
bandes à bords nets, aussi les lignes pointillées qui les figurent dans
mes dessins ont-elles un caractère un peu schématique. Sur ces
bandes l’ornementation superficielle ne subit aucune différencia-
tion. Il n’y a pas non plus, suivant elles, des dénivellations impor-
tantes et systématiques, en creux ou en saillie.
Les deux apodèmes transversaux, le dorsal et le postérodorsal, se
réunissent latéralement et sont prolongés par l’apodème latéral,
de chaque côté. Ils entourent ainsi une région où les poils postérieurs
sont implantés. Cette région et celle qui s’étend devant l’apodème
dorsal jusqu’aux trichobothries antérieures portent généralement
des impressions musculaires alvéolées. C’est là que doivent s’insérer
les gros muscles des mandibules. On voit en effet ces muscles se
diriger vers les apodèmes dorsal et postérodorsal.
Pour l’apodème latéral, qui est le plus gros de tous, je pense
qu’il sert aux muscles moteurs du capitulum, mais je n’en suis pas
certain. On le voit se terminer en avant près du bord postérieur de
la paroi sous-mandibulaire du capitulum, du côté antiaxial, au-
dessus du coxa du palpe (fig. 7A, l),
L’apodème axial pénètre en avant dans la protubérance frontale.
Correspond-il, avec la région des apodèmes dorsal et postérodorsal,
à la crête métopique des Trombidions ? Cela paraît très probable.
Ce que j’appelle ici la glande impaire (gi, fig. 2D) est la partie
— 402
chitineuse de cette glande, dite aussi glande trachéenne (Sic Thor).
C’est un sac extrêmement plat qui se tient verticalement dans le
plan de symétrie. Il est facile de voir son orifice, en forme de fente,
entre les mandibules, dans la peau souple qui réunit ces mandibules
entre elles. La chitinisation paraît exceptionnellement forte pour
une cuticule glandulaire, de sorte que les parois se voient très bien et
qu’elles conservent leur forme et leur position, même après dissolu-
tion de tous les tissus.
Je n’ai étudié le canal podocéphalique que chez dugesi. C’est une
gouttière qui a le tracé habituel. Je l’ai représenté en a h c d,
figure 2D et aussi figure 5 sur la larve de dugesi en d. cl. avec le
canal dg3 de la glande la plus postérieure qui y débouche. Ce
canal se reconnaît bien à tous les états.
Mandibule. — La mandibule peut avancer fortement ou reculer
sous le bord frontal du proterosoma, la peau qui relie sa base au
reste du corps étant très souple et ample. Les mandibules sont bien
écartées l’une de l’autre. Leur région proximale est épaisse. Ceci
s’applique particulièrement à dugesi, trichotus et ornithorhynchus.
Chez leucogaster les mandibules paraissent moins mobiles. Elles sont
plus rapprochées l’une de l’autre et moins épaisses à la base.
Capitultjm. — Le capitulum est remarquable par la maxille qui
a des formes diverses (fig. 2C, 6C, 7E, 8C, 9 A). Il est remarquable
aussi par les 4 lèvres ^ de la bouche. Ce sont ici la lèi>re supérieure
ou labre (Ibr) ordinairement trilobée, les lèvres latérales (II) et la
petite lèvre inférieure (li) à demi cachée mais fort importante. La
surface des lèvres est lisse, sauf celle de la partie postérieure des
lèvres latérales, laquelle a l’ornementation scléritique. Sur cette
partie ornée on a toujours, de chaque côté, un poil épineux ^ (dugesi,
ornithorhynchus, leucogaster) quelquefois plusieurs (trichotus), tandis
que la partie antérieure, sans ornementation, ne porte jamais que
des poils lisses, c’est-à-dire, pour Pachygnathus, des poils diffé-
renciés. Ce sont ces poils différenciés que j’appelle adoraux
La jonction des lèvres latérales avec le labre, aux deux com-
1. Pour tous les Acariens je substitue cette appellation, qui me paraît bien plus
rationnelle, aux termes que j’ai employés précédemment. Le labre est l’épipharynx de
Michael. Les lèvres latérales sont la langue de Michael, ou comprennent cet organe
qui est leur extrémité antérieure. Les lèvres sont des protubérances charnues, épaisses
et non des lames chitineuses.
2. Ce poil épineux est homologue de ce que j’ai appelé jusqu’ici le poil antérieur du
labium / pa) chez les Oribates. Chez trichotus cette région des lèvres est envahie par les
poils additionnels irréguliers.
3. .Si l’on compare aux Oribates les poils adoraux sont ceux que j’ai appelés poils
de la langue. On ne peut pas les appeler toujours les poils des lèvres latérales pour
diverses raisons, en particulier parce que les lèvres latérales portent quelquefois d’au-
tres poils, comme chez Pachygnathus. Cette difficulté provient de ce que toutes les
lèvres latérales ne sont pas homologues les unes des autres. Leurs extrémités anté-
rieures sont seules homologues.
403
missures supérieures ( Js et son symétrique Js’ ) se fait comme
d’habitude chez les Acariens, le point Js, non directement visible,
tombant à peu près aux endroits marqués sur les figures 2A et 3A.
Mais la commissure inférieure habituelle Ji, jonction des deux
lèvres latérales dans le plan de symétrie, est ici dissociée en deux
commissures Ji, Ji par la petite lèvre inférieure. Figure 2A on voit
le contour apparent de cette petite lèvre, qui est un arc entre Ji
et Ji, à demi caché par les lèvres latérales. Elle n’est vue que par
transparence dans l’orientation de la figure 3A, en li.
Comme toujours la paroi dorsale du pharynx prolonge la paroi
inférieure du labre. Ici la paroi ventrale du pharynx prolonge la
paroi supérieure de la petite lèvre. Sur les figures 2A, 2B, 3A, 8C
le pharynx est représenté, un peu schématiquement, dans sa position
de repos. Sa surface dorsale est alors plus ou moins concave. On y
remarque, sur toute la longueur du pharynx, un grand sclérite
ponctué ou striolé, peut-être très légèrement coloré, sur lequel
agissent les muscles aspirateurs. Ce sclérite n’est directement visible,
dens l’orientation ventrale, que devant la petite lèvre. Il ne va
jamais jusqu’à l’extrémité antérieure du labre, mais s’arrête en un
point où le dessous du labre est déprimé transversalement. C’est là
que le sclérite a son minimum de largeur. Vers l’arrière le sclérite
s’élargit mais il n’occupe toute la largeur du pharynx qu’à l’extré-
mité postérieure de cet organe, auquel fait suite un œsophage à
paroi mince. Cette région postérieure n’est figurée que pour dugesi
(fig. 2A et 3A). Sur les figures 2A, 7B, 8B les points et less trioles
de la partie cachée du sclérite pharyngien ne sont mis qu’à droite.
Les lettres cpü et cpZs désignent respectivement les bords latéraux du
pharynx (qui viennent aboutir en avant aux 4 commissures) et du
sclérite pharygien ; cpd et sont les intersections par le plan de
symétrie des parois dorsale et ventrale du pharynx. La paroi ventrale
du pharynx est mince et sans sclérite.
Le dessous du capitulum, derrière les lèvres, porte des poils addi-
tionnels en nombre variable, implantés souvent d’une manière dissy-
métrique.
Dessus de l’hysterosoma et région anale. — La segmenta-
tion de l’hysterosoma est très marquée chez certaines espèces
(dugesi, ornithorhynchus), moins chez d’autres (trichotus, leuco-
gaster), mais les anneaux les plus postérieurs sont toujours nets.
On compte 9 anneaux chez toutes les espèces sauf trichotus où il y
en a 8 seulement. L’anneau 1 est le plus large et on y voit latérale-
ment, comme chez beaucoup d’ Acariens, un ou deux sillons courts
et flous, assez variables, sur la signification desquels il est impossible
de se prononcer. L’anneau 3 peut être moins large que l’anneau 4.
Sur tous les anneaux il y a des poils additionnels, sauf peut-être
— 404 —
le 9®, et ces poils sont d’autant plus nombreux que l’anneau est plus
antérieur. Aux anneaux postérieurs les poils additionnels peuvent
être alignés sur les autres de sorte qu’il n’y a sur ces anneaux qu’une
rangée unique, transversale. Mais si l’on passe à des anneaux plus
antérieurs on voit s’ajouter d’autres poils qui ne sont plus alignés sur
eux. L’addition se fait plus vite sur les côtés que sur la partie dorsale
des anneaux. Bientôt on a 2 ou 3 rangées confuses et finalement des
poils disposés sans aucun ordre. Toutes les espèces montrent cela,
à des stades divers. Chez trichotus et leucogaster il y a beaucoup plus
de poils additionnels que chez dugesi et ornithorhynchus. Les rangées
postérieures sont formées de poils un peu plus grands que les autres.
S’il y a beaucoup de poils additionnels ces poils plus grands dis-
paraissent.
La région pleurale de l’hysterosoma, au-dessus des pattes III
et IV, est glabre. On la remarque particulièrement chez les espèces
très poilues comme leucogaster et trichotus car elle est brusquement
entourée de poils denses. Il semble que cette région glabre soit celle
qui est balayée par les pattes postérieures, principalement par la
patte III, quand elles se rélèvent le long des côtés du corps. A partir
des anneaux 5 ou 6 (à l’anneau 7 seulement chez ornithorhynchus )
les poils dorsaux des anneaux postérieurs rejoignent sur les flancs
les poils ventraux. Chez leucogaster (non les autres) il en est de même
pour l’anneau 1 dont les poils rejoignent ceux du dessous du meta-
podosoma en passant devant les pattes III.
Région génitale. — Tous les Pachygnathus ont 3 paires de
ventouses génitales de taille à peu près égale, mais la paire la plus
postérieure est quelquefois un peu plus petite que les autres. Cette
inégalité est surtout notable chez trichotus.
Les femelles n’ont pas d’ovipositeur. L’organe mâle est assez
compliqué. Dans l’état habituel des préparations, où les organes
génitaux sont retirés sous les plaques génitales, on peut le distinguer
au prolongement chitineux interne qui se dresse perpendiculaire-
ment à la surface ventrale et qui manque à l’organe femelle. Le
contour apparent de Torgane mâle, selon la mise au point, a les
formes indiquées fig. 3B. On peut distinguer les sexes par d’autres
détails, mais le procédé le plus sûr est de compter les poils de l’organe
génital. Il y en a 10, quelquefois 9, chez le mâle et 1 seulement
chez la femelle, de chaque côté (fig. 3B et 3C). Ces poils, surtout
celui de la femelle, sont gros et épineux comme les autres poils du
corps. Si on les voit mal en lumière ordinaire toute hésitation dis-
paraît en lumière polarisée en ce qui concerne leur nombre.
Je n’ai pas observé de différence sensible entre les espèces. Les
figures 3B et 3C faites pour dugesi denasutus conviennent aussi aux
autres Pachygnathus.
— 405 —
La région aggénitale porte de nombreux poils additionnels dis-
posés sans ordre.
Région ventrale du podosoma. — ■ Les sclérites coxaux sont
séparés par une large région sternale à ornementation ridée. Les
sclérites I et II se touchent, de chaque côté, au fond du 2® sillon
apodémal, sur une petite longueur qui est cachée dans l’orientation
ventrale. Les sclérites III et IV, au contraire, sont prolongés du côté
paraxial et derrière la 4® patte, aux dépens de la région sternale
plissée, par un sclérite commun qui les réunit. La séparation séjugale
est large. La chaetotaxie des coxae n’est pas constante et il y a
souvent dissymétrie. Je ne l’ai pas étudiée en détail. La région
sternale ridée porte de nombreux poils additionnels disposés sans
ordre, A cet égard ce sont aussi trichotus et leucogaster qui sont les
espèces les plus poilues.
Pattes. — Les pattes ont 5 articles, sauf la 4® qui en a 6, son
fémur étant divisé. Les articles ont des formes simples et normales et
la griffe tridactyle est la même à toutes les pattes. Je l’ai représentée
pour dugesi denasutus (fig. 6A) et la même figure pourrait convenir
sensiblement aux autres espèces, sauf pour leucogaster où l’ongle
central (non les latéraux) est un peu différent.
A tous les tarses on a une belle fissure lyriforme dorsoproximale
exactement placée comme chez les Oribates. La même fissure
existe au tarse du palpe.
Tous les poils des pattes sont fortement barbelés ou épineux, sans
différenciation importante sauf un très petit poil lisse particulier au
tarse IL Ce petit poil, qui existe chez toutes les espèces, est implanté
sur le quart distal du tarse. Il est antilatéral ou antilatéroventral.
La formule des trochanters est (1-1-2-1) chez dugesi et leucogaster,
(1-1-2-0) chez trichotus et ornithorhynchus. Je n’ai pas dénombré les
poils des autres articles, sauf chez dugesi.
A l’exception du petit poil dont je viens de parler, tous les poils
lisses sont des solénidions. Ceux-ci sont donc très commodes à étudier.
Ils sont tous dorsaux ou latérodorsaux et il y en a même sur les
fémurs, comme chez les Tromhidiidæ, ce qui oblige à employer des
formules à 4 termes pour représenter leur répartition. S’il y a un
solénidion au 4® fémur il est toujours sur le télofémur.
Les solénidions sont de deux formes différentes. Les baculiformes
(quelquefois un peu claviformes) sont toujours implantés devant
les autres, sur chaque article. Ce sont le solénidion antérieur des
tarses I et II, celui des tibias I, II et III et celui du génual II. Ces
mêmes solénidions se retrouvent chez toutes les espèces. Les autres
sont allongés, piliformes, sans jamais être très longs, et en nombre
variable avec les espèces, de sorte que les formules solénidionales
donnent de bons caractères spécifiques.
— 406 —
DESCRlPTIOs^■S DE PLUSIEURS MiCROTHROMBIDIUM DE U AFRIQUE
Orientale (Mission de l’Omo, 1932-1933;
PAR Marc André.
Parmi les Thromhidiidæ recueillis en Afrique orientale au cours de
la Mission de l’Omo (1932-1933), dirigée par MM. C. Arambourg et
R. Jeannel, les formes se classant dans le genre Microthrombidium
Haller, 1882 (type : M. pusillum Herm.), comprennent des Micro-
thromhidium s. str. et des Enemothrombium.
Sous-genre Microthrombidium s. str.
Au sous-genre Microthrombidium s. str., chez lequel les poils du
tronc sont coniques, pointus au sommet et garnis de barbules géné-
ralement assez robustes et pas trop serrées, appartiennent deux
espèces nouvelles : M. crassitarsale et M. fissipilosum.
Microthrombidium crassitarsale n. sp.
Cette espèce est représentée par plusieurs exemplaires dont les
légères variations dans les principales dimensions sont indiquées,
pour quelques-uns, dans le tableau ci-dessous :
Dans le plus grand individu (A), le corps mesure 1180 jr de long
sur 940 [X de large.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
— 407 —
Sur la face dorsale de l’abdomen on observe des poils tous sem-
blables et de taille subégale (25 à 35 [x) ; ils sont plumiformes avec
longues barbules.
Aux pattes I, le tarse a une longueur (205 \i) qui est presque le
double (1,8) de sa largeur (115 q) et il se montre, dans une vue de
profil, ovalo-cordiforme avec bord inféro-postérieur saillant et
sommet antérieur acuminé. Le tibia a une longueur (110 p) qui est
à peu près la moitié (1,9) de celle du tarse.
Fig. 1. — Microthromhidium crassitarsale n. sp. A, poils dorsaux de l’abdomen
( X 400) ; Pmd, palpe maxillaire droit ; E, face externe ; I, face interne ; Pi, tibia
et tarse de la 1'’® paire de pattes ( X 165).
Aux palpes maxillaires, dont la face externe est couverte de poils
barbulés disposés irrégulièrement, le 4® article (tibia) porte, sur sa
partie dorso-interne, deux peignes ; l’antérieur est composé de 4
(ce nombre peut varier de 3 à 5) épines dont la 1^®, beaucoup plus
robuste, constitue un ongle accessoire à la base de l’ongle terminal
vrai ; le postérieur est formé de 4 (nombre variable de 2 à 4) épines
et paraît se continuer proximalement sur la face interne de l’article
par 2 épines.
Sur la face externe de ce 4® article, près de l’insertion de l’ongle
terminal, il y a (outre des poils barbulés) une épine et trois soies.
— 408 —
Le 5® article (tarse), qui constitue un tentacule papillilorme, porte
à son extrémité distale une longue soie et un court poil (olfactif).
Par ses poils du tronc tous semblables, grêles, plumiformes,
barbulés, cette espèce se range dans la section I des Microihrombidium
de Berlese.
Par la forme du tarse des pattes cordiforme, plus large à la base,
elle se rapproche du M. jahanicum Berl., de Java (1910, Redia, VI,
p. 362), mais elle s’en différencie par l’armature des palpes.
Loc. — St. 15 : Mont Elgon : camp près de 1’ « Elgon saw mill » dans
la brousse à Acacias, à la lisière inférieure de la forêt (ait. 2470 m)
17 décembre 1932.
Mîcrothrombîdium fissipîlosum n. sp.
Cette espèce est représentée par quatre exemplaires dont les
légères variations dans les principales dimensions sont indiquées
dans le tableau ci-dessous :
Nous avons choisi comme type l’individu A mesurant 1320 [j,
de long sur 900 [jl de large.
La pilosité de la face dorsale du tronc comprend deux sortes
d’organes appendiculaires :
1® Des poils (L) plumiformes courts (20 à 40 [j, suivant les individus)
simplement barbulés ;
2° des papilles (F) pseudo-piriformes (40 à 80 ji.), assez longuement
pédonculées et pourvues de barbulés ; à première vue elles paraissent
se terminer par une partie élargie unique, mais un examen plus
approfondi montre qu’elles se bifurquent en deux pointes.
C’est un cas analogue à celui des poils trifurqués observés chez les
Neothromhidium Sud- Américains : la même apparence trompeuse
avait d’abord fait croire à Berlese que ces organes appendiculaires
étaient foliiformes, mais il a reconnu ensuite (1912, Tromhidiidae,
— 409 —
p. 51) qu’il n’existe pas de membrane réunissant les trois branches
et qu’en réalité celles-ci sont libres.
Aux pattes I le tarse a une longueur (235 g.) un peu inférieure à
deux fois et demie sa largeur (100 p.) et à une fois et demie la taille
du tibia (160 p) ; il offre un contour amygdaliforme allongé.
Fig. 2. — Microthrombidium fissipiîosum n. sp. F, L, papilles et poils dorsaux de
l’abdomen ( X 600) ; Pmd, palpe maxillaire droit ; E, face externe ; I, face interne ;
PI, tibia et tarse de la 1''® paire de pattes ( X 220).
Aux palpes maxillaires le 4® article porte, sur sa partie dorso-
interne, deux peignes : l’antérieur est composé de 6 ou 7 épines, dont
la 1^®, plus robuste, constitue un ongle accessoire ; le postérieur est
formé de 5 ou 6 épines et paraît se continuer sur la face interne de
l’article par 3 soies. Sur la face externe de ce 4® article il y a, à la
base de l’ongle terminal, une épine et trois longues soies lisses. Le
5® article tentaculiforme porte, à son extrémité distale, une très
longue soie lisse et un court poil olfactif.
Cette espèce, chez laquelle aux poils grêles, plumiformes, barbulés,
viennent s’en mélanger d’autres de taille et de forme différentes,
appartient à la section II des Microthrombidium de Berlese, et, par
l’existence de poils bifurqués, elle se rapproche beaucoup de VOt-
tonia furcipilis G. Canestrini (1898, Atti Soc. V eneto-Trentina Sc.
— 410
Nat., s. II, vol. III, p. 398), de la Nouvelle-Guinée, dont le corps est
revêtu aussi de deux sortes de soies, les unes simplement plumi-
formes, les autres plus longues, également barbulées, élargies et
bifurquées à l’extrémité distale : malheureusement, comme aucune
figure n’accompagne cette description, on ne peut décider s’il s’agit
bien de la même espèce, étant donné, en outre, la différence d’habitat
géographique.
Dans une forme de l’Australie occidentale, le Microthr. (Enemo-
thromhium) koordanum St. Hirst (1928, Proc. Zool. Soc. London,
p. 1023 ; 1929, ibid., p. 168 et 172, fig. 3, P), il existe de même des
poils dorsaux qui se partagent en deux branches principales (parfois
subdivisées à leur tour).
Loc. — St. 15 : Mont Elgon : camp près de 1’ « Elgon saw mill »,
dans la brousse à Acacias, à la lisière inférieure de la forêt (ait.
2470 m.) [17 décembre 1932].
Sous-genre Enemothrombium.
Dans le sous-genre Enemothrombium Berlese, 1910, les poils du
tronc, couverts de rangées longitudinales de barbules très délicates
et serrées, se présentent comme des papilles qui offrent des aspects
variés, pouvant être piriformes, claviformes, sphériques, foliiformes
ou arboriformes.
A. Berlese (1916, Redia, XII, p. 19) a donné les diagnoses de
trois espèces d’ Enemothrombium recueillies au cours du voyage
effectué par MM. Alluaud et Jeannel en 1911-1912 dans l’Afrique
orientale (Kenya et Kilimandjaro) : Micr. (Enem.) bipapillatum,
M (E.) carduigerum, M. (E.) strobiligerum.
Dans les collections du Muséum national de Paris (Laboratoire de
Zoologie : Vers et Crustacés) se trouve un Thrombidion provenant
de ce même voyage et étiqueté Micr. (Enem.) imbricatum par
Berlese, qui n’en a jamais publié la description.
Parmi les Thrombidions provenant de la Mission de l’Omo (1932-
1933) se rencontrent divers spécimens qui me semblent se rapporter
aux E. bipapillatum, E. carduigerum, E. strobiligerum.
En outre, deux autres individus me paraissent constituer les types
de deux espèces nouvelles, pour lesquelles je propose les noms de
Micr. (Enem.) longisetosum et M. (E.) Jeanneli.
Tous ces Enemothrombium appartiennent à la section II de
Berlese, chez laquelle les papilles du corps sont de formes diffé-
rentes et de tailles inégales.
— 411
Microthrombidium (Enemothrombium) bipapillatum Berlese.
1916. Alicrothrombidium (Enemothrombium) bipapillatum Berlese,
Redia, XII, p. 19.
Dans la simple diagnose donnée par Berlese pour cet E. bipa-
pillatum la description des papilles dorsales est suffisamment précise
pour que j’ai cru pouvoir rapporter à cette espèce deux spécimens
provenant de la Mission de l’Omo.
Leurs dimensions offrent de légères variations indiquées dans le
tableau ci-dessous :
Nous avons choisi comme typique l’individu A, qui mesure
1150 p. de long sur 700 de large.
Le corps est couvert dorsalement d’un revêtement dense de papilles
de deux sortes :
Les D®® (S), plus nombreuses, mais beaucoup plus courtes (30 p)
et subglobuleuses, se montrent, vues de dessus en projection
(S’), Sous la forme d’une figure à six lobes ; en effet, suivant leur
ligne équatoriale, elles sont ornées de six mamelons garnis de petites
aspérités ; de plus, à leur sommet, elles possèdent deux tubercules
semblables.
Les 2®® papilles (L et L’), assez rares (devenant cependant plus
fréquentes à l’extrémité du corps), sont longues, lancéolées et
Striées longitudinalement par des séries de villosités : il y en a de
deux tailles, les unes (plus abondantes sur la partie antérieure du
corps) ayant 70 à 95 p., les autres atteignant 150 à 180 p ; au sommet
de toutes ces papilles lancéolées il y a une échancrure plus ou moins
profonde donnant naissance à deux pointes inégales.
Les yeux sont tout à fait sessiles.
Aux pattes I le tarse a une longueur (370 p) dépassant le double
— 412 —
de sa largeur (170 fx) et inférieure aux 3/2 de la taille du tibia (240 [x) ;
dans une vue de profd, il se montre amygdaliforme.
Aux palpes maxillaires le 4® article (tibia) porte, sur sa partie
dorso-interne, deux peignes ; l’un, dorsal, est composé de 16 à
17 épines, dont la l^"® beaucoup plus forte, constitue un ongle
accessoire ; le postérieur, interne, est formé de 7 épines implantées
sans ordre. Sur la face externe de ce 4® article il n’y a aucune épine
à la base de l’ongle terminal. Au 5® article (tarse), tentaculiforme,
on n’observe aucune soie lisse.
Fig. 3. — Microthrombidium (Enemothromhium) bipapillatum'BeTlese.
L, U, S, S’, papilles dorsales de l’abdomen, ( X 500) ; Pmd, palpe maxillaire droit
E, face externe ; I, face interne ; Pi, tibia et tarse de la paire de pattes ( X 135
Par ses grandes papilles non cloisonnées cet Enemothromhium
appartient au groupe a (ex. : M. distinctum Can., de Nouvelle-
Guinée) de la section II de Berlese.
Dans une espèce d’Australie (Queensland), le Micr. (Enem.)
wyandræ St. Hirst (1928, Ann. Mag. Nat. Hist., 10® s., I, p. 565 ;
1929, Proc. Zool. Soc. London, I, p. 168, fig. 3, D), il existe
— 413
également des papilles dorsales présentant des mamelons latéraux
saillants.
Loc. — St. 18 : Mont Elgon : camp dans les prairies à Bruyères
et à Helichrysum de la zone alpine, sur une crête dominant la rivière
Koitobbos (ait. 3500 m.) [5 janvier 1933].
Microthrombidium (Enemothrombium) longîsetosum n. sp.
Je considère comme ayant de grandes affinités avec l’espèce pré-
cédente ( bipapillatum) un individu qui offre sensiblement les mêmes
caractères ; mais sa pilosité dorsale comprenant les deux sortes de
papilles, les unes globuleuses, les autres lancéolées, montre, en plus,
de longs poils grêles.
Le corps de ce spécimen a 1400 [x de long sur 725 de large et les
pattes mesurent respectivement : I, 950 ; II, 500 ; III, 530 ; IV,
870 (x.
La face dorsale est revêtue d’organes appendiculaires présentant
trois formes :
1° Il y a d’abord des papilles (S) courtes (20 à 25 [x) subglobuleuses
ornées de huit saillies, six équatoriales et deux apicales ;
2® Il existe, ensuite, de plus rares papilles (L) allongées (45 jx)
lancéolées à sommet échancré en deux pointes ;
3° On observe, enfin, de fort rares poils (A) acuminés très longs
(90 [x), finement barbulés à leur base.
Aux pattes I le tarse a une longueur (225 [x) dépassant le double
de sa largeur (105 (x) et les 3/2 de la taille du tibia (145 g.) ; il est
amygdaliforme.
Aux palpes maxillaires, le 4® article (tibia) porte un peigne dorsal
composé de 18 épines, dont la l’’® constitue un ongle accessoire,
et un peigne, interne, formé d’une rangée transversale de 5 épines.
Sur la face externe de ce 4® article il n’y a aucune épine à la base de
l’ongle terminal. Le 5® article, tentaculiforme, porte à son extrémité
distale une longue soie lisse et trois poils olfactifs courts.
Par sa pilosité dorsale, cet individu rappelle le Micr. (Enem.)
eutrichum Berlese (de Java) (1912, Trombidiidæ,p. 209, fig. 99), qui
possède également de rares poils très longs (mais simples) mélangés
à des papilles claviformes et qui est le type du groupe c de la section II
de Berlese.
Loc. — St. 17 : Mont Elgon : vallée de la Koptawelil, au nord de la
rivière Koitobbos (ait. 2300 m.) [29 décembre 1932],
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
- 414 —
FrG. 4. — Microthrombidîum fEnemothrombium longisetosiim n. sp.
A, L, S, papilles et poils dorsaux de l’abdomeii ( X :: 455 ; L, 4S8 ; S, 700) i Pmd,
palpe Hiaxillaire droit ; E, face externe ; I, face interne ; Pi, tibia et tarse de la
l""® paire de pattes ( X 240).
IVLicrothrombidium (Encmothfombîum) imbricatum Berlese
(In schedis)
Le type (voyage d’ALxiiAUD et Jeannel, 1911-1912) de cette
espèce restée inédite offre les caractères suivants :
Le corps a 1800 p. de long sur 1140 p de large.
Les pattes mesurent respectivement ; I, 1230 ; II, 760 ; III, 720 ;
IV, 1050 p.
Sur la face dorsale de rabdomen on observe des papilles de deux
sortes :
Les unes (R), beaucoup plus grandes (40 [i) sont renflées, s’in-
curvent en arrière et présentent un septum près de leur base d’in-
sertion : elles sont couvertes de rangées longitudinales de fines vil-
losités.
Fig. 5. — ■ Microthromhidium [Enemothromhium) imbncaiiim Beruse.
F, R, papilles dorsales de l’abdomen ( X : F, 800 ; R, 425) ; Pmd, palpe maxillaire droit :
E, face externe ; I, face interne ; Pi, tibia et tarse de la 1^'® paire de pattes ( X 190).
Les autres papilles (F), plus petites (15 à 20 [ji) sont aplaties en
forme d’écailles, fortement recourbées sur leur face ventrale : elles
sont garnies de longues barbules qui, assez larges à la base, s’atté-
nuent en une pointe terminale très aiguë.
Aux pattes I le tarse a une longueur (280 [t) qui atteint presque
— 416 —
le double de sa largeur (145 g) et qui égale les 4/3 de la taille du
tibia (210 g) ; il est de forme régulièrement ovale.
Aux palpes maxillaires le 4® article (tibia) porte, sur sa partie
dorso-interne, deux peignes : l’antérieur est un peigne interne qui est
composé de 7 épines, dont la 1^®, beaucoup plus robuste, constitue
un ongle accessoire à la base de l’ongle terminal ; le postérieur, tout
à fait dorsal, est formé de 8 épines et paraît se continuer proximale-
ment sur la face interne de l’article par 12 soies implantées sans
ordre.
Sur la face externe de ce 4® article, près de l’insertion de l’ongle
terminal il n’y a qu’une seule épine.
Le 5® article (tarse), qui constitue un tentacule papilliforme, ne
porte aucune soie lisse.
Par ses grandes papilles cloisonnées cette espèce appartient au
groupe b (ex. : M. miniatum Can., de Java), de la section II de
Berlese ^ : comme VE. spectahile Berlese (1912, Trombidiidæ^
p. 204, fig. 97) [de Java], elle ne possède qu’une seule épine sur le
côté externe du 4® article des palpes, mais les papilles dorsales et la
forme du tarse des pattes I sont bien différentes.
Microthrombidium (Enemothrombium) carduigerum Berlese.
1916. Microlrombidium (Enemothrombium) carduigerum Berlese, Redia,
XII, p. 20.
Selon Berlese, cette espèce décrite d’après un seul exemplaire
(voyage d’AnLUAUD et Jeannel, 1911-12), se distingue en ce que
la face dorsale du tronc présente deux sortes de papilles, les unes
claviformes et cloisonnées en leur milieu, les autres subdiscoïdales
et appliquées contre la peau du corps.
Je crois pouvoir identifier à cette espèce deux individus rapportés
par la mission de l’Omo.
Sur la face dorsale du corps on trouve deux sortes de papilles.
1® Les unes (M et M’) claviformes, sont divisées par un septum
transversal en une moitié inférieure ornée de séries longitu-
dinales de très fines aspérités et une moitié supérieure paraissant
lisse ; elles semblent présenter à leur sommet une ouverture : celle-
ci conduirait dans une invagination qui occuperait l’axe de la moitié
supérieure de la papille, en s’enfonçant jusqu’au septum. La dispo-
sition serait, en somme, analogue à celle figurée par Berlese (1912,
1. Au contraire les grandes papilles ne sont pas cloisonnées (groupe a) dans le
Tromhidium hipectinatum Tràgardh (1904, Enlom.Tidskrift, Arg. 25, p. 158), découvert
d’abord au Cameroun, retrouvé ensuite au Mont Meru (1908, Acari Sjostedts Kili-
mandjatro Meru Exped., p. 36), et identifié par Berlese (1912, Tromhidiidæ, p. 193,
fig. 92) à VOtionia disiincia G. Canestrini (1898, Atti Soc. Veneto-Trentina, s. II, vol.
III, p. 391), de la Nouvelle-Guinée.
— 417 —
Trombidiidæ, p. 182, fig. 85), pour son M. densipapiUum
2° Les autres papilles (S) sont subsphériques, c’est-à-dire très
brièvement piriformes, garnies de petites aspérités disposées plus
ou moins régulièrement : elles sont excavées au sommet et ressem-
blent à des fleurs de chardon non encore ouvertes.
Les deux spécimens offrent les dimensions indiquées ci-dessous :
A
B
Longueur du corps
Largeur »
Longueur de la paire de pattes
» 2® »
)) 3® »
» 4® »
Longueur du tarse des pattes I . .
Largeur » »
Longueur du tibia »
Le type choisi est l’individu A mesurant 1900 p. sur 1200.
Aux pattes I le tarse a une longueur (360 p) atteignant le qua-
druple de sa largeur (90 p) et dépassant les 3/2 de la taille du tibia
(220 p) ; il est subcylindrique, légèrement arqué.
Aux palpes maxillaires, le 4® article porte, sur sa partie dorso-
interne, deux peignes : l’antérieur est composé de 3 épines dont la
1^® beaucoup plus robuste, constitue un ongle accessoire ; le posté-
rieur est formé de 12 épines et paraît se continuer par une série
interne de 16 épines disposées sans ordre. Sur la face externe de ce
4® article il y a une forte épine à l’insertion du 5® article tentaculi-
forme qui ne montre aucune soie lisse.
Cet Enemothrombium, qui appartient au groupe b de la section II
de Berlese est caractérisé par ses deux sortes de papilles : si les
unes, claviformes et cloisonnées, rappellent celles du Micr. (Enem.)
densipapiUum Berl. (d’Europe), les autres, subsphériques, en forme
de boutons floraux à peine ouverts, ressemblent à celles du M. ( E.)
rasum Berl. (d’Allemagne) et du M. (E.) miniatum Can. var.
curtulum Berl. (de Java) (1912, Berlese, Trombidiidæ, p. 190,
fig. 89, et p. 204 (fig. 96) 2.
1, Pour les espèces, telles que l’E. densipapiUum Berl., dont les papilles, partagées
en deux par un septum, sont allongées et courbées en arc vers la peau, Krausse a
établi en 1916 [Zool. Anz., Bd. 47, p. 98) nn sous-genre Campylothrombium, qui a pour
type le C. Langhofferi Kr., de Croatie.
2. Ces papilles, plus ou moins sphériques, sont donc du type de celles que l’on trouve
chez des espèces, t, lies que E. calycigerurn Berl., E. subrasum Berl., E. rasum Berl.,
qui ont été récemment rangées par Sig Thoh (1936, Zool. Anz., Bd. 114, p. 31) dans un
418 —
Fig. 6. — ■ Microthrornbidium (Enemothrombium) carduigerum Berlese.
M, M’, S, papilles dorsales de l’abdomen ( X 450) ; Pmd, palpe maxillaire droit ; E,
face externe ; /, face interne ; Pi, tibia et tarse de la 1''® paire de pattes ( X 150).
Loc. — St. 18 : Mont Elgon : camp dans les pariries à Bruyère et
à Helichrysum de la zone Alpine, sur une crête dominant la rivière
Koitobbos (ait. 3.500 m.) [5 janvier 1933].
Microthrornbidium (Enemothrombium) Jeanneli n. sp.
Avec les spécimens de l’espèce précédente (carduigerum) se
trouvait un individu qui possède une pilosité dorsale identique, mais
genre Camerolhrombidium auquel il donne pour type le T. pexatum Koeb, identifié
par Berlese (1912, TromhÆidæ, p. 281) à son E. calycigerum. Mais dans carduigerum,
comme chez curlulum Berl., elles sont mélangées à d’autres de forme différente
(section II de Berlese), tandis que chez rasum elles existent seules (section I).
— 419
dont les palpes maxillaires offrent une armature fort différente.
Le corps a 1780 pi de long sur 1200 de large.
I-jCs pattes mesurent respectivement : I, 1150 ; II, 700 ; III, 690,
IV, 1050 pi.
Fig. 7. — Microfkmmbîdium (Enemoüa'ombium) J eanneli n. Bj),
M, S, pajiilles dorsales de l’abdomen ( X 500) ; Pind, palpe maxillaixc droit ; E, face
externe ; I, face interne ; AI, tibia et tarse de la F'*’ paire do pattes ( X 170).
La face dorsale du tronc est revêtue de deux sortes de papilles :
les unes (M) claviformes et cloisonnées, les autres (S) subsplaériques
et excavées au sommet.
Aux pattes I, le tarse a une longueur (350 pi) dépassant le triple
— 420 —
de sa largeur (110) et les 3/2 de la taille du tibia (200) : il est sub-
cylindrique.
Aux palpes maxillaires, le 4® article (tibia) porte, sur sa partie
dorso-interne, deux peignes : l’antérieur, dorsal, est composé de
10 épines, dont la première plus robuste, constitue un ongle acces-
soire ; le postérieur, interne, est formé également de 10 épines et
paraît se continuer par une série de 14 épines implantées sans ordre.
Sur la face externe de ce 4® article il n’y a aucune épine entre la base
de l’ongle terminal et l’insertion du 5® article (tentaculiforme) qui
ne montre aucune soie lisse.
Loc. — St. 18 : Mont Elgon : camp dans les prairies à Bruyères et
à Helichrysum de la zone alpine, sur une crête dominant la rivière
Koitobbos (ait. 3.500 m.) [5 janvier 1933].
Microthrombidium (Enemothr.) stobiligerum Berlese.
916. Microthrombidium (Enemothrombium) strobiligerum Berlese,
Redia, XII, p. 21.
D’après Berlese, qui en avait vu plusieurs exemplaires (voyage
d’ALLUARD et Jeannel, 1911-12), cette espèce (mesurant 1.650 p.
de long sur 1.200 p de large) présente une pilosité caractéristique.
Les papilles revêtant le tronc, qui sont toutes portées par un tuber-
cule tronconique entouré, à sa base, d’un cercle chitineux, sont de
deux sortes. Les unes grandes (S) subglobuleuses (ayant 40 p de
longueur et 30 p de diamètre) sont différenciées, par une ligne équa-
toriale, en une partie inférieure striée longitudinalement par des
villosités et une partie supérieure réticulée et garnie de très courtes
barbules à peine visibles. Les autres papilles (E), plus petites, sont
foliiformes et pourvues de villosités.
Le 4® article des palpes maxillaires porte, sur sa face externe,
trois épines très robustes, dont la distale est la plus forte, les autres
étant de taille décroissante : en raison de ce caractère, Berlese regar-
dait cette espèce comme ayant des affinités avec son M. cruentatum
= miniatum G. Can., de Java.
Je crois pouvoir rapporter à ce M. strobiligerum un individu
trouvé par la mission de l’Omo : bien qu’il ne présente que 2 épines
sur la face externe du 4® article des palpes, sa pilosité paraît, en
effet, correspondre si exactement à celle indiquée par Berlese qu’il
me semble impossible d’établir une distinction spécifique.
Voici d’ailleurs la description de ce spécimen :
L’animal a 1870 n. de long sur 1230 p de large et ses pattes
mesurent respectivement : I, 1440; II, 990; III, 1060; IV, 1360 p.
Sur la face dorsale du corps on observe deux sortes de papilles.
421
Les unes (F), petites (20 [jl), sont en forme de feuilles épaisses
et garnies de fines barbules serrées.
Les autres (S) plus grandes (40 [;l), subglobuleuses, cloisonnées à leur
base, sont partagées en deux selon une ligne équatoriale. La partie
inférieure présente de fines villosités et des rangées longitudinales
d’aspérités. La partie supérieure hémisphérique a sa surface ornée
d’un réseau de mailles saillantes ^ délimitant des fovéoles : celles-ci
Fig. 8. — Microthromhidium ( Enemoihromhiurn) strobiligerurn n. sp.
F, S, papilles dorsales de l’abdomen ( X 375) ; S’ coupe longitudinale d’une papille
montrant la disposition des alvéoles ; Pmd, palpe maxillaire droit ; E, face externe ;
I, face interne ; PI, tibia et tarse de la paire de pattes ( X 140).
paraissent correspondre en profondeur, à des alvéoles tronconiques
qui se juxtaposent pour se grouper en capitule ; ces alvéoles sont
limités supérieurement par une membrane concave, tandis que leurs
parois latérales se prolongent extérieurement pour constituer les
mailles du réseau superficiel.
Aux pattes I, le tarse est subcylindrique et a une longueur (360 y.)
1. Je n’ai pu discerner de villosités sur ces mailles.
qui atteint le triple de sa largeur (120) et est inférieure aux 3/2 de la
taille du tibia (250 ^).
Aux palpes maxillaires, le 4® article (tibia)j présente, sur sa partie
dorso-interne, deux peignes : l’antérieur se compose de 6 épines
dont la première, extrêmement forte, constitue un cngle accessoire ;
le postérieur est formé de 7 épines ; en outre, on observe un peigne
interne composé de 12 soies implantées sans ordre. Sur la face externe
de ce 4® article il existe deux épines à la base du 5® article (tentacule)
qui est de forme cylindrique allongée et porte 3 soies lisses.
J’ai décrit antérieurement (1924, Bull. Mus. Paris, XXX, p. 276)
un Micr. ( Enemothr.) echinotrichum, de Tunisie, chez lequel on observe
également de grosses papilles très renflées, cloisonnées à leur base,
recouvertes de fines villosités et ayant leur surface ornée d’un
réseau de nervures qui sont disposées irrégulièrement, plus serrées
et enchevêtrées à la partie supérieure.
D’après Berlese, chez ce M. strobiligerurn, la couleur de l’abdo-
men est d’un sang noir foncé avec une large tache rectangulaire
rouge entre les saillies humérales ; le céphalothorax est un peu plus
pâle et les pattes sont teintées de cinabre avec les articles médians
de couleur sang.
Loc. — St. 2 : Nairobi : chasses en forêt, sur la route de Kyambu
(ait. 1.660 m.) [15 novembre 1932].
— 423
Les SiPUNcuLiENS du Muséum National d’Histoire
Naturelle de Paris
PAR P. Leroy.
Licencié ès-Sciences naturelles.
Le présent travail donne la liste des Sipunculiens du Muséum de
Paris : liste provisoire, car des difficultés d’ordre bibliographique
empêchent pour le moment la détermination exacte de certaines
formes. Une liste définitive sera établie ultérieurement avec la
diagnose, la géonémie, la biologie et la synonymie des espèces men-
tionnées.
Sur les 242 espèces (Fischer) que compte le groupe des Sipun-
culiens, 41 appartenant à 8 genres différents ont été reconnues et il
en reste environ une dizaine à déterminer ; la plupart ont été recueil-
lies à la côte dans toutes les parties du monde, un petit nombre pro-
viennent des campagnes océanographiques et ont été pêchées aux
grandes profondeurs. Au point de vue biogéographique la collection
offre donc de l’intérêt, mais il est à souhaiter que des acquisitions
nouvelles tendent à la compléter, surtout en ce qui concerne la faune
nordique assez pauvrement représentée dans l’ensemble.
Pour chaque espèce on trouvera successivement le nom, la station
où elle a été récoltée, la date et le numéro d’ordre établi par le
Muséum. Malheureusement un certain nombre de tubes étant
dépourvus de toute indication d’origine, la collection perd une partie
de sa valeur. Il faut signaler aussi que certains spécimens sont
indéterminables soit que des parties essentielles comme par exemple
l’introvert aient été endommagées, soit que la longue macération
dans l’alcool — 80 ans et plus ! — rende toute dissection impossible ;
on a tenu cependant à citer le genre auquel l’animal appartient et
à faire suivre le nom du signe conventionnel sp.
Pour la détermination j’ai utilisé l’ouvrage fondamental de
Selenka et de De Man (1883) ainsi que de nombreuses publica-
tions sur le sujet, entre autres celles de Sluiter, Fischer, Cuénot,
Spengel, Sato, Wesenberg-Lund, etc.
Que M. le Professeur Gravier qui a eu l’amabilité de me confier
cette collection et M. le Professeur Cuénot qui m’a aidé de sa haute
compétence veuillent bien trouver ici l’hommage de ma respectueuse
gratitude.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
— 424 —
Genre Physcosoma.
Physcosoma granulatum Leuckart. — Ile Saint-Paul 1875 n® 8 ;
Barcelone 1868 n® 397 a ; Guettary 1868 n® 396 a ; Djibouti, 1897 ;
Bone 1842 ; Banyuls 1902 ; Saint-Waast ; Nouvelle-Hollande 1868
n*^ 391 ; Mer Rouge ; Algérie 1868 n® 429 a ; Algérie ; Arnobon ;
Campagnes du Prince de Monaco 1888 st. 195 drague 4 m. ; Maroc
1903 n® 29 ; Algérie 1868 n® 413 j ; Nouvelles-Hébrides 1910.
Physcosoma asser Selenka. — Mer des Indes 1868 n® 406-407 a.
Physcosoma scolops Selenka. — Djibouti 1897, 1904 ; Poulo Con-
dore ; San Tliomé 1906 ; Mer Rouge, 1868, n^ 403 a ; Mer des Indes
A’ (R), 1868, no 395 a.
Physcosoma scolops var. mozambicense Selenka. — Mayotte, 1868.
Physcosoma oarians Keferstein. — Ile Saint-Paul, 1875 ; Tonkin,
1897 ; — 1868, n® 413 c ; Réunion.
Physcosoma nigrescens Keferstein. — • Mer des Indes, 1868, n*^ 400 n;
Basse Californie, 1901 ; Nouvelle-Calédonie, 1868.
Physcosoma antillarum Grube et Orsted. — Amérique du Nord,
1868 ; Puerto Rico, 1907.
Physcosoma lurco Selenka. — Haïphong, 1926.
Physcosoma japonicum Grube. — Ile Saint-Paul, 1875, iN 20.
Physcosoma Cheoeyi Hérubel. — V. 12.
Physcosoma pectinatum Keferstein. — Mayotte, 1883, n® 9.
Physcosoma capitatum Gerould. — Californie.
Physcosoma Agassizii Keferstein. — Ile Saint-Paul, 1875, n° 8.
Physcosoma sp. — Madagascar, 1896 ; Mayotte, 1883 ; Algérie,
1868, no 413 i.
Genre Sipunculus.
Sipunculus nudus L. — Dinard, 1890 ; A. g. 3 ; Naples, 1868,
n® 415 a ; Côtes de Bretagne, 1868. n® 414 a ; Palerme, 1868, n® 415 b ;
Tonkin, 1897 ; Algérie, 1842 ; Bréhat, 1868, n® 415 h ; Villefranche,
1868, n° 415 d ; Villefranche, 1868, n^ 415 c ; Port-Vendres, 1868,
n° 415 g ; Baie d’Along, 1887, 19 ; Los Angeles, 1895 ; Amberbahia
(Nouvelle-Guinée), 1878, n® 130 b ; trois spécimens sans indication
de provenance.
Sipunculus noroegicus Danielssen. — Campagnes du Prince de
Monaco, 1895, st. 553 chalut 1.385 m. ; Campagnes du Talisman,
Las Pilones, 1883.
Sipunculus Graoieri Hérubel. — Mer Rouge, 1884 ; un spécimen
sans indication de provenance.
Sipunculus robustus Keferstein. — Iles Salomon.
Sipunculus phalloides Pallas. — Punta Arenas, 1907, n® 38.
Sipunculus sp. — Nouvelle-Calédonie ; — 1878.
— 425 —
Genre Siphonosoma.
Siphonosoma cumanense Keferstein. — Nouvelle Guinée, 1878 ;
Mer Rouge ; Djibouti, 1897, n^ 29 ; Djibouti, 1897 ; Djibouti, 1893.
Siphonosoma mourense Sato. — Amboine (Mer des Moluques).
Genre Phascolosoma.
Phascolosoma oulgare Blainville. — Saint Waast, 1868, n° 391 d ;
Bréhat, 1868, n® 392 x ; Roscofî, 1906 ; Croix-de-Vie, 1900; Bill
Sund, 1898 ; un tube (collection du Baron de Saint- Joseph) ; un
spécimen sans indication de provenance.
Phascolosoma elongatum Keferstein. — Iles Chausey, 1868, n^ 391 /;
Saint-Waast, 1868, n® 391 a, 391 b, 391 c ; Tanger, 1901.
Phascolosoma capense Teuscher. — Ile Saint-Paul, 1875 ; Cap de
Bonne Espérance.
■ Phascolosoma pellucidum Keferstein. — Punta Arenas, 1883.
Phascolosoma Catharinae Müller. — Pernambuco, 1883 ; Mozam-
bique.
Phascolosoma eremita Sars. • — Laponie : Kirkenaes, 1881, n^ 21.
Phascolosoma approximatum Roule. — Campagnes du Talisman,
1883, drague 1.105 m.
Phascolosoma Semperi Selenka. — 1868, n° 413 d (sans indication
de lieu).
Phascolosoma capsiforme Baird. — Açores, 1883.
Phascolosoma cylindratum Keferstein. — Tonkin, 1868.
Genre Phascolion.
Phascolion pallidum Koreen et Danielssen. — Campagnes du
Talisman, 1883, drague 1.205 m. ; Maroc.
Phascolion Hirondelli Sluiter. — Campagnes du Prince de Monaco,
1888, drague 1.266 m.
Phascolion strombi Montagu. — Côtes de Danemark, 1868, n® 410 ;
Campagnes du Prince de Monaco, drague 308 m.
Genre Dendrostoma.
Dendrostoma ramosum Quatrefages. — ■ Amérique du Sud, 1868,
n® 409 b, 409 c ; Brésil ; Nouvelle Calédonie, 1868, n^ 409 d.
Dendrostoma signifer Selenka. • — ■ Détroit de Magellan, 1841 ;
Djibouti, 1897 ; Mer Rouge, 1894 ; Madagascar, 1901.
Dendrostoma alutaceum Grube. — 1868, n° 399 (sans indication
de lieu).
- 426
Genre Aspidosiphon,
Aspidosiphon clavatus Blainville. — Campagnes du Prince de
Monaco, 1886 ; Algérie, 1868, n® 428 ; Djibouti, 1897, n'^ 29.
Aspido^phon Steenstrupii Diesing. — Port Vila (Nouvelles
Hébrides), 1910, n° 62 ; un spécimen sans indication de provenance
et sans date.
Aspidosiphon heteropsammiarum E.-L. Bouvier. — Aden, 1894.
Aspidosiphon Cumingii Baird. — Nouvelle-Guinée, 1878, n^ 22.
Genre Cloeosiphon.
Cloeosiphon aspergillum Quatrefages. — Port Villa (Nouvelles
Hébrides), 1910, n® 62.
Institut de Zoologie Faculté des Sciences (Nancy).
— 427 -
JüirRES DE L’Indochine
PAR Ed. Lamy.
Cette note renferme rétivde d’une petite collection d’ Huîtres
envoyée par la Station maritime de Cauda par Nhatrang (Annam)
[Institut Océanographique de l’Indochine].
OsTREA DENSELAMELLOSA Lischkc.
UOstrea denselamellosa Lischke = auriculata Sowerby représente
en Chine et au Japon le groupe de VO. edulis L. : cette espèce rap-
pelle, en effet, VO. hippopus Lk. d’Europe
Quant aux oreillettes ou expansions foliacées des deux côtés de la
charnière, qui ont motivé l’appellation donnée par Sowerhy et qui
d’ailleurs s’observent dans beaucoup d’autres Huîtres, par exemple
chez VO, edulis et en particulier chez l’O. hippopus, elles disparaissent
phis ou moins avec Fâge.
Au Japon, cette espèce vit sur les fonds sableux à des profondeurs
de cinq à dix brasses.
Elle a été signalée (sous le nom d’O. auriculata) de Poido-Condor
(P. Germain, 1881) par le de Rochebrune et ce doit être l’Huître
ayant de grandes dimensions et une forme voisine de VO. hippopus,
qui a été mentionnée par O. Debeaux en 1863 comme apportée par
les Chinois sur le marché de Hong-Kong.
J’identifie à VO. denselamellosa des Huîtres de contour trian-
gulaire 2, vendues sur le marché de Nhatrang et provenant de Binh-
Tan (25 mai 1934).
O. MARGARiTACEA Lamarck var. atrotorus Valenciennes.
Une Huître d’élevage de deux ans prise à Banghoi [Amposta]
(18 mai 1934), et trois individus recueillis à Nhatrang (dont un sur
une racine de palétuvier) à la limite de flottement des marées (l®’’ juil-
let 1934) se montrent absolument dépourvus de crénelures sur le
1. Cet O. denselamellosa e&t, comme l’O. edulis, une espèce larvipare ou embryo-phore :
les œufs, puis les larves se développent dans la cavité palléale de la mère.
2. S. Hirase (1930) a signalé qu’au Japon certains spécimens d’O. denselamellosa
ont une forme subtriangulaire.
3'. Cea Huîtres sont vendues à Saigon.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 5, 1936.
— 428 —
bord interne des valves, ont l’impression musculaire d’un violet
foncé et offrent cette même teinte d’un noir violacé intense sur une
zone périphérique, en dedans d’une bordure grisâtre.
Ces quatre spécimens me paraissent appartenir à une Gryphée
représentant sur les côtes de l’Océan Indien l’Huître portugaise.
Elle correspond à la forme de l’Inde méridionale appelée O.
madrasensis par Preston (1916, Records Indian Muséum, XII,
p. 33) et assimilée par Hornell (1922, Madras Fisheries Bull., XIV,
p. 170) à VO. oirginica Gmel.
J’ai proposé (1929, Journ. de Conchyl., LXXIII, p. 274) d’attri-
buer le nom d’O. margaritacea Lamarck à cette espèce Orientale,
dont plusieurs spécimens provenant, de l’Inde, ont été déterminés
par Valenciennes in schedis dans la collection du Muséum national
de Paris les uns O. etherina, les autres O. malabarica, tandis qu’il
a étiqueté O. atrotorus des spécimens de Batavia qui constituent
une variété ne se distinguant que par la coloration d’un violet
noirâtre de l’impression musculaire.
J’adopterai ce dernier nom pour la forme de l’Indochine.
Cette Huître des eaux saumâtres, qui vit dans les estuaires et à
l’embouchure des rivières, coexiste dans l’Océan Indien avec VO.
Forskàli Chem. (Huître de rochers).
Au Laboratoire de Malacologie du Muséum de Paris se trouve un
manuscrit anonyme i, daté de 1909, sur les « Coquilles de l’île Kebao
(Tonkin) )), dans lequel figurent les renseignehients suivants, qui se
rapportent à cette Huître des palétuviers :
« Tout le monde connaît au Tonkin la vogue des « Huîtres de
Port Wallut », dont les Européens sont de grands consommateurs
durant la saison d’hiver. Cette appellation est d’ailleurs fausse : ces
Mollusques sont simplement emballés et vendus à l’escale de Port
Wallut, mais proviennent, en réalité, de bancs situés au large et fort
loin même sur le sud-est de l’île de Kebao. Les indigènes ne con-
somment les Huîtres que cuites : frites, en soupe et très souvent en
beignets. Dès le mois d’août, les femmes et les enfants font la récolte
à marée basse, le long de toutes les côtes, même dans les endroits
plantés de palétuviers : ils ne prennent que l’animal, sans se donner
la peine de détacher la coquille du rocher » 2.
1. Il est possible que ce manuscrit soit attribuable à Victor Demanfîe, négociant
établi au Tonkin, où il fit un assez long séjour, de 1899 à 1911 : bien qu’il fût surtout
Botaniste, il s’est occupé de conchyliologie et a publié la liste des Mollusques terrestres
et fluviatiles qu’il avait recueillis (1912, V. Démangé, Notes d’excursions malacolo-
giques au Tonkin, Annales Assoc. Natural. Levallois-Perret, XVIII, p. 62).
2. De même, sur les rochers de la côte de Malabar, les femmes brisent in situ les
coquilles et recueillent uniquement la chair des Huîtres, qui est seule mise en vente et
qui n’est jamais consommée sans être cuite (.J. Hornell, Mollusca of South India [1922],
p. 169).
En France, au xviii® siècle, on avait une manière spéciale d’apporter les huîtres
fraîches à Paris : c’était de les tirer de l’écaille, d’en jeter l’eau et de les mettre dans
429
0. GiGAs Thunberg.
Il se pourrait d’ailleurs que la forme Iixdochinoise en question
fût la même espèce que l’Huître commerciale commune au Japon,
assimilée par les auteurs à VO. gigas Thunberg.
M. Maxime Denis m’a obligeamment communiqué des Huîtres
du Tonkin dont la valve inférieure présente des côtes longitudinales
et qui ont une coloration blanche partiellement teintée d’un violet
rougeâtre : elles me paraissent correspondre plus particulièrement
à cette forme Japonaise pour laquelle Lischke (1869) a adopté le nom
d’O. gigas Thunberg, en lui rattachant comme synonymes indubi-
tables 0. Laperousei Schrenck (1861) et 0. talienwhanensis Crosse
(1862). Cette synonymie a été également admise par Y. Wakiya
(1910) et I. Amemiya (1928).
Au contraire S. Hirase (1930) considère que le véritable gigas
(épithète déformée en gigantea par Hanley) est une espèce rare
bien distincte, encore qu’il reconnaisse l’existence de formes de
passage. Il attribue, par conséquent, le nom d’O. Laperousei Schr.
à l’Huître cultivée commercialement au Japon.
C’est peut-être la même espèce Japonaise qui a été désignée par
Jay (1856) sous l’appellation d’O. horealis L.
En tout cas, il s’agit encore d’une forme appartenant au groupe
des Crassostrea, qui a pour type O. virginica Gmel. ^
O. PLicATULA Gmelin.
UO. plicatula Gmelin (= plicata Chemnitz [pars]) est une forme
des mers de T Inde qui possède une coquille ovale ornée de plis
longitudinaux plus ou moins obtus et de lamelles concentriques
foliacées : la valve supérieure est maculée de pourpre disposé souvent
en lignes radiales et le bord interne offre quelques petites crénelures
près de la charnière.
Cette espèce a été indiquée (sous le nom d’O. plicata) de Poulo-
Condor (D^ J. Harmand, 1877) par le de Rochebrune.
Je lui identifie : 1° des individus recueillis par le chalut dans la
vase à l’embouchure du Bassac (25 décembre 1926) ; 2° des spécimens
provenant du grattage de la coque du « De Lanessan » (2 août 1927)
des paniers de paille: elles arrivaient ainsi bonnes à être mises en étuvée et à être
employées à d’autres ragoûts ; par opposition à celles qui étaient écaillées de cette
façon, on appelait « huîtres à l’écaille » celles qui avaient conservé leur coquille et
qui étaient naturellement de qualité supérieure (Martin Lister, Voyage à Paris en
1698, [Traduction publiée en 1873], p. 143).
1. Le sous-genre Gryphæa Lamarck, 1801, se divise en deux sections : Gryphæa
s. str. (type : O. angulata Lk.) et Crassostrea Sacco, 1897 (type : O. virginica Gmel.).
Comme l’O, angulata Lk. et VO. oirginica Gmel., VO. gigas auct. est une espèce
ovipare.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936. 28
430
O. RADix Sowerby.
Je rapporte à VO. radix Sow., resté jusqu’ici d’habitat inconnu,
une Huître d’Indochine représentée par deux valves supérieures
fortement bombées, minces, munies de plis radiaux arrondis, espacés,
et ornées de linéoles longitudinales pourpres sur un fond jaune-
brunâtre ; l’intérieur est fortement nacré avec reflets irisés teintés
de pourpre surtout vers le bord.
O. RivuLARis Gould.
L’O. rwularis Gould (= arborea Dunker, non Cbemnitz), du Siam.
de Chine et du Japon, a, d’après Lischke, une forme semblable à
celle de l’O. arborea Cbemnitz (= rhizophoræ Guilding), des Antilles,
mais possède une coloration et une sculpture différentes : les deux
valves sont aplaties et ornées de lamelles concentriques imbriquées ;
la valve supérieure est d’un gris-jaunâtre avec veines pourprées ;
l’intérieur est blanc, avec une large bordure d’un gris cendré, et
présente des crénelures de part et d’autre de la charnière.
Au Japon cette espèce a un habitat qui se limite au niveau des
basses marées sur des bancs de vase, où la salinité est moindre que
celle exigée par VO. gigas auct,
J’assimjle à cette espèce, signalée du golfe de Siam par H. Lynge
(1909) : 1® deux valves draguées par 5° 49’ lat. N. et 196° 25’ long. E.
(11 septembre 1926) ; 2° des Huîtres non comestibles trouvées sur les
collecteurs à Banghoi [Amposta] (18 mai 1934).
O. Paulucciæ Crosse.
L’O. Paulucciæ Crosse = palmipes Sowerby, de Chine et des
Philippines, est une coquille très comprimée, de couleur fauve,
rayée de pourpre ou de noir, à valve supérieure lisse, à valve infé-
rieure plus grande avec bord lobé et côtes radiales tuberculeuses.
Cette espèce a été signalée de la petite île de Cua-Quen [un peu
au nord de Phu-Dien (Annam)] (A. Le Mesle, 1889) par Crosse et
Fischer et du golfe de Siam par Lynge.
Je lui identifie deux valves inférieures recueillies à marée basse
sur le récif de corail à Cauda (29 avril 1934).
O. Forskali Cbemnitz.
L’O. Forskali Cbemnitz est une espèce tropicale dont l’aire de
distribution a pour limites à l’Ouest la mer Rouge et à l’Est la Nou-
velle-Zélande : au Nord elle remonte jusqu’au Japon, tandis qu’au
Sud elle n’atteint pas la Tasmanie : elle peut être regardée comme
une forme géographique de l’O. cucullata Born (= cornucopiæ Chem-
- 431
nitz), de la côte Occidentale Africaine (Guinée et île de l’Ascension).
L’O. Barclayana Sowerby, de l’île Maurice et du Siam, et VO.
glomerata Gtovlà, dé Nouvelle-Zélande, n’en sont que de simples
variétés.
Cette espèce Indo-Pacifique offre parfois une coquille très inéqui-
valve : alors que la valve supérieure est operculaire, l’inférieure,
ornée extérieurement de plis rayonnants anguleux plus ou moins
obtus, est profondément concave, en forme de corne d’abondance.
Mais on trouve aussi des spécimens où les deux valves sont subégales,
l’inférieure étant, elle aussi, plus ou moins aplatie.
Cette coquille est extérieurement noirâtre avec quelques rayons
blancs, intérieurement blanche avec une bordure d’un noir violacé
et quelques taches olivâtres. Elle offre des denticulations soit près
de la charnière seulement, soit sur tout le pourtour.
Dans l’Inde, d’après Hornell (1922), cet O. Forskâli est une Huître
de rochers, nettement marine, qui habite une étroite bande dans la
zone intercotidale et qui ne forme jamais de bancs dans les estuaires
et les eaux saumâtres.
En Nouvelle-Zélande elle est à la limite extrême de son extension
et dans ces eaux froides elle doit lutter contre des conditions défa-
vorables : à Auckland elle se rencontre sous forme de spécimens
isolés çà et là sur les rochers, mais ces individus ainsi espacés, n’ayant
pas à entrer en compétition avec leurs voisins, reçoivent une nourri-
ture plus abondante et atteignent en moyenne une taille plus grande
que ceux vivant sous un climat plus propice (Ch. Hedley, 1919).
Dans les mers plus chaudes, ces Huîtres forment, au contraire,
un récif continu sur les rochers.
En Australie, VO. Forskâli est une espèce ubiquiste : son exten-
sion horizontale va de l’extrémité du récif balayée par le ressac
jusqu’aux enfoncements les plus reculés de la forêt des mangroves
et sa distribution verticale s’étend du niveau des marées moyennes
à des profondeurs de plusieurs brasses. Elle habite aussi bien les
rochers et les racines de mangroves que les bancs de vase et les
prairies de zostères. Elle montre une extrême plasticité et s’adapte
très bien aux différentes stations, supportant les extrêmes en tem-
pérature et en salinité et acceptant toutes les stations, abritées ou
exposées.
Dans les points battus par les vagues la coquille est petite,, très
solide, extrêmement ridée et crénelée, uniformément pourpre.
Dans les localités abritées, elle devient plus mince, plus grande, plus
lisse, faiblement denticulée, rayée de fauve et de noir pourpré.
Tandis que dans les endroits exposés au ressac, les individus sont
dispersés isolément, au contraire dans les estuaires ils s’entassent
en un récif continu.
28’
— 432 —
La zone où ces Huîtres se montrent les plus abondantes coïncide
avec le niveau de mi-marée.
L’émission du naissain a lieu plus volontiers dans l’eau la plus
salée, mais la croissance se fait plus vite et est plus grande dans
l’eau de faible salinité. Ce n’est pas que l’eau douce soit préférable,
mais, malgré la réduction qui en résulte dans la salinité, elle est
supportée en raison des avantages dont elle est accompagnée parce
qu’avec elle sont amenés du continent d’abondants matériaux
nutritifs (Hedley, 1915).
Crosse et Fischer (1889) ont signalé que A. Lemesle avait recueilli
à la petite île de Cua-Quen (un peu au nord de Phu-Dien [Annam])
un groupe d’ Huîtres qui, par leur forme, montraient beaucoup de
rapports avec VO. glomerata Gld.
L’O. Forskali a été indiqué de Poulo-Condor (P. Germain, 1881)
par le de Rochebrune (sous le nom d’O. Barclayana Sow.), de
Bangkok (coll. Dautzenberg) par le P. Fischer (1891) et du golfe
de Siam par H. Lynge.
De nombreuses « Huîtres comestibles » recueillies sur un apponte-
mcnt à Cauda (29 avril 1934) appartiennent à cette espèce.
Cet O. cucnllata auct. est, sur la côte Est d’Australie, une espèce
édule estimée, dont la culture constitue une industrie importante
dans la Nouvelle-Galles du Sud et qui a été appelée par Tom Iredale
et T. C. Roughley (1933) O. commercialis
O. viTREFACTA Sowcrby.
L’O. ^itrefacta Sowerby, signalé de Maurice et de Madagascar,
se rapproche de VO. Forskali Chemn. par la présence de crénelures
sur le bord interne des valves : elle paraît se distinguer par son
aspect vitreux et la disparition de la bordure noire interne.
Je rapporte à cette espèce un grand spécimen (mesurant 175 X
130 mm.), recueilli dans l’embouchure d’une rivière à Binh-Tân
(l®’’ juillet 1934).
O. PARAsiTicA Gmelin.
UO. parasitica Gmelin = mytiloides Lamarck est une espèce de
l’Océan Indien : mais avec elle on a souvent confondu une forme des
Antilles et du Brésil, qui est VO. arborea Chemnitz = rhizophoræ
Guilding.
Cet O. parasitica a été signalé de la baie d’Along (Commandant
Tasson, 1889) par Crosse et Fischer (1890).
1. Aux environs de Sydney on trouve aussi abondamment une autre Huître exploitée
commercialement : VO. Angasi Sow. qui ressemble étroitement à VO. edulis L. et qui,
comme cette espèce Européenne, est embryophore, tandis que l’O. commercialis
( = cucuïlata auct.) est ovipare.
- 433 —
C’est une coquille oblongue, d’un violet sombre, qui typiquement
offre des denticules sur tout le bord interne de la valve supérieure ;
mais il faut se rappeler que, chez toutes les espèces du genre Ostrea,
ce caractère, pas plus que la forme ou la couleur de l’impression
musculaire, n’a aucune constance : ces crénelures peuvent être plus
ou moins apparentes et même manquent parfois complètement.
Je rapporte à cette espèce ; 1° un individu pris à Banghoi]
[Amposta] (18 mai 1934) dans un casier ; 2° une coquille recueillie
à Nhatrang (l®"" juillet 1934) sur une racine de palétuvier.
Ces deux spécimens possèdent des denticules sur tout le bord
interne et une impression musculaire blanche.
O. HYOTis Linné.
UO. hyotis L., de l’Océan Indo-Pacifique, depuis l’Inde jusqu’en
Nouvelle-Zélande, possède une coquille de forme arrondie plus ou
moins irrégulière : la valve supérieure brun-clair est ornée de lamelles
concentriques et de plis rayonnants anguleux avec épines subtubu-
laires, qui fréquemment sont seulement semitubulaires ou réduites à
de larges écailles foliacées ; la valve inférieure blanche est garnie
également de lamelles concentriques, mais les plis rayonnants y
sont plus ou moins obsolètes.
Cette Huître a été mentionnée de Poulo-Condor (P. Germain),
1881) par Rochebrune, et H. Lynge a signalé du golfe de Siam VO.
imhricata Lamarck, qui n’est qu’une variété ex colore (jaune avec
taches pourprées).
Quatre individus indiqués d’Indochine, sans localité précise,
appartiennent à cette espèce.
O. CRENULiFERA Lamarck.
Une autre Huître a encore été signalée de Poulo-Condor (D^ J.
Harmand, 1877) par le D’’ de Rochebrune -.VO. crenulifera Sowerby ;
cette espèce, répandue dans tout l’Océan Indien depuis la mer Rouge
jusqu’en Nouvelle-Calédonie, est une petite coquille généralement
oblongue, à bords plissés, blanchâtre en dehors, verdâtre en dedans.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
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littoral de l’Empire Chinois. Jonrn. de ConchijL, XI, p. 211 et 248.
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Sur quelques Anoplophryimorphes (2^ note/
PAR Jean Delpiiy.
Les Anoplophryimorphes sont les « Infusoires astomes » de Cépède
(1910) et des auteurs subséquents.
Le terme Infusoires est assez souvent réservé par les auteurs
contemporains pour les Protozoaires ciliés. Mais il a fâcheusement
servi pour désigner toutes sortes de choses (tout ce qu’on trouve
dans les infusions) et notamment pour réunir, très artificiellement,
Flagellés et Ciliés. Quant au groupe des Astomes, tel qu’il a été créé
par SiEBOLD, c’est encore pis ; il comprenait les Euglénides (dont la
plupart ne sont pas astomes), les Péridiniens et ce qu’on appelait
alors les Opalines, c’est-à-dire les Opalines vraies (placées mainte-
nant ou tout à fait à part ou au voisinage des Flagellés Hypermasti-
gides) et, très accessoirement, les Anoplophryimorphes alors connus
et qu’on plaçait, ne sachant où les mettre, avec les Opalines ; on ne
peut donc donner à l’expression « infusoires astomes », commode à
employer dans le langage courant, une véritable valeur scientifique.
J’ai déjà publié sur le même sujet, dans ce même Bulletin, en
1922, une Note préliminaire, qui est restée préliminaire, les condi-
tions favorables ^ à un tel travail m’ayant fait défaut. Je n’ai cessé,
bien entendu, d’accumuler les observations que j’ai pu faire et
c’est quelques-unes des plus importantes que je me propose de
rapporter ici.
Ces observations ont été poursuivies à Paris même, pour les
parasites d’animaux terrestres ou d’eau douce, et, pour les animaux
marins, tout autour du cap de la Hague, depuis le petit port de
Saint-Germain-des-Vaux, à l’ouest de la célèbre Anse Saint-Martin,
jusqu’à l’Anse de Vauville ; j’ai pu récemment explorer, trop
rapidement mais avec le plus vif intérêt, la côte si riche de Con-
carneau 2.
Je dois une reconnaissance toute particulière à notre regretté
maître M. le Prof. Joubin et à son successeur M. le Prof. Germain,
1. Voir sur ce sujet Chatton et Lwoff (1935, p. 2).
2. J’y ai été reçu avec une cordialité parfaite, je dirai presque un véritable dévoue-
ment, par MM. R. Legendre et H. Bouxin et j’y ai tiré le plus grand profit en même
temps que le plus grand plaisir des moindres conversations du professeur Fauré-
Fremiet.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 5, 1936.
— 436 —
ainsi qu’à M. le Prof. Gravier ; grâce à eux, les recherches
bibliographiques relatives à mes études ont été, non pas seulement
facilitées, mais rendues possibles. J’exprime aussi ma gratitude à
M. le Prof. Guillaumin, qui veut bien m’autoriser à puiser dans les
riches bassins de l’Ecole de Botanique.
★
4 ¥
Depuis 1920 les Protozoaires Anoplophryimorphes ont donné lieu
à la publication d’assez nombreuses Notes de détail, mais ont été
l’objet de très peu de Mémoires d’ensemble. Les deux plus récents,
en même temps que les plus importants, sont ceux de Cheissin
(1930) et de Heidenreich (1935). Ce dernier est partagé en deux
parties fort inégales : l’une, systématique, plus volumineuse, l’autre
cytologique, beaucoup plus importante au point de vue de l’anatomie
comparée des Protozoaires et de la Cytologie générale. Mais la
partie systématique appelle maintes réserves et marque même, à
certains points de vue, un recul sur tels travaux antérieurs, celui de
Cheissin notamment : c’est par exemple un peu simpliste et pré-
somptueux d’éliminer a priori tous les Ciliés qui sont parasites
d’autres animaux que des Annélides et de prétendre faire quand
même une révision systématique générale du groupe. Cette révision,
qui reste à faire, est nécessaire. Je me propose d’y contribuer autant
qu’il me sera possible.
La présente Note est consacrée à des descriptions et mises au
point anatomiques.
G. Anoplophrya Stein.
An. lumbr ici (Schrancli.) Stein[type du genre]etAn. nodulata^Dn].).
sont extrêmement communes dans les vers de terre (Lumhricus,
Eisenia, pour le premier, Eiseniella pour le second ; pour leur
détermination, voir J. Delphy, 1935, p. 83-85) communs un peu
partout. C’est très justement que Heidenreich (1935) qui avait
d’abord réuni ces deux espèces (p. 319) les a ensuite à nouveau
séparées (p. 528).
J’ai repris les observations amorcées par E. Fauré-Fremiet
(1907), puis réamorcées par Heidenreich (1935, p. 528-530), sur la
structure de l’appareil nucléaire ; les résultats feront l’objet d’une
autre publication.
An. filum (Claparède) Kent. — [Jean Delphy, Bulletin du
Muséum, 1922, n° 7, p. 350 sq.].
non ! Opalina filum Vejdovsky 1879, Anopl. f. Rossolimo, 1926,
Heidem., 1935.
nec ! Opalina lumhriculi Buchholz, 1863.
U
438 —
J’ai retrouvé cette espèce en abondance, dans son hôte si commun,
le Clitellio arenarius (O. F. M.) (voir ; Jean Delphy, 1921, p. 33 et
1935, p. 80), dans les points les plus divers autour du cap de la Hague,
ainsi qu’à Concarneau (à proximité immédiate du Laboratoire
Maritime du Collège de France).
Je n’ai qu’à confirmer ce que j’en ai dit précédemment (1922).
Mais je dois modifier les deux dernières lignes (p. 531). II n’y a cer-
tainement pas identifié entre VOpalina filum de Claparède, 1861,
et VO. filum de Vejdovsky 1879. M^^® Dehorne a parfaitement
raison d’écrire (1927) ; « Enfin, A. filum se montre exclusivement
marin : il n’existe chez aucun Oligochète terrestre. » Je dirai à propos
de la Mesninella claçata qu’on a de bonnes raisons de ne pas croire
à la spécificité parasitaire étroite des Anoplophryimorphes. Mais il
suffit de considérer que l’hôte de l’un est un ver franchement marin,
vivant au niveau de la Pelvétie et des Fucus platycarpe et vésicu-
leux, recouvert à chaque marée haute, se protégeant de la dessica-
tion à marée basse en s’enfonçant dans le sable, de préférence sous
les pierres. Au contraire, VOpalina filum de Vejdovsky (que je ne
connais pas avec certitude) a été trouvée dans des Enchytréides
nettement humicoles. Il y a là des conditions physiologiques si
différentes qu’elles ne peuvent, en toute vraisemblance, satisfaire
un même organisme.
D’autre part, Heidenreich (1935), laissant l’espèce de Vejdovsky
dans le genre Anoplophrya, transporte celle de Clarapède dans le
genre Mesnilella. C’est une manière de voir parfaitement incompré-
hensible et tout autant inadmissible ; pour la soutenir, il faut n’avoir
jamais vu V Anoplophrya filum parasite du Clitellio et interpréter les
descriptions originales de la manière la plus fantaisiste. Tout en
reconnaissant que ma description est la première détaillée ^ (elle
est accompagnée de figures simples mais exactes, dont il paraît ne
pas tenir compte), Heidenreich se base sur celle de M^^® Dehorne
(1927) pour trouver dans le parasite en question des caractères de
Mesnilella. Il est bien vrai que M^^® Dehorne parle d’une « gout-
tière orale ou fente péristomienne » ; encore donne-t-elle cela comme
une interprétation et non une observation ; il se sera trouvé entraîné
avec les Clitellio disséqués un Cilié libre, comme un Condylostome par
exemple, qu’elle aura confondu avec une Anoplophrya. Quant à
tenir une « fente orale » pour un appareil squelettique (sic !) c’est
tellement invraisemblable qu’on n’ose pas y insister. Au reste, un
spiculé de Mesnilella se voit trop bien pour passer inaperçu.
1. Im Gegensatz zu den Angaben Cépède’s (1910, p. 538) steht die erste ausführlichere
Beschreibung von A. filum Clap. durch Delphy (1922).
2. « Leider sind die Beobachtungen von M'i® Dehorne durch keine Abbildungen
genauer festgehalten. Wahrscheinlich stellt aber « la fente orale » einen entoplasnaatis-
chen Skelettapparat dar... » (Heidenreich 1935, p. 370).
439 —
Le texte et la figure de Claparède (1861), bien que sommaires,
joints à l’indication précise de l’hôte, ne peuvent laisser place à
aucune ambiguïté.
Je n’avais d’ailleurs même pas besoin de faire les nouvelles obser-
vations que j’ai faites, comme vérification. Le carmin acétique de
Schneider, ai-je dit précédemment, permet de faire d’excellentes
préparations extemporanées ; il permet même de faire de bonnes
préparations durables ; il suffit de les conserver, après fixation-
coloration par ce réactif, dans la glycérine. J’ai pu ainsi me reporter
à mes préparations anciennes (1920-1922) et revoir que le parasite
en question du Clitellio n’est bien certainement pas une Mesnilella.
Au contraire, la figure de Vejdovsky (1879, pl. VII, fig. 9) donne
à penser que son espèce pourrait fort bien appartenir au genre
Mrazekiella.
Dans le même article, Heidenreich met mon Anoplophrya
fusiformis en synonymie avec l’An, filum (Clap.) ; elle ne renferme
pas davantage la moindre trace de spiculé interne. J’en reparlerai
plus loin.
Anglasîa nov. gen. Magdalenae nov. sp.
J’ai récolté en divers points des côtes de la Hague, notamment
■dans l’anse de Vauville et entre Goury et Saint- Germain, des Tubifex
costatus (Clap.) (voir J. Delphy, 1921, p. 29, et 1935, p. 81). L’examen
parasitologique de cette espèce n’avait encore jamais été fait, à ma
connaissance. Parmi les exemplaires recueillis devant le Sémaphore
de Goury, il s’en est trouvé qui contenaient dans le premier tiers de
l’intestin un parasite d’espèce nouvelle, étudié jusqu’ici uniquement
sur le vivant et dont voici les caractéristiques principales telles
qu’elles découlent de ces premiers examens (fig. M, faite à la chambre
claire : 1, in toto ; 2 et 3, 1^® et 2“® moitiés, se raccordant en a).
Corps très allongé, (en moyenne 500 y.) comme chez V Anoplo-
phrya filum (Clap.), c’est-à-dire dont la plus grande largeur est
contenue quinze à vingt fois dans la longueur, densément couvert de
cils longs (7 à 10 p.) et fins (fig. M ; les cils n’ont pas été représentés,
afin de ne pas surcharger le dessin tout en risquant de ne pas rendre
exactement leur disposition et leur finesse ; on voit en M 3 la dis-
position des stries d’insertion ciliaire, longitudinales, dont il y a une
quinzaine à une vingtaine sur chaque face). L’extrémité antérieure
(fig. M i, silhouette de l’animal in toto, et M 2) est plus étroite que la
postérieure (fig. M 1 et M 3) -, ceci paraît très exceptionnel parmi les
Anoplophryimorphes. Tout le long du corps se présentent des cons-
trictions irrégulières qui le partagent en un certain nombre d’articles
placés bout à bout, mais communiquant largement entre eux, même
aux endroits où les constrictions sont le plus accentuées. Il n’y a
440
pas là de scissure complète et faisant présager une division pro-
chaine \ comme on en voit dans nombre d’autres cas. Je n’ai pas
assisté à la multiplication de V Anglasia magdalenæ ; il est, je crois,
probable, qu’elle se fait par division transversale ; mais je ne saurais
dire, même à titre de conjecture, si cette division se fait dans une des
constrictions ici décrites, ou dans plusieurs, ou ailleurs.
Ces parasites sont assez lâchement fixés (par thigmotactisme ?)
aux cellules épithéliales de l’hôte, par une extrémité, que l’on peut
dès lors considérer comme antérieure et qui est arrondie, à peu près
hémisphérique, comme celle de V An. filum (Clap.). A l’extrémité
opposée, le corps, après être devenu presque deux fois plus large,
se termine en pointe assez aiguë. Les mouvements sont faibles.
L’ectoplasme est épais, surtout vers l’extrémité postérieure
(fig. M 3) où il peut atteindre jusqu’à 6 q,. L’endoplasme est assez
finement granuleux. Je n’ai observé aucune vésicule contractile.
Je n’ai pas observé non plus avec certitude (sur le vivant, je le rap-
pelle) de microcaryon. Le noyau est d’une visibilité parfaite sur
presque toute la longueur de l’animal ; il se présente comme un long
boudin qui occupe environ le tiers (dans les régions non rétrécies)
du diamètre du corps ; il commence très près de l’extrémité anté-
rieure et présente de nombreux replis qui en augmentent le volume ;
par exemple, dans l’avant-dernier « article » de l’exemple figuré ci-
contre (fig. M 2), on pouvait le suivre presque jusqu’à l’extrémité
postérieure de cet article, puis il revenait (au plan inférieur) jusque
vers le milieu du même article, pour repartir à nouveau jusqu’au
dernier, dans lequel je n’ai pu le suivre.
Cette disposition du noyau, fort remarquable, se retrouve chez
d’autres Anoplophryimorphes (voir mes fig. A 5, B 2, et B 5 de 1922).
Mais la forme du corps avec son maître-couple en arrière, et ses
constrictions le partageant en faux-articles, entraînent à placer
cet organisme, tout en le laissant au voisinage immédiat des Ano-
plophrya, dans un genre spécial (dont il sera le type) que je propose
d’appeler Anglasia, le dédiant à mon collègue et ami J. Anglas. —
J’appelle l’espèce magdalenæ, car c’est en faisant la marée avec ma
fille Madeleine, naturaliste en herbe, que j’ai trouvé les premiers
Tuhifex costatus (Clap.) qui m’ont montré cet intéressant Anoplo-
phryidé.
1. Je suis en parfait accord avec Chatton et Lwoff quand ils écrivent ; « On a
dénommé souvent « bourgeonnement caténulaire » des modes analogues de multipli-
cation [analogues à celui de la Chromidina], par exemple chez les Anoplophryidés. Il
faut, à notre sens, réserver le nom de bourgeonnement aux cas où, comme chez les
levures, une intumescence apparaît sur l’élément souche, s’y accroît et s’en sépare par
étranglement. Ce processus est très rare sinon inexistant chez les Protozoaires. » (p. 419,
n. 1).
— 441 —
G. Mrazekiella Kijenskij (incl. Radiophrya Rossolimo).
C’est très justement que Cheissin (1930) suivi de Heidenreich
(1935) a attribué mon « Anoplophrya » Debaisieuxi (1922, p. 531 ;
fig. B, p. 534) au g. Mrazekiella Kij. — Ainsi que le suggère Heiden-
reich (l. c.) il n’est pas impossible que le cilié innommé de De-
HORNE (1927) appartienne à la même espèce ; cela est même assez
probable, quoiqu’elle ait cru y voir un sillon buccal, un cytopharynx
et un cytopyge [sic ! pour cytoprocte). Dehorne parle d’une
région très sidérophile ; c’est donc qu’elle a fait des préparations
durables sur lesquelles elle pourrait retrouver les structures réelles.
C’est encore à ce genre que doit être rapportée incontestablement
r « Anoplophrya » Brasili Duboscq et Léger 1904 [Hoplitophrya
Br. Hentschel 1925, Cheissin 1930, — ■ Anopl. Br. Tchang-Tso-Run
1932, — Badiophrya Br. Heidenreich 1935 ; ici, l’interprétation de
cet auteur est parfaitement justifiée). Les figures de Duboscq et
Léger sont suffisamment claires déjà ; la fig. 3 de Tchang-Tso-Run
vient confirmer cette attribution générique (bien que lui-même
revienne au genre Anoplophrya). Enfin, il est extrêmement facile de
se procurer cette espèce pour vérifier : V Audouinia tentaculata et le
Cirratulus cirratus qui Thébergent sont communs sur toutes nos
côtes occidentales et parmi des centaines de ces hôtes que j’ai dissé-
qués, je n’en ai pas trouvé un seul indemne du Cilié parasite.
G. Mesnilella Cépède.
Je me bornerai à constater que le type du genre, la Mesnilella
claoata (Leidy) est presque constant dans le tube digestif des Lumhri-
culus çariegatus Gr., eux-mêmes extrêmement communs dans la
plupart des eaux douces stagnantes, notamment dans divers bassins
du Jardin des Plantes.
Au point de vue anatomique, je dirai seulement pour le moment
que le spiculé interne, s’il est vrai qu’il soit « chitineux », ce qui reste
à démontrer, n’est pas rigide, car on peut voir parfois des Mesnilella
se livrant aux contorsions les plus vives.
Au point de vue œcologique et physiologique, je remarquerai
que ce même parasite, tant dans la nature que dans des élevages en
cristallisoir, peut vivre dans le tube digestif des Herpobdelles et de
diverses Planaires {PL toroa, lugubris, fusca, polychroa). Par contre,
dans l’intestin du Cyprin doré, il est digéré en même temps que le
Lumbriculus.
1. ... hat Delphi, 1922. Anoplophrya debaisieuxi beschriaben, welche wahrschein-
lich nichts aiiders als Mrazekiella ist (p. 575, n. 1).
2. Delphy (1922) beschrieb einen... Ciliaten aus Clitellio arenarius so eingehend, da
es keine Schwierigkeiten macht, dicse Art Zu der Gattung Mrazekiella zu stelien...
(p. 368).
— 442 —
G. Haptophrya Stein.
J’ai pu constater récemment (en août dernier, au cap de la Hague)
que mon « Anoplophrya » fusiformis de 1922 (p. 535, fig. E) est une
véritable Haptophrya ; la fig. E 1 (1922, p. 535) la représente en
quelque sorte vue dorsalement, pendant la locomotion en avant,
la fig. E 2 est une vue de trois-quarts. Mais l’extrémité antérieure
présente un véritable acétabulum figuré ci-contre {E 3, de profil,
à la chambre claire ; cette figure montre une division en cours ;
E 4, croquis à main levée pendant la locomotion en avant avec
rotation autour de l’axe longitudinal, ce qui est assez rare et fort
rapide). C’est par cette région que le parasite se fixe sur l’épithélium
intestinal de l’hôte ; elle paraît bien faire ventouse au moins dans une
certaine mesure, mais il semble aussi que la fixation soit due en
partie à des phénomènes de thigmotactisme.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Cépède 1910, Arch. Zool. Exp., t. III (5® série).
Chatton et Lwoff, 1935, même recueil, t. 77.
Cheissin, 1930, Arch. /. Protistenk, t. 70.
Clarapède, 1861, Mém. Soc. Phys, et Hist. Nat. Genève, t. 16, l'’® partie.
L. Dehorne, 1927, C. R. Acad. Sc. Paris, t. 185.
Jean Delphy, 1921, Etudes [sur les] Lombriciens limicoles thalassophiles.
Thèse, Paris.
Jean Delphy, 1922, Bull. Mus. Paris.
Jean Delphy, 1935. Vers et Némathelminthes (in Faune de la France,
de Rémy Perrier, t. 1 B).
Heidenreich, 1935, Arch. /. Protistenk., t. 84.
443
Une lettre inédite de Linné
PAK LE R. P. SaCLEUX,
Correspondant du Muséum.
Un honorable propriétaire, M. Pierre Feuillerat, négociant en
vins à Margaux (Gironde), en faisant l’inventaire de la Bibliothèque,
que lui a léguée son oncle, le chanoine Ménard, ancien Supérieur
du Collège Sainte-Marie à Saint-André-de-Culzac (Gironde), a eu
l’agréable surprise de découvrir un autographe du célèbre Botaniste
suédois Charles de Linné. Très aimablement M. Feuillerat m’a
donné l’autorisation de prendre copie de la lettre de Linné pour la
faire publier dans le Bulletin du Muséum. Il y a de ci de là quelques
mots rendus illisibles par l’usure du papier dans les plis.
Le texte remplit trois des côtés d’une feuille ; l’adresse du destina-
taire se trouve au milieu de la quatrième page ; l’ensemble a été
ensuite replié de nouveau en quatre et fermé par un cachet de cire
appliqué sur le milieu des deux derniers plis.
Le destinataire a été le DJ" Lemonnier (Louis-Guillaume), né à
Paris (1717-1799). Professeur au Jardin du Roi et premier médecin
ordinaire du Roi, sous Louis XV et Louis XVI, il enrichit considé-
rablement le Jardin des Plantes. Pendant la Terreur il fut incarcéré ;
il ne dut d’échapper à la guillotine que grâce à l’intervention de ses
amis, qui se portèrent garants de son parfait loyalisme.
Voici tout d’abord l’adresse, que je fais suivre du texte ligne par
ligne.
Monsieur, Hambourg
Mons^ Le Monnier
Docteur ex-médecin
Membre de F Académie des Sciences,
Paris.
D. D. de Monnier.
Viro lllustri
s. pl. d.
Car. Linnau.
Responsaria tua Vir Illustris diu anseius expectavi. Ante triduum
accessit fasciculus Holmia sed opertus, in quo desideratissimus tuus
1. Stockholm.
Bulledn du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 5, 1936.
— 444 -
Liber, Plantae excitatae rarissimae et semina curiosissima include-
bantur ; potui facile, quamvis literae deficielant, divinare, haec dona
a nullo alio data quam a Te. V. J. qui ea solus dare potes. Multa in
Libre continentur egregia, utinam Librum vidissem dum species
Plantarum edebani ; at alia si prodeat editio, curabo ut omnia
inferantur. Pulcherrimam peragrasti provinciam Legisti plantas
rarissimas et primus bas nculis apertis inspexisti. p. 127. Hypericum
floribus trigynis, fol. ooatis hirsutis, caule repente Monn. observas
stamina gen. ?... uti Hyperic ægyptium.
Rapuntium soloniense non ibi... urere ?...
Cacalion pulchre describis ; et in omni pagina aliquid occurrit
novi et curiosi. Aureus certe libellus, mibi inter carissima servandus.
Inter exsiccatas plantas vidi nonnullas omnino stupendas.
Mirabilis ipsa de qua ne per s omnium audivi quidquam, vere
singulare est.
Trifolium orientale capitulo longiusculo, novi antea et in Horto
Cliffortiano ^ habui, sed nunquam novi synonymum.
Saloia foliis lanceolatis sessil..., floribus dense spicatis, calycibus
compressis. Habui banc plantam e Chio, Italia et Hispania. Est
Sclarea hispanica Tabernem. et Saloia hispanica in Speciebus
Plant, p. 25. n. 16.
Androsace alpina oillosa angustifolia perennis et multiflora T. banc
habui e China.
Auricula ursi alpina gramineo folio Japonica lutei flore T. est mea
1. L’Egypte.
2. Clifford (Georges) jurisconsulte et botaniste hollandais, Amsterdam (1685-
1750). Il fut un des directeurs de la Compagnie hollandaise des Indes. Il avait établ i
à Ilartecamp un jardin botanique dont il confia la direction à Linné. Celui-ci publia
dans VHortus Cliffortianus (Amsterdam, 1737) et lui dédia un genre de plantes (Clif-
forlia).
— 445 —
Primula 5 in Speciebus Plant, pag. 143. quam sesler nuper propria
schedula descripsit sub nomine Vitaliana et delineavit, et figura
Pîukenetii p. 108 f. 6. tuam optime refert.
Erysiinum pyrenaic dentib. leonis folioT. an huic siliqua tetragona?
Plurima tua semina tam liberali manu propinata excitant in me
desiderium videndi ex bis plantas proxima æstate enascentes.
Tibi vir colendissime, qui tôt tamque selectis et pretiosis donis
me excitastij æternas refero grates. Quomodo distinguam Arenariam
jâyU ;
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Fig. 2.
— 446 —
foliis linearibus acuminatis, petalis florum integris calyce duplo Ion-
gioribus Num. 127, a Lychnide juniperi folio, perenni, Vaill. paris^^
121 ?
Doleo quod plurima...?... nova généra me lateant, nec possnm ab
ullo amico parisiens! requiri qualia sint... ?... characteres et species^
e ge ? Dayena, Nomena, Nisolia, Seguiera... nec quoi stamina et
pistilla flori Dabobat aut Ximenia. Si noveras forte Tu v. g. gene-
rose impertias.
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Fig. 4.
Intensissima hyems ussit per mensem terras nostras vehementius
quam a decem annis antea.
Si poteris mihi indicare qua ratione ad te mea litera dirig im-
pensas... facias ; mittam semina aliquot rariora primo vere.
Duci tuo, Poloniconum summo Mæcenati dicas devota mea officia.
Quis successit in locum Sloanei in Regia vestra Academia Scien-
tiarum ?
— 448 —
Te Hortum... oalcensem daturum audivimus, utinam in propositn
continuares ; nullum dubium est quin plures obscuras species-
emeres et dilucidares.
Vale et vive ter felix meus tuo... dignum censear, qui te cultu
Omni prosequor.
Dabam Upsaliæ 1754. '
d. 10 januari.
Le Gérant^ R. Taveneau.
Abbeville. — imprimerie f. pailiart. — 30-12-36.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 365
Dons d’ouvrages 366
Communications :
C. Lambehton. Sur un nouveau genre de Lémuriens fossiles malgaches : le
Prohapalemur GaUienii 367
C. Lambebton. Nouveaux Lémuriens fossiles du groupe des Propithèques et de
l’intérêt de leur découverte 370
M. Friant. Les premiers stades du développement superficiel du néopallium et
du rhinencéphale chez les Pinnipèdes 374
J Kaelin. Sur les anomalies du squelette chez les Crocodiliens 385
G. Petit. Un Gobius nouveau de Madagascar 388
P. Chabanaud. Multiplication tératologique de la papille urino-génitale chez un
mâle de Brachirus mueUeri Steind. (Teleostei Pleuronectoidea Soleidse). ... 394
F. Grand jean. Le genre Pachygnathus Dugès [Alycus Kock) (Acariens). 1^® par-
tie 398
M. André. Descriptions de plusieurs Microthrombidium de l’Afrique Orientale
(Mission de l’Omo, 1932-1933) 406
P. Leroy. Les Sipunculiens du Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris. 423
Ed. Lamy. Huîtres de l’Indochine 427
J. Delphy. Sur quelques Anoplophryimorphes (2® note) 435 '
R. P. Sacleux. Une lettre inédite de Linné 443
PDBLIUTIONS DD MDSEOH HATIONAL D’HISTOIRE HATDRELLE
Archives du Muséum national d'Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle) (Masson
et C‘® éditeurs, un vol. par an, 200 frs).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895)
(Bibliothèque du Muséum, un vol, par an, 50 frs).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle (N° 1, 1932 et sui-
vants, prix variable).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle (nouvelle série com-
mencée en 1936). [Editions du Muséum, 57. rue Cuvier]. Un vol. par
an, 150 frs.
Index Seminum in Hortis Musaei parisiensis collectorum (Laboratoire de
Culture ; paraît depuis 1822 ; échange).
Notulæ systematicæ (Laboratoire de Phanérogamie ; paraît depuis 1909).
Revue française d’Entomologie (publiée sous la direction du D'' R. Jeannel ;
paraît depuis 1934. Un vol. par an, 50 frs ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale (Laboratoire
d’Agronomie coloniale; paraît depxiis 1921).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Dinard (Laboratoire maritime de Dinard ; paraît depuis 1928).
Bulletin du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro (Musée du Trocadéro ;
paraît depuis 1931 ; prix du n° : 5 frs).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale (Chaire de Chimie ;
Section de Physique végétale; paraît depuis 1927; échange).
Travaux du Laboratoire d’ Entomologie (Laboratoire d’Entomologie ;
paraît depuis 1934 ; échange).
Bulletin de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle
et du Jardin des Plantes (Société des Amis du Muséum, a paru de 1924
à 1935) : remplacé depuis janvier 1936 par la Revue « La Terre et la
Vie ».
Bulletin de la Société des Amis du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro
(Musée d’ Ethnographie du Trocadéro).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères (publié
BOUS la direction du Prof. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2® Série. — Tome VIII
RÉUNION
MENSUELLE DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 6. — Novembre 1936.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS-V” —
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publicatioo des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des
manuscrits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de
manière à occuper la place roinima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant ta séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des Auteurs.
D ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux Auteurs, qui sont priés de
la retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à
un numéro ultérieur.
Les Auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles.
Ils sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part
supplémentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les Auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART.
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent
en outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
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Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro et brochés avec agrafes.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de
ce travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant
PRIX DE l’abonnement ANNUEL :
France et Étranger i 50 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-G3 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1936. — N** 6.
296« RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
26 NOVEMBRE 1936
PRÉSIDENCE DE M. L. GERMAIN,
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
MM. les Professeurs A. Lacroix et L. Roule ; MM. les Sous-Directeurs
de laboratoire H. Neuville et J. Pellegrin ; M. A. Moine, Secrétaire
du Muséum ; M. L. Bultingaire, Bibliothécaire en chef ; M. Chelat.
Aide-technique, sont admis à faire valoir leurs droits à la retraite à dater
du octobre 1936.
M. le Président a le regret d’annoncer le décès de M. .1. Costantin,
membre de l’Institut, Professeur honoraire au Muséum, survenu le 17 no-
vembre 1936.
DONS D’OUVRAGES
R. Didier et P. Rode. — Mammifères : fasc. I, Felis sylvestris et fasc. II,
Macaca sylvanus. P. Lechevalier, éd., Paris, 1936.
R. Perrier. — - La Faune de France, t. I A. Delagravf, éd., Paris, 1936.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
29
HOMMAGE NATIONAL A JEAN CHARCOT
ET A SES COMPAGNONS
AU GRAND Amphithéâtre de la Sorbonne
le Mercredi 25 Novembre 1936
Sous la présidence de M. Albert Lebrun,
Président de la République
La Marseillaise
Messages de MM. Louis Germain, Directeur du Muséum National
d’Histoire Naturelle.
Paul Rivet, Professeur au Muséum National
d’Histoire Naturelle, Directeur du Musée de
l’Homme actuel et de l’Homme fossile.
Jean-Louis Faure, Membre de l’Institut et de
l’Académie de Médecine, Professeur honoraire
à la Faculté de Médecine.
Charles Maurain, Membre de l’Institut, Doyen
de la Faculté des Sciences.
S. E. M. Oldenburg, Ministre du Danemark à
Paris.
Discours de M. Jean Zay, Ministre de l’Education Nationale.
Hommage aux disparus, par M. Pierre Drach, Assistant à la Faculté
des Sciences, Membre des Missions polaires Charcot en 1932,
1933 et 1934.
La grotte de F ingai, de Mendelssohn.
Jean Charcot, son équipage et son naoire (Film).
La Mer (Dialogue du çent et de la mer), de Cl. Debussy.
1. Nous publions, le programme de la cérémonie et les discours dans l’ordre où
ils ont été prononcés.
2. Orchestre de la Corné die- Française sous la direction de M. Raymond Char-
pentier.
Photo G. L. Manuel Freres
Jean CHARCOT
1867-1936
Phototypie Mémin, Arcueil (Seine)
MESSAGE DE M. L. GERMAIN,
Directeur du Muséum national d’Histoire Naturelle.
Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Ministres,
Mesdames,
M ESSIEURS,
J’apporte l’hommage ému du Muséum National d’Histoire Natu-
relle, à notre illustre collègue et ami, le Docteur Jean Charcot,
à ses dévoués collaborateurs, aux vaillants marins du Pourquoi-Pas ?
tragiquement disparus dans les mers tumultueuses d’Islande.
Reportons-nous à plus de trente années en arrière. Nous sommes
au laboratoire de Malacologie du Muséum. Charcot, jeune et savant
médecin déjà familier des choses de la mer, prépare sa première
expédition antarctique. Après bien des démarches et des efforts, il
obtient un navire de faible tonnage. Le Français, long seulement de
35 mètres. Il groupe autour de lui toute une pléiade de jeunes
Savants. Et c’est le départ vers les mers inhospitalières de l’extrême
Sud. Un hivernage dans les glaces, deux années — de 1903 à 1905 —
de navigation périlleuse et difficile, et c’est le retour, le retour
triomphal.
Nous voici à nouveau au laboratoire de Malacologie du Muséum
où ont été centralisés les documents recueillis au cours de la mission.
Il faut trier les matériaux, les répartir entre les spécialistes qui les
étudieront à loisir dans le silence du cabinet. Mais déjà, Charcot
songe à une seconde expédition, plus ample, plus longuement
préparée et surtout mieux outillée. Avec le succès, les concours sont
venus et aussi les appuis financiers. Le rêve de Charcot va se réali-
ser : un navire spécialement équipé pour la dangereuse navigation
dans les mers polaires. Avec quel enthousiasme, quelle foi dans
l’avenir ; avec quelle joie, j’oserai dire quel amour, Charcot sur-
veille la construction de ce Pourquoi-Pas P qui devait fournir une si
glorieuse carrière.
Maintenant, tout est prêt. Le 15 août 1908, Charcot et ses fidèles
compagnons de la première heure s’embarquent. Le Pourquoi-Pas P
s’élance ver% les immensités désertes et désolées qui, au delà du Cap
Horn, s’étendent à l’infini vers le pôle Sud. Plus de deux années
— 452 —
d’exploration, et c’est le retour, un retour plus triomphal que le
premier. Rappelons notre émotion, au Havre, au moment de l’arrivée
de la mission ; notre joie de revoir nos amis après une si longue
absence ; et aussi notre fierté devant une réussite dépassant toutes
les espérances. Quelle moisson inespérée : découverte de côtes et de
terres nouvelles ; multiples observations de météorologie, de phy-
sique du globe et de biologie ; immenses collections d’histoire
naturelle.
Désormais, Charcot est célèbre ; il prend rang parmi les plus
grands explorateurs polaires des temps modernes,
La tâche de Charcot est terminée. Celle du Muséum commence.
Il faut mettre en œuvre tous ces documents, publier les résultats
scientifiques de l’expédition. Bientôt, sous l’active impulsion de
mon si regretté Maître et ami, le Professeur Louis Joubin, les pre-
miers fascicules paraissent. Vingt volumes, groupant plus de cent
mémoires, attestent éloquemment l’exceptionnelle importance des
découvertes des deux missions antarctiques françaises.
Puis c’est la Grande Guerre. Il ne m’appartient pas de dire la
conduite héroïque de Charcot, les services éminents qu’il rendit à la
défense nationale.
Après la tourmente, la collaboration de Charcot avec le Muséum
se fait plus étroite encore. Le Pourquoi-Pas P est devenu propriété
du Muséum. Un laboratoire est créé ; Charcot en est l’éminent
directeur et son activité va maintenant se porter vers l’exploration
méthodique des mers boréales. Chaque année, le Pourquoi-Pas P ayant
à son bord Charcot, accompagné de jeunes savants de la Sorbonne
et du Muséum, sillonne les mers nordiques, des Feroë à l’Islande,
de l’Islande au Groënland. Sur cet immense parcours sont multipliés
les sondages, les observations météorologiques et hydrographiques,
les prises d’échantillons, les pêches planctoniques. Les documents
s’accumulent ; les découvertes s’ajoutent aux découvertes, bien des
faits nouveaux sont mis en lumière ; d’autres sont encore à l’étude.
Ce que furent ces croisières ? Un jeune savant de la Sorbonne,
compagnon fidèle de Charcot, vous en contera tout le charme,
vous dira que l’énergie et la bravoure légendaires de Charcot
cachaient une exquise sensibilité, un cœur qui savait se pencher sur
toutes les misères, sur toutes les douleurs. Si tous l’admiraient, il
était aimé de tous.
Hélas ! La campagne de 1936 se termine dans le deuil. Charcot
est vaincu par cette mer qu’il avait tant aimée et si souvent domptée.
Cher et grand Charcot !
Votre gloire, si haute, si noble, si pure nous est un réconfort. Et,
si quelque chose pouvait tempérer notre douleur, c’est bien la cer-
titude que votre œuvre reste impérissable ; que votre nom s’ajoute
— 453 —
aux noms qui ont étendu le rayonnement de notre Muséum National,
aux noms qui ont fait la grandeur de notre Patrie.
Cher et grand Charcot !
Vous avez tout sacrifié à la recherche désintéressée ; vous avez tout
sacrifié, même votre vie, à un splendide idéal ; pour vous, avec fierté,
nous revendiquons ces nobles paroles d’Augustin Thierry : « Il est
au monde une chose qui vaut mieux que la fortune, mieux que les
honneurs, mieux que la santé elle-même, c’est le dévouement à la
Science. »
»
MESSAGE DE M. P. RIVET.
Professeur au Muséum national d’Histoire Naturelle.
Directeur du Musée de l’Homme actuel et de l’Homme fossile.
Je n’évoquerai ni le géographe, ni le naturaliste, ni le marin ; je
ne célébrerai ni la belle unité de sa vie, ni la grandeur de sa mort ;
j’essayerai de vous dire en quoi et pour quoi celui à qui nous appor-
tons ce soir un hommage unanime était, avant tout et par-dessus
tout, un homme délicieux et charmant.
Au seuil de la vieillesse, Charcot avait conservé toute la fraîcheur
de sentiment et d’impression, le rare privilège de l’émerveillement
de la jeunesse. Lui qui avait tant vu, tant osé, tant contemplé, avait
devant la vie et ses spectacles, le regard ravi de celui qui les découvre
pour la première fois. L’âge n’avait pas usé cette faculté d’admirer,
de s’enthousiasmer qui se tarit si vite chez la plupart d’entre nous.
Chacun de ses voyages était pour lui comme une merveilleuse aven-
ture, dont l’attrait n’était pas émoussé par le voyage antérieur.
Les paysages qu’il retrouvait, les risques qu’il affrontait, gardaient
pour lui le goût délicieux de la nouveauté. Il ignorait, comme un
novice, l’amère impression du déjà vu, du déjà ressenti. Son allé-
gresse de vivre, d’agir, de regarder, restait toujours égale à elle-
même. Grâce à ce don, qui fait les grands poètes, lui, le vétéran,
restait jeune parmi les jeunes ; il restait le contemporain de ceux qui,
venus après lui, profitaient de son expérience ; sans effort, son beau
visage s’éclairait de la même joie constamment renouvelée et son
regard clair brillait du même éclat qu’au jour du premier départ.
Les jeunes l’aimaient parce qu’il était à eux, semblable à eux, parce
que jamais son visage n’opposait à leurs élans l’impassibilité désa-
busée et hautaine que la vieillesse affecte trop souvent.
Entre eux et lui, du premier coup, c’était la communion parfaite,
sans effort, dans les mêmes réactions de l’eSprit et du cœur.
La vie avait passé sur cet homme, sans épuiser sa réserve d’en-
thousiasme, sans saturer sa capacité d’émotion. Elle était pour lui
un perpétuel renouveau.
Comme ceS belles médailles de l’antiquité qui ont traverse les
âges en conservant leur relief, Charcot avait parcouru la vie sans
prendre l’aspect fruste de Tâge, sans perdre aucune de ses qualités
innées. Voilà pourquoi il était resté bon, comme nous le sommes tous
en naissant, instinctivement.
Il aimait passionnément ses Semblables et cet amour le portait tout
naturellement vers les plus humbles, sans prendre jamais la forme
altière de la condescendance.
Charcot, si profondément humain,' devait, tout naturellement,
s’intéresser, encore davantage qu’à la nature, aux êtres qui l’animent,
encore davantage qu’au décor, aux acteurs qui s’y agitent. Plus
que toutes autres terres, le monde polaire offrait à sa curiosité
affective le spectacle d’une humanité singulièrement émouvante. Là-
bas, la lutte est de chaque jour entre un milieu hostile et les races,
qui, au prix de mille efforts, sont arrivées à s’y adapter. Charcot avait
senti la grandeur de ce combat incessant et son admiration pour les
Esquimaux n’égalait que l’affection qu’il leur avait vouée. Je le
vois encore. Suivant les péripéties du drame que son ami, son émule,
Knud Rasmussen, avait fixées, de si merveilleuse façon, dans le
film Kayak. Assis à ses côtés, je suivais dans ses yeux toutes les émo-
tions de son cœur ; tous ces acteurs, il les reconnaissait, les uns après
les autres ; il savait leur nom. Dans chacun d’eux, il retrouvait un
ami dont il avait sans doute reçu les confidences ou soulagé les
misères.
Nous, ethnologues, nous avons donc le droit de revendiquer
Chàrcot comme un des nôtres. Car, en vérité, il faut, avant tout,
aimer passionnément les hommes pour les comprendre et les aider.
Je Sais aussi la reconnaissance qu’il gardait pour la vaillante nation
qui, ayant pris en tutelle le peuple esquimau, a accompli sa tâche
avec un dévouement et un désintéressement admirables. Avec quelle
émotion, il me parlait des efforts des Danois, pour préserver, sans le
moindre esprit de lucre, les tribus du Groënland.
Et je suis certain qu’en cette heure où tous ensemble nous rendons
à notre grand disparu un solennel hommage, Charcot m’aurait
reproché de ne pas associer dans cet hommage le gouvernement d’un
petit pays qui a donné aux grands peuples d’Europe le magnifique
exemple d’une œuvre colonisatrice incomparable et inégalée dans
son esprit et dans ses résultats.
MESSAGE DE M. J.-L. FAURE
Membre de l’Instittit et de l’Académie de Médecine,
Professeur honoraire à l’Académie de Médecine.
Maintenant que les flots de la mer d’Islande ont consommé le
drame qui a ému le monde entier, je ne saurais mieux répondre à
l’honneur qu’on me fait d’invoquer mon témoignage, que de repro-
duire tout simplement ici ce que j’ai dit de celui qui n’est plus, en
tête du livre que j’ai consacré à notre croisière de 1932.
M. Maurain qui, comme moi, en a été le témoin, veut bien me
remplacer dans cette glorification de notre ami, où j’ai le chagrin
de ne pouvoir assister :
« Et maintenant que j’en suis revenu, maintenant que je sais ce
que c’est qu’une croisière en mer sur un petit navire construit pour
les glaces polaires, et que la lutte avec les flots, les vents et les tem-
pêtes, — et même avec les glaces, — et les nuits sur la passerelle
entre la carte et le compas, parfois sous le ciel étoilé, mais aussi sous
1 a pluie glacée, dans le vent qui souffle en rafales et dans la brume
aveugle, mur ténébreux qui cache le mystère ; — maintenant que je
sais que tout cela n’est rien, à côté de la nuit polaire et du froid qui
glace les membres, et de l’isolement et de la catastrophe qui guette
à chaque instant... Maintenant que j’ai vu, ’ai le droit de parler, — ■
et je parle avec le respect qu’ils méritent de ceux qui nous donnent
l’exemple, et qui, pour le bien de la science, s’en vont d’eux-mêmes
au-devant des souffrances, et travaillent dans la douleur !
Et quand on sait l’histoire, en même temps splendide et terri-
fiante, du martyrologue sublime des béros des glaces polaires, on se
sent remué par la foi de ces hommes dans un invincible idéal, et
par le courage qu’ils mettent à le poursuivre jusqu’au bout, et trop
souvent jusqu’à la mort.
Nous possédons en France un de ces hommes, et nous n’en avons
qu’un ! Deux fois, alors qu’il était jeune encore, avec des moyens
trop précaires, il a eu la fermeté d’âme d’aller s’enfermer pour un
an, et par la nuit sinistre, dans les glaces de l’Antarctique, au risque
de ne pas revenir.
Cet homme, c’est Charcot ! Il aurait pu vivre tranquillement
l’existence facile de ceux que les hasards de la naissance ont jeté
dans la vie, parmi l’élite des heureux devant lesquels s’ouvrent toutes
les portes et s’abaissent toutes les barrières.
Il en a voulu autrement ! Il a préféré sacrifier son repos, sa for-
tune, la tranquillité de sa vie, à la poursuite de son rêve. Il a voulu
que son nom, — que le nom de son père, conquérant de la science,
fût inscrit parmi ceux des conquérants de la terre, — et il a ajouté
ce nom aux noms de ceux qui ont reculé les horizons marqués sur la
carte du monde !
Il pouvait dormir dans sa gloire, après ce qu’il a fait. Car il s’était
déjà, depuis plus de vingt ans, montré digne du nom qu’il porte.
Il aurait pu, comme le laboureur ayant terminé sa journée, s’asseoir
sur le bord du chemin. Il a préféré travailler encore, et presque
chaque année, il recommence à batailler ! Et je l’ai vu, à l’âge où
l’on a bien droit au repos, monter dans la hune mouvante et rester
Sur la passerelle à l’heure du péril, et parmi les vents déchaînés.
Voilà ce qu’il a fait et voilà ce qu’il fait encore.
Quand un homme donne cet exemple, je me découvre devant lui ! »
MESSAGE DE M. CH. MAURAIN
Membre de l’Institut,
Doyen de la Faculté des Sciences.
La mort de Charcot dans le naufrage .du Pourquoi-Pas a été un
deuil, en même temps que pour les siens et pour ses nombreux amis,
pour le pays tout entier et pour la science. Charcot a accompli en
effet, au service de la France et au service de la science, une œuvre
très belle et très fructueuse. Grâce à son initiative, à son énergie,
à Son désintéressement, le pavillon français a parcouru maintes fois
les mers arctiques et antarctiques ; il a dirigé des expéditions, des
explorations, des observations prolongées, dans ces régions glacées,
payant de sa personne sans ménagement ; avec lui ont travaillé
là-bas marins, physiciens, naturalistes. La plupart des travaux
français dans les régions polaires depuis le début du siècle lui sont
dûs.
Les expéditions pénibles et dangereuses vers les pôles ont l’attrait
qui dirige les alpinistes vers les hauts sommets, et, même s’il n’y
avait là qu’une sorte de noble Sport où les qualités d’aventure et
d’héroïsme peuvent trouver carrière, on concevrait un idéal y pous-
sant les hommes. Mais ces expéditions présentent un immense intérêt
scientifique. Les régions polaires jouent un rôle capital dans les
grands phénomènes physiques naturels, circulations océanique et
atmosphérique, météorologie, magnétisme terrestre, électricité
atmosphérique.
Les courants marins issus des mers polaires portent au loin leurs
eaux froides et influent sur la température de telle manière qu’on
peut espérer fonder sur leur observation un mode de prévision du
temps à longue échéance ; la plupart des cyclones sont dûs au conflit
des courants atmosphériques froids venant des régions polaires,
et des courants chauds provenant des régions tropicales ; les phéno-
mènes magnétiques et électriques sont particulièrement intenses
dans les régions polaires, comme le manifestent par leur fréquence
et leur éclat les météores magnifiques auxquels on a donné le nom
d’aurores polaires, et c’est là que leur étude est la plus démonstra-
tive. — En somme, les principaux problèmes d’océanographie, de
météorologie et de physique du globe nécessitent des observations
et des mesures faites sur toute la terre, mais, parmi ces observations,
les plus précieuses sont celles qui sont faites dans les régions polaires.
— 459 —
Pour les études biologiques, l’intérêt n’est pas moindre. Les condi-
tions très particulières où sont dans ceS régions les organismes
vivants, animaux et végétaux, permettent d’y observer leur résis-
tance, leur puissance d’adaptation et leurs modifications, et les
fossiles qu’on y trouve Sont des témoins des conditions anciennes de
la vie et de ses transformations au cours des âges, d’un intérêt spécial
pour l’étude des transformations de l’ensemble du globe.
C’est ce qu’avait bien compris Charcot, et qui l’a conduit à entre-
prendre ses expéditions polaires. Ses deux hivernages dans l’antarc-
tique ont eu lieu dans une région pour laquelle on manquait presquq
complètement jusque-là d’observations scientifiques. Aussi les
mesures et les observations qui s’y firent dans tous les domaines
scientifiques, océanographie, météorologie, radiation, magnétisme
terrestre, électricité atmosphérique, biologie, ont-elles été parti-
culièrement précieuses.
Dans l’arctique, ses nombreuses expéditions n’ont pas été moins
fructueuses. Charcot emmenait avec lui, dans chacune d’elles,
quelques jeunes chercheurs, physiciens, océanographes, naturalistes.
Pendant la navigation étaient faites des observations continuelles,
sondages, température, salinité, étude du fond, étude des courants,
étude des glaces, mesures physiques, recherches biologiques. Pen-
dans les escales ou les séjours du navire, en dehors des travaux qui se
poursuivaient sur le bateau ou sur la côte voisine, des expéditions
parcouraient le pays, faisant des observations géologiques, magné-
tiques, biologiques, recueillant des animaux, des plantes, des fos-
siles, des échantillons, étudiés sur place, ou, après le retour en
France, par des spécialistes.
L’ensemble des publications scientifiques résultant des expéditions
de Charcot forme une œuvre immense et précieuse, un fond où l’on
puisera longtemps.
A ses côtés étaient, dans sa dernière campagne, deux jeunes
savants dont j’avais pu apprécier la haute valeur lorsque j’étais leur
compagnon dans un précédent voyage du Pourquoi-Pas au Groën-
land. Joseph Devaux, physicien à l’Observatoire du Pic du Midi,
avait passé plusieurs années au sommet de cette montagne, couvert
de neige pendant huit ou neuf mois de l’année ; vie rude et austère,
consacrée à la recherche Scientifique. Il avait repris sur les neiges et
les glaces polaires les études qu’il avait longuement poursuivies
sur les neiges et les glaces de la haute montagne. Maurice Parat,
Chef des Travaux Pratiques à la Faculté des Sciences, s’était déjà
fait un nom dans la science par d’importants travaux de biologie ;
très lié avec Devaux, il avait fait avec lui au cours des voyages du
Pourquoi-Pas plusieurs expéditions dans lesquelles les deux amis
ajoutaient à leurs recherches personnelles des travaux en commun
de géologie et de géographie. Leur disparition a consterné tous ceux
— 460 —
f
qui fondaient tant d’eSpoir sur leur jeune talent. Avec eux est mort
aussi Jacquiert, docteur ès-sciences depuis quelques mois, élève
comme Parat de M. Wintrebert, dont le laboratoire a perdu ainsi
du même coup deux de ses meilleurs travailleurs.
Charcot était admiré et aimé de ses compagnons. Il était d’ailleurs
pour eux un grand exemple. Quoi que vieillissant, il a pris part à
toutes les campagnes de son cher navire ; lorsque le bateau naviguait
dans les glaces, il était toujours aux aguets, scrutant l’horizon, du
pont, ou, quand les choses devenaient sérieuses, d’un poste de vigie,
n’hésitant pas, malgré son âge, à gravir les haubans ; par mauvais
temps, de nuit comme de jour, il était sur la passerelle. Et c’est là
qu’il est mort, le 16 septembre, au cours d’une tempête plus terrible
que toutes celles qu’il avait essuyées jusqu’alors, terminant dans
l’héroïsme une vie consacrée tout entière à une même idée, et telle
qu’il n’en est pas de plus belle, de mieux remplie, de plus digne de
passer à la postérité.
MESSAGE DE S. E. M. OLDENBURG
Ministre du Danemark à Paris.
Il m’est un grand honneur d’avoir été appelé à prendre la parole,
ce soir, à cette manifestation organisée pour commémorer le glorieux
Souvenir de Jean Charcot et de ses compagnons ; je m’associe de
tout cœur à cette manifestation.
Il m’est aussi un très cher devoir, en cette occasion solennelle, de
rendre hommage au grand défunt, — homme de volonté, de bonté,
de droiture, — et d’exprimer les sentiments que le peuple darois
tout entier a toujours ressentis pour sa personne et pour son œuvre
de son vivant, sentiments de deuil et d’émotion douloureuse à sa
mort.
D’autres ont parlé avant moi, avec beaucoup plus d’autorité et
de compétence, de la haute valeur de ses recherches scientifiques
dans les zones arctiques et de ses expéditions annuelles qui, grâce
à son esprit animateur et à la collaboration des savants et artistes
qui l’accompagnaient, ont donné une si riche moisson de décou-
vertes géologiques et de documents géographiques, sans oublier sa
puissante collaboration à l’expédition d’organisation de la partici-
pation de la France à l’Année Polaire.
Il y a douze ans environ que Charcot vint, pour la première fois,
au Groënland et qu’il connut cette île immense à laquelle il voua,
depuis lors, une grande partie de ses efforts et tout son intérêt. Il
avait déjà derrière lui une glorieuse carrière, riche de l’expérience
de ses voyages antarctiques et dans les mers nordiques où il fit
des études autour des Iles Féroé, à Rockhall, à Jan Mayen et aux
Hébrides. Ce fut le jeu du hasard et des circonstances qui le conduisit
au Groënland et non un plan préconçu qui lui fit visiter, la première
fois, en 1925, les côtes étendues de notre colonie.
N’est-ce pas un fait caractéristique que ce sont des sentiments
humains et le sens de solidarité internationale entre les explorateurs
arctiques qui conduisirent Charcot au Groënland ?
Pendant son voyage de 1925 il avait appris que l’expédition
danoise à Rosenvinge Bugt, dirigée par Bjerring Petersen, ne répon-
dait plus aux appels de la T. S. F. et se trouvait sans doute en danger.
Charcot, n’écoutant que sa généreuse ardeur, décida, sans aucune
hésitation, d’aller à son secours malgré toutes les difficultés que
dressaient la dureté du climat et la banquise. Et il y arriva.
Ce fut pendant cette première visite au Groënland qu’il connut
le district d’Angmagssalik et de Scoresbysund qui devint, pendant
toutes les années suivantes, l’objet de ses recherches et de son intérêt
particulier. C’est là qu’il apprit la fondation, à Angmagssalik, d’une
nouvelle colonie danoise par l’explorateur danois Ejnar Mikkelsen
qui avait transféré sur l’inhospitalière côte orientale quelques
tribus esquimaux de la cote ouest où elles étaient établies depuis
des générations.
Son intérêt fut captivé, dis-je, par cette race primitive, aimable
et diligente qu’est la race esquimau. C’est ici qu’il apprit aussi le
système et les principes qui sont la base de l’administration colo-
niale du Danemark. Permettez-moi, en toute modestie, de dire deux
mots à ce sujet.
L’administration coloniale danoise n’est pas fondée sur le prineipe
d’exploitation des indigènes par les pays colonisateurs. Le principe
fondamental de notre politique coloniale est d’éduquer la popula-
tion indigène, de lui enseigner à se suffire à elle-même, d’exploiter
elle-même les ressources du pays, de se gouverner elle-même.
Au cours des temps, les Danois ont essayé, sinon toujours avec un
égal succès, du moins avec persévérance et sans égoïsme, d’ap-
pliquer ce système et de guider le peuple esquimau pour traverser
les écueils de la civilisation qui, dans des conditions semblables, se
sont montrés fatals à tant d’autres populations. Mais ce principe
ne peut pas être mené à bien sans une protection rigoureuse des
tribus indigènes, protection que le contact avec la civilisation de la
race blanche rend encore plus nécessaire. S’il faut leur porter les
fruits de la civilisation, il faut aussi les protéger contre les maux qui
suivent la civilisation, contre les vices, contre les poisons et contre
les contagions.
Ce système que le Danemark, conscient de toutes ses responsa-
bilités envers les indigènes, a suivi pendant plusieurs générations,
gagna la vive sympathie et même l’admiration de Charcot. Toujours
il se fit le champion des points de vue sur lesquels est basée cette
colonisation, toujours il mettait ces points de vue en avant et se
faisait leur défeiiseur ; lui-même se conformait scrupuleusement
aux règles, quelquefois ur peu rigides, que nous avons dû établir
dans l’intérêt des Esquimaux et essayait d’engager les autres à faire
de même.
Les indigènes sentaient qu’ils avaient trouvé en lui un grand ami
paternel, ils l’aimaient, ils l’adoraient, ils comprenaient cet homme
de cœur, même sans l’aide de la parole. Les hommes primitifs ont
souvent un instinct très sûr. Chaque année, quand le soleil revenait
après la longue nuit polaire, ils commençaient à guetter le Pourquoi-
Pas ? et à parler de ce grand ami qui leur apportait de son pays
lointain de petits cadeaux, de petits joujoux pour leurs enfants.
— 463
C’était la dernière fois, cette année, qu’il voulait aller au Groën-
land avec le Pourquoi-Pas P II considérait ce voyage comme la
fin de sa carrière.
Peu de jours avant son départ il est venu me voir et m’a parlé,
sur un ton de tristesse, de ce dernier voyage, dernier d’une série qui
avait remplie une si grande partie de sa vie, de son activité et de ses
pensées !
Il m’a aussi exprimé toute sa joie de l’invitation que le Gouverne-
ment danois lui avait adressée de venir à Copenhague en rentrant
du Groënland. En effet, mon Gouvernement l’avait prié de venir
encore une fois au Danemark pour lui dire combien il était sensible
à toute sa profonde amitié. On préparait une série de fêtes et de
manifestations en son honneur. Il devait être reçu à l’Université de
Copenhague et recevoir de la main du Président de la Société Royale
de Géographie, le Prince Héritier, la Médaille d’Or de la Société.
J’étais moi-même allé à Copenhague pour assister à ces manifesta-
tions. Nous attendions avec impatience le télégramme qu’il devait
nous envoyer, comme convenu, pour fixer la date exacte de son
arrivée.
Hélas ! le message fut tout autre : « Charcot péri avec son navire
et tous ses compagnons, sauf un : » Il était tombé, mais tombé au
Champ d’Honneur comme un vaillant soldat.
Le correspondant d’un journal de Paris qui se trouvait à Copen-
hague pouvait télégraphier à son journal : « Le deuil et l’émotion
au Danemark n’auraient pu être plus grands, ni plus sincères, s’il eût
été l’un des leurs. »
Le Danemark gardera toujours un fidèle souvenir de son grand
ami, Jean Charcot, ce noble fils de la France. Jlonneur à sa mémoire,
honneur à la terre française qui nourrit toujours des enfants dignes
de son glorieux passé !
DISCOURS DE M. LE MINISTRE DE L’ÉDUCATION
NATIONALE
Monsieur le Président de la République,
Mesdames,
Messieurs.
Vous venez d’entendre les voix autorisées auxquelles il apparte-
nait de faire revivre ce soir devant vous le grand savant et l’homme
d’action que la Erance a perdu le 16 septembre dernier, dans les
circonstances les plus douloureuses. Je ne puis rien espérer ajouter
à de pareils témoignages, si ce n’est le renouvellement d’un hommage
officiel que déjà, par la parole de mon illustre collaborateur Jean
Perrin, le Gouvernement rendait au chef et à l’équipage du Pour-
quoi-Pas ? le 12 octobre, sur le parvis de Notre-Dame.
Près de dix semaines déjà se sont écoulées depuis le drame des
côtes d’Islande. Comme il est proche encore et comme il est lointain,
dans le tourbillon des événements d’aujourd’hui ! On oublie vite de
notre temps et singulièrement les deuils... Or il est significatif que
celui-là soit resté vivace dans le cœur populaire et non pas seule-
ment dans la pensée de l’élite d’un mondé savant. La cérémonie
de ce soir, pour se dérouler quelque temps après les cruelles
journées qui ont suivi l’événement brutal et son écho immédiat,
ne revêt que plus de grandeur et je voudrais vous exprimer.
Monsieur le Président de la République, notre respectueuse grati-
tude pour votre présence si hautement symbolique. Charcot
est sorti de l’actualité dramatique ou scientifique pour entrer dans
l’Histoire. Il y a pénétré avec la vision tumultueuse de sa fin, en
même temps qu’avec la gloire de ses travaux. Son visage se fige déjà
pour l’éternité dans l’image qu’en recueillera la postérité. Un per-
sonnage de légende se confond avec la stature austère du chercheur.
Le premier recul nous le montre mieux ainsi qu’au moment même où,
dans l’émotion d’une disparition inattendue, l’opinion lui accordait
cette attention passionnée qui se manifeste, surtout hélas ! devant
des cercueils.
Les savants éminents qui ont été ses compagnons et se > témoins
ont dit tout à l’heure l’ampleur de son œuvre, le caractère précieux
des découvertes tu des observations qu’il a léguées au patrimoine
— 465 —
humain comme le meilleur de lui-même et de sa vie. Notre pays lui
doit d’occuper dans le domaine des investigations arctiques et antarc-
tiques une place respectable. La carte de terres nouvelles au long des
4.000 kilomètres, l’enrichissement des connaissances physiques,
météorologiques, biologiques, ont été les bagages de retour de
l’esquif aventureux que devait détruire en quelques instants l’aveugle
tempête. Dans l’admirable unité de son existence, le marin courageux
qu’il fut pendant la guerre au commandement d’un croiseur auxi-
laire, valut le grand savant ou le chercheur intrépide, comme
l’homme de science valut l’homme tout court, si bon et si sensible,
ouvert aux plus émouvants scrupules, aux délicatesses les plus char-
mantes, attentif à respecter la vie sous toutes ses formes, dur pour
lui-même, indulgent pour les autres, pratiquant comme la forme
supérieure de la justice cette bienveillance sans laquelle il n’est
point de grands esprits.
Le docteur Charcot est mort à 69 ans, après 26 croisières, alors
que l’essentiel de ses nobles entreprises était somme toute acquis,
sa tâche presque achevée, dans un voyage ultime, à l’heure où pou-
vait venir enfin pour lui la retraite paisible dans quelque coin
ensoleillé de notre belle France. Il est mort à ce moment précis
comme s’il n’avait voulu disparaître qu’après avoir terminé pleine-
ment sa mission, comme s’il avait senti venir l’instant de trouver
un trépas exceptionnel, à sa mesure, aux proportions de son
admirable deslin.
En lui et à travers lui, le Gouvernement veut honorer ce soir tant
de savants illustres ou modestes, dont beaucoup sont ici, qui, par
l’ampleur de leurs connaissances, l’élévation de leur caractère,
l’obstination de leurs efforts désintéressés, font la vraie grandeur
de la Patrie, le fleuron le plus éclatant de sa couronne et lui donnent
aux yeux de l’Univers son visage le plus respecté.
On a souvent dit que nous vivions une époque ingrate, peu fertile
en héroïsme. Quelle erreur ou quelle injustice ! C’est que ces héroïsmes
des temps nouveaux sont au contraire trop nombreux, trop quoti-
diens, trop divers, pour imposer à l’opinion banale la fascination
qu’ils exerçaient autrefois. C’est qu’au lieu de parvenir, comme jadis,
par la tradition verbale, de bouche à oreille, en s’enveloppant à
travers l’espace ou le temps, de légende et de respect naïf, ils ne sont
plus aujourd’hui que les sèches informations d’une existence fié-
vreuse et sceptique ; c’est qu’ils paraissent presque dépouillés de
leur réalité vivante par l’abondance du détail matériel, par la
curiosité, par la discussion. Mais la disparition du Pourquoi-Pas ?
la carrière de Charcot, font de notre temps l’égal des périodes les
plus mémorables des âges révolus. Son courage n’a pas été celui, déjà
si magnifique, d’un instant décisif ou d’un geste extrême. Il a été
le lent courage des longues expéditions, le courage solitaire des
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
30
— 466 —
déserts glacés, le courage inconnu, dont lui-même dissimulait sur
le bateau à ses proches compagnons, le spectacle de chaque instant.
Juché sur la « hune mouvante » ou tenant ferme, avec ses 69 ans, le
pont balayé de lames, comme courbé dans sa cabine sur ses cartes
et ses instruments, à toute heure de la nuit, il ne nous permet pas
de séparer les différents aspects de l’épopée qu’il a vécue et qui l’a
conduit aux portes de la mort.
Aucun récit littéraire, aucune page de bravoure, ne vaut dans sa
simple grandeur le rapport officiel dressé sur les circonstances du
naufrage par les services du Ministère de la Marine et que celui-ci
me communiquait récemment. Ecoutez ces quelques lignes dont
aucun commentaire ne pourrait fortifier le sens :
« Pendant douze heures consécutives de nuit et de tempête,
« cinglés par le vent, pénétrés par la pluie torrentielle et les embruns
« glacés, trois hommes : Charcot, l’officier des équipages Le Con-
« NIAT et son second le maître principal pilote Floury, conscients
« du danger et prêts à y faire face, n’ont pas quitté la passerelle
« étroite et éventée du Pourquoi-Pas ? donnant à tous l’exemple
« du calme, du sang-froid et de la vigilance.
« Charcot avait longtemps commandé lui-même le Pourquoi-Pas ?
(( comme officier de marine de réserve, jusqu’au jour où, atteint par
« la limite d’âge, il n’avait plus eu qualité pour le faire. Depuis,
« il embarquait comme chef de mission. 11 allait avoir 70 ans. C’était
« un excellent marin, solide à la mer, rompu aux manœuvres de
« mauvais temps.
« Les hommes l’aimaient et l’admiraient. Il s’intéressait à chacun.
« Pendant que le Pourquoi-Pas ? s’enfonçait, il n’a pu retenir de
« s’écrier, pensant à eux : « Mes pauvres enfants ! » Jusqu’au dernier
« moment, malgré son âge et une nuit épuisante, il est resté debout
« sur la passerelle ».
Cette vision, rapportée par un document administratif, illustre,
au sens exact du mot, une vie et un exemple.
Devant l’émotion unanime avec laquelle la France a appris, le
17 septembre dernier, la mort du docteur Charcot et de ses compa-
gnons, les plus inquiets ont compris que ce pays n’était pas devenu
insensible aux grands témoignages de désintéressement et que jamais
peut-être, malgré tant de diversités légitimes ou de heurts redou-
tables, il n’avait été plus uni dans sa fidélité à l’idéal. Chacun, en
même temps, a pu avoir la nette perception de ce qu’était la commu-
nauté française devant un deuil qui mêlait le souvenir de Charcot,
de Parat et de Devaux à celui du plus modeste marin, qui confon-
dait les familles des savants et ces vieilles mères bretonnes aux coiffes
populaires, les unes et les autres écrasées par la même douleur. Nous
vivons une grande époque, que quelques-uns parfois s’ingénient
à déprécier ou à méconnaître, mais dont les jeunes générations
sentent plus spécialement la majesté, et qui conserve pour des res-
ponsabilités nouvelles, les vertus traditionnelles d’une grande nation.
Aux heures de défaillance ou de doute, qui peuvent menacer le plus
assuré d’entre nous, le souvenir du docteur^ Charcot et la vision du
Pourquoi-Pas? dans la nuit et la tempête d’Islande, apporteront un
apaisement et une réponse.
/
HOMMAGE AUX DISPARUS
PAR Pierre Drach,
Assistant à la Facultô des Sciences,
Membre des Missions polaires Charcot en 1932, 1933, 1934.
Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
L’un des plus grands privilèges de ma vie est d’avoir participé à
trois campagnes polaires, en mission sur le Pourquoi-Pas ?, sous les
ordres du Commandant Charcot. Au nom des quelques jeunes
hommes, qui, aujourd’hui vivants, ont partagé un tel privilège, je
viens vous dire ce que furent pour nous Charcot et ses compagnons,
je viens leur apporter le tribut de notre profonde affection et de
notre admiration hrvente.
Charcot est l’homme qui a fait entrer la France dans l’histoire
des découvertes arctiques et antarctiques ; par lui, la France a
aujourd’hui une grande place dans cette histoire. Eh bien, cet
homme, nous a apporté la révélation du monde polaire avec une très
grande simplicité. Il nous a conduit, comme s’il se fût agi d’une
croisière en Méditerranée, vers des régions où aucun Français n’eut
jamais été, si lui, Charcot, n’avait eu depuis longtemps la volonté
d’y aller. Il nous a montré les grandes banquises iiisées, il nous a
permis d’approcher de hautes montagnes dont toutes les cimes sont
vierges, il nous a conduit dans le fond des grands fjords, monde
surnaturel où le navire évolue dans des cités d’icebergs.
Nous devons à Charcot tout cela, nous lui devons bien plus
encore : c’est lui qui nous a donné l’exaltation de la découverte dans
ces régions à la fois splendides et arides où l’homme ne peut retirer
de la nature aucun profit matériel, et où, seule est possible la recher-
che scientifique et désintéressée.
Mais ce qui ramenait autour de Charcot les compagnons de la
précédente campagne, les mêmes ofïitiers, le même équipage, ce
n’était pas seulement la cinglante nostalgie des horizons polaires,
c’était aussi l’irrésistible atirait de cette entité vivante qu’était le
Pourquoi-Pas ? De cette entité, œuvre de Charcot, Charcot était
— 469 —
incontestablement le centre ; j’ai quelquefois l’impression qu’il y
avait une conscience collective du Pourquoi-Pas ? à l’image de celle
de Charcot, et je ne peux en voir la raison que dans l’extraordinaire
rayonnement de cet homme, que tous subissaient, souvent sans le
savoir.
Cette puissance de rayonnement était tout d’abord l’effet d’une
vigueur physique et d’une endurance que beaucoup d’hommes
jeunes pourraient envier. A plus de 6.5 ans nous avons vu Charcot
grimper dans les haubans comme un jeune matelot ; il fallait le
voir des heures entières au plus haut du grand mât, dans le nid de
corbeau, l’œil fixé sur l’horizon pour trouver des passages dans la
banquise ; il fallait le voir pendant les dures tempêtes, passer des
nuits debout sur la passerelle à côté des officiers de quart, indifférent
au froid et aux paquets d’eau qui l’arrosaient ne descendant que le
matin dans sa cabine où il s’étendait pour une heure à peine sans
même se déshabiller ; Charcot trouvait tout cela très naturel et n’en
parlait jamais.
A cette endurance héroïque et rare, Charcot joignait une jeu-
nesse d’esprit étonnante ; tout l’intéressait ; — il avait tout lu ^ — il
n’était blasé sur rien : aux heures des repas, le carré retentissait de
discussions souvent passionnées sur les sujets les plus divers ;
Charcot y prenait une part active, car il aimait beaucoup les jeunes
générations ; il évoquait souvent des souvenirs personnels qr ’il savait
faire revivre avec un charme inouï. Toujours, nous étions étonnés
par la largeur de ses vues, par l’universalité de son esprit.
A ces dons merveilleux qui forçaient l’admiration, Charcot
en joignait d’autres, non moins rares, qui faisaient converger sur
lui l’affection de tous ; c’est que, s’il rayonnait d’intelligence et de
vigueur, il rayonnait aussi de bonté et de compréhension humaine ;
je crois que peu de chefs ont été aussi aimés. Pour tous ceux qui,
une fois, furent auprès de lui sur le Pourquoi-Pas ?, comme savants
ou comme marins, Charcot fut un véritable père ; tous pouvaient
compter sur lui, . — ■ et compter sur Charcot, il n’était pas un homme
à hord qui ne sut ce que cela voulait dire ; c’était la certitude d’un
conseil dans les situations difficiles, d’un réconfort dans des moments
douloureux ; pour ceux que la misère frappait, c’était une aide
matérielle immédiate, une situation ou un emploi trouvé par
Charcot et souvent au prix de quelles pénibles et fatigantes démar-
ches. Il y avait en cet homme une telle grandeur et une telle généro-
sité que l’idée de rencontrer chez les autres des marques de déloyauté
ou d’ingratitude ne l’effleurait pas ; quand malheureusement il était
obligé de les constater, il en éprouvait une grande tristesse, comme si
cela lui arrivait pour la première fois..
J’ai tenté bien maladroitement, sans doute, de dire ce que, pour
nous, fut Charcot. J’ai essayé de vous dire sa grandeur et sa sim-
— 470 —
plicité. Mais quand il s’agit d’un homme d’une telle envergure, les
mots sont impuissants à évoquer tant ils paraissent usés et affaiblis.
Et maintenant, je vous parlerai de ses compagnons. Et tout
d’abord de Parat et Devaux qui furent parmi les plus fidèles et
l’accompagnaient régulièrement depuis quatre ans.
Notre grand ami, Maurice Parat, mort à 37 ans, laisse dans la
science un nom déjà grand. A 30 ans, il passait une thèse qui est des
monuments de la cytologie, cette science qui cherche les mystères
de la vie dans la structure interne des cellules. Parat devint aussitôt
un chef d’école connu dans tous les congrès internationaux. En
même temps chef des Travaux à la Faculté des Sciences et chef de
Laboratoire à l’Hôpital Broca, il allait achever une série de recher-
ches remarquables sur le diagnostic précoce des tumeurs et des
cancers. Les nombreux élèves qui suivaient son enseignement se
souviendront longtemps de ses exposés brillants et précis, dans les-
quels il leur communiquait son fervent enthousiasme.
Mais, à côté du grand homme de science, il y a aussi chez Parat
un homme pour qui l’action est un besoin, une nécessité vitale :
eomme homme d’action, comme organisateur, il se révèle en fondant,
il y a moins d’un an, le groupement de la Jeune Science dont le but
est de réunir les jeunes chercheurs et de coordonner leurs efforts.
C’est à lui que ce groupement est redevable de ses directives et de sa
grande vitalité. Comme homme d’action également, il se révèle au
Groënland ; débarqué sur des terres inexploréeo, il sait utiliser au
mieux les quelques jours ou les quelques semaines qui lui sont
départis. Toujours en tête de cordée dans les ascensions que nous
fîmes ensemble, il avait un sens divinatoire des trajets les plus
rapides, souvent des seuls trajets possibles. Les études géologiques
qu’il a faites dans l’île Milne Land, au fond du Scoresby Sund, reste-
ront parmi les apports scientifiques les plus importants du Pour-
quoi-Pas P
Malgré la variété et l’intensité de Son activité, l’idée que vous
auriez de Maurice Parat serait encore trop incomplète si je ne vous
disais l’incomparable ami qu’il a toujours été. Dans ses journées
Surchargées de travail, Parat trouvait toujours le temps de rendre
service à ses amis et de les aider dans les moments difficiles. En toute
circonstance, il pensait aux autres avant de penser à lui-même.
Le rescapé Le Gonidec n’a-t-il pas dit qu’au dernier moment Parat
descendit dans le carré chercher la ceinture de sauvetage du Com-
mandant Le Conniat ? Nous reconnaissons là Parat tout entier,
qui, près de la mort, pensait encore aux autres.
Comme Maurice Parat, Devaux est mort au seuil d’une carrière
qui s’annonçait très féconde. Son maître, le Professeur Maurain,
Doyen de la Faculté des Sciences, vous a dit la haute valeur scienti-
fique de Devau^x. Je vous dirai ce que fut l’ami délicieux, le compa-
— 471 —
gnon tant aimé de nombreuses courses de montagne au Groënland
et en Islande. Esprit d’une grande élévation, Devaux était surtout
un contemplatif ; il aimait par-dessus tout la solitude de son Obser-
vatoire du Pic du Midi qui l’éloignait des tristes médiocrités de la
vie courante. Quand il quittait son pic, c’était pour embarquer sur
le Pourquoi-Pas P où l’attirait un goût profondément enraciné des
régions polaires. Tout en Devaux portait la marque d’une distinc-
tion et d’une qualité rare ; sa modestie naturelle et sa simplicité
n’empêchait personne de voir en lui un esprit d’élite et un homme
supérieur.
Parat avait entraîné avec lui un de ses jeunes élèves Jacquiert.
Jacquiert fut l’un de nos plus charmants camarades de la Sor-
bonne ; sous un aspect enjoué et frondeur, il cachait une très vive
sensibilité ; je l’ai connu pendant sept ans et jamais je ne l’ai vu se
départir de sa gaieté entraînante et d’une bonne humeur pleine
d’optimisme; et pourtant, il était de ceux qui luttaient durement pour
assurer leur existence et réaliser leur vocation. Au moment où la
mort nous l’a pris, il venait de terminer sa première œuvre, une
remarquable thèse de cytologie • — et pour la première fois, il avait
une situation qui le délivrait de toute inquiétude matérielle et lui
permettait les plus grands espoirs.
Le peintre Jean Badeuil avait fait sa premiè: e campagne sur le
Pourquoi-Pas ? en 1935, comme matelot. Sa vivacité d’esprit et sa
compréhension des hommes lui avaient valu immédiatement la
sympathie de tout l’équipage sur lesquel il avait un véritable
ascendant moral. En 1936, il embarquait à titre civil, comme peintre
de la mission ; les œuvres qu’il a laissées portent la marque d’un
métier accompli et d’un grand talent.
Larronde, lui, faisait sa première campagne. Il était depuis
plusieurs années bibliothécaire de la Société de Géographie qu’il
devait représenter à Copenhague où Charcot et son équipage
allaient être fêtés à leur retour d’Islande. Tous ceux qui l’ont connu
ont été séduits par son charme et son entrain communicatif.
Larronde et Badeuil, je ne vous ai pas connus, mais je vous sais
tellement de cette grande famille du Pourquoi-Pas ? que votre dis-
parition me touche comme»,eelle des plus grands amis.
Je voudrais maintenant évoquer cet extraordinaire équipage.
Son capitaine, l’officier des équipages Le Conniat, commandait le
Pourquoi-Pas ? pour la première fois en 1935. Manœuvrier de pre-
mier ordre, il avait appris avec une surprenante rapidité la tech-
n,ique des glaces. Ses hautes qualités de marin, de chef et d’homme
de cœur lui avaient rapidement conquis l’équipage. Aux côtés de
Charcot il était en train de devenir l’un des meilleurs navigateurs
polaires.
Sous ses ordres les premiers maîtres Floury, Le Guen, Bastien et
— 472 —
tous ces jeunes hommes dont l’entrain et le courage ne s’est jamais
démenti. Je n’oublierai jamais qu’après des traversées longues et
fatigantes, là où d’autres marins avaient le repos et la distraction
des escales, ceux du Pourquoi-Pas ? devaient souvent effectuer des
débarquements difficiles sur des côtes inhospitalières et passer de
longues heures à surveiller les glaces flottantes et à les écarter du
gouvernail et de l’hélice. Ils ont installé pour nous des campements
de montagne qui eussent nécessité des alpinistes endurcis. Je les
vois encore, ces petits marins bretons qui n’avaient jamais quitté
la mer, porter de lourdes charges sur des éboulis chaotiques et sur
d’interminables glaciers. Je n’exagèrerai rien en disant qu’ils ont
été souvent jusqu’à la limite de ce qui était humainement possible.
C’est que moralement et physiquement l’équipage était à l’échelle
de son chef Jean Charcot. Tous plus ou moins obscurément sen-
taient la grandeur de l’œuvre à laquelle ils participaient volontaire-
ment, tous sentaient la grandeur du chef.
A ce chef qui nous apparaît avec des proportions titaniques, à
ses admirables compagnons, à son éqidpage d’élite, je tiens à apporter
ici le profond hommage de ceux qui ont un jour sur les mers, partagé
leurs joies et leurs peines, de ceux qui leur doivent tant et qui auront
à jamais devant les yeux l’exemple de leur sublime abnégation.
Mais quelle que soit l’exceptionnelle grandeur de leur destin,
toute notre conscience proteste contre leur tragique disparition et
celle-ci laisse en nous une blessure qui ne se fermera jamais.
Le Pourquoi pas ?
- 473
COMMUNICATIONS
Quelques caractères anatomiques du Zèrre de Hartmann
(EqUUS ZEBRA HaRTMANNÆ MaTSCIUE).
par E. Bourdelle, i
Professeur au Muséum.
Le zèbre de Hartmann {Equus zébra Hartmannæ Matachie) est une
sous-espèce ou une race géographique du zèbre çrai, zèbre de mon-
tagnes, ou Daw des anciens {Equus zébra zébra L.). Il vit dans les
régions accidentées de l’ancien sud-ouest africain allemand, où il
représente une population nordique de l’espèce type, plus méridio-
nale, dont il offre tous les caractères généraux.
Il a une taille moyenne, des formes à tendances asiniennes. Le
système des raies envahit la totalité du corps et des membres. Il
dessine en particulier, sur la croupe, un réseau triangulaire de raies
transversales ou grille, qui est la caractéristique des zèbres vrais.
On peut donc considérer avec raison, que le zèbre de Hartmann,
s’apparente étroitement au zèbre vrai, dont il n’est qu’une variante
géographique, et, à défaut de celui-ci, disparu ou tout au moins
extrêmement rare, on est fondé à l’étudier comme tel, compara-
tivement aux autres espèces de zèbres.
Déjà en 1934, dans une communication au Congrès des Sociétés
Savantes sur les zèbres i, j’ai noté quelques caractères anatomiques
du Zèbre de Hartmann, dont j’avais déjà eu l’occasion d’examiner
un spécimen. Après une étude assez complète du squelette et des
os, à propos de laquelle je faisais remarquer la prédominence des
caractères asiniens, je signalais quelques caractères anatomiques
relevant des systèmes musculaire, digestif et respiratoire, manifeste-
ment asiniens. Ayant eu cette année même l’occasion d’étudier un
deuxième spécimen de Zèbre de Hartmann, appartenant au Parc
Zoologique de Vincennes, mort accidentellement à la Ménagerie du
Jardin des Plantes, j’ai pu corroborer et préciser mes observations
1. E. Bourdelle ; Notes anatomiques et considérations zoologiques sur les zèbres.
C. R. du 67® Congf. Soc. sao., 1934.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 6, 1936.
— 474 —
antérieures sur les organes autres que le squelette et les os. C’est
de ces observations que je fais état dans cette note. Elles se rapportent
aux appareils fibreux de renforcement des tendons fléchisseurs des
phalanges de la main et du pied, à des organes de l’appareil digestif
(langue, et longueur de l’intestin) à des organes de l’appareil respira-
toire (fausse narine et larynx), à la disposition de l’appareil thyroï-
dien, à quelques caractères des formations cornées des membres
(châtaignes et sabots).
Le sujet qui a fait l’objet de notre deuxième observation, était
une femelle de sept ans, de 1 m. 40 de taille environ.
I. — Appareils fibreux de renforcement des tendons flé-
chisseurs DES PHALANGES DE LA MAIN ET DU PIED.
Les aponévroses palmaires et plantaires profondes des régions
métacarpiennes et métatarsiennes, se transforment chez les équidés
caballins en puissants appareils fibreux de renforcement du tendon
fléchisseur profond des phalanges désignés sous le nom de bride
palmaire ou carpienne, dans la main, de bride plantaire ou tarsienne,
dans le pied. La première de ces brides se réduit nettement chez les
ânes vrais et la deuxième tend à disparaître chez ces animaux. C’est
exactement ce que nous avion*’ noté dans notre première observa-
tion chez le zèbre de Hartmann. La deuxième ne fait que la ren-
forcer, la bride tarsienne étant même totalement absente sur le
dernier sujet étudié.
IL — Organes de l’appareil digestif.
a) Langue. — La présence sur la base de la langue de deux grandes
papilles caliciformes composées, désignées sous le nom de trous
borgnes de Morgagni, est caractéristique de la langue chez les che-
vaux, alors qu’on trouve trois de ces trous associés en V chez les
ânes. Conformément à ce que nous avions déjà constaté, nous
n’avons trouvé que deux trous borgnes de Morgagni dans notre
deuxième observation.
b) Intestin. — On connaît l’importance de la longueur relative
de l’intestin, soit dans son ensemble, soit dans ses parties, chez les
chevaux et chez les ânes. Les chiffres moyens sont les suivants, pour
le cheval et pour l’âne domestique :
— 475
Le tableau ci-dessous reproduit les chiffres relatifs aux deux
observations faites par nous chez le zèbre de Hartmann :
— 476
Les chiffres qui se rapportent à notre deuxième observation, cor-
roborent et accentuent même l’importance des caractères que nous
avions déjà recueillis. Ils attestent chez le zèbre de Hartmann, à
l’exemple de ce que l’or observe chez les ânes, la brièveté générale
de l’intestin, surtout celle de l’intestin grêle, et marquent ainsi un
caractère nettement asinien. Les écarts de chiffres notés dans nos
deux observations, tiennent sans doute à l’âge des sujets, et peut-
être aussi à une différence sexuelle. Ces écarts n’entachent en rien
nos conclusions vis-à-vis des caractères caballins ou asiniens du
zèbre de Hartmann.
IH. — • Organes de l’appareil respiratoire.
a) Fause narine. — La fausse narine s’entend, chez les équidés,
d’un diverticule cutané, situé en dedans de la commissure supé-
rieure des naseaux qui s’étend profondément en cul-de-sac, pour
occuper l’échancrure squelettique maxillo-nasale. Ce cul-de-sac
conique à cavité complètement libre ne déborde pas l’échancrure
maxillo-nasale, chez le cheval. Chez l’âne il est au contraire
plus ou moins globuleux à son extrémité, il déborde les limites
osseuses de l’échancrure maxillo-nasale et sa cavité est plus ou moir s
cloisonnée et aréolaire à son fond. Dans notre deuxième observa-
tion, comme dans la première, nous avons trouvé la fausse narine,
du Zèbre de Hartmann ainsi conformée, c’est-à-dire nettement
asinienne.
b) Larynx. — L’entrée du larynx avec une épiglotte et des ary-
ténoïdes peu acuminés se présente relativement large chez le zèbre
de Hartmann, à l’exemple de ce qui existe chez les ânes. De même
dans nos deux observations nous avons trouvé, ainsi que cela existe
chez ces derniers, un sinus sous épiglottique assez vaste et incomplète-
ment divisé en deux compartiments.
IV. — Appareil thyroïdien.
L’appareil thyroïdien est "constitué chez les chevaux par deux
thyroïdes principales, latérales, une de chaque côté, toujours indé-
pendantes, auxquelles sont associés des glandules thyroïdiennes
accessoires et des parathyroïdes. Chez l’âne, un isthme thyroïdien
réunit toujours les deux thyroïdes principales par leur extrémité
postérieure, et souvent une formation thyroïdienne impaire s’élève
de cet isthme thyroïdien à la face inférieure de la trachée en une
pyramide de Lalouette plus ou moins rudimentaire.
Dans les deux observations faites sur le zèbre de Hartmann, nous
avons noté l’existence de l’isthme thyroïdien et dans le premier cas,
même celui-ci portait une trace de pyramide de Lalouette.
V. — Formations cornées des membres.
a) Châtaignes. — Ce sont des productions cornées de la peau,
dernières traces des formations unguéales du pouce et du gros orteil,
que l’on retrouve chez le cheval, au tiers inférieur de la face interne
de l’avant-hras dans le membre antérieur et en dedans des assises
inférieures du tarse. Chez l’âne seules existent bien développées
des châtaignes antérieures plus larges et plus minces que celles du
cheval ; les châtaignes postérieures sont absentes ou très rudimen-
taires. Chez le zèbre de Hartmann, nous avons toujours observé
l’absence des châtaignes postérieures, à l’exemple de ce qui existe
chez les ânes. Quant aux châtaignes antérieures, elles se présentent
beaucoup plus étendues et surtout beaucoup plus amincies encore
que chez les ânes. L’état plus rudimentaire de ces formations chez
le zèbre de Hartmann, comparativement aux autres équidés cabal-
lins et asiniens, assigne peut-être une place plus ancienne aux
zèbres dans la lignée zoologique et paléontologique des équidés.
b) Sabots. — Les sabots sont des formations unguéales complètes
de l’extrémité des membres, qui traduisent ce qu’on appelle le piecZ,
dans le langage de la morphologie du cheval. Ils se présentent chez le
zèbre de Harmann, longs, étroits, redressés, comprimés d’un côté
à l’autre, simplement plus étroits à leur contour plantaire qu’à leur
côntour coronaire, à sole étroite, enfoncée, à fourchette large en
somme nettement asiniens. Ces organes . ’écartent en tous cas mor-
phologiquement des sabots des chevaux vrais, moins hauts, moins
étroits, en principe plus larges à leur contour plantaire qu’à leur
contour coronaire.
En résumé les nouvelles observations que nous avons faites sur cer-
tains organes du zèbre de Hartmann, corroborent d’une façon
complète celles que nous avions déjà signalées. A l’exception des
papilles caliciformes composées de la base de la langue (trous borgnes
de Morgagri) qui offrent une disposition caballine, tous les autres
caractères dont nous faisons état sont asiniens et rapprochent ainsi
les zèbres de Hartmann, et avec eux sans doute tous les zèbres de
montagnes, plus des ânes vrais que des chevaux vrais.
— 478 —
Note sur le Daman du Fouta-D jalon (Procavia ruficeps
OWENI THOS.).
PAR P. Rode.
Parmi les mammifères que nous avons pu nous procurer au cours
de notre récente mission en Afrique occidentale française, nous
avons tenu à insister particulièrement sur une pièce intéressante
pour nos collections.
Il s’agit d’un exemplaire mâle adulte de daman du Fouta-Djalon,
tué par nous le 22 janvier 1936, près du petit village indigène de
Bora, sur les pentes du Gangan, massif montagneux de 1100 mètres,
qui domine la ville de Kindia, située à quelques kilomètres. Sur les
pentes abruptes de cette montagne, contre-fort du Fouta-Djalon,
vivent en très grande quantité des damans, qui sont assez difficiles
à approcher et qui se réfugient dans les excavations des rochers :
(bandes de grès siliceux avec, par endroits, pointements de diorites
et de granités). Les indigènes les chassent et se nourrissent de leur
chair qui, paraît-il, est excellente.
Le spécimen que nous avons pu nous procurer se rapporte à
l’espèce décrite par Thomas en 1911, sous le nom de Procavia oweni,
d’après un exemplaire femelle tué près de Daley, dans le Fouta-
Djalon à une altitude de 1.000 mètres, le 19 juin 1910 i.
Thomas décrit cette nouvelle espèce comme étant de grande taille ;
son exemplaire que j’ai pu étudier au cours d’un séjour au British
Muséum, mesurait à l’état frais, ainsi que le mentionne son éti-
quette ; 510 mm. pour la tête et le corps ; la patte postérieure :
79 mm. et l’oreille : 34 mm. ; la tête osseuse est incomplète ; seul le
massif facial et les rangées dentaires subsistent. La rangée dentaire
supérieure mesure 54 mm. du bord des incisives è la 2® molaire ; la
dernière molaire n’est pas sortie.
Notre exemplaire (inscrit dans les collections sous le n® 1936-988)
présente l’intérêt d’être complet et dépasse de beaucoup les dimen-
sions du type.
1. O. Thomas : List of small mammals obtained by Mr. G. Fenwick Owen on tlie
Upper Gambia and in Fouta Djalon. Ann. Mag. Nat. Hist., 1911, 8, p. 117-124.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
479
Dimensions prises sur le cadavre :
Longueur tête et corps 600 mm.
Longueur de l’oreille 38 mm.
Longueur du membre antérieur 200 mm.
Longueur du membre postérieur 240 mm.
Longueur de la patte postérieure 85 mm.
Poids 5 kgr.
Fig. 1. -- Tête osseuse de Procavia ruficeps oiveni Thos d*
(grandeur presque réelle). Prolil.
Pelage. ■ — Il répond assez exactement à la description de Thomas.
Le dessus de la tête est très foncé, presque noir, mêlé de jaune
orangé ; de chaque côté du museau et sur la tête or trouve des
vibrisses noirs, pouvant atteindre de 60 à 80 mm. Ces vibrisses
existent en outre disséminés sur tout le corps, ils ont la même lon-
gueur et le même diamètre que ceux de la tête.
Le pelage de la région dorsale et de la face externe des membres
est brun fauve, plus ou moins jaunâtre par endroits, plus sombre
ailleurs ; les poils ne sont pas très longs, 30 mm. en moyenne, et il
est difficile de différencier les jarres du duvet. On peut distinguer
quatre zones colorés sur la plupart des poils : une zone claire à la
Fie. 2. — Tête osseuse de Procéda ruficeps oweni Thos. cf
(grandeur presque réelle). Face supérieure.
base, puis sur 10 mm. environ une bande noire de longueur variable,
puis une zone claire de teinte jaune, enfin une pointe noire. D’au-
tres sont entièrement clairs sur toute la longueur. La tache dorsale
est jaune orangé clair. La région ventrale est jaune clair ainsi que la
_ 481 —
face interne des membres. Enfin certaines parties sont dénudées
notamment en haut des cuisses ; il semble que cette dénudation
provienne du frottement des animaux le long des rochers. Le dessous
des pattes antérieures et postérieures est de couleur noire.
Tête osseuse. — Nous n’avons pas à entrer ici dans le détail de la
morphologie de la tête osseuse du daman. Elle est bien connue.
Nous insisterons surtout sur la dimension et la robustesse de cet
exemplaire qui sont d’ailleurs visibles sur les photographies ci-
jointes (fig. 1 et 2).
Dimensions :
Longueur totale 114 mm.
Longueur de la voûte palatine 57 mm.
Largeur du niveau des arcades orbitaires 61 mm.
Rétrécissement postorbitaire 26,5 mm.
Longueur du nasal 35 mm.
Largeur zygomatique 65 mm.
Largeur temporale (au niveau de la suture de l’apo-
physe zygomatique avec le jugal) 51 mm.
Longueur de la rangée dentaire supérieure (du bord
des incisives à l’extrémité de la 3® molaire) 62 mm.
Longueur de la rangée des molaires 42 mm.
Longueur de la mandibule 98 mm.
Longueur de la rangée dentaire inférieure 55 mm.
Longueur de la rangée des molaires 42,5 mm.
Dents. — La denture est complète ; seules les deux premières
molaires inférieures gauches manquent ; en outre une dent supplé-
mentaire existe à l’extrémité de la rangée des molaires supérieures
droites, immédiatement en arrière de la troisième molaire et sur la
face externe : cette dent, ébauche probable d’une quatrième molaire,
se rencontre d’ailleurs parfois chez d’autres ongulés, et en parti-
culier chez le cheval.
Un second exemplaire nous a été apporté au Laboratoire de l’ Ins-
titut Pasteur de Kindia, quelques jours plus tard : il s’agissait d’une
femelle pesant 5 kilogs 300, ses dimensions étaient les suivantes :
Longueur tête et corps 530 mm.
Longueur de l’oreille 36 mm.
Longueur de la patte postérieure 78 mm.
Longueur de la tête osseuse 105 mm.
Le pelage était identique à celui du mâle, mais nous n’avons pu
conserver la peau, qui était en mauvais état ; cette femelle
était pleine ; nous avons été assez heureux de pouvoir con-
server les deux fœtus à terme qu’elle portait. L’un a été donné à
Bitlleiin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
31
482
l’Institut Pasteur de Kindia l’autre est actuellement au laboratoire
d’Anatomie comparée du Muséum (n® 1936-180 des coll. Anat.
comp.). Notons enfin que cette femelle avait quatre mamelles
inguinales.
La dénomination spécifique de Procaç>ia oweni Thomas, a été
reprise dans un travail récent de Hahn ^ et placée comme sous-
espèce de Procavia ruficeps Ehrenberg.
Fia. 3. — Rangées dentaires de Procat-'ia ruficeps oweni Thos.
1. — Rangée dentaire supérieure droite (62 mm.).
2. — • Rangée dentaire inférieure droite (55 mm.).
Les matériaux nous font défaut pour discuter de cette position
subspécifique ; jusqu’à présent deux spécimens de cette forme
étaient connus : celui de Thomas, et celui du Musée de Vienne, dont
Hahn donne les dimensions du crâne (95,7 de longueur totale).
Notre spécimen est d’une taille nettement supérieure. C’est aussi
le plus gros de tous les Damans du genre Procavia dont les mesures
sont données dans le travail de Hahn (252 mensurations).
(Laboratoire de Zoologie des Mammifères au Muséum).
1. Il nous est particulièrement agréable de remercier, à cette occasion, M. le
D"' Delormi-:, directeur de l’Institut Pasteur de Kindia, pour les facilités qu’il nous a
accordées avec tant de bienveillance pendant notre séjour dans son service et
M. Rouvier qui nous a guidé dans nos chasses.
2. Herbet Hahn : Die familie der Procaviidæ. Zeitsch. /. Saugetierk. Bd. 9. 193é,
p. 207-358.
Observations sur la migration des Cailles.
PAR Ed. Dechambre.
Les repeuplements en Oiseaux-gibiers étaient jusqu’à présent
faits un peu au hasard en ce sens que l’on perdait en général tout
contrôle sur les oiseaux lâchés, ce qui rendait impossible un
examen sérieux des résultats.
En 1935, le Comité national de la Chasse devant procéder à d’im-
portants repeuplements en Cailles et Perdrix, décida de baguer ces
oiseaux et demanda la collaboration de la Station ornithologique de
la Ménagerie qui fournit une partie des bagues et fut chargée de
centraliser les indications concernant les reprises.
Dans cette première étude, je me limiterai à ce qui concerne les
Cailles. Celles-ci ont été importées d’Egypte et lâchées dans les
départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, notamment
dans les vallées du Rhône et de la Durance.
Le baguagi, l’enregistrement des numéros, des lieux et des dates
des lâchers entraînent un gros travail qui doit être effectué très
rapidement pour ne pas compromettre la vitalité des oiseaux. C’est
ce qui explique les lacunes dans les renseignements qui nous ont été
transmis, lacunes qui ne compromettent du reste pas les résultats
d’ensemble.
En 1935, 1.000 cailles ont été lâchées, du 15 au 31 mai, dans les
vallées du Rhône et de la Durance, département du Vaucluse, avec
indications exactes des lieux et des numéros, et 1.000 dans le dépar-
tement des Boiiches-du-Rhône sans autres précisions.
En 1936, les opérations ont porté sur environ 1.200 oiseaux :
589 dans le Vaucluse, avec relevé des lieux, dates et numéros.
583 dans les Bouches-du-Rhône, mais les dates, lieux et numéros
ne sont complètement connus que pour un certain nombre.
La moyenne générale des reprises est assez élevée (2,4 % en 1935,
2,80 en 1936) surtout si l’on tient compte du fait qu’à l’exception
d’une seule, elles sont groupées dans les cinq mois suivants les
lâchers.
En considérant uniquement les groupes sur lesquels les rensei-
gnements sont complets, il est facile de constater que la proportion
des reprises est très irrégulière selon les lots et les régions des lâchers.
Bulletin du Muséum, 2® F., t. VIII, n“ 6, 1936.
— 484
C’est à la région, du Mont-Ventoux que revient le plus fort pour-
centage :
Sault 11 cailles 3 reprises.
Mônnieux 11 » 1 reprise.
D’une façon générale les lâchers dans la vallée du Rhône ont
donné lieu à des reprises relativement nombreuses :
Mornas 30 cailles 2 reprises en 1935.
Mornas 51 » 3 reprises en 1936.
Mondragon 30 » 2 reprises en 1935.
Mallemot 25 » 3 reprises en 1935.
Courthézon .... 40 » 3 reprises en 1935.
tandis que sur 300 Cailles lâchées en 1935 dans la vallée de la
Durance une seule a été reprise, en Italie, en fin de saison.
Il ne semble pas que le hasard seul puisse être invoqué en la cir-
constance, car sur une carte les lâchers de 1935 ayant procuré des
reprises sont réunis en zones bien nettes, notamment dans la vallée
du Rhône et sur le versant sud de la vallée de l’Ouvèze. En 1936
les lâchers ont été davantage groupés dans la vallée du Rhône et
n’ont pas pu donner d’observation comparable.
Une première remarque s’impose : les Cailles ont été transportées
d’Egypte en France sensiblement à l’époque de la migration. Or il
ne semble pas que cela ait atténué en quoi que ce soit leur besoin de
migration. Certains auteurs affirment pourtant qu’au moment des
migrations il suffit de déplacer de quelques mètres les cages des
oiseaux captifs pour éviter tout accident.
Dans un autre ordre d’idées, il faut remarquer que les Cailles ont
été capturées, transportées, manipulées, et que malgré les précau-
tions prises elles n’étaient pas, au moment du lâcher, dans un parfait
équilibre physiologique : il leur a fallu sans doute quelques jours
avant de le retrouver et pendant ce temps elles n’ont vraisemblable-
ment été guidées que par l’instinct de fuite qui les poussait dans
n’importe quelle direction, ce qui explique sans doute les écarts
notés pour certains sujets. D’autres observations pourront aussi ne
pas être exactement comparables à ce qu’elles auraient été si le
baguage avait été effectué sur des oiseaux en migration normale,
mais à cette réserve près il paraît légitime de tirer quelques conclu-
sions d’ordre général de l’ensemble des opérations.
Les lots qui ont fourni plusieurs reprises montrent que les oiseaux
d’un même lâcher n’ont pas voyagé ensemble : certains sont partis
très rapidement tandis que d’autres séjournaient plus longtemps
sur place et n’émigraient qu’au début de l’automne ; le départ
n’était donc pas non plus déterminé par des influences locales
— 485 —
(en 1935- 226, 1.456,- 889, 893, 892, — en 1936- 9, 181, 531, -27,
34, 37).
C’est surtout dans leur ordre chronologique que les reprises sont
intéressantes à étudier :
Les premières Cailles sont retrouvées Sur les lieux de lâchers ou
à petite distance, mais donnent déjà une indication : elles se sont
Fig. î.
+ Cailles baguées en 19.35, reprises en 1935.
O Cailles baguées en 1936, reprises en 1936.
rapidement éparpillées dans la vallée du Rhône et l’ont pour la
plupart suivie vers le Nord et vers le Sud, hien que quelques-unes
aient pris d’autres directions, à l’Est ou à l’Ouest.
Ces premières reprises, en France et à l’étranger, ne peuvent être
qu’accidentelles puisque la chasse n’est pas encore ouverte : les
Cailles sont trouvées mortes, épuisées ou tuées par des oiseaux de
proie.
En juin, juillet, août, elles indiquent un important déplacement en
direction nord, nord-est jusqu’en Suède, Norvège et Russie. A cette
— 486 —
époque un certain nombre de Cailles qui s’étaient engagées dans les
vallées des Alpes (Ouvèze, Durance) sont arrivées ainsi en Italie
(333 en 1935, -988, 575, 55, en 1936) par cette route où 1384 et 892
se sont attardées en 1935 aux environs de Gap.
Après le 15 août, la chasse ayant été ouverte dans le Midi, les
reprises deviennent relativement nombreuses dans cette région.
Peu sont effectuées sur les lieux de lâchers et il y a eu un déplacement
très net le long de la vallée du Rhône en direction nord, même pour
de petites distances : 944, Valleron-Joncquières ; 121, Lapalud-
Mondragon.
Cette dernière Caille donne de plus un renseignement précieux ;
elle a été reprise à Mondragon, lieu de lâcher de 91 et 102, près du
lâcher de 57 et 62, de même en 1936, 412 a été reprise sur place à
Lapalud que 55 avait abandonné pour aller à Plaisance (Italie).
Ces oiseaux (121-412) ont donc longuement séjourné dans des
régions que d’autres avaient abandonnées, ce qui montre que les
lieux choisis pour les lâcher étaient convenables et que le départ
n’était pas dû à de mauvaises conditions locales.
Il est remarquable que, dans cette région, aucune reprise n’a été
effectuée sur la rive droite du Rhône : très peu de Cailles ont tra-
versé le fleuve, très large en cet endroit.
Vers la même époque des Cailles sont signalées dans diverses
régions de la France, en dehors de la ligne générale de migration :
en 1935- -965, a dû partir en direction du sud, longer les Cévennes
vers l’ouest et cherchant à remonter vers le nord, est passée entre
la Montagne noire et les Pyrénées, atteignant ainsi la vallée de la
Garonne. 1.320, s’est dirigée vers l’ouest, a traversé les Cévennes en
remontant sans doute la vallée de l’Ardèche et s’est engagée dans
celle de l’Ailier, pénétrant ensuite dans le Massif Central.
1.451 en 1935, 748 et 521 en 1936, ont par un itinéraire analogue
franchi les Cévennes et suivi la vallée de la Loire en direction du
nord. Un trajet semblable mais plus heureusement prolongé a
conduit 893 (1935) et 657 (1936) jusque dans les grandes plaines du
bassin de la Loire.
A partir de la mi-septembre nous voyons se généraliser un déplace-
ment vers le sud, dit de retour, indiqué par des reprises en Europe
centrale, en Italie jusqu’à Naples. En France il est nettement
jalonné à travers les vallées des Alpes et entre les Alpes et la mer.
Les Cailles du premier groupe arrivent dans la vallée du Pô, les
autres entre la côte et les Apennins. Celles enfin qui viennent de
l’Europe centrale sont reprises dans la basse vallée du Pô et dans la
région de Venise.
Une mention spéciale doit être faite ici de la Caille 239 de 1935
reprise en 1936 dans la région d’Udine, où elle s’est retrouvée pres-
que en même temps que les oiseaux lâchés en France en 1936.
487 —
Pendant cette migration de retour, les Cailles ont bien dû traverser
les Alpes au niveau de leur plus grand développement : 62 (3 octo-
bre 1935), 801 (11 octobre), 536 (13 octobre), semblent les jalons
d’une route qui franchit les Alpes à la faveur de la vallée de l’Inn
et de la région des grands lacs italiens.
1.383 a pu suivre les vallées du Rhin et du Danube à travers
Fig. 2. — Carte des reprises effectuées en France (même légende que pour 1).
la Suisse, mais je crois plutôt qu’elle arrivait des plaines du Nord
et était passée entre les Karpathes et les Alpes. En 1936, 850 a dû
suivre un trajet voisin.
Les dernières reprises actuellement signalées sont particulière-
ment intéressantes puisqu’elles ont été effectuées l’nne à Alexandrie,
l’autre à Cagliari, montrant que les Cailles se sont dirigées soit vers
l’Egypte, soit vers la Tunisie.
De tout ce qui précède, je crois pouvoir tirer les indications
générales suivantes :
La grande majorité des Cailles a trouvé dans la vallée du Rhône,
— 488 —
de la Saône et du Doubs une voie naturelle qu’elles ont suivie d’au-
tant plus volontiers qu’elle est dirigée nord-sud. C’est là du reste le
passage d’un des grands courants de migrations signalés par Troues-
SART ; mais vers le nord les Cailles paraissent avoir quitté le trajet
qu’indique cet auteur vers la Meuse et la Moselle pour préférer la
O Lâchers ayant donné lieu à des reprises.
-j- Lâchers n’ayant procuré aucune reprise.
vallée du Rhin. Puis à partir du bassin de Mayence elles ont divergé
à travers les grandes plaines allemandes en direction nord, nord-est,
ce qui les a conduites en Suède, en Norvège qu’elles ont pu facile-
ment atteindre grâce aux îles qui jalonnent le= détroits. Celles qui
sont arrivées plus à l’est sur les rivages de la Baltique ont hésité
devant une importante traversée : elles ont suivi les côtes et sont
arrivées ainsi en Pologne et en Russie.
— 489 —
Puis le mouvement de retour s’est opéré en direction sud, sud-est,
amenant les oiseaux en Italie où nous les suivons jusqu’en Sardaigne,
à Naples et dans les Balkans.
Il est fort probable que les Cailles reprises dans la région de
Naples se dirigeaient vers la Tunisie : des baguages effectués dans ce
pays par M. Lécuyer ont permis de jalonner très nettement la route
des Cailles qui, de cette région, passe par la Sicile (Messine), la côte
ouest de l’Italie (Naples), joignant ainsi l’Afrique à l’Europe par la
plus courte traversée maritime. Quant à la Caille reprise près de
Cagliari, il ne peut y avoir aucun doute à son sujet : elle se dirigeait
vers la Tunisie.
Il est donc vraisemblable que les Cailles restées dans l’Ouest de
l’Europe sont ainsi allées en Tunisie tandis que celles de l’Est
retournaient en Egypte à travers les Balkans, la Grèce et, peut-être
la Turquie d’Asie, la Palestine, etc.
D’après les constatations matérielles précédentes et en réduisant
au minimum la part de l’hypothèse, je crois pouvoir terminer sur
les conclusions suivantes :
Le transport d’Egypte en France à l’époque de la migration n’a
nullement annihilé le besoin de déplacement.
Les Cailles ont voyagé isolément ou par très petits groupes.
Elles ont évité les grandes traversées maritimes.
Elles ont franchi les importants massifs montagneux en suivant
les grandes vallées, ce qui parfois les a détournées de la direction
normale de leur migration qui se fait en direction du Nord au prin-
temps, et du Sud en automne.
(Les indications complètes concernant les reprises seront publiées
dans le prochain fascicule).
— 490
ÉTUDE d'une Collection d' Oiseaux du Congo Belge
PAR J. Berlioz.
(suite)
Nectariniidés.
La série de Soui-Mangas réunie par M. Babault est particulière-
ment intéressante par les espèces rares qu’elle renferme.
Nectarinia famosa centralis v. Somm., 2 ad. — Lugégé (Ruanda),
2 novembre 1935.
Nectarinia kilimensis filiola Hartl., cf ad. — Kadjudju (Kivu), vers
1.500 m., mai 1935. c/'ad. — -Wungingi (Ruanda), 30 octobre 1935.
N ectarinia purpureiventris (Rchw.), 5 c/' en noces, 2 en
plumage de transition, 3 ? juv. ou en plumage d’éclipse,
3 Ç Ç ad. — M’Bwahi.
Ce Soui-Manga, un des plus brillants de la faune africaine, est resté
toujours assez rare dans les collections ; il n’a été trouvé en effet que
sur les hautes montagnes du Ruwenzori et du Kivu. La série men-
tionnée ici représente à peu près tous les stades de plumage de l’espèce.
La rutilante livrée des mâles en noces s’accompagne d’un grand déve-
loppement des deux rectrices médianes ; c’est certainement l’une des
espèces de Nectarinia, cbez lesquelles ce caractère atteint le maximum
de développement (chez l’un des spécimens, les rectrices médianes
ont une longueur de 180 mill., soit le double environ de la longueur
du corps depuis la pointe du bec jusqu’à l’insertion des rectrices !) ;
néanmoins ces rectrices restent relativement larges et rubanées, et
ne sont pas amincies comme chez N. Johnstonei, autre espèce à rec-
trices très développées. Certains spécimens marqués « », dont le
plumage très terne contraste avec celui des précédents, ne sont pas
distincts apparemment de ceux marqués « Ç » : sont-ce des jeunes ou
des adultes en plumage d’éclipse ? Tous les spécimens ayant été
capturés à la même époque, il est difficile de répondre à cette question,
la biologie de l’espèce étant encore inconnue et les modalités du
changement de plumage chez les mâles de nombreux Nectariniidés
étant assez obscurément définies. Deux des spécimens, en plumage
de transition, présentent déjà des plages métalliques éclatantes parmi
1. Cf. Bull. Mus. VIII, fasc. IV, p. 327.
— 491
leur plumage terne : ce sont d’abord les ailes, puis l’uropygium et le
ventre, sur lesquels semble apparaître en premier lieu la brillante
livrée de noces.
Cinnyris chloropygius orphogaster Rchw., ad. — ? Kadjudju.
Cinnyris Reichenowi Sharpe, 2 ? ad. — ■ M’Bwabi.
Cinnyris regius Rchw., 4 a* cf ad., ? Q ad. — M’Bwahi.
Ces trois espèces de Cinnyris appartiennent évidemment à un
même groupe morphologique, dont le chloropygius est le représentant
le plus répandu dans les régions basses d’une grande partie de l’Afrique
tropicale, tandis que les Reichenowi et regius sont au contraire des
espèces plus localisées et isolées dans les hautes altitudes, la première
dans les montagnes du Cameroun aussi bien que dans les hauts
massifs de l’Afrique centrale, le regius seulement dans ces derniers
(Ruwenzori, Kivu, etc.).
D’autre part, les C. Reichenowi et regius sont si semblables l’un à
l’autre par leurs proportions et les détails de coloration de leur
plumage (les seules différences résident dans la coloration de l’abdo-
men et des sous-caudales, ainsi que dans la queue cunéiforme des
mâles adultes de C. regius] que l’on peut garder quelque doute au
sujet de leur statut respectif. Bien plus, d’après Gyldenstolpe
{l. c., p. 93), on peut même observer chez C. Reichenowi des spécimens
à sous-caudales marquées de rouge, ce qui serait encore un caractère
tendant vers regius. Il est difficile d’affirmer auquel de ces deux
Soui-Mangas on doit attribuer l’unique 9 signalée ici : nous la ran-
geons avec un point de doute comme C. regius, à cause de la teinte
jaunâtre assez intense de l’abdomen, — sans doute un rappel du
caractère du mâle.
Cyanomitra oerticalis oiridisplendens (Rchw.), cf ad. Kadjudju.
Cyanomitra Alinæ çulcanorum (Hart.), 3 0* cf ad., 1 ? cf imm. —
M’Bwahi.
Cas analogue à celui des précédents : voici deux espèces apparem-
ment très voisines d’aspect, qui semblent se remplacer mutuellement,
le C. i^erticalis aux altitudes plus basses (bien que Kadjudju, aü bord
du Lac Kivu, soit situé déjà à 1.450 mètres d’altitude, sa faune est
celle des régions basses de l’Afrique), le C. Alinæ sur les montagnes.
Ce dernier a un bec plus long que le premier et des teintes assez diffé-
rentes, bien que la nature et la distribution des couleurs soient tout
à fait lesi mêmes, au moins chez les mâles adultes. Il ne semble pas
que les df^fférents plumages de C. Alinæ, espèce encore rare dans les
musées, gjoient bien connus selon l’âge et le sexe : nous signalons ici
comme rqâle immature, avec un point de doute ?, un sujet ne différant
des autreis que par ses proportions plus faibles, la teinte grise moins
foncée d^ la poitrine et l’absence de touffes pleurales jaunes. Or ces
— 492 —
particularités ne se trouvent pas chez les C. çerticalis immatures,
espèce chez laquelle les touffes pleurales jaunes, caractère essentielle-
ment masculin, sont déjà perceptibles bien avant que les plages
métalliques de la gorge et de la tête soient entièrement constituées.
Chalcomitra angolensis (Less.), , cf ad. — M’Bwahi.
Anthreptes collaris hypodilus (Jard.), o’ imm. — M’Bwahi.
Ces deux dernières espèces ont un habitat fort étendu, aussi bien
en superficie qu’en altitude.
Plocéidés.
Cryptospiza Jacksoni Shell., cf ad. ■ — M’Bwahi.
Estrilda astrild Nyanzæ Neum., Ç ad. — M’Bwahi.
Fringillidés.
Serinus capistratus (Finsch), cf ad. - — • Kishushu.
Poliospiza Burtoni Tanganyicæ (Granv.), ? ad. — M’Bwahi.
Sturnidés.
Buphagus afr. africanus L., 3 ad. — Costermansville, 27 septem-
bre 1935.
Pæoptera Stuhlmanni (Rchw.), ? Ç ad. — Kadjudju.
Cette rare espèce paraît typique de la région du Kivu. Le spécimen
ici mentionné, de sexe indéterminé, présente à la page inférieure des
ailes la couleur rousse caractéristique des femelles, moins accentuée
toutefois et moins nettement délimitée que chez d’autres exemplaires.
Oriolidés.
Oriolus Perciçali O.-Gr., cf ad., Ç imm. — M’Bwahi, août.
Le spécimen cf adulte a les quatre rectrices médianes d’un noir
profond uniforme, les autres rectrices étant noires avec la pointe
jaune. Le spécimen noté comme Ç par le collecteur a en réalité
plutôt l’aspect d’un jeune, comparativement aux autres formes voi-
sines d'Oriolus : bec noirâtre, masque noir déjà très bien défini,
varié de bordures jaunes aux plumes de la gorge, abdomen jaune vif,
rectrices comme chez le cf adulte, mais plus acuminées.
h’O. Perciçali reste une forme particulièrement énigmatique, que
d’aucuns considèrent comme une mutation mélanique d’une autre
forme, parmi le groupe complexe des Loriots masqués africains alliés
à VO. monacha : il paraît régner chez ces Oiseaux une certaine varia-
bilité individuelle, qui en rend l’étude particulièrement délicate et
difficile même avec de longues séries comparatives. L’O. Perciçali
possède des caractères mixtes, rappelant VO. Bolleti par la couleur
des ailes et VO. nigripennis par celle de la queue.
493
Sur la lèvre supérieure et la valvule buccale
DE Gobius (Awaous) Louveli g. Petit.
PAR G. Petit.
Au cours de ma description d’une espèce nouvelle de Gobius de
Madagascar [Gobius (Awaous) Louçeli G. Petit) i, j’ai indiqué
quels aspects offraient, d’une part, la lèvre supérieure, découpée en
larges franges épithéliales et, d’autre part, le vélum buccal ou val-
vule buccale ^ horizontalement tendu en arrière des rangées den-
taires supérieures.
De telles dispositions, présentées chez notre espèce, d’une manière
très accusée, m’ont incité à rechercher quelle était la constitution
des lames épithéliales de la lèvre supérieure et de la valvule buccale.
Bien que notre spécimen de Gobius Louoeli n’ai pas été conservé en
vue d’études histologiques, il m’a paru utile de faire part des consta-
tations auxquelles cet examen a donné lieu.
Les franges qui découpent la lèvre supérieure ont leur axe occupé
par un tissu conjonctif dense, très vascularisé, envoyant des digita-
tions dans l’épithélium. Cet épithélium est beaucoup plus épais sur
la face ventrale des franges que sur leur face dorsale ; il est de
même très épais dans leur région distale. Des parties latérales vers
la région médiane, on assiste, sur les coupes, à l’extension du tissu
conjonctif jusqu’à l’extrémité des franges. Dans les coupes passant
dans la région sagittale, l’épithélium de la partie distale s’épaissit
considérablement aux dépens du tissu conjonctif qui peut consti-
tuer des noyaux isolés. Cet épithélium comprend une couche pro-
fonde, bordnre basale de cellules cylindriques à noyau allongé, et
qui s’orientent perpendiculairement au tissu conjonctif®.
La régularité de cette orientation ne se manifeste pas d’une
manière égale tout le long de la surface conjonctive. Une obliquité
se manifeste déjà sur le pourtour des digitations conjonctives. La
désorientation s’accentue dans la zone médiane de l’épithélium et
aboutit à la constitution d’une couche superficielle, formée de
1. Bull. Muséum, n® 5, 1936, p. 388-393, 2 fig.
2. Ce terme de valvule buccale est employé en raison du rôle que joue ce repli dans
les manœuvres respiratoires des Poissons, repli dorsal et ventral empêchant le reflux
de l’eau.
3. La membrane elle-même n’est pas visible sur nos coupes.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 6, 1936.
— 494 —
cellules parallèles au bord des franges latérales. Elles Sont aplaties,
avec noyau très étiré, et placées les unes sur les autres. Les coupes
les plus latérales révèlent au sein de l’épithélium distal de la frange,
une accumulation de grosses cellules, d’apparence granuleuse. Plus
près de l’extrémité, elles affectent des contours irréguliers, se
déforment pour acquérir un aspect sacciforme. C’est ainsi qu’on les
retrouve, alignées d’une manière presque continue, à la surface des
franges latérales. On peut encore dire qu’elles affectent une forme de
bouteille, avec col rétréci, ou de massue. On les dénomme aussi
cellules caliciformes, par analogie avec celles qui ont été décrites par
Fig. 1. — Coupe sagittale d’une frange labiale de Gobius Louveli G. Petit. Les cellules
(en noir) en bordure de l’épithélium sont les cellules muqueuses.
ScHULTZE (1867) dans l’épithélium des villosités intestinales. Ce
sont des cellules à mucus (comme le montre sans conteste l’emploi
du muci-carmin, l’un des meilleurs réactifs du mucus), avec un noyau
relégué dans la partie inférieure de la cellule.
Ce nom de cellules sacciformes qui les caractérise morphologique-
ment (PicTET, 1909) nous paraît préférable aux termes de cellules
claviformes, ou de cellules en massue qui peuvent prêter à confusion.
1. A. PicTET : Contribution à l’étude histologique du tube digestif des Poissons
cyprinoïdes. Rev. Suisse de Zoologie, t. 17, 1909, p. î 78, pl. J et II.
— 495 —
Ces mots risquent, en efîet, d’évoquer une toute autre catégorie
d’éléments cellulaires, les Kolbenzellen des auteurs allemands, très
bien étudiés notamment par Oxner Ce sont des cellules très diffé-
rentes des cellules à mucus, volumineuses, rondes, polygonales, ou
allongées avec un gros noyau situé dans la portion médiane ou
supérieure de la cellule, dont la partie inférieure est en contact avec
la membrane basale. Elles progressent en s’amincissant vers la sur-
face où elles s’éliminent par expulsion hors de l’épithélium
D. Miyadi (1928) ^ signale dans la peau de Misgurnus anguillicau-
datus (Cantor) [Cyprinidés], des cellules à mucus et des cellules en
massue {clamted cells) qui paraissent bien être, pour lui, des Kolhen-
zellen ; il les représente (pl. XXIII) Sous forme de cellules arrondies
ou ovalaires avec noyau central, encombrant toute l’épaisseur de
l’épithélium, tandis que les cellules à mucus, se rangent en bordure
avec l’aspect de cellules étirées en forme de bouteille. Cet auteur
dit qu’à l’inverse de Leydig il n’a pas discerné de formes intermé-
diaires entre les cellules à mucus et les cellules en massue ( cla^ated
cells). Leydig, en efîet, n’avait pas distingué la nature très parti-
culière des vraies cellules en massue. Elles n’ont été bien définies
qu’en 1861, par M. Schultze
Effectivement si les clavated cells de Miyadi répondent bien aux
Kolbenzellen des auteurs allemands, on ne saurait prétendre que les
cellules de ce type et les cellules à mucus vraies sont deux états
différents d’une même catégorie cellulaire.
Sur nos coupes des franges latérales de G. Louoeli, par contre, où
nous n’avons à faire qu’à des cellules sacciformes, qui ne sm.t que des
cellules à mucus, il y a tous les passages entre la forme ronde et la
forme étirée qui est celle des cellules expulsant leur contenu en
surface.
Nous n’avons pu discerner, dans nos coupes, la présence d’organes
sensoriels, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’existent pas.
La valvule buccale, en coupe transversale, montre les faits sui-
vants. La face inférieure est rectiligne, bordée par des cellules
muqueuses très nombreuses. L’épithélium est peu épais avec une
rangée basale de cellules cylindriques très nette.
1. M. Oxner : Ueber die Kolbenzellen in dcr Epidermis der Fiscbe ; ihre Form,
Verteilung, Entstchung und Bedeutung. Jenaische Zeilschr. ISaiurwiss. N. F. Bd. 33,
1905, p. 589-643.
2. Les Kolbenzellen ont été signalées chez des Polyptéridés, chez des Cyprinidés, des
S.'luridés (Oslairiophysi), des Apodes, de (iadidés.
3. D. Miyadi : Notes on the Skin and the cutaneous sense (.)rgans of some Cobitoid
and Gasterosteid Fishes, r\ith spécial rci'eience to the rudimentary Nature of the latéral
canal System. Mem. Coll. Sc., Kyoto lmp. Uniç. S® B., vol. IV, n° 2, art. 4, 1929,
p. 81-96.
4. F. Leydig. Ueber die Haut einiger Süssv,asserfische. Zeilschr. wissenschajt.
Zool. Bd. 111, 1851, p. 1-12.
5. Archü’. f. Anai. phys.und iviss. Medic., 1861.
— 496 —
Sur la face supérieure, l’épithélium est beaucoup plus épais. En
outre, la surface s’orne de papilles très saillantes, d’aspect fongi-
forme ; sur la ligne médiane une grosse papille se scinde, à son extré-
mité distale, en deux papilles divergentes.
L’aspect des cellules muqueuses, encore ici très nombreuses, diffère
de celui qu’elles offraient sur la face inférieure du vélum. Là, en
effet, elles se trouvaient rigoureusement en bordure de l’épithélium ;
rondes ou ovalaires, elles affleuraient, le plus souvent, sous cet
aspect, pour déverser leur contenu ; rarement elles prenaient l’allure
piriforme, toujours peu accusé, du reste. Au contraire, sur la face
supérieure de la valvule buccale, les cellules rondes ne se voient que
dans la profondeur de l’épithélium. Les cellules alignées en bordure
sont étirées, claviformes, revêtant l’aspect habituel qu’elles offraient
sur les coupes intéressant la lèvre supérieure. Les deux formes que
présentent ces cellules montrent bien qu’elles appartiennent au
Fig. 2. — Coupe transversale de la valvule buccale du Gobius Loweli G. Petit. A l’ex-
trémité de chacune des papilles de droite, se voit un bourgeon terminal (endknospen).
même type cellulaire, l’aspect claviforme apparaissant quand elles
ont à s’insinuer parmi une plus grande épaisseur de cellules épithé-
liales.
La valvule buccale de Gobius Louoeli prend un autre intérêt du
fait de la présence, dans le sommet des papilles qui s’y érigent,
d’organes sensoriels que nous n’avons pu déceler dans les coupes de
la lèvre supérieure. On peut en trouver jusqu’à trois, assez rap-
prochés, au sommet d’une seule papille du vélum. Il est permis de
noter dans la partie inférieure, élargie, de l’organe, les cellules de
soutien, fusiformes, avec un noyau situé dans la partie moyenne ou
supérieure de la cellule et de discerner, beaucoup plus effilées, les
cellules sensorielles.
La question des organes sensoriels cutanés des Poissons est comme
alourdie par une nomenclature complexe. Nous avons tenté, récem-
ment, d’y apporter un peu de clarté ^ ; nous n’y reviendrons pas ici.
1. G. Petit et P. Budker : Contribution à l’étude de la différenciation des dents
cutanées, liée à la présence des cryptes sensorielles, chez quelques espèces de Sélaciens.
BuU. Inst. Océan., n° 69.5, avril 1936, p. 1046, 14 fig.
— 497 -
Les organes sensoriels de la valvule buccale de notre Gobius rentrent
dans la catégorie des bourgeons terminaux (terminal buds, taste
buds, Endknospen, becherfôrmige Organe, Geschmacksknospen). Ils
peuvent se rencontrer dans la bouche des Poissons, à l’entrée de
l’œsophage, dans la région branchiale, mais aussi dans la peau. Le
nom qui leur est parfois donné implique le rôle gustatif, qui leur
serait dévolu. Les observations éthologiques qui pourront être faites
à l’avenir sur Gobius (Awaous) Louçeli, confirmeront sans nul doute
les données que peut nous fournir l’examen de sa morphologie géné-
rale. Animal de cours d’eau ou de fleuves aux eaux sombres, au lit
vaseux, ce Gobius est une espèce adaptée à la vie benthique et
dans une certaine mesure à la vie fouisseuse. Le découpage de la
lèvre supérieure en franges épithéliales et les coussinets épithéliaux
qu’elles présentent indiquent son rôle dans la recherche de la nour-
riture sur le fond. Même si, grâce à un matériel convenablement
fixé, on mettait en évidence la présence d’organes sensoriels sur
cette lèvre, il peut apparaître dès maintenant certain qu’un rôle
sensoriel plus accusé est dévolu à la valvule buccale.
(Laboratoire des Pêches et productions coloniales d’origine animale.)
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
32
— 498 —
A PROPOS DE L’INTERPRÉTATION LAMARCKIENNE DE LA DYSSYMÉ-
TRIE DES Poissons dits Pleuronectes (Psettodoidea et
Pleuronectoidea).
PAR Paul Chabanaud.
Du fait de l’exception remarquable qu’ils représentent, parmi les
Vertébrés, comme étant les seuls qui se montrent, à l’état adulte,
privés de symétrie bilatérale, les Téléostéens de l’ordre des Psetto-
doidea et ceux de l’ordre des Pleuronectoidea, autrement dit les Pleu-
ronectes ou encore les Heterosomata, n’ont cessé, de longue date, de
retenir l’attention des observateurs. Pour les naturalistes qui ont
envisagé le problème du point de vue causal, le phénomène de la
migration oculaire et la dyssymétrie générale qui en paraît être la
conséquence trouveraient leur origine dans l’exagération de la
compression bilatérale du corps et dans l’habitude, qui aurait été
prise par l’ancêtre symétrique, lorsqu’il se repose sur le fond, de
se coucher sur son côté droit ou sur son côté gauche. Certain
Labridé de la faune américaine, Tautoga onitis Linné, connu pour
dormir dans cette position, fournit un argument à l’appui de cette
thèse.
Loin de méconnaîtri l’évidence de la parenté qui, à divers degrés,
relie aux Percoïdes typiques la totalité des Téléostéens dyssymé-
triques, je crois cependant avoir démontré l’impossibilité de consi-
dérer ceux-ci comme dérivant d’une souche unique. Force est
donc de mettre l’adoption primordiale du decubitus latéral au
compte d’un nombre assez élevé d’ancêtres supposés symétriques
hypothèse qui n’a d’ailleurs rien d’invraisemblable, puisque ces
multiples ancêtres appartiendraient tous à un même phylum.
L’intensité de la compression bilatérale qui affecte le corps des
Poissons pleuronectes semble en rapport avec le degré de leur
différenciation dyssymétrique et, par conséquent, de leur adaptation
à la vie benthique. Rien n’oblige cependant à considérer cette com-
pression bilatérale, ni comme le résultat d’un usage invétéré du
decubitus latéral, ni comme la cause déterminante, soit du decubitus
latéral lui-même, soit de la version somatique, en même temps que
de la migration oculaire. En effet, tandis que Tautoga onitis ne pré-
sente rien qui soit particulièrement remarquable à cet égard, nom-
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
499 —
breux sont les Téléostéens, répartis dans des groupes fort divers
(les Zeus, les Drepane, les Chaetodon, les V orner, les Platax, par
exemple), qui, bien que n’abandonnant que par accident l’at-
titude verticale, ne le cèdent en rien, quant à l’intensité de la
compression bilatérale, aux plus spécialisés d’entre les Téléostéens
dyssymétriques.
L’état symétrique ne saurait être envisagé autrement que comme
la réalisation d’une tendance générale de la morphogénèse des êtres
organisés. Il s’en faut néanmoins que, dans le règne Animal, cette
tendance soit toujours réalisée. Hormis les Héliozoaires, les Radio-
laires et bon nombre de Foraminifères, la plupart des Protozoaires
ne sont nullement symétriques. Chez beaucoup de Métazoaires, la
symétrie n’est qu’approximative ou seulement apparente ; souvent
elle se détruit à un moment quelconque du développement ; il arrive
aussi que l’organisme passe par une succession de phases symétriques
et dyssymétriques, avant d’acquérir son habitus définitif.
La forme habituelle de la symétrie des Animaux est la bilatéralité.
Seuls font peut-être exception les Radiolaires et les Héliozoaires,
qui sont sphériques. La symétrie radiaire des Cœlentérés, la diplosy-
métrie des Cténophores impliquent la symétrie bilatérale. On ne sau-
rait dire actuellement, je crois, si les fuseaux cinétiques ou les plaques
équatoriales de la segmentation ovulaire possèdent une symétrie
effective et spécifique, mais la plupart des œufs segmentés sont
symétriques, souvent même dès la fécondation (croissant gris ;
orientation des deux premiers blastomères). La segmentation spirale
n’est pas un dyssymétrie.
Rares sont toutefois les types morphologiques (tels les Polychètes,
les Arthropodes, les Tuniciers) dont l’on puisse dire que les deux
moitiés, droite et gauche du corps se font, ah ovo, effectivement et
constamment équilibre. L’habitus symétrique dissimule fréquem-
ment, au contraire, une profonde dyssymétrie ontogénétique.
Témoin les Echinodermes (changement de l’orientation de l’axe
somatique ; dyssymétrie cœlomique) ou les Vertébrés eux-mêmes
(cœur ; crosse aortique ; artère cœliaco-mésentérique ; foie ; etc.).
La dyssymétrie des Gastropodes et celle des Lamellibranches,
succédant à une symétrie embryonnaire, est trop connue pour qu’il
ne soit pas superflu d’y insister.
Le développement de Branchiostoma lanceolatum, le classique
Amphioxus, offre le plus bel exemple qui se puisse choisir d’une
dyssymétrie ontogénétique, périodiquement masquée sous les
apparences d’une symétrie parfaite ou peu s’en faut. Si connues
qu’elles soient, les phases de ce développement méritent d’être
brièvement rappelées.
A un œuf dyssymétrique ab initia succède une blastula, puis une
gastrula rigoureusement symétriques ; mais la dyssymétrie ontogéné-
500 ~
tique réapparaît soudain chez la larve : la fossette préorale et la
bouche se forment sur le côté gauche, Tendostyle, toutes les fentes
branchiales et les deux métapleures naissent du côté droit. Ces
organes se transportent finalement sur la face ventrale, d’où résulte
un adulte qui serait parfaitement symétrique, n’était la situation
de son anus, de son atrium postérieur et de son foie, car l’anus
s’ouvre à gauche de la nageoire anale, l’atrium postérieur et le foie se
trouvent à gauche du tube digestif.
Dès lors qu’une dyssymétrie ontogénétique peut être dissimulée,
à n’importe quel moment de l’existence, par une symétrie générale,
purement topographique, rien d’impossible que la symétrie de
l’embryon et celle de l’alevin des Pleuronectoidea ne soient, elles
aussi, qu’apparentes. Il peut en être ainsi pour les Psettodoidea,
encore inconnus à ces périodes de leur existence.
Pour exceptionnelle qu’elle soit parmi les Vertébrés craniotes, la
dyssymétrie des Téléostéens en question est donc loin de cons-
tituer un fait isolé dans le règne Animal.
La claire intelligence du problème de la dyssymétrie des Psetto-
doidea et des Pleuronectoidea nécessite le rappel des différents états
sous lesquels se constitue leur chiasma opticum. Les observations
de Parker ^ qui ont porté sur plus de 2.000 individus, appartenant
à un grand nombre de groupes de Téléostéens, démontrent l’indiffé-
rence dans les formes symétriques, du sens du croisement des nerfs
optiques : le nerf de l’un des yeux est soit dorsal, soit ventral, par
rapport au nerf de l’autre œil et cela, pour moitié du contingent
des individus étudiés d’une même espèce.
Chez les Pleuronectoidea, Parker définit deux types de chiasma
opticum ; le chiasma dimorphique et le chiasma monomorphique.
Le chiasma est réputé dimorphique dans les deux cas suivants :
1° la migration oculaire s’étant effectuée dans le même sens pour
plusieurs individus appartenant à une même espèce, chez laquelle
la version somatique est réversible, le nerf de l’œil migrateur a été
trouvé en situation tantôt dorsale, tantôt ventrale, par rapport au
nerf de l’œil fixe ; 2® quel que soit le sens de la migration oculaire,
pour une espèce dont la version somatique est considérée comme
irréversible, c’est-à-dire que tous les spécimens connus de cette
espèce sont dextres ou sénestres, le nerf de l’œil migrateur s’est
toujours montré en situation dorsale, par rapport au nerf de l’œil
fixe 2. En conséquence, la migration oculaire tend constamment à
délier le chiasma opticum, sans toutefois en jamais réaliser le décroi-
sement ; cela, parce que l’effet de la migration oculaire n’intéresse
1. En ce qui concerne les Téléostéens dyssymétriques, les observations de Paeker
ont été ultérieurement complétées par Regan en par Wu.
2. Dans l’état actuel des connaissances acquises, on ne saurait dire s’il existe ou
non deux modes différents du dimorphisme du chiasma opticum.
— 501
que la partie des nerfs qui est périphérique par rapport au chiasma.
Le chiasma est monomorphique lorsque le nerf de l’œil typique-
ment migrateur est invariablement dorsal, par rapport au nerf de
l’œil typiquement fixe et cela, sans égard à la dextralité ou à la
sinistralité de l’individu. En conséquence, dans une espèce sénestre,
l’œil droit étant typiquement migrateur, c’est le nerf de cet œil qui
croise dorsalement le nerf de l’œil gauche, aussi bien chez les indi-
vidus normaux, c’est-à-dire sénestres, que chez les individus inversés,
c’est-à-dire dextres. Dans de telles espèces, la migration oculaire des
individus normaux (sénestres, s’ils appartiennent à une espèce
sénestre et réciproquement) tend au décroisement du chiasma et ses
conséquences sont identiques à celles que l’on observe dans les
espèces à chiasma dimorphique. Dans les espèces à chiasma mono-
morphique, la migration oculaire des individus inversés (dextres,
pour une espèce sénestre et réciproquement) s’effectue suivant un
sens en accord avec celui du chiasma ; dès lors, le nerf de l’œil
typiquement fixe, mais devenu migrateur (l’œil gauche d’un spéci-
men dextre, appartenant à une espèce sénestre ; l’œil droit d’un spéci-
men sénestre, appartenant à une espèce dextre) croise de nouveau le
nerf de l’œil typiquement migrateur, mais demeuré fixe. Il existe
donc, en pareil cas, deux croisements des nerfs optiques ; un croise-
ment mésal, le chiasma, qui est constant, et un croisement péri-
phérique, solidaire de la migration oculaire et qui est occasionnel i.
Dans un travail précédent, j’ai montré la concordance qui se
manifeste entre l’état du chiasma opticum et la situation de l’œil
migrateur, par rapport à l’œil fixe. Lorsque le chiasma est dimor-
phique (Psettodoidea -, Pleuronectoidea soleiformes), l’œil migrateur
se place toujours, si peu que ce soit, en avant de l’aplomb de l’œil
fixe. Dan les formes à chiasma monomorphique (Pleuronectoidea
pleuronectiformes), c’est le contraire qui a lieu ; l’œil migrateur est
partiellement postérieur à l’aplomb de l’œil fixe
Le monomorphisme du chiasma opticum ne détermine pas le
sens de la migration oculaire, laquelle se montre réversible chez
certaines espèces ; entre autres : Tephrinectes sinensis Lacépède,
parmi les Scophthalmidae ; Paralichthys californicus Ayres, Pla-
tichthys stellatus Parlas, parmi les Pleuronectidae. Le flet, Platichthys
1. Il va sans dire qu’au niveau du chiasma, les 2 nerfs optiques ne sont séparés l’un
de l’autre que par le névrilemme, tandis que le septum interorbitaire, membraneux
ou ossifié, s’interpose entre ces 2 nerfs, au niveau de leur croisement périphérique.
2. Extérieurement, le rapport des aplombs est déterminé par le centre des 2 yeux ;
anatomiquement, cette dilférence est précisée par la situation de la limite rostrale de
l’orbite migratrice, eu égard à la limite rostrale de l’orbite fixe.
Parmi les Pleuronectoidea soleiformes de la famille des Achiridæ, les Gj/mnachirus
et genres voisins font exception à cette règle générale ; l’œil migrateur se place quelque
peu en arrière de l’aplomb de l’œil fixe. Les Gymnachirus sont des organismes étran-
ges, dont l’extrême rareté est cause de l’ignorance presque complète dans laquelle
nous nous trouvons encore au sujet de leur anatomie.
- 502
flesus L., qui appartient à cette dernière famille et qui est normale-
ment dextre, présente des cas fréquents d’inversion totale (spécimens
sénestres).
Si l’indétermination du sens de la migration oculaire ne saurait
surprendre chez les Psttodoidea, à cause du dimorphisme de leur
chiasma opticum, il est remarquable de constater la fixité du
sens de cette migration dans l’ensemble des Pleuronectoidea solei-
formes ( Achiridae, Soleidae, Cyno gloss idae), chez lesquels le chiasma
est également dimorphique. Chez les Soleidae, les spécimens inver-
sés, encore qu’extrêmement rares, ne sont cependant pas introu-
vables ; j’en ai, pour ma part, observé 4 ou 5, sur les quelques cen-
taines de Solea solea L. qui me sont passés par les mains.
Les mâchoires nadirales des Achiridae et des Soleidae sont connues
pour présenter une forme toute différente de celle qui caractérise
leurs homologues zénithales ; beaucoup plus puissantes que celles-ci
et protractiles latéralement, ces mâchoires nadirales sont seules
dentées ; seules enfin, elles assument le rôle d’organes de la manduca-
tion. Or l’occasion m’a été donnée d’examiner un petit nombre de
Solea solea et de Pegusa lascaris Risso, qui ont ceci de remarquable
que leurs deux mâchoires zénithales sont du type nadiral et en tous
points semblables à leurs propres mâchoires nadirales. Cette parti-
cularité s’accompagne de quelques autres anomalies de la région
céphalique, telles que la présence, du côté des yeux, de cils épider-
miques, organes tactiles, spéciaux à la face aveugle de ces animaux.
Ces sortes d’anomalies me semblent devoir être interprétées
comme des cas d’inversion partielle, c’est-à-dire comme un désaccord
local entre le sens de la version somatique et celui de la migration
oculaire. L’ambicoloration individuelle, d’exemple si fréquent et
mainte fois décrit, l’albinisme zénithal, plus rare, mais également
connu, albinisme total ou limité, sont autant d’accidents non sans
rapport avec l’inversion partielle.
L’inversion partielle n’est pas toujours individuelle ; certains
caractères spécifiques s’y rattachent sans aucun doute. D’ordinaire,
en effet, lorsque les deux nageoires pectorales ne sont pas de forme
identique, la zénithale atteint une dimension plus considérable que
la nadirale, laquelle peut même faire totalement défaut ( Samaris,
parmi les Pleuronectidae -, Monochirus, parmi les Soleidae). Or il
n’en est pas toujours ainsi, dans la famille des Soleidae.
Les deux pectorales de Pegusa lascaris Risso sont ordinairement
semblables ; rarement la nadirale se montre plus réduite que la
zénithale. Chez une espèce voisine, Synapturichthys kleini Rona-
PARTE, lorsque ces deux nageoires ne sont pas de même dimension,
c’est la nadirale qui est la plus grande et il en est fréquemment de
même dans le genre Zebrias. Finalement, le renversement du rapport
habituel de la dimension devient constant pour les pectorales de
— 503 —
toutes les espèces du genre Synaptura (meo sensu 1930) et notamment
chez Synaptura lusitanica Capello ; dans ce genre, c’est la pecto-
rale zénithale qui est toujours la plus courte.
Dernière retnarque. Déterminée ou non, la version somatique,
qu’elle soit dextre ou sénestre, n’affecte pas la morphologie tout
entière : l’artère cœliaco-mésentérique demeure constamment dextre,
par rapport à l’aorte dorsale ; le foie se place toujours à gaucjie de
l’intestin.
Le tableau suivant résume la systématique générale des Téléos-
téens dyssymétriques et montre comment se répartissent, dans les
principaux groupes, la nature de la versinn somatique (déterminée
ou non), le sens de cette version et enfin les deux types (type dimor-
phique et type monomorphique) du chiasma opticum.
Les conclusions à tirer de cet ensemble d’observations seront les
suivantes :
1° Le dimorphisme du chiasma opticum suppose nécessairement
une symétrie prélarvaire ; c’est le cas de Psettodoidea et celui des
Pleur onectoidea soleiformes.
2o Le monomorphisme du chiasma opticum suppose nécessaire-
ment une dÿssymétrie prélarvaire ; c’est le propre des Pleuronec-
toidea pleuronectijormes.
3° La migration oculaire est un phénomène indépendant du
dimorphisme ou du monomorphisme chiasmatiques. L’orientation
de la migration oculaire, la position réciproque des nerfs optiques,
au niveau du chiasma et enfin le type de celui-ci ne peuvent être régis
que par des gênes différents.
40 Evidemment déterminée par le sens de la migration oculaire, la
version somatique manifeste cependant une certaine indépendance
à l’égard de ce phénomène ; les exemples d’inversion partielle en
sont la preuve. L’indépendance relative de ces deux phénomènes
les suppose sous la dépendance de gênes particuliers.
50 Même conclusion en ce qui concerne les phénomènes dyssy-
métriques, d’une part, et, d’autre part, la localisation des annexes
intestinales, ainsi que la dextralité constante de l’artère cœliaco-
mésentérique.
6° L’association, dans un même type morphologique, de deux
phénomènes opposés l’un à l’autre, le monomorphisme (stabilité)
du chiasma opticum et l’indétermination (instabilité) de la migration
oculaire, rend indéfendable l’interprétation lamarckienne du déter-
minisme de la dyssymétrie. L’habitude du decubitus latéral est un
tropisme déterminé par des facteurs intrinsèques et l’effet mécanique
résultant de cette habitude ne saurait intervenir qu’en qualité d’am-
plificateur de phénomènes déjà déterminés dans l’alevin symétrique,
voire dans l’embryon.
N
1. Les Scophtkalmidae et les Pleuronectidae constituent, en réalité, 2 superfamilles, les Scophihalmides et les Pleiironectides, qui ne sont défi-
nissables, l’une à l’égard de l’autre, que par le sens de leur version somatique, ainsi que par la présence, chez les premiers, et par l’absence, chez
les seconds, d’un globule d’huile dans le deutoplasme ovulaire. Les Pleuronectides comprennent plusieurs familles, elles-mêmes divisibles en
sous-familles.
2. La version somatique de certaines espèces e.st indéterminée ou imparfaitement déterminée.
3. L’inversion totale ou partielle est extrêmement rare ; elle se rencontre cependant, notamment chez Solea solea Tj.
504
— 505 —
BIBLIOGRAPHIE
Chabanaud (P.). Le neurocrâne osseux des Téléostéens dyssymétriques
après la métamorphose. Ann. Inst. Océan., 16, 1936, pp. 223-297.
Norman (J. R.). A systematic Monograph of the Flatfishes, vol. 1, Lon-
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Parker (G. H.). The optic chiasma on Teleosts and its bearing on the
asymmetry of the Heterosomata. Bull. Mus. Comp. ZooL, 40, 1903,
pp. 221-242, 1 tab.
Regan (G. T.). The origin and évolution of the Teleostean Fishes of the
order Heterosomata. Ann. Mag. Nat. Hist., (8), 6, 1910, pp. 484-496.
Wu (H. W.). Contribution à l’étude morphologique, biologique et systé-
matique des Poissons hétérosomes de la Chine. Thèses de Paris, A 244,
no 268, 1932, 8°, 179 p.
Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale.
Contribution a uéthologie des Poissons Abyssaux
PAR M. Léon Bertin.
Bien que l’on ait beaucoup étudié les Poissons des grandes profon-
deurs marines, on est encore très mal renseigné sur leur distribution
verticale, leur locomotion, leur alimentation et leurs mœurs. Ce lent
progrès de leur éthologie est dû : à la rareté des spécimens recueil-
lis ; 2° à l’emploi des filets verticaux sans fermeture (fdets de Chun,
de Bourré, de Richard) qui, remontés par exemple de 4.000 mètres
à la surface, ne donnent aucune indication sur les profondeurs
réelles où ont été effectuées les captures.
L’emploi généralisé des filets horizontaux ne date guère que des
expéditions océanographiques du Thor (1904-1910), du Michael-
Sars (1910) et du Dana (1920-1930). La méthode de pêche consiste
à plonger dans la mer et à traîner lentement, pendant une durée
déterminée, un câble sur lequel sont fixés, de distance en distance,
des chaluts ou des filets en étamine qui fonctionnent par conséquent
horizontalement. Au moment de la remontée du câble, les poches
des filets se rabattent et se ferment. On peut donc admettre, — et
l’expérience confirme, — que chacune ne ramène en surface que les
animaux pris à la profondeur où elle a été traînée. La comparaison
des captures effectuées simultanément par les divers filets renseigne
à son tour sur les différences faunistiques aux diverses profondeurs.
A ces avantages principaux s’ajoute, dans les croisières récentes,
une extrême richesse de documentation quant aux circonstances des
captures. Il suffit de consulter, par exemple, V Introduction aux
Rapports de F Expédition Océanographique du « Dana » autour du
monde (1928-30) pour voir que chacune est accompagnée de ren-
seignements précis sur ses date, heure, latitude, longitude, longueur
du câble, nature et dimensions de l’engin, durée de la pêche, état de
la mer et du ciel, température de l’eau aux diverses profondeurs, etc.
A ces données multiples s’ajoutent les résultats de 8.181 sondages
par le son. On verra bientôt quel usage peut en être fait dans l’inter-
prétation du mode de locomotion des animaux capturés. En outre,
l’abondance des pêches permet d’obtenir des statistiques du plus
haut intérêt.
C’est dans ces conditions optima que j’ai pu aborder l’éthologie
des Poissons abyssaux et, plus précisément, des Poissons Apodes
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n“ 6, 1936.
507 —
vivant dans les grandes profondeurs marines J’ai étudié principale-
ment, — pour ne citer que ceux dont les nombres d’exemplaires,
inscrits ci-dessous entre parenthèses, ont permis l’étude statistique
de leur répartition verticale, — les cinq genres Nemichthys (277),
Açocettina (91) Serrwomer (354), Eury pharynx (62) et Cyema (42).
Les conclusions qui vont suivre ne s’appliquent strictement qu’à ces
Poissons Apodes et ne sauraient être étendues, au moins provisoire-
ment, aux Poissons d’autres groupes.
Répartition verticale. — Chaque genre fréquente une zone verticale
assez étendue et qui peut aller de quelques centaines de mètres au-
dessous d« la surface jusqu’à plusieurs milliers de mètres. Dans cet
immense habitat, la méthode statistique permet cependant de
définir un niveau de prédilection où se tient la majorité des individus.
Ainsi, les Nemichthys s’opposent à tous les autres par leur fréquenta-
tion des couches les moins profondes. Puis viennent, dans l’ordre
d’abyssalité croissante : Aaocettina, Serrwomer, Eurypharynx et
Cyema.
1. Profondeur calculée pour tenir compte de l’inclinaison du câble.
Tandis que la proportion % des individus capturés diminue du
genre N emichthys au genre Cyema en ce qui concerne la zone super-
ficielle (moins de 330 mètres), elle augmente dans le même sens en
ce qui concerne la zone profonde (plus de 1.500 mètres). Le maximum
de distribution est dans la zone superficielle pour Nemichthys, dans
la zone moyenne peur Aoocettina, Serrwomer et Eurypharynx, dans
la zone vraiment profonde pour Cyema qui est un des Apodes les plus
abyssaux.
Une remarque ici s’impose ; tandis que N emichthys et Aoocettina
ont de gros yeux, Serrwomer, Eurypharynx et Cyema en ont de très
petits. La coloration est d’un jaune clair dans le premier genre et
1. Roiti.f. et Bertin : Les Poissons Apodes appartenant au sous-ordre des Némich-
thydiformes (Rep. Danish « Dana » Expédition 1920-22, Copenhaque, 1929, n° 4). —
Bertin : Les Poissons Apodes appartenant au sous ordre des Lyomères ( « Dana »
Reports, Copenhague, 1934, n“ 3). — Bertin : Les Poissons abyssau.v du genre Cyema
(Anatomie, Embryologie, Bionomie) ( « Dana » Reports, Copenhague, 1936, n® 10).
~ 508 —
d’un noir plus ou moins foncé ou argenté chez les suivants, Eury-
pharynx possède seul des organes lumineux.
Locomotion. — L’observation des Anguilles et des Congres impose
à tort l’idée qu’il s’agit de Poissons sédentaires et fouisseurs ou aimant
à s’abriter dans des cavités naturelles. Or, s’il en est ainsi pendant
une partie de la vie de ces animaux, leur vie reproductrice est au
contraire toute de natation rapide et de longs voyages au sein des
eaux océaniques. Les Apodes abyssaux paraissent doués de même
d’un fort pouvoir de natation. Même les moins aptes en apparence
à se mouvoir sont bathypélagiques et non benthiques.
Comparés à la plupart des autres Apodes, les N emichthys se font
remarquer par la grande largeur de leurs nageoires impaires, surtout
considérables, toutes proportions gardées, sur le fdament caudal.
Celui-ci constitue, lorsque les nageoires qui l’encadrent sont étalées,
une palette natatoire des plus amples. L’animal qui la possède ne
saurait passer son existence à ramper sur le fond, ni à s’enfoncer
dans le creux des roches ou dans la vase. En fait, les 277 spécimens
du « Dana » ont été pris à une grande distance du sol sous-marin.
Les Serrivomer ressemblent davantage aux Anguilles. Or, sur
250 exemplaires, 11 seulement ont été capturés près du fond et 74
à moins de 1.000 mètres du fond. Il s’agit donc incontestablement,
comme pour les N emichthys, de nageurs de pleine eau.
J’ai fait récemment une démonstration analogue pour les Cyema.
Reste maintenant le cas des Eury pharynx qui, avec leur tête
volumineuse et lourde terminant un corps émacié, paraissent être
impropres à la natation. Or voici, mises en regard les unes des autres,
la profondeur de la mer, la longueur de câble employée et la pro-
fondeur réelle du lieu de la capture (déduite de la longueur de câble)
pour un certain nombre de stations à Eurypharynx du « Dana » :
- 509 -
On voit que les 17 Eurypharynx capturés dans ces diverses stations
ont été pris entre 1.000 et 2.500 mètres de la surface de la mer et
entre 1.200 et 3.300 mètres du fond de la mer. Loin d’appartenir au
benthos, ce sont donc des animaux essentiellement bathypélagiques
et qui doivent posséder, malgré les apparences, un assez fort pouvoir
de nata.tion dans les eaux calmes des grands fonds.
Alimentation. — Les Serrivomer ressemblent tellement aux
Anguilles qu’on ne peut douter qu’ils se nourrissent comme elles
de proies vivantes saisies en pleine eau et rapidement ingérées. Mais
quel peut être le régime alimentaire d’un Nemichthys, d’un Aoo-
cettina ou d’un Cyema au long bec grêle garni de dents en lime ?
Quel peut être, d’autre part, celui d’un Saccopharynx ou d’un Eury-
pharynx dont la gueule immense est disposée en forme de poche ou
d’entonnoir ? La réponse à ces questions est fournie par l’examen des
contenus stomacaux.
Un Nemichthys long seulement de 650 mm. et large de 6 contenait
dans son estomac dilaté une Crevette de 58 mm. de longueur, sans
compter les antennes, et grosse en proportion. Cette observation
a été complétée récemment par d’autres analogues. Günther
mentionne de même qu’un Aoocettina, remonté de 800 mètres par le
Challenger, renfermait une Crevette rouge de mer profonde.
Des quatre Eurypharynx examinés par Zugmayer, le contenu de
l’estomac se composait de restes et de débris de toutes sortes, de
musculature autant que d’autres parties de Poissons et de Crustacés,
de Vers et, probablement, d’autres animaux. Vaillant a trouvé dans
un estomac à’ Eurypharynx des débris d’Oursin. J’ai trouvé moi-
même, dans l’estomac de plusieurs individus, des Crevettes ( Ser-
gestes atlanticus) de 30 à 40 mm. de longueur, avalées d’une seule
pièce. Cette découverte rappelle beaucoup celle de Crevettes dans
les Nemichthys. Il ne doit pas y avoir, entre ces deux genres de Pois-
sons abyssaux, une bien grande différence d’alimentation, malgré
l’écart énorme qui sépare le « bec de bécasse » d’un Nemichthys de la
« poche de pélican » d’un Eurypharynx. L’idée d’une adaptation de
leurs mâchoires si différentes à des aliments différents doit être
abandonnée.
Chose curieuse, les Poissons Apodes du nouveau genre Monogna-
thus 1, dépourvus de mâchoire supérieure, se nourrissent aussi de
Crevettes que l’on retrouve intactes dans leur estomac.
Quant aux Saccopharynx, leur nourriture consiste habituellement
en Poissons. Les 4 spécimens, sur 14 actuellement connus, qui ont
été pêchés à demi-mort à la surface de la mer, avaient l’abdomen
extraordinairement dilaté par une telle proie. L’exemplaire de
1. Bertin : Un nouveau genre de Poissons Apodes caractérisé par l’absence do
mâchoire supérieure (Bull. Soc. Zool. France, 1936, t. 61).
- 510 —
Beebe avait dans son estomac deux Poissons, dont un fut vomi au
moment de la capture et le second extrait au cours de la dissection.
D’un spécimen du Dana, j’ai retiré deux petits Poissons (Cyclo-
thone) ayant 50 à 60 mm. de longueur. Jusqu’à plus ample informé,
les Saccopharynx se révèlent donc comme essentiellement pisci-
vores.
De l’état d’intégrité des proies (Crevettes ou Poissons) contenues
dans les estomacs des Apodes abyssaux peut être déduit qu’ils les
avalent d’un seul coup et sans lutte. Nageant la bouche ouverte, ce
Sont des nasses vivantes comme le sont également, dans un autre
milieu et à l’égard d’autres proies, les Hirondelles et les Martinets en
plein vol. Je compare volontiers l’ingestion d’une proie par un
Saccopharynx à un télescopage entre deux Poissons, dont un, le plus
petit, disparaît à l’intérieur de l’autre sans pouvoir offrir la moindre
résistance.
Dégénérescence et rachitisme. — Un grand nombre d’Apodes
abyssaux (Eurypharynx, Saccopharynx, Cyema, Aoocettinops, Mono-
gnathus) possèdent des caractères de dégénérescence que l’on peut
grouper sous les chefs suivants ;
Simplification du squelette. — Réduction ou absence complète
du squelette operculaire. Absence de plusieurs os de la tête chez
Eurypharynx et Saccopharynx. Absence de mâchoire supérieure et
de supports des nageoires chez Monognathus.
2° Troubles de V ossification. — ■ Persistance fréquente de l’état
cartilagineux. Ostéomalacie. Impossibilité de radiographier certains
spécimens. Museau court, mou, flexible et atrophie de la denture
chez Aoocettinops.
3° Conservation de structures embryonnaires. — Absence de glo-
mérules de Malpighi dans les reins des Eurypharynx. Vestige persis-
tant de nageoire primordiale ou protoptérygie en avant de l’anus
chez Eurypharynx et Saccopharynx. Structure diphycerque de la
nageoire caudale des Cyema. Absence de supports aux nageoires
anale et dorsale des Monogathus.
4® Lenteur du développement. — Chez Cyema, par exemple, la
réduction de hauteur du corps se poursuit longtemps après la
métamorphose ; la nageoire caudale se sépare tardivement des
autres nageoires impaires ; longtemps subsistent les chromatoblastes
larvaires conjointement à la pigmentation définitive.
5° Dysharmonies de croissance. — • Etirement de la queue en fila-
ment caudal chez Nemichthys, Eurypharynx et Saccopharynx.
Allongement des mâchoires et de leurs suspenseurs chez ces deux
derniers genres, etc. Le résultat de ces dysharmonies est la réalisa-
tion de formes réputées monstrueuses et qui sont cependant des
511 —
genres et des espèces à caractères constants, dont on connaît plu-
sieurs dizaines d’exemplaires tous semblables et provenant des divers
océans.
Plusieurs des caractères de dégénérescence qui viennent d’être
énumérés semblent avoir pour cause un rachitisme congénital imposé
par le milieu.
D’après les données récentes de la physique les rayons ultra-
violets de l’ordre de 3.000 à 3.100 Â, c’ est-à-dire ceux qui sont les
plus efficaces au point de vue biologique, ne pénètrent pas à plus de
quelques mètres dans la masse d’eau océanique. Or, non seulement
les eaux profondes en sont dépourvues, mais elles ne bénéficient
que dans une très faible mesure du plancton irradié qui, chargé
en surface de vitamine antirachitique, est absorbé dans sa chute
par les Poissons et autres animaux des couches supérieures. Enfin un
troisième facteur de rachitisme réside dans le déséquilibre du phos-
phore et du calcium. Ce dernier est de moins en moins abondant à
mesure que la profondeur devient plus considérable.
Bien entendu, la conception d’un rachitisme des Poissons abys-
saux, n’est qu’une hypothèse, à la vérité fort séduisante, mais qui
devra être soumise à de multiples contrôles.
1. Fontaink (M.) : La pénétration des rayons ultra-violets solaires dans le milieu
marin {Bull. Soc. Océanogr. France, 1936).
— 512 —
Sur le parasitisme du Bibio hortulanus L. par un Nématode
DU GENRE RhABDITIS.
(Note Préliminaire)
PAR Rita Lux.
L’hiver dernier j’ai trouvé un Nématode du genre Rhabditis, qui
accomplit une partie de son cycle comme parasite des larves de Bihio
hortulanus L. Ces Diptères sont en général peu parasités : on n’a guère
signalé chez eux qu’une Grégarine, une Microsporidie (Keiling)
et un Diptère de la famille des Phoridés (Morris) à qui ils peuvent
servir d’hôtes.
J’ai trouvé le Rhabditis chez des larves provenant des régions les
plus différentes Les dissections révèlent la présence soit d’un indi-
vidu isolé, soit d’un petit nombre (de 2 à 6 en général), soit d’une
quantité innombrable. Il n’y a pas de cas intermédiaires. La pullula-
tion du parasite est due à la reproduction, à l’intérieur de la larve, des
quelques individus responsables de l’infestation. Le stade, la taille et
l’état physiologique des parasites que peut renfermer une larve de
Bibio sont très variés.
Cette diversité a rendu à la fois nécessaire et intéressante l’étude
du cycle du Bibio pour permettre d’établir celui du Nématode. Dans
ce but il a donc fallu entreprendre des élevages de cet Insecte qui
passe pour être très difficile à mener jusqu’au stade adulte. J’ai pu
obtenir au laboratoire tous les stades du cycle, mais j’ai également
enregistré une mortalité considérable dans mes élevages de larves.
Ce fait s’explique par l’envahissement jusqu’à épuisement complet
du Bibio par le parasite. En effet, les conditions qui ont été choisies
comme les plus favorables pour obtenir le développement et rompre
la diapause du Diptère, ont aussi eu pour résultat d’accélérer et de
favoriser le développement du parasite, et cela proportionnellement
beaucoup plus que celui de l’hôte. Il s’est donc produit un décalage
de cycle au profit du Rhabditis et cet envahissement considérable
des larves de Bibio par celui-ci. Cette infestation s’est encore aug-
mentée du fait que l’espaee dans lequel hôtes et parasites sont
1. Forêt prè d’Alençon ; Saint Lô ; Forêt de Cerisy ; Forêt près de Deauville ; Forêt
de Marly ; Sucy-en-Brie, Sceaux-Fontenay-aux-Roses ; Bois de Boulogne.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
— 513 —
confinés, est très réduit. Il suffit donc que quelques animaux soient
infestés pour que au bout de peu de temps tout l’élevage soit conta-
miné. On assiste alors à une mortalité en masse qui ne se produit
certainement pas dans la nature.
Pour établir les différents points du cycle et de la biologie du
Nématode et ses réactions vis-à-vis des facteurs qui sont à considérer
à ce point de vue, il a fallu étudier les réactions respectives de l’hôte
à ces mêmes facteurs, c’est-à-dire expérimenter sur les Insectes en
élevage. Les résultats obtenus par ces expériences, dont les protocoles
seront donnés ultérieurement, ont permis de préciser la biologie de
ce Diptère sur quelques points.
Quel est le rapport entre le cycle de Bibio hortulanus et celui du
Rhabditis ? A quel moment de la vie de l’hôte se fait l’infestation,
et à quel stade du parasite cela correspond-il ?
Il est un fait que l’on trouve, à l’état parasite, dans la larve de
Bibio : de jeunes larves du Rhabditis, des et des ^ adultes et des Ç
gravides ; et à l’état libre, sur les larves et dans le terreau des
élevages : de très jeunes adultes ?), des Ç et des Ç portant
des œufs, ce qui peut se représenter schématiquement :
phase interne , phase externe
Le parasite n’a jamais été trouvé ni chez la nymphe, ni chez
l’adulte de l’Insecte, bien que ceux-ci aient été élevés, comme les
larves, sur le même terreau infesté par les formes libres du Néma-
tode. Ce dernier ne parasite donc que la larve et cela à n’importe
quel moment de l’existence de celle-ci En effet, les larves mises en
élevage quelque soit la saison (automne, hiver ou printemps) sont
très rapidement et presque toutes contaminées, alors que les individus
témoins disséqués dès la récolte dans la nature, ne révèlent que très
rarement la présence du parasite.
S’il est ainsi établi à quel moment de la vie de l’hôte se fait l’in-
festation, il reste à déterminer à quelle phase du cycle du parasite
elle se produit. Le schéma donné plus haut, montre que pour joindre
les différents stades connus de ce cycle, il y a plusieurs possibilités
qui font l’objet d’expériences en cours.
Laboratoire de Zoologie (Vers et Crustacés) du Muséum national d’Histoire
Naturelle.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
33
— 514 —
Polypiers (Hexacoralli aires et Hydrocoralli aires) récol-
tés A LA Guadeloupe par la mission cryptogamique du
Muséum en i936.
PAR Robert Ph.-Dollfus.
Quelques-uns des polypiers récoltés au cours de la mission m’ont
été communiqués pour identification.
Madreporaria imperforata.
Fam^ Mæandrinidæ Verrill 1866.
Mæandrina cerebrum (Ellis et Solander 1786). — Une colonie à
peu près hémisphérique (hauteur env. 9 cm. 5, diamètres environ
10 X 14 cm. Largeur des vallées 5,5-8 mm., profondeur 4,5-5 mm.
Sur 1 cm. environ 15 septa (dont 13 atteignant la columelle) à 18 septa
(dont 15 atteignant la columelle). Cette espèce a été admirablement
figurée par Th. W. Vaughan (1901, p. 306-308, pl. IX-XIII) qui
adopta alors l’appellation Platygyra viridis (Le Sueur 1820)
Manicina areolata (L. 1758). — ■ Une colonie (env. 7,5 X 5 cm. 5)
brièvement pédonculée. Largeur des vallées 7-17 mm., profondeur
4-8 mm. Sur 1 cm., environ 16-18 septa (dont 9 atteignant la colu-
melle). Sur le vivant, d’après une note de couleur de Robert Lami,
cette colonie était d’un gris verdâtre pâle.
Lieu de récolte : Ilet à Fajou (Grand Cul-de-sac marin, Guade-
loupe), mars 1936 ; libre dans un herbier à Thalassia testudinum
(Solander) ( Hydrocharitacæ ) .
Fam. Mussidæ Verrill 1901.
Isophyllia sinuosa (Ellis et Solander 1786), forma marginata
(Duchassaing et Michelotti 1810). — Une colonie à peu près hémi-
sphérique (hauteur env. 8 cm., diamètre env. 14 X 15,5). Largeur
des vallées 13-18 mm., profondeur env. 5 mm. mais le 'sommet des
collines est usé ; sur le vivant la profondeur était certainement plus
grande. Sur 1 cm. environ 10 (à 11) septa dont 7 (à 8) atteignent la
columelle.
Sous le nom d’/. sinuosa (Eli. Sol.) sont réunies actuellement une
quinzaine de formes d’aspects très différents qui étaient autrefois
considérées comme des espèces indépendantes dont la plupart
furent attribuées au genre Symphyllia. La colonie que j’ai sous les
yeux comporte surtout des vallées courtes, discontinues, à peu près
1. The Stony Corals of the Porto Rican Wators. Bull. Un. St. Fish. Commission for
1900, vol. XX, second part. (1901-1902), p. 289-320, pl. 1-XXXVIII.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
— 515 —
polygonales, elle correspond à la forme décrite sous le nom de Sym-
phyllia marginata Duchassaing et Michelotti 1860 ; une colonie de
la même forme figure sous ce dernier nom dans les collections du
Muséum. Duchassaing et Michelotti (1860, p. 348) disent : « La
largeur des séries est de 14 à 17 mm., la profondeur des vallées de
12 mm. et l’on compte 12 lamelles dans l’espace d’un centimètre »
Lieu de récolte : lieu dit « Bouillante » (Guadeloupe), février 1936 ;
l’échantillon, rejeté à la côte, a quelque peu été usé par frottement.
Madreporaria perforata.
Fam. Poritidæ Dana 1848.
Parités parités (Pallas 1766), forma claaaria Lamarck 1816. —
Une colonie (env. 8 cm. 2x9 cm. 3) d’environ 5 branches irrégu-
lières, se divisant dichotomiquement en lobes aplatis et élargis.
Les calices sont subpolygonaux, il y a 9 calices sur une longueur de
1 cm. La colonie est conforme au type de Lamarck conservé au
Muséum et à une colonie récoltée à la Guadeloupe par Schramm,
étiquetée P. claaaria Lamarck dans la collection du Muséum.
T. W. Vaughan (1902, p. 56-58) ^ a montré que l’acception de
Madrepara parités Pallas 1766 ayant été ramenée à une seule espèce
qui est P. clavaria Lamarck, par Ellis et Solander (1786) puis par
Esper (1791). l’appellation P. parités (Pallas) devait être substituée
à P. claaaria Lamarck.
Lieu de récolte : Les Saintes, dragage du Fond Curé ; mars 1926 ;
un spécimen dont quelques lobes ont été usés par frottement.
Hydrozoa Hydrocorallîna.
Fam. Milleparidæ (Fleming 1828 pars) Louis Agassiz 1858.
Millepara alcicarnis L. 1758. — Trois fragments. Deux (6 cm. et
8 cm.) appartiennent à la forme plicata Esper 1790 et correspondent
bien à la pl. VIII de Millepara, de la première partie de « Die Pflan-
zenthiere in Abbildungen... »
Le troisième fragment (3 cm.) est un faisceau de petites branches
peu divergentes, les unes cylindro-coniques à extrémité mousse,
les autres plus ou moins aplaties, linguiformes, à extrémité arrondie
ou bilobée ; ce fragment rappelle un peu les formes décrites des
Antilles sous les noms de « Palmipara fasciculata » par Duchas-
saing et Mantipara gathica Duchassaing et Michelotti.
Sur le vivant, d’après les notes prises par Robert Lami, les spéci-
mens de la forme plicata étaient couleur ocre avec le bord libre jaune
pâle.
Lieu de récolte : anse de Pontpierre (Les Saintes, Terre d’en haut),
dragage d’un fond ne découvrant pas à mer basse. Mars 1936.
(Laboratoire des Pèches coloniales du Muséum).
1. Mémoire sur les Coralliaires des Antilles. Memor. délia E. Accad. dette Sc. di
Torino, ser. seconda, t. XIX, 1860, p. 279-365, pl. 1-X.
2. Somme recent changes in the nomenclature of West Indian Corals. Proceed. oj
the Biolog. Soc. of Washington, vol. XV, n'* 11, 22 mars 1902, p. 53-58.
— 516 —
Sur les AnOPLOPHRYIMORPHES (3® Note).
PAR Jean Delphy.
Cette nouvelle note sera consacrée à une vue d’ensemble néces-
saire, avant d’aller plus loin, sur la systématique des animaux
étudiés.
Cela devrait être une étude d’anatomie comparative sur tous les
représentants du groupe envisagé. Convenablement développée,
elle ne saurait trouver sa place ici, en raison de son étendue. Je me
contenterai donc, pour le moment, d’en donner ici, sous forme de
tableau, les grandes lignes, accompagnées d’un minimum de com-
mentaires. Les données de cette étude sont très éparses, assez diffi-
ciles à rassembler, assez difficiles à interpréter, surtout quand, comme
cela est arrivé même aux meilleurs, certains auteurs ont rapporté
des données antérieures en les déformant plus ou moins considé-
rablement. S’occuper d’espèces que l’on n’a jamais vues en nature
ni même en préparations est absolument inévitable ; il ne faut le
faire qu’avec la plus grande circonspection. Ceci dit, je me hâte de
rendre à nouveau un juste hommage aux beaux travaux (malgré les
inadvertances qu’on y peut trouver) de Cheissin (1930) et de
Heidenreich (1935). En prenant garde de ne pas donner à cette
expression si peu que ce soit un sens péjoratif, on peut dire que les
travaux antérieurs sur le sujet n’ont plus qu’un intérêt historique,
depuis le Mémoire de Cépède (1910) jusqu’aux essais plus ou moins
heureux de Kijenskij (1925-1926) et de Rossolimo (1926).
Les Anoplophrymorphes peuvent prendre rang d’Ordre dans le
Sous-règne des Protozoaires, Embranchement des Ciliés, Classe des
Holotriches, à côté des Apostomes de Chatton et Lwoff. En élimi-
nant dans la surabondance des genres, sous-familles et familles tout
ce qui peut et par conséquent doit l’être avec avantage, on y peut
compter quatorze genres se répartissant en cinq familles et que l’on
peut distinguer anatomiquement de la manière suivante :
1. Ni armature (telle qu’elle va être définie) ni acétabulum ou ven-
touse 2
1’. Une armature formée de pièces plus ou moins rigides (qu’on a l’habi-
tude de dire « chitineuses » et en réalité de nature à déterminer) 5
1”. Pas d’armature, mais un acétabulum ou une région, d’éten'tve très
Bulletin du Muséum, 2® t. VIII, n° 6, 1936.
517 -
variable, différenciée en forme de ventouse (constituant un
appareil dit adhésif quoique son rôle ne soit pas toujours certain).
Fam. V, Haptophryidæ 10
2. Les deux extrémités glabres.
Fam. II, Opalinopsidæ.
un seul g. : 4, Opalinopsis Fœttinger.
2’. Les extrémités portant des cils vibratiles.
Fam. I, Anoplophryidæ 3
3. Corps et noyau (macrocaryon) plus ou moins allongés 4
3’. Corps ovale ou piriforme ; noyau rond.
g. 3, Orchifophrya Cépède.
4. Corps de diamètre sensiblement uniforme ou seulement rétréci en
avant et en arrière (sauf en cas de division),
g. 1, Anoplophrya Stein.
4’. Corps moins large en avant qu’en arrière et présentant « des nœuds »
et des « ventres » dus à des constrictions transversales irrégulières,
ne coïncidant apparamment pas avec des sillons de division,
g. 2. Anglasia Jean Delphy.
5. Armature comportant un ou plusieurs spiculés longitudinaux internes.
Fam. IV, Mesnilellidæ.
un seul g. : 11, Mesnilella Cépède.
5’. Pas de spiculé interne.
Fam. III, Hoplitophryidæ 6
6. L’armature est un rostre ectoplasmatique.
Sous-fam. Herpetophryinæ 7
6’. L’armature est une formation « chitinoïde » avec des dents ou des
épines.
Sous-fam. Hoplitophryinæ 8
7. Rostre ectoplasmatique tout à fait antérieur, sans pointe saillante ;
ectoplasme lisse.
g. 5, Herpetophrya Siedlecki.
7’. Rostre ectoplasmatique antérieur avec pointe ou pointes saillantes,
g. 6, Maupasella Cépède.
7”. Rostre ectoplasmatique toujours antérieur mais plus ou moins
ventral ; do sa pointe partent, sur la face ventale, des rayons
épaissis et divergeants.
g. 7, Mrazekiella Kijenskij.
8. Des rayons comme chez les Mrazekiella.
g. 8, Anthonyella nov.
8’. Pas de rayons 9
9. L’armature est une couronne « chitinoïde » autour de la région anté-
rieure et portant des dents.
g. 10, Monodontophrya Vtjdovsky.
9’. L’armature est formée de bâtonnets ou spiculés plus ou moins
saillants.
g. 9, Hoplieophrya Stèin.
518 —
10. « Appareil fixateur antérieur, terminal, constitué par une plage
légèrement concave en relation avec des myonèmes longitudinaux »
(Cépède).
g. 12, Cépèdella Poyarkof.
10’. Un acétabulum plus ou moins large et plus ou moins profond à
l’extrémité antérieure.
g. 13, Haptophrya Stein.
10”. Toute une face (dite ventrale) en ventouse.
g. 14, Rhizocaryum Caullery et Mesnil.
Remarques :
Fam. I, Anoplophryidæ.
G. 3, Orchitophrya Cép.-G. tout provisoire : incl. (?) Pérezella Cép. et
(?) Kofoidella Cép. (au suiet de ces deux derniers, voir Chatton et Lwoff,
1935, p. 430).
Fam. II, Opalinopsidæ. — G. 4. Opalinopsis Foett. — Je ne crois pouvoir
mieux faire, pour le moment, que renvoyer à Chatton et Lwoff (1935,
p. 404-430). J’ai rappelé récemment (Société Zoologique, lO-XI-36); que
Cheissin (1930, p. 607) considère nécessaire de réunir Opalinopsis et
Crhomidina, sous ce dernier nom, en une Famille des Chromidinidæ,
dans les « Astomes ».
Fam. III, Hoplitophryidæ. — - Les deux sous-familles sont si voisines
qu’il serait peut-être mieux de ne pas les distinguer ; en pratique, ell s
sont, pour le moment, commodes.
G. 6, Maupasella Cép. — Il est fort possible qu’il doive en définitive
être réuni au g. Hoplitophrya.
G. 7, Mrazekiella Kijenskij 1925 (incl. Radiophrya Rossolimo 1926).
— • Cheissin (1930), tout en décrivant la Mr. intermedia, fait de grands
efforts pour distinguer les deux genres proposés. Aucun des caractères
invoqués n’a de valeur suffisante : la forme du corps, sur laquelle j’avais
moi-même attiré l’attention (1922, p. 531) est trop variable (voir mes
fig. B. 1 et R. 5 de 1922) ; la forme des rayons qui divergent à partir du
rostre n’a rien de constant ; quant au nombre des stries d’insertion
ciliaire, le texte même de Cheissin (p. 579) montre qu’on n’en peut tenir
compte.
G. 8, Anthonyella nov. — ■ Les espèces Radiophrya hoplites Rosso-
limi (que je propose de prendre pour type du nouveau genre établi ici)
et R. lumbrici Cheissin présentent à la fois des caractères de Radiophrya
(— Mrazekiella) et des caractères d’ Hoplitophrya. Mieux vaut sans
aucun doute les grouper à part.
G. 10. Monodontophrya Vejd. — La réunion à ce genre de V Intoshellina
Cép. s’impose, en raison du peu de différence qu’ils présentent. Par contre,
la M. (sub Intoshellina) rhynchelmis Debaisieux est bien distincte dé
la M. longissima Vjd. ne serait-ce que par la position dé l’armature,
1. Amicalement et respectueusement dédié au Prof. R. Anthony qui voulut bien,
avec notre maître Edmond Perrieb, m’appeler, en 1914, à la sous-direction du Labo-
ratoire Maritime du Muséum, alors à Tatihou.
— 519 -
ventrale dans la première espèce, alors qu’elle est terminale dans l’autre.
G. 14, Rhizocaryum Caullery et Mesnil. — La ramification du noyau
(macrocaryon) n’ést pas caractéristique; voir p. ex., Mrazekiella nucleo-
ramiformis Kij., Anthonyella (sub Radiophrya) hoplites RossoL, Anoplo-
phrya nodulata (Duj.) (in Heidenr., 1935, fig. 2, p. 529).
Additions bibliographiques :
Voir : Bull Mus., 1922, n» 7, 1936, n» 8.
Kijenskij, 1925 et 1926, Prague (Mémoires publiés en tchèque et en
russe, dont je n’ai pas pris directement connaissance).
Rossolimo, 1926, Arch. f. Protistenk. t. 54.
Rossoi-imo, 1926, Zool. Anzeig, t. 68.
— 520
Contribution a uétude de quelques Espèces Africaines
DU GENRE DiOSCOREA
PAR Aug. Chevalier.
Le genre Dioscorea a été l’objet dans ces dernières années d’études
importantes.
MM. Prain et Burkill ont consacré des travaux considérables
et de première valeur à l’étude des espèces asiatiques et malaises de
ce genre difficile.
En 1924 R. Knuth a publié dans le Pflanzenreich d’A. Engler
la Monographie des Dioscoréacées du globe. C’est un travail fonda-
mental en tant que relevé de toutes les espèces décrites, mais il ne
nous paraît pas avoir été fait avec un esprit critique suffisamment
averti. Des espèces incontestablement synonymes y figurent parfois
dans des sous-sections différentes.
L’étude anatomique de la famille est à peu près au point où l’avait
laissée C. Queva en 1894.
L’Afrique tropicale, quoique moins riche que l’Asie en espèces du
genre Dioscorea en renferme un bon nombre dispersées depuis les
confins Saharo-soudanais (il n’en existe pas ni dans le Sahara, ni dans
l’Afrique du Nord, ni dans les îles de Macaronésie) jusque (et y
compris) dans l’Afrique du Sud. Malgré les travaux importants
consacrés à ces espèces africaines par J. G. Baker (Flora of tropical
Africa, VII). Em. De Wildeman, Uline, Knuth, IIutchinson et
Dalziel, etc. il est encore quasi impossible, faute de matériel d’ber-
bier et surtout en l’absence d’observations faites sur le vif sur des
séries cultivées expérimentalement, de délimiter les espèces sponta-
nées ou subspontanées qui sont à l’origine des formes cultigènes
innombrables qui existent dans les plantations des Noirs de l’Afrique
tropicale et spécialement de l’Ouest africain. Dans une zone qui-
s’étend à la lisière nord de la forêt dense, depuis la Guinée française
et Sierra-Leone jusqu’à l’Oubangui les ignames étaient encore, il
y a peu d’années, lorsque nous avons effectué nos explorations en
Afrique, la base de la nourriture pour des peuplades représentant
plus de dix millions d’habitants.
Au cours de nos voyages, nous avons rassemblé sur ces plantes
de nombreuses notes encore inédites, principalement sur les races
cultivées.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n® 6, 1936.
Fig. 1. — Dioscorea rolundata Poir. (isotype).
Avec l’excellent travail que viennent de publier Hutchinson et
Dalziel dans leur Flora of West tropical Africa, nous avons cherché
à grouper sous les rubriques spécifiques qu’ils ont admises les formes
pour lesquelles nous possédons du matériel d’herbier, mais nous
nous sommes aperçu que le cadre qu’ils ont admis, bien que mieux
— 522
coordonné par ceux de leurs prédécesseurs, était pourtant encore très
incomplet.
Aussi nous nous proposons dans les pages qui suivent de donner
un premier aperçu de nos observations sur les Dioscorea africains.
L’ordre que nous suivons est autant que possible celui qui est admis
par Knuth, l’auteur de la Monographie la plus récente.
Sect. Enantiophyllum Uline.
Dioscorea alata L.
Espèce hybridogène certainement introduite en Afrique tropicale
où elle ne se rencontre jamais qu’à l’état cultivé. En aucun point
nous ne l’avons rencontrée à l’état subspontané. Elle fleurit très rare-
ment et à notre connaissance donne exclusivement des fleurs mâles
en Afrique.
Prain et Burkill ont établi d’une manière indiscutable que cette
espèce est originaire d’ Indo-Malaisie et que sa culture y a pris nais-
sance. Dans la péninsule malaise, dans l’Inde, en Indochine, dans les
îles du Pacifique, il existe un nombre infini de variétés cultivées et
parfois de formes subspontanées. Selon Burkill l’espèce dériverait
de D. persimilis Prain et Burkill et de D. Hamiltoni Hook. f. La
première espèce vit au Tonkin et dans les parties avoisinantes de la
Chine, la seconde dans le N. E. de l’Inde, dans les montagnes de
Malabar et de Tenasserim. L’évolution de l’espèce a dû commencer
dans l’Asie du Sud-Est, c’est-à-dire vers l’Indochine. La forme pri-
mitive était à enracinement profond : certaines variétés de Malaisie
pénètrent jusqu’à 2 m. de profondeur dans le sol. Des variétés de
choix s’enfonçant moins profondément avaient déjà été obtenues
lorsque les Noirs, lors de leur migration vers le continent africain,
apportaient avec eux sur la terre d’Afrique les Bananiers et les
Ignames de cette espèce. L’espèce s’est répandue en Afrique tropi-
cale, de l’est à l’ouest, en Afrique centrale, puis jusqu’en Angola, au
Gabon, en Guinée française. Il est certain que sa venue dans ces
contrées est très ancienne et qu’elle a joué, lorsque le Manioc et le
Maïs n’existaient pas en Afrique, un rôle plus important que de nos
jours. Elle est à peine cultivée dans les jardins des Noirs de la zone
soudanaise, la longue saison sèche de cette contrée ne convient pas
à cette culture : dix mois de végétation et au moins six mois de
saisop. pluvieuse. Au contraire, dans la zone guinéenne, sur la lisière
de la forêt, ainsi que dans la forêt dense, cette culture a parfois une
certaine importance, bien qu’elle soit partout en régression. Là où
l’igname est encore, pendant plusieurs mois, la base de la nourriture,
on cultive davantage des variétés du groupe D. cayenensis.
Les variétés de ü. alata cultivées en Afrique sont beaucoup moins
nombreuses qu’en Indo-Malaisie. Dans les régions où la culture de
— 523 —
cette espèce est la plus développée, par exemple au Baoulé (Côte
d’ivoire), ou n’en connaît pas plus de quatre ou cinq variétés, à peau
blanchâtre, noirâtre ou violacée, à chair blanche ou rougeâtre. Elles
sont moins estimées que les Ignames du groupe D cayenensis, mais
elles donnent des rendements plus élevés et certaines variétés se
conservent très longtemps.
Les noms vernaculaires que nous avons relevés pour cette espèce
sont :
Casamance, Soudan français, Haute Guinée : Goua, Gouara, Goua-
gara (hamhara), Balantaniambo (mandingue), Bosétogué (balante),
Oucomaoua (diola).
Côte d’ivoire : Goua, Gouangana (guerzé),Z)d (toura), Nza, Nzioua,
Torogoua, Bété-hété (baoulé), Namasou, Dosou (basse côte), Béra-
béra, Bra-bra (ébrié).
Dahomey ; Fouo, Fouho (dahoméen), Anougan (savalou), Houra
(nago), Kiamfa (dassa), Sakata (dendi). Sakourou (bariha), Sinnoré
(somha).
L’espèce ne produisant qu’éxceptionnellement des fleurs en Afrique,
mais des rameaux feuillés toujours semblables à eux-mêmes, nous
l’avons rarement récoltée.
Casamance : Adéane (Chev. 2571).
Soudan français : Koulicoro, cultivé dans les jardins (Chev. 2569).
Côte d’ivoire : Mankono, variété Gouagara ou Ouagara.
Dahomey ; Dassa-Zoumé (Chev. 23613) ; Monts Atacora, chez les
Sombas (Chev. 24149), variété Sakourou (bariba).
Haut-Oubangui : Krébédjé (Chev. 5419).
Sect. Opsophyton Uline.
Dîoscorea macroura Harms.
Espèce de l’Onest et du centre africain, à tubercules et bulbilles
toxiques, présentant plusieurs variétés cultivées comme plantes
magiques. L’espèce à l’état spontané existe dans l’Ouest et le centre
africain, mais elle est rare.
Au Dahomey, dans le pays des Dassas, elle est cultivée autour des
greniers à sorgho, probablement comme liane ornementale, mais
aussi pour empêcher les moutons de s’approcher des greniers {sic !).
On la nomme Goué-goué (dassa), Goudou- goudou (dahoméen). Dans
l’Onbangui, chez les Bondjos, une race à petits bulbilles violets est
cultivée dans les villages comme plante fétiche. On emploie anssi les
bulbilles dans la fabrication du poison des flèches.
Tiges cylindriques robustes, pouvant s’élever à 10 m. de hauteur,
ayant jusqu’à 13 mm. de diam. à la base. Feuilles glabres, opposées
ou alternées, couvertes d’une pruine glaucescente, à pétiole robuste,
long de 15 cm., canaliculé en dessus, dilaté à la base et présentant une
— 524
paire d’oreillettes de 15 mm. de diam., non confluentes, à limbe
largement ovale-réniforme, sublobé, cordé à la base, de 20 cm. de
long, (non compris racumen)etde 25 à 28 cm. de large, le lobe médian
deltoïde, brusquement terminé par un long acumen linéaire-subulé,
de 8 à 10 cm. de long, à tissus épaissis et canaliculés, beaucoup plus
court sur les tiges grêles.
Bulbilles (dans la forme du Dahomey), grisâtres, ovoïdes ou sub-
sphériques, de 2 cm. de diam.
Moyen Dahomey : Pays des Dassas, village de Moumou, dans les
rochers, semble spontané (Chev. 23621 et 23626) ; montagne de
Savalou (Chev. 23692).
Gold-Coast : Olokomedji (Chev. 14060).
Oubangui : Pays Bondio, Bangui, plante à bulbilles violets cul-
tivée (Chev. 5196).
Dioscorea bulbifera L., var. birmanica Prain et Burkill. Journ.
Proceed. Asiat. Soc. Bengal, nouvelle série, X, 1914, 26.
Plante cultivée, ayant une grande analogie avec D. latifolia var.
anthropophagorum, mais certainement importée et s’éloignant peu des
régions côtières, sauf dans les contrées où ont pénétré les caravanes
de Noirs islamisés.
Tiges robustes portant exclusivement des bidbilles et jamais
d’inflorescences (du moins en Afrique).
Bulbilles gros, subtriquètres de couleur cendrée-grisâtre ou presque
blancs, chair blanche, ferme, non âcre, constituant après cuisson
un aliment agréable.
La plante est rarement cultivée en grand, mais on la trouve dans
les jardins près des habitations, spécialement dans les contrées
habitées autrefois par les Portugais qui semblent l’avoir introduite
en Afrique Occidentale. En Afrique Orientale elle a probablement
été apportée par les Arabes.
Dans l’Ouest africain les bulbilles vendus parfois sur les marchés
sont connus sous les noms de Dana, Danda (aux Antilles la plante est
aussi désignée sous ces noms), Dan-dan (malinké), Kamou (mandiago)
Kamako (floup), Kanoum (diola) ; Mi (dan), Ka (baoulé), Mourongo
(kassonké) ; Aghabli, Guité sindé (dahoméen) ; Guité sodé, Djitésodé
(dassa) ; Doundou mbissa (dendi) ; Mokourou (bariba).
Soudan français : Kita (Chev. 2570) ; Casamance : commun chez
les Floups qui disent l’avoir reçu des Portugais !
Côte d’ivoire : Mankono (Chev. 21941).
Dioscorea latifolia Benth. in Hook. Niger Flora, 1849, p. 535 ;
D. bulbifera mult. auct. (pro parte) ; D. satioa mult. auct. (pro
parte).
525
Espèce polymorphe très répandue à l’état spontané dans toute
l’Afrique tropicale, spécialement dans les régions à saison sèche
courte (3 à 6 mois) et à saison pluvieuse comportant de 0 m. 75 à
2 m. de pluies par an. Abondant dans la zone guinéenne ; ne se
rencontre dans la forêt équatoriale que dans les clairières.
Tubercules et bulbilles presque toujours toxiques, consommés
seulement en temps de famine et après avoir subi une longue pré-
paration.
Diffère de D. bulbifera L. par des caractères difficiles à définir ;
paraît cependant spécifiquement distinct, les deux espèces ayant
une aire géographique bien différente puisque D. bulbifera L. vit
à l’état spontané en Asie orientale (abondant dans la brousse d’In-
dochine !) et en Malaisie et que D. tatifolia est spécial à l’Afrique tro-
picale. Il manque à Madagascar.
Tiges cylindriques mais en séchant se séparant en deux faisceaux
par une double rainure. Feuilles constamment alternes (comme
dans D. bulbifera) mais à pétiole ordinairement plus long et plus
grêle, souvent comme aplati à sa base ; limbe plus membraneux ovale-
lancéolé ou suborbiculaire, souvent plus large que long, à sinus ordi-
nairement évasé et peu profond ; oreillettes courtes et arrondies ;
acumen très long et effilé ; nervilles très apparentes et bien parallèles ;
le limbe est souvent décurrent sur le pétiole par une aile étroite,
finement ondulée. Rachis des inflorescences toujours vert ; inflores-
cences mâles en grappes composées pendantes, longues parfois de
30 à 60 cm., souvent aussi plus courtes.
Inflorescences femelles en grappes simples, réunies par faisceaux de
2 à 6 à l’aisselle des feuilles, longues de 5 à 30 cm. au moment de
l’anthèse, ayant trois étamines fertiles entourant ordinairement le
pistil, de sorte que la fleur est hermaphrodite ; au début de l’anthèse
elles ont une agréable odeur de muguet [dans D. bulbifera les fleuts
sont également parfumées (Poilane)]. Boutons floraux d’un vert
clair, devenant ensuite blancs ; les Globes de la corolle sitôt épanouis
sont blancs, puis ils deviennent en vieillissant d’un violet-pourpre ;
anthères et pollen jaunâtres ; ovaire ovoïde, d’un vert clair. Fruits
elliptiques allongés, chaque aile semi-cordée à la base, arrondie au
sommet qui est apiculé.
Outre les variétés décrites ci-après, il en existe sans doute d’autres
en Afrique tropicale, les unes spontanées, les autres cultivées.
C’est ainsi que J. de Briey a signalé sous le nom de Massoko et
Massoko ya Fioke deux Ignames cultivées pour leurs bulbilles (elles
ne produisent pas de tubercules en terre) comestibles dont la
dimension ne dépasse pas celle d’un œuf ou d’une tomate et qui
paraissent bien distinctes des formes du groupe anthropophagorum.
Nous avons nous-même observé à la Côte d’ivoire, environs de
Zaranou, une Igname bulbifère, cultivée par les Noirs pour ses bul-
526
billes aériens comestibles, de petite taille, à épiderme rugueux et à
chair rouge lie de vin, connue sous le nom ôi’ Akkai. Elle appartient
aussi sans doute à l’espèce latifolia. Malheureusement, nous n’en
avons pas rapporté de spécimens.
Dioscorea latifolia Benth. var. senegambica var. nov. ^
Plante de petite taille, à tiges grêles, s’élevant au maximum à
1 m. 50 de haut, grimpant habituellement dans les graminées de la
savane. Feuilles petites, ovales-hastées ou hastées-lancéolées, à
sinus large ou même à base tronquée, mesurant 5,7 cm. X 4,5 à
6 cm. 5. Bulbille minuscules, de la taille d’un pois ou d’une fève
(3 à 8 mm. de diam.), arrondis, verruqueux, grisâtres. Inflorescences
très grêles et peu nombreuses.
Le tubercule souterrain est recherché en temps de famine et il peut
être mangé après avoir cuit sous la cendre.
A Kouroussa, d’après Pobéguin, le tubercule est parfois mangé,
mais il faut le faire cuire assez longtemps. Il est un peu moins bon
que le Niambi (D. Lecardi).
Nous pensons que c’est cet Igname que le R. P. Sébire indique
(Plantes utiles du Sénégal, p. 264) sous les noms de Kêo ou Ngolgol
en Wolof, Tât en none, Gap au Ndoute comme vivant dans les forêts
de Thiès et de Ngazobil (Sénégal) et donnant des racines petites,
longues, avec une chair un peu amère, mais qui devient douce à la
cuisson. « C’est, ajoute-t-il, une vraie ressource pour les moments de
disette ; elle produit à l’aisselle des feuilles beaucoup de bulbilles
qui donnent des sujets très promptement. »
Sénégal : Pays des Nones (Leprieur) ; Casamance, nommé
Bayoulo (mandingue), Diéban, Karamba (diola), Boussou boulé
(balante) !
Guinée française ; Kouroussa (Pobéguin, 1074). D’après ce col-
lecteur, l’espèce nommée Dianfossaka croît en bonne terre. Son tuber-
cule souterrain est assez gros, eomestible.
Haut-Oubangui : Bangui (Chev. 5197, 5233) ; Krébedjé (Chev.
5422).
Dioscorea latifolia Benth. var. sylvestris comb. nov. ^ ; D. anthro-
pophagorum A. Chev. var. syloestris A. Chev. Etudes Fl. Afr. centr.
(nomen nudum).
Plante robuste, grimpant dans les arbustes et les arbres à 3 à 5 m.
de hauteur et parfois (lorsque le tubercule est âgé) jusqu’à 10 m.
1. Dioscorea latifoliaBenih.var. senegambica var. nov. Caules teretiusculi,\m.^O allae.
FoHa parva ovato-hastata vel hastato-lanceolata, hasi sinu lalo vel Iruncato, 5-7 cm. longa,
4, 5-6 cm. lata. Bulbilli minimi, globosi admodum verrucosi, crassitudine pisi vel fabae,
racemi pauci, graciïl issimi .
2. Dioscorea latifolia Benth. var. sylvestris var. nov. Planta robusta, 3-5 m. interdum
10 m. alla. Bulbilli 2-5 cm. magno diametro, cinerei, plerumque verrucosi, carne alba
ttcrida.
— 527 —
fit 30 m. de haut (Caille). Bulbilles de 2 à 5 cm. de plus grand dia-
mètre, à périderme grisâtre, ordinairement vèrruqueux ; chair
blanche très âcre, même après cuisson.
Les bulbilles très toxiques ne sont consommés qu’après avoir
trempé très longtemps dans l’eau et seulement pendant les périodes
de grandes famines. Même après cuisson prolongée dans la cendre
rouge, ils peuvent produire des empoisonnements. Cependant les
Noirs peuvent en manger impunément (Hedin). Toutefois Thollon
rapporte qu’au Gabon, l’ingestion des feuilles et des bulbilles fait
périr les bœufs.
Guinée française : très abondante dans la brousse ! Kouria (Caille
in H. Chev. 14700) ; Ymbo-Orobé (Caille in H. Chev. 17452) ;
Irébéléya (Chev. 18238) ; entre Timbo et Ditinn (Chev. 18519).
Plateau de Dalaba-Diaguissa (Chev. 18366).
Côte d’ivoire ; région Man-Touba, nommé Gbeidé en yapouba
(PORTÈRES 125).
Cameroun : Dibenga (Hédin 1456), nommé N gol en bko et Ban
(yaoundé).
Gabon : commun aux environs de Libreville (Kl aine 3244) où
la plante se nomme Pimbarogué ; Mayumbe (Chev. 11291).
Haut-Oubangui : Krébedjé (Chev. 5420, 5423).
Dioscorea latifolia Benth. var. anthropophagorum comb. nov. ^ ;
D. anthropophagorum A. Chev. (nomnud.) Végét. utiles Afrique trop,
franç., I, 1905, p. 80 ; Etudes Fl. Afrique cent., I, 1913, p. 309.
Plante cultivée de grande taille, à tiges pouvant s’élever de 3 à
6 m. de hauteur, ayant un tubercule souterrain insignifiant mais
produisant des bulbilles à l’aisselle des feuilles, gros (6 à 10 cm. de
grand diamètre), subtriquètres, échancrés à la base, à épiderme lisse,
blanc ou grisâtre. Chair d’un blanc légèrement jaunâtre, de saveur
douce après cuisson. Bace cultivée par les Bandas et les Mandjias
de l’Oubangui et par les peuplades forestières du bassin du Congo.
La saveur est fade et les variétés de ce groupe ont une valeur très
inférieure à celle des bulbilles du D. bulbifera comestible qui n’est
pas connu là où existe D. latifolia var. anthropophagorum.
Cette race d’ignames nommée Ekéré (banda) est représentée par
plusieurs variétés cultivées.
Nous en avons observé deux dans la régions de Krébedjé :
var. Temeri-Kouda (banda) : bulbilles blancs et aplatis;
vap. Boukré (banda) : bulbilles bruns, de forme variable.
Le R. P. Daigre a observé dans l’Oubangui les trois variétés
embwé, oto, bélékpwa.
1. Dioscorea latifolia Benth. var. anthropophagorum. Planta cutla, 3-6 m. alla. Bulhilli
magni, 6-10 cm. diametro, subtriquetri basa inciso, albo-cinerei, fere laeves ; carne albo-
lutea, sapore dulce.
— 528 —
Haut-Oubangui : Diouma dans la Haute Ombella cr^, type (Chev,
5931) ; Pays des Mbrous (Chev. 5935, 5985), Krébédjé Ç (Chev.
5418) ; Pays des Bondjos (Chev. 5160), 5165 his).
Chari central : Souka (Chev. 9035) ; Ngara (Chev. 8422 ter).
Dioscorea latîfolîa Benth. var. contralatrones var. nov. ^
/
Bulbilles gros, irréguliers, à angles arrondis, ordinairement de la
grosseur du poing et pouvant peser 150 grammes. Périderme gri-
sâtre verruqueux, chair blanc-verdâtre, très amère. Parfois aussi le
périderme et la chair sont violacés.
Cultivé dans les villages Bandas et Mandjias comme plante fétiche
et pour éloigner les voleurs des plantations d’ignames. A cet effet on
plante quelques bulbilles du groupe toxique parmi les sortes alimen-
taires. Les bulbilles sont très toxiques ; quand on les mâche, même
cuits, ils produisent une vive irritation sur les muqueuses de la
bouche.
Les pilleurs de plantations ne pouvant distinguer les bonnes des
mauvaises sortes ne touchent pas aux bulbilles de la race anthropo-
phagorum. Cependant d’après Baudon il est facile de distinguer les
deux races. Outre les caractères tirés des bulbilles on peut les
différencier par les feuilles. Elles ont la même forme et les mêmes
dimensions dans les deux races, mais dans les plantes non alimentaires
le limbe est boursoufflé entre les nervures secondaires, alors qu’il est
absolument plat dans les autres. Nous doutons que ces caractères
soient constants.
Nous avons observé à Krébédjé deux variétés de ce groupe, l’une
nommée Krékoto et l’autre Krékébaga.
Haut-Oubangui : bassin de la Haute Ombella, Diouma (Chev.
5930).
D. latifolia Benth. var. longipetiolata comb. nov. ; D. longipetio-
lata Baudon in Heckel, Annales Musée Col. Marseille, série 3, I
(1913) 236.
Feuilles plus larges que longues ; pétiole long (12 cm.) ; racèmes
dépassant 40 cm.
Haut-Oubangui : Kaga M’Bra (Baudon, 1853).
D. latifolia Benth. var. violacea comb. nov. ; D. oiolacea Baudon,.
Annales Musée colonial Marseille, série 3, I, (1913), 242 fig.
Feuilles plus longues que larges violacées, pétiole moyen (7 cm.).
Bulbilles violacés allongés, fusiformes, de 10 cm. de long et de
1. Dioscorea latifolia oar. contralatrones çar. noo. Bulbilli magni valde irregulares,
angulis obiusis, usque ad 150 gr. graves, cinerei vel violacei verrucosi. Carne albo-viride
vel violacea, aniarissima.
— 529 —
3 cm. de large, avec un étranglement au milieu. Vernac : Kouré
(banda).
Haut-Oubangui : Pays des M’Brès (Baudon, 1723).
Dîoscorea sansibarensîs Pax.
Plante grimpante bulbillifère, à feuilles opposées, cordées, légère-
ment pubescentes en dessous ; bulbilles aériens très toxiques, em-
ployés parfois pour la pêche et pour des empoisonnements criminels.
, Nom vernaculaire : Kiazi kikun (swaheli) mot à m. patate grande.
L’Herbier du Muséum possède l’espèce de Zanzibar (Sacleux
591) ; Mozambique (Surcouf).
Le B. P. Sacleux, excellent botaniste qui résida longtemps dans
les missions de la Côte orientale d’Afrique, nous a fait connaître
qu’il avait failli un jour succomber pour avoir mangé des bulbilles
de cette espèce prise pour l’Igname bulbifère souvent cultivée à la
côte orientale. Les bulbilles cuites n’avaient aucune saveur amère
et étaient plutôt agréables. L’intoxication ne se fit sentir que quel-
ques heures après l’absorption. Le malade ressentit de violents
troubles au cœur et il resta pendant trois jours entre la vie et la
mort. Le médecin lui fit absorber de nombreux grogs de tafia. Des
vomissements survinrent seulement le troisième jour et il se rétablit
lentement.
Sect. Lasiophyton Uline.
Dîoscorea dumetorum (Kunth) Pax ; Helmia dumetorum Kunth ;
D. triphylla L. var. dumetorum Knuth.
D. dumetorum exclusivement africain, est une espèce très affine
de D. triphylla L. [D. daemona Roxb.) d’Asie tropicale. Malaisie et
Philippines, au point que Knuth réunit les deux formes en une seule
espèce, le dumetorum n’étant qu’une variété généralement plus
tomenteuse du type asiatique. La raison qui nous a fait séparer
D. bulbifera et D. latifolia nous détermine aussi à différencier spécifi-
quement D. triphylla et D. dumetorum.
D. dumetorum est commun dans la brousse et sur les lisières fores-
tières de l’Afrique tropicale, depuis l’Atlantique jusqu’à la côte
orientale de Mozambique, puis du Sénégal à l’Angola. Il est fréquem-
ment spontané dans cette vaste contrée, dans les brousses tropophiles.
Chez diverses peuplades noires on trouve aussi des races cultivées à
tubercules comestibles sans avoir à subir une longue préparation
spéciale.
Au contraire la plante sauvage a un tubercule très toxique. On
ne la consomme en temps de famine qu’après lui avoir ^ait subir une
longue macération dans l’eau courante (pendant cinq jours).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936. 34
- 530 —
Dans les régions que nous avons visitées, la plante spontanée porte
les noms suivants :
Soudan : Couha (bambara), Laliman (soninké), Boudé (malinké de
Haute-Guinée, d’après Pobéguin). ■ — Haut-Oubangui : Kcndjo
(mandjia). Cf. Herb. Chev. n® 6266.
Le tubercule peut devenir très gros et être profondément enterré.
Plus souvent, autour du pivot rayonnent des tubercules plus ou
moins digités et obliques garnis de racines grêles, étalées non épi-
neuses.
La tige glaucescente, velue est hérissée d’épines au moins jusqu’à
une certaine hauteur.
La plante est commune dans la savane soudanaise ; elle résiste
aux feux de brousse. Cependant elle se réfugie souvent sur les ter-
mitières. Nous l’avons trouvée jusqu’en Afrique centrale : vallée de
la rivière Nana dans le Haut-Oubangui (Chev. 6266), région de
Ndellé (Chev. 7207), Chari moyen : pays des Saras et des Ndams
(Chev. 8676 et 8602).
Dans beaucoup de contrées, les indigènes, même affamés, ne
touchent pas au tubercule, le considérant comme très dangereux.
Les variétés cultivées de D. dumetorurn sont peu nombreuses et
ne s’observent que chez d’assez rares peuplades. Nous n’en avons pas
observé au Soudan, ni en Guinée française, ni à la Côte d’ivoire. Par
contre la cvdture de D. dumetorurn est assez répandue au Dahomey.
Il y porte les noms suivants : Léfé, Eléfé (dahoméen), Pansourérou
(dassa), Yésékou (bariba), Doundou Kiré (dendi).
Au Cameroun il existe aussi des dumetorurn cultivés (Hédin !)
nommés Enkoa (ngoumba), Asso (yaoundé) ; nous en avons vu dans
le Moyen Chari chez les Saras (Chev. 8676).
Dans l’Oubangui nous avons surpris en quelque sorte la proto-
culture de cette plante. Lors de notre voyage de 1902, nous sur-
prîmes xin campement de Bondjos déterrant les tubercules du dume-
torum dans la brousse et ceux de ces tubercules qui n’étaient pas
immédiatement mangés étaient plantés dans les jardins.
Les variétés cultivées ont une chair également amère et très
mucilagineuse. Le tubercule coupé doit cuire pendant des heures
avant de pouvoir être mangé. La chair jaunit f n cuisant. On la mange
en tranches, mais on ne peut la réduire en farine.
Dioscorea dumetorurn Pax var. lanuginosa var. nov. Eoliola
juoenila utrinque tomentosa, adulta suhtus indumenta alho tomeniosa.
Côte d’ivoire ; Toula (Chev. 19561).
Dioscorea dumetorurn Pax var. glabrescens var. nov.
Eoliola adulta suhglabra, juoenila suhtus paulo pilosa.
Soudan français : brousse du Yatenga de Ouahigouya à Koro
(Chev. 24807).
— 531 —
Dioscorea dumetorum Pax var. vespertîlio (comb. nov.) ; D. çes-
pertilio Benth.
Tiges subinermes, folioles subglabres ; inflorescences souvent
avortées, remplacées par de petits bulbilles.
Guinée française : plateau de Dalaba-Diaguissa, 1.000 à 1.300 m.
ait. (Chev. 18772).
Dioscorea dumetorun Pax var. Schweînfurthiana comb. nov. ;
D. Schweinfurthiana Pax.
Dahomey : Dassa-Zoumé (Chev. 23611).
Sect. Botryosycios (Hochst.) Uline.
Dioscorea phaseoloides Pax.
Espèce voisine de D. dumetorum, mais beaucoup plus grêle, subi-
nerme.
Folioles ob’anceolées acuminées, subglabres et très minces.
Tubercule de petite taille mais mangé néanmoins parles Sarouas
du Chari en période de famine.
Croît dans les terrains en partie inondés à la saison des pluies.
Chari central : abords du lac Iro, Mélé et Koulfé (Chev. 9076 et
9190).
Baguirmi méridional : Koubou (Chev. 9365), Bahr Erguig (Chev.
9370).
L’espèce n’était connue que dans le Ilaut-Nil (Pays Niamniam).
Dioscorea Quartiniana A. Bich.
Espèce de l’Afrique orientale et surtout de l’Abyssinie mais qui a
aussi été observée dans l’Angola (Welwitsch) et dans le Nigéria
du Nord (Dalziel 227). L’Herbier du Muséum renferme aussi un
spécimen authentique de la localité suivante :
Guinée française : Fouta-Djalon. Timbo, vers 700 m. ait. (Pobé-
GUIN 1642).
Sect. Syntepaleia (Uline) Knuth.
Dioscorea hirtiflora Benth.
Espèce répandue dans la grande brousse et les halliers de la zone
guinéenne de l’Afrique Occidentale depuis la Guinée française et
Sierra-Léone, jusqu’à la Nigéria anglaise.
Croît Souvent dans les clairières des vallées.
Le tubercule caustique n’est pas comestible. Cependant, d’après
PoBÉGUiN, il peut se manger après avoir été pelé et mis à rouir
dans une eau courante. A Kouroussa on nomme la plante Denaforé
(malinké).
— 532 —
Lianes de 2 m. à 3 m. de haut paraissant toujours dépourvues de
bulbilles aériens. Feuilles alternes, ovales lancéolées, cordées à la base.
Fleurs femelles sur de longues grappes, isolées ou par 2, pendantes,
longues de 10 à 20 cm.
Nous l’avons des localités suivantes :
Guinée française : Kouria, bords du Konkouré, pieds c/' et spéci-
mens Ç (Caille in H. Chev. 14993, 14993 his, 14979) ; Fouta-Djalon,
entre Irébaleya et Timbo, 600 à 700 m. ait. (Chev. 18334), Kouroussa
(POBÉGUIN 1075).
Dîoscorea rubiginosa Benth.
Plante regardée par Hutchinson et Dalziel comme synonyme
de l’espèce précédente. Elle en constitue au moins une race.
Sierra-Léone et Guinée française, régions montagneuses.
Tiges grimpantes rameuses, s’élevant à 2 m. ou 3 m. et retombant
en longs festons, tomenteuses-ferrugineuses, non épineuses, les
tiges principales grosses et robustes, les latérales grêles, les princi-
pales portant des feuilles opposées et grandes, les latérales à feuilles
ordinairement alternes et plus petites. Feuilles cordées-ovales, cus-
pidées, glabres en dessus, pubescentes très ferrugineuses en dessous,
à poils étoilés, celles des grosses tiges larges, presque suborbiculaires,
de 10-12 cm. de diam., à 9 nervures partant du sommet du pétiole,
brusquement acuminées-cuspidées ; feuilles de tiges florifères beau-
coup plus petites, de 5 à 6 cm. de longueur, insensiblement acuminées.
Pétiole pubescent-ferrugineux de 2 à 8 cm. de long.
Les tiges florifères portent souvent de petites bulbilles noirs-
violacés, oblongs, finement tuberculeux, de la grosseur d’un grain de
mil ou de maïs. Fleurs mâles en épis nombreux, axillaires, fasciculés
de 3 à 8 cm. de long, à rachis pubescent. Bractées très petites lan-
céolées-acuminées, pubescentes ; fleurs blanches, odorantes, à
périanthe tomenteux ; segments extérieurs ovales obtus, les intérieurs
elliptiques-aigus ; étamines fertiles 3 ! Fleurs femelles en grappes
entièrement couvertes d’un tomentum brun-ferrugineux, ordinaire-
ment par 3 ou 4 à l’aisselle des feuilles alternes, longues de 10 à
20 cm.
La plante mâle est décrite d’après des notes prises à Kouria (Guinée
française) en 1907 !
La plante femelle, d’après un spécimen collecté au Fouta-Djalon,
entre Soumbalako et Boulivel (Chev. 18649). A Kouria elle croît
autour des villages et dans les enclos de cultures et est probablement
seulement naturalisée. Les indigènes ne lui attribuent aucune pro-
priété, mais ce sont des Foulahs, émigrés et installés au Fouta,
depuis moins de trois siècles.
- 533 -
Sect. Macrocarpæa Uline.
Dioscorea Preussii Pax ; D. Chei’olieri De Wildeman.
Liane herbacée, subligneuse à la base s’élevant jusqu’à 10 et
20 m., dans les arbres. Tiges principales grosses, cannelées et parfois
ailées ; les tiges secondaires portant souvent de gros bulbilles toxi-
ques. Espèce spontanée très répandue dans la zone guinéenne el"
forestière de l’Afrique tropicale, depuis la Guinée française jusqu’à
TRst africain, au N. et au S. de l’Equateur.
D’après PoBÉGUiN, le tubercule nommé Dena/aré ou Dendafaré en
Haute-Guinée française peut être mangé en temps de famine, après
avoir macéré dans l’eau courante pendant 15 jours.
Nous l’avons récoltée dans les localités suivantes :
Guinée française : Fouta-Djalon, entre Kouria et Irébeleya
(Chev., 18269).
Côte d’ivoire : Haut-Sassandra, pays Toura, entre Sanrou et
Ouodé o^, type de D. Chei>alieri (Chev. 21612) ; Man, fleurs Ç et fruits
(Chev. 34153, 34155), cercle de Mankono, entre la rivière Béré et
Dialakoro (Chev. 21956).
Gold-Coast : Olokomedji (Chev. 13962, 13979).
Haut-Oubangui : Krébedjé, dans la brousse (Chev. 5421 his).
Chari moyen : Ngara, entre le Dar-Kouti et le lac Iro en fruits
(Chev. 8421) ; Kaga Batoro, terrains frais ombragés (Chev. 8301).
Nous rapportons aussi à cette espèce une forme à feuilles glabres-
centes que nous avons récoltée au Congo français : Brazzaville
Chev. 4235) à tiges cannelées-ailées, étiquetée par Em. De Wilde-
man D. ptericaulon De Wild.
Dioscorea Schîmperiana Hochst. var. vestita Pax.
Notre plante récoltée dans le bassin oriental du Chari en mai 1903
se rapproche beaucoup du type de Schimper et surtout de la variété
de Pax typifiée par un spécimen di Schweinfurth récolté au Pays
Niam-niam. Serait synonyme de D. Schlechteri Harms du Cameroun.
Elle diffère toutefois de la plante de Schweinfurth par les feuilles
alternes, même sur les tiges principales ; toutefois sur des rameaux
fructifères, les feuilles étaient opposées. Elles sont ovales-hastées.
cordées à la base, à sinus aigu, couvertes sur les deux faces, au moins
à l’état jeune, d’un épais tomentum étoilé, tantôt blanchâtre, tantôt
ferrugineux et brun sur le pétiole et les nervures.
Fruits trilobés, tomenteux, plus larges que hauts.
Moyen-Chari : pays Ndouka (entre le Dar-Kouti et le lac Iro, par
9® de lat. N.) : village de Ngara, dans les buissons d’ Acacia ataxa-
cantha, entourant le village et servant de fortification. Introduit et
naturalisé (?). Cependant les indigènes ne lui attribuent aucune
propriété (Chev. 8420. 8422 bis, 8424).
— 534 —
Sect. Enantiophyllum Knuth subsect. Colocasiefolia Knuth.
Dîoscorea colocasîæfolia Fax.
Espèce encore mal connue, à tiges quadri-ailées ; à feuilles opposées,
glabres et très grandes (30 cm. x 20 cm.), à lobes latéraux se recou-
vrant.
Fleurs femelles en épis tomenteux pauciflores : ovaires très tomen-
teux.
L’espèce est cultivée pour ses tubercules comestibles dans la région
forestière du Cameroun. C’est le Joma des indigènes. Enfin J. de
Briey l’a signalée comme cultivée au Mayumbe du Congo belge.
Le rhizome est très volumineux ; sa chair cuite est fondante, mollasse
et peu estimée. On nomme la plante Kiala en Sundi.
Nous rapportons aussi à la même espèce un spécimen stérile de
l’Herbier du Muséum, rapporté du Gabon par Griffon du Bellay.
Les indigènes du Gabon nomment la plante Pemharoga, mais il
semble que ce nom s’applique à d’autres ignames.
Sect. Enantiophyllum Uline subsect. Cayenenses A. Chev.
Nous avons créé cette sous-section pour un groupe d’espèces
spontanées ou cultivées, de jordanons et de formes hybridogènes
cultivées, très difficiles à distinguer dans l’état actuel de nos connais-
sances, faute de matériaux complets et d’études faites sur des spéci-
mens vivants. Ces formes abondent dans l’Ouest africain, ainsi que
dans les bassins du Chari, du Nil et du Congo qui semblent être leur
centre de dispersion. Les unes sont spontanées (en forêt ou en savane),
les autres sont cultivées ou subspontanées.
L’espèce la plus anciennement connue de ce groupe et qui lui a
donné son nom est D. cayenensis Lamk. décrit en 1789, d’après une
plante de Cayenne (Guyane française). Le type dont nous avons
publié la photographie (Bull. Soc. Bot. France, vol. 59, 1912, p. 223
et pl. III) se trouve dans l’Herbier Lamarck. Ce type se rapporte
sans nul doute à une plante cultivée introduite d’Afrique en Amérique
pour la nourriture des esclaves.
Une autre plante du même groupe, non distincte spécifiquement,
également cultivée en Amérique tropicale, fut décrite en 1813 sous
le nom de D. rotundata Poir. Encycl. Suppl. 111, p. 139.
Nous publions (fig. 1) une photographie de l’isotype conservé dans
l’Herbier du Muséum. C’est une plante récoltée par Biedlé en 1797
aux Antilles (à Porto-Rico). Le même spécimen, du même collec-
teur typifie D. occidentalis R. Knuth.
En 1849, Bentham, étudiant des spécimens récoltés par Don et
Vogel à Sierra-Léone fit connaître sous le nom de D. præhensilis
Benth. une forme africaine appartenant au même groupe. En la
— 535 —
décrivant Bentham faisait remarquer qu’elle s’identifiait presque
exactement avec D. cayenensis et D. rotundata.
Ce sont bien, en effet, comme nous le verrons, des variations de
peu d’importance d’un meme type spécifique, déjà très variable
dans la nature, mais dont la culture qui a débuté très anciennement
en Afrique, a encore multiplié les variations. Beaucoup de ces variétés
semblent du reste des somations ; on les multiplie toujours exclusive-
ment par voie végétative. Ajoutons que les variétés cultivées fleu-
rissent peu ou donnent des inflorescences pauvres.
En 1850, Kunth décrivit nne autre espèce de ce groupe D. ahyssi-
nica Hochst. ex Kunth, typifiée par le n® 1720 de Schimper, récolté
à Djeladjerane (Abyssinie) et que nous avons pu examiner dans
l’Herbier du Muséum. Ce D. abyssinica nous semble bien voisin aussi
des formes précédentes. Nous le considérons cependant comme
spécifiquement distinct. Il ne semble pas être cultivé actuellement,
mais il a pu l’être autrefois et il ne serait pas surprenant qu’il soit
à l’origine de plusieurs variétés culturales de D. cayenensis.
Enfin, depuis 1886 et surtout depuis 1900, on a décrit un assez
grand nombre d’espèces africaines appartenant à ce même groupe.
Knuth en cite près de 40. Em. De Wildeman à lui seul en a*décrit
21 espèces vivant pour la plupart au Congo belge.
R. Knuth dans sa Monographie de 1924 a maintenu toutes ces
espèces et en a ajouté d’autres. Il n’est pas douteux que beaucoup
doivent passer en synonymie ou être considérées comme des variétés
culturales. J. Hutchinson et Dalziel en 1936, tout en regardant
D. cayenensis et D. rotundata comme espèces distinctes, n’admettent
que cinq espèces en Afrique Occidentale. Nous pensons qu’ils ont
exagéré en sens opposé.
Toutes les espèces du groupe Cayenensis ont en commun les carac-''
tères suivants : les plantes sont vivaces, les bulbilles aériens font
ordinairement défaut, les tubercules souterrains se renouvellent
chaque année et sont environnés au collet de longues racines brunes
épineuses ou non.
Les tiges sont presque toujours annuelles, glabres non ailées, mais
parfois à émergences glandulaires ; cependant certaines espèces de
forêt dense (D. smilacifolia, etc.) ont des tig^s lignifiées vivant de
longues années et des feuilles coriaces parfois persistantes. Les tiges
portent souvent des épines, au moins à la base de la tige principale ;
il existe cependant des formes à tiges grêles complètement inermes.
Les feuilles sont toujours entières, plus ou moins ovales, cordées ou
tronquées à la base, opposées au moins sur les tiges principales,
rarement subalternes, glabres mais munies de nectaires ou glandes
discoïdes et portant parfois à la base du limbe une paire d’appendices
nectarifères, munies aussi d’un acumen épaissi, à glandes nectari-
fères. Inflorescences axillaires ou terminales (dans ce cas feuillées
— 536 —
ou non), souvent réduites dans les formes cultivées. Fleurs petites.
Capsules glabres et souvent pruineuses, à ailes souvent presque aussi
larges que hautes.
Knuth répartit les espèces de ce groupe en einq séries ; les abyssi-
nicæ à feuilles minces membraneuses à lobes séparés par un sinus
étroit, les minutifloræ à feuilles membraneuses à base arrondie, les
decurrentes, une seule espèee d’Afrique orientale que nous croyons
avoir retrouvée dans l’Ouest africain, à feuilles à base cordée, mais
décurrente sur le pétiole ; enfin les coriaceæ et remotinerçiæ à feuilles
coriaees et à nervure basale externe plus ou moins rapproehées du
bord.
Le sinus basal est souvent très variable, parfois sur le même
individu ; aussi on peut englober toutes les espèces en deux séries :
les papyracæ à feuilles minces membraneuses et les coriaceæ à feuilles
coriaces souvent persistantes. M. Em. De Wildeman a admis aussi
un groupe Acarophytæ qui serait caractérisé par l’existence d’une
paire de petits appendices dénommés acarodomaties, situés à la base
du limbe. Ces appendices sont en réalité des nectaires ; ils portent
des glandes sécrétrices à leur base. Leur existence est loin d’être
constante : on ne les trouve d’une manière régulière que dans cer-
taines formes cultigènes multipliées par voie végétative.
Dans les espèees et variétés du groupe coriaceæ les nectaires sont
généralement nombreux mais répartis irrégulièrement sur les tiges,
les pétioles et les limbes foliaires.
La sous-section des cayenenses est particulièrement intéressante
au point de vue économique, car c’est elle qui renferme la grande
majorité des Ignames cultivées en Afrique.
L’espèee D. cayenensis et sa varité rotundata comprennent des
centaines de formes cultigènes multipliées par voie végétative.
Dans chaque canton où les ignames sont la base de l’alimentation
on rencontre en culture une dizaine de variétés de ce groupe.
La domestication et la sélection ont dû commencer à une époque
aneienne, mais postérieurement cependant à l’introduction du
D. alata. La culture de cette dernière espèce a recidé lorsque les formes
de D. cayenensis se sont multipliées et améliorées. Il y a quelques
années encore, les Noirs de certaines tribus en multipliaient le
nombre en arrachant dans la brousse des plants sauvages pour les
cultiver et en les conservant ensuite lorsqu’elles montraient des
propriétés avantageuses.
Les diverses espèces spontanées de ce groupe offrent encore un
autre avantage. En période de famine on peut consommer impuné-
ment leurs tubercules, même si on ne leur fait subir qu’une faible
préparation (cuisson ou macération dans l’eau). Leur chair est plus
ou moins amère, mais on ne nous a jamais signalé qu’elles aient causé
des empoisonnements.
— 537 —
A. Papyraceæ.
Dîoscorea cayenensis Lamk., Chevalier, Bull. Soc. Bot. France,
59, 1912, p. 223 et pl. III (le type de Lamarck !)
Tubercules de formes variées, à chair blanche ou jaune ou parfois
rosée, à racines épineuses ou non, à tiges inermes ou épineuses, à
feuilles opposées ou alternes, cordées-hastées, à base subtronquée.
Variétés tardives ou précoces.
Plante d’origine cultigène. Nous l’avons rencontrée parfois
échappée de culture, mais jamais spontanée. Très répandu dans toute
l’Afrique Occidentale et jusqu’en Afrique centrale.
Variétés très nombreuses, connues en Afrique occidentale sous le
nom global de Kou ou Gouanga (mandé-dioula).
Dans rOubangui-Cbari on les nomme Baba (banda), Gora (mand-
jia):
Une variété subspontanée et parfois cultivée dans les villages du
Sassandra (Côte d’ivoire) et nommé Dogu en bété a des tiges très
épineuses qui s’élèvent jusqu’à 8 à 10 m. de haut.
Dîoscorea cayenensis Lamk. var. rotundata (Poir.) Griseb. ;
D. rotundata Poir. (fig. 1, type de Poiret !) ; D. odoratissima Pax ;
D. Liebrechtsiana De Wildeman ; D. occidentalis Knuth.
Diffère du type par les feuilles largement ovales-cordées, parfois
Suborbiculaires, à sinus basal étroit, à lobes latéraux arrondis.
Présente comme le type des variétés à chair blanche ou jaune,
tardives ou précoces. Ce n’est donc pas la précocité et la couleur
blanche comme l’indiquent Hutchinson et Dalziel qui distinguent
ce groupe de formes cultivées de celles qui se rattachent au type.
Très répandu à l’état cultivé de la Guinée française à l’Angola et
jusque dans l’Oubangui-Chari. Au Baoulé (Côte d’ivoire) les meil-
leures variétés sont Kouana, Sopéré, Kiri Kiri, etc.
Dîoscorea cayenensis Lamk. var. præhensîlîs comb. nov., D. præ-
hensilis Benth.
Feuilles toujours opposées, largement cordées à la base, insensible-
blement atténuées en acumen, épis mâles ordinairement nombreux
à Taissellle des feuilles parfois portés sur des rameaux spéciaux
aphylles. Jeunes pousses souvent violacées et très épineuses ; stipules
de la base des feuilles très développées. La tige s’élève jusqu’à 10 m.
ou 15 m. dans les arbres.
Tubercule allongé et couvert d’épines, entouré de nombreuses et
longues racines épineuses souvent entremêlées ; le tubercule propre-
ment dit est long de 15 à 20 cm. et parfois de 75 cm. et 10 cm. de
diamètre, fusiforme mais beaucoup épaissi au sommet. Il ne peut
être mangé que s’il a longtemps bouilli dans Teau et est assez jeune.
- 538
Porte les noms suivants à la Côte d’ivoire : Ouo duo (baoulé) mot
à mot igname épineux -, Ti ou Té (bété), Sémé (néyau).
Répandu en Afrique occidentale dans la zone forestière et dans la
zone guinéenne, là où existent des îlots de haute futaie et des galeries
forestières. Se rencontre aussi dans toute la forêt de la Côte d’ivoire,
souvent loin des régions habitées, où sans nul doute aucun Igname
n’a jamais été cultivé (Pays Abé, lisières du Baoulé, Sanwi, Sas-
sandra, Cavally et en Guinée dans la région des sources du Niger
et au Kissi).
Le tubercule est parfois profondément enfoncé dans le sol (sa pointe
va jusqu’à 1 m. de profondeur) ; en outre les racines épineuses qui
entourent la plante dans le sol en rendent l’arracbage difficile, mais
on en consomme cependant beaucoup en temps de famine. Rare-
ment le tubercule est unique ; souvent il en existe deux et même
trois soudés à la partie supérieure ; ils peuvent aussi être digités et
aplatis en forme de main.
Cette race spontanée dans l’Ouest africain est à l’origine de beau-
coup de variétés du groupe rotundata.
Dioscorea cayenensis Lamk. var. sylvestris A. Chev. Explor. Bot.
Afrique occidentale, 1920, p. 640 (nomen nudum)^.
Racines épaissies grêles, cylindriques, de la grosseur du doigt,
enfoncées verticalement dans le sol et longues de 20 à 30 cm. Tiges
inermes glauques. Feuilles inférieures alternes, celles des rameaux de
dernier ordre opposées, toutes triangulaires hastées, les lobes latéraux
arrondis divergents ; limbe décurrent sur le pétiole de sorte que la
base est en accent circonflexe ; acumen grêle, glanduleux. Fleurs
mâles en racèmes très grêles et courts à l’aisselle des feuilles, ou
parfois en longues grappes composées aphylles.
Fassaca (bambara), Dianfassaka (rnalinké d’après Pobéguin).
Le tubercule ne serait pas comestible. Cependant à Kouroussa on
le mange mais, dit PoBÉcutN, la chair est dure et fibreuse.
Soudan français : Tiediana (Chev. 2568 et 2569).
Guinée française : Kouroussa (PosÉGurN 1086).
Dahomey : de Firou à Konkobiri (Chev., sans n°).
Cette remarquable variété (peut-être espèce ?) croît dans les
savanes soudanaises, parmi les herbes et les buissons. C’est à elle
que F. De WrLDEMAN fait allusion dans sa notice de 1914, p. 22, et
qu’il pensait constituer peut-être une espèce nouvelle.
Nous la croyons assez voisine de certaines variétés cultivées de
1. Dioscorea cayenensis Lamk. var. sylvestris var. nov. Tuhera cylindrica, crassitudine
digiti, 20-30 cm. longa. Gaules inermes glauci. Folia inféra alterna, sapera opposita,
hastato-triangula, lobis basalibus rotundatis divergentibus, lamina exs. papyracea
8-lltTO. longa, 6-7 cm. 5 lata in petiolum cuneato-decurrens. Spicae cT brevae, graciles.
— 539
Fig. 2. — ■ Dioscorea aayenensis var. pruinosa A. Chev. Ç
D. cayenensis et elle est probablement à l’origine de diverses formes
cultivées.
Dioscorea cayenensis Lamk. var, pruinosa A. Chev. (fig. 2 et 3) ;
Fxg. 3. — Dioscorea cayenensis var. pruinosa A. Cfiev. cf (type)
D. pruinosa Chev. Etudes Fl. Afr. centr., I, 1913, 311 nomen ; De
WiLD, Bull. Jard. bot. Bruxelles, 1914, 28
1. Dioscorea cayenensis Lamk. var. pruinosa. Tiiber crassiiudine brachio, ramosum.
Caules primordiales robusti , spinosi. Folia opposita, peiiolo gracile, lamina exs. papyracea
ooato- oblonga, basi troncato subhastata, 10-12 cm. longa, 6, 5-7 cm. 5 lata, pauce et cuneato-
decurrentes, 7-9 neroata. Spicae Ç graciles, 1-2 in axillis foliorum, simplices, pendentes,
7-20 cm. longae. Capsula magna, 4 cm. lata, 2 cm. 5 alta, basi cuneato-stipite.
541 —
Tubercule allongé, enterré profondément, vertical, pouvant
atteindre la grosseur du bras, ramifié. Tiges principales robustes,
épineuses. Feuilles glabres, toutes opposées, à pétiole grêle ; limbe
mince, ovale, oblong, tronqué-subhasté à la base, à sinus large,
faiblement marqué, lobes latéraux arrondis ; limbe faiblement décur-
rent, long de 10-12 cm., large de 6 cm. 7 cm. 5, 7-9 nervié. Epis
femelles grêles, pendants, isolés ou par deux à Taisselle des feuilles,
larges de 7 à 20 cm. ; fleurs très espacées, glabres. Capsules grandes,
larges de 4 cm., hautes de 2 cm. 5, cordées au sommet et cunéiformes
stipetées à la base.
Le tubercule est comestible, mais amer. Il est mangé par les Bandas
en temps de famine.
Haut-Chari : cercle de Gribingui, Kaga Mbra, entre Crampel et la
Moyenne Koddo, par 7° de lat. N., dans la brousse très boisée et les
galeries forestières (Chev. 6482).
Dîoscorea cayenensis Lamk. var. ndîorum var. nov. ^
Voisin de la var. rotundata dont il diffère par les feuilles plus petites
(6 à 7 cm. X 5-6 cm.), ovales-lancéolées et non suborbiculaires,
faiblement cordées à la base et parfois tranquées et un peu décur-
rentes sur le pétiole. Fleurs femelles en longs racèmes simples laté-
raux. Fleurs en racèmes composés, axillaires, de 10 à 15 cm. de long,
aphylles, portant de 5 à 8 verticilles d’épis floraux très grêles.
Haut-Oubangui : Krebedjé, cultivé par les Ndis Ç (Chev. 5409),
type ! confluent de TOubangui et de la Kémo, spontané (Chev.
5301).
Le n® 5409 a été rapporté par De Wildeman à D. angustiflora
Rendle.
Dîoscorea abyssinica Hochst. ex Kunth ; Knuth Dioscor. 294.
Les spécimens que nous rapportons à cette espèce diffèrent très
légèrement du type d’Abyssinie, mais ils sont conformes à la des-
cription de Knuth qui donne à l’espèce une aire vaste allant de
l’Erythrée et la Nubie au Congo et de l’Afrique orientale au Came-
roun.
Bassin du Chari ; sud du Baguirmi entre Komi et Bahr-Erguig
(Herb. Chev.).
Dahomey : très commun dans la brousse du Haut-Dahomey,
Kouandé, Djougou, Konkobiri, monts Atacora, aux sources de la
Pendja^i de 400 à 600 m. d’alt. (Chev., 23853, 23969, 24147, 42249).
1. Dîoscorea cayenensis Lamk. oar. ndîorum var. nov. Proxima var. rotundato, dissi-
milis foliis minorihus, 6-7 cm. longis, 5-6 cm. latis, ovato lanceolatis, paulo cordatis,
inierdum truncatis. Spicae solitariae. Injloreècentiae 10-15 cm. longue, aphyllae,
spicarum numerosarum compositae.
— 542 —
Nous retrouvons dans nos notes les renseigneraents suivants sur la
plante du Dahomey :
Tubercules par paquets de 3 à 4 par souche, verticaux, cylindriques,
très grêles et très longs, parfois rameux. atteignant jusqu’à 60 cm.
de long et seulement 1 cm. 5 à 2 cm. 5 du diamètre, lisses et blancs
quand ils sont jeunes, ensuite gris et verruqueux, garnis sur toute
leur surface de petites racines, les racines supérieures plus robustes
peuvent être dirigées de bas en haut, mais elles ne sont jamais
transformées en sarments épineux sortant de terre. Chaque année,
au milieu de la saison sèche, la souche émet un ou plusieurs nouveaux
tubercules qui s’accroissent à mesure que les anciens se dessèchent,
au milieu du faisceau de tubercules se développe une tige aérienne
mun’e d’écailles alternes dans la partie souterraine.
La chair des tubercules est entièrement blanche ou d’un violet
lilas sous la peau à la partie supérieure. Tige principale aérienne grêle
(2 à 3 mm. de diam.) cylindrique, inerme, glabre, d’un vert-rougeâtre,
souvent garnie d’une pruine bleuâtre, pouvant s’élever de 5 à 6 m.
dans les buissons, très rameuse, à rameaux opposés fdiformes.
Feuilles opposées ou subopposées, alternes à l’extrémité des rameaux,
longuement pétiolées, glabres. Pétiole grêle, de 3 à 6 cm. de long
étalé presque normalement à l’axe des tiges ; limbe ovale, profondé-
ment cordé à la base, parfois cordé oblong, toujours acuminé, subulé
de 6 à 12 cm. de long sur 3 cm. 5 à 7 cm. de large ; sinus profond de
6 à 12 mm. ; lobes de la base arrondis, peu divergents ; nervures
principales 7, rayonnant au sommet du pétiole ; surface supérieure
luisante, l’inférieure d’un vert mat. Inflorescences mâles en épis
pendants, fasciculés par 2 à 5 à l’aisselle des feuilles supérieures,
longs de 8 à 12 cm. ; fleurs mâles globuleuses, sessiles, d’un vert-
jaunâtre, de 1 mm. 5 à 2 mm. de diam. ; segments externes ovales
très concaves, les internes verdâtres suborbiculaires. Epis femelles
isolés, pendants, très lâches, longs de 8 à 15 cm.
Vernac. : Diabongoua (gourma), Dika (bariba).
Le tubercule est comestible ; on le déterre dans la brousse après
l’hivernage. Cette plante n’est pas cultivée mais nous pensons
qu’elle est la souche de plusieurs formes cultivées, qui gravitent
autour de D. rotundata. Le D. cayenensis var. ndiorum A. Chev. en
paraît aussi très voisin.
Dîoscorea sagîttifolîa Pax.
L’espèce est typifiée par le spécimen du Soudan anglo-égyptien ;
Pays Djur (Schweinfurth 1712), la plante de Lécard du Haut-
Sénégal ayant été écartée pour constituer une autre espèce (D. Le-
cardi).
Nous rattachons à D. sagittifolia plusieurs spécimens que nous
avons récoltés dans la région centrale du bassin du Chari, à proxi-
— 543
Fig. 4. — Dioscorea sa"iUijolia
mité du lac Iro (fig. 4) (Chev. 8814, 8850, 9251) dont la tige
principale est inerme à sa base et un spécimen du sud du Baguirmi,
entre Komi et le Barh Erguig (Chev. 9372), celui-ci épineux à la
base de la tige principale comme le montre la photographie ci-jointe.
Nous avons rattaché aussi à la même espèce une plante du Haut
Chari : Kaga Bandero (Chev. 6355). Nous pensons qu’il faut joindre
aussi à la même espèce comme variation à peine distincte une plante
que nous avons récoltée au Pays des Mbrous dans le Haut-Oubangui
(Chev. n^ 3588).
Enfin à la même espèce se rattache incontestablement l’Igname
cultivée dans le Haut-Oubangui nommée D. Zara Baudon Mus. col.
Marseille, série 3, 1, 1913, p. 237, maintenue comme espèce distincte
par Em. De Wildeman et par Knuth ainsi qu’une partie des variétés
que Baudon a décrites.
Le D. Zara forme Baba Baudon serait peut-être un hybride de
D. sagittifolia et D. Grihinguiensis Baudon du Haut-Chari. Toutes
ces plantes paraissent complètement inermes,ce en quoi elles diffèrent
des variétés les plus répandues de D. cayenensis.
Il est probable que D. sagittifolia Pax se trouve à l’origine de
certaines races d’ignames cultivées en Afrique centrale.
Dioscorea Lecardi De Wild.
Plante de l’Ouest africain, très répandue dans les savanes souda-
naises, excessivement voisine de D. sagittifolia Pax dont elle n’est
sans doute qu’une race géographique. Elle en diffère par un sinus
des feuilles étroit, à lobes non divergents. Le tubercule est brun,
linéaire, de la grosseur d’un doigt ; il s’enfonce verticalement dans
le sol. La chair est amère mais non toxique. Les Sénégalais et Sou-
danais en font une assez grande consommation en temps de disette.
Vernac : Kappé (toucouleur) ; Niambi, Gniambi (bambara).
Cette dernière appellation est employée dans toute l’Afrique occi-
dentale et on peut se demander si le nom portugais Niam origine du
mot Igname n’en dérive pas.
Sénégal : dans le Bondou (Heudelot), Haut-Fleuve (Lécard) ;
Baol dans la brousse (Chev. 33871) ; forêt de Ndoute près Thiès
(Trochain 5069),; Tambacounda (Trochain 3654).
Soudan français ; Badinko, entre Bamako et Kita (Chev. 2566).
Moyen- Dahomey : Dassa-Zoumé et environs (Chev. 23646).
Nous avons récolté aussi au Dahomey une Igname cultivée,
connue sous le nom de Sousou (bariba) qui paraît dériver de cette
espèce (fig. 5).
Le D. Lecardi var. Cheoalieri De Wildeman du Haut-Oubangui
est rattaché par nous à D. sagittifolia Pax.
Dioscorea Lecardi De Willd., var. coriacea var. nov. ^
Plante inerme. Feuilles subcoriaces rigides, longuement lancéolées,
1. Dioscorea Lecardi De Wildeman var. coriacea. Gaules tenues inermes. Folia opposita
exs. coriaceo-papyracea, longe lanceolata, usque 7-8 cm. longa, 3 cm. lata, basi sinu fere
semilunato excisa oel rotundato lepiter excisa. Inflorescentiae 2 arillares, solitariae,
6-10 cm. longue. Inflorescentiae cf solitariae aut axillares, aut in peniculam irregularem
aphyllam 10-1 .'i cm. longam dispositae.
545
Fig. 5. — Dioscorea Lecardi De.Wild. var. Sousou (forme cultivée).
à sinus peu marqué ou à base subtronquée, insensiblement acuminées
subulées ; pétioles courts (10 à 20 mm) ; surface supérieure du limbe
d’un vert mat, non luisante. Inflorescences mâles simples ou rami-
fiées, dans ce cas aphylles ou avec de petites feuilles alternes,
inflorescences femelles isolées, robustes, décombantes.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
35
— 546 —
Guinée française ; Hauteurs du Fouta-Djalon, au-dessus de
600 m. d’altitude. (Ghev. 18289, 18336, 18519).
Coriaceæ
Dioscorea Caîllei A. Chev. nom. nud. ex De Wild. Bull. Jard. Bot.
Bruxelles. 1914-24 ; Hutchinson et Dalziel, Fl. W. trop. Africa,
11,1936,382 1.
Plante volubile, haute de 2 à 3 m., inerme sur tous les exemplaires
que nous avons observés, très glabre, portant parfois des petits
bulbilles violacés. Tiges très grêles, cylindriques, enroulées de gauche
à droite en avant ; entre-nœuds écartés de 9 à 12 cm. Feuilles oppo-
sées, à pétiole très grêle, cylindrique, finement canaliculé en dessus,
long de 1 cm. à 3 cm. 5, présentant une double petite fossette à son
insertion avec le limbe ; celui-ci est papyracé, légèrement coriace,
lancéolé ou ovale-lancéolé, arrondi ou tronqué à la base, rarement
légèrement cordé, insensiblement acuminé, au sommet, trinervié
avec en outre une petite nervure marginale d^ chaque côté, long de
6 à 10 cm., large de 3 à 5 cm. Inflorescences mâles axillaires et isolées
à Faisselle des feuilles, chacune formée d’un long sarment grêle,,
ayant de 30 à 60 cm. de longueur, feuillé ou non, portant des grappes
de fleurs isolées ou par 2 à 5, les racèmes étant opposés ou alternes
et situés alternativement à droite et à gauche. Fleurs mâles glabres,
très petites, globuleuses, rapprochées, sessiles, insérées à Faisselle de
petites bractées scarieuses ; rarement l’inflorescence se compose
d’un ou deux racèmes réfractés, insérés à Faisselle des feuilles supé-
rieures. Inflorescences femelles axillaires et isolées à Faisselle des
feuilles des rameaux principaux, chacune tantôt formée d’un long
sarment grêle, mesurant jusqu’à 25 cm.,’ muni parfois de petites
feuilles alternes ou opposées à sa base et portant des grappes florales
lâches, réfractées, longues de 3 à 10 cm. ou seulement un seul racème
simple axillaire de 3 à 6 cm. ; fleurs femelles écartées de 2 à 5 cm.,
insérées à Faisselle de petites bractées scarieuses, oblongues, com-
prenant un ovaire lancéolé, rétréci au sommet et surmonté d’une
corolle globuleuse de 1 mm. de diamètre, à lobes ovales, scarieux
sur les bords. Fruit jeune glaucessent, triailé, largement obcordé.
Afrique occidentale : spontané et grimpant sur les buissons à la
lisière des galeries ou des îlots de forêt.
Guinée française : Kouria (Caille in H. Chev. 14973). Fl. Ç
5 oct. 1905 (type).
1. Dioscorea Caillei A. Cheo. (Fig. 6). Volubilis, gracilis, inermis. Folia opposila
remota in axillis interdum hulhillos oiolaceos gerentia ; lamina exs. firma-coriacea
lanceolata oel ooato-lanceolata, Z-neroala, basi truncato oel parce cordalo, apicé longe-
acuminata. Inflorescentiae a* axillares, composilae, 30-60 cm. longae ; inflorescentiae ÿ
elongatae in axilljs joliorum soliiariae.
o>n; cAfciÆ
Fig. 6. — Dioscorea Caillei Chev. (type)
Côte d’ivoire : Moyenne Sassandra, Guidéko (Chev. 16486) fl. c/'
5 juin 1907, entre Guidéko et la Zozro (Chev. 19021) fl. 10 juin
1907 (feuilles assez coriaces) ; cercle de Mankono entre Dialakro et
Kénégoné (Chev. 21974 sub. nom. D. minutiflora), stérile l®'^ juin
1909 ; cercle du Baoulé Nord, vallée du Nzi, Mbayakro (Chev.
— 548 —
22262 bis, sub nom. D. orbicularis) 3 août 1909 ; cercle du Baoulé
sud, entre Agouakoukro et Toumodi (Chev. 22420), fl. petits
bulbilles violets, 5 août 1909.
Diffère de D. minutiflora Engler par les tiges inermes et grêles,
par les feuilles plus petites, faiblement coriaces, lancéolées, par les
inflorescences ordinairement moins longues et plus grêles.
Dioscorea minutiflora Engler ; D. armata De Wild. ; D. orbicularis
A. Chev. pro parte.
Liane de forêt, s’élevant dans les arbres à 15 m. de haut. Tubercule
gros allongé, profondément enterré. Tiges grêles, cylindriques, épi-
neuses. Feuilles opposées ou alternes, coriaces, à pétiole long de 7 à
8 cm., rigide, non canaliculé en dessus ; limbe coriace, suborbiculaire,
arrondi ou légèrement cordé à la base, terminé au sommet par un
apiculum glanduleux, de 9 à 15 cm. de long sur 7 à 12 cm. de large ;
nervures principales 5 dont 3 bien visibles ; réticulés très fins appa-
rents seulement à la face inférieure.
Inflorescences mâles en longues grappes axillaires pendantes
atteignant 30 à 40 cm. de long portant des verticelles de 6 à 8 épis,
longs de 3 à 5 cm. ; bractées ovales-subulées segments du périonthe
jaunâtres, suborbiculaires-concaves, longs de 1 mm. 5.
Vern. : Tiri rikwé, Tiri buru, Tiri rikpo (bété).
Koubara (mandé), Yogo (dan, d’après Portères).
Côte d’ivoire : très répandu dans la forêt dense, surtout dans la
forêt secondairç. Guidéko, Bingerville, Yapo, Man, etc. (Chev. 19012,
16067, B 22069, 34174).
Tubercule dédaigné par les Dans et les Mandés, consommé par les
Bétés, les Guérés et les habitants de Libéria (Portères). Chez cer-
taines peuplades forestières on plante près des cases l’extrémité
supérieure du tubercule, après avoir mangé la partie principale. Cela
constitue une sorte de protoculture. Dans la forêt congolaise et
spécialement au Mayumbe il existerait des variétés cultivées sur une
certaine échelle.
Dioscorea echinulata De Wild.
Plante très voisine de D. minutiflora Engl, dont elle n’est probable-
ment qu’une race (cultivée ?) ; elle s’en distingue par ses tiges, même
celles de dernier ordre, portant les inflorescences garnies de petites
épines, et parles feuilles à limbe ovale portant deux petits appendices
nectarifères de chaque côté de l’insertion du pétiole et à 2 ou 3 mm.
de celui-ci.
Le type a été découvert au Congo belge, mais Knuth la signale
aussi au Libéria, au Togo, au Cameroun, etc.. Il faut ajouter la loca-
lité suivante : '
— 549 —
Gabon : environs de Diabomagola sur l’Orimbo, affluent de
rOgooué (Fleury 26281 in Herb. Chev.).
Dioscorea sublignosa Knuth, Monogr, 1924, 304.
Nous rattachons avec hésitation à cette espèce connue seulement
en Afrique orientale une plante robuste à tiges légèrement épineuses
à feuilles opposées (ou parfois subhastées), coriaces, larges et sub-
orbiculaires, cordées à la base, longuement acuminées au sommet, à
limbe cunéiforme et décurrent sur le pétiole. Nous l’avons récoltée
à Aburi (Gold Coast) en 1905 (Chev. 13831, 13847, 13871). Elle
était cultivée dans les jardins indigènes. Nous avons récolté une
plante cultivée presque analogue à Dimbokro (Côte d’ivoire) Chev.
n® 34142, en octobre 1930.
Notre plante d’ Aburi et de Dimbokro dérive probablement de
D. minutiflora : elle a comme lui les feuilles coriaces arrondies et n’en
diffère que par la partie basale cordée et la partie moyenne qui est
décurrente sur le pétiole. Elle s’apparente aussi de très près à
D. cayenensis et pourrait être un hybride cultigène de ces deux
espèces.
Au groupe de D. minutiflora appartiennent encore comme simples
races à un certain nombre de formes décrite® par M. E. De Wilde-
MAN et cultivées par les indigènes de la forêt congolaise. D. breoispi-
cata De Wild., D. ealaensis De Wild., D. Ekolo De Wild., D. En^bo
De Wild., D. Pinaertii De Wild., D. Pynaertioides De Wild.
Toutes ces formes se rattachent de très près à D. minutiflora et sont
très éloignées parla nervation des feuilles de D. smilacifolia De Wild.,
espèce toute différente.
Dioscorea smilacifolia De Wild. ; D. Flamignii De Wild., D.
orbicularis Chev. pro parte.
Tubercule ligneux, enfoncé profondément dans le sol. Tiges grêles,
glaucescentes, plus ou moins épineuses à la base, s’élevant jusqu’à
15 ou 20 m. dans les arbres.
Feuilles opposées ou alternes, coriaces, tantôt suborbiculaires,
tantôt ovales lancéolées, montrant une nervure marginale, courant
près des bords du limbe. Inflorescences mâles en panicules pendantes,
de 10 à 30 cm. Inflorescences femelles en grappes simples longues de
5 à 25 cm. Capsules plus larges que hautes glauques.
Vern. : au Cameroun Nkoumbi (ngoumba), Essessala (yaoundé).
Tubercule mangé parfois par les indigènes. L’espèce n’est pas
cultivée.
Côte d’ivoire : assez commun dans la forêt dense, même là où elle
est primitive, Bouroukrou, Azopé, Abradine (Chev. 16882, 17591,
22674).
— 550 —
Dahomey ! Tohoué près la langune de Porto Novo (Chev. 22777).
Cameroun : Ncolbewoa (Hédin 3).
Oubangui : Bangui (Chev. 10972).
CONCLUSIONS
La présente contribution fait connaître un certain nombre de
faits nouveaux relatifs à la systématique des Dioscoreas africains
et à leur utilisation, mais elle laisse encore bien des points dans
l’ombre. Volontairement nous avons passé sous sil ,nce les espèces
que nous n’avions pas observées à l’état vivant au cours de nos
voyages. Et même pour celles que nous avons vues dans leur station
naturelle ou dans des plantations, il ne nous a pas toujours été pos-
sible de suivre le cycle de végétation de chaque espèce. La période
de floraison pour la plupart des espèces est de courte durée ; elle ne
se renouvelle qu’une ou deux fois par an dans la forêt hygrophile.
Quant aux espèces tropophiles de la zone des savanes, les plus nom-
breuses, leurs tiges sont complètement desséchées et souvert détruites
par le feu de la brousse pendant une partie de l’année ; le tubercule
n’émet de nouvelles pousses qu’à l’apparition de la saison des pluies
et la végétation depuis la sortie des pousses de terre jusqu’à la
maturation des fruits ou à la chute des bulbilles ne dure que quelques
mois. Les races cultivées sont plus malléables : certaines sous les
climats humides qui leur conviennent peuvent rester en végétation
presque une année. Toutes ces plantes, même celles qui sont sponta-
nées dans les savanes, sont des nitratophiles et on ne les rencontre
qu’éparses, souvent très disséminées.
Aussi, si l’on voulait étudier toutes ces espèces, leur systématique
et leur comportement biologique, suivre le développement des races
qui fournissent des produits utiles, il serait nécessaire de réunir
toutes les formes dans un jardin expérimental. Cela n’a pas encore été
fait, au moins pour les espèces d’Afrique.
L’étude systématique, avec des documents d’herbier souvent très
incomplets, est aussi des plus difficiles. Certaines espèces sont si
proches, d’autres présentent des phénomènes de convergence ou
d’homologie dans certains organes qu’il est très difficile de délimiter
les espèces. Le travail de C. Queva sur l’anatomie des Dioscoréacées
montre que certains tissus de la feuille, comme les poils, les épidermes
et leurs ornementations, les nectaires, les cellules à tanin, les cellules
sclérifiées des bords du limbe, présentent des variations nombreuses,
aussi l’étude anatomique des feuilles de toutes les espèces, suivant
la méthode de Julien Vesque, pourrait sans doute fournir au systé-
maticien un ensemble de données précieuses pour la différenciation
- 551 —
des espèces. Il ne faudrait pas négliger non plus l’étude des tubercuks
ainsi que celle des bulbilles et des éléments chimiques qu’ils con-
tiennent. Une étude complète à des divers points de vue des Diosco-
réas africains offrirait le plus grand intérêt tant au point de vue de
la science pure qu’en ce qui concerne la botanique appliquée.
— 552 —
Plantes vasculaires récoltées a l’Ile de Pâques
PAR LA Mission Franco-Belge,
PAR M. A. Guillaumin, A. Camus et M“® Tardieu-Blot.
PHANÉROGAMES
par A. Guillaumin
Les premières récoltes botaniques faites à l’île de Pâques sont celles
de Forster (R. et G.) durant le deuxième voyage de Cook (1774).
G. Forster cite occasionnellement 5 espèces dans son Voyage round
the World I (1777) ; dans sa Florulæ insularum australium Prodomus
(1786), il en énumère 8, mais il omet quelques-unes de celles citées
antérieurement par lui, notamment la Patate et le Toromiro, la
seule espèce frutescente indigène.
Chamisso, pendant le voyage de Kotzébue, recueillit aussi quelques
plantes en 1816, en sorte qu’ENDLicHER dans ses Bermerkungen über
die Flora der Südseeinseln (in Ann. Wien. Mus. Naturges., I, p. 127,
1836) a pu énumérer 10 espèces alors connues pour exister à 1 île de
Pâques (il est vrai qu’il a omis quelques-unes de celles signalées par
Forster).
L’expédition de la Flore qui en 1872 rapporta la tête gigantesque
du Musée d’ethnographie ne paraît pas s’être occupée de botanique,
mais Savatier qui, au cours de la campagne de la Magicienne,
aborda à l’île de Pâques en août 1877, y récolta quelques plantes
incorporées maintenant dans l’herbier du Muséum de Paris, mais
dont la liste n’a jamais été dressée.
Hemsley dans son Report of the présent stage of knowlege of oarious
insular Floras (in Rep. Challenger, Rot., I, p. 15, 1885) y a ajouté
2 espèces à celles connues.
L’expédition de V Albatros visita l’île de Pâques en 1904, mais ses
récoltes n’ont été connues qu’en 1922 grâce à Skottsberg.
Fuentès et Knocke durant leur séjour en 1911 récoltèrent
110 espèces indigènes, naturalisée*^ ou cultivées, énumérées dans
l’ensemble par Fuentès dans Resena botanica sobra la isla de Pas-
cua. Public, n® 4, Inst, cent, meteor. Chili et in Bull. Mus. nac.
Chili, V. p. 320, 1913, et pour les plantes cultivées par Knocke :
Rulleiin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
— 553 —
Ueber die Kulturpflanzen der Osterinseln (in Zeitsch. deutsch Wiss
Ver. Kultur und Landeskund. Argentiniens, 1919).
Skottsberg, qui faisait partie de l’expédition suédoise du Pacifique
en 1916-17, récolta 30 espèces certainement ou probablement indi-
gènes et 4 espèces naturalisées ou semi-naturalisées, mais certaine-
ment introduites par les premiers habitants en raison de leur utilité
et 24 espèces introduites accidentellement depuis la découverte
en 1722 1. Ses recherches augmentent de 23 le nombre des espèces
énumérées par Fuentès.
En 1927, il donne en outre les déterminations des plantes recueillies
par Gusinde en 1918
La mission franco-belge qui explora l’île de Pâques du 29 juillet
1934 au 3 janvier 1935 n’a récolté que 61 espèces, les quelques-unes
qui n’étaient pas encore signalées sont évidemment des plantes
introduites mais portent à 142 le nombre des Phanérogames connues.
Cardamine sarmentosa Forst. ? — - Péninsule de Poike, 9/X,
Kaiore hwa, Kaiore tea tea.
Polycarpon tetraphyllum L. — Hanga roa, 25/X, Raupapa.
Portulaca oleracea L. — Rano aroi, 18/X, Kaiore rapa nui; îlot
Motu nui, 15/XI, Kaiore rapa nui, T epuiréoa nui nui.
Thespesia populnea Cav. — Hanga roa, 21/X, Makoi.
Triumfetta afî. rhomboidea Jacq. — Rano kao, 7/X, Hauhau.
Pélargonium X zonale-inquinans Hort. — Moeroa, 22/X, Môma.
Tropæolum majus L. — Toki, 24/VIII, Tiare.
Oxalis corniculata L. — Poike, 9/X; Raie La Pérouse, ll/Xj
Anakena, 18/X, Raau hioa.
Melia Azedarach L. — Rano kao, 7/X, Miro tahiti ; baie La
Pérouse, 11/X, Miro tahiti ; Anakena, 18/X, Miro tahiti.
Sapindus Saponaria L. — Rano kao, 22/X, Marikuru.
Crotalaria striata DC. — Moeroa, 22/X, Ngua ehe ehe.
Sophora Toromiro Skottsb. — Rano kao, 7/X, Toromiro.
Cæsalpinia Bonduc Roxb. ? ou C. Crista L. = C. Bonducella
Flem. — Rano raraku, 24/X, Noho ou Naoho.
Leucæna glauca Renth. — Rano kao, 31/X, Kété kété.
Acacia ? — Moeroa, 22/X, Miro pupu.
Eucalyptus globulus Labill. — Rano aroi, 13/X, Pikana.
Psidium Guajaoa. — Moeroa, 22/X, Tîi aoa.
Tetragonia expansa Murr — Ilot Motu nui, 15/XL
Apium Ammi Urb. — Baie La Pérouse, 9/X, Kapa rapa nui.
A. australe Thou ? — Rano kao.
Coronopus didymus Sm. — Baie La Pérous; , II/X, Raau mangeo
kakou.
1. Skottsberg : The naiural Jlistory of Juan Fernandez and Easler Island Bot.,
p. 61, 1922.
2. Meddel. Gôteborgs bol. Tradg. III, p. 163-165.
- 554 —
Agératum conyzoides L. — Baie La Pérouse, 11/X, Miri vaihi.
Taraxacum Dens-Leonis Desf. — Ana ohoka, 22/X, Kaiore hwa,
Tia piti.
Sonchus oleraceus L. — ■ Rano aroi, 18/X, Kaiore rapa nui ; Rano
raraku, 24/X, Kaiore pararaka ; Toki 24/VIII, Kaiore mangeo ;
Poïke, 9/X, Kaiore nui nui; Anekena, 18/X.
Erythræa australis R. Br. — Ana ohoka, 22/X.
Erythræa? — Baie La Pérouse, 11/X ; Poïke, 9/X, Raau papao.
Ipomæa Batatas Poir. — Hanga roa, 25/X, Kumara ure omo,
Kumara uriuri, Kumara uka tea, Kumara renga moé, T ahi tea tea ;
Moeroa, 22/X, Kumara haù pù, Kumara paka taero.
Forma — Hanga roa, 25/X, Kumara paiki, Kumara puka tea tea ;
Moeroa, 22/X, Kumara pika.
L Pes-capræ L. — Baie La Pérouse, 11/X, Tanoa.
Convoloulus paroiflorus. ■ — Rano kao, 31/X.
Nicotiana Tahacum L. — Rano raraku, 24/X, Aoa aoa paraka ;
Tahay, 22/X, Aoa ava.
Solanum Insulæ-paschalis Bitter — Anakena.
Hemigraphis reptans T. Anders ? — Hanga roa, 25/X, Pupu.
Verhena bonariensis L. — Rano kao, 7/X, Puringa rapa nui.
V. littoralis H. B. et K. — Rano kao, 7/X, Puringa rapa nui ;
Rano aroi, 18/X, Puringa rapa nui, Puringa [chico], Miri Vaihi.
Plantago major L. — Hanga roa, 21/X, Raàau tutàe.
Chenopodium ambiguum R. Br. — Apina iti, 21/X, Huâtâru ;
îlot Motu nui, 15/XL
Euphorbia serpens H. B. et K. — Baie La Pérouse, 11/X.
Polygonum acuminatum H. B. et K. — Rano aroi, 18/X, Taoari.
Boussingaultia gracilis Hiern. = B. baselloides auct. — Toki,
24/VHI, Runa.
Manihot utilissima Pohl. — Moeroa, 22f\, Manoka.
Broussonetia papiryfera Vent. — Rano kao, 31/X, Mahute.
Morus P — Moeroa, 22/X, Monamona.
Ficus Carica L. — Moeroa, 22/X, Pika.
Sisyrinchium micranthum Cav. — Rano Kao, 27/X ; Hanga roa,
21/X.
Curcuma longa L. — Rano kao. Pua.
Canna indica L. — Moeroa, 22/X, Opùhi.
Dioscorea sp. ? — Rano kao, Uhi.
Cordyline terminalis Kunth — Moreoa, 14/X, Ti.
Zebrina pendula Schnitz, sans localité.
Colocasia antiquorum Schott var. esculenta Engl. — Rano kao,
7/X, Ikikioé ; Rano Aroi, 18/X, Taro ngeti tea tea ; Hanga roa,
12/X, Taro çaihiu ; Baie La Pérouse, 9/X, Kape rapa nui ; Baie Vera
vera, 22/X, Taro ngêti nui nui-, Tahay, 22/X, Taro hioa tea tea;
Taro kétu turi turi ; Tapurera nui, 18/X, Taro kétu anga mea, Taro
— 555 -
hara hara, Taro nguha atea, Tara pia, Tara hore hore tapatea, Taro
tua koiro ; sans localité.
Cyperus çegetus Willd. • — Poike, 9/X, Kiki kioe ; Rano aroi, 18/X,
Kyllinga breçifolia Rottb. — Rano kao, 7/X, Mauku tuere, Maùku
maunoko Rano aroi, 18/X, Mauku kàni ; Rano Raraku, 24/X,
Maùku riku, Mauku ringi ringi pea, Maùku rehe rehe.
GRAMINÉES
par Mil® ^ Camus
Paspalum scrobiculatum L., v. orbiculare Domin — Rano kao, 31/X.
P. sp. — Hanga roa, 22/X ; îlot Motu nui, 15/Xl.
Digitaria sanguinalis Scop. ■ — Rano aroi, 18/X, Matie raru hau
Sporolobus indicus R. Rr. — Rano kao.
Agrostis filiformis Spreng. — Rano kao, ‘M j'K, Mauku makoi,
Vano et sans localité.
Apluda pilosa Rich. — Hanga roa, 21/X, Maukù tuere.
Dichelachne micrantha Domin = D. sciurea Hook. f. — Rano kao,
7/X, Mauku tuere, tuere heù.
Cynodon Dactylon Pers. — Ilot Motu nui, 15/X.
Briza minor L. — Rano aroi, 18/X, Mauku maungd’ (herbe de la
montagne) ; Rano kao, 27/X ; Hanga roa, 21/X, Mauku tureme.
Ceratochloa unioloides DC. — Moeroa, 22/X, Mauku hàha Bambou ;
Ana ahoka, 22/X, Ohé (Bambù), Mauku pakùa (Cochonlahua).
Plusieurs espèces sans fleurs indéterminables.
CRYPTOGAMES VASCULAIRES
par M°i® Tardieu-Rlot.
La plus récente liste de Cryptogames Vasculaires de Pile de Pâques
a été donnée par Cari Christensen et Skottsberg en 1920 i, elle
comprend 11 espèces. Nous donnons ici la liste des Fougères rap-
portées par la dernière mission. Pour ce qui est des noms indigèms
que nous citons ici le Métraux nous dit (m litt.) : « J’ai l’impres-
sion que les Pascuans ne distinguent pas les Fougères entre elles, les
noms semblent avoir été donnés au petit bonheur. ». Nous les citons
donc sous toute réserve.
1. Skottsberg : Nat. hisl. .Juan Fernandez, 2, 1920, p. 46.
— 556 —
Il est intéressant de noter que les espèces endémiques Dryopteris
Espinosai et Doodia paschalis ont été retrouvées, de plus deux
espèces, Dai’allia solida et Psilotum triquetum sont ici signalées pour
la première fois. Enfin parmi le lot de Fougères se trouvaient, sans
indication de localité et sans date, N ephrolepis hirsutula et Cyclo-
phorus serpens, tous deux dans une chemise portant au crayon la
mention « Pitcairn ». Le D’' Métraux pense qu’il n’a été recueilli
aucune plante dans cette île où cependant des spécimens de N ephro-
lepis avaient été récoltés par le Forsberg en 1934. Il subsiste
donc un doute quant à leur provenance ; de toute façon ils sont ainsi
signalés pour la première fois dans cette région.
557 —
Le milieu et la végétation de la Réserve Naturelle de
l’Antsingy (Madagascar).
PAR J. LeANDRI.
Le décret du 31 décembre 1927, constituant à Madagascar des
Réserves naturelles pour la protection de la faune et de la flore, a
découpé dans ce qui reste de la forêt calcaire de T Antsingy une surface
de 80.000 hectares environ interdite à toute entreprise humaine.
J’ai eu l’honneur d’être chargé en 1932 et 1933 d’une mission
scientifique à Madagascar, et j’ai consacré la plus grande part de
mon activité à l’étude de cette réserve et à la récolte d’échantillons.
En attendant la parution d’un mémoire plus complet, j’espère
intére: ser les lecteurs du Bulletin en mettant sous leurs yeux une
esquisse des groupements physionomiques végétaux de la Réserve
et de leurs rapports avec le milieu géographique.
Je rappelle que les hauts plateaux cristallins de Madagascar sont
bordés à l’ouest par une bande de terrains sédimentaires, dont la
structure rappelle les « côtes » de certaines régions françaises. En
suivant à peu près le parallèle de Tananarive, on trouve d’abord,
au pied des pentes très raides du plateau, la large vallée du Manam-
bolo, formée de terrains permo-triasiques, puis une falaise profondé-
ment ravinée, gréseuse à la base, calcaire au sommet. C’est cette
falaise que les indigènes appellent le Remaraha. Au delà de la crête,
le terrain descend en pente beaucoup plus douce vers le Canal de
Mozambique, tout en présentant encore un ou deux ressauts moins
importants.
La forêt de l’Antsingy est située sur terrain calcaire ; on observe
des boqueteaux tout près du bord de la falaise surplombant la vallée
du Manambolo ; mais la portion réservée ne constitue qu’une bande
d’une dizaine de kilomètres de largeur, et courant parallèlement à
ce bord à environ 10 à 15 kilomètres. Sa limite Nord est aux environs
du poste désaffecté de Revendre, sa limite Sud aux gorges que le
fleuve Manambolo traverse, après un brusque crochet à l’Ouest,
pour se diriger vers la mer.
1. Que M. le Ministre de l’Instruction publique, MM. les Professeurs du Muséum,
particulièrement MM. H. Humbert et P. Lemoine, Directeur honoraire, et M. le
Gouverneur Général Cayla veuillent bien trouver ici l’expression de ma respectueuse
gratitude pour l’appuiqu’ils m’ont accordé.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
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Fie. 1. — La Réserve Naturelle de l’Antsin£;y. Echelle 1 /750.000.
Surface boisée en grisé. D’après la carte régulière pour le centre et le Sud.
— 559 —
De la géographie physique de cette région, je rappelle ici très
succinctement ce qui est indispensable à la bonne intelligence de cet
exposé.
Le village de Tsiandro, situé près des lisières de la partie médiane
de la Réserve est à 18o45’ lat. Sud, et à 509 mètres d’altitude ; celui
d’Antsalova, qu’on rencontre à l’Ouest après avoir traversé la forêt
est à 100 m., ce qui indique les limites d’altitude entre lesquelles est
comprise cette végétation.
Le climat n’est pas tempéré par le voisinage immédiat de la mer
et de ses brises. Néanmoins, il est moins excessif que celui de la vallée
du Manambolo, située en contre-bas. Les gorges du Manambolo,
dans la traversée de la réserve — mais là seulement • — ont un climat
local délicieux grâce à la faible durée journalière d’insolation due
à la hauteur des versants, et à l’évaporation du fleuve.
Voici quelques températures observées au cours de mon séjour :
Températures extrêmes : Février 1933 Novembre 1932
Maximum Minimum Maximum Minimum
Antsalova 34° 2lo5 37o5 20o5
Tsiandro 37o0 16o0
Température moyenne (Antsalova) 34°5 23^5
Le régime des vents est celui de l’alizé et de la mousson. L’alizé
du Sud-Est souffle pendant l’hiver austral, de mai à octobre. Il
perd toute son humidité en s’élevant le long des montagnes de la
région orientale, et arrive donc complètement privé d’eau au-dessus
de notre région, déterminant une saison sèche. Au contraire, pendant
le règne de la mousson humide du Nord-Ouest, de novembre à avril,
se produisent les grandes pluies, sous forme d’averses violentes vers
la fin de l’après-midi et parfois pendant la nuit. La lame d’eau (50 à
60 cm. annuels) qui tombe sur la région située au Sud du Cap Saint-
André et où se trouve l’Antsingy, est d’ailleurs beaucoup moins haute
que celle qui tombe au Nord de ce cap.
La végétation de l’Antsingy est donc essentiellement tropophile.
Le rôle des brises journalières n’est pas sans importance ; c’est le
début de la brise d’après-midi qui détermine vraisemblablement
l’averse quotidienne. Leur intensité est variable, comme le prouve
l’irrégularité des directions résultantes notées aux stations météoro-
logiques 1.
La nébulosité est particulièrement peu élevée, les nuages ne se
formant que peu de temps avant la pluie, et l’air étant relativement
sec (humidité relative : de 46 (novembre) à 75 (février).
Le Système hydrographique est celui des régions calcaires. Le sol
perméable et fissuré donne lieu à des pertes de rivières, à des puits
1. Service Météorologique de Madagascar. Feuilles d’observations.
— 560 —
Fig. 2. — Région soumise à un pâturage modéré et à des incendies espacés, à l’Est de la
Réserve, La forêt (en grisé) s’est maintenue surtout sur les buttes protégées par des
escarpements. La plus grande partie de la carte représente un pays calcaire, avec
ruisseaux temporaires et espacés, lacs souterrains, etc. Dans la partie N. E., la forme
des courbes de niveau montre les effets d’une érosion accentuée sur des grès tendres
à pente assez rapide. Des ruisseaux permanents beaucoup plue rapprochés coulent
au fond des ravins.
D’après la carte régulière du Service Géographique de Madagascar. Levé du Cap.
Roux-Sibillon. Ech. 1 /lOO.OOO.
— 561 —
naturels. Néanmoins il y a des cours d’eau assez nourris quoique
beaucoup plus espacés que dans les régions voisines. La végétation
trouve donc dans ce terrain peu d’eau, ce qui doit déterminer une
exagération de son caractère tropophile.
Bien que la région n’ait pas subi d’actions tectoniques, comme le
prouve l’horizontalité des couches, le relief est parfois assez acci-
denté pour diverses raisons : creusement de gorges par les cours
d’eau, dissolution superficielle des calcaires, donnant lieu à des
lapiez, et à des couloirs, effondrements d’entonnoirs (emposieux).
Fig. .3. — Région plus habitée, soumise aux cultures, à un pâturage important et à des
incendies fréquents. La forêt commence à disparaître même sur les buttes protégées
par des escarpements.
D’après la carte régulière du Service Géographique de Madagascar. Levé du Cap.
Roux-Sibillon. Ech. 1 /tOO.OOO.
érosion à la limite de couches d’inégale résistance et dislocation en
dalles. Le modelé est donc franchement karstique. Cela constitue
souvent pour les végétaux une station plutôt tourmentée et com-
plique encore le problème de la nutrition, en obligeant les racines à
se développer à l’air libre sur une certaine longueur en se dirigeant
vers la couche d’humus localisée dans les interstices des pierres
(%• .
Le sol de l’Antsingy est particulièrement intéressant, parce que
les conditions nécessaires à la latéritisation ne paraissent pas, en de
nombreux endroits, être réalisées.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIIII, 1936.
36
— 562 —
Malgré la sécheresse classique des sous-sols calcaires, le sol est
particulièrement riche. Dans la région déjà déboisée, un humus
remarquablement fertile se rencontre dans tous les fonds et permet
avec un plein succès presque toutes les cultures, surtout potagères ;
cette région paraît se peupler rapidement grâce à l’immigration
d’indigènes venus des hauts-plateaux et se juxtaposant à la popula-
tion sakalave primitive.
La faune et particulièrement l’Homme ont aussi une influence
considérable sur la végétation, et nous allons envisager rapidement
leur rôle.
Le rôle de l’Homme est essentiellement destructeur : les modifi-
cations qu’il imprime au caractère de la végétation sont les plus
importantes puisque de la forêt tropophile qui constitue le climax
de cette région, il fait une savane composée essentiellement d’herbes,
de deux ou trois espèces de Palmiers et à peu près autant d’arbres ou
arbustes dicotylédones. Le but de cette destruction est tantôt la
mise en culture temporaire, tantôt la création de pâturages, tantôt
le dessein de se « donner de l’air ». Le moyen, dans cette région, est
dans tous les cas le même ; c’est le feu.
La végétation des lisières est ainsi particulièrement intéressante,
puisque c’est en quelque sorte le « tissu de cicatrisation » de la forêt
après le passage de l’incendie.
L’homme joue aussi un rôle par l’introduction des plantes qui
forment son cortège habituel. Ici comme ailleurs, ces plantes parais-
sent prospérer seulement sur les surfaces où la forêt a déjà été
détruite et ne peuvent s’introduire dans la végétation primitive.
Les animaux supérieurs : Lémuriens, Potamochærus, qui sont les
hôtes les plus nombreux de la forêt de l’Antsingy, paraissent en par-
fait équilibre biologique avec le milieu végétal qui ne semble jamais
souffrir de leur abondance. Le Potamochærus sort quelquefois de la
forêt pour aller rendre visite aux cultures des indigènes, qu’il
apprécie ; mais ces sorties se terminent assez souvent par sa capture
au piège. Les Lémuriens Lemur, Propithecus Verreauxi, etc., sont
très nombreux dans certains secteurs et manquent dans d’autres i.
Si l’on attribue cette ‘distribution aux exigences de la nourriture,
on pourrait en induire que les végétaux qu’ils affectionnent forment
des peuplements plus denses dans certaines parties de la forêt, mais
il m’a été impossible de l’établir. Mais en tout cas on ne les rencontre
pas dans les parties de la forêt déjà abîmées ou plus ou moins recons-
tituées, bien que certaines de ces espèces de reconstitution {Anti-
desma petiolare par exemple) aient des fruits comestibles.
Parmi les Oiseaux, les uns sont des habitants des berges ; Pintade,
Canard à bosse, Hoche-queue, Echassiers, Hérons, les autres des
1. Ainsi, il y a des Lemur mais pas de Propithèques sur les versants des gorges du
Manambolo.
— 563 -
frondaisons de la forêt : Pigeon vert, Passereaux divers et nombreux.
Tous jouent certainement un rôle dans la dispersion des semences et
la destruction des insectes parasites des plantes.
Le rôle des Reptiles, Boas, Tortues, Lacertiliens (ceux-ci sont
particulièrement représentés, par les genres Uroplatus, Chamaeleo,
Brookesia, Leandria), Batraciens est certainement moins important
vis-à-vis de la forêt. Par contre il est manifeste que la forêt est indis-
pensable à leur existence, car la plupart d’entre eux, sauf les Tortues,
manquent complètement en dehors d’elle.
Fio. 4. — Limite Sud-Ouest do la Réserve de l’Antsingy. Sortie des gorges du Manam-
bolo ; au premier plan, rochers calcaires transportés par le deuve depuis les îalaises
du second plan. Sur les rives, roseaux à droite.
Disons encore un mot des Termites en faisant remarquer que leurs
constructions si caractéristiques abondent dans les clairières, mais
non dans la forêt. Les eaux courantes de la forêt renferment des
Sangsues et des Planorbes. Un grand nombre de Coléoptères, de
Lépidoptères et de vespides (« F anembihy » des indigènes) sont biolo-
giquement liés à la forêt. On ne peut en dire autant de l’espèce de
Fourmi rouge de petite taille qui habite les tiges de V Euphorbia
aprica, petit arbre à rameaux charnus et sans feuilles du groupe
Goniostema, car les deux partenaires de cette sorte d’association
peuvent se rencontrer en savane. Des Fourmis habitent aussi les
tiges de certains Croton.
Si les Scorpions ne paraissent pas avoir besoin de la forêt pour
vivre, parmi les Scolopendres et Iules certaines paraissent beaucoup
plus abondantes dans la région boisée. Je n’ai pas eu l’occasion
— 564 —
d’assister à des migrations d’Acridiens et ne puis donc donner d’ob-
servations Sur leurs effets sur la végétation forestière. Il n’est pas
probable qu’ils puissent faire mourir un grand nombre d’arbres,
une invasion ayant eu lieu peu de mois avant mon séjour, et les
arbres morts depuis peu de temps paraissent assez peu nombreux.
Nous allons examiner maintenant les différentes catégories de
végétation qui se rencontrent dans la Réserve.
Fig. — Dans les gorges du Manambolo, vers la limite Sud-Est de la Réserve de
l’Antsingy. Forêt primitive avec Poinciania regia en fleurs vers la fin d’octobre.
1° Végétation primitive des différentes stations.
Les principales stations que l’on rencontre dans la Réserve Natu-
relle de l’Antsingy sont par ordre de sécheresse décroissante, les
rochers calcaires au soleil, ou lapiez secs, les plateaux calcaires et
rochers plus ou moins humides, et les bords de cours d’eau. Quant
aux lacs, il en existe quelques-uns en surface au voisinage de la
Réserve ; je ne connais à l’intérieur que quelques petits lacs souter-
rains.
Ces stations sont occupées respectivement par les groupements
suivants : xérophytes des rochers, forêt sèche, forêt normale, forêt
humide, galeries ripicoles.
Je vais essayer de donner une idée de la physionomie et de la com-
position de ces groupements.
Les Xérophytes de rochers sont des plantes basses, ne couvrant pas
entièrement le sol ; elles préfèrent les rochers les plus escarpés et
dédaignent le plateau même sec. La composition floristique de ce
groupement est peu variable : Lomatophyllum (L. antsingyense),
Aloe, Pachypodium (P. Rutenbergianum, P. menaheum), Polygala
sp. (afï. Peplis), Barleria Leandrii, Cynanchum compactum Choux,
Angræcum præstans Schltr., Habenaria Elliotii, Acampe Renschiana,
Fig. ('•. — l’hysionomie normale de la forêt de l’Antsingy. Lianes et épipliyles, strate
arbustive réduite, sous-bois herbacé (octobre).
Selaginella sp. Toutes ces plantes ont leurs racines dans Thumus qui
remplit les fissures des rochers.
Ce groupement passe progressivement au suivant, celui de la
forêt sèche. Cette dernière occupe aussi bien des surfaces à peu près
plates que d’autres plus escarpées. Les arbres sont bas, espacés,
généralement à feuilles caduques ; la végétation arbustive est dense ;
il n’y a presque pas de sous-bois à végétation herbacée.
Les végétaux les plus caractéristiques de ce groupement sont les
- 566
Baobabs ( Adansonia), les Sakoa (Sclerocarya), le Masanjoana ou
faux-Santal de Madagascar (Santalina madagascariensis ) , le Stereos-
permum euphorioides, une Bignoniacée arborescente qui abonde
aussi en certains points dans la savane secondaire, un Diospyros
et un Bauhinia arborescent. Parmi les arbustes et arbrisseaux, on
remarque surtout plusieurs espèces d’Euphorbiacées ( Croton, Aca-
lypha, Euphorbia aprica), de Méliacées (Turraea) et à' Erythroxylon,
un Urera ; les Lianes les plus communes sont des Combretum, des
Dalechampia, le Bauhinia Hildebrandtii, des Cynanchum, le Gym-
nema sylvestre. Outre les végétaux que nous venons de citer, il en
existe un grand nombre d’autres moins communs.
Fie. 7. — l.isièrc de la foret vers Dokolahy. Faciès un peu plus sec. Au second plan
lapiez dénudés avec quelques plantes spéciales. Au premier plan, prairie de flra-
minées espacées (novembre).
La plus grande partie de la forêt de l’Antsingy présente un aspect
moins xéroptiile que le groupement précédent. Elle se compose d’une
belle futaie à troncs souvent élancés, à feuilles en partie caduques.
La caducité des feuilles n’est d’ailleurs pas un caractère strictement
spécifique et dépend plutôt de la distance du niveau phréatique. Ce
type ordinaire de la forêt calcaire, d’ailleurs plus ou moins belle
suivant les circonstances édaphiques, comprend des arbres, des
lianes et des épiphytes, des arbustes moins nombreux que dans le
groupement précédent, et un sous-bois herbacé.
Parmi les espèces très nombreuses et variées qui constituent ces
diverses strates, nous ne citerons que les plus communes.
Les arbres appartiennent aux espèces ou genres suivants :i)a^6ergm,
Fig. 8. — Forêt des Couloirs sculptés par l’érosion dans les calcaires. Des arbres sont
enracinés, les uns au fond des couloirs, les autres à la surface supérieure, sculptée en
lapiez (en haut à l’arrière-plan). On voit à gauche un faisceau de racines d’un de ces
arbres descendant vers la terre du fond. Divers arbustes sont enracinés à mi-hauteur
dans les fissures de la roche. Le fond est constitué par un enchevêtrement de débris
végétaux surmontant la terre humifère (photogr. prise en février).
— 568
Sclerocarya, Tisonia, Homalium, U^>aria ambongoensis, Bridelia
Bernieriana un genre nouveau d’Euphorbiacées ; Ficus, Dichros-
tachys (cf. tenuifolius), Bauhinia (cf. porosa), Poinciania (une espèce
commune, voisine du leucantha et une plus rare, le Flamboyant,
P. regia) Alhizzia Bernieri, Cordyla madagascariensis, Stéréo
spermum euphorioides, Commiphora, Ochna, Buettneria, Sorindeia
madagascariensis, T abernæmontana, Turræa sericea, Sideroxylon
rubrocostatum, Cedrelopsis Greoei, Tréma (cf. grisea) ; un grand
arbre à bois tendre (Araliacée) ; etc.
Les arbustes qui se rencontrent dans ce type de forêt sont peu nom-
breux. Ils deviennent plus abondants quand une éclaircie se produit
dans la voûte de feuillage, et surtout aux lisières des clairières
comme nous le verrons plus loin. Leur taille est très variée.
Dans les localités au relief le plus tourmenté, comme les dédales de
couloirs serpentant dans les rochers calcaires et auxquels les indi-
gènes ont donné le nom expressif de tsiombwositra (où les bœufs gras
ne peuvent passer), cette strate arbustive est également très réduite,
mais non complètement supprimée.
La composition floristique de cette strate est plus facile à étudier
que celle de la strate supérieure, parce qu’elle est plus accessible et à
floraisons plus continues. Citons les Acalypha, Stephanodaphne
cremostachya. Piper subpeltatum, Harpagophytum, Calliandra, Ver-
nonia, Urera, Turræa, Croton, Phyllanthus nummulariæfolius,
Albizzia, Combretum, Grewia, Erythroxylon, Excæcaria, Vitex,
Ventilago leptadenia, Dombeya, Oncostemon, Uoaria amplexicaulis,
Alyxia erythrocarpa.
Les arbres et arbustes supportent une ricbe végétation de lianes et
d’assez nombreux épipbytes (fig. 6). La floraison des Lianes se produit
surtout au début de la saison des pluies, en novembre. Leurs fleurs
sont alors parfois si abondantes qu’elles dissimulent les arbres qui
les supportent.
Les plus abondantes sont YEntada abyssinica, des Combretum,
Dalechampia, le Cryptostegia madagascariensis, aux grandes et belles
fleurs roses, des Chadsia et des Bauhinia à fleurs orangées, V Acacia
Peroillei, le Tragia furialis, le Pentopetia cotoneaster, des Pæderia,
Sphærostylis, Ipomæa, Ceropegia, Cynanchum.
Aux Lianes s’entremêlent des épipbytes, Vanilla madagascariensis,
Platycerium, Habenaria, Gussonea, Polypodium, Loranthus, alors
que sur les troncs d’arbres pourris abondent au milieu de la saison
des pluies les Platycerium et de nombreuses Polyporées.
Le sous-bois herbacé de cette forêt peut être divisé en deux faciès
1. Le Flamboyant (Poinciania regia) n’a été trouvé en forêt primitive que dans
l’Aiitsingy (voir ce Bull. 1933, p. 413), qui serait donc sa patrie d’origine.
— 569 —
suivant que le substratum est formé par la terre humifère ou par les
rochers calcaires (lapiez).
Dans le premier cas, correspondant souvent à une station assez
fraîche et humide, on observe des Chlorophytum, des Biophytum , des
Impatiens, le Gloriosa virescens, le Dioscorea Soso, des Dicliptera et
Fig. 9. — Limite Nord-Ouest de la Réserve de l’Antsingy : vallée de la Dembavy.
Prairie avec lambeaux de forêts sur des buttes calcaires ; maigre galerie forestière
formée d’essences secondaires. A droite, arrachements semi-circulaires diisà l’érosion
et colonisés par des Graminées d’ailleurs impuissantes à les fixer.
Justicia, un genre nouveau de Scrofulariacées ; un Champignon, le
Dictyophora phalloidea var. ; un Benthamia, un Coleotrype (cf.
synanthera), un Commelina (cf. latifolia), un Dorstenia, un Enicos-
tema, V Humhertochloa bambusina. Bien entendu, ces plantes ne
fleurissent pas toutes au même moment.
Dans le second cas, on trouve un Lygodium, (L. Kerstenii),
570 —
V Adenia firingalavensis, le Platycerium madagascariense, qui est à
la fois épiphyte et épilithe, un Bégonia, le Polypodium punctatum,
V Adiantum caudatum, un Disperis (afî. comorensis), un Neobathiea,
et encore le Gloriosa çirescens, avec quelques autres espèces, plus
rares.
U Euphorbia Viguieri, malgré son port succulent habite aussi cette
station.
Dans les aires voisines du niveau phréatique ou des cours d’eau,
la forêt devient plus serrée, plus luxuriante et quelques nouvelles
essences apparaissent ou deviennent prédominantes : les Pandanus,
le Macaranga ferruginea, etc... Ce n’est qu’au bord des rivières assez
larges et bien insolées qu’apparaissent les Roseaux, les Joncs et dans
l’eau les algues et VAponogeton jenestralis (Ouvirano), (fig. 4).
2° Dégradation de la végétation primitive
sous l’influence des incendies.
La pratique des incendies de brousse existe dans la région de
l’Antsingy comme ailleurs à Madagascar. Des portions de forêt,
principalement situées sur des buttes calcaires, ont été protégées
par les escarpements rocheux (carte 2), ce qui prouve, en même
temps que la présence de souches dans b sol recouvert par la piairie,
que l’incendie est bien la cause du changement d’aspect de cette
partie des pays. Vers le Nord-Ouest de la Réserve, c’est au
contraire une dépression abritée par des escarpements, qui marque
le début de la forêt, la prairie occupant le plateau supérieur.
Sous l’influence d’incendies répétés, les groupements envisagés
au paragraphe précédent se modifient chacun suivant son carac-
tère propre.
Groupements Dégradation progressive
Lapiez au soleil
Forêt sèche j sur rochers
Forêt normale 1 sur plateau
Forêt humide d°
Bord de l’eau
Ces groupements dégradés tendraient en général à revenir à l’état
de végétation forestière, sinon identique à la végétation primitive,
du moins comprenant les espèces les plus rustiques et à croissance
la plus rapide. On observe en beaucoup d’endroits de ces stades de
— Ne changent pas — —
Végétation Groupement des
Lapiez au soleil.
Végétation
des lisières
do -
des clairières
do do
Galerie forestière
- Prairie.
Prairie
humide.
Roseaux, etc.
— 571 —
reconstitution Mais la plupart du temps, le voisinage de la popula-
tion donne lieu à un renouvellement des incendies, à intervalles plus
ou moins rapprochés, si bien que la végétation au lieu de se recons-
tituer se dégrade de plus en plus Suivant le schéma ci-dessus.
Il est intéressant de donner la composition de ces groupements
dégradés. Le groupement des lisières est constitué d’espèces assez
nombreuses, appartenant les unes à la flore primitive, les autres à la
flore secondaire ; mais dont quelques-unes sont particulièrement
fréquentes : Antidesma petiolare, Chrysalidocarpus oleraceus, Alchor-
Fig. 10. — Lisières dégradées vers le Centre de la Réserve. La forêt primitive est rem-
placée par les arbustes caractéristiques des lisières.
nea alnifolia, Euphorbia Laro, Psiadia altissima (sensu lato), Bau-
hinia Greoei, et les Lianes Cardiospermum halicacabum, Abrus
precatorius, Leea guineensis et Paullinia pinnata.
Dans les clairières, le sol est couvert par la prairie de Graminées
dont l’uniformité est interrompue de place en place par la présence
de quelques végétaux ligneux : Palmiers ( Chrysalidocarpus et
Hyphæne, Mimosées (Albizzia), Antidesma, Rinorea, Salacia, Fluggea
microcarpa, et même Manguiers. On y trouve aussi comme plantes
herbacées des Asparagus, Oldenlandia, des Orchidées ; Cynosorchis
boinana, Eulophia robusta, Neroilia Renschiana, et le Tacca pinna-
tifida. Ce groupement est d’ailleurs tout à fait intermédiaire entre le
1. La reconstitution de la forêt est plus facile sur les sols relativement peu dégradés
de l’Antsingy que dans des régions voisines à sous-sol différent où la disparition de la
couverture végétale a permis la formation d’une croûte latéritique.
572 —
précédent et les suivants, qui sont la prairie sèche et la prairie humide.
Ces derniers occupent de grandes étendues à l’Est de la réserve,
la forêt ne s’étant maintenue que sur les huttes, derrière la protec-
tion des escarpements
La prairie sèche comprend, en dehors des quelques Graminées
banales : Cymbopogon fuhus, Chrysopogon montanus, Chloris mada-
gascariensis, Panicum colonum, etc , d’autres espèces moins abon-
dantes telles que Euphorbia hypericifolia, Dalechampia prenant un
port dressé faute de plante support, Dioscorea, Vernonia, Lactuca
Welçitschii, Heliotropium, Mussænda, Cynosorchis boinana et même
Adiantopsis linearis dans les endroits caillouteux
La prairie humide est caractérisée par Achyranthes aspera, Ama-
rantus (cf. tristis), Solarium lycopersicum, Citrullus Colocynthis,
Polygonum minus, Boerhaavia diffusa, Scoparia dulcis, Gompho-
carpus fruticosus, Crinum modestum, Tacca pinnatifida, etc.
BIBLIOGRAPHIE
Louvel. L.îs forêts de l’ouest de Madagascar. Agric. Prat. des Pays chauds,
1913.
Petit. Compte-rendu d’une mission à Madagascar et notes sur la question
des Réserves naturelles. Bull. Muséum, 1932.
Leandri. Compte-rendu d’une mission au Bemaraha (Ouest de Madagas-
car). Bull. Muséum, 1933.
— 573 —
Structure des bois, libers et écorces de tension et de
COMPRESSION DANS LES BRANCHES ÉPIXYLES DE ChORISIA
SPECIOSA (BoMBACACÉES).
PAR M™® L. Lavier-George.
Dans un arbre donné, les assises génératrices de la tige ne fonc-
tionnent pas toujv urs régulièrement sur tout leur pourtour et il se
forme ainsi un excentrement des couches annuelles. Ce cas peut
s’ob«ierver dans des tiges ver’^icales soumises à des actions extérieures
agissant unilatéralement, mais ce sont surtout les branches horizon-
tales qui sont excentriques (épixyles, hypoxyles ou amphixyles
suivant les essences) ; de plus, cette dorsiventralité peut être pro-
duite expérimentalement sur des tiges maintenues en dehors de leur
position verticale.
Cette propriété a été signalée par de nombreux auteurs, en parti-
culier, en ce qui concerne les Angiospermes par Kny, Lammermayk,
Metzger, Heric, et surtout Jaccard.
Jaccard (1917) montre que sous l’action de la pessanteur, le
côté supérieur des rameaux horizontaux est soumis à une traction
longitudinale, tandis que le côté inférieur subit une compression
correspondante parallèle à l’axe de flexion. Une partie de son
mémoire de 1919 est consacré à l’étude expérimentale des tensions
— ^ compressions longitudinales. Quand elles agissent d’une façon con-
tinue et dans une direction constante, on observe une activité inégale
de l’assise génératrice sur le côté tendu et sur le côté comprimé. La
symétrie bilatérale qui en résulte s’accompagne d’une différencia-
tion anatomique très sensible : différence de forme et de structure
des éléments ligneux, groupement et proportion relative variables
des éléments constitutifs du bois sur les deux côtés opposés. Chez
les résineux la compression longitudinale augmente l’activité des
divisions cellulaires et conduit à l’hypoxylie des organes plagiotropes.
Chez les feuillus au contraire, c’est sur le côté tendu que se produit
l’accroissement en diamètre le plus rapide, ce qui provoque l’épi-
xylie des branches horizontales. C’est cette observation, ainsi
d’ailleurs que d’autres caractères constants des tiges et des feuilles
qui m’a permis de rapprocher les Gnétales des Angiospermes (1930,
1931, 1934). En général, le plan de symétrie fait avec la verticale
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
- 574 —
un angle nul, parfois plus ou moins ouvert, et pouvant même, dans
certains cas, atteindre 90°.
Chez Chrorisia speciosa A. de Hil. 1824, (« arbre à clous »,
« Arvore de Paina », Bombacaceæ Adansonieæ d’origine brésilienne)
cet axe est vertical. Les échantillons étudiés proviennent du superbe
exemplaire du Jardin Botanique de l’Université de Lisbonne. Je les
ai récoltés moi-même en septembre 1935, grâce à l’obligeance de
M. le Professeur Palhinha, que je tiens à remercier vivement ici.
Les branches des trois quarts inférieurs de la couronne feuillée sont
horizontales. Dès leur point de raccord avec la tige, elles sont épi-
Fig. 1. — Coupe transversale d’un rameau horizontal. A = aiguillon ; B = bois ; C =
éléments comprimés ; E= écorce ; L= liber ; T = éléments tendus (Grandeur natu-
relle).
xyles, contrairement à ce qui se produit habituellement chez les
feuillus aussi bien que chez les résineux, les branches, à ce niveau,
étant toujours hypotrophes, selon Jaccard. Chez Chorisia speciosa,
l’épixylie atteint son maximum à dix centimètres de l’axe principal
et cette épixylie se maintient sur toute la longueur du rameau. Toutes
les branches horizontales que j’ai observées présentent ce même
caractère ; celle que je décris est la plus inférieure de toutes, située
à sept mètres au-dessus du sol.
Les aiguillons (Fig. 1, A et Fig. 2, A), véritables émergences, pro-
ductions cortico-épidermiques, ont le même aspect et la même struc-
ture sur tout le pourtour du rameau. Chacun est formé à sa base,
jusqu’au cinquième environ de sa hauteur par des couches alter-
— 575 -
nées de liège à parois minces et de liège à parois épaisses (fîg. 2, A),
ce dernier très fortement imprégné de tannins. Tout le reste est
constitué par des cellules parenchymateuses, à parois lignifiées,
perforées, et également tannifères.
Fig. 2. — A gauche : liber et bois de tension. A droite : écorce et bois de compression.
K = keratenchyme ; O : = parenchyme oxalifère ; F = fibres ; L = couches de
liège; S = scléréides (X 16).
— 576 —
L’écorce proprement dite a aussi la même épaisseur et la même
structure partout (fig. 1, E). Du côté interne, elle est formée de
couches subéreuses (fig. 3 M et E) ayant les mêmes caractères que
celles de la base des aiguillons, puis ces zones régulières alternent
avec des couches de cellules à peu près isodiamétriques, fortement
perforées, interrompues par des cellules parenchymateuses, tanni-
fères, à parois minces, et par de gros éléments à contenu mucila-
— 577 —
2® Une zone parenchymateuse, plus ou moins oxalifère, avec des
masses irrégulières de fibres cellulosiques (fig. 3, F).
3® Une zone parenchymateuse, riche en oursins et cristaux rhom-
boédriques d’oxalate de calcium, et parsemée de cellules à parois
épaisses, perforées.
40 De place en place des bandes très longues formées de deux à
Fig. 4. — Bois de tension. F = fibre ; P = parenehyme ; R = rayon médullaire ; V =
vaisseau (X 150).
cinq couches de scléréides, cellules cubiques à parois très épaisses,
finement canaliculées, cellulosiques (fig. 2, S et fig. 3, S).
50 Une zone semblable à la deuxième, mais infiniment plus riche
en oxalate.
6° Une région périphérique dans laquelle on ne peut plus recon-
naître de structure cellulaire, région assez mince de liber corné ou
kératenchyme (fig. 2, K).
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
37
-- 578 —
Les coupes longitudinales montrent l’existence de fibres libériennes
cloisonnées transversalement et dont chaque élément renferme un
cristal rhomboedrique d’oxalate. Ces fibres oxalifères ou stegmates
sont semblables à celles que j’ai décrites chez les Sorbus.
Fig. 5. — Bois de compression. F = libre ; R = rayon médullaire ; T = Thyllc ; V =
vaisseau (x 150).
Le liber comprimé a une structure à peu près semblable, mais le
liber stratifié est moins régulier et le kératenchyme plus abordant.
Le bois ^ de tension est caractérisé par une grande abondance de
1. Les coupes de bois de tension et de bois de compression ont été faites à l’aide du
xylotome de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts de Nancy et je remercie infiniment
Monsieur le Directeur Guinier pour la grande obligeance qu’il m’a toujours témoignée.
— 579 —
parenchyme (fig. 4, P) dont la plupart des éléments sont perforés,
(fig. 4, F). Les fibres, contrairement à ce qui se produit d’ordinaire,
ont un diamètre faible et sont peu nombreuses. Leur lamelle moyenne
ou primaire est très mince, fortement lignifiée, colorable en jaune par
le chlorure de zinc iodé ; les couches secondaires et tertiaires sont
colorables les premières en rouge-brun par le même réactif, les
deuxièmes en bleu-violacé, ce qui montre qu’elles sont formées d’un
complexe lignine-cellulose-hémicellulose-pectine (le rouge de ruthé-
nium colore vivement certaines zones de la membrane tertiaire). Les
cellules des rayons médullaires ont des parois cellulosiques très
perforées (fig. 4, R).
Dans le bois de compression, les vaisseaux sont plus nombreux
et plus volumineux (fig. 5, V), ce qui est général. Leur cavité est
souvent comblée plus ou moins par des thylles (fig. 5, T), ce qu’on
n’observe jamais dans le bois tendu. Le parenchyme (fig. 5, P) est
moins abondant que sur la face supérieure, et la plupart de ses
éléments sont mucilagineux. Les fibres (fig. 5, F), beaucoup plus
nombreuses et plus anguleuses que dans le bois de tension sont
groupées en amas volumineux, contrairement à ce qui se produit
d’habitude. Ces fibres sont lignifiées et donnent avec le chlorure de
zinc iodé une coloration jaune franc. Enfin, la différenciation en
bois de printemps et bois d’automne est beaucoup plus nette que
dans le bois tendu.
En résumé, chez Chorisia speciosa l’accroissement des branches
en horizontalité laisse inchangée la structure de l’écorce proprement
dite, modifie assez peu celle du liber et profondément celle du bois,
aux points de vue tant quantitatif que qualitatif ; toutefois, ces
modifications ne sont pas toujours du même ordre que celles obser-
vées par Jaccard dans les dicotylédones — il est vrai différentes
— qu’il a étudiées.
BIBLIOGRAPHIE
George (L.). Contribution à l’étude des Gnétales. Thèse Sciences, Paris,
1930, 174 pp.
— Sur quelques particularités anatomiques des Gnetum. C. R. Acad.
Sciences, 1930, p. 220.
— Les rapports des Gnétales avec les Dicotylédones et les Gymnospermes.
C. R. Acad. Sciences, 1931, p. 1451.
— ■ Observ, tiens qur quelques Sorbus et leurs hybrides, 65^ Congrès Soc.
Savantes (Resançon), 1932, p. 257.
Herig (P. G.). Zur Anatomie exz ntrisch-gebauter Hôlzer. Thèse Université
de Fribourg (Suisse), 1915.
Jaccard (P.). Anatomische Struktur des Zugund Druckholzes bei
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, 1936.
37.
-- 580 —
wegrechten Aesten von Laubhôlzern. Vierteljahresschrijt der Naturf.-
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Genève, 1919, 200 pp.
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1901 ex (Abt. I).
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Metzger (K.). Uber das Konstruktions-Prinzip des sekundâren Holz-
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p. 249.
Saint-Hilaire (A. de). Plantes usuelles des Brasiliens. Paris, Grimbert,
1824.
— 581
Liste des Espèces Minérales rencontrées aux îles Saint-
Pierre ET Miquelon.
PAR M. E. Aubert de La Rue.
Au cours des recherches géologiques que j’ai entreprises dans
l’archipel en 1932 et 1935, j’ai pu découvrir un certain nombre de
minéraux qui, sauf une ou deux rares exceptions, n’y avaient encore
jamais été signalés
Voici donc la liste des espèces actuellement connues à Saint-Pierre
et Miquelon en dehors de celles entrant normalement dans la consti-
tution des roches. On trouvera d’autre part, pour chaque minéral,
ses principaux gisements.
Améthyste — En veines dans les rhyolites du Cap Rouge (S*-P.) ^
et de l’île aux Vainqueurs
Argile — Forme des dépôts très purs dans les anciennes moraines
du Petit Barachois (L )
AzuRite- — Enduits sur les rhyolites de l’Anse à Dinand (S*-P.)
Barytine — ■ Masses lamellaires roses formant de petits filons
dans les arkoses de l’Anse aux Soldats (L ).
Calcédoine. — Veines blondes dans les rhyolites du Cap Rouge
(S*-P.).
Calcite. — Indépendamment des roches peu développées qu’elle
constitue entièrement ou en partie, comme les cipolins de Miquelon,
les calcaires, les calcschistes et les cornéennes de Langlade, la calcite
s’observe en cristaux blonds dans la bary+ine de l’Anse aux Soldats
(L.), en filons dans les rhyolites de la Tête Pelée (L.) et au contact
d’un dyke de dolérite et des schistes métamorphiques de la Grande
Anse du Cap Blanc (M.).
Chalcopyrite. — En veinules dans les brèches siliceuses de l’Anse
aux Soldats (L.), dans les hornblendites de l’Anse à la Vierge (M.)
et dans les amphibolites et épidotites de la côte ouest du Cap (M.).
Chalcosine. — Forme des imprégnations et des petits nids dans
les arkoses chloriteuses de l’Anse aux Soldats (L.).
1. Les abréviations employées sont les suivantes ; S*-P. = Pierre ; M. = Mifjue-
lon ; L = Langlade.
Bulletin du Muséum, 2® s., t. VIII, n° 6, 1936.
- - 582 —
Chlorite. — En assez grandes lamelles dans les pegmatites de la
grande Anse de l’Ouest (M.).
Chrysotile. — En fibres de 2 cm. dans une brèche volcanique
épidotisée, entre l’Anse à Ravenel et la Pointe Blanche (S^-P.).
CoRDiÉRiTE. — Petites masses transparentes, violacées, très
pléochroïques, dans les gneiss de la côte ouest du Cap (M.).
CupRiTE. — Veines dans les diaclases des rhyolites de l’Anse à
Dinand (S^-P.).
Epidote. — Très commune en petits cristaux vert d’herbe dans
les diaclases des schistes métamorphiques de la côte ouest du
Cap (M.).
Erubescite. — Abondante dans les arkoses chloriteuses de l’Anse
aux Soldats (L.). Se trouve également en mouches et en veinules
dans les rhyolites, entre le Ruisseau Creux et le R. du Renard (M.),
dans les pegmatites de la Grande Anse de l’ouest (M.) et dans les
gneiss de la côte ouest du Cap (M.).
Galène. — En mouches et cristaux aplatis dans les calcschistes
de l’Anse aux Soldats et dans les brèches siliceuses du cours moyen
de la Belle Rivière (L.).
Grossulaire. — Fréquent en cristaux bruns, irréguliers et apla-
tis dans les cornéennes de la rive Nord-Est du Grand Etang (M.).
Hématite rouge. — En masses compactes et concrétionnées dans
les brèches rhyolitiques silicifiées du Grand Colombier. Forme égale-
ment des veines dans les quartzites des Graves (L.).
Hédenbergite. — En cristaux vert foncé dans les fissures dc^
amphibolites près de l’Etang Beaumont (M.).
Ilménite. — Inclusions très fréquentes, longues de quelques centi-
mètres, dans les pegmatites du Calvaire et du Cap (M.).
Malachite. — Assez répandue dans tout l’archipel. Forme des
enduits à la surface des roches contenant des sulfures de cuivre.
Magnétite. — En petits nids dans quelques roches amphiboliques
de la côte ouest du Cap, entre le Cap Blanc et l’Anse aux Warys (M.).
Associée à l’ilménite, forme des veines et des imprégnations très
fréquentes dans les quartzites du Calvaire et du Cap (M.).
Molybdénite. — En petites inclusions très rares dans les horn-
blendites dominant l’Anse à la Vierge (M.).
Ocre. — Forme quelques dépôts très purs mais peu importants
autour de suintements ferrugineux, notamment sur la rive orientale
du Grand Etang (M.), sur les grès rouges du Nord de Langlade et à la
surface des schistes ardoisiers de la Belle Rivière (L.).
PiÉMONTiTE. — Ce minéral est très abondant dans certaines
rhyolites de Saint-Pierre auxquelles il communique une belle colc-
^ 583 —
ration rose. A l’Anse à Dinand (St-P.), on trouve parfois dans les
diaclases de l’une d’elles, l’épidote manganésifère en petits cristaux
fibro-radiés, rouge-carmin. Les plus belles rbyolites à piémontite
sont à l’île aux Marins, sur la rive sud de l’Anse à Tréhouart.
PiNiTE. — Ce produit d’altération de la cordiérite est assez
répandu dans 1 s gneiss et les schistes métamorphiques de la côte
ouest du Cap, entre le Bec et le Cap Blanc (M.).
Prehite. — ■ S’observe souvent dans les cassures des roches
amphiboliques altérées et épidotisées dans les falaises de la côte
ouest du Cap, entre le Bec et le Cap Blanc (M.).
Pyrite. — Souvent très abondante en petits cristai x cubiques et
en veinules dans un grand nombre de roches sédimentaires, érup-
tives et métamorphiques de tout l’archipel. La pyrite est particu-
lièrement répandue dans les amphibolites et les rbyolites entre le
Grand Etang de Miquelon et celui de Mirande (M.).
Quartz. — Très commun en petits filons laiteux dans les rhyo-
lites de Saint-Pierre où il est appelé localement « marbre de mon-
tagne ». Rare en cristaux limpides. On le trouve Sous cette forme dans
les diaclases des rbyolites de l’île aux Marins et dans celle de la
Pointe Blanche (S^-P.),
Ripidolite. — En enduits à la surface des veines de quartz tra-
versant les roches amphiboliques de l’Anse à la Vierge (M.).
Sphène. — En jolis cristaux bruns de 5 mm. dans les diorites
quartziques le long du Grand Etang, un peu au Sud du Ruisseau
des Eperlans (M.).
Stilbite. — En cristaux nombreux et très bien formés dans les
amphibolites des falaises du littoral, un peu au Sud de la Grande
Anse de l’Ouest (M.).
Talc. — Forme quelques enduits verts dans les diaclases d’une
cornéenne de la rive nord-est du Grand Etang (M.) et à la surface
des veines de quartz interstratifiées dans les schistes et grès rouges
de la vallée inférieure de la Belle Rivière (L.).
Tourmaline noire. — Ce minéral, rare, se trouve en petits cris-
taux dans les schistes métamorphiques au pied du phare du Cap
Blanc (M.) et en cristaux plus grands, atteignant 3 cm. dans quelques
filons de pegmatite, entre le Calvaire et le Cap (M.).
Tourbe. — Les tourbières, surtout formées par les Sphaignes,
ont une grande extension. A Langlade et à Miquelon, la couche de
tourbe atteint parfois plusieurs mètres d’épaisseur.
Tripoli. — ■ Des vases à Diatomées, constituées principalement
par des frustules de Na^icula, s’observent dans plusieurs étangs de
Saint-Pierre, en particulier dans celui du Calvaire.
Wad. — L’oxyde hydraté de manganèse, en masses granuleuses
noires et tendres est fréquent dans les tourbières de Langlade et de
Miquelon. On le trouve notamment aux alentours de l’Etang de
Cuquemel (L.) et à Pousse-Trou (M.). Ce minéral cimente fréquem-
ment les graviers et les cailloutis sur les bords des rivières et des
étangs. C’est lui qui communique à toutes les eaux courantes de
l’archipel leur coloration brune habituelle.
585
NOTULÆ SYSTEMATICÆ
Sommaire du fascicule 3, Tome V (mars 1936).
P. Sacleux. — Deux nouvelles espèces de Crotalaria de l’Afrique orien-
tale tropicale.
Mme Tardieu-Blot et Cari. Christensen. — Les Fougères d’Indochine
(V.) : Schizaeaceæ, Gleicheniaceæ.
H. Perrier de La Bathie. — Commelinacées de Madagascar.
H. Perrier de La Bathie. — Les Disperis (Orchidées) de Madagascar,
des Comores et des Mascareignes.
Sommaire du fascicule 4, tome V (août 1936).
H. Perrier de La Bathie. — Les Liparidinées de Madagascar.
Cari. Christensen et M“i® Tardieu-Blot. — Les Fougères d’Indochine
(VI) : Lindsayeæ.
H. Chermezon. — Les Cypéracées des Comores.
M^l® A. M. Homolle. — Danais (Rubiacées) nouveaux de Madagascar,
avec révision de la synonymie.
TABLE DES MATIERES
DU Tome VIII. — i" Série.
ACTES ADMINISTRATIFS 5, 117, 223, 319, 365, 449
Liste des Services et du Personnel du Muséum national d’ Histoire naturelle ........ 6
Liste des Correspondants du Muséum, national d’Hist. Nat. nommés en 1935. ... 17
Liste des Attachés au Muséum national d’ Histoire Naturelle 21
Travaux faits dans les Laboratoires pendant l’année 1935 26
COMMUNICATIONS :
Abrahd (R.). Sur l’existence des sables de Fontainebleau à Livry-sur-Seine
(S.-et-M.) 205
— Sur quelques points de la tectonique de la région de Meyrucis (Lozère). 290
André (M.). Sur le Cancer personatus Linné 92
— Sur le Pediculoîdes ventricosus Newport (Acarien) 240 et 337
■ — • Descriptions de plusieurs Microthrombidium de l’Afrique Orientale (Mis-
sion de l’Omo, 1932-1933) 406
Angei. (F.). Matériaux lierpétologiques recueillis à Madagascar par M. Roger
Heim chargé de Mission. — Description de deux formes nouvelles. ... 125
Aubert de L.a Rue (E.). Liste des espèces minérales recentrées aux îles
Saint-Pierre et Miquelon 581
Berlioz (J.). Note sur l’identité probable du type d’Heliolry plias Simoni Bou-
card 233
-- Etude d’une collection d’Oiseaux du Congo belge 327 et 490
Bebtin (L.). Contribution à l’éthologie des Poissons abyssaux 506
Boschma (H.) Sur la Sacculina carpiliæ et la Sacculina leplodiæ, de Guérin
Ganivet 342
Bourdelle (E.). Quelques caraclère's anatomiques du Zèbre de Hartmann
(Equus zébra Hartmannæ Matsebie) 473
Budker (P.). Compte-rendu sommaire d’une mission au large des côtes de
Mauritanie (Cap Blanc) 237
Cadenat (J.). Note sur un Céphalopode géant ( Architeuthis Jlarveiji Verrill)
capturé dans le Golfe de Gascogne 277
Chabanauu (P.). Les Poissons de mer exotiques aux Halles centrales de Paris.
Remarques sur diverses espèces, notamment Solea senegalensis Kaup
et Hilsa reevesi FI. B 61
— Multiplication tératologique de la papille urino-génitale chez un mâle de
Brachirus muelleri Steind (Teleosiei Pleuronectoîdea Soleidæ) 394
— • A propos de l’interprétation lamarckienne de la dyssymétrie des Poissons
dits Pleuronectes ( Pseltodoidea et Pleuronectoidea 498
Charcot (J.). Hommage national à .lean Charcot 450
Chevalier (A.). Contribution à l’étude de quelques espèces africaines du genre
Dioscorea 520
— 587 —
Chevey (P.). Sur ]a présence du genre Anguilla en Indochine française 65
— Sur la présence d’une seconde espèce d’Anguille en Indochine française
et sur les lois de la circulation dos eaux dans la Mer de Chine méridionale. 130
CuGNAC (A. de). Les jardins botaniques et la conservation des espèces rarès.
A propos de Bromus arduennensis Dmrt 236
Dechambre (Ed.). Observations sur la migration des Cailles 483
Delphy (J.). Sur quelques Anoplophrj/imorphes (2® note) 435
— Sur les Anoplophryimorphes (3® note) 516
Doi.lfuss (R.-Pb.). Polypiers. (Hexacoralliaires et Hydrocoralliaires récoltés à
la Guadeloupe par la Mission Cryptogamique du Muséum en 1936. . . . 514
Fauvel (P.). Sur quelques Annélides Polychètes de Pile de Pâques 257
Friant (M^i® M.). L’Aplodontia asiatica Sch. du Pontien de Mongolie 115
— Interprétation de la molaire supérieure jeune de VEohippus et considéra-
tions sur la phylogénie des Equidés 200
— ■ Les premiers stades du développement superficiel du néopallium et du
rhinencéphale chez les Pinnipèdes 374
Grand JEAN (F.). Observations sur les Acariens (3® série) 84
— Microzetes auxiliaris n. sp. (Oribates) 138
— Observations sur les Oribates (10® série) 246
— Ee genre Pachyenathus Dugès (Alycus Ji-och) (Acariens), l"'" partie 398
Gravier (Ch.). Sur un Crustacé (Stomatopode) rare de Pile de Pâques 254
Germain (L.). Contributions à la Faune Malacologique de l’Afrique équatoriale,
Guillaumin (A.). Plantes nouvelles ou critiques des Serres du Muséum 94
— Camus (A.) et Tardietj-Blot. Plantes vasculaires récoltées à Pile de
Pâques par la Mission Franco-Belge 552
— et Manguin. Floraisons observées dans les Serres du Muséum pendant
l’année 1935 96
— Plantes nouvelles, rares ou critiques des serres du Muséum 362
Guinet (C.). Floraisons observées à l’Ecole de Botanique du Muséum pendant
l’année 1935 101
Heim ue Balsac (H.). Le Hérisson d’Algérie Aethechinus Algirus, relique plio-
cène en France 322
Jacques-Félix (H.). Mélastomacées africaines, critiques ou nouvelles de
l’Herbier du Muséum {suite) 108
Kaelin (J.). Sur les anomalies du squelette chez les Crocodiliens 385
Lamrerton (C.). Sur un nouveau genre de l.émuriens fossiles malgaches : le
Prohapalemur Gallienii 367
— Nouveaux Lémuriens fossiles du groupe des Propithèques et de l’intérêt
de leur découverte 370
Lamy (Ed.). Note sur le Cytheræa callosa Conrad. (Moll. Lamellibr.) 158
— Le Cypraea moneta L. existe-t-il sur la côte occidentale d’Afrique 263
— Liste des Mollusques recueillis par la Mission Franco-Belge à Pile de
Pâques (1934) 267
— Huîtres de l’Indochine 427
Lavier-George (M™® L.). Recherches sur les épidermes foliaires des Philippia
de Madagascar ; utilisation de leurs caractères comme bases d’une classi-
fication (avec note biologique de M. H. Humbert) 173
— Structure des bois, libers et écorces de tension et de compression dans les
branches de Chorisia speciosa (Bombacacées) 573
Léandri (J.). Le milieu et la végétation de la Réserve Naturelle de PAntsingy
(Madagascar) 557
Leroy (P.). Les Sipunculiens du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. 423
— 588 —
Lux (R.). Sur le parasitisme du Bihio hortulanus L. par un Nématode du genre
Rhabdiiis (Note préliminaire) 512
Monod (Th.). Compte-rendu sommaire de la deuxième partie d’une mission au
Sahara Occidental 311
Morellet (L. et G.). Faune des sables à Nummuliies variolarius de Lévignen
(Oise) 292
Neuville (H.). Remarques complémentaires sur l’organe femelle de l’Hyaena
crocuta 54
— Ectopies dentaires de Gorille et d’Orang-Outan 225
Petit (G.). Un Gohius nouveau de Madagascar 388
— Sur la lèvre supérieure et la valvule buccale de Gobius (Awaous) Loweli
G. Petit 493
Petit (G.) etBuDKER (P.). Répartition des dents cutanées jumelées chez
Galeorhinus læpis (Risso) 334
Ranson (G.). Le rôle de la matière organique dissoute dans l’eau et les théories
de Pütter {suite) 160
— Observations morphologi(jues, systématiques et biogéographiques sur
une Scyphoméduse rare, Paraphyllina intermedia. O. Maas, 1903,
trouvée sur la plage de Biarritz 269
— Nouvelles observations concernant la biologie de Napicula fusiformis
Grün {N. ostrearia Bory) 355
Rémy (P.). Pauropodes du Muséum national d’Histoire naturelle, II 69
— Pauropodes du Muséum national d’Histoire naturelle, III 132
Rode (P.). Note sur le Daman du Fouta-Djalon [Procavia ruficeps oweni Thos). 478
Sacleux (R. -P.) Une lettre inédite de Linné 443
Soyer (R.). Profil en long géologique de la ligne n° XI du chemin de Fer Métro-
politain interurbain de la place du Châtelet aux Lilas 206
— Marcasite du Lutétien Inférieur à Saint-Cloud (S.-et-O.) 316
Vachon (M.). Sur le développement postembryonnaire des Pseudoscorpions
(4® note). Les formules chætotaxiques des pattes-mâchoires 77
Zi.ABECK (K.). Note sur le masséter des Catarhiniens et des Platyrhiniens . . . . 118
Le Gérant, R. Taveneau.
ABBEVILLE, IMPRIMERIE F. PAILLART.
19-3-37.
SOMMAIRE
Pages
Actes administrati}s 449
Dons d’ouvrages 449
Hommage à la Mémoire du Commandant J.-B. Charcot 450
Communications :
E. Bourdelle. Quelques caractères anatomiques du Zèbre de Hartmann
{Equus zébra Hartmannæ Matschie) 473
P. Rode. Note sur le Daman du Fouta-Djalon (Procavia ruficeps oweni Thos) . 478
Ed. Dechambre. Observations sur la migration des Cailles 483
J. Berlioz. Etude d’une collection d’Oiseaux du Congo Belge {suite) 490
G. Petit. Sur la lèvre supérieure et la valvule buccale de Gobius (Awaous)
Louveli G. Petit 493
P. Chabanaud. a propos de l’interprétation lamarckienne de la dyssymétrie des
Poissons dits Pleuronectes (Psettodoidea et Pleur onectoidea) 498
L. Bertin. Contribution à l’éthologie des Poissons abyssaux 506
R. Lux. Sur le parasitisme du Bibio hortulanus L. par un Nématode du genre
JRhabditis. (Note préliminaire) 512
R.-Ph. Dollfus. Polypiers (Hexacoralliaires et Hydrocoralliaires) récoltés à la
Guadeloupe par la mission cryptogamique du Muséum en 1936 514
J. Delphy. Sur les Anoplophryimorphes (3® note) 516
A. Chevalier. Contribution à l’étude de quelques espèces africaines du genre
Dioscorea 520
A. Guillaumin, A. Camus et Tardieu Blot. Plantes vasculaires récoltées à
rile de Pâques par la Mission Franco-Belge 552
J. Leandri. Le' milieu et la végétation de la Réserve Naturelle de l’Antsingy
(Madagascar). 557
L. Lavier-Ceobgb. Structure des bois, libers et écorces de tension et de com-
pression dans les branches du chorisia spesiosa (Bombacacés) 573
E. Aubert de La Rüe. Liste des espèces minérales rencontrées aux Iles Saint-
Pierre et Miquelon 581
Table des matières du Tome VIII 586
PUBLICATIONS DO HDSEON NATIONAL D’HISTOIKB NATDBELLE
Archives du Muséum national d'Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d'Histoire naturelle) (Masson
et C*® éditeurs, un vol. par an, 200 frs).
Bulletin du Muséum national d'Histoire naturelle (commencé en 1895)
(Bibliothèque du Muséum, un vol. par an, 50 frs).
Publications du Muséum national d'Histoire naturelle (N® 1, 1932 et sui-
vants, prix variable).
Mémoires du Muséum national d'Histoire naturelle (nouvelle série com-
mencée en 1936). [Editions du Muséum, 57. rue Cuvier]. Un vol. par
an, 150 frs.
Index Seminum in Horlis Musaei parisiensis collectorum (Laboratoire de
Culture ; paraît depuis 1822 ; échange).
Noiulæ systematicæ (Laboratoire de Phanérogamie ; paraît depuis 1909).
Revue française d’ Entomologie (publiée sous la direction du R. Jeannel ;
paraît depuis 1934. Un vol. par an, 50 frs ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d' Agriculture coloniale (Laboratoire
d’Agronomie coloniale ; paraît depuis 1921).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d'Histoire naturelle
à Dinard (Laboratoire maritime de Dinard ; paraît depuis 1928).
Bulletin du Musée d' Ethnographie du Trocadéro (Musée du Trocadéro ;
paraît depuis 1931 ; prix du n® ; 5 frs).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale (Chaire de Chimie ;
Section de Physique végétale; paraît depuis 1927; échange).
Travaux du Laboratoire d' Entomologie (Laboratoire d’Entomologie ;
paraît depuis 1934 ; échange).
Bulletin de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle
et du Jardin des Plantes (Société des Amis du Muséum, a paru de 1924
à 1935) : remplacé depuis janvier 1936 par la Revue o La Terre et la
Vie ».
Bulletin de la Société des Amis du Musée d’ Ethnographie du Trocadéro
(Musée d’ Ethnographie du Trocadéro).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères (publié
sous la direction du Prof. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936).