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Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
DEUXIÈME ANNÉE
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DEUXIÈME ANNÉE JANVIER 1912 NUMÉRO 13
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Revue Tllustrée d'Entomorogie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
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ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Contributions à l'étude des larves des CICINDÉLIDES
1° LARVE DU TRÉFIÉ
(Probablement Megacephala senegalensis LATREILLE).
Par C. HOULBERT.
Parmi les documents, adressés dans ces derniers temps à la
Station entomologique de Rennes, en vue de la détermination,
se trouvait une magnifique larve de Cicindélide, recueillie
dans la haute vallée du Niger par M. A. Andrieu, sous-ins-
pecteur d'Agriculture coloniale à la Station agronomique de
Koulikoro.
À l'appui de son envoi, M. À. Andrieu faisait parvenir il
y a quelques semaines à M. A. Vuillet, préparateur à notre
Station, une lettre dans laquelle il précisait les détails de la
capture et donnait quelques renseignements intéressants sur la
larve en question, que les indigènes Bambaras désignent sous
le nom de 7 réfé.
Voici d’ailleurs les parties les plus importantes de la lettre
de M. Andrieu.
*
STATION AGRONOMIQUE DE KOULIKORO
Le 16 novembre 1971.
« Je vous ai adressé le 30 septembre un flacon contenant
huit larves de Tréfié (nom Bambara). »
« Ces larves creusent dans la terre un tube presque vertical
d'environ 22 centimètres de longueur; le diamètre, à l’ouver-
ture, est de 1 centimètre: au fond, le trou s’élargit, son dia-
INSECTA, Janvier 1912,
SDS
mètre atteint 2 centimètres. On voit de temps à autre le 7réñé
monter au sommet du tube et en fermer l'ouverture avec sa
tête ; les indigènes, qui marchent généralement pieds nus, sont
parfois mordus par ces larves. »
«On extrait facilement le 7 réfié de son trou au moyen d’une
paille que.l’on enfonce et retire dès que la larve a mordu;
FiG. 1. — Coupe verticale du sol, montrant la galerie entière du Zréfié.
Demi-grandeur (Cliché A. Andrieu).
comme elle ne peut immédiatement dégager ses crochets,
malgré sa résistance elle est extirpée. »
« J'ai placé un certain nombre de ces larves dans une caisse
à moitié remplie de terre; elles se sont aussitôt mises à creuser
Hi
leurs trous. Elles ont été nourries avec des termites, des
mouches, etc.; quelques-unes ont, au bout de quelques Jours,
fermé leur tube, probablement pour passer à l’état de nymphes.
L'insecte parfait doit sortir au commencement de l’hiver-
nage (1), »
« Je vous envoie
aussi deux photogra-
phies; la première
représente une coupe,
a demi-grandeur,
d'un tube de 7Zréfié
(FIG. 1); la larve est
au fond. Un peu au-
dessus et à droite,
on voit une coupe de
racine; la deuxième
représente la même
larve, grandeur na-
turelle. »
Dans cette deu-
xième photographie,
reproduite en simili-
gravure par notre
FIG. 2, la larve est
contournée en 5,
c'est-à-dire dans sa
position la plus na-
turelle et semble
occupée à dévorer
F1@. 2. — La larve J'réfié au fond de sa galerie.
Grandeur naturelle (Cliché A. Andrieu).
une proie récemment capturée.
Les explications qu'on vient de lire dans la lettre qui pré-
cède, les photographies très suggestives communiquées par
M. À. Andrieu, ainsi que l'étude minutieuse que nous en avons
(1) C'est-à-dire vers les mois de juin ou juillet.
—— 4 —
faite, ne peuvent laisser aucun doute, le 7 réfié des Bambaras
est bien une larve de Cicindélide.
Nous devons à la vérité de dire que la larve du 7 7éfé nous
paraît avoir été très exactement identifiée dès les premiers
moments par M. Jean Vuillet, Directeur d'Agriculture colo-
niale à Koulikoro (Æaut-Sénégal-Niger). Dans une lettre
adressée à M. Andrieu, M. Jean Vuillet s'exprime, en effet,
ainsi : « Je crois avoir pu déterminer votre larve; c'est bien
un insecte de la famille des Cicindélides, très probablement
Megacephala senegalensis Latreille; d’ailleurs la forme adulte,
très grande espèce d’un vert brillant, sans tache, est assez com-
mune à Katibonga. » x *
Bien que l'évolution du
Tréfié n'ait pas été suivie
dans toutes ses phases, on
peut admettre, en effet, que
nous sommes bien en pré-
sence de la larve de Megace-
phala senegalensis; la taille
véritablement considérable
de cette larve (56 millimètres
de longueur environ), con-
corde très bien avec ce que
nous savons des dimensions
de l’insecte adulte, l’un des
F1G. 3. — Megacephala senegalensis Lat. ; . :
adulte; grand. nat. Haut-Sénégal-Nivcer : plus grands qui existe parmi
Koulouba (Coll. de M. René Oberthür). 10e RSR
les Cicindélides (FIG. 3).
= LE |
Nous ne connaissons que les Manticorides qui admettraient
des larves de cette taille; mais, les Manticorides ne se ren-
contrent que dans l’Afrique australe ou dans l’Amérique du
Nord. Au contraire, la larve qui nous occupe ici est très com-
mune dans la région soudanaise. D'ailleurs M. J. Vuillet a
2 A 4 \ .
lui-même capturé, à Koulouba, une Megacephala adulte, qui
paraît absolument identique à la forme typique du Sénégal.
Comme, par ailleurs, la distribution géographique de cette
— 5 ——
espèce est, comme on le sait, assez notablement étendue dans
l'Afrique occidentale, 1l est donc à peu près certain que c’est
aussi Megacephala senegalensis qui vit à Koulikoro.
Quoi qu'il en soit, voici la description du 7 7éfé telle que
nous avons pu la faire au Laboratoire de la Station entomo-
logique, à l’aide du S/atif binoculaire de Zeiss, sous des gros-
sissements variables entre 8 et 30 diamètres.
DESCRIPTION DE LA LARVE
Dans son ensemble, cette larve présente tous les caractères
généraux des larves des Cicindélides (PL. I, FIG: 4) : confor-
mation de la tête, nombre des ocelles et disposition des cram-
pons d’ascension sur le 5° anneau abdominal.
Tête. — [La tête, de forme trapézoïdale, légèrement rétrécie
en avant et à peine plus longue que large, est concave en dessus
avec ses bords latéraux et sa partie antérieure très distincte-
ment relevés; sa couleur est d’un brun très foncé avec, çà et là,
quelques reflets métalliques violacés et pourprés; elle porte,
dans la partie centrale de l’épicrane, quelques grandes soies
isolées de couleur noire avec de petites saillies caréniformes,
symétriques, orientées dans diverses directions (PL. IT, FIG. 5).
L’épistome est rétréc: en avant et sa bordure antérieure est
légèrement convexe; sa limite postérieure, du côté de l'épicrane,
n'est pas marquée, comme cela a lieu chez d’autres larves, par
une suture nette, mais seulement par un repli transversal
rugueux. On distingue, sur son disque, une saillie longitudinale
médiane et deux autres latérales, symétriques, un peu obliques,
dont l’ensemble affecte sensiblement la forme d’un M.
Angles frontaux fortement saillants; à leur niveau on dis-
tingue, sur le milieu de l’épicrane, deux saillies divergentes
dessinant un V à branches très ouvertes et recourbées en dehors.
Vertex portant en arrière, le long de la base supérieure de
l'occiput, une carène transversale très saillante, s’arrêtant, de
chaque côté, aux mamelons (/empes) qui portent les ocelles.
PLANCHE I.
Stigmate..…
Mamelon du 5° seg-
gment abdominal
Tube anal
F1G. 4.
LE TRÉFIÉ DES BAMBARAS.
Larve nrésumée du Wegaccphala sénegalensis Latr. provenant de Koulikoro
(Haut-Sénégal-Niger) (Grossissement : 34 diamètres).
= 7 —
LABRE. — Le /abre ou lèvre supérieure n'est pas visible;
nous sommes d'accord sur ce point avec ERICHSON (Archives
de Wiegmann, 1841, t. I, p. 69), SCHIÔDTE (1) et Claude REY
(Essai d'études sur certaines larves de Coléoptères, Baune, 1887,
p. 4); la région que Mulsant et Mayet ®) décrivent sous ce nom
est, à notre avis, l'épistome. Il n’y a pas lieu toutefois d’attacher
une importance exagérée à cette apparente contradiction; on
sait, en effet, combien les avis des entomologistes descripteurs
sont variables à ce sujet.
OCELLES. — Les ocelles sont au nombre de quatre de chaque
côté ; deux très grands, hémisphériques, très visibles, sont placés
sur les mamelons temporaux; les deux autres, beaucoup plus
petits, sont situés sur les joues, à peu près au niveau du grand
ocelle antérieur (PL. IT, FIG. 5, 0). Du fait même de leur situa-
tion, à la partie supérieure de la tête, les deux grands ocelles
sont très visibles; les petits, placés latéralement, ne se voient
bien que lorsqu'on regarde la tête par le côté (PL. IT, FIG. 7, 0).
ANTENNES. — Les antennes sont d’un brun rougeûtre, un
peu plus sombres à leur extrémité; elles sont fixées sur les
côtés du front en avant du grand ocelle antérieur, immédia-
tement au-dessus de l'insertion des mandibules (PL. IT, FIG. 5,
6 et 7, a); elles sont parsemées de poils blancs et noirs, irré-
gulièrement distribués, et leur longueur est environ le quart de
celle de la tête. Leurs articles, au nombre de quatre, diminuent
fortement d'épaisseur de la base vers l'extrémité libre : le
premier, à l'insertion, affecte la forme d’un cône renversé renflé
en avant; le deuxième, légèrement ovoïde, égale le premier en
longueur; le troisième, cylindrique, est déjà beaucoup plus
court que le second; enfin, le quatrième est très petit; on
observe cependant deux soies noires, rigides à son extrémité.
MANDIBULES. — Les mandibules, très longues et d'aspect
corné, sont de couleur noire, sauf à la base où elles présentent
(1) SCHIGDTE (J. G.). — Bidrac. til Insekternes Udviklings-historie (Wa-
turhist. Tidsshrijt., 1867, Kioebenhav. Bind, IV, p. 415, in-8°).
(2) MuzsanT (E.) et Valéry MAYET. — 77rstoire des métamorphoses de
diverses espèces de Coléoptères, Lyon, 1872, pp. 314 et 320.
ROSES
une coloration rougeâtre; insérées au niveau des angles fron-
taux, elles sont arquées en forme de faux et très effilées à leur
extrémité (FIG. 7); elles sont de plus armées, du côté interne,
d'une large dent triangulaire, dont la couleur
sombre tranche fortement sur celle des màchoires
qui sont en dessous. En raison d’une adaptation
très remarquable, les mandibules sont dirigées
très obliquement vers le haut; leurs pointes se
croisent, ce qui fait que la larve peut facilement
capturer les petits insectes qui s’aventurent au-
dessus de la trappe perfide que forme sa tête
(PPHIL FIG et. 6272)
MACHOIRES. — Regardées en dessus, les mà-
Une mandibule
isolée. choires se distinguent assez facilement des man-
PSE Pedibles (PL. IT, FIG. 5, #7’); elles sont fixées sur
une pièce basale allongée (coxopodite), environ trois fois plus
longue que large, reçue dans une cavité correspondante de la
tête; cette pièce basale est comprimée et porte, sur son bord
antérieur, aminci en carène, deux ou trois denticules, garnis
de petites épines noires très rigides (FIG. 8).
La région moyenne de la mâchoire, qui
vient à la suite de cette pièce basale (basi-
podite) a, dans son ensemble, une forme
triangulaire, et paraît formée de deux parties
inégales soudées; l’externe est terminée par
un palpe maxillaire de trois articles; quant
à l’interne, plutôt adaptée aux fonctions tac-
Aile Ce isolée et files qu'aux fonctions masticatrices, elle est
ee ARTS terminée par une longue pointe conique,
inarticulée; le tout est parsemé de soies
noires, longues, surtout abondantes le long des carènes laté-
rales (PL..II, FIG. 6, #°).
LÈVRE INFÉRIEURE. — La lèvre inférieure est ovale, charnue
et garnie de longs cils sur ses bords; elle est consolidée, en
dessous, par un menton sensiblement triangulaire, portant lui-
A 2 sn LA
même, en avant, deux petites pièces basales accolées, sur
lesquelles sont fixés les palpes labiaux; ces palpes labiaux ne
sont formés que de deux articles portant quelques poils
Hesuenx: (PL "TE, FIG: 6, À).
TÊTE VUE EN DESSOUS. — Vue en dessous la tête présente un
bombement tout à fait remarquable (PL. II, FIG. 6 et 7) dont les
biologistes n’ont pas encore expliqué la raison d’être; Weest-
wood avoue qu'il ne peut concevoir, en aucune façon, « l’usage
de cette structure particulière (1) ». Quoi qu’il en soit, le dessous
de la tête est lisse, d’un roux brillant avec, en avant, quelques
soies noires irrégulièrement distribuées; on observe, sur sa ligne
médiane, un sillon assez profond, s'étendant jusqu'au bord
postérieur; en avant, un peu après avoir dépassé le centre de
la convexité céphalique, ce sillon se bifurque en deux branches;
la bifurcation se produit au niveau d’une dépression au fond
de laquelle on distingue une petite saillie ponctiforme.
Prothorax (PL. I, FIG. 4). — Le prothorax affecte, dans
cette espèce, une forme semi-circulaire tout à fait caractéris-
tique; en avant, son bord libre est très distinctement sinué et
ses angles antérieurs bien marqués. Sa coloration fondamentale
est d’un brun jaunâtre. Sur les côtés, le prothorax est très net-
tement rebordé; le long de ce rebord court une gouttière brune
qui s'élargit progressivement et qui vient se terminer, en arrière,
à l’origine de la base postérieure.
Le disque du prothorax présente, en avant, deux sillons
obliques parallèles aux côtés; deux autres sillons très sinueux
font suite à ceux-c1 et vont se terminer près de l'extrémité des
gouttières latérales; sur la ligne médiane existe également un
sillon axial très peu enfoncé. Çà et là, sur le disque, se voient
des taches brunes, allongées, symétriques, toujours en rapport
avec les sillons dont nous venons de parler; enfin, tout à fait
(1) WEESTWOOD (A.). — Mémoire pour servir à l’histoire naturelle de la
famille des Cicindélètes (Ar. des Sc. nat. zool., 1831, p. 290).
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
LARVE DU TRÉFIÉ.
EXPLICATIONS DE LA PLANCHE II
5. — Tête, vue en dessus et fortement grossie (grosst 8 diam.).
a — antennes, de 4 articles.
m — mandibules croisées, la gauche en dessous.
m — mâchoires, montrant les lobes interne et externe.
o — ocelles, au nombre de quatre.
D — prothorax.
6. — Tête, vue en dessous (grosst 5 diam.).
a — antennes.
m — mandibules croisées.
m — mâchoires, montrant la pièce basilaire en entier.
p — prothorax.
k — palpes labiaux de deux articles.
s.c — pièce sous-céphalique vue de face.
7. — Tête et prothorax, vus de côté (grosst 4 diam.).
a — antennes, avec la forme des articles vus de profil.
m — mandibules (une seule est visible, celle de gauche).
m — mâchoires, le profil de la pièce médiane est visible.
o — ocelles, les deux petits ocelles latéraux sont visibles.
p — prothorax, vu de profil.
s.c — pièce sous-céphalique fortement convexe.
v — sligmaie prothoracique.
8. — Vue latérale du 5° anneau abdominal (grossi).
s — sligmates.
Le mamelon saillant et les crochets sont visibles.
9. — Derniers segments abdominaux vus en dessous (grossis).
n — plaques chitinisées.
{ — tube anal, couvert de spinules rigides.
10.— Le prolongement anal vu de face (grossi).
LARVE DU TRÉFIÉ
Détails anatomiques.
PLANCHE II.
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F1G. 5. — Tête, vue en dessus (Grossiss' 8 diam.). Tête, vue en dessous (Gross! 5 diam.).
Vue latérale du
5° anneau abdominal
(Gross! 4 diam.)
AT
F1@. 10.
Fra. 9.
Les trois derniers anneaux de l’abdomen Le prolongement anal, vu de face
vus en dessous (Gross 5 diam.). (Gross! 6 1 diam.).
à l'arrière du prothorax, près de sa base postérieure, se voient
deux petits points bruns légèrement impressionné, l’un à droite,
l'autre à gauche du sillon médian.
Le prothorax est encore parsemé sur son disque de poils
blancs irrégulièrement distribués, mais son pourtour est cilié
de soies blanches, assez longues et assez fournies; en outre,
six soies noires, disposées 2-4, se voient à sa partie antérieure,
dans la région limitée par les sillons arqués.
Mésothorax (PL. I, FIG. 4). — Le mésothorax est, comme
le prothorax, très peu convexe et fortement chitinisée en dessus ;
le large sclérite dorsal qui le constitue forme un bouclier tra-
pézoidal, rétréci en avant, mais dont les quatre angles sont
fortement arrondis; sur le milieu, on distingue une ligne
sombre, très fine, et, de chaque côté, des dessins bruns sensi-
blement parallèles à cette ligne médiane.
Le bouclier mésothoracique est aussi fortement cilié sur les
côtés; son disque est hérissé de poils noirs peu nombreux.
Enfin deux fossettes brunes, allongées, peu profondes, se voient
près des angles antérieurs.
Métathorax (PL. I, FIG. 4). — De couleur brun jaunatre
comme les deux segments précédents; sa partie supérieure
chitinisée forme un bouclier quadrangulaire dont les angles
sont fortement arrondis; la ligne médiane est peu apparente
et deux dépressions latérales se voient près la base.
Abdomen (PL. I, FIG. 4). — Les segments abdominaux 1. 2.
3. 4 sont presque glabres et de couleur blanc jaunâtre; chacun
d'eux porte, en dessus, deux plaques chitinisées ornées de
dessins plus sombres et garnies de 3 à 5 soies rigides le long
de leur bord externe. Sur les côtés, se voient de petits mamelons
brunâtres, ornés chacun de trois ou quatre tubercules sétigères.
Les stigmates, visibles en dessus, un peu en avant de l’angle
antéro-externe des boucliers dorsaux, sont très petits; ils sont
circulaires et limités par un péritrème brun. Le premier segment
abdominal, ainsi que le deuxième, sont moins longs que larges;
— 13 —
les troisième et quatrième sont presque carrés; le cinquième
(PL. IT, FIG. 8) est le plus grand de tous; 1l porte, en dessus,
un mamelon conique très saillant, dirigé vers l'arrière et sur-
plombant même légèrement le sixième segment; la partie ter-
minale de ce mamelon est brune, chitineuse et hérissée de
spinules noires très rigides; elle est, de plus, armée de quatre
crochets cornés dont Îles pointes sont tournées vers l’avant. Ces
crochets sont inégaux et disposés par paires, symétriquement,
de chaque côté de la ligne médiane; l’externe est plus grand
que l’interne; leur pointe est noire.
On suppose que ces crochets servent de crampons à la larve
pour monter ou descendre dans son tube souterrain; le ma-
melon qui les porte semble, en effet, légèrement érectile, et 1l
est probable que les crochets, à l’état actif, peuvent également
se redresser afin de maintenir la larve à la hauteur qui lui
convient.
Les segments abdominaux 6, 7 et 8 sont renflés en ovoides
légèrement transverses; leurs boucliers dorsaux sont moins
accentués que ceux des anneaux précédents; le neuvième seg-
ment est un peu plus court que le huitième; il porte des soies
noires, rangées en demi-cercle à son bord postérieur, ainsi qu'un
prolongement anal hérissé de très nombreuses spinules noires (1)
(PL. IT, FIG. 9). Sur les côtés des trois derniers segments
abdominaux existent de petites saillies brunâtres ornées de
tubercules sétigères.
STIGMATES. — A l'exception du neuvième anneau, chacun
des segments de l’abdomen porte une paire de stigmates; de
plus, sous le bouclier prothoracique, un peu en arrière de l'in-
sertion des pattes antérieures, se trouve un très grand stigmate,
bien visible lorsque la larve est regardée de côté. Nous trouvons
donc ainsi, en tout, neuf paires de stigmates ; la première paire
prothoracique, les huit autres paires abdominales. Nous avons
(1) Ce tube anal proéminent est une dépendance du 9° anneau abdominal ;
il ne faut donc pas le confondre avec un 10° segment.
— 14 —
là une disposition fort intéressante (larves péripneustiques)
qui, comme on le sait, ne se retrouve pas chez l'adulte tt).
Dessous du corps. — Le dessous du corps est d'un blanc
jaunâtre ; une plaque ovale, d'un jaune orangé, occupe et conso-
lide la partie médiane de chaque anneau abdominal; toutefois,
la sclérificatioh de ces plaques s’efface de plus en plus, à mesure
qu'on se rapproche de l'extrémité postérieure.
Le tube anal, vu de face (PL. II, FIG. 10), montre que la
terminaison du tube digestif se fait entre deux petits appen-
dices cornés, supportés par une pièce basale
en forme de triangle renversé.
PATTES. — Les pattes, au nombre de six,
sont, comme de coutume, disposées par
paire sous chacun des anneaux thoraci-
ques, elles sont d’un brun roussâtre, mais
beaucoup plus foncées vers leur extrémité
libre. Comme grandeur elles sont sensible-
ment égales; on y distingue les parties
suivantes (FIG. 11) : une hanche allongée
sub-cylindrique, légèrement renflée à sa
base et portant, en dessus, deux rangées
Fia. 11. longitudinales de soies noires; un trochan-
Patte antérieure £ é 7
très grossie ter assez long, obliquement articulé avec
l'extrémité du fémur; un fémur allongé,
égal en longueur aux 2/3 de la hanche, roussâtre vers sa base,
mais beaucoup plus brun à son extrémité libre, qui est, par
surcroît, garnie de nombreuses soies rigides et de grandes
épines noires; la jambe est très courte, de couleur noire; elle
est fixée presque à angle droit à l'extrémité du fémur (FIG. 11)
et également hérissée, sur toute sa surface, de petits poils spi-
nuleux très serrés. Le tarse est aussi très court et formé d’un
seul article; il est terminé par deux griffes noires courbées et
inégales.
(x) HOULBERT (C.). — Zes Insectes: introduction à l'étude de l’entomo-
logie biologique, Paris, Doiïin, 1910, p. 242.
— 15 —
DIMENSIONS. — La longueur totale de la larve est de 56 mil-
limètres environ, sa largeur moyenne de 7 millimètres; le
dessin de notre figure 4 la représente donc sous un grossisse-
ment sensiblement égal à trois fois ses dimensions naturelles.
À l’état adulte, Megacephala senegalensis Latr. (FIG. 3) est
une belle grande espèce de Cicindélide d’un vert bleuâtre
métallique sans aucune tache et dépourvue d’ailes membra-
neuses sous les élytres; c'est cette dernière particularité qui
avait conduit SERVILLE et LEPELLETIER DE SAINT-FARGEAU
à proposer pour cette espèce le nom générique d’À pfema U).
La plupart des Megacephala ont des habitudes nocturnes;
ils se réfugient pendant le jour dans des trous, au pied
des arbres, et sortent seulement vers le soir; les espèces aïlées
ne volent pas volontiers, mais, en revanche, elles courent avec
une grande agilité sur le sol.
Les larves se rencontrent dans les mêmes localités que les
adultes.
C:HOULBERT.
(À suivre).
(1) Aptema, du grec : a privatif et p/ema vol.
= — © + —— —
ATOS
NOTRE COUVERTURE
Le portrait qui figure sur la couverture d’/zsecta pour 1012
est celui d’un des fondateurs de l’Entomologie systématique,
J.-C. FABRICIUS (1745-1810). Nous avons reproduit la belle
gravure de Spry, frontispice du vol. IV des Z'ransactions of
the Entomological Society of London, gravure qui est elle-
même une copie d’un portrait d’après nature, dû à Lahde.
Sommaire du Numéro 13 d'INSECTA
Entomologie générale :
C. Houlbert. -— Contributions à l’étude des larves des Cicindélides
NOTE ÉOUVENUTÉ Lire CS mauanes ibee de TE NT ST ER
EUXIÈME ANNÉE FÉVRIER 1912 NUMÉRO 14
INSECTA
Revue lTllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
X
CS
IMPRIMERIE OBERTHAUR, RENNES
1912
— 17 —
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Notes sur la Faune entomologique de l’Indo-Chine
Par A VUILLET:
M. R. Vitalis de Salvaza 4 bien voulu nous confier l'étude
d'une partie des intéressants matériaux entomologiques réunis
par lui, matériaux représentant un appoint précieux pour l'éta-
blissement d’une Faune entomologique de l’Indo-Chine. La
présente note a pour objet de faire connaître la liste presque
complète (1) des Cicindelidæ et Carabide que nous avons déjà
reçus.
CICINDELIDÆ
Cicindela minuta Fabr. — Cambodge : Pnom Penh.
— plumigera Chaud. — Id.
— sexpunctata Fabr. — Tonkin, Cambodge : Pnom
Penh.
Collyres emarginata Déj. — Tonkin.
CARABIDÆ :
Planetes cordicollis Chaud. — Cambodge : Pnom Penh.
— immaculatus Schaum. — Id.
ra rcolirs Naietn. —[d.
Pheropsophus marginalis Sch. — Id.
Brachinus 2llotus Chaud. — Id.
— suturiger Chaud: — Id.
T'etragonoderus punctatis Wied. — Id.
Celæncphes parallelus Schmidt. — Id.
Szagona flesus Fabr. — Id.
Scarites acutidens Chaud. —— Id.
— senurugosus Chaud. — Id.
Scaritodes lucidulus Chaud. — Id.
(x) Plusieurs espèces sont encore à l’étude, nous les ferons connaître dès
qu’elles auront été déterminées ou nommées.
” INsecTA, Février 1912.
2
SNS: —
Clivina lata Putz. — Id.
Eudema mandarinum Sch. — Tonkin.
Euschisomerus æneipennis Chaud. — Cambodge : Prom Penh.
Euschizomerus Vitalisi, 7. sp. (F1IG.). — Dessous du corps et
hanches d’un noir brillant ou brun noiratre. Dessus de la tête
noir brillant. Pronotum et élytres bronzé verdâtre, le pronotum
plus sombre. Pattes et palpes testacé rougeâtre. Les trois pre-
miers articles des antennes noir brillant, les huit derniers brun
clair et mats.
Dessus de la tête lisse antérieurement,
corrodé peu profondément en arrière et
sur les côtés. Pronotum assez densément
couvert de gros points enfoncés, 1rrégu-
liers. Chaque élytre porte neuf lignes de
forts points enfoncés, assez réguliers.
Dessous du corps garni d’une ponctua-
tion assez grossière, irrégulière, effacée
vers l'extrémité de l'abdomen. Tout le
à
ia CL MAVURE Corps, sautla tête, couverte poils dorés,
(vraie longueur : 9 millim.). longs et fins.
Pronotum presque aussi long que large; sa plus grande
largeur un peu en arrière du milieu. Bords latéraux non angu-
leux, seulement légèrement sinueux dans leur partie proximale;
le bord postérieur du pronotum un peu plus long que le bord
antérieur.
Tableau de mesures prises sur le type de Æ. Vitalisi (lon-
gueurs en millimètres) :
Esnsueur totale -3:15. 70e PRE RE (e!
longueur ‘du/pronotume PR 1,9
Lonsieur d'u élytre 2 NS Se 5,8
Largeur "du pronotames. > PR RCE 2
Largeur maxima des élytres (en arrière du milieu). 3,5
Un exemplaire mâle du Cambodge : Pnom Penh (R. Vitalis
de Salvaza).
— 19 —
La forme de son pronotum distingue très nettement Æ. Vz/a-
list des espèces précédemment décrites W. De ces dernières,
E. metallicus Harold m'est seule inconnue, mais, d’après la
description originale, son pronotum est très anguleux latéra-
lement. Dans les autres espèces le pronotum est nettement
transversal, tandis que, avant de l'avoir mesuré, je n'aurais
pu dire si celui de Æ. Vztalisi était plus long ou moins long
que large. Il est fort possible que le pronotum de Æ. metallicus
dont Harold dit : « Thorax etwas länger als breit... », soit
en réalité plus large que long, mais n’ait pas été mesuré.
Chlentius callichloris Bates. — Cambodge : Pnom Penh.
— circumdatus Brullé. — Id.
— quadnicolor Fabr. — Id.
— submarginatus Chaud. — Id.
Hololius punctulatus Chaud. — Id.
Oodes siamensis Chaud. — Id.
Daptidius discipennis Chaud. — Id.
Discoderus oblongus Déj. — Id.
Dioryche Thunder gi Quens. — Id.
Sienolophus maculiger Chaud. — Id.
Abacetus dilutipes Chaud. — Id.
Eccoptogenius rotundatus Chaud. — Id.
(1) Espèces déjà décrites dans le genre Æuschizomerus :
æneipennis Chaudoir, 1878, in Ann. Soc. Ent. Belg.,
SOUL TION LCnocontbbbadancosaodon oo Supocanpnonpd becs cbeeesénbe Malacca.
ÆteuSAChauAOIT, ME870, LOG NC DAS OM Eee rec ce Deccan.
Bouc OhAudOiRErS 7 LOC Cle, D TO eet - ne Guinée.
clongaruaOhaudoirre7S; ONGLES MD Ole ee ee Natal.
metallicus Harold, 1870, in Ænt. Zeit. Stetiin, XL,
ID SA aéenno donne mono over Abhoe OT Ont tbe no dupe oe Ind. or.
Oberthiri Kaïrmaire, 1808, in Awx. Soc. Ent. Belg.,
SCIE MD 220800 nr creer ce eee Madagascar.
J'ai vu, dans la collection R. Oberthür, les /ypes de toutes ces espèces,
excepté celui de Æ. metallicus Harold.
Une nouvelle espèce du genre DASYLINDA Thomson
(Col. Gerambycidæ).
Par A. VUILLET.
Dasylinda javanica, #. sp. (FIG. 1). — Espèce très voisine
de Dasylinda (sub Saperda) testacea Saunders (1830, in 7 7ans.
Ent. Soc. London, WU, p. 170°pl XVe" 5) (Fi 2) thade
querai seulement les caractères qui l’en différencient
F1G. 1. — Dasylinda javanica Vuill. — Java : F1G. 2. — Dasylinda testacea Saunders.
Gounod Gedeh (Ledru 1898) (exemplaire mesuré). North India (ex coll. H. W. Bates)
(exemplaire mesuré).
Vertex jaune (noir chez D. festacea Saund.). Bords antérieurs
et postérieurs du pronotum, majeure partie du bord sutural et
du bord externe des élytres plus ou moins enfumés (chez
D. testacea le tiers antérieur du bord externe de l’élytre est
seul enfumé). Elytres sans tache enfumée Jjuxtascutellaire.
Fémurs antérieurs et dernier anneau abdominal noir (jaunes
chez D. testacea).
Forme générale moins étroite, pronotum plus transversal
chez D. javanica que chez D. festacea.
= DT —
Voici un tableau de mesures prises sur un exemplaire de
chacune des deux espèces du genre Dasylinda (longueurs en
millimètres) :
D. javanica Vuillet (Fig. 1) D. testacea Saunders (Fig. 2)
Longueur totale. ….. 18 % 19
Longueur du thorax. 2% 2 &
Parceur-du thorax... 34 3 4
Largeur à l'épaule... 4% A
Un exemplaire de Java : Gounod Gedeh (Ledru 1808) et
un exemplaire de Java (ex coll. Mniszech). Ces fypes font
partie de la collection R. Oberthür. Celui qui provient de la
collection Mniszech a été vu par Lacordaire, c’est un de ceux
dont il parle (Genera des Coléoptères, IX, p. 871) comme
appartenant à l'espèce D. scopigera Thoms. (2. festacea
Saunders).
J'ai vu de cette dernière espèce, dans la collection R. Ober-
thür, un exemplaire d’?ndia or. (le type de D. scopigera
Thoms.) et trois exemplaires (de la collection H. W. Bates)
provenant de Khasia hills 2000 f., Darjeeling et Inde septen-
trionale.
RECTIFICATIONS
Par A. VUILLET.
Dans /nsecta, T, p. 250, j'ai donné un tableau synoptique des
espèces du genre Rosalia. J'aurais dû y faire figurer Rosalia
cælestis Semenow (1011, in Revue Russe d'Entomologie, XI,
p. 118). Sur ce tableau, À. cælestis Sem., dont la femelle seule
est décrite, de la Sibérie orientale (Ussuri), doit prendre place
à côté de À. Houlberti Vuill. On peut distinguer pratiquement
ces deux espèces par la forme de la tache du pronotum qui
est transversale chez À. cœlestis Sem. et longitudinale chez
R. Houlberti Vuiil.
ee D2i—
Dans Jnsecra, l,:-p. 1252 97 ai décuitesous sé nomede
Ooidius nigerense un carabide du Soudan français. En fait,
ce carabidæ n’est pas autre chose que Bradybænus sellatus
Dejean (1831, Species, V, p. 831), décrit du Sénégal supérieur
(Leprieur). J'ai vu le /ype de Dejean (dans Ja collection
R. Oberthür) et aucun doute ne doit subsister au sujet de
cette synonymie.
Les Maîtres de la Science entomologique, C. RITSEMA Cz.
Tous les lecteurs d’/rsect{a connaissent bien le nom et, plus
ou moins, les travaux du savant systématiste de Leyde. Nous
sommes heureux de pouvoir
le faire connaître à beaucoup
d'une façon plus intime par
une photographie récente.
C. Ritsema naquit à Haar-
lem, le 13 avril 1846. Son
père dirigea de bonne heure
son esprit vers l'observation
et l'étude des choses de la
nature, lui apprenant à dis-
tinguer notamment les ani-
maux des environs de Haar-
lem.
À l’âge de 25 ans il entrait
Crecpant = au Musée de Leyde où, depuis
D.
40 ans, il mène à bien l'étude
2 D LS consciencieuse de matériaux
entomologiques provenant des
J'ÉSderre Eee T9 TT. 814 (à
principaux musées nationaux
ou des grandes collections privées de l’Europe.
— 23 —
* LES VIEUX AUTEURS ” 4
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES
Ou l'on expose clairement la maniere lente et presqu'insensible de
l'accroissement de leurs membres, et ou l'on découvre évidemment
l'erreur ou l’on tombe d'ordinaire au sujet de leur prétenduë trans-
formation. Le tout divisé en quatre parties, suivant les dégrez
differens dont leurs membres s'étendent et poussent, pour ainsi
dire, leurs boutons.
Par Jean SWAMMERDAM (2).
CERETIRE- I
Qui contient les raisons et Les motifs, qui ont porté l'Auteur
à Composer cei.ouvrage, et ou l'on voit la division de ses
parties.
Quand nous Considerons avec soin la nature des plus
petites creatures et la structure de leurs corps, et que nous
les comparons avec les plus grandes, nous nous sentons obligez
non seulement de les mettre en Parallèle, mais même d'élever
les plus petites au dessus des plus grandes. Et certainement,
lorsque l’on Examine avec attention l'instinct et les inclinations
des unes, et la maniere d’agir des autres, on est obligé d’avoüer,
qu’elles reçoivent toutes leur agitation et la détermination de
leurs mouvemens de quelqu'esprit doüé d'intelligence, qui
(x) Voir Znsecta, I, p. 13.
(2) Nous commençons ici la réimpression de l’édition en langue française
de l’Æistoire générale des Insectes, par Jean Swammerdam, Docteur en méde-
cine, publiée en 1682, à Utrecht, ckez Guillaume de Walcheren, Marchant
Libraire demeurant en la place de St. Jan.
étant incomprehensible dans les plus grandes Creatures, se
trouve encore plus impénétrable dans les plus petites. De plus
comme la disposition exacte des membres, l’arengement inimi-
table des muscles, et le cours regulier des veines et des nerfs,
que nous découvrons en dissequant les grands animaux, nous
étonnent avec raison ; de même aussi lors que nous appercevons
les mêmes choses dans les plus petits, nous en sommes telle-
ment surpris, que nous en demeurons comme interdits. Enfin
nôtre étonnement s’augmente, lorsque nous remarquons dans
ces petits animaux, des muscles, des veines et tous les membres
nécessaires, dont la délicatesse surpasse infiniment le trenchant
le plus délié de nos couteaux : et nos yeux et nos mains étans
également inutiles dans cette occasion, nous rendent incapables
d'en faire la moindre dissection, et par consequent ne pouvans
découvrir leurs parties, il nous est entierément impossible, de
pénétrer Jamais bien la nature interieure de leur être. Et tout
ce que nous pouvons apprendre de la structure du corps de
ces petits animaux ne consiste que dans un dénombrement que
nous faisons des parties que nous avons autrefois découvertes
dans le corps des animaux plus grands et il faut avoüer que,
si nous sommes incapables de faire la dissection des plus
petits animaux, nous ne reussissons pas mieux, lorsqu'il s'Agit
de démêler le tissu et l’entrelacement admirable des entrailles
des plus grands : car la pointe de nos couteaux étant trop
grossiere pour nous faire paroître les parties delicates des
petits animaux est encore moins propre à nous découvrir les
extremitez des nerfs des veines et des autres parties qui se
trouvent dans les grands animaux.
Veu donc que nôtre connoissance ne s'étend pas plus loin
dans les petits animaux que dans les grands, et que nous
n'avons pas eu Jusques icy d’experiences suffisantes pour pou-
voir Juger sûrement de leur constitution naturelle et de l’aren-
gement merveilleux de leurs parties; on ne peut pas douter
que ce ne soit un Jugement temeraire et precipité de ces gens,
qui assürent, que les grandes creatures sont parfaites, mais
—{ 25 —
que les petites sont imparfaites et défectueuses et ne sont que
des productions de la pourriture, Engendrées par hazard
comme la vermine : ce qui est proprement changer l’ordre
immuable et constant de la nature dans quelque evenement
casuel. De plus il faut considerér, que les plus petits animaux
comme les cirons et les imites, qui se forment d’un œuf pres-
qu'invisible, ont pour le moins des principes aussi considerables
et aussi perceptibles que les plus grands animaux. Et lorsque
je considere ces choses avec application; je trouve certaine-
ment, que le principe Evident et sensible d’une petite fourmi
dispute, pour ainsi dire, le prix et la dignité aux plus grandes
creatures : et si l’Auteur de la nature n’eût mis des bornes à
cet animal pour l'empêcher de croître (ce qui consiste peut être
dans la foiblesse, ou dans ja force du Cœur, qui selon les
dégrez de son mouvement peut vaincre et repousser plus ou
moins la pesanteur de l'air, qui le comprime, et ainsi peut
étendre ses membres plus ou moins loin suivant la force de
son agitation) 1l y a bien de l'apparence qu'il auroit surpassé
- les plus grands animaux en grandeur : et même toute petite
qu'elle est, 1l n'y a rien qui puisse empêcher qu’on ne l’éleve
au dessus des plus grandes creatures, quand on considere ses
qualitez admirables : Car si l’on remarque ses soins et sa dili-
gence, sa force merveilleuse, son zéle sans exemple, et l'amour
extraordinair et inconcevable, qu’elle à pour ses petits, qu'elle
conduit Journellement dans les lieux ou ils peuvent trouver la
nourriture qui leur est convenable, et qui même lorsqu'ils sont
coupez en deux en remporte les piéces comme entre ses bras
avec toute la tendresse imaginable; on-sera contraint d’avoüer,
que dans les grandes creatures que l’on veut faire passer pour
parfaites, on ne trouvera jamais un Exemple semblable à
celui cy, n1 qui puisse disputer le premier rang à ces petits
animaux : or ce n'est pas nôtre dessein de traiter icy de la
nature, de la constitution, n1 de la production admirable de
ces petites bêtes qui semblent n'avoir point de sang : nous
avons seulement entrepris de parler des changemens étranges
20 —
qui leur arrivent, et qui non seulement égalent l'accroissement
des autres animaux, mais qui même le surpassent infiniment.
Mais comme nous n'avons pü accomplir la promesse que
nous avions faite au public il y a deux ans dans nôtre (a) traité
de la respiration, en ayant été empêché par une malheureuse
fiévre tierce dont Je fus attaqué pour lors, J'ai été obligé de
la differer jusques a present, et pour y satisfaire nous allons
exposer ce que J'avois promis, Je veux dire le changement
Essentiel de la chenille dans une (*) Nymphe dorée ou Chry-
salite, et nous parlerons en même temps de la nature et des
differentes faces que prennent ces insectes, soit avant leur
changement dans une nymphe dorée, ou soit apres qu'ils en
ont pris la forme. Tellement que nous jugeons qu’il est abso-
_lument necessaire de proposer premierement les divers dégrez
des changemens qui leur arrivent, et dont l'intelligence par-
faite nous fournira les moyens de concevoir clairement et dis-
tinctement tous les étranges et les divers états ou ces petits
animaux se trouvent, et nous servira comme de pinceau pour
peindre la diversité de leurs formes dans leurs couleurs natu-
relles, et pour leur donner tout le lustre et tout l'éclat, qu’elles
ont en effet. Afin'que par ce moïen les esprits curieux puissent
trouver un fondement ferme et assüré pour appuier les expe-
riences particulieres que nous raporterons de temps en temps,
et sur lequel soit posé le peu que nous allons mettre au jour.
Et certes il nous semble que ce n’est pas peu de chose d’avoir
donné des principes et des régles dans la nature des choses,
par le moïen desquelles nous pouvons reduire en une classe
toutes les transformations prétendües et chimeriques de ces
animaux, qui different infiniment les uns des autres dans la
structure de leurs corps, et dont nous comprendrons tous les
divers changemens sous trois ou quatre especes : ayant de
plus à Considerer les premiers principes de leur formation,
qui se presentent à nos yeux sous la forme de petits œufs.
(a) Prefat. lib. de respir.
(b) CArysalis.
— 27 —
Mais par ce qu'il est de même du changement de ces petits
animaux, Comme d’une tres’belle peinture, qui par la longueur
du temps se trouvant couverte de crasse et de saleté ne nous
represente ses figures que confusément et sous d’autres formes
qu'ils n'ont en effet; aussi si nous voulons concevoir clairement
la forme naturelle de ces petits animaux, il faut necessairement
les nettoyer de leur crasse et de leurs ordures, afin de leur
rendre leur premier Jour et leur premiere beauté. Il est donc
à propos, avant que de parler des espéces ou des dégrez des
changemens, de nettoiïer ces peintures admirables de la nature,
des ordures et des impuretez dont plusieurs gens doctes et
d'autre rang les ont fouillées, nous ayant représenté les chan-
gemens clairs et manifestes de ces animaux sous des formes
confuses et Embarrassées : et pour cet effet il faut delivrer
nôtre esprit des préjugez grossiers ou 1l étoit au sujet de ces
petites creatures, et nous défaire entierement des idées fausses
que quelques Philosophes nous en avoient données, afin de les
representer ensuite dans leur état naturel, et de leur rendre
leur lustre et leur éclat.
Or nous avons trois choses à observer dans ce traité, et pre-
miérement nous proposerons l'unique fondement de tous les
changemens qui arrivent aux insectes, et afin que personne ne
se trompe au mot de changement, nous avertirons icy le lecteur
que nous n'entendons par là autre chose, dans la suite du
discours que cet accroissement lent et presqu'insensible de leurs
membres. Secondement nous ferons voir comment on à raporté
l'Histoire de ces changemens d’une maniere obscure et confuse,
et ensuite nous en ferons une description veritable et distincte.
Et en troiziéme lieu nous proposerons quatre diverses especes
de changemens, sous lesquelles nous comprendrons tous ceux
des-insectes qui n’ont qu'un même principe.
EDS
CÉRXPIERRE II
Ou l'on fait voir Le veritable principe de tous les changemens
qui arrivent aux insectes qui nous Sont CONNUS; qui n'est
autre chose qu'une Nymphe; et ou l'on explique la maniere
dont Les vers et Les chenilles en prennent la forme.
Comme il n’y a rien (selon l’opinion vulgaire) de plus admi-
rable dans tous les changemens de la nature, que de voir une
chenille prendre la forme d’un animal volant; aussi lorsque
nous faisons reflexion sur la nature de ce changement, et que
nous considerons la conformité qu'il à non seulement avec la
formation des autres animaux, mais même avec la maniere dont
les plantes et les fleurs bourgeonnent et poussent leurs boutons :
nous découvrons, contre le sentiment ordinaire, que leur chan-
gement n’a rien de plus étonnant que celui des plantes et des
fleurs; et que tout ce que l’on y trouve d’inconcevable ne sub-
siste que dans nôtre imagination : si bien que nous remarquons
que cet étonnement ne procede que de l'ignorance ou l’on est
au sujet de la nature et de l’essence d'une (4 Nymphe, ou
D Nymphe dorée, dans laquelle l'animal est renfermé, comme
une fleur dans son bouton.
Mais avant que d'entrer plus avant en matiere, 1l est abso-
lument necessaire de sçavoir que le seul principe de tous les
changemens qui arrivent tant aux œufs des insectes, qu'aux
vers ou aux chenilles, dont ils prennent la forme, dépend d’une
connoissance claire et distincte de la Nymphe, quoi que
l’on remarque quelque difference entre la (@ Nymphe et la
D) Nymple dorée, à qui l’on donne ce nom à cause de sa cou-
leur. Mais cette difference est si peu considérable, quand on
a) Vympha.
b) CArysalis.
)
)
a
a) Nympha.
(
(
(
(b) CArysalis.
— 29 —
les regarde de près, que l’on n’y peut pas découvrir aucune
marque qui les distingue essentiellement les unes des autres.
Or il faut dire la même chose des nymphes des vers à soye,
que les Philosophes ont mis au nombre des nymphes dorées.
Mais afin de mieux comprendre le principe des divers chan-
gemens des insectes, et de le prouver contre les divers senti-
mens des Philosophes : 1l faut premierement sçavoir qu'une
Nymphe (que l’on nomme diversement en flamand selon la
ressemblance de sa figure avec plusieurs choses) n'est autre
chose que le changement d’un ver ou d’une chenille, ou pour
parler proprement, ne consiste que dans l'accroissement de
leurs membres et dans la maniere dont ces petits animaux
bourgeonnent et poussent, pour ainsi dire, leurs boutons : ou
bien l’on peut dire que cet accroissement du ver ou de la
chenille est animal même sous la forme d’une nymphe, qui
nous represente comme en petit tous les membres de celui qui
en doit naître. Et lorsque l’on considére la chose de près, on
trouve que le ver ou la chenille ne se changent pas veritable-
ment en une Nymphe, mais que croissans peu à peu ils en
prennent insensiblement la forme et deviennent l’animal
même : et cette nymphe ne se transforme pas non plus en un
animal volant, mais le ver ou la chenille, apres s'être dé-
poüillez de leur peau, et avoir pris la forme d'une nymphe,
deviennent un animal volant. Or tous ces changemens arrivent
de la même maniére que daas les poucins et dans les petites
grenoüilles, qui ne se transforment pas effectivement en poules
et en grenoüilles, mais qui le deviennent en croissant.
C’est pour cette raison que dans la nymphe (ainsi nommée
par Aristote) on peut discerner tous les membres et toutes les
parties de l’animal qui s'en doit former, aussi bien que dans
l’animal même : et ce que je trouve d’admirable, et que je pense
n'avoir encore Jamais été remarqué par personne, c’est cette
disposition et cet arrangement admirable des membres que
l’on découvre visiblement dans le ver, lorsque l’on le dépouille
avec adresse de cette peau delicate, dont il est revêtu. Or afin
d'eviter la confusion ou l’on tombe d'ordinaire, lors qu’on se
sert de divers mots pour marquer une même idée, nous aver-
tirons icy le Lecteur que dans la suite du discours nous en-
tendrons par le mot de nymphe, les insectes mêmes qui n'ont
encore que la forme de vers ou de chenilles.
De plus il faut considerer que l’arengement et la situation
reguliére des membres que l’on découvre dans la nymphe dés
fourmis, des mouches et des abeilles, ressemblent merveilleu-
sement bien à celle de ces animaux; toute la difference qui
s'y trouve, ne consistant que dans la couleur et dans la soli-
dité du corps, qui dans léspace de trois Jours se rencontrent
aussi dans la nymphe de quelques uns, lorsqu'ils sont dépouillez
de cette peau delicate, dont ils étoient revétus.
Cest à cause de la grande ressemblance qui se trouve entre
La nymphe et l'animal qui s'en doit former, que ceux qui ont
écrit l’histoire des Insectes, ont donné le nom d’Abeille, de
mouche et de fourmi aux nymphes de ces animaux; ce que
l'on peut voir dans Ayzs/ote histoire des animaux livre cing,
chapitre dixneuf. Et le docte Moufet dans son livre des
insectes, ou 1l fait un chapitre exprez de la (8 Nymphe dorée,
dans laquelle 1l ne reconnoît aucunes parties sensibles, ne fait
pour tant aucune mention de la #xymphe : à cause sans doute
qu'il aura remarqué que les membres de la #ymphe paroissent
si visiblement; que l’on ne peut presque pas douter qu’elle ne
soit l'animal même qui en doit sortir, et dont elle represente
la forme, et c’est assûrément la raison, qui l’a empêché d’en
parler dans ce chapitre la.
(A suivre).
(a) CArysales.
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE
Trois ennemis du PHŒNIX CANARIENSIS au Soudan français
Par A. VUILLET.
Les trois coléoptères que nous figurons ici ont été trouvés
à la Station agronomique de Koulikoro (Haut-Sénégal-Niger)
par MM. Houard et A. Andrieu, dans les troncs morts de
Phœnix canariensis bordant une avenue.
Ce sont :
La Calandre tarière, Sphenophorus terebrans Olivier (1807,
Entomologie, V, 83, p. 80, pl. 5, fig. 54 a-b) (FIG. 1).
Rhynchophorus Phœnicis Fabricius (1801, Sys/ema Eleu-
theratorum, WU, p. 430) (FIG. 2).
AA a Ed
F1G. 1. — Sphenophorus tere-
brans Olivier. — Koulikoro.
Grossi (longueur vraie 10 mil-
limètres). Koulikoro. — Grand. nat.
Fig. 2. — Rhynchophorus Phœnicis Fabr.
Oryctes Boas Fabricius (1775, Sys/ema Entomologiæ, 1,
p. 8) (FIG. 3-5).
Les deux Curculionide : S. terebrans et R. Phœnicis étaient,
de beaucoup, les plus communs.
F1iG. 3 — Oryctes Boas Fabricius, cf. Fi. 4 — O. Boas Fabr., 9. — Keculikoro.
Koulikoro. — Grand. nat. Grandeur naturelle.
F1G. 5. — O. Boas g' de la figure 3, vu de côté.
Le Gérant,
F: GUITEL.
Sommaire du Numéro 14 d’'INSECTA
Entomologie générale :
A. Vuillet. — Notes sur la Faune entomologique de l’Indo-Chine..…..
Id. — Une nouvelle espèce du genre Das ylinTANOMS er er
Id Recticationsss ie Re ES EL AU EN CNE Re ANR RTENES
Les Maîtres de la Science entomologique : C. RITSEMA Cz.. ...........
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. Swam-
MERDAME eme esse
Entomologie économique :
A. Vuillet. — Trois ennemis du Phænix canariensis au Soudan français.
31
XIÈME ANNÉE MARS 1912 l NUMÉRO 15
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
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JUN 20 1912
LE j
Ationa| Muse ®
IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
1912
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Notes sur quelques NÉVROPTÈRES
Par le KR. P. LONGIN NAVAS, Sd
II
Quelques Névroptères de Corse recueillis par M. G. Bénard
La petite collection de Névroptères de Corse (Trichoptères
compris) que je vais faire connaître m'a été communiquée par
M. R. du Buysson, du Musée de Paris. Elle a été le produit
de différentes récoltes de M. G. Bénard, du même Musée. La
faune entomologique de Corse étant encore très incomplète-
ment connue, la liste qui va suivre est très intéressante soit par
les nouvelles localités de quelques espèces, soit surtout parce
que plusieurs d’entre elles sont nouvelles pour la Corse et une
aussi pour la science.
J'ai cru donc qu'il serait très utile de publier l’ensemble, en
disposant l’énumération par ordre de famulles.
EPHÉMERIDES
Cloeon dipterum I.
Calvi, 3 juin 1910; forêt de Valdoniello, près la maison
Forest de PapaJa, 27 juin 1900. Espèce presque cosmopolite.
IxsECTA, Mars 1912,
3
PERLIDES
Isopteryx torrentium Pict. Un échantillon mutilé qui me
semble appartenir à.cette espèce, d'ailleurs à aire géographique
assez étendue et assez fréquente en Europe.
Forêt Valdoniello, près la maison Cant. de Frascaja,
3 Juillet 1000.
ASCALAPHIDES
Theleproctophylla australis Fabr. Un échantillon.
Route de Sagona à Gargèse, 11 juillet 1900.
Ascalaphus ictericus Charp. var. corsica Ramb. (Ascalaphus
corsicus Ramb.). Plusieurs échantillons.
Vignette, emb. de la Gravona, Pointe d’Aspreto, mai 1010;
Calvi, 1°%°et 3 Juin 1910.
MYRMÉLÉONIDES
Macronemurus appendiculatus Latr.
Route de Sagone à Gargèse, 11 juillet 1900. Espèce assez
fréquente au midi de l’Europe, mais peut-être nouvelle pour
la Corse.
Creagris ægyptiacus Ramb.
Calvi, 1° Juin 1910; Sagone, venu à la lampe, 5 juillet 1900.
On avait cité cette espèce de l'Egypte et de la Tunisie; ces
trouvailles étendent notablement son aire de dispersion. C’est
probablement une espèce à ajouter à la faune générale d'Eu-
rope.
CHRYSOPIDES
Chrysopa vulgaris Schn.; type.
Forêt de Valdomiello, près la maison Cant. de Fraslaja,
3 Juillet 1003. Très fréquente en Europe, je ne la connaissais
pas de la Corse.
HÉMÉROBIDES
Micomus gradatus Nav. Un échantillon G' que je rapporte à
cette espèce décrite récemment. Les différences avec la Q type
étant notables, il sera bon de décrire séparément le G' inconnu.
Testaceus, fusco maculatus.
Te D
Caput testaceum, fronte Juxta oculos fuscescente; palpis
fuscescentibus, tenuibus, longis, articulo ultimo labialium
longo, cylindro-conico, vix in-
flato, antennis testaceis, fusco
annulatis, 1° articulo grandi,
fusco; vertice parum fornicato,
stria laterali transversa fusca,
fulvo piloso; oculis fuscis.
Prothorax antice fortiter an-
gustatus, fusco vage suffusus.
Meso- et metanotum lateraliter
fusca.
Micromus felinus & Nav.
a. Extrémité de l’abdomen.
: b. Aïle antérieure.
Abdomen fuscescens, fulvo pi-
(Mus. de Paris).
losum; G' lamina subgenitali basi
ampla, subtriangulari, apice sursum modice elevata; cercis
longis, tenuibus, stramineis, cyhindricis, ultra medium deorsum
Curvatis, apice acutis, in modum unguis felini CIC 2)
Pedes straminei, pallide pilosi; femoribus supra linea lon-
gitudinali fuscescente ; tibiis posticis fusiformibus ; tarsis apice
obscurioribus.
Alæ ellipticæ, irideæ, stigmate insensibili.
Ala anterior (FIG. &) venis pallidis, fusco striatis: venulis
gradatis externis 8, uscis, leviter fusco-pallido limbatis, in-
ternis 5 et basilaribus pallidis; costalibus variis, plerisque
furcatis; membrana hyalina, in tertio exteriore et posteriore
umbris subfuscis obliquis suffusa: venulis cubitalibus 3.
Ala posterior immaculata, reticulatione pallida; venulis
gradatis externis 7 cum parte venarum adjacentium fuscis, in-
ternis 4 pallidis.
POS Corne Rene neue Se ee
ee DATI Mn Er 8 —
ne an DO IÉ DR Ne ee 1
Patrie. Forêt de Valdoniello, près la maison Forest de
Popaja, 27 juin 1900, G. Bénard (Mus. de Paris).
RAPHIDIDES
Raphidia insularis Albarda. Revision des Raphidides, 1891,
D117 ph 5, 6 12.
Forêt de Valdoniello, près la maison Forest de Popaja,
27 juin 1000. Espèce très rare dans les collections.
LIMNOPHILIDES
Limnophilus lunatus Curt.
Env. de Calvi, 8 juin 1910.
SÉRICOSTOMIDES
Sericostoma clypeatum Hagen. Soc. Entom. Belg., 1862, p. 43.
Forêt de Valdoniello, près la maison Cant. de FrascaJa,
3 juillet 1000. Espèce endémique, très rare.
LEPTOCÉRIDES
Leptocerus aterrimus Steph.
Env. de Bastia, route du cap Corse, 11 Juin 1910.
RHYACOPHILIDES
Agapetus fuscipes Curt.
Forêt de Valdomiello, près la maison Cant. de FrascaJa,
3 Juillet 1900. Trois échantillons.
_ Saragosse, février 1912.
AÉES- VIEUX: AUTEURS ”
NOTES SYNONYMIQUES
Par Ernest OLIVIER, correspondant du Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
La direction de /nsec{a, organe de la Station entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes, a eu la bonne inspiration
de réimprimer les travaux d'auteurs anciens qui ont été insérés
dans des publications devenues très rares et qu'il est presque
impossible aujourd'hui de trouver hors des grandes biblio-
thèques.
C'est ainsi qu'ont réapparu plusieurs mémoires de G.-A. Oli-
vier avec les figures qui les accompagnaient. Mais les descrip-
tions données datent d’un siècle et la plupart des insectes qui
en sont l’objet occupent dans la nomenclature actuelle une
situation toute différente de celle que leur assignait l’auteur qui
les faisait connaître. J'ai donc étudié les espèces décrites par
G.-A. Olivier et Je viens dans cette note donner le résultat de
mon examen en leur assignant leur place dans la classification
d'aujourd'hui.
Sur une nouvelle espèce de Scarabé.
\
Pcéravecehe (re
Scarabæus entellus = MEGASOMA TYPHON Oliv. var. —
Cet insecte n’est qu’une légère variété de M. fyphon préré-
demment décrit et figuré par Olivier ®. D’après la description,
(1) La pagination citée est celle du volume de Z#secla de 1971.
(2) Entomologie, 1, 7, p. 12, pl. 16, fig. 152.
il ne diffère du type que par la corne médiane du prothorax
simple au lieu d'être échancrée et par les latérales qui sont
obtuses et tronquées obliquement au lieu d’être aiguës. Mais
le dessin montre la corne médiane du prothorax sensiblement
échancrée et il ne reste que la différence de conformation du
sommet des cornes latérales qui n’est pas suffisante pour mo-
tiver une distinction spécifique dans ce groupe où ces saillies
sont parfois assez dissemblabies. C’est l'opinion de M. Gillet
et aussi celle de M. Arrow qui a pu voir le type conservé au
British Museum.
Reste à fixer la patrie qui est citée avec doute comme pou-
vant être Cayenne, le Sénégal ou Madagascar. Olivier ne donne
pas non plus celle de Sc. /yphon, mais 1l indique le Sc. laniger,
qui n'en diffère que par les élytres couverts d’un duvet plus
roussâtre, comme provenant de l'Amérique méridionale et Je
possède un Sc. /yphon de la collection d'Olivier avec l'étiquette
Brésil. C'est donc aussi très certainement l'habitat de Mega-
soma typhon Oliv. var. extellus Oliv. Un bel individu de cette
variété figure au Muséum de Paris, mais sans indication de
localité.
Saint-Farjeau et Audinet-Serville ont décrit (Æxcycl. Méth.,
X, 2, p. 347) un Coryuoscelis entellus qui n’a que des rapports
très éloignés avec l'espèce d'Olivier et pour lequel il serait pré-
férable, pour éviter toute confusion, d'adopter le nom plus
récent de Perty, Corynoscelis glaucon, qui désigne le même
insecte.
Sur quelques nouvelles espèces de Coléoptères.
P. 93 avec fig.
Fig. 1. — Ælater mucronatus — OXYNOPTERUS MUCRO-
NATUS Oliv. — C'est sur cette espèce que Hope a créé en 1842
le genre Oxynopterus adopté par Lacordaire et Candèze. Ce
genre ne comprend que cette seule espèce. Hope en a bien
décrit d’autres mais qui ne diffèrent que par leur coloration
-
plus où moins brune et doivent lui être rapportées. L'’exem-
plaire décrit et figuré par Olivier est une femelle provenant
du cabinet du prince d'Orange; 1l a été déposé au Muséum
d'Histoire naturelle de Paris d’où Candèze dit l'avoir reçu en
communication (). Il serait donc doublement typique.
L'Oxynopterus mucronatus Oliv. est un bel insecte qui peut
atteindre une longueur de 80 millimètres. C’est l’un des plus
grands Elatérides connus : 1l habite les forêts de l’île de Java
où 1l paraît assez rare.
Fig. 2. — Ælater farinosus — ALAUS FARINOSUS Oliv. —
Candèze ®, sans en avoir la certitude absolue, estime que
l’'Alaus appendiculatus Hbst. se rapporte très bien à la des-
cription et à la figure données par Olivier de son farinosus
et doit par conséquent venir en synonymie. Il y a lieu aussi de
changer le vocable farinosus imposé par Montrouzier à un
Alaus évidemment très différent.
Fig. 3. — Ælater œænercollis — CORYMBITES VIRENS Schrank.
— C'est la synonymie adoptée par Gemminger et de Harold
dans leur Catalogus et par du Buysson dans la Faune Gallo-
rhénane. Candèze, au contraire, conserve ænezicollis et ne men-
tionne même pas la dénomination de Schrank.
Cette dernière fait, du reste, confusion avec celle de 7zrens
donnée par Fabricius et Olivier à un autre Æ/Zater qui serait
d'après Candèze, une variété de couleur du Chalcolepidius por-
catus L.
Fig. 4. — Ælater interruptus — EUDACTYLUS INTERRUPTUS
Oliv. — Cette espèce rentre dans le genre Eudactylus créé par
Sallé en 1854 et qui comprend une douzaine d'espèces améri-
caines, généralement de petite taille.
Fig. 5. — Trogossita cylindrica — ALINDRIA CYLINDRICA
Oliv. — Cette espèce rentre dans le genre AZzndria Erichs. et
(1) Monographie des Elatérides, T, p. 358, pl. VIL fig. 3.
(2) Revis. de la Monogr. des Elatérides, 1 fasc., p. 128.
— 40 —
est identique à celle décrite par Serville en 1825 sous le nom
de À. grandis qui doit venir en synonymie, malgré l'opinion
de Léveillé 1). La dénomination d'Olivier étant de beaucoup
antérieure et appuyée par une description et une figure suffi-
santes doit prévaloir.
Fig. 6. — Ips gigas — THAUMASUS GIGAS Oliv. — C'est
sur cette espèce que Reiche a établi le genre 7 aumasus (Soc.
Ent. France, 1853, p. 10, pl. 13, fig. 4). « Ce nouveau genre,
dit-il, s'éloigne des Longicornes et des Bostrichides par cer-
tains caractères et s’en rapproche par d’autres : 1l fait, jusqu’à
nouvel ordre le trait d'union entre les deux familles et com-
mence la série des Longicornes. » C'est par erreur qu'Olivier
donne l'Afrique comme patrie de ce curieux insecte; l'individu
décrit et figuré par Reiche provient des environs d'Ocana, dans
la Nouvelle-Grenade (Amérique équinoctiale).
Fig. 7. — Lycus striatus — CALOPTERON STRIATUM Oliv.
— Si cette espèce appartient réellement aux Lycides, comme
le dessin l'indique bien, elle est certainement rare. Je ne la
trouve mentionnée nulle part, et elle n’est pas représentée dans
la collection Bourgeois, actuellement au Muséum de Paris.
Description d'une nouvelle espèce de Cétoine.
P. 229 avec fig.
Cetonia clathkrata — INCA CLATHRATUS Oliv. — L'individu
figuré est une femelle; le male porte sur le vertex deux cornes
incisées au sommet.
Premier mémoire sur quelques insectes qui attaquent les céréales.
P. 174 avec fig.
Les tout petits insectes décrits et figurés dans ce mémoire
sont des plus difficiles à identifier.
Pour ce qui concerne les Diptères, j'ai dû recourir à la science
(x) Soc. Entom. de France, 1899, p. 657.
— A1 —
de M. Th. Becker, l’'éminent auteur de la belle monographie
des CAloropide M), et je me contente d'enregistrer les rensei-
gnements que, malgré sa compétence, 1l n’a pu me fournir qu'in-
complètement.
Fig. 1. —- Tephritis hordei Olv. — N'appartient pas au
genre Z'ephritis Latr.; est du groupe des Ephydrines.
Fig. 2. — Musca pumilionis Bjercand. — CHLOROPS TÆ-
NIOPUS Meig; CHLOROPS LINEATA Guér. Men.
Olivier s’est trompé en rapportant cette espèce à Musca pu-
milionis de Bjercander qui est une toute petite mouche ayant
seulement deux millimètres de longueur, tandis qu'il donne à
celle qu'il décrit une dimension de cinq millimètres qui est la
grandeur moyenne de CAL. 1æniopus Meig. Les deux espèces
se ressemblent du reste pour la coloration et toutes les deux
habitent les tiges des céréales, froment, orge, seigle.
Fig. 3. — Oscinis flavipes — OSCINIS FRIT L.
Fig. 4. — Oscinis nigra — OSCINIS NIGRA Fall. — Syno-
nymie incertaine.
Fig. 5. — Tephritis pallida — HYDRELLIA? PALLIDA Oliv.
— Espèce dont la place est difficile à préciser exactement et
qui paraît être une Ephydrine du genre /ydrellia Fall.
Fig. 6. — Zeptocera nigra Oliv. — Espèce voisine de celles
dont Macquart a composé son genre Z2mosina.
Les figures 7, 8 et Oo, Sczara nignita, S. pallida et S. segetum
sont des espèces appartenant bien au genre Sczara de Meigen.
Fig. 10. — A/ysia nigra — CŒLINIUS NIGER Nees. — Cette
espèce de Bracomide a été décrite par Nees dès 1811 sous le
nom de S/ephanus niger et était restée ignorée d'Olivier. Plus
tard, en 1818, Nees la fit entrer dans son genre Cœlznius ") et
(x) Archivum soologicum, 1, 1010, P. 33.
(2) Vov. act. Acad. nat. curios., IX, 1818, p. 307, n° 2.
— 42 —
l'indique comme parasite des CÆlorops. Guérin-Meneville ne
reconnut pas l'espèce de Nees et jugeant sans motif justifié
qu'il y avait lieu de changer le nom spécifique donné par
Olivier, décrivit et figura à nouveau ce même insecte sous -le
nom de Alysia Olivieri W),
Fig. 11, — Pracon depopulator Oliv.
Fig. 12. — Chalcis micans — PTEROMALUS MICANS Oliv.
Description d’une nouvelle Clivina de Madagascar
(Col. Carabidæ)
PAR CAM OVAUITES ET
Préparateur à la Station entomologique de Paris
Clivina carinata, #. sp. — Noire et brun noirâtre avec quelques
reflets vert bronzé; Jambes, tarses et pièces bucales rouge brun;
les quatre premiers articles des antennes testacé brunâtre, les
autres bruns.
Fond du tégument lisse.
Bord antérieur du clypeus marqué de cinq dents subégales :
une médiane, deux externes (aux deux extrémités) et deux in-
termédiaires, plus rapprochées de la médiane que des externes.
À chacune de ces dents intermédiaires correspond sur le cly-
peus une carène saillante, parallèle à l'axe du corps.
Front séparé du vertex par une ligne bien marquée de fos-
settes irrégulières subcontiguës; front portant une carène
longitudinale médiane bien saillante (non élargie à la base)
qui se termine sur la partie proximale du clypeus; le reste du
front est marqué de quelques saillies moins importantes, peu
régulières et disposées d’une façon imparfaitement symétrique.
(1) Mém. Soc. roy. d'Agricult. de la Seine, 1842, p. 26, pl. 4, fig. 2
(lir. à part).
Les antennes étant rabattues contre le pronotum, leur extré-
mité arrive à peu près au tiers proximal de ce dernier.
Pronotum très convexe, à bords latéraux arrondis. Sillon
longitudinal médian nettement tracé, assez profond; sillons
transverso-obliques du bord antérieur bien marqués mais irré-
guliers, comme formés d’une succession de fossettes irrégu-
lhières.
Elytres subparallèles; plus grande largeur vers le milieu.
Stries assez profondes, un peu effacées en arrière; marquées de
points irréguliers et irrégulièrement espacés, ombiliqués, por-
tant de fines soies dressées, moins longues que celles des bords
latéraux du pronotum.
Tibias antérieurs avec trois fortes dents (dont une apicale)
au bord externe qui porte de plus une faible saillie dentiforme
proximale. Tibias intermédiaires dépourvus de forte épine
apicale.
Mesures prises sur l’'exemplaire étudié (longueurs en milli-
mètres) :
BOSTON PR Leo dut crc ete ne 3,8
PONCOTCURdIMPrONO TUNNEL rte ne never de 0,8
onoueurides Cl tes er Nr nsc 2,2
ER db AONOMIME AE Sd ere itevee cl O,9
Plus grande largeur des élytres (vers le milieu). 1,2
Un exemplaire de Madagascar : Tananarive (C. Lamberton).
Collection R. Oberthür.
Liste des espèces malgaches actuellement décrites dans le
genre Clivina :
Clivina carinata Vuillet, 1012, in /#secta, II, p. 42.
— globithorax Fairmaire, 1000, in Àev. franç. entom,
P. 105.
—— madagascariensis Putzeys, 1846, in Mésm. Soc. roy.
Ezege, T, p:501:
— pallitibia Fairmaire, 1000, in Loc. cit, p. 106.
— simplicifrons Fairmaire, 1900, in Loc. cf, p. 105.
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE
La Cicadelle du Mimosa
(BTYELUS, GOUDOTI Benn.)
Par C. LAMBERTON.
e
Tous ceux qui ont parcouru le centre de Madagascar ont été
frappés de la dénudation de cette région. Seuls, quelques bos-
quets peu importants se montrent, aux rares endroits où la
roche vive — conservatrice de l'humidité — affleure le sol.
Partout ailleurs, la latérite rouge se cache mal sous des touffes
de grossières graminées. Aussi, une des préoccupations les plus
vives de l'administration et des colons, a-t-elle été de rechercher
les moyens de boiser ce sol dur et compact, peu propre à la cul-
ture. Diverses essences ont été plantées : celles qui paraissent le
mieux réussir sont les Lilas de Chine (Weliah Azedarach),
les Eucalyptus et les Mimosas. Dans ces dernières années, les
préférences parurent aller nettement aux Mimosas. Non seu-
lement ces arbres, aux feuilles finement dentelées, ont un port
ornemental qui les a fait souvent choisir pour planter les ave-
nues et les parcs de Tananarive; mais outre leur bois, ils
fournissent des produits recherchés, qui ont beaucoup contribué
à la prospérité de l'Australie, notamment de la gomme et du
tannin.
Mais, au moment où les colons avisés établissent des plan-
tations, voici qu'un insecte s'attaque aux Mimosas et pourrait
bien, s’il se multiplie d’une manière excessive, gêner considé-
rablement leur croissance et ruiner les espérances qu'on avait
fondées sur ces e?rbres. Cet insecte est une jolie Cicadelle
appartenant au genre PTYELUS : le P. Goudoti Benn (FIG. 1).
Depuis trois ou quatre ans déjà, un certain nombre de per-
sonnes observatrices ont remarqué cet insecte, sans lui accorder
beaucoup d’attention, car 1l était relativement rare. Mais cette
année, à cause de la sécheresse sans doute, il se montra parti-
culièrement abondant. Tous les Mimosas des environs de Ta-
nanarive étaient remplis de « gouttières ». Et ces gouttières
laissaient couler tant de liquide, qu'une seule m'en donna plus
d'un litre, en l’espace d'une journée, avec un entonnoir de
deux décimètres carrés de surface environ. Ce liquide semble
être analogue à de la sève, mais il est plus pauvre en matières
organiques et en matières minérales.
F1G. 1. — Ptyelus Goudoti Benn. Grand. naturelle,
À l'état de larves, lés Pryelus Goudoti sont réunis par
groupes, en nombre variable, dépassant rarement une centaine.
Ils se tiennent immobiles, la trompe enfoncée dans l'écorce
et disparaissant presque dans une abondante écume d’un blanc
éclatant (1). Seul, leur abdomen exécute des mouvements d’al-
longement et de torsion et l’on voit continuellement des gout-
telettes perler à l’anus. Toutes ces gouttelettes se réunissent
(1) C’est là, comme on le sait, une propriété très répandue chez les Cica-
delles, et dont l’Aparophora spumaria L. nous offre un exemple bien connu
en Europe. Rambur indique même (#aune de l’Andalouste, t. II, p. 205)
que, lorsque ces insectes sont en très grande abondance, les arbres et les
plantes sur lesquelles ils vivent « dégouttent quelquefois de manière à imiter
la pluie. »
et constituent une « gouttière ». Si les branches sont à peu
près horizontales, le liquide tombe directement sur le sol, si
elles sont peu inclinées le liquide ruisselle le long du tronc
et forme des traînées noires contenant souvent une abondante
substance mucilagineuse d’un blanc sale et d’une odeur aliacée
répugnante. Chaque fois qu'on passe dans le voisinage d’un
Mimosa couvert de P/yelus Goudoh, on en est immédiatement
averti par cette épouvantable odeur d’ail.
C'est vers le 15 novembre qu’on vit apparaître les premiers
de ces insectes à Tananarive. La forme ailée apparut environ
un mois après. Les adultes ne se groupèrent pas comme les
larves, mais vécurent isolément, dispersés sur les rameaux, et
se nourrissant également en suçant la sève des arbres qui les
portaient. Ils disparurent au bout de quelques jours. Une
_ deuxième génération de larves naquit en janvier, mais nulle-
ment aussi abondante que la première. C’est, paraît-1l, la pre-
mière fois qu'on observe le fait.
Les A/bizzia furent également attaqués et même avec plus
de vigueur encore peut-être que les Mimosas. Malgré quelques
renseignements contradictoires, 1l semble que le P{yelus Gou-
doti, à l'état larvaire tout au moins, ne s'attaque pas à des
plantes autres que les Zégumineuses.
Il n'est pas sans intérêt, cependant, de rappeler que Baron
a signalé qu'une plante de la famille des Chlaénacées, le
Leptolena pauciflora est également, à certaine saison, attaqué
par un hémiptère (non déterminé) et que l'arbre perd assez
d'eau pour maintenir la terre humide dans son voisinage. Il
n'est pas impossible que la Cicadelle des Mimosas et celle des
Leptolæna soit une seule et même bestiole, car j'ai fréquemment
reçus des Pfyelus Goudoti dans des envois d'insectes provenant
de la forêt de l’est (FIG. 2).
Quel dommage cette Cicadelle cause-t-elle aux arbres qu’elle
attaque? Il ne paraît pas encore possible de l’établir avec
précision. Il est très vraisemblable que les Mimosas, ainsi
saignés, pendant un mois entier, seront considérablement gênés
dans leur croissance et que la quantité de gomme et de tannin
qu'ils pourront produire en sera diminuée. D'autre part, l'emploi
de ces arbres comme plantes ornementales sera sans doute
abandonné, et peut-être même sera-t-on obligé d’arracher ceux
plantés sur les avenues fréquentées. Comment se promener sous
des plantes qui ruissellent de tous côtés ? Que quelques gouttes
tombent sur une claire toilette, et voilà une promeneuse au
désespoir. Et l'odeur d'ail, si désagréable, n’incommodera-t-elle
pas les personnes qui habitent en bordure des avenues ?
Sera-t-1l possible de détruire ces Cicadelles? La chose ne
paraît point aisée. On ne peut, pour la plupart, les atteindre
sans grimper dans les arbres, mais aussitôt qu'on secoue les
F1iG. 2. — Ptyelus Goudoti Benn. Grand. naturelle.
branches on les voit fuir de tous les côtés et leur forme mas-
sive, leur allure pesante, fait penser à un troupeau de bœufs
hliputiens. Le plus simple serait évidemment d'introduire un
ou plusieurs parasites qui feraient périr ces cigales, ou tout
au moins les empêcheraient de se multiplier d’une manière
excessive (1). Mais voilà! les choses les plus simples ne sont
pas toujours faciles à trouver.
C. LAMBERTON.
(x) Il serait intéressant de savoir si la propagation de nos Cicadelles ne
pourrait être entravée par quelque parasite prédateur analogue à ceux que
signale De Geer et qui s’attaquent aux Aphrophores européens; l’illustre
entomologiste suédois dit qu’il a vu « de petites Guêpes venir fondre sur les
masses d’écume, en tirer les nymphes et s'envoler avec leurs proies. » (Wém.
pour servir à l'Hist. des Insectes, t. III, p. 163.)
F1c.
F1G.
F1G.
F1G.
F1G.
LA CICADELLE DU MIMOSA.
EXPLICATION DE LA PLANCHE I
\
1. — Ptyelus Goudoti Benn. adulte; échantillon à élytres sans taches
(Grand. nat.).
2. — Le même; adulte à élytres tachées de noir (Grand. nat.).
3. — Larve du P/yelus Goudoti Benn., peu de temps avant la nym-
phose (Grossisst 2 diam.).
4. — Piyelus Goudoti Benn., pour montrer la nervation des ailes et
la maculature des élytres (Grossi 2 fois).
5 à 12. — Larves du P/yelus Goudoti, vues en dessus, à différents
âges (Grand. nat.).
Les divers états de la Cicadelle du Mimosa {!?P/yelus (Aphrophora)
Goudoti Benn.|.
LA CICADELLE DU MIMOSA |
(Piyelus Goudoti Benn.). PLANCHE I.
EG le |
Ajulte sans taches | F1G. 2.
Adulte à élytres tachées
(grand. nat.).
(grand. nat.).
Fia. 3.
Larve très grossie.
Fi. 4. *
Adulte à élytres tachées, grossi 2 fois.
F1G. 10. Fic. 11. FiG. 12.
Larves à divers âges (grand. nat.).
Les divers états de la Cicadelle du Mimosa
(Environs de Tananarive, Madagascar).
pes
— 50 —
LES -VIEUX=AUTEURS:
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suile) @)
Par Jean SWAMMERDAM.
Mais comme d’un erreur il en naît souvent une autre, aussi
l'incomparable () Jarvé s'égarant aussi bien que Moufet, au
sujet de la nature de la nymphe dorée, à mis même la #y"mphe
des abeilles au nombre des Nymphes dorées, dans lesquelles,
suivant le sentiment de Moufet, d'Aristote, et d'Aldrovandus,
il imagine une Metamorphose plus agreable et plus ingenieuse,
que veritable et conforme a la nature des choses : ce qui vient
apparemment de ce que n'ayant pû remarquer distinctement
toutes les parties de la »ymphe, 1l l’a conceüe sous la forme
d'un œuf, suivant en cela l'exemple d’Azis/ote, d'Aldrovandus
et d’une infinité d’autres.
Cependant comme avans remarqué ci devant quelque petite
difference entre la #ymphe et la nymphe dorée, aussi nous
trouvons, qu'il y a bien plus de conformité et de ressemblance
entre la #yphe d'une fourmi ordinaire et la fourmi même,
qu'il ne s’en trouve entre les mouches et les abeilles, et la
nymphe dont elles se forment. Et la même difference qui se
trouve entre la #ymphe et la nymphe dorée, se rencontre aussi
entre les nymphes mêmes : mais comme les 7ymphes ne dif-
férent que tres peu des animaux qui s'en forment, et que la
différence même de la z#ymphe et de la rymphe dorée n'est
qu'accidentelle; aussi trouvons nous que toutes ces diversitez
(x) Voir Insecta, 14, p. 23.
(b) Z:6. de Gen. An. Exer. 50.
— 51 —
sont fort peu considerables. Or (a) Aristote n'admettant qu'une
même forme dans les #ymphes,; et niant absolument que l’on
puisse remarquer aucune forme visible, ni aucuns membres
apparens dans les zymphes dorées; a mieux aimé les comparer
à un œuf.
Or pour parler particuliérement de la ) xymphe dorée, ainsi
nommée à cause de sa couleur d’or (ce nom ne pouvant convenir
a toutes les #y#pes, a cause qu’elles sont autrement colorées)
il est necessaire de sçavoir que contre le sentiment d’Aristote,
d'Harvé et d’une infinité d’autres nous y avons découvert, non
seulement toutes les parties de l’animal qui s’en doit former,
mais mêmes que nous y avons apperceu l'animal tout entier;
de la même façon que nous avons dit des autres 2y#p4es, dont
nous avons parlé cy devant. Or comme nous avons remarqué
que la zymphe d'une fourmi est différente de celle d’une
abeille, et que la #yw#p4e de l'abeille différe aussi de celle d’une
mouche; de même nous avons découvert que la x#ymphe dorée
est différente de toutes celles, dont nous venons de parler.
Mais pour montrer cela plus clairement, par exemple, dans
la xymphe dorée d'un papillon; nous allons exposer distinc-
tement dans les trois sortes de zymphes et dans la #ymphe
dorée, en quoy une ymphe différe de l’autre, et nous donne-
rons ensuite des marques, par lesquelles on pourra distinguer
facilement les 7ymphes dorées d'avec toutes les autres, et qui
nous servirons aussi a découvrir en quoy toutes les zymphes
different des animaux, qui en naissent : afin que par ce moïen
nous puissions exposer nettement la difference ou la confor-
mité, qui se trouve entr’elles, et que nous fassions remarquer
distinctement la forme du corps et la disposition des membres
de l’animal qui s'en doit former.
Or ce qui distingue premiérement la #ymp4e de la fourmi,
de celles des autres, est qu’elle lui ressemble mieux, que les
nymphes des mouches, des abeilles et des papillons ne res-
(EE ENT EN ONE ee)
(b) CArysalis ou Aurelia.
— 52 —-
semblent a ces animaux : et cela vient de ce que la fourmi
ordinaire n’a point d'ailes, mais de petits pieds seulement et
de petites cornes, que l’on peut voir aussi distinctement dans
la xymphe que dans la fourmi même, lorsqu'elle est parvenüe
a sa Juste grandeur : seulement avec cette différence, que les
petits pieds et les petites cornes, de la Nymphe se présentent
a nos yeux comme pliez et entrelacez ensemble, au lieu qu'ils
nous paroissent dans la fourmi même, beaucoup plus étendus
et plus distincts; ce qui, comme l’on peut voir ne fait pas une
différence fort considerable. Et cependant, a cause qu’on n’a
pas bien remarqué tout cecy dans les #ymphe dorés, il est
arrivé que la connoissance la plus essentielle des insectes est
demeurée jusques 1c1, comme ensevelie dans l'ignorance, et dans
l'obscurité : et que de la ont est tombé dans l'erreur d’une
transformation imaginaire.
Le seconde différence, qui fait que la xymphe de la mouche
séloigne de la forme de la mouche même, est aussi ce qui met
de la diversité non seulement entr'elle et les autres insectes,
mais aussi entre sa nymphe et celle des autres : et cette diffe-
rence de la mouche et de sa nymphe consiste principalement
dans la situation differente de leurs ailes, la mouche ayant
les ailes étendües des deux côtez de son corps, et la #ymphe
les ayant aux côtez situées entre les jambes et entrelacées en-
semble de la même maniere que les pieds et les cornes de la
nymphe d'une fourmi ordinaire : mais l’on ne peut remarquer
aucune difference considerable entre la (a) rompe et les petites
cornes qui sortent de la tête de la xymphe, et entre ces mêmes
parties dans la mouche même.
En troiziéme lieu 1l y a de la difference non seulement entre
l'abeille et sa #ymphe, mais elle differe même tant des #ymphes
des autres insectes, dont nous avons parlé, que de ces insectes
mêmes : car quoy que cette zy#phe ait encore, outre ses jambes
et ses petites cornes, quatre ailes, et comme une espece (P) de
(a) Proboscis.
(Bb) Proboscis.
langue et de /rompe refferrée en dedans, on remarque cepen-
dant que toutes ces parties ont toute une autre situation dans
l'Abeille et nous y paroissent bien plus distinctement que
dans sa #7mphe. Car les ailes de cette 7y»9phe situéez aux
côtez, sont pliées et entrelacées entre ses pieds de même que
dans la mouche ordinaire; et cette petite trompe presqu'im-
perceptible dans la monche et dans sa #ymphe, met une diffe-
rence considerable entre la #y#phe de l'abeille ; a cause qu’elle
est située plaisamment entre ses Jambes, qui sont resserrées
en dedans.
Enfin tous les membres des #y7mphes, dont nous avons parlé,
se font assez facilement remarquer : et quoy que l’on y dé-
couvre par cy par là quelque peu de différence; elles con-
viennent pour tant en ce point, quelles representent toutes non
seulement la forme de l’insecte qui s’en doit former, mais aussi
qu’elle sont l’insecte même : et l’on remarque qu’elles changent
de peau aussi bien que la chenille, et qu’elles ne s’en sont pas
plûtôt dépoüillées qu'elles semblent prendre une nouvelle
forme, et comme se transformer en un autre animal : ainsi que
(à) Zzbavius nous décrit fort exactement ce changement de peau
dans les vers a soye.
Mais ce qu'il y a encore de remarquable, c’est que ces petites
jambes, ces ailes, cette trompe et ces petites cornes, aussi bien
que le reste de leurs parties sont environnées d’une membrane
également épaisse par tout; et que tous ces petits membres
de la ®) xymphe semblent déjà commencer a se remuer, et nous
paroissent comme ployans et flexibles; y aiant quelque petite
distance entre ces parties, qui empêche qu’en se touchant elles
ne viennent à s'attacher et se coller ensemble : et c’est cette
petite distance qui faisant quelqu'ombre avec tous ces divers
membres, nous done par là le moïen de découvrir la vraye
structure de leurs corps, et d’en distinguer toutes les parties.
(a) Observ. Hist. Bomb. I. x. c. xx].
(b) Vympha.
Or dés le moment quelles se changent, leurs corps nous paroît
aussi blanc que de la nége.
Mais pour ce qui est des (© Nymphes dorées, dont quelques
unes aussi prennent la couleur blanche, lorsqu'elles viennent
à se changer, il n’est pas si facile d'en discerner les parties;
parce que leurs ailes, leurs jambes et le reste de leurs membres
sont tellement Joints et collez ensemble, quils semblent tous
ne faire qu'un tissu. Tellement qu'en ne les regardant qu’exte-
rieurement, on ne peut pas si bien en découvrir la forme dis-
tincte : et cest ce qui a donné occasion a plusieurs de tomber
dans un erreur, dont nous allons parler incontinent.
Ce qu'il y a encore de fort remarquable, dans ces nymphes,
c'est qu’apres leur changement, la substance de leur corps
devient si flexible, si tendre et si molle, quelle paroît pres-
qu'aussi fluide que l’eau même : ce qui a donné occasion a
Gasa de les nommer invalides, comme le tres docte A/dro-
vandus a fort bien remarqué, c'est à dire sans force et sans
defense : et elles conservent cette qualité molle et fluide,
presque Jusques au renouvellement de leur peau. Or nous
exposerons en son lieu les raisons et la nécessité de cette
fluidité, que (@) Woufet semble en quelque façon avoir reconnüe
dans quelques #ymphe dorées, lors qu'il dit. Quand Pline
écrit que la Nymphe dorée a le corps dur, je croi que cela se
doit entendre de la chenille. Et les petites membranes, dont
ces nymphes se dépoüillent, sont même s1 delicates et tellement
envelopées et entortillées ensemble, qu'il n’est presque pas
possible de les découvrir, à moins que d’avoir une expérience
consommée dans ces sortes d’operations: ce que nous ferons
voir, au grand étonnement de tout le monde, lors que nous
parlerons des expériences que nous avons faites sur les abeilles.
Or, pour venir à la quatriéme différence, nous allons traiter
à present de la #ymphe dorée d'un papillon, qui est incom-
(c) CArysalis.
(b) Zns. Th. c. XXXVJ. de Aur.
RATES
parablement plus grande que les autres; et afin que le lecteur
sçache de quelle xymphle dorée et de quel papillon nous
entendons parler : nous choisirons la #ymphe d'un de ces
papillons que (*) Mouset à mise entre les douze espéces de
ceux qui volent de Jour, et qu'il nous a dépeint dans ses
figures; ou bien nous prendrons la même que Godart nous
décrit dans la vingt et uniéme expérience de la premiere
partie de son livre : et apres avoir fait comparaison de la
nymphe dorée avec son papillon, nous comparerons ensuite
cette même #y"p/%e tant avec la #ymphe d'une fourmi, d’une
mouche et d’une abeille, qu'avec ces animaux même : afin de
découvrir exactement la diversité, qui s’y rencontre.
Et la difference qui se trouve entre le papillon et la #ymphe
dorée, et entre les 7ymphes des insectes, dont nous avons parlé,
et ces insectes même, consiste dans les ailes, qui dans le
papillon paroissent fort grandes et fort étenduës, et situées
sur le dos tout contre les épaules; mais qui dans la #ymfhe
dorée sont comme plissées et ramassées ensemble ayans la
grandeur et la figure de la moitié de l’ongle du petit doigt,
et qui, apres sêtre courbées vers le ventre, se couchent dessus
immediatement.
Enfin il nous faut considerer cete petite (a) ompe, qui se
courbant en rond nous represente assez bien dans le papillon
la figure et la grandeur d’une tête d’épingle, et est placée entre
les ®) fourchons : mais qui dans la nymphe dorée, se couche
de long sur le ventre entre les ailes. Tout près de cette petite
trompe on voit sortir les Jambes situées d’une maniere inimi-
table, dont nous rendrons raison ailleurs dans quelques unes
de nos expériences : et ces Jambes ont toute une autre situation
dans la nymphe dorée que dans son papillon. Enfin tout preche
de là on découvre les petites (©) corses, qui dans le papillon
(BE en ZE cer
(a) Proboscis.
(b) Fureæ.
(c) Antenne,
sont droites et situées au dessus des yeux. Or tous ces petits
membres sont disposez dans un ordre si net et si distinct, que
même dans la (@ wymphe dorée l'on peut facilement apper-
cevoir toutes les parties de l'animal, comme le corps, les ailes,
les jambes, les petites cornes et la trompe; il n’y a que les
petits (e) fourchons, qui y paroissent un peu plus obscurément ;
quoy que l’on ait aussi assez de peine a les distinguer dans
le papillon même.
De plus cette petite peau, dont les membres de la #y7"mphe
dorée sont revêtus, est bien plus délicate aux endroits, ou elle
les envelope interieurement, que là ou elle les couvre par
dehors : à quoy il faut ajoûter que toutes ces parties sont
tellement unies et collées ensemble, que l’on les prendroit toutes
pour un même corps umi et contigu, a moins que d’avoir cette
adresse de les découvrir, que nous enseignerons dans la suite :
et c'est assûrément faute de cette invention que le Sieur Woufet
ne nous a pas pü donner une description exacte de la
(@ Nymphe dorée : car 1l nie, aussi bien qu'Azzstote, que l’on
y puisse distinguer aucunes parties. Æ{le n'a, dit il, #2 bouche
ni aucuns membres perceptibles.
En fin ®) Zzbavius se trompe aussi dans cette matiere; car
bien que, lorsqu'il parle de la (© Nymphe des vers à soye, il
avoüe que l’on y découvre quelques marques de jambes, d’ailes
et de cornes, il nie pour tant en suite, qu’on y puisse distinguer
aucuns membres perceptibles. Dans La partie de devant, dit il,
on voit des traces de pieds et de cornes, et dans la partie de
derriere on peut voir aux côtez quelques marques d'ailes, et
un peu plus bas il dit que l'on n'y peut appercevoir aucuns
(d) Crysalis.
(e) Furee.
(a) CArysalis.
Neque os illi, 22guit, neque aliud manifestû membrum.
(b) Oôser. Iisto. bomb. L. c. xx.
(c) Wecydalus.
Inde à parte anteriore, é2guit, typi pedum et cornuum sunt, à posteriore
versus latera vestigia alarum.
Nulla videas membra distincta.
membres distincts. Et le Sieur Godart, qui n'a pas mieux
pénétré la nature de la (4) Nymphe dorée, que Moufet et tous
les autres, y pretend trouver quelque ressemblance avec la
face de l’homme, comme l’on peut voir par ci par là dans les
figures qu'il nous a données des Mymphes dorées; et au lieu
de nous proposer simplement leur forme et la maniere plai-
sante, dont elles se presentent a-nos yeux, 1l s'amuse a nous
en faire des descriptions chimeriques suivant les prejugez de
son imagination. Mais comme il se trompe grossierement au
sujet de la (e) Nyphe dorée, aussi n’a t'il pas mieux rencontré
lorsqu'il nous a voulu représenter la chenille, qui n'est pas
environnée de poils, comme il se le figure, mais dont le corps
est parsemé de petites pointes tres aiguës, qui ne ressemblent
pas mal à des épines fort déliées, et qui ont peu près la
même figure, que la chenille qu'il nous dépeint dans la vingt
et sixiéme de ses experiences.
De plus les membres de la Nymphe dorée, qui sont Joints
et collez ensemble, s'éndurcissent avec le temps, ou bien cette
peau dont ils sont revêtus, et qui auparavant étoit si molle et
si tendre, venant à se sécher peu à peu, devient insensiblement
dure et roide, changeant ensuite cette couleur verte qu’elle
avoit, en une veritable couleur d’or : Enfin cette roideur et
cette dureté s'’augmente, jusqu'à ce que la #ymphe dorée, ou
plûtôt le papillon même sous la forme de cette #y#p/4e, s'étant
dépoüillé de la peau dure ou il étoit renformé, vienne apres
à paroître sous la même forme qu'il avoit lorsqu'il en étoit
encore envelopé : et tout le changement, qui arrive ici, vient
de ce que ces membres foibles, et qui auparavant etoient mols
et fluides comme léau même, acquerans ensuite de la force et
de la fermeté, deviennent à la fin tout à fait roides et in-
flexibles.
Or apres que la Nymphe dorée sést dépoüillée de cette peau
ou de cette membrane dont nous avons parlé : l’on voit aussitôt
(d) CArysalis.
— 58 —
ses ailes pousser et s'étendre tout visiblement et d’une maniere
admirable : et l'on remarque que ses jambes aussi bien que le
reste des membres s’allongent et se dressent, en se disposant
de la même maniere que dans le papillon même.
De plus, puisque ces ailes, dont nous venons de parler,
croissent si subitement, qu'il n’est presque pas possible d’en
remarquer la maniere, si ce n'est apres une longue experience;
il ne faut pas aussi trouver étrange que les meilleurs esprits
et les plus hüreux à faire des découvertes se soient trompez
dans cette occasion. Comme il est arrivé a Æarvé et a une
infinité d’autres. Or Æarvé suppose une transformation au
dedans de la Nymphe dorée, a qui sans raison 1l donne le
nom d'œuf parfait. Mais 1l est certain que son sentiment
combat toute sorte d’experiences, puisque cette pretenduë trans-
formation ne se trouve n1 au dedans n1 au dehors des Nymphes
dorées. Aussi Harvé ayant été malhureux dans la recherche
de cette verité, ne nous en a Jamais pü donner aucune idée,
et l'exposition qu'il en fait est entierement inintelligible, car
apres avoir nié que les membres poussent et sétendent dans
la Nymphe dorée, 1 se va figurer, au lieu de cela, une Meta-
morphose inconcevable. Or ce que nous disons ici ne se dit
que par parentêse, et nous ne nous étendrons pas davantage
sur cette matiére, à cause que dans nos experiences particulieres
nous avons entrepris de décrire la maniere dont les ailes
poussent et s'étendent, et d'y faire voir en même temps tous
les changemens qui arrivent de Jour en jour tant aux œufs des
insectes, qu'a leurs Nymphes dorées; jusqu’à ce qu’en fin elles
viennent à paroiître sous la forme de chenilles ou de papillons.
Quand on considere avec application la différence acciden-
telle, et la conformité que se trouve tant entre les 7ymphes
même, qu'entre les Nymples dorées et leurs papillons, comme
aussi entre les 2y7#p4es, dont nous avons parlé, et les insectes
qui s’en forment; on est obligé d’avoüer, que la #ymphe ne
différe point essentiellement de la Nymphe dorée, parce qu’elles
representent toutes deux assez distinctement les parties de
l'animal : quoique je confesse pourtant que l’on a un peu
moins de peine à découvrir la forme de l'insecte dans la
(à) nymphe, que dans la ®) Nymphe dorée : mais tout cela ne
dépend que de l'œil qui les considere et de la main qui en
fait la dissection : car si on les examine toutes deux avec une
grande exactitude, on ne trouvera rien de caché dans l’une
non plus que dans l’autre. Et afin que personne, suivant le
sentiment de Æarvé, ne s'aille imaginer un œuf parfait, qui
se transforme avec le temps; nous osons bien promettre ici
non seulement de découvrir dans les #y»phes tous les membres
des insectes : mais même de les faire voir dans l'instant et
au commencement de leur changement, aussi distinctement,
qu'au milieu et dans la fin. Si bien que quelque forme extra-
vagante que Godart et les autres puissent donner aux #ymples,
on ne nous en proposera Jamais aucune, ou nous ne fassions
voir toutes les parties de l'animal.
Quelqu'un me pourra peut être ici demander pourquoi les
membres nous paroissent dans la (a) yymphe plus distinctement,
que dans la () Nymphe dorée? et pourquoi ces membres ne
se collent pas ensemble? ou quelle est la raison pourquoi la
peau, dont la #ymphe se dépoille, est plus delicate que celle
de la xymphe dorée, qui est enfermée dans une peau dure,
d'ou elle sort comme un poussin hors de l’ecaille? Je répons
qu'il est tres difficile de rendre raison de toutes ces differences,
et que dans cette matiere aussi bien que dans toutes celles
qui sont obscures et cachées, nous devons emploïer tous nos
soins pour en découvrir la verité par les experiences que nous
faisons sur les choses naturelles, plûtôt que de l'aller chercher
dans nôtre raison, qui est naturellement foible et sujette à se
méprendre. Et 1l est indubitable, que si nous ne suivions pas
exactement les régles et l’ordre constant et immuable, que le
(a) Wympha.
(b) CArysalis.
(a) Wympha.
(b) CArysalis.
VOOR
tres sage createur à établi dans la nature, nous nous trompe-
rions même à tous momens dans les experiences que nous
ferions sur les êtres naturels, et les raisons même, que nôtre
esprit nous fournit, nous Jetteroient infailliblement dans
l'erreur.
Or puisque cette matiere est d’une recherche si curieuse, nous
employerons tous nos soins pour exposer ceque la nature nous
en à découvert. Nous voyons donc premierement que les
nymphes des fourmis, des mouches et des abeilles demeurent
toûjours renfermées dans un lieu fort humide, où la peau
exterieure de leurs membres pourroit tres difficilement s’en-
durcir : car nous trouvons les #y7mphes des fourmis sous la
terre, et celle des mouches dans la chair, qui se gâte, et dans
les animaux, qui se putrefient, ou bien ailleurs dans quelques
lieux fort humides. Et pour ce qui est des #7mphes des abeilles,
on les trouve non seulement cachées dans des lieux humides,
mais elles sont même ensevelies dans la cire et revêtuëés d’une
membrane aussi delicate que ceiles des vers à soye : et de plus
lors qu’elles viennent à se changer, leurs membres sont extra-
ordinairement humides, et quelques unes d’entr’elles pesent
bien deux fois autant que l’abeille qui s’en doit former.
Et ce qu'il y a ici d'admirable et qui merite fort dêtre
remarqué, c'est que leurs membres, dont la consistence et la
couleur ressemblent assez à celle du lait, n’ont pas le moindre
mouvement, avant que toute cette humidité se soit dissipée par
une transpiration insensible; et dans tout ce temps là elles
ne rejettent aucuns excremens, comme (4) Ayis/ote même le
témoigne.
Mais tout au contraire les #ymples des papillons, qui
volent de jour (nous les considererons à l’avenir dans un état
un peu plus avancé que les VNymphes dorées) se trouvent en
plein air, ou elles se changent immediatement; y ayant une
grande partie d’entr'elles, qui nont point du tout d’envelope;
(a) Æistoire des anim. L. V. ©. XXIX.
OT) —
si bien que leur peau exterieure, étant exposée à l'air toute nuë,
s'y durcit facilement : et lorsque les #ymphes se dépoüillent
la peau, qu'elles quittent, conserve encore la même forme
qu'elle avoit, lors qu'elle les environnoit, sans se plier ni se
rouler ensemble, à quoi l'on peut encore ajoûter, que la peau,
qui environne la #ymphe de ces escarbots cornus, que l’on
trouve sous la terre, est encore beaucoup plus déliée, que la
membrane, dont les 7ywmphes dorées ordinaires sont revêtuës.
Or j'avoüe franchement que je ne sçai pas, si les raisons,
que nous avons rapportées, sont la cause, qui fait que la
(à) zymphe dorée, Sendurcit, et la () yymphe point; ou bien
que la xymphe est environnée d’une membrane fort delicate,
et que ses membres ne se collent pas : mais au contraire que
la peau dont la zymphe dorée est revêtuë est aussi dure qu'une
écaille, et que tous ses membres sont unis et collez ensemble.
Car puisque les wymphes des abeilles meurent lorsqu'elles
viennent à s'endurcir en plein air, et que les wymphes dorées
ne peuvent pas vivre quand elles sont renfermées dans un
lieu humide : je ne sçaurois m'imaginer, que des choses, qui
séngendrent réglément tous les ans suivant l’ordre constant
et tres sage de la nature, soient si casuelles, que de dépendre
de l'air : quoique j'avoüe pourtant que l'humidité est la seule
cause qui empêche les zyw#phes de devenir dures et fermes;
et qu’au contraire l’air et la sécheresse sont la cause necessaire
de la dureté ou de la fermeté que l’on sent dans les zymphes
dorées. De plus considerans que la membrane, dont les
nymphes dorées sont revêtuëés, n’est pas égale par tout, mais
au contraire qu’elle est bien plus épaisse là ou elle est exposée
à l'air, qu'aux endroits ou elle ne l’est pas, et ou elle couvre
les membres en dedans : et ayans remarqué tout le contraire
dans les #y7mphes, que nous trouvons environnées d’une mem-
brane également épaisse par tout, et qui à cause de sa delica-
(a) CArysalis ou Aurelia.
(b) Wymfha.
A Ge
tesse, ne peut pas si bien les defendre contre la secheresse de
l'air; lors, disje, que nous considerons toutes ces choses avec
attention, il nous est impossible de nous persuader, que
l'humidité. qui se trouve dans les #ymphes, ou bien que la
fermeté, qu’acquerent les zy"phes dorées, soient quelque chose
de casuel : à moins que nous ne fussions si fous et si dérai-
sonnables, que de dire que ces petites creatures ne naïssent
que par hazard, et ne s'engendrent que de corruption et de
pourriture : ce qui seroit proprement douter de cette providence
et de cette sagesse admirable que la nature fait paroïître dans
les soins qu’ell” à de couvrir et délever ces petits animaux, en
leur fournissant toutes les choses necessaires pour leur sub-
sistance.
De la Maniere dont Les vers et Les chenilles prennent
la forme de Nymphes.
Ayant déja proposé l’unique fondement de tous les change-
mens qui arrivent aux insectes, et ayant ensuite prouvé que
ce n'est rien qu'une #y»he, dont toutes sortes de vers et de
chenilles prennent la forme avec le temps; ou plütôt que tous
ces changemens ne consistent qu’en ce que les membres s’éten-
dent et poussent, pour ainsi dire, leurs boutons; excepté pour-
tant ces petits animaux, qui ne sortent point de leur œuf, avant
que d’avoir atteint toute leur force et leur perfection; ou, pour
mieux dire, qui cachans sous l'œuf la figure d'une #ymphe, en
sortent en suite sous la forme d’un animal par fait, comme
nous verrons plus bas. Or avant que de passer à nôtre second
point, nous jugeons qu’il est tres necessaire d'exposer la ma-
mere dont tous ces changemens arrivent, et de faire voir en
même temps la forme des animaux, qui souffrent ces change-
mens, dont nous avons parlé.
Puis donc que dans la forme des animaux, lors qu'ils
viennent à pousser et à s'étendre en forme de #ymphe, on
trouve une diversité presqu'infinie et fort difficile à décrire :
nous representerons 1c1 la principale différence qui s’y ren-
contre; en considerant premierement les vers qui n’ont point
de pieds, puis apres ceux qui n’en ont que six, et en suite ceux
qui en ont un plus grand nombre : car nous remarquons
qu'entre les animaux, qui prennent la forme de #ymphe ou de
nymphe dorée, 11 y en à une partie qui n’ont point de jambes,
quelques uns en ont six, et les autres en ont un plus grand
nombre. Or quoi que nous trouvions une grande diversité entre
ces trois sortes d'animaux; cependant la différence que nous
remarquons dans la troizième sorte (je veux dire de ceux qui
ont plus de six pieds) ne nous paroît pas moins considerable :
et de tout ce grand nombre de pieds, que nous découvrons
dans les vers, les six de devant meritent le plus d’être remar-
quez; et dans les vers qui n’ont point de pieds, la partie, que
nous nommons la poitrine dans d’autres animaux, est ce qu'il
y à de plus remarquable.
Or pour rendre raison, de ce que nous proposons principa-
lement 1c1 la différence qui se trouve entre les petits animaux
qui ont des pieds et ceux qui n’en ont pas : il est premierement
tres curieux de sçavoir que dans les vers, qui n'ont point de
Jambes, cette partie, que nous nommons la poitrine, ne se
change, ni ne se déplace Jamais, et que dans les vers et dans
les chenilles, qui ont peu ou beaucoup de jambes, les six de
devant ne se perdent jamais, et que l’on ne peut pas apper-
cevoir, qu'elles changent aucunement de situation, comme le
Sieur Godart nous veut faire accroire contre toute apparence
de verité. Car ces Jambes, dont nous venons de parler, de-
meurent perpetuellement dans la plus part de ces petits ani-
maux, sans se déplacer le moins du monde. Et ce qu'il y à ici
d'admirable, c'est que nous avons remarqué dans un grand
nombre de ces vers à six pieds, lors qu'ils viennent à pousser
et à s'étendre en forme de #ymphes, que le changement, qui
arrive à leurs jambes est si peu considerable, que j'ose bien
assûrer qu'il est entierement imperceptible, quelque transfor-
mation chimerique, que tous les Philosophes se soient figurée
dans leur imagination.
se 64 +.
Or ces experiences nous serviront comme d’une lumiere tres
pure, pour nous éclairer dans l’obscurité de ces changemens,
et si nous les suivons avec toute l’exactitude requise elles nous
feront voir sans peine de quelle maniere se font les change-
mens embroüillez et confus de ces animaux que l’on imagine
ordinairement sans pieds. Mais comme nous ne voulons rien
prouver mi conclure de l’un à l’autre en supposant quelque
dénombrement des parties, que nous avons autrefois décou-
vertes dans de plus grands animaux; nous nous attacherons
plûtôt aux experiences que nous avons faites. Or nous voyons
prémiérement dans les vers, que l’on prétend n'avoir point de
pieds, que les ailes, les pieds, les cornes, et le reste des
membres, qui sortent des environs de leur poitrine incontinent
apres leur changement, ne se forment pas en un instant, et
que cette vitesse et cette promptitude avec laquelle les parties
croissent n'est pas une transformation; puisque nous avons
remarqué que ces membres, qui dans le ver êtoient déja tout
formez et attachez aux mêmes endroits, ont déja poussé leurs
boutons et se sont étendus avec Je temps sous la peau dont
ils étoient, revêtus. S1 bien que cette peau venant à se crever,
ouvre par ce moien le passage à toutes les parties, qui com-
mençans à paroitre, font prendre ensuite au ver la vraye
forme de la #ymple.
(À suivre),
Le Gérant,
F. GUITEL:
Sommaire du Numéro 15 d’'INSECTA
Entomologie générale :
R. P. Longin Naväs. S. ]. — Notes sur quelques Névroptères
Ernest Olivier. — « Les Vieux Auteurs » : Notes synonymiques.......….
A. Vuillet. — Description d’une nouvelle C/ivina de Madagascar (Col.
Carabide )
Entomologie économique :
@Lamberton: —#L2 Cicadelle du MimMOSA:7....... 272... eee.
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. Swam-
TEL AIM 52720) eenee see eee rec eee ee en sne eee iCal
DEUXIÈME ANNÉE AVRIL 1912 NumÉRo 16
INSECTA
Revue lTllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
1912
%
ENTOMOLOGIE
GÉNÉRALE
Le Congrès des Anatomistes
Par C. HOULBERT.
Cette année, la 14° réunion de l'Association des Anatomistes
français, s'est tenue à l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de
Rennes, du dimanche 31 mars au Jeudi soir 4 avril.
Les séances du Congrès avaient lieu dans l’amphithéâtre
d'anatomie (boulevard Laënnec),
sous la présidence de M. le doc-
enmPeninrde la louche, Direc-
teur de l'Ecole, assisté de MM. les
professeurs : Lhuissier, Guitel, de
la Faculté des Sciences, et Lautier,
vice-présidents.
Les démonstrations pratiques,
exigeant l'emploi du microscope,
se faisaient chaque après-midi,
dans la salle des travaux pratiques
d'Histologie.
Sur les 38 communications an-
noncées au programme, l’une, celle
de notre collègue M. L. Bordas,
Maître de Conférences de zoologie
à l'Université, intéresse l’entomo-
logie, c'est pourquoi nous tenons à
la signaler dans /#secta.
Voici
F1G. 1. — Embouchure des tubes de
Malpighi de Meloe (Meloe viola-
ceus). Im, intestin moyen; 1p, in-
testin postérieur et ampoule rec-
tale r; Tm, tubes de Malpighi, au
nombre de six; ces organes sont
longs, sinueux, moniliformes et vont
s'ouvrir, en des points équidis-
tants, sur un bourrelet annulaire b
qui marque l’origine de l'intestin
terminal (type hexanéphrié).
le titre de cette communication
Sur la morphologie et la structure histologique des tubes de
Malpichi des Insectes et principalement des Coléoptères.
INSECTA, Avril 1912.
0)
He
« Les recherches de M. Bordas ont porté sur environ 200 es-
pèces de Coléoptères, appartenant aux principales familles de
l'ordre tout entier. Les tubes de Malpighi sont des organes de
formes variables, mais de structure histologique assez uniforme;
ils sont presque toujours au nombre de guafre, très rarement au
nombre de sr, d'où la division qu'on peut faire des Coléoptères
en Zétranéphriés (FIG. 3) et Aexanéphriés (FIG. 1 et 2).
Ces tubes ne présentent, con-
trairement à ce qui été écrit, pour
quelques espèces, par certains
entomologistes, qu'un seul rap-
port avec Le tube intestinal.
Dans aucun cas, les tubes de
Malpighi des Coléoptères n'af-
fectent deux modes d'ouvertures
avec l'appareil digestif. Dans
tous les groupes, chez toutes les
espèces, les vaisseaux urinaires
vont uniquement déboucher à
l'origine de l'intestin posté-
ricur (FIG. 3).
La structure histologique et
F1G. 2, — Région moyenne de l'appareil Sa : :
digestif de l’Anthonomus pomorum. les fonctions physiologiques
Im, intestin moyen, dont l'extrémité : :
postérieure porte latéralement un cer- des tubes de Malp:gh1 des Co-
tain nombre de diverticules en doigt
de gant; Ip, intestin postérieur, à léoptères ont également fait
l’origine duquel viennent s'ouvrir, sur
un bourrelet D, les six tubes de Mal. l’objet de nombreuses recherches
pighi, mn (type hexanéphrié).
de la part de M. Bordas.
1° Chaque tube comprend : Une membrane enveloppante ou
membrane péritonéale, sous liquelle se trouvent quelques fibrilles
élastiques;
2° Au-dessous, existe une très mince lamelle anhyste (/4mica
Propria), supportant l'épithélium tubaire;
3° L'épithélium sécréteur des vaisseaux urinaires est formé
d'une assise unique de cellules aplaties ou coniques, proéminant
plus ou moins dans la cavité interne, et rendant cette dernière
OR
irrégulière et sinueuse. Le tout est recouvert d'une bordure ciliée,
particulièrement épaisse au sommet des grosses cellules coniques
et proéminentes.
Les tubes de Malpighi des Coléoptères contiennent toujours
des concrétions cristallines en quantité plus ou moins considé-
rable. C’est surtout chez les larves que ces productions solides
sont abondantes. Chez cer-
taines espèces (larves des
Cerambyx, des Cetonia, du
Lucanus cervus, etc.) la lu-
mière des vaisseaux est com-
plètement obstruée par un
produit de sécrétion compact,
plus ou moins grenu et hya-
lin, contenant, dans sa masse,
une quantité prodigieuse de
cristaux, dont certains attei-
gnent Jusqu'à 154 de côté.
M. Bordas a également
étudié la composition et la
nature de ces concrétions s0-
lides. »
Rappelons, en passant, que
l'apparition des tubes de
Malpighi est très précoce au
cours du développement pos-
à Fi@. 3. — Tube digestif d'un Coléoptère tétra-
tembryonnaire des Insectes; néphrié (Zabrus gibbus) pour montrer les
tubes de Malpighi (e) en place à l’origine
d’après ce qu'on en sait par de l'intestin postérieur (/) (d’après L. Du-
: : FOUR).
les études de Grassi (1), ils
apparaissent sous forme de petites fossettes, disposées symétri-
quement sur les deux (/é/ranéphriés) ou trois (kexanéphriés)
derniers anneaux de l'abdomen, vers le moment où le procto-
(1) GRrassi (B.). — Progenitori dei Miriapodi e degli Insetti. Anatomia
comparata dei Tisanuri e considerazioni generali sull'organizzazione degli
Znsetti. (Atti R. Accad. dei Lineei de Roma, 1887, voi. IV.)
D); De
deum prend naissance. À mesure qu'il progresse pour se rac-
corder à l'intestin moyen, ce canal les entraîne, par une sorte
de télescopage, à l'intérieur des anneaux précédents, ce qui
explique pourquoi les tubes de Malpighi se trouvent toujours
fixés à l’origne de l'intestin postérieur.
Notes sur quelques NÉVROPTÈRES
Par le R. P. LONGIN NAVAS, S. J.
III
Névroptères d'Afrique nouveaux ou critiques (1).
M. le D' Riel, de Lyon, m'ayant envoyé, pour la détermina-
tion, une petite collection de Névroptères du Sénégal, m'a donné
l'occasion de décrire quelques formes nouvelles que jy ai
trouvées et d'étudier quelques autres similaires qui étaient cri-
tiques ou en partie nouvelles. C’est l'ensemble de mes observa-
tions que J'ai réuni das cet article.
Famille ASCALAPHIDES
1. Suphalomitus cephalotes Mc Lachl.
M. Van der Weele, dans sa monographie des Ascalaphides,
p. 187, écrit de cette espèce : « Von dieser Art sind die GO
noch unbekannt ».
J'ai reçu, de la part du R. P. Pantel, quelques échantillons
(1) Voir Znsecta, 1911, n° 11, p. 230 et 1912, n° 15, p. 33 et suiv.
LAC
de Madagascar qui vont me permettre de compléter la descrip-
tion de l'espèce.
d. Oculi fusco-ænei.
Abdomen longum usque ad stigma alæ posterioris, cylin-
dricum, retrorsum attenuatum, fuscum, inferne fusco-rufum,
primis duobus segmentis flavis, medio fuscis. Cerci cylindrici,
introrsum arcuati, apice incrassati, obtusi, fusco-nigri, nigro
pilosi, segmento præcedente duplo longiores.
LESC RE ZONE
PE à RACE CPAS RSR RE SN PEAR 2 29 —
ARR OS Pan CCE RC TL
AN AUDE NM A RCE RTE 200
CRC Eee à Motors dans ua 2 —
Famille MYRMÉLÉONIDES
Tribu : Palparim.
2. Palpares Rieli sp. zov. (FIG. 1).
Sinilis 7ubescenti Stitz.
Testaceus, fusco pictus.
Caput facie flava, vertice fornicato, medio sulcato, fascia
fongitudinali fusca, per totum thoracem continuata; oculis
fusco-rufis; antennis fortibus, fuscis, thorace brevioribus, clava
longa, acuta, duobus primis articulis testaceis; palpis testaceis,
labialibus duplo. longioribus, clava brevi, fusca.
Prothorax transversus, marginibus lateralibus fuscis; pilis
fuscis et fulvis. Meso- et metanotum pilis fulvo-albicantibus,
mediocribus.
Abdomen testaceum, pilis brevibus flavis, ad abdominis
basim albidis. Ultima seementa lateraliter fuscata; cercis
fuscis, fusco pilosis, cylindricis, leviter arcuatis, basi dente
interno acuto, brevi (FIG. 1, a).
Pedes testacei, fulvo pilosi, calcaribus fuscis, tres primos
tarsorum articulos superantibus; tarsis ferrugineis; unguibus
fuscis, fortibus.
Alæ longæ, obtusæ, reticulatione flava et testacea, inter
maculas fusca; stigmate flavido, parum sensibili.
Ala anterior reticulatione partim in medio externo et ante-
riore rubella; costa in tertio basilari fusca et fusco limbata;
subcosta ferruginea et flava; radio ferrugineo; cubito ante
ramum obliquum et ramo obliquo in duobus tertiis basilaribus
fuscis fuscoque limbatis. Fasciæ fuscæ direptæ, parum mani-
festæ : 1° basilaris gutta ad ortum sectoris et stria flexuosa
ante ramum obliquum indicata; 2° ante medium quatuor
maculis formata, ad costam et inter cubitos, dilutioribus, inter
cubitum et ramum recurrentem, stria obliqua ante marginem;
3" antestigmalis gutta tessellata pone radium, stria elongata
pone sectorem et stria inter cubitos, pone quam tres striæ
angustæ, præter ramos secundarios; 4 stigmalis gutta ante
stigma et pone radium et stria præter sectorem; 5* apica-
lis in duas maculas divisa (in quibus venulæ flavidæ) :
anteriorem propre margi-
nem, minorem, posteriorem
longam, Jlongitudinalem,
in Mmarginem evanescentem.
Aliquot puncta ad finem
ramorum in margine pos-
Fic. 1. teriore et umbræ ante mar-
Palpares Rieli G' Nav. ginem externum quasi in
a. Extrémité de l'abdomen. À à
Ps ANS port ÉtanEs lineam vel seriem, in ©
(Col. Riel). URL À
distinctiorem.
ÂAla posterior (FIG. 1, ) subcosta et radio ut in ala ante-
riore, cubito usque ad furcam fusco, ad basim venularum pro-
cubitalium limbato. Fasciæ fuscæ distinctiores : 1* ante
medium a radio obliqua ultra medium alæ, cum gutta elongata
inter cubitos ante ramum obliquum conjuncta (interdum sub-
interrupta) ; 2* media ultra medium, tribus guttis fere discretis,
saltem ultima, fuscis, anteriore tessellata; 3° stigmalis gutta
fusca costa, alia grandiore pone radium tessellata, tertia
elongata pone sectorem; 4* apicalis in duas divisa (in quibus
— JI —
venulæ flavæ) : anteriorem ovalem juxta costam, posteriorem
elongatam, in ipsum apicem desinentem. Margo externus levis-
sime fusco limbatus. Duæ guttæ fuscæ posteriores nec margi-
nem tangentes : interna ad ramum obliquum, externa, inter-
dum elongata, fasciæ antemediæ respondens. Pilula G' grandhis,
disco rufo, transverso.
op Q
HORS ACOEpE de 0 OC ARP ANNE
Al AL 2 era 58 — 65 —
——. — post 54 — 61 —
Patrie. Sénégal, leg. Melou.
Les types, dans la collection du D' Riel et dans la mienne,
par donation du D' Riel, à qui je me fais un devoir de dédier
cette belle espèce.
Par les dessins des ailes, elle est du groupe du P. 2mmensus
Mc Lachl. et P. rufescens Stitz.
3. Palpares languidus sp. nov. (FIG. 2).
Similis #2gritæ Nav.
Caput flavum, fascia transversa fusca in fronte pone anten-
nas; vertice fornicato, sulcato, fascia longitudinal fusca, ad
medium ampliata, atomo laterali fusco, retrorsum angustata;
palpis fuscis, labialibus longis, duplo saltem longioribus quam
maxillaribus; antennis fortibus, fuscis, duobus primis articulis
flavis; oculis fuscis.
Thorax flavus, superne fusco trivittatus, pilis plerisque fla-
vidis. Prothorax transversus, antice mediocriter angustatus.
Pectus flavum, nigro striatum.
Abdomen fulvo flavum, flavido pilosum, primo segmento
superne macula subquadrata fusca, secando superne fusces-
cente.
Pedes flavi, migro setosi; tibuis apice ferrugineis; calcaribus
ferrugineis, parum arcuatis, duos primos tarsorum articulos
>
_—— De——
/<
superantibus; tarsis ferrugineis, apice articulorum fusco; un-
guibus ferrugineis.
Alæ longæ, apice parabolicæ, hyalinæ, stigmate albido,
parum sensibili; reticulatione flavida, inter maculas fusca.
Ala anterior tota guttis fuscis conspersa, obscurioribus in
medio basilari, rarioribus et pallidioribus in medio apicali;
area costali venulis alternatim fusco limbatis, colore fusco
aream subcostalem invadente, basi propioribus solum ad basim
himbatis. Fasciæ fuscæ tres manifestæ : 1° ante medium fusco-
fulva, tessellata, a radio ultra medium alæ, obliqua ; 2° antes-
tigmalis fusco-fulva, tessellata, a radio ultra medium alæ, pone
radium angustata, ad anastomosim sectoris cum procubito spa-
tio hyalino libero; 3° apicalis sinuosa, irregularis, a costa ad
marginem extensa, ab apice sejuncta, medio cum margine api-
cali fusco quasi conjuncta.
Ala posterior (FIG. 2)
fascuis tribus distinctis,
duabus primis fusco-fulvis,
tessellatis, ul im: uaiformi
fusca : 1* media a radio
ultra medium alæ, retror-
P'alpares languidus © Nav.
ivre AREA AUEe sum rotundata et interne
(Col. Riel).
concava ; 2* stigmah a
costa ad marginem externum, interne concava, ad medium am-
pliata et in duos ramos divisa; 3° stigmali irregulari, sinuosa,
ad medium cum limbo apicali conjuncta. In area costali aliquot
venulæ fusco limbatæ. Pone fascias medias 3-4 striæ fuscæ mar-
ginales. Ad axiilam cubiti et ad ramum recurrentem guttæ fusc
Lone.-CofR-OL KR: Pan 49-20
== fal: Ant: 7 0 TRS 53,5 —
nn DOS ere ne hf FE
Patrie. Sénégal, G. Melou (Col. Riel).
4. Tomatares Rothschildi Van der Weele. Bull. Mus. d'Hist.
Nat. Paris, 1007, p. 257.
N1 cette espèce, n1 Palpares spectrum Ramb., que M. Van
der Weele place dans le genre T'omatares Hag., ne peuvent s'y
rapporter. La phrase caractéristique de ce genre « antennæ
apice orbiculares » ne leur convient pas; non plus la suivante :
« alæ latiores »; elles sont plutôt étroites dans ces deux
espèces. Au contraire, elles rentrent très bien dans mon genre
Palparellus.
5. Tomatares guttatus Stitz. Mz//eil. aus dem Zool. Mus. in
BErIIR) 1012; D. M5, AS. O:
D'après la description et la figure, on ne peut pas rapporter
cette espèce au genre Z'omatares Hag., à antennes courtes et
massue orbiculaire et à ailes larges, comme l’a fait l’auteur en
suivant probablement Mac Lachlan et Van der Weele. On
devra donc l’inclure dans mon genre Palparellus et dire Pal-
parellus guttatus Stitz.
Ayant fait cette observation à l'auteur, 1l m'a confié la publi-
cation de cette espèce, ce que Je fais dans cette occasion oppor-
tune.
Tribu : Acanthaclisint.
6. Acanthaclisis Alluaudi Van der Weele. Bull. scient. de la
France et de la Belg., 1008, p. 62, pl. IL, fig. 1.
D'après la description et la figure, je placerais cette espèce
dans mon genre Sogra, quoiqu'eile soit un peu aberrante.
7. Sogra infernalis sp. zov. (FIG. 3).
Similis #endaci Nav.
Caput facie flava, albo pilosa; palpis testaceis, labialibus
longis, articulo ultimo clava elongata, fuscescente, externe
convexa, apice acuminata; oculis fuscis; antennis inferne ful-
vis, fusco annulatis, superne fuscis, fulvo annulatis, clava elon-
gata; vertice fusco, piloso, callis meduis nigris, rotundatis, pos-
terioribus orbicularibus, rufis (FIG. 3, a).
Thorax fulvus, superne atomis fuscis vespersus, fusco et
griseo pilosus, linea centrali latiore in duas divisa et duabus
lateralibus utrimque, fuscis. Pectus fulvum, pilosum, fusco pic-
tum. Prothorax transversus, antice angustatus (FIG. 3, a).
Abdomen fulvo-testaceum, saturate fuscum, vel potius fus-
cum testaceo maculatum; primis segmentis superne stria late-
rali irregulari testacea, medns inferne subfuscis; cercis 8° seg-
mento brevioribus (FIG. 2, &), subcylindricis, compressis, apice
truncatorotundatis nigro pilosis.
Pedes fulvo et fusco longiter
pilosi, testacei, fusco abunde
maculati; calcaribus in angulum
rectum flexis, basi testaceis, in
medio apicali fuscis; tarsis sub-
totis fuscis, 1° articulo basi tes-
taceo.
FIG. 3. Alæ hyalinæ, angusta, apice
Sogra infernalis œ Nav.
a. Tête et prothorax.
b. Extrémité de l'abdomen. cavæ; stigmate sordide flavido,
€. Aile antérieure.
acutæ, sub apicem leviter con-
vix sensibili.
Ala anterior (FIG. 2, c) reticulatione fusca, per plagas tes-
taceo-pallida; area costali 10-11 venulis gradatis ante stigma;
area apicah duplici serie venularum completa; area radiali
8 venulis ante sectorem; sectore 10 ramus; linea plicata ante-
riore vix distincta. Inter cubitos stria longitudinalis fusca ante
apicem interrupta, ad areum obliterata et in atomos ulterius
dispersa; area cubitali paucis cellulis divisis ad medium, post-
cubitali angusta; angulo interno prominulo, seu margine pos-
tico concavo.
Ala posterior penitus immaculata, solum exiguo atomo fusco
inter cubitos in quarto apicali notata; reticulatione subtota
pallida; area apicali serie unica venularum gradatarum; area
radiali 5 venulis ante sectorem; nodulo elongato pallido;
pilula c' sessili, testacea.
ÉOE: COPA ee LÉ
Er ALT ANER TPE Tecra 38,5 —
EE PDO ESS EE 0 Lee 33%
Patrie. Sénégal, G. Melou.
La ligne brune du champ intercubital permet de rapprocher
cette espèce de /zneatipennis Per. et de s7endax Stav.; mais les
autres caractères l’en séparent suffisamment. L'aspect des cerci,
plutôt cylindriques et comprimés que coniques, la distinguent
de 7ufescens Gerst. et formes similiares, malgré la ressem-
blance externe très visible.
8. Avia gen. nov.
Similis Sogræ et Onclo.
Palpi labiales longi, clavati.
Prothorax transversus.
Abdomen cercis Œ simplicibus, conicis, obtusis, brevibus.
Pedes fortes. Calcaria fortiter arcuata sed non in angulum
rectum flexa. Tarsi quator articulis primis brevibus, quinto cete-
is simul sumptis longiore.
Alæ longæ, angustæ, acutæ. Ala anterior in area costali in
tertio ante stigma biareolata; area cubitali partim biareolata;
vena axillari furcata, ramo inferiore concavo cellulam oblon-
gam claudente. Ala posterior cultriformis, ante medium dila-
tata.
Le type de ce genre est Sogra nigrata Nav.
Un échantillon c du Sénégal, selon mon avis, doit être rap-
porté à cette espèce; mais présentant un certain nombre de
différences avec le type Q, je crois opportun de le décrire.
9. Avia nigrata Nav.
Œ' Caput facie flava, albido pilosa; palpis flavis, clam labia-
lium elongata, longiter pedunculata, fusca; vertice ferrugineo
fusco, medio sulcato, linea transversa fusca; oculis fuscis;
antennis inferne fulvis, superne fuscis, fulvo annulatis, clava
elongata.
Prothorax transversus, antice angustatus, disco fulvo, fascia
longitudinali media, antrorsum dilatata, alia margimal, fuscis;
linea marginali posteriore nigra ; fusco et albido longiter pilo-
sus; margine postico retrorsum dense ferrugineo piloso. Meso-
et metanotum fulva, fascia lata longitudinali media fusca,
alla angusta, laterali, ferrugineo et albido longiter pilosa.
Pectus testaceum, longiter pilosum.
Abdomen ferrugineum, basi longiter albo et fulvo pilosum,
ad apicem quinti segment: plaga laterali dorsali dense brevi-
terque niveo pilosa, medio longiter fusco piloso; cercis bre-
vibus, 8° segmento plus quam dimidio brevioribus, conicis, obtu-
sis, nigro pilosis.
Pedes ferruginei, fusco picti, fulvo et albido pilosi; calca-
ribus ferrugineis, quatuor primos tarsorum articulos æquan-
tibus; tarsis fuscis, ultimo articulo testaceo.
Alæ angustæ, acutæ, stigmate elongato, a subcosta separato.
Ala anterior reticulatione fusco et testaceo varia; area cos-
tali angustata, area radiali simplici, 10 venulis ante sectorem.
Venulæ aliquot fusco limbatæ, præcipue intercubitales. Stria
arcuata fusca a cubitis et inter ramos sectoris ultimos, ad alæ
apicem, ala stria recta ad ramum obliquum cubitr externa,
duæ tresve, parum sensibiles, a cubito ad ramum recurrentem.
Ala posterior acuta, cultriformis, seu in tertio basilari dila-
tata ; reticulatione testacea, fusco varia; area radiahi $ venulis
ante sectorem; vena postcubitali nodulo indistincto; lobulo
axillari extra pilulam longiter ferrugineo pilosa; pilula ses-
si, flavila, disco rufo.
Lot Copa DR er re
RS MR A MU EC 42 —
SN DAS CE Tee ie el D SEE
Lat:- == 2 (in "3 Passe 8,6 —
Patrie. Sénégal, G. Melou (Col. Riel).
10. Nora longicollis Ramb. ser. signata #ov.
À typo 1) differt :
(1) Je considère comme forme typique de Rambur celle du Sénégal, d’après
un échantillon de la collection Riel, pris par G. Melou.
Colore obscuriore. Abdomine testacéo fuscescente (g') vel
- fusco, testaceo maculato (O).
Ala anteriore reticulatione fusco et testaceo mixta; cubito
toto late fusco, vel vix testaceo interrupto; stria fusca obliqua,
integra vel interrupta, ante cubitos in quinto apicali, margini
externo obliqua.
Ala posteriore subcosta et radio fusco striatis.
Patrie. Egypte, Pyramides. Trois échantillons (2 ©, 1 &)
dans ma collection, Rolle, Berlin.
Tribu : Myrmeleonini.
11. Myrmeleon chloropterus 59. 07.
Caput facie flava, fronte fusca, ante antennas utrimque co-
lore fusco in lobum producto; palpis flavis, labialibus articulo
ultimo fusiformi, inflato, fusco: oculis fuscis; vertice flavo,
macula transversa laterali et posteriore, alia longitudinal
media, fuscis; antennis fuscis, fortibus, duobus primis articulis
testaceis.
Prothorax transversus, margine antico rotundato, disco
flavo, fascia centrali longitudinal, postice ad marginem in
lineam producta et puncto laterali ante sulcum, fuscis. Meso- et
metanotum fusca, margine postico et maculis ad medium fla-
vidis. Pectus fuscum, sub alas flavidum.
Abdomen fusco-viride, linea laterali flava ad connectivum ;
albido dense breviterque pilosum.
Pedes flavidi, fusco lineati; calcaribus primo tarsorum arti-
culo brevioribus; tarsorum articulis apice fusescente notatis.
Alæ angustæ, hyalinæ, immaculatæ; apice acuto; stigmate
insensibili; reticulatione tota pallide viridescente, ad basim
flavida. Sector radin 10 ramuis.
Ala anterior area costali angusta; area apicali serie venu-
larum gradatarum instructa ; area radiali 10 venulis ante sec-
torem; ramo procubiti ante ramum obliquum cubiti orto. Linea
plicata brevis, parum distincta.
pee
Ala posterior angustior, brevior; margine postico toto con-
vexo; area radiali 6 venulis internis. Pilula ' exigua, disco
stramineo, margine fuscescente.
LONDON PU DEN
= NA ARE Les corn M ne 20 —
ER DOSE: 1. LL MEL ne 18 —
Patrie. Sénégal (Col. Riel).
12. Macroleon sexmaculatus 59. 700.
Similis 5-waculato Hag.
Caput fronte fusca, macula triangulari in medio, alia late-
rali minore ante antennarum basim, testaceis ; clypeo testaceo,
macula laterali fusca; oculis testaceo-fuscis; vertice rubro-
ferrugineo, duplici linea transversa nigra.
Prothorax transversus, testaceo-ferrugineus, fusco quadri-
maculatus, vel fuscus sex maculis pallidis, tribus ante sulcum,
central grandi, lata, ex duabus confluentibus, tribus pone sul-
cum, centrali angusta, pyriformi. Meso- et metanotum ferru-
ginea, margine postico testaceo. Pectus subtotum ferrugineum.
Abdomen ferrugineum, breviter fusco pilosum, fascia fusca
ad apicem segmentorum, ad latera jJuxta connectivum antror:
sum producta usque ad basim.
Pedes testacer, fusco longitudinaliter lineati; calcaribus tes-
taceis, anterioribus : 1° tarsorum articulo parum brevioribus;
tarsis articulo ultimo longo, tribus præcedentibus simul
sumptis longiore.
Alæ longæ, acutæ, viridi-irideæ, immaculatæ; reticulatione
densa, subtota fusca; subcosta fusco et ferrugineo striata; stig-
mate albido-ferrugineo, elliptico vel rotundato, antrorsum usque
ad marginem sensim evanescente.
Ala anterior paucis venulis gradatis ante stigma; 6-8 venulis
ante sectorem radu, 5-6 in area cubitali; sectore rad 15 ramis;
linea plicata partim indicata; 4-5 cellulis extra ramum cubiti
inter ramum anteriorum et recurrentem.
Ala posterior $ venulis ante sectorem; sectore 14 ramis.
On COM US MR vost sr perse LT He
RE EAN RSR OR TES PAREER Ho
OS een 45 —
Patrie. Sénégal, G. Melou (Col. Riel).
Il est très semblable au 5-waculatus Hag. de l'Afrique orien-
tale, et on pourrait le considérer comme une variété ou comme
une forme occidentale de cette espèce; mais les différences
organiques sont trop grandes pour permettre l'identification
spécifique. Voici quelques-unes des plus remarquables.
La couleur générale est plus obscure, d'un ton presque uni-
formément ferrugineux; les parties claires le sont moins et
beaucoup moins saillantes; au contraire, les parties obscures
sont moins brunes, plus ferrugineuses.
Le prothorax est sensiblement différent; chez 5-waculatus
il y a cinq points clairs très nets; ici, six plus vagues, en deux
lignes.
L’abdomen est plus gros et plus court.
Les ailes sont sensiblement plus larges vers la moitié. Les
reflets ne sont pas nacrés ou blancs comme chez 5-aculatus,
mais plutôt verdâtres et pourpres. Le stigma est très visible-
ment différent. La réticulation beaucoup plus dense. Le sec-
teur du radius n’a que dix rameaux à l'aile antérieure et onze
à la postérieure chez $-maculatus; et à l'aile antérieure seulement
trois cellules entre la branche antérieure du cubitus et le rameau
récurrent, à la base, puis deux séries de cellules. Chez 6-macu-
latus 1 y a partout au moins trois séries de cellules entre le
cubitus et le rameau récurrent de l’aile antérieure, davantage
A \ Ë
même près du rameau oblique.
13. Myrmecælurus tristis Walk. Van der Weele, Bull. scient.
de la France et de la Belgique, 1008, p. 63.
On ne peut nullement inclure cette espèce dans le genre
Myrmecælurus. Avant la division du genre Myrmeleon on devait
la rapporter à ce genre; Je l'avais choisie pour type d’un nou-
veau genre, Velees, et c'est avec ce nom que Je l’avais citée dans
LE SOS
la Revue zoologique Africaine, de Bruxelles; mais avant d’en
imprimer la caractéristique, M. Banks en a fait le type de son
genre Æagenomyia.
Tribu : Creagrint.
14. Formicaleo ægyptiacus Van der Weele, Bull. scient. de
la France et de la Belgique, 1907, p. 271 et 1908, p. 64.
L'espèce de Rambur est évidemment du genre Creagris. Van
der Weele la cite de Madagascar, mais 1l est douteux qu'on l'ait
trouvée dans cette île.
En tout cas on doit écrire Creagris ægyptiacus Ramb.
Saragosse, 4 Juin 1912.
— +. —
= SU
“ LES VIEUX AUTEURS ”
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) Q)
Par Jean SWAMMERDAM.
C’est ainsi que nous pouvons montrer dans ce ver des pieds,
des cornes, et des ailes, et tout le reste des membres, qui sont
cachez sous la peau; comme nous avons fait voir autrefois
à Monsieur 7 kevenot, homme tres celebre pour la grande
connoissance qu'il à de toute sorte de sciences; quand nous
fimes changer le ver d’une abeille en #7#phe, en crevant seu-
lement la peau au dessus de la tête, pour faire sortir les
membres qui êtoient cachez dessous. En suite nous avons fait
encore la même expérience en presence de Monsieur Magallofh,
homme tres expert dans la recherche des mysteres de la nature;
lorsque nous lui montrâmes fort distinctement dans une che-
nille tous les membres d’un papillon : et qui plus est nous
pouvons encore, toutes les fois que nous voulons, faire changer
les chenilles en Nymphes dorées.
Mais afin d'expliquer clairement par une comparaison pal-
pable le principe de tous ces changemens, et la maniere dont
ils se font : nous dirons seulement que la #ymphe, ou la
nymphe dorée (nous ne parlons ici que des #ymphes de ces
animaux, que l’on imagine sans pieds, à cause que dans les
autres le changement est si visible, qu'il n'a besoin d’aucune
exposition) z'es{ autre chose qu'un ver, qui cachant Sous Sa
peau des pieds, des ailes et tous les autres membres, qu
(1) Voir Znsecta, 14, p. 23.
DT Ve
croissent avec Lui, vient en suite en se dépoiirllant à nous repré-
senter distinctement toutes ces mêmes parties. Or il est certain
que ce changement, que l'on nomme mal à propos tantôt une
transformation, et tantôt une mort et une resurrection, n’a rien
en soi de plus caché n1 de plus surprenant, que les herbes les
plus viles et les plus chetives qui croissent dans nos champs;
car quoi qu'on les méprise jusqu'a les fouler aux pieds; elles
ne laissent pourtant pas d'agir de la même maniere que ces
petits animaux : car elles commencent avec le temps à bour-
geonner par c1 par là et à pousser des boutons, qui venans en
suite à s'ouvrir, nous presentent de tres Jolies fleurs, et semblent
par là reconnoître la main hberale de celui qui les cultive.
Or si nous voulons même comparer ces vers avec les ani-
maux, qui ont du sang, nous verrons qu'il n’y à pas la moindre
différence dans la maniere dont les membres des uns et des
autres viennent à pousser et s'étendre : mais 1l faut remar-
quer qu'entre tous ces animaux qui ont du sang, la grenoüille
est celui dont les changemens ont le plus de raport avec ceux,
qui arrivent aux vers car elle vient, aussi bien qu'eux, a se
changer en une veritable #ymphe; comme nous verrons plus
bas dans l'explication de nos figures; où nous ferons compa-
raison de la #ymphe de la grenoüille avec celle du ver et
avec le bouton d’une fleur.
Tellement que les mêmes changemens, que nous voyons
dans les creatures vegetatives, se rencontrent aussi dans celles,
qui sont doùées de sentiment : Notre grand Dieu et Createur
étant entiérement incomprehensible et inimitable dans ses
ouvrages; qui ne dependans que d’un tres petit nombre de
loix et de régles, conviennent tous ensemble d’une maniere
impenetrable à l'esprit humain, et dans, tous lesquels il fait
paroître qu'il est veritablement bon, admirable et digne de
toute sorte d’adorations.
Quand on examine ceci avec attention, on découvre incon-
tinent lérreur de ces gens, qui prétendent prouver la resur-
rection des morts par les changemens manifestes, qui arrivent
naturellement à ces animaux : or ce point de nôtre creance est
non seulement au dessus des forces et de l’ordre de la nature:
mais 1] n'a pas même le moindre raport n1 la moindre confor-
mité avec eux. Aussi est ce un sentiment, que nous n’admettons,
que par la seule foi, qui n’est autre chose qu’une science cer-
taine des choses qu'on ne voit pas. Et ceux là ne tombent pas
dans une erreur moins grossiere, qui des changemens naturels
qui arrivent à ces animaux, et à qui ils donnent faussement le
nom de transformations, prétendent conclure une transmuta-
tion dans les métaux; Comme en tr'autres à voulu faire Mon-
sieur de Maïerne dans la dédicace, qu’il à mise au devant du
traité que Mouset a écrit des insectes; s’expliquant en ces
termes. Sz Les ANiMAUX, dit 1l, se /ransforment, pourquoi n'ar-
rivera lil pas la même chose aux metaux.
Mais pour passer plus avant, nous disons qu'il est encore
plus facile de comprendre le changement qui arrive aux vers
à six pieds (cequi ne consiste que dans les aïles qui leur sortent)
dans lesquels nous remarquons, que les membres s'étendent
fort lentement, et poussent d’une maniere aussi nette et aussi
distincte, que les branches des arbres, des herbes et des fleurs :
et nous trouvons que ces vers, dans la maniere dont ils croissent,
ont encore bien plus de raport avec le bouton d’une fleur ou
les membres d’une grenoüille, que n’en ont les vers sans pieds,
dont nous avons parlé. Et certes ce n’est pas sans raison, que
nous sommes surpris, deceque tant de gens tres doctes, tres
experts et d’un esprit si pénétrant, et qui durant plusieurs
siecles ont travaillé de temps en temps avec soin et avec ap-
plication à la recherche de ces changemens, se soient neant-
moins si malhureusement trompez, pour ne pas dire si lourde-
ment et si grossierement.
(À suivre).
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE
Note sur deux CICINDELIDÆ d’Indo-Chine
Par A. VUILLET, préparateur à la Station entomologique de Paris.
Parmi les Cicindelidæe récoltés en Indo-Chine par M. R. Vi-
talis de Salvaza (1) se trouvent deux espèces susceptibles de
F1G. 2.
Collyris emarçginata Déj.
Archipel malais (Gross.
2 diam.) (Coll. R. Ober-
thür).
Fig. 1. — Cicindela sexpunctata L. Ben- FiG. 5.
gale, Asie méridionale (Gross. 2 diam.) Collyris emarginata Déj. Vue de
(Coll, R. Oberthür). profil (Gross. 2 diam.).
Te : : ; ; ;
présenter une certaine importance économique, l'un comme pré-
dateur auxiliaire, l'autre (cas plus remarquable dans cette
famille) comme insecte nuisible.
(LD) ICE rec r A per.
Cicindela sexpunctata L. (FIG. 1) peut être considéré comme
yn des insectes les plus utiles à l’agriculture dans l'Inde. D’après
Maxwell-Lefroy W, les champs de r17 du Bengale sont parcourus
par ces très actives Cicindèles (bleues à six points blancs) qui
font la chasse à la Punaise du riz (Leptocorisa varicornis F.
Coreidæ) et contribuent à réduire l'importance de ce parasite.
Collyris emarginata Déj. (FIG: 2 et 3) doit être rangé avec
C. tuberculata Mac-L. (FIG. 4) et Tricondyla cyanea Dé).
(FIG. 5) parmi les ennemis du Caféier, principalement à Java.
Fire. 4 — Collyris tuberculata Mac. F1G. 5. — Trycondyla cyanea Déj. Java.
L. Java (Gross. 2 diam.) (Coll. (Gross. 2 diam.) (Coll. R. Oberthür).
R. Oberthür).
D'après Van Leeuwen (?), l'œuf est pondu dans un Jeune
. . . LA
rameau, au fond d'une petite cavité soigneusement bouchée
ensuite avec de la sciure. La larve creuse une galerie dans la
moelle et se nourrit de proies saisies au moment où elles passent
(1) Zndian Insect Pests (Calcutta, 1906), p. 118.
(2) Van Leeuwen (Dr. W. Docters), Over Roof-kevers, wier larven
boorgangen in koffetakjes maken, in Cultuurgids, avril 1909, pp. 137-152.
Fr 2 2
auprès de l'ouverture. La nymphose a lieu dans cette galerie dont
l'entrée a été préalablement bouchée.
Des hyménoptères peuvent parasiter l'œuf et la larve du
Collyris. D'autres prennent possession des galeries abandonnées.
Les services que rendent ces larves carnassières de cicindé-
lides, en extérminant un certain nombre d'ennemis du Caféier,
sont peu importants; au contraire, les dommages qu'elles causent,
surtout à Java, sont très notables; 1l y a donc lieu de songer
à les combattre.
Pour cela on peut, soit enlever les rameaux habités et les
brüler, soit boucher les ouvertures de galeries avec du goudron.
a
BIBLIOGRAPHIE ENTOMOLOGIQUE
L'éditeur W. Junk, de Berlin, a adressé dernièrement à notre
Station entomologique, un exemplaire de l’intéressant catalogue
qu'il vient de publier sous le titre de Bibliographia Coléoptéro-
logica.
Ce petit volume, élégamment cartonné en toile grise, n’est pas,
comme la plupart des catalogues de libraires, une simple énu-
mération d'ouvrages neufs ou d'occasion, il renferme, en effet.
en plus des références d’origine, un résumé systématique suffi-
samment complet de la Littérature coléoptérologique, établi sur
le même plan que celui de la Bibliographie botanique A) et
donnant l'indication de tous les Traités, Articles et Périodiques
ayant une certaine importance scientifique Jusqu'en 1910.
Bien entendu la littérature entomologique allemande tient
une place privilégiée dans ce bref résumé; cependant il est Juste
de dire que la plupart des grands ouvrages français et étrangers
y sont également indiqués; la Faune entomologique armort-
caine elle-même a reçu l'honneur d’une courte mention.
L'introduction, qui compreud XIV pages, est tout d’abord
divisée en un certain nombre de paragraphes se rapportant aux
diverses branches de l'Entomologie pure et appliquée : voici
quelques titres parmi les plus suggestifs.
1. Pour les débutants qui veulent déterminer les Insectes
de leurs collections.
2. Pour les coléoptéristes de l'Europe centrale déjà versés
dans la science entomologique.
3. Ouvrages concernant la Systématique pure.
(1) Bibliographia bolanica, publiée en 1909.
pui "100
4. Catalogues de toutes les espèces connues, avec indica-
tions de provenance et bibliographie.
5. Pour l'étude des larves de Coléoptères.
6. Ouvrages se rapportant à l'Entomologie économique.
Etc; etc.
À la suite de ces subdivisions d'ordre général, vient une revue
méthodique des ouvrages concernant les diverses régions du
globe (paléarctique, éthiopique, néarctique, néotropicale, austra-
lienne et orientale), et enfin, pour terminer, une liste, fort utile,
des grands périodiques du monde entier, avec indication de leur
titre exact, de leur mode de publication et du prix annuel de
l'abonnement.
Le catalogue, par noms d'auteurs, qui complète l'introduction
bibliographique, renferme les titres de plus de 4,000 publica-
tions entomologiques, se rapportant presque uniquement à
l'ordre des Coléoptères.
La Bibliographie coléoptérologique de M. Junk peut rendre
de grands services aux entomologistes de tous les pays.
C. HOULBERT,
Directeur technique de la Station entomologique
à la Faculté des Sciences.
2 —— æ + —————
Le Gérant,
FF GUITEL,
Sommaire du Numéro 16 d'INSECTA
Entomologie générale :
Pages
C. Houlbert. — Le Congrès des Anatomistes (Communication de
M= J. Bordas) ennemis ser connasnrenparonvs en sn eee névrose sense ses ee 65
R. P. Longin Navas. S. J. — Notes sur quelques Névroptères..….......... 6S
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. SWAM-
NÉRRDAN (Se) Sos tie eo RTE DRE ete en TS Te 81
Entomologie économique :
A. Vuillet. — Note sur deux Cicindelidæ d’Indo-Chine................,....., S4
Bibliographie entomologique :
C. Houlbert. — Notice sur la Pibliographia Coléoptérologica de
NV STUNR Te de ee te Sa de M ee à eee ren MN D ee Een 87
DEUXIÈME ANNÉE MAI 1912 NUMÉRO 17
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
{
de la Faculté des Sciences de Rennes 77 A s0MaR Inst;
IMPRIMERIE OBERTMUR, RENNES
MSA
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Contributions à l’étude des larves des CICINDÉLIDES
Par C. HOULBERT.
2° LARVE DE TETRACHA BRASILIENSIS Kirby
M. le D' Walter Horn, de Berlin, a eu l’amabilité de nous
adresser récemment une série de documents entomologiques du
plus haut intérêt; 1l s'agit de larves et de nymphes de Cicin-
délides, tout à fait inédites, bien déterminées, et en parfait état
de conservation.
M. le D' Horn étant actuellement, en Europe, l’un des spé-
cialistes les plus compétents en matière de Cicindélides ®), 1l
est inutile d'insister davantage sur l'importance de ces docu-
ments.
Parmi les matériaux qui se trouvent avoir été ainsi mis à notre
disposition, les plus nombreux sont ceux qui se rapportent à
Megacephala (Tetracha) brasiliensis Kirby et à Cicendela bira-
mosa Fabr. En ce qui concerne la première de ces espèces, toutes
les phases de l’évolution sont représentées, depuis l'œuf jusqu’à
l'insecte parfait. Tous les échantillons qui sont passés entre
nos mains, 1l est à peine besoin de le faire remarquer, sont d’une
très grande rareté; de nombreuses années ont été nécessaires à
M. le D' Horn pour les réunir; il a fallu pour cela vaincre de
grandes difficultés et faire de grands sacrifices d’argent.
(1) Voir Znsecla, 1912, n° 13, p. 1 et suiv.
(2) Dans l'édition splendide du Genera Insectorum que publie M. P. WyTs-
MAN, à Bruxelles, la rédaction de la famille des Cicindélides a été confiée à
M. le D' W. Horn. Deux fascicules de cet important travail ont déjà paru,
le premier en 1908, le deuxième +n 1910. Il va sans dire que le troisième est
impatiemment attendu par tous les entomologistes.
IXSECTA, Mai 1912.
— (e\e) —
Les premiers états de Megacephala (Tetracha) brasiliensis,
œufs, larves, nymphes et imagos à divers âges, ont été recueillis
à Mar de Hespanha, province de Minas-Geraés, Brésil, par
M. Jos. F. Zikän, membre de la Société allemande d'entomologie.
I. — ŒUF
L'œuf de Zetracha brasiliensis a la forme d'un ovoide
allongé; il est arrondi à ses deux extrémités et son diamètre
est notablement plus faible en arrière qu’en avant (FIG. 1). Il
est également possible de reconnaître
que sa face inférieure (nous désignons
sous ce nom la région où se produit
l'épaississement de la bandelette germi-
Fig. 1. — Œuf de Tetracha Dre & TR
brasiliensis Kirby (Gros. Native) est légèrement concave. Sa lon-
murs gueur est de 2,1 millim. environ; comme
largeur, on peut lui assigner un diamètre moyen de 0,8 millim.
L'enveloppe externe de l'œuf est d’un jaune grisâtre; les
phissements irréguliers qui apparaissent à sa surface proviennent
évidemment du séjour prolongé dans l'alcool; car, à l’état frais,
ainsi que l’a indiqué Shelford, la membrane extérieure de l'œuf
est absolument lisse et légèrement brillante (s/2g/hly Shiny).
On distingue aussi quelques pointillés roussâtres disposés sans
régularité et qui nous ont paru plus abondants à la face infé-
rieure qu'à la face supérieure.
Nous ne possédons aucune indication sur le nombre des œufs
pondus ni sur la durée de l’incubation, mais si nous nous en
rapportons aux renseignements fournis par divers auteurs, on
peut admettre que la jeune larve apparaît au bout de deux
semaines environ.
II. — LARVE
Nous retrouvons ici tous les caractères généraux des larves
des Cicindélides : la conformation de la tête avec, en dessous,
l'extraordinaire bombement céphalique dont la forme intrigue
— OI —
si vivement les biologistes; le nombre et la disposition des
ocelles (FIG. 2 et 3); la longueur et l'orientation des mandibules;
enfin, la présence constante des crampons d’'ascension sur le
5° segment abdominal. L'existence de ces crampons représente
évidemment l'une des dispositions les plus notables de l'orga-
nisation des Cicindélides, car, longtemps après qu'ils sont
devenus inutiles, 1ls persistent, sous forme d'organes rudi-
mentaires, Jusque dans la première phase de la vie des imagos
CHIC 15):
Tête. -— Tête noire, avec des reflets cuivreux et verts métal-
liques (FIG. 3 et 4); allongée, subtriangulaire, légèrement retrécie
en avant, relevée sur les côtés, mais plus ___
fortement relevée en avant; réunie au
prothorax par un col court; sa base cour-
bée se termine par un bord crénelé portant
quelques tubercules sétigères. En dessus,
la tête est rugueuse et faiblement concave.
L’épistome est rétréci en avant et sa
bordure antérieure porte deux dents peu
saillantes; sa limite postérieure, du côté
de l’épicrane, n'est marquée que par un
petit bourrelet transversal légèrement
saillant. On distingue, à la surface de
: : , FiG. 2. — Larve de Tetracha
l'épistome, surtout dans sa partie anté- brasiiensis Kirby (Gross.
rieure, une large saillie médiane, se rac- ?
cordant à deux autres saillies latérales, symétriques, légèrement
obliques par rapport à la première; l’ensemble affecte sensible-
ment la forme d'un M elzévir (PL. III, FIG. 4).
Angles frontaux bien marqués; un peu en dessus de leur
niveau, on distingue, sur le milieu de l’épicrane, deux petites
saillies divergentes, dont l’ensemble représente une sorte de V
très ouvert; en arrière des deux branches latérales du V, se
trouvent deux grandes soies noires symétriques, l’une à droite
l'autre à gauche.
— 92 —
Angles temporaux arrondis, ornés, ainsi que toute la région
latérale des tempes, de grandes soies blanches éparses.
LABRE. — Le labre n’est pas visible; s’il existe, ce dont nous
n'avons pu nous assurer, il est toujours recouvert par le bord
antérieur de l'épistome.
OCELLES.— Les ocelles sont,
comme de coutume, au nombre
de quatre de chaque côté; deux
très grands, hémisphériques,
"4 bien visibles, sont placés à la
face supérieure du vertex, sur
SEE les mamelons temporaux; les
; “# deux autres, beaucoup plus pe-
À tits, sont situés sur la partie
Me ; déclive des tempes, à peu près
au niveau du grand ocelle anté-
rieur. Entre les deux grands
ocelles existe un tubercule sail-
lant, portant trois longues soies,
deux noires et une blanche;
re d’autres soies blanches, éparses,
se voient également dans la ré-
gion des ocelles et des tempes
COLA PIC" 20)
Les deux grands ocelles su-
périeurs ont des orientations
Tube anal
notablement différentes; l'axe
F1G. 3. , : <E
Larve de Zetracha brasiliensis Kirby visuel de l’ocelle antérieur est
(Gross. 5 diam.).
nettement dirigé vers le dessus,
tandis que celui de l’ocelle postérieur, placé à l’angle arrière
des mamelons temporaux, est, au contraire, un peu oblique vers
l'arrière. Quant aux petits ocelles latéraux, leur position, sur la
paroi déclive des joues, fait qu’on ne peut les voir distinctement
que lorsqu'on regarde la tête de la larve par le côté; l’un d'eux
cependant, se voit assez facilement en dessus un peu en avant
du grand ocelle antérieur (PL. III, FIG. 4 et 6).
ANTENNES .— Les antennes sont d’un brun jaunâtre, un peu
pales à la base, mais beaucoup plus sombres à leur extrémité
libre; elles sont fixées dans une excavation du front, à la base
des mandibules, un peu en avant des grands ocelles antérieurs.
Leurs articles sont au nombre de quatre; le premier, à la base
est ovoide et assez grand; 1l est d'un fauve roussâtre et renflé
a sa partie distale; le deuxième est cylindrique, un peu plus
court que le premier et déja notablement moins épais; le troi-
sième et le quatrième sont également cylindriques mais beau-
coup plus petits; leur couleur est brun foncé; 1ls sont recouverts
de longues soies noires, tandis que les soies qui ornent les deux
premiers articles sont blanches; le dernier article des antennes
porte deux soies brunes à son extrémité (PL. III, FIG. 5).
MANDIBULES. — Les mandibules sont très longues et très
pointues; elles sont d’un brun noirâtre à leur base, mais ensuite
noires Jusqu'à la pointe. Insérées tout à fait en avant de la tête,
elles se recourbent brusquement, en se croisant, vers le dessus
de la tête; elles se trouvent alors placées parallèlement, la gauche
en avant, la droite en arrière; la pointe de chaque mandibule
s'avançant jusqu'à la base de l’autre. Le long de leur courbure
externe, surtout au coude qu’elles forment près de leur insertion,
on observe quelques petits tubercules sétigères. Au repos, les
mandibules sont presque dans un plan vertical par rapport à la
face supérieure de l’épicrane supposée horizontale (PL. IIT,
FIG. 4 et 5).
MACHOIRES. — Les mâchoires sont insérées tout à fait en
avant de la tête, immédiatement au-dessous des mandibules;
leur couleur est d’un roux pâle, un peu plus brunes toutefois à
leur extrémité. Elles sont formées d'un pièce basale, allongée,
transversale, portant une carène crénelée et sétigère à son bord
interne; la région moyenne de la mâchoire, qui fait suite au
coxopodite, est triangulaire et paraît formée de deux parties
Larve de TETRACHA BRASILIENSIS Kirby.
EXPLICATIONS DE LA PLANCHE III
F1G. 4. — Tête et prothorax, vus en dessus (Gross. 8 diam.).
a — antennes de 4 articles.
m — mandibules croisées, la droite en dessus.
m — mâchoires, montrant les lobes interne et externe.
o — ocelles, au nombre de 4 de chaque côté; on ne voit que
les grands ocelles supérieurs.
— prothorax.
ms — mésothorax.
FIG. 5. — Tête, vue en dessous (Gross. 15 diam.).
a — antennes.
m — mandibules croisées.
m — mâchoires, vues en entier avec leur pièce Basilaire.
p — palpes labiaux, de deux articles.
b — renflement sous-céphaligue, vu de face.
F1G. 6. — Tête et prothorax, vus de côté (Gross. 10 diam.).
a — antennes (articles vus de profil).
m — mâchoires (de profil, une seule est visible, celle de
droite).
o — grand ocelle postérieur.
o — grand ocelle antérieur (les deux petits ocelles sont en %
dessous).
p£z — prothorax, vu de profil.
b — renflement sous-céphalique, vu de profil.
i — jambe antérieure droite.
sl.pz — stigmatle prothoracique.
FIG. 7. — Partie de l'abdomen, vue en dessus, pour montrer le mame-
lon du 5° segment abdominal (Gross. 12 diam.).
ASE
p — plaques chitinisées recouvrant les segments abdominaux.
s — sligmates.
cr — crochets d’ascension.
FIG. 8. — Vue latérale du 5° anneau abdominal (Gross. 6 diam.).
s — sligmates.
a — cinquième anneau abdominal.
m — mamelon saillant portant les crochets d’ascension.
FIG. 9. — Le prolongement anal, vu de face à l’extrémité du 0° seg-
ment (Gross. 12 diam.).
Larve de TETRACHA BRASILIENSIS Kirby
Détails anatomiques.
PLANCHE III.
Fra. 4. — Tête et prothorax. vus
en dessus (Gross. 8 diam.).
F1@. 7. — Les 4, 5° et 6° seg-
ments abdominaux, vus en des-
sus (Gross, 12 diam.).
Es =
(ALERTE
\Y
? \
L 7 ;
POTRATEN GAS
LPO EURE
_
Ne
Fra. 8. Fr&. 9. — Le dernier (9°) seg-
ment abdominal avec son
prolongement £nal (Gross.
2 diam.).
Vue latérale
du 5° segment abdominal
(Gross. 6 diam.).
LS 00 ei
inégales soudées; la partie externe est terminée par un palpe
maxillaire de trois articles, orné de soies noires, rigides, sur les
côtés; la partie interne porte une pointe comprimée, inarticulée,
ornée elle aussi de soies noires, rigides sur les côtés (PL. III,
FIG: 4 et 5).
LÈVRE INFÉRIEURE. — La lèvre inférieure, de couleur blan-
châtre, est ovale, élargie en avant et arrondie; elle est garnie
de longs cils sur ses bords et est supportée, en dessous, par un
menton peu saillant, tronqué à son bord antérieur, prolongé lui-
même par deux pièces cylindriques soudées dans toute leur
étendue et terminée chacune par un palpe de deux articles; la
pièce basale, ainsi que les palpes, portent quelques soies noires
flexueuses (PL. III, FIG. 5).
TÊTE VUE EN DESSOUS. — Vue en dessous, la tête est d'un
brun roux et présente le bombement caractéristique de toutes
les larves de Cicindélides (voir /nsecta, t. I], p. 9); dans la
région axiale de ce bombement qui, à notre avis, correspond à la
pièce prébasilaire de STRAUSS (1), existe un sillon médian peu
profond mais cependant bien marqué; ce sillon commence vers
la base, dans une dépression qui marque certainement la limite
de la pièce prébasilaire et du menton; en arrière, ce sillon
s'approfondit de plus en plus et il finit par isoler, en deux lobes
bien distincts, la partie postérieure de la pièce prébasilaire
(PL. IT, F1G. 5 et 6).
La face inférieure de la tête est lisse et ne porte que de
rares poils disposés le long des sutures obliques, très peu mar-
quées.
Prothorax. —— Le prothorax affecte, non pas la forme semi-
circulaire comme dans un grand nombre de larves de Cicindé-
hides, mais plutôt celle d’un rectangle dont les deux angles
postérieurs seraient très arrondis. En avant, ses deux angles
huméraux sont très saillants et forment deux dents blanchâtres,
(1) STRAUSS-DURKEIM (H.). — Considérations générales sur l'anatomie
cernparée des animaux articulés, auxquelles on à joint l’anatomie descriptive
du anneton vulgaire, Paris, 1825, atlas de 19 planches.
fortement émoussées; son bord antérieur est fortement sinué
et garm de poils blancs de grandeur inégale; de longues soies
blanches se voient de même sur tout le pourtour du prothorax
LA, Fr; 4: 2):
Sa coloration fondamentale est d’un noir violacé à reflets
cuivreux, sauf les deux dents antérieures, qui sont d’un blanc
jaunâtre, ainsi que la bordure latérale et postérieure. A la sur-
face du prothorax on observe un certain nombre de soies
rigides, les unes blanches, les autres noires, disposées symétri-
quement, et dont les positions relatives, ainsi que M. le D"
Walter HORN a bien voulu me le faire remarquer, ont une
grande importance pour la spécification des larves chez les
Cicindélides.
Le disque du prothorax présente, en avant, deux sillons
obliques très accentués; ces sillons partent de la base des dents
antérieures et viennent se terminer dans deux dépressions, vers
le milieu du disque. Un sillon médian, axial, très petit, mais
bien visible, parcourt toute l'étendue du tergite prothoracique.
Mésothorax. — Le dessus du mésothorax est sensiblement
plan et fortement chitinisé; il est formé par un sclérite dorsal
retréci en avant, arrondi en arrière; la partie antérieure est
brune, tandis que la partie postérieure est plus claire; la colo-
ration brune forme des dessins symétriques mal limités. Le
mésothorax est garni de cils roussâtres sur toute l'étendue de
son pourtour; en outre, une ou deux rangées de poils bruns,
régulièrement disposés, se voient à la partie postérieure de son
disque, parallèlement à la base (PL. III, FIG. 4, es).
Métathorax. — Le métathorax est presque carré; le sclérite
dorsal qui le recouvre est d’un roux Jaunâtre, orné de taches un
peu plus sombres; on distingue en son milieu une ligne blan-
châtre axiale très fine et il est parsemé, sur toute son étendue,
de poils dressés peu abondants (FIG. 3).
Abdomen. — Les segments abdominaux sont au nombre de
neuf; le premier, celui qui vient immédiatement à la suite du
métathorax, est environ deux fois plus court que ceux qui le
suivent; tous portent, à la région dorsale, une paire de plaques
chitineuses d’un jaune brun plus ou moins foncé, sur lesquelles
sont distribuées un certain nombre de soies brunes (FIG. 3).
Sur les côtés des anneaux se voient aussi des mamelons portant
cinq à six soies brunes rigides; sur le dernier segment (0°), les
soies sont plus nombreuses; il en est de même sur le prolonge-
ment anal qui termine ce 0 anneau, et qui est également
recouvert de soies brunes spinuleuses sur toute sa surface.
Comme toujours le 5° anneau abdominal est le plus grand
de tous (FIG. 3); il porte, en dessus, un mamelon très saillant,
chitinisé principalement sur sa face antérieure et sur lequel
sont implantées, à droite et à gauche d’une légère dépression
axiale, deux grosses épines brunes faiblement recourbées ; la
surface antérieure du mamelon est hérissée de spinules noi-
râtres, très abondantes et très serrées vers le sommet (PL. III,
FIG. 7 et 8).
Les derniers segments abdominaux vont en diminuant de
largeur; vu en dessus, le dernier paraît ovoide; 1l est terminé
par un tube anal en forme de cône tronqué; c'est au sommet
de ce tube que s'ouvre l'anus, entre de petits prolongements
valvulaires disposés symétriquement.
STIGMATES. — À l'exception du neuvième anneau, chacun des
segments de l’abdomen porte une paire de stigmates; de plus,
sous le bouclier prothoracique, un peu en arrière de l’insertion
des pattes antérieures, se trouve un très grand stigmate, bien
visible lorsqu'on regarde la larve par le côté (PL. III, FIG. 6);
nous trouvons donc, en tout, neuf paires de stigmates, comme
dans toutes les larves péripneustiques des Coléoptères (voir
Insecta, n° 13, p. 14).
Dessous du corps. — Le dessous du corps est d’un blanc Jjau-
nâtre; une plaque ovale, d’un roux flavescent, occupe et consolide
la partie médiane de chaque anneau abdominal; ces plaques,
quoique de moins en moins foncées, se voient jusqu’à l'extrémité
ROUE
postérieure de l’abdomen; elles portent des poils rigides dressés,
très peu nombreux.
PATTES. — Les trois paires de pattes ne sont pas égales en
longueur (FIG. 3); les postérieures sont sensiblement plus lon-
gues que les deux paires antérieures; et cependant ce sont les
pattes antérieures qui paraissent les plus longues, cela tient à
ce que les deux dernières paires sont repliées vers le dessous
a partir de l'articulation du trochanter; les
pattes antérieures, au contraire, s'écartent sur
les côtés perpendiculairement à l'axe du
COrps. |
Comme de coutume, les pattes sont formées
de cinq parties : anche, trochanter, cuisse, Trochanter -!|
jambe, et tarse. Les trochanters, assez allon-
gés, forment, avec la cuisse qui les suit, une
articulation oblique; leur position est sensi-
blement horizontale lorsque la larve est au
repos; 1ls portent, principalement en dessous,
de grandes soies rigides; les cuisses sont F6. 10.
Patte antérieure
allongées, plus large à leur extrémité qu'à ie
leur base; elles portent également, surtout en
dessous, de grandes soies épineuses très acérées. La jambe est
courte, à peine égale au tiers de la longueur de la cuisse; elle
et aussi garnie, en dessous, de grosses épines brunes, légèrement
incurvées; le tarse est très court et composé d’un seul article;
il est couvert de spinules noires et se termine par deux grandes
criffes imégales.
DIMENSIONS. — La longueur totale de la larve est de 25 mil-
limètres environ; sa largeur moyenne est de 3 millimètres; le
dessin qui précède (FIG. 3) la représente donc sous un grossisse-
ment égal au quadruple de ses dimensions naturelles.
III. — NYMPHE
La nymphe est d’un blanc crème et longue de 17 à 18 milli-
mètres environ (FIG. 11).
—tl00—
1° Vue de face, l'échantillon le plus jeune que nous ayons
examiné nous présente, sur les côtés, au dessous d’un vertex
proéminent, deux gros yeux à peine pigmentés mais déjà très
=
Fire. 11.
Nymphe, vue de profil.
(Gross. 2 diam.).
saillants; en avant de la tête se trouve une
sorte de bouclier épibuccal dans lequel la
lèvre supérieure et l’épistome ne sont pas
encore différenciés; à la partie antérieure
et médiane de ce bouclier, se voit une pe-
tite languette ovoide qui accuse une ten-
dance à’se replier en dessous du labre, et
qui constituera probablement l’épipharynx
de l'adulte (FIG. 12).
Un peu en avant des yeux, à la base du
bouclier épibuccal, s’insèrent les antennes
qui, après s'être repliées en arrière des deux paires de pattes
antérieures, reviennent en avant des ailes qu'elles dépassent
légèrement en longueur; les antennes, comme d’ailleurs tous les
F1G. 12.
Nymphe, vu de face
(Gross. 4 diam.).
organes latéraux se présentent, à ce
moment, sous l’aspect de tubes no-
duleux, cependant, les divers arti-
cles qui les composent sont déjà
indiqués par des renflements irré-
gulièrement espacés, au niveau des-
quels on distingue des dentelures
obtuses qui deviendront des poils
épineux chez l’adulte.
Les mandibules, dont le dessin
ne fait que s’ébaucher, et qui ca-
chent entièrement toutes les autres
parties de la bouche, se présentent
sous forme de deux larges palettes,
de chaque côté et en avant du bou-
clier épibuccal; leur bord interne
montre de vagues sinuosités qui deviendront plus tard des dents
très acérées; en dessous des mandibules on distingue les trois
articulations terminales des palpes maxillaires.
do trasts ““iens. ét :: de
ON
Les pattes antérieures et moyennes sont repliées contre le
corps; on distingue nettement, de chaque côté, leurs articulations
coxo-fémorales au niveau des mandibules; les épines, tibiales et
tarsales, ne sont encore indiquées que par de grosses dents
coniques médiocrement saillantes. Les pattes postérieures, très
longues, s'appliquent contre le corps en avant de l’abdomen et
descendent parfois jusqu’à l’origine du neuvième segment.
L’abdomen ne présente rien de particulier; sa largeur diminue
progressivement à partir du cinquième segment et il se termine
par un mamelon anal arrondi et peu saillant.
2° La face dorsale nous montre
un certain nombre de particularités AS
intéressantes. Le mésonotum et le Fran Ér 74 . À
métanotum se prolongent sur les > Fe
côtés par de larges lames aplaties # EX
qui sont les rudiments des élytres + SX |
et des ailes (FIG. 13). Au moment = NS
où nous les observons, ces organes . ae DR\
sont encore identiques; rien, dans "AT" |
leur aspect n1 dans leur structure, b ne k ÿ
n’annonce la différence profonde © FÙ
qui les caractérisera plus tard; les 1 Ke
nervures n'existent pas encore, la |
F1G. 13.
: PE
suture qui, vers la fin de la période RS Re
(Gross. 4 diam.).
nymphale les séparera petit à petit
du thorax est seulement indiquée par quelques plis transversaux.
Chacun des cinq premiers segments abdominaux porte une
paire d'épines très saillantes, rembrunies ou noires à leur extré-
mité; celles qui se trouvent sur le cinquième segment, et qui,
vraisemblablement, correspondent aux crochets-crampons de la
larve sont les plus développées (FIG. 13). Ces épines sont sur-
montées par des soies rigides très caduques, au nombre de 3 à 5.
On ne conçoit pas bien l'usage et la raison d’être de ces cinq
paires d’épines. V. Shelford rapporte que, dans l'opinion des
auteurs qui ont exprimé leur avis sur ce sujet, ces organes ser-
— OP
viraient à maintenir le corps au-dessus du substratum sur lequel
il repose (1); l'hypothèse est ingénieuse, mais elle me paraît peu
acceptable; il est vrai cependant que chez les Coléoptères, les
nymphes se tiennent le plus souvent couchées sur le dos, lorsque
la cavité qui les abrite leur permet de se mouvoir facilement.
3° Vue de profil (FIG. 13), la nymphe laisse voir presque tous
les organes dont nous venons de parler; on distingue surtout
très nettement les ébauches des élytres et des ailes, à la suite d’un
vaste pronotum, ainsi que les cinq paires d’épines de la région
dorso-abdominale. Sur les côtés des segments de l’abdomen et
près de leur limite antérieure, on aperçoit les stigmates, sous
forme de petites fentes noires; le péritrème
qui les entoure n'est pas encore coloré.
L'état que nous venons de décrire ne
représente évidemment que la première
phase de la vie nymphale; sur des échan-
tillons plus âgés, nous avons pu constater
que, sous la membrane transparente qui
enveloppe cette première pupe, les linéa-
ments d’une seconde nymphe, beaucoup
plus parfaite que la première, se consti-
tuent. C’est ainsi qu’on voit très nettement
le labre avec sa dentelure antérieure se sé-
parer de l’épistome, en même temps que les
dents internes des mandibules précisent
leur forme et prennent leur coloration.
Une patte renfermée dans N DE :
son étui après la deu- De même, à l’intérieur des appendices
xième mu hale. / :
M OS latéraux, se constituent les pattes, les an-
tennes et les palpes définitifs avec leur riche armature de poils
et d'épines (FIG. 14). Pour devenir libre, l’imago n’a plus qu'à
rompre la mince membrane qui l’entoure.
(1) SHELFORD (V.-E.). — Zife-Histories and Larval Habits of the Tiger-
Beetles (Cicindelidæ). Journal of tie Linnean Society, 1908, vol. XXX,
BD 162
cm ns RS à à
En somme, de même que la larve, dont elle est la suite natu-
relle, on peut dire que la nymphe subit deux mues au cours de
ses transformations, mais la première de ces mues n’est pas suivie
d'ecdysis; la véritable ecdysis nymphale ne se produit qu'au
A 10 2 \
moment où l’imago se libère de ses enveloppes.
IV. — IMAGO IMMATURE
Au moment où l'imago sort de la nymphe, il conserve pen-
dant un certain temps une forme allongée et est loin d’avoir
acquis sa coloration définitive. Nous avons pu étudier deux
exemplaires de ces imagos immatures et non encore colorés,
grâce à la bienveillance de M. le D' Walter Horn (FIG. 15).
CRE
Ÿ
Q
Q
# te
{
Appendice |
du 5° Ayppendice
segment (77 Hodur os:
= Ÿ 2 | segment
F U (ll Te 1 à
( LL J à \ \
ê, | f} A
/ Ovipositor ---- 2» \
F1G. 15, — Imago immature
(Gross. 4 diam.).
L'imago, à cette phase de l’évolution, possédant déjà la plus
grande partie des caractères de l’adulte, nous ne le décrirons pas;
MO
nous nous bornerons à signaler quelques-unes des particularités
les plus intéressantes qu'il nous a présentées.
Tête. — Tes yeux sont noirs et très proéminents; le labre,
très visible désormais, porte cinq dentelures ciliées à sa bordure
antérieure (FIG. 16); 1l est séparé de l'épicrane par une pièce
transversale étroite qui est l’épistome.
Les mandibules, très fortes portent les quatre dents caracté-
ristiques qui ont conduit Westwood à l'admission du genre
T'etracha créé précédemment par W. Hope (1).
Elytres. — Les élytres sont d’un
fauve grisâtre et non encore rapprochés
le long de la suture; ils sont ornés d’une
ponctuation grossière, disposée sans ré-
gularité, sauf dans la direction de la
strie suturale et du bord externe.
Ales. -— Les ailes membraneuses ne
Fie. 16. — Tête vue en des. SONt pas encore repliées sous les élytres;
sus et grossie pour montrer
la structure des mandibules
et de la lèvre supérieure.
par leur longueur, elles atteignent pres-
que l'extrémité de l’abdomen.
Abdomen. — L'abdomen est conique et allongé comme celui
de la nymphe; on remarque, sur le cinquième segment, au niveau
de l'angle sutural des élytres, deux tubercules coniques (FIG. 15)
qui sont les vestiges des épines correspon-
dantes de la nymphe; d’autres tubercules,
plus petits, existent également sur les an-
“A LE neaux précédents, on peut les observer faci-
Fi6. 17.— Appareilco lement en soulevant les élytres.
pulateur très grossi. 3 7 À :
a,plaque ventrale chi- Ces organes, dont la raison d’être, ainsi que
tineuse; b, gonapo- 2 à $ ; 5
physe du Ssegment; NOUS l'avons dit, nous échappe, disparaissent
b’ gonapophyse du è
8 segment; t, tue totalement chez l’adulte lors de la sclérifica-
anal; €, = : cran
Rue Mo tion des téguments par la chitine.
(1) HorE (F.-W.). — 7e Coleopterists Manual, 1838. T. II, p. 7.
Tr
— IO5 =
Appareil copulateur. — L'appareil copulateur n’est pas encore
invaginé à l'intérieur de l'abdomen; on y distingue nettement
une pièce ventrale chitineuse (FIG. 17), la gonapophyse du
neuvième segment, et les cerques sous forme de stylets bruns.
Sauf la coloration, tous les autres caractères de l’imago, des-
quels il n'est pas fait mention 1ci, sont les mêmes que chez
l'adulte.
En dépit de son nom, Z'etracha brasiliensis Kirby (FIG. 18)
est une espèce répandue dans la plus grande partie de l'Amé-
rique du Sud; outre les provinces brésiliennes de Minas-Geraés,
de l’Amazone, de Matto Grosso et de Rio Grande do Sul, on
la trouve également au Paraguay et en Bolivie (1).
Les adultes mènent une vie crépuscu-
laire ou même nocturne; on les rencontre ne
généralement par terre, courant très vite
pendant la nuit; comme beaucoup de
Cicindélides, cette espèce ne fait pas
volontiers usage de ses ailes.
Pendant la journée, ces insectes restent
cachés soit dans la terre, soit sous des
touffes de gazon, le plus souvent dans des
endroits humides (D' W. Horn, 7x liy-
Leris).
Les galeries des larves, au contraire, Fig. 18.
sont creusées dans les endroits secs et D NE STE
Kirby adulte.
dépourvus de végétation, par exemple sur (Gross. 2 diam.).
les places ou dans les chaussées des rues. Comme la plupart
des autres Cicindélides crépusculaires, T'etracha brasiliensis se
laisse attirer par les lumières artificielles.
(A suivre).
C. HOULBERT.
(x) La collection de M. René Oberthür en renferme un grand nombre
d'exemplaires provenant des mêmes régions auxquelles on peut ajouter les
provinces de Bahia et de Parana.
— 100 —
* LES VIEUX AUTEURS ?”
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) Q)
Par Jean SWAMMERDAM.
Car avec leurs ornemens chimeriques et leurs imaginations ils
ont obscurci et sali, pour ainsi dire, les diverses faces que
prennent ces animaux, à mesure qué leurs membres bowr-
geonnent, et s'étendent. Et ils ont tellement embroiillé cette
matiere, qu'ell est demeurée non seulement imintelligible à ceux
qui n'en avoient point de connoissance : mais que même les
esprits les plus pénétrans dans les mysteres de la nature, s'y
sont tous malhüreusement trompez; comme il est arrivé à AZdro-
vandus, à Moufet, à Libavius, à Gædart et à une infinité
d'autres; qui sont non seulement dans des doutes continuels et
chancellent à tous momens, mais qui même ont été aveuglez de
leurs prejugez, jusques à nier L’evidence et la verité des expe-
riences, qu'ils voyent devant leurs yeux.
CHAPTEREE:TIE
Ou l'on fait voir comment on à corrompu et embrouillé ct
devant le veritable principe des changemens naturels, qui
arrivent aux insectes : et ou ayant expliqué ce que C'est
qu'une nymphe, ox la rétablit pour ainsi dire dans son état
naturel.
Nous avons déja montré clair comme le jour, que les
(à) xymphes et les ® xymphes dorées sont l'animal même et
qu’elles sont cachées dans le ver, ou plutôt sous sa peau de
(x) Voir Znsecta, 14, P. 23.
(a) VNympha.
(b) CArysalis.
[I
F
Ë
ce tétitnte Émis Det ms d'hinug à É,. he dé lé d Lé dE
— 107 —
la même maniere qu’une fleur tendre et qui commence à pousser
est renfermée dans son bouton car en effet les membres de
la zymphe croissans peu à peu sous la peau, qui les couvre,
viennent en suite à s'étendre tellement, que la peau en étant
comme forcée, se creve incontinent pour leur ouvrir le passage;
de même qu’une fleur en croissant fait fendre le bouton ou
elle étoit contenüe : et c’est proprement dans cet état, ou se
trouve l'animal lors que ses membres qui étoient auparavant
cachez, viennent à paroître, que consiste l'essence veritable de
la zymphe, et la connoissance que l’on peut avoir des chan-
gemens naturels, qui lui surviennent. Nous ne nous amuserons
pas à raporter ici n1 à refuter les erreurs d’un grand nombre
de personnes, qui se sont trompées non seulement au sujet de
la forme des #ymphes et des nymphes dorées, mais même à
l'égard de la maniere dont elles se changent : tant à cause
que nous avons resolu de venir au plütôt à la fin de nôtre
seconde proposition, que parceque nous avons déja clairement
démontré toutes ces choses, et que la verité toute simple et
toute nuë suffit pour convaincre puissamment l'erreur et pour
en dissiper les nuages. Or il est certain que c’est à force de
se méprendre et de tomber dans l'erreur, que l’on à gâté cette
matiére, et que l’on la remplie de ténébres et d’obscurité.
Mais quoique nous. sçachions fort bien que le docte Moufet
se trompe au sujet des vers à soye, dont il nous propose le
changement pour un exemple de ceux, qui arrivent à tous les
- autres insectes; et quoique son sentiment soit entiérement
contraire à la verité et aux experiences que nous avons faites,
nous ne laisserons pourtant pas de l’exposer ici; tant parceque
son livre, qui à beaucoup de réputation, se trouve entre les
mains de la pluspart de ceux, qui s'appliquent à rechercher
la nature des insectes et les changemens, qui leur arrivent,
qu'a cause qu'il est fonde non seulement sur ses propres expe-
riences mais même sur celles de Wofton, de Gesner, de Pennius
et de plus de quatre cents écrivains, entre lesquels se trouve
le fameux A/drovandus; et aussi parcequ’il à composé son
= JOB! —
ouvrage suivant les régles du célébre Philosophe Ayistote, dont
il observe la methode avec tant d’exactitude, qu'il ne s’en
éloigne presque jamais : voici comment 1l séxplique dans son
(a) livre des insectes : ce que je trouve 1c1 de curieux, dit 1l, et
qui merite fort d'être remarqué, c'est que dans Le changement
de la nymphe des vers à soye La tête vient à former la queie
de ces papillons qui volent de nuit, et la quete de ce ver forme
la tête de ces mêmes papillons ce qui arrive aussi à toutes les
chenilles, qui se changent en nymphes dorées. Et encore dans
ce même livre, lors qu'il parle expresséments des #ymphes
dorées, il dit () gw'elles n'ont ni bouche n1 aucun membre per-
ceptible. Or nous ne jugeons pas à propos de nous étendre ici
davantage, parceque ces sentimens sont visiblement contraires
aux expériences certaines que nous avons faites, et que l’on
les peut facilement refuter par les preuves que nous avons
données c1 dessus. Mais ce qui m'étonne fort c’est que ce docte
Anglois ne nous ait pas püû donner la moindre idée, ni la
moindre connoissance de la maniere, dont se font ces change-
mens; et que non seulement 1l se soit malhüreusement mépris
dans des choses, dont la recherche et la découverte étoient si
faciles à faire; mais que même il ait fait tomber dans la même
erreur d’autres gens tres exacts et fort pénétrans; comme il
est arrivé a ces Messieurs Anglois dans,le (@) livre, qu'ils ont
fait des plantes, qui croissent aux enivrons de Cambrige.
OA ET ANT NES re
Illud pulchrum, iuquit, et observatione dignum; caput bombicis caudam
papillionis in Metamorphosi illa Aureliana constituere; caudam vero caput
quod in reliquis item Erucis omnibus in Aureliam versis contingit.
(b) Neque os illi neque aliud manifestum membrum.
(a) Catal. Plant. circa Cantab, Nasc.
Cæterum, inquit, quid hic cum ovo communionis? illud alio animali dépo-
nitur, exors actualis vitæ et motus : Aurelia à nullo deponitur, fed ab uno
in aliud transformatur.
Nihilominus inquit, ovum non esse Aureliam ex prædictis fatis patet, estque
revera Erucæ in hanc, atque hujus in papilionem transmutatio quædam dicenda
non generafio.
Satis scio, inquit, quam Aristotelis ingenium mirifica transmutatione tor-
quent, et Des interminatam potentiam nobis commendant,
|
À
|
+
LOGE
Cependant Moufet dans ce même chapitre ne laisse pas de
conclurre tres bien contre Ayis{ote, que la #ymphe dorée de la
chenille n’est pas veritablement un œuf : voici ses propres
termes : Awreste, dit 1l, guelle conformité on quelle ressem-
blance y à Fil entre l'œuf et la nymfhe dorée? car l'œuf sort
d'un autre animal sans avoir vie ni mouvement; mais La nymphe
dorée ne provient d'aucun, se transformant de l'un en l'autre.
Neantmoins, quoiqu'il nie avec raison que la nymphe dorée
soit un œuf, 1l n'ose pourtant pas dire que ce soit un animal :
mais 1l soutient que c'est quelque chose de moïen entre un
animal et l’autre, imaginant un troiziéme entr'un papillon et
la chenille dont 1l se forme. Voici encore comment il poursuit
son discours. 1/7 est evident, dit il, par ce que nous avons dit
ci dessus, que la nymphe dorée n'est pas un œuf, mais que la
chenille se change en nymphe dorée, et gw'ensuite la nymphe
dorée n'engendre pas le patillon, mais qu'elle se transforme
en lui. Or quoique cette matiére soit fort aisée à comprendre,
et que l'explication en soit facile, n’y ayant en elle aucune
autre difficulté, que celle, que nous y figurons : Cependant
Moufet la concevant par trop miraculeuse et impénétrable à
l'esprit humain, s’en va. recourir à la puissance infinie de Dieu
(comme nous faisons d'ordinaire en semblables occasions,
lorsque les sujets sont si obscurs et si embarrassez que nous
n'en pouvons pas découvrir la verité) finissant par ces mots.
Nous sçavons tres bien, dit 11, guelle peine ces transformations
miraculeuses ont donnée à Aristote, et comment elles nous
font voir que la puissance de Dieu est sans bornes.
Mais pour ne point s'arrêter ici plus long-temps, nous lais-
serons, à part ce nombre de scavans, qui s’imaginent faussement
que toutes les veritez du monde, aussi bien que celles, dont il
sâgit ici, sont renfermées dans les anciens et Celebres Auteurs :
la nature même etant si feconde et si liberale, qu’elle nous
présente tous les étez la verité de ces changemens avec toute
la clarté imaginable, et que même au cœur de l'hiver elle nous
les fait voir tres distinctement, lorsque nous nous servons
AO —
pour cet effet d’un four, ou de quelque’aute chaleur artificielle,
comme nous avons éprouvé plusieurs fois. Or nous allons faire
connoître par deux ou trois exemples les faussetez manifestes,
et les erreurs visibles, ou sont tombez des gens, qui ont passé
toute leur vie, tant à rechercher la generation des animaux en
general, qu'a découvrir les changemens qui arrivent aux 1n-
sectes en particulier, et qui ont tellement obscurci et sali, pour
ainsi dire, la forme naturelle et les diverses faces, que prennent
ces animaux à mesure que leurs membres s'étendent, qu'ils ont
rendu ces changemens tout à fait inintelligibles.
Le premier, qui se presente ici d’abord, c'est Aarvé le second
democrite, qui contre lévidence de la verité et de l'experience
suit le sentiment d'A71s1ote, et donne le non d'œuf parfait à
la (à xymphe dorée (qui n'est autre chose que l'animal même)
et pretend que c'est de cet œuf que doit se former l’animal
par une veritable transformation voici comment 1l s'explique
dans son (b) livre de la generation des animaux : {elles sont,
dit 1l, Les semences des insectes, qu' Aristote appelle des vers,
qui quoique imparfaites et à demi formées, ne laissent pas de
chercher de quoi vivre, el qui en se nourrissant croissent enfin
jusqu'a devenir une chenille, et d'une chenille un papillon;
ou qui d'un œuf imparfait se changent en œuf parfait. Or outre
que par ces paroles il donne, aussi bien qu’Ayis/ote le nom
d'œuf parfait à la xymphe dorée, Vaquelle, selon lui, n’est n1
chenille n1 papillon; il semble encore de plus admettre l’opi-
nion fausse de Moufet, qui soûtient que la zymphe dorée est
quelque chose de moïen et comme un troiziéme entre la chenille
et le papillon. Mais il fait voir par là, ou qu'il n’a jamais
connû ces insectes qui se forment immediatement d’un œuf,
et jamais d’une nymphe; ou bien qu'il à crû que le changement,
qui leur arrive, se fasse dans l'œuf même; et ainsi que cette
generation se fait de la même maniére que dans les œufs de
(a) CArysalis vel Aurelia.
(b) Zib. de Gen. an exer. 11.
— Li
poules, ou qu’ell’ est semblable à la production du ver d’un
insecte, qu'il prétend se former d’un œuf; cequi, selon son
sentiment, conviendroit fort bien avec la maniere dont les
petits poussins êclosent.
De plus, quoique le Sieur Æarvé donne le nom d'œuf parfait
à la @) xymphe dorée, il ne pense pourtant pas que l’insecte
sén forme comme d’un principe interieur et invisible, de même
qu'il pretend que les poussins s'engendrent dans l'œuf; et il
ne croit pas non plus que l’insecte se forme d’une partie de cet
œuf, et qu'il prenne en suite la nourriture et son accroissement
de l’autre, comme 1l pense se qu’il arrive aux poussin dans
l'écaille de l'œuf : 1l est d’ün sentiment, dans lequel nous
trouvons beaucoup plus de subtilité : voici comme il parle apres
Aristote dans ) le livre de la generation des animaux. L'ani-
mal, dit il, #e s'engendre pas d'une partie du ver, comme les
poussins dans Les œuÿs, mais 1l croit tout entier, jusqu'ace
gu'enpn il devienne un animal perfait. Or si, sans avoir égard
à ce qu'Aristote à donné le nom d'œuf parfait à la nymphe
dorée, on considére les paroles que Æarvé cite de lui, et que
l’on les confere avec la chose même, suivant l'etat ou elle nous
paroît tous les ans dans la nature; on trouvera effectivement
qu'elles expriment et representent à peu pres la vraye consti-
tution de la nymphe dorée. Mais Æarvé voulant embellir la
chose par de vains ornemens, et la rendre plus miraculeuse,
se va figurer encore outre cela (suivant Le sentiment d'Aristote)
une transformation imaginaire : (©) dans la generation, dit il,
qui se fait par transformation, la matiere se transforme toute
entiere, comme si on y avoit empreint un cachet. Or cet Auteur
tombe non seulement dans un erreur tres grossiere, mais de
plus ne pouvant expliquer ni nous donner la moindre idee de
(a) CArysalis ou Aurelia.
(b) ZLib. de Gen. Exer. xvint. E verme ita sit animal, ut non ex ejus parte,
sicut ex ovo, sed totum crescat, et de articulatum animal evadat.
(c) Zi. 11. de Gen. an.
la
cette transformation chimerique, il obscurcit et falsifie entie-
rement par ses imaginations le changement naturel de ces
petits animaux, si en effet on peut dire que ce soit un veritable
changement.
Mais quoique cette opinion plaisante, qu'il à de la transfor-
mation, n’approche aucunement de la verité, nous ne laisserons
pourtant pas, afin de la mieux comprendre, de raporter ici son
sentiment fort au long, à fin qu'ensuite nous puissions voir
comment nous nous trompons miserablement, et qu’elles
lourdes fautes nous commettons, lorsqu’au lieu de nous atta-
cher à des experiences convainquantes, nous nous amusons
plütôt à suivre les raisonnemens trompeux de nôtre esprit, et
les prejugez de nôtre imagination. Nous traduirons donc ici
de mot à mot ce qu'il en dit dans son ®) livre de la Generation
des animaux. Voici comme il parle.
(A suivre).
(b) Zib. de Gen. An. exer. XLY.
ERRATUM
Une erreur de composition s'est plissée dans le dernier article de notre
collaborateur M. LONGIN Navas.
À la page 35 (Insecta, 1912, n° 15), la légende qui accompagne le dessin
doit être ainsi rectifiée
Micromus gradatus S Nav. au lieu de A. felinus.
Le Gérant,
FAGUIDET
Sommaire du Numéro 17 d'INSECTA
Entomologie générale :
Pages
C. Houlbert. — Contribution à l'étude des larves des Cicindélides
(Tetracha brasiliensis Kirby)
« Les Vieux Auteurs »
: Histoire générale des Insectes, par J. SWwaAM-
MERDAM (suite)
Erratum
DEUXIÈME ANNÉE JUIN 1912 NUMÉRO 18
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
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IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
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*
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE
La Station entomologique de la Faculté des Sciences de Rennes
en 1911.
Par F. GUITEL,
RAPPORT du Directeur de la Station entomologique à Monsieur
le Doyen de la Faculté des Sciences sur le fonctionnement
de cette Station pendant l’année 1011.
MONSIEUR LE DOYEN,
J'ai l'honneur de vous adresser le compte rendu des travaux
de la Station entomologique de l'Université de Rennes pen-
dant l’année 1911.
I. -_ Services rendus.
/ = , » L
Comme par le passé, la Station s'est efforcée de répondre
rapidement et utilement à toutes les demandes de renseigne-
ments qui lui ont été adressées; la statistique de l'exercice clos
au 31 décembre dernier peut s'établir ainsi qu'il suit :
1° En 1011, la Station entomologique a donné réponses à
530 lettres ou‘consultations verbales; elle a, de ce fait, fourni
630 renseignements économiques ou agricoles, auxquels 1il faut
ajouter 071 déterminations d'insectes, ce qui porte à 1,601 le
nombre des renseignements fournis gratuitement. Notre service
de détermination, fort en progrès sur l'exercice 1910, s’est étendu
IxsecTaA, Juin 1912.
9
du côté des Instituteurs, ce qui permet de penser que l’enseigne-
ment de l'Entomologie appliquée prend une importance de plus
en plus &rândé ‘dans’ lés écoles primaires. |
Dans l’ensemble des correspondances indiquées ci-dessus, le
nombre des lettres écrites en langage international « espe-
ranto » a été de 0.
Le nombre total des renseignements fournis est un peu infé-
rieur à celui de l’année dernière (1,601 au lieu de 1,625); ce
résultat est sans aucun doute accidentel ; nous l’attribuons à la
sécheresse excessive de l'été dernier, qui a suspendu en quelque
sorte pendant trois mois toute la vie agricole à une période de
l'année où le nombre des consultations qui nous parviennent
est d'ordinaire très élevé.
2° Le rôle utile de notre Station a continué à se mamifester
cette année dans les circonstances sur lesquelles J'avais déjà
appelé votre attention l’année dernière.
M. À. Vuillet, ingénieur agronome, préparateur à notre Sta-
tion entomologique, déjà choisi l’année dernière par M. Paul
Marchal comme collaborateur du Service phythopathologique
organisé au Ministère de l'Agriculture, a été définitivement
désigné comme inspecteur-adjoint de ce service; il a alors
continué de faire, en Anjou et en Normandie, de nombreux
voyages, à l'effet d'empêcher l'exportation involontaire des
œufs ou des nids d'insectes nuisibles par les pépimiéristes
français.
Voici d’ailleurs le Rapport que M. Vuillet m'a fourni sur ce
point spécial et dans lequel il a consigné les résultats obtenus
ainsi que ses observations personnelles.
€ J'ai l'honneur de vous adresser un Rapport sommaire:sur
» ce que J'ai: fait, pendant l’année 1911, comme Inspecteur:
» adjoint du Service phythopathologique de la production hor-
» ticole. Je dois, à ce point de vue, distinguer trois périodes
» dans l’année 1911, »
Ÿÿ
LE — Fin de la campagne d’inspectionide 1910-1911. « Pen:
‘dant cette période J'ai fait, à Angérs et à Ussy (Calvados)
du 6 janvier au 2 mars, 4 voyages, d'une durée totale ‘de
huit-jours, dans le but de vérifier le bon état sanitaire des
végétaux expédiés aux Etats-Unis. »
IL. :— Mois de juillet 1911. « Sur les indications de M. Mar-
chal, Inspecteur-chef du Service phythopathologique, j'avais
observé pendant le mois de juin, à Rennes, les éclosions de
la cochenille du Camellia (Pulvinaria camellicola) afin de
donner à un horticulteur de Nantes des renseignements pré-
ds sur la meilleure époque de traitement. Profitant d'un
déplacement vers le midi, au début de juillet, j'ai dû passer
chez cet horticulteur pour contrôler les résultats et donner
des indications complémentaires en vue de nouveaux traite-
ternents. La visite de culture, faite en octobre, chez le même
horticulteur, nous a permis de noter le résultat définitif de
ces traitements : ces derniers ont été en tous-:points excel-
lents et font vivement désirer que les indications précises,
données par les laboratoires aux horticulteurs, soient de plus
en plus généralisées.
« Passant à Bordeaux le lendemain, je me mis en rapport
avec M. le D' Feytaud, Directeur de la Station entomolo-
gique créée temporairement pour l'étude de la Cockylis et
de l'£udemis dans le Sud-Ouest. J'ai transmis ensuite à
M. Feytaud les renseignements que J'ai pu recueillir pen-
dant le mois de juillet sur l'état du vignoble dans le dépar-
tement du Gers, au point de vue des invasions de Cochylis
et d'Eudemis (état d'ailleurs très satisfaisant cette année,
les parasites en question étant rares) ».
III. — Début de la campagne d'inspection 1911-1912. « Du
17 octobre au 21 décembre 1911, J'ai fait, à Nantes, Angers,
Ussy et Caen (cette dernière localité n'était pas comprisé,
l'an dernier, dans ma zone d'inspection), 4 voyages dont la
* durée totale a été de neuf jours. Les deux premiers voyages
— JI6 —
» avaient pour but l'inspection des cultures; J'ai fait cette ins-
» pection, à Nantes et à Angers, avec M. Ducomet, professeur
» à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes, à Ussy et à
» Caen avec M. Fron, maître de conférences à l'Institut
» national agronomique. J'ai fait seul les autres visites des-
» tinées à l'inspection des végétaux réunis dans les magasins
» avant l'expédition.
« Ces inspections m'ont permis de constater une grande
» amélioration de l'état sanitaire des cultures aux environs
» d'Angers et d'Ussy. La plupart des insectes nuisibles étaient
» relativement rares, cette année, aux environs d'Angers. »
II. «—— Locaux.
Au mois de juillet 1011 la Station entomologique a enfin
pris possession des locaux qui ont été aménagés, spécialement
pour elle et sur ses indications, dans les bâtiments de l’ancien
Archevêché. L'ensemble qui nous a été attribué comprend :
1° Des Laboratoires et des Salles de collections;
2° Un Atelier pour la construction et l'entretien de nos
appareils;
3° Une Serre d'élevage où M. Vuillet réalisa diverses expé-
riences intéressantes pendant les fêtes universitaires ;
4° Une petite Serre, close en toile métallique, pour l'étude
des parasites entomophages;
5° Enfin un grand Jardin destiné aux expériences en plein
air et où nous comptons suivre l’évolution d'un certain nombre
d'insectes phytophages.
L'installation de nos laboratoires, quoique incomplète encore,
nous permet déjà d'étudier avec beaucoup plus de profit les
documents nombreux qui nous arrivent des quatre coins du
monde. Nos collections d'appareils et de produits insecticides
s'enrichissent petit à petit par les dons des fabricants; malheu-
— 117 —
reusement, les casiers destinés aux [Insectes restent vides jus-
qu'à présent, en dehors de quelques boîtes réunies par M. Houl-
bert par voie d'échanges avec ses publications.
III. —— Notre Revue périodique INSECTA.
Il nous est agréable d'appeler votre attention, Monsieur le
Doyen, sur les précieux appuis que la Station entomologique
a rencontré autour d'elle depuis sa fondation; cette année la
générosité éclairée d'une Personne désirant garder l’anonyme,
nous a dotés d’un Àecueël mensuel qui sera pour notre Station
comme le répertoire de sa vie journalière et de ses travaux. Ce
Recueil intitulé INSECTA, l’un des mieux édités et l’un des plus
coquets qui existent, forme déjà, à la fin de sa première année,
un fort volume in-8° de VI-204 pages orné de 121 figures, dont
plusieurs hors texte.
Dès le début, la rédaction de cette publication a été basée
sur trois idées conductrices qui sont les suivantes :
1° Eviter la trop grande spécialisation; autrement dit,
publier autant que possible des documents sur tous les ordres
d'insectes et sur les autres classes d’arthropodes; de plus,
étudier ces différents groupes à la fois aux points de vue sys-
tématique, biologique, anatomique et économique;
2° Ne pas faire simplement de la vulgarisation, mais publier
le plus possible d'articles originaux;
3° Avoir largement recours à l'illustration.
11 suffit de parcourir la table des matières et l'index alpha-
bétique qui terminent l’année 1011 d'/nsecla pour se con-
vaincre que ces principes ont été suivis Jusqu'au bout.
Les travaux concernant les Coléoptères sont, 1l est vrai, en
majorité; mais des articles importants sont également consa-
crés aux Lépidoptères, aux Névroptères, Diptères, etc.
À côté des travaux de systématique, les plus nombreux, ont
paru aussi des travaux d'anatomie, de biologie, de zoogéo-
10
— II8 —
graphie, d'entomologie économique, etc. Enfin, bien que les
insectes des colonies françaises aient été surtout étudiés, la
faune des autres régions du globe est loin d’avoir été laissée
de côté.
Au point de vue de l'originalité de notre publication, nous
constatons que les articles destinés à faire connaître certains
des travaux les plus intéressants des Stations entomologiques
étrangères ne tiennent dans /#sec/a qu'une place minime. Une
place plus importante est remplie par la réimpression de tra-
vaux entomologiques fort anciens que leur rareté rendait inac-
cessibles à la plupart des travailleurs (nous avons publié ainsi
presque toute la matière des deux volumes du Journal d'His-
toire naturelle de la fin du XVI* siècle et un mémoire fort
important de G.-A. Olivier sur les insectes nuisibles aux
céréales). Mais ce sont surtout les travaux originaux qui cons-
tituent le fond de notre Revue. En cette première année ont
été publiées les descriptions originales de 5 nouveaux genres
d'insectes, de 19 espèces et de 3 variétés nouvelles. Des insectes
nuisibles d’une grande importance économique (comme le
Cerina du Karité et le Dacus des Cucurbitacées du Soudan)
ont été signalés et étudiés longuement.
Nous n'ignorons pas la grande importance pratique qu'il y
a à accompagner d’une figure les descriptions; aussi toutes les
formes nouvellement décrites dans la première année d’/nsecta
y sont-elles figurées. Chaque fois que cela a été possible nous
avons utilisé, pour cette figuration, la photographie d’après
nature et, très souvent, nous avons complété les similigravures
ainsi obtenues par des dessins de détail au trait.
Nous avons utilisé aussi l'illustration photographique pour
faire connaître beaucoup de matériaux et documents intéres-
sants qu'il nous a été donné d'étudier. Au total, la première
année d’/nsecta contient 121 figures, dont plusieurs hors texte.
La qualité du papier a été choisie de façon à donner à ces
figures toute la netteté désirable.
Plusieurs collaborateurs sont déjà venus se joindre au per-
sonnel de la Station entomologique; nous avons lieu d'espérer
qu'ils seront de plus en plus nombreux et que, par suite, l’in-
térêt de notre publication ne fera qu'augmenter.
En fait, nous avons eu, dès le début, la satisfaction de cons-
tater qu'un accueil très bienveillant a été fait à /wsecta dans le
monde entomologique. Nous faisons déjà échange de publi-
cation avec @4 Sociétés et Laboratoires entomologiques du
monde entier. L'apparition de notre Revue a été annoncée en
termes très élogieux par plusieurs périodiques scientifiques.
Enfin, plusieurs de nos articles ont été analysés par la revue
bibliographique allemande : Deutche entomologische National-
Bibliothek.
IV. -_ Personnel.
Le personnel de la Station n’a pas changé; toutefois, en
prévision de la nomination possible de M. Vuillet à titre défi-
mitif au Service phythopathologique organisé à l’Institut agro-
nomique de Paris, la Station s’est adjoint, momentanément, un
deuxième préparateur. Ce préparateur, M. Lester, assure la plus
grande partie de la correspondance et nous espérons qu'il
accomplira ses fonctions en s’efforçant d'imiter son prédé-
cesseur.
Il va sans dire que si M. Vuillet nous quitte nous serons
heureux de lui voir obtenir une situation avantageuse et fort
enviée; mais nous regretterons vivement le collaborateur
dévoué dont nous avons pu, pendant quatre ans, apprécier le
savoir, l’activité et la droiture.
V. __ Documents annexes.
Comme de coutume, je joins au présent Rapport le détail
des renseignements que nous avons été appelés à fournir en
1011, pour faire bien voir que toutes les régions de la France,
nos colonies et même un certain nombre de pays étrangers se
trouvent, en ce qui concerne les insectes nuisibles, en présenct
— 20 —
des mêmes difficultés; notre organisation répond donc bien à
un intérêt d'ordre général.
Les renseignements qui nous ont été demandés proviennent
de 78 départements français, en y comprenant l'Algérie et
l'Alsace-Lorraine, 25 autres émanent des colonies et de l’étran-
ger : Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Guyane,
Haïti, Hollande, Italie, Maroc, Portugal, Russie, Suisse, Ton-
kin, Tunisie, etc.
Comme par le passé, Monsieur le Doyen, nous nous hono-
rons de la bienveillance éclairée que les deux éminents ento-
mologistes rennais, MM. Charles et René Oberthür veulent
bien témoigner à notre Station entomologique; nous sentons
tout le prix d'un tel encouragement et nous tenons à leur en
exprimer 1c1 toute notre reconnaissance.
Recevez, Monsieur le Doyen, l'assurance de mes sentiments
les plus dévoués.
F: GQUITER
2 —r
Nombre de lettres reçues : 530.
Nombre ide rÉnSeignEMents FOURNIS. . 10.422 orone 630
MnresdinSectes Fdétermines. iii dise 971
TornMuestrenseicnements: 4%. 1,601
Répartition des lettres par départements, colonies
et pays étrangers :
7 RD MC da à oo 2 TRUC EEE OV PE 2
AISRERER RE ET. ME 5 mdreetLores 25 7
AUTRE RES RP En 10 USE A Re RS I
MER Re sue ies se î 1 AR ARR Ar ER PR 8
Abe eCHautES)2...2.2: 2 ANGES ren as roma 5
Alpes-Maritimes ............. I POrePONErES ET Ru 6
Alsace Lorraine... 2 Foire (Haute) 2
ART EG EE OO 4 PoreEnténeure ere 19
AOENNES ER mm eeucuce re 4 BOT RS ee 5
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NDS RO IEATEATREIRERTR 3 Lot-et-Garonne ............... 2
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CRE RARE I Marne (Haute): I
Charente-Inférieure .......…. 6 Mayenne ner 5
Chen nent, ; Meurthe-et-Moselle ........….. 3
(DOTE AE NERO I Meuse Se Rae AAA 5
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CET OR Mr ueuroeses II NIV Lace me 4
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DONDSPRERPe rs RE T 5 (TE 1 OEM En ce Re AR PÉRCEESE 9
DICO AT MS RSS 2 Pasde Calais. 4
TRE MTS RE EE PETITE 4 Puyde Dôme... 9
EURE COS een 6 Prénéese (Rasses:)?" 7"... 3
AIRIS DERENS JA LL: 7 Pyrénées (Hautes-) 2
GES EE Chan ur I Pyrénées-Orientales ..…….... 1
CORÉEN 5 RON ne ee 4
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Seine-et-Marne ............... 13 Anpleterte 55.5. ur
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Mites,Teigses ‘des laninaves 722.0 12
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ATtISES ARE ER REC RER RE NS 12
Remerciements : 9.
D #1 ND
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D ee O1 ni EH D EE mm mi
na
Le Problème actuel de l’Entomologie économique
Par C. HOULBERT.
Comme complément au Rapport qui précède sur le fonc-
tionnement de notre Station entomologique pendant l’année
1911, 1l n'est peut-être pas inutile d'indiquer ici en quelques
lignes, sous quel aspect nouveau, l'étude des procédés de des-
truction des insectes nuisibles permet d'envisager actuellement
le problème essentiel de l'Entomologie appliquée.
Nous pouvons agir sur les Insectes nuisibles de deux ma-
nières différentes : 1° par les procédés que l’on peut qualifier
de naturels (emploi des parasites animaux ou végétaux,
méthodes culturales, etc.); 2° par les procédés artificiels (gro-
cédés mécaniques, physiques, chimiques).
Jusque dans ces dernières années les procédés artificiels ont
été à peu près seuls utilisés : les insecticides notamment sont
d’un emploi facile; mais, si leur action est rapide et sûre
dans un grand nombre de cas, leurs effets sont toujours très
localisés et ils exigent une main-d'œuvre coûteuse dans les
grandes cultures.
Tout autre nous apparaît l'intervention des parasites; la
nature, sous ce rapport, nous fournit chaque jour de très sug-
gestifs exemples ; malheureusement nous ne pouvons pas encore
régler à volonté l’action de ces auxiliaires précieux et nous
ne savons pas, non plus, appliquer à chèque cas la méthode
de traitement qui convient.
L'importance des parasites animaux a été mise en lumière
par des expériences de la plus haute portée économique; mais,
comme nous ne voulons pas nous étendre de ce côté, nous nous
contentons de signaler à ceux de nos lecteurs que la question
intéresse, l'étude très documentée que M. Paul Marchal, direc-
teur de la Station entomologique de Paris, a publiée 1l y a
quelques années dans les Annales de l'Institut national
agronomique W), |
Notre désir est de rappeler l'attention des biologistes sur
le rôle des parasites végétaux, un peu trop oubliés aujourd'hui ;
car, à notre avis, c'est dans l'emploi judicieux de ces deux
groupes de parasites que nous trouverons la solution du pro-
blème concernant la destruction des Insectes nuisibles.
Ce fut sur les indications de Metchnikoff qu'une moisissure
parasite du groupe des Sphæriacées, l’/saria destructor, fut
employée pour la première fois en Russie, en 1884, pour com-
battre les ravages du Charançon de la Betterave (CZeonus
puncliventris) et du petit Hanneton des céréales (A#zs0plia
austriaca). En 1801, aux Etats-Unis, une autre moisissure
entomophyte (Sporotrichum globuliferum) était utilisée avec
succès contre un hémiptère nuisible aux blés (Blissus leucop-
terus). En France, personne n’a sans doute oublié la très
importante découverte de M. Le Moult (/saria densa) et la
campagne qu'entreprit à cette époque notre regretté maïtre,
Alfred Giard, pour doter l’agriculture d’une méthode ration-
nelle de destruction du Ver &lanc ® (FIG. 1 et 2).
Telles sont, pourrait-on dire, les données dominantes de
ce passionnant sujet; mais, à côté de ces entomomycètes
(1) MARCHAL (P.). — Utilisation des Insectes auxiliaires entomophages
dans la lutte contre les Insectes nuisibles à l'Agriculture (Ann. Inst. nat.
agron., Paris, 1907, in-8°, 74 p., 26 fig.).
(2) GrARD (A.). — Z’Zsaria densa (Link) Fries, champignon parasite du
Hanneton commun {Melolontha vulgaris L.) (Bull. scientif. Fr. et Belg.,
Paris, 1892. t. XXIV, p. 1-109, 4 pl.).
— 125 —
classiques, 1l en existe un grand nombre d’autres, indiqués par
différents auteurs et par A. Giard lui-même. Ce sont ces
moisissures moins connues, dont l'étude a été reprise en 1805
par M. KR. Pettit, au La-
boratoire de cryptogamie
de l’Université Cornell (1)
et plus récemment par
M. Fron, Maître de confé-
rences à l’Institut agro-
nomique de Paris, que
nous voulons passer en
revue icl persuadé que
Fra. 1. Fi. 2.
quelque Jeune entomolo-
Larve de Hanneton atta-
Hanneton adulte attaqué giste y pourra trouver nr ie de
par l’Isaria densa
SSS A 2e /
s Re matière à d'intéressantes
(Le Nat., 1893, p. 215).
un terrain sec (Le Nat.,
1893, p. 214).
observations.
La plupart des moisissures qui produisent les mycoses des
Insectes ne représentent autre chose que l'état conidial de
champignons plus élevés, c'est ainsi, par exemple, qu'aux états
inférieurs désignés sous le nom d’'/saria, correspond la forme
Fi@. 3 — Etat ascosporé du Cordyceps c'avu’ata,
d’après R. Pettit (Gross. 2 diam.).
parfaite et ascosporée Cordyceps (FIG. 3); mais, comme beau-
coup de champignons inférieurs, évoluant dans un milieu très
nutritif, n'édifient jamais leur forme définitive, on est loin
(x) PETTIT (R.). — Séudies in artificial Culiures of Entomogenus Fungi
(E2//%07-eithaca NOV. 1895, 39p., 15. planches).
— 126 —
d'être fixé sur la position exacte d'un grand nombre d’entre
eux. Quoi qu’il en soit, voici la liste des principaux « £ntomo-
genus Fungi » connus jusqu'ici et dont la culture a pu être
réalisée en milieu artificiel (1).
r. Cordyceps clavulata Schw. —— Cette espèce peut se déve-
lopper sur diverses espèces de Cochemilles appartenant au
genre Lecanium; les insectes attaqués prennent une coloration
jaune orangée tout à fait anor-
male. Nous avons représenté quel-
ques formes du parasite dans les
figures 3 et 4.
2. Cordyceps militaris
Lin. — Cette belle es-
pèce a été signalée
comme parasite sur le
Fig. 4 — Mycelium de Cordyccps c'arulata
A »/
provenant de Lecanium Fletcherti, d'apr. R. Pettit. Hanneton , a l'état
adulte, par Roume-
guère ; mais, comme il s'agit d'exemplaires uniques et qui
n'ont pu être étudiés de près, À. Giard se demande si l'on ne
se trouvait pas en présence de l'état ascophore et encore in-
connu de l’/saria densa (loc. cit, p. 46).
3. Cordyceps militaris var. — Trouvée en 1893 par le pro-
fesseur Atkinson sur des larves d'insectes inconnues; certaines
formes de cülture peuvent être considérées comme identiques
à Zsaria farinosa. |
4. Isaria farinosa Dicks. — Cette espèce polymorphe peut
s'attaquer à de nombreux insectes; le D' Eckstein l’a recueillie
(1) Nous nous occupons ici exclusivement des Zsariées et nous laissons
intentionnellement de côté les Æn{omophthorées et les Zaboulbéniacées qui,
ou bien ne sont pas des parasites véritables, ou bien exigent un sxbstratum
vivant pour se développer.
(2) ROUMEGUÈRE (C.). — Zes Sphériacées entomogènes (Revue mycolo-
gique, 1884, t. VI, p. 150, note 1).
JPA v
. *
:
— 127 —
a Eberswald (Brandebourg) sur des larves de Tenthrèdes
(Lyda hypotrophica) et en France même, à Prêles (Seine-et-
Oise), on l’a retrouvée sur les larves d’un diptère très commun
(Bzb10 marc). Le professeur Atkinson l'a rencontrée en Amé-
rique sur un cocon d'A7c/zde enterré sous des feuilles (FIG. 5).
Dans tous les cas, le champignon végétait sous la forme simple,
gazonnante; ses sporophores, de couleur orangée à leur base,
étaient couverts, à leur extrémité apicale, de conidies nom-
breuses « blanches comme de la farine ».
LCA F1G. 6.
Larve de Hanneton attaquée par l’Isaria densa
Larve d’Arctiidæ attaquée par 1saria farinosa, dans un terrain humide ;
d’après R. Pettit (Gross. 2 diam.). (Le Nat., 1893, p. 214) (Gross. 2 diam.).
5. Isaria tenuipes Pech. —— Espèce observée sur une chrysa-
lide inconnue d'Arciiide, enterrée sous des feuilles. Plusieurs
espèces de chemilles, notamment Pyrrharctia isabella furent
infestées avec les conidies et moururent dans l’espace de quel-
ques Jours.
6. Cordyceps melolonthæ Tul. — Ce champignon, signalé
depuis longtemps et baptisé par Tulasne, nest pas, en dépit
— 128 —
de son nom, parasite du Melolontha vulgaris; 11 infeste un
certain nombre de Rhizotrogides du genre Zachnosterna et en
particulier Zachnosterna fusca W) dont les larves sont connues,
aux Etats-Unis, sous le nom de wite grub; c'est en effet sur
un while grub de Lachnosterna que M. Pieters le retrouva en
1895. Le corps de la larve était couvert de sporophores courts,
trapus, longs de $ millimètres environ; sur le côté on aperce-
vait des disques jaunâtres unis, les uns plans, les autres irré-
gulièrement concaves. En écartant les sporophores, opération
très facile à réaliser, on pouvait apercevoir les stroma rudi-
mentaires du Cordyceps melolonthe.
Il convient sans doute de rapprocher de C. melolonthæ la
forme rencontrée dans la Caroline du Sud sur des larves
d'Ancylonycha et désignée par Berkeley et Curtis sous le nom
de Cordyceps Raveneli. Quant à Cordyceps Barnesii Thw.
observé à Ceylan sur des larves de MelolontAides, 11 constitue
très probablement une espèce distincte.
F1G. 7. — Mycelium d'/saria farinosa provenant de la germination
d'une conidie, d'après R. Pettit.
7. Isaria anisopliæ Metschn. (— I. destructor Metschn.) ®. —
Ce champignon, dont on ne connaît pas encore la forme
(x) Zachnosterna fusca Frühl. est une espèce collective dont les différentes
formes Z. arcuata, dubia, hirticula, etc., ont des larves presque identiques.
(2) Le nom spécifique d’anisopliæe, antérieur à celui de destructor, doit
être restitué à cette espèce.
— 129 —
ascophore, a été trouvé sur l'Azisoplia austriaca Herbst,
dans la Russie méridionale par Metschnikoff, Stepanoff, Por-
chinsky, etc. ; 1l infeste les œufs, ia larve, la pupe et l’insecte
parfait. On l’a trouvé aussi, dans la même région, sur de nom-
breux insectes appartenant à des groupes différents, notamment
le Cleonus de la Betterave. M. Le Moult l’a observé sur les
Rhisotrogus æstivus et solstitialis. |
Les succès obtenus en Russie par la culture de ce champignon
et son emploi contre les insectes nuisibles, sont de nature à
encourager toutes les tentatives qui pourront être faites pour
l'introduire en France.
F1G. 8.
Mycelium d’Isaria densa portant des conidies à divers âges,
d'après R. Pettit.
Ces lignes, écrites par A. Giard en 1802, restent toujours
d’une décevante actualité.
Krassilschik indique que la forme Coremium apparaît quel-
quefois dans les cultures; un certain nombre d'expériences
faites pour infester la larve d’Anisoplia austriaca avec cet
Isaria ont réussi; d’autres fois la larve est restée indemne pen-
dant un temps très long; au contraire, avec Cleonus puncti-
ventris les expériences ont toujours été couronnées de succès.
8. Isaria anisopliæ var. americana Pett. —_ Se développa au
cours de certaines expériences, principalement sur les larves
de l’Agriotes mancus Say; ces larves devenaient d’abord ri-
gides et de couleur terne; bientôt les filaments blancs du
— 130 —
mycelium se développaient en arrière de la tête et entre les
sclérites,
Oo. Isaria densa Link. — C’est la forme entomogène décou-
verte en 1890 par M. Le Moult, à Céaucé (Orne). L'/sarza
densa, comme toutes les muscédinées du même groupe, se
développe, soit à l'aide de spores spéciales appelées contdies,
soit à l'aide de ses hyphes, par des sortes de boutures (FIG. 6).
À chaque mode de reproduction correspondent des formes
particulières dans l'aspect du parasite; 1l existe précisément
ici deux formes conidiennes, l'une produisant des hyphes
simples a reçu le nom de Bo/rytis, l'autre avec des hyphes
agrégés, c'est la forme /sara, d'où les deux noms sous lesquels
cette espèce est souvent confondue par les entomologistes des-
cripteurs (FIG. 7 et 8).
10. Isaria bassiana Bals. —— Cette espèce, très voisine de
l’/saria densa, se présente le plus souvent, comme elle, sous sa
forme conidienne simple; d'après M. Le Moult, cette moisis-
sure qui cause tant de ravages sur le Ver à soie peut aussi
s'attaquer aux chenilles et aux chrysalides de la Cochylis; les
récentes expériences de M. Fron, à l’Institut agronomique,
paraissent très concluantes à ce point de vue.
11. Spicaria verticilloides Fion. —— Cette nouvelle muscédi-
née, signalée l'an dernier par M. Fron, paraît également pro-
duire sur la Cocylis les mêmes effets que la muscardine
blanche sur le Ver à soie.
12. Sporotrichum globuliferum Speg. (FIG. 9). — L'espèce
usuelle se présente sous l'aspect d’un duvet cotonneux enve-
loppant les insectes de filaments blancs; elle attaque différents
coléoptères, mais son importance est surtout devenue très
grande depuis que les découvertes du D' Snow, professeur à
l'Université de Kansas, ont démontré qu’elle pouvait aussi être
employée avec succès pour combattre la punaise des moissons
(Blissus leucopterus).
Selon le D' Snow, quatre jours après l'introduction du para-
site, les CAinch-Bugs (punñaise des moissons) devenaient trop
malades pour continuer à se nourrir de la récolte, « ils quit-
taient alors les tiges du
mais set bien que la
mort ne se produisit
qu'entre le 8° et le 12°
Jour, aucun dommage
ne fut supporté par
la culture après le 4°
jour. » (1)
13. Isaria vexans Pett.
— Cette moisissure,
trouvée sur une larve
de Lachnosterna, paraît
être l’une des formes FIG. 9.
conidiennes du Sporo- Gui state er le Sri tte
tnichum globuliferum ;
mais, comme la couleur orangée du mycelium est différente de
celle d’/saria densa, M. R. Pettit a proposé pour elle le nom
d'/. vexans. Sur vingt-quatre chenilles de Pieris rape, infestées
avec les conidies d’une culture sur pomme de terre, quatre sont
mortes au bout de cinq jours après avoir pris une coloration
vineuse légèrement pourprée.
14. Sporotrichum minimum Speg. -— Trouvé sur une grande
fourmi noire du genre Camponotus, insecte était couvert d'un
réseau mycélien blanchâtre, mais les conidies n'ont pu être
observées.
Si nous ajoutons Cordyceps sphærocephala, Ditmari, ento-
morkizsa, myrmecophila, cinerea, sphingum, etc. nous aurons à
(1) Cf. LE MouLT (L.). — De la destruction des Insectes nuisibles par
les parasites végétaux (Conférence à la Soc. d’agricult. du Cher, Bourges,
1912).
peu près indiqué toutes les moisissures entomophytes qui ont
été rencontrées jusqu'ici à l'état parasite sur les Insectes (1);
la plupart d’entre elles ont pu être cultivées et utilisées pour
combattre les ravages des espèces nuisibles. C’est un sujet qui
mérite d’être repris sur des bases expérimentales et pour lequel
les matériaux ne doivent pas manquer.
“ LES VIEUX AUTEURS ”
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) @)
Par Jean SWAMMERDAM.
« Nous avons observé, dit il, principalement dans la gene-
» ration des animaux, que tout ce qui se fait de quelque chose,
» comme d'une matiére, se fait en deux façons; asçavoir par
» art, Ou par nature : une chose se fait par art, lors qu’ell’ est
» formée d’une matiere, qui existoit auparavant; comme, par
» exemple, lorsqu'un menuizier fait une couche de lit d’une
» piece de bois, ou quand un sculpteur fait une statuë d’un
» morceau de pierre; c'est à dire, lorsque toute la matiére de
» la machine que l’on doit faire, en à précédé la structure et
» la forme. Mais une chose se fait par nature, quand la matiére
» séngendre et prend sa forme tout d'un temps; ou bien
». lorsque la matiére et sa forme sont, pour ainsi dire tout
» d'un âge. Or les ouvrages de l’art se font encore en deux
» maniéres, la premicre est, par exemple, lors qu'un sculpteur
\ h . «
(19 Tlest probable qu'un certain nombre de ces noms tomberont en syÿno-
nymie lorsqu'on connaîtra mieux les formes définitives.
(2) Voir Znsecta, 14, p. 23.
»
»
»
taille la matiére, qu'il à déja toute prête, et qu'apres en avoir
coupé cequ'il y avoit de superflu, 1l en forme enfin une
statuê : la seconde maniere est quand ce sculpteur ou bien
un potier forment cette même statuë d'argile, tant en y
aJoûtant et en l’augmentant, qu'a force de la façonner, et
que tout d’un temps 1l fait sa matiere, la prepare, et lui
donne sa forme (et de cette sorte 1l vaut mieux dire que le
sculpteur a fait cette statuë, et non pas qu'il lui a seulement
donné la forme et la figure) il en arrive de même dans la
generation des animaux : car les uns s’engendrent d’une
matiére, qui a déja été preparée, et changeans d’une forme
en l’autre, toutes leurs parties naissent en même temps par
(a) transformation, d'ou ensuite 1] naît un animal parfait,
qui commence à croître : mais 1l y à d’autres animaux, dont
les parties se forment les unes apres les autres et qui ensuite
se nourrissent, croissent et prennent leur forme tout d’un
temps d’une même matiére, c'est à dire qu'entre leurs parties,
les unes naissent plütôt, et les autres plus tard, et qu’elles
croissent et se forment en même temps. La structure du corps
de ces animaux prend son commencement et son origine
d’une partie seule, par le moïen de laquelle tous les autres
membres viennent ensuite à se former les uns apres les
autres : et ce sont là ces animaux que nous disons se former
par une (D) addition des parties, qui se forment peu à peu
les unes apres les autres; et c’est la proprement ceque nous
appellons Generation, quand une partie precéde l’autre dans
sa naissance.
» Or c'est de la prémiere maniére que s’engendrent les in-
sectes, ou le ver provient immédiatement d'un œuf par
(c) transformation; ou bien dont les prémiers principes se
forment de quelque matiére putrefieé (soit à cause que le
(a) Metamorphosis.
(b) Æpigenesis.
(c) Metamorphosis.
»
— 134 —
sec s’humecte, soit parceque l’humide se desséche) d’ouen-
suite (comme d'une chenille parfaite, ox d'une \) nymphe
dorée) s'engendrent par (*) transformation des mouches ou
des papillons d'une grandeur ordinaire, et qui ne croissent
aucunement depuis le moment de leur naissance. Mais pour
cequi est des animaux plus parfaits qui ont du sang, 1ls
s'engendrent par une (f addition des parties, qui naissent les
unes apres les autres, et ensuite apres leur naissance 1ls
croissent et parviennent à la vigueur de leur âge, ou à leur
vieillesse ordinaire. Pourcequi regarde les insectes, 1l semble
que le hazard ait le plus de part à leur generation; leur
forme se tire de la puissance de la matiére, et la prémiére
cause de leur generation vient plütôt d'une matiere preéxis-
tente, que de quelqu'Agent extérieur : aussi sont ils moins
parfaits et ils ne conservent et ne perpetüent pas si bien
leur espece, que les animaux qui ont du sang, soit terrestres,
soit aquatiques, qui tirent leur conservation et la perpetuité
de leur espéce d'un principe uniforme. Or nous attribuons
la cause premiere de ceci à la nature, et à la faculté vege-
tative. |
» Il y à donc des animaux qui naissent d’eux mêmes d’une
matiére qui est preparée délle même, ou par accident; comme
il semble (a) qu'Aristote a voulu dire par ces mots : desquels,
dit 1], /a matière peut être muë d'ellemêéme d'un mouvement
par accident, suivant lequel la sémence se meut dans la
generation des autres animaux : Et 11 arrive la même chose
dans la generation des animaux, que dans l’art, car il y a
des choses, qui se font par art et par accident en même
temps, comme la santé; et il y en a d’ autres, qui ne se font
Jamais sans Part, comme une maison.
(d) CArysalis ou Aurelia.
(e) Metamorphosis.
(f) AS de
(a) Zid. 7. Metaph. cap. o. Quorum fc. materia potest à seipsa moveri, eo
motu à Tran quo semen movet in generatione aliorum animalium.
»
»
»
»
»
» L'on dit des frêlons, des abeilles et des papillons aussi-
bien que des autres insectes, qui séngendrent d’une chenille
par transformation, qu'ils naissent tous par accident sans
semence, et qu'ils ne conservent ni ne perpetuent point leur
espéce : mais qu'un Lion ou un coq ne séngendrent pas par
accident n1 d'eux mêmes, mais sont produits par la nature
même, et par une faculté active et divine; et ils demandent
plûtot un sujet ou une semence dont s'engendre leur s'em-
blable, que non pas une matiére qui concoure par hazard a
leur production, comme font les insectes.
Dans la genération des animaux, qui se fait par transfor-
mation, la matiére change de forme, comme si on y avoit
empreint un cachet, et l'animal se transforme tout d’un coup.
Mais pour cequi est des animaux, qui se forment par une
(@ addition des parties, qui naissent les unes apres les autres,
ils attirent la matiére à eux, la preparent, la digérent et
sén servent tout d’un temps; et ils croissent aussitôt qu'ils
prennent leur forme, c'est à dire qu'ils croissent en se for-
mant, ou qu'ils se forment en croissant. Et dans les animaux
qui séngendrent par transformätion, la vertu formatrice
taille et divise la même matiére homogéne, dont ils se
forment ; et d'homogéne qu’elle étoit elle la rend hétérogéne,
et après l'avoir divisée, l’arrange et la dispose en forme
de membres : et fait ainsi d’uné matiére homogéne, une
substance hétérogène, et en forme des membres différents.
Mais dans les animaux, qui séngendrent par une () addition
de parties, qui croissent les unes apres les autres; lorsque la
vertu formatrice vient à produire d’autres parties et qui sont
disposcés d'une maniére différente elle demande aussi et
fait en même temps une autre matiére et autrement préparée,
qui soit plus propre à former telles ou telles parties.
C'est ici le sentiment: de Harvé, que nous avons rapporté
fort au long, et dans lequel on découvre autant de faussetez,
(a) Æpigenesis.
(b) Æpigenesis.
— 130 —
qu'il y à de paroles. Mais cequi nous étonne davantage, c’est
qu'un homme si expert et tellement versé dans les mystéres de
la nature se soit tellement mépris, et particuhiérement dans des
choses, dont la connoissance ne dépend que de l'experience !
Cequi nous fait croire assürément que son livre des inséctes,
qui nous manque malhüreusement, et apres lequel nous soû-
pirons avec tant d’ardeur, contient plütôt des experiences
curieuses que des veritez certaines, et qu'il n'y explique nulle-
ment la nature des changemens qui arrivent à ces petits ani-
maux : C’est ceque l’on peut voir non seulement dans ceque
nous venons de citer, mais même dans tout cequ'il écrit dans
son livre de la Generation des animaux. Mais cet Auteur si
laborieux, et inimitable dans les soins et dans la peine qu'il
à prise de découvrir la verité (de quoi nous lui devons une
reconnoissance éternelle) ne mérité pas moins nos loüanges
pour sa sincérité et pour sa franchise : Car bien loin de vouloir
tromper personne, 1l parle au contraire fort genereusement dans
la preface du livre que nous venons de citer : voici ses propres
termes. C’est pourquoi, dit il, cher lecteur, je ne prétlens pas
que vous me croyez dans ceque jécris de la generation des ani-
maux, j'apelle vos yeux à témoin, et je Les prens pour juges.
Car puisque toute science parfaite est fondée sur Les choses que
nous découvrons par Les sens, il faut aussi faire tous ses efforts
pour chercher La vérité en faisant souvent des dissections de
divers animaux : si vous agissez autrement, VOUS verrez, qu'au
lieu d'une science certaine et solide, vous n'aurez que des opi-
nions vaines et chancelantes.
(À suivre), Le Gérant,
F. GUITEL.
ILarv. Præf. de Gen. An. Quapropter (cordate lector) nolo mihi de Gene-
ratione animalium scribenti quicquam credas : ipsos oculos tuos mihi testes
et judices appello. Quoniam enim scientia omnis perfecta iis principiis inni-
titur, quæ ex sensu compertis originem queunt; singelari cura enitendum, ut
per frequentes animalium dissectiones, eadem perspecta et explorata habeas;
secus si feceris, opinionem quidem tumidam et fluctuantem acquires, solidam
autem et certam scientiam scientiam non assequéris.
mb Det fé oi
Sommaire du Numéro 18 d'INSECTA
Entomologie économique :
Pages
F. Guitel. — Rapport du Directeur de la Station Entomologique à
Mile Môyen-della Faculéé desféciences ne et 113
C. Houlbert. — Le Problème actuel de l'Entomologie économique... 125
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. SWAM-
MERDANT (5276). Re etui ete e cents a eat UE 132
Échanges et rédaction d'INSECTA
—: —
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions Îles
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante :
Monsieur le Directeur d'INSECTA
Station entomologique de la Faculté des Sciences
Rennes (France)
Pour tout ce qui concerne l’administration et la rédaction
d'INSECTA, adresser la correspondance à M. le professeur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
DEUXIÈME ANNÉE JUILLET 1912 NUMÉRO 19
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de ja Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
IMPRIMERIE OBERTHMHUR, RENNES
USA
Dans INSECTA, R:
par la Station entomolo
insectes rares Ou intéressar
Pour éviter tout
font échange avec Il
publications sous la sus
Monsieur
de
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Dans INSECTA, Revue illustrée d'Entomologie publiée mensuellement, depuis janvier 1911,
par la Station entomologique de la Faculté des Sciences de Rennes, sont étudiés et décrits les
insectes rares ou intéressants du monde entier et particulièrement des colonies françaises.
Toutes les espèces nouvellement
décrites dans cette Revue ÿ sont repré-
sentées, soit par la photographie, soit
par le dessin au trait.
La collection d'INSECT À deviendra
bientôt un monument scientifique de
première importance pour l'étude de la
Faune entomologique des colonies fran-
çaises; les naturalistes voyageurs ont donc
un grand intérét moral à voir le produit de
leurs chasses étudie et décrit dans cette
publication.
ex En La Direction d'INSECTA fait
F appel à toutes les personnes qui
s'intéressent aux progrès de l'Ento-
d mologie; elle acceptera la collabo- vai
ration des entomologistes de tous les
pays, sous la seule condition que les
articles proposés (rédigésen français, LA Sa! (0
latin, anglais, allemand, italien où Mas
espagnol) seront approuvés par le m7,
Comité de rédaction. L 4
Chaque collaborateur recevra
gratuitement 25 exemplaires, en tirages
à part, de son travail.
Pourune collaboration régulière,
le service gratuit de la Revue pourra, mu. …
40 > œgment
en outre, être accordé, après avis
conforme du Comité.
La Revue prend à sa charge tous
les frais d'illustration des articles
Guitelis Vuitteti RL, Oberthür, & type. dont elle aura accepté Ja publication;
Sénégal Nige utikoro (J. Voix =
for fe FH) elle recevra avec reconnaissance tous
abs aa
À ses Larro de Tetrache brasilienels Kirby
(lgure extraite d'INSECTA), les envois qui lui seront faits, parti= (Gross. & diam).
culièrement les coléoptères. CORAN RAS EETRE
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les Sociétés qui
font échange avec INSECTA, de vouloir bien désormais nous adresser leurs
publications sous la suscription suivante :
Monsieur le Directeur d'INSECTA, Station entomologique
de la Faculté des Sciences, Rennes (France).
Pour tout ce qui concerne l'administration et la rédaction d'INSECTA,
adresser la correspondance à M, C. HOULBERT, professeur à l'Université de
Rennes (France)
Oberthür, Tences (3
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Description d’un LUCANIDE asiatique formant un genre nouveau
et une espèce nouvelle de la tribu des Cladognathinæ (Col.)
(CLADOPHYLLUS OBERTHURI)
Par C. HOULBERT.
Professeur à l’Université de Rennes.
Je dois aux bienveillantes indications de M. René Oberthür
la connaissance d'un petit Lucanide asiatique extrêmement
remarquable par la forme bizarre et tout à fait exceptionnelle
de ses antennes.
Ce joli petit Coléoptère, envoyé de la région de Tsé-Kou
(Yunnan) en 1805, par M. l'Abbé J.-A. Soulié, des Missions
Etrangères, n'a Jusqu'ici jamais été décrit n1 figuré; 1l constitue,
sans aucun doute, une espèce nouvelle, mais 1l mérite également
de former le type d'un genre nouveau de la tribu des Cladogna-
thinæ. Nous n'irons pas jusqu'à proposer de créer pour lui une
tribu spéciale dans la famille des Lucanidæ, bien que, par l'en-
semble de ses caractères, il diffère plus de tous les autres Cla-
dognathinæ, que les Dorcinæ, par exemple, ne diffèrent de cer-
tains Lucaninæ.
Je me garderai bien d'insister sur ce point épineux de la sys-
tématique; et sans avoir, d'autre part, la prétention de fixer
d'une façon définitive la position de cet insecte dans la classi
fication, j'estime cependant qu’il doit prendre place à côté des
Prismognathus Motsch (Schrenks Reise, 1860, p. 138) auxquels
il ressemble par son aspect extérieur et par quelques-uns de ses
caractères anatomiques les plus importants.
IxSECTA, Juillet 1912.
11
sir 135 sn"
CARACTÈRES GÉNÉRIQUES
Cladophyllus, zov. gen. (FIG. 1). — Tête large; labre trian-
gulaire, très petit, situé sur le même plan que le bord antérieur
de la tête, au fond de la dépression intermandibulaire et sé-
paré de l’épistome par une suture
immobile. Antennes de dix articles;
leur massue, de trois fewullets, est
formée d'articles longuement pro-
longés sur les côtés, et dont le der-
nier est bifurqué en deux branches
inégales (FIG. 1). Veux à peine en-
tamés par les prolongements laté-
raux du front.
Mandibules de dimensions mé-
diocres, un peu moins longues que
la tête, arquées et pourvues d’une
dent obtuse, relevée en dessus, vers
Ed AN veu Houlb Jeur tiers antérieur. Menton trapé-
zoidal, un peu plus large que long,
rétréci1 en avant; palpes maxillaires de trois articles allongés;
les labiaux, un peu moins longs, mais également triarticulés.
Pronotum transversal, ré-
tréci en avant, mais s'élargis-
sant progressivement vers
l'arrière, Jusqu'au niveau des
angles latéraux, où 1l offre sa
plus grande largeur.
Elytres oblongs, peu con-
vexes, à côtés sensiblement
parallèles, aussi larges que le
pronotum, mais trois fois et
FiG. 2, — Cladophyllus Oberthüri Houlh.. demie plus longs que lui
vu en dessous (Gross. 2 diam.). . ?
environ. Ecusson assez large,
en ogive surbaissée égal au sixième de la largeur des
élytres.
m0
Prosternum très bombé avec une saillie dirigée vers l’ar-
rière (FIG. 2); cette saillie se termine en pointe mousse entre
les hanches antérieures et ne
se rephie pas en dessous entre
les jambes.
Pattes grèles, allongées;
les tibias antérieurs sont
plans en dessus et pluri-
dentés le long de leur bord FiG. 3. — Cladophyllus Oberthüri Houlb.,
tre ru de profil (Gross. 2 diam.).
externe; les intermédiaires et PR D dt DA bu
les postérieurs sont arrondis et sans dent sur les côtés (FIG.
HD)
Ne
CARACTÈRES SPÉCIFIQUES
Cladophyllus Oberthüri, #. sp. (FIG. 1 et 7, PL IV). — Insecte
en ovale allongé, entièrement noir en dessus et en dessous,
à élytres subparallèles faiblement convexes; d’un noir luisant
sur les élytres, un peu plus mat sur la tête et sur le pronotum,
par suite des fines rugosités qui les recouvrent dans les inter-
valles de la ponctuation; facies des Dorcine.
Tête. — Tête rectangulaire, un peu élargie en avant, au
niveau des angles frontaux, déclive et concave à son bord an-
térieur, dans la région épistomiale, qui se présente sous l'aspect
d’une échancrure large et peu profonde. Les angles frontaux
sont très accentués et ornés d’une carène obtuse, peu élevée, qui
s'élargit en arrière et finit par se confondre avec la surface
supérieure du disque céphalique; joues prolongées en un can-
thus étroit, échancrant faiblement le bord antérieur des yeux,
une ponctuation très fine, régulièrement distribuée et assez
serrée, existe sur toute l'étendue de la tête (FIG. 4).
Labre triangulaire, court, entier sur les côtés et séparé de la
région épistomiale par une suture articulée.
Mandibules fortes, égalant à peu près, en longueur, les deux
tiers de la tête, faiblement courbées et présentant, après lem
milieu, à leur bord interne, une forte dent obtuse relevée vers le
dessus; les mandibules sont finement dépolies par une ponc-
tuation éparse, semblable à
celle qui recouvre le disque cé-
phalique (F1G. 5) ; leur pointe
est simple et émoussée; elles
portent, à leur base, une forte
sailhe articulaire, largement
enchassée dans une cavité cor-
respondante de la tête et dont
il nous a été impossible d’'étu-
dier les détails. Les mâchoires
ne sont pas visibles; on ne
distingue que l'extrémité libre
de leur lobe externe, sous l’as-
pect d’un pinceau de longs
poils Jaunes roussâtres, entre
les bases des mandibules.
Palpes maxillaires d’un brun rougeûtre, de quatre articles
allongés, le dernier article étant presque aussi long que les
deux précédents réunis (1).
Les antennes possèdent les caractères géné-
raux des Cladognathinæe (10 articles), mais
elles sont remarquables par les prolongements
latéraux des trois derniers articles formant la
massue; le dernier article présente lui-même
une bifurcation tout à fait extraordinaire, qui
différencie nettement cette espèce de tous les
autres Lucanides décrits jusqu'ici : c'est celte
Fire. 5.
Mandibule gauene Particularité qui nous a conduit à choisir le
(Gross. 8 diam.).
nom générique de Cladophyllus {du grec
klados, rameau, et phullon, feuillet, article) (FIG. 6).
(1) Le 1*T article est caché par le menton; on ne peut l’apercevoir qu’en
examinant l’insecte de trois quarts, par le dessous.
— II —
Le scape (des antennes) est flexueux, légèrement renflé à
son extrémité et un peu plus long que l'ensemble du funicule ;
les articles 2, 3 et 4 sont brillants et presque noirs: 1ls ont une
forme ovoide et portent, en dessous,
quelques courts cils soyeux; jes articles
5 et 6 ont la même forme générale que
les précédents, mais ils portent déjà,
en dessus, des prolongements lamelli-
formes ciliés; enfin, les trois articles de
la massue proprement dite (8, Q et 10)
sont longuement prolongés à leur côté
extérieur; et, comme il a été dit dans
l'énumération des caractères génériques
(p.138), l’article terminal (10) est bifur-
qué en deux branches inégales (FIG. 6).
Tous les articles de la massue sont
recouverts d'une pubescence serrée gri-
sâtre qui leur donne, selon l'expression
pittoresque des auteurs « #7 aspect
SpONÇIEUX ».
Les yeux sont arrondis et faiblement
F1G. 6. — Antenne très grossie
pour montrer la massue tri-
articulé et dont le dernier
saillants; ils sont à peine entamés, en
avant, par le canthus frontal, ce qui feuillet est bifurqué (Gross.
71 \ CRE 16 diam.).
éloigne notre espèce des Dorcine.
Prothorax. — Le pronotum est transverse, rétrèci vers
l'avant et rebordé sur tout son pourtour, légèrement bisinué
à son bord céphalique; ses angles antérieurs sont peu saillants ;
leur sommet est émoussé. Les côtes vont en s'élargissant vers
l'arrière jusqu'aux angles postérieurs qui, eux, sont suivis d'une
large troncature oblique, se raccordant à la base postérieure.
En dessus, le disque prothoracique est faiblement convexe, il
est couvert uniformément de points enfoncés, non confluents !,
qui le font paraître mat.
PT SE ER A EE SR
Le a D A PA « N les
(1) Chez un grand nombre de Dorcinæ (Dorcus, Hemisodorcus, etc.), les
points sont, au contraire, larges et confluents.
WATT POUR TS
— 142 —
CLADOPHYLLUS OBERTHÜRI Houlb.
EXPLICATION DE LA PLANCHE IV
FIG. 7. — Adulte de CZadophyllus Oberthüri MHoulb. vu en dessus; forme
générale et dentelure des tibias antérieurs (Gross. 4 diam.).
F1G. 8. — Le même, vu en dessous, pour montrer l1 forme du menton et
l'insertion des antennes au bord du front (Gross. 8 diam.).
F1G. 9. — Tête du Prismognathus angularis Waterh, vue en dessous (Gross.
8 diam.).
l'1G. 10. —- Antenne et portion gauche de la tête de CZadoph. Oberthüri,
pour montrer l'allongement des feuillets de la massue dont le
dernier article est bifurqué (Gross. 12 diam.).
F'1G. 11. -— Patte postérieure droite de CZadophyllus Oberthüri (Gross.
4 diam.).
l°1G. 12. — La tête du même, vue de côté, pour montrer comment l'œil est
échancré par le canthus frontal (Gross. 16 diam.).
CLADOPHYLLUS OBERTHÜRI Houib.
Détails anatomiques. PLANCHE IV.
Cladophyllus Oberthüri Houlb.,
vu en dessous, pour montrer le menton
et l'insertion des antennes.
, PAS
Fi. 7. — Cladophyllus Oberthüri Houlb., r k
: . F1G. 9. — Prismognathus angularis Waterh,
vu en dessus (Gross. 4 diam.). vour montrer la différence de forme de la tête
en dessous (Gross. 8 diam.).
M |
A JR
CORRE 4 {1}
AT Fic. 11. AA
PAL)
F1G. 10. Patte postérieurt \
A droite à
Cladophyllus Oberthüri LE ns à : Gross d'diam).
Houlb., pour montrer FN NP
F1G. 12. — Tête vue du la construction des , HS = ÿ
côté gauche pour mon- antennes et leur in- RON ss
trer l’œil légèrement en- sertion sous le bord HR LE ÿ
tamé par le canthus fron- antérieur - du front f? DA)
tal (Gross. 16 diam.). (Gros. 12 diam.). li
C. HOULRERT, del.
Elytres. — Elytres noirs, brillants, aussi larges que le
pronotum et environ quatre fois plus longs que lui; à côtés
sensiblement parallèles jusqu'aux deux tiers de leur longueur
et ensuite arrondis, de ce point à l’angle
sutural (FIG. 13). Les élytres qui sont
ornés, à l'épaule, d'un calus huméral
fortement accentué sont faiblement
convexes; 1ls sont, en outre, vague-
ment striés de carènes longitudinales
à peine saillantes et couverts de petits
points extrêmement fins, très peu en-
F1. 13.
Cladophyttus Oberthüri foncés, à peine visibles à la loupe);
Houlb., région dorsale
moyenne pour montrer la forme
de l’écusson
les épipleures sont largement repliés en
PR ere dessous, depuis le calus huméral jusque
vers le milieu des côtés.
La surface des élytres est complètement glabre; ils sont
rebordés sur tout leur pourtour, et dans la région apicale, le
rebord, devenu horizontal, se raccorde progressivement avec la
nervure suturale, la seule qui soit bien marquée et prolongée
jusqu’à l'extrémité des élytres.
L'écusson est large, en ogive surbaissé et à sommet obtus
(FIG. 13); 1l est lisse et brillant comme les élytres eux-mêmes,
mais 1l porte une ponctuation plus dense, analogue à celle du
pronotum.
Dessous du corps.
En dessous, le corps est d’un brun noir
faiblement luisant; on retrouve, sur les pièces thoraciques et
abdominales, la même ponctuation que sur les élytres, sauf le
long de la ligne médiane qui reste plus lisse (PL. IV, FIG. 8).
Les joues sont parsemées de petits points enfoncés, ana-
logues à ceux qui ornent les mandibules; le milieu de la pièce
prébasilaire est renflé, plus lisse que les côtés, et porte un sillon
(1) Tous les détails de notre description sont ceux que l’on peut voir à
l’aide du Microscope binoculaire de Zeiss, sous des grossissements compris
entre 8 et 30 diamètres.
LS —
transversal caractéristique; nous n'avons pas retrouvé ce sillon
chez les autres Cladognathine, sauf chez certains Prismogna-
thus, où sa place est quelquefois répérée par une très petite
dépression ruguleuse (PL. IV, FIG. 0).
Le menton est large; il a la forme d'un trapèze qui s’arti-
culerait, par sa grande base, avec la pièce prébasilaire; il cache
entièrement la lèvre inférieure-à l'exception des palpes labiaux,
dont on distingue facilement les trois articles. Des autres pièces
de la bouche, on n’aperçoit, en dessous, que les pinceaux de
poils jaunâtres qui ornent les lobes des mâchoires (PL. IV,
FIG. 8). Toute la surface du menton est couverte, comme le
dessus de la tête, de points polygonaux peu enfoncés, laissant
entre eux des intervalles lisses.
T'aorax. — Le prosternum est étroit, mais assez fortement
bombé; au milieu, son bord antérieur forme une légère proémi-
nence arrondie qui s’avance en dessous de la pièce prébasilaire;
en se réunissant de chaque côté, les bords internes des cavités
coxales forment, entre les hanches, :
Hanche
une pointe saillante qui s'arrête
au niveau de l'insertion des
La -Epimère
cuisses, #2a1s ne Se replie pas, en
-- Episterne
dessous, comme cela a lieu chez
les Prismognathus et chez les Je ENS
Dorcus : c'est là un caractère im-
TS « F1G. 14.
portant, que nous considérons nd SO RER ee
C1 > Ë 1h e l'insertion des hanches moyennes
Fr spécial 4 Cladophyllus au niveau des épimères (Gross.
122 8 diam.).
Oberthiri CPE: IV, FiG. 8). diam.)
Le mésosternum est moins saillant que le prosternum; 1l
porte en avant un prolongement qui ne dépasse pas le bord
antérieur des hanches moyennes (FIG. 14).
L’abdomen présente cinq segments visibles en dessous (1); 1l
(1) A moins d'indications contraires, les segments de l'abdomen seront
toujours comptés en suivant la ligne médiane du corps.
== 146 —
est couvert d'une fine pubescence grise, couchée, plus dense
sur les côtés.
Pattes. — Les pattes sont grêles, allongées ct très luisantes ;
leur couleur est le brun noir uniforme. Les hanches, complète-
ment enchassées dans leurs cavités cotyloïdes en arrière, sont
faiblement saillantes en avant; au niveau de l'articulation
coxale on distingue un trochanter
Cuisse Hanche À
Pit À triangulaire, étroitement appliqué
contre la cuisse, en dessous
(FIG. 15).
Les cuisses sont allongées, légè-
rement renflées un peu au delà de
Trochanter
FIG. 15. leur milieu; celles de la première
Cavité cotyloïde mésosternale pour .
montrer. l'insértion des hanoïes Paire de pattes” portent, surceleur
DS ma prete face antérieure, une brosse de
poils roussâtres. Les tibias antérieurs sont larges, plans en
dessus et ponctués; 1ls portent de nombreuses dents inégales
le long de leur bord externe, et sont pourvus, à leur extrémité,
de deux fortes épines courbées (FIG. 16). Les tarses sont
allongés; le dernier article, le plus
long de tous, porte deux griffes cour-
bées entre lesquelles on observe, comme
de coutume chez les Lucanides, une
petite plantule ornée de deux soies
A
divergentes à son extrémité.
Aux pattes moyennes les tibias sont
F1G. 16.
arrondis en dessus, plans en dessous,
Jambe antérieure gauche, pour
montrer la dentelure externe
des tibias et les brosses de la
face antérieure des cuisses. lerne; 11s se terminent par une cou-
non dentés le long de leur bord ex-
ronne de pointes courtes, et, en dedans, par deux éperons
mobiles peu courbés. Les tarses sont construits comme ceux des
pattes: antérieures; on y distingue très bien, en dessous, les
petits faisceaux de soies jaunâtres qui ornent tous les articles.
Les jambes postérieures présentent les mêmes caractères que
les jambes moyennes.
— 147 —
Longueur totale, y compris les mandibules... 15 à 18"/"
Par Coimamandes élytres..:.:......1.:... 7aS# a J0 IE
Ponant dut promonnmes 5:20 uno 2e:
POReHeUrR des anlennes.. 2:00 ccerseacee A
Résumé des caractères. -— [es caracteres si particuliers et
si tranchés qui nous ont conduit à faire de Cladophyllus
Oberthiri le type d'un genre nouveau sont, en premier lieu,
la structure des antennes et la forme de la
saillie prosternale. L'allongement des feuillets
de la massue, qui, développés à ce point, ne se
rencontrent chez aucun Cladognathinæ (FIG.
17) m1 chez aucun Dorcinæ, n’a été observé, du
moins à ma connaissance, que chez certains
Æsalinæ (Mztophyllus Parry et Ceratogna-
thus Westwood), mais les Æsalinæ diffèrent
tellement des Cladognathinæ, par leur aspect
général et par l’ensemble de leurs caractères,
que cette ressemblance ne doit être considérée
que comme un phénomène de convergence et )
rien de plus. ACOXE
; : < Antennes de
En TéSUME, Si nous essayons de STrouper les Prismognathus
è , : : angularis Waterh
caractères les plus essentiels du curieux 1n- RE ae
la différence avec
Cladophyltus
Oberthüre.
secte que nous venons de décrire, nous obte-
nons la diagnose suivante
Mandibules de dimensions médiocres, semblables dans les
deux sexes; yeux à peine entamés par le prolongement latéral
des joues; massue antennaire de trois articles allongés, le
dernier bifurqué en deux branches inégales; prosternum très
bombé forinant une pointe saillante entre les deux hanches
antérieures; jambes antérieures pluridentées au côté externe,
Les intermédiaires et Les postérieures 1nermes.
Quatre exemplaires de cette intéressante espèce existent dans
la collection de M. René Oberthür, probablement O' et ©
réunis. L'un d’eux, que nous supposons être un mâle, est plus
148 re
brillant que ses congénères; ses mandibules sont relativement
plus développées et 1l porte, sur le tiers antérieur du pronotum,
de chaque côté de la ligne médiane, deux petites dépressions
arrondies peu marquées.
PATRIE : Ces insectes sont originaires du Vunnan (Cine
méridionale); ils ont été, ainsi que nous l’avons dit, récoltés
en 1895 aux environs de Tsé-kou, c'est-a-dire dans la région
montagneuse où s'ouvrent les hautes vallées du Mékong et du
Salouen. Il serait intéressant de connaître leurs habitudes et
d'avoir quelques données sur leur distribution géographique;
mais tout porte à prévoir qu'ils sont très localisés; s'ils existent
ailleurs que dans la collection de M. René Oberthür, ce que Je
ne crois pas, ils doivent être fort rares, car la disposition
extraordinaire de leurs antennes aurait dû les faire remarquer
au premier coup d'œil.
Je suis heureux de dédier cet Insecte à M. René Oberthür
qui m'a donné toutes les facilités nécessaires pour l’étudier
dans sa merveilleuse collection, si riche en Lucanides de tous
les pays.
C. HOULBERT,
Professeur à l'Université de Rennes.
— 149 —
Notes sur le SPHENOPTERA GOSSYPII Cotes, Buprestidæ
nuisible au Cotonnier au Soudan français.
Par A. ANDRIEU, A. VUILLET,
Sous-Inspecteur d’agriculture ete Préparateur à la Station ento-
coloniale. mologique de Paris.
Voici quelle est la part prise par chacun des auteurs dans
l'étude du Spzenoplera du Cotonnmier. A. Andrieu a observé
sur place la biologie de cette espèce et tout ce qui concerne
ses rapports avec la plante, 1l a récolté des matériaux d'étude.
Ceux-ci ont été déterminés, avec l’aide de spécialistes W), par
À. Vuillet, qui a fait les recherches bibliographiques nécessaires
et a rédigé la description du Vzpi0o Andrieur.
Historique.
Le Sphenoptera Gossypti a été signalé pour la première fois
par E. C. Cotes, en 1801, comme nuisible au Cotonnier dans
le Nagpur. Cotes figure alors l’insecte et en donne, d’après
Kerremans, les principaux caractères en indiquant ses affinités.
L'espèce fut ensuite décrite d’une façon plus complète par
Kerremans (1802) et étudiée assez longuement par Maxwell-
Lefroy (1906) au point de vue économique.
Au Soudan français, l'espèce a été signalée d’abord par
J. Vuillet, en 1004, à la Station agronomique de Koulikoro,
puis par À. Andrieu à Dieli, près San, en 1006.
Enfin il faut rapprocher de ces travaux les observations très
documentées de Harold H. King (1000) sur un Spenoptera
(1) Nous devons la détermination du Sphenoplera Gossypii Cotes à notre
savant collègue Ch. Kerremans qui possède des /ypes de cette espèce.
— 150 —
nuisible au Cotonnier au Soudan égyptien. Il désigne l'espèce
étudiée, d’après C. O. Waterhouse, sous le nom de S. neglecta
Kiug, mais nous sommes très portés à croire qu'il s'agit de
l'espèce observée par Cotes et Maxwell-Lefroy dans l'Inde,
par J. Vuillet et A. Andrieu au Soudan.
Description de l'Insecte,
Le Sphenoptera du Cotonnier mesure environ un centimètre
de longueur et 3 millimètres dans sa plus grande largeur. Il est
d'un brun bronzé assez brillant. La tête
est aussi large que le pronotum (cor-
selet}; ce dernier a les côtés à peu près
paralièles. Les élytres vont en s’amin-
cissant en arrière et le bord postérieur
de chacun présente trois petites pointes.
Le pronotum est garni d’une ponctua-
tion fine, assez dense, visible à l'œil nu,
F16. 1. — Tete et prothorax FR ;
de la larve de Sphenop et les éiytres présentent une ponctua-
tera Gossypii Cotes; vue
dorsale. Koulikoro, coton- tion en lignes également visible à
nier (Andrieu) x 10. - +
l'œil nu.
La larve (FIG. 1), qui atteint 2 centimètres 1/2, est d'un
blanc jaunâtre, apode, applatie, à tégument garni de soies
courtes. La tête est petite, le premier segment après la tête
(prothorax) est le plus large de tous. Il porte sur sa face
supérieure un petit sillon bifurqué en forme d’Y renversé.
Biologie, Dégâts.
Les œufs sont pondus isolément, sur l'écorce, dans le voisi-
nage du collet, au-dessus du niveau du sol, c’est-à-dire, en
général, à la base de la tige ou quelquefois (en novembre, quand
les plantes ont été plus ou moins déchaussées par les tornades)
à la partie supérieure de la racine, en tous cas toujours hors
de terre. Ces œufs, circulaires ou elliptiques, aplatis parallè-
lement à la surface qui les porte, mesurent un millimètre de dia-
— 151 —
mètre environ, 1ls sont de couleur bleu gris, leur tégument
présente des rugosités. On en trouve un
à trois sur un même pied, rarement plus.
La Jeune larve pénètre dans la plante
par le point de contact de l'œuf avec
l'écorce et généralement se dirige vers le
bas pour remonter ensuite. Très souvent
les tissus sont dévorés jusqu'aux extré-
mités des racines. La larve adulte se
trouve plus fréquemment dans la tige,
ainsi que Ja nymphe, mais Jamais à une
grande distance du collet. Quelquefois la
larve monte, dans les plantes vigoureuses,
jusqu’à une vingtaine de centimètres au-
dessus du collet, mais redescend ensuite,
de sorte que, en général, la nymphe se
retrouve près du collet (1).
Tantôt le trajet suivi est longitudinal,
parallèle à l’axe (FIG. 2), et alors la des-
siccation est lente, tantôt les tissus sont
dévorés circulairement, et la plante se
dessèche pius rapidement.
Un même plant peut être attaqué par
plusieurs larves.
Quelle que soit l’époque, on trouve
dans les différents plants des larves de
toutes tailles, depuis quelques millimètres
jusqu'à deux centimètres et den. Si l'on
examine un très grand nombre de plants
on finit par trouver des pupes et l’insecte
parfait, très généralement au centre de
la tige. C’est la larve qui, avant de se
F16. 2. — Tiges de cotonnier
avec galeries de Sphenop-
tera Gossypii retouchées,
dans la moitié inférieure,
par des termites.
Haut-Sénégal-Niger: San (An-
drieu) (grandeur naturelle).
(1) D’après Maxwell-Lefroy, dans l’Inde, le S. Gossypii attaquerait piutôt
les tiges vers l'extrémité.
transformer, creuse une galerie de sortie en ménageant assez
d’écorce pour masquer l'ouverture (FIG. 3). L'imaga n'a qu'à
se frayer un chemin à travers les tissus rongés et à percer
l'écorce. Si, à l'examen extérieur d'un plant, on voit un orifice
de galerie, c’est que l’insecte est déjà sorti.
D'après Cotes, cet insecte attaquerait seule-
ment, dans l'Inde, les variétés indigènes de
Cotonnier, les variétés américaines étant in-
. demnes. Cependant, au Soudan français, les
dégâts commis par le S. Gossypa sont une
des causes principales de l’insuccès des essais
de culture de Cotonnier américain. Dans les
cultures tout paraît bien marcher au début;
mais, peu à peu, un certain nombre de plants
se dessèchent et disparaissent; au moment
de la récolte la proportion d2 Cotonniers
encore debout est très faible. Les plants
desséchés ne forment pas de taches mais sont
F1G. 3. — Tige de co-
tonnier avec galerie lépartis d'une façon quelconque : parfois,
de Sphenoptera Gos- À \
sypii Cotes — Haut- dans un même poquet, un plant est compiè-
Sénégal-Niger : San * . ; A
(Andrieu) (grandeur tement desséché, tandis que l’autre paraît
naturelle).
encore sain. 51 l’on arrache un plant malade
et que l’on enlève l'écorce on voit sous celle-ci les tissus rongés
par la larve du Sphenoptera.
Ennemis naturels.
Maxwell-Lefroy (1906) indique qu'il existe deux parasites
qui, dans l’Inde, pondent leurs œufs dans les larves de Spke-
noplera Gossy pri.
Au Soudan la larve est souvent tuée par les /ermites qui
paraissent attirés par les tissus morts qu’elle laisse derrière
elle en creusant sa galerie.
De plus, on trouve souvent, au lieu et place du Spkenoptera
adulte, la nymphe d'un hyménoptère du groupe des Braconides
HO eT Te
et du genre V240, appartenant à une espèce nouvelle que l’un
de nous (A. Vuillet) décrit plus loin sous le nom de V2p20
(Pseudovipio) Andrieui. I ne semble pas douteux que cet
hyménoptère soit parasite du Sfkenoptera, cependant les rap-
ports de parasitisme n’ont pu encore être précisés. Quoi qu’il en
soit, voici quels sont les caractères de cet auxiliaire probable :
Vipio (Pseudovipio) Andrieui, 7. sp. (FIG. 4). — Rouge tes-
tacé; la région du vertex contenant les ocelles noire ainsi que
les antennes, les pointes des mandi-
bules, le mésosternum et les valves
de la tariere. Les lobes latéraux du
scutellum sont également noirs chez
deux individus qui présentent aussi
une tache noire sous l'écaillette (ces
deux individus proviennent de San
tandis que ja troisième femelle étu-
diée/quineprésente pas ces taches, Le 4 _ pimo Péeudbninio)
: = Ë : A Andrieui VUuILLET. — Haut-
est de Koulikoro). Chez ie mâle, les
Sénégal-Niger : Koulikoro (An-
drieu) (gross. 2 diam.).
deux derniers segments de l’abdo-
men visibles extérieurement sont en grande partie noirs.
Front et vertex à peu près lisses, brillants. Mésoscutum pré-
sentant, sur un fond lisse et brillant, des lignes longitudinales
incomplètes de points assez gros et assez espacés; deux lignes
sur chacun des côtés de la partie centrale, une ligne contre le
bord interne des parapsides. Lobe médian du mésoscutellum
lisse et brillant avec des lignes de points semblables le long
de ses côtés. Métanotum lisse et brillant. Propodeum densément
ponctué et garni de soies assez longues. Les autres segments
de l'abdomen ornés d’une ponctuation plus où moins dense et
rugueuse.
Ailes fortement enfumées. Stigma et parastigma noirs en
grande partie mais tiers proximal du stigma jaune. Une bande
claire traverse d'avant en arrière la première cellule cubitale
et vient se terminer dans l’angle formé par les nervures cubitale
12
et récurrente, en pénétrant légèrement dans les parties adja-
centes de la première cellule discoïdale et de la seconde cubi-
tale.
Longueur du corps : femelle, o “/" 1/2; mâle : 8 "/" 1/2.
Envergure de la femelle : 21 millimètres.
Patrie : Haut-Sénégal-Niger : 2 Q et 1 O' de San et une Q
de Koulikoro (A. Andrieu).
Nymphe et imago dans les galeries creusées par la larve de
Sphenoptera Gossypii Cotes dans les tiges du Cotonnier.
Types dans la collection de la Station entomologique de
Paris
Méthodes de lutte.
À la suite de la campagne de 1007, l’un de nous (Andrieu)
avait proposé de renoncer momentanément au Cotonnier amé-
ricain et de se contenter de substituer au Cotonnier indigène
le Cotonnier du Dahomey qui donne des fibres présentant des
qualités commerciales plus grandes. Mais des essais de Co-
tonnier du Dahomey ont été faits à la Station agronomique
de Koulikoro en 1909, 1910 et 1911; 1ls ont montré que ce
Cotonnier est également attaqué par le Spkenoptera.
Comme le Cotonnier indigène récèle souvent le parasite sans
qu'il soit possible, en général, de le reconnaître au seul aspect
du plant attaqué, il y a lieu d’arracher et brûler tous les
Cotonniers sans distinction de variétés, aussitôt après la récolte.
Par conséquent 1l faut interdire la culture bisannuelle du
Cotonnier.
Quant au Cotonmier américain, il faudrait faire des semis
très serrés en lignes; les lignes seraient assez écartées pour
faciliter la circulation nécessaire aux sarclages et éclaircissages,
mais les poquets seraient très rapprochés, car il faut prévoir
une grande mortalité du fait du parasite. De plus, au lieu de
faire le semis de plusieüirs graines dans un seul trou au centre
du poquet, on ferait cinq trous avec les doigts de la main
D PA EEE
écartés et l'on disposerait une seule graine dans chaque trou;
chaque plant serait suffisamment éloigné des voisins pour n'être
pas gêné dans son développement, tout au moins au début de
la végétation; et les éclurcissages à deux plants par poquet
pourraient n'être faits que plus tard, alors qu'un certain nombre
de plants sont déjà attaqués par la larve. L’arrachage des
plants attaqués serait continué pendant tout le cours de la
végétation, au fur et à mesure de leur dessiccation. Une grande
partie des plants servirait ainsi uniquement de culture prège.
Les Cotonniers restants seraient peut-être en nombre suffisant
pour donner une récolte acceptable.
La récolte terminée, ces Cotonniers seraient également arra-
chés et brülés car, en fin de végétation, ils sont attaqués pär
de jeunes larves dont rien ne décele la présence et qui, conti-
nuant leur évolution en janvier et février, donneraient des
imagos qui pondraient sur les Cotonniers de la campagne
suivante.
Les essais devraient être faits avec de nouvelles graines
importées d'Amérique ou récoltées sur des pieds vigoureux
spécialement réservés. En effet, en fin de saison, presque tous
les plants restants sont attaqués par de Jeunes larves. IT est
même assez fréquent de trouver plusieurs larves dans un même
plant. Ces larves à l’état jeune ne détruisent pas assez de tissu
pour amener la mort du Cotonnier, mais elles produisent une
dessiccation lente du plant qui doit activer la formation des
graines. La migration des réserves nutritives dans la graine ne
se faisant pas normalement, ces graines sont de mauvaise qua-
lité et la vigueur des plants qui en proviendront à la campagne
suivante s’en ressentira. Ces plants seront incapables de résister
à un léger excès de sécheresse ou d'humidité. Ces faits se re-
produisant tous les ans avec une intensité croissante suffisent
à expliquer que les rendements, au lieu d'augmenter d’une année
à l’autre, vont au contraire en diminuant.
AE 156 —
Urilisation des parasites. — Au lieu de brûler entièrement
les débris de Cotonniers atteints 1l y aurait avantage (comme
le conseille Maxwell-Lefroy [1906]) à conserver la région du
collet dans des récipients clos mis en observation. De temps
en temps les couvercles de ces récipients seraient soulevés pour
permettre aux parasites éclos (Vzp20 Andrieui ou autres) de
s'échapper. Quant aux SpAenoptera 11s seraient naturellement
détruits au fur et à mesure.
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ANDRIEU (A.). Le Coton américain au Niger in Annuaire Ass. amic.
Anc. Elèves Ec. Sup. Agr. Colon., pp. 60-64; 1910.
“ LES VIEUX AUTEURS
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) ()
Par Jean SWAMMERDAM.
Mais ce n'est pas nôtre dessein de refuter ici tous les senti-
mens de Harvé en particulier, tant parceque nous l’avons déja
fait suffisamment par des preuves sensibles, qu'a cause de son
merite et de la sincerité qu'il fait paroître dans l'honneur et
le respect qu’il porte à ce fameux Anatomiste fabritins ab aqua
pendente. Nous dirons seulement encore une fois que la #ymphe
nest pas un œuf, mais qu'ell’ est l'animal même, et que tout
le changeñent qui lui arrive vient deceque les humiditez super-
fluës transpirent insensiblement : si bienque ses membres, qui
auparavant étoient foibles et tendres, et fluides comme l’eau
même, deviennent par cette transpiration (laquelle nous avons
aussi remarquée ci devant dans la #ymple d’une abeille) plus
fermes et plus forts, et apres être dégagez de cette humidité,
qui empêchoit leur mouvement, ils se rendent capables de forcer
et de rompre la membrane qui les envoironnoit extérieurement,
et cette ymple s'étant dépoüillée de sa peau, employe l’hu-
midité qui reste à étendre ses ailes, et ses autres membres, de
même que les abeilles et les papillons.
Si bien qu'il en est ici de même de la #ymphe que d'un
homme, qui à cause des humeurs superfluës et saleés qui s'in-
sinuent dans ses jointures, n’a pas la force de remuer ses
membres, et dont le mouvement ne revient qu’apresque l'art ou
la nature ont dissipé ces humeurs. Or nous pouvons mêmes au
cœur de l'hiver par le moiïen d'une chaleur convenable faire
(1x) Voir Znsecta, 14, P. 23.
=VIS8
prendre aux nymphes la forme de l’animal même en faisant
évaporer l'humidité qu’elles renferment.
Enfin comme 1l est tres faux que la matiére du ver se trans-
forme en nymphe, et que cette nymphe prenne ensuite la forme
de reptile, d'animal volant, ou aquatique; aussi n’y at'il rien
de plus vrai que tous les membres d’une mouche, d’un papillon
et ainsi du reste, croissent dans le ver peu à peu de même que
dans les autres creatures, et que cette prétenduë transformation
est absolument fausse et sans fondement. C’est pourquoi nous
pouvons faire voir non seulement dans la nymphe, mais aussi
dans les vers et dans les chenilles, toutes les parties de l’animal
même : et ces membres ne s’engendrent pas tout d’un coup mais
ils croissent fort lentement les uns apres les autres sous la
peau qui les environne; jusques à ce qu’enfin le tout étant venu
a la perfection le ver vienne a se resserrer et ayant ensuite
crevé cette peau, fasse enfler en quelque façon ses membres
par une espéce de contraction, et par l'humidité qui se dilate.
Or ce ver sétant dépoüillé fort vite de la peau dont il étoit
revestu nous fait paroître incontinent tous ses membres. Enfin
l'unique fondement de tous les changemens, qui arrivent aux
insectes, ne consiste pas dans cette prétenduê transformation,
mais seulement dans les bourgeons ou dans les boutons que
poussent ces nouveaux membres en croissant insensiblement
les uns apres les autres. Or pendant que l’insecte souffre ce
changement, on lui donne en flamand le nom de (a) poupée
(popken) a cause qu'ayant renouvellé sa peau il semble avoir
quelque convenance avec un enfant nouveau nai dans la ma-
niere dont cet enfant est envelopé et enmaillotté dans ses
langes. Mais nous nions absolument qu'il ait la moindre res-
semblance avec la face ou la forme extérieure d’une creature
humaine, ainsi que Godart prétend dans plusieurs endroits de
son livre : car la #ymphe nous représente non seulement toutes
(a) Nympha.
les parties de l’animal fort distinctement, mais il est constant
qu'ell’ est l’animal même, et non pas commé mort ou enseveli,
mais veritablement vivant et doüé de sentiment, comme Zzba-
vzus à tres bien remarqué en parlant des #ymphes des vers à
soye. Neantmoins tout le sentiment, que l’on apparçoit ici, ne
consiste que dans le mouvement de la queüe ou du ventre, qui
conserve son agitation à cause que dans la pluspart des
nymphes il n'est point enflé par aucune humidite, et qu'il ne
lui arrive aucun autre changement si ce n’est qu’il se dépouille
de sa peau.
Ceque nous avons dit ci dessus étant posé pour certain,
comme 1l l’est en effet, 1l est indubitable que ceque nous
avons raporté de /Zarvé est faux, aussi bienque quantité d’autres
endroits, que nous pourrions citer de lui; et que le sentiment
commun des pholosophes, touchant la generation accidentelle
des Insectes, (or il est tres vraisemblable que Godart n'a pas
été de cette opinion, mais plûtôt que ceux qui ont mis ses livres
en ordre la lui ont imputée) se détruit entiérement, n'étant
fondé que sur une transformation chimerique, laquelle ne se
trouve point dans la nature, et qui même ne se peut clairement
concevoir par l'explication que Æarvé nous en donne, à cause
qu’il se contredit luimême en divers lieux. Il y à cependant bien
de l'apparence qu’il auroit reconnu la fausseté de ses propo-
sitions; s’il n’avoit pas été imbu de prejugez; et même nous
voulons bien croire (à cause du respect et de la consideration
que nous avons pour lui) que ce n’a pas été veritablement sa
pensée. Mais nous soûtenons qu'il s’est conduit dans cette
occasion, comme l’on fait d'ordinaire dans les choses que l’on
ne peut comprendre, car ne connoissant pas la verité, 1l s'en
va forger quelque chose, qui selon son jugement convienne Île
mieux avec la nature des étres : swivant ce que dit (a) Arsstote
en parlant de la generation des abeilles. Generatio apum
(inquit) ita sé habere videtur, tum rafioné, lum etiam US, que
(a) Arist. Gen. An. lib. 111.
a —
in earum genere evenire visuntur. Non tamcn satis explorata,
quæ eveniant, habemus. Quod si quando satis cognita habe-
buntur, tunc sensui magis erit quam ration credendum. Rationt
etiam adhibenda fides, si que demonstrantur, conveniant cum
iès, que sensu percipiuntur rebus. Voici le sens de ces paroles.
Nous croions (dit il) et par La raison et par les sens, que la
generation des abeilles se fait, ainsi que nous avons dit. Nous
n'avons pourtant pas encore assez bien connu par experience
tout ce qui Leur arrive. Que si on en acquiert jamais une connois-
sance suffhsante, ce sera plutôt en croiant Les sens que La raison:
on peut pourtant aussi s'en raporter à la raison, lorsque ceg'elle
nous démontre est conforme à ce que nous appercevons par
Les sens. Mais l'experience journaliére nous apprend quelles
erreurs grossieres cette methode de chercher la science à pro-
duite dans la suite du temps. Et certes il vaudroit bien mieux
avoüer son ignorance, que d'abuser par de fausses imaginations
une infinité de lecteurs credules, qui ne mettent jamais la main
à l’œuvre pour faire des expériences, à cause qu'ils s'imaginent
que toute la science du monde est contenuë dans les livres, si
ce n'est que nous aimions mieux dire que des gens semblables
meritent doublement cette punition, puisqu'ils négligent volon-
tairement les occasions de rechercher la verité.
Apres avoir vû en quelque façon que le sentiment 7’ Warvé,
au sujet des changemens qui arrivent aux insectes, est appuié
sur un fondement peu stable, et qu'il est plein de ténébres et
d'obscurité, nous allons faire voir ensuite comment le sieur
Godart à sali cette matiére par des erreurs grossieres et par
des faussetez manifestes. Et quoique cet homme pendant
quelques années ait découvert lui seul plus de particularitez
dans les chenilles, que n’ont fait tous les doctes ensemble
durant plusieurs siecles; il est pourtant certain, que non seu-
lement il n’a pas été exempt d'erreur, mais que mêmes il à
commis des fautes si grossieres, qu’il n’est presque pas possible
de les excuser : outre qu’il n’a pas eu la moindre connoissance
de la nature d’une #ymphe. Or comme nous avons resolu de
TOI
proposer quelque part dans nos experiences particulieres quel-
ques unes de ses erreurs les plus considerables, nous en rapor-
terons 1c1 deux des principales par lesquelles nous ferons voir
que toutes ses expériences sont appuiées sur un fondement fort
glissant : nous avertissons neantmoines le lecteur que nôtre
dessein n'est pas de décrier cet Auteur, mais que tout nôtre but
est de proposer la verité toute nuë et dans toute sa force, en
la comparant avec l'erreur : Car il est certain que tant plus
simple, que l’on la propose, tant plus aussi à t'elle de force
pour convaincre puissamment l'erreur.
Premierement le sieur Godart se trompe fort, quand il pose
que les chenilles peuvent changer avant leur temps ordinaire,
et avant qu'elles soient parvenuës à leur juste grandeur : et il
ajoûte encore pour plus grand abus, que ce changement est
tres défectueux, et tout à fait different de celui qui arrive
suivant le cours ordinaire de la nature, voici comment il parle
dans les observations, qu'il à faites sur les changemens admi-
rables des chenilles. Partie prémiere, fueille douze. J'ai remar-
qué encore, d'it il, lorsque Les chenilles viennent à se changer
avant le temps ordinaire, qui leur est marqué par la nature
(c'est à dire avant qu'elles ayent mangé assez longtemps)
gu'apres leur changement, elles ne prennent point leur forme
naturelle, mais qu'elles deviennent laides et chetives, leurs ailes,
qui autrement s'etendent et deviennent colorées dans l'espace
d'une demieheure, sont ici trop courtes, et se resserrent ou Se
retrecissent comme du parchemin que l'on à exposé au feu. Si
bien que l'animal ne pouvant se servir de ses ailes ni chercher
de l'aliment, est par consequent obligé de ramper sur la terre,
et de perir ensuite. Or il continuë encore dans sa vingt huitiéme
experience, dans laquelle nous voyons que c'est cette fausse
opinion, dans laquelle il étoit, qui l’a contraint de donner à la
chenille tous les jours de l'aliment frais; quoiqu’elle commen-
çât déja à souffrir du changement. Voici comment il s'explique.
Quand, dit il, j'étois un jour sans lui donner de la nourriture
elle commençoit incontinent à se changer; et Si je la laissois
or
quelque temps sans aliment, elle se-changeoït en un papillon
de nuit imparfait : C'est pourquoi je lui donnois à manger tant
qu'elle vouloit. Car il faut remarquer que generalement toutes
Les chemlles viennent à se changer d'abord que l'aliment leur
manque : Et encas gw'elles en soient privées avant le temps
ordinaire, qui leur est designé par la nature, elles croissent
ensuite apres leur changement d'une maniere tres foible et tres
imparfaite. C'est pourquoi, pour parvenir à leur perfection, 1l
faut gw'elles mangent jusqu'a ce qu'elles cessent d'elles mêmes,
et qu'elles viennent à se changer. Enfin dans sa huitiéme expe-
rience 1] nous donne par conjecture un exemple d’un papillon
de nuit, qui étoit foible et delicat, à cause que (suivant son
opinion) on lui avoit Ôté sa nourriture de trop bonne heure
et dans sa cinquante et neuviéme Experience de la prémiere
partie et ensuite, dans la /rentiéme de la seconde, il vient
comme à la cause, dont il à tiré ses fausses consequences
disant dans sa vingt et neuvieme experience (la ou 1l nous
represente suivant son imagination un chetif animal, qui n'est
ni chenille, ni papillon de nuit) /a raison pourquoi la chenille
se change avant le temps, c'est à cause que la nourriture lui à
manqué de trop bonne heure. Enfin dans la vingtetneuviéme
et dans la trentiéme experience de la seconde partie (ou il nous
propose encore un animal imparfait et un autre qui à des ailes)
il passe par dessus cette fausse proposition sans en dire un
seul mot, ét s’'imaginant quell’ est claire comme le jour et suf-
fisamment prouvée il la tient pour convaincante et entiêrement
incontestable.
Et le sieur Godart, dans les endroits que nous venons de
citer, nous propose deux animaux, dont l’un, qui est la femelle,
change par un ordre constant de la nature sans avoir jamais
d'ailes; et l’autre, qui est le mâle nous paroît toujours avec
des ailes lors qu'il vient à se changer, comme il arrive aussi
à d’autres sortes d'animaux. Mais il est certain qu'avec toutes
ses faussetez il reverse non seulement le veritable fondement
des changemens naturels et le rend accidentel, mais que même
— 163 —.
il ferme, pour ainsi dire, la porte à ceux, qui n’entendent point
cette matiére, et leur ôte par là le moyen d'en pénétrer la verité.
Or cet Auteur n'a pas evité luy même la punition qu'il à
meritée pour nous avoir proposé des opinions si fausses sans
y avoir pensé serieusement : Car de là il est tombé dans deux
autres erreurs. La premiere est, qu'il à employé imutilement un
grand travail et un long temps à donner de l'aliment aux
chenilles aussi longtemps qu’elles ont voulu manger. La se-
conde est que cela l’a empêché de faire des experiences consi-
derables. Car étant imbu de prejugez, et suivant plûtôt sa
raison trompeuse, que la verité de ses expériences, il s’est rendu
incapable de voir que tout le changement qui arrive aux che-
nilles, dont nous venons de parler, ne consiste qu’en ce qu'il
vient des ailes au mâle, et qu'il devient un animal foible et
delicat, et que le ventre de la femelle devient plus gros.
Il me semble que c’est un’ experience des plus curieuses de
voir qu'entre les papillons de nuit le mâle va prendre son plaisir
dans la fraîcheur de l’air, et se va divertir dans les campagnes
sur la verdure et sur les fleurs, pendant que la femelle à tout
le soin de la maison et des fruits de leur mariage. Et cette
femelle ouvrant ses parties de derriere et les presentant au
mâle, semble par là le convier à faire son devoir. Et lui, comme
un Mari vigoureux s'approche délle pour perpetuer son espéce
par ses embrassemens, tellement que la nature semble nous
dépeindre dans la femelle une mere de famille tres vigilante,
et nous representer dans le mâle un pere de famille tres fort
et genereux. Et comme autrefois on à renvoyé les paresseux
aux fourmis, afin qu'a leur exemple ils devinsent plus diligens
et plus laborieux : de même nous pourrions tres bien proposer
l'exemple de ces insectes aux personnes, qui vivent déréglément
dans le mariage, afin que par la contemplation de ces petits
animaux il püssent reconnoître quel est leur devoir.
Or quoique le sieur Godart ait fait d'asses belles expériences
et qu’il nous les ait décrites asses nettément, nous allons pour-
tant faire voir par les nôtres, comment il s’est trompé faute
— 1064 —
d'attention et comment 1l n’a tiré que de fausses consequences,
et ainsi à changé le principe immuable des insectes en quelque
chose de casuel. Si bien que nous sommes obligez de rebâtir
tout de nouveau le fondement inébranlable, sur lequel sont
appuiez tous les changemens qui arrivent aux insectes. Nous
disons premierement que les chenilles ne peuvent jamais
changer avant le temps ordinaire, qui leur est designé par la
nature, c'est à dire avant qu'elles soient parvenuës à leur juste
grandeur secondement que, quoique les chenilles puissent se
changer, dans le temps qu’elles pourroient encore manger, nous
soutenons cependant, que cela ne contribuë en rien à leur faire
changer de forme : mais nous avoüons neantmoins qu’elles
nous en paroissent ou plus grandes ou plus petites : ceque nous
croyons n'avoir Jamais été remarqué mi par Godart ni par
aucun autre. En troiziéme lieu nous ne prétendons pas qu'il
faille necessairement donner dela nourriture aux chenille
Jusqu'aceque délles mêmes elles cessent de manger : Car
lorsqu'elles sont prêtes à changer, l'aliment leur devient non
seulement inutile, mais incommode et superflu; étant certain
que le sieur Godar! na pas fondé son sentiment sur la nature
même de ces animaux, mais seulement sur ses propres imagi-
nations; et que ne suivant pas ses experiences avec assez d’exac-
titude, 11 s'est non seulement trompé soimême, mais en à fait
tomber une infinité d’autres dans l'erreur.
Enfin pour conciurre, nous disons que, lorsque les chenilles
sont parvenuës à leur juste grandeur sous la peau dont elles
sont revêtües, 1l est non seulement en leur pouvoir de se
changer, mais que même cela dépend comme de leur choix ou
de leur volonté : mais elles ne peuvent pourtant pas retarder
absoläment ce changement; à cause que leurs membres venans
à pousser et s'étendre de plus en plus forcent à la fin la peau
qui les environnoit. Cependant, quoiqu'elles puissent encore
manger quelque temps apres, cela ne leur cause pourtant point
d'autre changement, si ce n’est qu’elles nous paroiïssent ou plus
grandes ou plus petites selon qu’elles ont pris de la nourriture,
— 165 —
ou qu'elles en ont manqué; ainsi que nous avons déjà dit ci
dessus. Or apres ce temps là leurs membres ne croissent plus
du tout; ceque Æarvé à fort bien remarqué dans son livre de
la Generation des animaux. C’est pourquoi ces animaux ayant
atteint leur âge parfait et voulant satisfaire aux conditions du
mariage, ne s'appliquent plus ensuite qu'a perpetuër leur espece,
et quelques uns le font d’une maniére si étrange, qu’ils meritent
en cela l'admiration de tout le monde.
De plus la nature nous découvre si clairement de quelle
maniére ces petits animaux séngendrent, qu’e’Ile nous ouvre par
là le chemin pour penétrer les vrais principes de la generation
des autres animaux, dont la connoissance est demeurée jusques
ic1 ensevelie dans l'obscurité; comme nous ferons voir dans la
suite, si le temps et la commodité nous permettent de continuer
nos expériences.
Or afin d'expliquer nôtre sentiment en deux mots; nous
disons qu’il ne se fait dans toute la nature aucune generation
par accident, mais par propagation et par un accroissement de
parties, ou le hazard n’a pas la moindre part : Cequi étant
ainsi, 1] nous sera tres aisé de comprendre comment un homme
sans bras et sans jambes, pourroit cependant engendrer un
fruit sain. Et l’on peut aussi par là resoudre facilement cette
fameuse question, sçavoir, si pour former un animal parfait,
il est necessaire que la semence vienne de toutes les parties du
corps de celui qui engendre. Qui plus est on peut entendre de
cette mamiére comment Zevs étant encore dans les reins de son
pere, à payé la dîime avant que dêtre nai : Car, dit l’ecriture,
il étoit encore dans Les reins de son pere lorsque Melchisedec
vint audevant d'Abraham. Enfin on pourroit même (suivant
le sentiment d’un tres sçavant homme à qui nous avons fait
part des secrets de nos experiences) déduire de ce principe
l'origine de nôtre corruption naturelle; en concevant que toutes
les creatures ont éte renfermées dans les reins de leurs prémiers
peres. Or parceque ce sont des mysteres, que d'autres gens
s'imaginent dépendre de leur jurisdiction, nous ne nous y arrê-
MO
terons pas davantage; mais nous allons examiner la seconde
erreur de Sieur Godart, et nous découvrirons les autres, quand
nous viendrons à l'examen de quelques unes de ses experiences ;
nôtre dessein n'étant nullement de bâtir sur le fondement
d'autrui.
La seconde Erreur dans laquelle 1l est tombé, se trouve dans
la septante et septiéme experience de la premiére partie de
ses ouvrages. Voici comme il parle. Ceqgu'il y à 2c, dit il,
principalement de remarquable, c'est que l’on trouve Le dos de
l'animal, au mêmes endroits ou avoient été les freds de la
chenille; et que cequi à été le dos de La chenille, forme ensuite
les pieds de l'animal même. Voulant dire apparemment que les
pieds de la chenille deviennent le dos de l’animal, et que les
pieds de cet animal se forment du dos de la même chenille.
Mais enquoi 1l est encore plus blämable, c’est qu'il ajoûte
ensuite. Ce changement, dit 1], se fait en fort peu de temps, et
l'on le peut voir distinctement, d’abord que la chenille s’est
dépotillée de sa peau. Nous aurions, bien occasion ici de traiter
plus à fond du changement de la chenille en une (à #ymphe
dorée, mais nous le laisserons, à cause qu'il nous semble que
nous en avons déja assez dit pour le present, et que nous avons
resolu de parler plus particuliérement dans un traité à part,
ou nous ferons voir, tant par nôtre explication que par nos
figures, où et dequelle maniére les membres de la nymphe ou
du papillon sont situées et disposées dans la chenille dont ils
se forment : comme nous avons fait autrefois en la presence
de Monsieur Magalotti et de Monsieur T'kevenot. Mais pour
montrer la fausseté deceque nous avons cité du sieur Godart,
nous dirons encore que les six pieds de devant de la chenille
ne, se changent Jamais, et qu’il n’y arrive aucun déplacement
perceptible. Et quoique le dit Godart (qui s'imagine être bien
plus pénétrant que Mouset, Harvé et tous les autres, qui ne
jugent que par conjecture) assûre qu’il ait vû le contraire; nous
(a) Crysalis ou Aurelia.
Re O0
soûtenons cependant qu'il se trompe aussi bien que tous les
autres, qui disent l’avoir vû. Et nous croyons que son erreur
vient de deux causes. La première est la vitesse avec laquelle
la chenille se dépoüille de sa peau, apresquoi ses membres
viennent à paroître tout d'un coup, et situez tout d’une autre
maniére que dans le ver, la seconde vient de certaines petites
eminences comme des verües que l’on voit sur le dos de la
chenille, qui se montrent incontinent apres qu'elle à changé de
peau, et qui semblent être des marques des pieds de devant.
Mais J'avoue que de plus subtils et plus clairvoyans que lui
sy pourroient aussibien tromper; à causeque ce changement de
peau est si prompt et si subit, qu'il se fait comme en un instant.
C’est pourquoi aussi Ceuxqui en ont écrit le plus exactement,
et même depuis peu, ne nous en ont fait voir autre chose, si ce
n’est que la peau se creve prémiérement sur la tête et sur le dos.
Comme l’on peut voir dans un sçavant livre de la generation
des insectes, composé par François Redi Medecin du Grand
Duc de Toscane, et imprimé en Italien en lan sixcents soixante
et huit, dans lequel l’Auteur prouve solidement que les insectes
ne s’engendrent point de corruption. C’est ceque nous voulons
bien avoüer à ce sçavant medicin; mais de plus nous pouvons
facilement prouver que ce sont les insectes mêmes qui sont la
cause de la corruption et de la pourriture, dont on dit qu'elles
s’engendrent. Mais nous traiterons de toutes ces choses plus
amplement quand 1l en sera temps.
Cependant, afin que nous puissions comprendre d’ou viennent
ces especes de verües que l’on voit sur le dos de la chenille
(que le sieur Godar! s'imagine être des marques et des traces
de jambes, qui se sont changées) il faut prémierement SÇavoIr,
qu'il y à quantité de chenilles, qui lorsqu'elles viennent à se
changer, se depoüillent d'une membrane fort déliée, qui cou-
vroit les poils dont leur corps étoit auparavant revêtu; et si
ces poils ont été tres fins et tres déliez, 1ls nous paroissent sur
la nymphe dorée comme de la filasse. Mais il faut remarquer,
que ces chenilles, dont nous parlons, ne sont pas effectivement
RMS RE
lt —
revêtuës de poils, mais plûtôt de petites pointes toutes droites,
qui ne ressemblent pas mal à des épines fort déliées, et lors-
qu'elles se changent, elles semblent en quelque façon faire
paroître sur le dos de la #ymphe dorée quelques traces de
jambes qui se seroient changées. Or c'est là la seconde cause
de l'erreur du Sieur Godart. Mais s'il eût été un peu mieux
informé, 1l auroit pû facilement comprendre, d'ou provient
cette soye jaune qu'il dit avoir vûe sur la () »ymphe dorée,
dont il nous fait la description dans la vngtiéme experience
de la premiere partie de son livre.
Or il est non seulement vrai que l’on peut voir changer la
chenille en une #ymphe dorée comme le sieur Godart à tres
bien remarqué, et apres lui Monsieur Francois Redi : mais il
est certain que nos experiences vont s1 loin, qu'en suivant
exactement la nature, nous pouvons faire d’une chenille, une
(©) nymphe dorée et qui plus est, quelque subit et quelque
prompt que soit ce changement, nous nous vantons pourtant
de le faire cesser entierement, et de le rendre s1 lent que nous
voulons. C’est pourquoi nous pouvons encore produire des
nymphes dorées, qui ne sont changées qu'a demi : Comme nous
avons fait en presence de son Altesse serenissime Le grand Duc
de Toscane COSME TROIZIEME, lorsque Ce Prince nous
fit l'honneur et la grace de nous venir voir, et daigna bien
visiter nos travaux et nos occupations.
(À suivre).
Le Gérant,
. F. GUITEL.
(b) CArysalis in Aurelia.
(c) CArysalis ou Aurelia.
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EN É C 1 0
PPT Bu Lt
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Cu Hd Let (f
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CE)
Sommaire du Numéro 19 d'INSECTA
Pages
Entomologie générale :
C. Houlbert. — Description d’un Lucanide asiatique formant un genre
nouveau et une espèce nouvelle de la tribu des Cladognathinæ (Col.). 137
Entomologie économique :
A. Andrieu et À. Vuillet. — Notes sur le Sphenoplera Gossypii Cotes,
Buprestidæ nuisible au Cotonnier du Soudan français... 149
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. SwAM-
UD DIN (021112) DORE D RP Se eee AE ann 157
Échanges et rédaction d'INSECTA
— LE 2
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante :
Monsieur le Directeur d'INSECTA
Station entomologique de la Faculté des Sciences
Rennes (France)
ER —
Pour tout ce qui concerne l'administration et la rédaction
d'INSECTA, adresser la correspondance à M. le protesseur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
DEUXIÈME ANNÉE AOUT 1912 NUMÉRO 20
ne Peu te et. -n MOMEROT AU
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
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ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
——++
Contributions à l’étude des larves des CICINDÉLIDES ®
Par C. HOULBERT.
Professeur à l’Université de Rennes.
Larve de CICINDELA BIRAMOSA Fab.
La larve de Cicindela biramosa Fab. (FIG. 1) que nous de-
vons encore à la générosité de M. le D' Walter Horn est grèle
et allongée. Son corps, courbé en S, dans l'attitude ordinaire
du repos chez les larves des Cicindèles, possède l’ensemble des
caractères que nous connaissons déja. Cependant cette espèce se
distingue de toutes celles que nous avons examinées jusqu'ici
par la forme de son prothorax et la position des ocelles pos-
téricurs.
X
DESCRIPTION DE LA LARVE
Tête. —— Tête triangulaire, fortement sinuée à sa base et
rétrécie vers l'avant (FIG. 2); le dessus est concave, mais les
bords sont peu relevés; elle présente une coloration violette et
bleu foncé, rehaussée par des reflets verts cuivreux surtout sur
les parties saillantes. Sur tout le pourtour, les bords latéraux
(x) Cf: Znsecta, 1912, n° 13, p. 1, et n° 17, p. 80.
IxsECTA, Août 1912.
13
370 PLANCHE IV.
. Stigrmate
Stigmate
Mamelon
du 5° segment
>
ES:
117
w
SN: à \ %
SACS Ah a) Hi ele
PE
EFIG-Cr
Larve de Cricindela biramosa recueillie à Ceylan (7 7incomalee), avril 1880,
par M. le Dr Walter Horn (Gross. 6,5 diam.).
(Coll. de la Station entomologique).
p. mâchoires; p', palpes labiaux; 7%, mandibules; 6, ocelles; m’, mésothorax ;
m' métathorax.
— IJI —
de la tête présentent des échancrures nombreuses; en avant,
ils se terminent, de chaque côté de la région épistomiale, par
une dent large dont la pointe est légèrement déjetée vers le
dehors.
Antenne
Ocelle __ Fe
Ocelle
J = antérieur
. _Prothorax
\ RS en "!
Tête de Cicindela biramosa vue en dessus (Gross. 16 diam.).
P, mâchoires; p’, palpes labiaux; #1, mandibules; #7, mésothorax; #1’, métathorax,
L'épistome qui n’est, comme toujours chez les larves des
Cicindélides, séparé de l’épicrane que par des sutures et des
sillons, est tronqué en avant et orné de deux dents latérales
très courtes; il possède, en arrière, la coloration générale du
— 172 —
dessus de la tête, mais, vers son bord antérieur, il se fonce et
devient presque noir ; on distingue également, dans cette région,
des saillies peu prononcées qui dessinent vaguement un M
d'elzévir (FiG. 3); mais ce caractère est ici beaucoup moins
accentué que chez Z'etracha brasiliensis (voir Insecta, p. 95,
PEAIL Hg: 4).
L'échancrure postérieure de la tête est
rebordée par un bourrelet très fin qui se
continue par une carène de plus en plus
| obtuse en avant du grand ocelle posté-
\
l
rieur. Sur la ligne médiane du disque
FiG. 3. — Epistome dans
une échanerure du bord Céphalique, ce bourrelet présente une faible
antérieur de la tête. :
échancrure en avant de laquelle se trouve
une forte saillie en arc, à concavité tournée vers l'avant.
Tout le dessus de la tête est finement chagriné; on ne dis-
tingue nettement que deux paires de soies courtes et fines sur
le disque.
Ocelles. — Les ocelles, au nombre de quatre de chaque côté,
comme de coutume, sont placés sur des mamelons céphaliques
très proéminents. Les deux plus grands et l’un des petits se
voient facilement en dessus Ici encore, l'orientation des deux
grands ocelles est différente; lorsque le disque de la tête est
horizontal, l’axe visuel de l’ocelle antérieur est sensiblement
vertical et dirigé vers le dessus, mais l’axe du postérieur est,
lui, au contraire horizontal, et dirigé vers l’arrière; nous n’avons
Jamais vu cette orientation aussi accentuée chez aucune larve
de Cicindélide. L'’utilité de cette disposition se comprend
d’ailleurs assez facilement : lorsque la larve est à l'affût, dans
sa galerie, son corps est courbé en forme d'S, et le dessus de
sa tête forme, à l’orifice, une bascule mobile, sensiblement hori-
zontale; nous supposons, en outre que, grâce aux poils rigides
qui couvrent son corps, grâce surtout aux mamelons si curieux
du cinquième segment, la larve peut se mouvoir rapidement
dans sa galerie; l'œil tourné vers l'arrière peut alors explorer
Le
vis mé ne néon dété té ets soma tit)
it À Ci
tous les points de l'horizon et apercevoir, de loin, la proie qui
s'approche. Quoi qu'il en soit, ces ocelles (FIG. 4 et 5) sont
admirablement construits pour les fonctions qu'ils ont à rem-
RKKKK
F1G. 4 — Portion de la tête vue de profil (côté gauche), pour montrer la disposition
des ocelles Oce et 0° (Gross. 70 diam.).
plir; vus de profil, ils apparaissent d’une couleur ambrée et
sont absolument transparents à la lumière; vus de face, 1ls
présentent, au centre,
une pupille noire, ar-
rondie, entourée par
un iris portant une
série de petites fos-
settes radiales. Je ne
suis pas éloigné de
croire que ces fos-
settes sont en rap-
port direct avec l’ac-
commodation, car sul-
vant la turgescence
1 .
Ocelle
antérieur
Ocelle
postérieur
Fire. 5. — Tête, vue en dessus (Gross. 70 diam.).
des tissus, les fossettes s’effacent ou s'approfondissent, de
manière à modifier notablement la courbure du globe ocu-
laire.
— 174 —
LARVE DE CICINDELA BIRAMOSA Fab.
EXPLICATION DE LA PLANCHE V
FIG. 6. — Tête vue en dessous (Gross. 12 diam.).
a — antennes de 4 articles.
m — mandibules croisées, la gauche en dessus.
m — mâchoires montrant les palpes maxillaires de 2 articles.
o — bourrelet de la base des grands ocelles.
o — petits ocelles.
D’ — palpes labiaux.
FIG. 7. — Tête et prothorax vus de profil (Côté droit, 10 diam.).
a — antennes de 4 articles.
m — mandibules droites.
o — grands ocelles.
0° — petits ocelles.
Pr — prothorax vu de profil.
d — renflement sous-céphalique.
s — sligmate prothoracique.
FIG. 8. — Vue générale de la larve, de profil (Gross. 5 diam.).
o — les deux grands ocelles.
d — renflement sous-céphalique. :
p — prothorax.
m — mésothorax.
m — métathorax.
sp — mamelon du 5° segment avec ses crochets.
FIG. 9. — Vue latérale du 5° segment abdominal (Gross. 12 diam.).
s — sligmates.
sp — mamelon du 5° segment avec ses crochets.
FIG. 10. — Mandibule droite, vue en dessus (Gross. 16 diam.).
Larve de CICINDELA BIRAMOSA Fab.
Léiails anatomiques. PT ANDRE
LD X
F1G. 9.— Vue latérale du 5° anneau
abdominal (Gross. 12 diam.).
Fr@. 8. — Larve vue en entier, de profil,
du côté droit (Gross. 5 diam.).
L’une des mandibules isolées |
(Gross. 16 diam.). O TE À
pee / #7.
O LAN -£ | À
- SE m
ï é YA FS _# >
(SI ill Pie es
ù . KS CA
de QE Z
7. — Tête et prothorax, vus de profil,
du côté droit (Gross. 10 diam.).
AR 176 —
Mandibules. — Les mandibules sont moyennement longues,
rousses à leur base, elles deviennent de plus en plus brunes
vers leur pointe; insérées en avant des angles frontaux (qui
sont peu marqués) elles sont arquées en forme de faux, lon-
guement effilées, et armées, au côté interne, d’une dent trian-
gulaire bien développée. Les mandibules sont articulées, de
manière à se mouvoir dans un plan presque perpendiculaire au
disque céphalique; elles se croisent en se fermant et c’est la
pointe de la gauche qui passe en avant. Lorsque la larve est
à l'affût, les mandibules sont très ouvertes, comme les mà-
choires d’un piège, prêtes à saisir la proie qui s'aventure sans
défiance entre les pointes perfdes.
Un peu en avant des mandibules on distingue le dernier
article des palpes labiaux, très légèrement saillant.
Mächoires. — En dessus, l'articulation des mâchoires est
invisible, mais on distingue facilement la pièce basale (pièce
cardinale) allongée, grêle, portant, le long de son bord anté-
rieur une carène ciliée. À cette pièce fait suite un article
triangulaire également cilié portant à son sommet, vers le
dedans, une lame terminale inarticulée et, vers le dehors, un
palpe maxillaire biarticulé (1). Cette pièce moyenne (basipodite),
ainsi que les palpes et la lame inarticulée qui la terminent,
sont comprimés et garnis sur les côtés de longues soies brunes,
rigides.
Antennes. — Les antennes sont d’un roux jaunâtre, grêles,
allongées et formées de quatre articles; les deux premiers
articles sont sensiblement égaux en longueur et ciliés; le troi-
sième article est déjà plus petit et élargi à son extrémité, le
quatrième très petit, brun à son sommet, est orné de trois ou
quatre cils rigides seulement.
(1) C’est là une particularité intéressante qu’il importe de noter, parce
que, en général, les palpes maxillaires des larves des Cicindélides ont trois
articles.
— 177 —
Lèvre inférieure. — La lèvre inférieure, visible en dessous
de la tête a, dans son ensemble, la forme d’un triangle très
surbaissé, garni de cils sur tout son pourtour; le sommet an-
térieur du triangle forme une pointe entre les deux palpes;
à la face inférieure de cette lèvre sont deux petites pièces
basales, séparées l’une de l’autre par une dépression à l’extré-
mité desquelles sont fixés ies palpes labiaux de deux articles.
Un peu en arrière, la lèvre intérieure est protégée par le
menton qui affecte la forme générale d’un trapèze sinué en
avant, le long de son bord antérieur formant la grande base.
Tête vue en dessous. — Vue en dessous, la tête nous montre
le bombement caractéristique des larves des Cicindélides
CPAS IENG Et 7); toute cette partie est lisse, de’ couleur
rousse et assez notablement rembiunie sur les côtés.
Nous disions, dans l’un de nos articles précédents (voir
Insecta, 1912, n° 13, p. O0), que les biologistés n'avaient pas
encore expliqué la raison d'être de cette bizarre conformation;
il est, en effet, im-
possible de distin-
guer quoi que ce soit
d'autre que les rares
sillons qui ornent
cette surface, sur une
larve bien dévelop-
pée, près de se trans-
former en nymphe
et dont la cuticule
Hole
est fortement chiti-
Dessous de la tête pour montrer la disposition des
faisceaux musculaires visibles au travers des tégu- nisée. Nous avons eu
ments transparents (Gross. 15 diam.). F
m muscles servant à faire mouvoir les mandibules. la chance de rencon-
m' muscles des mâchoires. 0, ocelles postérieurs. :
à trer, parmi les docu-
ments qui nous ont été si aimablement communiqués par
M. le D' W. Horn, une larve de Cicindela biramosa, à une
phase où les téguments chitineux, encore peu colorés, offraient
— 178 —
assez de transparence pour laisser voir ce qui existe en dessous.
Or, nous avons nettement distingué que toute la masse interne
du bombement est formée par de larges et puissants faisceaux
musculaires (FIG. 11). Ces faisceaux sont ceux qui sont chargés
de faire mouvoir les mandibules, les mâchoires et les antennes,
toutes pièces qui doivent être, en effet, très mobiles.
Nous en concluons donc que le bombement céphalique, si
caractéristique des larves des Cicindélides, est une disposition
adaptative; il a pour rôle d'abriter les puissants faisceaux
musculaires qui sont chargés de faire mouvoir les mandibules
et les mâchoires et de leur fournir de nombreux points d'in-
sertion.
Thorax. — Des trois segments qui composent le thorax, le
premier seul (fro/horax) est très différencié et fortement chi1-
tinisé; les deux autres (wéso{/horax et métathorax) ne se
distinguent des segments abdominaux qui suivent que parce
qu'ils donnent insertion aux deux paires de pattes postérieures.
Prothorax. — Le pronotum présente une forme tout à fait
caractéristique; 1l a, dans son ensemble, l'aspect d’un losange
transversal, arrondi en avant, tronqué en arrière; sur les côtés,
ses deux angles antérieurs sont très saillants; à partir de là
ses côtés s’arrondissent et il se rétrécit jusqu’à sa base; le pro-
notum présente donc sa plus grande largeur au niveau de ses
angles antérieurs (#).
Le pronotum est coloré en brun sur son disque, mais la
coloration est rehaussée, surtout dans la partie axiale, par de
belles nuances violettes et cuivreuses, semblables à celles que
l’on observe sur la tête; on observe également, dans la région
(1) Il n'est pas inutile de faire remarquer que les organes des larves,
encore assez plastiques, se modifient sensiblement dans leurs formes suivant
qu'on les observe à l’état frais, sortant des liquides conservateurs, ou bien à
l’état desséché. Dans ce dernier cas, ils sont le plus souvent méconnaissables
ou très déformés; les figures données par Bates et Westwood (Trans. Entom.
Soc. London, 1852, pl. VII, fig. 1, 3 et 6) en sont un exemple frappant. Ici,
toutes nos descriptions ont été faites sur des échantillons frais ou conservés
dans l’alcool,
Pen ER
axiale, un sillon peu profond, plus large vers la base et le
divisant en deux moitiés symétriques.
Les angles antérieurs sont blanchâtres et une bande de même
couleur se continue tout autour; ses bords sont ciliés de poils
blancs plus abondants en arrière; sur le disque il porte des
soies nombreuses, disposées symétriquement par rapport au
sillon médian.
Mésothorax. — Le mésonotum est d’un blanc roussâtre; il
a le même aspect que les autres segments
abdominaux et est recouvert, en dessus, par
un large sclérite chitineux, formé de deux
moitiés symétriques et de coloration un peu
plus foncée. Ce sclérite dorsal (mésonotum) Fic. 12.
] < N £ L ésothorax y
est couvert de cils épars (FIG. 12) ; à sa partie RSR
. : (Gross. 8 diam.).
antérieure, sous l’aspect d’un mamelon arrondi
et également cilié, on distingue déja nettement l'écusson
(mésoscutellum).
Métathorax. — Xe métathorax présente les mêmes caractères
que le mésothorax; il est comme lui recouvert de deux sclérites
chitinisés, formant une plaque dorsale protectrice (#1é/anotum).
Abdomen. — Sur les anneaux de l’abdomen, les deux sclé-
rites dorsaux ne sont plus au contact, ils forment toujours deux
plaques séparées: leur coloration est le blanc crème. On dis-
tingue en outre, sur les côtés, de petits mamelons ‘portant
chacun quatre ou cinq soies rigides.
À la partie antéro-latérale de chaque anneau se voient les
stigmates qui sont très petits et punctiformes; le péritrème,
dont la coloration générale est la même que celle des téguments
environnants, est difficile à distinguer.
Le cinquième anneau n’est pas sensiblement plus large que
les autres segments abdominaux, mais il est très saillant en
dessus, bilobé à son sommet et ses deux mamelons sont ornés
de grandes soies flexueuses et de petites épines brunes. De
4890. —
chaque côté, vers le sommet de chaque mamelon, est insérée une
longue épine courbée en S, à pointe tres acérée. Ces épines : ont
elles-mêmes ciliées; elles doivent pouvoir se redresser par le
jeu des masses musculaires qui constituent la partie saillante
des mamelons.
Les segments abdominaux 6, 7 et 8 sont ovoides; le neuvième
porte, à son extrémité, un prolongement anal conique recouvert
de cils spinuleux surtout en dessus.
On voit de même, sur les quatre derniers segments. abdo-
minaux, les petites sailles latérales ornées de tubercules séti-
gères.
Stigmates. — On retrouve ici la disposition habituelle des
stigmates (voir /rsecla, 1912, n° 13, p. 13) qui sont au nombre de
neuf paires. La première paire, qui se distingue de toutes les
autres par ses grandes dimensions, est placée sur le prothorax,
un peu en arrière de l'insertion des pattes antérieures; les autres
paires sont distribuées le long de l'abdomen du premier au
huitième anneau. Les stigmates sont ronds; on ne les distingue
guère que par le très faible liséré brun qui marque le bord
interne du péritrème.
DESSOUS DU CORPS. —— Le dessous du corps est d’un blanc
plus clair que le dessus; une plaque ovale, étroite, chitinisée,
occupe le milieu de chaque segment ; mais, comme de coutume,
la sclérification de ces plaques s'atténue de plus en plus, à
mesure quon se rapproche de l'extrémité postérieure; elles
sont cependant visibles jusque sous le huitième anneau et
portent sur leur disque quelques soies flexueuses.
Pattes. — Les pattes sont d’un blanc roussâtre, un peu
rembrunies, surtout vers l'extrémité; les antérieures sont un peu
plus courtes que celles des deux autres paires; on y distingue
une hanche allongée ne portant que quelques soies flexueuses ;
un trochanter triangulaire articulé obliquement à l'extrémité
FOR —
du fémur; un fémur allongé, égal en longueur aux 2/3 de la
hanche et élargi vers son extrémité libre où il est garni de
grandes épines noires et de cils spinuleux. La jambe, ainsi que
le tarse sont très courts et de couleur sombre: ils sont hérissés
de poils spinuleux très serrés; le dernier est terminé par deux
grandes griffes noires courbées et de longueur inégale.
Possveuriotalé der la larve... fs LOIS
Largeur moyenne de l’abdomen..........….. os
PORTE date RL rise Eee
PoReMEUr di Dronotum.…….….i........,..... 2.
Cicindela biramosa Fab. (FiG. 13) est une espèce qui appar-
tient au même groupe que notre Cic. germanica; ses élytres sont
allongés, parallèles et très légèrement ponctués ; leur bord ex-
terne est d’un blanc jJaunâtre avec deux élargissements en forme
F1G. 13.
Cicindela biramosa Fab. adultes (Gross. 2 diam.).
Collection de M. René Oberthür.
de palettes, d’où la diagnose de Fabricius : Cz2c. o0seure ænæa
elytrorum miargine biramoso albo, justifiant le nom qu'il a
donné à cette espèce (Spec. Insect., t. I, p. 286).
À l’état adulte, C. biramosa n'est pas rare dans l'Asie méri-
dionale, le long des côtes indiennes et birmaniennes, depuis
Ne ——
Bombay jusqu'à Java, ainsi que dans les îles Nicobar et An-
daman. M. le D' Horn l’a recueillie à Trincomalee (île de
Ceylan) où elle vole en bandes au bord de la mer.
Les larves creusent leurs galeries dans le sable des plages,
souvent même dans la zone que les eaux marines envahissent
à chaque marée; il en résulte que celles qui ont ainsi choisi le
domaine le plus humide sont obligées de rester sous l’eau
pendant plusieurs heures par Jour.
C. HOULBERT,
(À suivre).
— 183 —.
Description de deux espèces nouvelles
appartenant au genre NEOLUCANUS (CoL.)
Par C. HOULBERT,
Professeur à l’Université de Rennes.
Bien que l'attention des entomologistes se soit depuis long-
temps portée vers l'étude des Lucanides, nous sommes loin de
connaitre toutes les formes de
cette importante fanuile et les
grandes collections, tant pu- |
bliques que privées, renferment
certainement encore un grand
nombre d'espèces non décrites.
Nous sommes heureux, pour
notre part, d'apporter notre
contribution à la connaissance
de ces curieux Coléoptères et de
donner ici la description de
deux Neolucanus nouveaux ap- 1 /
RÉFIENANT à la collection de Fra. 1. — Neolucanus Sarrauti Houlb.
M. René Oberthür. (Gross. 2 diam.) Coll. René Oberthür.
I. — Neoclucanus Sarrauti, Zzov. sp.
A la demande de M. Vitalis de Salvaza, commis principal
de Trésorerie à Pnom-Penh, qui explore avec tant de succès
depuis longtemps la faune entomologique du Cambodge, nous
dédions cette première espèce à M. Albert Sarraut, Gouverneur
général de l’Indo-Chine française.
— 184 —
Insecte de petite taille, déprimé, complètement glabre en
dessus, en ovale allongé, d'un brun grisâtre uniforme et assez
terne; dessous du corps d’un brun plus clair et plus brillant.
Longueur totale du corps y compris les mandi-
DHles unes us ce sat RS CS RS 20 millim.
Largeur moyenne au milieu des élytres........…. 75 —
Éohgueur de:la téte SR EE es 2,5 —
Épneueur du prothorax er raee Fr 5 —
Éonéueur des ÉlYEreS:.. ARR PE II —
Tête. — La tête est transversale avec le disque légèrement
excavé et déclive dans la direction du bord frontal (FIG. 2);
bordure antérieure de la tête
légèrement mais peu profondé-
ment échancrée, cachant entiè-
rement l'épistome et prolongée,
sur les côtés en deux lames
À sailiantes aplaties (can/hus) qui
Fra. 2. — Téète du Neolucanus Sarrauti s'étendent Jusque sur les yeux
vue en dessus (Gross. 5 diam.).
en les divisant en deux moitiés
à peu près égales; le canthus se termine par un bord arrondi
au niveau du bord postérieur de l'œil. Yeux lisses, la
cornée Jaune roussâtre laisse voir de nombreuses
facettes.
Disque de la tête couvert de points espacés peu
profonds; les in-
ce tervalles entre les
FL oints sont très dé-
FiG. 3. RQ" > 24 ; L. Se is t'très dé
ES k À “a cd licatement réticulés.
Ante RER même k
grossie 20 fois. re Antennes de dix articles (FIG. 3);
le premier (scape) très allongé, fai-
blement courbé, est inséré sous le rebord frontal, un peu au-
dessus de la base des mandibules:; les six articles du funicule
qui suivent sont noirs, brillants, cylindriques; le sixième est
1
— 185 —
déjà un peu élargi latéralement; enfin, les trois derniers,
formant la massue, sont dilatés du côté externe et couverts
d'une pubescence grise très courte et très serrée: le dernier
article de la massue est élargi en forme de hache (FIG. 3);
de grandes soies rigides, mais peu nombreuses, se voient sur
les articles cinq à dix, en plus de la pubescence courte qui
recouvre ceux de la massuc.
Mandibules courtes, tétraédriques, brièvement courbées à
leur extrémité et irrégulièrement dentées au côté interne; leur
surface, en dessus et en dessous, est ponctuée irrégulièrement
comme le disque de la tête.
Pronotum transversal, environ deux fois plus large que long,
finement ponctué et finement ruguleux sur toute sa surface,
rebordé sur les côtés et en arrière; le bord antérieur du pro-
notum présente une légère saillie anguleuse en son milieu; les
angles antérieurs sont obtus et faiblement saillants; les côtés
sont arrondis Jusqu'au niveau des angles postérieurs et reliés
à la base par une échancrure oblique peu profonde.
Elytres ovales subdéprimés, arrondis en arrière et à côtés
presque parallèles, uniformément et très finement chagrinés
avec des points peu apparents
et peu enfoncés. Un écusson
UNS arrondi en arrière,
A. 9 ne 7 = brillant, ponctué
| CRT. seulement vers sa
base (FIG. 4).
Quelques stries Se
; Portion périseutel-
enfoncées et peu laire des élytres
Fia. 5. pour montrer la
/ 2 se OS
Tête de Neolucanus Sarrauti vue en dessous marquées, Se voient forme de l’écus
(Gross. 8 diam.). son.
sur chaque élvtre (Gross. 10 diam.).
à partir du calus huméral; le pourtour des élytres est relevé
en un rebord horizontal qui s'étend sans interruption depuis
l'épaule jusqu’à l’angle apical.
Dessous du corps. — Menton en demi-cercle un peu trans-
versal, couvert de soies jaunâtres sur son disque et le long de
UE —
son bord antérieur (FIG. 5); fortement ponctué et ruguleuse-
ment chagriné.
Palpes maxillaires de quatre articles, lisses, brillants; le
troisième est beaucoup plus court que les autres et le quatrième,
F1G. 6.
Neolucanus Sarrauti
vu en dessous
(grandeur naturelle).
le plus développé de tous, est longuement
ovoide; palpes labiaux de trois articles
brillants. Languette allongée garnie de
longues soies jJaunâtres sur ses côtés et en
avant; sauf la saillie hyoïdale qui est lisse,
le dessous de la tête est ponctué et chagriné
comme le dessus.
Saillie prosternale peu prononcée. Hanches
antérieures transverses, saillantes, à moitié
enfoncées dans les cavités cotyloïdes corres-
pondantes. Mésosternum très large, lisse, cou-
leur de poix, recouvert sur les côtés par les épipleures (FIG. 6).
Épisternes allongés, presque parallèles à la bordure épi-
pleurale (FIG. 7).
Métasternum étroit; les hanches des pattes moyennes et
postérieures sont entièrement enfon-.
cées dans les cavités cotyloïdes et
affleurent les surfaces méso- et méta-
thoraciques.
Abdomen de cinq segments visibles
en dessous, lisses, mais rebordés sur
les côtés et finement ponctués de
points espacés.
Pattes. — Hanches allongées, trans-
Mésosternum et insertion
des hanches moyennes verses; cuisses subcylindriques, un
(Gross. 12 diam.).
peu renflées à leur extrémité, ponc-
tuées et couvertes de poils jaunâtres courts. Un trochanter court,
fortement enchâssé dans la hanche est placé en dessous de la
cuisse; 1l ne prend qu'une faible part à l'articulation (FIG. 7).
Jambes antérieures élargies vers leur extrémité et portant
cinq dents à leur bord externe, fortement chagrinées; leur
— 187 —
bord interne entier, sauf à l'extrémité où existe un assez fort
crochet articulé (FIG. 8) orné, à sa base, d’un faisceau de soies
Jaunâtres.
Pattes moyennes et postérieures simplement carénées, sans
dent sur leur bord externe; seule leur extrémité est lobée et
pourvue en dedans de deux crochets articulés (FIG. 0).
Tarses ayant les quatre premiers articles
égaux, lisses, brillants, pourvus, en dessous,
Patte antérieure droite
pour montrer la dentelure
du bord externe
(Gross. 12 diam.).
IG NEZ
Patte intermédiaire
o GS \ / es
de brosses de poils Jaunâtres très serrés; droite
(Gross. 12 diam.).
le cinquième article est deux fois plus long
que le quatrième; il porte une simple ligne de als très fins
ve :
en dessous, ainsi qu'une plantule bien développée entre ses
griffes terminales.
Résumé des caractères. Par l’ensemble de ses caractères
principaux : cornée oculaire entièrement divisée par le prolon-
gement du canthus frontal ; absence de protubérance aux côtés
de la tête en arrière des yeux et absence d’épines latérales aux
tibias moyens et postérieurs, notre petit Coléoptère cambodgien
appartient donc bien au genre Neolucanus.
Nous pouvons ajouter que c’est probablement jusqu'ici /e
plus petit des Neolucanus connus (FIG. 10), car sa longueur,
Ton —
20 millimètres, est inférieure de 1,5 millimètres à celle de
N. muntjac, décrit par Gestro in : Awnali del Mus. civic. di
Genova (1880, t. XVI, p. 314) 4.
Le petit Lucanide que nous venons de décrire n’est mal-
heureusement représenté que par un seul exemplaire dans la
collection de M. René Oberthür; nous suppo-
sons que le mâle est inconnu, car la surface
granuleuse du menton presque sans pubes-
cence, l’absence de fossette en avant de la
saillie hyoidale et le faible développement
de la carène géniculaire aux fémurs antérieurs,
nous portent à supposer que nous nous trou-
vons en présence d’une femelle. Ici, comme
F1G. 10. — Neolucanus è 2
Sarrauti Houlb. On le sait, dans le genre Veolucanus, le déve-
(Grand. nat.). l ? À
'oppement des mandibules est parfois si peu
différent dans les deux sexes qu'il est très difficile de se
prononcer ; presque toujours ces organes appartiennent au type
le moins différencié, c'est-à-dire au type priodont (2.
Patrie. — Neolucanus Sarrauti a été recueilli aux environs
de Pnom-Penh (Cambodge) par M. Vitalis de Salvaza; il
appartient donc à cette magnifique région sud-asiatique par-
ticulièrement riche en Lucanidæ, et qui semble bien, selon
l'opinion du D' Leuthner (/oc. cit., p. 482), représenter le centre
de dispersion des Odontolabini.
C. HOULBERT.
(À suivre).
(1) « Zongitudo corporis cum mandibulis, 21,5 millimètres. »
(2) Leuthner ne signale la forme télodonte que chez certains mâles de
Neolucanus Championi Parry (Monogr., p. 420).
me 0
“ LES VIEUX AUTEURS ”
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) ()
Par Jean SWAMMERDAM.
Mais afin de ramener le Sieur Godart de ses égaremens nous
dirons prémiérement, que les pieds de la chenille ou du ver
ne changent jamais de situation et ne sont jamais placez sur
le dos : Secondement, que n1 le ver n1 la chenille ne se trans-
forment jamais dans un autre animal, mais que leurs membres
se forment avec le temps, et croissent de la même maniere que
les ailes dans les poussins, ou les pieds dans les petites gre-
noüilles. En troiziéme lieu nous soûtenons que dans toute la
nature il ne se fait aucune transformation de ces petits ani-
maux; mais que le changement, qui leur arrive (à l'occasion
duquel on s’est si grossiérement trompé jusques ici) ne consiste
qu'enceque le ver où la chenille croissent peu à peu sous leur
peau, par une () addition des parties qui poussent et s'étendent
les. unes apres les autres : cequi nous paroît clairement et dis-
tinctement, lorsque ces animaux viennent tout d’un coup à se
depoüiller de la peau dont ils étoient revêtus. Mais il est vrai
pourtant que leurs membres sont si mols et si fluides dans le
commencement, qu'il n'est pas possible d'y remarquer aucun
mouvement, jusqu'a cequ'enfin apres quelque jours de transpi-
ration, l'humidité s'étant dissipée, il deviennent plus forts et
plus fermes, et commencent à se remuër.
Or cela n’est pourtant pas general à tous, car il y à des vers,
qui ne perdent aucunement leur mouvement, et pour le faire
voir, nous allons venir à nôtre troiziéme proposition, à laquelle
nous prions sérieusement le lecteur de prêter toute son atten-
tion, comme étant une chose de tres grande consequence.
(x) Voir Znsecta, 14, P. 23.
(b) Æpigesis.
— 190 —
CHAPIDREZIN
Qui Contient quatre espéces de changemens naturels, sous
lesquelles nous comprenons presque 1ous Les insectes, dont
Le changement dépend d'un même principe.
Après avoir tiré de la nature même des choses la vraye
forme et la constitution naturelle des insectes, et avoir répré-
senté, comme dans une peinture, toutes les diverses faces, que
prennent ces animaux, lorsque leurs membres viennent à pous-
ser et s'étendre subitement. Nous avons encore fait voir mani-
festement, comment cette matiere s'est trouvée obscurcie et
embroüillée par nos propres imaginations et par les traditions
des anciens, et apres avoir nettoyé ces animaux de la saleté et
des ordures dont on les avoit couverts, nous les avons ensuite
rétablis dans leur état naturel, en posant un fondement iné-
branlable de leur generation, àlaquelle nous faisons voir que
le hazard n’a non plus de part, que les loups en ont à la gene-
rations des brebis, ou bien les aigles à la production des
colombes. Nous allons donc traiter ici des quatre especes ou
des quatre dégrez de changemens, qui arrivent aux insectes; et
apres avoir nettoyé et décrassé, pour ainsi dire la face de ces
animaux, nous les rétablirons ensuite dans leur état naturel:
et leur rendrons leur prémier jour et leur prémiere beauté.
Afinque nous puissions reconnoître la bonté et la sagesse
infinie du Createur non seulement dans la generation et dans
l'accroissement des plus petites creatures, mais aussi dans la
maniére dont il les nourrit et les entretient, et dans les chan-
gemens qu'il produit en elles : et qu’ainsi nous considerions
avec admiration et avec respect ses vertus adorables.
au
— I9OI —
De la premiere espece des changemens naturels des insectes,
ou l’on voit la maniére lente et presqu'insensible de l'accrois-
sement de leurs membres.
Comme nous remarquons que tous les insectes proviennent
d'un œuf, qu'un animal de la même espéce à produit (quoique
la pluspart des philosophes soient d’un sentiment contraire)
aussi nous voyons qu'entreux il s’en trouve quelques uns, qui
sortent immédiatement de l'œuf avec tous leurs membres par-
faits; comme sont plusieuz espéces d'araignes et d’autres
insectes. [1 y en d’autres, qui souffrent quelque changement
avant même que d’avoir atteint la perfection requise à toutes
leurs parties; et c'est cequi arrive à la pluspart des vers et
des chenilles. Car, lors qu’elles viennent à se changer en
@ zymphe ou en Ÿ zymphe dorée, elles souffrent encore le
même changement qui arrive à l'animal, lorsqu'il est encore
renfermé dans l’œuf, dont il doit éclorre immediatement ; c’est
à dire, que leurs humiditez superfluës se dissipent par trans-
piration. Comme il leur étoit déja arrivé auparavant dans l’œuf
ou elles étoient renfermées. Tellement qu'entre ces animaux,
les uns sortent de l'œuf avec tous leurs membres complets; et
les autres n’en sortent qu'imparfaits dans leurs membres. Mais
Comme le (a) premier, avant que d’avoir atteint l’âge parfait,
et dêtre propre à la generation, renouvelle sa peau plusieurs
fois, sans pourtant prendre la forme de z#ymphe; de même le
) second se dépouille plusieurs fois de la sienne, jusqu'a ce
qu'enfin venant à quitter la derniére, sous laquelle on lui voit
prendre la forme de nymphe, il parvienne ensuite à un âge
parfait, Et dans cet état n1 le premier ni le second ne changent
) Nympha.
) Chrysalis ou Aurelia.
) C’est celui qui sort de l'œuf avec tous ses membres complets.
) Le second est celui qui sort de l'œuf étant encore imparfait.
— 192 —
plus jamais de peau et ne croissent point davantage : mais ils
semblent aspirer tous deux avec ardeur à la propagation de
leur espéce laquelle ils n'ont pas si tôt accomplie, qu'ils
semblent rendre l'esprit en paix et en repos. De plus on voit
encore dans la nature des animaux, qui apres leur changement
et la propagation de leur espece, ne peuvent pas vivre seule-
ment quatre heures; sibien qu'il semble qu'ils ayent consumé
par là tout le reste de leur force, et que la generation et le prin-
cipe de vie d’un animal, cause la mort et la destruction de
l’autre : ceci ressemblant assez aux poids d’une horloge, dont
l’un ne descend jamais qu'il ne fasse monter l’autre. Mais nous
traiterons de cette matiére plus amplement, quand :l en sera
temps. j
Or afin d'exposer plus particuliérement (autant qu'il est
nécessaire pour le present) les expériences, que nous avons
faites sur les œufs. Nous disons premiérement que nous avons
découvert que tant les insectes, qui sortent de l’œuf tout par-
faits, que ceux qui n’en sortent qu’en forme de vers, sont situez
et disposez dans l'œuf de la même maniére, que les vers et les
chenilles le sont sous la forme de y#p4e, qu'ils ont prise;.
et que n1 dans l'œuf, m1 sous la forme de #ymphe ces animaux
n'ont aupres d’eux aucun aliment. Mais nous ferons voir cela
plus clairement, quand nous exposerons le quatriéme dégré ou
la quatriéme espéce des changemens.
(À suivre).
Addenda et Corrigenda.
Il convient de faire les additions et corrections suivantes au n° 19
d'insecta :
Page 156, 14° ligne, après coloniale, ajouter : 4° année, p. 338.
Page 156, 15° ligne, au lieu de Glenry, lire : Henry.
Le Gérant,
FAGUITRE
dd à dm tnt td OS D LS Sd Éd
Ou 1 = Cé
Sommaire du Numéro 20 d'INSECTA
Entomologie générale :
Pages
C. Houlbert. — Contributions à l'étude des larves des Cicindélides
(Granrela biramasaih ab) AVEC 19 000 ea er eee 169
C. Houlbert. — Description de deux espèces nouvelles appartenant au
senrenMeulucanus Col) M AVERRTOMTENE ere 183
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. SwaM-
RRAUS AMEN T2 2 2). crc cscvect eee Miaurnecsescnenmennas esse cet eee ed ce 189
ANDENDA et) CORRIFENDARS M rence re enee cie eee nee 192
Échanges et rédaction d'INSECTA
a ———_—_—
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante :
Monsieur le Directeur d'INSECTA
Station entomologique de la Faculté des Sciences
Rennes (France)
Pour tout ce qui concerne l'administration et la -rédaction
d'INSECTA, adresser la correspondance à M. le professeur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
DEUXIÈME ANNÉE SEPTEMBRE 1912 NUMÉRO 21
ne ee EL 7 7
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
AISA2
— 193 —
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Description de deux espèces nouvelles
appartenant au genre NEOLUCANUS (Cor.) (Fin) ()
Par C. HOULBERT,
Professeur à l’Université de Rennes.
IT — Neolücanus maximus, zov. sp.
La riche collection de M. René Oberthür nous a encore
fourni un Veolucanus de grande taille dont nous donnons
ci-dessous la description.
Insecte très grand, complètement glabre en dessus, d’une
couleur noire uniforme, assez brillant sur le pronotum et les
élytres, d’un noir mat sur la tête. Elytres et pronotum très
bombés.
DIMENSIONS EN MILLIMÈTRES.
Longueur totale (2). Tête. Mandibules. Pronotum. Elytres.
10 64 8 10,5 13 225
Q 4455 5 2,5 10 27
Ces beaux coléoptères sont originaires de la région thibé-
taine: ils ont été recueillis aux environs de Lou-tse-Kiang par
les chasseurs indigènes et envoyés en Europe en 1901 par le
TE
(x) Voir Znsecta, n° 20, p. 183. |
(2) Par « longueur totale », il faut entendre le corps tout entier y compris
les mandibules.
INSECTA, Septembre 1912.
15
— 194 —
R. P. Genestier. Comme ils constituent probablement les plus
grands Veolucanus connus Jusqu'ici, nous proposons pour eux
le nom de Veolucanus maximus (FIG. 1 et 10). La taille des
individus les mieux développés des espèces Saundersi et
FiG. 1. — Neolucanus maximus Houlb. g (Grandeur naturelle).
Collection René Oberthür.
lama, étudiées par le D' F. Leuthner dans la collection Parry,
ne dépassait pas, en effet, 61 et 63,5 millimètres.
Un certain nombre d'exemplaires de Neolucanus maximus
mâles et femelles existent dans la collection de M. René
Oberthür; nous avons donc pu les étudier en détail et les
comparer à tous les autres Neolucanus décrits (1).
(1) ROON (G. van). — Coleofterorum Catalogus, pars 8 : LUCANIDÆ
W. Junk, Berlin, 1910, p. 15.
ad
— 195 —
DESCRIPTION DU MALE (FIG. 1)
Tête. — Téte transverse, un peu plus large en avant qu’en
arrière, avec son bord frontal échancré en demi-cercle au milieu,
et coupé obliquement en avant des angles antérieurs. Canthus
latéraux triangulaires, formant une pointe saillante en avant
des yeux et se terminant presque en raccord avec la surface
de la cornée en arrière Un développement semblable des
angles céphaliques ne se rencontre, du moins à notre connais-
sance, que chez les mâles télodontes de WMeol. Saundersi Parry,
et quelquefois, mais moins régulièrement, chez Œ lama Ol.
Le dessus de la tête est presque plan, mat et finement chagriné,
mais, au niveau de l’échancrure frontale, sa bordure s'incline
brusquement pour se raccorder avec l’épistome, situé entre les
mandibules. Epistome étroit, transversal, à trois lobes peu
distincts, longuement cilié en avant et séparé du front par une
suture effacée sur les côtés.
Veux assez saillants, entièrement divisés par le canthus
frontal; saillie des joues en carène obtuse.
Mandibules. — Mandibules plus longues que la tête, cha-
grinées dans toute leur étendue, mais toutefois
un peu plus lisses vers la pointe (FIG. 2), légè-
rement et régulièrement courbées en arc à partir
de leur milieu; les mandibules sont, en outre,
comprimées latéralement, carénées en dessus, et
portent deux fortes dents en forme d’aiguillon
de rosier (FIG. 3); la dent
la plus voisine de la base
est la plus forte, la deu-
xième, située un peu après
F1G. 2, — Mandibule droite | |
SENONLEE le milieu est plus courte ee any RE
Cost) = DL T. (Gross. { diam.).
___ et moins acuminée. Vers
la pointe, les mandibules sont élargies en tenailles et munies
de quatre dents inégales. Leuthner signale bien l'existence de
— 190 —
ces dents supérieures (Monogr, p. 409), mais 1l ne semble
pas leur attribuer plus d'importance qu'à celles du bord
interne; leur développement nous paraît cependant indépen-
dant, puisqu'elles peuvent coexister (voir Leuthner, pl. 85,
fig. 13) où disparaître séparément. Les mandibules du Weolu-
canus maximus d, que nous étudions, appartiennent donc bien
F1G. 4.
Neolucanus maximus Houlb. cg, vu de profil (Grand. naturelle).
nettement au type télodonte, mais nous pensons qu'il y aurait
lieu de tenir compte, dans une plus large mesure, de ces dents
supérieures (FIG. 4) et de créer, pour-cette disposition, qui est
peut-être la règle chez les Neolucanus, expression : éprté-
lodonte W),
Antennes. — Antennes grêles, de dix articles, à scape
dk, allongé et flexueux; fu-
M A TAN
Fe. 5. NES nicule courbé et massue
de trois feuillets peu
développés (FIG. 5). Les
articles 1, 2, 3, 4 et 5 du
funicule sont noirs, lisses
Antenne
du côté droit. (Gross. 8 diam.).
et brillants, ornés de
quelques longues soies; les trois articles de la massue, plus
(1) Il va sans dire que, selon le degré de développement des mandibules,
nous pourrions peut-être avoir les formes épifriodontes, épimésodontes et
épiamphiodontes.
côtés; angles antérieurs saillants, obtus:
FU
larges et dilatés latéralement, sont noirs et brillants à leur
racine, mais couverts d'un duvet court, très serré, sur le reste
de leur surface.
Prothorax. — Pronotum légèrement transversal (FIG. 6),
fortement bombé et presque hémisphé-
rique en dessus (FIG. 4), arrondi sur les
angles postérieurs remplacés par une
échancrure en arc de cercle peu étendue
mais bien marquée; le pronotum est très
finement chagriné, mais cependant assez
brillant en dessus : son bord antérieur est
largement échancré; en arrière sa base
est droite ou faiblement siniuée; il est
nettement rebordé sur les côtés et en
Fi1G. 6.
arrière. Ecusson en ogive équilatéral, an
2 trer la forme
HonetESe/toute.sa surface. de points PF 0e one
2 Grand. naturelle).
peu profonds et espacés.
Elyires. — Elytres brillants, fortement bombés, ponctués
de points très fins et espacés; la base antérieure des élytres
est droite, mais les côtés sont relevés en un rebord horizontal
partant de l'épaule et s'étendant jusqu’à l'angle sutural. Une
épine très fine prolonge l'angle apical.
Dessous du corps. — Le dessous du corps est d'un noir un
peu moins foncé que le dessus, principalement aux articula-
tions. En dessous, sur les côtés de la tête, la face inférieure
des joues est grossièrement ponctuée de points peu enfoncés
(FIG. 7); le bombement hyoïdal est lisse, brillant, couleur de
poix, et nettement séparé des régions latérales par une suture
articulaire visible jusqu’à la base du cou; en avant se trouve
une fossette transversale très profonde que nous n'avons re
trouvée chez presque aucun des Weolucanus que nous avons
16
— 108 —
pu examiner (1). Cette fossette existe cependant chez N. pal-
lescens; chez N. castanopterus elle est faiblement indiquée.
Lévre inférieure bilobée; menton trapézoïdal, faiblement
rétréci en avant et arrondi aux angles antérieurs; son disque
est entièrement caché par un revêtement de longs poils roux,
très serrés (FIG. 7).
Palpes maxillaires
de quatre articles,
noirs, lisses, forte-
ment comprimés,
leur dernier article
en ovale très allon-
gé, élargi vers l'ex-
trémité; le deu-
xième article est le
plus court de tous.
Palpes maxillai-
res de trois articles
ressemblant à ceux
des palpes maxil-
RTS 7 laires; la languette
Fic. 7. — Neolucanus maximus g' vu en dessous est allongée, trian-
(CARE DR AUQ gulaire et couverte,
comme le menton, de longues soies Jaunes roussâtres.
Sternuim. — Les épisternes prothaciques sont lisses, sur les
côtés du corps, mais la pièce centrale du prosternum est ornée
de fortes stries transversales en son milieu, surtout en avant.
de l'insertion des hanches antérieures; la saillie médiane inter-
coxale possède une dépression caractéristique (FIG. 7) que Je
, >) LA . .
nai trouvée, aussi nettement constituée, dans aucun autre
(1) Ce genre est représenté par plus de 350 échantillons, appartenant aux
trente-trois espèces actuellement connues, dans la collection de M. René
Oberthür.
ie
Neolucanus \); en arrière de cette dépression existe un tubercule
mousse très brillant; les hanches antérieures sont légèrement
saillantes en dehors des cavités cotyloiïdes, surtout dans la
région de leur insertion avec la cuisse.
Le mésosternum est large, lisse, avec une légère saillie
émoussée entre les hanches moyennes.
Métasternum étroit ; la surface externe des hanches moyennes
et postérieures est de niveau avec les téguments abdominaux.
Abdomen de cinq anneaux bien visibles en dessous, lisses
et très finement ponctués.
; TRS Pattes. Pattes
CRE vÉT \ robustes, surtout
Patte antérieure droite ) )
fi
Se : nées s
de Neolucanus maximus œ CErrse les antérieures Ë
(Gross. 4 diam.). L' 5 FA :
en les cuisses de la première paire
} J ù / /
pe SONTOrLES ACATÉNÉeS EM aAvarbet
PRES li ornées d’une dilatation lamelleuse
À HU PEMRAME arrondie à leur extrémité (FIG. 8); en
avant, on observe la brosse de poils jau-
x LRUERE |
nâtres qui existe chez un grand nombre de Lucanides.
Tibias antérieurs comprimés, en triangle très allongé, sim-
__, plement carénés en dedans,
uRÉ mais ornés, le long de leur
Ra user bord externe et à leur extré-
vaucl le Neo- Nr \ .
Ru. mité de sept à huit dentelures courbées en
He dans) :l dehors (FIG. 8). Tibias intermédiaires et
postérieurs complètement inermes sauf à
leur extrémité libre où se trouvent une
pointe spiniforme et deux éperons mobiles
courbés en dedans (FIG. 9); ces tibias sont
grossièrement ponctués principalement en dessus.
Tarses de cinq articles noirs, brillants, munis de brosses en
(1) Chez les femelles, cette sailiie prosternale est seulement déprimée
(Voir F1G. 711).
= 200 ==
dessous; griffes terminales du cinquième article courbées et
légèrement canaliculées en dessous.
DESCRIPTION DE LA FEMELLE (FIG 10)
La taille de la femelle (32,5 à 53 millimètres) est, en général,
plus faible que celle du mäle; nous signalerons seulement les
différences qui existent entre les deux sexes.
Les mandibules sont courtes, brusquement courbées en de-
dans à partir de leur base et très rugueusement ponctuées en
dessus; leur surface su-
périeure est limitée en
dehors par une carène
coupante, prolongée
jusqu'à la pointe; leur
bord interne porte trois
lobes dentiformes ar-
rondis, dont les deux
antérieurs surtout sont
bien visibles.
Antennes construites
comme chez les mâles,
mais les articles deux
à cinq du funicule sont
plus courts et plus
serrés.
FiG. 10. — Neolucanus maximus Houlb. Q Disque céphalique
(Grand. nat.). Collection de M. René Oberthür. : Q
simplement chagriné
chez les Œ, ponctué et chagriné chez les femelles.
Prothorax et élytres : même aspect que chez les S. En dessous,
le menton n’est pas garni des soies jaunâtres qui le recouvrent
en entier chez les G'; son disque est fortement rugueux et appa-
rait orné de deux fortes saillies obliques, divergentes en
avant (FIG. 11); le bombement hyoïdal est peu développé et,
en avant, la fossette transversale, si caractéristique du mâle,
n'existe pas. La saillie prosternale ne porte pas non plus la
dévression remarquable qu’on observe chez les mäles.
nn. LOL
Les pattes présentent les mêmes caractères dans les deux
sexes, sauf qu'aux cuisses antérieures le prolongement lamelli-
forme de la carène gé-
niculaire est peu pro-
noncé et que les dents
latérales des tibias sont
aussi moins dévelop-
pées.
En résumé, la struc-
ture des mandibules
mise à part, les diffé-
rences sexuelles les plus
apparentes sont celles Fie. 11.
que présentent le men- Téte et poitrine de Neolucanus maximus 9,
ei vues en dessous (Gross. 2 diam.).
ton, la saillie proster-
nale et l’armature externe des tibias antérieurs; tous les autres
caractères sont à peu près les mêmes.
Les deux espèces que nous venons de décrire 1) diffèrent
beaucoup l’une de l’autre sous le rapport de la taille et 1l est
vraiment remarquable que le hasard nous ait amené à étudier
en même temps le plus grand (FIG. 1, /asecta, p. 193) et le plus
petit (FIG. 10, Znsecta, p. 188) des Neolucanus connus.
Patrie. — Au point de vue de la distribution géographique,
N.maximus provient encore des régions sub-tropicales de l'Asie
que l’on peut, semble-t-il, considérer comme le centre de dis-
persion du genre tout entier. Nous ne connaissons rien de ses
mœurs, ni des conditions dans lesquelles il se dévelappe, mais
tout porte à penser que, sous ce rapport, cette belle espèce ne
doit pas différer des autres Lucanides.
Les types des descriptions qui précèdent existent dans la
collection de M. René Oberthür.
C. HOULBERT.
(x) Voir Veolucanus Sarrauti Houlb. Znsecta, n° 20, p. 183.
Faune névroptérique de l'Algérie et de la Tunisie
Par J- LACROIx.
Membre de la Société entomologique de France et de la Sociedad aragonesa
de Ciencias naturales.
Deux espèces nouvelles.
Notre très aimable collègue, M. Daniel Lucas, nous a déjà
fait don de plusieurs Névroptères provenant de nos possessions
du nord africain. Parmi ces Névroptères (1ls ne sont pas encore
tous étudiés) se trouvent deux espèces nouvelles pour la science
que nous publions sans retard.
Nous remercions très sincèrement M. D. Lucas de ses bontés
à notre égard. Lui-même d’ailleurs a déjà publié un certain
nombre de Lépidoptères nouveaux des mêmes régions.
Les deux insectes Névroptères que nous décrivons ici ont été
communiqués au«névroptériste très connu, le À. P. Longinos
Naväs. Cet aimable et éminent entomologiste, qui nous a fait
l'honneur d'une visite en juillet dernier, nous a énormément
facilité notre première tâche en supprimant toutes les diffi-
cultés que nous aurions sans doute péniblement surmontées.
Nous devons déjà tant à ce très bon maître que nous lui expri-
mons publiquement notre profonde reconnaissance en attachant
son nom à une des deux nouveautés que nous publions ici.
a) Chrysopa Lucasina, 59. nov.
Similis Bequuaerti Navas.
Vzridi flava.
Caput face ad genas rubra; palpis apice fuscescentibus;
oculis in sicco nigris; antennis flavidis, 1° articulo crasso, brevi.
Prothorax latior quam longior;
angules anticis oblique truncatis;
marginibus lateralibus fuscatis.
Abdomen immaculatum, uni-
color.
Pedes mediocres, fusco brevi-
ler prlosi.
Ale angustæ (FIG. 1), £ride, FiG. 1.
apice acute; stigmate elongato, CHIEN EU Ste rent
+ 7e . : : : Ailes supérieure et inférieure droites.
viridi flavo; reticulatione imma- (Dassin de l'auteur).
culatæ, venulis gradatisi
Ala anterior cellula procubitali ty pica ovali elongata, apice
paulo ante finem, 1’ intermedie finiente.
Ala posterior angustior, brevior, venulis aliquot basilaribus
fuscis : 1° cubitali et duabus postcubitalibus.
“ J!
Poncuenrdurcorps.2 an. LE CHA
Din de l’aile antérieure... TOR IENS
«% — Hiposténeure. MORE)
Patrie : Xrenda (Oran), 1911. Dans notre collection.
OBSERVATIONS. — Cette espèce a quelque analogie avec la
Chrysopa Bequaerti Naväs; elle en est toutefois bien diffé-
rente. La Bequaerti n'a aucune marque sur la face et le premier
article des antennes est grand : « Caput flavum, facte sine
ulla macula fusca aut rubra...; antennis flavis, primo articulo
grand. AUDE
(1) Re Pi Lonsinos Mavds, S: Je — Notes sur quelques Névroptéres
d'Afrique, 1912,
— 204 —
Les ailes de ces deux espèces présentent également des
différences notables : la cellule procubitale type est beaucoup
moins en ovale allongé dans Bequaerti et l'extrémité de cette
même cellule tombe plus en dedans de la première nervule
intermédiaire (celle partant du secteur radial pour tomber sur la
nervure procubitale). De plus, dans Bequaerti, il y a nervules
5
en gradins ?. Enfin la forme de l'aile inférieure dans cette
dernière espèce l'éloigne totalement de la Zzcasina; dans
Bequaerti, en effet, la marge postérieure est beaucoup plus
largement courbe.
Chrysopa Lucasina diffère d'autre part de vwlgaris Schn.
par sa coloration générale, son prothorax qui est obscurci à la
marge et par l'absence de ligne dorsale jaune sur l'abdomen.
. Sous ce dernier rapport elle présente une analogie avec la
variété viridella de Chrysopa vulgaris récemment décrite par
le R. P. Longinos Naväs. Mais cette dernière a le corps et la
tête verts.
Enfin la coloration générale pourrait faire songer aux deux
variétés della Naväs et congulata Naväs de la CArysopa vul-
garis Schn., mais dans notre espèce africaine 1l n’y a aucune
tache sur l’abdomen.
Nous tenions essentiellement à dédier cette nouvelle espèce
à M. D. Lucas; mais une autre CÆrysopa de cette même région
africaine lui ayant été déjà consacrée sous le nom de Zucast
Naväs, nous avons dû adopter celui de Lucasina.
b) Megalomus Navasi, 52. nov.
Fusco-niger, fulvo pilosus.
Caput oculis fusco rufs, antennis fuscus fulvo pilosis; palpis
fuscis tenubus.
Pedes testacei, pallidi, haud maculati.
Ala anterior (FIG. 2) numbrana fulvo tincta, forti, maculis
lenurbus fusco-pallidis, fere in lineas transversa dispositis
lola marmorata; reticulafione fulva, fusco crebre punctata; area
costali ad basim fortiter amplicta, venulis furcatis aut ramosis;
— 205 —
sligmatle in sensibili; radio 7-sectoribus, ultima ter furcato:
procubito ultra ortum 1 rami sectoris furcato; venula inter-
media intra furcam desinente; cubito inter 2 venulas procubi-
tales 4 ramis. Venulæ gradate in duas series curvas disposite,
exlerna margin subpa-
rallela, retrorsum concava
el ad apicem rami cubiti
spalio hyalino, desinente;
interna relrorsum parum
ad externam accedente,
venulis fuscis fusco-lim- Fic. 2. — Megalomus Navasi Lacroix.
balis in serie interna in PP TPURÉRCRrEAnE
terno auiemn usque DA (Dessin fait par le R. P. Longinos Naväs).
medium et in 4° posteriore.
Ala posterior stigmate rubescente, membrana hyalina, imma-
culata, reticulatione fulva, ad margines leviter obscurata;
venulis gradatis?, externis in arcum positis, anterioribus fus-
cescentibus.
LS TENTE TAGS RES DES
_- delarle anténeure. 7 0
— — postérieure... PS LES
Patrie : Frenda (Oran), 1911. Dans notre collection.
OBSERVATIONS. — Cette belle espèce, qui nous a été donnée
par notre collègue, M. Daniel Lucas, est assez remarquable par
le nombre infini des très petites taches disposées.en séries assez
régulières et recouvrant toute l’aile antérieure. Il faut remarquer
également l’espace clair qui se trouve sur la marge postérieure
(aile antérieure) au côté interne et à la terminaison de la série
externe des nervules en gradins. Enfin nous noterons égale-
ment que dans cette même série externe plusieurs nervules
placées sur la procubitale, la cubitale et les trois derniers
rameaux de celle-ci ne sont pas bordées de brun et se distin-
guent ainsi très nettement des autres.
00 —
Nous nous faisons un devoir de dédier ce très intéressant
insecte à l'éminent névroptériste, le À. P. Longinos Navas, qui
consent toujours à se mettre entièrement à notre disposition
pour nous aider dans l'étude difficile des Névroptères. Nous le
prions de bien vouloir accepter cette dédicace comme un
modeste mais très sincère hommage de notre profonde recon-
naissance.
Niort, Août 1912. J. LACROIX.
— O7 —
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) @
Par Jean SWAMMERDAM.
Deplus les vers et les chenilles, dont nous avons parlé, ayant
pris la forme de zymphe, sont aussi fluides que l’eau même,
et leurs membres étant enflez par une humidité excessive, ne
sont capables d'aucun mouvement ; quoique pourtant ces ani-
maux soient déja douez de vie et de sentiment : et nous
remarquons de même, que les autres, dont nous venons de
parler, ont toutes les mêmes qualitez que ceux-ci; car nous les
trouvons dans leurs œufs aussi fluides que de l’eau, sans y
decouvrir le moindre mouvement : Et la conformité, qui se
trouve entr'eux nous paroitra encore plus grande, si nous con-
siderons que ceux qui ont pris la forme de #ymphe ne sortent
point avant que toute leur humidité ne soit évaporée, et que
leurs membres se soient rendus asses forts, pour forcer la
membrane dont ils étoient envelopez de même aussi que les
autres (soit qu'ils sortent de leurs œufs tout complets, soit
qu'ils en sortent imparfaits) n’éclosent Jamais avant que toute
leur humidité superfluë se soit dissipée par transpiration, et
que leurs membres foibles et tendres soient devenus assez
fermes et assez forts, pour rompre la derniére peau ou ils
étoient renfermez comme dans une écaille.
Apres avoir examiné avec soin ceque nous venons de pro-
poser, comme étant de tres grande consequence : nous Jugeons
que l'œuf, où l'animal est renfermé, comme dans une #ymphe,
sans avoir aucun aliment, et dans laquel il a déja la forme
de l’insecte, qui doit en sortir, peut être nommé en latin,
Nymphanimal oviformis c'est à dire. Un animal sous la forme
(x) Voir Znsecta, 14, P. 23.
— 208 —
d'une #ymphe qui represente la figure d’un œuf. Mais pour
mettre quelque distinction nous donnerons aux autres le nom
de #ympha vermiculus oviformis, c'est à dire, un ver sous la
forme d’une nymphe, qui est de la figure d'un œuf. Or nous
trouvons aussi que cet œuf, ou plutôt cette membrane, dont
l'animal est revêtu, doit plutôt porter le nom de peau, que
d'œuf ou d’écaille à cause que l’insecte est déja tout formé
sous sa peau, au lieu que dans les œufs l'animal, ne commence
qu'à se former. Et c’est ceque nous avons déja touché en
quelque façon, quand nous avons parlé des membranes, dont
les zymphes et les nymphes dorées se dépoüillent.
Or nous allons proposer ici quelques régles et quelques
espéces de changemens, sous lesquelles nous comprendrons tous
ceux, qui arrivent aux insectes, qui nous sont connus. Et nous
considererons prémierement le changement de ces insectes, qui
naissent immédiatement d’un œuf, dont le changement, c’est
à dire, l'accroissement des membres, se fait au dedans du corps
de la mere, et qui se formans de petites parties invisibles mais
pourtant reellement existantes, croissent enfin jusqu’ace qu'avec
le temps 1l en vienne un animal parfait; sans recevoir du dehors
aucun autre changement si ce n’est que leur humidité superflue
se dissipe par transpiration; et que dans un second change-
ment, lors qu'en croissant ils prennent la forme de nymphe
(dans laquelle l’humidité excessive s'évapore aussi) ils se
trouvent environnez d’une enveloppe. Or C’est la prémiere et
la plus simple espéce de tous les changemens, que nous allons
proposer ici; et apres l’avoir exposée clairement, nous passe-
rons ensuite à d’autres qui sont plus obscures et plus difficiles
à comprendre : et même nous rapporterons de certains chan-
gemens dont la maniére paroit tout à fait inconcevable, et qui
sont d’une telle nature, que les termes nous manquans pour les
exprimer, nous sommes obligez de leur donner le nom d'œufs,
lesquels si nous nous contentons de considerer à l'exterieur,
sans les examiner de pres, nous ne pourrons pas y decouvrir
aucunes parties perceptibles.
— 209 —.
Mais pour expliquer nôtre pensée en peu de mots, nous
disons que la prémiere espéce des changemens des insectes ne
consiste qu'en ceque l'animal, qui est renfermé dans l'œuf, sans
aliment, mais avec tous ses membres complets, vient ensuite,
apres la transpiration des humiditez superflües, à sortir de
l'œuf ou, pour mieux dire, de la membrane dont il étoit revétu,
stbien quapres cela il ne lui arrive plus aucun changement
considérable : neantmoins avant que cet animal se soit suff-
samment accrû par Le moïen de l'aliment qgw'il à receu de dehors,
et qu'il soit parvenu à sa juste grandeur : il faut qu'il change
encore quelquefois de peau, comme font Les vers et Les che-
nilles : et lorsqu'il en change pour la derniére fois, ses membres
se changent aussi en quelque façon : mais quand il est dans
sa derniere peau, on Le doit considerer comme une nyinphe; car
apres qu'il sén est dépoiillé, il devient d'abord propre à la
propagation de son espéce, et parvient, pour ainsi dire, à un
âge viril et parfait.
Puis donc qu'il s’en trouve à qui il arrive encore quelque
changemens, après même qu'ils ont quitté leur derniere peau;
il me semble que dans cet état ce n'est pas tant une wywmphe
que l'animal même; c’est pourquoi nous croyons que l’on lui
peut bien donner le nom de Nymp'animal, c'est à dire, #ymphe
et arimal tout ensemble : sans que nous prétendions pourtant
lier personne à ce mot; toutceque nous en faisons, nétant que
pour distinguer mieux les divers états ou se trouvent ces ani-
maux et pour faire concevoir plus distinctement tous les divers
changemens, qui leur arrivent dans la nature : Car c'est veri-
tablement dans cette connoissance que consiste toute l'utilité
que nous pouvons tirer de la considerations des insectes.
De plus, lorsque nous examinons avec soins la nature de ce
changement, nous trouvons qu'il convient non seulement avec
la maniére, dont croissent les membres des animaux, qui ont
du sang, mais qu'il est même assez conforme aux changemens
qui arrivent aux plantes : Cequi se doit entendre aussi des
autres espéces de changemens dont nous parlerons dans Îa
suite.
— 210—
Mais si nous voulons chercher des exemples entre les ani-
maux, qui ont du sang nous n'en pouvons Jamais trouver un
plus propre, que celui des grenoüilles, dans la mamiére dont
leurs membres croissent : car on decouvre aussi dans ces ani-
maux des œufs (qui font proprement ce point noir que l’on y
voit) ou l’animal même est renfermé, de même que les insectes :
et la membrane dont la petite grenoüille est rêvetuëé est de la
même nature que celle des insectes : toute la différence, que
nous remarquons entre ces animaux, consiste enceque lorsque
la grenoüille séngendre elle apporte son aliment avec elle;
mais que l'insecte naît sans avoir dans son œuf aucune nour-
riture.
De plus comme la grenoüille trouve la nourriture prête, in-
continent apres que l'œuf ou la membrane, ou elle étoit ren-
fermée, vient à se crever : de même aussi les œufs ou les
membranes des insectes venans à se rompre ces animaux
trouvent incontinent leur aliment prêt, les uns en étans envi-
ronnez, et les autres se trouvant placez dessus.
Mais pour aller encore plus avant, nous disons que comme
la grenoüille sort de l'œuf sans pieds, il en arrive de même
à une infinité d'insectes : Et la conformité nous paroîtra encore
plus grande, si nous considérons que dans les petits des gre-
noüilles les jambes et les autres membres croissent les uns
sous la peau, et les autres au dehors jusqu'acequenfin ils
viennent à paroître sous la forme de #ymphe : car nous
voyons toute la même chose dans les Insectes, dont les membres
croissent aussi avec le temps les uns au dedans, et les autres
audehors de la peau, jJusqu'acequ'ils viennent à se changer en
veritable 7ymp/e.
Enfin comme la zymphe de la grenoüille apres s'être de-
poiillée, nous fait remarquer tous les membres, que nous
appercevions remuer au travers de la peau, lorsqu'ils y étoient
encore renfermez atteint avec le temps son âge parfait, et
devient propre à la generation et à la propagation de son
espéce : aussi nous voyons que les nymphes des insectes,
= EU =.
venans à se défaire de leur membrane, nous font voir tout de
même, les membres qui étoient cazchez et deviennent ensuite
propres à la propagation aussibien que les grenouilles.
Or nous nous étendrons davantage sur cette matiére, quand
nous parlerons des experiences que nous avons faites sur les
grenotilles et dont nous avons fait les principales en presence
de son Altesse le Grand Duc de Toscane dont lésprit rare et
sublime aime toutes sortes de sciences et favorise ceux qui les
possedent.
Nous allons à present passer à la comparaison des plantes
que nous voyons croître d'une sémence que contient déja
quelques feüilles dans son germe, ou du moins quelque bour-
geons : et c'est de la même maniére que nous voyons les in-
sectes provenir d'une sémence, qui contient ensoi non seulement
toutes les parties de l'animal, mais qui est effectivement l’ani-
mal même, enfermé dans une membrane; et qui parvient insen-
siblement à la grandeur ordinaire de son espéce.
Tellement que comme nous voyons les plantes parvenir à
leur âge parfait et pousser des boutons, ou les fleurs sont ren-
fermées, comme l’insecte dans sa nymphe : de meme nous
remarquons aussi que ces insectes pervienent peu à peu à leur
âge parfait, et bourgeonnent dans la nymphe, dans laquelle
leurs membres sont disposez comme les fleurs dans leurs bou-
tons.
Enfin Comme les fleurs poussans avec le temps hors de
leurs boutons et venans à s'étendre, deviennent, pour ainsi dire,
capables d'engendrer et de produire de la semence : de même
ces petits animaux sortans de leur nymphe comme une fleur de
son bouton, deviennent ensuite propres a la propagation, et
capables de produire de la semence. Et comme cette generation
se fait dans les plantes, par l'union des parties de la sémence
avec la terre et avec le suc et l'humidité qu’elle contient : de
même aussi la generation des insectes se fait par l'union des
parties secondes et invisibles de la sémence du mâle avec la
sémence de la femelle, qui est effectivement visible, vivante
— 212 —
et doüée de sentiment. O7 guand cette semence de la femelle
a receu La semence du mâle elle continue et perfectionne par
la vertu de cette semence, La vie, Le mouvement et Le sentiment
gw'elle avoit déja : et c'est proprement dans la continuation
de ce mouvement, que nous croions que consiste la conception
feconde de cette semence.
Dénombrement des animaux, qui sont compris sous la prémiere
espéce des Changemens Naturels des Insectes, et auxquels
on peut donner en latin Le nom de Nymph'animal.
Apres avoir proposé la premiere et la plus simple espéce
des changemens naturels, dans laquelle nous considerons l’ani-
mal comme une #ymphe, lorsqu'étant sorti de œuf, il vient a
renouveller sa peau pour la derniére fois : nous allons faire
à present le de nombrement des animaux qui sont compris
sous cette même sorte de changemens, et à cette occasion nous
dirons combien de sortes d'insectes nous avons chez nous; et
combien de (à) #ymphes, et de ) # ymphes dorées nous gardons
dans nos boëtes avec quantité d’autres curiositez. Et par ce
moien nous pouvons faire voir sensiblement tout ceque nous
avons déja proposé, et ceque nous proposerons -encore dans la
suite.
Sous la prémiére sorte de changemens nous comprenons
l'araigne, dont nous gardons une espéce qui nous est venuë
du bresil, qui est la plus grosse et la plus dangereuse de toutes.
Et nous remarquerons en passant, que cet animal a les cornes
si grandes et tellement situées au dessous de la poitrine, qu'on
a de la peine à les distinguer de ses pieds : mais lorsque nous
venons à les considerer de pres, nous trouvons qu’elles sont
pourvüës de pinces et despéce d'ongles aussi-bien qu'aucune
(a) Wympha.
(b) CArysalis ou Aurelia.
— 213 —
des autres jambes : cequ'ayant ensuite éprouvé dans les autres
sortes d’araignes, nous avons été obligez de conclurre qu'elles
n'ont point de cornes. Et nous pouvons soûtenir avec raison.
contre le sentiment vulgaire, que les Araignes, que l’on dit
ordinairement n'avoir que huit pieds, en ont effectivement dix.
Mais parceque nous voyons dans quelques Araignes, que leurs
pieds de devant ressemblent aux pinces des scorpions; cela
nous empêche en quelque façon de les mettre tout à fait au
nombre des autres jambes; y ayant de plus dans toutes les
Araignes une tres grande différence entre la figure des pieds
de devant et celles des pieds de derrière.
Pourcequ1 regarde ces parties de l’Araigne que l’on nomme
ordinairement les dents; nous trouvons que ce sont plütôt deux
pinces, deux ongles ou deux aiguillons de deux jambes ou de
deux bras, que non pas des dents. Et parceque ces pinces ont
beaucoup de ressemblance avec l’aiguillon des scorpions, nous
jugeons aussi qu'ils blessent tous deux de la même maniere,
les animaux à qui ils veulent nuire : et toute la différence, qui
se trouve entre l’aiguillon de l’araigne et celui de scorpion,
consiste seulemnt enceque le prémier est situé sous la poîtrine
de l’araigne, et que l’autre est placé a la quetie du scorpion;
outre encore que dans l’Araigne il est double, mais que dans
le scorpion il est simple. Nous trouvons encore que ces membres,
dont nous parlons, sont composez de deux, dont on peut dire
que l’un qui est environné de poil et situé contre la poîtrine,
est la premiere partie du pied, et que l’autre, ou l’aiguillon est
attaché, en est la seconde. Or nous remarquons de plus que c'est
par ces dents pretenduës, ou plûtôt par ces aiguillons que les
Araignes insinüent leur venin, et que c'est avec eux qu'ils
percent les animaux qu’ils attrapent, afin qu'apres leur avoir
donné cette playe mortelle, ils en puissent sucer plus facilement
toute la substance. Et nous trouvons même que dans ces sortes
d'Araignes, qui sont les plus petites, et qui semblent n'être pas
venimeuses, il y a de ces pinces ou de ces aiguillons, qui
semblent leur être donnez pour leur défense; Mais il faut
— 214 —
sçavoir pourtant qu'il y a une tres grande différence entre la
figure des deux pinces ou des deux aiguillons des Araignes
Nous gardons encore une’espéce d’araignes, qui est venuë de
l'Amerique, dont lecorps est gros et les pieds longs et velus :
ses cornes égalent à peine en longueur la moitié des pieds de
devant; ses yeux sont au nombre de huit disposez en deux
rangs distincts; et ses pinces ou ses ongles sont si grandes
qu'elles semblent former en elle la plus grande partie de la
tête aussibienque dans les autres Araignes. Or nous nous
étendrons d'avantage sur toutes ches choses, quand nous vien-
drons à parler des experiences particuliéres, que nous avons
faites.
Nous avons encore deux sortes (a) d'Araignes, qui sautent
comme des puces, et qui attrapent leur proye d’un seul saut :
c'est pourquoy la nature leur a donné huit yeux distincts, et
une vuë tres prompte et tres pénétrante : mais il est plus
difficile de juger de la vuë des Araignes qui font des filets
ou de la toile; parceque quoyque l’on mette les doigts devant
leurs yeux ils semblent pourtant non seulement ne point voir,
mais aussi nous ne pouvons pas remarquer qu’elles en soient
surprises, ni qu'elles en prennent la fuite. Mais au contraire,
lorsqu'il tombe la momdre petite bête dans leurs filets, 1ls les
appercoivent d’abord et sejettent dessus en même temps. Ceque
quelques philosophes ayans remarqué, 1ls ont jugé de là que
les araignes n’ont point d’yeux, et qu'ils n’accourent à leur
proye que par l’ébranlement qu’elles sentent dans les filets de
leur toile. Et cequi les à encore portez à nier absolument cela,
c'est qu'ils n’ont pas pü remarquer avec le microscope que les
yeux des Araignes soient joints et entrelacez ensemble non
plus que ceux des scorpions. Mais quoique ces sortes d’araignes
ne sautent pas sur leur proye comme les (@) autres, et qu’elles
n'y accourent que lorsqu'elle est prise dans leurs filets, cela ne
(a) Aranea pulex où Aranea lupus.
(a) Aranea pulex.
— 215 —.
suffit pourtant pas pour conclurre qu'elles n’ont point d'yeux.
Car 1l est certain que l’on y découvre des yeux, disposez de
même que ceux des (*) Araignes qui sautent. Et l’on ne peut
pas non plus conclurre qu’elles n’ont point d'yeux à cause qu’ils
ne sont point Joints ensemble comme dans les autres insectes :
parcequ'il est indifferent si leurs yeux sont entrelacez ensemble,
ou bien s'ils sont repandus parci parlà sur leur corps, comme
ils le sont en effet. Et l’on peut encore ajoûter que les yeux
des Araignes, qui sont ainsi dispersez, sont bien plus gros que
ceux qui sont joints ensemble : d’ou l'on pourroit inserer avec
raison qu'elles ont la vüe meilleure et plus parfaite que les
autres insectes; excepté cette sorte, que nous avons représentée
dans la Tab. vx. Fig. VI. sur laquelle on peut faire plusieurs
belles remarques : la nature ayant renfermé dans les plus
chetifs animaux des merveilles inexprimables : outreque les
plus petites creatures ont des principes aussi considerables et
aussi perceptibles que les plus grandes Comme nous avons
déja dit ci devant.
Mais pour revenir à ces Araignes qui sautent; nous remar-
quons que lorsqu'elles font un faux bond, la nature leur fournit
un fil auquel elles demeurent penduës, et qui les empêche de
tomber subitement : Mais losq'uelles demeurent long-temps
dans une même place, cemême fil les empêche d’épier et d'as-
saillir commodément leur proye. Or ce fil leur est encore d'un
autre usage; car elles s'en font comme un’espece de-toile dans
laquelle elles se cachent, lorsque la necessité les y oblige, ou
que l’on les veut prendre. Nous gardons encore une sorte de
ces (c) Araignes, qui sautent, dont les pieds de devant ressem-
blent aux pinces des scorpions.
Nous avons encore une (4 Araigne, qui pour bien couver ses
œufs, les porte avec elle comme dans une petite corbeille;
(b) Aranea pulex.
(c) Aranea pulex.
Eee TS
— 216 —
cequ’elle fait avec tous les soins et toute la tendresse imagi-
nable. Et lorsque l’on vient à lui arracher la membrane ou elle
porte ces œufs; elle court incontinent apres en toute diligence,
de même qu’une poule à qui on à ravi ses poussins : et apres
les avoir retrouvez, elle les rattache, et les recolle aussitôt à
son corps. Nous trouvons la description de cette sorte d’Arai-
gnes dans le livre que Æarvé à fait de la generation des
animaux.
Nous gardons encore des espéces de filets de figure ovale,
ou ces sortes d’araignes enfermans leurs œufs, les pendent en-
suite aux poutres et aux soliveaux, comme l’on fait les paniers.
Nous pouvons aussi montrer une espéce (a) d'Araigne à
longues jambes, que le Sieur Goudart (auquel le public est
redevable de plus de quatre cents figures d'insectes) nous a
peinte au naturel dans la quarante et neuviéme expérience du
prémier tome de son livre.
Nous sommes encore fort obligez au Sieur /acob Hoefnagel,
durant sa vie peintre Celebre de l'Empereur Rodolphe, qui
nous à peint au vif trente et cinq sortes d’Araignes, avec encore
plus de trois cent espéces d'insectes, dont les figures, qui ont
été imprimees pas privilége de l’empereur même, ne cedent en
rien à celles de Goudart.
(A suivre).
(a) Aranea longipes.
Le Gérant,
FE. GUITEELE:
Sommaire du Numéro 21 d'INSECTA
Entomologie générale :
Pages
C. Houlbert. — Description de deux espèces nouvelles appartenant au
renremVeu/zcanusa|(Gol) (7772) AVEC ETES Rene en 193
J. Lacroix. — Faune névroptérique de l'Algérie et de la Tunisie;
d'euxaespeces MOUvVELIeS AVEC AMD. dcr eee 202
« Les Vieux auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. Swam-
MErAN (5426) re ran ere crc ennemies de Ms ne TU .. 207
Échanges et rédaction d'INSECTA
de ——
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante :
Monsieur le Directeur d'INSECTA
Station entomologique de la Faculté des Sciences
Rennes (France)
Abonnements :
Hirance ERREUR RE 18° »
ranger on este se ee CS 20! »
Les abonnements payables d'avance comptent à partir du mois de janvier,
mais on peut s'abonner à toute époque de l’année.
Un Numéro d'Insécir... SPRINT 1° 50
Pour tout ce qui concerne l'administration et la rédaction
d'INSECTA, adresser la correspondance à M. le professeur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
JEUXIÈME ANNÉE OCTOBRE 1912 NUMÉRO 22
INSECTA
Revue lTllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
y
OBERTHUR, RENNES
19412
IMPRIMERIE
— 217 —
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Notes sur quelques NÉVROPTÈRES ()
Par le R. P. LoNGIN Navas, S. 1E
IV
Névroptères d'Algérie recueillis par M. le Baron P. Surcouf
La faune névroptérique de l'Algérie étant encore très peu
connue, 1l est utile de noter toutes les espèces de cette région
que l’on peut recueillir. C’est dans ce but que j'énumérerai ici
tous les Névroptères qui m'ont été envoyés par M. le Baron
P. Surcouf, du Muséum de Paris, avec la gracieuse permission
de les incorporer à ma collection, ce que j'apprécie d'autant
plus que, dans cette petite collection algérienne, plusieurs types
précieux se trouvent réunis.
Tous les échantillons signalés ci-après ont été pris par
M. le Baron P. Surcouf, en compagnie de son beau-frère,
M. Cuignet, dans une excursion exécutée l'été passé.
Ils appartiennent aux quatre familles suivantes : Myrmé-
léonides, Chrysopides, Termitides et Ephémérides.
Famille MYRMÉLÉONIDES
1. Myrmecælurus trigrammus Pall. Espèce de toute la
région méditerranéenne.
Ghardaïa, juin 1912.
(1) Voir Znsecta, 1911, P. 2393 1912, p. 33, 68.
IxsecrA, Octobre 1912.
1171
Hi
2. Myrmecælurus Lachlani Nav. var. adusta ro.
Obscurior. Abdomen inferne fusco-nigrum, superne tribus
lineis longitudinalibus fuscis, lateralibus angustis.
Alæ reticulatione plerumque fusca, venis pallido et fusco
striatis, venulis plerisque, furculis marginalibus omnibus vel
multis fuscis.
ons Cor pion to ee ee My
EP A et 25 —
DOS anima rpee IE CTReE 22,50—
Patrie : Laghouat, mai 1912.
L'espèce est nouvelle pour l'Algérie, le type (Hem. Real
Acad. Cienc. Barcelona, vol. X, n° 9 (1912), p. 43, fig. 20)
étant du Maroc.
Je ferai remarquer qu'il y a toute apparence d’un second
secteur du radius aux deux ailes, précédé de trois vénules (il
y en a quatre à l'aile antérieure de l'échantillon type qui a
servi pour la figure, mais trois également chez d’autres dans
ma collection).
3. Creagris plumbeus Oliv. Espèce à aire géographique
assez étendue et assez variable pour la coloration des ailes.
Rocher Blanc (Le Corso), mai-juin 1912. Un échantillon.
4. Creagris Surcoufi 52. zov. (FIG. 1).
Similis gracilz Klug.
Caput (FIG. 1) flavidum; ultimo articulo
palporum Jabialium crasso, brevi, fusco;
oculis fuscis; antennis fuscis, flavido an-
guste annulatis; vertice duplici linea trans-
versa serrata fusca.
Fi6. 1. :
+ Prothorax (FIG. 1) longior quam latior,
Creagris Surcoufi Nav. , À k = ; : .
Tête et prothorax flavidus, linea media longitudinali, antice
(col. m.).
divisa, lateralibus et marginali ad sulcum
anticum obsoletis, fuscis. Mesonotum fuscum, flavido striatum.
Metanotum fuscum. Pectus fuscum, albido pilosum.
a
Abdomen fusco-plumbeum, albido breviter pilosum.
Pedes albido pilosi, fusco setosi; femoribus subtotis fuscis ;
tibuis pallidis, fusco punctatis; calcaribus testaceis, modice
arcuatis, tres primos tarsorum articulos æquantibus; tarsis
fuscis; unguibus testaceis.
Alæ hyalinæ, apice subacutæ; margine externo vix concavo
sub apicem; stigmate albo; area apicali serie venularum gra-
datarum instructa.
Ala anterior stigmate interne fusco limitato; costa alba,
subcosta maxima parte alba, ad plures venulas costales fusca ;
area radiali 5-6 venulis internis; sectore ultra furcam procubiti
orto, 7-8 ramis. Aliquot venulæ discales ad earum insertionem
anguste fusco limbatæ, latius tres radiales externæ. Striola
obliqua anteapicalis et ad anastomosim angustissima, antea-
picalis ad stigma latior.
Ala posterior angustior, breviorque, reticulatione simihi, sed
nullis venulis limbatis; stigmate haud fusco limitato, puncto
stigmatico insensibili.
Patrie : Laghouat, mai 1912 (Col. m.).
5. Macronemurus appendiculatus Latr. -— De la région mé-
diterranéenne.
Rocher Blanc (Le Corso), mai-juin 1912. Trois échantillons.
6. Nophis Teillardi Nav. Mer. Real Acad. Cienc. Barcelona,
VOA OI(OI2), p. 50.
Ghardaïa, juin 1912. Nouveau pour l'Algérie; on ne le
connaissait que de l'Egypte.
7. Formicaleo Cuigneti 52. 07.
Caput flavidum; articulo ultimo palporum labialium fusi-
formi, acuminato, externe puncto fusco notato; antennis tho-
PMR OS Ne,
(1) Le bout de l’abdomen manque.
race longioribus, fuscis, fulvo anguste annulatis, primo articulo
flavido, clava forti, superne ferruginea, inferne testacea ; vertice
fulvo, fusco punctato, punctis in series transversas dispositis.
Thorax fulvus, fusco lineatus. Prothorax transversus, linea
media longitudinali lata in duas divisa, marginali angusta,
intercalari angustissima, subevanida, fuscis.
Abdomen fuscum, aliquot segmentis superne macula lateral:
irregulari elongata ferruginea.
Pedes albo pilosi, fusco setosi; femoribus subtotis fuscis;
tibuis pallidis, fusco punctatis, apice fusco; calcaribus testaceis,
leviter arcuatis, anterioribus quator primos, posterioribus tres
articulos tarsorum superantibus; tarsis pallidis, fusco annu-
latis, articulo 1° mediocri, tribus sequentibus brevibus, 5° longo,
præcedentibus subæquali; unguibus testaceis, arcuatis.
Alæ apice subacutæ, margine externo ad apicem leviter
excavato, reticulatione albido et fusco varia; stigmate albido:;
venula radiali; ante stigma, in utraque ala manifeste fusco
Himbata; area apicali serie venularum gradatarum instructa.
Ala anterior stigmate interne late fusco limitato, stria obli-
qua anteapicali et ad anastomosim fuscis manifestis; venulis
gradatis in area apicali, radialibus extra stigma et axillis fur-
cularum marginalium fusco limbatis; area radiali 7 venulis
internis; sectore radii 8 ramis.
Ala posterior 1 venula interna albida, sectore 7 ramis.
Log cop RE er ar iAnese par br
—. al ANR RS er 19 —
= :— post LENS tds
— ANTENNES. LE 6 —
Patrie : Librerempt, 1° juin 1912 (Col. m.).
L'aspect extérieur et la taille lui donnent beaucoup de
ressemblance avec le Melees nemansiensis Borkh., mais les
éperons ie placent dans le genre Formicaleo Leach; quant à
la longueur des antennes, elle lui est particulière.
— 221 —
Je l'ai appelé Cxigneti en l'honneur de M. Cuignet, compa-
gnon de M. Surcouf dans l’excursion en Algérie.
8. Neusmia zov. gen.
Similis ele: Nav.
Antennæ thoraci longitudine subæquales, clava manifesta.
Prothorax transversus.
Abdomen alis brevius.
Pedes mediocres, calcaribus duos primos tarsorum articulos
longitudine subæquantibus ; tarsis 1° articulo brevi, sequentibus
tribus brevioribus, 5° longiore, tres præcedentes æquante aut
superante.
Alæ area costali venulis simplicibus, radiali pluribus venulis
internis in ala anteriore, una in posteriore; area apicali serie
venularum ‘gradatarum instructa, saltem in anteriore. Sector
radu ultra furcam cubiti ortus in ala anteriore, intra in pos-
teriore.
Cetera ut in Welee Nav.
Par la structure des ailes ce genre appar-
tient à la tribu des Newroleim: Nav. La
même structure et la longueur des éperons
le rapprochent du genre Melees Nav.; mais
la brièveté du prothorax, de l’abdomen, du
premier article des tarses, etc. l’en séparent.
Le type est l'espèce suivante.
9. Neusmia pura 52. x0v. (FIG. 2).
Caput cum palpis flavum; fronte inter et
ante antennas fusca; vertice stria arcuata
fusca in y (FIG. 2); oculis fuscis; antennis Fia. 2.
: 5 . Neusmia pura Nav.
fuscis, fulvo annulatis, clava forti, ferru- Tête et thorax
: . 5 (Col. m.).
ginea, inferne flavida.
Thorax (FIG. 2) flavus, fusco varius. Prothorax transversus,
pilis lateralibus flavis, linea media longitudinali lata integra,
alia laterali angusta, ad sulcum antice obsoleta, fuscis. Meso- et
metanotum fusco trifasciata. Pleuræ fascia longitudinal: fusca.
— 222 —
Abdomen fuscum, griseo pilosum.
Pedes flavi, fusco setosi; femoribus anterioribus superne,
tibuis posterioribus inferne fusco longitudinaliter lineatis.
Alæ immaculatæ, hyalinæ; stigmate flavo; reticulatione
flava, laxa; pilis fimbrisque flavidis.
Ala anterior 6-7 venulis radialibus internis; sectore 6 ramis;
linea plicata leviter indicata.
Ala posterior sectore 6 ramis.
On ep Sn tee Ce de au
ES ARE SE PE A Le 20,5 —
A ne 24 1 2.0 ©) PAPE SP PAT Le ss TO
Patrie : Laghouat, mai 1912 (Col. m.).
10. Ganussa £er. nov.
+
Similis Veuroleoni Nav.
Antennæ thorace breviores.
Prothorax longior quam latior.
Abdomen alis longius (saltem in Q).
Pedes graciles, longiusculi; calcaribus primo tarsorum arti-
culo longioribus, posterioribus 1llo brevioribus: 5° tarsorum
articulo multo 1° longiore, intermediis brevibus.
ÂAlæ angustæ; margine externo convexo; area costali venulis
simplicibus, apicali nullis venulis gradatis, radiali pluribus
venulis ante sectorem in ala anteriore, una in posteriore.
Le type est l'espèce suivante.
11. Ganussa leptalea 52. zov. (FIG. 3).
Fulva, fusco varia.
Caput pallidum, fronte stria obliqua fusca ante antennas;
vertice punctis fuscis in lineas transversas positis; antennis
fuscis, pallido annulatis, primis articulis et parte inferiore
clavæ fulvis; oculis fuscis.
Prothorax longior quam latior, fascia media longitudinali
antice divisa et marginali fuscis. Meso- et metanotum fusco
trilineata. Pleuræ fusco longitudinaliter bilineatæ.
— 223 —
Abdomen tenue, inferne subtotum fuscum, superne fulvum,
linea dorsali et laterali fuscis.
Pedes fulvi, fusco punctati et setosi; calcaribus testaceis,
subrectis; tarsis pallidis, articulis apice fuscis; unguibus tes-
taceis.
Alæ elongatæ, angustæ, pone stigma in quinto apicali am-
pliatæ,; membrana hyalina, iridea ; reticulatione albido et fusco
varla; vena procubi-
tali subtota albida,
solum ad furculam
marginalem divisa;
stigmate albido. Fig. 3. — Ganussa leptalea Nav.
j ee Aiïle antérieure 3} (Col. m.).
Ala anterior (FIG. 3)
7 venulis radialibus internis; 5-6 sectoris ramis; stigmate in-
terne fusco limitato; aliquot venulis radialhibus in tertio exte-
riore et axillis furcularum anguste fusco limbatis; stria ad
anastomosim vix, anteapicali manifeste fuscata.
Ala posterior nullis venulis limbatis; sectore radii $ ramis.
PONT OEM neo suees Fe ME
ADO OM ne tn Memo ne 18,5 —
LS: PISE Ne RE RES 17 —
ne POST: ed sncc ess eieessee 16 —
Patrie : Ghardaïa, juin 1912 (Col. m.).
L'aspect extérieur lui donne quelque ressemblance avec un
Macronemurus, mais la forme des pattes ne me permet cepen-
dant pas d'inclure cette espèce dans ce genre.
12. Delfimeus ges. nov.
Similis Gyrnoleont Banks.
Antennæ robustæ, thorace breviores, insertione haud conti-
guæ, a basi in clavam sensim dilatatæ.
Prothorax transversus.
Abdomen alis multo brevius.
— 224 —
Pedes mediocres vel breves; tibuis nullis calcaribus ; tarsis 1°
articulo longitudine æquali 5° vel longiore.
Alæ margine externo convexo, haud excavato; posterior an-
teriore brevior.
Ala anterior area apicali venulis gradatis instructa; area
radiali pluribus venulis internis; ramo obliquo cubiti parum
divergente, seu angulo cubiti parum aperto.
Ala posterior una venula radiali interna seu ante sectorem.
Par l'absence d'éperons et par la réticulation des ailes, ce
genre appartient à la tribu des Gymnnoleim Nav. Il diffère du
genre Gymnocnemia Schn. par la brièveté des pattes et de
l'aile postérieure, du genre Gymnoleon Banks, par la forme des
antennes, par la largeur du prothorax, par la brièveté de l'aile
postérieure et par la convexité de la marge externe des deux
ailes.
Le type est l'espèce suivante.
13. Delfimeus scriptus 59. 07.
Fuscus.
Caput facie flava; fronte inter et ante antennas fusca; clypeo
ad medium nota fusca, cum macula frontali connexa; labro
antice rotundato, tribus maculis fuscis; palpis pallidis, fusco
annulatis, labialibus articulo ultimo fusiformi, subtoto fusco;
antennis fuscis, fulvo anguste annulatis, apicem versus palli-
dioribus seu ferrugineis; vertice fusco, linea transversa laterali
fulva; oculis fuscis, grandibus, globosis.
Prothorax transversus, subduplo latior quam longior; mar-
gine anteriore late rotundato; flavidus, fascia centrali longitu-
dinali lata, ante marginem posticum subobsoleta, aliis duabus
lateralibus angustis, fuscis; pilis albidis. Meso- et metanotum
fusca, flavido striata. Pectus fusco-cinereum.
Abdomen fusco-cinereum, sublæve.
Pedes albido pilosi; femoribus fortibus, fuscis; tibiis cylin-
— 225 —
dricis, albidis, basi, medio et apice fuscis; tarsis fuscis, 1° arti-
culo, apice excepto, albido.
Alæ longæ, subacutæ; ramis sectoris 5-6.
Ala anterior reticulatione fusca, albido interrupta ; stigmate
flavido, interne late fusco limitato. Aliquot venulæ (gradatæ
in area apicali, 2-3 externæ in area radiali) et axillæ furcu-
larum marginalium fusco limbatæ. Tres striæ fuscæ : 1° longior
longitudinalis interna præter cubitum ad ortum rami obliqui
utrimque; 2° obliqua externa ad venulas gradatas; 3° posterior
arcuata supra anastomosim rami obliqui cubiti.
Ala posterior pallidior; stigmate insensibil, haud fusco
himitato; reticulatione albida, fusco interrupta; nullis venulis
vel paucis vix fusco limbatis.
LINGE RARE RES VER AV)
25 EL SIN Re 16 —
DOS esse ccemacsce eee LS
DOTE 2 ee era pe vous 9 —
Pate -lulrempt, 21° Juin: 1012 {Col. m.).
Famille CHRYSOPIDES
14. Chrysopa formosa Brau. Commune aussi en Europe.
Rocher Blanc (Le Corso), mai-Juin 1912.
15. Chrysopa deserta 59. 0ov.
Viridis. Similis prasiiæe Burm.
Caput puncto inter antennas, stria crassa ad genas, alia an-
gusta ad clypei latera, nigris; palpis nigro annulatis; oculis
in sicco lividis: antennis ala anteriore brevioribus, viridibus,
apicem versus fuscescentibus.
Prothorax transversus, angulis anticis oblique truncatis,
marginibus lateralibus haud punctatis. Mesonotum puncto nigro
ad sulcum obliquum.
— 990 —
Abdomen viride, superne ad latera punctis fuscis fere obso-
letis (1?
Pedes virides, fusco pilosi; tarsis vix pallidioribus.
Alæ grandes, oblongæ, apice subacutæ; reticulatione subtota
viridi; stigmate fimbrusque viridescentibus ; pilis fuscis; puncto
fusco ad costæ originem.
Ala anterior venulis costalibus et plerisque radialhibus, in-
termedns et postcubitalibus initio et fine, extremis radialibus
et cubitalibus, ramis sectoris initio; primis procubitalhibus et
tribus cubitalibus totis nigris; gradatis 6/8 ambigue nigris et
viridibus.
Ala posterior venulis costalibus et 2 primis cubitahibus et
postcubitalhibus totis, primis radialibus initio nigris, gradatis
6/8 viridibus.
Edng: corp: ASE PRES De
=" al AM AR 15,5 —
— 11) NPOSL: SNS Tee ee M
Patrie : Région d’El Goleah, J. Surcouf, 1906. Le type dans
ma collection.
Les ailes sont semblables à celles de la CÆrysopa prasina
Burm. var. adspersa \Westm., moins noircies, le prothorax,
l'abdomen, etc., sont très différents.
16. Chrysopa flavifrons Brau.
Rocher blanc (Le Corso). Un échantillon, que je ne puis dis-
tinguer essentiellement de ceux d'Europe.
17. Chrysopa fiavifrons Brau. var. riparia Ed. Pict.
Rocher Blanc (Le Corso). Deux échantillons dont l'étude
m'a confirmé dans l'opinion que j'avais déjà exprimée, à savoir
(1) Le mauvais état de conservation de l’abdomen ne permet pas d'apprécier
convenablement les couleurs.
—— 227 —.
que la CArysopa riparia Ed. Pict. doit rentrer dans le rang
des variétés de la #awifrons Brau. espèce très polymorphe.
18. Chrysopa selenia 52. #07.
Similis flavifront: Brau.
Caput flavum, linea semilunari rubra in facie ante antennas;
stria fusco-nigra ad genas et ad clypei latera; palpis flavis,
fusco annulatis, maxillaribus articulo ultimo fusiformi, subtoto
fusco ; antennis flavis, articulo primo stria laterali longitudinal:
rubra signato; occipite stria rubra juxta oculos; oculis in sicco
fusco-lividis.
Thorax viridis fascia media dorsal flava, ad metanotum
subobsoleta. Prothorax latior quam longior, immaculatus.
Abdomen superne viride, inferne flavum, pilis concoloribus.
Pedes virides, graciles, tarsis flavidis.
Alæ hyalinæ, angustæ, apice subacutæ, reticulatione viridi,
partim albida, pilis viridibus, flavidis, stigmate viridi; costa
puncto fusco ad basim notata.
Ala anterior venulis costalibus initio et fine, marginalibus
posterioribus aliquot in fine, secunda procubitali et prima cubi-
tali totis nigris; ramo sectoris cubiti, postcubito ejusque ramo,
venaque axillari apice seu ad marginem posticum nigris; ramo
venæ axillaris toto viridi. Venulæ gradatæ 3/6.
Ala posterior venulis primis costalibus et aliquot prope
basim totis nigris. Venuiæ gradatæ 2/5.
BON CODE. eco eee Oe
INA e 22e sn cec ses tomes 10,2 —
nn POST... crrececercee 0,8 —
Patrie : Rocher Blanc (Le Corso). Le type dans ma collection.
10. Chrysopa Genei Ramb.
Rocher Blanc. Un échantillon. Je ne ‘la connaissais que
d'Europe et de ses iles.
— 228 —
Famille TERMITIDES
20. Calotermes flavicollis Fabr.
Rocher Blanc. Plusieurs échantillons.
Famille EPHÉMÉRIDES
21. Cloeon dipterum L.
Rocher Blanc. Plusieurs échantillons Q. Espèce presque
cosmopolite,
LoNGIN NAVAS.
Saragosse, 12 octobre 1912.
— 229 —:
LES INSECTES ET LA MARÉE
Les nombreux promeneurs que le beau soleil du dimanche
13 octobre avait amenés, l’après-midi, sur la digue de Paramé-
Saint-Malo, ont certainement remarqué un phénomène entomo-
logique qui a dû les intriguer.
On pouvait, en effet, observer, sur ce rempart inhospitalier
et battu par les vents, une grande quantité de Coléoptères,
parmi lesquels dominaient les Coccinelles, les Staphylinides et
les Carabiques de petite taille; Coccinella septempunctata 1.
notamment, était si abondante, qu’on aurait pu en récolter plu-
sieurs centaines d'exemplaires dans l’espace de quelques mi-
nutes. Un joli Staphylin à élytres roux, S/aphylinus cesareus
Cederh. se tenait immobile à la surface des dalles, avec ses
ailes étendues; à première vue on aurait pu le prendre pour un
grand Hyménoptère; presque toutes les Coccinelles tenaient
aussi leurs ailes membraneuses éployées, comme lorsqu'elles
viennent de se poser après le vol.
L’explication de ce phénomène nous semble relativement
aisée, si l’on songe que l’une des grandes marées d'automne
venait d'avoir lieu (11 octobre); il est certain que beaucoup
d'insectes, réfugiés dans les fissures de l'énorme muraille ou
dans les jointures des moellons, avaient dû être surpris par
l'eau; comme les promeneurs, ils goûtaient les avantages d'une
après-midi très douce et séchaient leurs ailes au soleil. Vers
quatre heures du soir, presque tous les insectes avaient disparu;
il ne restait plus sur la chaussée que les nombreux cadavres
des écrasés.
Ce phénomène d'insectes, chassés par l'inondation, est bien
connu des entomologistes ; la marée joue certainement, le long
de nos côtes, le rôle d’inondations périodiques; et alors, comme
les pêcheurs, les amateurs d'insectes peuvent espérer faire, à ces
époques, de nombreuses et intéressantes captures.
C. HOULBERT.
— 230 —
Contributions à l’étude des larves des CICINDÉLIDES
Par C. HÔULBERT,
Professeur à l'Université de Rennes.
BIBLIOGRAPHIE
Pour terminer ces Contributions à l'étude des larves des
Cicindélides \), il nous paraît utile de donner la liste des prin-
cipaux travaux qui ont paru jusqu'ici sur cet important sujet.
1. BATES (H.) et WESTWOOD (J.). — ZLarve of Megacephalide
(Trans. Ent. Soc. London. 1852: Sér2. T:IT)p. 49-58 Ie VIT);
Les auteurs donnent quelques indications générales sur les habitudes
des jarves des Megacephalæ; la pl. VII, qui complète leur travail,
représente, avec un point de doute, trois larves considérées comme
appartenant à ce genre: fig. 1, Megacephala curta?; fig. 3, M. Martii?;
fig. 6, Meg. Spixi.
Ces larves appartiennent incontestablement à des Cicindélides, mais,
étant donné la forme de l’abdomen, il est probable que les dessins
ont éte faits d'après des échantillons desséchés.
t)
. BELLIER DE LA CHAVIGNERIE (E.). — Note sur la Cicindela ger-
manica, Paris (Feuille des Jeunes Naturalistes. 1885. 16° année,
p. 10).
Cette notice ne se rapporte qu'aux habitudes de l'adulte.
BELLIER DE LA CHAVIGNERIE (E). -— Note sur la “ Cicindela
flexuosa ”, Paris (Le Naturaliste. 1870. T. I, p. 126).
Le?)
Rien sur la larve; simple note de 13 lignes destinée à compléter
l’articie de M. J. POUSSIELGUE, n° 47.
(x) Voir Znsecta, 1912, n° 13, p. 1; n° 17, p. 89, et n° 20, p. 169.
4. BEUTENMÜLLER (W.). — Biblio graphical Catalogue of the descri-
bed transformation of the North American Coleoptera (Journ.
N°2V-"Microsc. Soc.-1801 T.' VIE, p. 1-52).
Ouvrage de bibliographie générale concernant les Coléoptères de
l'Amérique du Nord.
5. BLISSON (J.). — Note pour servir à compléter l'histoire des mœurs
et des métamorphoses de la Cicindela campestris L., Paris (Ann.
SHC-SCHtoMm- FTANCC-#1848-c56r. 2. T. VI) p.155-105, pl. 7).
Malgré l'affirmation qu'il en donne, M. Blisson n’est point le pre-
mier qui ait observé la nymphe de Cicindela campestris (x); ïl en
fait une courte description et indique qu’elle se trouve au fond des
galeries creusées plus: ou moins profondément dans la terre.
6. BRUCH (C.). — Metamorfosis y Biologia de Coleopteros Argentinos,
1007 (Revista del Museo de la Plata. T, XIV, p. 123-127, pl. 1,
fig. 1-10).
Description très complète et très documentée, avec planche à l'appui,
des premiers états de la Crcindela apiata Dej. L'auteur décrit l’œuf,
la larve, la nymphe, et donne un grand nombre d'observations très
intéressantes sur la biologie de cette espèce, la plus abondante dit-il]
de toutes celles qui vivent dans la province de Buenos-Aires.
7. BRULLÉ (A.). — Histoire nat. des Insectes, Paris (Cicindela cam-
Prestige). 1834 °T IV, p- 52; pl. 2, fig 19.
Généralités sur la larve de C. campestris d’après les descriptions de
Geoffroy et de Latreille.
8. BRULLÉ (A.) et AUDOUIN (V.). — Zarve de Cicindela nodicornis ?
(Éisenst Coléopt. T. I, pl. 2).
Les auteurs signalent simplement la larve de cette espèce qui habite
le Brésil.
9. CASTELNAU (Comte F. de). — Notes on Australian Coleoptera
(Transactions of the Royal Society of Victoria. 1866. T. VIIT,
nrGLet 7):
Dans ce travail, consacré à la faune coléoptérologique de l’Australie,
M. de Castelnau donne une description succincte de deux larves de
Cicindélides (Cicindela tuberculafa Fabr. et C. Parryi White) qu'il
a reçues de la Nouvelle-Zélande (2).
EEE SR
LC Scubr (Dr) n°8;
(2) CASTELNAU (FRANCIS DE). — Æxpédition dans les parties centrales de
l'Amérique du Sud. Paris, 1850, T. I à V.
L'auteur signale, le long des rives de l’Araguay, les larves de
turna (?) et Meg. grossa (?). Ces larves, qui ressemblent à celles des Cicindèles, mais
sent dans le sable de petits canaux
Megacephala taci-
qui sont beaucoup plus grosses (4 cent. de long), cret
e £ tasse F 97 à 2f
où elles se tiennent à l'affût (T. I, p. 427 et T. II, p. 264). #
La larve d'un Oxycheila se rencontre également dans les mêmes conditions.
— 232 —
10. CHAPUIS (Dr F.) et CANDÈZE. — Catalogue des larves des Coléop-
tères connus jusqu'à ce jour avec la description de plusieurs
espèces (Mém. Soc. Roy. des Sc. de Liège. 1853. T. VIII, p. 364,
plis 1).
Ouvrage fondamental pour l'étude des larves des Coléoptères;
lorsque les descriptions données par les auteurs ne sont pas données
in-extenso, un index bibliographique très complet permet de les
retrouver facilement. En 1853, date de la publication de cet ouvrage,
les larves des Cicindélides connues étaient encore fort peu nombreuses.
11. CLAIRVILLE (J.). — Æntomologie helvétique ou Catal. des Insectes
Coléoptères de la Suisse (Cicindela campestris L.). Zurich.
1806. T IT, p. 156).
Généralités, d’après les auteurs qui ont donné quelques détails sur
cette espèce.
12. COQUEREL (Ch.). — Note sur la larve de la Megacephala euphra-
tica (Ann. Soc. entom. France. 18509. Sér. 3. T. VII, p. 615-618,
plitr4, fe:Cr):
Le but de cette notice est de compléter les renseignements donnés
par MM. Bates et Westwood, relativement aux larves de Cicindélides
qu'ils ont figurées (Trans. Ent. Soc. London. 1852. PI. VII) mais
non décrites.
Bonne description de la larve de Megacephala euphratica OX.
Pl XIV etre
[e2]
COTTY (E.). — Observations sur la Megacephala euphratica (Ann.
Soc. entom. France. 1860. Sér. 3. T. VIII, p. 327-330).
TA COTE): Sur la Megacephala euphratica et sur l'Hespero-
phanes griscus (Mém. Soc. linn. du Nord de la France. 1866,
D 77):
Notes exclusivement consacrées aux habitudes crépusculaires de
l'adulte et aux localités où il se tient.
15. CRIDDLE (N.). — Notes on some Manitoba « Tiger Beetles »
(Cicindelida) (Canadian Entomologist. 1907. T. XXXIX,
h-#ro5):
L'auteur décrit plusieurs espèces de Cicindèles recueillies (sauf
Airticollis et pusilla) dans les environs d’Aweme, Manitoba; il donne
quelques indications générales sur les mœurs des larves de :
Cicindela ÿformosa ab. Maniloba Leng.
. venusta Lec.
limbata Say.
purpurea sub. sp. Zimbalis Klug.
duodecimguttata Dej.
duodecimguttata sub. sp. repanda Dej.
hirlicollis Say.
. lranqguebarica Herbst.
nnpanso
longilabris ab. montana Lec.
obscura ab. Lecontei Hald.
punctulata Oliv.
pusilla Say.
lepida Dej.
SIAIOIMO
16. DESMAREST (A.-G.). — Notes sur deux larves d'Insectes Coléop-
7e
18.
19.
20:
tères (Bull. de la Soc. Philom. 1804. T. III, n° 86, p. 197-108,
fig.) — (Wiedem. Arch. 1805. T. IV, p. 225-220).
Donne quelques détails intéressants sur les habitudes de Cicindela
campestris L., sur la manière dont elle se maintient à l'affût à l’ouver-
ture de son terrier, et rectifie quelques points inexacts de la notice
de Geoffroy.
La larve fut trouvée en aan dans une sablonnière, dite de
la mare d'Auteuil, près Paris. Suivant Desmarest, ce n’est pas avec
son thorax que la larve ferme l'ouverture de sa galerie, mais avec
sa tête seulement.
DESMAREST (E.). — Note sur la Megacephala euphratica (Ann.
DUC ERIOMrEFAnCe. 1840. S6r. 2. T. VII. Bull’; p. 50).
Simple note de M. Desmarest relative à la distribution géographique
de Megacephala exphralica.
ENOCK (F.). — The Life-History of Cicindela campestris (Pro-
ceed. Ent. Soc. Lond. 1903, p. XV-XIX) (1896, p. 87-03).
Très intéressant article relatif aux mœurs de la larve de notre
Cicindèle champêtre qui vit plusieurs années dans son terrier avant
d'arriver à l’état adulte.
ERICHSON (Dr W.). — Zur systematischen Kenntniss der Insecten-
Larven. Berlin (Wiegmann Archiv. 1841. T. VII, p. 60-110).
La description d’'Erichson concernant Cicindela campestris 1, très
claire et suffisamment complète, a été reproduite par un grand nombre
d’auteurs. MM. Chapuis et Candèze, notamment, la donnent comme
type des larves de cette famille.
GANGLBAUER (L.). — Die Käfer von Mitteleuropa (Wien. 1802.
HAS puio-rr, fie. 0-7).
L'auteur donne une traduction résumée des caractères de Cicina.
hybrida, d’après la description de Schiüdte.
GEOFFROY (E.-L.). — Aistoire abrégée des Insectes qui se
trouvent aux environs de Paris. Durand. 1764. Cicindela cant-
pestris Linn. (Buprestis inauratus supra viridis, coleoptris
punctis duodecim albis. T. I, p. 139).
Geoffroy étant le premier auteur qui ait donné quelques détails
sur la larve de la Cicindèle champêtre, nous croyons devoir reproduire
en entier les quelques lignes qu’il consacre à cette espèce : on pourra
18
— 234 —
ainsi se convaincre qu'un certain nombre d'observations considérées
comme nouvelles sont déjà fort anciennes.
« Les larves de ces insectes vivent en terre, et c’est probablement
ce qui fait qu'elles sont difficiles à rencontrer... Ces larves sont
longues, cylindriques, molles, blanchâtres, armées de six pattes brunes
écailleuses. Leur tête est de même de couleur brune. Elle a en dessus
une espèce de plaque ronde, brune et écailleuse, au devant de laquelle
est la bouche, accompagnée de deux fortes mâchoires. Cette larve
se creuse en terre des trous cylindriques profonds, dans lesquels elle
se loge. L'ouverture de ces trous est parfaitement ronde. Quelques
espèces les font dans les terrains secs et arides, d’autres dans des
terres plus humides au bord des ruisseaux. C’est au fond de ces trous
qu'on rencontre souvent la larve du Bupreste (Cicindèle). Pour la
trouver, il faut creuser peu à peu le terrain dans lequel ce trou est
pratiqué. Mais comme souvent, dans cette opération, la terre en s’écrou-
lant remplit le trou et empêche de le reconnaître et de le suivre, il
est nécessaire d’user d’une première précaution, c’est de commencer
par enfoncer dedans une paille ou un petit morceau de bois, qui,
pénétrant jusqu’au fond, sert à conduire et à empêcher de perdre la
suite de ce conduit. Lorsqu'on est parvenu au fond, on trouve la
larve en question qui, tirée hors de terre, se replie volontiers en zigzag.
Ces ouvertures, que pratique dans la terre cette larve, ne lui servent
pas seulement à se loger et à mettre à l’abri son corps qui est mol
et tendre, mais encore à se cacher pour dresser des pièges aux insectes
dont elle se nourrit. Cette larve se tient en embuscade, précisément
à l'ouverture ronde de ce trou. Sa tête est à fleur de terre et l’ouver-
ture est exactement remplie par cette plaque ronde, écailleuse, que
la larve a au dessus de sa tête. C’est dans cet état que se tient
patiemment cette larve, à moins que quelque allarme ne la fasse
enfoncer au fond de sa retraite. Les insectes qui se promènent sur
ce terrain venant à passer sur l'ouverture du trou que ferme la tête
de la larve, ou sont saisis par ses mâchoires, qui sont fortes, ou bien,
s'ils ne sont pas arrêtés sur le champ par ces fortes pinces, ils sont
précipités dans le trou par un mouvement que fait la tête de la larve,
précisément comme celui d'une bascule. Pour lors, la larve du Bupreste
les dévore à loisir. Rien n’est plus amusant que d’observer le manège
de cet insecte qui, sans sortir de sa retraite, trouve moyen de faire
tomber dans ses pièges les autres insectes, dont il se nourrit. »
22. GUÉRIN-MÉNEVILLE (F.). — /nsectes nouveaux observés sur Les
plateaux des Cordillères et dans Les vallées chaudes de la Nou-
velle-Grenade. — Tarve de Callidema Boussingaultii Guér.
(Rev. Zool. 1843, p. 15)-
La larve de cette espèce, la seule qui appartienne au genre Calli-
dema, a été trouvée dans la Cordillère de Colombie par J. Goudot.
Si l’observation de Guérin-Méneville est exacte, cette larve ne posséde-
derait que deux ocelles de chaque côté (au lieu de quatre) ; ce serait
là une particularité unique dans la tribu des Cicindeline. Rappelons
que la larve de Collyris emarginata, décrite par Shelford, ne possède
elle non plus que deux ocelles de chaque côté de la tête.
23. GÜNTHER (R.). — Sur le développement larvaire de Cicindela
hybrida L. (Berliner Ent. Zeitschr. 1806. Sitzung vom 14 novem-
bér, p--24):
Simple notice de 10 lignes, sur la manière dont la larve de cette
espèce creuse son terrier; l’auteur a observé la nymphe.
no Cou
24. HORN (G.-H.). — On the Cicindelidæ of North America (Tran
sactions of Amer. Entomol. Soc. Washington. 1872-1876. T. II
à VII).
< PS e
L'auteur décrit et figure un certain nombre de larves de Cicindélides
appartenant aux genres Omus, Amblychila, Tetracha, etc.
25. HORN (G.-H.). — On the larva of Amblychila cylindriformis Say
(Trans. Amer. Entom. Soc. Washington. 1870 TV TIT Sp" 20).
Cette larve, décrite avec détails, diffère, d’après l’auteur, de celle
des Omus, Amblychila et Cicindela par le nombre des ocelles (deux
de chaque côté) et par la longueur des articles des antennes.
26. HORN (D' W.). — Æntomologische Reisebriefe aus Ceylon (Larva
of Cicind. biramosa Fab.). Deutsche Ent. Zeit. 1809. T.
p. 385. — Cic. hæmorrhoïdales, loc. cit. en note p. 305.
2
—— 1902. Crcind. oregona, loc. cit. p. 302-303.
— 1907. Omus ambiguus. Phylogenie der Cicindelen (Deutsche
Ent. Zeitschr., p. 463).
— 1908. Zarve of Amblychila, Omus und Collyris, loc. cit. p. 285-
286, figures.
27. HOULBERT (C.). — Contributions à l'étude des larves des Cicin-
délides, Rennes (Insecta, n° 13. 1912, p. 1-15, 11 fig., 2 pl.).
Description d’une larve connue sous le nom de Trefié dans la vallée
supérieure du Niger; probablement Megacephala senegalensis Latr.
— Insecta (T'etracha brasiliensis), n° 17. 1912, p. 89 à 105, 18 fig.
pl. 4, et Cicindela biramosa F., n° 20, p. 160.
Description très complète de ces deux larves avec de nombreuses
figures d'ensemble et de détails anatomiques.
28. JACQUEMET (H.). — Cricindela flexuosa. Larve (Revue Savoi-
sienne. 1882).
29. KITTEL (G.). — Systematische Uebersicht der Käfer welche in
Baiern und der nächsten Umgebung orkommen (Verhandl. 7.
m. Ver. Regensb. 1873. T. XXVIT, p. 135-136).
30. KIRBY (W.) et SPENCES (W.). — An Zntroduction to Entomology.
Cicindela campestris L., London. 1826. T. III, pl. 17, fig. 3.
Généralités sur les larves des Insectes.
31. KLINGELHOEFFER (W.). — Beobachtungen über die ersten Zus-
tande von Cicindela hybrida XL. (Verhandl. naturh. Ver. Gros-
sherz. Hessen. 1847. T. I, p. 41-43).
À
PT]
wi
— 230 —
KOLBE (H-J.). — Die Larre einer Manticora (Berlin. Ent. Zeit.
1885. T. XXIX, p. 48).
Courte description d'une larve rapportée de l'Afrique méridionale
par la Mission Barmen et appartenant au Musée zoologique de Berlin.
KOLLER (G.). — Dissertatio entomologica precipue de Cicindela
campestris. Gottingen. 1836, p. 15. s
Rappel très succinct de ce qu’on sait des caractères et des mœurs
de cette espèce à cette époque.
LABOULBÈXE (A). — Lettre sur La larve de Cicindela hybrida 1.
(Thomson. Archiv. 1857. T. I, p. 105-108).
Cette lettr=, du Dr Laboulbène à J. Thomson, est relative à une
excursion entomologique aux environs d’Etampes (Bourray) et à la
découverte de la larve de C. Æybrida dans une sablonnière.
LACORDAIRE (J.-Th.). — Faune entomol. des enzrrons de Paris.
Cicindela campestris L. 1835. T. I, p. 141. — Genera des Coléopt.
1854. T. I, p. 3.
Le savant auteur du Gsnera des Coléoptères rappelle que les larves
de Cic. campestris et hybrida ont été vaguement décrites pour la pre-
mière fois par Geoffroy ; il résume lui-même la description d’Erichson
(Arch. de Wicgman, 1841) et termine en indiquant les larves exotiques
(Mzzacefhala ct Eucallia) connues de son temps.
. LATREINLLE (P-A). — Fist. nat. génér. des Crustacés et des
Insectes. Cicindela campestris L., Paris. 1804. T. VIII, p. 19%.
En ce qui concerne la larve de C. campestris, Tatreïille se borne 2
reproduire les notices de Geoffroy (o0) et de Desmarest (00).
7. LATRENLLE (P.-A ). — Règne animal. Insectes. Cicindela cam-
pestris L. 1817. T. IIL, p. 233-
Description et indications déjà données dans les travaux précédents
de Latreille.
.- LEXG (C.-W.). — Notes on the Cicindelide of Louisiana (Jours.
39-
N. Y. Ent. Soc. 1902. T. X, p. 131-136).
LESXE (P.). — Sur Le terrier de La Llarze de Cicindela hybrida
(Bull. Soc. ent. France. 1897. T. » P- 273)-
Concerre exclusivement la forme du terrier et le dispositif qui en
entoure l’onifice lorsqu'il est établi sur un terrain incliné.
. Lucas (H). — Note sur diverses larves de Cicindélètes, Paris
(Ann. Soc. entom. France. 1880. Sér. 5. T. X. Bull, p. CXLI).
Simple note rectificative ayant pour but d'établir que, contrairement
2 l'opinion de Mulsant (Opuscules, 1873, p. 66), la larve de Tetracha
cupiratica avait déja été signalée deux fois dans les Annales de la
Soc. entomol. de France : Va première fois par Ch. Coquerel, en 1859;
l2 seconde fois par Cotty, en 1860.
S- NN —
41. Massox (Œd). — Notice sur les Cicindèles du département de
TOise, Paris. Cicindela campestris L. (Feuille des Jeunes Natu-
ralistes. 1886. 17° année, p. 119-120).
Mentionne seulement les mœurs des adultes.
42. Moore (R). — Notes on the Habits of Cicindela (Entom News.
3906. TT. XVII, p. 310-343).
Notice tres intéressante relative à l'alimentation et aux mœurs des
; Ciemdèles (Cicinéela purpurea Oliv. et Cic. repanda Dej.) en capti-
LE wité; la ponte de Cic. repanda a pu être observée, mais l’auteur ne
dit rien des larves.
_ 43- MULSANT (E.) et VALÉRY MAYET. — Æiséoire des métamorphoses
de diverses espèces de Coléopières. Tetracha euphratica (Mém.
Acad. des Sc. de Lyon. 1872. T. XIX, p. 314-3148 — Opuscules.
T. XV, p. 66-70).
Description très complète; Mulsant indiquait aussi que la larve de
cette espèce était encore mconnue en 1972 Cette assertion mexacte
a déja été rectifiée en 1880 par M. Lucas (Awx. Soc. enf. Fr., p. CXEL) :
de fait, une bonne description, avec figures à lappur, en avait été
déja donnée par M. Ch. Coquerel dans les An. de Ja Sactété entomol.
de France, en 1859. (Voir n° 12.)
psc din
—._ 414. MUüESaNT (E.) et VALÉRY MaveT. — 74. Cicindelz maura Linn.
È (1872. p. 319-322. — Opuse. T. XV, p. 71-74).
Description complète et très exacte; on peut simplement regretter
Fabsence de figures qui préciseraient certaims points que les descriptions
. écrites laissent toujours dans le vague.
45- PERINGUEY (L). — Descriptive Catalague of the Coleeptera af
Seuth Africa (Larva of Mantichora). Trans. S. Afr. Plul. Soc.
1895. T- VIE, p. 1, pl 5).
iption assez complète de la larve de Manfichorz fuberculata
De Geer. L'auteur fait remarquer que malgré ls différence de facies
des adultes, la larve des Manéichorz ressemble à celle des Cicindela.
- 46 PONSELLE (A). — Contribution à l'étude des mœurs des Cictn-
2 dèles (Feuille des Jeunes Naturalistes. 1900. N° 562, p. 07-68,
fig-).
L'auteur indique comment Cicindela fexuesa Fab. creuse son terrier :
il a également observé la ponte et donne une très brève description
de l'œuf qui, de forme ellipsoïdale, long de 2 millimètres, est d'une
belle couleur orangee. Fig. 1-4.
47. POUSSIELGUE (J.). — Vote sur les mœurs et Thabitat de la Cicin-
dela flexuesa, Paris (Le Naturaliste. 1879 T. EL, p. 76).
Rien sur la larve; simple note sur l'habitat de cette espèce en Savoie
et dans les départements voisins.
— 238 —
48. RATZEBURG (J.-T.). — Die Forstinsekten. Ir Theil. Die Käfer.
Berlin. 1837. Cicind. campestris L. T. I, p. 25-26, pl. 1, fig. 12.
Description assez complète avec de bonnes figures représentant la
larve vue en dessus et de côté. 12 B à deux âges différents.
49. REY (C1.). — Essai d'études sur certaines larzes de Coléoptères
et descriptions de quelques espèces inédites ou peu connues.
Béaune. 1887 D. 25 (Dlr gs. m'a
Description de la larve de Cicindela litterata Sulzer, précédée de
quelques généralités et d'indications bibliographiques sur les larves
des Cicindélètes.
50. RUPERTSBERGER (M.). — Biologie der Käfer Europas. Larven-
Cataloge (Linz a d. Donau. 1880, p. 99-100, in-8°).
51. — Die biologische Literatur über die Käfer Europas von 1880 an.
(Linz a d. Donau. 1894, p. 101-102).
Ces deux ouvrages forment une suite où la plupart des travaux se
rapportant à la structure et à la biologie des larves des Coléoptères
sont indiqués jusqu’en 1894.
52. SAUNDERS (E.). — Cicindela campestris and Halictus rubicundus
Lond. (Entom. Monthl. Magaz. 1892. T. XXVIII, p. 161).
— Cicindela sylvatica versus Panurgus calcaratus, Lond. loc. cit.
1803, p. 216.
C'est à tort que certains auteurs ont compris ces courtes notices
dans la bibliographie des larves des Cicindélides, il y est seulement
question de quelques épisodes de la vie des adultes.
53. SCHAUM (Dr H.). — Naturgeschichte der Insecten Deutschlands,
Berlin (Cicind. campestris L.). 1860. T. I, p. 10-11. — (Cicind.
hybrida L.), loc. cit. p. 12.
Généralités sur les larves des Cicindélides avec indication des auteurs
qui les ont décrites.
54. SCHAUPP (F.-G.). — ÆAaising Beetles in captivity (Bull. of the
Brockl. ent. Soc. 1878. T. I, p. 2).
L'auteur indique les procédés qu’il a employés pour élever en capti-
vité un certain nombre de Coléoptères parmi lesquels Cicindæela vul-
garis, repanda, 12-guttata et hirlicollis.
55. SCHAUPP (F.-G.). — On the Cicindelidæ of the United States
(Bull. Brockl. Entom. Soc. 1878. T. I, p. 5).
Brèves indications sur les larves appartenant aux genres Omus,
Amblychila et Tetracha décrites par G. H. Horn (voir n° oo).
56. SCHAUPP (F.-G.). — Zarze of Cicindelide (Bull. Brock. Ent. Soc.
1885. Brocklyn. T. VII, p. 23).
— 239 —
57. SCHIÔDTE (J.-G). — De metamorphosi Eleutheratorum Kioeben-
havn (Cicindela campestris L.). Naturhist Tidsskr. 1807-25 IV;
p. 444 et 543, pl. 12, fig. 7.
— Cicindela hybrida L., loc. cit., p. 440-444, pl. 12, fig. 1-6.
Description complète, en latin et en langue danoise, de Cic. hkybrida.
Quelques mots seulement sont consacrés à C. campestris. Excellentes
figures que les auteurs ont souvent reproduites sans en indiquer l’ori-
gine.
58. SCHMIDT (Dr). — Ueber Larve und Puppe von Cicindela campes-
tris Linn. Berlin (Stettin, ent. Zeit. 1842. T. III, p. 270-273,
pl fs oret:10).
Descriptions très claires et très documentées, concernant la larve
et la nymphe de Crcindela campestris. D'après tous les documents que
nous avons consultés, le Dr Schmidt est certainement le premier qui
ait décrit et figuré une nymphe de Cicindèle.
59. SCHULL (G.-H.). — Place Constants for Aster prenanthoides (Bot.
Gaz. 1904, p. 333-375).
60. SHELFORD (R.). — The Larva of Collyris emarginata Déj. (Trans.
Ent. Soc. Lond. 1907. Part. 1, p. 83-00, 1 pl. — Biol. Bull. 1907.
DIN enr, p 0) (Voir n°60)
Très intéressante notice qui montre que, malgré l’adaptation à un
genre de vie spécial, cette larve, qui creuse ses galeries dans les tiges
des Caféiers, conserve l’aspect général et tous les caractères des larves
des Cicindélides; comme de coutume le 5° segment abdominal est
développé en mamelon, mais il porte, de chaque côté, trois grosses
épines chitineuses. D’après l’auteur, deux ocelles seulement se voient
de chaque côté de la tête, près de la base des antennes.
61. SHELFORD (V.-E.). — Life Histories and Larval Habits of the
Tiger-Beetles (Cicindelidæ). Lond. (Journ. of the Linn. Soc.
Zool. 1908, n° 197, p. 157-184, pl. 23-26).
Ce travail est le plus important de tous ceux qui ont été publiés
jusqu'ici sur les larves des Cicindélides; il se rapporte aux 12 espèces
suivantes trouvées dans les environs de Chicago : purpurea Oli.;
purpurea var. limbalis Kilg.; formosa var. generosa Dj.; duodecim-
gutiata Dj. ; duodecim-gutiata var. repanda Dj.; tranguebarica Herbts;
scutellaris Say ab. Lecontei Hald.; histcollis Say; sexguttata Fab.;
punctulata Oliv.; lepida Lec.; cuprascens Lec.
62. SLOANE (Th.). — Séudies in Australian Entomology. 1906.
N° XIV (Proceed. Linn. Soc. N. S. Wales. T. XXXI, p. 326-
327).
63.
64.
66.
67.
68.
69.
— 240 —
STEPHENS (J.-F.). — Z{lustr. of British Entomology or Synopsis
of indigenous Insects, with an account of their metamorphoses,
London (Cicindela campestris L.). 1828. T. I, p. 175.
Généralités sur la larve de C. campestris, d'après les descriptions
de Geoffroy et de Desmarest.
STURM (Dr J.). — Deutslands Insecten. Käfer. Cicindela cam-
pestris L. Nürnberg. 1827. T. VII, p. 101-104.
L'auteur donne un court résumé des caractères de la larve de Crcin-
dela campestris, d’après Geoffroy et Desmarest.
. THOMSON (C.). — Skandinaviens Coleoptera, synoptisk bearbe-
tade. Lund. 1859. T. I, p. 166.
Sept lignes sur le mode de vie des larves de Cicindèles.
VAN LEEUWEN (Dr W.). — Over Roof-kevers, wier larven
boorgangen in koffhetakjes maken (Cultuurgids, 1909. p. 137-
152).
VERHOEFF (C.). — Vergleichende Untersuchungen über die
Abdominalsegmente, insbesondere die Legeapparate der weibli-
chen Coleopteren (Deutsche Ent. Zeit. 1893, p. 209-260, pl. 1-2).
L'auteur compare l'organe de ponte des femelles dans différents
groupes de Coléoptères.
VILLIERS (F. DE). — Lettre relative aux mœurs de la Cicindela
germanica (Rev. entomol. Silberm. 1834. T. II, p. 281-283).
Lettre de M. de Villiers à Silbermann relative à la variabilité de
l'habitat de Cicindela germanica; rien concernant la larve, c’est donc
à tort que les auteurs ont compris cette Lettre dans la bibliographie
des larves des Cicindelide.
VUILLET (A.). — Note sur deux Cicindelidæ d'Indo-Chine (IN-
SECTA, Rennes. 1912. T. II, p. 84).
Courte notice signalant la larve de Collyris emarginata Dej. comme
parasite des Caféiers, principalement à Java. (Voir n° 60.)
70. XAMBEU (V.). — Description de la larve et de la nymphe de
Cicindela flexuosa (Ann. Soc. Linn. Lyon. 1882. T. XXIX,
P. 130-132).
Description abondante mais un peu sèche de la larve de C. flexuosa.
71. XAMBEU (V.). — Mœurs et métamorphoses d'insectes. Cicindela
connata Heer, Paris (Le Coléopteriste. 1891, p. 81-83). —
Cicind. silvicola Latr. (Ann. Soc. Linn. Lyon. 1891.
T:,XXXNIIX, ‘p.-137-142)-
Description très complète de la larve et considérations sur les motifs
qui permettent de considérer C. connata comme une espèce et non pas,
suivant l’opinion de Heer, comme une simple variété de C. campestris
(Le Coléoptériste, p. 81-83).
72 0WEED (C:=M.). — Life Histories of American Insects. New-York.
73. WESTWOOD (A.).
1897.
Mém. pour servir à l'histoire naturelle de la
famille des Cicindelètes. Cicindela campestris XL. (Ann. Sc.
Nat. Zool. Paris. 1831. T. XXII, p. 299-317, pl. 1. — sis
d’Oken. 1835, p. 183-184. — /ntroduction to the Mod. Classif.
of Insects. 1839. T. À, p. 49-50, fig. 1).
Westwood après avoir remarqué, en 1831, qu’on ne savait encore
rien sur les transformations des genres exotiques de cette famille,
complète les descriptions de €. campestris données par Geoffroy,
Clairville, Desmarest et Latreille.
Un résumé de cette description est reproduit en 1839 dans son Z##ro-
duction to the mod. Classif. of Insects, p. 49-50.
74. WESTWOOD (A.). — On the Cicindela hybrida L., Lond. (Magaz.
of Nat. -Hist. 1838. Sér. 2. T, II, p. 342-343).
“ LES VIEUX AUTEURS ”
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) ()
Par Jean SWAMMERDAM.
Nous sommes aussi redevables à Wewceflaus Hollaar pour
le travail et ia diligence, qu'il à fait paroître dans les belles
figures qu'il nous à données des insectes, qui se trouvent dans
le Cabinet de Monsieur le Conte d'Arondel. Nous souhaiterions
bien que ceux, qui se vantent d’avoir connoissance de ces choses,
en eussent fait autant : afin, parce moïen, de porter à la per-
fection cette partie de la sagesse naturelle que nous ne croions
nullement être la moindre) qui nous apprend à rechercher et
à connoître facilement la nature et les actions d’un infinité
d'animaux.
Mais avant que de finir, nous avons envie d'exposer la
maniére, dont les (P) Araignes, qui font de la toile ou des filets,
passent d’un arbre à l’autre quoiqu'il y ait de l’eau entredeux,
qui les sépare. Or pour entendre ceci, il faut prémiérement
sçavoir que le fil de l’Araigné est d'ordinaire non seulement
double, mais qu'il est même souvent dix ou douzefois double :
ceque l’on peut voir facilement, lorsqu’apres avoir fait tomber
un'Araigne de quelque hauteur, on vient aussitôt à en consi-
derer le fil. Mais pour faire cela plus sûrement et avec moins
de peine, 1l ne fautque séparer la partie de derriere de son
corps de celle de devant, et apres en avoir ramassé le fil,
regarder à son origine : apres quoi il faut considerer que
l’Araigne descendant d'une hauteur avec plusieurs fils, et re-
montant ensuite avec un seul, peut facilement passer d’une
hauteur à l’autre, quoiqu'il y ait de l’eau entre deux, à cause
(1) Voir Znsecta, 14, p. 23.
(b) Araneus Telarius où muscaltrix.
-
que les fils, qu’elle à quittez apres qu’ell’est descenduë, etans
poussez par l'agitation de l'air, se vont attacher au premier
arbre ou au premier corps, qu'ils rencontrent et servent ainsi
comme d'un pont pour passer ces animaux. Or cette opinion
du fil double des Araignes à été déja en quelque façon pro-
posée par enr: le Ro: Professeur en Medecine à Utrecht, et
par François Redz Sçavant Medecin du grand Duc de Toscane.
Nous comprenons encore sous la premiére espéce des chan-
gemens les cirons et les mites, qui sortent aussi tous parfaits
hors de leurs œufs, et qui croissent ensuite peu à peu.
Nous y rapportons encore les poux ordinaires, dont les œufs
sont veritablement des lentes. Or 1l faut remarquer que cet
œuf ou cette lente sont veritablement le poux même, qui venant
à sortir de sa membrane aussitôt que l’humidité superflue s’en
est évaporée; devient incontinent propre à la generation. Et
c'est cette promptitude, avec laquelle il engendre immediate-
ment apres être sorti de son œuf, qui à fait dire à quelques uns
par raillerie (car cen’est en effet qu’une plaisanterie) qu'un
poux devient bisayeul dans le temps de vingt et quatre heures .
or il les faut tenir dans un lieu chaud et humide, autrement les
lentes se meurent : Et c'est ceque nous voyons arriver à celles,
qui étans engendrées la nuit dans les cheveux pendant qu'ils
sont chauds, meurent ensuite le jour lorsqu'elles viennent à être
exposées à la fraîcheur de l'air, et qui apres avoir demeuré
quelque mois collées aux cheveux, perdent enfin tout à fait la
forme exterieure qu’elles avoient.
Or ceque nous trouvons encore de remarquable dans un poux,
est ce mouvement admirable de ses entrailles, que nous appar-
cevons en le mettant sous un microscope : Car nous voyons au
travers de son corps, qui est transparent comme du cristal,
toutes ses parties intérieures : ses veines nous paroissent toute
blanches, et nous voyons distinctement le mouvement de ses
Intestins aussibien que des autres visceres. Nous remarquons
encore, quand il suce : que le sang coule comme par ondes dans
son Estomach, à peu pres comme l’eau qui passe par une écluse :
— 244 —
et ce sang passe avec tant de violence; qu'il oblige les excre-
mens des intestins à lui ceder la place mais nous traiterons
toutes ces choses plus exactement, quand nous parlerons de
nos expériences particuliéres : toutceque nous proposons ici
n'étant que pour faire connoïître à nôtre Patrie la structure
admirable du corps de ces petits animaux et la maniére dont
ils vivent, et de célébrer par là la sagesse de la nature, qui a
renfermé dans de si petites creatures tant de mystéres incom-
prehensibles. Nous pouvons encore faire remarquer ici l'utilité
que l’on tire des microscopes par le moïen desquels nous pou-
vons découvrir des muscles, des veines et des entrailles dans
de si petits animaux en quoi certes l'on peut bien reconnoître
combien le Createur, qui les a formez est incomprehensible dans
ses ouvrages : un autre avantage, que nous tirons encore des
microscopes, est que dans les animaux, dont le corps est trans-
parent, nous pouvons bien mieux juger du mouvement des
viscères, que nous ne faisons dans les animaux, dont le corps
est opaque, lorsque même nous venons à en faire la distinction :
c'est ceque nous pouvons voir dans le livre, que l’incomparable
R. Hooke a fait des experiences du Microscope, et qui a été
imprimé en Anglois et dedié a sa Majesté Britannique.
Mais si quelqu'un nous demande si les poux des animaux
qui ont du sang; ou si les petits poux des insectes; ou bien
même si ceux que l’on trouve sur les plantes et dans les champs
sont compris sous la prémiére espéce des changemens naturels.
Nous répondrons que nous avons quelque raison de le croire;
mais que nous n'oserions pas l’assürer tout à fait, à cause que
nos expériences n’ont pas encore été si loin.
Et nous n'oserions pas même y rapporter les (2) tiques, dont
parle Aldrovandus, qui sont comme des espéces de gros poux,
dont les vaches et les chiens sont ordinairement attaquez?
Nous n'y comprendrons pas non plus les ‘P) punaises, n1 les
ta) Ricinus.
(b) Cimex Lectularius.
— 245 —
() morpions ; parceque nous n'avons pas fait jusques ici d’ex-
périences suffisantes pour en pouvoir juger sûrement.
Mais nous voulons bien comprendre sous cette premiere
espéce de changemens les puces, qui proviennent d’une lente
comme les poux, et qui prennent leur couleur rougeûtre dans
cette lente, de même que les autres insectes, lorsqu'ils ont encore
la forme de (d Wymphe. Et l'on peut facilement découvrir avec
le microscope tous les changemens, qui leur arrivent dans leurs
lentes, et comment elles y changent leur couleur blanche en
noir : Cequi me semble être de grande importance, comme nous
ferons voir dans la suite.
Nous mettons encore dans le méme rang un petit animal,
qui se trouve d'ordinaire dans les reservoirs d'eau de pluie,
TAB. I. — Prce aquatique dont les bras ont la forme de branches d'arbres
(Pulex aquaticus arborescens).
que Goudart nous a dépeint dans la dixiéme table de la der-
niere partie de son livre sous le nom de poux aquatique. Mais
parceque cet animal est fort différent d'un poux dans sa nature
et dans la structure de son corps, qui sont toutes deux fort
— —] Ze 2 D.
(c) Pediculis. — (d) N'ympha.
— 246 —
étranges, apres l'avoir peint au naturel nous le representerons
sous une forme plus grande et nous y ajoûterons ensuite la
description (1).
Vous verrez donc que l'animal, que nous avons représenté
au naturel dans nos (a) figures à la lettre A, est le même que
nous avons peint en grand aux côtez de la Table à la lettre B,
outre la structure de son corps, qui est à peu pres quarrée ; nous
faisons voir encore dans la tête des yeux et un bec, et dans la
poitrine des bras, qui en sortent en forme de branches : et nous
montrons dans son ventre un corps transparent, des jambes,
une queüe et des œufs.
Quand on considere cet animal en petit ou dans son état
naturel, on croiroit qu'il n’a qu'un œil. Mais cela vient deceque
ses yeux étans situez au dessus de son bec, qui est fort menu,
semblent se toucher et n'en faire qu’un seul. Son bec est trans-
parent et pointu, et c'est par là que nous croyons qu'il suce sa
nourriture : aussibienque les autres insectes qui vivent sur l’eau,
dont l’aiquillon ou le bec est pour cet effet placé dans le
devant de leur corps.
Or je ne trouve rien de plus remarquable dans cet animal,
que ses bras branchus et le mouvement qu'ils ont sur l’eau;
nous les voyons sortir des épaules d'un même tronc, et se di-
viser ensuite en deux branches, dont chacune se divise derechef
en trois autres petites : de la premiere et de la seconde petite
branche, en contant du tronc, il sort un petit rameau qui res-
semble à un filet de soye ou à un cheveu : la troisième, qui est
la derniere, Jette encore trois autres petites branches déliées
comme des cheveux, qui semblent encore se diviser derechef.
Si les bras de cet animal sont d’une étrange figure, son
mouvement, que nous remarquons être de trois sortes, l’est en-
core davantage. Car prémiérement 1l se meut tout entier d'un
mouvement direct, et il étend ses bras sans intermission, tantôt
(1) Il est facile de voir, TAB. I, qu'il ne s’agit ici nullement d’un Insecte,
mais d’un petit entomostracé : Daphnia pulex De, Geer, très abondant
pendant l’été dans les eaux croupissantes. (N. D. L. R.)
(a) Taë. I.
a PT
en les faisant aller de côté et d’autre, et tantôt en les baissant
et en les élevant.
Secondement 1l a encore un autre mouvement à peu pres
semblable à celui des moineaux dans l'air : Car comme cet
oyseau a un mouvement inégal en volant, et que tantôt :l
s'éléve et tantôt 1l se baisse, selon que ses ailes s'étendent ou
se reserrent; de même aussi ce petit animal en frappant de
ses bras sur leau et en les relevant de même sans intermission,
acquiert par là un mouvement inégal, et semble tantôt aller
à fonds et tantôt remonter sur la surface. Enfin comme son
mouvement n’est pas fort réglé, cela fait qu'il excite comme
un’espéce de sauts continuels dans l’eau, tenant pourtant sa tête
toujours élevée, et sa queüe regardant toujours en bas.
Or parceque cet animal à cause de son mouvement, à plus
de conformité avec une puce qu'avec un poux, et que ses bras
sont faits comme des branches d'arbres; nous le nommerons
en latin pulex aqguaticus arborescens : c'est à dire une puce
aquatique dont les bras ont la forme de branches d'arbres.
En troiziéme lieu nous voyons que ce petit animal à encore
un’autre sorte de mouvement qui est tres semblable à celui de
certains pigeons, qui font des caprioles et des culbutes en l’air
en tournant, et qui semblent perdre leur mouvement en se lais-
sant en quelque façon descendre vers la terre. Car en baissant
sa tête en bas, et en éievant sa queüe, il rame avec ses bras
d’une maniére, que toutes les parties de son corps étans dans
un mouvement continuel, paroissent tantôt dessous et tant
dessus l’eau, et representent cet animal comme tournant dans
un cercle : cequi est fort plaisant à voir, et que l'on peut bien
aussi comparer avec le mouvement d'une roüe.
Cequ’il y a encore de fort remarquable dans cet animal, est
que par le mouvement de ses bras 1l se peut quelquefois tenir
plusieurs jours sur la superficie de l’eau : mais quelquefois
aussi il demeure au fonds, sans être pourtant jamais tout à
fait en repos.
Enfin la structure étrange de son ventre merite fort d'être
— 248 —
remarquée : car si on le considére par dehors il paroîtra d'une
figure quarrée : et ceque l'on prend pour le ventre n’est effec-
tivement qu'une peau transparente en forme d’écaille, laquelle
se joignant par derriere sur le dos, s'entrouvre par devant sur
le ventre et nous donne par là le moyen de voir son veritable
ventre ou autrement sa queüe, que cette peau renferme en forme
d'une écaille double, au travers delaquelle on peut apparcevoir
le corps de l'animal : tellement que puisque le ventre ou la
queüe de cet animal est renfermée dans un’écaille qui est
ouverte par devant, on le pourroit bien comparer aux animaux
qui vivent dans des coquilles, si ce n'étoit ce mouvement ma-
nifeste que l’on remarque en lui et qui sert à le distinguer d'eux.
Et nous voyons même quelquefois au travers de la fente de
sa peau, que sa queüe se meut de côté et d'autre comme nous
avons marqué à la lettre E. Or dans la même table, là ou nous
representons cet animal aux côtez, nous voyons son corps ou
sa queüe, qui se courbe en forme de $., paroitre au milieu de
son écaille : et nous découvrons au travers de son corps un
intestin qui y est renfermé : ses pieds sont situez comme ceux
des Ecrevisses et ont à peu pres le méme mouvement; seulement
avec cette difference que dans les écrevisses les pieds leur
servent à se transporter d’un lieu en un autre, mais que dans
cet animal, 1ls lui sont inutiles pour cet effet. Nous voyons
encore que l'extrémité de sa queüe se divise en deux pointes
qui paroissent roides et deliees comme des cheveux, et que de
ces deux pointes nous en voyons encore sortir deux autres en
forme de petits poils : au derriére de son corps sur le dos nous
découvrons de petits points noirs, que nous croyons être ses
œufs; à cause que quelque temps apres qu'il les a jettez, nous
voyons nager sur l'eau de petits animaux semblables, qui sont
d'une coleur blanchâtre.
(A suivre).
Le Gérant,
F. GUITEL.
Sommaire du Numéro 22 d'INSECTA
Entomologie générale :
Fages
BR. P. Longin Navas, S. |. — Notes sur quelques Névroptères. Névrop-
tères d'Algérie recueillis par M. le Baron P. SURCOUF (3 fig.)......…. 217
CH = es Ansectesret lasmatée:. rimes ce EN nee on cieur 229
CG. Houlbert.— Contributions à l’étude des larves des Cicindélides. —
BTBLIOGRABAIIE ee smneneaee cer Sec neneu een espene reste ceumec eee 020 00e ee CU O Ce 230
« Les Vieux auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. Swam-
MERD AM (TRE) 2222) see dress sec nececeeo ne ca e Due PE a er
Échanges et rédaction d'INSECTA
=
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante :
Monsieur le Directeur d'INSECTA
Station entomologique de la Faculté des Sciences
Rennes (France)
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Les abonnements payables d'avance comptent à partir du mois de janvier,
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Pour tout ce qui concerne l’administration et la rédaction
d'INSECTA, adresser la correspondance à M. le professeur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
DEUXIÈME ANNÉE NOVEMBRE 1912 NUMÉRO 23
le à UMR O 20
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
conan Instir,
AU n n “TUS,
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nec 271912
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Liens MUSE
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IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
1912
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— 249 —
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Les premiers états du POLYDROSUS CHRYSOMELA Oliv.
Par C. HOULBERT,
Professeur à l’Université de Rennes.
Bien que la morphologie des Curculionides soit d'une très
grande uniformité, l'étude des larves de cette famille a depuis
longtemps retenu l'attention des entomologistes; les plus
célèbres s'y sont exercés et cependant bien des points restent
encore dans l'obscurité; 1l nous faudrait, pour les éclaircir,
pouvoir étudier les larves géantes des grands Calandrinæ
asiatiques où américains. Nous savons bien que cette étude a
déjà été ébauchée par M'° de Merian{t), puis reprise par
Herbst ® et par Latreille lui-même (#), mais les détails fournis
par ces anciens auteurs sur les particularités de la constitution
externe sont trop peu précis et beaucoup trop succincts pour
nous donner les points de repères exigés par l'anatomie com-
parée.
S1 nous bornons nos investigations aux espèces de la faune
paléarctique, toutes les larves, dit Perris, se ressemblent à s'y
méprendre; « il n'est pas à dire cependant que toutes ces larves
(1) MÉrIAN (Sibylle de). — Metamorphosis insectorum Surinamensium.
Gér. Walk. Amsterdam, 1705, gr. in-folio, pl. XLVIII, p. 48.
(2) HERBsT (J.-W.). — Watursystem aller bekannten in-und ausländischen
Insecten. Berlin, Pauli, 1705, t. VI, p. 35.
(3) LATREILLE (P.-A.). — AÆistoire natur. des Crustacés el des Insectes.
Paris, 1802-1805, t. XI, p. 52.
Ixsecra, Novembre 1912,
19
soient jetées au même moule, mais les différences qu’elles pré-
sentent tiennent plutôt au genre de vie qu’elles mènent qu’à la
tribu dont elles dépendent ».
Ce ne sont pas toujours non plus les larves des espèces les
plus communes qui sont les mieux connues; ainsi pour borner
. LR
/
F1G. 1 — Touffe de #estucu arenaria Osbeck. (= F. dumetorum L.) dont les racines
servent de nourriture à la larve du Polydrusus chrysomela (Gross. 2 diam.).
nos remarques au seul genre Polydrosus, sur les 25 ou 30 espèces
décrites jusqu’à ce jour en Europe, et dont quelques-unes sont
très répandues, deux larves seulement sont connues 4); on ne
(1) 2. atomarius Oliv. et cervinus L. — Cf. RUPERTSBERGER (M.). Die
biologische Litteratur über die Käfer Europas, Linz. 1894, p. 203.
s'explique pas très bien cette absence de documentation si ce
n'est par la difficulté des recherches. Perris, en effet, qu'il faut
toujours citer lorsqu'il s'agit de la biologie des larves, expli-
quait déjà, il y a une quarantaine d'années (1, que si les pre-
miers états d’un certain nombre de genres tels que les Si/ona,
Phyllobius, Polydrosus, etc, n’ont pas été observés plus tôt,
cela tient à ce que leurs larves vivent dans la terre, aux dépens
des racines des plantes; « je puis l’afñrmer, ajoute le célèbre
entomologiste landaiïs, en ce qui concerne celles du Creorrhinus
geminatus et du Sérophosomus faber que j'ai trouvées en so4-
levant des gazons et que j'ai élevées ».
Nous avons tenu à rapporter ici les judicieuses remarques
de Perris, parce que c’est précisément dans les mêmes conditions
que la larve de notre Polydrosus chrysomela OT a été dé-
couverte aux environs de Moidrey (Manche) par M. René
Oberthür ®).
L'insecte adulte se prenait en abondance, au mois de mai
1005, sur les petites Graminées (f'es/uca arenarta Osbeck) qui
forment un gazon très ras le long des rives du Couasnon
(FIG. 1). En soulevant les mottes d'herbes, dont l’adhérence
est très faible dans ce sol sablonneux, on pouvait recueillir,
sur les racines, la larve et la nymphe du Polydrosus chrysomela
à toutes les phases de leur développement.
CARACTÈRES DE LA LARVE
La larve du Polydrosus chrysomela OI. est charnue et
apode (FIG. 2). Son corps, d’un blanc crème, est convexe en
dessus et presque plan en dessous au moins dans sa partie
antérieure; il est formé de douze segments (non compris la
tête), et sauf par la distribution des cils, il est à peu près
(1) PErris (Ed.). — Zarves des Coléoptères, Paris. 1877, in-8°, p. 378.
(2) D’après M. DES Gozis (Ætude du genre Polydrusus. Revue d’entomol.,
1882, t. I, p. 145), Po/yarosus chrysomela, ainsi que sa var. salsicola Fairm.,
est une espèce spéciale aux bords de la mer et aux terrains salés; on le
rencontre principalement sur les plantes basses qui couvrent les vases sablon-
neuses des estuaires et aux embouchures des rivières.
— 252 —
impossible de distinguer les trois segments thoraciques des
neuf segments abdominaux qui suivent; tous les anneaux du
corps, aussi bien à la face ventrale que sur la face dorsale, sont
ornés de longs cils blanchâtres disposés
en lignes transversales; ces cils sont plus
nombreux et plus visibles à la partie pos-
térieure du corps qu'en avant.
Longueur 5 millim., largeur 2 millim.
Tête (FIG. 3). — La tête est chitinisée,
orbiculaire, luisante, d’un Erun clair, avec
son bord antérieur liséré de brun; vue de
face, si l'on ne tient pas compte des man-
dibules, elle est à peu près aussi longue
que large et arrondie sur les côtés; quel-
RACE ] 1 pe at di t b LRU TE F1G. 2, — Larve du l'oly-
qui S SOI6S CIalrsemees son IStriDuees Sy 3 drosus chrysomela O.,
vue de profil.
métriquement à sa surface; les sutures
(Gross. 12 iam.).
frontale et épicranienne sont très dis-
tinctes; l'aire frontale est triangulaire; la ligne médiane qui
en part remonte dans la direction de l’apex qu'elle dépasse
pour se bifurquer à nouveau lorsqu'elle arrive dans la région
occipitale; la disposition des cils est indiquée sur la fig. 3.
Front
Antennes, _/__ \: Re
Mandibules À = CH
chaire ee \ S
FiG. 3. — ‘Tête de la larve de Polydrosus chrysomela Olv.,
vue de face (Gross. 40 diam.).
. Epistome
. Labre
-
Palpes maxillaires
Antennes. — Les antennes sont excessivement petites et ne
peuvent être distinguées qu’à l’aide d'un très fort grossisse-
RD
ment (1); elles sont situées un peu au-dessus de la base des
mandibules, juste au point de départ de la suture frontale,
dans une cavité étroite surmontée d’un bord roussatre peu
élevé. Leur dernier article d'aspect corné et de couleur Jaunâtre
est seul bien visible; 1l nous a été impossible de déterminer le
nombre des articles et les auteurs qui ont traité ce sujét ne sont
pas d'accord, cependant nous avons des raisons de croire que,
chez Polydrosus chrysomela, les antennes doivent être consi-
dérées comme biarticulées.
Ocelles. — D'après Bargagli ©), les larves qui vivent dans
l'intérieur des végétaux ou sur leurs racines sont privées
d’ocelles, c'est le cas de notre 2. chrysomela, mais il existe
néanmoins un caractère que tous les observateurs ont signalé et
qui a beaucoup intrigué les entomologistes : c'est un point noir
situé à la base de chaque mandibule (FIG. 4); Perris lui-même,
Antenne : | + ps Antenne
JE PISTOME
Tache noire -- ..Jache noire
Mandibule = 7 Mandibule
Machoire ---
Fig. 4 — Portion antérieure de la tête du Polydrosus chrysomela OI.
(Gross. 69 diam.)
pourtant si averti de toutes les anomalies biologiques que
l'on peut rencontrer chez les larves, reste indécis, « les points
(x) Nous rappelons que toutes nos descriptions sont faites à l’aide du
Microscope binoculaire de Zeiss, sous des grossissements compris entre 10 et
8o diamètres. Er” en
(2) BarGAGLt (P.). — Rassegna biologica di Rincofori europei, Firenze,
1887, p. 18.
— 254 —
dont il s’agit, dit-il, ne sont pas ordinairement saillants et ils
ressemblent plutôt à des taches pigmentaires, mais je les ai
vus quelquefois convexes; et, s'ils ne constituent pas de véri-
tables organes de vision, ils en sont du moins des indices qui
ont leur valeur caractéristique dans le diagnostic de ces sortes
de larves (1) ». Il faut avouer que ces points noirs, luisants, qui
nous ont paru légèrement bombés chez P. chrysomela, ont bien
l'aspect de stemmates rudimentaires; cependant comme aucun
auteur n’a osé affirmer jusqu'ici que ce sont des ocelles, nous
pensons qu'il est prudent de réserver toute appréciation et
d'attendre que l’histologie nous permette de trancher la ques-
tion.
Epistome. — L'épistome est de forme trapézoïdale, rétréci
en avant et de couleur sombre; 1l est rattaché à la bordure
antérieur du front par un bourrelet épaissi (FIG. 4); sa surface
supérieure est rugueuse, ornée de saillies, de sillons symé-
triques et frangée de cils jaunâtres.
Il n'y à vraiment aucune raison de distinguer, ainsi que le
fait À. Hopkins 2), l’épaississement marginal du front sous le
nom d’épisiome; tout au plus, si l’on considère cette bordure
comme morphologiquement distincte de l’épicrane, pourrait-on
la désigner sous le nom de postépistome, mais ce serait là
encombrer inutilement la nomenclature, déjà bien vague lors-
qu'il s'agit des pièces céphaliques chez les Coléoptères.
Labre. — Le labre est large, nettement chitineux et de
forme trapézoïdale comme l’épistome; il porte, en dessus, de
longs cils dressés, et, à son bord antérieur, une rangée de spi-
nules bien distinctes (FIG. 4).
Pièces de la bouche. — Les mandibules sont luisantes, de
couleur brune et triangulaires: elles portent à leur extrémité
(x) Perris (E.), Zoc. cit., p. 36.
(2) HopPxixs (A.-D.). — Contributions toward a Monograph of the Bark-
Weevils of the Genus « Pissodes ». Washington. Technical série. 1911, p. 23.
Tate Le
deux dents obtuses inégales (FIG. 3 et 4). La face dorso-laté-
rale des mandibules est légèrement carénée.
Les mâchoires sont blanchâtres, allongées et richement
cihiées ; elles dépassent légèrement les mandibules : nous
croyons, mais sans pouvoir l’affrmer, que leurs deux lobes
dont elles sont formées sont soudés en une seule pièce. Les
palpes maxillaires sont biarticulés (FIG. 3 et 4).
La lèvre inférieure (vue en dessous) se présente sous l'aspect
d’une lamelle triangulaire membraneuse, mais il nous a été
impossible de distinguer les détails des palpes lobiaux et de
la languette, à cause de la petitesse de la larve.
Thorax.
Les segments thoraciques sont transverses et
ornés de longs poils épars; le premier, un peu plus long que
la tête, est formé par une plaque chitineuse d’un blanc jau-
nâtre clair; les deuxième et troisième segments sont entière-
ment charnus, un peu moins longs, mais plus larges que le
précédent; ils sont formés de bourrelets parallèles ornés de
cils dressés. À la face inférieure, on trouve au lieu de bourrelets
transversaux des mamelons charnus qui représentent, chez la
larve, les pièces sternales et épipleurales de l'adulte. En somme,
les pattes étant inutiles, les anneaux thoraciques se sont peu
différenciés et ont conservé le même aspect que les segments
abdominaux.
Les mamelons thoraciques de la face ventrale du corps sont
privés de pattes; ils portent seulement quelques cils très courts
qui suffisent à la larve pour les faibles mouvements qu'elle
effectue.
Abdomen. — Les segments abdominaux, au nombre de neuf,
sont blanchâtres et entièrement charnus; en dessus, chacun
d'eux est formé de trois bourrelets parallèles; sur les côtes on
observe des mamelons analogues à ceux de la région thora-
cique; la face ventrale et le bourrelet médian dorsal portent
des rangées transversales de cils dressés.
— 256 —
Les stigmates sont arrondis et au nombre de neuf paires;
la première paire est située à la partie latérale supérieure de
l'anneau prothoracique et non pas, suivant l'opinion de certains
auteurs, sur le segment mésothoracique; les huit autres paires
sont distribuées le long de l'abdomen, du premier au huitième
anneau, à la base des bourrelets médians et au niveau de la
ligne qui sépare, anatomiquement, la région dorsale de la région
ventrale. Les ouvertures stigmatiques sont arrondies, très
petites, et entourées d’un péritrème Jaunâtre à peine visible.
Le neuvième anneau est court et beaucoup plus étroit que le
précédent ; 1l se prolonge par un tube anal assez large, oblique
et comme tronqué.
CARACTÈRES DE LA NYMPHE
Nous trouvons ici les caractères généraux des nymphes des
Curculionides. Longueur 7,5 millim.; largeur 3,5 millim.
Vu de côté, le corps se
montre assez fortement
courbé (FIG. 5); la tête,
relativement très grosse,
..Œil
Prothorax_
Se : Antennes, __
est légèrement penchée en
avant; le pronotum est
très large; il est à lui seul
aussi développé que le mé-
sonotum et le métanotum
qui le suivent ; les élytres
sont longs et flexueux, les
anneaux de l'abdomen F1G. 5. — Nymphe de Polydrosus chrysomela OT,
présentent un aspect ca- vue de côté (Gross. 25 diam.).
réné et 1ls portent, du premier au huitième inclus, des rangées
transversales de spinules courtes mais très acérées.
Vue de face (FIG. 6) la larve présente, dans son ensemble,
une forme losangique très répandue chez les Curculionides;
LEA
la tête est trapézoïdale et montre deux gros yeux réticulés de
couleur sombre, en arrière de l'insertion des antennes.
Antennes coudées de douze articles; le premier article, for-
mant le scape, est déja très allongé. Rostre court, couvert de
-Tarses postérieurs
=" Rostre
F1c. 6.
Nymphe de Polydrosus chrysomela OK,
vue de face (Gross. 25 diam.).
cils épars et prolongé par un labre arrondi très distinct; sur
les côtés du rostre sont insérées deux mandibules trapues,
munies à leur bord interne de trois lobes denticuliformes
arrondis; en arrière des mandibules,
se voient deux stylets, qui représen-
tent vraisemblablement les palpes
maxillaires.
Les deux paires de pattes antérieures
sont pliées et placées en avant des
élytres; la troisième paire (pattes posté-
rteures) est au contraire placée en des-
sous. Les élytres, assez fortement élar-
gis en arrière, laissent voir, au niveau
des tarses postérieurs, l'extrémité des F1G. 7.
Potlydrosus chrysomela Olv.
adulte (Gross. 2 diam.).
- ailes membraneuses,
— 258 —
Insecte adulte. —— À l'état adulte, Polydrosus chrysomela
est assez variable sous le rapport de la coloration (FIG. 7);
cette particularité est due à ce fait qu'il existe, principalement
sur les élytres, un mélange d'écailles de deux couleurs : les
unes vertes, les autres argentées; suivant que le nombre des
unes l'emporte sur les autres, les individus présentent une
coloration verte assez brillante ou un aspect argenté. C’est la
robe élytrale argentée qui parait la plus abondante à Moidrey.
C. HOULBERT.
Te BEEN
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE
Un Coléoptère nuisible au Mil en Afrique occidentale
Par A: VUILLET
L]
Préparateur à la Station entomologique de Paris,
Au Soudan français, le Mil à chandelles (Pennisetum Sprca-
tum L.) est quelquefois attaqué par un Curculionide du groupe
des Brachyrrhinidæ, le Siderodactylus sagiltarius Olivier
(Entomologie, V, n° 83, p. 345, pl. IV, fig. 40, décrit du
Sénégal).
Fi. 1. — Feuille de Pennisetum spicatum L. mangée par Siderodactylus sagittarius OL.
Koulikoro. — Grandeur naturelle.
Mon frère, Jean Vuillet, a récolté cet msecte, en septembre,
à Koulikoro (Haut-Sénégal-Niger) et ma adressé, en même
temps, des échantillons des dégâts (FIG. 1).
— 200 —
Le Siderodactylus sagittarius (FIG. 2) mesure environ
10 millimètres de longueur ; 11 est de teinte générale brun clair,
un peu rosé ou Jaunâtre. Sa forme est
cyhndrique. Son rostre est très court,
d'un brun rosé avec des bandes blanches
sur les côtés. Les yeux sont noirs, un peu
saillants. Le thorax présente une ligne
médiane dorsale étroite, enfoncée, et
F1G. 2. — Le Charançon du
Mil à chandelles, Sidero-
dactylus sagittarius Olivier,
= Koulikoro: — Grossi (lon. ‘LES élytres sont, striés et! présentent
gueur vraie, 10 millim.).
deux bandes blanches de chaque côté.
deux lignes blanches. Toutes les cuisses
sont simples, c'est-à-dire ne présentent pas d’'épines; les anté-
rieures sont très renflées.
. —
dn..
fr
=
MMEORTATIONVÉET :-L'ÉLEVAGE
INSECTES UTILES AUX ÉTATS-UNIS
Par J. PÉNEAU,
Préparateur au Muséum d'Histoire naturelle de Nantes
Le Bureau d'Entomologie de Washington à publié, à la fin
de l’année dernière U), une brochure fort intéressante résumant
l'état de la vaste entreprise organisée par le Gouvernement
américain pour lutter contre deux chenilles européennes nui-
sibles, introduites depuis quelques années aux Etats-Unis.
M. A. Vuillet, dans /nsecta (1011, p. 20-25) et dans la Kevue
bretonne de Botanique, a déjà dit comment ces chenilles
furent importées aux Etats-Unis, et de quelle façon la lutte
fut organisée contre elles. Nous croyons être utiles aux ento-
mologistes français en extrayant pour eux quelques notes du
travail très documenté de MM. Howard et Fiske.
Importance des parasites. — Tous les lépidoptéristes
connaissent Liparis (Porthetria) dispar et Liparis (Euproctis)
HjNÉowAaRDr (LE. O:.)"et Fiske (W. E.). — Te Importation into the
United-Siates of the Parasites of the Gipsy-moth and the Brown-tail moth.
(UESS: Départment of Agriculture. Bureau of Entomology. Bulletin N° 91.
Washington 1971.)
(2) VuILLET (A.). — Comment Zig-zag et Cul-doré émigrèrent en Amé-
rique et ce qui s’ensuivit. (Rennes, Revue Bretonne de Botanique. Mars 1910.)
Ib. — Bibliographie, INSECTA, 1911, P. 278.
— 262 —
chrysorrhea, vulgairement Zig-zag et Cul-doré, deux Bomby-
cides fort abondants en Europe et en Asie. Nous passerons
rapidement sur leurs ravages périodiques bien connus de tous.
1° La femelle de Liparis chrysorrhea (FIG. 1) pond, en Juillet,
sur les feuilles et sur les rameaux
de nos arbres, des masses d'environ
300 œufs, recouvertes de poils;
l'éclosion a lieu le mois suivant;
les jeunes chenilles broutent les
feuilles jusqu'à l’arrivée de l’au-
tomne; à ce moment, elles se réu-
nissent en groupes pour se confec-
tionner, à l’aide de feuilles main-
tenues par des fils de soie, un nid
d'hiver (FIG. 2) dont ja taille peut
aller de 3 à 20 centimètres et où
F1c. 1.
Liparis chrysorrhea adultes 9 et Plus de 200 chenilles peuvent hi-
(Grandeur naturelle).
verner pendant la mauvaise saison.
Ces chenilles sortent au printemps, dévorent les feuilles avec
une avidité famélique; et, en juin, tissent leur cocon pour la
métamorphose; leur évolution s'effectue donc, approximati-
vement, dans l’espace d'une année.
2° Les femelles de Zzparis dispar pondent en août, sur
les troncs d'arbres, des masses de 4 à 500 œufs protégés
par une épaisse couverture de poils duveteux; ces œufs passent
l'hiver et n'éclosent qu'au printemps; les chenilles broûtent
alors les feuilles, principalement celles des chênes; et, comme
celles du £. cÆrysorrhea, se métamorphosent dans le courant
du mois de juin.
Il sufñrait de recueillir et de détruire soigneusement les
nids d’hiver de C#l-doré, ainsi que les pontes de Z2g-zag, pour
entraver leur propagation et maintenir le développement de
ces deux espèces dans de justes limites; mais on ne s’en
— 203: —.
préoccupe guère, du moins en France. Malgré cette insouciance,
les ravages n'arrivent pas, chez nous, à l’état de calamité, car
ces deux espèces de Lépidoptères sont heureusement combattues
par de nombreux parasites. Quand, une année, les chenilles se
montrent en grande quantité, les parasites se développent éga-
lement en nombre proportionnel, de sorte que, l’année suivante,
FF ==
î .
F1G. 2. — Nid d'hiver du Leparis Chrysorrkea, grandeur naturelle
(d’après nature).
les chenilles, attaquées par de nombreux ennemis, deviennent
relativement rares. Il se produit par suite un heureux équilibre
qui fait que le fléau s'éteint de lui-même au bout de quelques
années ; mais 1l n’en est plus ainsi lorsque, pour une raison ou
pour une autre, les conditions naturelles se trouvent brusque-
ment changées.
— 204 —
Il y a une quarantaine d'années (1868), un naturaliste
français, Léopold Freuyelot, élevait, dans l'Etat de Massa-
chusetts, sur la côte orientale des Etats-Unis, quelques chenilles
de Zzsparis dispar qu'il avait reçues d'Europe (FIG. 4); une
nuit, un orage bouleverse ses appareils d'élevage et voilà les
chenilles dispersées, mises en liberté dans un pays nouveau
où elles ne tardent pas à prospérer (FIG. 5). Pius tard, vers
PER AE
EE ÿ
il
(L
T7 ”
ET 7
Fia. 3. Maison de L. Trouvezor, Myrtle Street, Glenwood, Medford,
où les chenilles de ZLiparis dispar furent introduites pour la première fois en Amérique
(d'après M. L. Forbush)
1800, Ziparrs chrysorrhea est importé à son tour aux Etats-
Unis, toujours dans l'Etat de Massachusetts.
Mais, comme 1l n'y avait là-bas aucun des parasites qui chez
nous arrêtent la progression géométrique de l'accroissement
des chenilles, elles devinrent donc rapidement un véritable
fléau; 1l y avait déjà longtemps qu’elles étaient répandues et
multiphées lorsqu'on songea à leur déclarer la guerre : éche-
nillage, pulvérisations, récolte des pontes, etc. rien n’y fit, elles
résistèrent victorieusement à tous les procédés de destruction
employés.
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2e 260: —
Les Américains appelèrent Porthetria dispar (FIG. 5), GIPSY
MOTH et Æuproctis chrysorrhea, BROWN-TAIL MOTH. — Une
‘commission spéciale fut chargée d'organiser la lutte d'abord
contre Gipsy moth, puis, plus tard contre Brown-tail moth,
lorsqu'on s'aperçut aussi de sa présence.
Après avoir constaté l'inutilité manifeste de tous les procédés
habituels de lutte
contre les Insectes,
ont eu l'idée que,
puisqu'en Europe,
les chenilles de
Liparis dispar et
chrysorrhea étaient
largement et régu-
lièrement parasi-
tées, on pourrait
avoir la chance,
F1G. 5. — Laparis dispar femelle, un peu grandie,
en introduisant en
Amérique une grande quantité de chenilles, d'introduire en
même temps leurs parasites.
- Des tentatives d'importation de ce genre, d’un pays à l’autre,
avaient d'ailleurs déja été tentées avec plus ou moins de succès
depuis 1854. Citons seulement À fanteles glomeratus, parasite
de la chenille du Papillon du chou, introduit aux Etats-Unis
par Riley en 1883, et la Coccinelle : Vovius cardinalis qui vit
aux dépens d’une Cochenille fort nuisible aux orangers,
l’/cerya Purchasi Maskell, introduite d’abord d'Australie
(pays originaire de l’/cerya) en Nouvelle-Californie, puis
ensuite, successivement en Portugal, en Italie, en Egypte, zu
Cap, aux îles Hawaï, à Formose, etc.
Importation des Parasites. — L'idée d'introduire les para-
sites de Zzparis fut émise par le naturaliste américain Fernaid
en 1880, mais elle ne fut pas tout d’abord prise en considé-
ration parce qu’on espérait que les insectes prédateurs indigènes
— 207 —
fnuraient bien par attaquer les chenilles importées, ce qui n'eut
pas lieu ou d’une manière tout à fait insuffisante.
Après une longue série de réunions et conférences d’ento-
mologistes d'Amérique et du monde entier, après que cette
question de l'importation des chenilles eut été bien envisagée,
étudiée et mürie, les premiers crédits furent enfin votés, en 1904
seulement. Une somme provisoire de 12,500 dollars fut mise à
la disposition du Bureau d'entomologie du Ministère de
l'Agriculture par la Fédération et par l'Etat de Massachusetts,
le plus directement intéressé. En 1005, un crédit de 300.000 dol-
lars fut inscrit au budget à répartir sur trois années : 1905-1906-
1907. Crédit régulièrement renouvelé depuis.
Entre temps, cela va sans dire, on avait étudié la question :
la distribution géographique des deux papillons et de leurs
variétés avait été relevée; on avait dressé la liste de leurs
parasites connus; les entomologistes américains purent donc
se mettre immédiatement à l'œuvre. En 1005, le Chef du Bureau
d'entomologie, M. Howard fit un voyage en Europe : à Naples,
Portici, Florence, Vienne, Budapest, Dresde, Zurich, Paris. Il
s’assura le concours de plusieurs entomologistes éminents
MM. Säilvestri, Leonardi, René Oberthür; on employa, en
plusieurs localités, des chasseurs d'insectes réputés et, à la fin
de cet été 1905, 131 boîtes de chenilles ou de chrysalides furent
expédiées des différents points de l'Europe à Boston, d'où elles
furent ensuite immédiatement portées au laboratoire d'élevage
établi à Melden, toujours dans l'Etat de Massachusetts.-
Pendant l'hiver qui suivit, 117,000 nids d'hiver de Liparis
chrysorrhea furent reçus au Laboratoire; sur ce nombre, plus
de 10,000 récoltés dans l'Indre et dans le Poitou, furent expé-
diés en Amérique par les soims de M. René Oberthür.
Elevage des Parasites. —— Le Laboratoire devint rapide-
ment insuffisant: son directeur, M. Kirkland, résolut de s’ins-
taller à North-Saugus (FIG. 6), où il transporta le matériel de
Melden. Là, les nids étaient placés dans de grandes boîtes
== 90) —
d'élevage pouvant en contenir chacune de 500 à 1,000. Ces boîtes
étaient percées, en haut de leur face antérieure, d’un trou dans
lequel on insérait un tube de verre où les parasites venaient,
après leur éclosion, chercher la lumière et, où 1l était facile de
séparer les parasites des hyperparasites. Toutes les précautions
se trouvaient ainsi prises pour qu'aucun insecte utile ou nuisible
F1G. 6. — Le Laboratoire de North-Saugus, Mass.
pour l'élevage des parasites d'£uproetis chrysorrhea et de Liparis dispar
(d’après Howard et Fiske).
ne püût s'échapper des chambres d'élevage. On obtint ainsi, dans
l'espace de quelques mois, l’'éclosion de 70,000 parasites; sur
ce nombre, 8 % (soit 5,600), qui étaient des hyperparasites,
furent détruits, et le reste, soit environ 64,000, fut répandu
dans les contrées infestées par les Zzparis. Pendant ce même
hiver (1005-1906) on importa aussi un Carabidé, grand destruc-
teur de cheniiles : le Calosome sycophante.
En 1906, nouveau voyage de M. Howard en Europe, à la
suite duquel le Laboratoire de North-Saugus reçut plus de
— 269 —
40,000 larves et pupes de Liparis dispar (Gipsy moth) et 35,000
de ZL. chrysorrhea (Brown-tail moth). Pendant l'hiver qui suivit
(1906-1007), plus de 110,000 nids furent encore expédiés. En
1907, troisième voyage circulaire en Europe : à Kiew (Russie),
M. Howard engage un chasseur et loue un verger dans un fau-
bourg ; à Rennes (France), toujours de concert avec M. René
Oberthür, 1l installe un poste d'études avec cages d'élevage et
M. A. Vuillet, préparateur à la Station entomologique de l'Uni-
versité de Rennes, fut chargé de la conduite des expériences.
À la suite de ces divers voyages, les envois furent de plus
en plus importants, le Laboratoire de North-Saugus devint à
son tour insuffisant; on décida alors d’en construire un troi-
sième, plus grand et mieux aménagé, à Melrose-Highlands,
toujours dans l'Etat de Massachusetts qui, d’ailleurs, en fit
les principaux frais.
En 1008, le professeur Kincaid partit en mission au Japon,
Il en rapporta un. chargement de cocons desquels sortirent
40,000 à 50,000 adultes d'A panteles qui furent libérés dans
l'Etat de Massachusetts; entre temps, les importations euro-
péennes continuaient sans interruption, et, rien que des envois
du professeur Jablonowski, de Budapest, on obtenait plus de
73.000 adultes d'Anastatus bifascratus.
En 10900, quatrième voyage de M. Howard dans l'Europe
centrale et occidentale et de M. Kincaid en Russie. Des équipes
de chasseurs, composées parfois d'une dizaine de personnes,
furent organisées, dans le midi de Ja France, par exemple. Au
‘cours de ce voyage, M. Howard, accompagné de M. Marchal,
de Paris et de M. René Oberthür, de Rennes (FIG. 7), visita.
la Normandie et l’'Anjou. Ces Messieurs purent étudier, entre
autres, près de La Meilleraye (Loire-Inférieure), une petite forêt
complètement dépouillée de ses feuilles par les chenilles de
Liparis dis par.
En 1910, au printemps, cinquième tournée de M. Howard en
. “ , A À A / A A
Europe; puis, à l'automne de la même année, M. Fiske, du
RL RSS ri ———
270
Laboratoire de Melrose, vient à son tour dans le but d’élucider
certains points importants concernant la question des hôtes
alternants des parasites et les conditions d’hibernation.
F1G, 7 — MM. René OgErtaür (à gauche) et Paul MarcHaz (à droite),
pendant une excursion (d'après L. Howard, 1909).
À mesure que l'entreprise se poursuivait, les entomologistes
américains acquéraient de l'expérience; ils modifiaient et per-
fectionnaient leurs cages ainsi que leurs boîtes d'élevage; nous
ne pouvons décrire 1c1 ces installations sous peine d'allonger
outre mesure cette communication.
Nous avons vu que l'importation des Zzparis eut lieu à tous
les stades de développement, depuis les œufs jusqu'aux chry-
salides. Cela était indispensable, en effet, car certains parasites
27 —
, ë, 2 =
s attaquent uniquement aux œufs de G:p5y ou de Brown-taœl
moth, d'autres sont parasites des jeunes larves, d’autres des
A La , D .
larves âgées et d’autres, enfin, des chrysalides.
de RATE
L'importation des masses d'œufs, du Zzparis dispar, malgré
tous les soins que prirent, en particulier, les Japonais, ne donna
Titus pour protéger les opérateurs contre
FiG 8.— Capuchon inventé par M. E.
les poils urticants de Laparis chrysorrhea (d'après Howard et Fiske).
que de très minimes résultats, par suite d'une grande mortalité
au cours du voyage.
L'importation des jeunes chenilles, commencée en 1907, ne
réussit bien qu'à partir de 1900, avec des chenilles japonaises
aux deuxième et troisième stades, transportées directement de
Yokohama à Boston dans de grandes boîtes oblongues, d'une
capacité de un pied cube et demi environ; ces boîtes étaient
—— DT, ie
<=
doublées de plusieurs épaisseurs de papier absorbant; on atta-
chait, sur les côtés, de petites branches d'A/zus et on y intro-
duisait plusieurs centaines de chenilles; après avoir attaché soli-
dement le couvercle, on plaçait le tout dans une chambre froide.
Les importations d'Europe qui, la première année ne réus-
sirent pas, quoique mieux faites, ne donnèrent, la seconde,
F1G. 9. — Case vitrée employée pour l'ouverture des boîtes contenant les chenilles
de Liparis chrysorrhea reçues de l'étranger (d’apr. Howard et ‘Fiske).
qu'un pourcentage de parasites très faible; les japonaises
n'avaient pas, elles non plus, un pourcentage de parasites fort
élevé.
L'importation des chenilles adultes, après plusieurs essais in-
fructueux, put enfin se faire en prenant certaines précautions;
quant aux chrysalides, leur délicatesse demande tant de soins
que leur,1mportation fut jugée impraticable.
Où le succès fut complet, ce fut avec les pontes, les nids
d'hiver et les chenilles adultes de Zzparis chrysorrhea; on
— 273 —
employa, de préférence, pour ces dernières, des boîtes peu pro-
fondes, de 50 pouces cubes environ et on plaça une centaine
de chenilles dans chaque boîte avec des rameaux feuillés.
À l'ouverture des boîtes, il faut prendre des précautions spé-
ciales pour se préserver les yeux, le nez et la bouche des poils
urticants qui se répandaient avec une grande facilité; on dut
adopter, pour la manipulation de ces milliers de chenilles, des
dispositifs très ingénieux. Deux de ces dispositifs sont repré-
sentés par nos FIG. 8 et 0.
On importa également des cocons d’un parasite des chenilles,
l'Apanteles fulvipes, au nombre d'un million au moins: les
Japonais surtout déployèrent beaucoup d’ingéniosité dans les
envois de ces cocons; le meilleur fut installé de la manière
suivante : environ mille cocons étaient enfermés dans une petite
cage en osier qui, à son tour, était incluse dans une enveloppe
de gaze à moustiquaire, les cocons ne pouvaient ainsi s'échapper;
mais les adultes, qui émergeaient pendant le transport, pou-
vaient circuler entre la cage d’osier et l'enveloppe de gaze; le
tout était, en outre, fixé au centre d’une grande caisse en bois,
Les résultats de cette gigantesque entreprise, en 1911, étaient
les suivants :
En ce qui concerne Gipsy moth (Porthetria dispar L.), on
lui connaissait comme parasites quinze Braconides, vingt Ich-
neumonides, six Chalcidides, vingt Tachinides. Sur ces nombres
on obtint :
Deux Braconides : l'A panteles fulvipes Haliday et l'A pan-
teles solitarius Ratzeburg ;
Quatre Ichneumonides : Pimpla instigator Fabr. examinator
Fab., T'Aeronia atalantæ Poda, lchneumon dis paris Poda;
Un Chalcidide : Anastatus (Eupelmus) bifascratus Fourc.;
Quatre Tachinides : Compsilura concinnata Meig.; Para-
seligena segregala Rond : 7 achina larvarum L. (FIG. 16);
Zygobothria gilva Hartig.
— 274 —
En plus, on obtint comme parasites de Zig-zag dix-neuf
autres espèces non encore signalées :
Trois Braconides : Meteorus versicolor Wesm., pulchricornis
Wesm. et japonicus Ashm .;
Six Ichneumonides : Pëmpla porthetrie Vier., pluto Ashm,
brassicarieæ Poda, disparis Vier, Limnerium (Hyposotes)
disparis Vier, L. Anilastus tricoloripes Vier.
Quatre Chalcidides : WMono-
dontomerus æreus Walk.
Chalcis flavipes Panz.
(FIG. 10), obscurata
Walk. Schedius kuwane
How.
Six Tachinides : Blepha-
ripa scutellata KR. D.
arrpis ON NT) Meio F1. 10.— C'halcipes fluripes adulte très grossi
Carcelia gnava Meg. Etre den à
Crossocosmia Sericaria
Corn, Dexodes nigripes Fall, Tachina Japonica Tourn,
Tricholyga grandis Zett.
En ce qui concerne Brown-tail moth (Æwproctis chrysorrhea
L.), on lui connaissait comme parasites : Treize Braconides,
douze Ichneumonides, neuf Chalcidides, un Proctotrypide, sept
Tachinides; sur ce nombre, on obtint
Un Braconide : Meteorus versicolor Wesm.
Trois Ichneumonides : Pimpla examinator, instigator, The-
ronta ataliante ;
Un Chalcidite : Peromalus niduians Thom.
Trois Tachinides : Compsilura concinnata, Pales pavida
Meig., Zenillia libatrix Panzer.
Un Proctotrypide : T'elenomus phalænorum.
En plus, on obtint treize autres espèces non encore signalées
comme parasites de Cul-doré :
Un Braconide : À panteles lacteicolor Vier.
ne Ve
Un Ichneumonide : Pimpla brassicarie Poda.
Cinq Chalcidides : Preromalus egregius, Diglahis omnivora
Walk, Monodontomerus æreus Walk. deux Trichogramma
Sp. ?
Treize Tachinides : Blepharipa vulgaris Fall, Cyclotophrys
anser Tourn., Dexodes nigripes Vall, Digonichalta seti-
pennis Fall, spinipennis Meig., Zudoromya magnicornis
Zett., Masicera sylvatica Fall., Nemorilla sp.?, N. notabilis
Meig., Parexorisla cheloniæ Rond. Tachina larvarum L.,
Tricholyga grandis Zett., Zygobothria nidicola Towns.
Parmi les espèces qui se.révélèrent ainsi aux entomologistes
américains comme des parasites utiles, inconnus ou méconnus
dans leur patrie d’origine, Europe et Japon, plusieurs étaient,
en même temps, nouvelles pour la science. Si nous prenons
séparément chacune des espèces obtenues, nous pouvons les
grouper ainsi qu'il suit, suivant qu'elles s’attaquent aux œufs,
aux chenilles ou aux chrysalides.
I. — PARASITES DES ŒUFS
1° Anastatus bifasciatus Fonsc. (FIG. 11). — Son action,
parasite des œufs du Ziparis dis-
par, semble parfaitement bien
établie, mais 1l ne se disperse
que très lentement autour des
centres de colonisation, environ
100 mètres par an; à ce compte
il faudrait plus de 16 ans pour
que des colonies disposées à un
1 tres () ar-
mille les QUES des RE Ye « Fic. 11. — Anastatus bifasciatus,
femelle adulte très grossie
(d’après Howard).
rivent à se fusionner. Il faut
donc établir des colonies très
rapprochées. Jusqu'à la fin de 1910 on dispersa 177,210 insectes
de cette espèce.
(1) Le mille anglais vaut 1.609 mètres.
ee 270 sa
2° Schedius kuvanæ Howard est une espèce nouvelle, -para-
site des œufs du Zzparis dispar (FIG. 12). Reçu du Japon, 1l
ne parait pas s'être réellement acclimaté, les conditions clima-
tériques ne lui convenant
pas; et, en outre, comme
il présente environ une
génération par mois et
qu'il n’hiverne pas dans
les masses d'œufs, ce pa-
rasite a besoin d'un hôte
alternant qu'il ne trouve
F1@. 12. — Schedius kuwanæ,
femelle adulte fortement grossie (d'apr. Howard).
pas en Amérique.
3° lelenomus phalenarum Nees et Tichogramma sp. sont
des parasites des œufs de Z. chrysorrhea, mais leur importance
pratique doit être considérée comme insignifiante.
II. —— PARASITES DES CHENILLES
À panteles fulvipes Hal. (FIG. 13) et À. soli/arius Ratz. sont
des parasites des chenilles du Z. dispar. Reçus seulement en
FiG. 15. F1G. 14. — Cocons très grossis desquels
l'Apanteles fulvipes et ses parasites
? Apanteles Julvipes, | secondaires sont sortis
Hyménoptère adulte, tres grossi,
Apanteles fulvipes; b, Hypoptero-
malus: ce, Hemiteles ep.; d, Dibra-
chys; e, Asecodes (d’après Howard
et Fiske).
&
parasite
des chenilles du Liparis dispar
(d'après Howard).
petit nombre, 1ls ne se sont probablement pas acclimatés par
défaut d’un hôte intermédiaire (FIG. 14).
a nt
Re
À panteles Llacteicolor Vier, parasite de CArysorrhea. — On
mit en liberté plus de 44,000 individus. L'espèce est aujourd’hui
parfaitement acclimatée et dispersée sur une vaste étendue.
De même : les P/eromalus egre-
gius Fôrst. (FIG. 15), Meteorus
versicolor Wesm., Zygobothria ni-
dicola Towns, dont on colonisa
respectivement 354,300, 3,113 et
109 individus sont tous les trois,
parasites des chenilles de Liparis
chrysorrhea. Us paraissent parfai- Fre. 15° — Pieromalus cgregius,
femelle adulte très grossie
(d’après Howard et Fiske).
tement établis et bien dispersés.
Les quatre espèces indiquées ci-dessus, dont l'importation fut
heureuse, sont des parasites des jeunes chenilles hibernantes;
le succès fut moindre avec les parasites des chenilles plus âgées.
III —— PARASITES DES CHRYSALIDES
Monodontomerus ærus qui parasite les deux espèces de
chenilles, est parfaitement établi et bien dispersé.
Parmi les Tachinides (FIG 16),
quelques espèces, comme Caspsilura
concinnata sont bien établies; pour
) d’autres, on n’a pas encore les preuves
certaines de leur acclhimatation; pour
d'autres enfin, on ne compte pas sur
È N 1 ,°
elles, soit à cause de leur peu d'im-
Fig. 16. — Tachina larvarym, portance, soit à cause de leur hybri-
femelle adulte, parasite du
Liparis chrysorrhea en Eu dation facile avec les formes VOISINES
rope (d’après Howard et
ne américaines.
Biologie des parasites. — Mais M. Howard et ses colla-
borateurs ne se sont pas bornés à élever les insectes et à les
libérer en Amérique, dans les meilleures conditions possibles.
La biologie de ces parasites, qui était encore inconnue, dans
— 278 —
sa plus grande partie, a été soigneusement étudiée; de nom-
breux échantillons d'insectes, de larves et d'œufs ont été dissé-
qués et, de cette vaste entreprise de science appliquée, la science
pure a retiré, elle aussi, une ample moisson de documents inté-
ressants; nous en citerons seulement quelques-uns, notamment
la parthénogénèse des Q de ScAedius kuwanæ et le curieux
développement parthénogénétique d’un minuscule hyménoptère
hyperparasite des Tachinides, le A/elz1obia acasta Walk.
Les Œ de cette espèce évoluent plus vite que les © ; aussitôt
éclos, et quoique en nombre bien inférieur à celui des ©, ils se
hvrent de terribles combats de Lilliputiens dans lesquels beau-
coup trouvent la mort; 1ls n'ont pourtant pas l'excuse de la
lutte pour la possession !
M. Snuth a essayé d'obtenir la reproduction parthénogéné-
tique des ©, mais elles refusent de pondre plus de quatre ou
cinq œufs, rien ne peut les faire continuer leur ponte; elles
attendent que ces quatre ou cinq œufs éclosent, que les larves
se développent et que les adultes apparaissent, ces adultes sont
toujours des mâles qui s’accouplent immédiatement avec leurs
mères et celles-ci achèvent alors leur ponte d'individus exclu-
sivement femelles. Or, si ces Q avaient été fécondées dès le
début, c'est-à-dire avant leur ponte parthé-
1 nogénétique, chacune d’elle n'aurait jamais
| produit que les quatre ou cinq mâles exigés
pour la conservation de l'espèce.
La différenciation biologique des Tr1-
chogramma n'est pas moins intéressante.
Les 7 r2chogramma sont les plus petits des
parasites obtenus (FIG. 17). Un seul œuf
F1G. 17. — Trichogramma pe - è
indéterminé et forte de Zzparss chrysorrhea peut héberger dix
ment grossi, déposant Re 7 $
ses œufs dans un œuf Z72chogramma. On obtint par élevage
de ZLiparis chrysorrhea ; ie
q ris Howard et deux espèces européennes et une améri-
ske).
caine. L'espèce américaine est 7. preciosa
Riley ; l’une des européennes lui ressemble d’une façon complète,
quant à la forme, mais elle en diffère en ce que ses femelles
— 279 —
produisent parthénogénétiquement des Get des ©, tandis qu:
les femelles de l’espèce américaine ne donnent que des œ
par parthénogénèse.
La complication des cas que l’on peut observer dans la lutte
pour la vie que se livre la foule des parasites et des hyperpa-
rasites est incroyable.
Schedius kuwanæ par exemple peut, quelquefois, pondre
deux ou plusieurs œufs dans un même œuf de Zziparis dispar;
on à vu, assez souvent, une ou plusieurs larves de Sckedius
dévorant, côte à côte et en paix, à l’intérieur d’un œuf de
Liparis, la malheureuse chenille non encore éclose; mais il ne
sort Jamais qu'un seul adulte, 1l faut donc, ou, qu'une fois la
chenille mangée, les deux larves se livrent un duel à mort, après
lequel le vainqueur mange le vaincu, ou, que la lutte prenne la
forme d’un combat pacifique à la suite duquel le perdant aban-
donne en gage, à son partenaire, la partie nutritive de son
propre corps.
On a suivi, par exemple le cas suivant : un œuf de Zzparis
dispar fut attaqué par un Arastatus dont la larve dévora entiè-
rement l'embryon; après avoir tout consommé, cette larve entra
dans son stade hibernant: mais, à ce moment, trois Sckedius
vinrent, tour à tour, pondre dans l'œuf déjà parasité; les trois
larves dévorèrent d’abord, de concert, la larve de l’Anastatus,
puis celle d’entre elles qui avait acquis la suprématie, dévora
successivement ses deux compagnes. Dans la nature, la tragédie
ne s'arrête pas toujours là; les Z'yndarichus et les Pachyneuron
arrivent à leur tour et pondent dans ce qui fut l'œuf de Zzparis,
leurs larves mangeront celle du Schedius, puis se dévoreront
entre elles; puis un Scedius d’une nouvelle génération pourra
venir à son tour pondre encore dans l'œuf, et sa larve détruira
celles des Z'yadarichus où du Packyneuron qui auront survécu:
L'étude des hyperparasites, soigneusement suivie au Labo-
ratoire de North-Saugus, a fourni par ailleurs une foule de
— 280 —
faits des plus intéressants; elle a, en outre, permis de recon-
naître au moins une trentaine d'espèces nouvelles.
Une quantité considérable de détails concernant la biologie,
la distribution, l'alternance, des parasites et des hyperparasites,
en Europe et au Japon, nous a été ainsi révélée par les entomo-
logistes américains; nous regrettons de ne pouvoir les signaler
tous ici, cela nous entrainerait trop loin; nous nous bornerons
seulement à indiquer 1c1 la présence, dans l'Ouest de la France,
aux environs de Charroux (Indre), de Crossocosmia sericaria,
le curieux « uji », parasite des vers à soie au Japon et étudié
par SASAKI; la dissection de chenilles de Ziparis dispar montra,
dans le système nerveux de plusieurs individus, la jeune larve
de Crossocosmia, exactement dans les mêmes conditions que
Sasaki l'avait décrite.
IT est facile de comprendre que ces résultats sont très encou-
rageants, et certes le Gouvernement américain n'aura pas à
regretter les sacrifices qu'il s’est imposés pour la solution de
cette importante question.
J. PÉNEAU.
— — 0 De - ——
“ LES VIEUX AUTEURS
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite) ()
À la figure C. nous représentons derechef toutes les parties,
excepté les œufs, mais pourcequi est du corps, que nous avons
dépeint à côté à la lettre B., nous le dépeignons ici comme
plus avancé vers le devant afin de faire mieux remarquer le
mouvement de la queüe par la fente de la peau. Nous y repré-
sentons encore les Jambes de l’animal, que nous avons fait
peindre comme s'avançans hors de cette même fente.
Pour cequi regarde la couleur de cet animal, elle tire en
quelque façon sur le rouge, et ne ressemble pas mal à celle de
la chair, qui a trempé dans l’eau quelque temps : sa peau exte-
rieure est asses semblable à celle de ces poissons, dont les
écailles sont disposées comme les mailles d’un filé, hormis
quell'est à peu pres transparente comme lécaille des plus
petites moûles, ou comme la coquille des limaçons. Enfin nous
trouvons que ses bras branchus ont assez de conformité avec
les pieds d’une poule.
Nous trouvons d'ordinaire (comme nous avons dit) ces ani-
maux dans des reservoirs d’eau de pluie, ou 1l n’a plû de long-
temps : car autrement lorsqu'il tombe de la pluie de nouveau,
cela les disperse çà et la et les rend plus difficiles à découvrir :
ils se trouvent encore quelquefois dans l'eau douce et dans
les fossez qui sont remplis de fange et de bourbe.
Il me souvient, étant autrefois en france, d’avoir vû au bois
de Vincennes sur la superficie de l’eau, une si grande quantité
(1) Voir Insecta, 14, page 23,
— 282 —
de ces petits animaux, qu'il sembloit que l’eau fût veritable-
ment changée en sang : cequi effectivement m'effraya d’abord,
mais qui me donna ensuite occasion de rechercher avec plus de
soin la nature de ces petites bêtes, et m’'apprit à ne pas juger
témerairement des choses que nous voyons : Car c'est sans
doute cette precipitation de nôtre Jugement, qui nous Jette dans
une infinité d'erreurs et de prejugez et c'est peut être de cette
maniére que se trompent ceux, qui disent qu'il pleut quelque-
fois du sang : Car 1l peut bien arriver que ces gouttes rouges
comme du sang, proviennent des insectes, qui ne sortent jamais
de leurs œufs sans laisser tomber quelques unes de ces gouttes
rouges : et cela auroit lieu particulierement dans les années
ou ces animaux multiphent extraordinairement, comme font
souvent les papillons et les moucherons.
Depuis ce temps là Monsieur ÆZorent schuil Professeur en
Medecine à Leide m'a raconté une semblable experience : Car,
dit 1l, érant un jour dans son étude il entendit quelque bruit,
qui s’augementant peu à peu lui donna la curiosité d'en re-
chercher la cause; mais son desir fut incontinent satisfait
car une de ses servantes accourant subitement lui vint dire
d'une voix tremblante, que l’eau des canaux de Leide étoit
changée en sang. Cequ'ayant entendu il se mit aussitôt dans
une chaloupe pour se rendre à l'endroit ou devoit être ce sang :
d'abord il en puisa en un verre et ayant consideré cette liqueur
de près, 1l trouva que ce n’étoit que de l’eau remplie de petits
animaux rougeâtres. Ainsi cette apprehension subite se changea
dans une grande admiration.
Pourcequi est des autres découvertes, que nous avons faîtes
dans ce petit animal, nous en parlerons dans nos expériences
particuliéres; et nous enseignerons cependant à ceux, qui re-
cherchent sérieusement les mysteres de la nature, la maniere
de découvrir dans l’eau les insectes aquatiques, apresquoi nous
leur ferons voir le moiïen den connoître la nature interieure.
Nous ne pouvons point appercevoir dans l’eau ces petits
animaux plus commodément que dans un Urinal, et s’il est un
— 283 —
peu petit, 1l est impossible que le moindre animal qui y nage,
ne se découvre à nos yeux : à cause que l’eau même nous sert
comme de microscopes ; et selon que le vaisseau est plus grand
ou plus petit, l'animal, qui y est enfermé, nous paroît aussi à
proportion plus petit ou plus grand. Mais il faut remarquer
que pour le voir plus gros il faut qu'il nage à l’autre côté du
verre : et l'on peut encore voir les parties de l'animal bien plus
distinctement si on le met dans de plus petits urinaux : on
peut aussi trouver de certains microscopes d’un verre simple
poli, qui peuvent beaucoup servir à faire ces découvertes. On
peut encore inventer d’autres moyens pour faire paroître ces
petits animaux plus gros : Et nous avons fait faire de tres
petits verres de la figure d’un demi globe, ou mettant l’animal
avec tant soit peu d'eau, nous pouvons le voir avec grande
facilité, et y découvrir distinctement toutes ses parties avec
le microscope. Il est facile encore de l’appercevoir clairement
avec un microscope en le mettant dans une goutte d'eau sur
du papier blanc, pourvûque l’on evite avec som de recevoir la
lumiere et l’eclat que rend cette goutte d’eau. Mais en cas qu'il
arrive que l’on ne puisse pas voir l'animal sur un fond blanc
il faudra en prendre un Jaune, un verd, ou un bleu ou bien un
noir ou de quelqu'autre couleur, et mettre ensuite le microscope
dessus : Car c'est en agissant de cette maniére que nous avons
enfin reussi. Nous avons bien voulu faire part aux lecteurs de
cette invention, à cause qu’elle nous à extremement servi à
découvrir la nature des Insectes aquatiques et à en distinguer
les parties. Et nous pouvons encore ajouter qu'entre tous les
microscopes il ne s'en trouve point de plus parfaits, que ceux,
qui sont faits d’un seul verre. Or, parceque nous avons Cette
invention de Monsieur Hudde Bourgemaître de la Ville
d'Amsterdam et un des plus grands mathematiciens de nôtre
siecle: nous voulons bien celébrer ici ses loüanges en public,
et faire connoître à tout le monde que c'est à lui seul que nous
sommes redevables de cette découverte.
Nous rangeons encore sous la prémiére espéce des change-
— 284 —
mens la (4) Cloporte, tant à cause que nous en voyons de toute
sorte de grandeurs, que pour d’autres considérations. Nous en
pouvons montrer de deux sortes avec encore quelques mem-
branes dont elles se sont depoüillées. Cet animal est capable
de produire un grand mouvement aussibienque tous les acides;
c'est pourquoi nous croyons qu'il contient en soi beaucoup de
sel, et que par consequent 1l peut servir de remede contre l’hy-
dropisie, la pierre et la gravele.
Nous en gardons une autre espèce que nous appellons (M) Clo-
porte de mer, à cause qu'elle se trouve dans l’eau salée.
Nous pouvons encore montrer d’autres sortes de Cloportes
de mer, qui sont fort étranges; entre lesquelles 1l y en a (© une
qui peut courir sur un côté le plus plaisamment du monde, et
qui, au raport des pêcheurs, s'insinuant dans les mâchoires des
perches les fait mourir ensuite : cequ’à la verité nous n'avons
pas encore découvert Jusques 1c1;, mais neantmoins nous sommes
fort assûrez que ce petit animal a des armes capables d’un tel
effet, outreque lorsqu'on le prend dans la main il y cause un
chatoüillement étrange. Et 1l ne faut pas s'étonner que les
perches puissent mourir d'une s1 légére blessure, car cela arrive
à cause que leurs machoires aussibien que celles des autres
poissons étans extrémement tendres, tout le sang qui circule
par là (car 1l faut remarquer que c’est par ces machoires que
les poissons se rafraichissent et qu’elles leurs tiennent lieu de
poumons) est facilement corrompu par le venin que cet animal
lui à communiqué cette espéce de Cloporte se trouve également
dans l’eau douce et dans l’eau salée.
Apres suivent les (d) vers de terre, qui proviennent immédia-
tement d'un œuf, et qui apres en être sortis ne souffrent plus
aucun autre changement; c’est pour cela que le mâle et la
(a) AsseZus.
(b) Asselus marinus.
(c) ScAorfula.
(d) Zrtestina terre.
— 285 —
femelle deviennent tous deux de bonn'heure propres à la
generation, et que l’on peut facilement appercevoir les œufs
de la femelle : on peut diviser ces vers en plusieurs espéces.
Or quoiqu’entre les insectes nous ayons des marques pour
distinguer le mâle de la femelle, lorsmême qu'ils ont encore
la forme de vers ou de chenilles, nous assürons pourtant qu'ils
ne s’accouplent jamais pendant qu'ils sont sous cette forme.
C'est pourquoi nous nous étonnons fort de ceque le Sieur
Goudart dans la soixante ef quatorzieme expérience de la
prémiére partie de son livre, donne au ver le nom de mâle;
et qu'ensuite apres son changement 1l lui donne le nom de
femelle. Cequi est tout de même que si on nommoit un Enfant
un homme, et qu'on le nommât ensuite une femme lorsqu'il
est pervenu à la fleur de son âge : mais nous traiterons de ceci
plus amplement dans la suite. Et si nous découvrons les fautes
d'autrui, nous prions aussi que l’on en use de même à nôtrégard
afinque par ce moïen l’erreur soit confondu et que la verité soit
mise en evidence : Car nous sçavons assez combien nos propres
imaginations nous plaisent, et comment elles nous séduisent
facilement et nous donnent occasion non seulement de nous
méprendre, mais même de proproser nos propres erreurs aux
autres. Or nous croyons pouvoir bien défendre ceque nous
proposons de la connoissance des Insectes, particuliérement
contre ceux, qui chercheront comme nous les mêmes connois-
sances dans la nature. Mais il faut avoüer que cette matiére
nous paroît si obscure et si embarrassée, que nous ne nous
sentons encore que capables de commencer à l'entendre : outre
qu'il n’est presque pas possible d'exprimer les merveilles, qui
s'y rencontrent.
Nous pouvons encore raporter la sangsuë à nôtre prémiere
éspéce de changemens, quoique nous n'ayons point d’autre
raison pour cela si ce n’est que nous la trouvons de toutes sortes
de grandeur. C’est une chose fort remarquable de voir comment
cet animal s'attache et se colle si fort contre un verre ou il est
renfermé, quil est tres difficile de l'en arracher. Or il nous
— 286 —
semble que la raison de ceci vient deceque pressant immédia-
tement les parois du verre avec son ventre; et elevant le milieu
de son dos; il s'y attache fortement; demême que lorsqu'on
applique immédiatement sur une pierre fort unie un morceau
rond d’un certain cuir, et que l'on tire ce cuir en haut avec le
fil qui est attaché sur le milieu, on attirera plütôt la pierre
avec le cuir, que de les desunir d'ensemble à cause de la pesan-
teur de l'air dont le cuir est comprimé.
Enfin nous y comprenons les limaçons, qui proviennent aussi
immediatement d’un œuf. Et qui apres en être sortis ne souf-
frent plus aucun changement : nous en gardons une sorte dans
laquelle, apres en avoir coupé la tête, nous trouvons une petite
pierre, qui à cause de sa qualité dwretique est fort bonne pour
la gravele. Sous cette petite pierre nous trouvons son cœur qui
bat : il est d’une couleur blanche aussibien que les veines, qui
en sortent et ses petites oreilles, dont la substance est membra-
neuse. Puis donc qu’apres lui avoir coupé la tête, nous trouvons
encore une petite pierre; cela nous fait juger qu’elle lui a été
donnée au-lieu de los de la poitrine, que l’on découvre dans
les autres animaux. Cequ'il y a de considerable dans ces lima-
çons c’est qu'ils rejettent leurs excremens par le col; qu'ils res-
pirent par là, et que toutes les parties propres à la generation
y sont renfermées : deplus nous remarquons que chaque
limaçon est mâle et femelle tout ensemble, ayant la verge tres
longue et faite comme celle d'une baleine : mais nous parlerons
de ceci plus amplement quand il en sera temps. Or il faut
encore ajoûter ici que ces Messieurs anglois, qui nous ont décrit
les plantes qui croissent aux environs de Cambrige, ont aussi
trouvé par expérience que les limaçons sont mâles et femelles
tout ensemble.
Nous dirons encore, avant que de finir, que nous gardons
des dents de limaçon, qui sont pliantes et dont la substance
est comme de corne, nous pouvons aussi en faire voir le cœur
enflé avec ses oreilles, que nous avons enbaumé.
Enfin tous ces animaux, dont nous venons de parler, ne se
— 287 —
changent jamais en #ywphes; mais ils sortent tout parfaits
de leurs œufs : et tout cequi leur arrive dans la suite, c’est que
leurs membres deviennent plus fermes et qu'ils se per fection-
nent en croissant; demême que les autres animaux que Æarvé
assûre provenir d'un œuf parfait. Il est vrai neantmoins qu'ils
changent quelquefois de peau, avant que de parvenir à leur
juste grandeur; et que lorsqu'ils la renouvellent pour la der-
mére fois ils souffrent encore quelque changement. Or c’est
pour cette raison que nous leur avons donné le nom de
(@) yymph'animal, c'est à dire un animal sous la forme de
D) xymphe.
La seconde Espéce des changemens naturels des Insectes;
c'est à dire la maniére lente et presqu'insensible de l'accrois-
sement de leurs membres.
Apres avoir déja proposé nôtre prénnére espéce de change-
mens, nous allons passer à la seconde, laquelle, quoiqu'un plus
obscure, ne laisse pas neantmoins d’étre assez claire et assez
intelligible. Mais avant que d’entrer en matiére et de parler
de cette seconde espéce de changemens, qui convient à un’infi-
nité d'animaux, 1l est tres necessaire de considerer qu'il y a
encore un’autre sorte de changemens, qui précéde toujours non
seulement la seconde espéce, mais même la troiziéme et la
quatrriéme.
Or afin de concevoir distinctement quell'est cette sorte de
changement, qui precede les trois dernieres : il est absoläment
necessaire de se ressouvenir de ceque nous avons dit au com-
mencement en parlant de la prémiére espéce des changemens;
à sçavoir qu’il y a des animaux qui sortent tout par faits de
leurs œufs, et d’autres qui en naissent imparfaits. Et comme
(a) WNympha animal.
(b) Vympha.
— 288 —
nous avons rangé sous la prémiére espéce ceux qui sortent de
leurs œufs avec leurs membres complets; aussi il faut bien
remarquer ici que ceux qui n’en sortent qu'imparfaits precédent
toujours la seconde, troiziéme et la quatriéme espéce des chan-
gemens : Car dans la prémiére nous ne voyons qu'une #ymphe,
ou qu'un œuf dans lequel l’animal est renfermé comme dans
une membrane : mais dans les trois dernieres espéces, nous
trouvons comme deux #ymphes, c'est à dire prémiérement un
œuf dont l’animal sort imparfait, et ensuite encore une #ymphe
dans laquelle l’animal souffre aussi quelque changement. Et
c'est pour cette raison que nous posons deux sortes ou deux
dégrez de changemens dans les trois dernieres espéces.
Mais pour mieux comprendre tout ceci, 1l faut sçavoir que
les trois derniéres sortes de changemens sont toujours précedées
d'un petit ver; qui dans son œuf ou dans sa peau ayant comme
la forme de #ymphe, devient ensuite plus parfait en croissant,
jusqu’acequenfin il vienne à prendre la forme de la veritable
nymphe sous laquelle forme il devient derechef fluide comme
l’eau, et tout aussi foible et aussi tendre que lorsqu'il étoit ren-
fermé dans son œuf. Et c'est faute d'avoir remarqué ceci, que
l’ancienne erreur, ou l’on à toujours été au sujet de la transfor-
mation, est restée jJusques ici non seulement parmi le vulgaire,
mais même entreceux, qui se sont appliquez avec le plus de soin
à la recherche des mysteres de la nature, comme :il est arrivé
au docte François Redi et encore à d’autres : Cequi nous sur-
prend extrémement
Or avantque de parler particuliérement de nôtre seconde
espéce de changemens; il faut prémierement remarquer que
l'accroissement du petit ver, (que nous voyons ordinairement
avec six pieds) se fait peu à peu d’une maniére fort lente, par
un’espéce (a) J'addition ou d'apposition de parties, qui poussent
et s'étendent au dehors : jusqu’a ce qu’en fin apres avoir changé
(a) Æpigenesis.
= 289 22
diverse fois de peau, nous voyons insensiblement de jour en
jour ses ailes pousser des boutons, et s’enfler ensuite de telle
mamiére, qu'elles deviennent capables de forcer la peau qui
les renferme, et de paroître au de hors; de même que les bou-
tons tendres des fleurs sortent de la plante, qui les produit.
De plus dans les changemens suivans, ou nous voyons les vers
prendre la forme de veritables #ymphes, l'animal semble
perdre son mouvement pour quelque temps et demeurer en
repos. Mais ici on voit non seulement l'animal marcher, se
promener, s'arrêter, mais de plus 1l court, 1l saute, et prend de
la nourriture : et 1l ne perd jamais son mouvement si ce n’est
dans l'instant qu'il renouvelle sa peau; dans lequel temps il
arrive à quelques uns des changemens étranges, comme entr°-
autres à celui que l’on nomme en latin dzaria, où hemerobius :
Mais au contraire dans d’autres le changement est si peu consi-
derable, qu'il n’est presque pas perceptible, si ce n’est dans les
ailes qui bourgeonnent, ainsi que nous avons remarqué dans cet
animal que l’on nomme en latin awricularia, et vulgairement
perçoreille.
Or tant pour les raisons que nous avons dites, que parceque
les animaux, qui sont compris sous la prémiere espéce des
changemens, ne perdent jamais leur mouvement et que quelques
uns de leurs membres sont disposez de même que dans les
autres 2ymphes; pour toutes ces raisons, disje, nous Jugeons
plus à propos de leur donner le nom de zympha vermiculus
c'est à dire un ver sous la forme d’une #ymphe. Car il est
certain que ce petit animal, qui n’est qu'un ver et qui demeure
ver, à quelques unes de ses parties disposées tout de même que
dans la #ymphe, et entrelacées ensemble d’une maniére admi-
rable. |
Mais pour expliquer en peu de mots la seconde espéce des
changemens naturels nous disons gwelle consiste encequ'un ver
ayant quitté La forme de nymphe qu'il avoit lorsqu'il étoit dans
son œuf sans aucune nourriture, vient ensuite a croître peu à
J : Ur
peu dans ses membres, par le moïen de La nourriture qu'il tire
= 290 ie
du dehors; jusqu'ace que venant à se renfermer comme sous
une seconde nymphe (sans pourtant perdre son mouvement) il
en sort ensuite sous la forme d'un animal volant : apresquoi
ayant atteint un âge parfait, il devient propre à la generation.
Nous mettons cette sorte de #ymphe sous la seconde espéce
des changements : à cause que ce changement ici n’est pas
obscur ni difficile; mais au contraire tres facile et tres intelli-
gible, et qu'il a beaucoup de confirmité avec la prémiére sorte
des changemens, ou nous avons vû que l'animal sort immédia-
tement de son œuf, où de sa membrane.
Et puisque ce changement convient si bien avec la maniére
dont les fleurs bourgeonnent et sortent de leurs boutons, c’est
pour cela que nous comparerons les autres changemens avec
celuici : car 1l est certain que le changement qui arrive à cet
animal en croissant, lorsqu'il est sorti de sa membrane, est le
même qui arrive aux autres sous la peau dont ils sont revêtus :
ainsi que nous avons déja dit ci devant et comme nous expli-
querons encore plus amplement dans la suite. Enfin comme
cet espéce de changement est fort remarquable, aussi y a t'il
un'infinite d'animaux, qui sont compris dessous.
Dénombrement des animaux, qui sont compris sous la seconde
espece des changemens naturels.
Sous cette seconde sorte des changemens naturels nous com-
prenons un (4) espéce d’insecte que l’on trouve dépeint plusieurs
fois dans la Table VIII. suivant les divers dégrez de la forma-
tion, et a qui le commun peuple donne, ce me semble, le nom
de demoiselle. Nous en pouvons faire voir de dix et sept sortes;
neuf des plus grandes, cinq de moïenne taille, et trois des plus
petites, dont nous trouvons une sorte décrite dans Goudart.
Mais parceque cet Auteur ne nous a point representé dans ses
(a) Zibella ou parla.
figures ni dans sa description les boutons, qui se voient sur
le dos de cet animal, et ou ses ailes sont renfermées; cela nous
fait croire qu'assûrément 1l n’a point connu la nature de cette
nymphe. Nous ne voyons pas non plus que ÂAoefnagel, qui
nous a dépeint dix sortes de ces (D) animaux, nous ait representé
aucune de leurs #y7mp4%es; quoique neantmoins 1l soit tres cer-
tain qu'elles ont été connuës entre quelques écrivains. Car pré-
miérement Rozdelef en a eu connoissance, mais c’est tres mal
à propos qu'il les a nommées des (0 czgales d'eau, où cigales
aquatiques. 11 y à bien de l'apparence aussi que cet animal
provient de cette (9) sawferelle d'eau dont parle Mouset. Quoi-
qu'il en soit, 1l est constant que la #J#"phe est proprement
ceque /onston appelle forfcula aquatica, ou bien ceque le même
Mouset nomme (4) puce d’eau. Et le scorpion aquatique de
Monsieur Redi est sans doute la #ymphe de ®) ces animaux,
je veux dire de ceux que nous contons entre les plus grands.
Or pourcequi est des vers en forme de nymphe d'ou se
forment ces animaux nous en pouvons faire voir de six sortes;
à sçavoir une des plus grandes, trois de moïenne grandeur, et
deux des plus petites. Nous pouvons montrer encore l'animal
même, lorsqu'il est sur le point de changer, et dans lequel on
peut remarquer la maniére admirable dont les ailes sont plis-
sées et resserrées dans les boutons qui les renferment. Nous
en gardons aussi les œufs, qui ont beaucoup de conformité
avec ceux des poissons, et qui sont divisez de même en deux
parties, dont l’une est située au côté droit du ventre ou de la
queüe, et l’autre au côté gauche.
C'equil y a de remarquable dans cet animal, est que la nature
ayant voulu qu'il prenne sa proie et son aliment dans l'air, lui
(b) Perla. libella.
(c) Cicade aguatier.
(d) Zocusta aguat.
(a) Pulex marinus.
(b) Perla libella.
— 202 —
a donné pour cet effet deux yeux si gros, qu'ils font presque
toute la tête, et, outre cela, quatr’ailes admirables, par le moïen
desquelles il vole et se tourne ça et là dans l'air avec autant
de vitesse que les hidronnelles; 1l a encore deux dents ren-
fermées en dedans, avec lesquelles 1l pince tres fort, lorsque
l'on vient à le prendre. Mais nous ne sçavons pas encore si sa
morsure est venimeuse et si elle fait enfler la peau.
Mais si nous trouvons admirable la maniére dont cet animal
attrape sa nourriture dans l'air, en le purgeant d’une infinité
de petites bêtes, son accouplement l’est encore bien d'avantage.
Car le mâle flottant dans l'air le fend avec vitesse en faisant
plusieurs virevoltes, et sçait fort adroitement joindre sa queüe
avec la femelle, laquelle la recevant dans cette ouverture, qui
sépare ses yeux et sa tête, l'embrasse avec ses pieds, comme
avec la plus grande passion du monde en flechissant son corps
vers les parties du mâle. Tellement que cette copulation s’ac-
complit en volant et en faisant des caprioles : l’extremité de
la queüe de la femelle se courbant vers le milieu du corps du
mâle là ou sa verge est située, 2t la recevant ensuite dans
l'extrémité de sa queüe.
Or nous ne parlerons pas ici d'avantage de ces animaux,
nous reservans à rapporter dans nos expériences particuliéres
cequ'il y a de curieux dans la structure de leur corps et parti-
culiérement dans leurs yeux. Et aussi nous n’avons point ici
d'autre but que de faire un dénombrement des animaux, qui
appartiennent à la seconde espece des changemens. Nous allons
donc parler à present des sauterelles, mais nous enseignerons
en son lieu la manière de conserver la couleur et les marques
des yeux et de la queüe de ces petits animaux : ceque nous
jugeons pouvoir être de grand utilité pour les peintres.
La seconde sorte d'animaux sera donc la Sauterelle, dont
nous pouvons produire seize sortez tant mâle que femelle,
asçavoir cincq grosses, cinq de moïenne grandeur et six petites ;
entre les quelles il s’en trouve dont les aîles sont rouges, d’autre
de couleur de pourpre, et encore d’autres bleües et tirans sur
le verd nous pouvons encore faire voir les #ymphes les vers
et les æzfs, dont ces animaux proviennent.
C'est une chose fort remarquable de voir combien peu de dif-
férence 1l se trouve entre la sauterelle et la zymphe dont elle
provient. Car elles ne différent toutes deux, qu'enceque les
aîles de la sauterelle sont étenduës et couchées le long de son
corps; mais que celles de la #ywmphe sont, renfermées dans
quatre boutons, dans lesquels elles sont pliées et entortillées
ensemble : Et c’est assürément cequi à fait dire a A/drovandus
à Mouset et à Jonston et à quantité d’autres, que les vers d'ou
se forment les sauterelles étoient des (4) sauterelles sans ailes.
Et puis ensuite ils leurs donnent d’autres noms suivant que
leurs (b) ailes venoient à pousser, et que le corps de la femelle
devenoit plus (© gros; ainsique nous avons marqué en marge.
Nous avons sept sortes de #ymples de sauterelles tant grandes
que petites. Or dans les figures du Sieur Zoefnagel, là où 1l
nous a dépeint quinze sortes de sauterelles, nous trouvons le
(d) ver d’une sauterelle en forme de ymphe. Mais, lorsque Je
viens à examiner avec soin toutes ces expériences, Je ne Sçaurois
me figurer, comment Gowdart a pu dire que la sauterelle pro-
vient d’une (© #ymphle dorée.
Nous gardons encore l'estomac des sauterelles, qui est triple,
et qui a beaucoup de raport avec celui des animaux, qui ru-
minent : de plus cette partie de leur estomach, ou elles reservent
leur aliment, est fort aisée à connoître. C’est pourquoi nous ne
doutons point qu’elles ne ruminent aussi; comme nous croyons
avoir vû nous mêmes.
Nous en gardons aussi des œufs avec une membrane qui les
enveloppe et qui est tissuëé de petits filets blancs comme de
l'argent, que l’on peut sûrement prendre pour des veines ou
(a) ZLocusta impennes ou brucht.
(Bb) Af//alabus.
(c) Asellus.
(d) Wympha vermiculus.
(e) CArysalis ou Aurelia.
— 294 —
pour quelqu'espéce de veines : leurs œufs sont d’une substance
à peu pres comme de la corne, et d'une couleur brune, et nous
en avons même, que nous avons gardé des le commencement
de leur formation, qui sont blancs et Jaunes, et environnez d’une
peau fort délicate.
De plus nous voyons que le mâle n’a point de queüe, mais
que la femelle en a une, avec laquelle elle perce la terre, et y
fait un trou pour y cacher ses œufs, ainsi qu'Aldrovandus le
témoigne. Nous pouvons faire voir que cette queüe est cinq
ou six fois double.
Nous pouvons encore montrer des dents de sauturelles, et
même cette peau, que les (4) vers en forme de #ymphes quittent,
lorsque leurs ailes commencent à pousser : étant inconcevable
comment ils peuvent se dépoüiller d'une membrane tres deli-
cate, des cornes s1 longues et si déliées, avec des dents dures
et des ongles fort pointus, quand les sauterelles se trouvent
dans cet état, la substance de leur corps est si tendre et si
molle, que l’on peut plier les jambes comme de la cire, et leur
donner telle forme que l’on veut.
Nous en gardons aussi des ailes, que nous avons prises au
milieu de leur accroissement; elles sont étenduës à un bout, et
à l’autre elles sont resserrées et plissées. C’est avec ses ailes,
que les sauterelles rendent un son, lorsqu'elles ont quitté la
forme de #ymphe, comme Casserius assûre mais il n’y à que
les mâles qui chantent, et non pas les femelles. Et 1l s’en trouve
une sorte, qui chante avec ses aîles seulement, et un’autre qui le
fait avec les aîles et les jambes tout ensemble.
Ensuite nous trouvons une autre sorte d'insectes que l’on
peut nommer en latin /ocusta pulex; c'est à dire une sauterelle
qui a quelque ressemblance ou quelque conformité avec une
puce : cet animal se cache ordinairement dans l’écume que
l'on trouve indifféremment sur toutes sortes d'arbres et de
plantes : et sous cette écume il lui vient quatre boutons sur
(a) Wympha vermiculus.
ir
le dos, ou ses ailes sont renfermées : nous gardons deux sortes
de ces Insectes : et nous remarquons qu’elles ont été connuës
de ces Messieurs Anglois, qui ont fait la description des
plantes qui croissent aux environs de Cambrige.
De plus nous rangeons les (W grlons des champs sous la
seconde espéce des changemens naturels. Entre ces animaux
il n'y a que le male qui chante, demême qu'entre les sauterelles.
Il me souvient d’en avoir vu un Jour une campagne toute pleine
dont chacune avoit creusé en terre une petite fosse environ de
la profondeur de deux doigts de long; à l'entrée delaquelle
ils rendoient avec leurs ailes un son tout à fait importun. Et
d’abord qu'ils voyoient branler la moindre chose, ils se reti-
roient au fond de leur trou.
Apres suit Le (a) grillon domestique, que nous mettons dans
le même rang.
L'on peut aussi y comprendre la cigale : Car quoique nous
ne l’ayons pas si grande qu’on la trouve dans les pais étrangers,
nous ne laisserons pourtant pas de la mettre dans le même
rang, tant à cause de la conformité qu'ell’a avec ces petites
cigales, que nous avons dans les pais bas que parceque Aldro-
vandus nous à dépeint le ver de cet animal avec des boutons
sur le dos, ou ses ailes sont renfermées.
Nous mettons encore dans le même rang cet animal, à qui
l'on donne le nom de (*) Gryllo-talpa. I] a quatre boutons sur
le dos, ou ses aîles sont renfermées. Nous le pouvons faire
voir en trois états différents, prémierement comme un ve7 qui
n’a point encore de boutons sur le dos; secondement comme
un ver avec des boutons sur le dos : et en troiziéme lieu nous
le montrons tout parfait avec des ailes étenduës. Le Sieur
Goudart nous a fait la description de l'œuf de cet animal
Et nous en gardons les dents avec les ailes, qui sont encore
pliées et reserrées dans leurs boutons.
(b) Gryllus Sylvetris.
(a) Gryllus domesticus. | |
(b) Gryllo talpa, ou lalpa ferrantis Imperati.
— 200 —
Apres, suit un certain anal, à qui les Hollandois donnent
le nom de Xakerlak, et que l'on peut considérer comme une
espéce d’escarbot : nous remarquons qu'il a des ailes, qui
poussent leurs boutons, et qui s'étendent de la même mamiére
que celles des autres insectes, dont nous venons de parler.
Nous pouvons encore rapporter à cette seconde espéce de
changemens une sorte d’escarbots, que l’on trouve d'ordinaire
aupres des fours et dans les ordures des cuisines : zn£er culinæ
immunditiem : dit (a) fabius Columna. Cet animal est le même
que Mouset nous décrit sous le nom de () Blatta. Nous en
gardons de deux sortes avec leurs #y"mp4es, ou les boutons ne
font que de commencer à sortir.
On y peut aussi comprendre une sorte d'insectes, à qui on
donne le nom de (©) punaizes de terre volantes nous les trouvons
dans les champs sur les arbres. Nous en avons de seize espéces,
que la nature à peintes de toute sorte de couleurs, cequi les
rend aussi agreables à la vüé, que leur odeur est incommode.
Le Sieur Æoefnagel nous en à dépeint de neuf sortes.
Nous mettons encore dans le même rang les (d pynaizes
d'eau qui volent. Nous en gardons trois avec. une des #ymphes
dont elles se forment. Elles ont dans la bouche un aiguillon,
dont elles piquent tres fort; ceque nous avons éprouvé nous
mêmes, sans pourtant en être blessez.
(À suivre).
(a) Os. ag. et T'err.
(b) PZat/a.
(c) Cimices volant. terr.
(d) Cimices volant. aguat.
Le Gérant,
FE GUITEE.
Sommaire du Numéro 23 d'INSECTA
Entomologie générale :
Pages
C. Houlbert, — Jes premiers états du Polydrosus chrysomela Oliv.
249
(7 fig.)
Entomologie économique :
A. Vuillet, — Un Coléoptère nuisible au Mil en Afrique occidentale... 259
J. Péneau. — L'importation et l'élevage des Insectes utiles aux Etats-
(UE EAU Te PE TR en ts mor
« Les Vieux auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. SWA-
MER DAME (SMPEÆ) ESS 1. crane senc srse Re cre 0 SR AS Dre Se CNE Ce 281
Echanges et rédaction d'INSECTA
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante
Monsieur le Directeur d'INSECTA
Station entomologique de la Faculté des Sciences
Rennes (France)
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mais on peut s'abonner à toute époque de l’année.
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Un Numéro d’/nsecta
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Pour tout ce qui concerne l'administration et la rédaction
d'INSECTA, adresser la correspondance à M. Île professeur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
DEUXIÈME ANNÉE DÉCEMBRE 1912 NUMÉRO 24
a UMERORES
INSECTA
Revue Tllustrée d'Entomologie
Publication mensuelle de la Station Entomologique
de la Faculté des Sciences de Rennes
u
IMPRIMERIE OBERTHUR, RENNES
1912
Se nettes
JAN 20 1913
À
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HISTOIRE GENERALE
DES
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Ou l'on expole clairement la maniere lente & prefqu
infenfible de l’accroiffement deleurs membres, &ou
Von decouvre évidemment l’Erreur ou l’on tombe
d'ordinaire au fujet de leur prétendué
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Docteur en Medecinc.
Avec des Figures.
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PR UETE R ESC. HT;
Chez GOILLAUME de WALCHEREN
Marchant Libraire demeurant en la place de St. Jan1682.
SWAMMERDAM (JEAN)
NÉ A AMSTERDAM LE 12 FÉVRIER 1637, MORT LE 15 FÉVRIER 1685
Dès sa jeunesse, Swammerdam manifesta un goût très prononcé
pour l’entomologie; on raconte qu'étant enfant, il parcourait les
champs et les bois, à la recherche des insectes pour la collection de
son père (1).
Après avoir commencé ses études dans son pays natal, il vint en
France pour perfectionner son instruction médicale; en 1664, on le
trouve à Saumur, et c'est là, dit-on, qu'il découvrit les valvules des
vaisseaux lymphatiques. Reçu docteur à Leyde, en 1668, il n’exerça
Jamais la médecine, et il se consacra entièrement à l'étude des Insectes.
Repoussé par sa famille qui ne lui pardonnait pas d'avoir abandonné
la médecine pour les sciences naturelles, de santé délicate et presque
sans ressources, il ne put publier, de son vivant, que la plus faible
partie de ses travaux.
Son premier essai : //istoire générale des Insectes, fut édité en
hollandais, à Utrecht, en 1669 (2); la traduction française que nous
publions dans INSECTA et dont le frontispice précède cette notice,
est de 1682.
En mourant, Swammerdam légua tous ses manuscrits à l’ambassa-
deur de France, Melchisedech Thévenot; de là 1ls passèrent, par
héritage, entre les mains du peintre Joubert; à la mort de ce dernier,
l’anatomiste Joseph Duverney s’en rendit acquéreur pour la somme
de 50 thalers. Enfin, en 1727, l’illustre Boerhaave les racheta de
Duverney, et après les avoir mis en ordre, les publia à Leyde sous
le titre de : Bible de la Nature.
La Pible de la Nature est l'œuvre capitale de Swammerdam ; il y
aborde et y développe, avec une précision et une rectitude de vue
admirables, une foule de points qu’il n'avait fait qu’efflcurer vaguc-
ment dans l’Æistoire générale. De son temps, Lacordaire considérait
à
(r) Le père de Jean Swammerdam, pharmacien à Amsterdam, possédait
des collections qui faisaient l'admiration de toutes les personnes qui fréquen-
{aient son officine.
(2) SWAMMERDAM (Johann). — istoria Insectorum generalis, of te Alge-
meenc Verhandeling van de Bloedeloose Dierkens, etc. Utrecht, Dreunen
1669, KI. 4, pg. 240, 13 Kupfertafeln.
encore cet ouvrage comme indispensable à ceux qui voulaient connaître
l'anatomie des Insectes; et, de fait, son anatomie de l’'Ephémère est
un chef-d'œuvre.
On avait cru aussi, jusqu'à cette époque, que la chenille, au
cours de ses métamorphoses, se changeait brusquement en chrysa-
lide, ct celle-ci, de même, brusquement en papillon. Swammerdam
démontra que le papillon est déjà tout formé sous l’enveloppe de
la chrysalide, ce qui est vrai, au moins dans une certaine mesure.
Malheureusement, quittant le domaine de l’observation, il eut le tort
de généraliser trop vite; il crut pouvoir avancer que les organes de
la chrysalide étaient à leur tour renfermés à tout âge dans la chenille ;
il alla même jusqu’à admettre que le papillon était déjà tout formé
dans l'œuf. ;
Parti de faits parfaitement exacts, il arriva ainsi à sa fameuse théorie
de la préformation ou de l'emboitement des germes, qui arrêta pour
cent ans les progrès de l'embryogémie. =
Vers la fin de sa vie, sous l'influence de la misère et de la maladie,
la belle intelligence de Swammerdam s’affaiblit. Il se laissa gagner
aux théories mystiques d'une illuminée flamande, Antoinette Bouri-
gnon ; et, convaincu d'avoir offensé Dieu par ses études anatomiques,
il fit lui-même jeter au feu tous ses ouvrages.
Malgré les théories erronées dont il fut le propagateur, on doit être
reconnaissant à Swammerdam de nous avoir, le premier, éclairé sur
les changements que subissent les Insectes et d’avoir introduit la consi-
dération des métamorphoses dans la classification ; ce qu’il a observé
et écrit sur ce sujet reste la base de nos connaissances; on n’a fait
depuis que préciser et compléter ses découvertes.
C’est encore à Swammerdam que l’on doit l'invention des premiers
procédés de la technique expérimentale : il employait, par exemple,
les réactifs fixateurs et durcissants pour étudier plus facilement les
parties molles des organes; enfin il excellait dans l’art de préparer
les chenilles par insufflation.
— 207 —
ENTOMOLOGIE GÉNÉRALE
Description d’une nouvelle espèce du genre AUTOCRATES Thoms.
[Gol. Trictenotomidæ].
Par A"WUILLET,
Préparateur à la Station entomologique de Paris.
Autocrates Vitalisi, z. sp. (FIG. 1). - Elytres d’un noir
bronzé. Le reste du tégument d’un beau noir luisant. Entière-
ment couvert d'une ponctuation fine et dense, un peu plus
Fic. 1. Autoerates Vitalisi Vuillet, wo‘ type. Un peu réduit.
accentuée sur la tête et les mandibules. Dessous couvert d’une
fine pubescence couchée, serrée, d'un beau jaune doré, manquant
IxsECTA, Décembre 1912.
9
— 208 —
sur les portions médianes des anneaux thoraciques et abdo-
minaux où la ponctuation est d'ailleurs moins dense. Pubes-
cence plus courte et plus fine sur la tête et le pronotum, plus
fine encore sur les élytres, très réduite sur le scutellum.
Extrémité du huitième article de l'antenne recourbée en
crochet comme chez À. æneus Westwood.
Moitié distale de la mandibule du mâle relevée presque ver-
ticalement. Chaque mandibule est armée de deux fortes dents
triangulaires coupantes, une au milieu, l’autre (plus développée
sur la mandibule droite) au delà du milieu; d’autres dents,
plus petites, en scie, dans la moitié proximale.
Les palpes labiaux ont leur bord interne, sauf le dernier
article, garni d'une brosse de longues soies dorées. Des brosses
semblables garnissent l'échancrure buccale et le bord interne
des fémurs.
Pronotum présentant, au tiers proximal de son bord latéral,
une forte épine recourbée en arrière et, en outre, 5-7 épines plus
petites, inégales, le long de la moitié distale.
Bords latéraux des trois derniers segments abdominaux et
bord postérieur du dernier, bordés de soies assez longues, brun
noiratre.
FiG. 2, — Cinquième segment ventral de l’abdomen de À. Vitalisi Vuill., g. Gr. = 5.
Cinquième segment ventral en trapèze transversal, présen-
tant une échancrure de même forme mais disposée de façon
inverse (FIG. 2).
— 209 —
Voici un tableau de mesures prises sur l'exemplaire étudié
(longueurs en millimètres) :
LOTS TRS Re 66,5
Longueur du pronotum sur la ligne médiane. 10
Bonsueuride la siture élytrale..:.... 21. 39
Plus grande largeur du pronotum (y compris
les pointes latérales)
AVR NCA EST RTE 22
Plus grande largeur des élytres (vers le quart
NÉE ER PR ARS 23
Un exemplaire mâle provenant du Tonkin (Vitalis de Sal-
vaza). Collection du Muséum de Paris.
Autocrates Vitalisi rappelle, par sa coloration, À. æneus
Westwood, auquel il se rattache par la forme du huitième
article de l'antenne. 11 s'en distingue nettement par la configu-
ration du pronotum et des mandibules. I] diffère d'A. O berthüri
Vuillet (1010, in Bail. Soc. ent. Fr. p. 348) par la forme du
huitième article de l'antenne, du pronotum et des mandibules
et par sa taille plus grande.
M. R. Vitalis de Salvaza, qui wra donné d'importants maté-
riaux entomologiques, travaille avec une admirable activité à
faire connaître les richesses de la Faune indo-chinoise. Je suis
heureux ce lui dédier cette magnifique espèce.
Description dune nouvelle espèce du genre DASYLINDA Thomson
[Gol. Cerambycidae]
Par’ A. VUILLET,
Préparateur à la Station entomologique de Paris.
Dasylinda Vitalisi, z. sp. (FIG. 1). — Dessus de la tête noir
sauf une bande étroite médiane s'élargissant en deux triangles
F1G 1.— Dasylinda Vitalisi
Vuillet ;
Tonkin (Vitalis).
o* type.
Un peu grossi.
aux extrémités, sur le vertex et sur l'épis-
tome, d'un testacé obscur. Cette bande
présente elle-même une ligne médiane
plus fine, noire. Joues obscurément testa-
cées. Antennes noires avec la base des
articles 3-8 grise; palpes testacés, rembru-
nis à l'extrémité du dernier article.
Prothorax d'un assez beau rouge, à
ponctuation enfoncée, forte, irrégulière,
peu dense (moins accentuée chez la
femelle); pubescence jaune sur les protu-
bérances médianes et latérales du pro-
notum, qui présente la même conformation
que dans les autres espèces du genre
Dasylinda.
Mésothorax en grande partie rouge, noir sur les côtés.
Scutellum rouge, un peu enfumé à la base.
Métathorax en grande partie noir.
Pattes antérieures noires, sauf les fémurs et l'extrémité
proximale des tibias qui sont d’un testacé rougeâtre. Pattes
médianes et postérieures noires, sauf les hanches, et la base des
cuisses médianes qui sont teintées de rouge.
Abdomen testacé, teinté de noir et de rouge surtout sur les
deux premiers segments; densément pubescent. Le cinquième
segment abdominal du mâle présente une dépression de contour
subtriangulaire, la pointe en avant. Chez la femelle le bord
postérieur de ce même segment est échancré au milieu et pré-
sente une ligne médiane étroite, enfoncée, nettement marquée.
Elvytres presque entièrement noirs, rouges tout près de
l’écusson, d’un testacé obscur le long de la suture et sur le
cinquième apical du bord latéral; couverts d’une pubescence
rase et dense sur toute la surface, d’une pubescence plus
longue, d'un testacé obscur, vers l'extrémité proximale de la
suture.
La femelle ne présente avec le mâle, au point de vue de la
coloration, que de légères différences pouvant être interprétées
comme variations individuelles. Elle se distingue surtout par
ses antennes plus courtes et par la configuration du cinquième
segment abdominal.
Voici un tableau de mesures prises sur les deux exemplaires
étudiés (longueurs en millimètres) :
(ei Q
Pontet toldle dent, 22 AS
= Pongoeurdu thorax" "#0" 3 3
Prseurdu-thorax "0. 4,25 4,5
Darceuralépaulte "20 5 5,5
Longueur de l’antenne.............. PAS 15
Deux exemplaires (d et ©) du Tonkin (Vitalis de Salvaza).
Collection de la Station entomologique de Paris.
Dasylinda Vitalisi se distingue très nettement des deux
autres espèces décrites du même genre (1) par sa taille plus
grande et sa coloration. Je suis heureux de la dédier à M. Vita-
lis de Salvaza qui me la donnée avec beaucoup d’autres
matériaux entomologiques des plus intéressants.
(1) Dasylinda testacea Saunders (1830, in Z'rans. Ent. Soc. London, XI,
P- 170, PlEXNI, fig. 5) et Dasylinda javanica Vuiliet (1912, im Insecta, II,
p- 20).
— 302 —
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE
Dégâts produits par le CRIOCEPHALUS RUSTICÇUS
dans les bois de construction
Par C. HOULBERT
Professeur à l’Université de Rennes.
Dans le courant de l'été dernier (mai 1912), M. Laloy,
architecte départemental d'Ille-et-Vilaine, faisait parvenir à la
Station entomologique, une information signalant que des
insectes, développés dans les pièces de bois d’une toiture en
sapin du pays, avaient fortement endommagé cette toiture, et
ensuite, pour s'échapper au dehors, à la fin de la nymphose,
avaient même réussi à percer des /ames de sinc.
Notre première impression, nous devons l'avouer, fut em-
preinte d'un grand scepticisme. Nous savions bien que certaines
larves d'Hyménoptères (Sirex juvencus) et de Coléoptères
(Apate capucina), avaient perforé des lames de plomb, des
clichés d'imprimerie, dont la dureté est relativement faible,
mais, 1] nous paraissait difficile d'admettre que des mandibules
d'insectes soient assez puissantes pour entamer des lames de
zinc; 1l fallut cependant bien nous rendre à l'évidence, après
examen des pièces à conviction qui nous furent aimablement
communiquées par M. Laloy.
La figure 1 représente le travail des larves dans l’intérieur
d'une lambourde de sapin, en place depuis peu de temps. Dans
toute son épaisseur, cette pièce était creusée de nombreuses
galeries, généralement parallèles aux fibres du bois. Le tissu
ligneux, qui avait servi de pâture à la larve, était réduit en une
poudre blanche très fine, souvent agglomérée, et moulée en
cylindres, dans l’intérieur des galeries. Aucun signe extérieur
ne révélait l’altération interne de ces lames; les larves, en
rongeant le bois, avaient respecté la surface, et il ne restait plus,
“(JEU “Duurg) SN219SNL SnJNYdar011) NP SoATR[ S0j 1e PSUO0L 979 6 INOMOQUI, FUOP des Ua 9}}eoutIE — ‘T ‘PIX
Le
I] SHONVIqa
7e
en dessus des galeries, qu'une pellicule légère, mince, dans cer-
tains endroits, comme une feuille de papier.
Dans la reproduction photographique que nous avons fait
faire de cette pièce (FIG. 1), nous avons enlevé la plus grande
partie de la pellicule superficielle, pour laisser voir le travail
des larves xylophages.
La figure 2 représente l’autre extrémité de la même planche
et une partie de la feuille de zinc qui la recouvrait ; seulement,
F1G. 2. — Planchette et lame de zine qui la recouvrait ; la lame de zinc a été légèrement
abaïissée pour montrer la concordance des perforations (Grand. nat.),
afin de rendre les trous de sortie des insectes bien visibles, on
a légèrement déplacé la feuille de zinc. Sur la photographie,
ces trous de sortie sont entourés d’un carré au crayon noir. Au
moment où l'insecte adulte, sa nymphose terminée, a voulu
sortir au dehors, il a d’abord percé la pellicule ligneuse qui
le protégeait; mais alors, rencontrant la lame de zinc, il n’a
pas cherché à contourner l’obstacle; d'instinct, il l’a attaquée
avec ses mandibules robustes et l’a percée.
Gé ces
L'attention fut appelée sur l'importance des dégâts par les
gouttes d'eau qui mouillaient la pièce de bois; les ouvriers
qui, tout d’abord, remarquèrent les premières perforations, les
prirent pour des /rous de pointes; très. scrupuleusement ils les
bouchèrent avec un peu de soudure. La soudure étalée a donné
ces taches blanches que l’on voit au-dessous des trous de sortie,
mais, ainsi qu'on pouvait s’y attendre, n’a pas arrêté le travail
des insectes ; elle est elle-même rongée, et les petits trous qu'on
F1G. 3. — Entailles et perforations effectuées par le Criocephalus rusticus à la face
inférieure des lames de zinc (Gross. 2 diamètres).
aperçoit au centre correspondent exactement aux orifices de
sorties, ouverts à la surface du bois.
Les diverses parties de la figure 3 nous montrent, sous un
faible grossissement, l'aspect des perforations à la surface in-
férieure de la lame de zinc, les unes achevées (a et à), les autres
en voie d’approfondissement (cet d). En a et en à, par exemple,
l'orifice central nous indique que quelques-uns des insectes ont
probablement réussi à s'échapper au dehors; les rainures pa-
— 306 —
rallèles que l’on voit sur ces entames, principalement en c et
en 4, sont les traces laissées par ies mandibules qui, par leurs
mouvements, ont rayé le métal à la façon d'un burin.
Combien de temps a-t-1l fallu aux insectes pour exécuter
leurs orifices de sortie au travers de la lame de zinc? on ne
saurait ie dire exactement; mais, tout fait supposer que le
travail a marché assez vite. On ne saurait non plus méconnaïitre
qu'il a fallu de solides mandibules pour produire un pareil
résultat.
Il nous reste maintenant à faire connaître l’auteur de ces
bizarres travaux.
Notre première pensée, avant de voir l’insecte, s'était natu-
rellement portée vers des faits analogues et bien connus,
concernant Szrex juvencus et À pate capucina; mais M. Laloy
ayant pu mettre à notre disposition un certain nombre d'adultes,
de larves et de nymphes, nous reconnümes sans peine un
coléoptère de la famille des Longicornes, le Criocephalus rus-
ticus L. Les figures 4, 5 et 6 représentent les trois phases prin-
cipales de l’évolution de cet insecte.
Criocephalus rusticus est un insecte allongé (FIG. 4), 13,5
à 15 millimètres, dont la couleur, selon Mulsant, varie, en
dessus, du brun noir châtain au brun noir
ou au brun fauve; la tête est ponctuée ou
finement chagrinée, hérissée de poils assez
grossiers à sa partie antérieure; le pro-
thorax est convexe, arrondi sur les côtés
FiG. 4. — Crivcephalus et marqué de deux petites fossettes plus
rusticus | FPE insectes
adultes (Grand. nat.). - A A > A
Céllcotion de” M RER ou moins prononcees. Les élytres, quatre
ber Ï . .
Re fois aussi longues que le prothorax, sont
médiocrement convexes en dessus et rétrécies d'avant en arrière :
(1) Nous avons employé pour cette photographie des échantillons provenant
de la collection de M. René Oberthür, parce que les exemplaires recueillis
dans les lames de sapin étaient tous plus ou moins mutilés, soit des antennes,
soit des pattes.
4
leur surface est très finement granulée, garnie de poils couchés
très courts.
Ces insectes sont nocturnes; bien qu'ils appartiennent plutôt
a la faune méridionale, on les rencontre çà et là, en France,
dans toutes les régions où croissent les pins et les sapins.
Nous nous réservons
de donner, dans un pro-
chain numéro d’/nsecta,
quelques détails sur la
larve” (FIG. 5) ‘et la
nymphe de Cyiocepha-
lus rusticus (FIG. 6),
bien que cette larve ait
déjà été signalée par
un certain nombre d’au-
teurs (1),
F1G. 5. — Larve de Il existe un certain
Criocephalus rusticus : : FiG. 6. — Nymphe de
(Gross. 8 diam.). nombre d observations Criocephalus rusticus
. OS 9 A:
relatives aux larves (GR REA
d'insectes capables de s'attaquer aux métaux; les plus connues
sont celles de Duméril et du maréchal Vaillant; elles se rap-
portent à des cartouches et à des balles de plomb percées de part
en part par le Szrex juvencus pendant la guerre de Crimée (Voir
Bibliographie, n°* 10 et 11).
Mais, dans tous ces cas, il s'agissait de métaux ou d’alliages
relativement tendres, tels que le plomb ou l’alliage des carac-
tères d'imprimerie. Ici, nous nous trouvons en présence d'un
insecte dont les mandibules sont assez dures pour entamer le
zinc: ce cas, à notre avis, n'avait jamais encore été signalé.
Pour nous rendre compte de l'effort que le Criocephalus rus-
(r) PEerRis (Ed.). Aw». de la Soc. linn. de Lyon, t. TV P. 140. — Ann. a
la Soc. ent. de France, 1852, 2° série, t. X, p. 503; 3° série, t. IV, p. 450.
RATzBURG (].). Forsiinsecten, 1837, t. I, p. 193, pl. XIK, fig. 1-3. cr
Lucas (H.). Ar». de la Soc. ent. de France, 1847, 2° sér., t. V, P- LXXX,
SCcHIÔDTE (G.)./Vaturh. Tids., 1875, III, p. 400-401 et 444, tab. 13» fig. 11-10.
DEcaux (F,), Ann. de la Soc, ent. Fr., 1800, p. 214. Vatur., 1891, p. 122:
— 308 —
icus a dû déployer pour perforer les feuilles de zinc, nous
avons eu la curiosité de faire déterminer expérimentalement le
coefficient de dureté du zinc. Sur notre demande, notre collègue,
M. Kerforne, chargé du cours de minéralogie à la Faculté des
Sciences, a bien voulu effectuer cette détermination; 1l a trouvé
que la dureté de l'échantillon en cause est, à peu de chose près,
égale à celle de la Calcite, sinon même un peu supérieure; elle
peut donc se caractériser dans l'échelle de Mohs, par le chiffre 3,
alors que, dans les mêmes conditions, la dureté du plomb serait
seulement 1,5.
Pour donner à cette observation toute
sa portée, nous avons tenu à voir com-
ment étaient faites les mandibules d'un
insecte capable d'exécuter un travail
aussi difficile. Notre figure 7 représente
PR. 7« *}——" Mandipnles ces deux mandibules isolées; elles sont,
isolées du Criocéphalus
rusticus (Gr' 40 diam.) comme on le voit, très robustes, tétraé-
driques et taillées comme un burin, en arête coupante à leur
extrémité.
Enfin nous avons essayé nous-même d'entamer la surface du
zinc avec les mandibules arrachées et d’imiter ainsi le travail
de l’insecte: il va-sans dire que cette épreuve, étant donnée la
petitesse des organes utilisés, est fort difficile à réaliser; nous
ne nous flattons pas d'y avoir réussi aussi parfaitement que le
Criocéphale, néanmoins le résultat que nous avons obtenu est
suffisamment décisif pour expliquer toutes les particularités
que nous avons signalées ci-dessus
Le Criocephalus rusticus qui tenait déjà une place honorable
parmi les insectes nuisibles aux bois de construction, mérite
donc maintenant de prendre place à côté de ceux qui ne crai-
gnent pas, le cas échéant, de s'attaquer aux métaux (1).
(1) Ont été signalés comme capables de s’attaquer aux métaux : 19 Parmi
les Coléoptères : Callidium sanguineum L.; Bostrychus sp.; Hylotrupes
bajulus Fab.; Apate capucina T..; Celonia cardui (?) ; 2° Parmi les Hymé-
noptères : Sirex juvencus Fab.
== 200 —;.
BIBLIOGRAPHIE
AUDOUIN (J.-V.). — Observations sur la faculté que possèdent Les
Callidies de ronger des corps très durs (Annales Soc. entomol.
detfrance: T° 111832 -Bulletin,:p. LXXVI).
Des larves de Ca/lidium après avoir percé le bois de la co .verture d’un
toit avaient rencontré une plaque de plomb qu’elles avaient rongée ;
elles s'étaient logées dans le métal, de même qu'elles le font ordinai-
rement à D du bois.
2. EMY (F.). — T'oitures de plomb percées par des larves de Bos-
| tychus (Ann. de la Société entomol. de France. 1833. T. II.
Bulletin, p. LXXVI).
Affirme avoir vu à la Rochelle, des parties entières de toitures en
plomb, non seulement rongées, mais entièrement percées par des larves
de Postrichus.
3. WESTWOOD (J.-O.). —— An introduction to the modern Classifr-
calion of Insects (London. 1830. Vol. I, p. 366).
Indique, d’après Stephens, que les larves du Callidium (Hylotrutes)
bajulum Fab. sont très nuisibles aux solives des maisons qu’elles per-
forent dans toutes les directions malgré les lames de plomb qui les
recouvrent; 1l ajoute que les lames elles-mêmes sont percées de
nombreux trous circulaires.
4. BRÊME (Marquis de). — Cartouches perforées par des larves
d'Insectes (Ann. de la Soc. entomol. de France. 2° sér. T. II,
1844. Bulletin, p. XX).
Les balles de plomb qui occupent l'extrémité des cartouches avaient
été rongées à une profondeur de quatre à cinq millimètres. Ces
cartouches qui- provenaient de l’arsenal de Turin, étaient conservées
dans des barils en bois de mélèze. Comme il fut impossible de
retrouver la moindre trace, ni des larves, ni des insectes parfaits,
l’insecte qui avait perforé si profondément les cartouches ne put être
déterminé.
Au cours de la discussion qui suivit la lecture de cette notice, le
colonel Goureau émit l’avis que les cavités ne sont creusées dans le
plomb par les larves que dans le but de s'assurer une retraite pour
leurs métamorphoses; M. Desmarest (n°$ 5, 6 et 7) ne partage pas cette
Opinion ; HUE lui, les insectes n’attaquent le plomb que, lorsque après
avoir rongé le bois, ils se trouvent en contact avec lui, et qu'ils se
voient forcés, en quelque sorte, de le détruire pour s'ouvrir un passage.
3. DESMAREST (E.). — Notice sur Les clichés typographiques percés
par des Insectes et sur des lames de plomb percées par des
Cétoines (Ann. de la Soc. entomol. de France. 1844. 2° sér.
DIT, p. XXIV-XXVI; XXXII-XXXIIT, et 1851. 2° SéT D Xe,
p- XVI).
Il s’agit de clichés typographiques envoyés au Muséum de Paris par
M. Du Le s, pharmacien à Limoges; ces clichés typographiques et les
insectes trouvés dans leur intérieur avaient déjà été communiqués à la
Société royale d'Agriculture de Limoges dans sa séance du 4 mars 1843.
6.
Je
8.
— 310 —
In. -— Notice sur quelques perforations faites par des Insectes
dans des plaques métalliques (Revue zoologique de Guérin-
Méneville. Paris. 1844. T. VII, p. 90-07).
M. Desmarest donne de nombreux détails sur les insectes indiqués
dans la Notice précédente. Dans l’un des cas, l’insecte a creusé un
trou régulièrement arrondi d'un diamètre d'environ 4 millim. et de
près de 14 millim. de profondeur, intéressant quatre plaques d’alliage
typographique; les deux Coléoptères trouvés morts à l’intérieur des
trous étaient deux Apate cafucina 1. adultes.
Ip. — Note sur des matières métalliques et sur certaines pierres
perjorées par des Insectes (Ann. de la Soc. entomol. de France.
1857. 4° sér. T. V. Bull., p. CI-CHI).
Ici, M. Desmarest, après avoir rappelé les faits mentionnés dans les
Notices précédentes, signale qu'il a vu, à la Glacière, dans une usine
de noir animal, un mur construit en calcaire grossier, dont les moellons
étaient percés assez profondément par les larves du Dermestes vulpinus
Fab.
Une expérience de vérification faite par M. Du Boys à l’aide de
Callidium sanguineum adulte enfermé dans un creuset en plomb,
montra qu'il suffit de quelques jours à l'insecte pour se libérer.
PICCIONI (]J.). — Note sur le Cetonia cardui Dej. (Ann. de la
Scc. entomol. de France. 1844. 2° sér. T. II. Bull., p. XXXII).
En Corse, d'après l'auteur de cette Notice, des C'etonia cardui auraïent
agrandi des trous percés dans des lames de plomb, afin de pénétrer
dans des ruches pour manger la cire et le miel des abeilles.
VAILLANT (Maréchal). — Communication sur Les balles de plomb
Derforées par un Insecte (Sirex juvencus) (C. R. de l’'Acad. des
Sciences. Paris. 1857. T. XLV, p. 361).
SAULCY (F. de). — Les {Insectes qui perforent Les balles de plomb
(Courrier de Paris, 2 octobre 1857).
COULON (L.). — Plaques en plomb percées par Les larves d'un
Insecte (Bull. de la Soc. des Sciences naturelles de Neufchâtel.
1882, p. 420).
DUMÉRIL (A.-M.). — Recherches historiques sur Les espèces
d'insectes qui rongent et perforent Le plomb (Comptes rendus
de l’Académie des Sciences. 1857. T. XLV, p. 361-367. — Revue
et Magas. de Zool. 2° sér. T. IX, p. 417-419. — Ann. de la
Soc. entom. de France. 3° sér. 1858, T. VI. Bull., p. CXLVII).
En réponse à une note de M. Motschulski, insérée dans les Comptes
rendus de l'Académie des Sciences du 25 mars 1858, M. Duméril
exprime l’avis que ce ne sont pas les larves du Sirex juvencus qui ont
percé les balles de plomb, mais bien les insectes parfaits.
C. HOULBERT.
PART
— 311 —
Note sur deux Insectes parasites des Cultures en Algérie
Par Jacques SURCOUF,
Chef des Travaux de Zoologie au Laboratoire colonial du Muséum de Paris.
La sécheresse constante qui s'est mamifestée en Algérie
durant le printemps et l'été 1912 a amené, comme conséquences
fâcheuses, un abaissement dans le rendement des céréales et
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Fic. 1. — Evolution de Sesamia nonagrioides Lef.
&, papillon adulte; b, chenille vue de profil; e, chenille vue en dessous ;
d, chrysalide. (D'après l'Algérie agricole.)
des vignes: pour ces dernières, le fort degré alcoolique a com-
pensé partiellement la diminution de production. De plus,
- . S A
certains insectes parasites, dont les ravages semblaient être
décroissants, se sont à nouveau manifestés.
C'est ainsi que, dans les environs d'Alger, au domaine du
Rocher-Blanc, situé près du Corso, au bord de la mer, les maïs
ont été en partie détruits par une noctuelle : Sesamia nona-
grioides Lefèvre (FIG. 1), dont M. Kunckel d'Herculais avait
fait, en 1807, une remarquable étude (Les Sésamies en Algérie,
par M. Kunckel d'Herculais, Alger, Imprimerie Orientale, 1807).
Les chenilles, presque incolores, vivent à l'intérieur des
spathes ou feuilles membraneuses qui enveloppent l'épi et
dévorent celui-ci. À défaut de mais, les chenilles s'attaquent
au millet, au sorgho et même aux roseaux.
En outre, les orangers du Rocher-Blanc ont été, cette année,
parasités par Ceratilis capitata Wiedemann, que nous ne
connaissions pas dans cette région et dont les ravages ont été
trop bien étudiés pour que nous insistions. Nous en avions
reçu récemment un spécimen provenant de Mogador (Maroc),
et qui nous avait été adressé par M. M. de la Escalera.
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PLANCHE Î
Epi et tige de Maïs attaqués par les Chenilles de Sesamia nonagrioides Leïèvre,
(Extr. de l'Algérie agricole.)
©
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ce
“ LES VIEUX AUTEURS ”
HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES (Suite)
Par Jean SWAMMERDAM.
Apres, suivent les (® araignes d'eau volantes. Nous en gar-
dons trois sortes avec une #ymphe. La vitesse, avec laquelle
ces animaux se meuvent sur l'eau, merite fort que l’on les
considére. Ils portent dans leur bouche un aiguillon de même
que les punaizes. Nous en pouvons encore montrer une sorte,
dont le corps est extremmement tendre, et d’une figure fort
étrange. |
l'On v peut encore comprendre le ( scorpion d'eau qui
porte aussi son aiguillon dans sa bouche. Nous en gardons de
deux sortes, dont la plus grande nous est décrite par A/dro-
vandus sous le nom (# d'Araigne d'eau, et dont la plus petite,
qui garde le nom de scorpion d’eau, se trouve dans le livre de
Mouset.
Nous pouvons mettre encore dans le même rang les moûches
d'eau; elles portent leur aiguillons dans leur bouche aussibien
que les autres insectes aquatiques, et c'est avec cet aiguillon
qu'elles se déffendent lorsque l'on les veut prendre. Nous
voyons qu'A/drovandus nous les a décrites sous le nom
&d'Abeilles anphibies : c'est à dire des abeilles, qui vivent
indifféremment sur la terre et sur l’eau. Et Jonston les nomme
(b) À bezlles sauvages.
Or puisque ces petits animaux, dont nous avons parlé, ont
(1) Voir Znsecla, 14, P. 22.
(e) Tipula aguat.
(f) Scorpius aguat.
(g) Tipula aguat. Aldrov.
(a) Apres anphibia. à
(B) Apres fera.
des ailes, et qu'il y en à une partie d’entreux qui vole de jour,
et l’autre qui vole pendant la nuit, il est tres facile par là de
comprendre comment ils s'engendrent si tôt dans les lieux ou
les eaux s’assemblent. C’est pourquoi durant l'été nous les
voyons fourmiller dans les lieux ou il y a tant soit peu d’eau.
Mais nous traiterons de cela plus amplement, quand :l en sera
temps.
Enfin nous y comprenons un’espéce de mouche d’eau, que
l'on nomme en grec (© ephemera ou hemerobius, et en latin
diarta, c'est à dire un animal qui ne dure ou qui ne vit qu’un
jour. Nous en avons des œufs qui ressemblent assez a ceux
des poissons : et nous pouvons montrer non-seulement le mâle
et la femelle de cet animal, mais même nous le pouvons faire
voir, lorsqu'il n'est encore qu’un simple ver, oubien lorsque ce
ver a déja pris le forme de (d zÿw1phe : dans lequel état nous
voyons de quelle maniere ses ailes sont pliées ensemble et
resserrées dans leurs boutons : or nous les trouvons tout autre-
ment disposées que dans les autres animaux; comme nous
ferons voir dans nos expériences particulhéres à la gloire et
à la loüange du Createur. C'est la que l’on verra les raisons
de la situation et de la disposition étrange de ces ailes : cequi,
je m'assûre, ne déplaira pas aux curieux.
Nous pouvons encore disposer ces animaux d’une telle ma-
niere que nous y faisons remarquer sans peine comment 1ls
dépoüillent leur corps de cette peau delicate, dont il étoit
revêtu : Cequi est non seulement digne d’admiration, mais que
l'on ne peut même exprimer que tres difficilement. Car d'une
partie de cette peau on les voit sortir à peupres comme un
pied que l’on tire hors d’un soulier : et ils se dépoüillent de
l’autre tout de même que lorsqu'on se dégante en tournant ses
gants à l'envers. C’est ceque nous ferons voir quand nous
viendrons à parler des merveilles du païsbas et que nous ferons
(c) Æphemera, hemerobius ou diaria.
(d) Wympha.
— 316 —
une description exacte du changement étrange et subit de cet
animal : Cequi nous doit obliger à faire sans cesse reflexion
sur l’ordre et la sagesse inconcevable de la nature. Cependant
nous trouvons étrange que le Sieur Augerius Clutius ait osé
avancer que cet animal provient d’une (a) #ymphe dorée, et
qu'il nous l'ait dépeint tout autrement qu'il n’est en effet. Nous
trouvons aussi que ses figures, que l’on voit apres celles de
Goudart, ont été tracées par quelqu'un dont la mémoire n'est
pas fort heureuse; comm'il paroit par la comparaison, que nous
en faisons avec les animaux mêmes, que le docte André Colvius
nous a envoyez de Dordrecht.
Nous en gardons une sorte, que l'on trouve en france et
ailleurs, laquelle nous pouvons prendre pour la plus petite. Un
Jour en voyageant nous fimes voir les changemens étranges
de cet animal à Monsieur Z'heveno!, qui a extremmement fa-
vorisé nos travaux et nos occupations.
Or avant que de finir nous mettrons encore dans le même
rang une sorte d'insectes, que l’on appelle vulgairement per-
Çoreille. Nous en gardons une avec les ailes étenduës, et une
autre qui n’est encore qu'un 7er sous la forme de Nymphe.
Enfin nous comprenons sous cette seconde espéce de chan-
gemens tous les insectes qui sortent de leurs œufs en forme
de vers, et qui prennent apres la (4) forme de #ymphe, ainsi
de suite, Mais nous ne pouvons pas assez nous étonner deceque
cette sorte de changemens n’a Jamais été remarquée par per-
sonne. Et lorsque nous examinons ceci avec soin, et que nous
considerons combien peu de chose on à écrit de ces petits
animaux, nous sommes obligez de dire à la confusion des phi-
losophes, qu'ils ont éte totalement ignorans dans cette matiére.
Car à dire la verité, nous ne trouvons dans leurs livres rien
autre chose que les noms de ces animaux; tout le reste n'étant
que des fictions de leur cerveau. Nous en exceptons pourtant
(a) CArysalis ou Aurelia.
(a) Nympha vermulicis.
Fe OS rt
le sieur Godart, qui nous a fidellement représenté le change-
ment des Chenilles. Et Monsieur Redi, qui à prouvé tres soli-
dement qu'aucun animal ne s’'engendre de Corruption : nous
rt |
Oterons aussi de ce nombre quelques Messieurs Anglois qui
sont assez exacts.
De la Troiziéme espéce des changemens naturels, c'est à dire
de l'accroissement lent et presquinsensibile des membres des
insectes.
Nous avons déja parlé de la prémiére et de la seconde espéce
des changemens. Nous allons traiter à present de la troiziéme :
mais avant que de commencer, nous dirons quelque chose de
cet autre changement qui la précéde.
Or parceque ce changement est plus obscur que le prémier,
et plus difficile à comprendre que le second; nous le compa-
rerons avec tous les deux, afin de le rendre plus clair et plus
intelligible, et de montrer par là en quoy ils conviennent et
en quoy ils différent les uns des autres. La prémiére espéce des
changemens consiste en ceque l’animal, qui provient d’un prin-
cipe invisible, quoyque reelement existant, croît peu à peu dans
le corps de la mere, d’ou étant sorti il se renferme dans une
peau, dans laquelle il demeure jusqu’a ce qu'il ait acquis assez
de force pour la rompre et pour en sortir. La seconde espéce
est beaucoup moins parfaite : car quoy que l’animal croisse
comme dans la prémiere éspéce des changemens, et qu’il vienne
d’un œuf tout de même; il n’en sort pourtant qu'imparfait tant
dans ses ailes, que dans quelques uns de ses autres membres :
et pour devenir tout parfait, il est obligé de chercher sa nourri-
ture dehors. Or c’est par le moïen de cette nourriture que ses
membres croissent et s'entendent; de même que nous voyons
les fleurs pousser et sortir peu à peu hors de leurs boutons.
Mais il arrive tout le contraire aux animaux, qui sont com-
pris sous la troiziém’espéce des changemens. Car quoiqu’ils
croissent de la même maniére que les autres; ils sortent pour-
— 318 —
tant de leurs œufs encore plus imparfaits, que les seconds :
y en ayant même plusieurs, dans lesquels on ne remarque point
de pieds. Mais de plus nous voyons que leurs membres impar-
faits croissent sous la peau d'une mamiére tout à fait obscure
et confuse tellementque, au lieu que dans la premiére sorte de
changemens, l'animal sort tout parfait hors de l'œuf, et que
dans la seconde, il croît apres être sorti de sa membrane, au
contraire dans la troiziéme espéce l’anumal croit sous sa mem-
brane d'une mamiére tres difficile à remarquer, si ce n'est
lorsqu'il est sur le point de renouveller sa peau.
Les animaux de la prémiere espéce ne souffrent aucun chan-
gement depuisqu'ils sont sortis de leurs œufs : Et ceux de la
seconde prennent la forme d'une seconde #ymphe sous laquelle
ils croissent avec le temps; sans pourtant perdre leur mouve-
ment; car on les voit courir, sauter, et prendre de la nourri-
ture.
Mais 1l n'en est pas de même de ceux qui sont compris sous
la troiziéme espéce des changemens. Car prémiérement ils
sortent imparfaits de leurs œufs ou de leurs prémieres #y"-
phes : Et lorsque leurs membres sont devenus plus grands, et
qu'ils commencent à pousser comme une fleur tendre dans son
bouton : ils crevent enfin la peau qui les environnoit : Et
l'animal perd tout à fait son mouvement pour la seconde fois :
il n'y a que sa queüe qui en conserve quelque peu. Cette queüe
n'est point enflée d'aucune humidité, et elle ne souffre aucun
autre changement, si ce n’est qu'elle se depoüille de la peau
dont elle étoit revêtuë.
Ces animaux de la troiziéme espéce étant sortis de leurs œufs
sont encore non seulement imparfaits dans divers membres,
mais 1l y en à même plusieurs qui n’en ont point du tout et
qui ne leur viennent que lorsqu'ils ont pris la forme de zympAe,
s'ous la peau de laquelle ils croissent peu à peu et deviennent
plus parfaits : tellement que leurs jambes, leurs ailes, leurs
cornes et le reste de leurs membres croissent avec eux : ce qui
rOE T4
se fait comme par un (4) addition de parties qui naissent in
sensiblement les unes apres les autres. Et ces membres ayans
atteint leur juste grandeur font élever la peau tout visiblement,
comme s'1l y avoit dessous quelque bosse qui la soûlevât. Or
c'est dans cette élevation de la peau que nous pouvons dis-
cerner clairement tous les membres, qui sont situez, d’une ma-
mere fort étrange, et qui approche assez de celle, dont les fleurs,
qui bourgeonnent sont disposées dans leurs boutons. Enfin la
peau s'étant crévée, tous les membres se presentent à nos yeux
d'une maniére fort claire et fort distincte; Et les rideaux, pour
ainsi dire, étant tirez, tout les obstacles qui bornoïent nôtre vüe
cet qui ont fait tomber dans l'erreur tous les philosophes sans
exception, sont entiérement levez : tellement que nous pouvons
même montrer tres facilement les membres de l’animal, lors-
qu'il est encore dans sa peau, comme nous avons fait en pre-
sence de Messieurs 7'Levenot et Magalotti, qui pourroient
encore tous deux confirmer ceque nous avançons.
Lorsque l'animal souffre ce changement, nous lui donnons
le nom de (a) #ymphe c'est à dire nouvelle martée : suivant en
cela Aristote, Pline et plusieurs autres : car l'animal ayant
atteint pour lors sa perfection, et étant comm'en âge de se
marier se presente à nous comme paré de tres beaux ornemens
et d’habits de nopces : Et il n'a pas plûtôt passé l'age d’en-
fance, (je veux dire l'etat de ver ou de chemille) qu'il va
trouver incontinent sa chere moitié sur la verdure ou parmi les
fleurs de la campagne.
Or cette troisième sorte de changemens consiste en ce que le
ver ayant quitté la premiere forme de nymphe, qu'il avoit dans
son œuf, Lors qu'il y étoit renfermé sans aliment, vient à croître
peu à peu dans ses membres par le moiïen de La nourriture qu'il
trouve de hors : jusqu'a ce gwen fin s'étant dépouillé de la
peau dont il étoit revêtu, il vienne ensuite à prendre la forme
(a) ZÆpigenesis.
(a) VNymplha.
— 320 —
d'une seconde nymphe, et à nous faire paroître fort distincte-
ment tous ses membres parfaits. Mais il perd alors son mou-
vement de même que la prémiere fois, lors qu'il étoit renfermé
dans son œuf : Et il ne recommence à se mouvoir, que quelques
jours apres, quant toutes les humiditez superfluës se sont dis-
sipées par transpiration.
Sibien que ces animaux se trouvent deux fois sous la forme
de xymphe prémiérement dans leur œuf qui est leur prémiére
nymphe; et derechef encore dans le second changement, qui
est la seconde rymphe. Il y a pourtant cette différence que
dans leur prémiére #ymphe leurs membres ne nous paroissent
que fort confusément et bien plus obscurs que dans la seconde
(dequoi nous rendrons raison ci apres) : et qui plus est avant
que d’avoir pris la forme d'œuf ou de prémiére #ymphe : 1ls
n’ont aucun mouvement perceptible et leurs membres croissent
de la même maniére que les semences des plantes ou des ani-
maux. Mais avantque d’être parvenu à la grandeur d’une se-
conde »ymphe, on les voit non seulement se remuer et changer
de place; mais même leur accroissement est entierement con-
forme à celui des autres, qui se meuvent localement, et qui
prennent leur aliment par la bouche.
Si lon considére ceque nous avons dit, on verra tres claire-
ment la difference du prémier changement, que nous appellons
un œuf, et celle du second, à qui nous donnons le nom de
nymphe : Et le premier et le second de ces changemens ne
sont autre chose qu’un accroissement des membres, qui se fait
à la verité d'une maniere differente. C’est à quoi nous prions
sérieusement le lecteur de prendre bien garde, à cause de la
grande utilité qui en reviendra c’est par là que nous détruisons
jusques à la racine cette transformation chimerique, dont tout
le monde est abusé, et que nous renversons entiérement cette
prétenduë generation accidentelle des animaux.
L'une de ces #ymphes nous représentant bien plus distinc-
tement les parties de l’animal, que l’autre (comme Aristote
même a remarqué sans sçavoir cequ'il disoit) cela nous oblige
— 321 —
à les diviser en deux : et de donner à la prémiere le nom de
(@) xymphe dorée, et à l'autre simplement le nom de nymphe.
Et quoique ce nom de symphe dorée ne convienne pas tout à
fait bien à la chose qu’il désigne, nous ne laisserons pas neant-
moins de nous en servir, afin de suivre l'usage, dont ce mot
est autorisé. Car nôtre dessein n’est pas de proposer ici
quelque chose d’obscur et de nouveau : mais seulement d’em-
ployer nos soins pour decouvrir la verité et pour l’exposer
simple et dans sa beauté naturelle. Sibienque nous ne voulons
rien faire accroire à personne, que ce qu'il pourra remarquer
lui même en travaillant comme nous avec application.
Dénombrement des animaux, qui sont compris sous
la troisiéme espéce des changens naturels.
Entre les animaux, qui sont compris sous la troiziéme espéce
des changemens (laquelle nous avons déja dit être encore de
deux sortes) et qui apres avoir crevé la peau qui les environ-
noit, viennent à prendre ia forme d’une #ymphe. qui nous
représente distinctement toutes les parties de l’animal, nous
mettrons prémiérement les abezlles : nous en gardons le (@) Roz,
qui est la femelle, et les ®) bozrdons, qui sont les mâles, avec
les () abeilles qui font le miel dans lesquelles nous n’avons
pû découvrir aucunes parties d’ou nous puissions conclurre
qu’elles soient mâles ou femelles : mais au contraire dans les
Roës, qui sont les () bourdons, et dans la Reine (a qui on donne
mal à propos le nom de Roi) les parties, qui servent à la gene-
ration sont tres perceptibles. Et même chez l’incomparable
Anatomiste Jan de Hoorn professeur en Anatomie et en Chi-
rurgie nous avons vû les œufs des abeilles dans la femelle,
(a) Crysalis ou Aurelia.
(a) Rex.
(b) Fuci.
(c) Ages operarie.
(d) Fuci.
— 322 —
que l’on nomme d'ordinaire le Loy. Nous avons encore décou-
vert la même chose chez W. de Hoorn Docteur en Médecine,
qui nous a donne libre accez à ses ruches pour favoriser nos
expériences.
Nous avons encore chez nous les (®) wymphes tant du Koy
et de la Xeine que des abeilles, qui font le miel. Nous gardons
aussi le tissu, dont elles sont envelopées, qui est ourdi deméme
que celui des vers à soye. Nous pouvons encore montrer les
(a) yayons de miel, ou l’on voit les appartemens du Àoy, de la
Reine et des autres (M) aberlles : de plus nous avons l’aiguillon
de celui que l’on nomme Xoy, et l'aiguillon des abeilles ordi-
naires, que nous voyons avoir trois doubles; et nous pouvons
encore faire voir les testicules du Xoy avec sa verge.
Ceque nous trouvons aussi de remarquable dans les abezlles
aussibienque dans les autres Insectes, sont les poumons, que
nous y découvrons si sensiblement; et qui sont composez de
deux petites vessies de même que dans les autres animaux.
Car nous voyons dans les animaux qui ont du sang, que lors-
qu'on a exprimé de leurs poumons toute l'humidité qui y étoit
renfermée, 1l ne reste plus rien qu'un tissu de petites vessies,
comme le Celebre Malpigius a découvert lui même. Et nous
pourrions encore dire la même chose, des autres visceres, si ce
n'est que leur peaux et leurs membranes sont traversées de
veines et d’arteres, qui sont fermées, mais que la nature ouvre
quelquefois par une operation inconcevable.
Il est certain aussi que les autres entrailles des abezlles sont
faites et disposées d'une maniére admirable. Mais nous n’en
dirons rien ici; à cause, que nous avons resolu à la prémiére
occasion de faire tout exprês un traité des aberlles, dans lequel
nous ferons la description des œufs et des vers dont elles se
forment : apres quoi nous ferons voir, entr'une infinite de
(e) VNymphae.
(a) ÆEawi.
(b) Ages ofperarie.
— 323 —
curiositez, la maniere admirable dont elles se changent et se
nourrissent : qui plus est nous avons fait dessein de ne parler
ici des insectes qu’en general ; Et le temps même que nous nous
sommes prescrit pour mettre cet ouvrage jour, est tellement
raccourci, que nous sommes obligez de m'écrire qu’en abrégé.
Mais pour revenir aux abeilles, nous disons qu’en considerant
leur maniére de vivre et leur gouvernement étrange (qui ne
consiste que dans un amour mutuel sans qu’elles ayent la
moindre supériorité les unes sur les autres) nous nous sentons
obligez d’avoüer que la nature a renfermé dans ces petits ani-
maux des merveilles inexprimables; mais que nous ne laissons
pourtant pas de découvrir, iorsque nous nous appliquons sérieu-
sement à rechercher leur nature et leur constitution naturelle.
Car il est constant que la recherche que l'on fait avec soin des
mystères de la nature est la seule clef, qui nous en peut ouvrir
la porte.
Ensuite nous avons une espéce d'aberlles, que l'on trouve
d'ordinaire dans les bois dans les jardins ou dans la com-
pagne; et que l’on nomme pour ce sujet (a) abezlles sauvages.
Nous en pouvons montrer de six sortes, entre lesquelles 11 y en
a dont les cornes sont fort longues; d’autres dont le corps est
velu; et d’autres, qui ressemblent assez bien aux guêpes.
Nous pouvons encore mettre dans le même rang les abeïlles,
qu'A/drovandus nomme ) Abeilles Sauvages, et à qui Mouse
donne le nom (© d'abeilles solitaires. Nous en gardons la
(à) #ymphe, le ver avec son envelope, et l'abeille même qui s'en
est formée. Nous pouvons aussi faire voir leurs nids qui sont
faits de gravier, de sable et d'argile; et dans lesquels nous
avons trouvé une guêpe fort extraordinaire, et un Æscarbot
avec le 2er, dont il provient; et ce ver au bout d'un an a pris
la forme de cet escarbot; vivant toujours pendant ce temps là
(a) Ages fere.
(b) Ages sylv.
(c) Vespa solitaria.
(d) Wympha.
— 324 —
parmi le gravier et l’argile. Mais nous ne pouvons point assüûrer
sur nos expériences, duquel de ces trois animaux les nids, dont
nous parlons, sont bâtis. On les trouve d'ordinaire en France
dans les vieilles muraiiles, ou dans celle qui tombent en ruine.
Nous y pourrions aussi comprendre ces abeilles, à qui Gou-
dart donne le nom d'abeilles privées ou domestiques : Mais
perceque ce sont de veritables mouches, et qu’elles appar-
tiennent à notre quatriéme espéce de changemens, nous en
parlerons en son lieu.
Apres suivent les quépes, dont nous gardons sept sortes, avec
leurs petites loges et les #ympAes, dont elles se forment.
Nous y pouvons encore ajoûter les (a) guépes bâtardes, qui
proviennent ordinairement d’une M) #ymphe dorée, que l’on dit
n'étre que de la corruption nous en gardons de vingt sortes :
Et le Sieur Foefnagel nous en a dépeint de vingt et quatre.
Nous trouvons aussi que Monsieur Goudart nous a fait la
description de quelques unes. Nous avons raison de mettre ces
espéces de mouches sous la quatriéme sorte des changemens,
comme nous ferons voir dans la suite.
_ Parmi ces guépes bâtardes nous en trouvons une sorte, que
nous pouvons encore faire voir, à qui Mouse! donne le nom
de (©) guépe ou de mouche à trois quetües. Nous en avons de
quatre sortes. Nous en gardons aussi deux sortes de celles, que
le même WMouset nomme ‘9 guépe ou moûché à une queiüe; nous
pouvons encore montrer le ver et la (© #ymple, dont ces ani-
maux se forment, aussibienque la 1 #ymphe dorée, dont on dit
qu'ils s’engendrent comme d’une matiére putréfiée. Nous pou-
vons aussi faire voir d’autres sortes de cés guépes bâtardes,
qui sont tout à fait rares et extraordinaires; et dont nous
parlerons peut être dans nos expériences particulieres.:
(a) WMymphe.
(b) Pseudospheca.
(c) CArysalis in Aurelia.
(d) Musea triseta.
(e) Musea uniseta.
(f) VNympha.
2
Nous comprenons aussi sous la troiziéme espéce des chan-
gemens une sorte de guépes, à qui Goudart donne le nom de
gloutonne où de dévorante; mais que l’on pourroit plûtot
nommer en flamand, (8) Sxinnedooder : c'est à dire, une guêpe
qui tuë les araignes, car elles les tuë en effet. Cette espéce de
quêpe à quelque conformité avec ces mouches que l’on nomme
en flamand () Wo/folieg c'est à dire une #ouche qui tient du
naturel des loups : Mais elle devore sa proie avec ses dents,
au lieu que l’autre la perce avec son aiguillon.
Nous mettons encore dans le même rang ces quépes, qui
gâtent les raisins, et qui sont effectivement une espèce de
quépes bâtardes : mais nous remarquons qu’elles cherchent leur
aliment d’une maniére fort différente, et que lorsqu'une sort
de nourriture leur manque, elle se contentent d’un’autre.
Apres suivent les () frélons, dont nous gardons de deux
sortes, avec l’envelope ou la toile, dont leurs vers sont envi-
ronnez : nous pouvons encore montrer les zymphes dont 1ls
proviennent avec les trous ou les appartemens, ou ils les
logent : ces animaux sont si gourmands, que lors même qu'ils
sont coupez en deux, ils ne laissent pas pour cela de manger :
et si l’aliment, qu'ils prennent est humide, on le voit incontinent
sortir par la playe en forme de rozée, comme nous avons
éprouvé plusieurs fois, en leur donnant un peu de miel.
Nous avons encore un (espece de bourdons, dont nous
pouvons montrer de huit sortes. Le Sieur oefnagel nous en
represente de cinq sortes dans ses figures : Et Goudart nous
à donné la description des vers dont ils se forment.
Nous mettons aussi dans le même rang les (d) moucherons,
qui s’engendrent dans l’eau d’un œuf fort petit, que la mere
(g) CArysalis ou Aurelia.
(h) Vespaichneumon.
(a) Musca lupus.
(b) Crabones.
(c) BZombylius.
(d) Culex.
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y cache, lorsqu'elle vient à jetter ses œufs ou sa sémence : se
sçavant Monsieur Duissaux ministre dans l'eglize reformée
de saumur est le prémier, qui nous a fait sçavoir que la gene-
ration de ces petits animaux se fait dans l’eau : mais ayans
en suite trouvé les vers, dont ils se forment; nous avons re-
connu incontinent, que c'étoient les mêmes, que nous voyons
dépeints en grand dans les figures admirables de Monsieur
00 : quoique cependant il n'ait pas fait une description assez
exacte de leur queüe, et qu'il nous ait représenté la rympAe
de ces animaux un peu autre qu'elle n’est en effet. Mais il
pourroit bien être qu'il auroit rencontré la #ymphe de quel-
qu'autrespéce de moucherons (car nous en trouvons de plu-.
sieurs sortes) et que cela lui auroit donné occasion de se mé-
prendre. Pour cequi regarde les découvertes que nous avons
faites dans les moucherons; nous les exposerons, quand nous
viendrons à parler de nos expériences particuliéres : Et cepen-
dant nous nous attacherons à l'explication de nos figures, dans
lesquelles nous avons peint un ou deux moucherons avec les
vers et les #ymphes dont ils se forment, et que l’on y voit
représentées tant au naturel qu'en grand.
Le ver dont les moucherons s'engendrent, et que nous trou-
vons peint au vif dans nos () figures à la lettre À, est le même
que nous voyons representé en grand à la lettre B. Nous
peignons ce ver sur le ventre, et nous faisons voir en même
temps la maniére, dont il se tient sur la superficie de l’eau.
Mais afin de mieux expremier aux lecteurs, ceque nous vou-
lons faire entrendre par nos figures; nous diviserons ce ver
en plusieurs parties, asçavoir en tête, en poitrine et en ventre
ou en queüe, et nous ferons une description des membres par-
ticuliers que nous y avons dépeints.
Premiérement dans la tête, qui penche en bas, nous faisons
voir les veux, la bouche et les (P) cornes : pourcequi est des
(2) AGE AT
(b) Antenne.
Marin bt Le +
— 328 —
yeux, ils sont noirs, et nous les dépeignons tout unis, à cause
que nous remarquons qu'ils ne sont pas disposez comme des
grains de raisin, m1 entrelacez ensemble. Nous ne reprensentons
rien dans les cornes que la maniére cont elles se courbent, et
les poils dont elles sons couvertes. Pourcequi regarde la bouche,
nous representons en quelque sept façon de quelle maniére elle
souvre, et outre cela encore petites parties qui en dépendent,
dont 1l y en a trois situées de chaque côte et une au milieu.
Nous voyons encore que le milieu de ces parties, qui sont de
couleur brune, touche à la poitrine, ayant à peu pres la figure
de l’ongle des doigts ou des écailles des poissons : 1l est aussi
de couleur brune, hormis dans le milieu ou il paroît plus blanc,
à l'extrémité de cette partie nous en trouvons encore deux
autres petites de figure triangulaire, qui sont veluës en dedans,
et aubout desquelles nous en découvrons deux, qui à leur ori-
gine semblent être d'une substance comme de la corne, mais
dont les extrémitez nous paroissent comme des cheveux. En-
suite nous voyons deux autres parties, qui sont plus grosses et
plus veluës que les autres : le devant de la bouche est couvert
de poils, qui sont d'une même longueur, et également éloignez
les uns des autres : quand nous parlerons de nos expériences
particuliéres nous’ ferons voir l’usage de toutes ces parties.
Pourcequi regarde la poitrine, nous y remarquons quelque
separations, qui sont causées par les membres; qui croissent et
poussent au de hors : c'est pourquoi aussi nous pouvons faire
voir dans ce ver même, les membres du moucheron qui s’en
doit former. Nous y montrons encore quelques petites taches
noires, avec la maniere dont elle est couverte de poils qui
paroissent comme de la soye de pourceau.
Le ventre se divise en huit anneaux ou petits cercles; mais
si l’on y veut comprendre l’extrémite de la queüe, qui est velué,
et cette partie, qui semble s'élever hors de léau, on en trouvera
bien dix.
Dans l'extrémité de cette partie, qui sort hors du ventre ou
de la queüe, et que nous representons sur la superficie de l’eau,
bee
nous faisons voir quelques petites taches noires et de petites
fosses, avec encore deux ou trois poils. Or quoique ces petites
parties de la queüe Enfoncent souvent dans l'eau, elles n’en
sont pourtant jamais humectées. C'est pourquoi lorsque cet
animal veut reposer, il semet aussitôt sur la surface de l’eau
à la quelle il demeure comme pendu par sa queüe, qui reste
toujours séche; et son corps s'enfonçant tant soit peu fait
unespéce de fosse que l’eau ne peut remplir : sibienque par le
moïen de sa queüe 1l flotte sur l’eau a peupres de même qu’une
aiguille que l’on fait passer au travers d'un morceau de liége.
Environ l'extrémité de cette queüe nous faisons voir comme de
petites vessies, dans lesquelles il n'y .a que de l’air que cet
animal peut faire sortir par son corps : Et nous avons remarqué
fort-souvent que, lorsqu'il veut respirer, il semble élever. sa
tête audessus de l’eau afin d'attirer de l'air. Mais ceque nous
trouvons encore 1ci de fort curieux; c'est que s'il arrive que
cette quete vienne en quelque façon à perdre sa, sécheresse, et
qu'elle ne puisse soûtenir le reste du corps de l’animal, il la
prend aussitôt dans sa bouche et lui rend la même vertu
qu'ell'avoit auparavant; Et 1l fait cela de la même maniere
que les oiseaux de riviere, qui, pour mieux se défendre: contre
l'humidité de l’eau, font passer leurs plumes dans leurs bec,
et les oignent, pour ainsi dire, d’une matiére oleagineuse -et
gluonte, qu'ils ont pour cet effet exprimée de la glandule du
croupion.
Nous trouvons de plus que cet animal est transparent et qu'au
dedans de sa queüe il y a comme deux veines, que nous voyons
venir de la poitrine et que nous croïons servir de vehicule à
lair dont nous avons parlé. Nous faisons voir encore dans
cette queüe quelques poils, comme de la soye de pourceau; et
un peu plus bas ou plus haut (selonque l'on le veut prendre)
nous montrons d’autres petits poils plus courts, et qui sont
disposez en rang. Or cette queüe n’est pas proprement de
l'essence du ver, mais il semble seulement qu’elle lui ait été
1 ? ge = s ca. :
donnée pour sa commodité, car lorsqu'il veut reposer cest par
24
son moien qu'il se soutient sur la superhcie de l’eau, et qu'il
y demeure comme suspendu. Et une preuve suffisante que cette
queüe ne lui est pas absolument necessaire, c'est que d’abord
qu'il s'est depoüillé de sa peau, et qu'il a pris la forme de
&) xymphe, 11 la perd pour toujours.
Or pourcequi regarde l’autre partie de la queüe, dont l'ex-
trémité est couverte de poils; nous representons tout au bout
quelques petites partites de matiére qui tombent dans l'eau, et
qui ne sont autre chose, que les excrémens des intestins : Car
les intestins s'étendent entre les veines jJusques au lieu, ou la
seconde queüe commence : Et ceque Je trouve ici d'admirable
dans cet animal, c'est que nous pouvons non seulement remar-
quer le mouvement de ses entrailles, mais que même nous y
appercevons la mamiére dont les excremens passent au travers
de ses intestins : ainsi que l'incomparable Mons" Æooke nous
a découvert le prémier.
Ensuite nous faisons voir ces huit anneaux dont le ventre
est composé, et dont quelques uns ont quatre poils, et les autres
trois. Audedans de ces anneaux, qui sont proprement le ventre
même, nous découvrons un petit intestin, qui prend son cours
entre les veines, dont nous avons parlé, et qui nous paroît
tantôt noir, tantôt blanc, et quelquefois aussi comme s'il étoit
divisé par boutons. Or cela vient sans doute des diverses cou-
leurs des excremens et de la mamiére dont ils sont situez dans
cet intestin.
Deplus nous representons en petit à la () figure C le même
ver Comme ayant pris la forme de nymphe. Et nous le dépei-
gnons ensuite en grand à la lettre D. Or nous découvrons aussi
dans cette (a) zymphe, la tête, la poitrine et le ventre, dans
lesquelles parties nous faisons encore voir d’autres comme
l'œil, l’aiguillon, les cornes, les ailes et les jambes.
La tête que nous avons representée dans le ver comme
(a) Vymple.
(b) Z'aë. II.
penchée en bas, nous paroît ici elevée audessus de la superficie
de l’eau : Et tout au contraire la queüe, qui dans le ver étoit
peinte comme elevée, nous est representée dans la () #ympAe
comme penchée en bas plus ses cornes font le même effet, que
la queüe faisoit dans le ver; car c’est par leur moïen qu’elle
se tient sur la superficie de l’eau et qu’elle y demeure suspendué.
Nous remarquons encore que la premiére queüe étant détruite
avec la peau, qui l'environnoit, la nature donne en recompense
à cet animal des espéces de nageoires, avec lesquelles 1] excite
dans l’eau un tout autre mouvement. Or Mons’. Zooke à aussi
découvert la difference de ce mouvement d’avec celui de la
queue.
Nous faisons encore voir dans cette #ymphe les huit an-
neaux, dont son ventre est composé, de même que dans le ver,
avec encore quelques uns des prémiers poils: Nous remarquons
aussi le long de son ventre ou de sa queüe comme une espéce
de bord, que nous avions peine à découvrir dans le ver, et qui
même dans le moucheron n’est presque pas perceptible.
Ceque nous trouvons encore ici de tres remarquable est la
maniére, dont les membres sont doposez dans la #ymphe. Car
ses cornes sont fort plaisamment situées audessus de l'œil, et
un peu au dessous, nous découvrons les jambes, qui apres s'être
courbees et entortillées ensemble d'une maniére admirable, se
vont rendre sous les ailes, au travers desquelles nous les voions
luire. L'aiguillon, qui aux environs de l'œil commence d'être
perceptible, passe avec sa pointe entre les deux ailes, et s’en
va couvrir les pieds, sur lesquels il est placé. Nous ne sçaurions
donner à cet animal aucune couleur permanente; car prémié-
rement aussitôt apres s'être changé, il prend une couleur blan-
cheâtre, un peu apres il prend la couleur verte, puis une couleur
jaunâtre, et Ensuite il devient d'une couleur, qui tire sur le
noir. Nous allons à present commencer l'explication de nôtre
troiziéme Table.
(b) Wymphu.
one Le
Le moucheron mâle, que l'on voit dans nos (4) figures à la
lettre À, est le même, que nous avons representé en grand à la
lettre B. Et il ne se trouve aucune différence entre cet animal
et la #ymphe, dont il est sorti, si ce n’est que les membres sont
autrement disposez dans l’un que dans l’autre : Car quoique
nous ayons aperceu dans la #ymphe la tête, la poitrine et le
veitre; nous remarquons neantmoins que ces trois parties se
voient bien plus distinctement dans le moucheron même; à
cause que la peau, dont il étoit revêtu lorsqu'il avoit la forme
de xymphe, nous empèchoit de les discerner parfaitement.
Nous faisons voir dans la tête de cet animal des yeux, des
cornes et un'espéce d’aiguillon, qui est encore accompagné de
deux autres petites partes, entre lesquelles il est situé. Les
yeux sont la plus glande partie de la tête, de même que dans
la pluspart de ces sortes d'insectes : 1ls sont d’une couleur
verdätre. Tout proche de là on voit sortir les cornes de deux
petites boules, qui sont de couleur incarnate mais tirant un
peu sur le Jaune. Ces cornes se divisent en douze petits boutons
noirs, qui sont environnez de poils fort deliez, dont la s’itua-
tion est toute particuliere; car ils se touchent l’un l’autre en
se croisant. Nous faisons voir encore à l’extremité de ces cornes
comme un espéce de petit anneau environné de six poils; ct
toutes les autres parties de ces mêmes cornes sont aussi revêtuës
de poil. Pourcequi est des autres parties, d’entre lesquelles on
voit sortir un espéce d’aiguillon, elles se divisent en trois
membres, et nous les trouvons presque partout revëétues de
petites plumes d'une couleur un peu brune, qui ne ressemblent
pas mal à des écailles de poisson; il n’y a que les extremitez
de ces parties qui nous paroissent environnées de petits poils
fort deliéz, Cette espéce d’aiguillon, dont nous venons de parler,
est revêtu tout de même de petites plumes de couleur brune,
qui ressemblent aussi assez bien à des écailles de poisson : mais
il paroit tout à fait sans mouvement et ne se divise pas en
(a) Zaë. III
— 34 —
divers membres; quoiquil semble pourtant que l’on apperçoive
quelque separation vers l’extremité de la pointe, autour de
laquelle on découvre cinq petits poils, qui sont disposez dans
un ordre fort regulier. Cependant iorsque l’on considere de
prés cette partie, on trouve effectivement que ce n’est que l’étui
ou est renfermé l'aiguillon, que nous representons dans nos
figures comme s’avançant en dehors, et dont l’extremité est si
aiguë, que quoique l'on employe les micoscopes les plus par-
faits à le considerer, on ne peut pas cependant remarquer que
la pointe en soit aucunement émoussée. Neantmoins on ne
sçauroit trouver d’aiguilles ni de lancetes si aiguës, que l’on
ne puisse facilement appercevoir par le moïen du microscope
que les pointes en sont rebouchées. Or cette espece d’étui, ou
cet aiguillon est renfermé, ne se trouvé pas dans toute sorte
de moucherons : Car par exemple nous croyons que dans ceux,
dont Goudart nous donne la description, cet aiguillon, qui
est plus court que dans les autres, est plûtôt caché dans leur
bouche, qu'il n’est revêtu d’un étui : et cela a non seulement
lieu dans cette sorte de moucherons, mais même dans les pous,
qui nous piquent fort vivement, quoique neantmoins ils ne
soient pas pourvûs de cette sorte d’étui.
(A suivre).
ae rss
TABLE DES MATIÈRES
LISTE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D'AUTEURS DES ARTICLES CONTENUS DANS
LA DEUXIÈME ANNÉE D'INSECTA
1912
[Les indications précédées d’un (*) se rapportent à des réimpressions
de travaux anciens et rares.]
k, Pages
ANDRIEU (A.) et VUILLET (A.). — Notes sur le Sphenoptera
Gossypii Cotes, Buprestidæ nuisible au Cotonnier
AMSOUTANTITANCAIS (4 NBA En See des rorcescrre eee 149
GUITEL (F.). — La Station entomologique de la Faculté des
Sciencessae Rennes en LOL..." 115
HOULBERT (C.). — Contributions à l'étude des larves des Cicin-
délides. 1° Larve du Tréfié (Wegacephala senega-
ALESIS) I Re) EUR SEE RE l
_— 20, Larve de Z'etracha brasiliensis Kirby (IS fig.) S9
—= 90. Larve de Cicindela biramosa Fab. (1 pl., 13 fig.). 169
= Le Congrès des Anatomistes (Communication de
MAL. BORDAS) (3 fig)..." Go
= La Bibliographie entomologique de W. JUNK.......... S7
— Le Problème actuel de lEntomologie économique
se en ie un Go 123
= Description d'un Lucanide asiatique formant un genre
nouveau et une espèce nouvelle de la tribu des
Cladognathinæ (1 fig)... 133
LE Description de deux espèces nouvelles appartenant au
genre Meolucanus (10 15220) ME
I. Veolucanus Sarrauti NOV. SP: ss... 183
s at
II. Meolucanus maximus NOV. SP. see 193
, x
—— Tes Insectes et la marée... s 299
— Contribution à l'étude des larves des Cicindélides
»)()
…)
Û (BIRMOGRAPHIE ) Ant ere ii dhpe sean ann en tant 2
+330 —
HouLERT (C.). — Les premiers états du Polydrosus chrysomela
OL ET RES RE AT RS 249
— Dégâts produits par le Criocephalus rusticus Lin.
dans les bois de construction (3 fig.).................. 0?
INSECTA. — Notre couverture (FABRICIUS J. C.)...............…. 16
—— Les Maitres de la Science : C. RITSEMA Gz. .......:. 22
LONGIN Navas (R. P.). —- Notes sur quelques Névroptères de
Corse recueillis par M. G. Bernard (1 fig.) D)
— Notes sur quelques Névroptères d'Afrique nouveaux
OU Critiques (4 Mr) remuer RE LR RP 68
— Notes sur quelques Névroptères d'Algérie recueillis
par M. le Baron Surcouf (9 )\fgr) 70007 217
LAMBERTON (C.). — La Cicadelle du Mimosa (pl., 14 fig.) 41
LACROIX (j.). — Faun: névroptérique de l'Algérie et de la
Tunisie ; deux espèces nouvelles (2 fig.)............... 202
OEIVIER (E.). — Notes ‘synonymiques. 54:14... o7
PÊÉNEAU (J.). — L'importation et l'élevage des Insectes utiles
aux Etats-Unis (17 fig), Re ee 261
SURCOUF (J.). — Note sur deux Insectes parasites des Cultures
en’ Alpérie, (3,68). MANN RES ol
*SWAMMERDAM (J.). — Histoire générale des Insectes.
CHAPITRE I. — Raisons et motifs qui ont porté l’Auteur à
composer cel DÜOVIApE SE Fr CURE RENTE TRES 23
CHapP. IT. — Où l'on fait voir le véritable principe de tous
les changements qui arrivent aux Insectes................…. 28
De la manière dont les Vers et les Chenilles prennent
la forme de: Nymphesr RSR AN SN AE ART RS 62
CHap. III. — Comment on a corrompu et embrouillé le véri-
table principe des changements qui arrivent aux Insectes. 106
CHAP. IV. — Les quatre espèces de changements naturels
des Insectes re RAR mr CE SP 190
Première espèce de changements où l’on voit la manière
lente et presque insensible de l'accroissement de leurs
membres: tits SEM ER STE DER 191
Dénombrement des animaux qui subissent la première
espèce de changements naturels.....................…. Mie 212
SC ROMÈTS
La seconde espèce des changements naturels des Insectes ;
accroissement de leurs membres
Dénombrement des animaux qui sont compris sous la
seconde espèce des changements naturels
La troisième espèce des changements naturels; accroisse-
ment presque insensible des membres des Insectes
Dénombrement des animaux qui sont compris sous la troi-
Sieme espéecerdes changements naturels’...
VUILLET (A.). — Notes sur la Faune entomologique de l’Indo-
CRIER RE NES RER Me an dns ensure e
= Une nouvelle espèce du genre Pasylinda Thoms.
RE) uen dia Nes dde ee ape
— BÉCPABA MORE MESA amener either ven
— Trois ennemis du ?hœænix canariensis au Soudan
TAN CAS DT de envie ist eee PE tue
— Description d’une nouvelle Clivina de Madagascar
(CON CGrabIe ) S RNSRN TRE AR E Re eS
— Note sur deux Cicindelide d'Indo-Chine : Cicindela
sexpunctata L. et Collyris emarginata Dej. (5 fig.).
_— Description d’une nouvelle espèce du genre Awto-
crates Thoms. (COL. 7'rictenotomidæ) (2 fig.)...…….
> Description d’une nouvelle espèce du genre Dasylinda
Thoms. (COL. Cerambycidæ) (1 fig.)......….........….
VUILLET (A.). — Voir : ANDRIEU et VUILLET........................
287
290
317
321
42
900
209
LISTE
DES GENRES, ESPECES ET VARIÉTÉS DÉCRITS DANS LA PREMIÈRE
ET LA DEUXIÈME ANNÉES D'INSECTA
1911-1912
OBs. — Les noms imprimés en caractères gras (égyptiennes) s'appliquent
aux genres nouveaux; les genres anciens sont en caractères courants; les
espèces, les variétés nouvelles et les synonymes, en 1/a/igues.
I. -__ Coléoptères.
Alaus farinosa Oliv. = Ælater farinosus, 11, p. 39.
Alindria cylindrica Oliv. = Trogosita cylindrica, 11, p. 39.
Apate capucina L., II, p. 302.
Autocrate Vitalisi Vuill., II, p. 297.
Bambara Vuill. (nov. gen.), I, p. 159.
Bambara Joannis Vuñl., 1, p. 160.
Bradybænus sellatus Dej. = Ooidius nigerense Vuill., IT, p. 22.
Calopteron striatum Oliv. = Lycus striatus, 11, p. 40.
Cetonia clathrata = nca clathratus Oliv., II, p. 40.
* Cicindela biramosa Fab. (larve), IT, p. 169.
Cladophylius Houlb. {nov. gen.), 11, p. 137.
Cladophyllus Oberthuüri Houlb., II, p. 137.
Clivina carinate Vuill., 11, p. 42.
Corymbites virens Schr. = later æneicollis Oliv., II, p. 39.
Criocephalus rusticus Lin., II, p. 302.
Dasylinda javanica Vuill., II, p. 20.
Vitalisi Vuill., II, p. 300.
Elater æncicollis Oliv. = Corymbites virens Schr., II, p. 39.
— farinosus = Alaus farinosa Oliv., II, p. 39.
— interruptus = Æudactylus interruptus Oliv., II, p. 39.
— mucronatus = Oxynopterus mucronatus Oliv., II, p. 38.
Eudactylus interruptus Oliv. = Ælater interruptus, 11, p. 39.
Euchizomerus Vitalisi Vuill., II, p. !8.
Guïitelia KR. Oberth. (nov. gen.), I, p. 183.
Guitelia Vuilleti R. Oberth., I, p. 184.
Inca clathratus Oliv. = Cetonia clathrata, V1, p. 40.
Ips-gigas = Z'haumasus gigas Oliv., II, p. 40.
Lycus striatus = Calopteron striatum, 11, p. 40.
re 339 =
Megacephala senegalensis Lat. (larve), II, p. 1.
Megasoma Typhon Oliv., var. = Scarabæus entellus, I, p. 37.
Neolucanus maximus Houlb., Il, p. 193.
_ Sarrauti Houlb., II, p. 183.
Oberthüria Vuill. (nov. gen.), I, p. 27.
Oberthüria Guiteli Vuill., I, p. 28.
Ooidius nigerense Vuill., 1, p. 252.
— nigerensis Vuill. — Bradybænus sellatus Dej., II, p. 22.
Oxyncpterus mucronatus Oliv. = Ælater mucronatus, 11, p. 38.
Pachnoda rectanguiaris Vuill., I, p. 38.
Plocæderus Jaffeuxi Vuill., I, p. 217.
Polydresus chrysomela Oliv. (larve et nymphe), II, p. 249.
Psecadius Ailuaudi Vuill., I, p. ?3.
Rhabdotis Pontyi Vuill., I, p. 12.
Rosalia (Eurybatus) Dejeani Vuill., I, p. 247.
— (Eurybatus) Ferriei Vuill., I, p. ?9.
— Houlberti Vuill., I, p. 215.
— (Eurybatus) Oberthüri Vuill., I, p. 248.
Steraspis scabra, var. Oberthüri Vuill., I, p. 8.
T'etracha brasiliensis Kirb. (larve), 11, p. 89.
Thaumasus gigas Oliv. = /ps gigas, Il, p. 40.
Trogosita cylindrica — Alyndria cylindrica Oliv., IT, p. 39.
Zamenhofia Vuill. (nov. gen.), 1, p. 219.
Zamenhofa NMarchali Vuill., I, p. 219.
II. — Diptères.
Ceratitis capitata, Il, p. 312.
Chlorops tæniopus Meig. = Musca pumilionis Olv., I, p. 41.
Hydrella (?) pallida Oliv. = T'ephritis pallida, XX, p. 41.
Leptocera nigra = Limosina sp. Macq., IT, p. 41.
Limosina sp. Macq. — Leptocera nigra, I], p. #1.
Musca pumilionis Oliv. = CAlorops tæniopus Meig., IL, p. #1.
Oscinis flavipes Oliv. = Oscixis frit L., IL, p. 41.
Oscinis nigra Oliv. — Oscinis nigra Fall. (?), IT, p. #1.
Tephritis pallida Oliv. = Æ/ydrella (?) pallida Oliv., II, p. #l.
III. — Hyménoptères.
Alysia nigra Oliv. = Cælinius niger Ness, FE p:AT
Chalcis micans — Pteromalus micans Oliv:, IL°p: #2:
Cœlinius niger Nees. = A/ysia nigra Olv., 11, p. #1.
Pteromalus micans Oliv. = Chalcis micans, 1, p. #2.
Sirex juvencus, II, p. 302. ,
Vipio (Pseudovipio) Andrieur Vuill., IL p: 193.
— 340 —
IV. — Lépidoptères,
Cerina butyrospermi Vauill., F, p. 190.
Cerina forda West., I, p. 190.
Sesamia nonagrioides, 11, p. 311.
V. — Névroptères.
Avia Nav. (nov. gen.), II, p. 70.
Avia nigrita Nav., II, p. 79. |
Chrysopa deserta Nav., II, p. 225.
—- Lucasina Nav., II, p. 103. |
— selenia Nav., Il, p. 227. |
Creagris Surcouf Nav., II, p. 218. |
Gueta Nav. {nov. gen.), I, p. 242.
Cueta trilineata Nav., 1, p. 243.
Delfimeus Nav. (nov. gen.), 11, p. 223.
Delfimcus scripius Nav., II, p. 224.
Formicaleo Cuigneti Nav., 11, p. 219.
Ganussa Nav. (nov. gen.), II, p. 222.
Ganussa leptalea Nav., II, p. 222.
Macroleon sexmaculatum Nav., II, p. 78.
VMegalomus Navasi Lacr., II, p. 204.
Micomus gradatus Nav., II, p. 34.
Myrmeccælurus Lachlani, var. adusta Nav., Il, p. 218.
Myrmeleon cephalus Nav., I, p. 244.
——- chloropterus Nav., II, p. 77.
Nelees punctatus Nav., I, p. 245.
Neusmia Nav. (nov. gen.), IE, p. 221.
Neusmia pura Nav., IT, p. 221.
Nora longicollis Ramb., var. signata Nav., II, p. 76.
Palpares languidus Nav., II, p. 71.
— Rieli Nav., I, p. 69.
— varius Nav., I, p. 240.
Raphidia notata F., var. aperta Nav., I, p. 246.
Sogra infernalis Nav., II, p. Ta.
VI, — Orthoptères,.
L'iancsikia aeroplana Lamb., I, p. 1.
Rio lire
INDEX
ALPHABÉTIQUE
‘ À
Abacetus dilutipes Chaud., 19.
Acanthaclisis Alluaudi NV. der Weele,73.
Agapelus fuscipes Curt., 30.
Alaus farinosus Oliv., 39.
Alindria cylindrica Oliv., 39.
Alysia nigra Oliv., 41.
— Olivieri Guér., 42.
Anastatus bifasciatus Fonse., 269.
Anatomistes (Congrès des), 65.
Anilastus tricoloripes Nier., 874.
Anisoplia austriaca Herbst., 124.
Anthonomus pomorum (Tubes de Mal-
pighi), 66.
Apanteles fulvipes Hal., 276.
— glomeratus Lin., 266.
— lateicolor Vier., 274.
— solitarius Ratz., 273.
Apate capucina L., 302.
Aphrophora spumaria Lin., 45.
Ascalaphus ictericus, Var. corsica
Ramb., 34.
Autocrates æneus Westw, 299.
— Oberthüri Vuill., UOO.
— Vitalisi Vuill., 297.
Avia Nav. (nov. genus), 75.
Avia nigrita Nav., 7%.
B
Bibliographia Coleopterorum, 81.
Bibliographie (/arve des Cicindelide),
230.
Bibio marci Lin., 127.
Blepharipa scutellata KR. D., 274.
= vulgaris Fall, 275.
Blissus leucopterus, 124.
Botrytis tenella, 130.
Biachinus illotus Chaud., 17.
= suturiger Chaud., 17.
Bracon depopulator Oliv., 42.
Bradybænus sellatus Dej., 22.
Brown-Tail moth, 206.
C
Calopteron striatum Olv., 40.
Calosome sycophante, 268.
Calotermes flavicollis Fab., 228.
Carcelia gnava Meis., 274.
Celænephes parallelus Schm., 17.
Ceratitis capitata Wied., 312.
Cetonia clathrata Oliv., 40.
Chalcis flavipes, 274.
-— micans Oliv., 42.
— obscurata Walk., 274.
C'halcolepidius porcaius L., 39.
Chinch-Bug, 131.
Chlænius callichloris Bates, 19.
— circumdatus Brullé, 19.
= guadricolor Fabr., 19.
— submarginatus Chaud., 19.
Chlorops lineata Guér., 41.
= tæniopus Meig., 41.
Chrysopa deserta Nav., 225.
= flavijrons Brau., 226.
var. 1paria Ed.
Pict., 2280:
— formosa Brau., 225.
— Genei Ramb., 227.
— Lucasina Lacr., 202.
— selenia Nav., 221.
— vulgaris Schn., 34.
CHRyYSOPIDES (fam.), 225.
Cicadelle du Mimosa, 44.
Cicindela biramosa Fab. (larve), 69.
— minuta Fab., 17.
—— plumigera Chaud., 17.
— sexpunctata Fab., 84.
CICINDÉLIDES (fam.), 230.
CGladophyllus Houlb. (nov. gen.), 137.
Cladophyllus Oberthüri Houlb., 137.
Cleonus punctiventris Germ., 124.
Clivina carinala Nuill., 42.
— globithorax Fairm., 43.
A rotPutz. lé
— madagascariensis Putz., #3.
— pallitibia Fairm., 43.
— simplicifrons Faïirm., 43.
Se
Cloeon dipterum L., 23.
Cnevrhinus geminatus Fab., 251.
Caælinius niger Neëes., Al.
Coccinella septempunctata L., 229.
Collyris emarginata Dej., 85.
— tuberculata Mac L., 85.
Compsilura concinnata Meig., 273.
Congrès des Anatomistes, 69.
Cordyceps Barnesi Thw., 128.
— clavulata Schw., 126.
= cinerea Tul., 131.
-— Ditmari Atk., 131.
—- entomorhina Speg., 131.
= melolonihæ Tul., 127.
— militaris L., 126.
— myrmecophila Speg., 131.
— Raveneli Berk., 128.
= sphærocephala Speg., 131.
— sphingum Speg., 131.
Corymbites virens Schr., 39.
Corynoscelis entellus Serv., 38.
— glaucon Perty., 38.
Creagris ægyptiacus Ramb., 34.
— plumbeus Oliv., 218.
— Surcouf Nav., 218.
Criocephalus rusticus T., 302.
Crossocosmia sericaria Corn., 274.
Cul-doré, 262.
Cyclotophrys anser Tourn., 275.
D
Dattidius discipennis Chaud., 19.
Dasylinda javanica Vuill., 20.
— scopigera Thoms., 21.
- testacea Saund., 20.
— Vitalisi Vuill., 300.
Delfimeus Nav. (nov. gen.), 223.
Delfimeus scriptus Nav., 224.
Dexodes nigripes Fall., 274.
Digiahis omnivora Walk., 275.
Digonichalta selipennis Fall., 275.
-- spinipennis Meig., ?
Dioryche T'hunbergi Quens., 19.
Discoderus oblongus Dej., 19.
E
_
id.
Eccoptogenuis rotundatus Chaud., 18.
ÆElaler æneicollis Oliv., 39.
— farinosus Oliv., 39.
— interruptus Oliv., 39
— mucronatus Oliv., 38.
Entomologie économique, 123.
EPHÉMÉRIDÉS (fam.), 228.
Eudactylus interrupius Oliv., 39.
Eudema mandarinum Sch., 18.
Eudoromya magnicornis Zett., 275.
Eupelmis bifasciatus Fourc., 273.
Euproctis chrysorrhea Xin., 262.
Euschisomerus acutipennis Chaud., 18.
— æneipennis Chaud., 18.
— æneus Chaud., 18.
— Buqgueti Chaud., 18.
— elongatus Chaud., 18.
— metallicus Harold, 18.
—— © Oberthüri Fairm., 18.
- Vitalisi Vuill., 18.
EF
FABRICICS (J. C.),'16.
Fesluca arenaria Osbeck, 251.
Formicaleo ægyptiacus V. der Weele,S0.
— Cuigneti Nav., 219.
G
Ganussa Nav. (nov. gen.), 222.
Ganussa leptalea Nav., 222.
Gouttières, 45.
Gipsy moth, 266.
H
Hagenomya Banks (nov. gen.), 80.
Haut-Sénégal-Niger, 4.
Hololius punctulatus Chaud., 19.
Hydrella? pallida Oliv., 41.
Hyposotes disparis Vier., 274. -
I
Zcerva Purchasi Mask., 266.
Ichneumon disparis Voda., 273.
Inca clathratus Oliv., 40.
INSECTA {Revue périodique), 117.
Tps gigas Oliv., 40.
Zsaria anisopliæ, var. americana Vett.,
129.
— bassiana Bals., 130.
— densa Link., 124.
— destructor Bals., 124.
— farinosa Dicks., 1206.
— tenuipes Pech., 127.
-— vexans Pett., 131.
Zsopteryx lorrentium Pict., 34.
|
|
Si se ete te de D dé de sd
ER O e
K
Koulikoro (S/ation agronomique), 1, 31.
L
Laboratoire de North-Saugus, 268.
Lachnosterna fusca Krühl., 128.
Leptocera nigra Oliv., 41.
Leptocerus aterrimus Steph., 36.
Leptocorisa varicornis Fab., 85.
Limnerium disparis Vier., 274.
Lirinophilus lunatus Curt., 36.
Liparis chrysorrhea Lin., 262.
— chrysorrhea (nid d'hiver), 203.
— dispar Lin., 261.
Lycus striatus Oliv., 40.
Lyda hypotrophica Bank., 127.
M
Macroleon sexmaculatus Nav., 78.
Macronemurus appendiculatus Latr.,
34, 219.
Masicera syluatica Kall., 275.
Megacephala brasiliensis Kirb., 90.
— senegalensis Lat., 1.
Megalomus Navasi Lacr., 204.
Megasoma Typhon Oliv., 37.
Melilobia acasta Walk., 278.
Meloe violaceus (Tubes de Malpighi),
65.
Meélolontha vulgaris X., 128.
Meteorus japonicus Ashm., 274.
= pulchricornis Wesm., 274.
— versicolor Wesm., 274.
Micomus gradatus Nav., 34.
Mimosa (Cicadelle du), 49.
Monodontomerus æreus Walk., 274.
Musca pumilionis Bjer., 41.
Myrmecelurus Lachlani, var. adusta
Nav., 218.
= trigrammus Pall., 217.
— tristis WNalk., 79.
Myrmeleon chloropterus Nav., 71.
N
Nelees Nav. (nov. gen.), 79, 221.
Nemorilla sp.?, 27.
ne notabilis Meig., 215.
Neolucanus Championi Parrv, 188.
—- lama Oliv., 194.
— maximus Houlb., 193.
— munijac Gestro., 188.
— Sarrauii Houlb., 183.
— Saundersi Parry, 194.
Neusmia Nav. (nov. gen.), 221.
Neusmia pura Nav., 221.
Nophis Teillardi Nav., 219.
Nora longicollis Ramb., var. signata
Nav., 76.
WNovius cardinalis Muls., 266.
O
Oodes siamensis Chaud., 19.
Ooidius nigerense Nuill., 22.
Oryctes Boas Fabr., 32.
Oscinis flavipes Oliv., 41.
nr LC PE 11e
— nigra Oliv., 41.
Oxynoplerus mucronatus Oliv., 38.
P
Pales fiavida Meig., 274.
Palpares immensus Mec. Lachl., 71.
= languidis Nav., 71.
= Rieli Nav., 69.
—— rufescens Stitz, 71.
Parasetigena segregata Rond., 273.
Parexorista chelonie Rond., 275.
Pennisetum sphicatum Lin., 259.
Pieris rapæ Lin., 131.
Phenix canariensis Lin., 31.
Pheropsophus marginalis Sch., 17.
Pimpla brassicarie Poda., 274.
— disparis Nier., 274.
— examinator Fab., 273.
— insligator Fab., 273.
—) Pjulo Ashm., 274.
— porthetriæ Vier., 214.
Planctes cordicollis Chaud., 17.
— immaculatus Chaum., 17.
-- rufcollis Nietn., 17.
Polydrosus chrysomela Oliv., 249.
—- — (larveetnymphe), 256.
Porthetria dispar, 266.
Prismognathus angularis WNaterh., 143.
Pseudovipio Andrieur Vuill., 153.
Pteromalus egregius Walk., 271.
—- micans Oliv., 42.
— nidulans Thoms., 274.
Ptyclus Gondoti Benn., #4.
Pulvinaria camellicola Ashm., 115.
Pyrrharctia isabella Pech., 127.
R
Raphidia insularis AÏb., 30.
Rapport de la Station entomologique,
113.
Rhizotrogus æslivus Oliv., 129.
_- solstitialis Lin., 129.
Raynchophorus Phænicis Fab., 31.
RITSEMA (C.), 22.
Rosalia caælestis Lin., 21.
— _ (rectifications), 21.
— Houlberti Vuill., 21.
S
Scarabeus entellus Oliv., 37.
Scarites acutidens Chaud., 17.
— semirugosus Chaud., 17.
Scaritoides lucidulus Chaud., 17.
Schedius kuvane How., 274.
Sciara nigrita Oliv., #1.
— pallida Oliv., #1.
— segetum Oliv., 41.
Sesamia nonagrioides Lef., 311.
Sericostoma clypeatum Hag., 36.
Siagona flesus Fabr., 17.
Siderodactylus sagittarius Oliv., 259.
Sirex juvencus, 302.
Sogra infernalis Nav., 73.
Sphenophorus terebrans Oliv., 31.
Sphenoptera gossypii Cotes, 149.
— neglecta Klug., 150.
Spicaria verticilloides Fron., 130.
Storotrichum globuliferum Speg., 130.
— minimum Speg., 130.
Staphylinus cæsareus Cederh., 229.
Station entomologique (Rapport), 113.
SWAMMERDAM (J-), 23, 50, 81, 106, 132,
Stenolophus maculiger Chaud., 19.
Stephanus niger Nees., 41.
Strophosomus faber Herbst., 251.
Suphalomites cephalotes Mc. Lachl., 68.
157, 189, 207.
— (Notice biographique).
L
Tachina japonica Tourn., 274.
— larvarum Lin., 277.
Telenomus phalænorum, 274.
Teleproctophylla australis Fab , 34.
Tephritis hordei Oliv., 41.
— pallida Oliv., 41.
TERMITIDÉS (fam.), 228.
Tetracha brasiliensis Kirb., 89.
T'etragonoderus punctatus Wied., 17.
Thaumasus gigas Oliv., 40.
T'heronia atalanta Poda., 273.
Tomatares guttatus Stitz., 73.
-- Rothschildi V. der Weele,
72.
Tréñé (Zarve du), 1.
Trichogramma sp.?, 275.
— preciosa Walk., 278.
Tricholyga grandis Zett., 274.
Tricondyla cyanea Dej., 85.
Trogosita cylindrica Oliv., 39.
Vv
Vipio Andrieui Vuill., 153.
Z
Zabrus gibbus (Tubes de Malpighi), 67.
Zenillia libatrix Panz., 274.
Zig-Zag, 262.
Zygobothria gilva Hart. 273.
- nidicola Towns., 255.
Le Gérant,
FE. GUITEL:
4
PTE L
n Puy à |
L'AUTRE EN
RU 6 f ra k \
TAGS
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Sommaire du Numéro 24 d'INSECTA
Entomologie générale :
Pages
A. Vuillet. — Description d’une nouvelle espèce du genre Awf/ocrales
ThoMs CICOL Tr: ten0 10m) MB AE) re ere era sance 297
Id. — Description d'une nouvelle espèce du genre Dasylinda Thoms.
(Cort On traae) ES). te de re ame re rte tas 0 300
Entomologie économique :
C. Houlbert. — Dégâts produits par le Criocephalus rusticus Lin. dans
leStboiside Cons DEA On? (2H)... essor esse meet 302
J. Surcouf. — Note sur deux Insectes parasites des cultures en Algérie
PR EE ten 2 311
« Les Vieux Auteurs » : Histoire générale des Insectes, par J. SwAM-
MORIN M NM) ls radeenrd este eani one Elan bete LAN A2 = nat SET PU US 31%
Lablergénérale des-matières: pour 1918... als. ie ir 399
Liste alphabétique: des Genres, Espèces et Variétés dé is la
ire et Ula 12% années d'/nSECIR. Le dronsurers ane reesvrene loto ee NT le 0 395
Index:alphdbétionh........és. tease mirent PRE ON PTE 341
Échanges et rédaction d'INSECTA
Pour éviter toute confusion dans nos services, nous prions les
Sociétés qui font l'échange avec INSECTA de vouloir bien désormais
nous adresser leurs publications sous la suscription suivante :
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IDE de RONA PE EPRUR CRE R EREE RRES 20! »
Les abonnements, payables d’avance, comptent à partir du moïs de janvier,
mais on peut s'abonner à toute époque de l’année.
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d'INSECTA, adresser la correspondance à M. le professeur
C. HOULBERT, Station entomologique, Université de
Rennes (France).
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PPT.
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tu
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